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Au pénitencier national, toutes les conditions sont réunies pour réduire un citoyen coupable d’un forfait à sa plus simple expression. Outre la liberté dont il est privé, il perd aussi le droit de rester un « être humain ». Il est brutalisé, violé, agressé et humilié à longueur de journée. S’il se blesse ou tombe malade, il ne peut espérer recevoir de soin. « La réalité n’est pas diérente dans les autres centres d’incarcération du pays », raconte un ancien détenu qui, aujourd’hui, est coordonnateur général de l’organisation « kore prizonye neglije yo » KPNY. » P. 21 » P. 17 »  P. 6 SPORT CULTURE » lire page 4 » suite page 14 Le championnat national d'athlétisme Sylvio Cator dans l'impasse ! par Kenson Désir En route vers la réforme de l'administration pénitentiaire Par Evens RÉGIS J'ai à cœur ma planète par Elisée Décembre Entre complicité, promiscuité et deshumanisation Par Joe Antoine Jn-Baptiste HAÏTI / BUDGET LUNDI 6 JUILLET 2015 NUMÉRO 32 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdes RÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ 2015-2016 : un pari sur l'agriculture Le ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau. / Photo : J.J. Augustin HAÏTI SOCIÉTÉ / DROITS HUMAINS / PÉNITENCIER NATIONAL « Il y a beaucoup plus d’innocents incarcérés que de coupables réels à la prison civile de Port- au-Prince. Il est beaucoup plus facile pour un détenu de devenir un criminel notoire et sans scrupule après avoir fait la prison. Aucune correction possible ne peut être envisagée dans les centres d’incarcération du pays », a fait savoir Valcin Rodelin Jr. CC’est ce qu’a fait savoir cet ancien détenu au cours d’une interview accordée à Le National. Son séjour de six mois et trois jours lui a effec- tivement prouvé que, dans les cen- tres d’incarcération du pays, les prisonniers ne jouissent d’aucun droit. Même pas celui de manger. Dans des cellules de quatre mètres carrés sont enfermés 80 à 90 pris- onniers. C’est dans leur carré qu’ils dorment, mangent, se baignent, étendent leur lingerie, font leurs besoins, tout. Ils y vivent dans des conditions les plus inimag- inables où complicité, promiscuité et deshumanisation ponctuent à chaque seconde leur quotidien.

Journal le national #32 web

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Au pénitencier national, toutes les conditions sont réunies pour réduire un citoyen coupable d’un forfait à sa plus simple expression. Outre la liberté dont il est privé, il perd aussi le droit de rester un « être humain ». Il est brutalisé, violé, agressé et humilié à longueur de journée. S’il se blesse ou tombe malade, il ne peut espérer recevoir de soin. « La réalité n’est pas différente dans les autres centres d’incarcération du pays », raconte un ancien détenu qui, aujourd’hui, est coordonnateur général de l’organisation « kore prizonye neglije yo » KPNY.

» P. 21

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SPORT

CULTURE

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Le championnat national d'athlétisme Sylvio Cator dans l'impasse ! par Kenson Désir

En route vers la réforme de l'administration pénitentiairePar Evens RÉGIS

J'ai à cœur ma planète par Elisée Décembre Entre complicité, promiscuité

et deshumanisationPar Joe Antoine Jn-Baptiste

HAÏTI / BUDGET

LUNDI 6 JUILLET 2015 NUMÉRO 32

WWW.LENATIONAL.HT

QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI

ACTUALITÉ

2015-2016 : un pari sur l'agriculture

Le ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau. / Photo : J.J. Augustin

HAÏTI SOCIÉTÉ / DROITS HUMAINS / PÉNITENCIER NATIONAL

« Il y a beaucoup plus d’innocents incarcérés que de coupables réels à la prison civile de Port-au-Prince. Il est beaucoup plus

facile pour un détenu de devenir un criminel notoire et sans scrupule après avoir fait la prison. Aucune correction possible ne peut être envisagée dans les centres d’incarcération du pays », a fait savoir Valcin Rodelin Jr.

CC’est ce qu’a fait savoir cet ancien détenu au cours d’une interview accordée à Le National. Son séjour de six mois et trois jours lui a effec-tivement prouvé que, dans les cen-tres d’incarcération du pays, les prisonniers ne jouissent d’aucun droit. Même pas celui de manger. Dans des cellules de quatre mètres carrés sont enfermés 80 à 90 pris-

onniers. C’est dans leur carré qu’ils dorment, mangent, se baignent, étendent leur lingerie, font leurs besoins, tout. Ils y vivent dans des conditions les plus inimag-inables où complicité, promiscuité et deshumanisation ponctuent à chaque seconde leur quotidien.

2 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

TRIBUNE

Ce samedi quatrième jour du mois de juillet devait être pour moi un jour faste. Leo Messi allait enfin remporter

son premier trophée majeur avec l’Albiceleste et mon frère Claude Delatour devait convoler en justes noces. Il est minuit passé, les enfants sont couchés, mon épouse fait sem-blant de dormir pour édulcorer mon chagrin. Elle sait que je vais passer une nuit blanche. Le Chili a remporté sa Copa America. Mon frère Claude a été sauvagement abattu de plus-ieurs balles en plein cœur de Pétion-Ville par des hommes-Karanklous.Chaque fois que je ferme les yeux, je revois Claude heureux comme un enfant recevant un merveil-leux présent de son père, venir nous inviter, Berto et moi, à son mariage. Il avait l’air léger. Il était resplendissant comme s’il savait qu’il ne tarderait pas à entrer dans la lumière. Mais comment diable pouvait-il savoir que son épouse, sa fille, sa mère, son père et tous

ses amis seraient réunis chez lui en ce samedi pour se remémorer sa vie, ses gestes ? Comment en est-on arrivé là ? Comment est-ce que les Haïtiens peuvent-ils con-tinuer à vivre dans de telles condi-tions ?

Je me demande combien de Claude nous devons mettre en terre avant que la colère, l’indignation nous envahissent et nous contraignent à nous mobiliser contre ces bandits qui ne se cachent plus pour accomplir leur basse besogne ? Car, pour tous ceux qui l’ont connu, Claude était un homme, que dis-je ? demeure un homme sans méchanceté. Il exerce sa profession en toute intégrité et vit au milieu des siens simplement. Mais, dans notre pays livré aux ban-dits de tous poils, vivre en homme libre en toute simplicité n’est pas un gage de longévité. Ainsi, ce soir, Claude repose quelque part dans un tiroir glacé, le corps sans vie. Nous ne pourrons plus rire aux éclats après

une blague de Dominique, sa sœur chérie. Nous ne pourrons plus rire de voir Domi contrariée par nos atti-tudes enfantines. Comment peut-on continuer à vivre dans cette merde ? Tankou Beetova ta di si nou viv nou pa moun. La vie est une fête en larmes, nous dit Jean d’Ormesson. On vit, on pleure tout à la fois. Ou plutôt, certains rient pendant que d’autres ne savent comment noyer leur chagrin. Des millions de Chiliens célèbrent cette première consécra-tion continentale alors que nous sommes des dizaines, peut-être des milliers à pâtir de la disparition sau-vage de Claude. Combien vaut une vie ? Un million, un milliard de dollars ? Dans ce cas, Steve Jobs serait encore en vie. La vie n’a pas de prix ! Il faut la protéger envers et contre tout. Comment com-prendre notre nonchalance devant les actes de barbarie répétés d’assassins sans vergogne ? Comment accepter sans un geste que des lâches tuent

des hommes, des femmes sous nos yeux, et s’en vont à bord d’une moto ou d’un véhicule quelconque ? La solidarité a-t-elle disparu de chez nous ?

Ou serait-elle devenue un vain mot ? Je sais que je vais recouvrer le sommeil. Je sais aussi que je continuerai à vivre en pensant à mon frère Claude. Mais je voudrais qu’il n’y en ait plus d’autres Claude. Je suis fatigué. Fatigué de compter mes amis assassinés. Fatigué de lire dans les journaux que des inconnus armés viennent de commettre un for-fait et sont repartis cahin-caha.

Certaines sociétés célèbrent la vie lors même qu’elles doivent faire face au terrorisme. Nous, nous célébrons la banalité de la vie en tuant à crédit, pour s’acheter une bagnole ou pour se débarrasser d’un concurrent. Allons-nous tous périr comme des lâches sous les balles ou réaliser un grand coumbite pour enrayer ce fléau ?

Mesdames, Messieurs les Chefs d’État et de gouver-nement,

Mesdames, Messieurs les Minis-tres, Monsieur le Secrétaire général de la CARICOM,Mesdames, Messieurs les Délé-gués,

Mesdames, Messieurs,Je voudrais, tout d’abord, remercier l’Honorable Perry CHRISTIE, Premier ministre des Bahamas et président sortant de la CARICOM pour l’excellent travail qu’il a effectué au cours de son mandat. J’en profite pour saluer l’arrivée de l’honorable Freundel STUART, Premier ministre de la Barbade, à la présidence de la Communauté. Sachez, Monsieur le Président, que je suis à votre disposition.

Qu’il me soit permis de vous dire que ce n’est pas de gaieté de cœur que je m’adresse à cette assemblée pour parler des relations de la République d’Haïti avec la République Dominic-aine. Aujourd’hui, ces relations nous interpellent et interpellent les amis de la CARICOM compte tenu du sort réservé aux Haïtiens vivant en situation irrégulière en République Dominicaine. Depuis le mercredi 17 juin 2015, date de l’échéance du Plan national de régularisation des étrangers (PNRE), mettant en appli-cation l’Arrêt 168-13 du Tribunal Constitutionnel dominicain, des mil-liers d’Haïtiens ont rejoint les postes frontaliers haïtiano-dominicains. Si certains ont décidé de retourner volontairement en Haïti, d’autres, plus nombreux que les premiers ont, en revanche, été arrêtés et conduits manu militari aux frontières.

Les autorités dominicaines préfèrent parler de rapatriement volontaire assisté, alors qu’il s’agit de déporta-tions souvent violentes.

La République d’Haïti, dans le cadre de toutes les rencontres bilatérales sur les questions migratoires, n’a jamais nié le droit souverain de la République Dominicaine de légiférer sur sa politique migratoire nationale et de prendre toutes les disposi-tions subséquentes concernant les étrangers, notamment les Haïtiens. La position du gouvernement, con-formément au respect des normes de Droit International Public régis-sant la matière, est et a toujours été d’accueillir en Haïti toute personne jouissant de la nationalité haïtienne, mais vivant en situation irrégulière, que ce soit en République Domini-caine ou dans n’importe quel autre pays.

C’est, respectueuse de ce principe et en harmonie avec les normes inter-nationales que la partie haïtienne, à toutes les réunions bilatérales, a invité la partie dominicaine à con-sidérer la nécessité et l’urgence de négocier un protocole d’Accord sur le processus ou les mécanismes de rapa-triement dans le seul et unique but de respecter les droits des migrants.

Les autorités dominicaines, en util-isant tous les subterfuges possibles, ont systématiquement refusé de négocier, non seulement ledit proto-cole, mais encore tout autre qu’elle pourrait courtoisement présenter. En conséquence, la partie haïtienne est en droit de considérer que le gou-vernement dominicain veut effectuer les déportations sans tenir compte des droits élémentaires des migrants haïtiens.

Mesdames, Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,

Monsieur le Secrétaire Général de la CARICOM,

Face à cette situation intolérable, la République d’Haïti lance un vibrant appel aux États membres de la CAR-ICOM, de l’Organisation des États Américains et de l’Organisation des Nations Unies afin de porter les auto-rités dominicaines à traiter les res-sortissants haïtiens avec dignité en respectant leurs droits conformément à tous les protocoles et toutes les con-ventions internationales et région-ales existant en matière migratoire. La communauté internationale ne peut pas se taire quand des familles nucléaires se divisent arbitrairement et que des enfants sont séparés de leurs parents et conduits à des postes frontaliers.

La communauté internationale ne peut garder le silence lorsque des personnes dont la force de travail a été exploitée pendant plusieurs décennies et qu’un beau jour on leur demande de débarrasser le plancher sans avoir la possibilité de toucher une pension, voir le droit à récupérer leur maigre patrimoine. La Répub-lique d’Haïti demande à la com-munauté internationale de soutenir la position du gouvernement dans sa tentative de souscrire un accord avec la République dominicaine qui respecte les droits humains des res-sortissants haïtiens.

La République d’Haïti ne dispose pas de forces armées. Aussi fait-elle de la diplomatie sa première ligne de défense. Si dans un premier temps, elle avait privilégié l’approche bila-térale, c’est parce qu’elle avait cru

en la bonne foi des autorités domini-caines à tenir leurs promesses de ne pas organiser de rapatriement massif encore moins de violer les droits des migrants haïtiens. Toutefois, le constat sur le terrain du nombre de déportés que nos institutions et les agences humanitaires internationales ont pu accueillir au cours des deux dernières semaines annonce déjà des signes d’une catastrophe humanitaire pouvant déstabiliser le pays et son économie.

Mesdames, Messieurs les chefs d’État et de Gouvernement

Monsieur le Secrétaire Général de la CARICOM,La République Haïti s’engage dans un processus électoral devant per-mettre le renouvellement de son personnel politique. La gestion de ce processus exige calme, sérénité et clairvoyance. Les déportations massives et indiscriminées de res-sortissants haïtiens sont de nature à fragiliser le processus et saper la fragilité politique du pays. Sur le plan économique et social les maigres res-sources dont dispose l’État haïtien ne pourront lui permettre de faire face à ces déportations massives qui ris-quent de mettre en danger la paix et la sécurité régionales.La République d’Haïti renouvelle son engagement à résoudre ce conflit d’une manière pacifique conformément à l’article 33 de la Charte de l’ONU. Cependant, elle demeure convaincue que ce drame humanitaire auquel elle fait face avec dignité, ne manquera pas de susciter la solidarité des peuples frères et des organisations internationales, régio-nales et sous-régionales comme cela a toujours été le cas dans le passé.

Je vous remercie.

Banalité de la viePar Franck VANEUS, av.

Intervention du Président de la République, S.E.M. Michel Joseph Martelly au 36e Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement de la CARICOM sur la crise migratoire entre Haïti et la République Dominicaine.

Afin de contrecarrer les actes de banditisme qui gagnent du terrain au niveau du département de l’Artibonite,

la direction départementale de la police a lancé le vendredi 3 juillet 2015 une nouvelle opération bapti-sée « Sere Koud ».

Conscient de la recrudescence de l’insécurité dans l’Artibonite, le directeur départemental de la police, Berson Soljour, s’est montré plus que déterminé à rétablir la sécurité dans tout le département.

« Ces dernières semaines, la direc-tion départementale a répertorié plusieurs cas de vols domestiques, de braquage, de vols de nuit et autres infractions », a informé le directeur.

« Plusieurs cas de braquage sont recensés, notamment, à Savane Désolée (entrée sud de la ville) et à Terre Noire (entrée nord de la ville de Saint-Marc) », a-t-on appris. Pour pallier cette situa-

tion, Berson Soljour, se propose de mobiliser toutes ses ressourc-es. « Nous demandons à tous les collègues policiers de faire un dépassement d’horaire, en vue d’avoir un niveau de sécurité opti-mal dans la région », a déclaré M. Soljour.

« À l’approche de la campagne électorale, nous voulons garder un environnement de sécurité stable » a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, le chef départemental de la police a fait savoir qu’il est en attente de l’accomplissement de la promesse faite par la direction générale de la police en matière de renforcement de l’équipe et de ressources matérielles.

Berson Soljour a enfin lancé une mise en garde aux chauffeurs de taxi-moto soupçonnés de vols à la tire. « Plusieurs plaintes ont été déposées au commissariat pour des vols à la tire de valises, de bijoux et de téléphones por-tables », a-t-il indiqué.

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 3ACTUALITÉ

Pour une révolution mentaleLa succession des événements qui nous tombent sur les épaules nous montre que

nous ne sommes pas près de sortir du plan élaboré depuis des décennies pour immo-

biliser le pays dans une impasse. Ces évènements se précipitent avec un rythme qui

laisse croire qu’il y aurait comme un génial horloger qui manipule notre mécanique

sociale pour nous « monter » les uns contre les autres et même désarticuler, de façon

dangereuse, nos interrelations humaines.

Nous serions déjà loin de la lutte des classes. Nous nous installerions, sans y prendre

garde, dans une gigantesque situation où, face à des solutions qui manquent ou

à des alternatives qui paraissent impossibles, nous chercherions un bouc émis-

saire. Dans les plus grands rituels, celui-là doit payer pour toutes les fautes de la

République.

La situation des Haïtiens en République dominicaine, à quelques jours de ce qui

devrait être la date de la célébration de l’occupation américaine en Haïti, le 28 juillet

1915, vient empirer une situation où notre identité est mise à mal et notre équilibre

de peuple désarticulé physiquement et psychologi- quement. Au moment où toutes

les composantes nationales devraient, dans un élan de patriotisme, se mettre en un

faisceau pour dire « Non » à cette entreprise macabre longtemps mise en laboratoire,

on constate plutôt une course contre la montre vers le « Palais national » détruit

par le séisme du 12 janvier 2010. Où se dirigent-ils tous ? Vers quels bureaux ? Et

pourquoi aujourd’hui toutes les contestations sociales sont-elles mises en berne?

Est-ce parce que la route vers la présidence est ouverte à tous ?

Nous nous trouvons encore au moment où les citoyens de la République attendent

un discours fort pour qu’ils reprennent confiance. En temps de catastrophes, le

leadership doit se manifester ouvertement pour que chaque Haïtien arrive à la

conclusion que dans son domaine quelque chose doit être fait positivement pour

revenir au destin planifié depuis la geste de 1804.

On est passé à côté après le séisme. Après le choléra, nous avons pris l’épidémie

comme une des plaies de l’Égypte. Avec les déportations massives, à la suite des

échecs de notre diplomatie et les manques d’articulation du ministère des Haïtiens

vivant à l’étranger, nous voilà, dans un affaiblissement institutionnel, en train de

recevoir des milliers de compatriotes dépourvus de leurs biens comme au temps

de l’Exode.

On ne demande pas la révolution. On exige plutôt que chacun, des plus hautes

instances de l’État au plus simple Haïtien, de la commerçante des rues à l’homme

de science, s’investisse dans une révolution mentale, qui pourrait encore faire d’Haïti

la nation inédite et imprévisible. Cela peut se réaliser si nous le voulons.

Le National

ÉditoArtibonite-insécurité : La DDA-PNH lance une nouvelle opération contre les bandits

par Dieulivens Jules

Le directeur départemental de l’Artibonite de la PNH, Berson Soljour. Photo : Dieulivens Jules

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4 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

2015-2016 : un pari sur l'agriculture par Jean Michel Cadet

HAÏTI / BUDGET

Préoccupé par les problèmes chroniques de développement liés au manque de ressources financières disponibles, le gouvernement haïtien s’est tourné vers l’agriculture. Dans cette perspective se sont tenus, les 3 et 4 juillet derniers à l’hôtel Kinam, des ateliers de réflexion autour du thème : l’agriculture au service du développement durable d’Haïti : orientation stratégique pour le budget 2015-2016.

Durant ces deux jours, dif-férents secteurs vitaux du pays, répondant à l’invitation du gouverne-

ment, ont débattu en ateliers de l’opportunité de faire du secteur agri-cole une locomotive de croissance à travers le budget de l’exercice fiscal qui débute dans trois mois. Les acteurs en présence ont convenu de la nécessité d’adresser les problèmes fonciers et infrastructurels au niveau agricole. Le ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau, estime même que 5 % du PIB national, soit 20 milliards de gourdes environ, per-mettraient de développer les potenti-alités de la terre et l’eau, deux prin-cipaux axes moteurs de l’agriculture. Les propositions concrètes issues de ces discussions, cependant, se font attendre. Une synthèse des réflex-ions entamées et d’autres ateliers de discussions sont prévues prochaine-ment.

L’agriculture, un choix stratégique

Orienter le budget du prochain exercice fiscal vers l’agriculture répond à un besoin impérieux pour le pays d’augmenter ses recettes internes. Le Premier ministre Évans Paul, intervenant à ces assises, l’a clairement exprimé. « L’économie nationale subit une contraction de l’aide internationale et une diminution des ressources de Petrocaribe. Le gouvernement doit mobiliser d’autres ressources nationales pour financer les investissements publics et assurer la pérennité ses actions », a t-il déclaré. En effet, le budget 2014-2015 en cours a accusé, au cours du premier trimestre, un manque à gagner de 10 milliards de gourdes provenant des fonds petrocaribe, soit une réduction de près 49 % des recettes internes prévues. À cela s’ajoute la chute des investissements de 16,5 %. Et L’aide internationale sur lequel repose ce budget à 60 % n’a pas comblé les espérances. C’est ce qui a expliqué que le budget rectificatif a été revu à la baisse : 122,6 milliards de gourdes prévues initialement contre 109,7 milliards. Les espérances de croissance ont alors diminué de 4,5 % à 2,5 %.

C’est dans ce contexte qu’a germé l’idée d’orienter le budget 2015-2016 dans le sens d’une plus grande cohérence des politiques

publiques. Un budget plus intelligent, réaliste et efficient au niveau de l’affectation des ressources, selon M. Pressoir Exéus, directeur du budget. Pour apporter ces nouvelles orientations, l’agriculture a été préférée à l’éducation, au terme des consultations engagées au niveau du gouvernement, comme vecteur de croissance et de développement.

Il s’agit pour le grand argentier de la République d’un choix stratégique compte tenu des potentiels à court terme du secteur agricole. Et, renchérit-il, c’est une source d’effets positifs pour le processus de croissance des autres secteurs.

Abondant dans le même sens, le Premier ministre souligne que les exportations dans le secteur agricole s’estiment à 25 millions de dollars américains en moyenne au cours des cinq dernières années en dépit d’une forte demande des produits agricoles. Aussi croit-il que le développement du secteur agricole contribuera rapidement au développement de l’emploi, au renforcement de la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la balance commerciale dont le déficit a cru de 203,97 millions de dollars américains à 1,4 milliard.

Le coût d’une banque d’investissement

Les débats sur la nécessité de développer l’agriculture ne datent pas d’hier. Ce secteur, selon l’économiste Eddy Labossière, depuis la présidence de Jean Claude Duvalier, a été une priorité pour tous les gouvernements qui se sont succédé. Pourtant le niveau de productivité du secteur est très faible. Tout en saluant l’initiative du gouvernement, M. Labossière recommande aux décideurs publics de développer des filières spécifiques de l’agriculture en lieu et place de vouloir tout embrasser. Sinon les résultats ne seront pas manifestes en dépit des efforts qui auraient été consentis. Car, interroge-il, comment partager l’enveloppe budgétaire tellement faible entre le secteur agricole et les autres secteurs dont les besoins sont incompressibles ?

Augmenter la pression fiscale ne serait pas un élément de

réponse, poursuit le président de l’Association haïtienne des économistes. Les perceptions de corruption des contribuables vis-à-vis de leurs dirigeants constituent, selon lui, un frein majeur à cette démarche. Aussi préconise-t-il la création d’une banque d’investissement pour faciliter notamment aux PME des prêts à long terme tandis que les banques commerciales s’occuperont des crédits à court terme.

Cependant, une telle entreprise (banque d’investissement) a un coût. Elle demande aux gouvernants, pour le professeur, beaucoup de courage compte tenu de puissants intérêts économiques et politiques en jeu. Elle permettra, croit-il, de mettre sur pied une politique de substitution aux produits provenant de la République dominicaine et de réduire la dépendance alimentaire d’Haïti vis-à-vis des puissances économiques mondiales. Ce qui, dit-il, ne plaira pas à ces pays, pour lesquels Haïti est un marché de prédilection pour exporter leurs produits.

Eddy Labossière estime que le pays a besoin de dirigeants qui puisent une double légitimité, provenant, d’une part, de la population aux prochaines élections et, d’autre part, au niveau de toutes les élites du pays. Laquelle légitimité, explique-t-il, permettra aux nouveaux dirigeants d’adresser les problèmes de développement d’Haïti à l’instar de Paul Kagame, dirigeant africain d’un grand mérite pour avoir transformé le Rwanda qui revenait d’un génocide tributaire de luttes intestines.

L’une de ces actions dont les dirigeants haïtiens pourraient s’inspirer, croit M. Labossière, consiste en la réorientation de l’aide externe via les ONG dans le sens des besoins prioritaires du pays et non selon l’agenda de l’international.

L’économie haïtienne ne reposerait plus sur l’agriculture. En 2013, selon des données de la banque mondiale, sur un total de 800 millions de dollars américains d’exportations de produits haïtiens, 90 % provenaient du Textile alors que l’agriculture n’y a contribué qu’à 7 %.

Racisme et insultes, les expulsés haïtiens racontent leur vie dominicainepar Amélie BARON, AFP

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 5ACTUALITÉ

Beltha Désir erre sur le perron de l’école qui lui sert de refuge. / Photo : AFP

Beltha Désir erre sur le perron de l’école qui lui sert de refuge, son nourrisson de 10 mois au sein: pas une seule

seconde, elle ne lâchera l’enfant, unique membre de sa famille avec lequel elle a été expulsée de Répub-lique dominicaine.

La semaine dernière, des officiers de l’immigration dominicaine ont arrêté cette Haïtienne de 30 ans et l’ont reconduite à la frontière, son bébé au cou.

« Ils m’ont dit de retourner dans mon pays: « vas retrouver le président Michel Martelly, on n’a plus besoin des Haïtiens. Que vous ayez des papiers ou non, retournez chez vous » », a raconté lentement Beltha, qui vivait depuis 10 ans en République dominicaine et était vendeuse de rue. Mais un changement de la politique migratoire en République dominicaine est venu bouleverser sa vie et celle de milliers d’étrangers.

Le Plan national de régularisation des étrangers (PNRE) – plus de 250 000 personnes concernées, surtout des Haïtiens – a pris fin le 17 juin, mais la procédure était inachevée pour des milliers d’entre eux qui sont désormais expulsés sans coup férir. Selon les services dominicains, 31 225

Haïtiens étaient de retour dans leur pays au 1er juillet.

Beltha n’a même pas pu prévenir son mari, qui se trouvait seulement à une cinquantaine de mètres d’elle. « Il ne sait même pas que je suis ici en Haïti. Je n’ai pas pu lui parler parce qu’il n’a pas de téléphone ».

Elle a deux autres enfants, de 5 et 6 ans, restés avec leur père mais « comment peuvent-ils comprendre que je ne suis plus avec eux maintenant ».

Outre la douleur d’être séparée et sans nouvelle de sa famille, la jeune femme a entendu des insultes racistes durant tout le trajet vers la frontière.

« Ils m’ont dit que les Dominicains n’ont pas le même sang et que je devais aller retrouver ceux de mon sang en Haïti », a-t-elle raconté.

A ses côtés, Rose Hippolyte acquiesce: « Quand ils voient un Haïtien, les Dominicains disent « regarde le cochon, Haitiano diablo » ».

Racisme et insultes au quotidien

Le visage marqué par les années à travailler dans les champs

de canne à sucre, elle décrit la discrimination au quotidien: « On nous traite comme des bêtes. Parfois, quand on s’assoit à côté d’un Dominicain, il s’écarte en faisant comprendre qu’il ne veut pas que notre peau touche la sienne ».

Expérience similaire pour Francky Dorseli, qui maîtrise mal le créole car il n’a passé que ses quatre première années en Haïti. Il a 43 ans et, expulsé seul, il est sans nouvelles de sa femme et de ses quatre enfants.

« Les Dominicains maltraitent les Haïtiens: c’est tous les jours qu’on se fait insulter, même des fois par les policiers », a-t-il déploré. Beltha, Franky, Rose et les (dizaines) de personnes ayant trouvé refuge dans l’école communautaire de Fond-Bayard, dans la petite ville de Fond Parisien, n’ont même pas eu la possibilité de récupérer quelques affaires chez eux. « J’ai travaillé depuis 1981 à couper la canne à sucre. Je ne gagnais pas grand-chose mais j’avais réussi à me construire une petite maison », a expliqué Rose Hippolyte, 52 ans. Elle était arrivée en République dominicaine à 8 ans. « Tout est resté là-bas, je n’ai plus rien. La femme du pasteur du village ici m’a offert cette robe pour me

changer », a-t-elle confié, lissant lentement le tissu fleuri sur ses cuisses.

Les maigres dons de la com-munauté religieuse voisine et les distributions sporadiques de quelques ONG ou de simples citoyens ne suffisent pas à offrir aux réfugiés des conditions de vie décente. Sans eau, ni électricité. En deux semaines, aucun médecin n’est passé.

Habillés de vêtements sales et souvent trop grands pour eux, une quarantaine d’enfants jouent aux osselets avec des cailloux. Les nourrissons sont couchés à même la dalle en béton, sous le regard distrait des femmes épuisées.Aucune des 81 personnes réfugiées dans l’école n’envisage néanmoins de retourner en République dominicaine, pour ne pas subir encore insultes et agressions. Contraints de vivre dans leur pays d’origine, ces expulsés désirent s’en sortir sans attendre la charité.

Beltha tient à faire savoir qu’elle peut et veut travailler: « j’ai été superviseuse dans une usine textile, et aussi caissière en supermarché. Je ne veux pas de l’argent ou de la nourriture mais un travail, pour pouvoir faire venir mes enfants et mon mari ici, qu’on vive ensemble tranquillement ».

En route vers la réforme de l'administration pénitentiairePar Evens RÉGIS

6 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

HAÏTI / DAP

Malgré les vingt ans d’existence de l’Administration pénitentiaire nationale (Apena), on s’interroge encore sur son utilité et sa mission. En la circonstance, la direction tente, d’une part, d’apporter des réponses appropriées et, d’autre part, de dégager les perspectives pour les années à venir.

L’Apena a été créée dans le but de garder des prisonniers, soit des personnes placées en détention préventive ou

des condamnés. Sa mission est de les corriger, les réhabiliter et les réin-sérer dans la société. L’Apena apporte

une contribution à la sécurité pub-lique. Elle compte aujourd’hui 1540 employés, dont 1038 agents de police et 502 cadres du personnel adminis-tratif. Ses problèmes sont nom-breux, ses structures sont inef-ficaces et ne permettent pas de

garder les détenus avec dignité. Selon les statistiques, elle gère 11 165 détenus, dont seulement 27 % de condamnés, la majorité étant des personnes placées en détention préventive prolongée. Ses bâtiments ont des structures désuètes, plus d’espace pour rece-voir des prisonniers. La prison civile de Port-au-Prince a plus de 4000 prisonniers, alors qu’elle a été construite pour en recevoir seulement 800. Il faudrait réin-venter la vie, et le fonctionnement des agents de l’administration pénitentiaire. L’Apena fonctionne à l’image du pays, a martelé James Louis, un agent de la DAP. Les dif-ficultés auxquelles nous faisons face, poursuit-il, font partie des difficultés de tous les jours, ren-contrées par tout le monde. Aucun avantage social, au niveau du salaire, pas de satisfaction totale.

Les choses ne vont pas bien, mais cela n’empêche cet agent II de la DAP de croire en l’avenir, en espérant que leur problème va être pris en considération par l’Administration.

Les agents de l’Apena, selon Muscadin Jean Gardy, sont quotidiennement confrontés à toute sorte de risques. De même que les prisonniers, ils font face à l’environnement d’insalubrité. Ils sont exposés aux risques de maladie et sont souvent victimes de la tuberculose. Ils affrontent chaque jour des détenus dangereux qui les menacent toujours. Si on n’a jamais été à leur place, il serait difficile d’imaginer leur insatisfaction, leur souci, leur inquiétude et leur angoisse, explique le DG de la DAP.

Un survol du bilan et des perspectives

Les mineurs placés au Cermicol et au centre de détention de Pétion-Ville sont actuellement scolarisés jusqu’à la 9e AF. Grâce aux supports des partenaires, des projets de formation ont été mis en œuvre à la prison civile de Port-au-Prince. À en croire le DG, des cours en plomberie, cuisine -pâtisserie, coupe-couture, et en informatique y sont actuellement dispensés. Dans le plan de développement 2014-2016, informe l’administrateur de l’institution, des projets sociaux sont prévus pour tous les policiers, y compris les agents de l’Administration pénitentiaire. « En tant qu’unité spécialisée, ajoute-t-il, nous sommes en train d’effectuer des démarches auprès des autorités concernés, pour l’obtention par

les agents de l’Administration pénitentiaire d’un frais de prime de risque. »

Pour stimuler la performance, la Direction générale de la PNH promet à cette occasion d’élever le grade de 40 agents de police, et quatre cadres intermédiaires de l’Administration pénitentiaire selon des critères d’ancienneté, de compétence et de discipline. Comme facteur de motivation, 12 plaques d’honneur et 170 lettres d’encouragement ont été adressées à des agents et membres du personnel de soutien des différentes entités de l’administration. Le cap est également mis vers des programmes de réhabilitation, de réinsertion et d’une garde sécuritaire efficace. En plus d’un projet d’uniforme pour les détenus, des programmes de formation financés par la Minustah et l’ambassade américaine sont en cours de réalisation, en faveur des agents et des membres de l’administration. Avec l’appui du MSPP, et du CICR, des séances de formation pour une meilleure prise en charge des détenus sont aussi en perspective. Le 15 juillet 2015 marquera le début d’un programme de scolarisation et de professionnalisation pour les mineurs à Cap-Haïtien.

Par ailleurs, l’inspecteur général en chef, Ralph Stanley Jean Brice, nous a informé du projet de construction de deux prisons, à Cabaret et à Morne-Caste (Nord-Est), au moment de son allocution, lors de la cérémonie qui a été organisée vendredi dernier au local de la DAP à Delmas 75, pour rehausser l’éclat des vingt années d’existence de l’Administration pénitentiaire.

ÉCHO

Anse-à-Galets : le BEC incapable de publier sa liste électorale

Le BEC d’Anse-à-Galets fait face à de graves difficultés pour rendre publique sa liste électorale en raison de l’indisponibilité des juges devant statuer sur les cas des candidats con-testés. « Jusqu’à présent, les dossiers en contestation sont restés dans les tiroirs », a révélé un membre du BEC dans la presse locale.

Rapatriement : Michel Martelly sollicite l'intervention des pays amis Au 36e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Commu-nauté caribéenne (CARICOM) qui s’est déroulé du 2 au 4 Juillet 2015 à Bridgetown (Barbade), le président de la République, Michel Joseph Martelly, a fustigé le comportement arbitraire des autorités dominicaines dans le processus de rapatriement des illégaux haïtiens. « Les autori-tés dominicaines préfèrent parler de rapatriement volontaire assisté, alors qu’il s’agit de déportations souvent violentes. La communauté interna-tionale ne peut pas se taire quand des familles nucléaires se divisent arbitrairement et que des enfants sont séparés de leurs parents et conduits à des postes frontaliers », a soutenu le chef de l’État haïtien.

RD, un député demande le rappel du personnel diplomatique dominicain en HaïtiLe député dominicain Vinicio Cas-tillo Semán, de la Force nationale progressiste (FNP), a demandé au président Danilo Medina de retirer le personnel diplomatique dominicain accrédité en Haïti. « Danilo devrait retirer le personnel diplomatique

en Haïti où ils seront à risque dans les prochaines semaines », a écrit le parlementaire sur son compte Twit-ter. Selon les nouvelles, le député a annoncé que le gouvernement d’Haïti « va radicaliser son offensive contre la République dominicaine, manip-ulant sa population pour atteindre une explosion de colère contre les Dominicains ».

Le changement de centre de vote est possible du 1er au 8 juillet 2015Les candidats et les électeurs désireux de changer de centre de vote à cause d’un changement d’adresse peuvent se présenter au Bureau électoral départemental (BED) et au Bureau électoral com-munal (BEC) le plus proche de leur domicile pour effectuer cette modi-fication. C’est ce qu’a informé le Conseil électoral provisoire (CEP) indiquant que ce changement doit s’effectuer du 1er au 8 juillet 2015. L’intéressé doit être muni de sa carte d’identification nationale (CIN) ou d’un certificat émis par l’Office national d’identification (ONI).

Le Pnud, formation en diagnostic et techniques de renforcement

Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) via le projet « Plan prévention séisme Grand Nord », offre à l’intention de trente ingénieurs des départe-ments du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest une formation en diag-nostic et techniques de renforce-ment. Cette formation qui se tient du 6 au 10 juillet 2015 intègre les dernières techniques d’évaluation des infrastructures et de renforce-ment recommandées par le ministère des Travaux publics, Transports et Communications et reconnues sur le plan international, informe le Pnud dans un communiqué.

L’inspecteur général en chef de la PNH, Ralph Stanley Jean Brice. / Photo : Evens Régis

Pamela White met en garde contre tout gouvernement de transitionPar Noclès Débréus

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 7ACTUALITÉ

HAÏTI / ÉLECTIONS

Alors que le Conseil électoral provisoire fonce de plain-pied dans le calendrier électoral en vue de l’organisation des prochaines élections en Haïti, certains observateurs, pour le moins avisés, se montrent plutôt pessimistes quant à la tenue de ces joutes cette année et présagent déjà un gouvernement de transition. L’actuelle ambassadrice des États-Unis accréditée en Haïti, Pamela Anne White, semble avoir entendu ce même son et met en garde contre tout gouvernement de transition.

Le Conseil électoral provisoire envoie des signaux clairs et forts dans le processus élector-al avec les mises en place déjà

effectuées pour les prochaines législa-tives. Tous les matériels non sensibles sont déjà en Haïti. Les bulletins de vote sont actuellement sous presse et doivent être livrés dans quelques jours, selon les propos de l’ingénieur Philippe augustin, directeur du Reg-istre électoral. Le recrutement du personnel vacataire (superviseurs, formateurs, agents de sécurité et autres) est lancé. Les partis politiques sont invités le mardi 7 juillet à statuer sur les membres des bureaux de vote (MBV). Ces avancées semblent toute-fois n’être pas suffisantes pour dis-siper les doutes, calmer les esprits et donner une garantie à la tenue des élections en Haïti cette année tant le pessimisme est grandissant chez certains acteurs de la société civile, et même au sein de la classe politique, en dépit du fait qu’ils sont parties pre-

nantes du processus électoral. Malgré les doutes, l’avenir du processus électoral se précise de jour en jour. Quarante-quatre millions de dollars américains dans le fonds des élections, c’est un bon pas, mais le gouvernement haïtien doit encore puiser dans ses ressources et s’activer auprès des bailleurs de fonds pour trouver les 22 mil-lions manquants pour compléter le budget et, parallèlement, créer un climat économique et social stable pour le bon déroulement des scrutins.

Parlant du budget des élections, Pamela Anne white, l’ambassadrice sortante des États-Unis en Haïti, a récemment lancé un appel aux bailleurs internationaux en vue de venir en renfort au processus électoral dans le pays. Madame white, qui est en fin de mission en Haïti, dit voir de grands espoirs pour Haïti et prévient en ce sens

toute idée de gouvernement de transition. « Il y a de grands espoirs que les élections se tiendront cette année. Pas seulement de l’espoir, mais un besoin. Haïti ne peut progresser aussi rapidement qu’elle le devrait sans un gouvernement élu. Chers amis, un gouvernement de transition ne fera pas l’affaire », a-t-elle lancé à l’occasion du 239e anniversaire de l’indépendance des États-Unis, célébré en Haïti, le 2 juillet dernier.

Le monde regardera Haïti comme un pays bloqué si un relâchement des tensions en ce qui concerne les élections ne se fait pas sentir bientôt, a précisé Pamela White qui invite les acteurs à cesser de se chamailler sur des détails.

« Le temps des commentaires et déclarations est terminé. Le temps des compromis et engagements envers le processus électoral est

révolu. Exigez l’organisation des élections. Exigez la démocratie et le droit à la pensée libre », a fait savoir la diplomate en bonne donneuse de leçons avant d’inviter tout un chacun à supporter le processus électoral ainsi que les candidats de son choix.

Le Premier ministre Évans Paul et l’ambassadrice White parlent de la même voix. Pour le chef du gouvernement, la démocratie est la forme de gouvernement qui contribue à garantir le mieux les libertés individuelles. Ainsi, dit-il, son gouvernement s’engage déjà à créer des conditions favorables au renouvellement des institutions par l’organisation cette année d’élections crédibles et transparentes.

L’Ambassadrice américaine, Pamela White. / Photo : J. J. Augustin

8 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

MONDE

Quelque 5 000 Guaté-maltèques ont à nouveau manifesté samedi soir à Guatemala pour exiger la

démission du président Otto Pérez, soupçonné d’être impliqué dans un vaste scandale de fraude et de corrup-tion aux taxes douanières et menacé de perdre son immunité.

« Dehors Otto Perez », « Halte à la corruption », ont notamment lancé les manifestants, qui se sont rendus du siège de la Cour suprême de justice au Palais National, dans le centre histo-rique de la capitale, à la lueur de flambeaux et de bougies et bran-dissant des pancartes contre Otto

Pérez. Certains d’entre eux étaient accompagnés de chiens recouverts du drapeau du Guatemala.

« Nous sommes fatigués et indignés », répétait à l’envie dans un haut-parleur, un jeune à la barbe rouge, un foulard jaune autour du cou, symbole distinctif de l’école

d’architecture de l’université de San Carlos.

Pour l’ex-ministre des Finances Juan Alberto Fuentes, membre du collectif social Semilla, qui a participé au cortège, « le renon-cement du président constitue un point de départ et clarifiera la situation ».

“Nous ne résoudrons pas tous les problèmes, mais (cette démis-sion) constituera une bonne étape pour faire avancer la lutte contre la corruption et le débat sur les profondes réformes nécessaires au pays”, a ajouté M. Fuentes inter-rogé par l’AFP.

Ce nouveau rassemblement, qui suit de nombreux autres ces dernières semaines, est survenu alors que vendredi une commis-sion parlementaire a recommandé au parlement guatémaltèque la levée de l’immunité du président Perez.

Une crise gouvernementale avait éclaté en avril au Guatemala lors de la mise au jour d’un réseau de fraude et de corruption aux taxes douanières qui avait entraîné la démission de la vice-présidente Roxana Baldetti le 8 mai.

Guatemala: cinq mille manifestants réclament la démission du président Sources : afp

Manifestation dans le centre historique de Guatemala city, le 4 juillet 2015 pour réclamer la démission du président Otto Pérez. / Photo: BAFP/AFP

Départ du pape François pour un périple dans trois pays d'Amérique LatineSources : afp

Le pape François est parti dimanche à 07H00 GMT de l’aéroport de Rome-Fiumicino pour un périple de huit jours

sur son continent d’origine, qui le conduira d’abord en Equateur, puis

en Bolivie et au Paraguay.

Lors de ce neuvième déplacement à l’étranger au programme chargé, le premier pape jésuite et latino-américain, âgé de 78 ans, pronon-

cera 22 discours et prendra sept fois l’avion sur un parcours de 24 000 km.

Le pape voyage à bord d’un Airbus A330 de la compagnie Alitalia. Le

vol dure 13 heures.

François s’est rendu samedi soir à la basilique Sainte-Marie Majeure de Rome, comme il le fait avant chaque voyage, pour prier la Vierge pour lequel il a une grande dévotion et lui confier son voyage.

Il a déposé un bouquet de fleurs aux couleurs des trois drapeaux des pays qu’il visitera: rouge, jaune, vert, blanc et bleu.

Quito, où il est attendu à 15h (heure locale) sera la première étape du voyage. Il sera en Bolivie du 8 au 10 juillet, et au Paraguay du 10 au 12 juillet.

La participation de l’Eglise catholique au « débat démocra-tique », le respect de « l’identité culturelle de chaque pays », l’objectif de l’unité du continent, les cultures des peuples indigènes, la protection de l’environnement et des familles, l’injustice sociale, la lutte contre la corruption et les trafics, sont autant de thèmes que le pape abordera durant son voyage.

Illustration du Pape François. - / Photo: POL EMILE / SIPA

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 9MONDE

Entre reprise hypothétique des négociations et possible panique bancaire, le scénario de l’après-référendum est des

plus flous. «Référendum grec: vous pouvez répéter la question?», titrait samedi Libération. La remarque vaut aussi pour l’après-vote, qui a vu le «non» l’emporter avec, selon les projections du ministère de l’Intérieur, autour de 61 % des voix, ce dimanche 5 juillet.

«Gardez à l’esprit que les choses peuvent mal se passer que le résultat soit oui ou non», écrivait dimanche matin l’économiste Tyler Cowen. «Je ne suis même pas sûr que le résultat du référendum fera une telle différence, puisque tout repose sur l’accord qui suivra, ou son absence.» Samedi, le professeur de sciences politiques Joshua Tucker expliquait lui dans le Washington Post que le référendum grec ressemblait à «un jeu d’échecs en trois dimensions

mal conçu», où les électeurs grecs étaient à la fois amenés à s’exprimer sur la politique économique de leur pays, sur la confiance qu’ils accordent au gouvernement Tsipras et sur les relations qu’ils veulent entretenir avec la troïka (FMI, BCE, Commission européenne) et les gouvernements de l’Union européenne, ce qui rend l’interprétation des résultats extrêmement compliquée.

Il pointait, par exemple, que les électeurs étaient amenés à s’exprimer sur un plan de réformes que l’Union européenne a déjà retiré de la table des négociations:«Le référendum [...] sera un vote sur l’acceptation ou non d’un accord qui n’existe probablement pas. (Et si vous trouvez que cela ressemble un peu à deux collégiens qui affirment tous les deux avoir rompu avec l’autre en premier, vous n’en êtes peut-être pas si loin.)» Et il s’interrogeait aussi sur la position futur de la Grèce

dans les relations internationales: «Un vote “non” va-t-il simplement renforcer la position de la Grèce dans les négociations? Ou va-t-il à l’inverse l’affaiblir?»

La première option, celle d’une partie grecque renforcée pour revenir à la table des négociations, figure, par exemple, dans cette note de la banque britannique HSBC. Mais dans un post de blog, l’ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, Larry Summers, a estimé que ceux qui pensaient que la négociation pouvait revenir à la situation de la mi-juin ignoraient à quel point la situation avait changé depuis une semaine: «Le référendum n’est probablement que le deuxième évènement le plus important de la semaine en Grèce. Quel que soit le résultat, les banques grecques vont se retrouver à court de liquidités en début de semaine, probablement lundi.» Dès lundi sont prévues plusieurs réunions de haut

niveau, par exemple du côté des directeurs du Trésor de la zone euro ou encore d’Angela Merkel et François Hollande, qui se rencontreront à l’Elysée.

La question la plus importante, bien sûr, est celle du maintien de la Grèce dans la zone euro: un schéma assez simpliste de la chaîne CNN en a fait la conséquence quasi-automatique d’un «non». Une majorité de Grecs est pourtant pour le maintien de la monnaie unique dans le pays.

Dimanche, dans une interview à la radio allemande Deutschlandfunk, le président de la Commission européenne Martin Schulz (SPD) estimait que si la Grèce disait non, elle devrait introduire une nouvelle devise après le référendum. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait lui affirmé que le référendum constituait un vote sur l’appartenance de Grèce à la zone euro. Mais d’autres dirigeants adoptent un ton plus conciliant: Emmanuel Macron a ainsi affirmé dimanche que «quel que soit le vote, nous devons dès demain reprendre des discussions politiques».

«Il est évident que, le jour d’après, on devra se remettre à parler», a lancé de son côté dans Il Messaggero le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. La seule certitude qu’on peut avoir, c’est qu’Alexis Tsipras (qui n’avait, au contraire de son ministre des Finances Yanis Varoufakis, pas annoncé qu’il démissionnerait en cas de victoire du «oui») va pouvoir pour l’instant se maintenir au pouvoir.

Dans un bureau de vote de Crète, le 5 juillet 2015.- REUTERS/Stefanos Rapines.

Les Grecs ont répondu «non». Mais quelle était la question ?Repéré par Jean-Marie Pottier

Hollande et Merkel lundi soir à Paris pour « évaluer les conséquences du référendum en Grèce »Le Monde.fr avec AFP

Le non au plan des créanciers l’emporterait à 61 % des suf-frages à l’issue du référendum organisé par le gouvernement

grec d’Alexis Tsipras, selon les pro-jections du ministère de l’intérieur publiées à 20 heures.

Merkel et Hollande à Paris

lundi soir

Avant même l’annonce des résul-tats officiels, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont annoncé qu’ils se ren-contreraient à l’Elysée lundi 6 juil-let au soir pour « un entretien suivi d’un dîner de travail pour évaluer les conséquences du référendum en Grèce ».

Cette rencontre, organisée au len-

demain du référendum, « s’inscrit dans le cadre de la coopération permanente entre la France et l’Allemagne pour contribuer à une solution durable en Grèce », précise l’Elysée dans un commu-niqué.

La Grèce va demander à la BCE

de relever son soutien aux

banques

Le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis a de son côté assuré dimanche que « les initiatives pour arriver à un accord » entre Athènes et ses créanciers — Union européenne et Fonds monétaire international (FMI) — « allaient s’intensifier à partir de ce soir ».

M. Sakellaridis a également annoncé que la banque centrale du pays allait demander à la BCE de relever le plafond des liquidités d’urgence accordées aux banques grecques. Ces liquidités fournies aux banques grecques par la BCE dans le cadre de sa fourniture de liquidité d’urgence (« emergency liquidity assistance », ELA) leur sont devenues pratiquement indispensables pour poursuivre leur activité.

Les banques sont fermées en Grèce depuis l’annonce du référendum le 26 juin et les retraits aux dis-tributeurs automatiques sont pla-fonnés à 60 euros par jour et par personne.

Réunion des directeurs du

Trésor des pays

de la zone euro lundi

Une réunion des directeurs du Trésor de la zone euro se tien-dra dès lundi. La tenue de cette réunion, de l’Euroworking group, instance préparatoire aux rencon-tres des 19 ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), a été confirmée alors que les premiers sondages donnaient le non vain-queur. Mais aucun Eurogroupe n’est encore prévu.

Mercredi dernier, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijs-selbloem, avait indiqué que si la Grèce n’était pas prêts à « accept-er des mesures désagréables », il n’existerait « aucune base pour un nouveau programme d’aide ».

10 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

Cuba : En route vers le développement des énergies propresPar Patricia Grogg / IP

Il y a plus d’une décennie, l’électricité solaire a changé la vie de plusieurs communautés de montagne à Cuba. Aujourd’hui, cette source d’énergie renouvelable et d’autres apparaissent comme de meilleures options disponibles pour développer l’énergie durable à travers l’île.

“Si le potentiel d’énergie propre au monde dépasse nos besoins de consommation, pourquoi insistons-nous sur l’utilisation

de celle qui pollue?”, a demandé Luis Bérriz, directeur de la Société cuba-ine pour la promotion des sources d’énergie renouvelables et le respect de l’environnement (CUBASOLAR), une organisation non gouvernementa-le qui promeut l’utilisation de sources d’énergie alternatives et respectueus-es de l’environnement.

Selon ses calculs, la quantité de rayonnement solaire que Cuba reçoit équivaut à 50 millions de tonnes de pétrole par jour. “Si nous couvrions l’autoroute nationale longue de 1.000 kilomètres de panneaux solaires, nous produirions toute l’énergie consommée actuellement, sans utiliser de combustibles fossiles ou occuper un seul mètre carré de terre agricole”, a expliqué Bérriz à IPS dans une interview.

En outre, “personne ne peut bloquer le soleil; il appartient à nous tous”, a-t-il ajouté. Bérriz est un chercheur et un ardent défenseur de longue date des sources d’énergie renouvelables, qui préfère parler de “renversement” des changements climatiques - qui, selon lui, sont causés par “les actions destructrices des sociétés d’aujourd’hui” - au lieu de leur “adaptation”.

Selon lui, s’adapter à ce que d’autres détruisent ressemble plus au “conformisme”. Les pays

industrialisés sont responsables de 75 pour cent de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine anthropogénique, qui provoquent le réchauffement de la planète. Le principal GES est le dioxyde de carbone (CO2).

Pour Bérriz, le meilleur plan d’action est de passer du pétrole à des sources d’énergie propres, qui dépassent les besoins énergétiques. La manière de le faire, c’est de développer les connaissances, la technologie et l’industrie nécessaires pour puiser dans les diverses sources d’énergie renouvelables les plus disponibles dans chaque région, dit-il.

Les principales composantes de ce processus, affirme Bérriz, sont la formation des scientifiques, des techniciens et d’agents qualifiés pour couvrir les besoins en ressources humaines, et la création d’une culture énergétique et environnementale qui permettra de mener la sensibilisation, essentielle pour le développement de l’énergie solaire basée sur “l’équité et la solidarité”.

Le plus grand exploit de Cuba dans ce sens, c’est dans le domaine du développement scientifique et de l’éducation, qu’il partage avec d’autres pays de la région à travers des efforts de coopération.

La contribution de l’énergie éolienne, hydroélectrique et de l’équipement de la biomasse de canne à sucre au Système national

d’énergie électrique de Cuba en 2010 était de 178,1 gigawatts/heure, ce qui équivaut à la quantité d’électricité produite en quatre jours et remplace près de 46.000 tonnes de pétrole.

Selon le tableau des statistiques officielles publiées par ‘Energía y Tú’, le magazine de CUBASOLAR, Cuba dispose de 9.624 panneaux solaires, 8.677 moulins à vent, 6.447 chauffe-eau solaires, 554 usines de biogaz, 173 centrales hydroélectriques, quatre parcs éoliens avec 20 turbines éoliennes, et de 608 poêles pour la production de biomasse à granulés de bois.

En outre, l’île dispose de 57 turbogénérateurs et de 67 chaudières dans 61 moulins à sucre. La nouvelle relance de l’industrie sucrière – gérée par un groupe d’entreprises depuis 2011 - comprend l’augmentation du potentiel de production d’électricité à base de la bagasse et d’autres sous-produits de canne à sucre pour approvisionner le secteur durant toute l’année. Les experts considèrent comme un bon signe la décision du gouvernement de puiser dans la gamme des sources d’énergie renouvelables, en donnant la priorité à celles qui ont le plus grand impact économique, tel qu’il est défini dans un vaste programme visant à moderniser l’économie et à améliorer son efficacité, lancé en avril 2011.

“Le pays s’améliore en termes d’organisation. Le travail et les

efforts de planification pour les prochaines années sont en cours dans ce secteur et dans d’autres domaines relatifs aux énergies renouvelables”, a déclaré Bérriz, insistant que Cuba a toutes les conditions pour progresser dans l’utilisation des infrastructures d’énergies propres.

Les plans comprennent la réactivation des usines éoliennes, la revitalisation de l’industrie des turbines hydroélectriques, et le développement accru de la production de panneaux solaires, autant que possible, car ces plans ont été les meilleures options dans un programme d’électrification rurale mis en œuvre au cours des 10 dernières années.

“Nous ne pouvons pas passer à un rythme plus rapide (dans le développement de l’industrie) en raison des énormes contraintes financières du pays. Avec plus de ressources, nous pourrions avancer beaucoup plus vite sur le chemin de l’énergie renouvelable et la partager avec d’autres nations”, indique l’expert.

D’autres experts notent que Cuba a besoin d’un mécanisme d’appui spécifique pour accélérer l’introduction et l’utilisation de générateurs alternatifs “vers un développement énergétique durable” qui n’accable pas l’Etat, et que cela constitue une option attrayante et fiable pour les investisseurs étrangers, et encourage les industries nationales à utiliser ces sources.

Dans ce sens, Conrado Moreno, un chercheur et membre du conseil d’administration de CUBASOLAR, présente les coopératives agricoles comme une “niche encore inexploitée”, où, avec la production et la vente des aliments, les sources d’énergie renouvelables apparaissent comme “une solution prometteuse dans le modèle économique qui approche”.

Selon Moreno, cette forme de production recevra des incitations grâce à une législation actuellement en discussion et qui sera adoptée sous peu.

Plusieurs pays d’Amérique latine, y compris l’Argentine, le Brésil, le Mexique, El Salvador, le Nicaragua et la République dominicaine, ont déjà des cadres juridiques en place pour fournir un appui politique et financier pour le développement de générateurs respectueux de l’environnement.

ÉNERGIES ALTERNATIVES

La quantité de rayonnement solaire que Cuba reçoit équivaut à 50 millions de tonnes de pétrole par jour. Photo :vimeo.com

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 11ÉCONOMIE

De nouveau, la Grèce peut sauver l'Occident***Par Dr. Paul Craig Roberts

L’AUTRE POINT DE VUE

Peu de gens comprennent que le sort de la liberté occiden-tale, ce qu’il en reste, est en jeu dans le conflit et, en fait,

le sort de la vie sur terre. Il est certain que le gouvernement allemand ne le comprend pas. Sigmar Gabriel, un vice-chancelier allemand, a déclaré que le gouvernement grec était une menace pour l’ordre européen. Ce qu’il entend par ordre européen est le droit des pays les plus forts de piller les plus faibles..

La crise grecque n’est pas à propos de la dette. La dette est la propa-gande à laquelle l’Empire recourt pour nier la souveraineté partout dans le monde occidental.

Le gouvernement grec a demandé à la brochette de pays qui compo-sent la démocratique Union euro-péenne une prolongation d’une semaine pour rembourser la dette afin de permettre au peuple grec d’approuver ou de désapprouver les conditions léonines imposées à la Grèce par la Commission euro-péenne, la Banque centrale euro-péenne et le FMI, sur l’insistance de Washington.

La réponse de l’Europe et du FMI, et de Washington, a été NON.

Ils ont dit au gouvernement grec que la démocratie ne s’applique pas lorsque les créanciers sont déterminés à faire payer les citoy-ens grecs pour les erreurs de leurs créanciers, avec la diminution des pensions de retraite, la réduction des soins de santé, de l’éducation, de l’emploi et des services sociaux. La position de l’Empire est que le peuple grec est responsable des erreurs de ses créanciers étrang-ers, et que le peuple grec doit payer pour les erreurs de ses cré-anciers, en particulier les erreurs [et magouilles comptables, NdT] commises par Goldman Sachs.

Comme cela a été définitivement prouvé, l’affirmation de l’Empire est fausse. Les mesures d’austérité qui ont été imposées à la Grèce ont fait chuter l’économie de 27%, aug-mentant ainsi le ratio de la dette par rapport au PIB et aggravant la situation financière du pays. Tout ce que l’austérité a fait est de tirer le peuple grec encore plus bas, ce qui rend le remboursement de la dette impossible.

L’Empire a rejeté le référendum démocratique de la Grèce de dimanche prochain, parce que l’Empire ne croit pas à la démocra-tie. L’Empire, comme tous les

empires, croit en la soumission. La Grèce n’est pas soumise. Donc la Grèce doit être punie. Les Perses Darius et Xerxès avaient la même vision que Washington et l’UE. Le gouvernement grec est censé faire ce que les précédents gouverne-ments grecs ont fait, accepter de rembourser et autoriser le pillage de la Grèce.

Le pillage est la seule manière qui reste au système financier occidental pour faire de l’argent. Dans la course aux profits à court terme, les sociétés occidentales, encouragées et contraintes par le secteur financier, ont délocalisé à l’étranger l’industrie, la fabrica-tion et les compétences professi-onnelles, ainsi que la technologie de l’information et l’ingénierie des logiciels. Tout ce qui reste à l’Occident, ce sont les paris de casino sur les produits dérivés à effet de levier. Apple est une socié-té américaine, mais pas un seul ordinateur Apple n’est fabriqué aux États-Unis.

Les gouvernements allemand, fran-çais et néerlandais, avec Washing-ton et le système financier occiden-tal, se sont prononcés en faveur du pillage. Pour qu’un pays puisse être pillé, il faut que la voix de son peuple soit réduite au silence. Voilà pourquoi les Allemands et l’UE contestent au gouvernement grec le pouvoir de confier au peuple grec le droit de décider de l’avenir de la Grèce.

En d’autres termes, en Occident

aujourd’hui, la souveraineté des peuples et la responsabilité des gouvernements sont incompatibles avec les intérêts financiers du 1%. Pour conclure : si la démocratie peut être détruite en Grèce, elle peut être détruite dans toute l’Europe.

Le peuple ne tient pas seulement le sort de la démocratie occidentale entre ses mains, mais aussi le sort de la vie sur la terre. La méthode de Washington pour créer un con-flit avec la Russie est l’UE et l’Otan. En violation des accords[verbaux, NdT] passés entre Gorbatchev et les précédents gouvernements états-uniens, Washington a amené l’Otan aux frontières de la Russie et déploie actuellement plus de troupes, d’armements et de mis-siles sur les frontières russes, tout en tenant des propos agressifs à l’égard de la Russie.

La Russie n’a pas d’autre choix que de viser ces déploiements militaires insensés. Comme ces derniers augmentent et que la pro-pagande occidentale irresponsable et totalement faussaire contre la Russie et le gouvernement russe dégénère, la guerre peut éclater.Il est clair que Washington et ses États vassaux ont évité la diploma-tie et ont recouru en lieu et place à la diabolisation et à des tenta-tives de coercition pour forcer la Russie à satisfaire les demandes de l’Empire. Cette politique irre-sponsable se poursuit malgré les nombreux avertissements du gou-vernement russe à l’Occident de ne

pas poser d’ultimatum à la Russie. Comme les empires se caractéri-sent par l’arrogance et l’hybris, l’Empire n’entend pas les avertisse-ments.

Nous avons récemment eu des menaces britanniques contre la Russie de la part du Premier min-istre marionnette de Washington à Londres, en dépit du fait que le Royaume-Uni ne peut engager aucune force contre la Russie et peut être détruit en quelques minutes par celle-ci. Cette sorte d’insanité est ce qui mène à la guerre. Le Premier ministre bri-tannique est cinglé, il pense qu’il peut défier la Russie.

Washington prépare l’Armageddon. Mais la Grèce peut nous sauver. Tout ce que le peuple a à faire est de soutenir son gouvernement et d’insister pour que ce gouver-nement, le premier depuis long-temps à représenter les intérêts du peuple grec, envoie l’UE cor-rompue au diable, fasse défaut sur la dette et se tourne vers la Russie.Cela serait le début de la fin de l’UE et de l’Otan et cela sauverait le monde de l’Armageddon.

Très probablement, l’Italie et l’Espagne suivraient la Grèce et sortiraient de l’UE et de l’Otan, puisque ces pays sont aussi visés par un pillage sans merci. L’UE et l’Otan, les supplétifs utilisés par Washington pour créer un conflit avec la Russie, se déliteraient. Le monde serait sauvé et devrait son salut à la capacité des Grecs à réaliser ce qui est réellement en jeu. Exactement comme ils l’ont fait à Marathon, aux Thermopyles, à Platées et à Mycale.

Il est difficile d’imaginer un autre scénario qui nous sauverait de la Troisième Guerre mondiale. Prions pour que les Grecs comprennent la responsabilité qui est entre leurs mains, non seulement celle de la liberté mais aussi de la vie sur la terre.

*Cet article est une traduction de l’article original en anglais “Greece Again Can Save The West” [ http://www.mondialisation.ca/de-nouveau-la-grece-peut-sauver-loccident/5460271 ] pour Le Saker francophone.

**L’ex-Secrétaire d’Etat Adjoint Paul Craig Roberts est très impli-qué dans des activités universita-ires aux Etats-Unis. Il est l’auteur de plusieurs publications du Global Research.

Comme à Marathon, aux Thermopyles, à Platées et à Mycale, il y a environ 2500 ans, de nouveau, la liberté occidentale dépend de la Grèce. Aujourd’hui, Washington et son empire d’États vassaux européens jouent le rôle de l’Empire perse, et les Grecs ont, tardivement, formé un gouvernement, Syriza, qui refuse de se soumettre à l’Empire de Washington.

La dette est la propagande à laquelle l’Empire recourt pour nier la souveraineté partout dans le monde occidental. / Photo: Mondialisation.ca

12 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

200 agro-entrepreneurs ciblés dans un projet innovantSource : Des jardins Développement International

Une enquête démontre les impacts positifs d’un projet pilote mené par un consortium en Haïti afin de structurer et professionnaliser le secteur financier agricole.

CRÉDIT AGRICOLE

L’organisme canadien de coo-pération internationale « Développement international Desjardins » (DID), vient de

compléter une enquête auprès de 200 entrepreneurs agricoles collabo-rant avec les institutions financières qui participent au projet « Système de financement et d’assurance agri-cole en Haïti (SYFAAH) » financé par le ministère canadien des Affaires étrangères, du Commerce et du Dével-oppement (MAECD).

D’après cette enquête, « des impacts extrêmement positifs pour les emprunteurs » sont déjà enregistrés dans le cadre de ce projet dont la finalité est de stimuler l’économie agricole et rurale, de créer des emplois et d’améliorer la sécurité alimentaire en Haïti :

97 % des emprunteurs rappor-tent que « l’officier de crédit avec lequel ils ont fait affaire a bien analysé leurs besoins et leur a donné de bons conseils, résultat direct de la formation reçue par ces officiers ». Plus de 95% des répondants disent que le crédit reçu leur a permis « d’augmenter la superficie cultivée, d’acquérir de l’équipement, d’augmenter leur production ou d’augmenter leurs profits ».

Les répondants sont par ail-leurs plus de 90% à déclarer « avoir dégagé un surplus de fonds

après avoir remboursé leur prêt » et auraient donc amélioré leur situation financière grâce au crédit reçu. Grâce à cette amé-lioration, 95 % des répondants auraient réussi à mieux nourrir leur famille, 91,5 % réinvestissent dans leurs activités de production, 92 % financent l’éducation de leurs enfants et 84 % améliorent la résidence familiale.

Les résultats de l’enquête révèlent que 90,5 % des emprunteurs manifestent leur intention de renouveler leur crédit auprès de la même institution financière dans les douze mois à venir.

Ce projet, réalisé conjointement par DID, Financière agricole du Québec – Développement inter-national inc. (FAQDI) et l’Institut Interaméricain de Coopération pour l’Agriculture (IICA), vise à mettre en place en Haïti un système de financement et d’assurances agricoles, structurant ainsi de façon globale l’offre de services financiers destinés aux agro-entrepreneurs dans le but ultime de relancer l’économie agricole et rurale, créer des emplois et amé-liorer la sécurité alimentaire en Haïti.

Ce système implique la professi-onnalisation du secteur en entier, c’est-à-dire le renforcement des capacités des agro-entrepreneurs, des institutions financières et de

l’État afin de gérer efficacement deux fonds nationaux de garantie et d’assurances.

Le projet SYFAAH est réalisé par un consortium formé de Dével-oppement international Desjar-dins (DID), Financière agricole du Québec – Développement interna-tional (FADQDI) et l’Institut inter-américain de coopération pour l’agriculture (IICA), en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) d’Haïti. Il vise à mettre en place en Haïti un système de financement et d’assurances agricoles, struc-turant ainsi de façon globale l’offre de services financiers destinés aux agro-entrepreneurs dans le but ultime de relancer l’économie agri-cole et rurale, créer des emplois et améliorer la sécurité alimentaire en Haïti.

Ce système implique la professi-onnalisation du secteur en entier, c’est-à-dire le renforcement des capacités des agro-entrepreneurs, des institutions financières et de l’État afin de gérer efficacement deux fonds nationaux de garantie et d’assurances

À ce jour, trois institutions finan-cières haïtiennes y sont pleine-ment engagées dans le finance-ment de l’agriculture. Un fonds

de garantie est en opération, un système d’assurance récolte est conçu pour la filière riz et de l’appui conseil est offert aux agro-entrepreneurs.

DID agira à titre de gestionnaire du projet et contribuera à renforc-er l’offre de crédit agricole par les activités suivantes:

•Sélectionner des institutions financières participantes;

•Analyser leur marché potentiel dans le secteur agricole;

•Établir une stratégie de profes-sionnalisation en crédit agricole;

•Proposer une structure organisa-tionnelle adéquate;

•Définir des produits de crédit adaptés;

•Former le personnel spécialisé en crédit agricole;

•Élaborer et mettre en place des normes de gestion et d’encadrement du risque de crédit.

Développement international Des-jardins est une société canadienne spécialisée en appui technique et en investissement dans le secteur de la finance de proximité dans les pays en développement et en émergence.

Le « zai » est une méthode qui leur a permis de revitaliser des sols et de produire à nouveau sur des terrains jadis impropres à l’agriculture. / Photo : © Ecodufaso

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 13

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SOCIÉTÉ» suite de la première page

HAÏTI SOCIÉTÉ / DROITS HUMAINS / PÉNITENCIER NATIONAL

« Vivre dans un centre de déten-tion en Haïti, c’est apprendre à mener une vie en enfer », a laissé entendre Valcin Rodelin Jr, coor-donnateur général de KPNY.

Le pénitencier national, un des plus grands centres de détention du département de l’Ouest, a été construit pour accueillir huit cent prisonniers. Aujourd’hui, plus de cinq mille prisonniers y sont enfermés. L’intérieur de ce centre de détention est divisé en zone. Chaque zone comprend plusieurs cellules. Chacune des cellules est contrôlée par un prisonnier. Il est surnommé « Major ». Ce dernier obtient cette fonction pour plus-ieurs raisons. Il peut être le plus violent, le plus « aksyonè » et/ou le plus ancien de la prison. Le major de la cellule doit faire son rapport au « major général » : celui qui a le contrôle de tous les autres majors de son carré. « Pour vivre dans une telle structure, il faut avoir le sens du respect », a expliqué l’ancien détenu.

À « Titanic »1, 2, 3, 4, une des plus grandes zones ou sections de la prison civile de Port-au-Prince, une cellule d’une superficie de quatre mètres carrés environ peut contenir entre 80 à 90 détenus. « Ti Acier », en est une autre. Dans cette section, les cellules mesurent

1m 50. C’est dans cette section qu’on place ceux qui n’ont pas les moyens. Plus de 80 détenus y sont enfermés. Dans une autre zone nommée « Brick », 180 à 200 prisonniers partagent quelques mètres carrés. Ils y sont entas-sés comme des sardines. Sur des matelas pour enfants retrouvés dans cet espace, raconte Valcin Rodelin Jr, il faut 10 000 gourdes à un prisonnier s’il veut s’allonger. Sur deux de ces matelas réunis, six détenus peuvent s’entendre pour y passer la nuit.

« Le pire, à l’intérieur de la prison civile de Port-au-Prince, c’est le business. Est vendu tout ce que l’on peut trouver dans la rue. La marijuana et la drogue aussi. On peut même jouer à la borlette, au poker. Tout y est vendu avec la complicité des geôliers et le major général de la prison. Les prison-niers font également du kidnap-ping à l’intérieur. Tout passe et doit passer par le major général avant d’atteindre les agents », explique Valcin.

La population carcérale, estime par ailleurs le coordonnateur général de KPNY représente 1, 2 % de la population nationale. « Elle peut être gérée moyennant une prise en charge et un respect scru-puleux de ses droits ». Dans les

différentes zones du Pénitencier national, il n’y a pas de toilettes. On en trouve seulement dans le « Hall 7», là où l’élite de la prison est incarcérée. Seuls les privilé-giés de la section peuvent faire leurs besoins dans un canal, où une puanteur exagérée peut hor-rifier les narines de ceux qui n’y sont pas habitués. Une puanteur à laquelle s’ajoutent mouches, cafards et autres insectes nuisi-bles. Ce qui empoisonne davan-tage l’existence des prisonniers.

Les incarcérés ne veulent pas entendre parler d’isolement. Selon Valcin Rodelin Jr. c’est le plus grand mal qu’un geôlier puisse faire à un détenu. « Anba mach ». C’est un espace minus-cule, obscur, sous un escalier, où des bestioles de toutes sortes ont élu domicile.

Le prisonnier, une fois qu’il s’y trouve, doit se recroqueviller pen-dant des jours sans avoir la possi-bilité de se tenir debout même une fois. C’est sous l’escalier qu’on lui apporte à manger. Si, au moment de trainer le chariot, un paquet de matière fécale tombe dans la nour-riture, raconte Valcin, on enlève le paquet et on donne le plat au prisonnier qui doit s’empresser de le recevoir pour ne pas crever de faim.

« La prison civile de Port-au-Prince est génératrice de malades mentaux, d’infirmes et surtout de criminels endurcis. Passer six mois, un an voire dix ans dans ce centre, et on est pareil à quelqu’un qui se trouverait dans un drôle de coma. Cependant, il existe au Pénitencier national, des jeunes âgés entre 14 et 24 ans enfermés sans savoir pourquoi ils sont en prison et sans avoir rencontré même une fois leur juge naturel. C’est injuste », se plaint Valcin Rodelin Jr.

Jugé non coupable, Valcin Rodelin Jr a été libéré, le 20 décembre 2013 après six mois d’emprisonnement. Aujourd’hui, il veut travailler pour le respect des détenus du pays. Pour cela, il vient de mettre sur pied une organisation.

Sa mission consiste à plaider la cause des prisonniers, surtout ceux en situation irrégulière et qui se voient obligés de purger une peine allant de six mois à dix ans pour avoir volé un téléphone, couché avec la femme d’un com-missaire et pour voies de fait etc.

Le coordonnateur de cette nou-velle organisation prévoit de leur fournir assistance juridique, éducative et médicale.

Entre complicité, promiscuité et deshumanisation par Joe Antoine Jn-Baptiste

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 15SOCIÉTÉ

Après le dernier amende-ment constitutionnel, il ne demeure pas moins vrai que la loi mère de la société est

loin d’être un roman à lire pour chas-ser l’ennui. Il s’agit évidemment des prescrits légaux et juridiques régissant les rapports entre les hommes et les institutions. À cet égard, l’éducation est définie dans son accessibilité par cette même constitution qui a été amendée au cours d’une période de tensions et de doutes politiques. C’est dans les articles 32 à 34.1 que sont définies les conditions d’accessibilité à l’éducation dont la principale fonc-tion est la formation des individus de la société haïtienne. L’éducation a été l’arme de la propagande et de la cam-pagne électorale du président Michel Joseph Martelly. Et le programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (PSUGO) a été l’initiative du gouvernement pour concrétiser les promesses électorales. Mais, tou-jours est-il qu’il faut questionner la correspondance entre le PSUGO, les lois constitutionnelles et les résultats enregistrés dans le système éducatif.

La constitution stipule dans ses articles 32, 32.1, 32.3, que le droit à l’éducation pour tous, sans aucune discrimination, est garanti par l’État. Et l’article 32.6 qui a été amendé, l’idée de méritocratie traduisant la discrimination, est supprimée pour la garantie absolue de ce droit. Mais, les conditions objectives de l’application de ces lois n’ont jamais été crées par les pouvoirs publics.

Ainsi, avons-nous toujours assisté à l’exclusion d’un nombre croissant des gens du système d’éducation publique. Mais, depuis le lancement du programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire et le décaissement des fonds pour son

opérationnalisation, on s’attendait à voir la concrétisation des lois constitutionnelles sur l’éducation. En effet, ces subventions publiques auraient du permettre à ceux qui ont été toujours exclus du système éducatif, d’avoir un accès véritable au droit à l’éducation. Mais, les faits ne correspondent nullement aux attentes. Au fait, l’observation révèle qu’il n’y a eu aucune construction d’établissements scolaires pouvant accueillir les fils et les filles du pays, aucune formation de nouveaux enseignants, aucun nouveau programme scolaire élaboré en vue d’uniformiser la formation académique, qui auraient pu améliorer le système de l’enseignement scolaire.

Certes, certaines difficultés observables dans le fonctionnement du système éducatif haïtien sont certainement liées au séisme dévasteur du 12 janvier 2010. Mais, il convient de faire remarquer que ce système a toujours enregistré des défaillances en raison de l’absence d’une vision étatique pour la massification et la démocratisation de l’éducation en Haïti. Les articles de la constitution relatifs au bien de l’éducation, parce qu’ils n’ont jamais été appliqués avec efficacité et efficience pour répondre aux besoins de la population, n’existent que pour être contradictoires aux faits du système éducatif. Nul ne peut prétendre ignorer les conditions dans lesquelles les enfants reçoivent la formation scolaire dont la qualité est très lacunaire. L’éducation demeure un bien de capitalisation privé qui profite aux directeurs d’écoles. Le tableau descriptif du système éducatif exprime qu’il s’agit plutôt d’un marché où l’État n’est pas le principal fournisseur de

la formation. D’où la nécessité de questionner le programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire, qui aurait dû annoncer une réforme en profondeur du système éducatif.

En quoi ce programme pouvait contribuer à solutionner un problème dont les causes sont politiques et historiques ? À quoi étaient destinés les fonds qui ont été décaissés pour opérationnaliser le programme ? Quel lien existe-t-il entre les exigences d’une formation scolaire devant être offerte par les institutions bénéficiaires du PSUGO et les exigences de la constitution ? En somme, comment le PSUGO aurait pu contribuer à améliorer le système éducatif, s’il ne l’a pas déjà rendu plus défaillant ?

Ce sont autant de questionnements que nous devrions adresser aux décideurs politiques dont la mission est d’élaborer une politique d’éducation pour réaliser les vœux exprimés par les articles de la Constitution. En attendant que des réponses soient proposées pour apaiser les inquiétudes, la population doit croire que tout programme d’éducation devra permettre de massifier et de démocratiser l’éducation, en tenant compte d’une bonne formation scolaire. Car, elle a compris, du moins elle devrait comprendre que les programmes de réforme éducative ne correspondant pas aux besoins de la population, profitent aux dirigeants populistes et ne pourront jamais résoudre les problèmes d’un système dysfonctionnel. L’éducation ne doit plus être un outil de propagande, quand nous relisons les articles 32 et 32.7 de la Constitution haïtienne amendée qui fixe les droits des

citoyens et les devoirs de l’État :Article 32« L’État garantit le droit à l’éducation. Il veille à la formation physique, intellectuelle, morale, professionnelle, sociale, et civique de la population »Qui se lit désormais comme suit dans la constitution amendée« L’État garantit le droit à l’éducation. L’enseignement est libre à tous les degrés. Cette liberté s’exerce sous le contrôle de l’État »Article 32.7«L’État doit veiller a ce que chaque collectivité territoriale, section communale, commune, département soit doté d’établissements indispensables adaptés aux besoins de son développement, sans toutefois porter préjudice à la priorité de l’enseignement agricole, professionnel, coopératif, et technique qui doit être largement diffusé » Qui se lit désormais comme suit dans la constitution amendée« L’État doit veiller à ce que chaque collectivité territoriale soit dotée d’établissements adaptés à son développement »

On suppose qu’il doit y avoir un rapport de complémentarité entre les lois constitutionnelles et les programmes gouvernementaux. C’est dans cette perspective qu’une société deviendra réellement l’émanation des lois que les citoyens se sont donné pour garantir le bien-être de tous.

Si le PSUGO rend des services au gouvernement de Michel Joseph Martelly, il n’en rend aucun au peuple haïtien dont les fils et les filles n’ont pas toujours eu un accès réel à une éducation de bonne qualité.

Quel lien entre le PSUGO et les lois constitutionnelles haïtiennes ?par CHERISCLER Evens (Boukman)

HAÏTI SOCIÉTÉ / ÉDUCATION /PROGRAMME PSUGO

Si, dans le pays, certaines pratiques et certains produits tendent à disparaître, il y en a qui existe encore et qui, semble-t-il, reste en vie malgré l’évolution de la société. Aujourd’hui, les « fresko » par exemple se vendent dans toutes les rues de la Capitale et dans ses agglomérations. Mais avec un élan vers la modernité qui tue le côté original et traditionnel du « Fresko » des années 90.

16 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

SOCIÉTÉ

Trente-six lauréats du prix Nobel, réunis sur l’île de Mainau, sur le lac de Con-stance, en Allemagne, ont

signé une déclaration dite « de Mainau » sur le changement clima-tique vendredi 3 juillet. Cinq mois avant la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP21), lors de laquelle 195 Etats pourraient adopter le premier accord universel sur le climat, le texte appelle « à pren-dre des mesures décisives afin de lim-iter les futures émissions mondiales de gaz à effet de serre ».

Nous soussignés, scientifiques lauréats du prix Nobel, avons rejoint les rives du lac de Con-stance dans le sud de l’Allemagne afin d’échanger nos points de vue avec de jeunes chercheurs prom-etteurs qui viennent comme nous du monde entier. Il y a près de soixante ans, ici, à Mainau, une assemblée similaire de lauréats du prix Nobel de sciences a publié une déclaration sur les dangers inhérents à la nouvelle technolo-

gie des armes nucléaires — une technologie résultant des avancées dans les sciences fondamentales.Jusqu’ici, nous sommes parve-nus à éviter une guerre nucléaire, même si la menace demeure. Nous pensons que notre monde est aujourd’hui confronté à une autre menace d’une ampleur com-parable. Des générations succes-sives de chercheurs ont contribué à créer un monde de plus en plus prospère. Cette prospérité s’est faite au prix d’une augmentation rapide de la consommation des ressources de la planète.

En l’absence de maîtrise, notre demande sans cesse croissante en produits alimentaires, en eau et en énergie finira par dépasser la capacité de la terre à satisfaire les besoins de l’humanité, et mènera à une tragédie humaine générale. Déjà, les scientifiques qui étudi-ent le climat de la terre constatent l’impact des activités humaines.En réponse au changement cli-matique généré par l’homme,

l’Organisation des Nations unies a créé le Groupe d’experts inter-gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) afin de fournir aux décideurs mondiaux un résumé de l’état actuel des connaissances sci-entifiques pertinentes. Bien que loin d’être parfaits, les efforts qui ont conduit à l’actuel cinquième Rapport d’évaluation du GIEC représentent, à notre avis, la meilleure source d’information concernant l’état actuel des con-naissances sur le changement cli-matique. Nous ne le disons pas en tant qu’experts dans le domaine du changement climatique, mais plutôt comme un groupe diversifié de scientifiques qui ont un pro-fond respect et une compréhen-sion de l’intégrité du processus scientifique.

Bien qu’il subsiste une incerti-tude quant à l’étendue exacte du changement climatique, les con-clusions de la communauté scien-tifique contenues dans le dernier rapport du GIEC sont alarmantes, en particulier concernant le main-tien de la prospérité humaine, en cas d’une augmentation de plus de 2 °C de la température moyenne mondiale. Le rapport conclut que les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont la cause prob-able du réchauffement climatique actuel de la Terre.

Les prévisions formulées à partir des modèles climatiques indiquent que ce réchauffement va très probablement, au cours du prochain siècle, augmenter la tem-pérature de la Terre de plus de 2 °C par rapport à son niveau préindus-triel, à moins que des réductions spectaculaires ne soient faites

dans les émissions anthropiques de gaz à effet de serre au cours des prochaines décennies.

D’après les évaluations du GIEC, le monde doit faire de rapides progrès dans la réduction des émis-sions actuelles et futures de gaz à effet de serre afin de minimiser les risques importants de change-ment climatique. Nous pensons que les nations du monde doivent profiter de l’occasion donnée par la Conférence sur les changements climatiques des Nations unies à Paris, en décembre 2015, pour prendre des mesures décisives afin de limiter les futures émis-sions mondiales.

Cet effort exigera la coopération de toutes les nations, dévelop-pées ou en développement, et il devra être poursuivi à l’avenir, en accord avec les évaluations sci-entifiques actualisées. L’inaction soumettra les générations futures de l’humanité à un risque inad-missible et inacceptable.

Peter Agre, Michael Bishop, Eliza-beth Blackburn, Martin Chalfie, Claude Cohen-Tannoudji, Steven Chu, James Cronin, Peter Doherty, Gerhard Ertl, Edmond Fischer, Walter Gilbert, Roy Glauber, David Gross, John Hall, Stefan Hell, Serge Haroche, Jules Hoffmann, Klaus von Klitzing, Harold Kroto, William Moerner, Ferid Murad, Ei-Ichi Negishi, Saul Perlmutter, William Phillips, Richard Roberts, Kailash Satyarthi, Brian Schmidt, Hamilton Smith, George Smoot, Jack Szostak, Roger Tsien, Harold Varmus, Robin Warren, Arieh Warshel, Robert Wilson, Torsten Wiesel.

Le glacier Colony au nord d’Anchorage, en Alaska. / Photo : Mark Thiessen /AP

36 Prix Nobel appellent à une action urgente contre le changement climatiqueSource: Le Monde.fr

Sida: Un vaccin expérimenté sur des singes donne des résultats encourageantsSource: 20minutes.fr

Etude D’après les chercheurs, le vaccin serait la meilleure stratégie de protection contre le VIH chez les humains...

Un pas de plus dans la lutte contre le sida. Un vaccin expéri-mental contre le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), testé sur des singes, a donné des résultats encourageants, selon une étude publiée ce jeudi dans la revue américaine Science.

Ce vaccin « à double détente » consiste, dans un premier temps, à préparer le système immunitaire avec un autre agent pathogène avant de le doper avec une pro-téine se trouvant sur l’enveloppe

du VIH. Celui-ci pourrait, d’après les auteurs de l’étude, être la meilleure stratégie de protection contre une infection par ce virus chez les humains.

50 % des singes ont été protégés grâce au vaccin

Pour mesurer les effets du sérum, les chercheurs ont tout d’abord injecté à des singes un vaccin contre un adénovirus (des virus liés à de nombreuses infections humaines) de façon à mettre en éveil leur système immunitaire.

Dans un deuxième temps, ils leur ont donné une sorte de rappel avec, cette fois, une protéine

purifiée formant l’enveloppe du VIH, déclenchant ainsi une réac-tion plus vigoureuse des cellules immunitaires.

Si l’on en croit les résultats de l’étude, le vaccin a permis d’obtenir une protection totale chez la moitié des douze singes contre une infection par le virus de l’immunodéficience simienne (VIS), similaire au VIH chez les humains.

De surcroît, ces travaux démon-trent qu’il existe un lien très fort entre la capacité de protection de ce vaccin et le nombre d’anticorps produits pour combattre le virus.

Des essais sur l’homme devraient voir le jour

D’après Dan Barouch, virologue et professeur à la faculté de méde-cine de l’Université de Harvard, qui a participé à l’étude, cet essai « ouvre la voie à l’évaluation d’un vaccin candidat pour les humains ». C’est pourquoi le groupe phar-maceutique américain Johnson & Johnson, dont des chercheurs participent à ces travaux, recrute actuellement 400 volontaires aux Etats-Unis et au Rwanda pour mener un premier essai clinique.

D’autres volontaires devraient être enrôlés en Afrique du Sud, en Ouganda et en Thaïlande.

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 17

CULTURE

Plus d’un milliard de jeunes vivent sur la planète. Dans l’espace francophone, on dénombre à nos jours plus de

245 millions dans les États et gouver-nements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Et ces jeunes femmes et hommes constituent la plus grande opportunité pour l’avenir de la fran-cophonie. Consciente de l’importance de leur rôle dans la promotion du développement durable de nos socié-tés, la francophonie les a toujours encouragés à s’investir pleinement sur la scène internationale afin qu’ils contribuent activement aux discus-sions sur les enjeux mondiaux. À ce titre, l’un des plus grands défis actuel pour la jeunesse est sans doute celui des changements climatiques.

Dans ce contexte, la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, invite la jeunesse à une grande consultation sur le développement durable dans la perspective de la 21e Session de la Conférence des parties à la con-vention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CdP21), un rendez-vous incon-tournable de l’agenda internation-al qui se tiendra à Paris, France, du 30 novembre au 15 décembre 2015.

Plus de 5000 jeunes y ont déjà participé, soit à titre individuel, soit dans le cadre des réseaux de la jeunesse francophone. Les pre-miers résultats de cette mobili-sation affichent cinq priorités

pour lutter contre les change-ments climatiques : diversité et solidarité, eaux et forêts, énergies propres, emplois verts, recyclage. S’inscrivant dans la continuité de cette campagne, un appel à can-didatures est lancé pour identifier une cinquantaine de jeunes fran-cophones engagés pour prendre part à un atelier international sur les changements climatiques.

C’est ainsi que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) invite les jeunes franco-phones à postuler pour partici-per à l’Atelier international fran-cophone de concertation sur les changements climatiques qui se tiendra du 27 au 30 juillet 2015 en Afrique centrale (le pays reste à préciser). Les candidats sélection-nés bénéficieront d’une prise en charge complète (transport, assur-ances, hébergement et restaura-tion) pour participer à cet atelier international francophone.

Les participants à l’atelier part-ageront leurs expériences en matière de changements clima-tiques et recevront de nouvelles compétences pour les renforcer dans leurs activités de plaidoyer et de sensibilisation pour une par-ticipation bénéfique au sommet « Paris Climat 2015». De plus, parmi les participants, certains auront peut-être la chance de par-ticiper au Sommet « Paris Climat », en décembre prochain à Paris, qui rassemblera environ cinq mille jeunes en plus des nombreuses

personnalités et personnes atten-dues.

À une cause aussi noble, l’artiste haïtien Jean Jean Roosevelt affirme qu’il ne saurait rester les bras croisés. Médaillé d’or au con-cours culturel de la chanson lors de la 7e édition des Jeux de la francophonie, sa carrière a connu depuis une envolée fulgurante tant sur la scène nationale haïtienne que sur la scène internationale.

Il fait usage de sa notoriété gran-dissante pour porter des messages d’amour, de solidarité et de part-

age aux quatre coins du monde. Ainsi il associe ses écrits et sa voix à cette mobilisation comme il le fait aussi bien pour d’autres causes depuis le début de sa « Bal-lade ».

« Je pense que ça peut aider à cette vaste campagne en vue d’attirer l’attention des gens du monde entier sur le réchauffement climatique », nous confie l’artiste. Les paroles ont une résonnance particulière au sein des commu-nautés francophones liées par la langue française et par le partage de valeurs communes.

J'ai à cœur ma planète par Elisée Décembre

Jean Jean Roosevelt. / Photo: J. J. Augustin

L’ATELIER, LA CHANSON

Dans l’objectif de sensibiliser les jeunes aux changements climatiques, la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, ex-gouverneure du Canada, lance une campagne de consultation jeunesse sur l’environnement et le climat. Pour applaudir ce mouvement, le chanteur Jean Jean Roosevelt sort son nouvel opus : J’ai à cœur ma planète, thème même de cette mobilisation.

La musique a fêté Havana Guitar Night par walcam

La fête pour les sept ans de Havana Guitar Night a été grandiose et les mordus du rendez-vous des jeudis avaient

répondu aux organisateurs le 2 juillet à l’hôtel Royal Oasis.

Le jardin de l’hôtel Royal Oasis a été pris d’assaut très tôt par de nombreux fans et musiciens venus faire la fête avec Berthony Raphaël et Harry Luc, les deux principaux animateurs de Havana Guitar Night.

Dans l’assistance on a remarqué le commentateur politique Valéry Numa, le speaker Ed Lozama, Gary Bodeau, Mick Avin, le sénateur Steven Benoit, le délégué Wadner Joseph, Sandro (Ti Micky) Martel-ly, la styliste et fleuriste Ketty C.

Defay, la commentatrice Shelove Perin, Patrick Moussignac P.-D.G. de la radiotélévision Caraïbes, et j’en passe.

Les retardataires ont eu tort. Jusqu’à minuit trente, les specta-teurs ont applaudi les différents artistes qui ont défilé sur le podium. Il était clair que Havana Guitar Nigth leur manquait.

Les Queen B., Mandela et Charline ont charmé et bien servi les spec-tateurs avec leurs compositions. Et comme la mission de Havana Guitar Night est de nous faire découvrir de nouveaux talents, des jeunes étaient au rendez-vous. De très jeunes chanteurs ont chanté pour le public qui n’a pas hésité à les applaudir. Ces jeunes voix sont

à suivre, selon le musicien, pein-tre et professeur Richard Barbot.

La fête allait continuer avec les confirmés, les ténors. D’abord, Dadou Pasquet qui, après une première prestation, a exécuté des morceaux instrumentaux et chanté des titres à succès de Magnum Band.

C’est lui qui allait introduire la chanteuse guadeloupéenne Tanya Saint-Val en l’invitant à l’accompagner pour chanter « Se verite » ; point besoin de vous dire ce qui s’est passé dans les jardins de l’hôtel.

La chanteuse guadeloupéenne nous a offert des compositions de Malavoi et a terminé son heure

avec de la « biguine », le rythme de son pays.

BIC, qui vient tout juste d’Europe, a débarqué pour ne pas rater cet anniversaire.

Avec ses musiciens, sous les applaudissements du public, il a lancé son « chic-choc ». En profes-sionnel, la star a mis le feu sous les arbres à l’arrivée de Rutshelle Guillaume Dauphin.

C’est cette dernière qui a clôturé cette belle soirée pour les sept années de Havana Guitar Night, sans oublier le passage éclair du rappeur Black Alex dans un jam avec elle.

Bonne fête, Havana !

18 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

CULTURE

La première promotion d'Audio Institute graduée Par Pierre-paul Ancion

Ce CD promotionnel est une compilation de treize tracks des travaux de fin d’études des pionniers, gradués le 27

juin dernier. « Avec ce CD, le public a la possibilité de nous découvrir comme professionnels du son et d’évaluer notre compétence », a com-menté Rock Nickson.

Pour Léon Perez aussi, ce CD témoigne du niveau de dextérité et de professionnalisme de ces jeunes étudiants, à travers l’exploration d’une mosaïque de genres musicaux d’Haïti et du monde comme le racine, le hip-hop, le compas, etc.

Ces jeunes professionnels ont utilisé leurs talents dans le domaine de l’audio pour réaliser ce disque. Pour améliorer sa musicalité ils se sont fait accompagner d’artistes comme Steve Valcourt, T-Bas, Isabelle Clermont, Jean Roody.

« Je suis fier de nos étudiants », se plaît à dire avec des yeux étincelants Léon Perez, qui a vanté la singularité du degré de musicalité des haïtiens.

Cette promotion est baptisée les « Pionniers » parce qu’elle est la première d’Audio Institute, l’unique école du pays spécialisée dans l’audio, selon Rock Nikson. Celui-ci a expliqué que, sur

demande du public, son école compte commercialiser ce CD.

Les Pionniers ont intégré Audio Institute en 2013. Pendant deux ans, ils ont reçu leurs cours tous les jours de 8 h à 17 h, parfois jusqu’à 21 h. Leur école les forme en enregistrement, mixage et mastering, mais avec des spécialisations en : son live, post production et en business de l’industrie musicale.

Les spécialistes en son live sont les ingénieurs de son que l’on rencontre ordinairement dans les grands évènements ; ceux de post production produisent des sons pour les films, les jeux vidéo, tandis que les promoteurs, les producteurs et les distributeurs, eux, sont des spécialistes en business de l’industrie musicale, selon Rock Nickson.

Audio Institute est très connue dans le monde. Ses étudiants n’auront pas de difficultés à intégrer le marché du travail, d’ailleurs avant leur graduation, l’école leur a offert la possibilité de travailler avec des pointus de l’industrie musicale haïtienne comme, Bélo, Émeline Michel, Beethovas Obas. Ils ont leur touche sur deux musiques du dernier CD de Kreyòl la.

« Depuis plusieurs jours,

nous recevons à l’école des entrepreneurs, des professionnels dans le secteur du disque, de l’audio. Ils viennent ici évaluer les travaux de nos étudiants dans des perspectives de stages et d’emplois », a révélé Léon Perez, qui rêve pour les Pionniers leur intégration dans le secteur des jeux vidéo, le plus vaste et le plus lucratif.

Artists Institute

Audio Institute et Ciné Institute forment à eux deux, Artists Institute, cette grosse machine culturelle jacmélienne, qui forment des experts dans tous les domaines de l’industrie de l’audio-visuel et de l’audio.

Le célèbre Daniel Beaubrun de Boukman Eksperyans, dirige Audio Institute tandis que la partie ciné, elle, est sous la direction du trio David Belle, du New-Yorkais Andrew et de Paula Hyppolite.

Situé sur la cote de Mazarin, dans la plaine de Meyer à l’est de Jacmel, Artists Institute fait venir des spécialistes du monde audiovisuel et de l’audio de Hollywood, surtout, pour former au quotidien et gratuitement, des jeunes haïtiens venus de tout le pays.

« Audio Institute est financée par Artist For Peace and Justice, et We Are The World Foundation. Elle a six studios d’enregistrement équipés d’appareils dernier cri. Chacun de ces studios coûte plusieurs centaines de milliers de dollars américains », a souligné Léon Perez.

Chaque année, ces deux écoles mettent sur le marché du travail de très bons cinéastes, caméramen, scénaristes, experts en mixage, en enregistrement, en mastering, etc. Avec une formation de niveau international et un diplôme ces jeunes ont un métier pour gagner leur vie.

« Jacmel peut être fière des fondateurs de cette école d’Art », ont commenté entre eux certains journalistes culturels présents à cette conférence de presse.

Artists Institute est une initiative de l’Américain David Belle, encouragé, au début, par son ami jacmélien Patrick Nabal Boucard.

Ses studios sont ouverts aux groupes du monde entier.

Jacmel et la culture

Audio et Ciné Institute renforcent les infrastructures culturelles de Jacmel. Cette ville est jusqu’à présent l’une des rares en Haïti disposant à la fois d’écoles en arts plastiques, en musique et cinéma et en son.

La musique

Pour se former en musique, les Haïtiens ont à Jacmel l’école de musique Dessaix Baptiste. Celle-ci procure à ses étudiants un niveau de formation de standard international. Ses professeurs sont parmi les meilleurs de Cuba, de France et d’Haïti, comme Edgar Depestre de Caribbean Sextet.

Actuellement d’anciens élèves de cette école enseignent la musique dans des universités de Belgique, des États-Unis et de Mozambique.

La peinture

Jacmel a une école de peinture, le Fosaj, une dizaine d’ateliers et le sacraïsme comme mouvement littéraire et artistique. Les artistes de ce foyer participent chaque année à de grandes expositions internationales aux États-Unis et en Europe. En 2011, les œuvres de plusieurs des artistes de Fosaj ont été exposées au Louvre, à Paris.

La danse

Grand Soleil, Explosion et Haiti Danse Compagny sont les trois écoles de danses folkloriques, latines et autres qui forment des jeunes à Jacmel.

Le théâtre et le livre

Jacmel n’a pas encore d’école de théâtre, cependant elle a plusieurs groupes comme Zantray, le Centre culturel Charles Moravia. Elle a cinq bibliothèques publiques et une maison d’éditions : Pulùcia.

Notons que le berceau de René Depestre possède au moins quatre salles de représentations : Ciné Théâtre Concorde, Dessaix Baptiste, l’amphithéâtre du Boulevard Pétion Bolivard et le Centre de Convention.

Audio Institute.

JACMEL / ART ET CULTURE

Accompagnés de l’un de leurs professeurs, le Marocain Léon Perez, trois des 29 étudiants finissants à Audio Institute, Eder Roméus, Rock Nickson et Johane Charles, ont rencontré la presse jacmélienne ce samedi 4 juillet 2015, pour non seulement lui présenter leur disque compact : Audio Institute Compilation, volume I, mais aussi parler d’Audio Institute.

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 19CULTURE

Présenter Growing Pains d'Ayiti ! Par Schultz Laurent junior

Avec la parution de son hippie contenant six chansons de très bonne facture, la chanteuse Ayiti veut occuper une place remarquable dans le monde musical. Bourrée de talents, pleine d’espérances, d’expériences et de générosité, elle tisse au jour le jour ses beaux projets et ses rêves d’avenir comme l’araignée sa toile.

Le mélomane averti comme le critique éprouveront un plai-sir immense à auditionner le hippie « Growing Pains » de

la chanteuse Ayiti. Du coup, l’on est transporté par la beauté d’une voix un peu enrouée mais harmonieuse et par les notes douces et captivantes des mélodies. Un avenir radieux et

brillant est désormais tracé devant cette chanteuse qui écrit aussi avec une passion inouïe certains textes de ses chansons. Growing Pains est écrit en anglais. Un amalgame de rythmes hip hop, ballade, R and B, slows américains se fusionnent pour nous emmener dans les cieux envoûtants de bonheur.

Six compositions (Drown, Drifing Away, Rise and fall, No heartbreak, Move on, Be a man) nous sont pro-posées. Elles nous permettent de pénétrer dans l’intimité secrète de cette artiste éclectique, ambi-tieuse et ouverte qui nous ouvre et nous livre avec simplicité et générosité ses émotions, ses états d’âme, son rapport avec la vie et sa vision du monde. « Ayiti, c’est mon prénom, c’est vraiment mon prénom. Je viens de sortir mon deuxième projet, c’est un hippie ce n’est pas vraiment un album. Il contient six chansons.

Écrites en anglais, je voudrais que mes chansons jouissent d’une audience internationale. Growing Pains veut dire douleur de crois-sance, c’est une métaphore pour dire que parfois les choses qui font mal vous aident à grandir en tant que personne et elles vous appren-nent des leçons importantes. »

Vivant en Haïti depuis l’âge de deux ans, Ayiti a fait ses études classiques au lycée Alexandre Dumas (lycée français) à Port-au-Prince. Toute jeune, elle a fréquenté des artistes haïtiens

qui l’ont aidée à concrétiser ses ambitions (Yoann Doré J. Perry, Mikaben) et a donné des concerts à l’hôtel Oasis. Pleine d’avenir, elle veut conquérir le monde inter-national avec sa musique, sa voix et notamment avec l’appui et le soutien d’un producteur espagnol, Rafa Vegara, qui l’a aidée à aller jusqu’au bout de ses désirs.

Apres le séisme du 12 janvier 2010, elle a composé la chanson Ghost town dans laquelle elle com-patit à la détresse de son peuple. Entre la musique et la poésie, la chanteuse Ayiti partage avec le monde ses joies et sa tristesse, ses peines, son bonheur et ses regrets. Pour elle « le monde a énormé-ment de beauté.

Il faut ouvrir les yeux pour décel-er des instants de pur bonheur. Il faut aller vers l’autre, le com-prendre pour découvrir cette part d’humanité qu’il porte en lui ». «

En tant qu’artiste, confie-t-elle, je partage cette vision du monde et je combine les rythmes et les sons pour dire aux autres ce que je suis vraiment. »

Soray est bien vivant

L’ex-chanteur de l’orchestre Tropicana et de l’orchestre Septentrional, Yvenel Étienne alias Soray est bien vivant et se porte bien après une opération chirurgicale subie le mercredi 1er juillet. Des rumeurs faisaient croire que le chanteur était mort, mais elles ont été démenties par Kesmy « Arthur » Doréus, maestro de la « Boule de feu d’Haïti »...

Harmonik fête ses sept ans. Le groupe musi-cal du trio Nickenson, Mac-D et Sanders, Harmonik fête ses sept ans d’existence. Un groupe qui avait pris naissance avec la bénédiction du producteur Rodney Noël qui, entre-temps, décide de se retirer. Sur son compte instagram, Nickenson Prud-homme, maestro du groupe, a écrit qu’il ne compte pas le faire (fête) sans vous (les fans). Attendons pour voir !

...

Le bon vieux temps de Captain Bill L’émission « Le bon vieux temps » qui passe sur la radio Mélodie FM (103.3), chaque après-midi de 3 h à 5 h, sera réduite peut-être à une heure seulement, annonce

l’animateur Captain Bill. La raison, c’est que cette émission de musique haïtienne rétro, n’intéresse pas les entreprises qui ne veulent pas la patronner, a déclaré l’animateur....

Carimi et X-Man Validé

C’est le titre d’une nouvelle composition de X-Man avec la collaboration de Carimi. D’après les informations, c’est la star de la dance hall qui a fait appel au groupe haïtien pour cette composition déjà en rota-tion sur les ondes et sur le web. Le pro-ducteur annonce dans quelques jours que les internautes pourront l’avoir en ligne pour téléchargement.

...

Miss Face book Haïti

Le concours Miss Face book Haïti lance sa quatrième édition. Déjà vous pouvez voir les photos d’une cinquantaine de jeunes filles, la plupart de Port-au-Prince.

Vous pouvez avoir une idée de ces jeunes qui exhibent leur corps très sexy et qui montrent qu’elles ont des atouts pour tra-vailler sur la scène internationale....

Danser pour vivre au Karibe

Le vendredi 3 juillet, la fondation du Ballet folklorique d’Haïti a présenté au Karibe Convention Center son spectacle de fin d’année « Danser pour vivre ». La danse c’est la vie, c’est aussi une vie de danser. Les petits et les jeunes ont donné pendant plus d’une heure une belle démonstration. La chorégraphie était parfaite avec des syn-chronisations et une expression corporelle frappante. Nos compliments à madame Nicole Lumarque, ses professeurs et ses élèves.

...

Sean Penn a déjà remplacé Charlize Theron

Deux semaines après sa séparation d’avec Charlize Theron, Sean Penn a été aperçu en bonne compagnie la semaine dernière, rapporte TMZ. Mardi 30 juin dernier, dans un restaurant ultra sélect de la Napa Valley, en Californie, on a vu l’acteur attablé avec l’actrice Minka Kelly, qui fêtait ses 35 ans. Sean Penn se vantait d’avoir rencontré la jeune femme (qui est aussi la fille d’un des membres du groupe Aerosmith) lors d’une soirée de charité organisée en faveur d’Haïti.

Vu et entendu !par Walcam

HAÏTI / MUSIQUE

La chanteuse Ayiti Coles.

20 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

Initialement prévue pour le samedi 4 juillet, l’édition 2015 du cham-pionnat national d’athlétisme dénommé « Championnat Sylvio

Cator » a été reportée pour des raisons économiques. C’est ce qu’a annoncé Alain Jean Pierre, président de la Fédération haïtienne d’athlétisme amateur (FHAA).

À Le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique a promis de financer le champi-onnat à hauteur d’un million de gourdes, mais toutes nos démarch-es ont été sans succès auprès de l’instance étatique, a précisé Alain Jean Pierre pour justifier le report de la compétition.

« Le ministère a inscrit notre championnat national dans un programme baptisé « Grand Prix de la présidence », et a promis de le financer. L’argent n’a jamais été mis à notre disponibilité. On devrait accueillir des clubs de presque tous les départements du pays et les loger pendant quatre jours et trois nuits. De ce fait, le comité exécutif de la Fédération a trouvé logique de renvoyer le championnat en vue de trouver des fonds pour l’organiser avec ou sans le ministère des Sports », a scandé Alain Jean Pierre.

Pour couvrir le budget du cham-pionnat, M. Jean-Pierre s’appuie

sur l’allocation financière de la Fédération internationale d’athlétisme amateur (IAAF) et d’autres partenaires fidèles de la FHAA. « Pour le moment, nous sommes engagés dans les Jeux panaméricains au Canada. D’ici la fin de ces Jeux on va voir si on peut organiser le champion-nat avant la fin du mois de juillet. Nous pouvons compter sur l’appui financier de l’IAAF pour y arriver », conclut Alain Jean Pierre. Pour sa part, Maxime Auguste, secré-taire général de la FHAA, a rap-pelé que le championnat Sylvio Cator devrait accueillir au centre de l’Espoir, neuf clubs des Cayes, cinq clubs du Cap, quatre du Pla-teau central, deux des Gonaïves et un club de Ouanaminthe et un de Jacmel. Il a informé que ces clubs n’ont pas les moyens d’assurer leur participation, ce qui aug-mente le budget du championnat à un million deux cent cinquante mille gourdes.

Pour l’instant, dit-il, la Fédération haïtienne d’athlétisme amateur ne peut compter que sur les 14 000 dollars US de subvention de l’IAAF.

Le secrétaire général a fait savoir qu’il organise chaque année ce championnat au niveau U-11, U-13, U-15, U-20, Open garçon et fille avec la participation de 15 athlètes par club.

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 21SPORT

ATHLÉTISME

Le championnat national d'athlétisme Sylvio Cator dans l'impasse ! par Kenson Désir

Des athlètes haïtiens lors des Jeux l’ Amitié. / Photo: Marc Régis

FIFA / CORRUPTION

Polémique : Blatter implique Sarkozy dans l'attribution du Mondial au Qatar source: yahoosport.fr

Sepp Blatter ne veut pas tomber tout seul. Empêtré dans un scandale de corruption gigantesque à la FIFA depuis

plusieurs semaines, le président de l’instance mondiale du football, qui a annoncé qu’il démissionnerait de ses fonctions en fin d’année, ne se retient plus pour lâcher des informations à droite et à gauche. Ce dimanche, c’est Nicolas Sarkozy et le prési-dent allemand, Christian Wulff, qui en prennent pour leur grade.

Dans les colonnes du journal dominical allemand Welt, Blatter révèle que les chefs d’Etat fran-çais et allemand auraient tenté d’influencer le vote d’attribution des Coupe du Monde 2018 et 2022, respectivement remportées par la Russie et le Qatar. « Mes-sieurs Wulff et Sarkozy ont tenté

d’influencer leurs représentants qui ont le droit de vote, dénonce

le président de la FIFA. Voilà pour-quoi nous avons maintenant une

Coupe du Monde au Qatar. Ceux qui ont contribué à cela doivent en prendre la responsabilité. » Sepp Blatter va plus loin et soup-çonne le président de la Fédéra-tion allemande de football (DFB) d’avoir reçu une recommandation de Christian Wulff, l’incitant à voter en faveur du Qatar « pour des intérêts économiques ».

L’ancien président de la Répub-lique française n’a jamais caché ses liens avec le Qatar. Très proche de la nouvelle direction du PSG, Nicolas Sarkozy entretient des contacts de longue date avec le petit émirat.

En janvier 2013, France Football avait enquêté sur l’attribution de la Coupe du Monde 2022 et avait dénoncé un...

Nicolas Sarkozy et Sepp Blatter. / Photo: yahoosport.fr

En présence de l’ingénieur Déjean Bélizaire, président de la Fédération haïtienne de sport universitaire (FEHSU),

de la grande famille du basket par exemple (Emmanuel Bonnefil, Ber-nard Daniel dit Tachy et Pierre-André Guillaume, doyen du Centre univer-sitaire de management et de pro-ductivité (CMP), l’Institut des hautes études commerciales et économiques (IHECE), champion en titre, avait pour obligation de conserver son bien face au Centre universitaire de man-agement et de productivité (CMP). Dommage, les étudiants d’Ashley P. Salomon n’ont pas pu conserver leur bien. Ils se sont inclinés 89-75. Au cours de la rencontre, les champions sortants n’ont jamais pris l’avantage sur le CMP. Les étudiants du Centre universitaire de management et de productivité (CMP) ont remporté les deux premiers quarts temps difficile-ment 22-20 et 12-10. Ce qui leur a permis de rentrer dans les vestiaires avec cet avantage.

Au retour des vestiaires, ils ont continué à dominer la rencontre en gagnant le 3e quart ( 27-24 ). Afin de conserver le score, l’entraîneur Desrosiers Juste fit rouler son effectif lors du 4e et dernier quart

temps. Un choix qui a apporté fruit parce qu’ils ont terminé la rencontre sur une avance de sept points (28-21). Dans l’ensemble le Centre universitaire de management et de productivité (CMP) gagne le duel 89-75 et du coup détrône l’HECE de son fauteuil de champion.

« Le match était superbe. Nos cinq joueurs de départ étaient excellents et nous formons une équipe bien équilibrée. Ceci a fait la différence », a signalé l’entraîneur Juste, de l’équipe du CMP. « Nous avons bien fait pression sur l’équipe adverse et nos gros joueurs ont réussi leurs tirs. Ce fut le match parfait pour nous », a-t-il ajouté.

« Nous avons amorcé le match de façon positive et toute l’équipe savait que nous devions gagner ce match en ne faisant qu’un », a déclaré Brunel Alexis, joueur de l’équipe du CMP qui a été désigné Most Valuable Player (MVP) parce qu’il a terminé la rencontre avec 30 points. « Nous avons fait preuve de confiance et nous nous sommes vraiment prouvés. Je suis heureux que nous ayons pu détrôner l’IHECE qui se croyait imbattable. » Le doyen du CMP Pierre-André

Guillaume a salué les performances réalisées par ses étudiants tout en précisant que sa faculté accorde la priorité au sport. « Je les félicite pour ce premier sacre qu’ils ont offert à notre institution. Cela fait plus de dix ans depuis qu’on investit dans le sport. Pour nous autres au CMP, le sport est obligatoire parce que cela favorise l’apprentissage.

Un étudiant qui pratique une discipline sportive est toujours très disposé à apprendre. C’est pourquoi nous faisons le mariage sport et études. Et j’encourage les autres Universités à faire de même », a-t-il déclaré.

Pour sa part, Kenson Tilus de l’IHECE a salué sportivement son adversaire tout en promettant de prendre sa revanche lors de la prochaine édition. « Nous avons mal joué. L’équipe était méconnaissable malgré les changements opérés rien n’a été fait. Je les félicite d’avoir gagné mais je leur dirai que si nous les rencontrons en finale la saison prochaine, nous prendrons notre revanche parce que nous devrons leur prouver que nous sommes effectivement la meilleure équipe de basketball universitaire », a

mentionné Tilus Kenson, joueur professionnel qui joue au sein de l’équipe Marché Ti Tony.

La sélection de basket au PanamaSuite à cette deuxième édition, la Fédération haïtienne de sport universitaire (FEHSU) a constitué une pré-sélection de dix-huit joueurs qui travaillent sur la supervision d’Ashley P. Salomon et d’Yves Harold en vue de participer à une compétition internationale qui se tiendra au Panama du 16 au 22 août 2015, selon les propos de Sealy Rodriguez Métellus, président de la commission d’organisation de la compétition universitaire.

Quant à la remise des trophées, le président de la Commission a fait savoir qu’aucune date n’est encore déterminée. Il a aussi signalé que « l’important maintenant, c’est la préparation pour le Panama. »

À rappeler que la FEHSU a organisé durant cette année académique deux compétitions. La première a été en football où l’Institut universitaire et technologique d’Haïti (INUTECH) a remporté le titre aux tirs au but face à l’Institut des hautes études commerciales et économiques (0-0, 4-2 t.a.b) et la seconde a été le tournoi de basketball. M. Métellus a informé que la nouvelle année académique sportive est prévue pour le mois de novembre 2015.

Le taekwondo universitaire en terre coréenne

Même si la FEHSU n’organise pas de compétition en art martial à l’échelle nationale mais elle participe à des compétitions internationales.

C’est ainsi que le taekwondo universitaire participe à la Corée du Sud depuis le 3 juillet à la 28e Universiade d’été.

Le taekwondiste Marckenson Altidor le représente. Cette compétition prendra fin le 14 juillet prochain. À signaler que la judoka Genna Byverland devrait prendre part à cette compétition internationale. Faute de moyens financiers elle n’a pas pu faire le voyage.

BASKETBALL

Le CMP, nouveau roi du basketball universitaire par Gérald Bordes

22 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015

SPORT

De gauche à droite : Déjean Bélizaire (chemise manche longue), Pierre André Guillaume (maillot Bayern) et les étudiants avec leur trophée. / Photo: courtoisie CMP

La finale de la deuxième édition du championnat de basket universitaire organisée par la Fédération haïtienne de sport universitaire (FEHSU) s’est disputée le mercredi 1er juillet au gymnasium Vincent. L’Institut des hautes études commerciales et économiques( HECE ) et le Centre universitaire de management et de productivité (CMP) se sont mesurés dans un match unique afin de déterminer le vainqueur de cette deuxième édition.

LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 23SPORT

Tout avait pourtant si bien commencé. Lorsqu’en 2005, Lionel Messi, à peine 18 ans, remporte le Mondial U20 sous

le maillot argentin (face au Nigéria en finale), raflant aussi les titres honorifiques de meilleur buteur et meilleur joueur, on se dit que ce petit gaucher génial a tout pour emmener l’Argentine, la grande, tout en haut du football mondial. La première désillu-sion, pourtant, ne se fait pas attendre. Deux ans plus tard, le joueur du Barça se rend au Venezuela afin d’y disputer sa première Copa America. Au sein d’un effectif cinq étoiles (Crespo, Riquelme, Zanetti…), Messi est titu-laire et se montre souvent décisif tout au long de la compétition. La raclée subie en finale face à l’ennemi intime, le Brésil (0-3), fait d’autant plus mal que l’Albiceleste s’y présentait en favorite.

L’été suivant, le lutin argentin est autorisé par le staff du FC Barcelone à disputer les Jeux Olympiques de Pékin. L’Albiceleste, tenante du

titre, conserve son bien, au terme d’une finale contre… le Nigéria. Messi, meilleur joueur de la com-pétition, valide donc son deux-ième trophée sous le maillot ciel et blanc. Le maillot ciel et blanc argentin, certes. Mais pas celui des « A »… Le seul qui compte vraiment pour un joueur de son niveau, que l’on aime depuis près de dix ans à comparer à Diego Maradona.

Dernière chance en 2018 ?

L’an dernier, quand le quadruple Ballon d’Or du Barça s’est présen-té en finale de la Coupe du monde au Brésil face à l’Allemagne, on s’est dit que ce serait une belle occasion d’effacer El Diez des tablettes. La Nationalmannschaft et Götze en ont décidé autrement.

Quand Messi est allé chercher son trophée, controversé, de meilleur joueur FIFA de la compétition dans

les tribunes du Maracana après la rencontre, il semblait porter tout le poids de l’échec argentin sur ses seules épaules. Samedi soir contre le Chili, on pouvait légitimement penser que cette troisième finale avec la grande Albiceleste, la seule qui compte vraiment dans le cœur des Argentins, serait la bonne pour Messi.

A l’Estadio Nacional de Santiago, face à des Chiliens survoltés qui le prenaient systématiquement à trois sur chaque touche de balle, il n’en fut rien. S’il a tenté d’exister par quelques fulgurances, comme lorsqu’il a parfaitement déposé un coup franc sur la tête d’Agüero seul à trois mètres du but (20e), Messi a, une nouvelle fois, échoué à faire triompher l’Argentine dans une finale.

Deux Copa America et une Coupe du monde perdues lors de l’ultime manche, cela commence à chif-frer : lorsqu’il s’est retrouvé en

finale avec sa sélection, Messi a systématique perdu. Son statut de meilleur joueur du monde, indiscutable, n’est ici pas remis en cause. Au Chili, Lionel Messi aura été, d’assez loin, le joueur le plus influent et le plus décisif de l’Albiceleste, en se retrouvant impliqué sur la grande majorité des buts marqués par son équipe durant la Copa America.

Mais cette troisième finale perdue en autant de tentatives fait tâche sur le CV d’un joueur qui a plutôt l’habitude de les remporter en club. La prochaine échéance internationale, pour Messi, est prévue en 2018 pour le Mondial en Russie.

Le capitaine de l’Albiceleste aura alors 31 ans et pourrait bien se voir offrir son ultime chance d’enrichir enfin son immense palmarès d’un titre avec sa sélec-tion nationale… L’inverse serait un immense gâchis.

COPA

La malédiction des finales de Messi l'Argentin Source : eurosport.fr

Battue en finale par le Chili (0-0 a.p., 4-1 t.a.b.), l’Argentine attend toujours son premier titre international depuis 1993. Son capitaine Lionel Messi, lui, comptabilise trois défaites en autant de finales avec l’Albiceleste. Une véritable malédiction..

Lionel Messi devra encore patienter avant d’obtenir un sacre l’Argentine. / Photo: Panoramic

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