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La Turquie DOSSIERS INTERNATIONAUX © Ramazan agretmis © Christina Clouston © Murat Ulker

Journal du Parlement Special Turquie

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© Christina Clouston © Murat Ulker DOSSIERS INTERNATIONAUX © Ramazan agretmis

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La Turquie

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M. SE Recep Tayyip ERDOGAN,Premier Ministre de la République de Turquie

(Conférence du 7 avril 2010 Auditorium du MEDEF)

“ Avec son économie dynamique et ouverte,son vaste marché intérieur, son industriecompétitive et sa main d’oeuvre qualifiée,la Turquie offre de nombreusesopportunités. J'appelle les entreprises françaises à venir investir en Turquie ; elles pourronttrouver toute l'aide et le soutien nécessaire auprès de l'Agence NationaleInvest in Turkey. ”

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Avant-Propos

C’est dire que l’histoire qui s’estécrite au fil des siècles fut tout à lafois féconde, mais aussi marquéepar les soubresauts qui ont agitéles deux nations, lesquelles ontnéanmoins toujours su garder desliens privilégiés.

Aujourd’hui, plus que jamais aucarrefour de plusieurs civilisations et modes de pensée, la Turquie a su asseoir son rôle de puissanceen expansion et présenter cette physionomie si particulière, alliance de modernité et de tradition, qui a toujours été l’une de ses caractéristiques.

Mais paradoxalement la Turquie est souvent méconnue et ceux qui l’ont visité connaissent bien samultiplicité et, partant, sa complexité.

C’est donc à un vrai rapport d’étape que nous avons souhaité consacrer ce numéro des Dossiersinternationaux du Journal du Parlement, en ouvranttnos colonnes aux personnalités politiques mais aussiéconomiques qui sont au cœur des différentesproblématiques et de l’actualité la plus immédiate.

Du Premier Ministre Recep Erdogan au Président duSénat Gérard Larcher, en passant par le Ministre d’Etat

aux Affaires européennes Egemen Bagis, le Ministre del’Environnement et de la Fôret, le Dr Veysel Eroglu, laSecrétaire d’Etat au Commerce Extérieur Anne-MarieIdrac, mais aussi Leurs Excellences Bernard Emie etTahsin Burcuoglu, ainsi que les Présidents des groupesd’amitié parlementaires français le député MichelDieffenbacher et le sénateur Jacques Blanc, tous ontsouhaité apporter leur contribution, placée sous lesigne de l’ouverture comme de la volonté de mettre enperspective les positions de chacun.

La Turquie, en cette année 2010, est en effet placéesous les feux de la rampe puisqu’elle préside à la foisle Conseil des Ministres et l’Assemblée Parlementairedu Conseil de l’Europe.

Son nouveau Président, Mevlut Cavusoglu, enpartenariat avec qui est réalisé, le Journal du Parlementdu Conseil de l’Europe, apparaît pour sa part comme faisant partie de cette nouvelle génération politique àmême de créer des passerelles entre des culturesqui ont besoin de mieux percevoir les spécificités dechacun.

C’est dans cet esprit que nous avons souhaité préparerce dossier afin qu’il participe, à sa mesure, à l’écritured’une page contribuant à une meilleure compréhen-sion entre nos deux pays.

Par

Alain de TilièrePrésident du Comité Éditorial

Sous les feux de la rampe…

3

Traiter des relations entre la France et la Turquie, c’est avant tout évoquer unehistoire diplomatique qui est née dès le XVème siècle avec la venue de la première ambassade ottomane en notre pays, confortée en 1536 par le traité

d’alliance entre deux souverains éclairés : François Ier et Soliman le Magnifique.

Le ournal du ParlementJ Turquie

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SOM

MAIRE Avant-propos 5

Alain de Tilière

L’ouverture du territoire Carcassonnais, 9une aire économique dynamique

Gérard Larrat

16 « Grâce à des réformes politiques et économiques vastes et profondes, la Turquie a attiré davantage d’investissements directs étrangers » *

SEM Recep Tayyip ERDOGAN, Premier ministre de Turquie

• De l’Europe au monde musulman, un lien précieux et indéfectible

19 « Comparé à ce qu’elle était il y a 7 ans, la Turquie est un pays totalement différent » * • Entretien avec SEM Egemen BAGIS, Ministre d’Etat chargédes Affaires européennes

22 « Celui qui cherche un ami sans défaut reste sans ami »(Proverbe turc)

25 « Une amitié ancienne et solide »• Entretien avec Gérard LARCHER, Président du Sénat

Un système parlementaire à une seule chambre 26

Croiser les expériences 28• Entretien avec Michel DIEFENBACHER, Député du Lot-et-Garonne,Président du Groupe d’amitié France-Turquie à l’Assemblée nationale

« Etablir le dialogue dans la durée » 29• Entretien avec Jacques BLANC, Sénateur de la Lozère,

Président du Groupe d’amitié France-Turquie au Sénat

Perspectives diplomatiques et relations parlementaires

Avant-propos 3• Par Alain de TILIÈRE, Président du Comité Editorial

« Nous avons de part et d’autre beaucoup à gagner 8à intensifier nos relations et à échanger davantage… »

• Par Son Excellence Bernard EMIE,Ambassadeur de France en Turquie

La Turquie aujourd’hui 11Un autre regard, de nouvelles perspectives

• Entretien avec Son Excellence Tahsin BURCUOGLU,Ambassadeur de Turquie en France

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Le ournal du ParlementJ Turquie

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Sommaire

« La Turquie est aujourd’hui un pays 32en véritable métamorphose

• Entretien avec Tugrul ATAMER, Doyen de la Faculté EMLyon Business School

L’économie turque : mûrir sans s’alourdir… 34• Entretien avec Rauf GONENC, Economiste en Chef à l’OCDE

La Turquie, naturellement ! 36• Entretien avec Alpaslan KORKMAZ, Président de Invest in Turkey

La Turquie: un (futur) géant économique … trop méconnu en France ! 38

La Turquie, siège régional pour GE Health Care 42• Propos recueillis auprès de Richard di BENEDETTO,

Président-directeur général de GE Health Care pour les marchésémergents des pays de l’Est et d’Afrique

• La densité des échanges franco-turcs

44 « Un marché attractif et essentiel »• Entretien avec Anne-Marie IDRAC, Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur

46 A 3 heures de Paris, un pays qui recèle de nombreuses opportunités• Entretien avec Axel BAROUX, Directeur d’Ubifrance en Turquie

48 Privilégier les relations bilatérales !Un acteur au service de deux pays• Entretien avec Esref HAMAMCIOGLU, Président de la Chambre de Commerce Française en Turquie

50 Implantation des entreprises en Turquie : un esprit d’échanges gagnant-gagnant• Entretien avec Jean-Pierre VIEUX, Directeur Général Peugeot OTOMOTIV PASARLAMA A.S/Turquie, Président de la section Turquie des Conseillers du Commerce Extérieur de la France, Conseiller du Commerce Extérieur de la France

« L’image de la Turquie en France a commencé à changer, la connaissance de ses atouts aussi ! » 52• Entretien avec François BERNARD, Représentant permanent d’Invest in Turkey en France

« Si elle est la plaque tournante du commerce et de l’industrie, Istanbul est le centre financier de la Turquie »* 54

• Entretien avec Murat YALINTAS, Président de la Chambre de Commerce d’Istanbul

« La Turquie, un débouché de choix pour nos entreprises et un relais de croissance » 58• Entretien avec Yves-Marie LAOUENAN, Consultant

Une relation riche de potentiel 60• Entretien avec Jean-François LEMOUX, Directeur général international de Groupama

Un siècle de solidarités 61

Une économie intégrée à l’Europe

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• Les secteurs porteurs

66 « L’adaptation à l’acquis communautaire en matière d’environnement, va demander des investissements importants »• Entretien avec SEM Dr Veysel EROGLU, Ministre de l’Environnement et de la Forêt

70 Porter à Paris la voix de la Turquie• Propos recueillis auprès de Umit BOYNER, Présidente deTüsiad

72 La Turquie : un marché potentiel 3 fois supérieur à celui des 3 pays du Maghreb réunis• Entretien avec Guy MATHIOLON, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon

74 Main-d’œuvre qualifiée et connaissances techniquesMais surtout une expérience à l’exportation

75 La culture de l’innovation Un facteur clé de succès

Le deuxième opérateur européen 76de téléphone mobile…est turc !

• Entretien avec Süreyya CILIV, CEO (Chief Executive Officer)

Un corridor et un terminal énergétiques 80

Entre tradition et modernité 83Un tourisme d’excellence

« Notre patron est notre passager » 84Entretien avec Nazan EROL, Directeur de Turkish Airlines en France

87 Université de Galatasaray : cinq siècles d’existence• Entretien avec Enis TULÇA, Directeur de l’Office du Tourismeen France et Conseiller Culturel et de l’Information auprès de l’Ambassade de Turquie à Paris

90 La France : 3ème pays d’accueil des étudiants turcs • Entretien avec Henri de CASTRIES, Président du Comité mixte de la Saison de la Turquie en France, Président du Directoire du Groupe AXA

92 Vif succès de la Saison culturelle turque en France

Un rayonnement culturel fort

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* Propos traduits par Nick Healing

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La France et la Turquie entretiennent des relations diplomatiques depuis leXVIème siècle. Ces liens forts et denses n’ont cessé de s’enrichir depuis. Les deuxdernières années écoulées auront été, à cet égard, particulièrement représentatives

de cette activité bilatérale et se sont traduites par un accroissement continu desvisites de haut niveau et un renforcement des liens entre nos deux pays.

Suscitées par la Saison de laTurquie en France, après sonouverture réussie par le ministred e l a C u l t u r e e t d e l aCommunication, M. FrédéricMitterrand, en présence de sonhomologue turc, M. ErtugrulGünay, le 30 juin 2009, les visitesdes autorités turques dans notrepays se sont déroulées à unrythme soutenu depuis cette date.

Après l’inauguration officielle de la Saison de la Turquie parle Président de la République turc, M. Abdullah Gül enoctobre, c’est le Premier ministre Erdogan qui s’est rendu àParis pour la clôture officielle de cet événement les 6 et 7avril 2010. M. Egemen Bagis, ministre d’Etat et négociateuren chef avec l’Union Européenne, ou encore M. AhmetDavutoglu, ministre des Affaires étrangères se sont égale-ment déplacés en France, respectivement en septembre eten novembre 2009, lors d’entretiens très productifs avecleurs homologues.

De France vers la Turquie, les visites de haut niveau ontété autant de jalons dans l’amélioration de nos relationsbilatérales. Après la venue en Turquie du Président du Sénat,M. Gérard Larcher, en septembre 2009, la première visite enTurquie d’un Président du Sénat sous la Vème République,les visites du secrétaire d’Etat chargé des Affaires euro-péennes, M. Pierre Lellouche, en octobre 2009, celle de laministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi,

Mme Christine Lagarde, en octobre également, ou encorecelles du ministre de la Défense, M. Hervé Morin et de lasecrétaire d’Etat au commerce extérieur, Mme Anne-MarieIdrac, en février 2010, auront permis d’entretenir undialogue dense et nourri avec les autorités turques dans tousles domaines.

La Saison de la Turquie en France, événement culturel etéconomique pluridisciplinaire, le premier du genre àl’extérieur de la Turquie d’une telle ampleur, aura été unefantastique réussite et une entreprise audacieuse qui auraservi de catalyseur dans ce riche programme bilatéral. Elleaura, de plus, permis de mieux faire découvrir la Turquie auxFrançais et de prouver aux Turcs l’intérêt de nos compa-triotes pour ce pays.

De juillet 2009 à avril 2010, plus de 600 événements ont étéorganisés à travers toute la France et les expositions duGrand Palais ou du Louvre ont chacune enregistré desrecords de fréquentation. Point d’orgue d’une saison remar-quable, la Tour Eiffel a revêtu les couleurs de la Turquie,à l’occasion de l’inauguration officielle par le Président dela République et le Président turc, M. Abdullah Gül, le9 octobre 2009.

Sur le plan économique, notre dialogue repose sur desrelations denses et solides et ces dernières sont amenées à sedensifier dans les prochaines années : nos échanges ontainsi atteint le seuil des 10 milliards d’euros et nous souhai-tons les porter à 15 milliards d’ici 2012, comme l’a réaffirméle Premier ministre François Fillon au président Abdullah

8

Par

Son Excellence Bernard EmieAmbassadeur de France en Turquie

Nous avons de part et d’autre beaucoup

à gagner à intensifier nos relations età échanger davantage

Le ournal du ParlementJ Turquie

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Gül lors de sa visite officielle en France. Un bureau del’Agence Française pour les investissements internationauxouvrira cette année à Istanbul. Fait trop souvent méconnu,il est important de rappeler que la France est devenuele deuxième marché d’exportation de la Turquie aprèsl’Allemagne, et le deuxième investisseur étranger enTurquie.

Aujourd’hui plus de 300 entreprises françaises sont implan-tées en Turquie ; elles y emploient près de 100 000 personnes,300 000 en comptant les sous-traitants et travaillent enétroite liaison avec les PME turques. La présence de laFrance en Turquie a été multipliée par vingt en vingt ans :c’est considérable !

Les bonnes relations franco-turques passent également pardes échanges parlementaires riches et réguliers, que nousencourageons au maximum avec nos homologues turcs.Ainsi, de nombreuses visites de députés et de sénateursfrançais en Turquie se sont succédées, à commencer par ladélégation conduite par M. Gérard Larcher.

A l’aune des seuls quinze derniers mois, les visites parlementaires suivantes montrent l’intensité des contactssur un grand nombre de sujets :

- M. Robert Lecou, député de l’Hérault, chargé d’une mission sur la pêche durable en Méditerranée s’est renduen Turquie le 3 mars 2009.

- Mme Josette Durrieu, sénatrice des Hautes-Pyrénées, présidente du Conseil général des Hautes-Pyrénées,présidente déléguée de la Délégation parlementaire fran-çaise aux Assemblées du Conseil de l’Europe et de l’Unionde l’Europe occidentale, s’est rendue en Turquie le 28 mars2009 dans le cadre de la préparation d’un rapport sur«la sécurité européenne et le Moyen-Orient».

- M. Jean François-Poncet, sénateur de Lot-et-Garonne,ancien ministre des Affaires étrangères et Mme MoniqueCerisier-Ben Guiga, sénatrice représentant les Françaisétablis hors de France, se sont rendus en Turquie le 9 mai2009 dans le cadre d’une mission d’évaluation du Sénatsur la situation au Moyen-Orient.

- M. Jean-Paul Bacquet, député du Puy-de-Dôme, et rappor-teur pour la Commission des affaires étrangères del’Assemblée Nationale s’est rendu en Turquie le 8 septembre2009.

- M. Jean-Marc Roubaud, député du Gard, a conduit unemission d’information de la commission des affaires étran-gères de l’assemblée nationale sur le rôle de la Turquie surla scène internationale du 24 au 26 mars 2010.

- MM. les députés Christian Bataille et Roland Blum, respec-tivement députés du Nord et des Bouches-du-Rhône, sesont déplacés en Turquie du 28 au 31 mars 2010 dans lecadre de la mission d’information de l’assemblée nationalesur la situation dans le Caucase du sud.

Du 12 au 16 avril 2010, une autre délégation du grouped’amitié France-Turquie de l’Assemblée Nationale, conduitepar Michel Diefenbacher, député du Lot-et-Garonne, aeffectué une visite officielle en Turquie, la première de cettenature depuis 1996. Cette visite faisait suite au déplacementdu groupe d’amitié Turquie-France de la Grande AssembléeNationale de Turquie à Paris et Bordeaux du 2 au 6novembre 2009.

Aujourd’hui membre du G20, de l’Union pour laMéditerranée, membre non-permanent du Conseil deSécurité jusqu’à la fin de l’année 2010 et membre del’Organisation de la Conférence Islamique, la Turquieconstitue un partenaire essentiel pour la France surdes sujets tels que la crise économique et financière, lasécurité internationale ou l’Union pour la Méditerranée,dont le dernier sommet s’est tenu les 6 et 7 juin 2010à Barcelone.

Sa proximité avec le Moyen-Orient permet à la Turquiede pouvoir jouer le rôle d’acteur-clé dans la résolution desproblèmes de la région.

Nous avons donc à cœur avec nos partenaires turcs decontinuer à entretenir ce dialogue riche et constructif. Nousavons de part et d’autre beaucoup à gagner à intensifiernos relations et à échanger davantage, pas uniquement surle plan économique d’ailleurs : les résultats obtenus enmatière de lutte contre le terrorisme le montrent avec notrecoopération avec la Turquie dans son combat contre le PKK,qui figure sur la liste des organisations terroristes de l’UnionEuropéenne.

C’est ainsi que se fortifie un climat de confiance mutuellequi rend possible la coopération y compris sur les sujetssensibles, comme le domaine militaire, par exemple, oùnous avons remarquablement approfondi notre collaborationau cours des derniers mois.

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Ambassadeur de France

« Sur le plan économique, notre dialogue reposesur des relations denses et solides »

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Fondée sur les ruines de l'Empire ottoman, la Turquie moderne est une républiqueunitaire, démocratique, constitutionnelle et laïque. Carrefour d'échanges écono-miques, culturels, religieux… elle se veut le lien entre l'Orient et l'Occident.

A cet effet, elle n'a de cesse de se rapprocher des principales organisations decoopération mondiale.

La Turquie s'est dotée d'unerépublique démocratique etlaïque au même titre que laFrance. A partir de cette orienta-tion encore trop rare, pouvez-vous définir sa vision duMonde et plus spécifique-ment de l'Europe ?

Ce sont effectivement deuxvaleurs parmi tant d'autres quenous partageons avec la France.

La Constitution turque stipule que la Turquie est une répu-blique démocratique, laïque et sociale et que ces principesne peuvent être ni amendés ni abolis.La laïcité constitueavant tout pour le peuple turc une garantie de la liberté decroyance et de conscience.

Elle est également d'une importance primordiale pour s'as-surer que l'Etat est administré de façon rationnelle, et que lescroyances personnelles des uns ou des autres n'influencentpas les décisions de ceux qui gouvernent le pays.

La démocratie est bien établie en Turquie, malgré les diffi-cultés occasionnelles émanant principalement de la région

dans laquelle nous sommes situés et de la conjoncture inter-nationale.

La Turquie a toujours été un pays influent dans sa région.Son modus operandi est d'établir son influence à partir de lastabilité. Autrement dit, la Turquie cherche à préserver la sta-bilité, la paix et la sécurité dans son entourage. Elle croitprofondément à l'utilité de ces éléments majeurs pour queles peuples de la région puissent vivre en paix et dans laprospérité.

Comment cela se traduit-il ?

Pour assurer cette ambition que ce soit au Caucase, auMoyen-Orient, dans les Balkans et dans les autres régionsqui lui sont limitrophes, la Turquie est aujourd'hui l'initiatri-ce de plusieurs mécanismes régionaux et multilatéraux,visant à contribuer à la paix et à la stabilité de ces régions.

Nous menons également une politique étrangère très activeenvers l'Asie centrale et l'Afrique. Nous sommes en phased'ouvrir dix nouvelles ambassades en Afrique où noussommes déjà présents dans 12 pays.

La Turquie s'est, depuis sa fondation, étroitement alignée surl'Occident. En 1952, la Turquie a rejoint l'OTAN en tant que

La Turquie aujourd'hui

Un autre regard,de nouvelles perspectives

Le ournal du ParlementJ Turquie

Entretien avec

Son Excellence Tahsin BurcuogluAmbassadeur de Turquie en France

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pays européen et, lors de la guerrefroide, elle a joué un rôle vital dans ladéfense du continent, en tant quemembre de l'Alliance occidentaledéfendant la liberté, la démocratie etles droits de l'homme. De manièresimilaire, la Turquie a signé en 1963un accord d'association avec laCommunauté Economique Européen-ne, précurseur de l'Union européen-ne, avec la perspective d'une pleine adhésion.

La demande d'adhésion de la Turquieà l'Union Européenne en 1987, la réa-lisation de l'Union douanière à la finde 1995 et la reconnaissance officiel-le du statut de candidat en 1999 repré-sentent autant d'étapes importantesdans le cheminement de la Turquievers une pleine intégration à l'Union.

E n d é c e m b r e 2 0 0 4 , l ' U n i o nEuropéenne a déclaré que la Turquieavait suffisamment rempli les critèrespolitiques de Copenhague et a doncdécidé d'ouvrir les négociations d'ad-hésion avec la Turquie en octobre2005. La Turquie, aujourd'hui paysnégociateur, poursuit désormais avecvigueur son agenda de réformes, sepréparant ainsi à adhérer pleinementà l'UE.

De par sa position géographiqueet à travers son patrimoine culturelet historique, la Turquie peut-elleêtre aujourd'hui et de quellemanière un vecteur de dialogueentre certains pays ?

La réponse est évidente. 99% de lapopulation de la Turquie est musulma-ne et nous faisons parti de la plupartdes institutions européennes depuisdes décennies. Nous sommes déjà unvecteur du dialogue entre les diffé-rentes cultures, régions et religions dumonde.

La Turquie est co-fondatrice avecl'Espagne de l'Alliance des civilisa-tions et membre du Conseil del'Europe depuis 1949. Un député turca été récemment élu Président del'Assemblée parlementaire du Conseilde l'Europe et un académicien turcassume la fonction du Secrétaire géné-ral de l'Organisation de la Conférenceislamique depuis plus de cinq ans.

La tour Eiffel illuminée aux couleurs de la Turquie à l’occasion de la saison de la Turquie en France

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La Turquie, ayant obtenu le soutient de 151 pays membres,a été élue au Conseil de Sécurité de l'ONU au sein duGroupe « Europe occidentale » pour la période 2009 et2010.

Le développement durable et avec lui les notions envi-ronnementales, humanistes et économiques s'inscrit-ildans les objectifs du pays et comment cela se traduit-ilconcrètement ?

Elle est un pays en voie de développement et la 17ème

puissance économique du monde. Elle a pour objectif de seplacer parmi les dix premiers dans dix ans. Elle est égale-ment membre du G-20. Dans le même temps, elle mène desnégociations pour adhérer à l'Union européenne.

Par conséquent, elle est obligée d'harmoniser sa législationavec l'Acquis communautaire en matière d'environnementet de développement durable.Nous sommes pleinement conscients de cette nécessité etnous avons entrepris plusieurs projets environnementaux enpartenariat avec des pays membres de l'Union européenne.

Tout en gardant le cap sur le développement économique dupays et la prospérité de ces habitants, notre but est d'éviterles erreurs commises par les pays déjà industrialisés. Ils onten effet contribué à la destruction des ressources naturelleset à celle de l'équilibre écologique du Monde.

L'économie turque affiche des performances notables.Comment expliquez-vous ces résultats ?

Il est possible de l'expliquer en premier lieu par une poli-tique économique capable de valoriser les atouts déjà exis-tants du pays. La proximité des marchés, la main d'œuvrequalifiée et productive, ainsi que l'infrastructure industrielleconstituaient déjà nos atouts principaux.

Grace aux réformes effectuées en matière économique etfinancière dans la première moitié des années 2000, laTurquie a pu bénéficier d'un flux de capital considérablenotamment sous forme d'investissements directs.

Elle a su également assainir son système bancaire qui a faitses preuves pendant la crise mondiale. La rigueur budgétai-re a joué un rôle déterminant dans le redressement écono-mique du pays.

« Paix dans la patrie, paix dans le monde » : ce princi-pe de Mustafa Kemal Atatürk est-il toujours d'actualitéet pouvez-vous rappeler d'autre part, les principalesinitiatives instaurées en termes de relations institu-tionnelles avec les autres pays ?

Depuis la proclamation de la République, la Turquie a étéprécurseur des initiatives de coopération régionale.

Cette approche constituait en fait la concrétisation du principe du fondateur de la Turquie moderne, MustafaKemal Atatürk.

Il savait parfaitement qu'il était impossible d'établir dans lepays une atmosphère de paix propice au développementéconomique et social tandis que les états voisins étaientconstamment en situation d'instabilité.

De cette époque à nos jours, l'objectif principal de laTurquie n'a guère changé. Je pense qu'il serait utile de rappeler ce que la Turquie représente du point de vuestratégique et diplomatique de manière à vous donner uneréponse complète.

La Turquie, qui est située au cœur de l'Eurasie et entourée de8 pays et de 3 mers, représente un pont physique, écono-mique, culturel et diplomatique entre l'Europe et l'Asie.

Elle est le seul pays à être simultanément membre del'OTAN, de l'Organisation de la Conférence Islamique, del'Organisation de Coopération Economique de la Mer Noireet du G-20. A travers ses détroits, elle offre le seul débouchésûr vers les mers chaudes pour les pays du bassin de la MerNoire.

Située à une forte proximité de 70 % des ressources mon-diales en hydrocarbures, la Turquie est un terminal énergé-tique en développement pour les exportations de pétrole etde gaz naturel de la Mer Caspienne, de l'Asie Centrale et duMoyen-Orient.

La Turquie se place parmi les contributeurs principauxaux opérations et aux missions de paix de l'ONU, del'Union Européenne et de l'OSCE, menées partout dans lemonde. Elle réunit différentes parties en conflit et s'effor-ce de faciliter la résolution de leurs désaccords grâce audialogue.

Les pourparlers indirects entre Israël et la Syrie, et lesréunions au sommet entre l'Afghanistan et le Pakistan, et lesréunions trilatérales entre la Turquie, la Bosnie-Herzégovineet la Serbie et la Turquie, la Bosnie-Herzégovine et laCroatie constituent quatre exemples parmi les plus récents.Elle est à l'origine de l'Organisation de CoopérationEconomique de la Mer Noire, qui regroupe 12 pays allantdes Balkans au Caucase. Elle soutient le Processus deCoopération de l'Europe du Sud-est et a initié la ForceMultinationale de Paix pour l'Europe du Sud-est ainsi quela Plateforme de Coopération et de Stabilité pour leCaucase.

Je voudrais conclure avec les travaux de l'Agence Turquede Coopération et de Développement. Fondée en 1992,cette structure est devenue la force motrice de la contributionturque aux pays les plus démunis.

L'Agence possède des bureaux de coordination dans 20 pays à travers l'Afrique, l'Asie et l'Europe ; à partir de cespôles, elle exerce une activité d'assistance au développe-ment à travers les projets qu'elle met en œuvre dans les payspartenaires. En 2007 le montant des aides de développe-ment fourni par l'Agence aux 103 pays dépassait les 600 millions de dollars américains.

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Les politiques économiques saines, combinées à des réformes vigoureuses, ontpermis à la Turquie de connaître une croissance dynamique depuis plusieursannées, atténuant fortement l’impact de la crise mondiale sur le pays. Elles lui

permettent aussi à présent de bénéficier des fruits de la reprise qui s’annonce en2010, tout en continuant à réduire de façon volontaire les disparités régionales. LaTurquie, explique dans cet entretien le Premier Ministre, Recep Tayyip Erdogan,poursuit sa marche en avant.

Monsieur le Premier Ministre,comment définir la placeactuelle de la Turquie sur lascène économique mondiale ?

La Turquie est une économiemajeure. Membre du G 20, elledétient le 15ème rang mondial ; ellese classe au 6ème rang des 27 paysde l’Union européenne en matiè-re de pouvoir d’achat. Son poten-

tiel est élevé, comme le confirment les prévisions écono-miques. Une étude indique qu’elle sera la 9ème économie dela planète et 3ème européenne d’ici à 2050. Une secondeétude, de l’OCDE, prévoit qu’elle connaîtra la croissance laplus rapide des pays de l’OCDE de 2011 à 2017, avec untaux annuel moyen de progression du PIB supérieur à 6%. Plusieurs raisons expliquent ce dynamisme. Il est le fruit depolitiques économiques saines combinées à des réformeséconomiques vigoureuses ; ainsi, le gouvernement a-t-il frei-né notamment l’inflation, la dette publique et le déficit bud-gétaire. L’inflation a été drastiquement réduite, à un chiffred’aujourd’hui, contre 30% en 2002. De même, la dette dupays, telle que définie par l’Union européenne, alors qu’el-le représentait 74% du PIB en 2002, a été réduite à 39,5%en 2008. Ainsi, la Turquie respecte-t-elle le critère deMaastricht qui contient la dette publique des pays membresde l’Union européenne sous la barre des 60%. Le déficit

budgétaire de la Turquie conformément au critère deMaastricht est inférieur à 3% ; il est tombé à 2,2% du PIB en2008 contre 10% en 2002. Surtout, le PIB a augmenté sen-siblement. Il représentait 742 milliards de dollars en 2008contre 231 milliards de dollars en 2002 ; de son côté, le PIBpar habitant excédait 10 000 dollars en 2008 contre 3 500en 2002. Ces évolutions ont également stimulé le commer-ce extérieur ; les exportations turques ont atteint 132 mil-liards de dollars fin 2008 contre 36 milliards en 2002.

Comment apprécier sa résistance à la crise écono-mique mondiale ?

Comme vous savez, la crise mondiale a été une crise finan-cière qui s’est propagée sur les marchés financiers des éco-nomies avancées avant de gagner la planète. De nombreuxpays ont été gravement perturbés et de nombreuses institu-tions financières ont fait faillite. Les gouvernements ontlancé des plans de sauvegarde pour en diminuer les impactsnégatifs. Il est intéressant de noter que la Turquie est le seulmembre de l’OCDE qui n’a pas adopté de telles mesures :en effet, son système financier a bien résisté.Pourquoi une telle capacité à résister ? A la veille de lacrise, nos institutions financières n’étaient pas actives surles marchés d’actifs et d’instruments dérivés adossés àdes placements immobiliers à haut risque. Après la gravecrise du début des années 2000, le système financier turc aété totalement restructuré ; il fonctionnait sur des bases

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SEM Recep Tayyip ErdoganPremier Ministre de Turquie

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Grâce à des reformes politiques etéconomiques vastes et profondes,

la Turquie a attiré davantaged’investissements directs étrangers

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solides. Aujourd’hui, notre secteur bancaire est l’un desplus stables de l’Europe émergente, bien positionné poursurmonter la récession mondiale. Troisièmement, le ratiod’endettement des ménages par rapport au PIB est peuélevé ; il représente environ 14%, largement inférieur àcelui de la zone euro, où il excède 60%. Profitant d’un fortapport en capital, sans disparités majeures de maturité oude devises, avec une diversification structurelle et uneexposition limitée aux variables externes, le systèmefinancier turc constituera aussi demain une source majeu-re de stabilité pour l’économie.

Sur quelles mesures principales le pays s’appuie-t-ilpour accroître ses performances économiques ? Selonquels indicateurs les mesurer ?

Au cours des sept années passées, nous avons lancé un vasteprogramme de réformes structurelles. Un processus ambitieux de privatisation a été conduit et des réformes ontété mises en œuvre, y compris dans la protection sociale,l’énergie et les télécommunications.Nous avons libéralisé le régime juridique applicable auxinvestissements directs étrangers. Notre PIB, qui était de 230 milliards de dollars en 2002, aplus que triplé et atteint 742 milliards de dollars en 2008.Parallèlement, le PIB par tête a atteint 10 436 dollars. Cetteperformance au cours de ces sept années a placé la Turquieau second rang au sein de l’OCDE et au 17ème dans le mondepour le dynamisme de sa croissance.Grâce à des réformes politiques et économiques vastes etprofondes, la Turquie a attiré davantage d’investissementsdirects étrangers (IDE). Les flux d’IDE, qui représentaient1,1 milliard de dollars en moyenne de 1993 à 2002, ontaugmenté pour atteindre 20,1 milliards de dollars enmoyenne de 2006 à 2008. Un autre atout est l’accès faciledes investisseurs internationaux aux marchés voisins auniveau régional à partir de la Turquie. Avec son économie dynamique et ouverte, son vaste mar-ché intérieur, son industrie compétitive et sa maind’œuvre qualifiée, la Turquie offre de nombreusesopportunités.La crise mondiale a montré la résilience et la force de sonéconomie. Les effets de la volatilité des marchés financierssur notre économie ont été limités, révélant sa capacité derésistance. Si nous n’avions pas introduit le programme dereformes actuel, l’impact de la crise aurait sans doute étéplus important. Les agences de notation internationales ont récemment éva-lué à la hausse leur appréciation de la Turquie, alors mêmequ’elles appréciaient plus sévèrement de nombreux pays. Cepoint confirme la validité des politiques économiques quenous avons adoptées durant la crise mondiale. En 2010, noussortirons définitivement de la récession, laissant derrièrenous les difficultés auxquelles nous avons fait face en 2009. Selon le FMI et l’OCDE, la Turquie aura un taux de croissance d’environ 3,7% en 2010. Par la suite, en tant que membre du G20, nous continueronsà renforcer notre économie pour devenir l’une des princi-pales nations industrielles au monde. C’est l’objectif princi-

pal de mon gouvernement au cours des années à venir. En2023, lors du 100ème anniversaire de la fondation de notreRépublique, nous souhaitons que la Turquie figure parmi les10 premières économies mondiales.

Qu’en est-il en matière d’aménagement du territoireet de grands projets ?

Nous prêtons une attention particulière au développementrégional et à l’élimination des disparités territoriales.L’objectif majeur de mon gouvernement et sa priorité à cetégard est de réduire l’écart de développement entre le SudEst et les autres régions de Turquie. Nous avons apporté desaméliorations significatives dans le domaine de la santé, del’éducation, des transports, des infrastructures et de l’habitatnotamment, pour répondre efficacement aux besoins debase de la population dans les régions défavorisées, danslesquelles nous avons restructuré nos politiques d’incitationà l’investissement.Depuis l’annonce, il y a environ deux ans, du «Pland’Action du Projet d’Anatolie du Sud-est (GAP) (2008-2012)», nous avons beaucoup progressé dans sa mise enœuvre. Un budget de 13,5 milliards d’euros lui a été attribuéde 2008 à 2012. 1,25 milliards d’euros contribueront en2009 au développement économique et social en Anatoliedu Sud Est, affectés notamment à l’irrigation, au développe-ment social et aux infrastructures. Fin 2009, 2 184 nouvellessalles de classe avaient été construites. • 398 projets ont été financés, dans le domaine du sport,

des arts et de la culture ;• 23 000 autres sont en cours dans le domaine de l’habitat ;• 3 agences de développement ont été créées ;• un programme de soutien social est lancé.De telles initiatives ne sont pas réservées au Sud Est.En témoignent le Projet de Développement RégionalZonguldak-Bart›n-Karabuk (ZBK), le Schéma Directeur duProjet d’Anatolie de l’Est (DAP), le Programme deDéveloppement de la Mer Noir Orientale (DOKAP), encours actuellement. Signalons à ce sujet également une ini-tiative ambitieuse, le «Project de Développement du Bassinde la Rivière Yesilirmak», qui constitue le premier modèlede développement régional bâti autour d’une rivière enTurquie. Comme vous savez, les transports jouent un rôle clé dansl’élimination des disparités régionales. Il y avait seulementsix kilomètres de routes deux fois deux voies quand noussommes entrés en fonction ; en sept ans, nous avons portéce nombre à 17 500 kilomètres. Notre but est de disposerd’un réseau total de 22 500 kilomètres en 2023 quandnous célébrerons le 100ème anniversaire de notreRépublique.Enfin, nous avons conduit l’eau potable vers plusieurs mil-liers de petites localités grâce au Projet de Soutien del’Infrastructure des Villages (KÖYDES). A ce jour, nous avonspresque atteint notre objectif de ne laisser aucun village sanseau potable ni électricité.Nous sommes fiers de ces réussites qu’exige notre volontéde constituer un Etat social en réduisant les inégalités régionales.

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La Turquie, après un processus important de transformation, est plus proche del’Union européenne que jamais, souligne dans cet entretien Egemen Bagis,Ministre d'Etat de Turquie chargé des Affaires Européennes.

La Commission Indépendantede la Turquie, née en mars2004 à l'initiative de personna-lités européennes pour analy-ser l’intégration européennedu pays, a rendu public enseptembre 2009 son deuxièmerapport aux conclusions miti-gées… ( 1 ) . Pouvons-nousmesurer le chemin parcouruen cinq ans ?

La Commission Indépendante, sous la Présidence du Lauréatdu Prix Nobel, Martti Ahtisaari, a beaucoup contribué audébat sur l’avenir de l’Europe et en particulier sur la candi-dature européenne de la Turquie. Ses membres représententle bon sens et le rationalisme et agissent contre l’intoléran-ce. Je crois que ce bon sens l’emportera sur l’étroitesse d'esprit quand nos amis européens connaîtront mieux laTurquie.Il a été donné à la Turquie une date précise de début desnégociations au Sommet de Bruxelles le 17 décembre 2004.Un souhait et un espoir figuraient aussi dans le rapport de laCommission Indépendante, publié en 2004, sous le titre “LaTurquie en Europe : plus qu’une Promesse?” Ce rapport aconclu que les négociations d’accession débuteraient sanstarder après que la Turquie aurait satisfait aux critères politiques de Copenhague. Nous avons été très fiers du fait que les critères politiques deCopenhague ont été respectés en deux ans.Le processus d’adhésion à l’Union européenne a-t-il progressé au même rythme que ces progrès, avec cettemême motivation? Le rapport édité en septembre 2009 parla Commission Indépendante répond à cette question. Son

titre est révélateur : “La Turquie en Europe : briser le cerclevicieux”. Il faut entendre sous ces termes notamment l’hési-tation publique croissante concernant l’adhésion de laTurquie à l’Union européenne. En effet, certains leaderspolitiques européens continuent de formuler des commen-taires négatifs sur ce sujet. Cela a été mal perçu en Turquie.Le deuxième rapport soutient qu‘il faut briser rapidement cecercle vicieux, dans l’intérêt même de la Turquie comme del‘Union européenne. Les gouvernements européens doiventhonorer leurs engagements et traiter le pays avec équité et res-pect, comme tel a été le cas pour les autres pays candidats.En fait, le plus difficile dans le processus d’intégration àl’Union européenne est de commencer les pourparlers.Chaque pays qui a débuté les négociations les a achevées.La Turquie ne sera pas une exception.Nous avons mis 45 ans pour avoir une date de début desnégociations d’accession. Nous n’avons pas abandonné.Nous étions engagés, nous étions décidés et nous étionspatients. Et aujourd’hui, nous sommes plus engagés, plusdécidés et plus patients que jamais.Nous avons commencé les négociations d’accession le 3 octobre 2005 et nous avons fait beaucoup de progrès.Actuellement, nous avons ouvert 12 chapitres, dont un a étéouvert et fermé.Le processus est freiné par des limitations liées à des facteursexternes. J’ai le regret de dire que nous n’avons pas encorereçu les rapports d'examen analytique de 10 chapitres ; 8 chapitres ont été suspendus du fait de l’impact de la ques-tion de Chypre sur le processus de négociation, et la Francebloque l’ouverture de 5 autre chapitres, évoquant de façondiscutable leur “impact direct sur l’adhésion totale”.Le processus de négociation doit être délivré des pro-blèmes politiques et bilatéraux qui n’ont aucun rapportavec l’adhésion à l’UE. Or malheureusement, l’évolution

SEM Egemen BagisMinistre d'Etat chargé des Affaires Européennes

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Comparée à ce qu’elle était il y a sept ans, la Turquie est

un pays totalement différent

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en cours, particulièrement depuis décembre 2006, a prouvéque les problèmes politiques ont tendance à prendre le des-sus. En réalité, les relations entre la Turquie et l’Union euro-péenne ont été freinées par les motivations politiques de certains États-Membres.Nous attachons la plus grande importance à ouvrir autant dechapitres que possible pendant chaque Présidence, sans quedes considérations politiques ou des préoccupations internespuissent bloquer ce processus. À cet égard, ce que nousattendons de l’Union européenne n’est pas de décourager laTurquie sur la voie de la reprise totale de l’acquis commu-nautaire. Ce processus n’est pas une tâche facile. Les défis etles difficultés que rencontre la Turquie vers l’accessionnécessitent de la patience, du travail acharné et du dévoue-ment. Nous sommes engagés à continuer ce processus aussilongtemps qu’il reste sur une base réaliste et viable. Nous nedevons pas oublier que ce qui est en jeu, ce ne sont pas uni-quement les intérêts de la Turquie, mais également ceux del’Union européenne. En effet, le processus d’accession estune opportunité des deux côtés ; pour la Turquie, c’est l’op-portunité de mettre en œuvre sa forte dynamique de transfor-mation, tandis que, pour l’Union européenne, c’est l’oppor-tunité d’augmenter sa puissance politique et économiquedans un système international plus complexe. L’accession esttout à la fois un processus complexe et irréversible, dont laTurquie et l’Union européenne ont beaucoup à gagner.La Turquie a parcouru un processus important de transfor-mation, politique, sociale et économique. Comparée à cequ’elle était il y a sept ans, c’est un pays totalement différent.Elle est maintenant plus proche de l’Union européennequ’elle ne l’a jamais été. C’est maintenant un pays plusdémocratique, plus prospère et plus laïque. Dans tous lesdomaines, elle est intégrée et interconnectée avec les payseuropéens comme les institutions.

En quoi des progrès décisifs ont été accomplis dans lavoie du rapprochement avec l’Union européenne ?

Nous avons satisfait les critères politiques de Copenhague ;c’est pourquoi nous avons commencé les négociations d’ac-cession. Leur respect était en effet un préalable. Nous avonsatteint cette masse critique.Notre démocratie est beaucoup plus forte. Nous avons uneéconomie libérale qui fonctionne bien. La laïcité en Turquien’a jamais été inclusive en tant que telle. La Turquie est unpays européen, à cause de sa géographie, son histoire, saculture et son patrimoine, mais aussi, de son système poli-tique et économique.

Qu’en est-il des critères structurels et institutionnels,s’agissant notamment de “l’acquis de l’Union”?

Nous avons harmonisé nos mécanismes législatifs et admi-nistratifs à la lumière de l’acquis de l’Union. Nous avonsouvert 12 chapitres ; l’un d’entre eux a été ouvert et fermé.Nous avions publié le Programme de la Turquie pourl’Alignement avec l’Acquis (2007-2013). Nous avons pro-grammé nos réformes et nos réglementations pour chaquechapitre. Nous avons également rendu public notreProgramme National début 2010. Une réforme judiciaire,

qui doit permettre aux civils impliqués dans des affaires mili-taires d’être poursuivis devant des cours civiles, est l’un despas de géant que nous effectuons pour aligner notre systèmejudiciaire avec celui des pays de l’Union européenne. Nousavons également préparé une stratégie de réformes de labranche judiciaire et nous avons annoncé un programmeanti-corruption. Nous sommes déterminés dans notre volon-té de maintenir le processus de négociation et de reprise del’acquis de l’Union européenne. Tout cela a pour but d’amé-liorer les normes de notre nation et de rapprocher la Turquiede l’adhésion compète.

Dans le contexte présent, comment analysez-vous lacapacité de l'Union européenne à absorber la Turquie ?

L’Union Européenne doit être crédible ; les débats sur sacapacité d’absorption ne doivent pas être perçus comme unprétexte pour ne pas respecter les règles qui sont les sienneset les promesses qu‘elle a faites.Car il existe sur ce sujet une inquiétude en Turquie. Ce pointest perçu ainsi. L’Union européenne n’a pas pu convaincreque les débats relatifs à sa capacité d’absorption ne consti-tuent pas un argument contre l’adhésion européenne de laTurquie. Un tel argument a souvent été utilisé par des cerclesqui s’opposent à l’intégration totale de la Turquie et quirecherchent des solutions alternatives, proposant un parte-nariat privilégié plutôt qu’une adhésion complète. La Turquie n’acceptera que l’adhésion complète. Il n’existeaucune autre alternative. La décision de débuter les négo-ciations d’accession a été prise à l’unanimité par les pays del’Union européenne.La Traité de Lisbonne doit rendre le fonctionnement del’Union Européenne plus démocratique, plus transparent etplus efficace, pour que celle-ci soit mieux équipée pour affron-ter les défis et opportunités du 21ème siècle. Il permet égalementà l’Union de devenir un acteur cohérent et puissant en matiè-re de politique étrangère et de politique de sécurité, particulière-ment avec la nomination d’un Président du Conseil Européen àplein temps et d’un nouveau Haut Représentant des AffairesÉtrangères et de la Politique de Sécurité.Le Traité de Lisbonne établit également la structure, lesvaleurs et les objectifs de base de l’Union européenne.Selon le Traité, les valeurs de l’Union sont le respect de ladignité humaine, la liberté, la démocratie, le respect desdroits de l’homme, y compris les droits des personnes appar-tenant à des minorités dans une société dans laquelle le plu-ralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, lasolidarité et l’égalité entre les hommes et les femmes préva-lent. L’accent mis sur de telles valeurs dément ceux qui pré-tendent que l’Union européenne est un “Club Chrétien”.Une Union européenne qui fonctionne plus vite et mieuxavec une capacité améliorée de résolution des problèmes,de formulation des politiques et d’absorption, sera mieuxéquipé pour intégrer la Turquie.De plus, une Union européenne basée sur les valeurs,conformément au Traité de Lisbonne, est celle que laTurquie souhaite rejoindre, parce que toutes ces valeurs sontégalement plébiscitées par le peuple turc. Quand elle ensera membre, la Turquie agira activement en son sein pourles promouvoir.

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Ainsi, la Turquie se réjouit-elle du Traité de Lisbonne, quiaidera à bâtir une meilleure Union pour l’avenir, au sein delaquelle la Turquie deviendra un élément indispensable.

Qu’en est-il aussi du volet politique de l’intégrationeuropéenne ?

La Turquie est une grande étoile dans une galaxie, concer-née en tant que telle par tout problème à l’ordre du jour. Sescontributions passées, présentes et futures à l’UnionEuropéenne doivent être pleinement prises en compte.L’Europe n’aurait pu résoudre facilement les problèmes auxquels elle a été confrontée sans la Turquie. Notre pays acontribué aux solutions mises en place. Si l’Europe souhaiterésoudre ses problèmes actuels rapidement, elle doitl‘intégrer.Membre du Conseil de Sécurité, la Turquie est membre del’OTAN et sa position actuelle est renforcée par le fait qu’el-le est un acteur régional émergeant et un point de transit pour l’approvisionnement de l’énergie vers l’Ouest.Nous avons amélioré nos liens avec la Grèce, la Syrie, laRussie et avec nos voisins de la Mer Noire et Arabes, et nousavons servi de médiateur entre Israël et la Syrie. La politiqueétrangère de la Turquie vise à amener la paix, la stabilité etle bien-être à la région, ce qui a été également soulignépositivement dans le dernier Rapport de Progrès de laCommission européenne.En tant que pont entre l’Est et l’Ouest, mais avec une orien-tation occidentale, la Turquie peut comprendre la mentalitédes différentes régions. Ceci sera un vrai atout pour notrecontinent européen, pour le monde, pour la démocratie etpour la paix. Cette Turquie sera une source d’inspirationpour de nombreuses personnes.La Turquie promeut la paix et la stabilité. La Turquie promeutla démocratie. La Turquie promeut les droits et les libertésfondamentales dans beaucoup de régions du monde. Noustravaillons pour nous améliorer mais nous assurons aussi lapromotion simultanée de ces valeurs et de ces idéaux dansune région assez grande.

La Turquie, rappelons-le, bénéficie d’ores et déjà deliens économiques denses avec l’Union européenne ;à cet égard, le Ministre que vous êtes suit-il avec atten-tion certains dossiers, relatifs aux échanges de marchandises vers l’Europe, si oui, lesquels?

La colonne vertébrale de l’économie turque est le commer-ce avec les pays de l’Union européenne, qui absorbe un peuplus de la moitié de ses exportations. Nous avons effectuédes progrès concernant les réformes nécessaires à l’intégra-tion européenne ; de ce fait, les capitaux étrangers ont affluéet la confiance en l’économie turque a augmenté. Celle-ciest maintenant beaucoup plus ouverte et plus résiliente.La Turquie est une nation très jeune et dynamique. Nousavons la quatrième main d’œuvre en Europe. L’âge moyenest de 28 ans. La moitié de notre nation de 70 millions depersonnes a moins de 25 ans et nous avons fait beaucoup dechemin pendant les dix dernières années. Il y a dix ans nousétions la 27ème économie dans le monde, aujourd’hui noussommes la 16ème.

Nos exportations qui représentaient seulement 36 milliardsen 2002, ont atteint 132 milliards de dollars l’annéedernière. Les flux d’investissements directs étrangers quireprésentaient à peine un milliard de dollars par an en 2002s’établissent actuellement en flux cumulés à 70 milliards dedollars. Notre PIB, 240 milliards de dollars en 2002, a atteintl‘an dernier près de 740 milliards de dollars. Nous avonsconduit de nombreuses réformes structurelles dans le sec-teur public, le secteur financier, la santé et les retraites.Nous avons déjà satisfait la plupart des critères deMaastricht, bien que nous n’étions pas obligés de le faire. Side nombreuses banques ont connu de grandes difficultéspartout en Europe en 2008, tel n‘a été le cas d‘aucunebanque turque. Les seules usines du constructeur automobi-le français Renault qui ont fait des bénéfices en 2008 étaientsituées en Roumanie et en Turquie.Bien sur, la Turquie a été frappée par la crise mondiale, maisdoit rebondir beaucoup plus vite que beaucoup de pays.Des organisations internationales ont montré qu’elle seral’un des premiers pays européens à se remettre de la crisemondiale. L’OCDE, le FMI, la Banque Mondiale et beau-coup d’autres organisations internationales s’attendent à cequ’elle soit le numéro un ou deux en termes de croissanceen Europe l’année prochaine. Nous faisons partie de l’UnionDouanière avec l’Union Européenne. Mais nous avons desproblèmes concernant les visas et les accords de libre-échange. Les entrepreneurs turcs n’ont pas la même libertéque leurs homologues de l’Union européenne à l’intérieurde l’Union Douanière. Il faut une meilleure coordination.

Le pays applique-t-il pleinement le protocole d’Ankaraen matière douanière ?

L’Union Douanière entre la Turquie et l’Union européenneenglobe tous les Etats-membres. De ce fait, les produitschypriotes grecs peuvent entrer en Turquie. Le fait que lesports et les aéroports turcs soient fermés aux vaisseaux etavions chypriotes grecs ne signifie pas que nous n’appli-quions pas l’Union Douanière avec tous les Etats-membresde l‘Union européenne. La Turquie a promis d’ouvrir sesports, en échange de la fin de l’isolation des Chypriotes turcsdans le Nord. Nous tenons notre promesse. Si les pays del’Union européenne décident de mettre en œuvre leur déci-sion adoptée à l’unanimité le 26 avril 2004 pour mettre finà l’isolation de Chypre du Nord et permettre le commercedirect, nous serons très heureux d’envisager l’ouverture denos ports et de respecter ainsi nos engagements.Les Chypriotes grecs achètent les produits en provenance deChypre du Nord en utilisant le protocole de la ligne verte del’ONU, mais ils ne veulent pas que les 26 autres Etatsmembres de l’Union européenne puissent faire de même.Nous pensons que l’Union européenne repose sur l’égalité.Si un Etat membre peut consommer les produits d’un paystiers, les 26 autres devraient pouvoir le faire aussi.

(1) “La Turquie dans l’Europe, Briser le cercle vicieux”, deuxièmerapport de la Commission indépendante sur la Turquie, Opensociety Fondation, British Council, septembre 2009.

Perspectives diplomatiqueset relations parlementaires

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Depuis 1484, la France entretient l’une de ses plus longues relations diploma-tiques avec la Turquie, jadis Empire Ottoman. Interrompus durant une brèvepériode entre 1798-1801 lors de l’Expédition d’Egypte, ces échanges ont

aujourd’hui pris la forme de coopérations bilatérales, économiques, culturelles, etc.

Un droit de représentation permanente

Dès 1484, le Sultan Bayazid II envoya un grec de Lemnospour s’enquérir, auprès du roi Louis XI, des conditions decaptivité de son frère, le Sultan Cem. Cette première ren-contre marque le début d’une histoire qui, après le désastrede Pavie (Italie) en 1525, s’accélère. En effet, la Régente deFrance envoie alors à Soliman le Magnifique, au nom de sonfils François 1er, une première Ambassade, massacrée enchemin. Une seconde est dépêchée avec deux lettres, de larégente Louise de Savoie et de François 1er (alors emprison-né à Madrid). La réponse de Soliman exhorte : «François, roidu pays de France, à prendre courage et à ne pas se laisserabattre. Nuit et jour notre cheval est sellé et notre sabre estceint». En février 1536, un Traité d’alliance est conclu,offrant à la France un droit de représentation permanenteavec Ambassade et Consulats ainsi que des avantages pourle commerce et la protection des pèlerins se rendant en TerreSainte. Quelques années plus tard, en 1544, les équipagesturcs de Barberousse quitte Toulon pour Istanbul, en prenantà leur bord le nouvel Ambassadeur de France auprès duGrand Turc, le baron de Lagarde. Autre fait emblématique,le 25 janvier 1807, l’Angleterre adresse un ultimatum àSelim III, à savoir renouveler l’alliance anglo-turque, expul-ser l’Ambassadeur de France (le Général Sébastiani) etremettre aux Anglais les forts des Dardanelles. Selim IIIrepousse cette injonction. L’Amiral Duckworth, armée d’unepuissante flotte, se présente devant Istanbul en février 1807.

Le Général Sébastiani dirige alors les travaux de défense dela ville, contraignant l’Amiral Duckworth à se retirer et àrepasser les détroits sous le feu de l’artillerie turque. Dernierexemple, plus pacifique, le lycée impérial de Galatasaray,où l’enseignement se fait essentiellement en français, estconstruit à l’initiative du Sultan Abdulaziz. En effet, ce der-nier est impressionné par la qualité du système d’enseigne-ment français lors de son voyage à Paris en 1867, invité àcette date par Napoléon III à participer à l’ExpositionUniverselle.

Des traités bilatéraux depuis 1927

Le 1er novembre 1927, une Convention pour les voyageursde Commerce est en effet conclue entre la France et laTurquie. 2 ans plus tard, un nouveau document officielinclus également la Navigation. Des avenants et des modifi-cations le compléteront jusqu’à sa dernière prorogation, du10 juin 1997 jusqu’au 30 avril 2001. Des accords sont aussisignés dès le 31 août 1946 en matières économiques ourelatif, en 1950, à l’admission des stagiaires.En 1952, une coopération s’opère dans le domaine culturel.De nombreux traités sont ainsi régulièrement paraphésvisant, entre autres, à éviter les doubles impositions enmatière d’impôts sur le revenu ou relatif à l’établissementd’enseignement intégré de Galatasaray. Des partenariatss’établissent aussi dans les domaines techniques et scienti-fiques. A cet égard, la Turquie abrite de nombreux centres decoopération culturelle et linguistique. Les Instituts d’étudesfrançaises d’Ankara et d’Istanbul et le centre d’Izmir figurentparmi ces derniers. Il convient également de souligner lerayonnement des écoles françaises et francophones tels quel’école Oyak-Renault - Mission laïque française de Bursa, leslycées Pierre Loti d’Istanbul, Charles De Gaulle et TevfikFikret d’Ankara, etc. A cet égard, le recrutement des ensei-gnants sur un poste de résident relève de l'agence pour l'en-seignement français à l'étranger (AEFE), établissement publicplacé sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères eteuropéennes.

Les échanges commerciaux franco-turcs en progres-sion de 10%

La Chambre de Commerce Française en Turquie s’emploie àanimer et être le porte-parole de la communauté d’affairesfranco-turque et à contribuer au développement des relationscommerciales bilatérales entre la France et la Turquie. 5ème

économie émergente et 15ème puissance mondiale, la Turquiereprésente aujourd’hui un marché attractif pour les investis-seurs étrangers au regard, notamment, de sa proximité avec

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Celui qui cherche un ami sans défaut

reste sans ami (Proverbe turc)

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l'Union européenne, le bassin méditerranéen, la Russie, leProche et le Moyen-Orient et l’Asie centrale. Ce pays se sin-gularise aussi par son industrialisation et la performance desa main-d’œuvre. De plus, la moitié de sa population estâgée de moins de 25 ans. En 2008, les échanges commer-ciaux franco-turcs ont progressé de 10% pour atteindre unniveau record de 11 Milliards d’euros. Ainsi, la Francedemeure le 5ème partenaire de la Turquie. Les entreprises fran-çaises qui ont investies en Turquie sont principalement desgrands Groupes du secteur automobile (Renault, Peugeot,Valéo, Mecaplast), de la construction électrique (Schneider,Legrand, Areva), de la grande distribution ) (Carrefour), del’agroalimentaire (Danone, Bel Fromageries), de la restaura-tion collective (Sodexo), de l’énergie (EDF-EN, GDF), etc. )De 15 en 1985, le nombre d’implantations d’entreprises françaises est passé à près de 300 en décembre 2008, repré-sentant 70 000 emplois créés. Près de 5 500 Français étaientimmatriculés fin 2008 dans les Consulats en Turquie, dont 90% dans la circonscription d’Istanbul, une présence enaugmentation de 10% d’une année sur l’autre.

Une convergence entre les positions de la France etde la Turquie sur les grands dossiers internationaux

Le 8 octobre 2009, à Paris, le Premier Ministre, FrançoisFillon, a offert un déjeuner en l'honneur du Président de laRépublique de Turquie, Abdullah Gül dans le cadre d’unevisite officielle à l'occasion de l'inauguration de la Saison dela Turquie en France. Outre l’évocation de la relation bilaté-rale franco-turque, la discussion a permis de constater laconvergence existant entre les positions de la France et de la

Turquie sur les grands dossiers internationaux, qu'il s'agissede la gouvernance économique internationale dans le cadredu G20, du maintien de la paix et de la sécurité, ou de lalutte contre le terrorisme. Les négociations en cours entrel'Union européenne et la Turquie ont également été abor-dées, et les positions de chaque pays rappelées. Le besoinde dialogue et de transparence sur ce sujet a été souligné. LePremier ministre a rendu hommage à l'action du Présidentde la République de Turquie pour moderniser son pays et enfaire un vecteur de dialogue et de stabilité dans la région.Dans cet esprit, le Premier ministre a insisté sur le caractèrehistorique de la signature, réalisée le 10 octobre 2009 àZurich de deux protocoles sur le rétablissement des relationsdiplomatiques et le développement des relations bilatéralesentre la Turquie et l'Arménie, et rappelé le soutien de laFrance à ce processus. (Source : site Internet du Premierministre).

Le mardi 30 juin 2009, Frédéric Mitterrand, Ministre de laCulture et de la Communication, a lancé officiellement, enprésence du Ministre de la Culture et du Tourisme de laRépublique de Turquie, Ertugrul Günay, la Saison de laTurquie en France. Il a ainsi souligné : «Cette Saison nouspermettra, j’en suis certain, de progresser dans la connais-sance et la compréhension mutuelles de nos deux pays et derenforcer encore les liens qui nous unissent depuis dessiècles. C’est le vœu que je forme pour cette Saison qui avocation à se prolonger bien au-delà de mars 2010. Les col-laborations franco-turques qu’elle aura suscitées seront ainsiprogrammées à Istanbul et Marseille, capitales européennede la culture en 2010 et en 2013».

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Le Président du Sénat, Gérard Larcher, a effectué une visite officielle en Turquie du16 au 18 septembre 2009, à l'invitation de Mehmet Ali Sahin, Président de la GrandeAssemblée Nationale de Turquie (GANT). Il s'agit de la première visite d'une haute

personnalité française en Turquie depuis les dernières élections européennes. GérardLarcher a souhaité, par cette visite, renforcer les liens anciens et étroits qui existententre la France et la Turquie, partenaire important de l'Union européenne.

Gérard LarcherPrésident du Sénat

« Une amitié ancienne et solide »

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L'Or anger ie du Jardin duLuxembourg héberge l'exposi-tion « Le pont, photos de Galata »,présentée dans le cadre de lasaison de la Turquie en Franceet inaugurée le 8 juillet 2009. Quelleen est la portée symbolique ?J'ai personnellement souhaité que leSénat participe à la saison de laTurquie en France. En effet, les liensentre la Turquie et la France, etnotamment le Sénat, sont des liens

d'amitiés, une amitié ancienne et solide. Ainsi, notre dialogue estrégulier et confiant. L'exposition de photos du Pont de Galata est àce titre symbolique. Il relie deux rives de la Corne d'or et deux visagesde la cité d'Istanbul. Il a été érigé au cœur du XIXème siècle àl'époque où l'Empire ottoman cherchait les voies de sa moderni-sation et s'inspirait, dans sa législation et ses institutions, des paysd'Europe occidentale.Un autre exemple en sera fourni, quelques années plus tard, parla création du lycée de Galatasaray, avec le soutien de VictorDuruy, ministre français de l'instruction publique de l'époque,puis de l'université qui développera de nombreux échanges avecdes établissements français. Ces deux établissements constituentune autre forme de pont entre nos deux pays et nos deux cul-tures. Ils contribuent à renforcer l'amitié entre la France et laTurquie, amitié qui remonte à l'alliance de François 1er avecSoliman le Magnifique. Si la fonction d'un pont est fortement sym-bolique, cette exposition est aussi un pont, celui que la France bâtità travers l'ensemble des manifestations de la Saison de la Turquie.C'est le pont de nos échanges et de nos rencontres. C'est un pontancien et sans cesse réinventé, un pont que chacun de nousemprunte et consolide.

La force des échanges culturels est, dites-vous, de « nousexpliquer nos différences mais aussi, nous faire prendre

conscience de nos ressemblances ». Le Sénat est-il uninstrument particulièrement efficient de meilleure com-préhension entre les deux Parlements ?Nos pays sont des partenaires. Aux Nations-Unies, nous travaillonsensemble. Sur de nombreux dossiers internationaux, nous nousconsultons, et votre expérience et notre coopération nous sont pré-cieuses, au Moyen-Orient, pour faire progresser l'Union pour laMéditerranée, ou encore pour préparer ensemble le G20 et cher-cher des solutions à la crise que nous traversons tous, sans oublierle dossier Iranien et l'ensemble des dossiers régionaux.La récente visite officielle en France du Président turc est uneétape importante dans la consolidation de nos relations bilaté-rales, dans le dépassement de certaines divergences pour avan-cer ensemble. J'ai la conviction que le partenariat franco-turc estnotre intérêt mutuel. Nos deux pays, au-delà de leur relationancienne, ou précisément grâce à cette amitié séculaire, ont unavenir commun. Dans ces relations bilatérales intenses, les rela-tions parlementaires jouent et joueront tout leur rôle. Lors de mavisite en Turquie, j'ai signé un accord de coopération entre leSénat et la Grande Assemblée Nationale de Turquie, pour renforcernotre coopération parlementaire.

Justement à ce propos, lors de votre visite officielle, quelsont été vos échanges avec la société civile autour notammentd'un thème qui vous est cher : la laïcité ?Ce thème a été omniprésent. La première étape de ma visite offi-cielle à été une visite au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, lepère de la Turquie moderne, un défenseur permanent de la laïci-té. J'ai vu combien son héritage reste vivant. J'ai aussi rencontrédes représentants de la société civile, des éditorialistes, diversexperts avec lesquels j'ai abordé l'évolution de la Turquie, laplace de la femme et la laïcité. Enfin j'ai rencontré le patriarcheœcuménique, Bartholomée Ier, pour évoquer le respect des auto-rités religieuses et de la place des minorités. Le patriarche m'afait part de son appréciation positive sur la façon dont les chosesévoluent en Turquie.

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Perspectives diplomatiqueset relations parlementaires

Page 28: Journal du Parlement Special Turquie

Présidée par Mehmet Ali Sahin, implantée àAnkara, Türkiye Bûyük Millet Meclisi (T.B.M.M), la Grande Assemblée nationale de Turquie, est de

structure monocamérale. Détentrice du pouvoir légis-latif, elle comporte 550 membres dont 50 femmes, élus au scrutin direct. Le dernier renouvellement deT.B.M.M a eu lieu le 22 juillet 2007 pour une durée de législature de 4 ans.

La loi électorale en date du 1er janvier 1900 définit 79 cir-conscriptions plurinominales correspondant aux provincesdu pays. Le mode de scrutin est un scrutin direct de listeavec répartition proportionnelle des sièges selon la méthoded'Hondt avec des options limitées et un système de doublebarrage (au niveau local et national). Le candidat d'un partipolitique ne peut donc être déclaré élu que si sa formation :

- est bien implantée sur au moins la moitié des provinceset un tiers des districts provinciaux,

- a présenté deux candidats à chacun des sièges duParlement dans au moins la moitié des provinces,

- a recueilli au moins 10% du total national des suffragesvalables

- a également obtenu dans la circonscription concernée unnombre de suffrages valables au moins égal au quotientélectoral simple applicable.

En cas de vacances de sièges en cours de législature, il estprocédé à des élections partielles sous réserve de certainesconditions ou exceptions.

Le vote est obligatoire, l'abstention étant punie d'une amen-de. Est électeur tout citoyen turc âgé de 18 ans. Peut êtrecandidat : tout citoyen turc éligible, âgé de 30 ans, ayantaccompli ses obligations militaires (pour les hommes).Certaines professions sont jugées incompatibles, exemple :magistrat, fonctionnaire, professeurs d'université ou militaire.Trois conditions pour être candidats: présentation par un partiou à titre indépendant; appui d'un certain nombre d'élec-

teurs (variable selon la population des circonscriptions); caution équivalant à 30 000 US$, non remboursable.Au total ce sont 14 partis et 7 395 candidats qui se sontprésentés aux élections de 2007.

A ce jour la Grande Assemblée Nationale est ainsi composée

- Parti de la justice et du développement (AKP) : 341 membres.

- Parti populaire républicain (CHP) : 99

- Parti d'action nationaliste (MHP) : 70

- Parti de la société démocratique (DTP) : 20 *

- Parti de la gauche démocratique (DSP) : 13 *

- Parti de la liberté et de la solidarité (ODP) :1 *

- Indépendants : 5

- Sièges vacants : 1

* Partis constitués après les élections

Désignation du Président

Le Président de la Grande Assemblée Nationale turque estélu pour 2 ans. Il est désigné par tous les Membres de laGrande Assemblée. Son élection a lieu au début de la ses-sion après validation des mandats et prestation de serment.

Tout membre formellement candidat peut être élu. Le vote sefait à scrutin secret. Est demandée la majorité des deux tierspour les deux premiers tours, la majorité absolue pour letroisième tour, la majorité simple pour le quatrième tour.

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Un système parlementaire à une seule chambre

Le ournal du ParlementJ Turquie

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Page 29: Journal du Parlement Special Turquie

Deuxième personnalité de l'Etat, il assure : l'intérim du Chefde l'Etat en son absence, la représentation de l'Assemblée ausein des pouvoirs publics ainsi que celle de l'Assemblée ausein d'organes internationaux. En cas de vacance, la sup-pléance est assurée par un des Vice-présidents désigné parle Président.

Le bureau présidentiel est composé du Président, de quatreVice-présidents, de trois membres administratifs et de septmembres. Leur mandat est identique à celui du Président.Il se réunit à l'initiative du Président.

Domaine d'activité de la T.B.M.M

Une formation /initiation aux procédures parlementairesà l'intention des parlementaires est dispensée par leSecrétariat général de la Grande Assemblée nationaleturque.

Les parlementaires ont l'obligation de présence en séanceplénière. En cas de manquement à cette obligation la sanctionprévue est la perte du mandat (art 84, al 1 de la Constitution).

Le contrôle parlementaire s'exerce sur :

- le système politique

Au cœur de ce système parlementaire à une seule chambre,le Président, Chef de l'Etat, est élu par la T.B.M.M, en sonsein ou parmi les citoyens qui remplissent les conditionsd'éligibilité au mandat de député (art. 101 de laConstitution).

La proposition d'un candidat à la présidence ne faisant paspartie du parlement doit être formulée par au moins uncinquième de tous les membres de l'assemblée.

Le Premier ministre est nommé par le Président parmi lesparlementaires. Les ministres sont proposés par le Premierministre et nommés par le Parlement. Le Président est élupour un mandat de sept ans (art.101 de la Constitution) et nepeut être élu une seconde fois.

- la comptabilité

Le contrôle du Gouvernement est assuré par les questionsécrites et orales des parlementaires. La T.B.M.M procèdeaux votes de confiance sur les programmes gouvernemen-taux et /ou les projets législatifs. Elle peut destituer ou mettreen accusation des membres du gouvernement.

- l'administration gouvernementale.

Le Parlement exerce un contrôle sur les actions de l'admi-nistration par des auditions en commission. L'enquêteparlementaire est une méthode qui s'inscrit dans le cadredes compétences de contrôle et de recherche du parle-ment.

- le budget

Le Conseil des ministres soumet au Parlement les projets debudgets généraux et subsidiaires ainsi que le rapport conte-nant les estimations budgétaires nationales (art.162 de laConstitution).

- l'exécution du budget et des dépenses publiques

Les avants projets de comptes définitifs doivent être soumisau Parlement par le Conseil des ministres dans un délai desept mois par rapport à l'année fiscale.

- la politique étrangère

Le Parlement exerce un contrôle de la politique étrangèrepar l'intermédiaire de la Commission des affaires étrangères.La composition de la Commission reflète la force numériquede chaque parti au Parlement.

La ratification des traités conclus avec des Etats étrangers etdes organisations internationales au nom de la Républiqueest soumise à l'adoption par le Parlement d'une loi approu-vant leur ratification (art. 90 de la Constitution). Les accordsconcernant les relations économiques ou commercialesainsi que les droits privés des individus ne peuvent pas êtreappliqués s'ils n'ont pas été promulgués.

- la politique de défense nationale

Le contrôle est exercé par l'intermédiaire de la Commissionde défense nationale. Le pouvoir d'autoriser la déclarationde l'état de guerre dans les cas jugés légitimes par la loiinternationale et, à l'exception des cas prévus par les traitésinternationaux dans lesquels la Turquie est partie prenanteou par les règles de la courtoisie internationale, de deman-der l'envoi de forces armées dans un pays étranger et de per-mettre le stationnement de forces armées étrangères sur leterritoire de la Turquie, appartient à l'Assemblée Nationale(art. 92 de la Constitution

- l'état d'urgence

Le Parlement ne peut prendre l'initiative de déclarer l'étatd'urgence. Cependant, en cas de déclaration de l'étatd'urgence ou de la loi martiale, La décision est publiée auJournal officiel et est immédiatement soumise à l'approba-tion de l'Assemblée Nationale.

- la constitutionnalité et la mise en application des lois

Le Président, les groupes parlementaires du parti au pouvoiret du principal parti d'opposition et au moins un cinquièmede tous les parlementaires ont le droit de faire un recours enannulation devant la Cour constitutionnelle, sur la based'une assertion d'inconstitutionnalité des lois, sur la formeou sur le fond, des décrets ayant force de loi, des règles deprocédure ou d'articles et dispositions de ceux-ci.

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Perspectives diplomatiqueset relations parlementaires

Page 30: Journal du Parlement Special Turquie

La France entretient avec la Turquie une relation forte fondée à la fois sur unelongue histoire partagée et un dialogue approfondi et constant sur les ques-tions d'intérêt commun. Aujourd'hui, les deux pays travaillent à dépasser leurs

divergences et à intensifier les échanges bilatéraux sur les plans tant politiquequ'économique ou culturel.

Selon vous, sur quelles valeursdoivent reposer les relationsentre la France et la Turquie ?

La France et la Turquie sont deuxgrands pays du bassin méditerra-néen. La qualité de leurs relationsest nécessaire à l'équilibre de cetterégion. Il existe aujourd'hui unpoint de désaccord, qui porte surla démarche d'adhésion de laTurquie à l'Union européenne.

Personne ne peut dire qu'une telle demande de la part de laTurquie serait illégitime. Mais personne ne peut non pluscontester qu'aujourd'hui la priorité de l'Europe soit de s'orga-niser plutôt que de s'élargir. Il faut en débattre sereinement etdans le respect mutuel.

Quelle est la réalité des échanges entre parlemen-taires des deux pays ?

Pendant longtemps, ces échanges n'ont pas été très nourris.J'ai souhaité profiter de la saison de la Turquie à Paris pourresserrer les liens. Les tensions diplomatiques exigent des rela-tions personnelles plus suivies. A l'image de nos concitoyens,beaucoup de parlementaires français ne connaissent pasassez la Turquie qui, de tous les pays méditerranéens, estpeut-être celui dont l'avenir est le plus prometteur.

Quels enseignements réciproques peuvent-ils en tirer ?

Je ne peux pas répondre pour mes amis Turcs. Mais je consta-te que tous les Français qui découvrent la Turquie sontimpressionnés par le dynamisme et la modernité de ce pays.

L'économie, la société, la diplomatie de la Turquie sont enpleine « rénovation ». C'est une évolution que nous devonsencourager.

Quelles difficultés doivent être dépassées ?

Du côté français, je vois deux difficultés. D'abord, la mécon-naissance de la Turquie, je n'y reviens pas. Ensuite, la craintede la « déferlante islamique ». La connaissance réciproque etle respect mutuel sont les meilleures protections contre le chocdes civilisations. Dans ce débat difficile, le rôle de la Turquie,Etat laïc et pont entre l'occident et l'orient, est déterminant.

Que peut-on attendre du processus d'UnionMéditerranéenne ? Quelle peut-être la place de laTurquie dans cette optique ?

L'Union pour la Méditerranée est un superbe projet. Lesenjeux qui s'y attachent pour la paix du monde sont tout sim-plement vitaux. Et, par sa position stratégique, son poidsdémographique, son dynamisme économique, la qualité deses élites, la Turquie y jouera un rôle majeur. Si, quelques moisaprès son élection, Barack Obama est venu y passer trois jours,est-ce sans raison ?

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Michel Diefenbacher

Croiser les expériences

Le ournal du ParlementJ Turquie

Cordoue Confluences, partie prenante de la Saisonde la Turquie en France

échanges entre citoyens du pourtour méditerranéen.Labellisée par le Comité mixte d'organisation de la mani-festation, et à ce titre faisant partie intégrante du pro-gramme officiel de la Saison, elle entend faire connaîtrele caractère multiculturel de la Turquie, et notammentl'histoire unique des Juifs qui y ont vécu depuis plus de600 ans en paix ; elle entend également débattre ducaractère unique de la démocratie turque dans le mondemusulman, de son modèle laïc, inspiré pour partie del'exemple français ; elle entend enfin s'interroger sur laplace de la Turquie au Proche-Orient et son rôle poten-tiel dans la résolution du conflit israélo-arabe.

Page 31: Journal du Parlement Special Turquie

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Les relations entre parlementaires sont nombreuses et s’approfondissent à l’occasion de la Saison de la Turquie en France. Ainsi, le Sénateur Jacques Blanc,Président du Groupe d’Amitié France-Turquie, a accompagné Gérard Larcher,

Président du Sénat, à Ankara et Istanbul du 16 au 18 septembre dernier, à l’invitation duPrésident de la Grande Assemblée nationale de Turquie (GANT) M. Mehmet Ali Sahin.

Vous présidez le groupe d’ami-tié France-Turquie du Sénat. Surquelles bases les relations entreparlementaires doivent-elles sedévelopper ?Elles se développent sur la based’un rapport de confiance etd’échange entre parlementaires dedeux grandes nations européennes,riveraines de la Méditerranée. Lesrencontres, qui ont lieu plusieursfois par an, sont le fruit d’une

volonté commune de préserver des liens amicaux déjà anciens.Lorsque des questions de politique intérieure viennent leséprouver, le dialogue entre les deux assemblées permet d’éviterle pire dans les moments difficiles. Ces relations s’inscriventdans une perspective de long terme. Elles sont appelées à s’élar-gir, notre objectif étant de mieux faire partager à nos collègues,mais aussi aux élus et aux habitants de nos territoires, notreconnaissance de la Turquie. La Saison de la Turquie a permis àcertains de nos membres d’organiser des manifestations dansleurs départements respectifs. Ainsi a été récemment menée auSénat une table ronde réunissant la commission des droits del’homme de la GANT, qui s’informait sur l’intégration des popu-lations d’origine turque, les maires de communes où vivent enmajorité ces personnes, et des présidents d’association.

A propos de la réunion du conseil académique del'Université de Galatasaray, en soutenant la coopérationet l’influence françaises en matière éducative mais aussien matière de droit, le processus de réformes législativesse voit-il conforté ?Cela ne va pas de pair mais y contribue, et ce d’autant plus queles étudiants d’aujourd’hui seront les acteurs du dialoguefranco-turc de demain. La connaissance est toujours un outil efficace pour faire avancer une nation, quelle qu’elle soitd’ailleurs. La Turquie a hérité d’une forte tradition française dansl’organisation de son système éducatif et de son administration,considérés au 19ème siècle comme les fleurons de sa modernisa-tion. Sur le plan des réformes en cours, la phase de pré-adhésion engage fortement la Turquie à les poursuivre. Mais c’est

un processus de longue haleine, et il faut laisser du temps àAnkara pour les mettre en œuvre. Dans la dernière communica-tion de la Commission européenne sur la stratégie d’élargisse-ment de l’Union, le 14 octobre dernier, le bilan, bien qu’en demi-teinte du fait d’un ralentissement du rythme des réformes, resteencourageant. Ainsi trois ans et demi après le début du proces-sus, 11 chapitres sont ouverts (dont deux au cours de la présiden-ce française du Conseil) et un chapitre est clos. Des progrès ontdéjà été accomplis dans les domaines de la réforme du systèmejudiciaire, des relations entre les sphères civile et militaire et desdroits culturels. D’importants efforts sont encore nécessaires enmatière de démocratie et des droits de l’homme, de lutte contrela criminalité mais aussi de liberté d’expression ou de culte. LaFrance a bien évidemment son rôle à jouer en termes d’accom-pagnement sur cette voie. Les échanges au sein de la société civile ne peuvent qu’y participer et donc être encouragés.Naturellement, des institutions comme l’Université deGalatasaray peuvent, par la formation et la recherche, constituerdes leviers efficaces. Mais je situe les relations davantage sur leplan de coopérations bilatérales car la Turquie dispose d’un sys-tème éducatif et universitaire de grande qualité et très efficient.

Vous avez indiqué que le Comité des régions d'Europeavait proposé d'établir des liens entre les élus européenset les maires turcs. Où en est-on sur ce sujet ? Tout-à-fait, et c’est déjà une réalité. Au Comité des régions(CDR), dans le cadre de la Commission Relex dont je suismembre, un groupe de travail sur les relations avec la Turquie aété constitué en 2006. Il est composé de 11 membres et seréunit deux à trois fois par an avec des invités de villes turqueset divers intervenants en fonction des sujets débattus. Il permetde développer le dialogue politique entre les élus locaux, etd’échanger autour des bonnes pratiques, sur des thèmes trèsdivers comme le patrimoine culturel, le sécularisme, la gestiondes fonds européens… Le groupe se délocalise en Turquie unefois par an, et à ce titre je me rendrai à Izmir en janvier pro-chain. Son objectif est de renforcer la compréhension mutuelleet, au-delà, de soutenir l'intégration de la Turquie dans l'UE.Mais il reste pour l’instant informel car le Comité des régionsattend une demande officielle du gouvernement Turc pourl’institutionnaliser.

Jacques Blanc Sénateur de la Lozère, Président du Groupe d’amitié France-Turquie au Sénat

«Etablir le dialogue dans la durée»

Turquie

Perspectives diplomatiqueset relations parlementaires

Le ournal du ParlementJ

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Une économieintégrée à l'europe

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Page 34: Journal du Parlement Special Turquie

Parmi les pays émergents, la Turquie est celui qui a connu la plus forte progressionderrière la Chine, l’Inde et la Russie entre 2000-2008.

Comment appréhendez-vousla Turquie aujourd’hui ?

La Turquie est aujourd’hui unpays en véritable métamorphoseet sur tous les plans.

D’abord sur le plan économique ;la dynamique de l’économieturque s’inscrit dans un mouve-ment plus large, celui de la mon-tée en puissance des grandsblocs démographiques des pays

émergeants, le fameux E7 selon l’expression du cabinetPriceWaterhouseCoopers.

Parmi eux, la Turquie est celui qui a connu la plus forteprogression derrière la Chine, l’Inde et la Russie entre 2000-2008. 17ème économie mondiale, la Turquie s’est dotée d’uneindustrie diversifiée, un pays exportant des capitaux et donnant naissance à des entreprises multinationales encompétition pour des positions leaders de leurs domaines.

Sur le plan géopolitique, la Turquie a pris conscience de sagéographie et de son histoire et a commencé à vaincrel’inertie créée par la période post-traumatique de l’effondre-ment de l’Empire Ottoman et des années d’occupation aprèsla première guerre mondiale.

L’effondrement de l’Empire Soviétique, la fin de la guerrefroide et la modification du centre de gravité du continenteurasiatique ont permis enfin, lentement mais assurément, àla Turquie de prendre conscience de la place privilégiéequ’elle occupe au centre du «continent» d’Euro-Asie, danscette région intermédiaire allant de la Mer Adriatique à laMer Caspienne. Les Turcs pensent de plus en plus quel’évolution économique et institutionnelle interne de leurpays n’est pas nécessairement tributaire d’une dynamiqueunique et externe.

Forte de cette prise de conscience, la Turquie recentre sonrôle dans la zone intermédiaire. Son influence s’exerce parune politique dynamique, équilibrée, diversifiée mais aussifondée sur une coopération pacifique avec tous les pays dela zone intermédiaire.

Enfin, sur le plan culturel et artistique, cette métamorphoses’est traduite par la transformation d’Istanbul en unemégapole liée à l’économie mondiale mais aussi en capita-le culturelle, artistique et de loisirs de cette région. La mode,les créations artistiques (cinéma, théâtre, peinture, danse,musique, etc.) l’innovation et l’éducation connaissent uneévolution spectaculaire donnant conscience à cette capitalede sa vraie identité cosmopolite, au carrefour d’anciennespuissances industrielles et de nouvelles puissancesémergeantes et au milieu de la nouvelle route de la soie (lesroutes d’énergie et de télécommunication).

Comment analysez-vous ses capacités de rebond ?

Si la Turquie est un des pays émergents qui a connu la plusforte croissance sur une longue durée (25 ans), elle estégalement le pays le plus sensible, avec le Mexique, auxchocs conjoncturels. L’économie turque connait une trèsforte volatilité avec des fluctuations de très forte amplitude.

La dernière crise ne fait pas exception, la Turquie a connuaux trimestres les plus forts de la crise, des récessions allantde -7% à -15%. Elle a démontré sa très forte sensibilité, avecle Mexique et la Russie, à la crise économique alors que laChine, l’Inde et l’Indonésie ont continué à croître.Cependant, contre toute attente, l’économie turque a connuune croissance de 6% au dernier trimestre de 2009 rame-nant le niveau de récession a -4.7 % au lieu de -6 % prévupour l’année 2009.

Tout cela montre la flexibilité économique de la Turquie quis’opère dans les deux sens. Personnellement, je prévoyaisune sortie de crise en V spectaculaire et rapide pour la

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Tugrul Atamer Doyen de la faculté, EM LYON Business School

Le ournal du ParlementJ Turquie

La Turquie est aujourd’hui un paysen véritable métamorphose

Page 35: Journal du Parlement Special Turquie

Turquie. Apparemment, ce qui se passe confirme cetteprévision et montre sa forte capacité de rebond.J’ajouterai que cette flexibilité ne se limite pas à l’économie.Sur le plan institutionnel et social, la récession très forte de l’éco-nomie turque entre le dernier trimestre de 2008 et jusqu’au4ème trimestre de 2009 (avoisinant les alentours de -10 %) n’a pastrop perturbé la stabilité sociale et institutionnelle.

De même, la Turquie, sur le plan politique, connaît des ten-sions extrêmes qui donnent parfois à l’extérieur l’imaged’une société au bord de l’explosion mais chaque fois, lepays rebondit par une forme de jeu d’équilibre unique aumonde. Les forces contraires ont appris à négocier pour défi-nir une certaine manière de coexister et de se tolérer.

Comment va, selon vous, évoluer la Turquie ?

A court et à moyen terme, l’évolution de la Turquie s’inscritdans l’approfondissement des tendances actuelles : la prisede conscience de l’espace géopolitique occupé, une plusgrande paix avec sa propre identité et une évolution versune société multiculturelle dépassant les crispations entreles modes de vie portés par les «laïcs kémalistes» et les«conservateurs musulmans».

Une société plus apaisée est en instance de se forger dupoint de vue de la coexistence des modes de vie, des

cultures et des ethnies. Cela signifie une plus grande stabili-té politique et une confiance en soi plus importante.

Les évolutions dans la région sont déterminantes pour l’évolution à plus long terme de la Turquie : celles de laRussie et de l’Ukraine, la détente dans le Caucase et l’AsieCentrale, la paix en Irak et la plus grande ouverture de l’Iranvers le monde extérieur et vers la sécularisation, sont deséléments qui peuvent permettre à la Turquie d’aller plusrapidement, vers le milieu du siècle, dans la position des10 plus grandes puissances du monde (8ème mondial et3ème européen derrière l’Angleterre) selon la BanqueGoldman Sachs.

A quel monde la Turquie appartiendra-t-elle au termede cette évolution ?

Difficile à dire dès aujourd’hui. Mais les Turcs doivent réflé-chir et saisir la portée d’un monde multipolaire en train denaître devant leurs yeux. Le centre de gravité du «continent»d’Eurasie bascule vers l’Est de ce méga-continent. La Turquiese trouve au centre de la région intermédiaire. Les optionssont multiples. Mais les pays émergents, en tout cas lesgrands blocs historiques des pays émergents, écrivent unenouvelle histoire. La Turquie ne doit-elle pas peser davanta-ge du côté de ceux qui redéfinissent le nouvel ordre économique et moral mondial ?

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Une économie intégrée à l’Europe

Page 36: Journal du Parlement Special Turquie

L’économie turque est-elle entrain de rebondir ?

Elle rebondira - nous en voyonsles signes précurseurs - mais selonun profil relativement nouveau. Lacapacité de financement desgrandes entreprises, le potentielde demande intérieure, et le bonétat du secteur financier sont desatouts importants dans la reprise,et présentent un profil plus favo-

rable que dans les reprises précédentes. Par contre, les mar-chés d’exportation sont bien moins dynamiques et il n’y apas eu de forte dépréciation de change et d’accélération d’in-flation (réduisant les salaires réels) exerçant un choc positifde compétitivité. Le rebond turc sera cette fois plus graduel,plus typique d’une économie plus stabilisée et plus mûre.

Quel est le potentiel de croissance à plus long terme ?

La Turquie a actuellement un potentiel de croissancetendancielle que nous évaluons à plus de 4% par an. Enmême temps, elle est en train d’acquérir de nouveaux res-sorts de croissance, liés, par exemple, à son évolution encentre industriel du Moyen-Orient : en 2009, plus de 20%des exportations totales turques ont été destinées aux paysdu Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, et les régions spé-cialisées dans ces exportations ont augmenté leur activité etleur emploi, malgré la crise. En même temps, nous pensonsque la Turquie a un potentiel plus fort que son sentier decroissance actuel : une croissance supérieure faisanthonneur à toutes les ressources du pays, notamment à sacapacité d’emploi, serait possible.

De quoi dépendrait la transition à un sentier de croissance plus fort ?

D’une plus grande compétitivité de l’économie et d’une plusgrande capacité à employer la population en âge de tra-vailler. La Turquie a à cet égard des atouts nouveaux : le coûtdu capital est en train de baisser remarquablement, reflétant des primes de risque plus faibles dues à une crédibilité macroéconomique accrue. Une croissance des flux d’inves-

tissements étrangers est aussi anticipée, avec son escorte detransferts technologiques, de gain de compétitivité et dedéveloppement de capital humain. Tout cela est le fruit de lamaturation de l’économie comme une économie de marchéplus avancée. Une économie plus compétitive soutenu parun cadre réglementaire plus moderne attirerait encore plusd’investissements étrangers tournés vers l’exportation.

En quoi consiste exactement cette «maturation» ?

Au plan macroéconomique la Turquie a mis en place uncadre de politique monétaire et fiscale plus stable etcrédible. Ces politiques commencent à exercer les effetsnormaux qu’elles ont dans les économies de marchéavancés : l’assouplissement monétaire et fiscale face auralentissement conjoncturel ne provoque plus d’inquiétudedans les marchés, et exerce des impacts bénéfiques, commeil a été constaté pendant la dernière crise. La maturation auplan microéconomique concernerait la réglementation plusmoderne, ouverte et flexible des marchés de produits et detravail, mais qui serait pleinement appliquée, à la placed’une application seulement partielle (incomplète) d’uncadre légal et réglementaire lui-même inadapté, comme parle passé. Cette transition est cruciale pour la Turquie. Lepays a fait d’importants pas dans cette transition mais ledéplacement n’est pas encore achevé.

Est-ce que le monde extérieur valorise la Turquie à sajuste valeur ?

Cela dépend très fortement des contextes : I) le marchéglobal des capitaux a une perception très positive desperspectives économiques de la Turquie ; II) les investisseursétrangers déjà familiers avec la Turquie sont très positifs ;III) la perception des gouvernements des pays de l’UnionEuropéenne présente plus de variabilité ; et IV) les agencesde notation nous paraissent avoir une lecture relativementéquilibrée de la position actuelle du pays. Pour notre prochaine Étude Économique de l’OCDE sur la Turquie nousavons réalisé un examen approfondi du statut de la Turquiedans les marchés internationaux, à partir de sa prime derisque et de sa notation, qui semble montrer que ce statut est en train de converger avec les objectifs fondamentauxdu pays…

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Rauf GonencEconomiste en Chef à l’OCDE

L’économie turque :

mûrir sans s’alourdir…

Le ournal du ParlementJ Turquie

Une économie intégrée à l’Europe

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Page 38: Journal du Parlement Special Turquie

L'Agence turque pour la promotion et le soutien à l'investissement(Invest in Turkey), rattachée au Premier ministre de Turquie, multi-plie les initiatives avec beaucoup de dynamisme pour promouvoir

les atouts économiques, touristiques et culturels du pays. Entretien avecM. Alpaslan Korkmaz, son Président.

L'Agence Invest in Turkey remplittrois missions complémentaires : lapromotion de la Turquie dans lemonde, le soutien aux investisseursinternationaux et la sensibilisationdes pouvoirs publics turcs, pouraméliorer l'environnement d'af-faires et faciliter le développementd'un projet ou d'un investissement.

Elle développe à la fois un marke-ting global, quel que soit le lieu, et

un marketing spécialisé, adapté à chaque pays. Elle estimplantée en Turquie comme à l'étranger, dans 23 pays etzones, dont la France. Ses relais sont nombreux et variés : enTurquie, elle dialogue notamment avec les administrationscentrales, les pouvoirs publics locaux, le Parlement, les orga-nisations patronales, les chambres de commerce et les asso-ciations d'investisseurs. A l'étranger, elle coopère avec laBanque Mondiale, comme avec les gouvernements et orga-nismes chargés des questions économiques avec lesquels elledéveloppe notamment des études conjointes.

Pouvons-nous évoquer quelques actions concrètes, pourfaciliter les investissements internationaux en Turquie ?

Le rattachement direct de l'Agence au Premier ministre marquela volonté du Gouvernement de développer les conditionsd'un accueil optimal des investisseurs internationaux enTurquie et de lever autant que faire se peut les éventuellesentraves aux projets d'affaires.

A titre d'exemple, l'Agence est intervenue récemment pourfaire évoluer le régime appliqué aux investisseurs en Turquieen matière de recherche et de développement. Nous noussommes adressés alors tant aux fonctionnaires chargés del'élaboration du projet de loi qu'aux parlementaires auxquelscelui-ci était soumis.

Par ailleurs, elle a été saisie de la demande de sociétés inter-nationales de faciliter l'obtention de permis de travail decadres et salariés expatriés ; nous avons alors attiré l'attentiondu ministère du travail sur la nécessité d'adapter les règles envigueur ; parallèlement, et sans attendre, nous avons propo-sé d'instruire directement les dossiers des entreprises, de lesvérifier et les valider, avant de les transmettre au bureauconcerné au ministère, accélérant ainsi la procédure.

Enfin, les synergies étroites avec les services de l'emploi sontprécieuses, pour répondre aux besoins de recrutement dessociétés nouvellement implantées. Sur cette base, l'Agenceeffectue également une veille prospective…

Quel bilan tirer de l'action de l'Agence depuis sacréation il y a trois ans ?

Invest in Turkey est intervenue au total sur 1500 projets d'af-faires internationaux en Turquie, avec une implication variable.Certaines entreprises ont souhaité un appui large - des premierscontacts au choix de la localisation et aux demandes d'aides àl'investissement, en passant par la recherche de partenaires etla recherche de collaborateurs - tandis que d'autres ont sollici-té une aide ponctuelle, sur un point particulier.

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Alpaslan KorkmazPrésident de Invest in Turkey

La Turquie, naturellement !

Le ournal du ParlementJ Turquie

Page 39: Journal du Parlement Special Turquie

Notons que, sur ces 1500 projets, l'Union européenne esten tête, certains pays étant plus particulièrement représen-tés en son sein comme l'Allemagne, la France, l'Italie et laGrande Bretagne ; viennent ensuite les Etats-Unis, les Paysdu Golfe, la Chine, l'Inde et le Japon (1). L'intégration éco-nomique de la Turquie dans l'Union européenne ne fait pasdébat…

Au cours de la seule année 2009, l'ISPAT a effectué 287 rap-ports sectoriels, réalisé 45 séminaires internationaux, dontl'un, en décembre, dans le cadre prestigieux du Palais duLuxembourg, et 85 en Turquie. Il est vrai qu'elle bénéficied'une équipe très motivée de 80 collaborateurs, à Ankara,Istanbul et dans le monde.

Quel est votre message prioritaire en direction desinvestisseurs français qui recherchent de nouveauxdébouchés, face à la conjoncture difficile queconnaissent de nombreux pays ?

Si elle a pâti de la baisse de ses exportations vers l'Unioneuropéenne en 2009, la Turquie n'a pas été touchée directe-ment par la crise financière et renouera avec la croissance en2010. C'est ce que montrent différentes analyses statistiques,dont celle de la Banque Mondiale et de l'OCDE. Elle poursuitsa marche vers l'Europe en renforçant ses atouts. La Turquieest déjà 15ème puissance économique mondiale et 6ème auniveau européen.

Elle parie résolument sur son avenir : pour la première fois deson histoire, le ministère de l'éducation reçoit la dotationbudgétaire la plus élevée depuis 6 ans continuellement. C'estun signe qui ne trompe pas…

De la croissance économique à la fiscalité attractive et aumarché intérieur porteur, les investisseurs y bénéficientd'atouts décisifs sur lesquels nous continuerons à mettrel'accent en 2010 !

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Invest in Turkey, une agence jeune… mais talentueuse !

Rattachée au Premier ministre de Turquie, l'Agence Invest in Turkey présente les opportunités que recèle le pays à lacommunauté d'affaires internationale et apporte aux investisseurs le soutien nécessaire avant, pendant et après leur arrivée. Elle compte 16 représentants dans 23 pays, la Belgique, le Brésil, le Canada, le Chili, la Chine, la France,l'Allemagne, l'Inde, Israël, l'Italie, le Japon, le Kazakhstan, le Luxembourg, l'Arabie saoudite, l'Espagne, les pays du Golfe(Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Emirats arabes unis), la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. En Turquie, son équipe parle le turc, comme le français, l'espagnol, l'italien, l'anglais, l'allemand, le russe, l'arabe, le chinois, le japonais et le coréen. Son champ d'action est vaste : informations relatives au marché ; analyse sectorielle ;évaluation des conditions d'investissements ; sélection de sites ; recherche de partenaires ; négociations avec les pouvoirspublics ; simplification des procédures ; visas et permis de travail…. Elle présente un fort dynamisme, classée 15ème sur181 agences par le «Global Investment Promotion Benchmarking 2009», après seulement trois années d'existence, sa ges-tion des demandes étant jugée «concise et percutante».

Dix raisons d'investir en Turquie

1 le succès économique : avec un PIB en croissancede près de 7% au cours de la période 2003 - 2008et le rang de 15ème économie mondiale, et de6ème dans l'Union européenne.

2 une population de 72 millions d'habitants, âgée enmoyenne de 28,5 ans.

3 une main d'œuvre qualifiée et rentable, avec,en 2008, 450 000 diplômés de l'université.

4 un climat d'investissement libéral qui a attiré déjàplus de 21 000 sociétés à capitaux internationaux.

5 des infrastructures récentes et qualitatives,terrestres, maritimes et aériennes.

6 une situation centrale, passerelle naturelle sur lesaxes Est-Ouest et Nord-Sud.

7 un pays clé en matière d'énergie, avec, lorsque les projets en cours seront terminés, une capacitéde transport annuelle de 221 millions de tonnesde pétrole et 43 milliards de m3 de gaz naturel.

8 des taxes réduites, avec, notamment un impôt surles sociétés allant de 2% à 20% max

9 une Union Douanière avec l'Union européenne

10 un vaste marché intérieur, avec, à titre d'exemple,30 millions d'utilisateurs d'Internet en 2008 contre4 millions en 2002 ; 66 millions d'utilisateurs de télé-phones mobiles en 2008 contre 23 millions en 2002 ;44 millions d'utilisateurs de cartes de crédit en 2008contre 16 millions en 2002.

Pour aller plus loin : www.invest.gov.tr

(1) le Japon devance l'Inde, si l'on raisonne en flux cumulés

Une économie intégrée à l’Europe

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Synthèse des interventions et discours prononcés lors du «Colloque surles investissements croisés France Turquie» qui s’est tenu au Sénat le7 décembre 2009

Peu de pays sont aussi mal connus en France que la Turquie,pourtant à 3 h 30 d’avion de Paris. Organisé par «Invest inTurkey» avec des partenaires français, le colloque du Sénat du7 décembre 2009 avait pour objectif de pallier cette lacune.Pour l’occasion, le ministre turc des Finances, MehmetSimsek, était présent.

Déjà 15e économie mondiale, la Turquie, si l’on en croit lesprévisionnistes de Goldman Sachs, se sera hissée, vers 2040,à la 9e place… tandis que la France serait reléguée quelquepart au-delà du 10e rang (!). Des projections inquiétantes côtéFrance, certes, mais qui, si elles s’avéraient exactes, démontre-raient d’emblée que laisser perdurer le relatif désintérêt fran-çais pour ce grand pays de 72 millions de consommateursconstituerait assurément une grave erreur stratégique, écono-mique et politique.

Certes, la France est le 2e investisseur en Turquie (en capitalcumulé) et le 6e fournisseur de la Turquie, avec plus de 5 Mdseuros d’exportations en 2009 mais seules quelque 300 entre-prises françaises ou filiales sont présentes sur place. Cela nereprésente pas grand chose, finalement, comparé aux concur-rents européens – Allemands et Italiens surtout – ainsi qu’à laprésence française dans d’autres régions méditerranéennes,alors que le PIB de la seule Turquie, à 741,8 Mds $ en 2008,est 2,6 fois supérieur à celui, cumulé, des trois pays duMaghreb ( 276,7 Mds euros). Et cette faiblesse de la présencefrançaise représente un handicap certain si l’on prend enconsidération le potentiel turc.

C’est ce potentiel, justement, que François Bernard, Directeurpour la France de l’agence gouvernementale «Invest inTurkey», a eu à cœur de mettre en valeur, avec ce colloqueorganisé au Sénat. Pour cela, il n’a pas hésité à déplacer enpersonne le ministre turc des Finances, Mehmet Simsek.

Pour M. Simsek, il est notable de constater qu’en quelquesannées les échanges franco-turcs ont plus que doublé, passantde 5,2 Mds euros en 2002 à 11 Mds euros en 2009. Mais,s’empressa-t-il d’ajouter, nos relations ne sont pas que commerciales : «La France est pour nous depuis toujours une source d’inspiration et il est regrettable qu’elle puisses’enfermer dans un «populisme de court terme», au détri-ment d’une vision stratégique de long terme», déclara-t-il ensubstance.

«Certes, admit-il non sans un certain humour, « les Turcs nesont pas parfaits… mais nous faisons des efforts ! La conver-gence [avec les standards européens] est en train de se pro-duire. Pas seulement en termes économiques, mais aussidans les aspects politiques et sociaux (…) Il est très impor-tant pour nous que la Turquie continue de s’ancrer àl’Europe. Et si la France est pour nous une source d’inspira-tion, nous souhaitons aussi qu’elle soit un partenaire de pre-mier rang ».

Disant cela, le ministre renvoyait un écho positif à l’allocutionliminaire du sénateur Jacques Blanc, président du grouped’amitié France-Turquie, et qui avait plaidé pour «une dyna-mique forte de retour à la confiance entre les deux pays».

Une dynamique d’ailleurs déjà à l’œuvre, et démontrée, selonlui, par le succès de l’actuelle Saison de La Turquie en France,mais qui reste à confirmer par l’accroissement croisé desinvestissements entre les deux pays, car, estime le sénateur,«si les politiques interviennent parfois au détriment de larationalité économique, bien souvent les tendances forteséconomiques préfigurent l’évolution du politique… ».

Sur cette question de l’investissement, Henri de Castries, pré-sident du directoire de l’assureur AXA – et de la Saison de la

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La Turquie: un (futur) géant

économique …

trop méconnu en France !

Le ournal du ParlementJ Turquie

Page 41: Journal du Parlement Special Turquie

Turquie en France –, avait également appelé à leur renforce-ment, car «la croissance mondiale sera tirée par les paysémergents, et la Turquie est de ceux-là, tout près de nous».

D’autre part, ajouta-t-il, «nous ne connaissons quasiment quedes exemples de réussite d’investissements français enTurquie. Je crois qu’il y a trois raisons essentielles à cela :une législation réellement ouverte aux IDE, et il faut icisaluer l’effort impressionnant accompli depuis six ans en cesens ; un secteur financier et bancaire turc solide, qui adémontré une bonne capacité de résistance face à la crise ;enfin, la qualité des équipes sur place – Axa, présente enTurquie, peut en porter témoignage – et la qualité reconnuede l’enseignement en Turquie, de l’école à l’université…Pour toutes ces raisons, il serait dommage que nos relationssi anciennes ne soient pas dynamisées au mieux, dans l’in-térêt commun de deux pays».

Des résultats et des perspectives très prometteuses

Les orateurs experts qui succédèrent aux trois personnalitésillustrèrent chacun une partie des performances turques.

Alpaslan Korkmaz, Président de l’agence gouvernementale«Invest in Turkey», s’attacha à mettre en avant les indicateursde la modernité économique et sociale turque : sur 72 millionsde Turcs, 66 millions sont abonnés au GMS, 30 millions àl’Internet, 44 millions disposent d’une carte bancaire… Le payscompte aujourd’hui 423 chaînes de TV et 1 132 stations deradio et – chiffre inattendu mais significatif – 39 % des cher-cheurs turcs sont des femmes, performance «paritaire» meilleu-re que celle de l’UE, où le ratio moyen s’élève à 34 % !

Autres indicateurs remarquables cités par Alpaslan Korkmaz :sur les six dernières années, la Turquie a attiré 50 Mds eurosd’IDE, contre 11 Mds euros seulement sur l’ensemble des tren-te années précédentes. Elle est ainsi devenue le 15e destinatai-re mondial d’IDE en 2008, alors qu’elle ne se trouvait qu’au60e rang en 2001. Et encore : jusqu’à la crise de 2008, laTurquie a connu six années de croissance à 7 %, et les prévi-sions de l’OCE tablent désormais sur une tendance aussi forte,soit une croissance à 6 %, pour la période 2011-2017.

Enfin, insista Alpaslan Korkmaz, «depuis les réformes structu-relles de 2003, il n’y a plus aucune différence de traitemententre les entreprises étrangères et les entreprises turques». Et,“cerise sur le gâteau“, selon l’expression même de AlpaslanKorkmaz : il y a en Turquie des régions où le taux d’imposi-tion maximal sur les entreprises n’atteint que… 2 % !».

Apportant lui aussi sa contribution en citations de prévision-nistes, le Pr Tugrul Atamer, Doyen de la Faculté et professeurde management stratégique à EM Lyon Business School, fit étatd’une étude prédisant qu’en 2050 les PIB cumulés des paysémergents atteindraient 150 % des PIB cumulés de l’UE, desEtats-Unis, du Japon et de l’Australie…

La Turquie serait alors devenue la 4e économie mondiale,après la Chine, l’Inde et la Russie. Impressionnant !… Cela dit,plus près de notre réalité actuelle, Tugrul Atamer observa que

si l’essentiel de la croissance de la Turquie durant les années1990 s’est autofinancé avec des capitaux nationaux, désor-mais «les entrepreneurs turcs, plus aguerris à l’international,sont prêts à accueillir [et à faire fructifier] les IDE (…) La Turquie est devenue un pays incontournable», conclut-il.

Michel Jacquier, directeur général délégué de l’AFD (l’AgenceFrançaise du Développement) fit part d’une information trèsméconnue : les engagements en cours de l’AFD en Turquieatteignent 1 Md euros : 72 % dans le secteur bancaire, 5 % à10 % avec les entreprises, et 22 % avec les municipalitésturques.

«Nous prêtons au municipalité à nos propres risques, sansengagement aucun de l’Etat turc, précisa Michel Jacquier. Jetiens à souligner qu’au-delà des aspects financiers, ce parte-nariat, accompagné par des municipalités françaises, s’avè-re humainement très riche et gratifiant». Et Michel Jacquierd’indiquer que l’AFD peut également soutenir des initiativesd’entreprises françaises souhaitant développer des partenariatsavec la Turquie, ou déjà installées sur place, cela grâce aufonds FISEM (Facilité d’investissement de soutien économiqueà la Méditerranée), doté de 1 Md euros et créé récemment,dans le contexte de l’Union pour la Méditerranée (UPM).

Une reprise forte dès 2010

Yves Zlotowski, économiste en chef de la Coface, dressa unesynthèse de l’économie turque après la crise, avec «unereprise prévisible assez forte dès 2010, vraisemblablementavec une croissance autour de 4 %», pronostiqua-t-il.

Cependant l’économiste mit aussi l’accent sur l’une des fai-blesses de l’économie turque, à savoir l’endettement importantdes entreprises, et leur sensibilité forte aux à-coups de laconjoncture mondiale. «En devenant très professionnelles,les banques turques sont aussi devenues plus frileuses»,expliqua-t-il. Conséquence : les entreprises turques s’endettentbeaucoup en capitaux étrangers, et subissent de ce fait lescontrecoups de la conjoncture mondiale, ce qui produit deseffets de «yoyo» macroéconomique, et accentue fortement lesfluctuations de la livre turque, très sensible aux entrées et

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Une économie intégrée à l’Europe

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sorties de capitaux volatils. Résultat : depuis 2008, les entre-prises turques ont été plus exposées à des incidents de paie-ment.

Mais, admit Yves Zlotowski après une intervention deFrançois Bernard, Directeur France de «Invest in Turkey», surla fiabilité de l’environnement des affaires en Turquie et lefaible endettemenr des ménages qui peut encore soutenir laconsommation, «il est rare que les Turcs ne finissent pas parhonorer leurs engagements, car la plupart des entreprisesprésentent un fort caractère familial, et honorer ses dettesest ici encore une question d’honneur et de bonne réputa-tion. Une question importante si l’on en croit un vieil adageottoman : pour un Turc, la mauvaise réputation est pire quela mort » !

Les aspects culturels : «En Turquie, on a affaire à… desTurcs !»

D’ailleurs, le Président de la CCI française en Turquie, EsrefHamamcioglu, s’amusa à souligner une évidence parfoisoubliée : «En Turquie, on a affaire à des Turcs ! ». Autrementdit, il convient aussi d’intégrer dans les relations d’affaires lesparamètres culturels, trop souvent sous-estimés.

Et Esref Hamamcioglu de livrer quelques clés sur les bonsusages comportementaux avec des partenaires turcs : laTurquie est à la fois un pays très moderne et très traditionnel,où les réseaux revêtent une grande importance ; beaucoupd’entreprises y sont essentiellement familiales, avec l’action-nariat et le management emmêlés, et où seules une ou deuxpersonnes décident ; les relations interpersonnelles sontdéterminantes : n’hésitez pas à parler de foot et des chosesde la vie quotidienne, afin de parvenir à une relation fluideavec votre interlocuteur ; une fois la confiance établie, laparole donnée par un Turc vaut contrat ; n’hésitez pas àeffectuer régulièrement des visites afin de nourrir l’amitiéavec vos partenaires… car, conclut Esref Hamamcioglu, «s’ilest vrai que l’on n’attrape pas les mouches avec duvinaigre, il est vrai aussi qu’avec du miel, on fait ce qu’onveut avec les Turcs !».

Intervenant sur cette même thématique du témoignage vécu,Gérard Lanfrey, Président des Conseillers du commerce exté-rieur de la France en Turquie, annonça la publication d’un«Livre blanc des investissements en Turquie», qui peut êtreconsulté en ligne sur le site des CCE Turquie, et réalisé avecquelque 43 témoignages d’entrepreneurs français établis dansle pays. «On y apprendra beaucoup de choses sur l’environ-nement des affaires tel qu’il est vécu, et l’on y constateraaussi le grand nombre de “success stories » des investisse-ments français en Turquie".

IDE croisés : «La France n’a jamais été aussi attractive»

Si la présence française en Turquie est faible, l’asymétrie avecla présence turque en France est encore plus criante : tandisque 400 000 Turcs(dont la moitié environ possède la doublenationalité) vivent en France, on ne recense que 20 entreprisesturques sur le territoire hexagonal, employant environ mille

personnes, contre quelque 300 entreprises françaises enTurquie et leurs 70.000 collaborateurs. Et si l’on retient leschiffres turcs qui parlent plutôt de plus de 700 entreprises fran-çaises en Turquie, l’énorme différentiel entre les deux payss’avère encore plus impressionnant.

Les Français en ont pris conscience et Serge Boscher, Directeurde l’AFII – l’Agence française pour les investissements interna-tionaux – a annoncé une action d’envergure pour promouvoirla France en Turquie : installation prochaine d’une délégationsupplémentaire dans le pays, actions ciblées à l’adresse decentaines d’entrepreneurs turcs.

«Les dirigeants turcs, déclara-t-il, connaissent bien la Francecomme touristes, mais notre pas n’est pas dans leur radardes affaires. Pourtant, la France n’a jamais été aussi attracti-ve : après le Royaume-Uni, elle est désormais la 2e économie ouverte sur le monde, avec un ratio de 40 %,contre 20 % pour l’Allemagne et les Etats-Unis. Le classe-ment “Fortune 500” recense aussi 40 entreprises françaisesparmi les 500 premières mondiales, contre seulement 26 britanniques et 39 allemandes.

Après la Norvège et les États-Unis, la France arrive en 3e

position pour la productivité horaire mondiale, et, selon lesdonnées Eurostat, la durée hebdomadaire réelle du temps detravail y est de 41 heures… De plus, les heures supplémen-taires ont été défiscalisées, et la réglementation sur le droitdu travail très assouplie par la procédure de rupture conven-tionnelle… La France offre aussi à ses partenaires étrangersquelque 71 pôles de compétitivité, où sont d’ailleurs déjàinstallées 750 entreprises étrangères. Et je me contenteraid’évoquer à peine la densité et la qualité de nos infrastruc-tures de transports et de communications, tant elles sontconnues et reconnues…».

«Équipe de France de l’Export» : rendez-vous en juin2010, à Istanbul

À force de s’entendre dire qu’ils sont de piètres exportateurs,les Français se sont donc décidés à réagir. Tel fut aussi le sensde l’intervention d’Alain Cousin, président d’UBIFRANCE(L’Agence française pour le développement International desentreprises), qui annonça le déploiement, d’ici à septembre2010, de 1 500 collaborateurs – auxquels s’ajoutent les 6 500jeunes en contrat VIE – dans 63 missions à l’export, et dans 44 pays.

Une «Équipe de France de l’export» est donc en cours deconstitution, par la mise en réseau et synergie de tous lesopérateurs concernés (CCI, Oseo, etc.). Concernant précisé-ment les relations économiques entre les deux pays «Je vousdonne rendez-vous au Forum d’affaires franco-turc quenous organisons à Istanbul en partenariat avec l’Agence«Invest in Turkey», la Chambre de commerce française enTurquie, les conseillers du commerce extérieur de laFrance et le DEIK, du 14 au 16 juin 2010, où nous comp-tons accompagner 200 entreprises françaises et turquesissues de nombreux secteurs, pour des rencontres B2B»,annonça Alain Cousin.

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Jacques Blanc : « Je crois à la vocation européenne dela Turquie »

La table ronde de conclusion de ce colloque très dense résu-ma les points de vue exprimés tout au long de l’après-midi, etdont voici quelques phrases-clé :

• «L’environnement légal des affaires en Turquie ressemblede plus en plus à l’environnement européen, et le disposi-tif fiscal y est très favorable» déclarèrent en substance LéonCoskun et Thierry Blanchetier, respectivement PartenaireTurquie et Directeur associé en charge de l’international dugroupe d’audit et de conseil Mazars.

• «La Turquie offre un potentiel de croissance importantdans tous les secteurs, à l’exception peut-être de l’agroali-mentaire, encore soumis à quelques protections doua-nières», estima Axel Baroux, Directeur de la Mission écono-mique Ubifrance en Turquie.

• «Par la coopération accrue des entreprises françaises etturques, le monde des affaires peut enclencher une dyna-mique qui entraînera le politique (…) Pour nous, à “Investin Turkey”, chaque investisseur est un client unique. Noussommes à votre service», assura Alpaslan Korkmaz,Président de «Invest in Turkey».

• «La Turquie est une composante forte de notre traditionculturelle, issue d’Athènes et de Rome. C’est aujourd’huiun pays stratégique, et francophile ! Regardons vers lelong terme !», affirma Jean-Daniel Tordjman, Ambassadeurdélégué aux Pôles de compétitivité.

• «La Turquie est au cœur d’un grand marché qui s’étenddes Balkans au Moyen-Orient, et dont elle connaît bien lescultures. Nous, Français, disposons d’un capital historique

de confiance avec les Turcs. Il n’y a aucune raison de secontenter de l’état des choses, et nous allons développerla marque France en Turquie», exposa Serge Boscher,Directeur de l’AFII.

• «La Turquie a prouvé qu’elle est un pays stable qui a surésister à la crise. Elle est aussi devenue un très grand paysmanufacturier, avec des gains de productivité impression-nants (…) Investir en Turquie, ce n’est pas une aventure.Cela relève d’un raisonnement simple, il suffit d’observerles opportunités extraordinaires qu’offre la pays», assuraJean Lemierre, Président du Comité franco-turc du Medef.

• «Avec plus de dialogue, nous résoudrons tous les pro-blèmes… Nous, Turcs, cheminons avec déterminationpour nous retrouver avec nos amis français et européensautour de nos valeurs communes (…) Nous sommescontre le “clash” des civilisations et les craintes aujour-d’hui encore exprimées par certains n’ont pas de raisond’être», proclama avec conviction le ministre turc desFinances, Mehmet Simsek.

Le mot de la fin, bien sûr, revint au sénateur Jacques Blanc,hôte du colloque : «Je crois à la vocation européenne de laTurquie», affirma-t-il sans ambages.

Cependant, en ardent militant de l’UPM – l’Union pour laMéditerranée – le sénateur regretta qu’aucun intervenant n’aitévoqué ce grand dessein partenarial, et qui concerne au pre-mier rang les pays riverains de «la Mer Blanche» – appellationottomane du «Mare Nostrum».

Nous aussi souhaitons avec le sénateur Jacques Blanc que cet oubli soit comblé dès la prochaine occasion…

Article initial rédigé par Alfred Mignot pour le JMED

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Une économie intégrée à l’Europe

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La Turquie attire des entreprises de toutes nationalités. Les intérêts de GE HealthCare dans 80 pays - de l’Europe au Moyen-Orient, en passant par l’Afrique et laRussie - sont gérés depuis Istanbul.

GE Health Care vend des équipe-ments de santé dans le mondeentier. «Notre développementinternational reposait sur plu-sieurs grandes régions», expliqueRichard di Benedetto, en nousrecevant à Istanbul, «dont un pôleEurope, Middle East, Africa,Russie ; il a été nécessaire ensuited’affiner l’approche que nouspouvions avoir ainsi de pays quise révélaient très différents, par

leur système de santé comme par le niveau de vie, en faisantévoluer cette classification. Aussi, en 2007, avons nousconstitué deux entités distinctes, l’une couvrant l’Europe, etla seconde, les autres pays de la zone. Le premier de cesdeux pôles a été basé à Paris ; il restait à choisir où implan-ter le second. Après avoir analysé plusieurs possibilités, etnotamment Dubai qui, pour certains, constituait un choixd’évidence, nous avons retenu Istanbul».

Plusieurs points forts ont été analysés. «La Turquie, outre unpotentiel important de développement dans le domaine dela santé, offrait un marché intérieur dynamique, un systèmede santé développé. Parallèlement, tout en présentant lesdéfis propres aux pays émergents, elle disposait d’une maind’œuvre de qualité, susceptible de s’exporter aisément dansles pays de la zone».

Installé à Isanbul, GE Health Care gère, depuis janvier 2008,ses intérêts dans 80 pays depuis la Turquie où sont situées lesfonctions support et les chefs de produits. Avec un milliardde dollars, le chiffre d’affaires réalisé dans cette granderégion représente 6% du chiffre d’affaires total ; s’il reste peuélevé, proportionnellement, par rapport à celui de l’Europe(30%), il existe ici de belles perspectives. «En Turquie, horscontexte de crise, la croissance annuelle de la santé repré-sente 6% à 8%. A long terme, dans notre secteur, les indica-teurs sont bons avec de beaux projets d’équipement initial

de cliniques et d’hôpitaux dans tout le pays et une grandemodernité de l’offre de soins».

A titre d’exemple, GE Health Care produit des couveusespour prématurés à Ankara, qu’il exporte largement depuis laTurquie.

A Istanbul, le siège régional, dans un quartier moderne, estsitué dans un immeuble très récent ; à l’entrée, le contrôled’identité des salariés s’effectue par reconnaissance de l’iris.Parmi cette population, dans l’ensemble jeune ou très jeune,qui se presse le matin pour prendre son poste, les femmessont largement représentées, au moins à parité. Se dessineici le visage de la Turquie de demain, avec une grandemodernité.

«Lorsque nous avons créé le siège régional d’Istanbul»,explique Richard di Benedetto, «nous avons bénéficié del’appui d’Invest in Turkey, notamment en ce qui concerneles visas et le recrutement et nous continuons le cas échéantà faire appel aux services de l’agence». Pour lui - unFrançais basé auparavant à Paris - la Turquie est un pays«dans lequel les appartenances religieuses ou culturelles nesont nullement source de difficulté au travail».

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Richard di Benedetto

La Turquie, siège régional

pour GE Health Care

Le ournal du ParlementJ Turquie

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La densité des échangesfranco-turcs

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La Turquie est un partenaire commercial de premier plan pour la France. Leséchanges ont certes diminué de près de 18% entre les premiers semestres 2008 et2009 en raison de la crise économique, mais cela fait suite à une période de

croissance forte et continue entre 2001 et 2008, où ils ont plus que doublé. L’annéedernière, la Turquie constituait, avec 5,6 milliards d’euros d’exportations, notre5ème débouché hors Union européenne, devant de grands pays émergents commel’Inde ou le Brésil. Inversement, la Turquie était, en 2008, notre 7ème fournisseur avecun volume d’importations de 5,3 milliards d’euros. Ces chiffres témoignentd’échanges importants et équilibrés, ainsi que d’une intégration croissante de nosdeux économies.

Le commerce bilatéral tientune place importante dans lesrelations entre la France et la Turquie. Sur quels instru-ments peut-il s’appuyer afind’encourager les partenariats ?

Le Comité mixte économique etcommercial France-Turquie, dontj’ai co-présidé la première sessionle 25 novembre 2008 à Ankara,est essentiel pour développer nos

échanges bilatéraux car il permet un dialogue économiqueà haut niveau. Ce dialogue a pour objectif de faciliterl’accès au marché des entreprises dans les deux pays, delever les obstacles freinant le commerce bilatéral et de déter-miner les priorités de développement des échanges. Ainsi,en 2008, nous avons tracé les grandes lignes de futures coopérations autour des pôles de compétitivité ou des énergies renouvelables, domaine dans lequel la France estdéjà très active grâce à l’AFD, qui a initié un ambitieux programme «Turquie-Climat» de 200 millions d’euros.

Nous avons instauré, en direction de nos entreprises, unaccompagnement spécifique, au travers d’une large gammede garanties publiques mises en oeuvre par la Coface pourle compte de l’Etat. De plus, pour les soutenir dans leurstratégie d’exportation, j’ai créé une «Equipe de France àl’export», composée d’Ubifrance, des chambres de commer-ece et d’industrie en France et à l’étranger, des conseillers du

commerce extérieur, ainsi que des services économiques dela DGTPE à l’étranger. Grâce à leur complémentarité, cesdifférents acteurs peuvent identifier les entreprises cherchantà exporter, les conseiller et les accompagner dans leursdémarches administratives et commerciales en Turquie.

Quelles sont les opportunités pour les entreprisesfrançaises ?

La structure de nos exportations en Turquie est liée auxnombreuses implantations françaises dans le pays. Ainsi, lesbiens intermédiaires, les produits de l’industrie automobileet les biens d’équipements professionnels représentaient lestrois quarts de nos exportations en 2008. Il y a donc dans cessecteurs des opportunités évidentes, liées à l’imbricationcroissante des industries françaises et turques.

D’autres, bien que moins importants en volume, possèdentun véritable potentiel de développement : ainsi, les exporta-tions de biens de consommation ont connu une augmenta-tion de 16,5% en un an, due notamment aux produitscosmétiques et de soins. Je conseille donc aux entreprisesfrançaises de ce secteur de prospecter activement le marchéturc. Les habitudes de consommation des Turcs rejoignentles standards d’Europe de l’Ouest.

Certains enfin, considérés comme prioritaires par lesautorités turques, ont fait l’objet, ces dernières années,d’investissements publics importants. Je pense au secteur del’énergie, dont la demande intérieure croît d’environ 5% par

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Anne-Marie IdracSecrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur

«Un marché attractif

et un partenaire essentiel»

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an, et plus particulièrement à celui des énergies renouve-lables depuis la loi de 2005 qui a créé un cadre juridiquepour leur développement. J’ai aussi à l’esprit les activitésliées aux services à l’environnement, aux équipementsmédicaux et aux transports. Il y a, dans ces domaines oùl’expertise française est reconnue, de véritables opportunitéspour nos entreprises.

Leurs atouts ? Et comment les valoriser ?

Leur principal atout est d’abord la qualité des biens et desservices qu’elles proposent. De plus, les entreprises indus-trielles françaises ont su développer de véritables partena-riats gagnant-gagnant avec leurs homologues turcs. Je pensenotamment à la coopération entre Airbus et TurkishAerospace Industry sur des éléments de l’A400M, de l’A320et étendue récemment aux ailerons de l’A350. Enfin, dans lesecteur des biens de consommation, les produits françaisbénéficient en Turquie d’une image très positive.

Pour valoriser ces atouts, Ubifrance offre une gamme com-plète de services permettant d’aider nos entreprises à sepositionner sur le marché turc, à identifier et rencontrer lescontacts nécessaires ainsi qu’à engager des démarches depromotion et de communication. Du 14 au 16 juin 2010,Ubifrance organisera d’ailleurs un forum multisectoriel quileur sera dédié.

Bien que le nombre de PME françaises implantées enTurquie ait augmenté, ce sont souvent elles qui rencontrentle plus de difficultés. J’ai donc créé ou rénové plusieursdispositifs spécifiques d’aide à l’exportation : l’assuranceprospection proposée par la Coface, le e Sidex, soutien indi-xvidualisé à la démarche export qui apporte une aide finan-cière individualisée, le Pacte PME International, une asso-ciation de grandes entreprises qui cherchent à partager leurretour d’expérience et leur réseau à l’export ; enfin, les dis-positifs d’assurance crédit CAP Export et CAP + Export quis’adressent aux PME ayant vu leur niveau de couvertured’assurance-crédit réduit ou résilié en raison de la criseéconomique.

Dans le cadre de la Saison de la Turquie, le 7 décembre 2009, s’est tenu au Palais du Luxembourgun colloque sur les investissements croisés entre laFrance et la Turquie, à l'initiative de l'agence gouver-nementale turque «Invest in Turkey». Quelles sont lesperspectives dans ce domaine pour les années àvenir ?

La France est actuellement le second investisseur en Turquie.300 entreprises françaises, conscientes de l’importance dumarché turc et des hauts standards de production, y sontactuellement implantées, générant près de 70 000 emplois.Cette présence française est extrêmement variée puisqu’elleregroupe des entreprises aussi diverses que Renault, PSA,Michelin, Danone, L’Oréal, Carrefour, Total, Lafarge ouSchneider Electric.

Outre un accès direct au marché local, le fait de produire surplace offre une plate-forme stratégique pour les exportationsen direction de l’Europe orientale, de la CEI, du Proche et duMoyen-Orient. La Turquie se situe en effet au cœur desréseaux de transports régionaux. Ainsi, Renault, avec sonpartenaire Oyak, va concevoir dans son usine de Bursa sa nouvelle berline électrique, la Fluence, à destinationd’Israël. En raison de ses atouts, ce pays devrait donc continuer à attirer des investissements français.

Mais, à l’inverse, seule une quinzaine d’entreprises turquessont présentes en France, générant environ un millier d’em-plois. Je souhaite donc qu’elles viennent, plus nombreuses,profiter des conditions propices d’investissement chez nous.Les convaincre a été l’un des objets du colloque du 7 décembreau Sénat.

Plus généralement, la Saison de la Turquie qui s’est tenujusqu’en mars 2010 aura fait, je l’espère, découvrir unpays moderne et dynamique, partenaire économique detout premier plan, favorisant ainsi de nombreusescoopérations.

La densité des échanges franco-turcs

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Madame Idrac, invitée d’honneur du “Séminaire sur les opportunitésd’affaires et d’investissement en Turquie” organisé par la CCI de Paris

et l’Agence Invest in Turkey

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La France est actuellement le second

investisseur en Turquie. 300 entreprises

françaises, conscientes de l’importance

du marché turc et des hauts standards

de production, y sont actuellement

implantées...

Page 48: Journal du Parlement Special Turquie

12ème client de la France dans le monde et le 5ème en dehors de l'Union européenneen 2008, avec 72 millions d'habitants, une population jeune et urbaine et un statut de grand pays émergent, la Turquie recèle un potentiel important pour

nos entreprises, explique Axel Baroux, Directeur Ubifrance en Turquie.

Le marché turc est-il considérécomme prioritaire pour ledéveloppement internationaldes entreprises françaises ?

Avec 11 milliards d'euros d'échanges,le commerce entre la France et laTurquie a représenté en 2008 unniveau jamais atteint. A 5 milliardsd'euros, nos exportations ontaugmenté de 9%. Sous l'effet de lacrise, en 2009, le PIB turc est en

repli de 6%. Cependant, selon le FMI, il doit à nouveauprogresser de 3,7% dès 2010 et de 4,5% en 2011. Avec 72millions d'habitants, l'économie turque, 16ème au niveaumondial et la 6ème en Europe, offre des opportunités majeures.L'évolution du niveau de vie, la jeunesse de sa population -les deux tiers des Turcs ont moins de 35 ans - essentiellementurbaine, avec 18 villes de plus d'un million d'habitants, et sonrôle de plate-forme régionale, font de la Turquie un grand paysémergent, à trois heures de vol de la France.

La France y exporte notamment des biens intermédiaires(1,9 milliards d'euros), des produits de l'industrie automobile(1,3 milliard d'euros), des biens d'équipements professionnels(1,2 milliard d'euros) et de consommation (750 millions d'euros),avec une part de marché proche de 5%.

Les importations françaises de produits turcs se développentelles aussi.

La France est aussi le deuxième investisseur direct étrangerdans le pays (en stock).

Comment y accompagnez-vous les PMI PME quiconstituent la priorité d'Ubifrance ?

Depuis janvier 2009, les services économiques chargés demissions régaliennes sont assurés depuis Ankara, tandisque la mission économique/Ubifrance, basée à Istanbul,eest chargée de l'accompagnement des entreprises, et enparticulier des PME.

En tant que Bureau Ubifrance en Turquie, nous intervenonsessentiellement en amont, au début de la démarche del'entreprise, souvent dans une fonction de « marieur »entre des partenaires, français et turcs, qui ne se connais-sent pas encore ! Nos services se déclinent autour dequatre gammes ; information, promotion, communicationet développement des Volontaires Internationaux enEntreprise, les V.I.E. La recherche d'informations sur lesmarchés internationaux est souvent le premier pas pourdécouvrir un marché ; nous publions et commercialisonsdes ouvrages et guides, une lettre d'information mensuelle,mais également des analyses plus pointues sous formed'études sur mesure ou de veilles sectorielles…

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Axel BarouxDirecteur Ubifrance en Turquie

A 3 heures de Paris, un pays quirecèle de nombreuses opportunités

Le ournal du ParlementJ Turquie

Page 49: Journal du Parlement Special Turquie

La promotion des entreprises françaises, de façon individuelleou collective à travers des événements (salons professionnels,rencontres b to b, missions collectives d'entreprises) estaujourd'hui au cœur de notre métier. Notre appui entermes de communication, notamment par l'organisationd'actions de networking ou encore de programmes de ren-dez-vous avec des journalistes de la presse spécialisée,participe également à la promotion des entreprises fran-çaises sur le marché turc. Enfin, Ubifrance gère pour lecompte de l'Etat la formule des V.I.E qui permet aux entre-prises de bénéficier des compétences de jeunes profession-nels (18 à 28 ans), diplômés et hyper-motivés pour unemission de 6 à 24 mois. C'est une formule extraordinairepour le jeune comme pour l'entreprise.

Notre point fort réside dans notre organisation, structuréeautour de quatre pôles sectoriels composés de spécialistes.C'est comme cela qu'Ubifrance est organisé en France, c'estcomme cela que son réseau est organisé à l'étranger, afin deproposer à l'entreprise, à chaque étape de son développe-ment, un interlocuteur qui connait son métier. La mission dechaque expert est de parfaitement connaître le marché localet ses besoins.

Les informations sont ensuite croisées avec les points fortsde l'offre française et nous définissons, sur ces bases, notreprogrammation pour l'année, en dressant en quelque sorteun panorama mondial des principales opportunités. C'est unformidable outil au service des entreprises françaises, enparticulier les PME, pour les aider à décider de leur dévelop-pement à l'international.

Pouvons-nous évoquer ici quelques manifestationsphare en 2010 ?

Nous organisons notamment en partenariat avec laChambre de Commerce Française en Turquie, l'agencepublique turque Invest in Turkey et la section Turquie desConseillers du Commerce Extérieur de la France à Istanbuldu 14 au 16 juin le premier forum d'affaires FranceTurquie. 200 participants français et turcs peuvent bénéfi-cier de rendez-vous individuels, d'ateliers thématiques,d'un village expert. Les principaux secteurs stratégiquespour la Turquie sont concernés : emballage (agroalimentai-re / pharmacie), transformation plastique (injection, extru-sion, PVC), équipements pour l'industrie chimique,second-œuvre du bâtiment, équipements agroalimentaireset agro-industrie, ingénierie et équipements pour le traite-ment des eaux usées et des déchets, énergies renouve-lables, automobile, sous-traitance mécanique, équipe-ments destinés à l'industrie agroalimentaire, équipementsdestinés à l'industrie textile, tissus et autres fournitures /accessoires pour l'industrie de l'habillement, santé, cosmé-tiques et parapharmacie, NTIC.

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Dans quels secteurs les liens franco-turcs sont-ilsles plus étroits ?

Axel Baroux évoque à ce propos notamment :- L'emballage : un domaine dans lequel la «sophistica-

tion grandissante de l'offre crée une demande de plusen plus importante pour des machines et équipementsnotamment pour les étiquettes, les systèmes de fermeture,le traçage des produits»

- Les équipements pour l'industrie agro-alimentaire : laTurquie est le premier producteur de la région et parmiles principaux dans le monde dans ce secteur où lesventes turques à l'étranger (11 milliards de dollars)représentent 8% des exportations totales du pays. Desopportunités se présentent «sous forme d'implantationlocale par le rachat d'entreprises ou des partenariatstechnologiques ou financiers avec des entreprisesturques qui cherchent à acquérir des technologies euro-péennes»

- La transformation plastique : ce marché, déjà très dyna-mique, est appelé à des «réserves de croissance»,notamment «pour les matières (thermoplastiques ettechniques) et les machines (extrusion-soufflage, thermo-formage). L'industrie chimique : la Turquie est tout à lafois exportateur et importateur dans ce domaine

- Le second œuvre où des opportunités (efficacité énergé-tique, finition intérieure, produits préfabriqués, pein-tures, plomberie…) existent sur le marché local commesur ceux de la région (Europe de l'est, Moyen et Procheorient, Asie centrale, Russie…) où les entreprises turquessont très actives.

- Les biens de consommation : le secteur bénéficie de lahausse du niveau de vie et de la transformation deshabitudes et modes de consommation «porté par le fortdéveloppement de la grande distribution moderne»

- L'industrie textile : c'est le premier secteur du pays entermes d'exportations et d'emplois. Ce secteur importedes matières premières (fibres, fils, tissus, fournitures etautres accessoires textile) et équipements.

- Les énergies renouvelables : elles bénéficient de lavolonté des pouvoirs publics de mettre en place uncadre législatif plus incitatif et de la forte implicationdes acteurs privés. Les déchets et les eaux usées : il exis-te dans ce domaine des besoins importants en Turquie.

- L'automobile : bien que frappée par la crise, l'industrieautomobile regroupant 13 constructeurs et plus d'unmillier d'équipementiers, reste particulièrement dyna-mique, poussée par les investissements annoncés(Renault, Hyundai, Chery, Mahle, Magna) et la montéeen puissance des centres de R&D (Ford).

- La santé et les biotechnologies : ce marché connaît untaux de croissance annuel moyen de l'ordre de 10%alors que 80% des matières premières et équipementmédicaux sont importés.

- Les NTIC : ce secteur connaît «depuis le début desannées 2000 une croissance annuelle moyenne de 20%».

La densité des échanges franco-turcs

Page 50: Journal du Parlement Special Turquie

Créée en 1885, la Chambre de Commerce Française en Turquie s’implique auprofit de deux missions essentielles. D’une part, promouvoir l'animation de lacommunauté d'affaires franco-turque en Turquie et dans le prolongement

apporter l'assistance et le soutien aux entreprises françaises et turques dans leurséchanges professionnels.

La Turquie est devenue enmoins de 20 ans une puis-sance mondiale reconnue.Quels sont les nouveauxobjectifs de développementéconomique que s’est fixé legouvernement afin de pour-suivre cet effort ?

Le gouvernement a engagé lesmesures qui s’imposent pourencourager largement les PME-

PMI. Il existe plusieurs régions au sein de pays, où les inves-tisseurs bénéficient de privilèges fiscaux et d’exonération oud’abattement en matière de charges sociales. Ces dispositifsont pour objectif majeur de favoriser la création d’emplois.

La Turquie découvre aujourd’hui de nouveaux marchés afind’exporter ses produits et ses services. Dans ce contexte, le gouvernement a pris l’initiative d’organiser des déléga-tions officielles d’hommes d’affaires, notamment à destina-tion de l’Afrique et plus particulièrement du Gabon, de laMauritanie…

En raison de sa position géographique, la Turquie a intérêt àagir comme un relais. Zone de transit entre ses voisins etl’Union Européenne, le territoire vise la privatisation desports et des zones franches, afin de mieux servir lecommerce international.

Le pays attire désormais une grande partie des investissements étrangers. Quels sont les secteurs privilégiés et pourquoi ?

La Turquie abrite de multiples secteurs «phares», parmi lesquels nous pouvons citer en premier lieu l’énergie, suiviede près par les services. A ce titre, il est bon de rappeler quenotre pays est un véritable corridor permettant d’alimenterl’Union Européenne en matière d’énergie sous toutes sesformes. Le pays dispose de quatre pipelines dédiés aupétrole et deux pour alimenter le territoire en gaz, alors quetrois nouveaux sont actuellement en projets. Il exploite d’autre part deux plateformes de forage en Mer Noire.

Si la Turquie fait un jour partie de l’Union Européenne,elle peut grâce à un positionnement géographique situé auvoisinage des pays qui possèdent et contrôlent ces sourcesd’énergie, s’affirmer en garant de l’approvisionnementénergétique pour l’ensemble de l’U.E.

La logistique est également l’un des segments qu’il fautobserver attentivement ; surtout si nous ciblons les pays tiersauprès desquels la Turquie a une influence particulière, àl’image de la Syrie, du Turkménistan, du Kazakhstan...

L’histoire tend à prouver que les récessions sont presque toujours suivies par une période de récupéra-tion économique. Le rythme de cette reprise est différent selon la maturité des pays. Comment cela setraduit-il pour la Turquie ?

La Turquie a énormément souffert de la «Crise». Elle a étéparticulièrement marquée par la chute de ses marchés àl’exportation et principalement par ceux de l’U.E. et de laRussie. Ces deux territoires ont été très touchés par une fortebaisse, qui s’est concentrée sur les filières de l’automobile etdu textile et par voie de conséquence, sur l’ensemble des

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Esref HamamciogluPrésident de la Chambre de Commerce Française en Turquie

Privilégier les relations bilatérales!

Un acteur au service de deux pays

Le ournal du ParlementJ Turquie

Page 51: Journal du Parlement Special Turquie

secteurs qui en dépendent, comme la sidérurgie, les sous-traitants…

Paradoxalement, le système bancaire turc se trouvait déjàassaini dès 2001 ; le pays n’a donc pas enregistré, à l’instardes USA et de l’UE, les faillites d’institutions financières.

Grâce au courage et aux comportements très «Entrepre-neurial» des hommes d’affaires turc, l’économie a déjà com-mencé à afficher des signaux positifs. Le problème crucial,et qui semble se poursuivre encore, s’exprime essentielle-ment à travers le chômage.

Par contre, le tourisme s’avère toujours un atout majeur pourl’économie turque et, par rapport au mois de mars 2009, lesréservations ont augmenté de 22 % sur une année.

Comment la Turquie, à travers sa forte croissance,peut-elle être un partenaire majeur pour l’Europe ?

Apres avoir signé en 1992 l’accord d'Union douanière, quiconstitue l'une des premières étapes importantes de laconstruction européenne, la Turquie est officialisée en qualité de partenaire de l’Europe ! Il ne faut pas oublierqu’elle est aujourd’hui le seul pays à avoir accompli ce“geste” sans être membre de l’UE.

La Turquie abrite une main d’oeuvre qualifiée et compétentemême si elle n’est pas la moins chère. La Turquie n’est eneffet pas la Chine !

Cependant, elle offre, à 3 heures de vol de Paris, des interlo-cuteurs qui parlent plusieurs langues étrangères, des vraisentrepreneurs qui ne se découragent pas facilement.

Cette population jeune et dynamique rassemble 72 millionsd’habitants, dont les 2/3 ont moins de 30 ans.

La Turquie est un pays incontournable pour la Franceet l’Europe, comment expliquer cette méconnaissancede la part des Français ?

Je demeure persuadé que cette problématique incombe demanière analogue aux deux parties.

D’un coté, la Turquie ne communique pas suffisammentbien et de manière durable pour intéresser les Français etparallèlement, il perdure une certaine ignorance et uneméconnaissance à propos de notre pays.

Il faut briser les clichés ! Les Européens et surtout lesFrançais, qui ont en commun avec nous les valeurs démo-cratiques et laïques, doivent tenter de mieux connaître etcomprendre les Turcs. C’est un peuple qui a des racines, unehistoire, des traditions... ; c’est un pays qui, au-delà de sonattrait touristique, mérite mieux que cette image actuelle-ment perçue en France.

Le conflit politique entre les deux pays peut être expliquépar leurs identités nationales très fortes ; ce sont deuxnations héritières de leurs empires !

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La densité des échanges franco-turcs

Un centre commercial à Istanbul Istinye Park

Page 52: Journal du Parlement Special Turquie

Livre Blanc, réalisé en étroite collaboration avec la Chambre Française deCommerce en Turquie, la Mission Ubifrance à Istanbul et le ServiceEconomique Régional de l’Ambassade de France en Turquie, intitulé

«Investissements français en Turquie : retour d’expérience» est un véritable recueilpour les entreprises ayant investi en Turquie. Cet ouvrage permet de partager lessuccès mais également les difficultés rencontrées par ces dernières.*

Depuis quand et où les entre-prises françaises s’implantent-elles en Turquie ?

"Tout d’abord je souhaiteraismentionner la réalisation de notreLivre Blanc, en étroite collabora-tion avec la Chambre Françaisede Commerce en Turquie, laMission Ubifrance à Istanbul et leService Economique Régional del’Ambassade de France en

Turquie. Cet ouvrage, intitulé «Investissements français enTurquie : retour d’expérience», véritable recueil de retoursd’expériences des entreprises qui ont investi en Turquie, per-met de partager les succès mais également les difficultés ren-contrées par ces dernières*".

L'essor des investissements français en Turquie date dela seconde moitié des années 80. La présence française estainsi plus récente que celle de certains concurrents euro-péens (Allemagne, Italie, notamment), mais elle a connu desavancées importantes au cours des quinze dernières années.Le nombre d’implantations est ainsi passé de 15 en 1985 àun chiffre voisin de 330 aujourd’hui, concentrant environ 70 000 emplois.

Considérant la domination du secteur automobile enTurquie, plus d’un million d’unités produites par an, lesinvestissements français se localisent dans le bassinindustriel de Bursa. Hors secteur automobile, la présencefrançaise est très diversifiée, production de transformateurs,d’équipements de distribution et de transmission électrique,présence également dans le secteur des matériaux deconstruction, de la construction navale. Dans le domaine dela vie quotidienne, plusieurs marques (produits laitiers, cosmétiques, lubrifiants et carburants) ou enseignes de lagrande distribution, occupant parfois une position dominan-te, assurent une visibilité tangible à l'image commerciale dela France, sur l’ensemble du territoire.

Pourquoi ces entreprises viennent-elles en Turquie ?

Plusieurs facteurs contribuent à expliquer cette attractiviténouvelle du pays : assainissement en profondeur du secteurfinancier et bancaire, réformes structurelles menées à grande échelle, resserrement de la discipline budgétaire,démarrage concret des négociations avec l'UE, processus deprivatisation.

Ne sous-estimons pas non plus le potentiel de développe-ment ainsi que la demande interne élevée du fait d’unepopulation jeune ouverte sur le monde et le modèle deconsommation occidental.

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Jean-Pierre VieuxDirecteur Général PEUGEOT OTOMOTIV PAZARLAMA A.S / Turquie, Président de la section Turquie des Conseillers du CommerceExtérieur de la France, Conseiller du Commerce Extérieur de la France

Implantation des entreprises

en Turquie : un esprit d’échanges gagnant-gagnant

Le ournal du ParlementJ Turquie

Page 53: Journal du Parlement Special Turquie

De plus, et au delà des frontières même de la Turquie, laposition géographique, située à la fois sur le continent européen et asiatique lui confère une capacité de rayonne-ment économique régional importante.

Ces deux opportunités - auxquelles il convient d’ajouter laprésence d’une main-d’œuvre bien éduquée et disciplinée -font de la Turquie un pays de destination d’avenir pour nosentreprises en quête permanente de nouveaux marchés.

D’autre part, un investissement industriel en Turquie doits’intégrer dans une démarche globale d’inter-échangeimport-export. Dans ce cadre, depuis les années 1980, laTurquie a progressivement libéralisé son régime des impor-tations. Un accord douanier est entré en vigueur le 1er jan-vier 1996 avec l’Union Européenne, qui a conduit à la sup-pression progressive et réciproque des droits de douane surles produits industriels importés et la part industrielle desproduits agricoles transformés.

En vertu de cet accord, la Turquie harmonise progressive-ment ses droits de douane pour les importations en prove-nance de pays tiers avec le tarif extérieur commun de l’UE.La Turquie a adopté en 2002 le système de préférencesgénéralisées (SPG) établi par l’Union Européenne, quiconsiste à appliquer des tarifs douaniers préférentiels à despays tiers.

Comme vous le voyez, la Turquie devrait faire partie despays incontournables dans le développement internationaldes entreprises françaises.

Quel est l’impact de ces implantations, pour les entre-prises comme pour l’économie française ?

Comme nous l’avons précédemment développé, noussommes en présence en Turquie d’un marché à très fortpotentiel de développement et de consommation interne, etqui, de plus peut permettre un rayonnement régional.

Il faut bien considérer que pénétrer un pays étranger ne peutse faire qu’en connaissant parfaitement ce marché, les pro-duits vendus dans ce marché, et de posséder des produitsadaptés face aux attentes clientèles tant en termes de tech-nologie que de prix de vente.

L’investissement dans un pays à potentiel d’écoulementcommercial tel que la Turquie permet de répondre pleine-ment à ces impératifs. Mais également un investissementindustriel local ne peut pas forcément satisfaire toutes lesattentes des consommateurs turcs. L’importation de produitsmanufacturés, au-delà de certains composants nécessaires àla fabrication locale, doit être réalisée.

Et c’est donc bien dans un esprit gagnant-gagnant d’interéchanges entre la France et la Turquie, que doit égalementêtre considérée une implantation dans ce grand pays qu’estla Turquie.

* En ligne sur le site Internet www.ccef-turquie.com, à dispositionde tout candidat à l’investissement en Turquie, comme l’est égale-ment, par leur mission, l’ensemble des Conseillers du CommerceExtérieur de la France.

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La densité des échanges franco-turcs

Une usine d’assemblage en Turquie

Page 54: Journal du Parlement Special Turquie

Il y a trois ans a été ouvert à Paris le bureau français d’Invest in Turkey. FrançoisBernard, son directeur, souhaite faire progresser la connaissance de ce pays enFrance. Il précise ici sa stratégie.

Comment analysez-vous vospriorités ? Pour assurer une meilleureconnaissance de la Turquie a étéouvert en France il y a près detrois ans le bureau parisiend’Invest in Turkey, l’agence depromotion rattachée au Premierministre, dont la direction m’a étéconfiée.P o u r q u o i c e t t e c r é a t i o n ?Différents indicateurs le mon-

trent : l’image de la Turquie en France n’est pas conforme àla réalité. L’on peut se demander quelles raisons suscitent cedécalage, sans doute est-il lié à certains facteurs sociaux,politiques et culturels. Il résulte aussi des changements, à lafois rapides et profonds, qu’a connus le pays depuis trenteans. La Turquie du début des années 2000 était extrêmementdifférente de celle que j’ai découverte à la fin des annéessoixante dix comme touriste. Depuis 2000, les changementsont été encore plus rapides.La méconnaissance de la réalité turque constitue un terreaufavorable à la multiplication des clichés et des idées reçues.Pour certaines entreprises françaises, la Turquie est un paysà part ; elles ne pensent pas nécessairement à en faire unedestination stratégique dans leur politique à l’exportation etdans leurs choix d'investissement, faute de connaître lesatouts de ce vaste marché, aux portes de l’Europe, traitd’union entre l’Orient et l’Occident. Nous souhaitons objec-tiver les termes du débat…

Comment préciser l’image du pays en France ? Quelssont vos relais privilégiés dans ce but ?En synergie avec Invest in Turkey à Istanbul, nous centronsnotre action sur la communauté des affaires : des dirigeantsde sociétés et responsables export aux acteurs institutionnelsou privés qui les accompagnent vers les marchés extérieurs.Ceci sans oublier le Parlement et la presse, qui constituentdes relais précieux, ou les associations, organisations ou ins-

titutions travaillant sur la Turquie comme l’Institut duBosphore, nouvellement créé, qui, parmi différentes initia-tives, organise prochainement une manifestation très utilesur les fusions et acquisitions transfrontalières entre sociétésfrançaises et turques. Sur le plan opérationnel, à mon arrivée il y a trois ans, je mesuis attaché à nouer des relations de partenariat notammentavec Ubifrance, avec les chambres de commerce et d’indus-trie, quelle que soit leur taille, avec l’Agence Française pourles Investissements Internationaux ou l’Agence Française deDéveloppement.Pour avoir été en poste précédemment dans le monde del’entreprise, je connais les contraintes à relever au quotidienquand on dirige une société. C’est pourquoi je peux dialo-guer efficacement avec mes interlocuteurs, leur présenter defaçon opérationnelle les avantages du pays et les aidespubliques mises en place par le Gouvernement turc et dontils peuvent bénéficier s’ils souhaitent y développer un projetd’investissement ou d'extension de leurs activités sur place.Je les invite à venir sur place, à ne pas se laisser influencer parles idées qui peuvent circuler. Je leur dis à chaque fois que j’enai l’occasion : en prenant une telle initiative, vous constaterezpar vous-mêmes ce qu’est la Turquie et trouverez la réussitedans un pays qui aime les investisseurs internationaux ! Les entreprises françaises qui ont fait le choix de la Turquies’y sentent bien, y restent et y développent leurs projets,entraînant dans leur sillage partenaires et sous-traitants !Avec, dans certains cas, une présence industrielle qui per-met de préserver les emplois en France. Le Président Sarkozy lors de ses voeux au monde écono-mique en début d’année 2010, a indiqué que le différentieleuro/dollar représentait alors un «problème considérable»pour les entreprises qui produisent en euro et vendent enzone dollar ; pour créer des emplois en France, il fautéventuellement produire en partie en zone dollar ; grâce àson réseau de Zones Franches sur tout son territoire, laTurquie offre aux entreprises industrielles internationalesdes conditions très favorables leur permettant de retrouverune réelle compétitivité afin de conserver ou de conquérir

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François Bernard Représentant permanent d’Invest in Turkey en France

«L’image de la Turquie en Francea commencé à changer, la

connaissance de ses atouts aussi !»

Le ournal du ParlementJ Turquie

Page 55: Journal du Parlement Special Turquie

de sollicitations que nous recevons, le public varié quiassiste aux colloques sur la Turquie, dont de nombreuxdirigeants de PMI-PME, et les décideurs institutionnels qui,désormais, à Paris comme en province, se tournent toutnaturellement vers notre Agence! Nous bénéficions aussi desretombées de certains événements, dont la Saison Turque enFrance, qui a également contribué à valoriser l’image de laTurquie, à Paris comme en province.

Comment analysez-vous vos fonctions ?La France est perçue par la Turquie comme un pays impor-tant. Si ces fonctions impliquent un fort investissement entemps et beaucoup d’énergie, j'ai la chance de bénéficier àParis du soutien sans faille du Président Alpaslan Korkmazqui est par ailleurs, un Francophone et Francophileconvaincu. Dans la vie, rien de grand ne se fait sans passion : telle est la devise qui me guide !

des marchés internationaux, avec des partenaires locauxou seules!

Quels sont les éléments essentiels de votre communi-cation sur les atouts que présente la Turquie pour undirigeant d’entreprise ou un responsable export sou-haitant développer son activité à l’international ?A Paris comme dans les autres bureaux que compte Invest inTurkey dans le monde, les messages clés relatifs aux atouts dela Turquie sont identiques car le reflet d'une même réalité :• un vaste marché intérieur de 72 millions d’habitants, dont

le pouvoir d’achat a fortement augmenté depuis quelquesannées ;

• une position géostratégique incontournable ;• une fiscalité attractive ; • une qualité de main d’œuvre due à un effort dans l'éduca-

tion sans précédent ; • grand pays émergent, à seulement trois heures d’avion et

trois jours de camion de Paris, lié à l’Union européennepar un accord d'Union Douanière depuis 1996, la Turquieconnaît depuis plusieurs années une progression dyna-mique de son PIB et renouera selon toutes les prévisionsavec la croissance en 2010.

Le pays a jugulé son inflation et trouvé une stabilité politiqueet institutionnelle. Sa marche vers l’Europe contribue à lamodernisation accrue de ses institutions. Je le rappelle, lesentrepreneurs internationaux peuvent y opérer en dollars,s’ils le souhaitent, en zone franche, pour ne pas pâtir del’euro fort qui renchérit leurs exportations… Avec ce dyna-misme, et c’est un phénomène nouveau, le pays attire denombreux cadres turcs basés en Europe. En effet, de plus enplus de Turcs de la seconde génération reviennent y fairecarrière !De plus, je rappelle aux investisseurs Français que la Turquiepeut être le partenaire idéal pour conquérir, ensemble, denouveaux marchés. Ne l'oublions pas, la Turquie ouvre laporte à près 1,5 milliard de consommateurs par le jeu desaccords divers passés avec ses voisins comme avec de nom-breux pays dans lesquels les entreprises turques sont déjàbien implantées.

Au colloque du 7 décembre 2009 organisé au Sénat,une manifestation dotée d’un programme prestigieux,vous aviez convié des représentants d’Invest in France.Pourquoi cette initiative ?S’il est important de faire connaître la Turquie en France, ilfaut aussi promouvoir la France en Turquie. La France y estbien connue notamment dans les secteurs de la mode, duluxe, du nucléaire, de l’agroalimentaire et du transport ; c’estmoins vrai pour d'autres secteurs dans lesquels la Francepossède un savoir-faire éprouvé et reconnu comme la hautetechnologie. Le développement des relations d’échanges etdes investissements bilatéraux, de France vers la Turquiecomme de Turquie vers la France, aura un impact positif sur lesdeux économies par une meilleure connaissance réciproque.

Comment mesurer l’efficacité des mesures lancéesdepuis trois ans ?Le travail de terrain commence à porter ses fruits. L’image dela Turquie a déjà changé. J’en veux pour preuve le nombre

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réuni un beau plateau.*Il était organisé par l'Agence Invest in Turkey avec lesoutien du groupe d’amitié France-Turquie au Sénat pré-sidé par le Sénateur Jacques Blanc, la participation deUbifrance, de l’A.F.I.I. – «Invest in France» ainsi que duPrésident du groupe d’amitié France-Turquie del’Assemblée Nationale, M. Diefenbacher.

S’y sont exprimés notamment :- M de Castries, Président de la «Saison de la Turquie en

France», Président du directoire du groupe AXA,- Dr Atamer, Doyen de EM Lyon Business School, - M Korkmaz, Président de l'Agence Nationale Turque

«Invest in Turkey», - M Boscher Directeur Général de l'A.F.I.I, « Invest in

France » - M Cousin, Président d’Ubifrance, - M Jacquier, Directeur Général Adjoint de l'Agence

Française de Développement (AFD) et Vice-Présidentde Proparco,

- SEM Simsek, Ministre Turc des finances, - M Zlotovski, Chef économiste Coface,- M Bernard, Représentant permanent de l’Agence

«Invest in Turkey» en France, - M Baroux, Chef de mission Ubifrance à Istanbul,- M Hamamcioglu, Président de la Chambre de

Commerce Française en Turquie,- M Armitano, CEO du groupe Res Méditerranée

Energie renouvelable,- M Jegoux, CEO groupe Nedshipgroup Construction,- M Lanfrey, Président de la section Turquie des

Conseillers du Commerce Extérieur de la France,- SEM Tordjman, Ambassadeur aux Pôles de compétiti-

vité, Ministère de l'économie,- M Colakoglu, Président du Conseil d’affaires Turquie-

France,- M Lemierre, Président du Conseil d’Affaires France-

Turquie du Medef.*cf page 38

La densité des échanges franco-turcsLa densité des échanges franco-turcs

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Istanbul bénéficie du dynamisme de l’économie turque et de sa position géogra-phique clé. Par sa taille, elle échappe à toute comparaison avec les principalesmétropoles européennes, et démultiplie les initiatives pour attirer les porteurs de

projets. La chambre de commerce, que préside Murat Yalintas, apporte sa contribu-tion active à son développement économique.

En préambule, pouvez-vousnous présenter les principalescaractéristiques du tissu éco-nomique de la Turquie?

La Turquie se situe entre l’Europe,l’Asie Centrale et le Moyen-Orient. Intégrée dans l’Uniondouanière de l’union douanièredepuis 1996, elle est candidate àl’intégration européenne depuis2005. Elle dispose d’un environ-nement d’affaires libéral et réfor-

miste, et propose des conditions d’investissement compéti-tives. Elle attire des flux élevés d’investissements directsétrangers, soit plus de 73 milliards de dollars ces cinq der-nières années contre 20 milliards de dollars au cours des 35années précédentes.

La Turquie a le 16ème PIB au monde, selon les calculs du FMIbasés sur la parité de pouvoir d’achat. C’est la sixièmeéconomie d’Europe, après l’Allemagne, le Royaume-Uni, laFrance, l’Italie et l’Espagne. Elle a connu une croissance éle-vée et durable de 2002 à 2008, avec un taux annuel moyende 5,9%, même si elle a été frappée par la crise économiquemondiale au deuxième semestre 2008. Elle compte unepopulation de plus de 72 millions personnes, dont 64% ontmoins de 34 ans ; en 2008, le PIB par habitant étaitd’environ 10 500 dollars.

De 2003 à 2008 :• Le PIB a augmenté de 143%, atteignant 742 milliards de

dollars• Le PIB réel a augmenté à un taux annuel moyen de 6%• Les exportations ont augmenté de 179% et ont atteint 132

milliards de dollars• Le commerce extérieur a augmenté de 186% • Les exportations aux pays voisins ont augmenté de 278% • Les importations auprès des pays voisins ont augmenté de 274%

La croissance économique est principalement tirée par lesinvestissements privés, soutenus par des performances éle-vées à l’exportation. Aujourd’hui, les entreprises du secteurprivé sont compétitives sur les marchés mondiaux, commeproducteurs de biens à coûts raisonnables, mais surtout,comme fabricants de produits de qualité sous marqueturque. C’est le cas également pour les services tels que labanque et le tourisme ; de nombreuses sociétés turques ontété primées pour la qualité de leur offre.

Un problème majeur auquel nous nous faisons face, commepresque tous les pays, est l’augmentation du chômage.Après avoir grimpé à 16% au mois de mars 2010, il diminuelentement, mais il faudra au moins cinq ans, sinon plus,pour le ramener en dessous de 10%. Même si différentssignes annoncent la fin de la crise mondiale économique,et si les experts prévoient une croissance du PIB réel deTurquie de 3,7% et 4% en 2010 et 2011, une régression rapi-de du chômage n’est pas attendue.

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Murat Yalintas, Président de la Chambre de Commerce d’Istanbul

Le ournal du ParlementJ Turquie

Si elle est la plaque tournante ducommerce et de l’industrie, Istanbulest le centre financier de la Turquie

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Un des aspects les plus frappants de la performance récentede l’économie turque a été la réduction considérable del’inflation, dans un environnement de forte croissance, endépit de prix de l’énergie en forte hausse. L’inflation a chuté,d’environ 70% début 2002, à 5,4 % en septembre 2009.

La discipline fiscale a été une des pierres angulaires de laperformance macroéconomique de l’économie turque.Grace à sa politique fiscale prudente, La Turquie a réduit sonniveau d’endettement entre 2002 et 2008 ; elle a l’une desmeilleures performances parmi les économies de l’OCDEconcernant la réduction de la dette gouvernementale. Biensur, c’était le cas jusqu’à ce que les effets de la crise écono-mique actuelle se soient clairement manifestés. Le PIB réelau premier semestre 2009 s’est contracté de 10,6%. Leralentissement des activités économiques et la réduction derentrées fiscales, ont forcé le gouvernement à assouplir sadiscipline fiscale. Malgré cela, le niveau de la dette gouver-nementale par rapport au PIB représentera 50% à la fin de2009 et respectera toujours les critères de Maastricht, inférieur à 60%.

Pour résumer, la Turquie a une économie jeune et dyna-mique. Le moteur de la croissance est le privé, axé surl’exportation. Le gouvernement s’efforce de créer un envi-ronnement d’affaires libéral et propice à l’investissementafin d’aider les sociétés du pays à se développer à l’interna-tional et attirer des investisseurs internationaux.

Plus spécifiquement, quels sont les secteurs prédomi-nants à Istanbul ?

Avec 12,6 millions d’habitants, soit 17,8% de la populationde Turquie, Istanbul est l’une des plus grandes villesd’Europe. Istanbul a plus d’habitants que 100 pays dont19 de l’Union européenne. C’est la locomotive et le cœurde l’économie turque. La ville génère plus du cinquième du revenu de Turquie. Selon PricewaterhouseCoopers, ens2020, ses revenus augmenteront de 100% pour atteindre287 milliards de dollars en parité de pouvoir d’achat ; ellesera alors 27ème parmi les villes les plus riches au monde.

Istanbul contribue à 42% des rentrées fiscales de Turquie.16% de la main d’œuvre du pays et 20% des salariés del’industrie y travaillent. Elle détient une part prépondérantedans le commerce extérieur comme la production totale dela Turquie. Selon les registres douaniers, Istanbul couvre56% du total des exportations et 58% du total des importa-tions de Turquie.

Le textile et l’habillement, le cuir, le verre, le caoutchouc,l’électronique, l’industrie mécanique, le papier et les produits dérivés, les machines, l’alimentation et la chimiesont les principales industries de fabrication concentrées àIstanbul.

Dans ce contexte, quels sont le statut et les missionsd’ITO, Chambre de Commerce et d’Industried’Istanbul ?

La Chambre de Commerce d’Istanbul, l’une des cinq plusgrandes au monde, avec plus de 300 000 adhérents, soit lequart des sociétés de Turquie, est la plus grande organisationprofessionnelle du pays.

En tant qu’organisation à but non lucratif, une de ses princi-pales tâches est de faire des études, de collecter et diffuserdes informations pour ses membres sur différents sujets,pour fournir des informations actualisées et encourager lesrelations économiques et commerciales entre les entrepre-neurs turcs et leurs homologues à l’étranger.

Chaque année, elle reçoit environ 100 délégations commer-ciales et des représentants du monde entier, participe àenviron 20 foires internationales, et entretient des relationsfortes et des coopérations étroites avec des organisationsinternationales.

La Chambre de Commerce d’Istanbul, l’une des plusgrandes organisations non-gouvernementales de Turquie, apour but de promouvoir le développement économiqueextérieur et intérieur à Istanbul, et de soutenir l’économieturque.

Pour atteindre ces buts, elle aide à identifier et résoudre des problèmes liés au commerce ; améliore l’environnementdes affaires et de l’investissement ; permet une meilleurecompréhension et un accès facilité aux marchés extérieurs ;fait avancer les relations commerciales internationales.

De plus, elle mène des projets recherche intensifs dans laplupart des domaines en relation avec le commerce et l’économie. Ses conclusions sont publiées régulièrement.Elle cherche activement à préserver le patrimoine historiqueet l’identité culturelle de la ville en assurant sa promotioncomme premier pôle de Turquie pour le commerce, la créa-tion de réseaux et la formation technique. L’organisations’occupe également de problèmes municipaux qui ont unimpact direct sur le commerce. Elle respecte les intérêts dupays et soutient les droits de ses membres.

Comment accompagnez-vous les investisseurs étrangers souhaitant s’implanter sur votre territoire,situé de part et d’autre du détroit du Bosphore ?

Selon notre «Loi d’Investissement Étranger Direct», entréeen vigueur en 2003, les sociétés créées avec du capitalétranger en conformité avec le Code de commerce turc sontconsidérées comme des sociétés turques et observent lesmêmes réglementations que ces dernières. Comme c’est lecas dans tous les pays, toutes les sociétés, nationales ouétrangères, nouvellement créées, doivent être enregistréesauprès des Bureaux d’Enregistrement de Commerce qui opè-rent sous l’égide des Chambres. De plus, il est obligatoired’être membre de la Chambre qui se trouve dans la zone oùleur siège social est implanté, comme c’est le cas dans plu-sieurs pays de l’Europe. Ainsi, la Chambre de Commerced’Istanbul sera la première étape d’un investisseur souhai-tant s’implanter sur place. Nous essayons de l’informer sur

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La densité des échanges franco-turcs

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les procédures de création, les zones et incitations à l’inves-tissement, le système fiscal turc, les coûts, la réglementationconcernant le marché de travail ou le commerce, afin qu’ilpuisse prendre ses décisions plus facilement. Nos expertssont toujours disponibles et nous fournissons différentespublications telles que des guides, des brochures, des rap-ports et documents. Si nécessaire, nous l’invitons à s’adres-ser à d’autres institutions publiques et/ou à des associationsspécifiques à son secteur, pour y trouver les informations etcontacts nécessaires.

S’il recherche un ou plusieurs partenaires, nous l’aidons àentrer en contact avec des sociétés turques. Il existe diffé-rentes modalités. Nous pouvons diriger le porteur de projetvers des associations spécifiques ou transmettre sesdemandes à nos Comités Professionnels en relation avecleur secteur et les diffuser à nos membres à travers notreJournal Hebdomadaire, notre Magazine Mensuel, notre siteweb ou par d’autres moyens.

Nous portons un intérêt particulier à l’amélioration des rela-tions internationales et la coopération avec des institutionsd’autres pays. Dans ce but, nous recevons une centaine dedélégations commerciales tous les ans pour établir des par-tenariats avec des institutions et cercles d’affaires étrangers.Notre Chambre a signé des «Protocoles de Coopération»avec de nombreuses Chambres et Associations d’Affairesétrangères, grâce auxquelles nous pouvons faciliter l’interac-tion entre les entrepreneurs turcs et étrangers. Dans cecadre, notre Chambre organise régulièrement des réunionsbilatérales.

Quelles sont les raisons pour lesquelles votre paysexerce une forte attractivité auprès des entreprisesfrançaises et quelle valeur ajoutée, cette présencefrançaise apporte-t-elle aux entreprises turques?

Pendant la dernière décennie, la Turquie est devenue trèsattractive pour les investisseurs étrangers, de France commede nombreux pays. Il y a plusieurs raisons à cela. En réac-tion à la crise économique de 2001, qui peut être considé-rée comme la plus grave de l’histoire de la République, laTurquie a adopté une politique macroéconomique forte avecplusieurs reformes structurelles importantes, créant un envi-ronnement macroéconomique et des fondamentaux beau-coup plus solides et stables. Dans tel un environnement, lepotentiel de l’économie turque a pu se révéler, et le PIB aprogressé de 6,8% de 2002 à 2007 en moyenne, une perfor-mance exceptionnelle si nous le comparons à celle d’autrespays de même niveau. Pendant la même période, la stabili-té économique, mais aussi, politique avec un gouvernementà parti unique, ont contribué à la solvabilité de la Turquie.Un autre facteur important était l’accession à l’Union euro-péenne, dont les négociations ont officiellement débuté en2005. Notre gouvernement a également adopté beaucoupde reformes pour améliorer l’environnement des affaires etde l’investissement, ce qui a augmenté l’attractivité de laTurquie comme lieu d’investissement.Pendant cette période, la Turquie est devenue beaucoupplus intégrée au reste du monde, commercialement, finan-

cièrement et diplomatiquement. C’est la seule et uniqueRépublique démocratique avec une majorité de Musulmans,qui a la capacité de construire des canaux de communica-tion efficaces entre l’Europe et le Moyen-Orient, et entretientdes liens historiques forts et des relations de proximité avecle Caucase et l’Asie Centrale.

De ce fait, les flux d’investissements directs de l’étrangervers la Turquie sont montés en flèche et ont atteint 20 mil-liards de dollars en 2006, contre un milliard par an pendantles années 1990. Cette même année, la Turquie a été troisiè-me après la Chine et la Russie parmi tous les pays en voiede développement concernant les investissements directsétrangers. Elle a amélioré sa performance en 2007, et atteint22 milliards de dollars. En 2008, l’année où la crise mondia-le financière a débuté, les flux d’IDE ont atteint 18 milliards dedollars. Ces données montrent clairement le potentiel du pays.

Nous sommes conscients de l’importance de la recherche etdéveloppement et d’autre part de l’innovation. Concernantles investissements en R&D, la Turquie a un long chemin àparcourir ; cette activité est réglementée par la «Loi surl’Amélioration des Activités de Recherche et deDéveloppement», entrée en vigueur en 2008. L’un de sesnombreux objectifs est d’augmenter les investissementsdirects étrangers dans ce domaine et la coopération entre lessociétés nationales et étrangères. À cet égard, la loi offre desincitations très généreuses.

Pour nous, établir un Technoparc à Istanbul est une priorité;nous pourrons ainsi apporter notre propre contribution auprogrès de la Turquie dans ce domaine. Les sociétés fran-çaises qui ont déjà investi en Turquie ont apporté de lavaleur ajoutée à tous niveaux ; nous invitons les dirigeantsfrançais qui cherchent des sites rentables à augmenter leursinvestissements en Turquie, pour profiter des opportunitésfournies par notre très jeune système d’incitation à R&D.

Enfin, avant le 28 mars 1930, Istanbul porta égalementle nom, entre autres, de Byzance et de Constantinople.Quelle est l’évolution de la fréquentation touristiquedans la capitale économique de la Turquie et quellessont plus particulièrement la place et les perspectivesdu tourisme d’affaires ?

Istanbul a été internationalement connue pendant tout sonl’histoire ; sa réputation en matière de tourisme granditactuellement. A cheval sur deux continents, l’Asie etl’Europe, elle a un riche passé historique, comme épicentrede trois empires mondiaux, romain, byzantin chrétien etottoman islamique. Istanbul, qui a toujours été une destina-tion clé en commerce international par terre et par mer àcause de son emplacement stratégique, est la plus grandeville de la Turquie et son cœur économique. De 2005 et2008, on note une augmentation considérable du nombred’étrangers qui l’ont visitée. Ils étaient 4,85 millions en2005, un chiffre en progression de presque cinquante pourcent en 2008, porté à environ 7 millions. Un visiteur étran-ger sur cinq en Turquie visite Istanbul. Les recettes du touris-me représentaient 4,2 millions de dollars en 2005, et5,8 millions en 2008.

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Istanbul est une ville d’industrie et de commerce, mondia-lement connue pour les expositions, les foires et lescongrès. Des sociétés internationales y ont ouvert des suc-cursales et y organisent des congrès et conférences locales,régionales ou mondiales ou y assistent. La position de laville comme pôle d’attraction touristique lui a permis dedevenir une destination prisée pour les foires et congrès,accueillis partout dans la ville, dont au centre d’exposi-tions CNR, le plus grand Centre de Foires Commercialesd’Eurasie et Le Istanbul Convention & Exhibition Centre(ICEC) qui accueille plusieurs congrès et exhibitionschaque année. Ceci entraîne l’augmentation du nombre devoyageurs d’affaires.

Istanbul est la plaque tournante de la Turquie pour lesréunions internationales. Ces dix dernières années, la ville areçu beaucoup de manifestations de haut niveau, et estdevenue l’une des destinations préférées pour les congrèsinternationaux. Selon les statistiques de l’association inter-nationale ICCA, elle est passée de la 40ème place en 2000 àla 15ème en 2008 concernant le nombre de réunions interna-tionales. Le nombre de participants qui y ont assisté a aug-menté encore davantage, la classant au 12ème rang mondial.Aujourd’hui, Istanbul prend sa place parmi les villes d’ac-cueil des réunions et congrès internationaux, aux côtés deses concurrentes mondialement reconnues.

Ses infrastructures sont en expansion face à l’augmentationdu potentiel et de la demande de congrès. Le IstanbulCongress Center, qui a reçu la réunion du FMI et de larBanque Mondiale au mois d’octobre 2009 a porté la capa-cité de Congress Valley à 20 000 personnes.

Le Haliç Convention Center a ouvert ses portes au mois demars 2009 et reçu le 5ème Forum Mondial de l’Eau, avecpresque 30 000 participants. Si elle est plaque tournante ducommerce et de l’industrie, Istanbul est le centre financierde la Turquie. Les sièges des banques privées turques s’ytrouvent, ainsi que 21% des agences bancaires de Turquie.

Mis à part ces institutions nationales, dans les quartiersd’affaires centraux se trouvent également les succursalesde plusieurs banques internationales comme Citibank,JP Morgan, ING, Banca di Roma, Deutsche Bank, etCommerzbank. Actuellement, le Gouvernement et deskorganisations du secteur privé, telles que nos chambres,projettent de transformer Istanbul en centre internationalde la finance. Une telle perspective recèle également desperspectives très positives pour les voyages d’affaires. Lacapacité et l’expérience d’Istanbul pour recevoir des évènements majeurs complètent son rôle politique, écono-mique et historique et confortent son attractivité pour lesréunions internationales.

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La densité des échanges franco-turcs

La Chambre de Commerce d’Istanbul

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Yves-Marie Laouenan conseille des entreprises françaises et européennessouhaitant opérer en Turquie. Cet ancien président de la Chambre deCommerce et d'Industrie Française en Turquie et actuel vice-président de

l’UCCIFE (1) et Conseiller du Commerce Extérieur de la France juge positives lesévolutions que connaît le pays dans le domaine économique, mais aussi, social etpolitique. Car, outre sa capacité à absorber les exportations françaises, avec sonvaste marché intérieur, la Turquie constitue une excellente base pour développer unprojet industriel et un relais de croissance très dynamique.

Comment analysez-vous les évolutions de la Turquied e p u i s u n e v i n g t a i n e d’années ?

J’ai connu la Turquie en tant queConseiller Commercial, puisdirecteur général de CimentsFrançais Turquie ; j’y suis restéen tant que Consultant. Depuis 15 ans, je réponds à la demanded’entreprises françaises ou inter-

nationales qui souhaitent y développer un projet d’affaires.J’ai ainsi accompagné des dirigeants d’entreprises desecteurs variés dans la réalisation d’un investissement oula recherche d’un partenaire. Je vis à Istanbul et m’y senschez moi.

Le pays a connu une transition importante à partir desélections libres de 1983, date qui a ouvert une ère de fortelibéralisation économique. Il a été marqué par une certaineinstabilité politique au cours des années 1990, sous l’effetdes gouvernements de coalition qui se sont succédé.

Sur le plan politique, la situation s’est améliorée depuis2002, les rènes étant confiées à un parti unique. Sur leplan économique, la restructuration du secteur bancaire

intervenue à la suite de la crise financière de 2004 et lesrègles adoptées par les autorités de contrôle du secteur onteu des effets bénéfiques : les banques turques n’ont pas étéaffectées directement par la crise financière née des sub-primes américaines, dans la mesure où elles n’ont pas, parelles-mêmes, souscrit des placements à risques tels que lestitrisations ou les produits dérivés.

Alors que les années 1980 et 1990 avaient été marquées par une forte inflation, qui a pu atteindre 100% comme celafût le cas au Brésil ou en Israël, celle-ci est maintenueaujourd’hui bien en dessous de 10%.

Le pays est donc sorti de son «adolescence» et abordel’intégration européenne, cap qui s’accompagne d’une fortedynamique de changements. Avec sa population jeune, bienformée, urbaine en majorité, elle constitue une véritableterre d’entrepreneurs.

Comment le pays a-t-il fait face à la crise, qui a malmené la plupart des économies occidentales ?

La Turquie présentait jusqu’à récemment des taux decroissance très dynamiques, à hauteur de 7%, qui laclassaient au troisième rang après la Chine et l’Inde, maisdevant la Russie. Ce mouvement a été affecté par lesdifficultés des économies européennes, ses principaux

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Yves-Marie Laouenan Consultant

«La Turquie, un débouché de

choix pour nos entreprises

et un relais de croissance»

Le ournal du ParlementJ Turquie

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clients à l’exportation. La Turquie qui a ainsi indirectementpâti de la crise économique, selon les prévisions de l’OCDE,doit renouer avec la croissance dès 2010.

Les analystes s’accordent sur le rôle majeur que joueront leséconomies émergentes pour créer la reprise de l’économieau niveau mondial : la Turquie sera ici un acteur majeur…

Cette période difficile, marquée par l’effondrement de lademande au niveau européen et mondial, a incité lesentreprises turques à chercher de nouveaux débouchés ;elles se sont tournées notamment vers l’Afrique ou l’Indealors qu’elles avaient déjà pris pied dans la décennieprécédente en Russie, dans les Balkans et en Asie Centrale,et sur certains marchés tels que le marché russe, kazakhe,azerbaïdjanais ou roumain elles sont devenues incontour-nables dans des secteurs tels que ceux de la construction etdes travaux publics, là où les grands noms français ont plusde difficultés à s’imposer.

2008 et 2009 ont cependant vu une hausse du taux de chômage, qui a dépassé un taux officiel de 14% de la popu-lation active, mais dont l’impact se trouve heureusementatténué ici par le maintien du lien social et la préservationdes solidarités familiales.

Comment y définir la présence économique françai-se ? Pour quelles raisons faut-il conseiller la Turquie àune entreprise qui souhaite s’internationaliser ?

La présence économique française en Turquie est actuelle-ment très importante : la France constitue le deuxièmeinvestisseur en stock dans le pays. Cette évolution resterécente : assez récente puisque l’on ne recensait ici que7 sociétés d’origine française il y a vingt ans ; elles sont àprésent près de 300. La plupart des grandes entreprisesfrançaises, membres du CAC 40, ont fait le choix d’être présentes en Turquie ; c’est le tour aujourd’hui des PME,pour exporter, mais également, pour investir : la Turquie, sielle constitue un marché attractif compte tenu de sa démo-graphie, est riche de son tissu industriel, de la qualité de samain d’œuvre et du dynamisme de plusieurs secteurséconomiques, de l’industrie automobile à la machine outilou la chimie, en passant par le textile… De telle sorte qu’ilest facile d’y trouver un sous-traitant ou un partenaire dequalité. Le pays constitue aussi une implantation stratégiquepour approcher les marchés d’Asie Centrale ou du Proche-Orient.

Comment analysez-vous l’image de la Turquie enFrance ?

Il existe encore en France une relative ignorance de la réali-té turque d’aujourd’hui. La Turquie est depuis 90 ans unpays laïc, tourné vers l’Europe. Ce pays profondément fran-cophile et dont les élites ont fréquemment été formées dansles nombreux lycées ou universités francophones locaux,souffre de clichés ou de la méconnaissance d’une grandepartie de l’opinion française. Les Turcs comprennent mal

cette situation. Ils se montrent très attachés à la France, dontils apprécient la culture, qui constitue l’une de leurs princi-pales destinations touristiques et dont ils connaissent bien lavie politique dont les évolutions sont reprises et commen-tées régulièrement par les principaux médias turcs; c’estainsi que la visite récente du Président de l’AssembléeNationale, Gérard Larcher, a été très suivie en Turquie.Aussi, certaines déclarations recurrentes, relatives à l’inté-gration européenne de la Turquie, rencontrent-elles l’incom-préhension de la part des Turcs… Il leur est difficile de com-prendre ce revirement… Après tout, le statut officiel de « Pays Candidat » a été attribué à l’unanimité à la Turquie en2002 par tous les Chefs d’Etat et de Gouvernement présentsau Conseil européen… dont ceux de la France !

Tourner le dos à la Turquie c’est méconnaître le fait que laFrance comme l’Union européenne ont besoin à leur portede ce relais de croissance, trait d’union entre le monde occi-dental et oriental comme entre l’Europe et l’Asie, et qui,avec ses institutions, peut tenir lieu de modèle démocratiquedans la région… Car la Turquie est actuellement le seul paysmusulman et républicain ayant atteint cette phase de déve-loppement qui soit doté d’un régime démocratique…

Il est certain que la Turquie doit encore progresser dans sonaction réformiste en de nombreux domaines avant de pou-voir rejoindre de plain pied l’Union européenne. Mais n’ou-blions pas qu’elle constitue pour nous un atout précieuxpour l’avenir…

(1) UCCIFE Union des Chambres de Commerce et d’IndustrieFrançaises à l’Etranger

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Groupe mutualiste d’assurance, de banque et de servicesfinanciers, Groupama réunit 39 000 salariés au service de 16 millions de sociétaires et clients. Implanté en Turquie

depuis 1991, le Groupe poursuit son développement sur ce terri-toire riche de potentiel.

Au préalable, pouvez - vous nous décrire les potentiali-tés du marché turc de l’assurance ?

Forte de plus de 70 millions d’habitants, la Turquie disposed’une population jeune et est aujourd’hui la 15ème économiemondiale. La croissance moyenne est de 7% par an depuis2002. Partie prenante de ce développement, le marché del’assurance est en expansion rapide, avec un chiffre d’affairesmultiplié par dix en 7 ans ; avec une prime moyenne parhabitant de 75 h (1333 h pour la moyenne européenne), sonpotentiel de croissance est important. Les investissementsde Groupama en Turquie prouvent la confiance que nousplaçons dans le marché de l’assurance turque.

En 2006, Groupama a renforcé sa présence en Turquiepar le rachat des compagnies d'assurances turques,Basak Sigorta et Basak Emeklili. Quelle place souhai-tez-vous occuper dans ce pays ?

La Turquie tient un rôle majeur dans les ambitions internatio-nales de Groupama. Le Groupe est devenu l’un des leaders del’assurance dans ce pays. Présent depuis 1991 au traversd’une participation dans Günes Sigorta, Groupama a en effetacheté en 2006 Basak Sigorta (8ème assureur dommages) etBasak Emeklili (2ème assureur vie). En 2006, le Groupe aacquis l’assureur Güven (13ème rang en dommages, 15ème en vie).

Les acquisitions de Basak et Güven représentent un investis-sement de 600 M$ en Turquie. Groupama est ainsi devenu le5ème assureur dommages du marché turc et consolide sa2ème place sur le marché de l’assurance vie. Le chiffre d’affaires du nouvel ensemble a été de 444 Mh en 2008, en progression de plus de 20% en croissance organique parrapport à 2007.

Pour ce faire, l’activité des filiales de Groupama prend appuisur l’un des plus grands réseaux de distribution de Turquie.Basak Groupama Sigorta dispose d’un réseau de 1 319 agents,40 courtiers et d’un partenariat bancaire lui permettant d’accéder à 1 154 guichets sur l’ensemble du territoire. BasakGroupama Emeklili travaille avec un réseau de 120 agents,32 courtiers, 200 commerciaux et un important partenariatbancaire. Güven Sigorta est également le 1er acteur de l’assu-rance agricole en Turquie, un marché particulièrement dyna-mique et à fort potentiel (le secteur agricole représente 30%de la population active). Le contrat de distribution signé avecl’Union centrale des coopératives du Crédit agricole deTurquie lui ouvre un réseau de 1 926 coopératives.

Développez-vous également, en Turquie, des partena-riats dans des domaines aussi divers que la culture oule sport, à l’instar de votre soutien au navigateurFranck Cammas ?

En effet, au-delà de la dimension économique, Groupamas’implique également dans la vie culturelle en étant parte-naire du Festival du film d’Istanbul avec lequel laFondation Groupama Gan pour le cinéma, dont l’un desobjectifs est de contribuer à la sauvegarde du patrimoinecinématographique mondial, a créé une catégorie consa-crée aux anciens films turcs que la Fondation aide à restau-rer. Le Groupe a très naturellement choisi d’être partenairede la Saison culturelle turque en France (2009-2010)en étant l’un des principaux mécènes. Groupama a notam-ment fait découvrir au public français les films turcs restaurésavec le concours de la Fondation. Il s’implique égalementdans le programme Turquie de l’IFRI (Institut Français des Relations Internatio-nales), sur 3 ans, dont il est l’un desprincipaux mécènes.

Entretien avec

Jean-François LemouxDirecteur général international de Groupama

Une relationriche de potentiel

Le ournal du ParlementJ Turquie

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Avec l’adoption de la loi du 4 juillet 1900 qui leur confère une structure légale, lesmutuelles agricoles se développent localement pour couvrir les risques inhérentsà ce secteur : incendie, grêle, mortalité du bétail, etc. Si les premières mutuelles

naissent d’initiatives individuelles, elles sont encouragées par les lois sociales des années1920 (accidents du travail et assurance sociale) et par des subventions. En moins de 40 ans, 40 000 mutuelles seront créées. Trois mouvements convergents ont permis destructurer les Assurances Mutuelles Agricoles (AMA): l’extension de la définition durisque agricole, l’unification de la mutualité agricole au niveau national et l’adoption derègles communes pour les caisses régionales. Dès les années 1960, conscientes de labaisse inéluctable du nombre d’agriculteurs et de l’évolution du contexte économique,les AMA s’adressent à de nouveaux clients issus du monde rural : collectivités locales,petites entreprises, retraités, etc. Elles créent également des filiales pour diversifier leursoffres, avec l’assurance vie par exemple Fin des années 1990, la mondialisation de l’éco-nomie, l’ouverture européenne et la recherche d’économies d’échelle, conduisentGroupama à s’interroger sur sa taille, ses alliances, sa capacité financière et sa présenceinternationale. Le choix d’une croissance rentable, qui se traduit par l’acquisition de Gan,des regroupements régionaux, des opérations de croissance à l’étranger ainsi que ledéveloppement des activités bancaires et financières marque cette nouvelle période.

Des principes mutualistes

Les administrateurs de la mutuelle sont des sociétaires élusqui contrôlent le Groupe. A la fois clients et responsables dela performance économique, ils veillent à l’attractivité et lacompétitivité de l’offre. Quant au pilotage opérationnel del’entreprise est assuré par les équipes exécutives. Afin derépondre efficacement aux besoins de tous, la base du mutua-lisme, les sociétaires élisent leurs représentants au niveaulocal qui élisent à leur tour leurs représentants aux niveauxrégional et national. Chaque décision importante fait l’objetd’une réflexion collective en amont dans le cadre des assem-blées générales, conseils d’administration, commissions etréunions de travail. Ainsi, 68 000 administrateurs sont éluspour représenter les 5 400 caisses locales. Les administrateurslocaux, tous bénévoles, sont des relais entre les clients et l’entreprise pour améliorer la qualité des offres, services etprestations. Chaque année, plus de 300 000 sociétaires parti-cipent alors aux assemblées générales des caisses locales. Ilsapprouvent les comptes, sont informés sur les nouvelles offreset nouveaux services proposés par Groupama. Ils peuventprendre la parole pour formuler leurs remarques et sugges-tions.

Proximité, responsabilité, solidarité

La gouvernance de Groupama est en effet guidée par ces prin-cipes de proximité, de responsabilité, de solidarité. Forte de2 500 points de vente, la densité des réseaux commerciaux

Groupama est renforcée par l'engagement sur le terraindes administrateurs élus des caisses locales et régionales. Une relation étroite est ainsi établie avec les clients, fondéesur l'écoute et garante de la connaissance de leurs besoins.De plus, l’organisation fortement décentralisée du Grouperesponsabilise chaque échelon, local, régional ou national.Les représentants des assurés sont donc responsables de leursdécisions et de leurs conséquences devant ceux qui les ontmandatés. Enfin, la solidarité humaine et financière est unprincipe fondateur de Groupama. Elle se décline à chaqueniveau de décision : élaboration des offres, prévention, ouencore traitement et règlement des sinistres. Lorsque survien-nent des catastrophes naturelles, toute la puissance desréseaux est mobilisée.

Une vision stratégique

Leader de l'assurance en France, Groupama se mobilise afind’intégrer le Top 10 des assureurs européens à horizon 2012.Cette ambition passe par le choix d’une croissance rentable,la consolidation et le développement de ses positions enFrance, la mutualisation des moyens informatiques et leregroupement des caisses régionales. Il s’agit aussi d’accélé-rer l’essor du Groupe à l’international. Cet enjeu s’articuleautour de 2 objectifs stratégiques. D’une part, Groupama doitrenforcer sa position dans chaque pays d’implantation pour ydevenir un acteur significatif. D’autre part, le Groupe va s’im-planter dans des pays à fort potentiel, en priorité en Europecentrale et orientale. Conjuguant croissance organique et

Un siècle de solidarités

Le ournal du ParlementJ Turquie

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externe, ces objectifs seront atteints en investissant dans ladistribution de chaque filiale (renforcement des implantationsd’agences, conclusion de nouveaux accords, acquisitions decabinets de courtage, vente sur internet, etc.), en capitalisantsur les meilleures pratiques afin que les expertises dévelop-pées puissent profiter à l’ensemble des filiales et en ciblantdes acquisitions dans des pays à fort potentiel de croissance.

La meilleure société de gestion française et euro-péenne de sa catégorie

Groupama Asset Management est la 7ème société françaisede gestion d’actifs avec 81,3 milliards € d’encours gérés.Cette filiale de Groupama, est classée 1er gestionnaire fran-çais et européen de sa catégorie pour la régularité de ses performance. De fait, l’agence de notation quantitative desOPCVM européens, Eurofonds-Fundclass, l’a de nouveaurécompensée et décerné, le 9 mars 2010, le prix de la meil-leure société de gestion française et européenne de sa catégo-rie. Cette distinction salue la régularité de ses performances,la qualité dans la durée de sa gestion sur son cœur de métier:la gestion européenne.

Recevant ce prix pour la 4ème année consécutive,Groupama Asset Management a également obtenu, à cetteoccasion, un prix spécial. Groupama Asset Managements’appuie sur ses savoir-faire historiques pour développer etfaire évoluer son offre de gestion de manière à intégrer destechniques toujours plus pointues comme la performanceabsolue. Parallèlement, depuis 2000, elle s’engage pourl’investissement socialement responsable (ISR). GroupamaAsset Management intègre ainsi les critères environnemen-taux, sociétaux et de gouvernance (ESG) dans son analysedes émetteurs et des valeurs.

Faits et chiffres

Groupe mutualiste d’assurance, de banque et de servicesfinanciers, Groupama réunit aujourd’hui 39 000 salariésau service de 16 millions de sociétaires et clients.

• 1ère mutuelle d’assurance en France, 6ème assureurfrançais et 15ème assureur européen

• 16 millions de sociétaires et clients

• 39 000 salariés

• 7,2 milliards d’euros de fonds propres (au 31.12.2009 - Périmètre Groupe)

• 17,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires(+ 7,0 % en 2009 – périmètre Groupe)

• 620 millions d’euros de résultat net

• Métiers en France :1er assureur agricole, des collectivités locales, santéindividuelle, protection juridique, garantie des acci-dents de la vie, dépendance 2ème assureur maritime et transport,2ème assureur habitation3ème assureur auto, entreprises

• Présence internationale

13 pays en Europe, en Asie et en Afrique : Italie, Espagne,Grande-Bretagne, Portugal, Turquie, Grèce, Hongrie,Roumanie, Slovaquie, Bulgarie, Chine et Vietnam.Participation de 35 % dans le 1er assureur de Tunisie

Chiffres au 31/12/09

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En tant que Minist re del’Environnement et de la Forêt,quels sont vos principauxobjectifs pour l’année 2010 ?

Nous poursuivrons les projets detravaux renforçant la législation etl’application ainsi que l’harmoni-sation avec les directives euro-péennes re la t ives v i sant àcontrôler les émissions causéesprincipalement par les sites

industriels dans le cadre de la gestion de l’air, à améliorer laqualité de l’air et à réduire la pollution sonore.

Dans le domaine du traitement des déchets ; un de nosprincipaux objectifs est de développer les activités decontrôle et d’observation pour une l’application effective dela législation en matière de traitement des déchets.

Actuellement les 100.000 tonnes de déchets médicauxproduits dans notre pays ; sont, pour être détruits, enterrés à40 %, stockés à 21 %, incinérés à 18 % et stérilisés à 21 %. Selon le plan d’action des déchets médicaux qui esten cours de préparation par le Ministère de l’Environnementet de la Forêt, l’année 2010 sera une année de solution et ilest prévu dans ce cadre que des sites de stérilisation desdéchets médicaux soient mis en fonction dans toute laTurquie.

Les travaux d’observations de la pollution dans nos mers sepoursuivront également en 2010 et le Programme NationalIntégré d’Observation de la Pollution des Eaux (UESKIP)verra le jour.

Il est prévu que le Plan d’Action d’Urgence Régionale etNationale des Sites Côtiers relatif aux interventionsd’urgence sur les accidents des sites côtiers et des bateauxsoit achevé.

Dans le cadre de la résolution des procédures et principesrelatif à l’application des plans d’action d’urgence, la prépa-ration des procédures et principes relatif à l’utilisation de

dispersant lors du système d’action d’urgence fait aussi partie des objectifs.

Le projet d’observations de la pollution en Mer Noire qui adébuté en 2004 dans le cadre du Plan d’Action Stratégiquede la Mer Noire se poursuivra en 2010 et également par lasuite pour que la Convention de Bucarest sur la protectionde la mer Noire contre les pollutions dont la Turquie estégalement partie et ses protocoles additionnelles puissentêtre appliquées.

Dans le cadre du projet d’observation et des systèmes d’informations de la Mer Noire débuté en 2009 pour unedurée de 2 ans visant à réduire et à empêcher la pollution aupétrole, les systèmes des pays côtiers seront analysés et ledéveloppement d’un système commun pour la lutte contrela pollution au pétrole résultant d’accident ou de déchargesillégales en Mer Noire s’ajoute aux objectifs.

En matière d’eau, de nombreuses directives européennesdans le domaine de la qualité de l’eau ont été transférés à notre législation. Une révision du règlement relatif à l’épuration des eaux usées de la ville et de la Loi sur l’environnement de façon à satisfaire la directive cadre surl’eau est l’objectif de cette année.

Le laboratoire de référence environnemental effectuera destravaux d’observation tout au long de l’année 2010 pourpermettre le contrôle de la qualité de l’eau selon lesstandards européens dans le bassin du fleuve "BüyükMenderes". Les mêmes travaux seront effectués dans25 autres bassins en Turquie. Nous accordons également del’importance aux investissements qui permettront la réalisa-tion de nos objectifs dans le cadre du règlement relatif àl’épuration des eaux usées de la ville.

Dans le domaine du changement climatique, nous pré-voyons de présenter au Secrétariat la 2ème déclaration natio-nale qui nous revient dans le cadre de la Convention-cadredes Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC).

D’autre part, notre pays a ratifié le Protocole de Kyoto, le 26 août 2009. La préparation de l’inventaire d’émission est

SE Dr. Veysel ErogluMinistre de l’Environnement et de la Forêt

L’adaptation à l’acquis communautaire

en matière d’environnementva demander des investissements importants

TurquieLe ournal du ParlementJ

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Les secteurs porteurs

devenue encore plus importante pour nous, depuis que nousavons ratifié ce Protocole. Les travaux dans ce domaineseront renforcés et prioritaires. Par ailleurs, une de nos prio-rités principales sera d’intégrer les conditions particulièresde notre pays dans le cadre de la résolution 26/CP.7 dans letexte de la nouvelle convention en participant activementaux négociations du régime climatique après 2012 toujoursen cours.

Dans le cadre des travaux "Etiquette-Environnement", lesrecherches relatives au préambule d’un règlement concer-nant le processus de transfert de la directive n°1980/2000(EC) du Parlement Européen et du Conseil del’Europe "Plan d’Attribution de l’Eco- étiquette de l’Union",du 17 août 2000 à la législation nationale sont en cours. Lapremière étape des travaux d’harmonisation a été la réuniondes participants du Groupe de Travail de l’Eco-étiquetteavec la présence de nombreux organismes et établissements.

Le travail d’harmonisation que nous menons actuellementpropose non seulement l’application du l’Eco- étiquette del’Union mais également un nouveau système nationald’Eco-étiquette pour la Turquie en accord avec le systèmed’Eco-étiquette de l’Union. Grâce à cela, nous pourronsmettre en application le système d’Eco-étiquette national enconformité total avec le système d’Eco- étiquette de l’Unionsans adhésion ou sans attendre le processus de désignationd’un organisme compétent en Turquie. De cette façon, nouspourrons attribuer en tant que Ministère de l’Environnementet de la Forêt notre Eco-étiquette nationale aux produits quiseront déterminés lorsque le règlement entrera en vigueur.Quand la Turquie adhèrera à l’Union Européenne ou si lestatut d’organisme compétent est attribué avant l’adhésion,les articles du règlement relatif à l’application systèmed’Eco-étiquette de l’Union entreront en vigueur et la Turquiesera alors en mesure de délivrer des éco-étiquettes.

Les travaux du préambule de règlement sont en cours et ontprogressé de façon importante. Par contre, le règlementn°1980/2000 relatif à l’organisation d’un prix Eco-étiquettede l’Union a été révisé le 25 novembre 2009 et a été rem-placé par le règlement 66/2010 qui est entré en vigueur.

La Direction Générale des Eaux de notre Ministère envisagede terminer 232 projets d’utilisation de l’eau. Par ailleurs l’an-née 2010 sera l’année de la "Lutte contre les inondations".

Dans la région sous protection environnementale deFethiye- Göcek où se réalisent 70 % du tourisme marin"voyage bleu", les capacités de transport liées à l’utilisationdes bateaux seront déterminées et les activités de recherche,d’observation et de protection de la diversité des biologiesmarines se trouvant dans les golfes et baies seront renforcéesdans le courant de l’année 2010.

Quel budget va accorder la Turquie aux sujets envi-ronnementaux ?

Un budget de 106.000.000 Nouvelle Lire Turque a été prévupour être utilisé dans le budget de l’Administration centrale

de 2010 et dans le budget de la Direction Générale del’Administration environnemental.

Comment définiriez vous les travaux de protection del’environnement social et naturel effectués par laTurquie jusqu’à aujourd’hui ? Pouvez nous parler dequelques programmes en cours actuellement ?

La Turquie a ratifié jusqu’à aujourd’hui tous les accordsinternationaux en matière de protection sociale et environ-nementale et accomplie leurs obligations. Des travauxintenses sont menés tous les jours en tenant compte de lalégislation et des approches internationales.

Dalyan-Iztuzu, qui est une région protégée, a été choisie en2008, en Angleterre comme l’espace en plein air le mieuxprotégé en Europe.

Notre Ministère a débuté les travaux du projet de gestion desdomaines maritimes et côtiers et de celui de la diversité bio-logique de l’Agence Européenne de l’Environnement quiseront menés dans un cadre international.

La richesse naturelle de la Turquie, ses plages proté-gées et ses sites qui attirent chaque année les tou-ristes sont une de ses plus grandes ressources. Est-ceque l’arrivée en grand nombre de touristes obligevotre Ministère ou d’autres Ministères à prendre desmesures de protection pour l’environnement ?

Notre Ministère qui a la responsabilité de protéger et dedévelopper les sources de vie comme l’air, l’eau, la forêt brefl’environnement fourni tous ses efforts pour que le droit àvivre dans un environnement sain puisse être applicable.

Le Ministère de l’Environnement et de la Forêt qui poursuitses activités en privilégiant la satisfaction des personnes etdes organismes qu’elle sert s’efforce de généraliser dans lapratique une conception d’administration rationnelle,participative, transparente, intégrée et durable.

Nous observons de façon systématique la qualité de l’eaudans nos mers au sein de 198 stations. Le nombre de nosplages et de ports de plaisance possédant le drapeau bleu estpassé à 300 en 2009. La Turquie est quatrième au niveaumondial dans le domaine des plages possédant desdrapeaux bleus.

Dans le cadre la mobilisation nationale de reboisement, destravaux de reboisement et de réhabilitation seront réaliséssur une superficie de 2.3 millions de hectares qui équivaut àpeu près à la superficie de la Belgique.

Notre pays a fait preuve d’une grande réussite en étant dansles trois premiers pays, en 2009, dans le domaine destravaux de reboisement au niveau mondial.

Le Secrétaire Général de l’OCDE M. Angel Gurria a déclaréque la Turquie a été le leader mondial en matière de luttecontre l’érosion en 2008.

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Le fait que lors de la conférence de Copenhague organisée par les Nations Unies en décembre 2009, il n’y a pas eu de consensus, vous a-t-il déçu, à l’instardes autres participants ?

Comme on le sait, lors de la 15ème Conférence de l’ONUorganisée à Copenhague en décembre 2009, on n’a pas puarriver à un accord satisfaisant, mais uniquement auConsensus de Copenhague.

Le texte du Consensus de Copenhague a été établi dans lecadre de l’ONU mais il ne reflète pas vraiment le regroupe-ment des pays selon les conditions économiques actuelles.

Notre pays a déclaré qu’il pouvait contrôler les activités deréduction et d’émission, conformément au programmenational, en prenant en compte des conditions socio-écono-miques. D’autre part, il a demandé à bénéficier des facilitésconcernant les transferts financiers et de technologie.

De manière générale, tous les travaux effectués pour la luttecontre le changement climatique représentent les étapesd’un grand marathon. Le consensus de Copenhague est uneétape de ce processus. De ce point de vue, nous pouvons leconsidérer comme un développement positif.

La Turquie progresse vers l’Europe par domaines distincts, et en accomplissant des changements struc-turels. Quelle est la situation du point de vue de l’environnement ? Selon vous, est-ce que lesdemandes de l’Union Européenne sont sévères ?

Dans la perspective de la législation de l’environnement quis’inscrit dans le cadre de l’Union Douanière, nous avonspréparé plusieurs circulaires de mise en œuvre :

• Directive n° 67/548/EEC des produits chimiques dangereux

• Directive n° 86/609/EEC des animaux cobayes

• Directive n° 94/62 EC des emballages et des déchetsd’emballages

• Directive n° 98/70/EC concernant la qualité de l’essenceet du diesel

• Directive n° 99/32/EEC concernant le soufre contenu danscertains liquides combustibles.

• La commission européenne a préparé le «rapportd’évaluation des critères d’ouverture» en se basant sur ledocument de stratégie. «Le document sur la position denégociation finale» a été envoyé à la Commission le 13 novembre 2009

• l’ouverture du chapitre n°27 "Environnement" aux négo-ciations, a officiellement été annoncée lors de "laConférence intergouvernementale d’adhésion" qui a eulieu le 21 décembre 2009 à Bruxelles sous la présidencesuédoise de l’Union Européenne.

Les directives européennes appartenant au domaine de l’en-vironnement, constituent une partie importante de l’acquiscommunautaire de l’Union Européenne au regard de leurnombre élevé qui atteint les 300 et de l’étendue de leurcontenu. D’autre part, il est également nécessaire de mettreen œuvre ces directives après les avoir adaptées aux lois etrèglements de la législation turque qui seront publiés ourévisés, même si cette adaptation ne sera pas suffisante pourassurer un réel accord.

Cette adaptation à l’acquis communautaire va demanderdes investissements importants dans plusieurs secteurs (tech-nologie, infrastructure, capital d’exploitation, coût desmodifications administratives des institutions). Il est certainqu’obtenir un environnement plus propre et acquérir lesstandards de l'Union Européenne prendront du temps.

Les investissements nécessaires s’élevant à un coût élevé, ilsseront étalés dans le temps et en particulier, en ce quiconcerne la période après l'adhésion, nous allons faire unedemande pour un délai de transition dans des domaines précis afin de pouvoir achever la mise en place des infra-structures.

La Turquie est tournée vers un processus d'adhésion pleine,au cours duquel elle doit faire face à ses responsabilités.Pendant ce processus, les responsabilités et les travaux d'in-tégration dont dépend la Turquie, nécessitent des réformespolitiques, économiques et administratives.

Chacune des démarches qui vont être entreprises rappro-chera encore davantage la Turquie des normes de l'UnionEuropéenne. A l'issu du processus d'intégration, il est davan-tage important d'obtenir en Turquie des niveaux de vierejoignant les normes européennes, y compris en ce quiconcerne la propreté de l’environnement, que d'adhérer al'UE.

Comment interprétez-vous la situation des investis-seurs européens pour le financement du projet deconstruction du barrage de Ilisu, sur le Tigre ? A quelpoint de vue ce projet peut-il être considéré commeun grand projet ?

Comme on le sait, l'étape de la construction du barraged’Ilisu et de la centrale hydroélectrique a constitué unepériode difficile. Auparavant, les institutions de crédit alle-mandes, suisses et autrichiennes avaient annoncé à l'opi-nion publique qu'ils pouvaient donner un accord de crédit.Apres cela, ils ont déclaré que pour différentes raisons, ils nepouvaient pas accorder de crédit pour ce projet bien qu'ilsaient eu connaissance du contenu.

Cela a occasionné une perte de temps. Il ne faut surtout paspenser que nous allons renoncer à cause du comportementde ces institutions. Notre pays a déjà construit des barrages,il construira également celui-ci. Notamment, le 27 janvier2010, le consortium a trouvé le crédit nécessaire. Avecl'obtention de l’accord pour le crédit, il n'existe dorénavantplus d'obstacle pour accélérer ce projet.

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Le barrage d’Ilisu et la centrale hydroélectrique est un projetde DSI (Travaux hydrauliques d'Etat) qui a été planifié en1954 dans le but d'enrichir les ressources en eau et de laterre du Tigre.

Le barrage d’Ilisu est le plus grand barrage du bassin duTigre. Sa construction est destinée à produire de l'énergie,effectuer de l'irrigation et protéger des inondations en utili-sant le potentiel de l'eau existant dans l’embouchure duTigre qui est le deuxième grand fleuve de la Turquie.

Lorsqu'il sera construit, le barrage d'Ilisu qui occupera la2ème place en termes de volume de stockage et la 4ème entermes de puissance et de capacité de production annuelle,est la seule installation de stockage, capable de régulariserles flux du Tigre de façon économique.

Cette installation représentera un des plus grands investisse-ments du projet de l’Anatolie du sud-est qui est l'élémentfondamental, à long terme, du plan régional de développe-ment de la région du sud est de l’Anatolie.

Lorsque le barrage d'Ilisu et la centrale hydroélectriqueseront achevés, le barrage aura une hauteur de 135 m, unvolume de stockage de 45 millions m3, une longueur decrête de 1820 m.

Le lac du barrage aura la possibilité de stocker 11 milliardm3 d'eau et de produire environ 3,833 milliard kWh d'éner-gie annuelle, grâce à la centrale hydroélectrique qui estconstituée de 6 unités dont chacune a une puissance de200 MW, soit une puissance totale de 1200 MW.

Outre la production d'énergie, il sera possible d'irrigueravec des techniques modernes un espace de 121 000hectares couvrant les plaines de Silopi, Nisibe, Cizre etIdil, grâce aux eaux régulées par le barrage d'Ilisu et quialimenteront le barrage de Cizre qui sera construit par lasuite.

Avec tous ces atouts, le barrage d’Ilisu est un projet vitalpour la prospérité, la modernité et le développement denotre pays. Cette installation contribuera au développementde la totalité de la région d’Anatolie du Sud-est, en commen-çant par les villes de Diyarbakir, Batman, Mardin, Siirt etSirnak.

Avec l’énergie qu’il produira, il apportera à notre économie300 millions de dollars de ressources supplémentaires paran et pendant cette durée, il servira à la vie économique de80 000 personnes.

Quels seront vos sujets prioritaires dans les prochainsmois ?

Nous avons organisé des activités dans le cadre de la célébration des journées comme celle du 21 mars, journéemondiale de la sylviculture, du 22 mars, journéemondiale de l’eau et du 23 mars de l’année en cours,journée mondiale de la météorologie.

Comme je l’ai déjà indiqué, nous avons désigné l’année2010 comme «l’année de lutte contre l’inondation». C’estpourquoi nous allons organiser des réunions autour de cethème.

• Concernant le domaine de la réglementation des déchets ;mise en place d’un tri fiable des déchets sur la totalité duterritoire national.

• Application du système de déclaration en ligne desdéchets de navires pour les 6 installations portières capa-bles d’accepter ces déchets.

• Publication de la réglementation concernant la récupéra-tion de déchets des navires.

• Dans le cadre du projet des bassins d’Anatolie et de laréhabilitation, nous sommes en train d’effectuer des tra-vaux de surveillance et de mesure de la qualité de l’eau àl’entrée et à la sortie des micro-bassins déjà identifiés desvilles d’Amasya, Çorum, Samsun et Tokat. Dans les pro-chains mois, un compte-rendu comprenant l’évaluationde ces mesures sera préparé.

• Parmi nos priorités se trouvent les investissements visant àprotéger la totalité de nos eaux, en prêtant attention auxobjectifs environnementaux.

• Dans ce cadre, nous avons préparé des plans d’actionpour la protection des bassins d’Akarçay, d’Ergene, deGediz et de Van.

• Les travaux du plan d’action pour la protection des bassinsde Sakarya et d’Asi sont en voie d’achèvement. Notreministère met en œuvre des dispositifs qui doivent êtreappliqués afin d’améliorer la qualité de l’eau, dans lecadre des plans d’action pour la protection à court, moyenet long terme.

• Dans le cadre du contrat de préparation du plan d’ac-tion pour la protection des bassins, signé entre notreministère et le TÜBITAK (Conseil de la RechercheScientifique et Technologique), ce dernier va effectuerdes réalisations pour la protection de 11 bassins et cestravaux seront terminés dans les 12 mois. Des travauxsimilaires seront aussi effectués pour les autres bassins.

• Parmi nos sujets prioritaires, se trouve également lamise en place avant la fin du mois de juin d’un sys-tème d’enregistrement concernant le commerced’émissions.

D’autre part, nous envisageons d’achever avec succès lesprojets d’«augmentation de la capacité d’adaptation de laTurquie aux changements climatiques» et de «participationactive de la Turquie aux négociations internationalesconcernant le changement climatique et le développementde la capacité concernant les marchés bénévoles decarbone».

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Les secteurs porteurs

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Démocratie aux élites parfaitement formées, trait d'union entre l'Europe et leMoyen-Orient, partenaire clé des entreprises européennes… Umit Boyner,Présidente de Tüsiad, l'organisation qui représente les milieux d'affaires turcs,d

souhaite communiquer en France à partir des nombreux atouts du pays. Avec pourobjectif «de corriger certaines idées reçues et de diffuser des éléments d'informationsur la Turquie aux opinions publiques des pays européens».

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Porter à Paris

la voix de la Turquie

Le ournal du ParlementJ Turquie

En Turquie, la parité n'est pasencore une réalité au travail. Maisdans ce vaste pays émergent, leschoses changent très rapidement.

L'urbanisation accélérée et l'élévation du niveau de vie s'accompagnent d'une évolutionsociétale. De fait, depuis la findes années quatre-vingt, lesfemmes assument fréquemmentdes responsabilités clé, dans la

haute administration comme dans le secteur privé, où ellessont, notamment, créatrices d'entreprises, architectes etuniversitaires...

Signe qui ne trompe pas, les rênes de Tüsiad, l'organisationdpatronale turque, ont été confiées à des femmes depuisplusieurs années. Jusqu'à récemment, Tüsiad était présidéepar Arzuhan Dogan-Yalcindag tandis que sa vice-présidenceet sa commission des relations extérieures étaient confiées àUmit Boyner.

Deux visages féminins qui avaient valeur de symbole. Enjanvier 2010, Umit Boyner en a pris la présidence. Epoused'un héritier du groupe Boyner, numéro un de la distributionrnon-alimentaire en Turquie, francophile, le jeune femme faitpartie de l'élite turque fortunée qui souhaite contribuer à lamodernisation du pays.

Agissant à la façon d'un groupe de pression, avec plus de500 membres, grandes entreprises, cabinets d'avocats oupetites sociétés commerciales, Tüsiad est influente : ses salariés réalisent près de la moitié de la valeur ajoutée

produite par la Turquie. Elle adresse régulièrement desrecommandations aux autorités du pays sur des sujets variés,de l'éducation, à la culture et aux institutions. «En ce sens,elle est différente du Medef en France, celui-ci étant centréessentiellement sur les intérêts du monde des affaires».

Tüsiad soutient la liberté d'expression et de culte, la laïcitéde l'Etat, la démocratie et le caractère séculier du pouvoir et«publie une trentaine de rapports chaque année, mis à ladisposition du gouvernement, avec pour objectif de participer à l'élaboration de lois ou de susciter l'examen de certains textes».

A partir de son siège d'Istanbul, de ses cinq bureaux, àAnkara, Bruxelles, Paris où elle est implantée depuis 2004,Berlin et Washington, elle multiplie les initiatives, dans lebut notamment d'orienter plus favorablement les débats liésà la candidature européenne de la Turquie.

De nouvelles bases de dialogue

A vrai dire, l'intégration économique du pays est déjà trèslargement en marche. L'Union européenne, avec laquelledes accords douaniers sont en vigueur, absorbe déjà lamajorité des exportations turques. A titre d'exemple, en2008, selon les sources officielles françaises, les flux d'im-port-export franco-turcs ont atteint 11 milliards d'euros, cequi représente un niveau inédit, en progression de 10% parrapport à 2007.

Par ailleurs, avec 300 filiales, les entreprises françaises yemploient 65 000 salariés et y font vivre près de 300 000personnes, tandis que les investissements turcs en France,plus récents, commencent à se développer.

Umit BoynerPrésidente de Tüsiad

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La tendance doit se maintenir. La Turquie, si ellea été affectée en 2009 par la baisse descommandes de biens et services des pays del'Union européenne, «sort de la crise en meilleu-re position que certains d'entre eux ; en effet, les banques turques n'avaient pas à leurs bilansd'actifs toxiques. Il existe de belles perspectivesnotamment dans le secteur de l'énergie, les industries et services. La santé, l'éducation sontappelés à un grand développement».

De plus, le pays offre une main d'œuvre dequalité. Tel devrait être le cas demain également.Tüsiad analyse actuellement les évolutions démographies et économiques en cours, quigénèreront de nouveaux besoins en matière deformation, pour formuler des propositions auxautorités turques dans ce domaine.

Mais, pour les grandes entreprises du pays, cesliens économiques ne sont pas suffisants.L'intégration de la Turquie dans l'Union euro-péenne «permettrait à notre pays d'adapter sesstructures, contribuant ainsi à son développementfutur». «Les Européens», ajoute Umit Boyner, «nedoivent pas craindre une forte émigration aprèsl'admission de la Turquie dans l'Europe. Les Turcsne fuiront pas leur pays où la croissance écono-mique restera plus forte qu'ailleurs», ajoute-t-elle.

Il est un fait que l'analyse des mouvements depopulation intra-européens, plusieurs annéesaprès l'arrivée de 10 nouveaux entrants dansl'Union européenne lors de l'élargissement demai 2004 - parmi lesquels la Pologne, le plus fortementpeuplé - a contribué à lever de telles craintes. Comme l'ontindiqué différentes sources, le spectre du «plombier polo-nais», tant redouté au départ, a finalement fait long feu.

Les marchés du travail des anciens Etats membres del'Union européenne n'ont pas enregistré d'arrivées massivesde salariés en provenance des anciens pays communistesd'Europe Centrale et Orientale.

Développer la connaissance de la Turquie en France

Autant de questions dont Tüsiad débat au sein de l'UNICE,(Union des Confédérations de l'Industrie et des Employeursd'Europe), dont elle est membre actif depuis 1987. LaTurquie est aussi membre de longue date de la plupart desorganisations européennes, du Conseil de l'Europe àl'OTAN…

La France constitue un partenaire économique important dela Turquie, lié aussi à elle par certains intérêts stratégiques eténergétiques. C'est aussi, institutionnellement et historique-ment, un membre important de l'Union européenne. A ces deux titres, elle constitue un interlocuteur clé s'agissantde la candidature turque vers l'Europe. Mais «la Turquie yrencontre certains a-priori, et souffre du manque de connais-

sance qu'en ont certains dirigeants politiques» ajoute UmitBoyner. En 2009, pendant la Saison turque en France, UmitBoyner a présenté à Paris un nouveau cercle de réflexion -ou think thank - intitulé l'Institut du Bosphore. «Nousl'avons voulu indépendant tout en y intégrant une grandediversité de personnalités françaises et turques».

Le financement en est assuré par Tüsiad. Avec un tour detable réunissant des hommes politiques, mais aussi des intellectuels de toutes appartenances et de tous horizons, deMichel Rocard à gauche à Thierry Mariani pour l'UMP, ilentend «nourrir une vision longue, au-delà du temps politique».

Le 23 octobre 2009, l'Institut du Bosphore a organisé un col-loque à Istanbul sur le thème «Le renouveau des relationsentre la Turquie et l'Union Européenne», indiquant sa volon-té d'œuvrer en faveur de la marche turque vers l'Europe.

Sa création marque le souhait de la part des milieuxd'affaires turcs de disposer en France de relais favorables àl'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, dans lasphère politique, comme au sein de la société civile, enpartant d'un constat : «quelles que soient leurs opinions, les dirigeants politiques tiennent compte des opinionspubliques».

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Les secteurs porteurs

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Forte de 6 millions d’habitants, Rhône-Alpes génère un PIB de plus de 182 mil-liards euros, classant ainsi la 2ème région française au 5ème rang européen. Sondépartement le plus peuplé, le Rhône, concentre 31 % des emplois et bénéficie

du rayonnement de la Capitale de Gaules, Lyon. Cette agglomération de 1,7 millionsd’habitants est le 2ème pôle universitaire de France avec 120 000 étudiants et 87 établissements d’enseignement supérieur, 12 écoles d’ingénieur, 4 facultés demédecine, 4 Universités, etc. A cet égard, 14 000 étudiants étrangers suivent leurcursus dans ces structures et près de 700 partenariats sont initiés avec des universi-tés étrangères. Reconnue pour la diversité et la richesse de son tissu industriel, l’économie lyonnaise s’appuie également sur l’innovation et les compétences dessecteurs de la Chimie, des matériaux électroniques et de l’ingénierie nucléaire.Enfin, outre un réseau de sous-traitant dense et compétitif, Lyon bénéficie du dyna-misme de 5 pôles de compétitivité, dont 2 à vocation mondiale, sur 71 en France.

Le 25 février 2009, la Chambrede Commerce et d’Industriede Lyon a organisé une jour-née Turquie sur le thème“Opportunités d’investisse-ments et d’affaires”, en parte-nariat avec l’Agence NationaleTurque pour les Investisse-ments (Invest in Turkey). Enpremier lieu, pouvez-vousnous présenter votre parte-naire et évoquer les raisons

pour lesquelles vous avez décidé, conjointement,d’initier cette démarche d’information et de sensibili-sation ?

Créée fin 2006 par une personnalité aussi brillante que cha-rismatique, Alpaslan Korkmaz, l’agence Invest in Turkey s’esthissée, après seulement 3 années de fonctionnement, au15ème rang des 181 agences d’investissements dans le monde.Cette performance illustre un dynamisme en matière de pro-motion d’actions d’investissements et de développement à

l’export, notamment vers les entreprises françaises souhaitants’implanter en Turquie. De fait, dès le début, Invest inTurquey a souhaité collaborer avec les grands intervenantsde la politique d’appui française à l’international parmi lesquels figure le réseau des chambres consulaires,Ubifrance, etc. Ainsi, le représentant français de cette struc-eture, François Bernard, s’est immédiatement adressé auxgrandes Chambres de Commerce et d’Industrie. Notre insti-tution a donc naturellement été sollicitée au regard de notreenvironnement économique régional marqué par un tissuindustriel très diversifié. De plus, François Bernard considèreles collaborations avec les CCI comme un atout. En effet,nous entretenons des relations de proximité avec les entre-prises, notamment les PME-PMI qui, dans leur stratégie àl’export, s’adressent prioritairement à nos services.

Dans ce cadre, quel est le potentiel du marché turcpour les entrepreneurs de votre territoire ?

Le marché turc demeure encore trop méconnu de nos entre-preneurs, parfois réticents à la suite des nombreuses idéesreçues souvent véhiculées. Nous sommes, pour notre part,

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Guy MathiolonPrésident de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon

La Turquie :

un marché potentiel 3 fois supérieur à celui des 3 pays du Maghreb réunis

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convaincus que la Turquie intègre les pays émergents qui,aujourd’hui, sont dotés d’un potentiel de développementconsidérable. Nous devons donc absolument initier desactions afin que nos entreprises puissent se positionner surce marché. Force est de constater que nous sommes déjà enretard par rapport à nos concurrents européens, notammentles allemands, les italiens, etc.Nous avons donc intensifié nosinterventions afin de mieux lesinformer et de les accompagnerconcrètement. Afin de motivercette dynamique, il est à soulignerque le marché turc représente 72millions d’habitants, 65 % decette population ont moins de 34ans et le coût de sa main d’œuvre,qualifiée, est très compétitif. Deplus, ce pays s’impose comme la5ème économie émergente et la15ème puissance mondiale. Plaquetournante des échanges pourl’Europe, l’Asie Centrale, leMoyen-Orient et l’ensemble desex-pays de l’Union Soviétique,l’impact de la crise financière aégalement été moindre qu’enEurope. Son taux de croissance,d’environ 7 % par an entre 2002et 2007, était de 1,1 % en 2008,sera négatif (de l’ordre de - 3 à - 6 %) en 2009 et devrait rebondir à 3 % en 2010. Par ailleurs, la métropole d’Istanbul abrite 15 millions d’habi-tants, soit 70 % du potentiel pour nos entreprises dans cetteseule région. Par surcroît, 20 villes turques recensent actuel-lement près de 1 million de personnes.

Quels secteurs d’activitéssont plus particulièrementconcernés ?

Parmi les nombreuses filièresporteuses, nous pouvons citer lesinfrastructures, les transports etles industries, notamment auto-mobile. Cette dernière demeure,en effet, le 1er poste d’échangesentre la France et la Turquie. Ledomaine des Technologies del’Information et de la Communi-cation (TIC) est également enplein essor avec une progressionannuelle de 35 % des ventesd’ordinateur, 65 millions d’abon-nés au téléphone mobile, 19 millions d’internautes, 30 chaî-nes de télévision, etc. Au niveau de l’environnement, près de70 milliards seront investis afin que les normes en Turquiecorrespondent aux règles de la Communauté Européenne.

Dans le secteur de la Chimie, les fortes demandes concer-nent, notamment, les matières premières, les plastiques ou

les peintures industrielles complexes. Bien que la Turquiesoit un producteur incontestable de textiles et d’habille-ments, les besoins en équipements et matières premièresconstituent aussi une opportunité. In fine, ce marché est sur-etout à la recherche des produits et des technologies à fortevaleur ajoutée.

Enfin, durant la Saison de la Turquie en France, de juil-let 2009 à mars 2010, quels projets mettez-vous enœuvre pour amplifier, plus encore, la visibilité et lesopportunités de ce pays ?

La manifestation du 25 février 2009 a été l’occasion d’ac-cueillir le Ministre turc del’Industrie, Monsieur ZaferCaglayan, aujourd’hui Ministredu Commerce Extérieur. Nousallons poursuivre les actionsengagées et, dès le mois denovembre 2009, nous propo-sons une mission de prospectionet de découverte du marché turcà nos entreprises. Une dizained’entre-elles aura ainsi l’oppor-tunité d’initier des courants d’af-faires avec leurs confrères. En2010, dans le cadre de la Saisonde la Turquie en France, nousorganisons une manifestation enpartenariat avec, notamment,

Invest in Turkey et la Chambre de Commerce d’Istanbul.

A cet égard, la CCI de Lyon a signé une convention de parte-nariat avec son homologue stambouliote en 2004. Cet évé-nement permettra ainsi de réaliser un projet commun et d’ac-cueillir, vraisemblablement, le Ministre turc de l’Industrie oude l’Energie et une délégation de chefs d’entreprises.

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Créée fin 2006, par Alpaslan Korkmaz,l’agence Invest in Turkey s’est hissée,

après seulement3 années de fonctionnement,au 15ème rang des 181 agences

d’investissements dans le monde.

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Secteurs considérés comme stratégiques pour la Turquie, l’automobile et le domai-ne du bâtiment, notamment le second-œuvre, affichent une véritable dynamiqueprospective, malgré une conjoncture économique aux issues incertaines.

La constructionLa Turquie occupe le 3ème rang des constructeurs mondiaux,derrière les Etats-Unis et la Chine. A l’étranger, les entre-prises dédiées à ce marché sont implantées dans une soixan-taine de pays différents et 23 d’entre elles figurent dans la«Liste des 225 premières entreprises mondiales de construc-tion». Au niveau national, la construction emploie près de6% de la population active. Durement frappé sur les marchés étrangers par la criseéconomique mondiale, le secteur doit malgré tout faire faceà la croissance démographique. L’urbanisation en cours et la rénovation des bâtiments existants, le développement des besoins professionnels,commerciaux et hôteliers…, mais également les grands pro-jets de construction ou de réhabilitation dans le domainedes transports (tunnel sous le Bosphore, 3ème pont sur leBosphore…) de la Culture (Istanbul, Capitale Européenne dela Culture en 2010), du tourisme… affichent des perspec-tives qui permettent d’anticiper la relance espérée.Cette dynamique autorise le développement d’un marché dusecond-œuvre particulièrement performant : ciment, acier,bois, briques, PVC, polyéthylène, verre, carrelage, sanitaire…Si les importations demeurent élevées pour faire face à lademande actuelle, la Turquie joue un rôle capital en qualitéde plate-forme de réexportation vers les marchés des paysd’Asie centrale, du Moyen Orient, des Balkan et de laRussie.

La diffusion des produits du second-œuvre sur le territoires’effectue encore de manière traditionnelle (petits détaillantsou distributeurs spécialisés). Pour les produits plus élaborésou plus techniques (chauffage, climatiseurs, profilés enPVC…), elle est assurée par des spécialistes maîtrisant lesprocessus technologiques, inhérents à ces matériaux. Lesgrandes surfaces de bricolage (GSB) ne détiennent qu’unefaible part du marché, mais sont cependant en très forte progression.

L’AutomobileLe secteur automobile se développe à travers une structureinnovante et flexible, au sein d’un environnement extrême-ment concurrentiel. Son tissu industriel emploie directement300 000 travailleurs qualifiés. Il regroupe 17 producteurs prin-cipaux (nationaux et étrangers) et environ 4000 équipemen-tiers et entreprises opérant dans les sous-secteurs d’activité.Quatre constructeurs (Oyak-Renault, Ford Otosan, Tofas-Fiat et Toyota) représentent plus de 80% de la production etades exportations de produits automobiles : voitures detourisme, utilitaires légers, véhicules lourds et autobus.La Turquie est aujourd'hui une plateforme de production devéhicules orientée principalement vers l'exportation. Alorsque les ventes vers l’Union Européenne (Italie, Allemagne,France, Royaume Uni, Espagne…) se maintiennent avecplus de 70% du chiffre total réalisé, celles vers la Russie etla Roumanie sont en forte progression.Cette activité représente le premier poste d'exportation dupays (devant l'habillement) et le premier poste d'échangesentre la France et la Turquie.Quinzième producteur mondial et cinquième en Europepour les véhicules motorisés, la Turquie se classe au neuviè-me rang mondial et au deuxième rang européen pour lesvéhicules commerciaux et, elle est le numéro un en Europepour la production d’autobus.

Main-d’œuvre qualifiée et

connaissances techniques

Mais surtout une expérience à l’exportation

La Fluence

Ce nouveau modèle va remplacer la Mégane II Sedan sur la chaî-ne de fabrication existante de l’usine Oyak Renault de Bursa.Renault investira 110 millions d’euros pour le modèle Fluence,qui sera exporté vers plus de 80 pays.

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Dans la compétition internationale, la R&D et les Hautes Technologies occupentun positionnement majeur. Pour se différencier, les entreprises doivent innoveret améliorer leur productivité. La force de l'économie turque est de posséder

une population jeune, éduquée et dotée d'un fort esprit entrepreneurial.

Investir pour être performant !

Les dépenses de R&D des entreprises, au niveau de l'UE,visent essentiellement l'industrie manufacturière. La Turquie,qui n'échappe pas à cette règle, affiche des taux de croissanceannuels particulièrement élevés, tant pour les services (51 %)que pour l'industrie manufacturière (61 %).Cette dernière regroupe en grande partie les produits deHaute-Technologie et à forte valeur ajoutée : machines tex-tiles, robinetterie industrielle, équipements aéroportuaires etferroviaires, transport urbain, machines-outils à commandenumérique, automatisation industrielle, matériel d'imprimerie,électroménager…Par ailleurs, les technologies de l'information et des commu-nications, la biotechnologie et la génétique, les technologiesdes matériaux, la nanotechnologie, les technologies deconception, la mécatronique, les processus de production,l'énergie et l'environnement sont reconnus comme desdomaines prioritaires.

Les sciences et la recherche

Institution publique, le TÜBITAK (Centre national deRecherches scientifiques et techniques) est responsable del'évolution, de l'encouragement, de l'ordonnancement et dela coordination des activités de Recherches & Développement. L'organisme agit conformément aux priorités et aux objectifsnationaux. A cet effet, il procure les fonds pour financer lesprojets de recherches des universités et des établissementspublics et privés. Il s'implique dans des domaines stratégiques, déploie des pro-grammes de soutien, publie des livres et des revues, organisedes activités dans le domaine scientifique et assure desbourses pour les étudiants en licence et en maîtrise.Pour assumer sa mission, il emploie près de 1 000 chercheursdans ses 15 instituts de recherches différents.

Une stratégie nationale

En coopération avec les organismes publics, les universités, lesecteur privé et les ONG, le TÜBITAK abrite des groupes de

travail. Ces derniers ont élaboré un schéma d'actions quiconstitue un cadre ad hoc, pour les acteurs scientifiques ettechnologiques. Ce plan cible des axes définis parallèlementaux objectifs, aux principes et aux buts fondamentaux :• soutenir les recherches de qualité ;• former des scientifiques ;• augmenter l'efficacité de la gestion nationale des sciences

et de la technologie ; • renforcer la performance scientifique et technologique du

secteur privé ;• accroître les milieux et les infrastructures de recherches ;• accroître l'efficacité des réseaux nationaux et internationaux.

La nouvelle loi de soutien à la R & D en Turquie

• Des mesures incitatives sont accordées jusqu’en 2024 auxcentres de R & D recrutant au moins 50 chercheurs et ce,indépendamment du secteur ou de l'industrie considéréeet même si l’entreprise étrangère concernée n’a pas de sitede production en Turquie.

• Déduction à 100% des dépenses de R & D de la base del’impôt sur les sociétés,

• Si le nombre d'employés est supérieur à 500, en plus dela déduction à 100%, la moitié de l'augmentation desdépenses engagées dans l'année d'exploitation N+1 parrapport à la l'année N est également déduite (exemple :2009 10 millions d'USD, 2010 20 millions d'USD - ladéduction en 2010 sera égale à 25 Mio USD).

• Exemption de l’impôt anticipé sur le revenu des cher-cheurs: 90% sur les salaires des chercheurs titulaires d’undoctorat et 80% sur les salaires des autres membres dupersonnel.

• exemption à 50% de la part de l'employeur des primes desécurité sociale pour le personnel de R & D (payée par leministère des Finances pendant une période de cinq ans).

• Exonération des droits de timbre fiscal pour les documentsconcernant les activités de R & D.

• Apport en capital dit « Techno initiative » jusqu’à TRY100, 000.• Déduction à 100% de la base de l’impôt de certains fonds

accordés par des organisations publiques ou internatio-nales.

La culture de l'innovation

Un facteur clé de succès

Turquie

Les secteurs porteurs

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Créé au mois de février 1994, Turkcell couvre une zone de huit pays, leaderdans cinq d’entre eux avec 62 millions d’abonnés. Avec 36 millions d’abonnésen septembre 2009 rien qu’en Turquie, c’est aussi le deuxième opérateur

européen de téléphonie mobile. Une entreprise qui participe activement au déve-loppement économique de la Turquie.

Avec plus de 36 millions declients, Turkcell est le premieropérateur mobile en Turquie.Quelles grandes étapes ontmarqué son développement ?

Turkcell a signé un contrat d’ex-clusivité en téléphonie mobileavec le ministère des Transportsturc le 27 avril 1998 pour unedurée de 25 ans. Depuis, legroupe n’a cessé d’augmenter la

qualité et la variété de ses services, en matière de télépho-nie mobile comme de communication de données, enTurquie comme à l’extérieur du pays. Au 30 septembre2009, le groupe avait réalisé 8,1 milliards de dollars d’inves-tissements, hors frais de licence. Avec plus de 19 200 relaisde téléphonie cellulaire, il dispose de la meilleure couver-ture (99 %) et la meilleure qualité de réseau en Turquie.

Notre présence sur les marchés internationaux remonte à1999 quand nous avons fondé KKTCell en Chypre du Nord.Depuis l’an 2000, nous opérons en Azerbaïdjan, auKazakhstan, en Géorgie et en Moldavie à travers notre par-ticipation de 41,45 % à Fintur. En outre, Turkcell a des acti-vités en Ukraine depuis 2004 et en Biélorussie depuis 2008.En juillet 2009, nous avons renforcé notre position concur-rentielle avec le lancement réussi de Turkcell 3G qui offre lehaut-débit mobile le plus rapide ainsi que la couvertureréseau la plus large. Nous sommes très heureux du grandintérêt rencontré, supérieur à nos attentes, et qui nous

motive d’autant plus à offrir des services mobiles innovantsà nos clients, particuliers et professionnels. Ce modèle d’en-treprise 3G marquera le début d’une nouvelle ère qui verranos revenus croître, en matière de services à valeur ajoutée,grâce notamment à la large bande et aux services mobiles.

Quelles sont les raisons de ce vif succès en Turquie ?

Cette position de leader du marché repose sur notre infra-structure, des produits innovants et une grande qualité deservice. Nous misons actuellement sur notre stratégie 3Gafin de maintenir cette avance, dans cette nouvelle èrequ’aborde le secteur des télécommunications mobiles.Ayant simultanément lancé le système 3G dans 81 centresen province et dans les grandes villes de Turquie, Turkcelldétient une licence de type A avec la plus large bande defréquence en fonction ainsi que la pointe de la technologiede réseau : le HSPA+.

Notre réseau de haute qualité nous permet de développer unvaste portefeuille de produits et services. Nous avons ainsilancé plusieurs services innovants comme VideoCall, la télé-vision mobile, la surveillance vidéo, le chat vidéo, la messa-gerie vidéo, etc. Nous proposons des campagnes exception-nelles à durée limitée (incluant combiné, Smartphone,modem et netbook) et des offres alliant modems à prise USB,caméras de sécurité et smartphones, afin d’accompagner ledéveloppement du 3G.

Notre avance technologique est reconnue sur la scène mon-diale. Nous avons remporté l’Oscar GSMA du Meilleur

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Süreyya CilivCEO (Chief Executive Officer)

Le deuxième opérateur européen

de téléphone mobile... est turc !

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Service Publicitaire de Téléphonie mobile au cours de laGSMA de Barcelone en 2009, mettant ainsi en valeur notremodèle en Turquie. Grâce à notre approche segmentée,nous pouvons concevoir et proposer de nombreuses offrespersonnalisées tout en déclinant les campagnes les plusavantageuses et les meilleurs tarifs à la plus grande partie dela société turque.

Les réseaux de distribution sont d’une grande importance.Nous avons en effet 87 000 points de vente et notre maillagecommercial est une véritable force de vente, conjuguant lesdernières technologies, des Smartphones et nos services àvaleur ajoutée. Nous avons aussi mis l’accent sur la distribution non-exclusive. Nous pensons que le réseau dedistribution continuera à jouer un rôle clé dans notrecompétitivité à l’avenir.

Nous entretenons des partenariats privilégiés avec diffé-rentes marques afin d’apporter des offres uniques co-signéesaux jeunes et aux salariés. Répandu et apprécié en Turquie,ce concept de cobranding appliqué au domaine de la communication contribue au bien-être individuel etprofessionnel.

Turkcell est à l’origine de la création de 50 000 emplois.Nous sommes fiers de contribuer à la croissance de laTurquie, créant des opportunités de travail et soutenant desprogrammes éducatifs et sociaux tournés notamment versles jeunes.

Quelle analyse faire du réseau sur lequel s’appuientles services que vous proposez en Turquie?

Au 30 septembre 2009, Turkcell avait réalisé 8,1 milliardsde dollars d’investissements depuis sa création (horslicences). En 2009, nous avons doublé nos investissementspour atteindre 1,6 milliards de dollars sur l’ensemble del’année, dont 1,3 milliards réservé à nos services de télépho-nie mobile en Turquie. Avec plus de 19 200 relais de télé-phonie cellulaire, soit près de la moitié des relais du pays,nous avons la meilleure et la plus large couverture (99 %)ainsi que le réseau de la plus haute qualité en Turquie.

Le 3 novembre 2008, à Amsterdam, Gemalto, le leadermondial de la sécurité numérique, indiquait queTurkcell utilise sa solution de signature mobile à basede carte SIM en vue de déployer un ensemble de nouvelles applications d’e-finance, e-commerce et e-gouvernement. Comment se sont développées cesnouvelles fonctions?

En un an, nous avons connu une croissance d’environ 20 %dans l’utilisation de la signature numérique. Le nombre deservices disponibles a doublé, dépassant le chiffre de 50,plus une trentaine en développement. Presque toutes lesbanques commerciales qui disposent d’un site Internet ainsique quatre banques sur internet utilisent notre technologie.Si, au départ, les services étaient principalement d’ordrefinancier (Internet et mobile) la majorité de ceux développés

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Les secteurs porteurs

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Turkcell, qui a pour ambition de «faciliter et d’enrichir la vie de ses clients en présentantdes solutions de communication et de technologie», a été classé cinq années consécuti-vement parmi les 100 meilleures entreprises d’Info Tech dans le magazine Business Weeksur la base de sa forte performance financière et opérationnelle. Dans cette même liste en2008, Turkcell a été classé 35ème, dépassant ainsi des géants de la technologie mondiale.Plus récemment, le Boston Consulting Group l’a classé parmi les dix premières sociétésselon l’indicateur de Total Shareholder Value dans son rapport de 2009 sur les entreprisescréatrices de valeur.

Ses actions sont négociées à la Bourse d’Istanbul (IMKB) et celle de New York (NYSE) depuisle 11 juillet 2000 et c’est la toute première entreprise turque à être côtée à la NYSE. Turkcell, avec sa zone de couverture large et sa grande variété de services à l’étranger peutoffrir à ses abonnés des services de communication mobile en Turquie et partout dans le monde. Turkcell couvre désormais toutes les agglomérations en Turquie qui comptent au moins 1 000 habitants. Le 26 novembre 2009, Turkcell avait signé des contrats avec 639 opérateurs dans 208 pays, classé parmi les premiers opérateurs au monde en termes defourniture de services internationaux ; le groupe était aussi parmi les premiers en termes d’itinérance GPRS, avec 438 contrats signés avec les opérateurs de 161 pays.

dans le secteur financier, avec une notable augmentation del’utilisation des services d’e-gouvernement, que le pourcen-tage de circulation est le plus élevé. (1)

Turkcell est la première entreprise turque à être cotéeà la Bourse de New York (NYSE). Vous avez investi enAzerbaïdjan, en Géorgie, au Kazakhstan, en Moldavie,en Ukraine, en Biélorussie, etc. Pourquoi une telleexpansion géographique?

Demain comme aujourd’hui, notre présence sur les marchésinternationaux et auprès de leurs consommateurs soutiendrala croissance durable de l’entreprise. Pour maintenir nosmarges d’exploitation, il était crucial de renforcer notre effi-cacité en matière de prestation de services, afin de continuerà dominer le marché. En tant que leader du marché descommunications et de la technologie, notre stratégie decroissance est de continuer notre développement organique,de mener des recherches de manière sélective et d’évaluerde nouvelles opportunités d’investissement.

En novembre 2008, à l’occasion de la procédure d’obtention d’une licence de 3G, vous avez soulignéle rôle majeur de Turkcell dans le développement desnouvelles technologies en Turquie. Comment poursuivrez-vous vos efforts pour contribuer aurayonnement international du pays ?

L’innovation sera la clé de la diffusion des nouvelles technolo-gies en Turquie, en matière de produits et services. Turkcell

entend la favoriser en interne et en externe. Nous avons misen place des structures ayant pour fin la collecte et l’évalua-tion d’idées. Nous développerons leur promotion dans unavenir proche afin de constituer une référence en la matière.Nos propres équipes, composées de salariés issus de diffé-rents marchés verticaux, analysent les idées qui nous par-viennent de sources extérieures. Nous tenons périodique-ment des réunions au cours desquelles nous essayons deretenir les meilleures pour proposer une offre compétitive.Nous travaillons avec leurs auteurs, à l’issue du processus desélection, dans le cadre d’un modèle gagnant-gagnant, pourcréer une solution qui réponde au mieux aux besoins de nosclients, actuels et futurs.

Nous venons de lancer un portail (turkcellpartner.com)tourné vers nos partenaires, existants et nouveaux ; soncontenu reflète nos techniques, notre savoir-faire, nosmécanismes de partenariat, nos procédures ainsi que noscapacités techniques (APIs). Le but est ici d’aider les déve-loppeurs à connaître le monde des télécommunicationsmobiles et créer des produits et services mobiles via unenvironnement de laboratoire. (Turkcell Lab) L’adhésion yest gratuite. Turkcell Technology, fondée en 2007, vise àfournir une technologie de classe mondiale avec une maind’œuvre locale. Elle fournit Turkcell et ses partenaires entechnologies innovantes, déposant en moyenne un brevetpar mois.

1. Vous pouvez retrouver la liste des services sur www.turkcellmobilesignature.com

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De la prospection à l’exportation pétrolière, du gaz à la production d’électrici-té, de la géothermie à toutes les sources renouvelables…, le marché turc del’énergie connait une forte croissance et s’étend sur une palette particulière-

ment large d’activités.

La situation géographique

Point d’accès stratégique pour de nombreux producteurs degaz naturel et de pétrole, la Turquie se situe au voisinage desrégions détentrices des plus importantes réserves d’énergiefossile du monde. Le territoire constitue ainsi un véritablecarrefour entre les pays producteurs et consommateurs.

La Turquie est devenue ces dernières années un terminalconséquent en la matière. Elle tend à accentuer cetteposition à travers de nouvelles infrastructures, avec pourobjectif d’évoluer et d’être un haut lieu du transit sur l’axeEst-Ouest et Nord-Sud, mais également un Pôle mondial ducommerce énergétique.

Cette situation géographique exceptionnelle est une cartemaîtresse dans les échanges que la Turquie entretient avecl’Europe. Elle peut à elle seule assurer à l’Union Européenneune garantie d’approvisionnement et une autonomie. Afind’optimiser cette orientation, la Turquie vise à se diversifier.

La production électrique

Le pays produit la majeure partie de son électricité à traversles centrales au gaz, suivies par celles au charbon et par lesunités hydroélectriques. Bien qu'en augmentation régulière,l’essor des énergies renouvelables reste encore négligeable.

Dans une conjoncture où les stocks pétroliers tendent à seréduire au plan mondial, la Turquie souhaite consolider sasécurité, en multipliant les recherches pour assurer ses propres besoins. A cet effet, le gouvernement veut répartir demanière équilibrée la production électrique entre cinqalternatives : le gaz naturel, le charbon, l'eau, les énergiesrenouvelables et le nucléaire.

Le marché intérieur

Aujourd’hui, la Turquie affiche une forte mutation.Conséquemment au développement de son économie, à sesactivités qui se diversifient et à la transformation de sa struc-ture démographique, la consommation d’énergie primaire etd’électricité enregistre d’importantes impulsions. Alors queles prévisions indiquent une demande générale en forte

hausse à l’horizon 2020, des mesures sont mises en applica-tion pour ramener sous un seuil raisonnable la prégnancedes importations.

La Société Anonyme des Pétroles de Turquie (TPAO) a étécréée dans ce sens. Elle a pour objectif de privilégier les res-sources propres et de répondre aux besoins en pétrole et engaz naturel, qui représentent la plus grande part dans l’éner-gie consommée en Turquie. La compagnie réalise depuis10 ans des activités de recherches (géologie-géophysique)notamment en mer Noire et des sondages dans les bassinsnon exploités.

Le pétrole

La Turquie, en tant que partenaire des pays producteurs degaz naturel, s’avère une possibilité de diversification énergé-tique pour l’Europe.

Dans ce contexte, l’oléoduc de Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC)se positionne de manière optimale pour garantir à la Turquiedes réserves en pétrole brut à moindre coût.

En service depuis 2006, le BTC achemine les hydrocarbures(à hauteur de 1 million de barils/jours) de la Caspienne à unterminal proche de Ceyhan.

Parallèlement, celui de Kirkouk-Yumurtalk véhiculera àterme 70 millions de tonnes de pétrole, extrait des régionsHavrami, Tavke et Taq situées au Nord de l’Irak.

De même, la construction d’un oléoduc entre Samsun etCeyhan est actuellement un thème récurrent, au centre desdiscussions entre la Turquie et la Russie. Ce projet devraitfaciliter le désengorgement des détroits turcs, du nombregrandissant des tankers qui traversent le Bosphore. Ceux-ciconstituent en effet une sérieuse menace pour la sécuritédes 12 millions d’habitants d’Istanbul.

Le gaz

Pays de transit, la Turquie a pour objectif de devenir égale-ment une artère majeure pour le gaz naturel. Cette volontés’inscrit dans le processus de diversification recherché par

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Un corridor et

un terminal énergétique

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l’UE. Ainsi, le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum (BTE) canali-se depuis 2007, le gaz azerbaïdjanais jusqu’en Turquie.

Prolongement du BTE, le projet “Nabucco” doit permettre àpartir de 2014 de transporter annuellement 20 à 30 milliardsde mètres cubes de gaz naturel caspien. D’une longueur de3.300 km, le gazoduc passera par l’Azerbaïdjan, la Géorgie,la Turquie, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie etl’Autriche.

“Nabucco” est en concurrence avec le projet “russe SouthStream”, censé relier la Russie au sud de l’Europe en passantsous la mer Noire. Deux tiers du pipeline seront implantéssur le territoire turc.

Les énergies renouvelables

La croissance du coût des hydrocar-bures et les émissions de carbone, tantd’un point de vue environnementalqu’économique, a un effet négatif etamplifie la sensibilisation en faveur deproduits et services «respectueux del’environnement».

Alors que l’adoption de techniques deproduction plus propres et plus effi-caces s’intensifie depuis plus d’unedécennie, les énergies renouvelablesreprésentent un vecteur de solutionsinnovantes pour le futur.

La loi de 2005 encourage, dans le res-pect des conditions d’un marchéconcurrentiel, une utilisation étenduede la plupart de ces sources renouve-lables.

Les atouts à la disposition de la Turquie sont multiples :l’hydraulique, la géothermie, le bois, les déchets animaux etvégétaux, le solaire et les éoliennes.

• La Turquie se place au 7ème rang mondial et au 3ème rangen Europe pour son potentiel géothermique. L’économiegénérée en la matière, une fois les investissements prévuseffectués, augure une valeur ajoutée totale de 16 milliardsde dollars US par an.

• L’agriculture offre à la Turquie, à travers une capacité deproduction substantielle de biodiésel et de bioéthanol, des’imposer comme l’un des principaux centres d’approvi-sionnement de biocarburants pour l’Europe.

• Le pays arbore un positionnement majeur en termes d’édifications d’éoliennes. Force motrice (pompage de liquides, compression de fluides...) ou productiond'électricité, cette richesse, dont seul 15 % est utiliséeactuellement, place la Turquie en leader mondial dans cedomaine.

Et l’eau…

La Turquie dispose de nombreux lacs et rivières, offrant desopportunités intéressantes aux entreprises dédiées à cesecteur.

Avec 26 bassins fluviaux, dont le Tigre et l’Euphrate qui serépandent dans les basses terres de Mésopotamie, leKizilirmak qui débouche sur la Mer Noire, les rivièresCeyhan et Seyhan qui se déversent dans la plaine d’Adana,les deltas du Büyük Menderes et Gediz en Egée…, la Turquieest pleinement consciente de la place importante qu’occupel’eau pour son devenir.

Le lancement de grands projets de barrages hydroélectriquess’inscrit donc dans cette perspective.

Le Güneydogu Anadolu Projesi (GAP) vise l’aménagementdu sud-est anatolien. Ce programme repose sur la construc-tion de 22 barrages et de 19 centrales électriques sur le Tigreet l’Euphrate. Ces structures ont pour objectif de fournir 22 % de la capacité hydroélectrique du territoire et deproduire à terme 25 milliards de KWh.

Le nucléaire

Le TAEK (Institut turc à l'énergie atomique) a lancé unProgramme national de développement de la technologienucléaire ; ce dernier couvre la période 2007-2012. Ankaraprévoit ainsi de faire passer la part du nucléaire dans la production nationale d'électricité à un minimum de 8% en2020 et de 20% en 2030.

Par l’originalité de certaines solutions explorées, la Turquieest appelée à jouer prochainement un rôle croissant sur lascène géopolitique et énergétique méditerranéenne.

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Le Barrage ARTVIN

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Haut lieu d'échanges humains et culturels, la Turquie attire, séduit et fascine.Cette terre de contraste, ouverte sur la montagne et la mer, offre au visiteur depassage une pléiade de sites préservés et un patrimoine historique prodigieux.

Une volonté de modernisme

L'histoire du tourisme en Turquie constitue une véritableexpérience avec, dès 1985 l'instauration d'un vaste programmede construction de stations hôtelières et d'hôtels. Aujourd'hui,les résultats sont évidents et prometteurs pour l'avenir. Leshôtels répertorient le million de lit, les restaurants se « portent »bien, les lieux de loisirs se multiplient, les agences de voyagesfleurissent…

Avec près de 28 millions de visiteurs par an, le tourisme estdevenu un vecteur essentiel de l'économie turque. Ses reve-nus représentent plus de 3 % du PIB et l'ambition affichéevise à hisser la Turquie parmi les cinq premières destinationsmondiales.Cette ouverture à l'occidentale est génératrice de succès etcapte désormais le tourisme d'affaire. Pour drainer ces nou-veaux arrivants, les infrastructures se sont déployées à l'imagede Bodrum et Antalya, mais aussi dans les zones moins tou-ristiques.En 2008, l'aéroport Ataturk d'Istanbul a été élu « deuxièmemeilleur aéroport de l'Europe du Sud » et la compagnie THYa été reconnue « meilleure ligne aérienne de l'Europe du Sud ».

Les atouts confirmés et méconnus

Au-delà de ses 7200 km de littoral ensoleillé et propice auxloisirs, la Turquie dispose de nombreux ports de plaisancesparfaitement accessibles. Dans les terres ou en bord de côte,chaque ville et village est riche d'un patrimoine historiquediversifié, dont les racines remontent aux premières civilisa-tions. A travers ses mosquées, églises, synagogues, sérails,murailles, musées… le pays de l'invention de l'écriture seveut le théâtre de manifestations culturelles majeures.

Marquée par la chaîne de l'Anatolie qui culmine à 3 900mètres d'altitude et par les montagnes du Taurus qui dépas-sent les 4 000 mètres, la Turquie est également un haut lieu dela neige. Doté de tous les équipements et des pistes nécessaires,le territoire abrite 20 stations dédiées à la pratique du ski alpin.

Elle figure dans le même temps parmi les rares pays où abon-dent des résurgences d'eaux curatives. Avec ses 1300 sources,le tourisme thermal poursuit son expansion et positionnel’État à la septième place mondiale et à la deuxième enEurope pour ses ressources et son potentiel géothermiques.

Parallèlement, les activités sportives et de détentes sont mul-tiples : thalassothérapie, tennis, plongée, planche à voile, skinautique, plaisance, tir à l'arc et…golf. Ce dernier, dont lepremier parcours est inauguré en1856, suit ce mouvement decroissance, et 14 terrains de golf sont actuellement reconnuspour leur qualité exceptionnelle.

Une ville phare

De Byzance à Istanbul en passant par Constantinople, la Citéest devenue en quelques années une destination particulière-ment prisée. Avec 15 millions de touristes à l'année, la villequi se situe à la frontière entre l'Occident et l'Orient se posi-tionne aujourd'hui comme la troisième destination européenneaprès Londres et Paris.

Consacrée pour l'année 2010 « Capitale européenne de laculture », Istanbul s'ouvre sur la diversité par le nombred'événements proposés (art musical, cinéma, théâtre…)."Un autre Istanbul" est en train de naître. Moins élitiste, leterritoire souhaite démocratiser la culture, en entrainant dansson sillage les quartiers périurbains.

Entre tradition et modernité

un tourisme d'excellence

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Cela n’est sans doute pas un hasard si Turkish Airlines obtient les meilleursrésultats dans différents classements internationaux. Le fort dynamisme de lacompagnie s’accompagne d’une attention aigüe à la qualité. Est-il possible de

changer cette expression? Avec 40 vols par semaine au départ de Paris cet été et leslarges possibilités proposées via le hub d’Istanbul, Turkish Airlines contribue aurayonnement international de la Turquie.

Quels moyens la compagniepropose-t-elle, en partance ouà destination de la Turquie ?

Depuis octobre 2009, elle dessertdirectement l’axe Paris-Antalya,par deux liaisons hebdomadaires.Au départ de France, il est aisé dese rendre en Turquie et dans lereste du monde via Istanbul. Laplupart des vols possèdent uneclasse affaires exceptionnelle,

offrant un grand confort et des repas qualitatifs. Sur certainsvols au départ d’Istanbul, une première classe est proposée.

Le salon VIP de l’aéroport d’Istanbul Atatürk, dans un cadrealliant modernité et luxe de l’Empire Ottoman, garantit uneattente agréable et constitue un cadre idéal pour travailler enattendant un vol - avec tous les équipements nécessaires -ou se relaxer dans l’espace détente agrémenté de lumièrestamisées et de fauteuils de massages. Les passagers peuventaussi se rafraîchir dans les douches marbrées, rappelant leshammams typiques.

Comment se classe-t-elle en termes de trafic commede prestations ?

En Europe, Turkish Airlines affiche la croissance la plus rapi-de du secteur aérien. De 2003 à 2008, la fréquentation deses avions a progressé de 118%, et son réseau de 51%, alorsque sa flotte a doublé. Le nombre de ses vols aaugmenté de 121%, avec une croissance de 55% des passagers premium et de 230% de ceux en correspondance.Parallèlement, la progression du fret s’établit à 63%.

En transport de passagers, elle est classée 4ème au sein del’European Aviation Industry (AEA). Elle détient ce même

rang, selon Aviationweek (1), pour sa solidité financière, élue«meilleure compagnie en Europe Méridionale» parSkytrax(2)xx .

A partir du hub d’Istanbul, au carrefour de l’Europe, del’Asie et du Moyen-Orient, elle étend son réseau dans lemonde entier. Elle a connu un essor fulgurant en France cesquatre dernières années, au départ de Paris, Lyon et Nice,avec pour ambition, en 2010, 40 vols par semaine depuisParis en période estivale et une desserte accrue au départ deLyon et de Nice. Turkish Airlines a rejoint Star Alliance en2008.

Le contexte économique a-t-il eu un impact sur la fréquentation de ses vols ?

Grâce à une stratégie adaptée, le trafic a continué sa croissance au cours des neuf premiers mois de l’année2009. Le nombre de passagers transportés a augmenté de10% pour dépasser 18,6 milIions. Le fret et le transport decourrier, en hausse de 9%, s’élèvent à 162 000 tonnes.Le nombre de sièges offerts au kilomètre a augmenté de21% tandis que le nombre de passagers transportés progressait de 14%.

Dans un secteur exposé à la crise économique mondiale,ces résultats reflètent la validité des choix stratégiques de sesdirigeants. Alors que le ralentissement de l’aviation mondiale a provoqué des baisses importantes de trafic et derecette unitaire, l’augmentation des bénéfices de TurkishAirlines par rapport aux neuf premiers mois de 2008apparaît satisfaisante ; la compagnie a su prendre le contre-pied de la crise mondiale.

Pour poursuivre dans cette voie, Turkish Airlines a lancé unplan de développement de sa flotte prévoyant l’acquisitionde 105 nouveaux appareils, dont 7 A330, 12 B777, 14 A321

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Nazan Erol Directeur de Turkish Airlines en France

«Notre patron est notre passager»

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et 6 A319, à livrer avant fin 2011. Des options ont été poséespour 10 A320 supplémentaires, pour 2013.

Quels sont les besoins des passagers qui fréquententvos vols ?

Selon la formule chère à notre CEO, Mr Temel Kotil : "Notrepatron, c’est notre passager". Fidèle à ce principe, TurkishAirlines offre des services spécifiques, personnalisés, quifidélisent ses clients.

En matière de gastronomie, avec ses chefs cuisiniers, ellepropose des prestations de qualité, dont une restauration raffinée qui laisse une grande liberté de choix selon les goûtset les régimes particuliers de chacun. Elle propose, au choix,deux plats chauds en classe économique, et trois en classeaffaires, sur tous les vols internationaux, ainsi que des encascopieux sur les vols intérieurs.

En classe affaires, les passagers des A330, A340 et B777disposent d’un fauteuil exclusif qui se transforme en lit avec fonction massage, au design harmonieux, denombreux espaces de rangement et une gamme complèted’accessoires. Un large choix de divertissements estdisponible sur écran personnel à bord des gros porteurs, ycompris en classe économique.

Les passagers en classe économie bénéficient de procéduresd’enregistrement simplifiées, avec sélection des sièges etpossibilité d’enregistrer en une fois pour l’aller-retours’ils n’ont pas de bagage. Pour les vols avec correspondan-ce, avec ou sans bagage, l’enregistrement se fait au départjusqu’à la destination finale. Il est possible d’éditer sacarte d’embarquement à l’avance sur le site Internetwww.turkishairlines.com

Les passagers de classe affaires bénéficient d’une attentionparticulière, avec accès privilégiés à l’aéroport et des procédures simplifiées d’enregistrement et de contrôle despasseports. Ils peuvent choisir leur siège en priorité etembarquer au dernier moment. Les salons VIP permettent detravailler en toute tranquillité avec téléphonie, fax etInternet. Il est possible d’envoyer et de recevoir des SMS etdes e-mails à bord des appareils de Turkish Airlines.

Chaque voyage est ainsi un moment privilégié où les passagers retrouvent leurs habitudes.

Turkish Airlines est-elle associée au développementdes relations économiques ou touristiques entre différents pays et la Turquie ?

Dans ce but, Turkish Airlines a noué des accords de partena-riat et de partages de codes avec notamment MalaysianAirlines, Asiana Airlines, Etihad. Elle développe constam-ment son réseau, accélérant ainsi de ce fait les échangeséconomiques et touristiques avec de nombreux pays. L’achatde 20 appareils A320 y contribuera également. Membre deStar Alliance, elle offre plus de 1050 destinations et permetele cumul de miles avec les compagnies partenaires.

En France, depuis Paris, Lyon et Nice, Turkish Airlines propose des vols, directs ou via son hub d’Istanbul, vers plusde 43 pays et 102 villes. La compagnie a noué des accordscorporate pour simplifier les déplacements des hommesd’affaires et des partenariats avec différents acteurs du tourisme.

Quels projets mettrez-vous en oeuvre en 2010, notam-ment en direction de vos clients français ?

En France, la compagnie vise 40 vols par semaine au départde Paris pendant la saison d’été, dont de nombreux volsdirects vers la Turquie, comme Istanbul et les fameuses stations balnéaires de Bodrum et d'Antalya, mais aussi, àl’international, via le hub d'Istanbul.

Le marché français est à l’image du dynamisme de TurkishAirlines. Avec 2 vols quotidiens en 2005, la compagnieopère au départ de Paris quatre vols quotidiens quatre foispar semaine, et cinq vols quotidiens deux fois par semainevers Istanbul, ainsi que deux vols hebdomadaires versAntalya. Le transport de fret a également augmenté, avecdeux à trois vols hebdomadaires.

Turkish Airlines continuera en 2010 à asseoir sa notoriétépar différentes actions de relations publiques, dont le spon-soring en 2010 de l’équipe de football du FC Barcelone dontelle sera le transporteur officiel.

Par ailleurs, Turkish Airlines lancera une vaste campagne depublicité, diffusée également en France, avec Kevin Costner,sur le thème "Globalement vôtre", pour affirmer sa vocation"de compagnie aérienne internationale. Plusieurs autres projets seront mis en œuvre, pour faciliter la vie de ses passagers avant, pendant et après le voyage.

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(1) Aviationweek Etude de 2009 évaluant la performance opérationnelle desentreprises cotées en bourse dans l'aérospatiale et la défense

(2) Skytrax est un organisme de consultation

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L'Université de Galatasaray se situe au bord du Bosphore sur la rive européenned'Istanbul. C'est l'unique université francophone et également la seule univer-sité établie par un Traité international en Turquie. Elle comprend cinq facultés*

et deux instituts. Elle abrite 200 enseignants et 2 500 étudiants. De 1999 à 2008, Enis Tulça y fut, maître de conférence au sein du Département des relations interna-tionales. Il nous livre son expérience.

L'Université de Galatasaray estconsidérée comme l'un desmeilleurs établissements uni-versitaires turcs. Elle fait partied'une tradition francophones é c u l a i r e e n Tu r q u i e .Comment s'articule-t-elle ?Il faut d’abord parler du Lycée deGalatasaray fondé en 1481 parSultan Beyazid, comme école dePalais dit "enderun". Plus tard en1868, Sultan Abdulaziz, à la suite

d'une visite officielle en France, décide de former des écolesde conception européenne. C’est ainsi qu’au Lycée deGalatasaray, la francophonie pénètre cette année là avecVictor Duruy, Ministre de l’Education de Napoléon III.Donc, déjà depuis bientôt 150 ans, la francophonie y estprésente. En 1968, dans cette année difficile, le PrésidentCharles de Gaulle visite le lycée de Galatasaray pour le centenaire de cet événement. En 1992, les deux présidents,François Mitterrand et Turgut Özal signent un accord et fon-dent l’Université de Galatasaray. Donc depuis plus de cinqsiècles, l’établissement de Galatasaray est une référence desuccès au niveau de l'éducation, d’autant plus aujourd’hui,Galatasaray est une marque en Turquie avec tout l’ensembledu Lycée, de l’Université et du Club de Galatasaray. Ce der-nier fut fondé en 1905 par les élèves du Lycée de l’époque.

L'Université de Galatasaray est le premier partenairede la France en Turquie dans le domaine des échangesuniversitaires. Comment cela se traduit-il ? Quelleouverture sur le monde ? L’Université de Galatasaray est francophone et l’interactionculturelle avec la France ainsi que les relations avec les éta-

blissements français sont très importantes. L'enseignementest bilingue, français et turc. L'apprentissage de l'anglais estobligatoire. Depuis 2003, les échanges Erasmus avec lesUniversités françaises fonctionnent très bien. Les étudiantsturcs et français peuvent passer une année universitaire deleurs études en France et en Turquie et vice versa dans lesfacultés concernées. Le niveau d’anglais de l’établissementétant très bon, certains étudiants de l’Université Galatasaraycontinuent leurs études pour faire un D.E.A ou une thèse,avec beaucoup de facilité dans le système anglophone, enGrande-Bretagne ou aux Etats-Unis.

Quels souvenirs gardez-vous de votre période d'uni-versitaire au sein de l'université ? Quel regard portez-vous sur la jeunesse turque ?Etant absent pour le moment à cause de ma mission à Paris,je n’ai que des beaux souvenirs de ces dix ans passés àGalatasaray entre 1999 et 2008. Ma carrière académique futtrès satisfaisante pour moi dans cette période et mes relations avec les étudiants furent très bonnes. Nous avionsla chance d’être dans des classes de 25 à 30 étudiants seu-lement. C’est un privilège pour la Turquie. En plus, vousavez en face de vous les meilleurs. Pour exemple : sur les1.500.000 jeunes qui se présentent chaque année à l'examen d'entrée des universités, seuls les meilleurs sontpris a Galatasaray. Pour la jeunesse turque, que j’ai connueà Galatasaray, je peux dire qu’ils ont tous un avenir fructueux devant eux avec toutes les qualités qu’ils possè-dent, grâce à leur éducation.

* Facultés : Sciences économiques et administratives, Droit, Lettres,Communication, Génie; Instituts : Sciences sociales et Sciencesexactes

Enis Tulça Directeur de l'Office du Tourisme de Turquie en France et Conseiller Culturel et de l’Information auprès de l’Ambassade de Turquie à Paris.

Université de Galatasaray :

cinq siècles d'existence

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Depuis le 1er juillet 2009 jusqu’au 31 mars 2010, la Turquie a été l’invitée de laFrance. Plus de 400 événements culturels, économiques et intellectuelspermettront de découvrir le dynamisme et la modernité de ce pays, encore

trop méconnu en France.

Vous avez accepté de présiderle comité mixte d’organisationde la Saison de la Turquie enFrance, aux côtés de MonsieurNecati Utkan, ancien ambas-sadeur. Quelles sont les rai-sons pour lesquelles vousavez souhaité valoriser lesmultiples facettes de ce pays ?

Le principe des “Saisons” estd’offrir l’opportunité à un pays de présenter la richesse et ladiversité de sa vie culturelle, scientifique, et économique etd’aller au-delà des idées reçues. En ce qui concerne la Turquie,c’est à la fois un véritable défi car c’est un pays souvent malconnu du public français et qui fait l’objet de nombreux pré-jugés, mais c’est aussi une fantastique opportunité d’aller à ladécouverte de ce pays fascinant par bien des aspects : uneculture riche de 2 000 ans d’histoire, à la confluence del’Orient et l’Occident et qui me surprend par sa faculté à sanscesse se renouveler. Avec Necati Utkan, Président de la Saisonpour la partie turque, nous avons voulu montrer non seule-ment une Turquie qui se définit par sa richesse patrimoniale ethistorique mais aussi par son dynamisme créatif, son évolutionsociale et ses multiples facettes. La programmation de laSaison de la Turquie en France, qui regroupe plus de 400 évé-nements à travers tout le pays, vise à refléter toute la diversitéde sa culture en soulignant la volonté de changement et d’ouverture d’une Turquie multidimensionnelle. La Turquie estun partenaire culturel, économique et stratégique importantpour l’Europe. Le faire comprendre au grand public en lui présentant la Turquie contemporaine, innovante, dynamiqueet moderne, c’est l’objectif que s’est fixé cette Saison.

La France entretient des relations avec la Turquiedepuis le Traité d’alliance conclu entre François Ier etSoliman le Magnifique en 1536. A travers les multiplesmanifestations organisées, comment sont mis enlumière ces 6 siècles d’échanges culturels ?

Le traité d’alliance conclu en 1536 est l’objet d’une trèsbelle exposition au Musée national de la Renaissance auchâteau d’Ecouen intitulée : “François Ier et Soliman leMagnifique, les voies de la diplomatie à la Renaissance”.Elle illustre des relations diplomatiques, culturelles et éco-nomiques vieilles de six siècles. Ces relations entre les deuxpays ont marqué l’histoire de l’Europe et sont essentielles àla stabilité du continent.

Des expositions comme “Jean-Baptiste Vanmour, peintre dela Sublime Porte” au Musée de Valenciennes ou “DeByzance à Istanbul” aux Galeries nationales du GrandPalais, les trois expositions du Louvre, mais aussi des publi-cations comme le numéro hors série de L’Histoire sur “LesTurcs”, mettent en lumière ces échanges à travers les siècles”et qui perdurent encore aujourd’hui dans tous les domainesde la coopération. Lors de la visite officielle programméedans le cadre de la Saison, les Présidents Abdullah Gül etNicolas Sarkozy ont d’ailleurs souligné que c’était un grandmoment pour les relations franco-turques.

De nombreux débats d’idées sont programmés.Quelles sont les thématiques abordées et qui sont lespublics invités à les animer ?

La dimension débat d’idées est une particularité de cetteSaison. En effet, il nous a paru essentiel, à mon homologue

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Henri de CastriesPrésident du Comité mixte de la Saison de la Turquie en France, Président du Directoire du Groupe AXA

La France : 3ème pays d’accueil

des étudiants turcs

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Necati Utkan et moi-même, de susciter le débat d’idéesautour des questions qui se posent dans les cadres euro-péens et méditerranéens : la Turquie et l’Europe, l’environ-nement géopolitique de la Turquie, la place de la femme,la laïcité, le dynamisme démographique, l’identité turque,la diversité culturelle, le travail de mémoire, les médias,l’économie de la Turquie, la politique étrangère turque,etc.

Notre objectif est donc de sensibiliser le grand public maisaussi de favoriser les rencontres entre intellectuels et univer-sitaires pour faire progresser le débat. Ainsi, une program-mation ambitieuse a été mise en place en liaison avec desinstitutions prestigieuses, telles que le Collège de France, lesAcadémies, Sciences-Po-CERI, l’Ecole Normale Supérieure,l’EHESS, l’IFRI.

Nous pouvons également comp-ter sur l’appui de partenaires quise sont pleinement associés àl’organisation de ces manifesta-tions : l’Université de Tous lessavoirs, le Sénat, le CFPJ, laBibliothèque Nationale deFrance, l’Université de Galata-saray et son consortium d’uni-versités françaises associées, lesréseaux de bibliothèques muni-cipales à Paris et en régions, leMinistère de l’Education natio-nale ainsi que le Ministère del’Enseignement supérieur et dela Recherche.

Le programme de coopération éducatif rencontre un vif inté-rêt de la part des deux pays : des jumelages entre lycéesfrançais et turcs sont mis en places, facilités par l’utilisationd’Internet et du “e-twinning” qui permet une correspon-dance suivie entre collégiens, par exemple.

Il s’agit également à travers cette programmation de favori-ser la mobilité enseignante pour mettre en place deséchanges sur le long terme entre établissements. LaTurquie sera ainsi invitée d’honneur du prochain Salonde l’Etudiant.

On ignore souvent que la France est le 3ème pays d’accueildes étudiants turcs, notamment grâce à une coopération his-torique qui fait que, 10 000 lycéens turcs reçoivent un ensei-gnement bilingue. On retrouve plus tard ces francophonesdans les entreprises, dans la culture, dans la diplomatie. Ilscontribuent à la force et à la vitalité des relations franco-turques.

D’un point de vue économique, quelles sont, selon vous,les opportunités d’affaires et d’investissement en Turquiepour les entreprises françaises ?

La Turquie s’est hissée au 15ème rang de l’économie mondialegrâce à un taux de croissance le plus élevé de l’OCDE

depuis le début de la décennie. Avec un marché jeune et dynamique de plus de 70 millions d’habitants, nosentreprises ont bien compris l’intérêt d’investir en Turquieoù elles tiennent le 1er rang des investisseurs internatio-naux.

Si la Turquie n’échappe pas à la crise économique mon-diale, c’est un pays qui conserve tout son potentiel : sondynamisme démographique, l’étendue de son territoire, sonpositionnement stratégique.

Enfin, nos deux pays connaissent des problématiques simi-laires : régulation de l’économie mondiale, approvisionne-ment énergétique et développement durable, innovationstechnologiques, sur lesquelles nous pouvons envisager desrapprochements.

Les 13 entreprises qui forment leComité des mécènes de laSaison, toutes sol idementimplantées en Turquie, ont sou-ligné l’importance de montreren France l’image qu’elles ontchaque jour de la Turquie : celled’un pays en pleine expansionéconomique, industrielle etfinancière.

C’est ce que la Saison, à traversun programme de séminaires etde conférences, s’attache à met-tre en valeur.

Quels souhaits formulez-vous afin que, après mars 2010,les liens tissés durant la Saison de la Turquie s’inscriventdans une dynamique durable ?

Cette Saison est résolument tournée vers l’avenir et sonobjectif est bien évidemment de développer les liens de lacoopération dans tous les domaines : éducatifs, scienti-fiques, culturels, économiques.

La Saison s’est poursuivie au-delà de mars 2010 dans lecadre “d’Istanbul 2010, Capitale européenne de la Culture”grâce aux nombreuses collaborations franco-turques.

la Turquie offre des avantages non négligeables en matièred’investissement. La diversité du tissu entrepreneurial offreaux entreprises toute la gamme des coopérations possibles :partenariat, coopération sur pays tiers, investissementscroisés.

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La Turquie s’est hisséeau 15ème rang de

l’économie mondialegrâce à un taux de croissance

le plus élevé de l’OCDE

NDLR : L’Agence nationale Invest in Turkey est au service des entre-prises françaises pour les aider et optimiser leur projet d’investissementen Turquie.

Un rayonnement culturel fort

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Jacques Chirac, en tant qu’ancien Président de la République française, a reçu enmai dernier le doctorat Honoris causa de l’Université Galatasaray. A cette occa-sion, il a souligné les nombreux points de convergence notamment, sur le plan

politique, mais aussi, intellectuel et culturel, entre la France et la Turquie. C’étaitaussi l’occasion de saluer la vitalité de la Saison culturelle turque en France.

«C’est un immense honneur que de recevoir aujourd’hui, à Istanbul, le doctorat honoris causa de l’UniversitéGalatasaray» a indiqué Jacques Chirac en remerciementpour la distinction qui lui était remise.

«Honneur, car chacun connait le prestige de votre univer-sité, l’action irremplaçable qui est la vôtre pour la franco-phonie, et la place de votre établissement dans l’histoirede la Turquie. Avec vous, je suis fier de cette université deGalatasaray, dont je suis maintenant diplômé. Elle est lefruit d’une volonté commune de nos deux pays, expriméeau plus haut niveau. L’accord de coopération l’instituant a,en effet, été signé en présence des deux Présidents de laRépublique, MM. Turgut Özal et François Mitterrand, il ya 18 ans, le 14 avril 1992. Il a été ratifié par un vote una-nime de la Grande Assemblée Nationale de Turquie. Encréant cette Université francophone au bord du Bosphore,le gouvernement turc s’est à nouveau tourné vers laFrance. Comme en 1868, au moment de la création dulycée Galatasaray, lorsque cette grande idée était néed’une rencontre entre le sultan Abdülaziz et Victor Duruy,le ministre de l’Education de Napoléon III. L’UniversitéGalatasaray affiche déjà un bilan exceptionnel. Elle estdotée du statut « d’université d’excellence ». Elle attire lesmeilleurs étudiants de Turquie, grâce à une procédure derecrutement extrêmement sélective. Elle est ainsi parve-nue, en quelques années, à se hisser au niveau de qualitéde ce lycée centenaire et prestigieux, qui a donné à laTurquie tant de ministres, d’Ambassadeurs, de parlemen-taires, d’intellectuels illustres, professeurs d’université,écrivains, journalistes et artistes, dont beaucoup sontparmi nous aujourd’hui.»

Jacques Chirac a ajouté : «J’ai eu à cœur, lorsque j’ai assu-mé la fonction de Président de la République, de toujoursveiller à la bonne marche de votre institution qui est l’un desplus précieux joyaux de la relation entre nos deux pays».

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Vif succès de la Saison

culturelle turque en France

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Il a ensuite abordé avec un angle plus général les relationsculturelles franco-turques. «Chaque langue a son génie.Celle que nous avons en partage conduit à une certainevision des rapports entre les hommes et entre les commu-nautés. Une vision qu’inspirent les valeurs de solidarité et defraternité, c’est-à-dire, celle des droits de l’Homme. VotreUniversité, membre titulaire de l’Agence Universitaire de laFrancophonie, le Lycée Galatasaray, ainsi que tous les lycéesfrancophones de Turquie, constituent un maillon importantau sein de cet ensemble qui réunit, sur les cinq continents,plus de 750 millions de personnes.Fervent militant de la francophonie, je suis particulièrementheureux et fier de trouver, en Turquie, des avocats aussi éminents en faveur de la diversité culturelle et de l’égaledignité de toutes les cultures».«La Turquie et l’Union Européenne ont à l’évidence un destin partagé» a-t-il indiqué plus tard. «Les relations franco-turques s’expriment aussi au travers desliens tissés entre nos deux sociétés.Celles-ci ont appris, avec le temps, à mieux se connaître ets’apprécier. De nombreux acteurs participent à cet élan :Français de Turquie, Turcs de France, acteurs institutionnels,milieux d’affaires et membres de la société civile.Le rôle des passeurs de savoir que vous êtes, vous lesanciens ou les amis de Galatasaray, intellectuels, finsconnaisseurs de nos deux cultures, n’en est que plus grand.Afin que nos deux pays soient toujours, comme l’histoire etleur destin le commandent, plus proches l’un de l’autre, àl’image de cette démocratie et de cette laïcité qu’ils ont enpartage.La Saison de la Turquie en France, qui vient de s’achever, afait la démonstration éclatante de la pertinence de cetteambition, de la richesse de nos relations bilatérales, et de lamarge de progression dont elles disposent encore.

J’ai personnellement décidéde l’organisation de cetteSaison de la Turquie enFrance lorsque le projet m’aété présenté à la fin de l’an-née 2006. Je me réjouis quecet ambitieux projet ait étéconfirmé par le Président de la République, NicolasSarkozy, et porté par lePrésident de la Républiquede Turquie, M. AbdullahGül, comme par le PremierMinistre, M. Erdogan. Cettemultiplication d’événe-ments, sur tout notre territoi-re, a permis au PrésidentGül d’effectuer, à l’occasiondu lancement de cetteSaison, en octobre 2009, lapremière visite officielled’un Chef d’Etat de laTurquie en France depuiscelle du Président SüleymanDemirel en 1998. Elle adonné lieu aussi, au début

du mois d’avril, à la première visite officielle en France,depuis six ans, du Premier Ministre, M. Erdogan, pour la clôture de cet événement.Je remercie et je félicite tous les acteurs turcs et français dece projet, qui ont permis son grand succès.Cette Saison a parfaitement rempli son rôle, en contribuantà mieux faire connaître la Turquie contemporaine en France,et en donnant de votre pays une image moderne, vivante,dynamique, ambitieuse, en un mot une image plus exactede la Turquie en France».

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Un rayonnement culturel fort

Du 1er juillet 2009 au 31 mars 2010, la Turquie a été l’in-vitée de la France avec la Saison de la Turquie en France.Plus de 400 événements culturels, économiques et intellectuels ont permis de découvrir l’effervescence, lajeunesse et la modernité de ce pays, trop méconnu enFrance et souvent réduit à de faux clichés. Préparée enétroite collaboration par la Fondation pour la Culture etles Arts d’Istanbul (IKSV) et Culturesfrance, sous l’égidedes Ministères des Affaires Etrangères et des Ministèresde la Culture des deux pays, elle a aussi permis de témoi-gner auprès du public, des liens historiques et vivantsunissant la France et la Turquie, marqués par une amitiérenouvelée remontant au XVIème siècle. Faisant écho ausuccès du «Printemps Français» organisé dans différentesvilles turques en 2006, elle s’est donné pour missiond’encourager les échanges et le tourisme culturel maisaussi les coopérations entre les institutions culturelles etartistiques et les organisations non gouvernementalesturques et françaises. De nombreux événements ont étéorganisés à cette occasion à Paris, Lille, Marseille, Lyon,Strasbourg et Bordeaux mais également sur l'ensembledu territoire français.

Yves-Marie Laouenan et Jacques Chirac à Istanbul

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