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NUMÉRO DU 15 OCTOBRE 2011 LES AFFAIRES | WWW.LESAFFAIRES.COM 45 SOMMAIRE LA NOUVELLE les dossiers VICTORIAVILLE Croire dans son produit Des travaux à l’aéroport de Victoriaville L’aéroport régional André-Fortin de Victoriaville subira une cure de rajeunissement de 1,5 million de dollars au cours des prochains mois. La surface de la piste sera refaite et nivelée. Outre l’ajout d’une nouvelle voie pour faciliter le retour des avions aux hangars, des travaux seront également effectués sur la voie actuelle. Cet aéroport, utilisé notamment par Cascades et une école de parachutisme, enregistre plus de 7 000 mouvements d’avions par année. Des bâtons en bois plutôt qu’en carbone 46 Ouvrir des horizons aux portes et fenêtres 47 Faire flèche de tout bois 48 LA N enregistre plus de 7 000 mouvements d avions par année. out bois 48 Vous voulez savoir comment des entreprises de Victoriaville arrivent à se distinguer de la concurrence ? Parce que leurs dirigeants croient dans leurs produits… comme Nicolas Dufresne, Kathleen Boislard et André Baillargeon, de Conimexx, qui fabrique des bâtons de hockey en bois. Et les succès qu’ils remportent leur donnent raison. PHOTO : CLAUDINE HÉBERT

Journal Les Affaires - 15 octobre 2011

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Cahier spécial

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NUMÉRO DU 15 OCTOBRE 2011LES AFFAIRES | WWW.LESAFFAIRES.COM 45

SOMMAIRE

LA

NOUVELLE

les dossiersVICTORIAVILLE

Croire dans son produit

Des travaux à l’aéroport de VictoriavilleL’aéroport régional André-Fortin de Victoriaville subira une cure de rajeunissement de 1,5 million de dollars au cours des prochains mois. La surface de la piste sera refaite et nivelée. Outre l’ajout d’une nouvelle voie pour faciliter le retour des avions aux hangars, des travaux seront également effectués sur la voie actuelle. Cet aéroport, utilisé notamment par Cascades et une école de parachutisme, enregistre plus de 7 000 mouvements d’avions par année.

Des bâtons en bois plutôt qu’en carbone 46Ouvrir des horizons aux portes et fenêtres 47Faire fl èche de tout bois 48

LA

N enregistre plus de 7 000 mouvements d avions par année. out bois 48

Vous voulez savoir comment des entreprises de Victoriaville arrivent à se distinguer de la concurrence ? Parce que leurs dirigeants croient dans leurs produits… comme Nicolas Dufresne, Kathleen Boislard et André Baillargeon, de Conimexx, qui fabrique des bâtons de hockey en bois. Et les succès qu’ils remportent leur donnent raison.

PHOTO : CLAUDINE HÉBERT

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dossiers

PAR CLAUDINE HÉBERT

Conimexx, une PME d’une vingtaine d’employés, continue à fabriquer des bâtons de hockey en bois, alors que tous les joueurs de la LNH ne jurent que par les versions plus légères en carbone et en aluminium.

Pourquoi donc s’obstiner à vouloir lutter contre des bâtons performants qui per-mettent des lancers frappés de plus de 170 km/h, comme l’a démontré le capitaine des Bruins de Boston, Zdeno Chara, en janvier dernier ?

« Parce qu’il y a encore une demande de bâton de hoc-key en bois ! » répond André Baillargeon, président de Conimexx.

40 $ au lieu de 350 $À l’exception des vedettes du circuit Bettman et des milliers de jeunes hoc-keyeurs rêvant d’en grossir les rangs (parlez-en aux pa-

rents...), il existe toujours un marché récréatif qui refuse de débourser les 150 $ à 300 $ nécessaires d’un bâton en composite.

Cette clientèle, composée d’anciens joueurs de la LNH, de ligues de garage, de joueurs de hockey de rue et de patinoires municipales, se tourne encore vers le bâ-ton de bois vendu moins de 40 $, soutient M. Baillargeon qui, ironiquement, ne joue même pas au hockey.

Une rescapéeConimexx fait presque cava-lier seul dans cette industrie. Les fabricants de bâtons de

bois en Amérique du Nord, qui ont pratiquement tous fermé leurs portes depuis dix

ans, se comptent désormais sur les doigts d’une seule main.

Et des quatre fabricants qui restent, trois agissent à titre de sous-traitants. C’est le cas de Conimexx, qui fabrique des bâtons pour l’entreprise Sher-Wood, de Sherbrooke.L’entreprise d’André Baillar-geon fait fi gure de rescapée. Cet ex-informaticien qui tra-vaillait pour Équipements Davtec de Daveluyville (connue sous le nom de Vic Hockey) depuis 1994, a ra-cheté une partie des équipe-ments de production lorsque l’entreprise a fermé ses por-tes en 2003. Il a embauché quatre des meilleurs em-ployés et s’est mis à produire quelque 20 000 palettes de remplacement.

Diversifi er ses produitsAujourd’hui, après deux dé-ménagements, Conimexx produit plus de 200 000 bâ-tons de hockey en bois par année dans son usine de 11 000 pieds carrés. Cela re-présente la moitié de la pro-duction de Davtec… dans six fois moins d’espace. « C’est ce qui nous permet d’être rentables », estime l’homme d’affaires de 43 ans.

Cinq pour cent du chiffre d’affaires de deux millions de dollars proviennent de la vente des reproductions de bâtons Victoriaville autogra-phiés par les légendes Bobby Orr et Jean Béliveau.

L’entreprise, qui tend à se diversifi er, fabrique aussi des rondelles souvenirs et des bâtons de baseball miniatures.

Nouveau bâton hybrideEt ce n’est pas fi ni. Conimexx s’apprête à déménager une troisième fois, en janvier prochain, afi n de doubler sa superfi cie actuelle. Pourquoi prendre ce risque alors que le bâton de hockey en bois tel qu’on le connaît est ap-pelé à disparaître d’ici 20 ans, de l’aveu même d’An-dré Baillargeon ?

En fait, plusieurs signes du marché laissent croire au président de Conimexx que le bois pourrait éventuelle-ment effectuer un retour sur la glace des professionnels.

« Plusieurs joueurs-vedet-tes ont la réputation de briser plus de 100 bâtons en com-posite par année. Des bâtons qui valent plus de 200 $ cha-cun. Faites le calcul. Certains clubs, eux, l’ont fait et ils pressent les fabricants de trouver une solution », rap-porte M. Baillargeon.

La solution pourrait se trouver dans la création d’un bâton hybride qui serait com-posé de bois et de composite. L’entreprise de Victoriaville a justement embauché l’an dernier un ingénieur, Nicolas Dufresne, pourdiriger son nouveau département de re-cherche et développement. Reste maintenant à trouver la bonne recette. ■

Préférer le bois au carbone

200 000 Nombre de bâtons de hockey en

bois produits par année par l’usine

de Conimexx.

André Baillargeon, président de Conimexx, croit que le bâton de hockey en bois a encore sa place sur les patinoires. PHOTO : CLAUDINE HÉBERT

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victoriaville

Fusion dans les portes et fenêtresPAR CLAUDINE HÉBERT

Qu’est-ce qui peut bien moti-ver un jeune entrepreneur général à quitter un rôle d’as-socié pour aller fabriquer des portes et fenêtres, un marché sursaturé ?

« Le désir de pouvoir diriger ma propre entreprise », répond Gabriel Gagnon. L’ex-associé des Constructions Luc Lecours est devenu, en mai dernier, propriétaire de Fenefco, un fabricant de por-tes et fenêtres en PVC, à Saint-Christophe-d’Arthabaska.

En moins de six mois, Fene-fco a déjà réalisé les profi ts que l’entreprise avait enregis-trés l’an dernier. La recette du nouveau proprio ? S’occuper rapidement des demandes de ses clients, fournir à ses dis-tributeurs des outils de travail effi caces, dont un logiciel qui permet de retrouver facile-ment des listes de prix et de produits, faire de ses fournis-seurs des partenaires et sur-tout se doter de solides alliés pour aller au front.

À peine avait-il terminé la transaction d’achat de Fene-fco, le jeune entrepreneur de 33 ans entrait en contact avec son plus proche concurrent, Fenestration Plus (une

jeune société de fabrication de fenêtres haut de gamme qui se trouve à Victoriaville) pour discuter fusion.

Il faut savoir que Fenestra-tion Plus est le fruit de quatre ex-employés de Fenefco ayant claqué la porte en 2006 de l’ancien propriétaire, avec qui le courant ne passait plus.

En moins de 12 heures, Ga-briel Gagnon et ses quatre concurrents, Jean Allison, Da-vid Côté, David Charest et Jocelyn Roger, parvenaient à une entente menant à la fusion des deux entreprises de fabri-cation et à un partage équita-ble entre les cinq actionnaires. « On s’entendait déjà très bien avec Gabriel Gagnon. Et pour tout dire, on savait de quoi il était capable. Nous aussi, on préférait s’en faire un allié plutôt qu’un adversaire », rap-porte Jean Allison, coproprié-taire et directeur des ventes des divisions de fabrication de l’entreprise.

En unissant leurs forces, les deux PME se retrouvent dans le top 40 de leur industrie. Une position qu’ils doivent en partie à leur vitesse d’exécu-tion. « Nous n’avons pas plus d’employés que nos concur-rents. Mais nous avons établi une structure rigoureuse de

temps de réponse. Nous avons mis en place un travail d’équi-pe qui favorise l’exécution rapide des demandes aussitôt qu’elles sont faites », souligne M. Gagnon. En tant qu’ex-constructeur résidentiel, il connaît l’importance de res-pecter les échéanciers.

Sous un même toitLes deux divisions, qui vont chacune conserver leur nom, doivent réunir l’ensemble de leurs activités (production, administration et salle de dé-monstration) sous un même toit dès janvier 2012. Le choix s’est porté sur l’usine de Fene-fco, dont le bâtiment apparte-

nait déjà à Gabriel Gagnon. La bâtisse, dont la superfi cie fait 25 000 pieds carrés, sera agrandie de 5 000 pieds carrés cet automne. Aucun licencie-ment n’est prévu parmi les 30 employés de Fenefco et les 35 employés de Fenestration Plus. Depuis la réunifi cation, quelques ex-vendeurs de Fe-nefco, qui avaient quitté la région, ont signalé vouloir revenir travailler pour la nou-velle équipe très dynamique.

La nouvelle entreprise, dont les deux chiffres d’af-faires totalisent 8 millions de dollars, espère doubler ses revenus d’ici les cinq pro-chaines années. ■

Les associés Gabriel Gagnon et Jean Allison PHOTO : CLAUDINE HÉBERT

Connaissez-vous beaucoup de villes qui investissent dans les aménagements des municipalités voisines ? Victoria-ville tente le coup en participant à l’expansion du parc industriel de Sainte-Anne-du-Sault, près de l’autoroute 20. Un projet de 12 millions de pieds carrés pouvant accueillir 50 nouvelles entreprises.

La Corporation d’initiative industrielle de Victoriaville a ainsi versé plus de 800 000 $, soit près de la moitié de l’investissement devant être fourni par les quatre munici-palités engagées dans le projet (les trois autres étant Sainte-Anne-du-Sault, Daveluyville et Maddington).

« Même si la ville se situe à une vingtaine de kilomètres de ce parc, elle demeure convaincue que cette initiative va lui être bénéfi que en termes de nouveaux résidants, d’achats locaux et de nouvelles offres de services », souli-gne René Thivierge, directeur général de la Corporation de développement économique Bois-Francs (CDEBF). Une entreprise de la grande région métropolitaine, affec-tée par les problèmes de circulation, a déjà démontré un vif intérêt pour le parc industriel.

150e anniversaire de fondationCe développement s’ajoute aux activités industrielles qui vont déjà bon train au cœur de Victoriaville. La 3e phase de son parc industriel est quasi complète.

« Ce qui devait prendre 15 ans à développer l’a été en moins de sept ans », fait remarquer M. Thivierge. La ville est d’ailleurs en pourparlers pour démarrer le développement de la 4e phase. Pour ce faire, elle doit acquérir les quelque 7,8 millions de pieds carrés voisins de la 3e phase et de l’aéroport.

Bien sûr, toute cette effervescence économique contribue à hausser la population de Victoriaville qui célèbre cette année son 150e anniversaire. La ville de 42 518 habitants est en voie d’égaler son record d’émissions de permis de construction enregistré en 2010 alors que 308 permis avait été émis. C.H.

Une ville en pleine effervescence

ALAIN LEMAIREPrésident et chef de la direction de Cascades inc.

HUBERT REEVESAstrophysicien et auteur de renommée internationale

STÉPHAN BUREAUJournaliste, animateuret producteur reconnudepuis 20 ans

CLAUDE VILLENEUVETitulaire de la Chaire en Éco-Conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi

L'HONORABLESTÉPHANE DIONDéputé, C.P. Saint-Laurent-Cartierville

Animateur Quelques-uns des conférenciersInformation : 819 751-4510 - VICTO150.COM

Victoriaville 2011 Une initiative de : Une présentation de :

PARCE QUE DEMAIN, C’EST MAINTENANT!

Centre des congrès de l’Hôtel Le Victorin, Victoriaville26 ET 27 OCTOBRE

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victoriaville

PAR CLAUDINE HÉBERT

Qu’ont en commun le pla-fond de la nouvelle salle de l’Orchestre symphonique de Montréal, l’aménagement intérieur du restaurant Nuan-ces du Casino de Montréal et la bibliothèque du New York University College of Dentistry ? Elles portent toutes la signature de Jean-Sébastien Turcotte, propriétaire de l’Ébénisterie Hi-Teck, de Saint-Christo-phe-d’Arthabaska.

« Je suis devenu le pro du : “Oui mais... si on faisait autre-ment ?”, dit en souriant Jean-Sébastien Turcotte. Son expertise, ses connaissances des essences et son souci du détail lui permettent d’ap-porter des solutions effi caces

et souvent plus économiques aux architectes et aux desi-gners, ce qui les oblige par-fois à revoir leurs concepts. L’ébéniste a appris à défendre ses idées, et elles ont fait leur preuve. C’est ce qui lui vaut aujourd’hui de se démarquer face à la concurrence.

Une forte compétitionLe jeune homme a pourtant bien failli ne jamais se lancer dans les affaires. « Plusieurs détracteurs me faisaient douter. Comment ferais-je mieux que mes compétiteurs, me disaient-ils. Après tout, la région des Bois-Francs compte à elle seule plus de 200 ébénistes. Et comment pourrais-je survivre alors que Ébénisterie 116, une des meilleures ébénisteries de

la région, dont j’étais le direc-teur de production, venait de fermer ses portes ? », rapporte M. Turcotte, qui admet s’être longuement questionné avant de foncer.

Il a toutefois écouté la petite voix qui lui disait d’al-ler de l’avant et de croire en son talent. Il a fondé son entreprise en 2002. Il avait de belles réalisations comme cartes de visite, dont les murs du hall d’accueil de l’Animal Kingdom Lodge de Walt Disney, à Orlando, en Floride. Un contrat qu’il a réalisé juste avant la fermeture d’Ébénisterie 116.

Changement de capC’est ainsi qu’à 34 ans, ce père de famille de trois enfants a fait le saut. Dans un local tout

neuf de 6 000 pi² où tra-vaillaient cinq employés, Ébénisterie Hi-Teck a ouvert ses portes avec en banque 150 000 $ en prêts et en sub-ventions de divers organismes et institutions fi nancières.

Le nouvel entrepreneur n’était cependant pas au bout de ses peines. Trois mois après, l’entreprise frôlait la faillite. « On s’obstinait à chercher des clients dans le secteur résidentiel, ce qui ne fonctionnait pas du tout », raconte Jean-Sébastien Tur-cotte, qui a dû se réorienter vers le secteur commercial, sa spécialité.

Alors qu’Ébénisterie Hi-Teck termine la fabrication du mobilier d’un concession-naire de motos de Rock-Forest, un entrepreneur gé-

néral remarque le travail de l’ébéniste et de son équipe. Impressionné, il demande à Jean-Sébastien Turcotte de soumissionner pour l’aménagement intérieur des nouveaux bureaux de Valeurs Mobilières Desjar-

dins, à Sherbrooke. Les contrats importants com-mencent à rentrer.

Aujourd’hui, Ébénisterie Hi-Teck compte une quaran-taine d’employés. Le chiffre d’affaires frôle les 5 millions de dollars. ■

Hi-Teck fait fl èche de tout bois

Jean-Sébastien Turcotte, de l’Ébénisterie Hi-Teck, a trouvé le moyen de se démarquer malgré une

forte concurrence dans sa région. PHOTO : C. HÉBERT