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JUIN 2007 – N°435 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL CULTURE AFRICARE AU POCHE DES RÉSERVES, DU SANG ET DES LARMES DÉPOT À BRUXELLES X BELGIQUE- BELGIE PP 1/2345 BXL X Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles L ibertes! DROITS HUMAINS LE DÉFI ISRAÉLO-PALESTINIEN

JUIN 2007 – N°435 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL · juin 2007 – n°435 – le mensuel d’amnesty international culture africare au poche des rÉserves, du sang et

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JUIN 2007 – N°435 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

CULTUREAFRICAREAU POCHE

DES RÉSERVES,DU SANG ET DESLARMES

POT

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XE

LLE

S XBELGIQUE-

BELGIE

PP

1/2345

BXL X

Ne paraît pas auxmois de juillet-août.

9, rue Berckmans1060 BruxellesLibertes!

DROITS HUMAINS

LE DÉFI ISRAÉLO-PALESTINIEN

ACTUEL� États-Unis : Des réserves, du sang et des larmes� Paroles : «Ils disent qu’ils vont

me tuer à petit feu»� Insolites-Brèves

DOSSIERDROITS HUMAINSLE DÉFI ISRAÉLO-PALESTINIEN� Un interminable chassé-croisé� La colonisation de peuplement� Les attaques contre les civils palestiniens� Les attaques contre les civils israéliens� Quel droit au retour ?

MOUVEMENT� Gros plan : «Je me sens une dette

envers Amnesty»� La tête de l’emploi ?

ACTION� Lettres du mois� Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA� Téhéran Blues� Jeunes filles en uniforme� Sauf-conduit pour l’échafaud

É D I T O R I A L

S O M M A I R E

Libertés! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • [email protected] • www.libertes.be • Éditeur respon-

sable: Sven Pitseys • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction : Bruno Brioni, Valérie Denis, Véronique Druant, SamuelGrumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Maryvonne Maes, Jenny Vanderlinden• Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture : Le Mur/Barrière construit par l’Étatd’Israël pour se séparer des Palestiniens en Cisjordanie. Tantôt un mur de béton, tantôt une épaisse clôture électronique, l’édifice serpenteprofondément à l’intérieur des territoires occupés et a abouti à l’expropriation massive de terres palestiniennes. En juillet 2004, la Courinternationale de Justice a rendu un avis consultatif condamnant le Mur/Barrière dans son tracé, pas dans son principe. Ramallah,novembre 2004. © L’Œil Public / Karim Ben Khelifa

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)Madame Michele Ligot : [email protected]

� je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse)Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .� Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre

� Je répartis le montant de : � ma cotisation � de mon abonnement sur toutel’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berck-mans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 (prix de la cotisation ou del'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déducti-bilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 ou plus.Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . lasomme de : � 2,5 � 5 � . . . . . . . . (toute autre somme de mon choix) auprofit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . . . . .et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordre à toutmoment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date: . . . . . . . . Signature:

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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Le 23 mai, Amnesty a sorti son Rapport 2007. À cette occasion,Irene Khan, la secrétaire générale d’Amnesty International,a rappelé que, «en adoptant des politiques à court terme qui

encouragent la peur et créent la division, certains gouvernements sapentl’État de droit et les droits humains, alimentent le racisme et la xéno-phobie, divisent les populations, augmentent les inégalités et sèment lesgraines de nouvelles violences et de futurs conflits». Le Rapport rappelleles dérapages et les crimes commis dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Il s’inquiète aussi de ce que la communautéinternationale se révèle impuissante, versatile ou incohérentedevant des crises aussi graves et lancinantes que celles de Tchét-chénie, de Colombie, du Sri Lanka, du Liban, de Palestine, d’Irak,d’Afghanistan, du Darfour ou de la Corne de l’Afrique.«Dans de nombreux pays», a poursuivi Irene Khan, «un programmepolitique basé sur la peur renforce les discriminations, élargit le fossé entreles possédants et les démunis, entre “eux” et “nous”. En Afrique, des centaines

de milliers de personnes ont été expulsées de chez elles sans aucun respectde la procédure, souvent au nom du progrès économique et sans compensa-tion. En Europe occidentale, de nombreux dirigeants politiques jouent surla peur d’une immigration incontrôlée pour justifier l’adoption de mesuresplus sévères contre les demandeurs d’asile et les réfugiés, tandis que dans lemonde entier, de la Corée du Sud à la République dominicaine, lestravailleurs migrants se font exploiter sans aucune protection. Dans toutesles régions du monde, les manifestations d’islamophobie, d’antisémitisme etd’intolérance ainsi que les attaques contre les minorités religieuses ontaugmenté. L’accentuation des clivages et le renforcement des peurs sur lethème de la sécurité nationale réduisent les possibilités de tolérance et d’ex-pression de toute opinion dissidente, de l’Iran au Zimbabwe.»Il y a tout de même quelques lueurs d’espoir dans ce monde sanspitié, a conclu Irene Khan. «Des institutions européennes ont déclenchéun mouvement favorable à la transparence et à l’obligation de rendre descomptes sur les “restitutions” et l’ONU a accepté d’élaborer un traité sur lecontrôle des armes classiques. Tout comme la lutte contre le réchauffementclimatique requiert une action mondiale fondée sur la coopération interna-tionale, l’érosion des droits humains ne peut être arrêtée qu’à l’aide de lasolidarité mondiale et dans le respect du droit international.»La sortie du Rapport 2007 a été l’occasion pour AIBF de proposerpour la première fois une carte interactive flambant neuve. Elle estconsultable sur : http://www.amnesty.be/channel/msn eToute l’équipe du Secrétariat national vous souhaite le meilleur des étés.

L’INTERNATIONALEDE LA PEUR

Dans les réserves et territoires amérindiens, enparticulier dans les États de l’Alaska, duDakota du Nord, du Dakota du Sud et d’Okla-

homa, un enchevêtrement kafkaïen de juridictionstribales, fédérées et fédérales permet souvent auxauteurs de viols commis contre des femmes amérin-diennes et indigènes de jouir d’une totale impunité.Dans certains cas, un véritable vide juridique crée unclimat favorable aux agressions. Il est en effet néces-saire d’identifier le lieu du crime et l’origine del’agresseur avant déterminer quelles sont les auto-rités judiciaires compétentes : tribales, fédérées oufédérales. Outre la perte d’un temps précieux, il enrésulte des enquêtes bâclées, voire une absence totaled’instruction.En outre, les dispensaires de l’Indian Health Servicemanquent d’infirmières formées spécifiquement àl’examen des victimes d’agressions sexuelles et, mêmelorsqu’il est fait usage d’un matériel ad hoc de recueildes preuves médicolégales, ces dernières sont souventmal exploitées par la justice.Deux rapports d’Amnesty International (1), publiés finavril, montrent que les chiffres officiels, aussichoquants soient-ils, restent hélas en deçà de la réalité,beaucoup de femmes ne signalant pas les agressionsdont elles sont victimes, de crainte que leur plainten’aboutisse pas. Dans l’Oklahoma, un assistant social

travaillant parmi les femmes indigènes rapporte ainsique, sur 77 Amérindiennes victimes d’agressionssexuelles ou de violences domestiques, seules troisont porté plainte auprès de la police.Les autorités fédérales n’ont jamais réagi au sous-financement des systèmes judiciaires tribaux, ce quirestreint la capacité de ces derniers à réprimer lesviolences sexuelles. Plus incroyable encore, le droitfédéral limite à un an les peines que les tribunauxtribaux peuvent prononcer, quelle que soit l’infractionjugée. De même, les juridictions tribales ne peuventjuger des suspects non-indiens. Or, les chiffres fournispar le ministère de la Justice indiquent que 86 % desauteurs d’agressions sexuelles ne sont pas des indi-gènes.Les autorités judiciaires fédérées et fédérales fontpreuve d’une inefficacité redoutable dans la pour-suite des auteurs non-indiens de violences sexuellescontre des Amérindiennes. Selon un ancien procu-reur fédéral, «il est difficile d’instruire une affaire lorsque lavictime est indigène, mais pas son agresseur.» Or, une foisqu’une affaire est classée au niveau fédéral ou del’État, la victime ne dispose plus d’aucun recourspénal.Pour Denise Morris, administratrice et directrice géné-rale de l’Alaska Native Justice Center, «les ancienscommencent à reconnaître que trop de nos femmes et de nos

Libertés ! Juin 2007 3

A C T U E L

VENEZUELALIBERTÉ MENACÉELe 27 mai, la station Radio Caracas Televisión aété fermée suite au non-renouvellement de sesdroits de transmission. C’est la dernièremesure en date dans une longue série d’initia-tives visant à réduire progressivement le droità la liberté d’expression. Cette fermetureintervient après plusieurs menaces etattaques contre des journalistes, dont deuxont été assassinés en 2006. Elle fait suite égale-ment à l’ouverture de poursuites judiciairescontre des membres des médias et à lapromulgation de mesures législatives restrei-gnant la liberté d’expression. Pour AmnestyInternational, «les autorités vénézuéliennes doiventrespecter la liberté d’expression, y compris celle deleurs opposants». e

MYANMAR (BIRMANIE)ASSIGNATION ÉTERNELLEL’ordre d’assignation à résidence de DawAung San Suu Kyi, la dirigeante de la NationalLeague for Democracy (NLD) arrivant à expirationle 27 mai, les autorités du Myanmar n’ontpas hésité à le prolonger d’un an deux joursauparavant 25 mai. La situation déjà alar-mante des droits humains au Myanmar s’estencore dégradée en 2006, comme entémoigne, par exemple, la violence des opéra-tions militaires menées dans l’État kayin, etles parodies de justice infligées aux autresopposants et syndicalistes. Sur les 18 dernièresannées, Aung San Suu Kyi en aura passé plusde 11 assignée à résidence de façon arbitraire.Le reste du temps, sa liberté de circulation aété drastiquement limitée par les autorités.Elle n’a jamais été inculpée ni jugée. e

MAROCDÉCÈSLe président du Conseil consultatif marocaindes Droits de l’Homme (CCDH), Driss Benzekriest décédé le 20 mai à Rabat «à la suite d’unelongue maladie». Ancien opposant au roiHassan II, Driss Benzekri, 57 ans, avait éténommé en 2003 par Mohammed VI à la têtede l’Instance Équité et Réconciliation (IER)chargée de tourner la page des violations desdroits humains au Maroc pendant les «annéesde plomb» du règne d’Hassan II, de 1960 à1999 (voir Libertés ! n° 434 de mai 2007). e

DROITS HUMAINSPRIX MARTIN ENNALS 2007Le 4 mai, le Prix Martin Ennals 2007 a étédécerné aux Sri Lankais Rajan Hoole et Kopa-lasingham Sritharan, et au Burundais PierreClaver Mbonimpa. Cofondateurs de l’antennede Jaffna de la University Teachers for HumanRights (UTHR), les lauréats sri lankais publient,au risque de leur vie, des rapports détaillés surles atteintes aux droits humains commisestant par le gouvernement sri lankais que parles Tigres de la Libération de l’Eelam tamoul(LTTE). Policier au Burundi jusqu’endécembre 1994, Pierre Claver Mbonimpa apassé deux ans en prison sur la base defausses accusations. À sa sortie de prison, il afondé une ONG pour lutter contre la tortureet protéger les droits des prisonniers, dont9 000 détenus qui attendent d’être jugésdepuis des années dans les prisons surpeu-plées du pays. e

ÉTATS-UNIS

DES RÉSERVES, DU SANGET DES LARMESAux États-Unis, les femmes amérindiennes et indigènes d’Alaska sont victimes de viols et deviolences sexuelles dans des proportions alarmantes. Pis, elles ont 2,5 fois plus de risques d’êtreviolées ou agressées sexuellement et plus d’une sur trois seront violées au cours de leur vie. Ledédale juridique des relations entre l’Union, les États et les réserves tribales empêche les victimesd’obtenir justice.

jWinona FlyingEarth,coprésidente deBridges AgainstDomestic Violence(«Ponts contre lesviolencesdomestiques»,BADV). Cette ONGa été fondée dansl’État du Dakotadu Sud. BADV aouvert desrefuges pour lesAmérindiennes(sioux) de laréserve deStanding Rock,victimesd’agressionssexuelles et deviolencesconjugales.Mobridge,février 2006.© AI / Adam Nadel

L’INSOLITE

A C T U E L

Rabiatou Diallo. Conakry, avril 2007. © Jacky Delorme

enfants ont été violées. Ce faisant, ils nous permettent decomprendre que nous devons nous unir pour sortir de l’ombre etbriser le silence. Ce que nous ne reconnaissons pas reste en nous.Le gouvernement des États-Unis a la responsabilité juridique etmorale de fournir aux organisations indigènes les moyens detrouver des solutions et de favoriser la cicatrisation et le bien-êtrede notre communauté.»Amnesty International a interpellé les autorités fédé-rales, fédérées et locales en leur demandant de renforcerla formation des différents personnels judiciaires et deprendre des mesures concrètes pour limiter la violencesexuelle et améliorer les services destinés aux femmesindigènes victimes de viol.Pour l’organisation, le Congrès américain doit financeret appliquer pleinement le Violence Against Women Act(VAWA, Loi sur la violence contre les femmes) – et enparticulier son volet tribal, le Tribal Act (titre IX). Bien quetardif, ce dernier constitue en effet la première tentativejamais entreprise de combattre la violence à l’égard desfemmes amérindiennes et indigènes. Ce volet prévoit,entre autres, de mener une vaste enquête de terrain surtout le territoire américain dans le domaine desviolences sexuelles contre les femmes indigènes, ainsiqu’une étude sur l’impact des lésions liées aux violencessexuelles et, enfin, l’établissement d’un registre tribalpour le suivi des auteurs de crimes sexuels.De même, le Congrès doit allouer davantage de moyensfinanciers à l’Indian Health Service et à ses partenaires. Cesmoyens doivent être utilisés pour augmenter le nombre

d’infirmières formées à l’examen des victimes d’agres-sions sexuelles afin que les victimes puissent bénéficierdans les meilleurs délais d’un examen médicolégalgratuit en cas d’agression.Par ailleurs, le législateur américain doit accorder auxautorités tribales la compétence de juger toute personnecommettant des infractions sur le territoire tribal, c.à.d.y compris des suspects non indigènes. Le gouvernementfédéral doit fournir les fonds nécessaires aux forces depolice indigènes d’Alaska, en veillant tout particulière-ment à améliorer la couverture dans les zones rurales età allouer des moyens suffisants aux autorités tribalespour la mise en place et le maintien des tribunauxtribaux.Enfin, les autorités fédérales et les gouvernementsfédérés doivent travailler en consultation et en coopéra-tion avec les nations tribales, et en particulier avec lesfemmes indigènes, pour mettre en place des plans d’ac-tion efficaces de lutte contre la violence sexuelle dont cesfemmes sont victimes.La sortie des deux rapports marque le lancement d’unecampagne menée sur le territoire américain avec lesfemmes amérindiennes et les femmes indigènesd’Alaska. e AI

(1) Maze of Injustice : The failure to protect Indigenous women from sexualviolence in the USA (AMR 51/035/2007) ; Sexual violence against NativeAmerican and Alaska Native women : Briefing on Oklahoma, North and SouthDakota and Alaska (AMR 51/070/2007).

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Le 2 janvier, un mouvement intersyndical lanceun mot d’ordre de grève générale en Guinée-Conakry : le Président a libéré deux

représentants du secteur privé accusés de gravesmalversations, des accords sociaux ne sont pasrespectés et les conditions de vie ne cessent de sedétériorer. Plus de 129 personnes sont tuées et 1 700blessées durant les grèves et manifestations, enjanvier et février. Rabiatou Diallo, secrétaire géné-rale du syndicat CNTG (Confédération nationale desTravailleurs de Guinée), est blessée et arrêtée. «La Guinée commence enfin à sortir de la crise. Nous avonsun nouveau gouvernement de large consensus, mais le travailcommence maintenant : il y a des éléments qui se sont enra-cinés, qui ont pris goût à la mauvaise gouvernance, àl’impunité et aux détournements. Ce ne sera pas facile dechanger cette donne. Le nouveau gouvernement doit restruc-turer toute l’administration, redresser l’économie guinéenne.Les attentes sont énormes car la vie quotidienne est très diffi-cile : nous sommes sans eau potable, sans électricité, leshôpitaux ne sont pas suffisamment équipés, l’enseignementest au plus mal… Presque tout est à refaire en Guinée.«Les syndicats ont obtenu un énorme soutien populaire lorsdes manifestations car les gens en avaient ras-le-bol de lamanière dont ça se passait. Quelques hommes avaient pris lepays en otage, ils profitaient de la situation au détriment detout le peuple. Malgré les principes de la CEDAO (Commu-nauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) concernant

la libre circulation des personnes et des biens, nous avonsdemandé le blocage de l’exportation des denrées alimen-taires de première nécessité pour une durée d’un an : laGuinée était dans une situation exceptionnelle, même celui quiavait les moyens ne pouvait pas bien manger car on ne trou-vait rien au marché. Tout était exporté, même les balais deménagères ! Depuis qu’on a bloqué ces exportations, les gensrespirent un peu. Même si le pouvoir d’achat des travailleursest à terre, ils voient qu’il y a du bon poisson, de la viande,des légumes sur la place du marché. «Nous avons payé un prix très lourd pour obtenir ces avan-cées. J’ai moi-même été blessée par balles au cours desmobilisations. Dans la panique, on a annoncé à ma sœur quej’étais décédée, elle a eu une crise et en est morte. J’ai recueillises cinq enfants alors que j’en ai déjà conçu neuf, dont septsont vivants, et que je m’occupe aussi d’enfants orphelins. Jen’ai pas pu aller à l’enterrement de ma sœur car ce jour-là,il fallait aller à la table de négociations. Ils disent qu’ils vontme tuer à petit feu… Récemment, alors que j’étais en missionen Belgique, on m’a appelée de Guinée pour m’avertir qu’onavait brûlé ma plantation. Ça faisait des années que jetravaillais pour cette plantation avec mon mari, avec lafamille, nous avions des arbres fruitiers qui commençaientà produire.La solidarité internationale nous aide à tenir bon, notam-ment celle des syndicats internationaux et de syndicatsbelges. Ils ont écrit au gouvernement, envoyé des missions enGuinée. Voir le monde entier se mobiliser pour nous soutenirm’a encouragée, ça a renforcé ma position. Je me suis dit queje n’ai pas le droit à l’erreur, je ne dois pas reculer, je doisavancer pour atteindre mon objectif. Si je baisse les bras, jevais décourager tout un peuple». e Propos recueillis parSamuel GrumiauL’intégralité de ce témoignage est acessible sur lesite de la Confédération syndicale internationale :www.ituc-csi.org

P A R O L E SGUINÉE-CONAKRY

«ILS DISENT QU’ILS VONTME TUER À PETIT FEU»

PERLE PARANORMALELe Princeton Engineering Anomalies Resarch Labo-ratory (PEARL) a fermé ses portes. Celaboratoire d’étude des phénomènes para-normaux se consacrait à la téléportation etautres pseudo phénomènes. Ses scientifiquesont fait preuve d’une honnêteté rare en déci-dant de mettre fin à leurs recherches au boutde 28 années d’efforts infructueux et10 millions de dollars de frais engloutis. Lematériel consistait en des boîtes d’allumettes,des paquets de cigarettes ou des balles deping-pong que des cobayes étaient censésdéplacer par la seule force de leur pensée.Rien de décisif n’a été découvert durant cesannées d’observation et, quand une balle deping-pong bougeait de quelques millimètres,personne ne pouvait garantir que ce n’étaitpas à cause d’un courant d’air. Pareilsgroupes d’étude existent toujours en Russie.Ils y jouissent d’une popularité considérableauprès des chaînes de télévision, qui invitentrégulièrement des spécialistes des ovnis, despassionnés de minéraux intelligents et autresdécouvreurs des propriétés magiques de l’eaudu robinet. e (D’après Courrier international)

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D O S S I E R

Il y a 40 ans, la guerre desSix Jours éclatait. Cette troisièmeconfrontation armée entre l’Étatjuif et les États arabes frontaliersa eu une issue différente desprécédents conflits. Jusqu’alors,les acteurs principaux étaient lesÉtats, juif et arabes. LesPalestiniens, largement exclus dela partie depuis la disparition dela Palestine en 1948-1949, étaientperçus, pour reprendrel’expression d’un éditorialistelocal, comme «une simple plaieouverte qu’il serait possible decautériser en cas d’accord» depaix. Mais, l’occupation et lacolonisation de la Cisjordanie etde la Bande de Gaza par l’arméeisraélienne ont de factoreconstitué l’unité de l’anciennePalestine. Depuis juin 1967, leconflit est redevenu celui quioppose les Israéliens auxPalestiniens en Israël, dans lesterritoires occupés et dans lesdiasporas. S’est ainsi développéeune relation interminable etviolente faite d’occupation, decolonisation, d’insurrection, deterreur et de paranoïa.Pendant ce temps, AmnestyInternational s’est développée et,petit à petit, a fini par formulerune «doctrine» universelle enmatière de lutte pour les droitshumains et contre leurs violationstant par des États que par desorganisations armées. Et ce,quelle que soit la légitimité desuns et des autres. Le conflitisraélo-palestinien n’y échappepas et ce dossier entend faire lepoint.

Le conflit israélo-palestinien oppose l’État d’Israël à la population palestiniennede Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la Bande de Gaza, des territoires que l’Étathébreu occupe depuis le 10 juin 1967. Mais ce conflit a commencé un peu plus tôt.Un rapide et très partiel retour en arrière.

UN INTERMINABLECHASSÉ-CROISÉ

En 1917, la Grande-Bretagne, puissanceoccupante de la Palestine, doit gérerdeux promesses contradictoires : la

promesse faite aux responsables nationalistesjuifs (sionistes) de créer un foyer nationaljuif (la Déclaration Balfour) et celle faite auxArabes de Palestine d’exercer leur droit àl’autodétermination. Dans les années trente,un soulèvement arabe est violemmentréprimé par les Britanniques. En 1944, auterme de la Seconde guerre mondiale,quelque 6 millions de Juifs d’Europe ont étéexterminés. La tragédie radicalise les diri-geants du mouvement nationaliste juif

décidés à proclamer un État juif indépen-dant pour les 600 000 Juifs de Palestine et àl’imposer par la force aux 1300000 Arabes dePalestine. De leur côté, ces derniers, inspiréspar leurs voisins syriens et irakiens, sontconvaincus qu’ils n’obtiendront leur indé-pendance que par les armes.Le 29 novembre 1947, l’ONU propose la parti-tion du pays en un État juif (55 % duterritoire, 51 % de Juifs et 49 % d’Arabes), unÉtat arabe (44% du territoire, 96% d’Arabes et4 % de Juifs) et une ville de Jérusalem mixteplacée sous protectorat international.Acceptée formellement par la majorité des

DROITS HUMAINS

LE DÉFI ISRAÉLO-PALESTINIEN

l

Dans la Bande de Gaza,une rixe éclate entre unpolicier palestinien (g)et des garde-frontièresisraéliens qui réprimentà balles réelles lesmanifestationscommémorant ladisparition de laPalestine et l’exode desPalestiniens de 1948.Survenus en mai 2000,ces affrontementsannoncent la secondeIntifada, qui éclatera 4 mois plus tard. Cesincidents se déroulentdevant Netzarim, unecolonie finalementdémantelée dans lecadre du«désengagement»israélien d’août 2005.Nuseirat, mai 2000 © Reuters / AhmedJadallah

représentants des Juifs de Palestine, la partition est refusée par la majo-rité des représentants des Arabes de Palestine et par les États arabes. Auterme de la première guerre israélo-arabe, Israël contrôle 78 % de l’an-cienne Palestine. Des armistices sont signés entre Israël et les États arabesvaincus. Ils tracent une «ligne verte» qui est aujourd’hui considéréecomme la frontière de facto de l’État hébreu. D’une part, après avoirannexé la Cisjordanie et Jérusalem-Est, le royaume de Transjordaniedevient la Jordanie. D’autre part, l’Égypte administre militairement laBande de Gaza, sans pour autant l’annexer.

REFUGIÉS CONTRE RESCAPÉSEn 1949, plus de 700 000 des 1 380 000 Arabes de Palestine sont devenusdes exilés et ont trouvé refuge majoritairement à Gaza et en Cisjordanie.La même année, l’ONU adopte la résolution 194 prônant le retour des réfu-giés palestiniens désireux de «vivre en paix avec leurs voisins» ou leurindemnisation. Cette résolution reste à ce jour lettre morte, tant lesdirigeants israéliens vivent dans la hantise de voir se restaurer une majo-rité démographique arabe au cœur même de l’État d’Israël. Enfin, 470 des560 localités arabes du territoire israélien sont rasées, tandis que160 nouvelles localités juives et plusieurs villes arabes désertéesaccueillent 300000 rescapés du génocide juif. Les Arabes restés sur le terri-toire du nouvel État d’Israël acquièrent la nationalité israélienne.En 1964, l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) est créée et tentede fédérer les mouvements nationalistes. Entre-temps, l’usage a fini parappeler les Arabes de Palestine tout simplement Palestiniens. À cemoment, les enjeux sont clairs : pour les dirigeants israéliens, il n’existepas de peuple palestinien mais des «Arabes du Pays d’Israël» (le Grand Israëlbiblique), tandis que pour les dirigeants palestiniens, l’État juif n’aaucune légitimité et doit être démantelé.En 1967, la «guerre des Six jours» débouche sur l’occupation par Israël dela Cisjordanie et de la Bande de Gaza palestiniennes, du Sinaï égyptienet du Golan syrien, tandis que Jérusalem-Est est annexée. Les États arabeset l’OLP refusent toute idée de négociation avec Israël. L’ONU adopte la réso-lution 242 : condamnation de l’occupation de territoires et affirmationdu droit des États de la région à vivre dans des frontières sûres et recon-nues. À partir de 1968, le gouvernement israélien implante plusieursdizaines de colonies juives de peuplement dans les territoires occupés.En 1974, en dépit de l’opposition d’Israël et des États-Unis, les Nations unies

reconnaissent l’OLP, dominée parle Fatah nationaliste de YasserArafat, comme représentantunique et légitime du peuplepalestinien.En décembre 1987, un soulève-ment palestinien (Intifada) éclateen Cisjordanie et à Gaza. Un anplus tard, en novembre 1988, lesdirigeants de l’OLP proclamentla création d’un État de Palestinedans les territoires occupés etreconnaissent toutes les résolu-tions de l’ONU, y compris cellesreconnaissant Israël. Cetterupture se heurte au refus d’ungouvernement israélien alorsdominé par des partis ultrana-tionalistes.En septembre 1993, des lettresde reconnaissance mutuelle sontéchangées entre Israël et l’OLP.

Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le président de l’OLPYasser Arafat signent à Washington les «Accords d’Oslo» (1) sur une auto-nomie transitoire palestinienne dans les territoires occupés (et non desterritoires occupés), une autonomie censée déboucher sur un «statutpermanent» en mai 1999. Une Autorité palestinienne dirigée par YasserArafat prend la relève de l’administration civile et du gouvernementmilitaire israéliens dans les zones urbaines de Gaza et de la Cisjordanie,tandis que l’armée israélienne occupe toujours la majorité des terri-toires et encadre les colonies de peuplement. En juillet 2000, le président américain Bill Clinton lance à Camp Daviddes négociations sur le «statut permanent» des territoires occupés pales-tiniens. Les pourparlers débouchent sur un désaccord total sur le tracédes frontières, le statut de Jérusalem, le sort des 4 millions de réfugiéspalestiniens et, enfin, l’avenir des implantations juives de peuplement etde leurs 400 000 résidents.

DESCENTE AUX ENFERSLe 28 septembre 2000, Ariel Sharon, alors chef de file de l’opposition natio-naliste israélienne, obtient du gouvernement travailliste l’autorisation devisiter l’Esplanade de la Vieille Ville de Jérusalem (Noble Sanctuaire pourl’islam, Mont du Temple pour le judaïsme). Dans un climat tendu à l’ex-trême, les manifestations palestiniennes sont violemment répriméespar la police et l’armée israéliennes, qui recourent aux armes lourdes (2).C’est le début de la deuxième Intifada.Le soulèvement se militarise tandis que des organisations islamistescomme le Hamas et certains pans du Fatah organisent des campagnes d’at-tentats suicides en territoire israélien, ce qui radicalise l’opinion publiqueisraélienne. L’Autorité palestinienne se désagrège sous les coups del’armée israélienne et de milices palestiniennes parmi lesquelles beaucoupbasculent dans la criminalité de droit commun. En novembre 2004,Yasser Arafat, président de l’OLP depuis 1968, meurt. Un an plus tard, enjanvier 2006, Ariel Sharon, Premier ministre depuis février 2001 et prin-cipal concepteur de la colonisation de peuplement depuis les années 70,tombe dans le coma.Entre-temps, le gouvernement israélien a poursuivi une politique derépression implacable en organisant le blocus des zones autonomes deCisjordanie (39 %) et de la Bande de Gaza et en édifiant une «barrière deséparation» officiellement destinée à empêcher l’infiltration des kamikazespalestiniens et la poursuite des attentats suicides inaugurés par le Hamas(Mouvement de la Résistance islamique) en 1994. Cette «barrière» risqued’aboutir à l’annexion de facto d’un tiers de la Cisjordanie (3).En août 2005, Israël a procédé à son «désengagement» unilatéral de laBande de Gaza. En janvier 2006, les élections législatives palestiniennesmarquent la victoire du Hamas (immédiatement suivie de sanctionséconomiques européennes, condamnées par Amnesty International (4)),plébiscité pour sa promesse d’un retour à l’ordre, de lutte contre lacorruption et d’indépendance nationale par les armes. En mars 2006, leparti centriste Kadima (des dissidents du parti nationaliste du Likoud)remporte les législatives israéliennes. Allié aux travaillistes, il est plébis-cité pour son programme de retraits unilatéraux (c.à.d. sans négociationsavec les Palestiniens) hors d’une majorité de la Cisjordanie et sur sapromesse de poursuivre l’édification du mur de séparation.Depuis, théoriquement dégagée de l’occupation israélienne, la Bande deGaza reste légalement un territoire occupé, tandis que, tout aussi théo-riquement administrée par l’Autorité palestinienne, cette région s’enfoncedans le chaos sécuritaire et humanitaire provoqué par les affrontementsentre les miliciens du Hamas, certains services de sécurité officiels qui nereconnaissent ni la légitimité des élections palestiniennes du prin-temps 2006, ni celle du gouvernement d’union établi en mars 2007 et,enfin, des gangs qui sèment la terreur parmi la population. En Cisjordanie,la colonisation de peuplement a été relancée officiellement tandis quela création d’«avant-postes» coloniaux se généralise. Comme c’est deGaza que sont tirées régulièrement des roquettes palestiniennes artisa-nales sur les villes israéliennes voisines, le territoire fait l’objetd’incursions israéliennes et de bombardements réguliers.Dans tout cela, la communauté internationale reste aux abonnés absents.Qui se souvient qu’en 2003, une «feuille de route» avait été négociéeentre Israël et l’Autorité palestinienne, sous le parrainage d’un «Quartette»composé des Nations unies, des États-Unis, de l’Union européenne et dela Russie ? e Pascal Fenaux

(1) http://www.knesset.gov.il/process/docs/oslo.htm.(2) Ha’Aretz, 4 octobre 2000. (3) Ha’Aretz, 29 novembre 2004.(4) Amnesty International appelle à une action internationale pour empêcher une détério-ration des droits humains en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (MDE 15/035/2006).

jDes soldats israéliens prennentposition sur le Mont du Temple(Noble Sanctuaire) en prévisionde la visite d’Ariel Sharon, chefde file de l’oppositionnationaliste, autorisé à fairecette visite controversée par legouvernement travaillisted’Ehoud Barak. Jérusalem,28 septembre 2000 © Reuters / Flash 90

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Des ouvriers palestiniens sur un chantier d’extension de Maale Adoumim, une colonie urbaine de peuplement située entre Jérusalem et Jéricho, en Cisjordanie. La construction de logements fut la plus intense durant la période des accords d’Oslo (1993-2000). Juillet 1998. © Reuters / Rula Halawani

Quelque 450 000 colons vivent en Cisjordanie occupée, dont200 000 environ à Jérusalem-Est, annexée en 1967. La présencede colonies israéliennes dans les territoires occupés est la cause

de violations systématiques des droits humains(1) : restrictions sévères impo-sées aux déplacements des Palestiniens ; construction et entretien d’unréseau de routes de «contournement» réservées aux colons israéliens; impo-sition de couvre-feux et de bouclages ; barrages routiers et postes decontrôle qui limitent la liberté de mouvement des Palestiniens et denombreux autres aspects de leur vie quotidienne ; destruction d’habita-tions et de terres ; saisie illégale et appropriation de terres palestiniennes;et, enfin, la construction du mur/barrière à l’intérieur de la Cisjordanie (2).Ces mesures asphyxient l’économie palestinienne.Les barrages israéliens sont destinés prioritairement à empêcher lesPalestiniens de s’approcher des colonies israéliennes (3) et d’accéder auxroutes reliant ces colonies entre elles et au territoire israélien. Cette poli-tique constitue une violation des dispositions du droit internationalhumanitaire et relatif aux droits humains, et notamment de la prohibi-tion de la discrimination. Ainsi, les colonies israéliennes et les vastesétendues de terres qui les entourent sont exclusivement réservées aux juifsisraéliens. Les Palestiniens ne sont pas autorisés à construire sur cesterres ni à les cultiver, entre autres interdictions. Les colonies consommentbeaucoup d’eau, ce qui prive la population palestinienne d’une ressource

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Libertés ! Juin 2007 7

LA COLONISATIONDE PEUPLEMENTEn quarante ans, l’État d’Israël a implanté officiellement120 colonies de peuplement (ou «implantations») dans lesterritoires occupés. Cette politique s’oppose au droitinternational qui la considère comme un crime de guerre etAmnesty International l’a plus d’une fois condamnée.

naturelle rare et essentielle. La saisie et l’appropriation de terres, d’eau etd’autres ressources au profit des colonies israéliennes ont eu des consé-quences désastreuses pour les droits fondamentaux des Palestiniens, etnotamment le droit à un niveau de vie convenable, au logement, à la santé,à l’éducation, au travail et à la liberté de mouvement.Il existe plus de 120 colonies israéliennes officielles en Cisjordanie occupéeet plus de 100 «avant-postes» créés sans l’approbation des autorités maisen réalité avec leur accord tacite. Une fois établis, les «avant-postes» nonautorisés se voient souvent accorder une reconnaissance officielle entant que colonie. Bien que le gouvernement se soit engagé, dans le cadrede «la feuille de route» en 2003, à geler l’expansion des colonies et àdémanteler les «avant-postes» non autorisés, dans la pratique, la cons-truction et l’expansion des colonies et des «avant-postes» se sontpoursuivies. En septembre 2006, le gouvernement israélien a lancé desappels d’offre pour la construction de 700 nouvelles maisons dans desimplantations de Cisjordanie. Plus de 3500 unités d’habitation étaient enconstruction le mois suivant.Les colonies violent l’article 49 de la Quatrième Convention de Genève quidispose : «La Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au trans-fert d’une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle» ainsique l’article 55 du Règlement de La Haye concernant les lois et coutumesde la guerre sur terre qui interdit à la puissance occupante de changer lecaractère et la nature des biens publics, sauf pour des impératifs de sécu-rité et dans l’intérêt de la population locale. La construction en Cisjordanieoccupée de colonies, de routes et d’infrastructures destinées aux Israéliensne remplit pas ces deux conditions exceptionnelles. Le Statut de Rome dela Cour pénale internationale (CPI) inclut parmi les crimes de guerrerelevant de la compétence de cette juridiction le «transfert, direct ou indirect,par une puissance occupante d’une partie de sa population civile, dans le territoirequ’elle occupe […] lorsque ces crimes s’inscrivent dans le cadre d’un plan ou d’une poli-tique ou lorsqu’ils font partie d’une série de crimes analogues commis sur unegrande échelle» (article 8-2-b-viii).La communauté internationale dénonce de longue date l’illégalité des colo-nies israéliennes dans les territoires occupés dont elle a réclamé à maintesreprises le démantèlement. Mais, dans les faits, une majorité de coloniesisraéliennes ont été créées après l’adoption, en 1980, de la résolution 465du Conseil de sécurité des Nations unies les condamnant. L’augmentationla plus importante des infrastructures ainsi que du nombre des colons aeu lieu durant le processus de paix d’Oslo (1993-2000) avant le déclenche-ment de l’Intifada de 2000. e AI

(1) Israël et territoires occupés. La question des implantations doit être abordée selon le droit interna-tional (MDE 15/085/2003).(2) Le mur/barrière et le droit international (MDE 15/016/2004).(3) West Bank: Closure Count Analysis, Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires(ONU), septembre 2006.

Les autorités israéliennes mènent depuis long-temps une politique d’exécutions extra-judiciaires (appelées «liquidations ciblées») des

Palestiniens recherchés plutôt que de les arrêter etd’engager des poursuites à leur encontre (1). Cesattaques ont tué ou blessé moins de «cibles» visées quede personnes (femmes et enfants) qui se trouvaient parmalheur sur les lieux des exécutions. Les arguments invoqués par Israël sont en contradic-tion avec ses obligations au regard du droitinternational humanitaire et relatif aux droitshumains. L’État d’Israël affirme que, dans la situationactuelle de «conflit armé proche de la guerre», sa pratiqueconsistant à assassiner des Palestiniens est permise parles lois de la guerre. Il est important de noter qu’Israëla eu recours à de telles pratiques à maintes reprisespendant de nombreuses années avant qu’éclate l’ac-tuelle Intifada. Les autorités israéliennes répètentque ces exécutions sont «nécessaires», Israël n’étant pas

en mesure d’arrêter des Palestiniens dans les zonesplacées sous le contrôle de l’Autorité palestinienne enapplication des accords d’Oslo. Les responsables poli-tiques et militaires israéliens évoquent égalementdes «cas de bombes à retardement», désignant ainsi lespersonnes en route pour lancer une attaque. En fait,l’armée israélienne n’a fourni aucune preuve que lesPalestiniens qu’elle a assassinés étaient sur le point deperpétrer une attaque ou en route pour le faire. Lesvictimes ont été tuées dans des zones des Territoiresoccupés éloignées de cibles israéliennes potentielles(implantations, routes empruntées par les colons oupositions de l’armée).Pour Amnesty, l’armée israélienne dispose de moyenslégaux pour s’attaquer à la menace représentée par lespersonnes soupçonnées d’avoir participé à des attaquescontre des Israéliens. L’armée et les services de sécuritéisraéliens exercent dans les faits un contrôle total desterritoires occupés, y compris dans les zones relevantde l’Autorité palestinienne. En six ans, elles ont ainsiarrêté des dizaines de milliers de Palestiniens qu’ilsaccusent d’avoir perpétré, aidé ou planifié des attaquescontre des soldats et civils israéliens. e AI

(1) Israël et territoires occupés. Israël doit mettre fin à sa politique d’assas-sinats (index AI : MDE 15/056/2003).

LES LIQUIDATIONS«CIBLÉES»

Ce lundi 4 juin,Amnesty Internationalpublie un rapport surl’impact del’occupationisraélienne sur lapopulation

palestinienne des territoiresoccupés depuis 1967: Enduringoccupation - Palestinians undersiege in the West Bank (MDE15/033/2007).Pour de plus amples informations,contacter la Coordination ITOP(Israël et territoires occupéspalestiniens): [email protected] [email protected].

8 Libertés ! Juin 2007

Le 30 septembre 2000, premier jour des manifestations de l’Inti-fada dans la bande de Gaza, les troupes israéliennes tiraient àballes réelles contre les manifestants. Les incidents les plus

sanglants eurent lieu devant un bunker de l’armée israélienne, aucarrefour de la colonie de Netzarim (démantelée en août 2005), dans labande de Gaza. Quatre personnes furent tuées, dont un enfant de12 ans et le chauffeur d’une ambulance. Plus de 190 personnes, ycompris des passants, étaient blessées. Le lendemain, l’armée israé-lienne utilisait des hélicoptères de combat pour tirer sur lesmanifestants.Bien que des Palestiniens armés se soient trouvés dans la foule desmanifestants civils ou à proximité, ils ne représentaient pas un dangerimportant pour les soldats israéliens retranchés à l’intérieur d’unbunker bien fortifié. La présence des hommes armés ne justifiait pas l’uti-lisation disproportionnée de la force meurtrière contre les manifestants.Depuis cette date, les soldats israéliens ont fréquemment fait un usageexcessif de la force contre les Palestiniens. Ils ont eu recours à desméthodes constituant une violation des normes relatives aux droitshumains, lesquelles prévoient que la force ne peut être utilisée quelorsque cela est absolument nécessaire et seulement d’une manièreproportionnée à la menace.En février 2005, au terme d’un accord qu’ils avaient largement respecté,le Hamas et les autres groupes armés palestiniens s’étaient engagés àobserver un cessez-le-feu informel (tahadiyeh ou «accalmie»). Si le nombrede morts israéliens diminua fortement en 2005, celui des Palestiniensvictimes d’attaques israéliennes augmenta fortement. Si de nombreux

Entre octobre 2000 et décembre 2006, plus de 4000 Palestiniens,des civils non armés pour la plupart, dont 800 enfants, ont ététués par les forces de sécurité israéliennes. Un crime de guerrepour Amnesty.

LES ATTAQUESCONTRE LESCIVILSPALESTINIENS

D O S S I E R

Palestiniens tués par les forces israéliennes dans les territoires occupésavaient participé à des affrontements armés et à des attaques, ce n’étaitpas le cas de la majorité des victimes qui trouvèrent la mort à la suite d’unusage délibéré et inconsidéré d’armes à feu, de tirs d’artillerie ou defrappes aériennes menées par les forces israéliennes contre des zones d’ha-bitation densément peuplées.Les autorités israéliennes affirment que leurs soldats n’ouvrent le feu quelorsque leur vie est en danger et qu’ils ne font que riposter à des tirs pales-tiniens. Dans la réalité, les six dernières années ont été marquées parl’utilisation inconsidérée, disproportionnée et excessive de la forcemeurtrière par les soldats israéliens comme le démontre le fait que desmilliers de Palestiniens non armés qui se trouvaient simplement sur leslieux ont été tués ou blessés par des tirs, des obus d’artillerie ou desfrappes aériennes. Cette tendance a été confirmée lors des opérations mili-taires de juin 2006, novembre 2006 et mai 2007. e AI

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Des soldats israéliens face à desPalestiniens manifestant contre

l’extension de la colonie de KiryatSefer, sur la Ligne Verte qui distingue

le territoire israélien des territoiresoccupés palestiniens. Deir al-Qiddis,juin 1997. Reuters / Khaled Zighari

Un Palestinien arrive à l’hôpital avec la dépouille d’un enfant tué pendant un raid de l’aviationisraélienne qui visait un véhicule transportant des activistes supposés du Jihad islamique.Menée durant l’opération «Pluies d’Été», l’attaque aérienne a causé la mort de 9 Palestiniens,dont 7 civils, parmi lesquels 2 enfants. Gaza, juin 2006. © AFP / Mohammed Abed

QUEL DROIT AU RETOUR?

Jusqu’au cessez-le-feu de février 2005 conclu par les groupesarmés palestiniens, les attaques contre des civils israéliensétaient massives et systématiques et elles s’inscrivaient dans

une politique explicite d’attaque des civils. Pour Amnesty, elles consti-tuent des crimes contre l’humanité aux termes du droit internationalet sont susceptibles d’être considérées comme des crimes de guerre enfonction de la caractérisation juridique des hostilités et de l’interpréta-tion du statut des groupes armés et des combattants palestiniens auregard du droit international humanitaire.Les groupes armés palestiniens invoquent toute une série de raisons pourexpliquer qu’ils prennent pour cible les civils israéliens. Ils affirmentnotamment riposter aux exécutions extrajudiciaires ou aux assassi-nats de Palestiniens imputables aux forces israéliennes, soulignantque des enfants figurent parmi les victimes de ces homicides. Ils affir-ment également que le seul moyen efficace face à un adversaire puissantest de s’en prendre aux civils, que les Israéliens en général ou les colonsinstallés dans les Territoires occupés ne sont pas des civils et, enfin, quela religion et le droit international permettent l’utilisation de tous lesmoyens pour combattre une puissance occupante.Pour Amnesty (1), le fait de prendre des civils pour cible est contraire audroit international et aux principes humanitaires fondamentaux quis’appliquent en toutes circonstances. Pour l’Assemblée générale desNations unies, les organes gouvernementaux et non gouvernemen-

LES ATTAQUESCONTRE LESCIVILSISRAÉLIENSEntre octobre 2000 et décembre 2006, plus de 1100 Israéliens,parmi lesquels 700 civils (dont 120 enfants) ont été tués pardes groupes armés palestiniens. Un crime contre l’humanitépour Amnesty.

D O S S I E R

Libertés ! Juin 2007 9

taux doivent, en toutes circonstances, établir une distinction entrecombattants et civils et épargner ces derniers.L’Autorité palestinienne est tenue de prendre des mesures pour empêcherles attaques contre les civils et de traduire en justice ceux qui les ordon-nent, les organisent et les exécutent. Ces mesures doivent, dans tous lescas, respecter les normes internationales relatives aux droits humains.L’organisation appelle la communauté internationale à aider l’Autoritépalestinienne à réaliser ces objectifs. L’obligation de protéger les civilsest absolue et elle ne peut être ignorée au motif qu’Israël ne respecte passes propres obligations. e AI

(1) Atteintes au principe de distinction : les attaques contre des civils perpétrées par des groupes arméspalestiniens (MDE 02/003/02).

Un blessé est évacué du lieu d’un attentat commis par une bombe humaine palestiniennecontre un autobus et qui a fait 8 tués. Les munitions portées par les soldats israéliens defaction dans le bus ont décuplé l’effet des explosifs déclenchés par le kamikaze palestinien.Pardes Hanna, octobre 2002. Reuters / Ronen Lidor

Conformément au droit international et à la résolu-tion 194 de l’ONU de décembre 1948, AmnestyInternational estime que tout accord final de paix

doit prévoir des solutions durables respectant les droitsfondamentaux des réfugiés palestiniens (1). Il en va de mêmedes Palestiniens exilés depuis la guerre de 1967.Tout accord de paix devra résoudre la question de ladiaspora palestinienne par des moyens qui respectent etprotègent les droits fondamentaux individuels. L’organisa-tion reconnaît que d’autres questions doivent être abordéesdans les négociations – les préoccupations des deux partiesrelatives à la sécurité, par exemple – mais elles doivent êtrerésolues d’une manière qui ne sacrifie pas les droits fonda-mentaux individuels au profit de l’opportunité politique.Les Palestiniens qui ont fui Israël, la Cisjordanie ou labande de Gaza, ou en ont été expulsés, ainsi que leursdescendants en mesure de démontrer qu’ils ont gardé des

liens réels avec ces territoires, doivent pouvoir exercer leurdroit au retour et choisir librement de rentrer en Israël, enCisjordanie ou dans la bande de Gaza. Les Palestiniens quidécident de ne pas exercer leur droit au retour doivent êtreindemnisés pour les biens perdus, conformément auxprincipes du droit international. Ceux qui choisissent derentrer doivent également recevoir une compensationpour les biens perdus.Amnesty International invite toutes les parties aux négocia-tions à convenir des modalités d’instauration d’unorganisme international indépendant chargé, entre autres,de superviser la mise en œuvre du processus de retour, dedéterminer les critères d’examen des demandes indivi-duelles, d’examiner les réclamations et les litiges et de lesrégler, ainsi que de mettre en place une procédure d’attri-bution des compensations. Les mêmes principes s’appliquent aux citoyens israéliens quiétaient citoyens de pays arabes ou d’autres pays, et qui ontfui ces pays ou en ont été expulsés. Ils devraient être auto-risés à rentrer dans ces pays s’ils ont gardé des liens réels aveceux et s’ils souhaitent y retourner. Ils devraient égalementavoir droit à une compensation pour les biens perdus. e AI

(1) Le droit au retour : le cas des Palestiniens (MDE 15/013/2001).

La question du droit au retour des réfugiés arabeschassés par la guerre de Palestine en 1948 est lepoint de blocage absolu dans le conflit israélo-palestinien. Quelle est la position d’Amnesty sur cesujet explosif ?

M O U V E M E N T

Dans quelles circonstances avez-vousété arrêté ?Je suis kurde. Originaire de Dargeçit

(Kerboran en kurde), près de Mardin, mafamille a émigré dans la grande ville de Diyar-bakir. Mes ennuis ont commencé le 9 dé-cembre 1997, alors que je n’avais que 16 ans.Comme chaque année, de nombreux élèves demon lycée ont voulu réclamer la suppressiond’un examen extrêmement difficile et,surtout, payant et en langue turque, unexamen préparatoire à de futures étudesuniversitaires. Des individus en civil, appa-remment des policiers, sont arrivés dans monquartier vers 23h00. Plusieurs de mes amisont été arrêtés ce jour-là, ainsi que deux joursplus tard. Tout de suite, ma mère et moi, nousavons essayé de cacher les enregistrements etles livres en langue kurde. Les «policiers» ontdemandé à ma mère qui était Ciwan[prononcer «Djwan»].

Qui est Ciwan ?C’est mon second prénom en kurde, tandisqu’Imran, c’est mon prénom officiel, unprénom turc d’origine arabe [nom musulmand’Amram, le père de Moïse]. Comme Ciwann’apparaît pas sur les papiers officiels, ma mèrea d’abord dit qu’elle ne voyait pas de qui ils’agissait. L’ennui, c’est que, non seulementmes amis avaient des tracts chez eux, mais que,lorsque les policiers ont trouvé dans machambre un brouillon de pétition à l’occasiondu 8 mars (Journée des Femmes), ils ontdemandé qui avait signé ça. Prise de panique,ma mère a répondu : «C’est Ciwan».On m’a bandé les yeux et forcé à me recroque-viller dans la voiture pendant qu’on m’emme-nait je ne sais pas vraiment où, dans uncommissariat ? Dans une caserne militaire ? Ilssavaient que je faisais de la danse et du théâtredans un centre culturel kurde, le MKM (Mesopo-tamia Kültür Merkezi ou Centre culturel deMésopotamie). Quand ils m’ont dit que c’étaitune organisation terroriste, la même choseque le PKK (le Parti des Travailleurs duKurdistan), j’ai dit que, si c’était le cas, ilsn’avaient qu’à le fermer, mais que je n’étaispas du PKK.Ils m’ont forcé à me déshabiller complètementpuis ils se sont mis à me tabasser. Puis, ils m’ontforcé à m’asseoir par terre et à ouvrir les

jambes. Ils m’ont alors aspergé d’eau glacéeavec une lance à eau, sur le torse et entre lesjambes. C’était très douloureux. L’ennui, c’estque quand j’ai mal, je suis sans voix. Comme, jene criais pas, ils ont dit que je n’avais pas malet ils ont continué. Je me suis alors forcé à crier.Ensuite, ils ont recommencé à me poser desquestions sur mes appartenances politiques,estimant que «Ciwan», c’était un nom de code etque c’était la preuve que j’étais un terroriste. On m’a alors mis dans une pièce, sur unmatelas mouillé, à terre. Deux personnes metenaient les jambes, deux autres les bras. Ungars m’a mis un linge en bouche et un sixièmem’a serré très fort le sexe et les testicules.Ensuite, sur le matelas, un des interrogateurs adit : «c’est un danseur, il est mignon, on va s’amuseravec lui». L’un d’eux m’a demandé d’ouvrir labouche. Je ne comprenais pas ce qu’ilsvoulaient. J’ai vite compris. Il m’a mis son sexedans la bouche, jusqu’à ce qu’il en ait fini, puisles autres s’y sont mis aussi. On m’a ensuitefait des électrochocs. Ils avaient entre-tempsappris que j’avais effectivement voulu boycotterles cours : mes amis avaient craqué durant leurinterrogatoire.Quand je me suis réveillé, j’étais dans unecellule. J’étais tellement épuisé et en état dechoc que je ne me suis pas tout de suite rappeléque j’étais en prison. Je suis resté là 8 jours et onm’a tabassé de temps en temps. On m’a proposéde travailler pour les services de sécurité. J’airépondu qu’il n’en était pas question, quej’étais un simple étudiant. Ils m’ont juré qu’ilsne me laisseraient pas en paix à ma sortie etque, de toute façon, ils allaient faire de moi«un pédé». Un autre agent a dit : «Non, on va fairemieux, on va te tuer d’une balle dans le cul et personnene saura qui a fait ça.» J’ai vraiment eu très peurpour ma vie à ce moment. D’autant qu’il y avaitdéjà eu des cas comme ça.

Pourquoi on vous a fait ça ? Pour vous punirde quoi ?Je suis kurde et je l’assume publiquement. Mafamille, comme tout le monde, a eu des ennuisavec les autorités turques. Dans le Sud-Est, c’estla norme d’être arrêté, ne serait-ce qu’un jour.Je n’aime pas la politique, mais je suis dans unpays où je n’ai d’autre choix que d’en faire. Audépart, j’étais proche du Hadep (Halkın DemokrasiPartisi, Parti démocratique du Peuple, forma-

10 Libertés ! Juin 2007

FORMATIONS 2007

Envie d’en savoir plus sur Amnesty avant de partir envacances ou dès votre retour à la rentrée? Voici les modules pour lesquels il reste encore de laplace en juin et septembre :

Parler de la peine de mort 09/06 de 10h00 à 15h00 BXL

Découvrir Amnesty 14/06 de 19h00 à 22h00BXL

Les violences conjugales 16/06 de 10h00 à 16h30BXL

Découvrir Amnesty 16/06 de 09h30 à 12h30Lux

Homosexualité et droits humains30/06 de 10h00 à 16h30BXL

Découvrir Amnesty 15/09 de 09h30 à 12h30BXL

Une bougie se vend d’elle-même29/09 de 10h00 à 15h00BXL

Pour vous inscrire à un ou plusieurs modules(s) et consulterl’entièreté de notre catalogue 2007, rendez-vous sur notre siteInternet à l’adresse suivante : http://www.amnesty.be/formationsPour tout renseignement, n’hésitez pas à nous contacter pare-mail à l’adresse [email protected] ou par téléphone au02 538 81 77, de préférence les mercredi, jeudi et vendredi. À bientôt ! e

AMNESTY RECHERCHE BÉNÉVOLES

SECRÉTARIAT NATIONALLe Service Accueil d’AI recherche un(e) collaborateur(trice)bénévole. Fonction: répondre aux appels téléphoniques, accueilpersonnalisé, préparations de commandes, envois de courrier,etc. Le profil souhaité? Fiabilité, ponctualité, rigueur, capa-cité d’écoute, attachement aux valeurs d’Amnesty et… bonnehumeur. Notions d’anglais bienvenues (mais pas exigées). eContact : Olga Belo-Marques – 02 538 81 77 - [email protected]

COORDINATION COLOMBIEAIBF engage un(e) ou plusieurs volontaires pour sa CoordinationColombie. Le profil idéal? Une bonne maîtrise de l’espagnol, uneconnaissance de la situation actuelle en Colombie et, surtout,la volonté de s’investir durablement avec Amnesty. eEnvoyez une petite lettre de motivation et vos coordonnées à ArnaudCollignon - [email protected]

GROUPES

LOUVAIN-LA-NEUVEUNE JOURNÉE CONTRE GUANTÁNAMOLe Groupe 54, en collaboration avec les groupes Guantá-namo, organise une journée de sensibilisation et d’actionpour Sami al-Hajj (voir p. 12) et les prisonniers de la baseaméricaine de Guantánamo. Sitting de prisonniers, inter-vention de GI’s, pétition géante, stands d’information et, auForum des Halles, exposition de photos et projection defilms sur Guantánamo. eMercredi 20 juin, place de l’Université, 1348 Louvain-la-Neuve, de 11h00à 17h00. Contacts : Michel Hecquet : 0474 717 756 [email protected] et Maryvonne Maes : 0478 503 727 [email protected]

NAMURMARCHÉ AUX LIVRESLe 23 juin, le Groupe 28 (et le Groupe Action Namur) orga-nise son traditionnel Marché aux Livres. Entre 12 000 et15000 livres d’occasion classés selon une trentaine de thèmessont mis en vente au profit d’Amnesty. eSamedi 23 juin 2007 de 09h00 à 18h00 Passage de la Gare et rue des Croi-siers à Namur Contact: Daniel Clarembeaux - 081 73 05 66 et 0476 33 28 52

G R O S P L A N

«JE ME SENS UNE DETTEENVERS AMNESTY»Amnesty International Belgique francophone, ce sont des membres, des donateurs,des militants, des groupes locaux, des régionales et des coordinations, des chaînonsparfois essentiels lorsque des actions urgentes sont lancées.En 1997, Imran Akdogan, un jeune Turc d’origine kurde, a bénéficié de la mobilisationdu réseau des Actions urgentes d’Amnesty. Dix ans plus tard, il a tenu à témoigner deson calvaire mais aussi de sa reconnaissance envers Amnesty. Il s’est confié à JennyVanderlinden, responsable éprouvée de la Coordination Turquie.

lImran «Ciwan» Akdogan, lors de sa venue au Secrétariat national d’AIBF. Bruxelles, mai 2007.© Piotr Brazowy

tion kurde légale jusqu’en 2003), parce qu’onpouvait y vivre sa culture. Mais, pour les auto-rités, tout ça, c’est le PKK, c’est Öçalan.

Comment avez-vous été libéré?Au tribunal, sur base d’aveux extorqués sous latorture (bien que j’ai dû signer un documentassurant du contraire), le juge a estimé quej’étais membre du PKK, mais que j’étais tout demême très jeune (j’avais 16 ans). Il m’a conseilléde ne plus aller au MKM, sinon il serait moinsgentil la prochaine fois. Une fois libéré, il m’estarrivé de croiser à plusieurs reprises unevoiture qui s’arrêtait à ma hauteur et les passa-gers me disaient «Ciwan, ça va? Tu vas bien? Onespère que tu ne vas pas danser au MKM. Sinon, ondevra de nouveau te baiser». J’ai commencé à avoirpeur, à me sentir suivi en permanence. J’aieffectivement été encore arrêté à plusieursreprises, mais sans trop de gravité, pour avoirvendu un magazine proche du Hadep, ÖzgürGündem, pourtant légal.

Comment Amnesty a-t-elle eu vent de votrearrestation en 1997?Une de mes sœurs, déjà installée en France, aprévenu Amnesty à Paris et il y a une action (1).Cela, je ne l’ai appris qu’à ma libération. Jeconnaissais vaguement Amnesty mais aprèsça, quand j’ai été personnellement touchédans ma chair, je me suis senti comme lesfemmes kurdes, c’est devenu encore plusimportant. Je me sens une dette enversAmnesty. Si je suis vivant, c’est sans doutegrâce à votre action.

Pourquoi avez-vous finalement quitté laTurquie ?En 2001, je suis parti en Allemagne pour inter-préter un spectacle de danse. Mon père m’aalors fait venir en France et j’ai été rejoint parma mère. Alors que je voulais renouveler monpasseport, le Consulat m’a dit que j’étaisrecherché en Turquie et qu’en plus j’étais consi-déré comme insoumis parce que je devais fairemon service militaire. À contrecœur, j’aidemandé l’asile politique en France. Tout cequi me reste en Turquie, c’est une sœur.

N’êtes-vous jamais nostalgique ?Si, évidemment. Mais j’essaie d’accepter l’idéeque, maintenant, c’est le passé. Mon rêve, c’étaitde passer le Conservatoire à Istanbul, au MimarSinan Güzel, mais c’est impossible. J’ai donc faitdes études de théâtre et de cinéma à Paris. Jevoudrais faire un film sur la difficulté qu’ont lesKurdes du Sud-Est d’être du jour au lendemainjetés dans le bain d’un enseignement en turc.Quand on passe l’examen d’entrée pour l’uni-versité, on se rend vite compte qu’on a beauparler turc, on ne maîtrise pas les mêmes codes.Ce ne sera jamais notre langue maternelle. Laculture orale turque, ce n’est pas la nôtre. Maisbon, ça, c’est mon passé. Parce que j’ai desprojets et que j’aimerais parvenir à mêler mescultures française, kurde et turque. La vie nes’arrête pas. e Propos recueillis par JennyVanderlinden (avec P.F.)

(1) TURKEY – Fear of torture / Fear of «disappearance» – ImranAkdogan, Kurdish high school student aged 16 and others, namesunknown – 16 décembre 1997 (EUR 44/090/1997).

M O U V E M E N T

Libertés ! Juin 2007 11

3 CONFÉRENCES

AMNESTY AU DÉFI DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIENIl y a 40 ans, la guerre des Six Jours éclatait. Cette troisièmeconfrontation armée entre Israël et le monde arabe est venuemettre à l’avant-plan un conflit jusqu’alors largement ignoré,celui qui oppose les Israéliens aux Palestiniens en Israël,dans les territoires occupés et dans les diasporas. Depuis40 ans, Israéliens et Palestiniens vivent une interminablerelation de violence faite d’occupation, de colonisation, d’in-surrection, de terreur et de paranoïa. De son côté, pendantces 40 années, Amnesty International a développé et conso-lidé une «doctrine» exhaustive en matière de droits humainset combat leurs violations tant par des États que par desorganisations armées. Appliquée au conflit israélo-palestinien,cette doctrine est parfois la cible des militants de l’une oul’autre des deux causes en conflit.Pour faire le point sur l’état du conflit israélo-palestinien,exposer les positions d’Amnesty et proposer des actions, AIBForganise un cycle de 3 conférences en compagnie de :Philippe Hensmans : directeur d’Amnesty InternationalBelgique francophone et participant à 2 missions en Israël etdans les territoires occupés Jean-Jules Docquir : ancien président d’AIBF et responsablede la Coordination ITOP (Israël et territoires occupés palesti-niens) Pascal Fenaux: rédacteur en chef de Libertés! et en charge d’Is-raël et de la Palestine pour l’hebdomadaire français CourrierInternational eLE LUNDI 25 JUIN À LIÈGEÀ 18h00, au CPAS, rue de la Station 56, 4670 Blégny (Liège)LE MERCREDI 27 JUIN À BRUXELLESÀ 18h00, à la Bibliothèque royale de Bruxelles, place de l’Albertine, 1000BruxellesLE JEUDI 28 JUIN À NAMURÀ 18H00, à l’Arsenal, Rue Bruno 11 – 5000 NamurContacts : [email protected] et 02 538 81 77

STOP TORTURE

SEMAINE D’ACTION EN JUIN

À l’occasion de la Journée internationale des Nations uniespour les victimes de la torture (le 26 juin) et dans le cadre desa campagne Devenez le cauchemar des bourreaux, Amnesty Inter-national organise une semaine d’action et desensibilisation.

Mardi 19/06 (de 07h30 à 19h00)Conférence de presse nationale et stand au Métro Louise

Mercredi 20/06 (de 07h30 à 19h00)Stand au Métro Rogier

Jeudi 21/06 (de 07h30 à 19h00)Stand au Métro Schuman

Vendredi 22/06 (de 07h30 à 19h00)Stand au Métro Arts-Lois

Samedi 23/06 (de 07h30 à 19h00)Stand à la Place Jamblinne de Meux (1030 Schaerbeek)

Dimanche 24/06 (de 07h30 à 19h00)Fête de la Musique dans le Carré de Moscou (1060 St-Gilles)

Lundi 25/06 (de 07h30 à 19h00)Stand à la gare de Bruxelles-Central

Si vous voulez vous informer sur la campagne, il suffit decontacter Jean-Michel Verlinden : [email protected] - 02 543 79 01.Si vous voulez participer à cette action en tenant le stand devente et de sensibilisation, il suffit de contacter FrançoisSchmidt : [email protected] - 0477 850 989. e

12 Libertés ! Juin 2007

Sur la photo, costumé, cravaté, tiré à quatre épingles, l’air intello.On peut parier que c’est celle qu’il a utilisée sur son CV lorsqu’ila posé sa candidature pour l’emploi de cadreur à la chaîne

qatarie indépendante Al-Jazira. C’était en avril 2000. Une belle promotionpour un Sami Muhyideen al-Hajj, fana de lecture, d’écriture et de photo,qui n’avait pas vraiment d’avenir dans les médias de son pays, le Soudan,malgré une parfaite maîtrise de la langue de Shakespeare qu’il a étudiéeen Inde. Musulman pratiquant, il cherche son Eldorado en Orient et émigreaux Émirats Arabes Unis. Les revenus du pétrole et l’exploitation de lamain d’œuvre immigrée assurent l’expansion économique de ce payssemi désertique. Grâce à ses compétences, Sami y dégote quelquesemplois administratifs dans le domaine commercial. Ce n’est pas sontruc, mais il faut vivre. D’autant plus qu’il se marie avec Asma, uneémigrée d’origine azérie. Lorsque leur fils Muhammad naît en 2000, lafamille s’installe à Doha, au Qatar.C’est alors que l’annonce d’Al-Jazira réveille rêves et ambitions. La barakale suit et il est engagé en avril 2000, en tant que stagiaire pigiste. Fawzial-Bushra, un reporter de la chaîne satellitaire et soudanais commeSami, se souvient d’«un gars très calme, inexpérimenté mais impatient defaire ses preuves». Et d’ajouter : «il n’est pas rare qu’Al-Jazira assure la formationtechnique de journalistes débutants.»

JOURNALISME DE GUERREEn octobre 2001, en Afghanistan, la guerre contre le régime taliban faitrage. Les bombardements américains ne font pas le détail et Al-Jazira veutdes images exclusives des zones de guerre. Alors que peu de reporterschevronnés se proposent, Sami al-Hajj se porte volontaire. Al-Bushra tentede l’en dissuader : «Tu vas à la guerre, pas à un pique-nique !» Mais Sami neveut pas rater cette opportunité. Durant deux mois, avec le reporterYoussef al-Shouly, il filme, caméra à l’épaule, les zones civiles bombar-dées au sud-est de l’Afghanistan. Ils seront même brièvement détenus parles talibans au prétexte qu’ils travaillent sans autorisation. Les seulesimages de cette période et de cette zone diffusées par Al-Jazira ont été tour-nées par Sami al-Hajj.Le 15 décembre 2001, au poste frontière de Chaman, la baraka abandonneSami al-Hajj.Avec Abdelhaq Sadah, un collègue qui l’a rejoint au Pakistan, il s’apprêteune fois de plus à entrer en Afghanistan filmer la débâcle des talibansmais aussi les dépouilles des civils qui pourrissent sur les gravats. Maisun garde-frontière pakistanais l’arrête. Un document rédigé en anglaisporte son nom à côté d’un numéro de passeport erroné : liens supposésavec Al-Qaida. En ces temps chaotiques où les réfugiés croisent les terro-ristes en déroute, al-Hajj est un nom «suspect». Fin de séquence. Fonduau noir.

DANS LES CAGES DE GUANTÁNAMOIl faut attendre 2006 pour que Sami al-Hajj resurgisse dans le monde desvivants. À l’issue d’une longue bataille juridique, Associated Press obtientdu Pentagone la publication des noms des détenus à Guantánamo. Al-Hajj est le prisonnier n° 345. Si l’organisation Reprieve basée à Londreset regroupant des avocats travaillant initialement pour l’abolition de lapeine de mort, ne s’était pas portée pour défendre Sami al-Hajj, nous nesaurions rien du calvaire enduré entre le poste frontière de Chaman etla cellule d’isolement du Camp Delta. Et si la Croix-Rouge n’avait pas servid’intermédiaire, sa famille au Soudan n’aurait jamais reçu les seules sixlettres qu’il a pu écrire en cinq ans de détention.Que lui reproche-t-on? D’abord détenu par les Américains à Bagram, ceux-ci l’accusent d’avoir enregistré une interview d’Oussama ben Laden. Samiaurait sans doute aimé ramener ce scoop, mais, «pas de chance», il n’ajamais rencontré l’Ennemi public numéro un. Et quand bien même, leCode pénal américain n’interdit pas aux journalistes étrangers derencontrer les personnages, qui n’ont pas l’heur de plaire au gouverne-ment américain, aussi peu reluisants soient-ils.Pour Clive Stafford Smith, l’avocat de Sami al-Hajj, le maintien en déten-tion du cameraman d’Al-Jazira est plus «pertinent». Il s’agirait dediscréditer la chaîne arabe en établissant un lien entre elle et Al-Qaida,une technique qui vaut bien celle des bombardements des locaux d’Al-Jazira à Kaboul en 2001 et à Bagdad en avril 2003.Ce 13 juin, Sami al-Hajj entame sa sixième année de détention à Guan-tánamo. Il n’est toujours pas inculpé, mais est considéré comme un«combattant ennemi illégal». Après cinq ans de désespoir, de mauvais trai-tements, de manque de soins, de grèves de la faim et d’isolement, à quoiressemble un homme de 38 ans qui survit dans cet enfer ? Non, neregardez pas le cliché. Il n’y a plus photo. e Maryvonne Maes

Le mercredi 20 juin, à Louvain-la-Neuve, venez nombreux pour participerà la journée de sensibilisation pour Sami al-Hajj et les autres prisonniersde Guantánamo.Contact : Groupe 54Michel Hecquet: 0474 717 756 - [email protected] Maes: 0478 503 727 - [email protected]

M O U V E M E N T

LA TÊTE DE L’EMPLOI ?Depuis décembre 2001, le journaliste soudanais Sami al-Hajj, est détenu par lesforces américaines, d’abord en Afghanistan, ensuite dans la base désormaiscélèbre de Guantánamo. Le Groupe 54, qui l’a adopté, organise ce 20 juin unejournée de sensibilisation.

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur leterrain, font un travail d’action et desensibilisation aux droits humains. Pourvous y joindre, contactez votre régionale.

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBFRue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77 – Fax : 02 537 37 29www.amnesty.beSECRÉTARIAT INTERNATIONALEaston Street 1, London WC1X ODWUnited Kingdom – 00 44 207 413 5500

AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDERENKerkstraat 156, 2060 Antwerpen 6 03 271 16 16RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTYBRABANT WALLONJean-Philippe CHENU – chemin de la TerreFranche 13, 1470 Genappe – 010 61 37 73 [email protected] PINXTEREN – Rue de la Flèche 16 A1000 Bruxelles – 02 513 77 [email protected]

HAINAUT OCCIDENTALMyriam DELLACHERIE – rue Basse Couture 20,7500 Tournai – 069 22 76 18 [email protected] ORIENTALNicole GROLET – av. Elisabeth 6, 6001 Marci-nelle – 071 43 78 [email protected]ÈGEChristiane PIVONT – rue Bellevue 66, 4020Liège – [email protected] 343 89 76

Christine BIKA – Responsable de la gestionde la permanence – C/O Bureau régional d’AI– rue Souverain Pont 11, 4000 Liège – du lundiau samedi de 13h00 à 17h30 – 04 223 05 15LUXEMBOURGDaniel LIBIOULLE – Avenue de la Toison d’Or26 – 6900 Marche en Famenne – 084 31 51 [email protected] VAN GULCK – Rue Vivier Anon 8,5140 Sombreffe – 071 88 92 [email protected]

jSami al-Hajj,journaliste etcadreur d’Al-Jaziradétenu àGuantánamodepuisdécembre2001. © AI

Libertés ! Juin 2007 13

RECEVOIR LES LETTRES DU MOISVous pouvez recevoir les lettres du mois par e-mail en envoyant directement un e-mail vide à [email protected]

BONNES NOUVELLESDans tous les pays du monde, des gens sont libérésgrâce au travail des membres d’Amnesty. Destémoignages émouvants nous parviennent desprisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrentqu’une action de masse peut avoir des résultats pourun meilleur respect des droits humains.

ÉTHIOPIEJOURNALISTES LIBÉRÉSSur un non-lieu, Serkalem Fasil a été libérée en même temps queson compagnon Eskinder Negga et 26 autres personnes, dont6 journalistes. Arrêtée en novembre 2005 pour son rôle de co-directrice des journaux Asqual, Menilik et Satenaw, elle risquait lapeine de mort si elle était reconnue coupable de trahison,outrages à la Constitution et incitation au complot armé.Serkalem Fasil était enceinte au moment de son arrestation eta accouché en juin au dispensaire de la police. Les 6 autresjournalistes libérés sont Zekarias Tesfaye (Netsanet) ; Sisay Agena(Ethiop) ; Fasil Yenealem (Addis Zena) ; Dereje Habtewold (rédacteuren chef adjoint de Menilik et Netsanet) ; Nardos Meaza (rédacteuren chef de Satenaw) et Feleke Tibebu (rédacteur en chef adjointde Hadar). La répression de la liberté d’expression ne continuepas moins. e

BULGARIE-TURKMÉNISTANEXTRADITION REFUSÉELe 3 mai, la justice bulgare s’est définitivement prononcéecontre l’extradition d’Annadourdy Khadjiev vers le Turkmé-nistan. Khadjiev, leader de Watan («Patrie»), un parti d’oppositionturkmène en exil, avait été arrêté par les autorités bulgares enfévrier. AI a fait campagne contre son renvoi dans son pays, vule risque considérable que cet homme soit torturé et empri-sonné suite à un procès inique. Tadjigoul Begmedova, son épouseet présidente de la Fondation Helsinki du Turkménistan (groupede défense des droits humains), a remercié le Réseau Actionsurgentes. e

POLOGNE«LUSTRATION» INVALIDÉELe 11 mai, la Cour constitutionnelle de Pologne a largementinvalidé la très controversée loi de «lustration» destinée à véri-fier le passé de quelque 700000 Polonais (voir Libertés ! n° 434 demai 2007). La Cour a déclaré inconstitutionnels la quasi-totalitédes articles du texte. Les directeurs d’école, les recteurs d’univer-sité, les responsables politiques, les magistrats et lesgestionnaires des sociétés publiques étaient censés déclarer,sous peine de perdre leur poste, s’ils avaient ou non collaboréavec la police secrète (SB) du temps du régime communiste. Unarticle prévoyait aussi la publication sur Internet des noms desanciens collaborateurs informels de la SB. e

RDCACQUITTEMENTSAprès plus de 5 mois passés en détention, la prisonnière d’opi-nion Marie-Thérèse Nlandu et 9 autres prévenus ont été acquittésde toutes les charges retenues contre eux par un tribunal mili-taire de Kinshasa, le 30 avril. Ils étaient accusés d’avoir organiséet participé à «un mouvement insurrectionnel» et de «détention d’armesou de munitions». AI poursuit sa campagne pour que cessent lesprocès de civils devant des tribunaux militaires en RDC et pourque soient menées des investigations sur les tortures. La famillede Marie-Thérèse Nlandu a écrit à Amnesty International pourremercier ses membres de leur soutien tout au long de «cessombres mois». e

A C T I O N

L’ancien candidat à la présidentielle,Alyaksandr Kazulin, a été condamné enjuillet 2006 à cinq ans et demi de prison.

Prisonnier d’opinion, il est détenu pour l’uni-que motif d’avoir exercé pacifiquement sondroit à la liberté d’expression, d’association etde réunion. AI continue d’appeler à sa libéra-tion immédiate et inconditionnelle. AlyaksandrKazulin et son équipe de campagne ont été àplusieurs reprises harcelés et intimidés lorsde la campagne pour l’élection présidentiellede mars 2006. Le 25 mars 2006, à Minsk, Alyak-sandr Kazulin a emmené les participants à unmeeting public devant la prison d’Akrestina, oùdes centaines de personnes étaient détenuessuite à la dispersion violente des manifesta-tions qui avaient suivi l’élection présidentielledu 19 mars. Les forces de sécurité auraient faitun usage excessif de la forcer pour briser lamarche et Alyaksandr Kazulin a conseillé auxmanifestants de se replier dans une égliseproche. Alors qu’il rebroussait chemin, il auraitété battu dans le dos par plusieurs agents desécurité, avant d’être incarcéré à la prisond’Akrestina.Alyaksandr Kazulin a été inculpé de «hooliga-nisme» et «d’organisation et de participation à desactions visant à troubler l’ordre public». L’inculpa-tion se réfère aux événements du 25 mars,mais aussi à deux incidents antérieurs,

le 17 février et le 2 mars 2006. Le 2 mars Alyak-sandr Kazulin et ses partisans avaient étéfrappés par des policiers en civil alors qu’ilessayait d’enregistrer une conférence à laquelleil assistait de plein droit. Ensuite, il affirmeavoir été emmené dans un combi de police et«placé entre les sièges sur le dos avec les jambes pres-sées contre la tête. Tout mon sang me montait à latête». e

BELARUS (BIÉLORUSSIE)

PRISONNIER POLITIQUE

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Président,L’ancien candidat à la présidentielle, Alyaksandr Kazulin, a été condamné à cinq ans et demi de

prion en juillet 2006. Inculpé de «hooliganisme» et «d’organisation et de participation à des actionsvisant à troubler l’ordre public», l’unique motif de sa condamnation semble pourtant être l’exercicepacifique de son droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion. En tant quemembre/sympathisant(e) d’Amnesty international qui considère cet homme comme un prisonnierd’opinion, je prie les autorités de procéder à sa libération immédiate et inconditionnelle en accord avecleurs obligations d’après les normes internationales, en particulier les articles 19, 20 et 21 de laConvention internationale relative aux droits civils et politiques, à laquelle le Belarus est partie. Dansl’espoir d’un dénouement favorable, je vous prie de croire, Monsieur le Président à l’assurance de mahaute considération

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Monsieur le président Alyaksandr LukashenkaUl. Karla Marxa, 38220016 MinskBelarusFax : +375 172 26 06 10

COPIE À ENVOYER À :Ambassade du BelarusAvenue Molière, 1921050 BruxellesFax : 02 340 02 87E-mail : [email protected]

Abdullah Sultan al-Subaihat,un ingénieur agronome de46 ans, a été arrêté le 8 fé-

vrier à son travail par des agents del’Amn al-Dawla (Sécurité d’État). Ilsl’ont fait revenir à son domicile et ontperquisitionné et confisqué plusieurslivres, avant de l’emmener menotté etyeux bandés. Il semble qu’il est détenudans la capitale des Émirats, AbouDhabi, mais cela n’est pas confirmé. Iln‘a été inculpé d’aucun délit et estgardé au secret. Il risque la tortureou d’autres mauvais traitements enprison. Abdullah Sultan al-Subaihatest le chef du Département de l’Ad-ministration agricole dans l’Émiratd’Ajman. Il avait déjà été arrêté enaoût 2005 avec deux autrespersonnes. Tous trois avaient étédétenus sans inculpation ni jugement

et gardés au secret jusqu’à leur libéra-tion en octobre 2005. Les raisons deson arrestation et de sa détention sontinconnues dans les deux cas et lesautorités ne fournissent aucune expli-cation. Aux Émirats arabes unis, lessuspects politiques sont habituelle-ment détenus au secret dans desendroits non communiqués. Ceux quisont détenus par la Sécurité d’Étatseraient souvent gardés en celluled’isolement et soumis à la torture ouautres mauvais traitements commela privation de sommeil, la suspen-sion par les poignets ou les chevillessuivie de coups sévères sur diversesparties du corps. Certains anciensdétenus affirment que leur nourri-ture était droguée provoquant uneperte de conscience et qu’ils n’avaientpas accès aux toilettes. e

14 Libertés ! Juin 2007

A C T I O N

ÉMIRATS ARABES UNIS

RISQUE DETORTURE

Baha Mousa, un réceptionnisted’hôtel âgé de 26 ans et père dedeux enfants, est mort le

15 septembre 2003, après avoir ététorturé pendant 36 heures alors qu’ilétait détenu par des troupes britan-niques à Bassorah, dans le Sud del’Irak. Une autopsie a révélé 93 bles-sures distinctes sur son corps. Lesmauvais traitements auraient débutédès son arrestation à l’hôtel où iltravaillait et se seraient poursuivisdurant sa détention dans la basebritannique de Bassorah. Une courmartiale britannique a jugé le cas de7 militaires impliqués dans cetteaffaire et remis ses conclusions enmars 2007. Six des sept accusés ont étéacquittés de toutes charges. Un soldata plaidé coupable pour l’inculpationde traitement inhumain, un crime deguerre, et a été acquitté des autrescharges. La cour martiale a confirmé

que de nombreux individus sontresponsables de violences illégales surBaha Mousa et d’autres détenus.Cependant, comme l’a souligné lejuge, beaucoup n’ont été inculpésd’aucun délit, simplement parce qu’iln‘y avait pas de preuves contre euxcar ils s’étaient donné le mot de setaire. L’instruction a égalementrappelé que les techniques d’interro-gatoire qui consistent à encapu-chonner les détenus, les maintenirsous tension et les priver de sommeilétaient courants et démontraient «unsérieux manquement dans la chaîne decommandement». Ces pratiques, jusqu’a-lors largement répandues en Irlandedu Nord, ont été bannies par laGrande-Bretagne dans les années 70.AI estime que ces techniques, particu-lièrement lorsqu’elles sont appliquéessimultanément ou de manière cumu-lative relèvent de la torture. e

ROYAUME UNI/IRAK

ASSASSINATIMPUNI

TARIFS POSTAUXLettres (jusqu’à 50 grammes) Europe :0,80€ (Prior) ou 0,70€ (Non Prior). Reste dumonde: 0,90€ (Prior) ou 0,75€ (Non Prior)La surtaxe aérienne est incluse (étiquetterequise).

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appelcompte. Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termesmesurés et courtois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Am-nesty International. Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûtede l'action du mouvement.

MODÈLE DE LETTRE

Excellence, Abdullah Sultan al-Subaihat, ingénieur agronome et chef du Département de

l’Administration agricole de l’Émirat d’Ajman, a été arrêté à son travail le 8 février par desagents de la Sécurité d’État. Il est gardé au secret - probablement à Abou Dhabi - et risquela torture ou d’autres mauvais traitements. Déjà placé en détention de septembre à octobre2005, il n’a jamais fait l’objet d’une inculpation, ni en 2005 ni aujourd’hui. En tant quemembre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je prie les autorités de libérerimmédiatement Abdullah Sultan al-Subaihat, à moins qu’il ne soit inculpé d’une infractionpénale reconnue et jugé sans délai. J’insiste pour qu’entre-temps, il ait accès à des avocatsde son choix, à sa famille et à des soins médicaux si nécessaire. Espérant que vous ferezdroit à mes requêtes, je vous prie de croire, Excellence, à l’assurance de ma hauteconsidération.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Son Excellence Cheikh Mohammad bin Rashid Al-MaktoumVice-président et Premier ministreBureau du Premier Ministre — POB 73311 — Dubaï — Émirats arabes unis

COPIE À ENVOYER À :Ambassade des Émirats arabes unisAvenue Franklin Roosevelt, 73 — 1050 BruxellesFax : 02 646 24 73 — E-mail : [email protected]

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Secrétaire d’État,Baha Mousa, un réceptionniste d’hôtel de 26 ans et père de deux enfants, est mort

le 15 septembre 2003 après avoir été torturé pendant 36 heures durant sa détention pardes soldats britanniques à Bassorah, dans le sud de l’Irak. Son corps portait 93 blessuresdistinctes. Une cour martiale a acquitté de toutes les charges 6 des 7 militaires jugés pourcette affaire, tandis que le septième a plaidé coupable de traitement inhumain et a étéacquitté de toute autre charge. En tant que membre/sympathisant(e) d’AmnestyInternational, je demande que soit ouverte une enquête indépendante et impartiale sur lamort de Baha Mousa, et pour que sa famille puisse obtenir pleine et entière réparation. Jedemande également une enquête sur l’usage des techniques appliquées par les forcesarmées britanniques, afin de déterminer quand, pourquoi et par qui elles ont étéautorisées. Dans l’espoir que vous donnerez une suite favorable à mes requêtes, je vous pried’agréer, Monsieur le Secrétaire d’État, l’expression de ma considération distinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Monsieur le Secrétaire d’État à la Défense5e étage, Main BuildingWhitehallLondres SW11A 2HB — Grande-Bretagne — Fax : +44 (20) 7218 7140

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de Grande-Bretagne — Rue d’Arlon, 85 — 1040 BruxellesFax : 02 287 63 55 — E-mail : [email protected]

TÉHÉRAN BLUES

Succès phénoménal de la BD indépendante,Persepolis allait-il perdre de son charme ens’animant sur pellicule ? Dans son film,

Marjane Satrapi a réussi à garder toute la force et lasingularité de son récit autobiographique avec cequ’il faut d’équilibre entre énergie juvénile etémotion pudique. Sans chercher à singer la BD,elle a recréé un autre récit avec la même matière. Vue par les yeux d’un enfant de huit ans, fan de BruceLee et autoproclamée prochain prophète de la galaxie, la révolution islamique paraît bien curieuse.Passés les premiers espoirs, la famille Satrapi découvre vite la logique répressive du régime desmollahs. La guerre contre l’Irak va plonger le pays dans un insondable trou noir. Exilée à Vienne, loinde sa famille, la jeune fille vit une autre révolution, celle de l’adolescence. Rongée par le mal du payset la déception amoureuse, elle retourne chez les siens. Mais la vie y est impossible malgré l’amoursans faille de ceux qui l’entourent. La grande force de Persepolis tient à sa liberté de ton et à son humour.Explorant avec inventivité toute la gamme des gris, le film est visuellement très réussi. Les scènes trèsquotidiennes, très réalistes s’autorisent de belles envolées graphiques et oniriques, où l’image peut mêmefrôler l’abstraction. Le casting des voix, très classe, (Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et DanielleDarrieux) accentue la vérité et l’universalité des personnages. Plus qu’un pamphlet politique, Persepolisest une histoire d’exils, d’attachements et d’intégrité. C’est aussi l’itinéraire touchant et drôle d’unefille sur le chemin de l’âge adulte. Le 27 mai, le film de Marjane Satrapi a obtenu au Festival de Cannesle prix spécial du Jury. e Gilles BechetPersepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, sortie nationale le 27 juin

JEUNES FILLES EN UNIFORME

À18 ans, la plupart des jeunes filles desgrandes villes rêvent de garçons et de lèche-vitrine. Smadar et Mirit habitent Jérusalem,

dans un pays où les filles aussi font leur servicemilitaire. Sous l’uniforme, elles doivent, commedans toutes les armées du monde, obéir aux ordressans discuter. Smadar, rebelle et extravertie, etMirit, anxieuse et intravertie, ont peu d’atomes crochus, mais elles doivent patrouiller ensemble. Fouillesdes femmes aux barrages, contrôle d’identité des passants palestiniens en ville, leurs missions ont uneimportance stratégique et militaire qui ne leur saute pas vraiment aux yeux. Pour les deux jeunes filles,le quotidien militaire agit comme une mise à l’épreuve permanente de leur identité. On leur demanded’être inflexibles, de se comporter comme des soldates, mais bien souvent, les hommes qu’elles abor-dent les perçoivent d’abord comme des femmes. On leur demande d’être courtoises et polies, ce quin’empêche pas ces contrôles d’être ressentis comme des humiliations par la population palesti-nienne. Certaines conscrites n’acceptent pas de devoir imposer cette humiliation, se révoltent etsont envoyées en prison ; d’autres font profil bas ; d’autres enfin l’estiment justifiée par les circons-tances. Sans juger, sans verser dans le manichéisme ou dans la psychologie à deux sous, le filmsouligne subtilement les paradoxes de l’uniforme et les limites de la solution militaire. e G.B.Close to home, de Vardit Bilu et Dalia Hagar, sortie en salle le 27 juin

SAUF-CONDUIT POUR L’ÉCHAFAUD

Furnes, mars 1918. La guerre, la Grande, est sur le point d’être perdue. Les armées multiplientles assauts. Au milieu du chaos, un soldat belge est condamné à mort. Il a tué pour voler les deuxfemmes qui l’hébergeaient. Pas de pardon pour un tel crime, à un tel moment. Alors que tant

d’hommes risquent leur vie sur le champ de bataille, il faut faire un exemple. Mais, problème. Depuiscinquante ans, la Belgique n’exécute plus ses criminels. Et ne possède plus la fameuse machine à tuer.Qu’à cela ne tienne.Le gouvernement belge fait appel à la France qui accepte de prêter bourreau et guillo-tine. Second problème. Pour arriver à Furnes, il faudra traverser les lignes ennemies. Et l’impensablese produit. Des sauf-conduits seront délivrés par tous les belligérants. Ainsi les États se mettront-ils d’ac-cord, non pour arrêter le massacre, mais pour permettre la mise à mort – en toute légalité – d’un hommede plus.Sur cette histoire vraie, François Sureau livre un roman bâti sur des lettres, des extraits de témoignages,des circulaires administratives. Et brosse ainsi quelques portraits, celui – terrible – du bourreauDeibler, celui des membres de l’escorte, qui n’ont qu’un souci : mener à bien la mission confiée, sanstrop se poser de questions. Car le grand sujet de ce livre c’est bien l’obéissance aux ordres. Une médi-tation sur la conscience de ceux qui acceptent, qui consentent malgré eux, malgré tout… Doctrine quia mené, notamment, aux événements épouvantables de notre siècle. e Suzanne WellesL’obéissance, de François Sureau, – Gallimard, 156 p. – 11,90 e

A G E N D ACOULEUR CAFÉ 2007STAND AMNESTY

Créé en 1990 aux Halles deSchaerbeek, le FestivalCouleur Café a migré dès1994 sur le site alors endéshérence de la gare in-dustrielle de Tour & Taxis.C’est désormais sur un sitedéfinitivement réhabilitéque le Festival convie lesamateurs de musiques dumonde et de la ville pour sa18e édition, qui se dérou-lera du vendredi 29 juin audimanche 1er juillet. À l’af-fiche d’un programme de

plus en plus diversifié, Manu Dibango, UB40, GotanProject, Sanseverino, Live From Buenavista The HavanaLounge, Kelis, Patrice, Manou Gallo, Rachid Taha, YuriBuenaventura, Ziggy Marley, Cassius, Daan, Ismaël Lo,Cosy Mozzy, Johnny Clegg, The Roots, Sean Paul, HoraceAndy, Malibu Stacy, The Lubacovians, etc. Gageons quecette 18e édition sera moins fatale que celle de 2006, quiavait vu James Brown jouer un de ses ultimes concertsavant de rendre la soul. eUn Stand Amnesty sera présent dans le village ONGO.Du 29 juin au 1er juillet, ouverture des portes à 15h00 sauf le vendredi 30 juin à 17h00. Tour & Taxis, Rue Picard 3, 1000 Bruxelles.Prix : 29€ en prévente, 36€ à la caisse et 64€ le pass de 3 jours. Sont également compris dans le prix, l’accès à l’ensemble du réseauSTIB (tram, bus, métro), un parking de délestage sur l’esplanade duHeysel et un parking deux-roues couvert à Tour & Taxis. Plus d’info sur www.couleurcafe.be ou www.myspace.com/festivalcouleurcafe

THÉÂTREAFRICAREUNE LOGE BOURRÉE DE MYTHES

Fruit d’un longtravail d’immer-sion dans les réa-lités conglaisesd’aujourd’hui (Kin-shasa, Bukavu, Ki-sangani), Africares’est nourri de ren-contres avec descomédiens, dan-

seurs, chanteurs, musiciens, griots,... Pas de message àdonner, pas de thématique, mais un travail en contrepointdu mythe d’Icare. Une manière de théâtraliser les diffé-rents labyrinthes et défis auxquels doit faire face lapopulation congolaise. Pour Lorent Wanson, «notre rapporteuropéen à l’Afrique est compassionnel, voire culpabilisé, et, laplupart du temps, moral. J’ai voulu mettre la morale de côté, cons-truire une fable avec une forme de tragédie grecquecontemporaine qui raconte l’absurdité que traverse ce pays gigan-tesque rempli de traditions, de rites de passage, d’une étonnantediversité culturelle.»Mise en scène et conception générale : Lorent Wanson.Avec: Jocelyne Ntululo Nafranka, Murhula Cishesa Imani,Olivier Maloba Banza, Efika Lesiso Espérance, DavidKawama Kazembe, Karine Kapinga. Lumières : GuySimard. Scénographie : Daniel Lesage. Vidéo : Clarisse.Chorégraphie : Jacques Bana Kanga. eAu Théâtre de Poche, Bois de la Cambre, Chemin du Gymnase11, 1000 Bruxelles, du 11 au 29 septembre 2007 à 20h30 (relâcheles dimanches et lundis).Réservations : 02 649 17 27 et [email protected]

Libertés ! Juin 2007 15

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