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Journal de la Corse Doyen de la presse européenne L’hebdomadaire de défense des intérêts de l’île depuis 1817 Journal de la Corse Politique Majorité territoriale : A chjostra électoraliste Semaine du 19 au 25 mars 2021 | www.journaldelacorse.corsica R 27997 - N° 11255 - F.2,20 e 3 782799 702200 2200 Lingua corsa P-Vincentu Mucchielli : Mantene u filu nustrale Police Retour aussi à la centralisation des années 70

Journal de la Corse

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Page 1: Journal de la Corse

Journal de la CorseDoyen de la presse européenne

L’hebdomadaire de défense des intérêts de l’île depuis 1817

Journal de la Corse

PolitiqueMajoritéterritoriale : A chjostraélectoraliste

Semaine du 19 au 25 m

ars 2021 | www.journaldelacorse.corsica

R 27997 - N° 11255 - F.2,20 e

3 782799 702200 2200 Lingua corsa

P-VincentuMucchielli : Mantene u filunustrale

PoliceRetour aussi à lacentralisation des années 70

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Agenda/Brèves 4

Politique 6Majorité territoriale : ilfaudra faire bien plus quegagner !

Invitée 8Bianca Fazi, conseillèreterritoriale en charge de lasanté

Chronique judiciaire 13Paul Sollacaro : « Tout çaétait prémédité, calculé etpréparé »

Contact 22Letizia GiuntiniUne femme contre ledésastre

Interview 24Jean-Dominique Bertoni : « On s'est vraiment faitplaisir »

Humeur 27

Sport 30Volley-ball : GFCA, une pageva t-elle se tourner ?

SOMMAIRESociété d’édition :Journal de la Corse2 rue Sebastiani - 20000 Ajaccio

Rédaction :[email protected]

Rédaction Ajaccio : 2 rue Sebastiani - 20000 AjaccioTél : 04 95 28 79 41Fax : 09 70 10 18 63

Rédaction Bastia :7, rue César Campinchi Tél : 06 75 02 03 34Fax : 04 95 31 13 69

Annonces légales :[email protected]

Directrice de la publication et rédactrice en chef :Caroline Siciliano

Directeur Général :Jean Michel Emmanuelli

Directeur de la rédaction Bastia :Aimé Pietri

Publicité :Tél : 04 95 28 79 41Fax : 09 70 10 18 63

Imression :Imprimerie Olivesi AjaccioISSN : 0996-1364CPPAP : 0921 C 80690

Soucieux de la protection de l’environnement, le Journal de la Corse est imprimé sur papier recyclé.

L’édito d’Aimé Pietri

LA CORSE SOUS LE GRAND PAVOIS ?

Bien que les scientifiques d’ici et d’ailleurs attendent les effets des remèdes

miracle qui auraient terrassé les virus meurtriers, la liste de leurs victimes

continue de s’allonger .Il reste heureusement encore quelques privilégiés, dont

les Corses qui n’ont pas tardé à relever la tête après avoir esquivé les pires

attaques des Coronavirus lesquels, après avoir écrasé des générations

entières, poursuivent à travers le monde leur cruelle besogne envoyant ad patres

des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants et réduisant,

par exemple, à presque rien, l’Italie née de l’empire romain qui défiant les siècles

lègue encore aux peuples d’aujourd’hui, du moins ce qu’il en reste, sa langue

son histoire et sa gloire. Seule la Toscane a été épargnée. Comme si les Médicis

veillaient encore sur sa destinée alors que les puissantes provinces nordiques

ne savaient plus où enterrer leurs innombrables défunts. La Corse, île de la

chance, semble avoir gagné ce titre envié par tant d’autres alors que ses originaires

croisent les doigts laissant traîner dans leur mémoire ce « pourvu que ça dure »

énonçé par la mère de Napoléon, alors que ces dévoreurs d’âmes semblent

envisager un possible retour. Ce retour, il est vrai, est de nature à confirmer

le bilan peu rassurant que le directeur général de la santé, Jérôme Salomon,

avait rappelé au passage et très rapidement que la Corse n’était pas tout à

fait tirée d’affaire. Il est sans doute encore trop tôt pour pavoiser. Mais on le

pourrait par comparaison. Il serait donc raisonnable d’attendre que l’hôpital

d’Ajaccio libère ses salles de réanimation qui ne sont pas encore vides au point

de pavoiser.

N°11255 | semaine du 19 au 25 mars 2021 | www.journaldelacorse.corsica

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EN BREF

I Peri : tensionsautour de l’édification del’antenne 4GLe dernier épisode d’une histoirevieille de plusieurs années s’estdéroulé le 11 mars dernier àPeri à l’occasion de l’édificationde l’antenne 4G consécutive à lasignature, en 2018, d’uneconvention entre la municipalitéconcernée et l’opérateur Free.Un important dispositif degendarmerie a été déployé sur

place afin d’empêcher l’accès ausite à une poignée de personnesissues du collectif « Pà u cumunui Peri ». Ce collectif dénoncedepuis la première heure, lamise en place de cette antenneaux abords d’un site patrimonialsacré. La colline abrite en effetdes vestiges enterrés d’unechapelle romane et surplombepar ailleurs, le cimetière…

Circulation interditesur l’avenue EugèneMacchiniÀ la suite d’une opération delevage avec grue réalisée surl’immeuble Diamant 1, avenueEugène Macchini, toute l’artère aété fermée à la circulation samedi13 marsd dernier de 7.00 à 18.00.Les véhicules étaient toutefoisautorisés à se rendre au parkingdu Diamant. La rue Forcioli Contia été barrée et l’accès à l’avenueEugène Macchini égalementfermée aux piétons pour causede sécurité. Une initiative qui n’apas causé trop de perturbationsau niveau de la circulation…

Un dauphins’échoue àCampo dell’OroUn dauphin a été retrouvé mort surla plage de Campo dell’Oro lasemaine dernière. Si les échouages

de ces mammifères marins, quireprésentent seulement 5 % desdisparitions et peuvent être liés àla vieillesse, un combat ou encoreaux filets des pêcheurs, unevingtaine d’entre eux ont étéretrouvés sur les plages corses cesdix dernières années. Un périmètre

de sécurité a été établi par lessapeurs-pompiers d’Ajaccio afind’éviter surtout le contact dupublic avec les nombreusesbactéries présentes dans lescadavres. Selon les spécialistes,la pollution sonore pourraitégalement causer la mort dedauphins…

Ajaccio : cinq personnes interpel-lées pour avoir ommandé du cannabis sur internetLe 8 mars dernier, une femmed’une trentaine d’années s’estrendue à un relais colis de Campo

dell Oro afin d’y récupérer unecommande. Après l’interventiondes douaniers, lesquels ontconstaté qu’il s’agissait de 600grammes de cannabis, la personnea été placée en garde-à-vue avecquatre autres de ses complices quise sont présentés spontanémentau commissariat. Ils ont reconnusles faits et remis en liberté avantd’être convoqués de nouveau. Lemontant de leur amende leursera notifié. Les prévenus avaientcommandé le cannabis surdarknet, une partie clandestined’internet.

Bastia : deuxième St Josephversion CovidCe 19 mars, les Bastia fêtent la Saint Joseph. Une fête traditionnellequi réunit bon nombre de fidèles mais qui pour la seconde fois seracélébré de manière particulière. La législation en vigueur n’est pasen accord avec la réalisation d’une telle manifestation. Le texted’octobre dernier dicte que « toute manifestation de type processionest limitée à une jauge de six personnes dans l’espace public ».Les confrères de Saint Joseph compte tout de même essayer deréaliser une procession. En début de semaine, ces derniersn’avaient pas encore eu les autorisations de la préfecture avec laquelleils étaient toujours en discussion. Les messes elles sont maintenues.Trois sont prévus en présence de l’évêque de Versailles, MgrEric Aumonier mais aussi du père Jean-Yves Coerolli du diocèsed’Ajaccio. Les places restent toutefois limitées à l’intérieur de l’église.L’installation de bancs à l’extérieur est prévue. En revanche,aucun forain ne peut s’installer dans la rue et les traditionnelspanzarotti si réputés de la Saint Joseph ne pourront être dégustéscette année.

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EN BREF

les sapeurs-pompiers de HauteCorse ont pratiqué de longuesreconnaissances afin d’éviter desreprises. En effet ce dimanche, laCorse était en vigilance jaune ventfort dans la région et de fortesrafales étaient attendues

Bastia : le traficportuaire perturbé parles vents violentsCe lundi, le Nepita de la CorsicaLinea en provenance de Marseilleavait dû modifier sa traversée.L’arrivée du bateau parti le samedi

précédent de Marseille, s’est faiteau port d’Ajaccio. La traverséeBastia-Marseille du dimanche 14mars s’est également transforméeen un trajet Ajaccio-Marseille. Ledépart du Mega Expresse 1 pourToulon a également dû être décalé.

Ce lundi matin, la vigilance jaunede Météo France pour ventsviolents se poursuivait mais lespronostics d’une accalmie en finde journée laissant le traficreprendre la normale semblaitplutôt optimistes.

Haute-Corse : unhomme accidentelle-ment blessé parballeUn jeune homme de 19 ans a étéblessé par balle lundi 8 mars enHaute-Corse. La victime est

originaire du Cap Corse. Elle s’estprésentée à l’hôpital de Bastia le

soir même. Son pronostic vitaln’était pas engagé selon leprocureur de la République deBastia Arnaud Viornery. Un hommea rapidement été interpellé etjugé en comparution immédiate.Il a jugé sur reconnaissancepréalable de culpabilité. Il a étécondamné à 10 mois de prisonferme pour blessures involontaires.

Incendie àPioggiola10 hectares de végétation ontbrulé à Pioggiola. L’incendie s’estdéclaré samedi 13 mars. Lesflammes ont été maitrisées mais

FFF : Jean-René Moracchiniréélu en tant que représentantdes LiguesÀ l’occasion des élections à la tête de la Fédération Française deFootball, qui ont eu lieu le 13 mars dernier, Noël Le Graet a étéréélu sans surprise avec un score sans appel de 73,02 % dessuffrages. Candidat à sa propre succession en tant que représentantdes présidents de Ligue, Jean-René Moracchini a obtenu 88,72 %des voix. Une élection qui va lui permettre, pour les quatre annéesà venir, de représenter, de nouveau, le football corse.

Transport aérien : le tarif diaspora Samedi 13, le Conseil Exécutif de Corse a présenté les détails duprochain « tarif diaspora ». Une bonne nouvelle pour ceux qui nepouvaient plus bénéficier du tarif préférentiel après l’entrée enapplication, le 25 mars 2020 de la nouvelle Délégation de servicepublic (DSP) de desserte aérienne de la Corse. Depuis cette date,seuls les résidents de l’île pouvaient profiter de prix aménagés surprésentation d’un avis d’imposition. Pour obtenir ce tarif, il faut êtrené en Corse, avoir une résidence permanente sur l’île desascendants au premier ou au deuxième degré du demandeur oude l’un de ses enfants ou de ses frères et sœurs. Une inhumationen Corse du conjoint, de l’un des ascendants, enfants, frères ousœurs. Le demandeur doit aussi justifier d’une scolarité effectuéeen Corse en tout ou partie, au moins l’équivalent d’un cycle c’est-à-dire 3 ans. Un autre critère est de pouvoir justifier la propriétéd’un bien immeuble en Corse en pleine propriété, usufruit ouindivision. Sur tous ces critères, les demandeurs doivent enremplir au minimum trois. Les prix annoncés sont environ 250 eurosTTC à destination de Paris et 150 euros pour les bords à bords,Marseille, Nice…Ces critères seront discutés à la fin du mois. Laprésidente de l’Office des transport, Vannina Borromei espère unemise en place de ce tarif dès la fin de l’année. De son côté, lacompagnie aérienne insulaire Air Corsica devrait faire des offresavantageuses dès cet été non subventionnées.

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Il y a trois ans, à Bastia, Emmanuel Macronfait savoir qu’il ne cédera rien : « La mise enœuvre d'un statut de résident n'est pas labonne solution. Elle serait contraire à notreConstitution et au droit européen (…) Il y aune langue officielle : c'est le français (…)Comment vouloir que la ressource fiscalesoit affectée à un territoire et demander lasolidarité nationale pour la dotation ? Celan'existe pas. » Il y a deux ans, à Cuzzà,Emmanuel Macron laisse entendre que lescommunes, les intercommunalités et lesdépartements seront, à même titre que lesrégions, des interlocuteurs majeurs de l’Étatet pourront davantage contracter directement

des aides financières avec ce dernier. Ceci révèleune vision de la décentralisation qui porte engerme une volonté de réduire l’influence etle pouvoir des présidents des Conseilsrégionaux et du Président de la Collectivitéde Corse. Quelques mois plus tard, EmmanuelMacron remet le couvert à l’occasion duCongrès de l’Association des Maires deFrance en allant dans le sens de ce propos deFrançois Baroin qui préside l’association (onest alors à quelques mois des électionsmunicipales) : « Nous les candidats, lesmaires, nous allons profiter de ce tempsmunicipal pour être à l’écoute des transfertsde compétences de proximité, pour savoir si

à tel endroit et sur tel sujet l’Etat est le pluspertinent, et si à tel endroit et sur tel sujet, c’estla commune, le département ou la région. »Il y a quelques semaines, Emmanuel Macronsignifie à Gilles Simeoni qu’il rejette le plan« Salvezza è Rilanciu » qu’avait adopté àl’unanimité l’Assemblée de Corse. Il y aquelques semaines également, le Premierministre décide que Pierre Alessandri etAlain Ferrandi resteront des détenus particu-lièrement signalés. Ces derniers jours, leministère public demande aux juges de laChambre de l'application des peines de laCour d'appel de Paris, l’annulation del’aménagement de fin de peine du militant de

Les prises de position du Président de la République et le discours du préfet de Corse sug-gèrent que l’État est résolu à ne rien céder à la majorité territoriale et qu’une reconductionde cette dernière ne changera pas grand-chose.

Majorité territoriale : il faudrafaire bien plus que gagner !

POLITIQUE

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Core in Fronte Félix Benedetti. Ces derniersjours également, dans les colonnes de CorseMatin, le Préfet de Corse ne retient pas sescoups. A ceux qui le critiquent sur les réseauxsociaux, il répond offensivement : « Il y a despolitiques qui ont choisi de faire du préfetbashing (… ) Si l’on est un responsablepolitique d’envergure ou que l’on se considèrecomme tel, il faut de la mesure. Donc, lecommuniqué compulsif, le tweet à la DonaldTrump… » A ceux qui lui demandent departir, il rétorque en se faisant un tantinetprovoquant : « Je vous le dis clairement, enCorse, je suis chez moi comme tous ceux quiy résident. » A ceux qui lui reprochent des’immiscer dans le champ de compétencede la Collectivité de Corse, il lance avec unzeste d’ironie : « Pour l’essentiel, je ne voispas qui j’empêche de tourner en rond. Sicela ne tourne pas rond, c’est que cela netournait pas rond avant que j’arrive et cela nes’est peut-être pas amélioré. »

Le message de MaxLes prises de position du Président de laRépublique et le discours du préfet de Corsesuggèrent que l’État est résolu à ne faire aucuneconcession significative à la majorité territorialeet qu’une reconduction de cette dernière enjuin prochain ne changera pas grand chose.Comment l’expliquer alors que la majoritéterritoriale qui a remporté deux électionsterritoriales et renforcé ses positions àl’occasion des dernières élections municipales,dispose de la majorité absolue à l’Assembléede Corse et compte à l’échelle insulaire troisdéputés sur quatre et un sénateur sur deux ?Il est possible, votre serviteur et d’autresl’ont d’ailleurs déjà maintes fois évoqué,que la majorité nationaliste ait par inexpérienceou excès de confiance durablement indisposéParis en faisant fi de codes qui sont de miseau sein du monde politique hexagonal. Ilest très probable qu’Emmanuel Macron et unepartie de la préfectorale se refusent à tournerpolitiquement la page de la mort aussi tragiqueque regrettable du préfet Claude Erignac.En effet, bien qu’à Aiacciu Gilles Simeoniait clairement déclaré « rien ne saurait justifierun assassinat » en présence du Président dela République, ce dernier a un an plus tarddéclaré dans cette même ville : « Autant lapage a été tournée sur A leria, autant je n'aipas entendu les mêmes regrets sur l'assassinatdu préfet Erignac. » Il est par ailleurs évidentqu’à l’échelle de l’Union Européenne, les États

et leurs classes politiques sont de moins enmoins enclins à faire des concessions auxdémarches nationalitaires et parient sansdoute sur la dilution des petits peuples dansles migrations, les métissages et les modesde vie du mondialisme libéral, et ce mêmesi les nationalismes modernes de l'espaceeuropéen se réclament de l'humanisme, dudroit à la différence, de l'intégration desallogènes et des nouveaux arrivants, de la non-violence, de la démocratie, du suffrageuniversel et de la construction européenne.Il suffit pour s'en convaincre de constater quel'Union Européenne ne tend pas la main auxnationalistes écossais qui pourtant ont rejetéle Brexit et que le Parlement européen avoté à la demande de l’Espagne, la levée del’immunité parlementaires de trois députéseuropéens catalans. Enfin et surtout il apparaîtque la majorité nationaliste ne dispose plusdes atouts qui en 1981, 1988 et 1999 ontconduit l’État à faire des concessions : lesmobilisations populaires sur les terrains delutte politiques, syndicaux et associatifs, le

combat et les sacrifices des clandestins.Gagner des élections est manifestementinsuffisant pour faire bouger les lignes ! Cesderniers jours, dans les colonnes d‘Arritti, MaxSimeoni l’a d’ailleurs crûment rappelé à sesproches amis. Il a souligné que Femu aCorsica n’est pas à la hauteur des combatsà mener : « Ils n’ont pas le Parti de terrainnécessaire à l’enjeu historique qu’ils veulentassumer : le sauvetage du Peuple Corse en voiede disparition (…) La « majorité absolue » desnatios coalisés se laisse enfermer « in achjostra » de vaines élections pour uneInstitution qui ne lui permet pas d’assumersa mission historique. Elle a des électeurs maispas de force pour décoloniser. » Pour vaincre,cela vaudra pour Gilles Simeoni et ses amismais aussi pour tous les autres, il faudrafaire bien plus que gagner !

• Pierre Corsi

POLITIQUE

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SANTÉ

Comme dans un mauvais cauchemar, laCorse, comme la planète toute entière, a étéfrappée de plein fouet par la pandémie en 2020.Tout a commencé début mars avec la fermeture,pour une durée de quinze jours, desétablissements scolaires (quelques jours avantque la mesure ne s’étende sur tout le territoirenational). Dans le même temps, les premierscas dépistés de Coronavirus sont recenséssur Ajaccio. Soit, un mois et demi après lespremiers à l’échelle nationale (à Paris etBordeaux). Les trois cas authentifiés dans l’île(des retraités partis à un rassemblementévangélique à Mulhouse) seront à l’originede la vague d’épidémie qui va se répandre danstoute l’île. À Ajaccio, septième foyer d’épidémierecensé en France, un premier cluster estauthentifié. Le 9 mars, soit quelques jours àpeine, après le début de cette crise, un premierdécès lié au Coronavirus survient dans l’île.À compter du 16 mars et ce pour quasimentdeux mois, la Corse comme l’ensemble du paysest à l’arrêt avec le premier confinement.

16 mars : la Corse à l’arrêtEn avril, on note déjà 520 cas positifs dansl’île. D’où une inquiétude majeure. Lesservices de réanimation affichent complet. Enmême temps, les premiers masques arrivent.La culture, l’économie, le social sont à l’arrêt.Tout comme le sport qui au niveau insulairepaye un lourd tribut avec l’arrêt descompétitions. Si un retour progressif à une vienormale est envisagé à partir de mai aprèsquasiment deux mois d’arrêt, la gronde sepoursuit du côté des personnels soignants. Plusde 2500 personnes descendent dans la rue àAjaccio courant juin pour demander de l’aideet surtout dénoncer une politique sanitairecatastrophique ces dernières années à l’échellenationale. Outre le domaine sanitaire,

l’économie est largement impactée.Commerçants, hôteliers, restaurateurs,cafetiers craignent pour leur avenir même sila saison touristique, que l’on annonçaitcatastrophique permet, in fine, de limiter lacasse avec une fréquentation moindre parrapport à 2019 (-25 % dans l’aérien et 30 %dans le maritime). Le pire a été évité. Maiscette surpopulation temporaire cumulée à untrop grand laxisme des Corses, voit le baromètredes cas positifs remonter (une vingtaine enjuillet, plus de 50 en août). Avant l’été, laproposition de Gilles Simeoni, Président del’Exécutif, de mettre en place un green passafin « de sauver la saison et de garantir, dansle même temps, la sécurité de la Corse », n’estpas retenue par le Gouvernement. Dansl’ensemble, ce retour à une vie normale n’estqu’un feu de paille malgré l’obligation de porterle masque sur le tout le territoire. Les craintesd’une deuxième vague se confirment trèsvite durant l’automne. Le Gouvernementannonce un nouveau confinement à compterdu 28 octobre. Nouveau coup dur pourl’économie, la culture et le sport (fermeturedes salles, matchs en extérieur à huis clos pourles professionnels).

Vers un retour à une vie « normale » ?L’île sera, comme partout, confinée (exceptionfaite des établissements scolaires) jusqu’au15 décembre. Un confinement plus soupleremplacé par le couvre-feu à 20h. Peu à peu,et de par son insularité, la Corse, plutôt « bonélève » au niveau du respect des gestesbarrières, se démarque en devenant l’unedes régions les moins impactées. À compterdu 16 janvier 2021, le couvre-feu passe de 18hà 6h du matin sur l’ensemble du territoirenational. Les commerces doivent s’adapter etceux de plus 20000m2 de superficie réduits

à l’essentiel. Début février, les premiersvaccins arrivent dans l’île...en même tempsque le variant britannique. Le bilan de cetteannée douloureuse à plus d’un titre fait étatde 178 morts, des milliers de personnestestées, des centaines de patients hospitalisés(54 au 9 mars) et, de l’autre côté, plus de 30000personnes ayant subi la première injection du

vaccin et 13500 la seconde. Toujours sous lecoup du couvre-feu à 18h, l’île attendmaintenant la vaccination totale des habitantset une réouverture progressive des cafetiers,hôteliers, restaurateurs, des salles de sport etdes lieux dédiés à la culture pour un retourà une vie « normale » pour lequel beaucoupsont sceptiques. Faudra encore patienterlongtemps ? Ce retour arrivera-t-il ? L’avenirnous le dira mais avant de crier victoire, il resterasans doute à faire un état des lieux dans tousles domaines concernés afin d’en évaluerles pertes...

• Philippe Peraut

Un an s’est passé depuis le début d’une crise sanitaire qui a bouleversé la planète entière.À l’heure où la vaccination-bien que parfois controversée- se développe, le combat contrela pandémie où de nombreux variants surgissent, continue. En Corse, région moins impac-tée que d’autres, la mobilisation se poursuit. Mais l’île a payé un très lourd tribut sanitaire,économique, social, culturel et sportif. Et ce n’est malheureusement pas terminé. Pourra-t-elle s’en remettre ?

Crise sanitaire : l’année d’après

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JDC 11255 | semaine du 19 au 25 mars 2021 | 9

Un an s’est écoulé depuis début de la pandémie. Quel bilanpeut-on tirer de cette période ?D’un point de vue sanitaire, on aurait pu mieux faire. Nous avonsenregistré un trop grand nombre de décès et de patients gravementtouchés pour une petite région. On ne connaît pas, en outre, cette maladieen totalité, il se peut qu’il y ait des séquelles chez certaines personnes.Et en plus de l’épidémie qui aurait été encore plus dévastatrice en termesde mortalité sans les périodes de confinement, les dommagescollatéraux ont été importants. Dans le cadre du Plan Blanc, tout cequi relevait de la médecine conventionnelle a été déprogrammé avecpour conséquences, des patients atteints de pathologie grave fortementimpactés (retard dans la prise en charge et pronostic péjoratif pourcertains)…

Pour autant, beaucoup restent persuadés qu’un retour à unevie dite normale, c’est-à-dire, celle d’avant mars 2020n’est plus très loin. Qu’en pensez-vous en tant que médecin ?Il faudra certainement encore vivre quelques mois de cette façon. Nouscomptons beaucoup sur la vaccination pour faire avancer les choses.Mais ce virus cherche un hébergeur et si une grande partie de la populationn’est pas vaccinée et que nous n’arrivons pas à une immunitécollective très vite, nous risquons de devoir faire face à un rebond del’épidémie avec un virus qui va muter. C’est un danger. Il y a toutde même un aspect optimiste. L’exemple d’Israël qui en est à 90 %de vaccination et des hospitalisations et contaminations en baissetrès nette le démontre.

Où en est la vaccination aujourd’hui ?Il semblerait qu’il y ait eu des retards au niveau de l’Europe qui esten charge d’approvisionner tous les pays. Mais nous avons étéassurés que début avril un deuxième vaccin nécessitant une seule dosesera distribué. L’enjeu des mois à venir sera ensuite d’aller très vitesur la vaccination et sur l’ensemble des personnes. Pour l’heure, 90 % despersonnes vivant en epadh ont été vaccinés, il est en quasiment demême pour les personnes dites à risque. À partir d’avril, nouspourrons vacciner progressivement l’ensemble de la population cequi nous permettra d’arriver à une immunité collective et de gagnercette course contre le virus.

Peut-on craindre les variants, d’autant que la vaccinationn’y est pas spécialement adaptée ?C’est un peu le souci des virologues et des épidémiologistes. C’est

la raison pour laquelle la vaccination doit se faire dans le monde entieret pas uniquement sur les pays occidentaux. Il appartient à ces paysd’alimenter les autres continents comme l’Afrique ou les pays les plusreculés d’Asie afin d’arriver à une immunité collective mondiale.

En tant que médecin, vous ne croyez sans doute pas à la théoriedu complot ?Pas le moins du monde ! Le risque de la pandémie est plus importantque les risques éventuels d’effets secondaires suite à la vaccination.Quel pays peut avoir un intérêt dans cette pandémie ?

La Corse est-elle un « bon élève » dans le respect desgestes barrières et des protocoles ?L’insularité nous protège ce qui est déjà un bon filtre. Les testscomme le green-pass en amont également. Enfin, les gestes barrièressont il est vrai très bien respectés malgré certaines fêtes qui n’étaientpas autorisées. Ce n’est pas le moment de se relâcher ! D’autant quele variant anglais est beaucoup plus contagieux. On constate enoutre, qu’avec les gestes barrières, les pathologies virales sont en baisse.

• Interview réalisée par Philippe Peraut

Sur le front pour lutter contre la pandémie depuis le début en mars 2020, l’élue en charge,entre autres, de la santé revient sur cette année douloureuse avant d’évoquer les perspec-tives à court et moyen terme.

Bianca Fazi, conseillère territoriale en charge de la santé

« Il faudra vacciner l’ensemble de la population mondialepour gagner cette course contre le virus »

INVITÉE

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DOSSIER « U LEVANTE »

Le 18 juin 2018, la SCI La Ferme, propriétairede la parcelle Q272 « bien libre de touteoccupation et non grévée d’une servitudeni de droit », déclare son intention de l’aliénerainsi que les « bergeries en ruine » (il s’agiten réalité du restaurant !) qui y sont édifiées.

Le 22 juin 2018, la CDC réceptionne ladéclaration d’intention d’aliéner. Le 2 juillet 2018, J.-P. Valentini et la SCAntony Perrino Holding crééent la SCIPAFF, qui veut acheter le restaurant.Le premier août 2018, la DDTM diligente

un contrôleur sur site. Il constate l’existenced’un restaurant sans permis de construire.Il dresse un PV d’infraction* pour restruc-turation et extension du restaurant La Fermeet l’inexistence d’un PC initial. (Cf photo3)Le 9 août 2018, conséquence du contrôle dela DDTM ?, la SARL PEFIL dépose unedemande de PC pour restructuration etextension du restaurant La Ferme.Le 25 octobre 2018, l’Assemblée de Corseapprouve l’achat de la parcelle.Le 15 février 2019, dans le cadre de laconstitution du dossier de demande de permis(Cf photo 4), A. Perrino, au titre de la SARLPEFIL, y atteste que :• son bailleur (qui est-il ?) l’a autorisé àdéposer un PC, • la CDC a été informée de la nature destravaux.Le 25 avril 2019, l’adjoint à l’urbanisme dela commune signe l’accord pour un PC****qui autorise les extensions et régularise lestravaux réalisés sans autorisation. (Cf photo5)La délivrance de ce permis de construirepose de sérieux problèmes. Comment unPC a-t-il pu être accordé alors que : • l’article L 121-8 du code de l’urbanisme nel’autorise pas (la zone ne peut sûrement pasêtre qualifiée d’urbaine) ;

Il était une fois Cavaddu/Cavallo, une île de l’Extrême-Sud de la Corse, commune deBunifaziu, surnommée « L’île aux milliardaires ». Sur cette île, entre autres, sur la parcelleQ272 (surface 3,33 hectares), un restaurant de luxe : « La Ferme ». Un restaurant édifiésans permis de construire.

Bunifaziu

Cavallo : le permis de construire accordé àla société PEFIL est-il légal ?

▲ Photo 1 : La parcelle Q272 sur l’île de Cavaddu

▲ Photo 3 : Extrait du PV d’infraction* pour restructuration et extension du restaurant La Ferme et l’inexistence d’un PC initial

Page 11: Journal de la Corse

JDC 11255 | semaine du 19 au 25 mars 2021 | 11

• l’accord du bailleur n’est pas fourni ;• la CdC, propriétaire de la parcelle, déclare**,à propos des travaux d’extension n’avoir« jamais été sollicitée, ni associée, ni consultéedirectement ou indirectement concernant unquelconque dépôt de permis de construire ».

À la connaissance de U Levante etd’ABCDE, la CDC n’aurait pas portéplainte et l’État n’a pas déféré ce permisde construire… Les bénéficiaires peuvent donc dormirtranquilles !

• Association « U Levante »

POUR TÉLÉCHARGER LESJUGEMENTS

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▲ Photos 2 : Le restaurant La Ferme – Photographieissue du dossier de permis de construire de régularisation

▲ Photos 5 L’entête du permis de construire accordé à laSARL PEFIL en régularisation et extension

▲ Photo 4 : L’attestation écrite par A. Perrino

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CHRONIQUE CORSE

Une décentralisation très centraliséeIl faut, une fois encore, remarquer combienles années passant, la présidence d’EmmanuelMacron s’éloigne de ses promesses décentra-lisatrices pour affirmer un système jacobin quine laisse guère de place aux initiatives locales.Mais la méthode utilisée en Corse est d’autantplus étonnante qu’elle est en parfaitecontradiction avec les objectifs affichés parle ministre de l’Intérieur : rapprocher lapolice de la population, permettre une gestionlocale des différents services de sécurité.Dans les faits, la Corse fait encore exception.L’objectif du Livre blanc de la sécuritéintérieure dévoilé par Gérald Darmanin est uneréforme de structure et d’organisation desforces de l’ordre et une meilleure répartitiondes effectifs sur le territoire. Le ministre del’Intérieur souhaite que ce projet de restruc-turation soit mis en œuvre en 2022. D’oùl’expérimentation, dès le 1er janvier 2021, d’une« direction départementale de la sécuritéunique » qui aura sous ses ordres « la sécuritépublique, la police aux frontières et la policejudiciaire ». Elle se fera dans 3 départementstransfrontaliers, le Pas-de-Calais, la Savoieet les Pyrénées-Orientales, avant une généra-lisation nationale du modèle en 2022. Or,en Corse, la démarche est exactement inverse.Notre région est désormais dépossédée de toutepossibilité d’initiative. Le territoire de lapolice locale est confondu avec celui de la JIRS.

La suite des dysfonctionnements locauxde la police ?L’affaire est d’autant plus curieuse que les troisdépartements choisis l’ont été parce quelimitrophes avec des pays étrangers. C’est

pourtant aussi le cas de la Corse. La créationd’une « direction départementale unique danschaque département » selon les propos deGérald Darmanin permettra de centraliserau niveau du département « la sécuritépublique (DDSP), la police aux frontières(PAF) et la police judiciaire (PJ) ». Cenouveau schéma correspond à l’organisationactuelle de la gendarmerie et est expérimentéaux Antilles, en Guyane et à Mayotte. Pourquoiune telle exception en Corse ? Vraisem-blablement parce que le SRPJ de Corse paiele prix de ses différents impairs : porosité avecle milieu du grand banditisme, hier encore aveccertains nationalistes. Faut-il rappeler lestrès étranges conditions de l’assassinatd’Antoine Nivaggioni ? Un appartementavait été loué en face du lieu où il a étéabattu par des membres du Petit Bar au su despoliciers. Ou encore les accointances d’unofficier des renseignements généraux avecplusieurs individus « défavorablement connusdes services de police ». Bref la police de Corsen’a plus la confiance du ministère de l’Intérieur.La zone sud est désormais chapeautée par ÉricArella, directeur zonal et patron de la PJ deMarseille. Il a été en poste durant près de dixans en Corse et à la tête de la PJ de 2008 à2012. Pour lui « la réforme est simple etessentiellement administrative. En fait, toutesles autres directions de police sont organiséessur le mode zonal. La sécurité publique et lapolice judiciaire ne l’étaient pas. C’est doncune simple normalisation des choses, il n’ya pas de sens caché» assure Éric Arella dansCorse-Matin. On a tout de même beaucoupde mal à le croire. Nous voilà revenus à lastructure policière de la fin des années 70, àrebours du décret du 24 avril 2003, destiné

à moderniser son organisation sur l’ensemblede l’hexagone. Il instaurait un nouveaumaillage opérationnel. Étaient ainsi créées d’unepart neuf directions interrégionales de lapolice judiciaire (DIPJ) dont les sièges setrouvaient à Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon,Marseille, Orléans, Rennes, Strasbourg etPointe-à-Pitre, et d’autre part deux directionsrégionales implantées à Ajaccio et Versailles,la direction régionale de Paris restant inchangée.Bref, en Corse, dans la police comme dansle reste des secteurs, le pouvoir central fermeles portes de toute possibilité d’initiativeslocales gommant peu à peu les acquis desannées de plomb. Désormais, tout est décidédepuis le continent pour ce qui concerne lesaffaires importantes. Ça n’est pas ainsi qu’onpermettra à la Corse de s’assumer.

• GXC

C’est une nouvelle qui aurait pu passer inaperçue si elle n’avait fait l’objet d’un article dansCorse Matin sous la signature de Jeanne-F. Colonna. On y apprend que depuis le 1er janvier2021 la Direction régionale de la police judiciaire de Corse est devenue une direction terri-toriale et dépend désormais de la zone sud dont l’épicentre est Marseille. C’est donc unretour à la situation qui prévalait avant 1979.

Police : retour à la centralisationdes années 70

Eric Arella, Directeur interrégionalde la PJ Marseille

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CHRONIQUE JUDICIAIRE

La semaine dernière, l’avocat niçois Maître Paul Sollacaro a été brutalement expulsé pardes policiers d’une salle d’audience du tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Il vient dedéposer une plainte pour « violences aggravées » et dénonce l’attitude du magistrat MarcRivet qui a ordonné son expulsion.

Paul Sollacaro : « Tout ça était prémédité, calculé et préparé »

Pouvez-vous revenir sur le contexte qui vous a valu d’êtreexpulsé de l’audience ?Je défends un homme qui doit comparaitre devant le tribunal correctionneld’Aix-en-Provence pendant deux jours et qui encourt 20 ans de prison.Il réside à Nice sous contrôle judiciaire. La veille, il est contacté parl’assurance maladie qui lui apprend que ses filles sont positives à la COVID-19 et que, de ce fait, il doit s’isoler. Je demande donc la disjonction demon client afin qu’il soit jugé ultérieurement. Le président Rivet merépond de me rendre tout de même à Aix, seul. Le lendemain, leprocureur s’oppose à ma demande. Le président, sans même se retirerdélibérer, lui emboîte le pas. Je demande alors une suspension d’audiencepour appeler mon client afin qu’il puisse nous rejoindre. On mel’interdit. Je conteste, on me demande de me taire, de sortir, et on memenace de me mettre dehors de force par les services de police. Cesderniers, pourtant mobilisés uniquement pour les prévenus et le public,n’ont pas observé une seconde de latence. Ils se sont levés et se sontdirigés vers moi à plusieurs. La fraction de seconde entre la menaceet son exécution me fait penser que tout ça était prémédité, calculé etpréparé. C’est encore plus grave, un véritable traquenard.

S’en suit alors votre sortie forcée de la salle… Il faut souligner que lorsque M. Rivet donne l’ordre aux policiers, ilme dénomme « Monsieur Sollacaro », me retirant ainsi ma robe etma qualité d’avocat. Les policiers m’encerclent, me touchent et memolestent. Je résiste, il y a des bousculades avec les confrères qui tententde se mettre au milieu. À ce moment-là, je dis au président ce queje pense, qu’il dépasse toutes les limites, que ce qu’il fait est illégalet qu’il est indigne d’être magistrat. Il n’y a ni insultes ni menacesde ma part, mais mon ressenti sur ce que je considère être unecrapulerie. D’autant plus que je porte la robe de mon père, beaucoupde symboles ont été violés. Il y a alors une suspension durant laquelleles policiers me sorte manu militari. S’en suivent deux jours de foliefurieuse avec un procès sans avocat et sans prévenu. M. Rivet a commisen quelques heures toutes les erreurs qu’un magistrat n’arriverait pasà commettre en une carrière entière. Une véritable parodie.

Sur quels fondements votre plainte repose -t-elle ? Lorsque j’ai indiqué mon intention de porter plainte, ceux que je viseont certainement pensé que ce serait une plainte auprès du ConseilSupérieur de la Magistrature (CSM) ou une plainte auprès de laChancellerie. Mais en réalité, la première plainte que je dépose estde nature pénale , auprès de Mme la procureure générale d’Aix-en-Provence. Un vent de panique s’est alors certainement emparé du présidentet du procureur qui ont répliqué par des communiqués. Je porteplainte pour violences aggravées par deux circonstances, à savoircommises sur un avocat et commises par des personnes dépositaires

de l’autorité. Cette plainte vise M. Rivet et les policiers qui m’ont extraitde la salle. Un courrier a également été envoyé en copie à laChancellerie, et je vais également saisir le CSM.

Le bâtonnier d’Ajaccio, Me Julia Tiberi, a déclaré que cettesituation est symptomatique de la dégradation des rapportsentre avocats et magistrats. Qu’en pensez-vous ? Il est vrai que les rapports se dégradent mais je pense qu’il est importantde recentrer le problème et celui-ci réside dans les rapports avec ce magistraten particulier. Je ne peux pas croire qu’un grand magistrat accepte etpratique ces méthodes. Je suis convaincu que 99,9% des magistratscondamnent ce qu’il s’est passé, plusieurs d’entre eux m’ont d’ailleurscontacté pour me faire part de leur émoi. Mais il y a 0,01% comme M.Rivet qui sont des extrémistes et le débat doit se concentrer sur ces dernierscar ils sont indignes de porter cette robe. Cet homme embarque aveclui la dignité de l’institution judiciaire et de la magistrature, pour enplus intégrer prochainement l’Ecole Nationale d’Administration (ENA).Cette école d’excellence va accueillir quelqu’un qui est dans latransgression. Il est d’ailleurs possible que je fasse une démarcheauprès de cette institution pour leur signifier qu’elle ne s’honore pasd’intégrer une personne d’aussi indigne que lui.

Cet incident peut-il être interprété comme une rancoeurpersonnelle à l’égard de la famille Sollacaro ? Votre pèreavait eu une altercation avec ce magistrat.. C’est une possibilité que je n’exclus pas. Compte tenu du comportementplus que limite de ce président, à la limite du psychiatrique, tout estpossible. Si cela s’avère être le cas, ce serait encore plus grave carcela voudrait dire qu’il utilise sa robe pour régler des histoirespersonnelles. L’enquête le dira.

• Interview réalisée par Laura Gatti

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CHRONIQUE DU TEMPS QUI PASSE

C’est bien la question pourtant. La vertudans tout ça? Il faut bien dire qu’on s’y perd.Les héros de la nation, jadis cités en exemplesuniversels, les Colbert, Bayard, Napoléon,Clémenceau, de Gaulle, devenus dans leverbiage des commentateurs du jour sesbourreaux, les voyous et les assassins qualifiésabusivement de jeunes par des énonciateurspusillanimes, les la devenus les le et les uns

des unes, ou les deux, la langue se trouve êtrela seule victime de la rage destructrice qui s’estemparée des consciences. Impuissants etrageurs de ne pouvoir transformer la réalité,nos maîtres et leurs scribes ont donc entreprisde modifier le vocabulaire qui la désigne. C’estune méthode. L’homme qui a appris aumonde l’ordre au moyen du langage retourneau grognement de ses ancêtres. Quand ilfallait sérier et distinguer pour pouvoirénoncer, il faut dorénavant confondre et toutrendre imprécis par respect pour les éclopésparce que toute différence soulignée humilie.Le beau et le laid sont ainsi réunis, ce qui veutdire que le monde grec est définitivement mort.La tatane substitue la chaussure quand lehaillon subroge la vêture.Revenons à la vertu. Comprendre étant pardéfinition plus compliqué et donc plus fatigantque juger (cette commodité), il est à redouterque ne s’instaure une égalité dans l’imbécillitédont la seule hypothèse est un pur cauchemar.La vertu? Point n’est besoin de la cherchertrop loin. Sa carence éclate aveuglément, sij’ose avancer cette apparente contradiction.Après avoir banni la logique du cogito, tropméprisante aux yeux des bonnes âmes, c’està la notion même de société ordonnée ques’attaquent aujourd’hui les nouveaux vandales. Toute l’histoire est à revoir à l’aune de la pitiécompassionnelle. Les cérémonies prévuespour le bicentenaire de ce bâtisseur que fut

Napoléon se trouvent donc attaquées etremises en cause par sa prétention mêmed’avoir voulu ordonner le chaos. Un idiotgalonné à foulard bleu mène la danse dans cecombat analphabétique. Ce sera l’occasion dejauger la fermeté et le courage de ceux qui nousgouvernent. Le défunt maître de ce sieurs’étant illustré en omettant de célébrer labataille d’Austerliz, nous aurons la toiseexacte de la vertu précédemment évoquée pourjuger sur pièce qui nous parle. Juger quinous parle? Qui se pousse du col à vouloir nousparler plutôt! Bref les temps sont durs. Leserpent de mer du confinement servantégalement à faire perdre leur latin à ceuxqui en ont encore gardé des bribes, que direde plus? Il faut revenir à l’effrayante périodequi succéda à l’écroulement de l’ordreeuropéen au VI et VII ème siècle pour avoirune idée de ce qui nous attend, pour peuqu’on ait encore des livres non caviardéspour nous enseigner notre passé. Comme àl’époque carolingienne, le monde romain està deux doigts de disparaître, et la perte dulangage est l’arme la plus redoutable utiliséepar ses détracteurs pour le subvertir. Il n’estpas inintéressant de souligner que les périodesd’effondrements culturels et sociaux ont étésouvent accompagnées de grandes épidémies.Peut-être ne font-elles que commencer? Garezvos livres, planquez vos DVD, cachez vos films,car ils seront demain le signe d’un ordreancien répudié et honni. On est loin évidemmentde l’exaltante période de la constructioninitiée fort à propos par l’héritier d’Auguste,dont on s’apprête à célébrer le souvenir, pourpeu qu’on en ait le courage. J’engage vivementle lecteur à se précipiter pour dévorer « Vieet Opinions de Frédéric-Thomas Graindorge »d’Hippolyte Taine, certainement disponiblechez tous les bons libraires. La lectured’Hippolyte Taine est du genre ironique etroborative, c’est tout ce qu’il nous faut danscette période désolée

• Jean-François Marchi

- « Mon neveu, qu’il y a-t-il de plus beau que la vertu? -Plaît-il mon oncle? ». Après cet échange rapide et tellementà propos, Hippolyte Taine fait dire à son personnageFrédéric-Thomas Graindorge : « Mon neveu, un jeune drôleauquel j’alloue une pension avait l’air d’une dinde trufféedans son plat ».

Questions d’actualité

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ON EN PARLERA DEMAIN

Avril 2018, à l’invitation de la municipaliténationaliste, un magnifique vaisseau fait sonentrée dans le port de Bastia. Il s’agit d’uneréplique de la frégate L’Hermione qui a étéen service de 1779 à 1793 dans la Royale. Cenavire de guerre de plus de 65 m de long étaitdoté de trois mâts pouvant porter jusqu’à 2100 m2 de voilure, armé de 36 canons etservi par un équipage de 255 hommes. Ilavait permis en 1780 au marquis de La Fayettede gagner l’Amérique du Nord pour se joindreaux « Insurgents » qui, sous le commandementde Georges Washington, luttaient contrel’armée britannique pour défendre l’indé-pendance de colonies qui s’étaient constituéesen Etats fédérés (USA) le 4 juillet 1776(Indépendance Day). Cette réplique deL’Hermione est issue de la volonté et l’actiond’une association qui a eu recours à plusieurs

sources de financement : subventions decollectivités publiques, dons de mécènes,recettes tirées de la visite du chantier deconstruction par des centaines de milliers depersonnes. Cependant le plus ardu et le plusméritoire a sans doute été d’identifier, réunir,coordonner et mettre en œuvre durant desannées de multiples savoir-faire dans l'ancienarsenal de Rochefort (Charente-Maritime). Cequi a permis de relever deux défis : résoudreles contraintes techniques (sélection etutilisation de plus de 2 000 chênes, assemblagede 400 000 pièces de bois et de métal…),respecter l'authenticité tout en se conformantaux règles contemporaines de sécurité et enoffrant un confort décent à l’équipage. Pourla Corse, cette venue de L’Hermione a certesété un événement historique et festif. Mais celui-ci a aussi été l’occasion de présenter unexemple de ce qui peut se faire de grand, debeau et de durable et de profitable au plus grandnombre et à la mémoire collective, quand semobilisent le rêve de quelques-uns, le soutiende collectivités et de mécènes et la participationde particuliers.

Un ensemble de bétonMars 2021, une autre « Hermione » annoncesa future présence en Corse. Elle ne ferapas que passer. Elle va s’ancrer durablementà Portivechju. Sa venue est porté à laconnaissance des populations de France, deNavarre et d’ailleurs à partir de supportspublicitaires aussi criards que provocateurs.Sur ceux-ci, la Cité du Bastion et du Sel estdénommée « Povo ». Cette « Hermione » nesera pas la réplique d’une belle réalisation dupassé. Il s’agira d’un ensemble de béton. Safuture présence aussi envahissante (empriseau sol de plus de 1000 m2) que durablen’aura été ni sollicitée, ni souhaitée par lamunicipalité nationaliste qui administre

Portivechju depuis juin 2020. Pourtant, ilfaudra qu’elle l’accepte car un arrêt de laCour administrative d'appel de Marseille endate du 28 septembre 2020 a ordonnél’obligation de délivrer le permis de construire.L’initiative de réaliser cette « Hermione » nedoit rien au rêve de quelques-uns et la concré-tisation ne sera pas l’aboutissement du partagede passions pour l’Histoire, le Patrimoineou la valorisation de savoir-faire séculaires.L’une et l’autre auront uniquement été dictéespar la recherche de profits financiers d’unesociété d'investissement basée à Marseillequi aura su exploiter « L’amour de laKeurse » de quelques nantis. J’en suispersuadée, la Corse n’a rien à apprendreou gagner de ce type de démarche économiqueou de ce genre de tropisme car les futursoccupants de « L’Hermione » de « Povo »,sauf exception qui ne ferait que confirmeraitla règle, sont loin d’être porteurs de l’Espritdes Lumières qui animait le marquis deLafayette. Quand ils seront propriétaires deleur appartement offrant vue sur la mer etdéfiscalisation au titre de la Loi Pinel , je doutequ’ils s’impliquent un jour dans le combat des« Insurgents » que l’on dénomme chez nous« Patriotti » ou « Ribelli » qui, depuis un demi-siècle, se battent pour la survie de leur peupleet un développement harmonieux de leurterre.

• Alexandra Sereni

Les futurs occupants de « L’Hermione » de « Povo » sontloin d’être porteurs de l’Esprit des Lumières qui animait lemarquis de Lafayette. Je doute qu’ils s’impliquent un jourdans le combat des « Insurgents » que l’on dénomme cheznous « Patriotti » ou « Ribelli » .

Les deux Hermione

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SOCIÉTÉ

Voyants dans le rougeLa Corse est la région de France la plustouchée par l'impact de la crise sanitaire : d'aprèsun récent rapport de l'INSEE, sur l'année2020, le nombre de demandeurs d'emploidans l'île a ainsi augmenté de 14,7 %, contre4,4 % au niveau national. Ces chiffres sontsans surprise, l’île étant très dépendante dutourisme. Même si l’été a bien favorisé la Corsecomme destination au sortir du confinement,l’INSEE note que « la reprise des activitéstouristiques en saison estivale n’efface pas lepréjudice causé par la crise sanitaire », etexplique le Covid-19 a complètement balayél’activité touristique de l’avant-saison : - 98 %de nuitées en avril 2020 par rapport à 2020.De quoi inquiéter pour la situation à venir.D’autant plus que la question sanitaire resteincertaine, que la vie doit continuer, coûte quecoûte.

Boom des banques alimentairesL’une des conséquences directes de la criseliée à la pandémie est l’augmentation dunombre de personnes ayant recours à l’aidealimentaire. Cela concerne des milliers de

personnes en Corse. Pendant le premierconfinement de 2020, la fédération de Corsedu Secours populaire a ainsi enregistré uneaugmentation des recours de + 30 % à Ajaccioet de + 40 % à Bastia. Les pertes d’emploi etles fins de droit expliquent cette hausse, dontla courbe n’infléchit pas. Les bénévolesviennent prêter main-forte à ces associationscaritatives, qui peuvent aussi compter sur lagénérosité des particuliers et des entreprisesinsulaires. Le profil des personnes ayantrecours à l’aide alimentaire s’est étendu,touchant des personnes âgées isolées n’ayantpas une retraite suffisante et ne pouvant pluscompter sur le soutien de leur entourage, desjeunes qui n’ont plus les petits boulots pourboucler les fins de mois, des personnes quiarrivent en fin de droit et n’ont plus que leRSA... Une situation qui inquiète partout surle territoire, puisque selon un rapport de laFondation Abbé Pierre paru au début dumois de février, les banques alimentaires enFrance ont accueilli au 30 juin 2020 entre 20à 25 % de bénéficiaires supplémentaires.Parallèlement à cette hausse des demandes,les associations ont noté une mobilisation

importante en volume du nombre de dons. Aupremier semestre 2020, les dons auxassociations et aux fondations ont ainsi bondide près de 22 % par rapport à 2019. Lesaides exceptionnelles de l'État ont égalementpermis d'absorber la hausse du nombre dedemandeurs d'aide. Certaines associationsont également bénéficié de dons « spontané »de denrées alimentaires, de vêtements et desplats préparés de la part de plusieurs entreprisesinsulaires.

Sang en tensionQuestion solidarité, il en est une autre, d’ungenre tout différent, qui est aussi en tension.Celle du don du sang. 10 000 dons de sangsont nécessaires chaque jour pour soignerun million de malades par an en France. Lesproduits sanguins ont une durée de vie limitée.Renouveler les réserves reste un enjeu detaille pour l’Établissement français du sang(EFS), qui ne dispose que de quatorze joursde stock. Selon l’EFS Corse, environ 75 %des besoins transfusionnels de l’île sontprélevés lors des collectes. Le reste provientd’autres régions, hors PACA. Si les besoinsen dons du sang sont aussi pressants, c’est parceque les besoins en transfusion le sont demultiples manières. Cela sert pour les urgences,mais aussi pour d’autres pathologies. Orseulement 3,5 à 4 % de la population effectuedes dons. Depuis le début de la pandémie, l’EFSa réorganisé les collectes pour qu’ellesrespectent strictement les gestes barrières etque toutes les conditions de sécurité sanitairesoient respectées, pour les donneurs et leséquipes chargées de la collecte. Ainsi, tout sefait sur la base de rendez-vous. Un prélèvement420 à 480 ml de sang dure une dizaine deminutes. Un seul don permet de sauver troisvies. Rien ne remplace le sang.

• Maria Mariana

Tout le monde peut avoir besoin d’un coup de main un jour ou l’autre. En ces temps difficiles,la générosité et la solidarité sont des valeurs qui font chaud au cœur. Donner aux associationspour venir en aide à ceux en difficulté est une tendance à la hausse. Le nombre de dons non sol-licités a connu un bond en 2020. Même si cet élan de solidarité ne suffira pas pour venir en aideà tous. Et qu’il y a un don qui reste insuffisant, celui du sang, pourtant tout aussi vital.

Donner, ça a toujours du sens

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REPORTAGE

« AM ENVIRONNEMENT » lanceun cri d’alarme

La zone industrielle de Tragone à Bigugliapeut s’enorgueillir d’avoir un centre detraitement des déchets tel que celui de AMEnvironnement. Un centre qui est spécialisédans le transport, la collecte, le tri, letraitement, la revalorisation et leconditionnement des déchets en Corse. Avecses 15 ha de superficie, ses 130 salariés etses 300 emplois indirects voilà une entrepriselocale à la pointe du progrès, qui répond àpresque toutes les questions et apporte dessolutions. Les Corses sont fiers de leur histoire,ils aiment afficher leur nom de famille sur leurs

entreprises, ainsi AME correspond à AngeMoracchini Environnement. Crée en 2006 lasociété regroupe alors un secteur travauxpublics, centrale à béton, transports dematériel ou de marchandises pour le BTP,urbanisme, la logistique se situant à Vitrolles.Ange Moracchini rajoute le centre Tri-Emballages et apporte des réponses rapideset compétentes avec le savoir-faire et

l’exutoire. Les déchets arrivant à Tragone detoute la Corse Il devient ainsi le leaderinsulaire du Tri-Conditionnement. Tout cequi arrive est trié, traité, valorisé, conditionnéet part sur le continent entre l’Italie etl’Espagne direction région sud-est PACA.Seuls certains bio-déchets de la CAB sonttransformés en compost parce que ce sontdes déchets verts. AME est le seul centre deTri en Corse depuis 2006 ce qui représenteplusieurs millions d’euros d’investissement.Aujourd’hui la situation est grave AMElance un cri d’alarme avec la saturation descentres d’enfouissement en Corse. Si rien n’estfait dans les prochaines années, la qualité del’eau, les paysages, la fréquentation touristiquene cesseront de se dégrader et l’île de beautén’en n’aura plus le nom. Il y a urgence àrevaloriser les déchets comme solutiondurable face à cette crise qui dure depuis plusde vingt ans. Le recours à l’enfouissementpour les deux centres montre ses limites.Capacité annuelle atteinte dès le milieud’année pour l’un et fin d’exploitation àl’horizon 2022 pour le second. Face à cettecrise des déchets des solutions d’urgences’intensifient mais de nombreusesinterrogations planent sur l’impact environ-nemental et sanitaire. Le leitmotiv c’est « zéro-enfouissement » et« zéro-brûlage ». Donc, la revalorisationtotale des déchets le cœur du métier d’AME.Nous valorisons 100% des déchets entrantssur notre site, soit 50 000 tonnes à l’année.Ce sont déjà 50 000 tonnes de déchets enmoins à enfouir ou à brûler explique AngeMoracchini président d’AME. Conscientde l’urgence d’agir AME se mobilise pour

une gestion durable des déchets à travers denombreux investissements et développements.Seule entreprise normée (ISO 9001, 14001et OHSAS 45001) en Haute Corse a développédes procédures très exigeantes : mise en

place d’un système informatique signalantles limites de stockage, installation deséparateurs d’hydrocarbures prévenant toutrisque de pollution des eaux, rationalisationdu parc pour la gestion risques incendies…En vue deux projets, une déchetterie enCorse du sud et une à Biguglia afin de traiterles déchets professionnels (BTP, artisans,indépendants hors BTP, magasins et 1/3ménagers). Également à l’étude créationd’énergie renouvelable par la biomasse(bois, meubles, palettes), évolution planquinquennal.

• Danielle Campinchi

Les Grecs l’appelaient « Kalliste », « la plus belle ». C’est l’île que le monde entier nousenvie et il faut qu’elle continue à le rester « belle ». Ange Moracchini ne pouvait resterinsensible au problème de la saturation des centres d’enfouissement dans l’île. Il dessinepour tous l’ensemble des conditions naturelles et culturelles de demain pour une Corsedurablement belle, propre et préservée.

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CONTACT

Ça commence par une chanson au volantd’une voiture. Ç a se termine, sur un sentierescarpé, en chantant. Dans l’entre-tempsl’histoire d’un rêve incarné dans un coinmontagnard de Balagne. Un rêve vécu. Un rêvefragile. Un rêve à recommencer encore etencore. Au-dessus de Lumio Letizia Giuntinis’accroche à la terre de ses ancêtres. Elle

élève vingt chèvres car il lui faut se ménagerdes moments pour donner des cours de chant,cultiver un jardin dans la plaine de Lozari ettravailler sa musique. Pas assez de bêtes,pas assez d’hectares, la jeune femme n’est niéleveuse ni agricultrice pour les instancesofficielles. Hors système, elle est néanmoinsreconnue sous le libellé : détentrice ! Un quotidien très dur, parce que vivre deses ressources dans ces conditions n’est pasévident et surtout parce qu’elle subit à longueurde saisons une monstrueuse pressionimmobilière en raison de l’appétit écheveléde certains pour les résidences secondaires quidévorent le paysage au détriment d’uneagriculture et d’un élevage nourriciers. Acette pression immobilière s’ajoute unestratégie de la tension déployée par d’aucunspour la faire déguerpir afin de récupérer sonbien et de « normaliser » son espace enl’accommodant à la sauce productiviste, le toutassorti de menaces précises et d’obstruction

aux droits de passage. L’indépendance est unedenrée rare et quand elle se conjugue avecliberté… elle coûte chère ! Mais LetiziaGiuntini n’a pas l’habitude de se dérober. Sielle cultive à l’instar d’un Pierre Rabhi une« frugalité heureuse » elle n’a pas la languede bois pour dénoncer le fric qui pollue lessites les plus remarquables, la mise à mort dela terre paysanne et ceux qu’elle nomme les« commandants » qui n’ont cesse de transformeren mendiants les gens qu’ils ont l’arrogancede dominer et d’exploiter... Elle alerte sur unétat de fait dépourvu d’aménité et debienveillance qui accule des individus à ladépression et à la révolution. Un état de faitsi brutal qui met à mal la société. Au passagela chevrière artiste sait manier l’humourlorsqu’elle conte, par exemple, le bouc évadédu troupeau qu’elle finit par récupérer grâceà … FaceBook.L’accumulation d’obstacles sur sa route vaconduire Letizia Giuntini à une conclusionamère : partir. Mais partir ailleurs en Corse,pour un endroit qui ne sera pas un balcon surla mer. Avec « La part du rêve » Jean Fromentnous offre de superbes images au tonexceptionnel. Saisissant portrait d’une femmequi aime tant ses chèvres et qui est tellementattachée à la création musicale. Il faut écouterles chansons du CD, « Cuccata », qui nesont pas sans évoquer en langue corse Dylanet Evora. Résultat un protest-song percutantet poétique dans ses sonorités folk-world.

• Michèle Acquaviva-Pache

• Sur le site internet : letiziagiuntini.fr, onpeut commander l’album, « Cuccata ». « Unepart de rêve » est à voir en replay sur ViaStella.

Letizia Giuntini. Chevrière, là où le tout tourisme et tout luxe font la loi. Auteure-composi-trice- interprète puissante. Femme singulière et sincère. Guerrière de notre planète terreavec les armes du cœur, la détermination, et beaucoup d’huile de coude… Jean Froment faitde cette étonnante-détonnante un beau portrait dans son film documentaire, « La part durêve », diffusé sur Via Stella.

Letizia Giuntini

Une femme contre le désastre

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CONTACT

Jean Froment, le réalisateur de « La part du rêve » estl’auteur de superbes documentaires sur la Corse. Commentl’avez-vous rencontré ?Par l’intermédiaire d’une copine. Jean Froment avait l’intention defaire un film sur des femmes paysannes en pluriactivité. Cettepluriactivité devait concerner la nature, l’artisanat ou la créationartistique. A l’origine on devait être deux. Finalement je suis restéetoute seule avec beaucoup de choses à dire.

Dans « La part du rêve » des mots reviennent constammentdans votre bouche : Liberté. Indépendance. Simplicité.Quel est celui auquel vous tenez le plus ? Pourquoi ?Liberté, les deux autres mots lui sont étroitement liés. Liberté, le motest vaste. S’il est bien interprété, bien employé il rejoint des motsimportants comme amour, comme paix. La liberté c’est avoir laconscience et la force de faire ce qu’on veut.

N’avez-vous pas redouté l’intrusion de la caméra dansvotre quotidien ?J’ai commencé par refuser de participer. Je me suis dit au ça allaitêtre une source supplémentaire de problèmes et que le dicton « pourvivre heureux vivons caché » avait peut-être du vrai ! J’ai étéconvaincu quand j’ai constaté que le réalisateur était d’une extrêmesensibilité et qu’il respecterait ma vie. Le tournage s’est déroulé surune année, on a eu ainsi le temps de se connaitre. Jean Froment a sume laisser la parole et n’a jamais essayé de me faire dévier.

Qu’est-ce qui est si attachant avec les chèvres à qui vousavez donné à toutes un prénom ?La puissance… La puissance de leur intelligence. La puissance de leuresprit de liberté et d’indépendance tout en ayant une capacité à la docilitéet à la compréhension à mon égard.

« La société m’est chère. J’aime tout ce qui est humain ».

Letizia Giuntini

Vos chèvres vous aiment ?Elles m’aiment et je les aime. C’est réciproque. Entre nous il y a quelquechose qui se rapproche de l’humain bien qu’on reste à nos placesrespectives. Dès leur naissance je les éduque pour qu’elles comprennentce que j’attends d’elles et en retour je dois aussi les comprendre. Lesoir, je les appelle pour la tétée ou pour manger du maïs. Elless’adaptent à moi et moi à elles. A la fin du printemps elles gagnentla montagne. Elles redescendent alors pour la traite et repartentdormir là-haut sans que j’ai à intervenir. Pourtant chevrière n’est pasma formation de base. J’ai simplement regardé faire quelquesbergers…

Vous êtes hors système parce que celui-ci n’a rien prévupour des paysans tels que vous. Mais être hors système necorrespond-t-il pas à votre personnalité ?Ne pas rentrer dans les cases me correspond. Mais au début ce n’est

pas moi qui ai décidé d’être hors système. C’est parce que le schémaofficiel m’imposait d’avoir tant d’hectares et tant de bêtes. Or,l’important c’était ma liberté de penser et d’adapter mes besoins à ceque j’avais envie de vivre. En tant que « détentrice » je suis reconnuepar le système en quelque sorte. Seulement cette reconnaissance neva pas jusqu’à m’accorder des droits de passage ou l’accès à des aides.

Parmi les tracas que vous subissez quel est le plusintolérable ?Ce qui me hérisse le plus c’est qu’on ne prenne pas en considérationles petits et qu’on ne leur laisse pas la possibilité d’exister. Ça, c’estle plus injuste pour moi. Ce qui m’horripile aussi c’est qu’à l’écoleon n’apprenne pas aux enfants le partage et de faire place aux autres.

Quelles mesures à prendre pour sauvegarder ce que vousnommez justement la terre paysanne ?Avoir une prise de conscience de la vraie valeur de la vie, de l’êtrehumain, de la nature. Tout le monde a le droit d’exister, de s’épanouir…sans être réduit à la mendicité par ceux qui s’arrogent gouverneurs,patrons ou autres.

A la fin du documentaire vous annoncez que vous partezde Lumio où la situation est intenable. Ce n’est pas pourautant un constat de défaite puisque vous irez ailleurs enCorse. Où est cet ailleurs en Corse ?Du côté de Montemaggiore, Montegrosso. Nous avons trouvé des terrains.Ma compagne fera du maraîchage et moi j’ai un projet de verger. Nousavons commencé à clôturer, à travailler la terre, à installer despoules. Pour les chèvres c’est délicat car il y a de la férule, plante toxiquepour elles qui sont tellement habituées à Lumio.

Continuez-vous beaucoup à écrire, à composer ?Dix-huit de mes chansons sur quatre-vingts sont sur « Cuccata». Unnouvel album se profilait que le Covid a annulé. Heureusement, ilreprend corps. Il sera enregistré avec une formation classique qui feraappel à Celia Picciocchi.

Combien de temps consacrez-vous par jour à vos activitésartistiques ?Ça dépend ! En été j’ai plus de possibilités. Actuellement notreprojet de jardin et de verger est très prenant. J’essaie de me dégagerau moins un quart d’heure par jour pour les chansons.

Sensibles à la musique les chèvres ?Quand je chante, elles s’arrêtent de manger pour me regarder. Aprèsla Corse et la terre, c’est d’elles dont me vient l’inspiration. Elles sontmon premier public.

Des réactions après la diffusion du film sur Via Stella ?J’ai senti du soulagement chez certaines personnes qui se sontretrouvées dans ce que je dis. J’ai aussi apprécié qu’on ne me voitpas comme une marginale… La société m’est chère. J’aime tout cequi est humain.

• Propos recueillis par M.A-P

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INTERVIEW

Jean-Dominique Bertoni : « On s'est vraiment fait plaisir »

Après Corsi-Americani, vous réalisez cette fois un court-métrage dont le tournage s’est achevé la semaine dernièreen Balagne. Quelle est la genèse de ce projet ? C’est mon premier court-métrage de fiction. Je l’ai écrit, réalisé etautoproduit. Après avoir fait un clip musical avec un jeune de Calvi,J’avais donc vraiment envie de repartir tout de suite en tournage. Avecmon ami Adrien Georges, qui est directeur de production sur le court-métrage, on s’est dit qu’on tournerait en cinq jours. Et nous sommespartis comme ça. Nous avions un petit budget et nous sommes alléschercher des partenaires, notamment des commerçants de Balagne etd’ailleurs qui nous ont aidés.

Sans trop en dire, quelle est l’intrigue du film ? Un homme, prénommé Edouard, roule sur une route déserte depuisdes heures. Il ne croise personne puis, à un moment donné, il tombesur un monsieur. Âgé d’une trentenaire d’années de plus que lui, ilest accidenté au bord de la route et lui demande de le récupérer pourle déposer à la prochaine station-service. La voiture repart, tousdeux discutent et à un moment l’autostoppeur dit le prénom (Edouard)du conducteur alors que ce dernier ne s’était jamais présenté…Pourquoi le connaît-il ?

Le tournage a duré cinq jours en Balagne, région dont vousêtes originaire… Quel bonheur ! Il y avait tous les décors dont j’avais besoin. En plus,je rentrais à la maison tous les soirs (rires). Pour mes tournages, jefais beaucoup de route et l’histoire de ce court-métrage me venait souventlorsque j’étais en voiture… En écrivant le scénario, j’ai voulu mefaire plaisir car j’adore les séquences tournées dans les voitures ; jeles trouve souvent très cinématographiques. En plus de ça, on avait

une voiture de collection, une Peugeot 504 des années 1970. On a doncvraiment joué la carte à fond du road-movie. Pour le coup, on s’estvraiment fait plaisir.

Techniquement, est-ce difficile de tourner en voiture ? En soi, non, surtout si on a une équipe complète de cinéma. Mais là,de par notre petit budget, nous étions en effectif très réduit. En plus,j’ai tendance à vouloir beaucoup de plans ; et chaque plan, il faut l’installer,mettre la caméra sur le capot ou sur la portière selon les axes voulus.À chaque fois, ça prenait pas mal de temps. Nous avons souvent tournéjusqu’au coucher du soleil. On arrivait sur le tournage à 7 heures etpuis c’était parti pour la journée. Je n’ai pas fait beaucoup de pausesdéjeuner (rires).

Au casting, on retrouve deux comédiens insulaires bienconnus, Gray Orsatelli et Didier Ferrari...Quelle rencontre ! Je ne les connaissais pas. Pour le rôle de Gray Orsatelli,je cherchais un trentenaire mais je ne savais pas qui prendre. Endécembre dernier, je suis retombé sur une rediffusion du film Les Exilésde Rinatu Frassati dans lequel joue Gray. Là, je me suis dit « ah oui,ce serait chouette de l’avoir pour le rôle ». Quant à Didier Ferrari, queje ne connaissais pas non plus, l’idée m’est venue quand je réécrivaisla fin du scenario. Je l’ai alors vu et je l’ai imaginé dans le film. Jelui ai envoyé le scenario et il m’a dit qu’aux premières lignes des dialogues,il savait qu’il allait faire le film. Il y a eu une espèce de connexion.

Ce tournage très court semble avoir également été une belleaventure humaine ? Incroyable ! Nous sommes restés ensemble pendant une semaine eton avait l’impression de se connaitre tous les trois depuis toujours.Je suis resté caché dans la voiture avec eux pour leur donner des indicationsde jeu. Entre les prises, c’étaient de super bons moments. En plus deça, c’était une ambiance assez familiale. Mon directeur de productionet mon chef opérateur sont des amis ; mon père tenait la cantine dutournage, ma sœur était chef régie, ma belle-sœur joue dans le film...Beaucoup d’amis sont aussi passés nous voir et on fait de la figuration.Il y avait une très belle ambiance qui a vraiment fait du bien en cestemps de Covid.

Quand projetterez-vous le film pour la première fois ? Pour boucler la boucle, mon rêve serait de le présenter au prochainFestival de Lama, chez nous en Balagne, cet été. En espérant que malgréle Covid, le festival puisse avoir lieu…

• Interview réalisée par A.S.

Deux ans après avoir réalisé le documentaire Corsi-Americani, Jean-Dominique Bertonivient d’achever en Balagne le tournage de son premier court-métrage de fiction. IntituléL’autostoppeur, ce road-movie devrait être présenté cet été au public insulaire. Retour avecle réalisateur balanin sur une belle aventure humaine en Peugeot 504...

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LINGUA CORSA

Ci sò, in Corsica, omi chì passanu a so vitaarradicati à a so lingua, a so cultura o, d’unamanera più larga, a so terra. Senza cuntàl’ore, cercanu à tramandà issu filu « nustrale »,ognunu à modu soiu. Paulu VincentuMucchiellu ne face parte. Militante-naturale-di a lingua corsa, s’impegna dapoi sempre.« Aghju intesu parlà u corsu nanzu à ufrancese, spiega quellu chì insegna u corsu dapoipiù di trenta anni, sò di ceppu ghisunacciu dau cantu di mamma è di babbu. » Dopu àstudii in Aiacciu, face parte di a prima squadrarivindicativa di l’Università. « Aviamudumandatu un DU di corsu eppo u Deug, alicenza, aghjusta l’omu, dopu ci eramu battutu-dighjà- per ottene u capes. Tamanta strada ch’ènoi ci vole battesi sempre avà. »

Lingua corsa è cantuUn percorsu chì li permette, ghjustappuntu dopuà u capes, di principià una carriera d’insegnantein l’Isula, Moltifau è Corti nanzu di « falà »in Aiacciu induve ellu hè prufessore di corsudapoi vintisei anni. « Sò un prufessore paisanuè campagnolu, ripiglia u Ghisunacciu nantuà un versu tarrucconu, micca citandinu. Collusempre in paese (vacanze, dumenicate) è, àdilla franca, aghju parechje barette postuch’eu sò elettu municipale incaricatu di upatrimoniu è a cultura. Aghju ancu unadelegazione à u PNRC... »Impegnatu à prò di a lingua, Paulu Vincentul’hè dinò in u duminiu di a cultura -i diuvanu inseme – masimu u cantu. Face parte di

u gruppu di studienti « A Palatina » in l’anniottanta, dopu « Viaghju » ma hè sopratuttuà l’origine di u sviluppu di a Scola di Cantuà u Fesch cù Natale Luciani è SantuPasqualaggi.

Da « Mialinu » à a puesiaA scrittura ? « Hè ghjunta più tardi. Aghju fattuun primu librettu à a fine di u 2012. Era unaracolta di macagne publicate in u ghjurnalettu« In Piazza » induve, à modu scherzosu, uncertu « Mialinu » facia cummenti nantu àl’attualità. D’altronde, fù u cugnome sceltuper u titulu « I detti di Mialinu » è à tempua zifra di l’autore. L’idea di scrive « Duie rime »hè ghjunta qualchì tempu fà. Di fattu, n’aviaunepoche nantu à l’urdinatore. Amichi (RémyBizzari, Benoît Rusterucci...) mi dissenu dipublicà le. L’affare fù fattu à a lestra. »«Duie rime » hè un librettu di puesie chì trattad’amore, d’umanisimu, di a vita persunale dil’autore, di viaghji o di a terra corsa... Hè unlinguaghju chì leia di più l’omu. L’inseme hèaburdevule è capiscitoghju. Ùn aghju miccavulsutu fà lu pumposu…In più, ghjè unsistema uttunariu chì si pò mette abbastanzabè in musica. »Unipochi di scritti seranu dighjà in u dischettudi u gruppu « Passione » (A cicculata, Fornu,Kyrie di Ghisoni, Lochi Santi...) À l’età di 56 anni, u militante di semprecuntinueghja, à modu soiu, à fà campà alingua nustrale. « Hè impurtante di tramandàtuttu ciò chè i nostri vechji ci anu lasciatu. È

s’è a lingua corsa hè, oghje, in periculu d’unamanera ammistrativa, facciu cunfindenza àl’omi è à i ghjovani. Ci hè una presa dicuscenza. Ci vole quantunque una vulintàpulitica forte per salvà la. » L’insegnante, ellu,hà pussutu tramandà tuttu u so estru àMarc’Antone è Lucia, i so dui figlioli. Unamanera di mantene issu filu « nustrale »…

• F.P.

Insegnante assai cunnisciutu in Corsica sana, Paulu Vincentu Mucchielli, di ceppu ghisunac-ciu, hà zifratu, qualchì tempu fà un primu librettu di puesie : « Duie rime », chì trattad’amore, di a so intimità di viaghju è, di sicuru, di a Corsica. L’occasione di ramintà u per-corsu militante d’un omu arradicatu à a so terra…

Paulu Vincentu Mucchielli : « Duie Rime »d’un prufessore campagnolu

[email protected]

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CHRONIQUE INTERNATIONALE

Une campagne internationale pourNudem DurakNée en 1988 dans une famille « dengbêj »,la caste traditionnelle des musiciens et despoètes kurdes, Nûdem Durak est une jeunechanteuse kurde. Victime de lois qui assimilenttoute expression kurde ou en langue kurde àdu « terrorisme », elle est emprisonnée depuis2015 pour une durée approchant les vingt ansd’incarcération. Aujourd’hui, Nûdem Durakest devenue le symbole de la liberté et de laculture des Kurdes. Une campagneinternationale pour sa libération a été initiéequi rassemble des personnalités aussi diversesque la militante afro-américaine AngelaDavis, ancienne Black Panther, le cinéastebritannique Ken Loach ou encore Keziah

Jones, le chanteur nigérian. En France, c’estCarmen Castilllo, qui fut une des dirigeantesdu MIR chilien, mouvement d’extrême gauchequi lutta contre la dictature de Pinochet, quimène ce combat. On peut suivre et participerla campagne « Free Nûdem Durak », surFacebook, Twitter, Instagram, et YouTube.Après la campagne de solidarité autour du nomd’Aslı Erdoğan, l’autrice, de celui de ZehraDoğan, l’artiste et journaliste, celui ensolidarité avec Nûdem Durak s’imposait.

Des prisonniers morts de faimIl faut rappeler que le 27 août dernier, lajournaliste Ebru Timtik est morte des suitesd’une grève de la faim menée dans les geôlesturques. Elle avait été condamnée en 2019 àplus de treize ans de prison pour « appartenanceà une organisation terroriste ». Elle faisait grève,aux côtés de son confrère Aytaç Ünsal, pourobtenir un procès équitable. Ebru Timtik,qui ne consommait plus que de l’eau sucrée,des infusions et des vitamines au cours de sagrève de la faim, pesait 30 kilos au momentde son décès. La mort d’Ebru Timtik estdéjà le quatrième décès consécutif à unelongue grève de la faim en Turquie. Le 3 avril,Elin Bölek, la chanteuse du groupe populaireGrup Yorum est morte après 288 jours dejeûne. Accusée d’appartenance à uneorganisation terroriste, comme cinq autresmembres du groupe interdit de concert depuisdes années, elle réclamait la fin de la répressionet de la censure qui touchaient son groupe dechant. Le cortège funéraire de la jeunechanteuse de 28 ans de confession Aléviavait été noyé sous les gaz lacrymogènes parla police. Trois semaines plus tard, un autremusicien du groupe, Mustafa Koçak, mourrait

en prison. Il était en grève de la faim depuis297 jours pour obtenir la levée de l’interdictionde leurs concerts, la libération des autresmembres emprisonnés et l’effacement deleurs noms de la liste des terroristes. Condamnéà la prison à perpétuité pour un crime qu’iln’a jamais avoué — avoir fourni une armeà l’auteur de l’assassinat d’un procureur , ilest mort le 25 avril 2020. Le 7 mai, c’est autour d’Ibrahim Gökcek, lui aussi musicien dugroupe de décéder. L’arrêt de sa grève de lafaim de 323 jours la veille ne lui a pas permisde survivre. Pesant 40 kilos, il est mort àl’hôpital où il avait été transporté un jour plustôt. À cause de l’épidémie de coronavirus, leparlement turc a voté une loi d’amnistie pourrendre leur liberté 90 000 des 300 000 prisonniersque compte la Turquie. Mais la loi exclut lesprisonniers politiques, estimés à 80 000. SelonPınar Selek, une sociologue interrogée par lejournal les Inrockuptibles, cette répression s’abat« sur toute personne qui critique, qui crée, quiréfléchit, qui pose des questions en Turquie ».Des dizaines de députés et de maires élus sousla bannière du Parti démocratique des peuples(HDP) sont également en prison. L’écrivainJoseph Andras a récemment donné de sesnouvelles. Si elle peut échanger par téléphoneavec ses proches quelques minutes parsemaine, elle ne peut plus recevoir de courrierni de visite depuis l’éclatement de la crisesanitaire que l’on connaît. Mais elle tientbon. Nudem Durak est en danger de mort etelle n’a que nous pour la sauver.

• GXC

Le 8 mars dernier, journée internationale de la femme, des militants de Per a pace,d’Inseme, d’a Manca, du Parti Communiste, de Corsica Palestina, d’Utopia, de CorsicaRojava, des Tunisiens de Corse et de la CGT ont manifesté pour demander la libération deNudem Durak, jeune chanteuse kurde, condamnée par le régime fascisto-musulmand’Erdogan à purger une peine de 19 ans de prison pour avoir chanté dans sa langue le com-bat de son peuple.

Une belle initiative pour la libération dela chanteuse kurde Nudem Durak

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HUMEUR

LES SECRETS DES GROTTESDans une de ses récentes éditions et pouraiguiser sans doute la curiosité et l’étonnementde ses lecteurs, le quotidien unique metl’accent sur « les grottes sous-marinesmarines du Cap qui livrent leurs secrets » etpour accentuer le qualificatif il affirme que «certaines de ces grottes sont éclairées pardespuits de lumière, des cavités dans les plafondsqui débouchent à l’air libre » Peut-êtrequ’avec l’aide d’un bon dictionnaire onserait mieux éclairés pour avoir accès auxsecrets de ces grottes et de leurs plafondsincontournables. L’auteur de l’articlesouligne d’entrée que « le parc naturelmarin du Cap Corse et de l’Agriate ontlancé un vaste projet d’étude, de recensementet de cartographie. » Fort bien, mais pourquoil’Agriate au singulier alors qu’on a toujoursentendu parler du désert des Agriates au plurielbien entendu. Il est vrai qu’en Corse on dit« l’Agriate » et son « e » terminal qui est lesigne du pluriel. Mais on ne peut pas tout savoirmême en étant « sapientoni ». Au plurielcomme il se doit.

PATRICK POIVRE D’ARVOR OU L’ART DENIERAccusé d’avoir abusé d’une jeune femme quin’a pas manqué de le faire savoir, le

Carl’Antò

I puttachji

TOP• SAINT FLORENT. La commune a été sélectionnéepour l’édition 2021 du village préféré des Français.

• MARC MAURIZI. Il est à seulement 20 pointsdu titre de grand maître international des échecs.

• LA CONFRERIE DE SANTA CROCE. Elle a lancéune quête pour venire en aide aux moniales clarissesvivant recluses dans leur monastère de Bastia.

FLOP• LA MUNICIPALITÉ DE CALACUCCIA. Elle seraobigée de subir de nouvelles élections pour nepas avoir constraint une partie des électeurs de passerdans l’isoloir lors des éléctions précédentes.

• L’AGRESSEUR AU COUTEAU. Il a attaqué unautomobiliste octogénaire sur une route territorialeà proximité de Sartène et il a été blessé à lamâchoire. Trois autres passagers de la voiture ontété légèrement blessés et conduits à l’hô pital deSartène en même tems que l’agresseur admisdans le service de psychiatrie. Selon les pompiersl’agression aurait pu coûter la vie à au moins troispersonnes.

• LES « TUEURS » DE TAUREAUX. La mairie deBastia a été contrainte de faire abattre une douzainede taureaux au comportement agressif. Les bêtesétaient également impropres à la consommationétant atteintes de tuberculose avec risque depropagation.

présentateur d’une principale chaîne detélévision s’est acharné, souvent avec talent,de nier les faits qui lui étaient reprochés. Sanstoutefois convaincre. Il a passé ainsi unegrande partie de son temps à protester de soninnocence ce qui lui a valu de gagner enpublicité ce qu’il avait perdu en conviction.Mais y aura-t-il un juge pour s’intéresser àsa personne. Chi lo sa ?

UN HÔPITAL, DES HÔPITAUXOn a l’habitude d’entendre à la télévisionque l’hôpital traite chaque jour plusieursmilliers de patients et que plusieurs centainesde morts y sont à déplorer au quotidien.L’auditeur comprend que cet « hôpital » estvraiment une usine à traiter des malades etque ses soignants sont vraiment à bout desouffle. Personne ne lui a dit que l’hôpitalannoncé est à mettre au pluriel. Il y a, eneffet, 1356 établissements du secteur publicchargés des soins qui leur sont demandés.On espère que l’hôpital annoncée est toutsimplement un leurre. A éviter si on neveut pas passer pour des ânes.

L’ART DE LA TRANSFORMATIONLa filière agrumicole va corsiser à l’extrèmeles produits de sa terre grâce à un atelierspécialisé installé dans une localité de laplaine orientale, Aleria sans doute, et qui aurala possibilité de traiter quelques quatre milletonnes de fruits et légumes, des agrumes etdes kiwis particulièrement, avec la possibilitéde créer près de deux mille emplois grâceà un chiffre d’affaires d’environ 70 millionsd’euros.

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Les vins disponibles :

Le Rouge « Corail » 2019 est élaboré àpartir de 90% de Sciaccarellu et 10% de Carignan.

Un vin rouge léger (10,5%) et gourmand, aux tannins fins qu’il estagréable de rafraîchir légèrement.

Le Rosé « Corail » 2019 est élaboré à partir de 90% de Sciaccarelluet 10% de Vermentinu.C’est un rosé à la fois frais et rond en bouche doté d’une belle

complexité qui nous emmène sur des notes fruitées, florales etminérales.

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REPORTAGE

Quelle chance pour un caviste de voir naître un domaine, qui plus est lorsque le vigneronest un ami rencontré il y a presque quinze ans lors de nos études à l’Università di Corsica.

LE CLOS MARINU

Johan Thouvenot, originaire de Tolla dans le Prunelli obtient lediplôme national d’œnologie à Montpellier après avoir validé salicence en génie biologie à Corti. S’en suivra un voyage de neuf moisen Méditerranée pendant lequel il effectuera destravaux en viticulture en Andalousie, Toscane,Croatie et en Grèce. Par la suite son péripled’apprentissage lui fera perfectionner sesconnaissances en vinification enBourgogne, dans l’Aude et à Patrimoniu.Enfin posé en Corse il décide de montersa société de prestation de service enviticulture et œnologique. En parallèle de cette activité de conseil,Johann a rapidement l’opportunité d’exploiteren fermage 2,5 hectares de vieilles vignes àPurtichju, sur le lieu-dit Scaglione, souventbalayé par les vents marins qui caractérisentce terroir unique. Lorsque certains dirontqu’il est trop « risqué » d’opter dès ledépart pour une agriculture sanspesticide, Johann lui n’obéit qu’àses convictions et sort dès sonpremier millésime (2019) un rougeet un rosé où les vinifications sontréalisées uniquement grâce auxlevures indigènes et sans collage.Quant au SO2, une légère protection

peut avoir lieu uniquement à lamise en bouteille selon lemillésime.L’objectif des ces choixde culture et devinification, en plusde préserver la nature,est de nous offrir desvins non formatés,digestes et équilibrés…des vins VIVANTS !

L’actualité du jeune vigneronest la sortie très prochaine du

premier blanc issu du millésime 2020et un une nouvelle cuvée en rouge au nom de« Resilienza », la restructuration des troisparcelles existantes et la plantation de vignesdans la vallée du Prunelli en 2022.

Bonne dégustation !

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« Devant les dif f icultés persistantes duChampionnat National, la totalité des Présidentsde notre championnat, et c’est une première,s’est réunie à Paris » explique AntoineEmmanuelli, président du FC Bastia-Borgo.Ensemble ils ont créé l’UCN, Union desClub du National, association qui pourraitdevenir un syndicat voué à défendre lesintérêts du National. Cet UCN remplacel’Amicale de Présidents du National créée en2017 et dont le but était d’échanger et œuvrerafin de faire évoluer le championnat Nationalrèglementairement et financièrement.

« Nous avons peur »« La France est le meilleur pays formateur aumonde, elle se doit de posséder 3 divisionsprofessionnelles » poursuit A.Emmanuelli. « La création de cette Ligue 3 apparaitlégitime et logique car aujourd’hui noussommes en danger. Aujourd’hui nous avonspeur, nous n’avons aucune visibilité pour lasuite et la saison prochaine. Nous jouonsdans des conditions précaires, sans public, doncsans rentrées d’argent et, contrairement auxL1 et L2, nous n’avons pas nous de droits TV.En créant l’Union des Clubs du National* nousfaisons un geste fort. C’est une démarcheunitaire pour nous sauver. En absence d’unité,on ne pourra rien faire ».

Une Ligue 3 professionnelle A l’issue de la réunion des présidents et suiteaux divers échanges et débats, un bureau* aété créé, sensiblement identique à celui de l’ex

Les 18 présidents des clubs du National 1 se sont réunisrécemment. Ils réclament une Ligue 3 professionnelle.

Football

Les clubs de National 1 réclamentune Ligue 3

Stéphane Belgrand Rousson, 52 ans,passionné de sports extrêmes, développedes véhicules utilisant des systèmes àfaible puissance et des énergiesrenouvelables. Dernière trouvaille duNiçois : l’Aérosail, une sorte de voilierdes airs avec lequel il a l’intention derallier Nice-Calvi en 2022. « L’Aérosail estle résultat d’une ambition, celle de réaliserun véhicule maritime à la fois innovant,propre, silencieux et performant grâce àune nouvelle voie technologique » expliquele génial inventeur, « une innovation quipermet de piloter un ballon dirigeablecomme un voilier, à quelques à quelquesdizaines de mètres au-dessus des flots,en utilisant le vent et lui seul commemoyen de propulsion ». L’ Aérosail, véhiculemono pilote, est un hybride air/ mercomposé pour la partie aérienne d’uneenveloppe gonflé avec un gaz porteur etpour la partie marine d’un hydrofoilstabilisé sur 3 axes. L’engin peut atteindre8 nœuds, soit 14 km/h. Stéphane Roussontravaille depuis 2003 sur ce projet et a lancéune cagnotte* pour que son « voilier desairs » puisse prendre son envol en directionla Corse. A ce jour, S.Rousson a déjàréalisé trois essais afin de le tester, desessais qui ont un coût élevé d’où le recoursà cette cagnotte en ligne* et à la générositédes sponsors d’autant qu’un 4ème test seraprobablement nécessaire avant la traverséeentre Nice et Calvi et qu’environ 200personnes sont sollicitées pour l’aiderdans son projet.

*https://www.paypal.com/pools/c/8vfS49sX9B

Nice-Calvi en « voilierdes airs »

Amicale. Des commissions de travail ontégalement étaient mises en place pour menerà bien la pérennisation et le financement duchampionnat. « Nous allons nous battre pourl’instauration de cette Ligue 3 de footballqui nous ferait basculer dans le mondeprofessionnel et nous donnerait une autrevisibilité par exemple, déjà, au niveau desmédias. Aujourd’hui, nous autres clubs duNational nous fonctionnons en fait comme desclubs professionnels mais sans en avoir lesavantages. 90% des clubs de National sontmême éligibles à la licence fédérale, mais nousn’avons pas les mêmes aides qu’en L1 ou L2.Cette Ligue 3 permettrait de pérenniser les clubs,de les protéger. Elle constituerait une véritablepasserelle entre L2 et le National. Si onregarde les clubs classés entre la 10ème et la18ème place de Ligue 2, il n’y a que très peud’écart avec les premiers du championnatNational. Il s’agit aujourd’hui de repenser lapyramide du football en basculant le Nationalen une ligue professionnelle. On serait mieuxpréparés pour la Ligue 2 et cela nous feraitgrandir ». Les représentants de l’UCN vontd’ores et déjà solliciter le nouveau présidentde la FFF, Noël le Graët, réélu pour 4 ans leweek-end dernier. « On a déjà eu des contactsen ce sens avec les instances de la FFF, on aété écoutés et le retour des discussions est plutôtintéressant. Il nous faut aujourd’hui avancervite en faisant un état des lieux avec leprésident de la FFF. Des solutions potentiellesvont lui être présentées afin de pérennisermédiatiquement et économiquement lechampionnat ».

• Ph.J.

*Bureau de l’UCNPrésident : Gilbert Guérin (président del’US Avranches)Vice-président : Antoine Emmanuelli(président FC Bastia-Borgo)

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SPORT

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SPORT

Le GFCA se sera battu toute la saison pourrester en Ligue A. Lanterne rouge quasimentdepuis le coup d’envoi, en octobre dernier,il n’a, il est vrai remporté que quatre petitesvictoires. Sans jamais abdiquer, il s’est battuavec ses armes. Et si la situation paraîtaujourd’hui très compliquée, rien n’est encorejoué. Il faudra une victoire ce samedi à Nanteset une autre à Tours la semaine prochaine, enespérant, dans le même temps, deux reversde Nice face à Tours et à Poitiers et un autrede Nantes à Chaumont. Ce qui risque defaire beaucoup… De fait, ce GFCA version2020-2021 s’est battu avec ses armes et il n’enavait peut-être pas de suffisantes pour lutterà armes égales avec les autres formationsde l’élite. Et la raison principale de cettesituation, c’est...La Covid-19.En effet, 10e à l’arrêt du précédent exerciceen mars 2020, le club ajaccien a payé untrès lourd tribut avec la crise sanitaire. Outre

les rencontres restantes de la saison régulièreavec une possible place dans le Top huitpour accéder aux play-off ou un quart definale de CEV à jouer à Modène avec unimpact médiatique important, c’est au niveaude son effectif et du budget qu’il a connu leplus de difficulté. Difficile de conserver ungroupe composé de joueurs en devenir ouréputés et de préparer au mieux la saisonactuelle avec une baisse du budget de l’ordrede 400000 euros. Sans compter sur une pertede 15000 euros (buvette, entrée lors desderniers matchs, billets d’avion nonremboursés…), et l’absence de nombreuxsponsors cette saison pour cause de huisclos…Le Gaz a dû se retrousser les manches et sebattre comme il a toujours su le faire depuisdes années. Grâce à l’aura dont il bénéficiedepuis plus de quinze ans, au travail d’AntoineExiga, son emblématique président et d’unecôte de popularité très importante dans laCité Impériale et même dans le monde de laLigue A, on pouvait le croire capable, malgrétoutes ces difficultés, de réaliser un nouvelexploit. L’espoir demeure même si ce sera très

difficile. Une page risque de se tourner d’icideux semaines à moins d’un retournement desituation sous forme d’une refonte du

championnat qui n’inclurait aucune descente.Le GFCA, fleuron du sport collectif insulairedepuis quinze ans, mériterait bien un coup depouce du destin…

• Ph.P.

Lanterne rouge de Ligue A à deux journées de la fin, le GFCA se dirige tout droit vers laLigue B. À moins de deux exploits (victoires à Nantes et Tours) ou d’un miracle (refonte duchampionnat), ce sont quinze ans de haut niveau qui risquent de s’achever d’ici la fin dumois. Avec, en outre, le départ plus que probable de Frédéric Ferrandez, entraîneur emblé-matique du club durant cette période…

Volley-ball

GFCA : une page va t-elle se tourner ?

Frédéric Ferrandez sur le départSi Antoine Exiga est le personnage emblématique du GFCA depuis plus d’un demi-siècle,le club ajaccien est associé à Frédéric Ferrandez dans sa période la plus faste. Véritable« sorcier », l’Ajaccien, qui est arrivé sur la pointe des pieds en tant que responsablede l’équipe réserve puis adjoint en Ligue A, est aux commandes de l’équipe fanion depuis2006. Quinze années au cours desquelles il s’est bâti une sacrée réputation, tant enallant dénicher des perles rares qu’au niveau des résultats. Rappelons, pour mémoire,une place en Play-off depuis 2014, quatre demi-finales du championnat de France, deuxcoupes de France, une Super coupe de France et cinq campagnes européennesponctuées par autant de places en quarts de finale de la CEV. Rappelons, également,que le mentor ajaccien a été élu meilleur entraîneur de l’élite en 2019. Le GFCA luidoit incontestablement beaucoup. Il restera à jamais gravé dans les mémoiresajacciennes et bien au-delà. Sportivement et humainement un très grand monsieur !

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REPORTAGE

Moe’s à Ajaccio propose à ses clients de nombreuses recettes équilibrées. Agnès Sarre etHéléna Nacer ont repris le restaurant peu avant le début de la pandémie. Toujours motivé,le tandem a su s’adapter et se réorganiser pour maintenir son activité et tenir bon pendantla crise sanitaire.

MOE’S : l’Urban Food ajaccien

Comment vous est venue l’idée d’ouvrir Moe’s? Nous avons repris une société existante, et donc l’idée de reprendreMOE’S nous est venue du fait que nous avons toutes les deux desboutiques de prêt à porter et que nous voulions nous diversifier.Quand le restaurant a été mis en reprise, on a voulu saisirl’occasion

Pourquoi vous être intéressées à l’Urban food ? L’Urban Food est une autre façon de se restaurer, pour une pausegourmande, fraîche et pleine de saveur, une nourriture saine.

Vous produisez tout sur place ?Oui, tout est produit sur place. Chaque jour nous proposons desrepas à partir de produits frais et de saison ; sandwichs, salades, bagels,soupes, pâtes. Nous proposons aussi un plat du jour. Il y en a pourtous les goûts.

Quels sont les produits qui marchent le mieux ? Les produits qui marchent le mieux sont les salades, les pâtes ainsique les sandwichs. Côté desserts, on dira que le produit n°1 est le tiramisuet ensuite viennent les cookies.

Est-ce qu’il y a un changement dans les habitudes alimentairesselon vous ? Oui on peut dire que les habitudes alimentaires changent. Les gensmangent mieux aujourd’hui qu’auparavant. Ce changement traduitune prise de conscience qui prend de l’ampleur. Les gens mieuxinformés mettent la santé et l’environnement au centre de leurspréoccupations.

Comment vous organisez-vous dans cette période de Covid ?Avez-vous dû réduire l’effectif de votre équipe ? L’effectif de notre équipe a bien sûr été réduit car nos horaires ontchangé et nos collaborateurs ne sont là que pour l’heure du service.La période est très compliquée mais nous avons fait le choix de nepas fermer et d’essayer de sauver ce que nous pouvons. Nous avonsdû nous retrousser les manches et nous occuper de toutes lespréparations toutes les deux car il nous a été impossible de garder nossalariés à temps plein du fait que l’on ne puisse faire que de l’emporter.Mais c’est déjà bien lorsque vous venez de reprendre une affaire enpleine crise sanitaire.

• Interview réalisée par L.P.

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[email protected] rue Fesch 20000 Ajaccio

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