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J.S. BACH 6 Sonates & Partitas pour Violon Seul BWV 1001 – 1006 Edition Pédagogique Avec les indications techniques et commentaires de Georges Enesco Recueillis et développés par Serge Blanc Plus d’informations sur www.sergeblanc.com

J.S. Bach - Sonates et Partitas - Edition Pédagogique

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DESCRIPTION

Durant les années d'enseignement qu'il a reçu de son maître Georges Enesco, le violoniste Serge Blanc a rassemblé et annoté les indications violonistiques, techniques et d'interprétation pour ce qu'Enesco appelait “l'Himalaya des violonistes” : les Sonates & Partitas pour Violon seul de Jean-Sébastien Bach.Ce document exceptionnel rassemble ces indications commentées, tant en ce qui concerne la sonorité, le phrasé, les tempi, la musicalité, les doigtés, l'expression, aboutissement du travail de toute une vie du maître, considéré comme l'un des meilleurs interprètes de cette œuvre.Après les avoir enseignées lui-même pendant plus d'un demi-siècle à ses propres élèves, Serge Blanc a souhaité les transmettre aux futures générations de violonistes, en rassemblant et commentant ses notes dans un seul document avec les précieuses indications de Georges Enesco. Le voici, disponible en téléchargement gratuit.Plus d'informations sur http://www.sergeblanc.fr

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    J.S.!BACH!!!

    6!Sonates!&!Partitas!pour!Violon!Seul!

    !BWV!1001!!1006!

    !

    !Edition!Pdagogique!

    !Avec!les!indications!techniques!!

    et!commentaires!de!Georges!Enesco!!

    Recueillis!et!dvelopps!!par!Serge!Blanc!

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    Plus!dinformations!sur!www.sergeblanc.com!!

  • !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Ce!document!est!sous!licence!Creative!Commons!Attribution3NonCommercial3ShareAlike!4.0!International!License!

  • J.S. BACH

    6 Sonates & Partitaspour Violon Seul

    dition Pdagogique avec les indications techniques et commentaires de Georges Enesco recueillis et dvelopps par Serge Blanc.

    Durant les annes denseignement quil a reu de son matre Georges Enesco, Serge Blanc a rassembl et annot les indications violonistiques et techniques dinterprtation pour ce quEnesco appelait lHimalaya des violonistes: les Sonates & Partitas pour Violon Seul de Jean-Sbastien Bach.

    Ce document exceptionnel rassemble ces indications commentes, avec sonorits, phrass, tempi, musicalit, doigts, expressions, aboutissement du travail de toute une vie du matre, considr comme lun des meilleurs interprtes de cette uvre. Aprs les avoir enseigns lui-mme pendant plus dun demi-sicle ses propres lves, Serge Blanc a souhait les transmettre aux futures gnrations de violonistes. Le prsent document, ainsi que des enregistrements de Serge Blanc avec Enesco sont disponibles en libre accs sur www.sergeblanc.com

    PRFACE...................................................................................................3

    SONATE I (BWV 1001)...............................................................................5

    PARTITA I (BWV 1002).............................................................................18

    SONATE II (BWV 1003)............................................................................31

    PARTITA II (BWV 1004)...........................................................................42

    SONATE III (BWV 1005)..........................................................................62

    PARTITA III (BWV 1006)........................................................................77

    CONCLUSION.........................................................................................89

  • 3Prface

    Il est de notorit publique que les Sonates & Suites pour Violon Solo de J.S. Bach taient le pain quotidien de Georges Enesco, comme pour tout musicien en ayant reconnu la valeur et la ncessit indispensable sa culture.

    Il considrait ces chefs-duvre comme lHimalaya des violonistes , dont il tait lun des plus grands du XXme sicle !

    Il les tudia et les enseigna toute sa vie, la fois en tant que grand interprte avec sa rflexion sur tous les problmes techniques que prsentent ces uvres particulirement difficiles, mais aussi et surtout du point de vue du gnial compositeur quil tait, comprenant ainsi ce quelles exprimaient de la part du plus grand musicien de tous les temps : J.S. Bach !

    Il sagissait avant tout pour Georges Enesco de transmettre aux nouvelles gnrations le rsultat trs riche de ses recherches artistiques, culturelles et techniques quil avait accomplies et prouves par son propre exemple au cours de sa magnifique carrire de violoniste ct de celle qui lui importait le plus, celle de compositeur.

    Lorsque Georges Enesco, de retour en France en 1947, dcida de redonner des cours, jai eu la chance de les suivre pendant cinq ans, lissue desquels il moffrit lexceptionnelle occasion de donner un rcital de Sonates avec lui au piano ! Ce fut la chance de ma vie

    Mais durant ces cinq annes, javais recueilli un maximum de son enseignement, en particulier concernant ce quil considrait comme essentiel dans la culture musicale : J.S. Bach !

    Je nimaginais pas encore ce moment que le trsor quil mavait transmis, ainsi qu tous ses lves (quil nommait sans fausse modestie ses collgues !), me servirait toute ma vie de musicien car ce nest quavec lexprience que lon comprend ce que contiennent ces uvres indispensables la culture de tout musicien jouant dun instrument cordes (violon, alto ou violoncelle).

    Ce nest pas un hasard si tous les grands artistes jouant ces instruments ont pass leur vie les tudier, les jouer durant leur carrire, les enregistrer voire les rditer leur ide. Or, si Georges Enesco les a beaucoup joues, enseignes et enregistres il nexiste malheureusement pas ddition rvlant ses indications prcises et les commentaires quil en faisait abondamment !

  • 4Il faut savoir quelles taient ses diffi cults dexistence lpoque o, ayant dpass la soixantaine dannes et atteint dune grave maladie de la colonne vertbrale, il avait perdu la fois tous ses biens et sa patrie adore : la Roumanie !

    Pendant les 55 annes qui suivirent, jai continu ma rfl exion sur les fruits prcieux de lenseignement que javais reu de ce trs grand matre, apprenant transmettre mon tour ce que jen avais reu, distribuant chacun de mes lves les indications quil mavait gnreusement donnes, afi n de les aider les comprendre et les interprter.

    Sonorit adquate, phras, musicalit traduite de manire artistique ou intimement expressive, sont le rsultat obtenu grce la stricte application des indications et commentaires recueillis par une patience et une volont acharnes !

    Concernant par exemple les tempi conseills par Enesco et indiqus au dbut de chaque pice dans cette dition, ceux-ci ont t tablis par lui en fonction de lindication donne par la main de J.S. Bach.

    Cette seule indication est essentielle mais ne fi gure dans aucune dition. Or, lorsquun jeune lve (ou mme professeur !) aborde ces uvres pour la premire fois, il ne peut en avoir la science infuse Seule lexprience ultrieure lui permettra ventuellement dapporter sa propre interprtation et ses modifi cations personnelles, en ayant dabord compris les bases essentielles grce des rfrences prouves.

    Cest ce qui justifi e le titre dition Pdagogique que jai choisi, en fonction du prcieux hritage reu par Georges Enesco !

    Serge Blanc

  • 5Sonata IBWV 1001

  • 6Sonata IBWV 1001

    ADAGIO (Prlude)

    Imaginer le portail dune cathdrale

    De toute vidence lesprit et lme de Georges Enesco taient stimuls par toute une imagerie potique, qui animait son gnie musical Voir notamment ses Impressions dEnfance crites en pleine maturit.

    Sa frquentation assidue des Sonates et Suites de J.S. Bach, durant toute sa vie de musicien/crateur/interprte et pdagogue, en subit donc leff et permanent et chaque pice prcieuse de ce monument de lesprit humain voquait pour lui une vision potique prcise, qui marquait profondment son interprtation personnelle et donc son enseignement. Je ne puis oublier leff et particulier qui marquait son visage et sa dmonstration musicale au piano, lorsquil voulait communiquer telle ou telle interprtation.

    Celle de ce premier Adagio ouvrant, tel un majestueux portail de Cathdrale, ce fabuleux trsor de lesprit humain que sont ces Sonates et Suites qui vont suivre, fut particulirement marquante.

    Chaque fois quil marrive de passer devant ce majestueux portail de Notre-Dame de Paris, la mme motion me saisit la gorge que lorsquil marrive dinterprter cette uvre sacre ou de lenseigner mon tour!

  • 7Techniquement parlant, cela se traduit par lampleur et la recherche dune beaut de la sonorit, permises par lutilisation dune grande longueur darchet et lobservation des indications dEnesco en ce sens.

    Je pense sincrement que cette puissance dvocation marquait surtout la personnalit de Georges Enesco et que ses lves aimaient sen laisser imprgner.

    Ils sentaient que leur vie artistique en serait conditionne de manire trs profondment enrichie.Nous navions plus qu nous laisser porter par le souvenir inoubliable, pour effectuer ensuite les annes de travail que nous naurions de cesse daccomplir, pour nous lever le plus prs possible de ce niveau.

    Concernant cette premire uvre, il faut avant tout en respecter trs prcisment les contours rythmiques si nettement exprims de la main de ce demi-dieu qutait son auteur.

    On parle communment dune improvisation crite cest le cas. Mais cest celle de J.S. Bach et non de nimporte quel interprte qui ose sen emparer.Si lon observe attentivement les dtails de ses rythmes prcis la quintuple-croche prs, on doit reconnatre quon na pas plus le droit den changer la valeur quon oserait toucher au dtail dun Rembrandt ou dun Michel Ange que lon se contente de regarder

    Mais une uvre musicale doit aussi subir la manipulation particulire de chaque interprte, faute de rester ltat de manuscrit Cest l quintervient la personnalit plus ou moins cultive et respectueusement intelligente de chaque artiste osant sen approcher.

    Il faut donc commencer par essayer de comprendre chaque dtail exprim par lauteur et ne pas mnager sa peine ni son temps pour en trouver lexacte expression.

    Cela demande toute la vie, mais quel enrichissement pour celui qui en entrevoit la beaut infinie.

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  • 9Sonata IBWV 1001

    FUGAq = 76

    Georges Enesco considrait cette Fugue comme un modle du genre et J.S. Bach lui-mme la transcrivit pour orgue plus tard.

    Son interprtation est claire du point de vue de lcriture, mais techniquement trs difficile pour linstrument.

    Son thme initial avec ses 4 notes rptes est facile reprer, mais les accords qui souvent lexpriment exigent une trs grande attention dans la justesse de leur ralisation.

    La construction architecturale de chaque exposition commence, presque toujours, par des notes simples qui se doublent, se triplent, ou deviennent des accords de 4 sons, ce qui provoque un crescendo naturel qui volue jusqu sa cadence, puis se poursuit par un divertimento, lui-mme interrompu par la reprise du thme.

    Mesures 83/84, le thme se trouvant la basse daccords de 4 sons, il est musicalement ncessaire de les retourner en les attaquant par la note suprieure en faisant ressortir la basse. Ces accords se jouent obligatoirement fortissimo.

    Mais cette uvre est si bien construite que chaque monte du thme saccompagne dun crescendo naturel, mme sil ne figure pas dans le manuscrit.

    Enesco faisait suivre lvolution naturelle des phrases par des nuances qui en ressortaient logiquement. Elle figurent donc dans cette dition Pdagogique.

    De mme que les doigts et les coups darchet, elles sont les indications prcises dEnesco.

    Le tempo de q = 76 reste immuable en dehors des assouplissements de fin de phrase et dune reprise immdiate lors de la rexposition.

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    Sonata IBWV 1001

    SICILIANAe = 80/86

    De caractre dansant dallure modre, cette pice doit garder son rythme souplement balanc

    De caractre dansant dallure modre, cette pice doit garder son rythme un tempo dansable , cest--dire

    ne pas devenir trop lent.

    Le tempo ici prconis par Enesco est de e = 80/86, avec, comme toujours, les assouplissements de fi n de phrase, mais une reprise immdiate du tempo ds la phrase suivante.

    Une autre caractristique importante est lcriture contrapuntique de cette uvre conue trois parties : 1 basse et 2 soprani

    ce qui implique un choix de sonorits appropries aux instruments supposs jouer ensemble : 1 basson + 2 hautbois ou 2 fl tes.

    Cest alors quEnesco savait expliquer comment jouer ces basses en recherchant la sonorit du basson (archet plus lger vers la touche) et celle des 2 soprani hautbois ou fl te (plus prs du chevalet) en indiquant aussi des doigts favorisant le contraste, ce qui explique certains dentre eux un peu plus diffi ciles mais effi caces en ce sens par le choix des cordes.

    La concentration desprit et la volont dy parvenir fi nit par rendre leff et possible et trs musical.

    Bon courage, car cette Sicilienne est lune des pices les plus diffi ciles et donc souvent impose dans les concours. Mais sa beaut en facilite le travail !

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    Sonata IBWV 1001

    PRESTO

    e = 208

    Ce dernier mouvement, servant de conclusion la Premire Sonate, se joue trs vite, comme lindique son titre, mais surtout pas dans lide dun Perpetuo mobile lallure dbride dun record de vitesse !

    Premirement, il faut penser son rythme indiqu 3/8 par mesure, qui est sa structure de base.

    Deuximement, il faut faire ressortir les squences de phras indiques ici par ces crochets de fi n et de dbut ce qui nimplique surtout pas dinterruptions ni de modi cations de tempo.

    Il sagit plus prcisment dune ponctuation, qui se traduit par de lgres impulsions darchet aux endroits indiqus. Ce qui dans lensemble donne une structure musicale qui vite justement la platitude de notes trop rapides dnues de sens artistique.

    De mme les nuances indiques suivent les courbes mlodiques ascendantes ou descendantes de lcriture de cette uvre fortement conclusive.

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    Partita IBWV 1002

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    Partita IBWV 1002

    Cette 1re Partita, dite Suite en Si mineur, est compose de 5 Danses anciennes dont chacune est double dune variation exactement proportionne en phras et en tempo.

    Il est important den tenir compte pour sa ralisation musicale. Cest--dire que les Doubles sont en ralit une variation directe de chaque Danse et pourraient se jouer ensemble 2 parties. Ils doivent donc se concevoir et se raliser dans le mme esprit.

    ALLEMANDE

    La 1re Danse - une Allemande dorigine germanique, comme son nom lindique - est dallure modre voire un peu lente et ses triple-croches sont lgrement marques par rapport la double-croche pointe.

    Pour bien tablir son rythme trs prcisment crit par J.S. Bach, il est bon de commencer son tude e = 63 avec le mtronome, que lon devra videmment oublier lors de linterprtation finale.

    Sonorit ample et soutenue, vibrato calme et rgulier sur toutes les notes.

    Les quelques trilles doivent tre lents et sarrter sur le point.

    DOUBLE

    Le Double se jouera au mme tempo (e = 63) et calmement au milieu de larchet.Conserver le mme tempo jusqu la fin malgr les assouplissements du phras.

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    Partita IBWV 1002

    COURANTE (Corrente)

    Danse italienne ou franaise rapide q = 132, de caractre vif, exprim ici par un coup darchet dit martel court et solide au milieu de larchet.

    Lger vibrato sur toutes les notes.

    L encore, le dveloppement montant et descendant est soutenu par de lgres nuances de volume sonore du mme sens.

    DOUBLE (Presto)q = 132

    Comme dans le prcdent, ce Double sera du mme tempo que sa danse (q = 132) et se jouera dun coup darchet rapide et court du milieu et surtout dun poignet ultrasouple.

    Suivre les marques et pour certaines indications de phras intrieur et dinterprtation, correspondant souvent des formules rptitives.

    viter les acclrations intempestives, malvenues dans le style de Bach.

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    Partita IBWV 1002

    SARABANDE

    q = 58

    DOUBLE

    q. = 70

    Danse lente et grave dallure un peu solennelle chez J.S. Bach : q = 58Celle-ci doit sexprimer largement en utilisant tout larchet dans un volume sonore assez ample, avec un vibrato lent mais sur chaque note.

    Faire sentir le phras indiqu par les signes pour situer la fi n et le dbut des squences, exactement comme existent les infl exions du langage parl en toutes les langues.

    Autant la Sarabande est ample et dallure solennelle, autant son Double doit rester simple et se jouer intgralement dun coup darchet dtach au milieu et seulement avec les quelques nuances indiques, dans un volume sonore plutt modr : q. = 70

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    Partita IBWV 1002

    BOURREh = 72

    Cette danse est trs rustique et dune grande nergie.

    Ses premiers grands accords de 4 sons exigent beaucoup de rsolution avec un coup de vibrato sur les notes suprieures.

    La rponse se fait dans la nuance piano partir de la leve de la 5me mesure, puis se dveloppe par un crescendo vers un fort suivant la monte de la phrase, brivement interrompue par une courte nuance piano, avant de se conclure dans un grand fort.

    La seconde partie, partir de la double barre, reprend avec vigueur le dveloppement de la conclusion prcdente et les grands accords obligent un fort volume sonore, jusqu la leve de la mesure 29, qui alterne en question/rponse mf/f/p jusqu la mesure 38 qui revient au f.De nouveau quelques changes piano/fort, pour se terminer par une conclusion fortissimo !

    Cette uvre trs difficile rclame un travail attentif concernant la justesse et la qualit sonore de ses accords, qui malgr leurs quatre sons simultans ne doivent pas paratre agressifs ou crass.Seule une attaque bien admise loreille, suivie dune grande vitesse darchet, peut en assurer la bonne ralisation.

    Le tempo assez vif de cette danse paysanne 2/2 de 72 la blanche doit tre constant jusqu la fin, quelles que soient les difficults.

    Elle est souvent impose dans les concours des grands orchestres pour tester loreille des candidats et leur constance de tempo lexcution.

    DOUBLEh = 72

    Son Double est une variation dont lnergie, qui doit rappeler celle de la Bourre, sexprimera par un coup darchet en un fort dtach martel du milieu.Les nuances indiques doivent rappeler exactement celles de la Bourre quelles refltent.

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    Sonata IIBWV 1003

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    Sonata IIBWV 1003

    GRAVE e = 44Ce nest pas un hasard que Bach ait choisi lindication GRAVE pour cette

    introduction la 2me Sonate. Ce terme qualifie le tempo lent et le caractre particulirement mditatif qui nest plus celui de limprovisation presque romantique de lAdagio de la 1re Sonate.On entre ici directement dans le cur profondment religieux et croyant de cet auteur sublime quest J.S. Bach. Cette page musicale est peut-tre la fois la plus contemplative et clbrante quun tre humain ait conue jusqu lui.Seul Beethoven a su retrouver de telles cimes dans certains passages lents et mditatifs de ses Quatuors cordes.

    Cette uvre trs lente exige une parfaite matrise dans la rpartition, la pression et les emplacements de larchet sur la corde, pour trouver les sonorits qui peuvent seules en musique traduire ces plus intimes sentiments de lme humaine songeant sa destine tragique. Croyant ou non, on ne peut tre insensible cette ligne mlodique parseme daccords dramatiques et dlans mystiques vers une esprance salvatrice, mais qui se termine en points de suspension sur une Dominante qui mne la Fugue qui suit ! et dont la simplicit du thme initial contraste avec le message mtaphysique qui vient dtre mis

    FUGA e = 77Comme pour toutes les Fugues, celle-ci commence par lexposition successive

    de chaque partie dont on doit donner la premire impulsion avec un lger accent. La cellule thmatique se compose de deux double-croches en leve, suivies de sept croches. Le dveloppement sen poursuit de diverses manires jusquau premier divertissement qui intervient mesure 45 et voluera lui-mme jusqu la mesure 61 o le thme reviendra en voix de soprano.Entretemps il est utile de signaler qu la mesure 39, sur la dernire croche, le thme passant la basse, il faut attaquer les accords par le haut (ce qui est au dpart assez difficile parce quinhabituel) pour faire ressortir cette basse.Le mme processus se reproduira mesures 91 et 99 puis 272 et 281. Comme toujours on vitera la monotonie en faisant ressortir les nuances indiques, qui suivent les volutions ascendantes ou descendantes du phras.

    Il faut porter une attention particulire au maintien du tempo initial de e = 77, que lon reprendra strictement aprs chaque fin de priode, dont on peut parfois - mais pas systmatiquement - largir la conclusion lorsque celle-ci se produit aprs une assez longue volution.Bon courage !

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    Sonata IIBWV 1003

    ANDANTEe = 63

    Comme toujours, J.S. Bach sait faire alterner les moments de tension, comme ceux de cette Fugue particulirement riche en volutions culminantes et se terminant par une cadence fulgurante clatant sur une brve mais triomphale conclusion, avec lapaisement que procure enfi n cet Andante.

    Enesco en comparait la partie accompagnante des pas dans la neige .

    La diffi cult particulire de cette pice est den faire ressortir la ligne mlodique suprieure lgrement plus marque que la partie accompagnante prsente, mais discrte. Veiller soutenir la ligne mlodique sans linterrompre par des coups darchet trop marqus, mais en donnant assez de sou e la sonorit en allongeant beaucoup larchet plutt vers la touche.

    La main gauche doit tre expressive, mais avec un vibrato discret sur toutes les notes.

    ALLEGROh = 40 (BACH )

    (q = 80/84)Ce dernier mouvement apporte son tour un dernier contraste la calme prire

    qui vient davoir lieu.

    Il sagit dun Allegro brillant - environ q= 80/84 - dont les nuances en alternance f et p sont de lauteur lui-mme et doivent tre trs affi rmes de part et dautre.

    Comme dhabitude dans ces mouvements rapides et bariols sur toutes les cordes, on utilisera peu de longueur darchet et avec un poignet droit ultrasouple et un avant-bras presque immobile.

    Naturellement le tempo doit rester constant et sans acclrations intempestives.

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    Partita IIBWV 1004

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    Partita IIBWV 1004

    ALLEMANDE

    q = 66

    Contrairement lAllemande de la premire Partita en Si mineur, celle-ci est plutt mlodique que polyphonique.

    Il faut donc en suivre les courbes ascendantes ou descendantes avec des volumes sonores et une expression qui leur correspond.

    Il faut aussi tenir compte de sa ponctuation pour en faire apparatre le phras.

    tant une pice douverture dune Suite si importante, contenant notamment la Chaconne, considre comme lEverest des violonistes, il faut lui donner lampleur qui convient, en adoptant ds le dpart une large sonorit en volume et en expression, cest--dire un vibrato prsent mais discret sur toutes les notes et un coup darchet bien la corde et assez allong.

    Suivre les nuances indiques par Enesco.

    Respecter calmement son tempo : q = 66

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    Partita IIBWV 1004

    COURANTE

    q = 112

    Dallure plus vive, cette danse dorigine italienne se jouera q = 112, avec des coups darchet plus anims, puisque lon passe de manire alternative de suites de notes lies en triolets des squences de croches pointes-doubles spares par un lger arrt de larchet.

    Observer exactement la double-croche de leve du dpart de chaque partie, en lui donnant juste sa valeur courte avec beaucoup dnergie.

    Maintenir le tempo dun bout lautre.

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    Partita IIBWV 1004

    SARABANDE

    q = 44

    Cette Sarabande est lune des uvres violonistiques de Bach les plus imposes pour tous les concours, en raison des difficults techniques et musicales quelle demande de rsoudre.

    Dabord son tempo - plutt lent - exige un compromis ne faisant pas oublier quil sagit, comme son titre lindique, dune danse dont lon doit sentir le rythme et non dun Adagio et encore moins dun Largo tel quon lentend trop souvent.

    Celui de q = 44 est ce quEnesco conseillait de garder intgralement et de manire rgulire, en en reprenant lexacte allure aprs les fins de phrase.

    La ligne mlodique, qui est partout la partie suprieure, doit apparatre sans rupture, notamment aprs les accords (par exemple au dbut entre le premier et le deuxime temps), mais galement partout dans les changes tir/pouss de larchet qui doivent tre inaudibles, faute de rompre la ligne mlodique.

    Enfin, la justesse parfaite et expressive est dune grande exigence.

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    Partita IIBWV 1004

    GIGA

    q. = 72

    Le caractre de cette danse est simple et rustique et lon peut imaginer les paysans frappant du talon dans un rythme rapide sur la leve et le temps fort, ce qui se traduit par un coup darchet vigoureux et rapide (q. = 72) au milieu et avec un poignet souple permettant une action rapide et bien la corde .

    Celle-ci se compose dune srie de squences ascendantes ou descendantes formules rptitives que lon pourra souligner par des nuances suivant leur courbe.

    Tempo constant, surtout dans les nombreux mouvements conjoints o lon a tendance presser.

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    Partita IIBWV 1004

    CHACONNEq = 60

    Nous voici enfin devant lEverest des violonistes !

    Cest un monument musical sans gal, qui dveloppe en une grande srie de structures varies un thme de 4 mesures sur une vritable fresque musicale en triptyque : 1re partie, r mineur ; 2me, r majeur; 3me, r mineur.

    Danse ancienne dorigine espagnole de rythme modr, son tempo conseill par Enesco reste stable (q = 60) du dbut la fin, quelles que soient les grandes diffrences techniques entre ces multiples variations, qui senchanent sans rpit.

    Dans lexposition du thme, Enesco ne faisait pas rpter laccord sur la croche de leve, de faon en diffrencier le poids chorgraphique davec le premier et le second temps, tel quil apparat sur le manuscrit mme de J.S. Bach.

    Cette premire exposition du thme doit sexprimer dun archet largement distribu et trs la corde, faisant sentir lampleur de ce qui va suivre.

    Au contraire, la premire variation qui commence la mesure 9 sexprime de manire plus modre dans une nuance mf, pour mnager la possibilit dun long crescendo dans le dveloppement venir.

    De mme, on retrouvera une nuance p mesure 17 pour un dveloppement semblable.

    Cette manire de reprendre chaque dbut de variation dans une nuance piano permet de suivre la courbe ascendante musicale dun phras qui se conclut gnralement dans un fort. Ceci vite la monotonie dune grisaille sans couleur et retient lattention et lmotion de lauditeur.

    En mme temps que le volume sonore varie en fonction du phras, le vibrato qui doit toujours animer la main gauche sintensifie ou se calme selon le temprament qui caractrise chaque interprte. Cest en cela que se diffrencient les interprtations.

    La variation qui commence la mesure 25 est dune plus intense expression qui anime sa mlodie : allonger larchet et vibrer chaque note. La suivante, mesure 33, commence par un partage entre les voix de soprano et basse, que lon caractrisera par des qualits sonores diffrentes.

    Elle voluera ensuite mlodiquement en passant par diverses tonalits, dont on fera ressortir les notes accidentes, dises ou bmol, par de lgres inflexions jusqu sa

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    conclusion mesure 48. L encore chaque artiste sy exprime selon son temprament. De la mesure 49 57, lauteur, par des squences formules rptitives dont on fera ressortir les dessins successifs grce aux coups darchet indiqus par Enesco, nous conduit linversion ornemente et trs rythmique du thme.

    Mesure 57 commence une variation dallure particulirement nergique par son rythme trs masculin, son change basse/soprano et sa conclusion en arpges trs dynamiques.

    Mesure 65 commencent les variations de plus en plus rapides et dont lalternance des notes lies et marteles ne doit pas altrer moindrement la rgularit du tempo.

    Veiller particulirement ne pas acclrer les notes de prcision en triple-croches. Le travail progressif au mtronome savre trs utile ! La justesse en bnficiera galement ainsi que la clart des longues sries de notes conjointes.

    Mesure 77 revient un pisode trs provisoirement plus calme, o lon pourra, dans une nuance p dolce, retrouver plus dexpression, surtout entre 81 et 85, grce aux intervalles diminus ou augments chers J.S. Bach (et donc on respectera les doigts dEnesco). 85 est le dbut dune trs longue squence de notes rapides de formes varies de toutes manires. Dabord par quatre notes lies et presque toutes conjointes (attention justesse !) et partir de 89 en bariolages de diverses formules (observer attentivement leurs coups darchet !).

    Comme dhabitude on sefforcera de rester p le plus longtemps possible (en dehors dun lger crescendo de 101 105 o lon retrouvera le p).

    Le vritable crescendo ne commencera qu 114 pour aboutir 121 sur de fulgurantes (mais contrles) cadences qui conduiront la rexposition grandiose du thme dans son tempo exact !

    Aprs cette exaltante tempte en r mineur qui vient de sexprimer en toutes sortes de bariolages arpgs, maills dintervalles dramatiques ou apaisants et qui aboutit cette blouissante redcouverte du thme initial, arrive soudain selon le got des contrastes du gnial auteur, la seconde partie du triptyque en r majeur (133).

    Enesco visualisait cet pisode tel un rayon de soleil passant au travers dun vitrail, aboutissant sur les mains tranquilles dun organiste jouant un doux contrepoint, dont la tonalit de r majeur apporte un apaisement bienfaisant pour linterprte comme pour lauditeur !

    Tout en gardant le mme tempo, la nuance subito p et lexpressivit soudain disparue dans une main gauche dtendue et peine ondulante, procure un rpit ncessaire mais de courte dure, car ds la mesure 141 reprennent les activits rythmiques travers une srie de croches ascendantes, mais encore assez calmes, dans un coup darchet lour dolce Ds la mesure 149 apparaissent des double-croches qui raniment lambiance, travers diverses squences rptitives ascendantes ou descendantes de plus en plus agites, qui partir de la mesure 161 va tre marque de manire obsdante par la

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    note LA rpte trois fois dabord dans la nuance p.

    Aprs un long crescendo qui va aboutir 169 une sorte dacharnement sur cette note rpte non plus trois mais quatre fois et contredite par un commentaire en doubles cordes, qui finissent par donner cette variation un caractre mphistophlique que lon peut affirmer par des accents de plus en plus nergiques.

    Cette nouvelle et trs volutive ascension aboutit mesure 177 un pisode trs expressif qui doit tre jou de manire soutenue avec un archet trs la corde, allong sur des accords de plus en plus fournis de 3 et 4 sons avec un vibrato de plus en plus prsent.

    la mesure 201 clate en accords arpgs lapothose de cette seconde partie en r majeur du triptyque ! Allonger tout larchet fff.

    Aprs une respiration, dont la longueur sera une vritable suspension angoissante entre le premier et deuxime temps de la mesure 209, on plongera littralement sur laccord de r mineur qui ouvre la dramatique troisime partie de cette uvre, laquelle une interprtation convaincante doit donner une dimension Shakespearienne...

    Cet accord de r mineur doit se faire de manire fp trs contraste, aussi bien dans le volume que dans lexpression qui passe brutalement de la plus grande exaltation ff au plus profond dsespoir dun pp aussi obscur quune nuit profonde.

    Tous les accords de cette variation doivent tre pris en souplesse et pratiquement arpgs, avec plus de vibrato et trs piano.

    Mesure 217 est le dbut tranquille dune lente et longue ascension travers des formules diverses de plus en plus expressives, qui aboutissent mesure 227 une sorte de rpit cadentiel presque AD LIBITUM et lon se retrouve mesure 229 au dbut dune situation dcrite par Georges Enesco telle que la fameuse fresque sculpturale de Michelangelo nomme Mater Dolorosa et que lon exprimera par des inflexions semblables sur chaque note de la ligne mlodique, en songeant lexpression particulirement douloureuse de ce chef-duvre

    Et lon arrive enfin la dernire variation darpges en progression harmonique de plus en plus serre qui aboutit la CODA carentielle mesure 248 qui elle-mme conduit la dernire rexposition glorieuse du thme pour laquelle on serait heureux de pouvoir saisir trois autres violons et cinq archets pour avoir la force suffisante dexprimer ce que lon ressent en un tel moment !!!

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    Sonata IIIBWV 1005

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    Sonata IIIBWV 1005

    ADAGIOq = 40

    Tel quil en a le secret, J.S. Bach sait faire revenir le calme aprs la tempte !

    Ce prlude Adagio dun tempo lent de q = 40 (quil est souhaitable de commencer travailler e = 80 avant de vraiment le penser 3/4) est dun calme olympien ce qui est presque le cas de le dire, puisquEnesco lui-mme en comparait la structure rythmique rptitive aux colonnes du Parthnon.

    Linterprte de ce prlude difficile (parmi toutes les pices de ce recueil de prouesses techniques) aux riches accords modulant constamment dune tonalit lautre, ne doit laisser paratre aucun effort et laisser rgner la plus tranquille extase.

    Il faut donc tre le matre absolu de sa technique polyphonique.

    Seul un long travail concentr la fois sur la plus grande justesse des intervalles souvent subtils et la conservation dun tempo imperturbable, ainsi que la souplesse des changes tirs/pousss de larchet, peut surmonter toutes ces difficults techniques. Mais, au moment de linterprtation, cest le phras qui devra devenir la premire proccupation vidente !

    L encore, il faut toujours chercher faire ressortir la ligne mlodique en favorisant la pression de larchet sur la corde concerne.

    Mesure 18 on doit inverser les accords pour faire sonner la basse.

    Mesure 20 et 22-23, ce sont les parties intermdiaires qui doivent ressortir, ainsi que 27, 28, 29, etc.

    Les quelques trilles doivent, conformment au tempo gnral, tre lents et ne pas dpasser deux ou trois battements.

    Les trois dernires mesures, en forme de CODA, se terminent sur un crescendo qui met en valeur le dernier accord de dominante qui mne la grande Fugue qui va suivre

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    Sonata IIIBWV 1005

    FUGAh = 66

    Comme pour les deux prcdentes, cette Fugue commence par un thme simple de 4 mesures avec leve en ut majeur, que Georges Enesco faisait jouer en un martel lger au milieu de larchet, quil qualifiait de dtach dorgue , et qui sera utilis tout au long, de manire plus ou moins f ou p.

    Ds la leve de la mesure 5 intervient la voix suprieure qui sajoute la premire. Elles voluent ensemble jusqu la mesure 10 o entrent leur tour la voix soprano, puis les basses. Ces quatre voix finissent de dvelopper ensemble le thme, jusqu la mesure 20 o nous arrivons en Sol majeur.

    L commence le premier divertissement issu de la cellule thmatique initiale, jusqu la reprise du thme la mesure 24 sur la basse, que lon sefforcera de faire ressortir en inversant les accords.

    Mesure 30, on favorisera la voix mdiane jusqu 34 o la cellule va se dvelopper en divertissement vari tour de rle, dans toutes les voix et dont il faut chaque fois faire sentir les entres par un lger renforcement.

    Ce divertissement voluera dans diverses formules rptitives, ascendantes ou descendantes, jusquau retour mesure 92 du thme initial, qui cette fois distribue ses lments dune voix lautre alternativement.

    linterprte de faire sentir ces passages en favorisant la voix concerne. Ceci demande une grande attention.

    Il serait inutile et fastidieux de poursuivre ici cette analyse la mesure prs par une description littraire. Celui qui la comprise jusquici saura la poursuivre instrument en main jusqu la fin.

    Attention linversion du thme mesure 201 signale dailleurs par lauteur lui-mme.

    Pour retenir lattention de lauditeur, il ne faut pas hsiter soutenir les dveloppements ascendants ou descendants, par des nuances qui les soulignent.

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    Sonata IIIBWV 1005

    LARGOe = 48/52

    Une fois de plus, J.S. Bach sait faire revenir le calme aprs la tempte.

    Cette pice lente est empreinte de la plus grande srnit et son indication, qui est la plus lente en musique, ne dpassera pas e = 48/52 au mtronome.Il faut donc adopter des nuances discrtes et un vibrato peine audible, et lorsquils se prsentent, des trilles trs lents d peine deux battements.

    Prendre le temps de respirer entre les phrases en observant les signes ou Prendre le temps de respirer entre les phrases en observant les signes indiquant la fi n ou le dbut des priodes musicales.

    Comme toujours, ce tempo lent sera respect du dbut la fi n de cette mditation sublime.

    ALLEGRO ASSAIq = 110

    Comme son titre lindique, il sagit dun fi nal trs joyeux qui contraste une fois encore avec le Largo qui le prcde.

    Les couleurs f et p demandes par lauteur, ainsi que les coups darchet trs diversifi s lis ou dtachs courts, sont l pour attester de ce caractre la fois rapide et heureux, toujours dans la lumineuse tonalit de Do majeur.

    Tenir larchet bien la corde avec un poignet trs souple dans les bariolages, o lon peut mettre des accents faisant ressortir les notes de la ligne mlodique ou rythmique, contenues dans ce fi nal trs enthousiaste !

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    Partita IIIBWV 1006

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    Partita IIIBWV 1006

    PRLUDEq = 103/110

    Ce magnifique et clbrissime Prlude est le premier mouvement de cette 3me et dernire Suite pour violon solo.

    Son tude est tellement motivante que le plus paresseux des lves devient un travailleur acharn. J.S. Bach lui-mme lestimait assez pour lavoir plus tard transcrit lorgue, auquel il est aussi souvent jou.

    Tous les grands violonistes senorgueillissent de le jouer seul ou avec la superbe suite de six Danses franaises qui lui succdent.

    Enesco le faisait jouer q = 103/110 et surtout pas en mouvement perptuel de vitesse dmentiel et en une suite de notes informe tel quon lentend si souvent.

    Au contraire, les structures rythmiques et les contrastes de nuances indiques par lauteur lui-mme sont l pour forcer linterprte la plus grande discipline de tempo (qui ne doit jamais varier) et de phras (qui ressort si clairement de lcriture).

    On ne doit pas craindre de suivre les mouvements ascendants ou descendants avec des nuances qui les soulignent. Mme si celles-ci napparaissent pas, lcriture elle-mme les inspire fortement.On doit tudier trs soigneusement - et dans un tempo lent - les coups darchet de bariolage, assez difficiles se mettre dans les bras et surtout le poignet, qui doit rester le plus libre possible, quitte se paralyser bien avant la fin de luvre!

    On doit sobliger la plus grande clart de passage de larchet sur les cordes, en lui donnant peu de longueur vers le milieu, un point de contact prcis sur la corde (dont on jugera lendroit le plus favorable loreille) et en veillant son paralllisme parfait avec le chevalet.

    De tous ces dtails techniques prcis dpendra lexcellence de lexcution !

    Il ne sagit surtout pas dune course de vitesse mprisable ! On est chez Bach.

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    Partita IIIBWV 1006

    LOURq = 69

    Comme chez tous les grands artistes, rgne ici le contraste vident de tempo et datmosphre. Cette danse lente, dorigine franaise, est exprime sur une ligne mlodique douce et qui doit se jouer avec un vibrato calme mais prsent sur chaque note.

    La caractristique de cette danse est de donner une lgre inflexion sur chaque croche de leve ou ventuellement sur les double-croches des mesures 6 et 7, 17, 19 et 22. Bien que ces danses naient pas t crites dans un but chorgraphique, il ne faut pas ngliger le style que lauteur a choisi et conserver leur allure un tempo et un rythme dansables.

    L encore, les nuances indiques par Enesco sont souhaitables pour les couleurs quelles apportent linterprtation.

    Les trilles sont lents et ne doivent pas dpasser deux ou trois battements.

    GAVOTTE EN RONDEAUh = 74

    Danse lgante de cour, celle-ci est trs apprcie par les musiciens et souvent impose dans les concours, pour son test de musicalit dans un bon style.

    Lalternance du thme dit refrain et des couplets indique la raison du titre choisi en loccurrence. Il faut respecter la premire reprise avant le premier couplet, que lon commencera mf, mais dont le dveloppement se fera dans la nuance p et dun coup darchet court et lgant vers la pointe (do la qualification par Georges Enesco de danse en souliers vernis ).

    Le refrain se joue dans un lger martel mf vers la pointe de larchet (surtout pas en spiccato) et se termine toujours p, sauf la dernire fois o en plus du crescendo on peut se permettre un lger ralenti.Les couplets de tonalit chaque fois diffrente commencent f en contraste avec la terminaison du refrain p.

    Prendre le temps de respirer, mais reprendre toujours le mme tempo et conserver une lgante souplesse dansante.

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    MENUETSq = 108/112

    Tout comme la Gavotte, le Menuet est une danse de cour dorigine franaise, qui implique douceur et lgance dans son interprtation.

    On utilisera donc la partie suprieure de larchet avec un martel lger et lgant dans une nuance modre, mais quand mme contraste selon le phras.

    Mesure 18, on profitera des formules de legato pour ajouter un peu plus dexpression, sans la main gauche, en allongeant davantage larchet.

    Mesures 19 et 21, on marquera lgrement la sixime croche et on soulignera lvolution du phras par un crescendo; 29 sera p avant de conclure par un f.

    En ayant respect les reprises obliges on enchanera directement le second Menuet dans le mme tempo.

    Il marquera sa diffrence par une allure plus douce et plus cantabile que rythmique.

    L encore il faut respecter les deux reprises avant de reprendre entirement le Menuet I, cette fois sans reprise.

    BOURREh = 84

    Danse populaire franaise fortement rythme trs grand succs musical dans les Suites et de caractre rustique.

    Marquer fortement la leve et le premier temps qui la suit.

    Donner toute leur valeur aux noires qui suivent les croches lies et respecter les contrastes de nuances indiques par lauteur.

    Faire galement les deux reprises demandes.

    GIGUEq. = 59

    Danse populaire assez rapide et nergique o lon y frappe les talons, ce qui implique beaucoup de rsolution dans son interprtation, notamment dans lanacrouse.

    L encore, on respectera les contrastes de nuances et on fera les deux reprises.

    Cette courte et brillante pice est donc la fois la conclusion de la 3me Suite en mi majeur et de ce gnial monument musical que sont les 6 Sonates et Suites pour Violon Solo de J.S. Bach.

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  • $Conclusion$en$forme$de$$

    REMERCIEMENT$!!!! Jai!pleinement!conscience!de!ce!que!reprsente!laudace!de!sapprocher!si!prs! de! deux! personnalits! aussi! prestigieuses! que! JeanGSbastien! Bach! et!Georges!Enesco.!!Le! premier! reconnu! depuis! si! longtemps! et! partout! comme! le! DemiGDieuGCrateur!de!la!Musique,!le!second,!comme!son!meilleur!interprte!des!Sonates$et$Suites$pour$Violon$Solo.!!Ayant! eu! la! chance! exceptionnelle! de! travailler! avec! Enesco! durant! 5! ans,! jai!toujours!su!quil!moffrirait!un!message!si!prcieux!que!jen!notais!aussitt!avec!soin!le!moindre!dtail!que!jai!ensuite!mdit!et!transmis!!mes!lves!durant!60!annes!!Jai!pris!conscience,!lors!de!ma!participation!au!Symposium!de!Bucarest!pour!le!50me!anniversaire!de!sa!mort,!que!mon!devoir! impratif!tait!de!transmettre!aux! futures! gnrations! de! violonistes! les! indications! dEnesco,! que! je!conservais!jalousement!depuis!si!longtemps.!!Nayant!pu!le!faire!luiGmme!en!raison!des!circonstances,!jai!compris!quil!tait!imprieux!de!le!faire!!sa!place!avant!quelles!ne!soient!!jamais!perdues.!!!!

    !!Serge!Blanc!et!Georges!Enesco!saluant!!la!fin!de!leur!concert!(Paris,!1952)!(enregistrement!disponible!sur!www.sergeblanc.com)!

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