Histoire de La Magie 435-463 _P09

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X

LA

SORCELLERIE

AU XVII" SCLE

messe

Nous avons relat les coniurations sataniques sanglantes de Giiles de Rais, puis telles les messes rotiques d'Henri Ili, la

noire avec

(

Catherine de Mdicis, souvenir du < Baphomet > des Tempiiers. Au xvtle sicle, de nonr,:.eux prtres seront condamns pour < .- ses noires >

tte parlante >

de

Saint-Antoine, dnonant le prochain empolsonnement du Roi et du Dauohin. Aprs deux mois d'enqute, les arrestations commencrent. Elles se multiplirent jusqu'en 1681, date la :lle Louis XIVsuspendit toute

dans un confessionnal des jsuites, rue

la

Le 2l septembre 1677,I'affaire la plus importante et qui claboussa la Cour. commena par un biilet anonyme trouv

sacrilges. rotiques et satanlques, accomplies ians un but prcis.

mme se trouvait atteint par Ia compromission de sa matresse royale, la marquise de

prccedure, car lui-

Louvre et crit :

Montespan. La sorcellerie s'tait en effet installe au

Versailles. La

Fontaine

a

435

L

ASTROLOGUE

,..Avait-on un amant.Un mari vivant trop au gr de son pouse? Une mre Jcheuse, une femme jalouse? Chez Ia devineresse on courait.

bas. Le sexualit et le crime ajoutant la profanation, iois de base du satanisme.

Ces sorcires, ces devins, si uti' ce furent La Voisin. Le Filastre, Le -,sse, Le Lepre. La Chron, La Brinvilliers, La Vigoureux. La Vigoureux ne disait-elle pas devant l'avocat Perrin : Le beau mtier! Encore trois empoisonnements et je me retire fortune faite !

r.l

Le prsident Le Pron mourut. On le dit empoisonn par sa femme qui lui prfrait M. de Prades. ce qui lui cotq 2 000 livres. Partout des morts suspectes. Une bonne centaine de sorciers sviisaient Paris. en cette industrie coupable

,..'.1

qui fit des ravages dans toutes les familles.La cour, trs rapidement, donna l'exemple. On ne pariait que de la veuve Montvoisin, dite < La Voisin >, dame de qualit qui avait ses entres et pouvait approcher le Roi. EIle avait dbut dans la bonne aventure et les crmes de beaut. Son succs la cour ia lana dans la sorcellerie

aux rites antiques, ni au

Les messes noires ne font pas appelcrmonial

la

mdival. Pas de pentacle de Salomon, ni de formules hbraques, ni la Kabbale. Les messes noires procdent-elles demagie?

la magie dite magie noire. Ensuite par son utilisation de la magie de la messe (eau

est un des aspects extrmistes de

Oui. D'abord par le rite satanique, qui

pousse, la plus rmunratrice. Des aphrodisiaques, puis des poisons, elle en vint la magie noire. La marquise de Montespan utilisa les services de la sorcellerie ds 1666, dj

la plus

bnite. encens, lumires, conscration,communion, chants, formules).

au temps o elle cherchait conqurir le Roi. Elle se rendait chez la sorcire et lui

La

messe noire

est une

crmonie

gnie, la demoiselle des (Eillets. Elledes premiers, en 1677). La marquise cherchait ie moyen de se dbarrasser deses concurrentes. demandait ses poudres au chevalier Louis de Vanens (que La Reynie arrtera l'un

envoyait frquemment sa dame de compa-

magique.

Elle est entirement et

uniquement

Il n'y a de satanisme que pour le croyant. La crmonie est une messe inverse. la croix la tte enpuissance satanique. 436

axe au xvne sicle, sicle de la reiigion triomphante avec le Roi Soleii et Ia Cour, sur la croyance du chrtien dans la

Les messes noires commencrent ds cette anne 1666. La Voisin ne fut arrte qu'en 1679. Elle avait achet au sud de

; ,

ravF

ciellt

trs souvent une grande dame de la cour quis'allonge nue sur I'autei. les bras en croix. un cierge noir dans chaque main. Le clbrant monte l'autei le plus souvent I'abb il porte les ornements sacerGuibourg

Dans un four. on brlait .les rsidus et notamment le fruit des avortements. La Voisin avoua y avoir incinr prs de deux mille petits corps en dix ans. On y prparait aussi les cierges la graisse humaine. pour les rites sataniques. Le pavillon. dans le jardin, tait tendu de noir. Un autei. Un rideau noir croix bianche. Des marches. Un tabernacie et une croix. Cierges noirs. Nappe noire. sur un matelas de la taille de I'autel. Devant la Chambre ardente, Marguerite < La Voisin >, aprs ia mort de sa mre. a donn le dtail des crmonies. La flemme qui a command la messe

Son mari et sa fille y habitaient. Dans plusieurs pices. on fabriquait les crmes, Ies poudres. les philtres. Un apothicaire et une sage-femme taient demeure.

Saint-Denis une ,qrande maison abandonne, rue Beauregard. avec un jardin.

En i668. ce fut l'giise Saint-Sverin, puis Saint-Germain, que I'abb Mariette clbra ses rites diabofiques avec deuxcurs

la petite princesse par un

de pigeons bnits au nom de Louis XIV et de Louise de La Vallire. La Montespan cherchait faire mourircrmonial

magique avec ossements humains. L'abb

Mariette. aid du magicien i'abb Lesage, clbra une messe noire au cours de laquelle il lut l'vangile sur ia tte de la

Iui. puis il rcita des conjurations. On cite I'abb Guibourg, I'abb Mariette. i'abb Lesage : la duchesse d'Angoulme. Mme de Vitry, Mme de Vivonne, ont fait appel leur sacerdoce. La marquise d'Argenson. la marquise de Saint-Pont gaiement. D'autres prtres que I'abb Guibourg clbrrent, et en d'autres lieux. des messes noires : nommons I'abb Guignard, cur de Bourges.

marquise de Montespan agenouille devant

arrive masque. en

carro

et son sous-diacre i'abb Sbault. Tous deux furent excuts pour sacrilge. Onnomme aussi I'abb Barthlemy Lemeignan. vicaire de Saint-Eustache, qui en une messe noire aurait gorg deux enfants. (Condamn la prison vie.) C'tait Leroy, gouverneur des pages de Sa Majest. qui incita la marquise de Montespan se livrer aux messes noires,

dotaux.

de pommes de pin noires. Il tend le corporal sur le corps de la femme et y dpose le calice. Il baise le corps de la femme et dit sa messe. Un clerc l'assiste. II invoque Astaroth. Rites religieux, blasphmes et obscnits. Parfois. on sacrifie un enfant nouveau-n, dont le sang est vers dans lecalice.

a revtu une chasuble

brode

par lesquelles. lui assurait-il, elle obtiendrait satisfaction de tous ses dsirs. Messes noires pour obtenir I'amour duRoi.Messes noires pour conserver cet amour.

la matresse du Roi. Louise de Lavallire. et pour iui ravir la place de matresse royale offiMesses noires contre

Trois messes furent dites. en I'anne1673. trois semaines de distance : I'une. dans ia chapeiie du chteau-fort de Villebousin, prs de Montlhry; la deuxime,

cielle. reconnue, puissante.

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dans une masure oir vint I'abb Guibourg, les yeux bands. dit-il. Le rite des trois messes noires a t consign dans ie dossier du procs de La Voisin. notamment sur le tmoignage de sa fille Marguerite : La flle de La Voisin a dit qu'elle a

ia troisime.

dans une maison en ruines de Saint-Denis:

messe contre

Colbert. Pay par Montgomry. A sa le Roi. il dclara avoir mis

yu dire de ces sortes de messes sur le ventre, par Guibourg, chez sa mre. Elle

aidait sa mre prparer les choses ncessaires pour cela : un matelas sur des siges, deux tabourets aux deux ctso taient les chandeliers ovec des cierges.

aprs quoi Guibourg venait de la petite chambre ct. revtu de sa chasuble blanche seme de pommes de pin noires. etaprs cela La Voisin Jisait entrer dans la chambre la femme sur Ie ventre de laquelle Ia messe devait tre dite. J'ai t prsente cette sorte de messe et j'ai vu que la dame tair rce nue sur Ie matelas, ayant Ia tte pendante, soutenue d'un oreiller sur une chaise renverse, les

jambes pendantes. une serviette sur le ventre, et sur la serviette une croix l'endroit de l'estomac. le calice sur le yentre... II fut prsent Ia messe de Mme de Montespan un edant paraissant n qvant terme, quifut mis dans un bassin. Guibourg l'gorgea, versa dans un calice et consacraIe sang avec I'hostie. achevq sa messe. puis

fut

prendre les entailles de l'enfant. Ma mre porta Ie lendemain chez Dumesnil. pour distiller, le sang et l'hostie, dans uneMontespan

fole de verre que Mme deemporta.

lit et sa table pour nroi. que j'obtienne de lui tout ce que je lui demanderai pour ntoi et mes parents : que mes serviteursson

boire au Roi. Guibourg avait invent un poison m,' iel fort trange, I'avium risus, ou gr,,touillette, qui faisait mourir en se tordant de rire. ll dnonca Piron Dumarteray, conseiller au Parlement. pour lui en avoir achet alin de punir le roi qui avait emprisonn Fouquet. ll donna galement le texte de ses conjurations Astaroth, Asmode. princes de l'Amiti, je vous con jure d'accepter le sacrifice que je vous prsente de cet edant, pour les choses que je vous demande, qui sont que l'amiti du Roi. de Msr le Dauphin, me soit continue et honore des princes et princesses de la Cour. que rien ne me soit dni de tout ce que .ie detnanderai au Roi. tant pour mes pqrents que serviteurs. Croix I'envers, sonnailies. fumigations. invocations Satan. La formule initiale : In nomine Dei nostri Satanae Luciferi excelsi. Blasphmes au cours du Pater. Hostie et calice offerts Satan. Conscration. Pour la beile marquise, I'officiant dclamait : Je demande I'amiti du Roi et celle de Mst le Dauphin. qu'elle me soit continue, que Ia Reine soit strile, que le Roi quitte:

le sang dans un vase de cristal, avec quelques parties de l'hostie consacre. A faire

Laclrot

etat

avis

rccMt:dire

magre

s'agissait

-

Elle savaittrompa dfendait une rivale,

L'abb Guibourg avait soixante et 'e ans. C'est lui qui avait fourni durn au sieur Danuy pour empoisonner

et domestiques lui soient agrables; chrie

et respecte des grands seigneurs, que .je puisse tre appele aux conseils du Roi et savoir ce qui s'ypasse

souffrait deautre

et que.

cette

amiti redoublant plus que par Ie pass. le Roi quitte et ne regarde La Vallire. et que, Ia Reine tant rputlie. ie puissepouser

Mais le f.oi. peu peu se .lassa de sa matresse. Etait-ce ce moment qu'elle eut recours des philtres pour conserversignes de troubles que d'Aquin a nots dans son Journal. I'anne 1674 : tourdissements. fumes de vapeurs, jarrets faibles. nerfs prouvs. En 1675, le Roi

le

Roi.

son attachement? Sa sant donna

des

Messes noires. donc.

pour laire mouriret

La Vallire, pour excuter Mme de Ludres.

Mlte de Fontanges (qui mourut)peut-tre Mme de Maintenon: La Voisin a rvi :

la fille de

et .xu'elle craignait quelque diminution qu:i bonnes grces du Roi. elle donnait avis ma mre a/in qu'elle I apportt quelque remde. et ma nre avait aussi recours des prtres, par qui elle faisait dire des messes (noires) er donnait des poudres pour les /aire prendre au Roi.

fois qu'il arrit'ait quelque chose de nouveau Mne de MontespanToutes les

Sa Majest d'carter la Montespan. Ils le l6 avril 1675, s'aimant plus que leur vie. purement par un principe de religion. crit Mme de Scudry. Aprs des cris de fureur. la marquise se retire. et le roi promet de ne plus penserse quittent officiellement

rompt. Bossuet I'y pousse ardemment par ses remontrances. Ce prlat, charg de l'ducation du Dauphin. conseille

La magie intervint-elle nouveau? Le Roi pense beaucoup sa belle matresse et la regrette. Il va la voir dans le charmant petit chteau de Clagny qu'il a bti pourelle, prs de Versailles et clate en san-

elle.

On est en droit de se demander comment la marquise de Montespan a pu s'adresser la magie la plus noire. la vraie sorcellerie.avec sang, profanation, luxure?

D'abord, parce que son temprament extraordinaire ascension due la magie I'avait quelque peu grise. Il s'agissait de se maintenir tout prix. Elle savait son royal amant volage. il la trompa tant et plus. La beile matresse se dfendait : ds qu'elle vovait poindre une rivale. elle lanait le bruit qu'elle souffrait de gale ou de lpre. ou quelque autre accusation atroce.volcanique la poussait vite aux excs. Son

La marquise ne dsespre pas : elle fait embellir sa demeure princire, y reoit Monsieur. puis ies dames de la Cour. La Reine y vient mme par curiosit voir la panthre. comme se sont exprims ses historiens. Car la grande dame ne dragepas.

glots.

Le Roi a de nouvelles vapeurs, on

le

saigne. on ie purge durement, tandis que la Cour s'amuse. joue la comdie, danse

de bal en bal. foltre Trianon. On parle du retour de la marquise la Cour: Mme de Caylus s'en fait l'cho dans ses Souvenirs. Dj Bossuet flchit. Le Roi va rendre une nouvelle visite sa matresse. ouis une autre... ii en natra439

:

noire?) La Reine, comme Bossuet. en est trs surprise. La Montespan reprend ses allures de souveraine. Elle rgne encore, Mme de Svign la dpeint la Cour de Versailles. en juillet 1676. Le Roi y joue aux cartesen public. avec la divine marquise. Mme de Svign. qui a parl avec elle. note son clat, ses diamants. ses perles, en un mot une triomphante beaut faire admirer rous les ambassadeurs. Et pourtant.le Roi flirte beaucoup par-ci.

deux btards royaux : en 1677. FranoiseMarie de Bourbon. qui deviendra duchesse d'Orlans, et Louis-Alexandre de Bourbon. comte de Toulouse. en 1678. La lle de La Voisin assure qu'une nouveile messe noire eut lieu chez sa mre. et qu'un enfant y fut gorg. L'amour flambe de nouveau entre la Montespan congdie et le Roi. (Magie

coutumire. On carte la rivale. (Magie noire?) M-e de Ludres est disgracie.Triomphe de la marquise en 1676. 1677, 1678. Louis XIV _eagne ses guerres. On le compare Jupiter. On identifie la Montespan Junon tonnante et triomphante, selon Mme de Svign.

tanc milio le Roi

,i'i:r :i:

:

'On ur

l

rcs

moifes,

Elle tale sa faveur. sa fortune, elle joue plus fort que jamais au jeu. nemnage personne. Sa chute sera retentissante. Quand le Roi I'abandonnera pour

la

du Roi,Des

mourraitnresS

un placct;papier elle-mmc

lui

prfrer I'ancienne gouvernante de la veuve Scarron, qui dj a pris le titre de Mme de Maintenon, lases btards, beile marquise emploiera les plus funestes

voies pour faire mourir l'amant qui l'a dfinitivement rejete. A ce moment. la Voisir; entre en ieu.

mars

1679.

Le Roiretourner:,:

Voisin futEn

transmit audiatement Chambre La Reynic

parJ : il fait un enfant la des (Eillets, femme de chambre de la marquise, celle qui va en ville voir la Brinvilliers et la Voisin! C'est la des (Eillets qui retient le Roi quand sa matresse est malade et Primi Visconti consigne que Sa Majestse tenait parfuis des heures entires auprs

du feu, fortement pensif et poussantsoupirs.

des

Le Roi frquente aussi Mme de Ludres. lle d'honneur de Madame. chanoinesse dematresse de Vivonne. le frre de Mme de Montespan. La marquise expiose de jalousie. Toute la Cour parle de cette liaison. et la belle de Ludres se voit dj matresse royale officielle, peut-tre enceinte d'un royal btard. La Montespan agit avec sa frocit440

Poussay,

qui avait t la

gobeiet, dvou la marquise, mla des poudres aux mets et vins de la table du Roi. Louis Bertrand y voit I'explication des troubles et des crises qu'prouva frquemment Louis XIV entre 1665 et 1680. Poudres luxurieuses. aphrodisiaques. alolantes, qui le ramenrent sa matresse. car

II

J'a ret semble prouv

qu'un officier

du

l'honneur de Ia lecture Cette

dit de dgott,comme le

dans ses brastueuse

d'

il avait

le temprament

vif trente-cinq

ans.

I'assaillirent. La matresse mais carte.

qui. selon la fille de ia Voisin. usait r/e pratiques rpugnantes. La grande courti-

La belle marquise perdit la tte quand elle se sentit abandonne. Elle se fit aider d'une deuxime sorcire. la Trianon.

jeu et on cachatable amante

faon d voua la

d

que

la

peur

sane promit pour un double coup, cent mille cus : il s'agissait de faire mourir

mourrait de langueur. On prfra choisir un placet de papier enduit de poudremesse noire.empoisonne et passe sous le caiice de la

du Roi, ou dans un lieu o il passerait. la Des Gillets s'en chargerait. Le Roi

le Roi et sa nouvelle matresse! On userait de poudres magiques prpares selon les formules des vieux grimoires, qui seraient jetes sur les habits

tespan, s'empioya touffer I'affaire. Les sances du tribunal furent alors interrompues. Il y avait la Bastille et Vincennes cent quarante-sept personnes emprisonnes pour sacrilge et trafic de poison. On n'arrtait pius pour sorcellerie.

On se doute si Louvois, alors ministre de ia Guerre et protg de Mme de Mon-

papier fatalmars1679.

et la Voisin le

La Trianon prparerait

la

Ce n'est qu'en 1681 que le Roi autorisa

reprise des travaux

le

remettrait

elle-mme en audience au Roi. C'tait en

Le Roi refusa de la recevoir. Elle devait retourner Saint-Germain le l3: la Voisin fut arrte le 12 mars. En octobre de la mme anne, Louvois transmit au Roi les procs-verbaux des

ardente, une fois purs tous les dossiers. Le Roi interdit que I'on entendt nouveau la Voisin et la Filastre, qui avaient eu commerce avec la grande marquise. Lui-mme brla les documents compromettants.

la

Chambre

qvec douleur. Cette infamie suprme de son entourage, comme le dit M. Louis Bertrand. I'accabla de dgot, d'indignation. Il avait tenu

diatement suspendre les sances de la Chambre ardente. Le 17, Louvois crivait La Reynie : J'ai reu les lettres que vous m'avezfait l'honneur de m'crire. Le Roi en a entendu

interrogatoires. Terrifi, le Roi

fit

imm-

la lecture

dans ses bras une empoisonneuse, une tueuse d'enfants! La honte et les remordsI'assaillirent.

La matresse coupable ne fut pas punie,mais carte. La dignit du Roi tait en jeu et on cacha les crimes que la redoutable amante allait expier au couvent. de

faon dramatique. Quant au Roi, il se voua ia dvotion. Saint-Simon a crit que la peur du Diable le dtermina.

sieur Rubantel.

prue avoua entre autres une messe noire sur le corps nu de la jeune matresse du On avait arrt : le marchal de Luxem-

n mort et dcapit Marie-Marguerite d'Aubrai, pouse d'Antoine Gobelin, marquis de Brinviiliers, qui avait appris de son amant, un officier gascon, I'art des philtres et des poisons, et qui s,y tait essaye avec succs sur ses frres et son pre. Trs dvote, elle frquentait les hpitaux et essayait ses poudres sur les malades. La Chambre ardente condamna La Voisin, veuve du sieur Montvoisin, ne Catherine Deshaies, ainsi que son .assistante la femme Vigouroux, et son assistant prtre, I'abb Le Sage. Ce mauvais

trente-six condamnations mort. Dj, en janvier 1676, on avait condam-

Il y eut deux cent vingt-six

accuss,

bourg, accus de pacte diabolique et de conjurations contre le Roi (dnopc par441 Cl. Giraudon

LA

VOISIN

d'exil); la comtesse de Soissons, surintendante de la maison de la Reine. accuse d'avoir empoisonn son mari, mort subitement en 1673 (fuite en Espagne); le marquis d'Alluye, accus d'avoir empoisonn son beau-frre (exil Amboise);accuse d'avoir empoisonn son valet de chambre, qui en savait trop, et qui a voulu donner unphiltre

Contributions de Flandre pour cacher qu'il avait dtourn de l'argent (deux ans

d'avoir empoisonn l'Intendant

Le Sage) et contre sa femme, et

accus des

tres et poisons, les aides, les droguistes, furent condamns comme empoisonneurs et sorciers, envoteurs, noueurs d'aiguil-

duGN

lettes, avorteurs, faiseurs d'oprationsmdicales, magiques, amoureuses, rotiques. On condamna jusqu'en 1682. La Voisin fut brle vive. ainsi oue son aide tienne de Bray, le 22 juillet t680.

cornd

I

Louis

que

Et c'est alors que i'on apprit

que

Bazin Jacqucr prive

la comtesse de Polignac,

I'abb Davot dissimulait des amulettes sous le corporal en disant sa messe; queI'abb Tournet officiait sur le corps d'une jeune fille enceinte qui voulait avorter, et I'on ajoute que la demoiselle en mourut de frayeur. L'abb Mariette pratiquait en campagne la crmonie magique du fagot brl la nuit avec des grains d'encens et d'alun, tandis que I'on rcite une conjuration. Quant I'abb Lpreux, on rapporte qu'il consacrait des serpents dont les femmes se servaient comme d'instruments phalliques. Et quant au frre Grard, on venait de loin acheter son savon I'arsenic, qui, mis sur une plaie, faisait mourir. On sait tout le succs. pendant plus de dix annes, de la poudre de succession de La Brinvilliers. Elle fut beaucouo utilise la Cour.

qul n rativq

au Roi pour le rendre amoureux d'elle;la princesse de Tingui, qui a empoisonn ses enfants nouveau-ns; la marchale

I

de la Fert (compromise); la comtesse de Roure (qui hassait La Vallire). On a trouv des biilets de la duchessede Foix, qui voulait des recettes de beaut

tructeur

le 1lYowRoi

Larchctvous

pour acqurir de beaux seins; d'un duc qui avait des curiosits, forme de magie divinatoire, celle des questions poses sur l'avenir. La duchesse de Bouillon voulut excuter son mari pour pouser son amant, M. de Vendme. Elle se disculpa et n'avoua que des curic. :s. Elle se moqua du tribunal et fut exileechambellan de France, se serait rendue complice avec la comtesse de Roure, femme du lieutenant-gnral du Languedoc, de conjurations et poison contre Mlle de La Vallire (affaire de La Brinvilliers, I'abb Guibourg, Mue des (Eillets et la marquise de Montespan). Citons encore le receveur gnral du clerg, Pennautier, et Feuquires, etbeaucoup d'autres... Tous les petits agents porteurs de phil444Netscher

pas. :l#

Lt

besoin-

I'

il

du Roisavoit ct dc88t13r';

du grand

Nevers. Marie-Anne de Mancini, pouse

philtr

RACINE COMPROMISDevant la Chambre ardente. le 2l novembre 1679, La Voisin avait mis en cause Racine, rapportant insidieusement qu'elle avait entendu dire onze ans uparavant, que I'illustre dramaturge avait empoisonn sa matresse. la comdienne la

fut-ilde la

,cr

D'ps3ion

la'p1I

Satst,de

s

Cl.

Giraudon

MADAME DE MONTESPAN ET LA DII|EUSE DE BONNE I,VEUTUNT

du Parc, et qu'il lui avait vol sa bagueen briilants. La belle-mre et les fiiles de la comdienne le lui avaient rvl. Le procs-verbal fut communiqu par qui n'aimait gure le pote Louvois Louis-XIV. Il est trs vraisembiabie que Racine fut convoqu par Ie prsident Bazin de Bezons et que des enqutes peu concluantes furent menes. Sur ce sujet, Jacques de Lacretelle a crit dans La Vie prive de Racine des pages remarquables qui n'innocentent pas tout fait Ie pote. Louvois donna I'ordre d'arrter Racine, compromis dans I'affaire. Sa lettre imprative Bazin de Bezons. magisuat ins-

conscience

Quel sombre abme s'ouvrait dans la de Racine! Et le dramaturge

faire assassiner sa rivale; la Brinvilliers

s'est-il content de percer les tares de ses contemporains. ou n'a-t-il pas dpeint le drame de son me et de sa vie secrte. ou bien sa grce et son gnie ne sont-ils pas responsables du dsquilibre de ses contemporains? Hermione dlaisse a voulu

a tu son pre et son frre comme Nron sa mre et son frre... des Roxanes ont tu des Bajazets... des Junies ont pris le voile... des Hippolytes innocents ont t sacrifis... des CEnones ont pouss au maldes cratures emportes par leurs passions.

tructeur de ia Chambre ardente, prescrit

janvier 1680 : Vous trouverez ci-joint les ordres du Roi ncessaires pour faire aruter la dame Larcher; ceux pour l'arrt du sieur Racine vous seront envovs aussitt que vous les

le

ll

Chaque nuit, Ies hrones de Racine hsntaient leurs rves pour y verser les poisons crime et dchaner 'duOn a remarqu queles instincis.sauva de Racine se justesse. Il se jettera dans les bras de Port-

Royai, pour expier.

demanderez.

La Chambre ardente ne les demanda pas. Bazin de Bezons n'prouva pas le besoin de poursuivre son collgue de I'Acadmie Franaise et protg du Roi. Il suivait en cela d'ailleurs la politique du Roi en cette dramatique affaire, savoir d'carter les grands compromis et de condamner impitoyablement les artisans du scandale, les fournisseurs de philtres et messes noires. Jean Racine fut-il coupable d'avoir us des poisons de la sorcire pour excuter sa matresse? D'Andromaque Britannicus, I'amourpassion de I'hroine centrale laisse place la perversit criminelle d'un fls de Satan, I'antchrist, I'amuteur de vices et de poisons, matricide et fratricide, dit trs justement Jacques de Lacretelle.

L'ENVOTEMENT

DE BLAISE PASCALMue Marguerite Prier, nice de Blaise Pascal, a rvl dans son Mmoire sur la vie de M. Pascal que I'illustre penseur tait n malingre. qu' quinze mois il tait effrayant voir, le front bomb les yeux toujours ferms, l'pine dorsale dforme, les membres noueux. Souvent,

de violentes convulsions secouaientcorDs et

hurlait. iienne Pascal. affol par les cris de son fils, ne pouvait plus effectuer ses travaux mathmatiques. Antoinette Pascal,

il

son

mre de I'enfant. ne savait que faire.

445

Une vieille femme offrit ses soins. C'taitune femme trs ge, courbe sur un bton,

vivant avec une chvre noire et parcourant la campagne. On I'appelait Piarrone

la

avait iet un sort sur I'enfant. On la fit venir, et tienne Pascal la menaa de la faire pendre si elle ne conjurait pas le sort qu'elle avait jet sur son fils. Elle en convint, avoua qu'elle avait voulu se venger, car le Prsident avait jadis refus de la sortir des mains des gens du Roi qui Iui faisaient procs. Elle en tait fche, d'autant plus que le sort qu'elle avait jet tait Ia mort et qu'on ne pouvait I'enlever qu' Ia condition de le faire passer sur une autre tte. On dcida de prendre un chat. La sorcire cracha trois fois sur lui. La bte miaula furieusement. Elle le prit et se dirigea vers la chambre de l'enfant. mais elle rencontra dans I'escalier deux frres visiteurs capucins qui dirent : Quel sort va foire cette sorcire avec ce chat? Ce qui rendit la vieille exaspre et elle jeta le chat par la lucarne de l'escalier. Il tomba raide mort dans la cour. On lui en donna un autre. Elle le porta sur le berceau o il resta tranquille. Elle demanda ensuite faire un cataplasme de neuf feuilles prises sur trois sortes d'herbes cueillies avant le lever du soleil par unenfant de moins de sept ans. Le Prsident

Or, le bruit courait que la

Sorcire.

Piarrone

resta immobile comme s'il tait mort. Le petit corps se refroidissait. La mort semblait avoir fait son ceuvre. Tous pleuraient; on prparait I'enterrement. Le pre, dans son dsespoir, gifla la sorcire. Celle-ci lui dclara : Je vois bien, messire. que vous tes fch parce que vous croyez que votre enfant est mort. Il est vrai que .i'ai eu tort de ne pas vous dire qu'il devait resternez donc auprs deainsi jusqu' minuit ou un peu plus. Retourlui tout ce lemps et vous verrez qu'il reviendra.

Entre minuit et une heure. l'enfant A six heures, il ouvrit les yeux, reconnut les siens. prit le sein de la nourrice. Il tait sauv. Sous le berceau, le chat tait mort. Le Dr Mouezy-Eon. qui s'est pench sur ce problme, y voit une opration essentiellement magique. un fait supranormal, une vocation et un influx magique de la magicienne. Il rappelle le cas des exorciseurs transportant I'esprit dubilla.dmon sur des animaux. sorcires transfrant le mal sur une poule noire, le Christ lui-mme jetant sur des pourceaux le

futdu Blipar

mal des possds. Il y voit une puissancede domination exceptionnelle du psychisme

sur les phnomnes biologiques. L'utilisation des plantes, et leur nombre, semblent particulirement oprants.L'occulte remplit la vie de Blaise Pascal: le miracle de la Sainte pine. I'accident du pont de Neuilly. les visions hallucinatoires. le talisman mystique qu'il por-

DUUne lines novlce' connut

I'obtint de son apothicaire. qui les fit

cueillir par sa petite fille cette mme nuit et les remit. La vieille fit le cataplasme qu'elle appliqua sur le ventre de I'enfant qui se raidit aussitt, poussa un soupir et-'16

son vtement, autant d'expressions du destin prodigieux de I'auteur illumin des Penses, qui voyait constamment un

tait

constamment dans

la doublure

de

poul

I'i

gouffre son ct, qui ctoyait I'invisible,

qui connut I'extase et la visionfique.

bati-

QUI TAIT LIAS ASHMOLE?C'tait I'homme la mode. Un homme tonnant, clbre botaniste et antiquaire anglais (1617-1692). Cet astrologue. symboliste et alchimiste, franc-maon, futChemicum.

retentissant, trs imprgn des RoseCroix. Il savait I'hbreu. pratiquait I'art spagirique, il sut le secret de la Pierre Philosophale dtenu par les Rose-Croix. On dit qu'il assura divers emplois la cour d'Angleterre. notamment quII se conduisit brillamment comme hraut d'armes du chteau de Windsor. Ce docteur en mdecine. de i'Universit d'Oxford, a laiss un nom. Son influence fut dterminante dans les socits occultes du xvtle sicle. On le considre aussi comme un grand magicien. Elias Ashmole, < Eiias Artiste > prdit par Paracelse?

connu par son Theatum

L'HISTOIRE DPLORABLE DU MAGICIEN ABB GAUFRIDYUne jeune nonne du couvent des Ursulines d'Aix. Magdaleine de La Palud. novice. aprs d'excessives mortifications. connut des extases. puis des hailucinations. pour lesquelles on dnona rapidement I'intervention du Diable. Elle poussait

lB

rosso

447

des hurlements inhumains devantsacrements. elle se secouaient.

les

tordait les membres. sa bouche cumait. Les convulsions laElle avoua que le cur du Vieux Port,

I'abb Louis Gaufridy, I'avait sduite toute jeune. qu'il tait un magicien consomm et qu'il l'avait souvent emmene dans une caverne o se tenait la synagogue des sorciers. Elle I'avait vu lire un livre de magie. couvert de signes kabbalistiques. Il I'avait force se lier au

vieux prtre qui I'exorcisait. I'escaladed'une tour du monastre. Une autre nonne qui partageait sa cellule devint hallucine autant qu'elle. Magdaleine se disait possde du dmon Belzbuth. et Louise sa compagne, du dmon Verrine. Le double exorcisme se changea en bataille de diables et de prtres. grands coups de soulier. Le l6 dcembre 1610, le diable Verrine, par la bouche de Louise, accusa I'abb

Au cours d'un exorcisme, on la vit s'lancer par la fentre et entraner le

Diable par le pacte

de sang.

et des saincts aptes Pierre et Paul et de sainct Franois. Et tot,, Lucifer, que te voy et scoy estre devant moi, je me donne mov mesme. avec toutes les bonnes uvres que je ferai, except la valeur et le fruit des sacrements, au respect de ceux qui je les administreratt, et en cette manire, j'ay sign ces choses et les atteste. On publia I'engagement de Lucifer : Je, Lucifer. promets sous mon seing, to1,, seigneur Lovs Gaufridy, prestre, de re donner vertu et puissance d'ensorceler par Ie soufiement de bouche toutes et chacunes les femmes et les flles que tudsireras.

sduite par Ltn magicien. Paris, 1614. En 1623. la Vocation des Magiciens et Magiciennes publia le texte du pacte de I'abb Gaufridy avec le Diable ; Je, Loys, prestre. renonce tous et chascun des biens spirituels et corporels qui me pourraient eslre donns et m'arriver de la. part de Dieu. de Ia Vierge et de tous les saincts et sainctes ; et principalement de la part de Jean Baptiste, mon patron,

:il

trc,i

d

La

it tutdc s't avant

Gaufridy, comme Magdaleine. Le pre dominicain Michalis. Grand Inquisiteur de Provence, prit I'affaire en main : il enferma les deux religieuses au cachot d'Aix. les confronta avec le cul, ce qui ne donna rien. Or, on dcouvrit sur les reins du prtre une marque mystrieuse que I'on prit pour la griffe du Diable. On le soumit la question. I'estrapade (prcipit plusieurs fois du haut de la vote du cachot. au sol. attach haut, avec une pierre aux pieds). On le condamna au bcher. Dom lvlichalis en tira un fort joli rcit : Histoire admirablede Ia possession et conversion d'une

en statue d'or sur I'autel, auprsGaufridy, prince des Dmons. Aprs puis sombrait dans la lthargie.

Enfoy de quov.j'ai sign Lucifer. Magdaleine de La Palud conta plaisamment, entre deux crises. qu'elle tait princesse du Sabbat et qu'elle se voyaitdeses

LE I'ES ET En,Loudun'

accs, elle traversait un tat de catalepsie,

I'ari1

LE DIABLE AU COUVENTDES BNDICTINFS DE MADRIDAu couvent des bndictines de Madrid,

SazillY, Mne de trs

I'abb

rii

Ii,

leurs lits.des courses

pnitente

au dbut du xvrre sicle. le Diable fitII{r

448

I

projetant en l'air. La nonne dclarait qu'un dmon nomm Peregrino pntrait en elle et l'obsdait. La plupart des religieuses tombrent dans le mme tat.Des scnes indescriptibles se droulrent, les nonnes ne cessant de hurler, d'aboyer,

dofta Teresa, qui avait peine vingt-six ans, apprit qu'une de ses religieuses tait atteinte de convulsions tranges, mains raides. bras tordus, l'cume la bouche, poussant des hurlements la nuit et se

son apparition et s'empara du corps et de I'esprit des nonnes. La Suprieure,

main du Diabie et trois ecclsiastiques, dont le chanoine Mignon, vinrent exorciser. La suprieure s'avoua possde par Astaroth, et au premier mot de I'exorcisme poussa d'affreux hurlements, se convulsa. Elle accusa le cur Grandier de I'avoh enchante en lui offrant des roses. Elle dclara que I'abb Grandier venait chaque nuit la visiter, en passant travers les murs.se

dements bientt eurent lieu. On

y vit

la

Les autres nonnes! galement possdes, disaient en proie aux dmons Asmode,

de miauler, rptant le nom du terriblePeregrino.

Astaroth, Leviathan, Isaacharum, Uriel,Bhmoth, Dagon, Magon. Sous leur effet, elles tombaient en catalepsie, ou bien marchaient en tat d'automatisme. ou bien

La fureur du clerg se retourna contre lui : il fut condamn mort en 1630, accus de s'tre mis en relations avec les dmons

Le pre Garcia, confesseur du monastre, s'effora de chasser le dmon et d'exorciser les nonnes, ce fut en vain.

se roulaientblasphmantdtestables

avant de les avoir attaqus.

porr! Elles rptaient souvent le nom du clbre abb Grandier et le mettaient

en rptant : Maudite soit Marie, et maudit soit le fruit qu''elle a

et commettant des

terre, injuriant Dieu,.

actes

LE DIABLE AU COWENTDES URSIJLINES DE LOUDUN ET LE CUR GRANDIER

En 1631, les nonnes du couvent de Loudun, runissant de grands noms derI'aristocratie telles Mne de Belciel, Mme de Sazilly, nice du cardinal de Richelieu,

en cause, Le cur de Loudun, Urbain Grandier, g de quarante ans, tait un homme fort intelligent, de bonnes manires et d'un physique trs plaisant. On I'admirait beaucoup, tant comme homme du mondeque comme prdicateur. Ses confrres en

conurent une vive animosit. On le disait aussi un peu lger et sensible aux

apparaissait la nuit et s'approchait de leurs lits. Ce fut bientt dans le dortoirdes courses folles et des cris, car le spectre

trs prouves par la mort du prieur, I'abb Moussaut, prtendirent qu'il leur

Mme de Barbezieux, Mme de Sourdis, etc.,

-

dames.

Une dnonciation anonyme l'avait dj

expos

avec ordre de jener au pain et l'eau tous les vendredis. L'archevque annula cette prescription et Urbain Grandier en tiragrande vanit. On le considra en martyr et sa renomme ne cessa d'augmenter.449

une rprimande de l'vque,

apparaissait chaque nuit. Les pires dbor-

cette poque Loudun, le Conseiller Laubardemont. avec mission de raser les fortifications de la ville; comme laplupart des habitants s'opposaient cette dcision, Urbain Grandier eut le tort de prendre la tte des protestations et publia contre le Cardinal un pamphlet vengeur qui connut un extraordinaire succs. En 1635, toute la France parlait des

Le Cardinal de Richelieu avait envoy

inou'ies, sur Agns hurlait les noms d'Asmcrde et de Bhrit, refusait de baiser i; ciboire, se tordait en rond, les mains tenant ses pieds, profrant tous lesblasphmes. Mme de Sazilly hurlait le diable Sabulon, courait autour de l'glise, et ttait une grande langue noire. Chacune se disait ensorcele par le cur, assurait que

de Loudun. Le frre du Roi. Gaston d'Orlans, vint spcialement voir ce qui se passait. Les exorcistes, les Pres Surin, Tranquille et Lactance, lui offrirent le spectacle des convulsionnaires. Bien plus, le Pre Surin, alors qu'il exorcisait, perdit connaissance, se roula terre, se dit lui aussi possd par le dmon Isaacharum. Devant lui et sous les yeux du prince, Mme de Belciel prit des posturesscandales

Le

d'(les

vif.

celui-ci avait sign des pactes avec le Diable, qu'il se rendait au Sabbat et mangeait la chair d'enfants morts sans lebaptme.

Le Conseiller Laubardemont se rendit Paris auprs du Cardinal. Il revint avecL'ABBE URBAIN GRANDIER

pouvoir d'instruire

Grandier, magicien notoire. Le cardinal

le

procs

du

cur

n'oubliait pas Ie pamphlet. Mis en prison, interrog, examin,exorcis sans rsultat notoire, le cur pro-

D'at ChirDeuxmagie. sonna

posa d'exorciser lui-mme les nonnes,

ce

public l'glise Sainte-Croix pour y ssister. Ds la venue de Grandier, les nonnes entrrent dans une fureur indescriptible, poussant des cris de lage, se roulant sur le sol, impudiques. Puis elles se jetrent sur le prtre, le griffant au visage. On i'enleva pour le lemettre engele.

qui lui futautoris; onconvoqua un grand

A ce moment, lettres et pactes diaboliques parvinrent au clerg : Asmode, Grsil et Amand annonaient qu'ils allaient commettre encore mille tourments au nom du cur. Le cur fut condamn. Les Pactes furent solennellement brls. On passale malheureux la question et aux brodequins, ies tourments furent terribles. Lesmmes les coins grands coups de maillet,

moines Lactance et Tranquille s'acharnrent sur leur patient, enfonant euxtandis que le condamn hurlait de souffrance. On l'envoya ensuite au bcher. Le Conseiller Laubardemont lui accorda d'tre trangl avant les flammes, mais les capucins nourent la corde et empchrent ainsi la strangulation.

Il fut brl

vif.

On rapporte que les Pres Lactance, Tranquille et Surin, qui avaient tortur Urbain Grandier, furent frapps de folie. Le chirurgien et le lieutenant de police, qui avaient aid au supplice, devinrent eux-mmes possds et moururent dans le mpris gnral. Au couvent des Filles de Sainte-Elisabeth de Louviers, o les nonnes passaient des nuits en prire et en macration, les dsordres furent aussi extravagants. Les religieuses se tordaient terre, blasphmaient. hurlaient. sautaient en tous sens. Les exorcismes ne faisaient qu'accrotre leur rage. Les nonnes racontaient leurs visites au Sabbat. oir elles honoraient le bouc : leurs continuels blasphmes, leur horreur du sacrement, leurs paroles de dbauche, leurs hallucinations prouvaient I'action du Diable. Dans un mmoire dtaill, la sur Marie du Saint-Sacrement exposa ses visions, comment le Diable la pinait, la piquait, la mordait, comment il prenait I'aspect du frre confesseur et lui faisait signer un pacte. Une autre fois, le Diable avait la forme d'une religieuse qui lui apportait des fleurs, puis la frappait, la mordait tel un chien. Oui, le confesseur du couvent est un vrai magicien. Toutesles nonnes en sont folles.

LE DIABLE A LOUVIERSET LES DEUX CURES BRLS LE MORT ET LE VIFD'autres couvents subirent la contagion:

Chinon, les nonnes firent mille excs. Deux prtres furent condamns pourA Avignon, ville papale, on emprisonna aussi des convulsionnaires.magie.

nation du dmon. Le prtre Demarets, de I'Oratoire et sous-pnitencier de Rouen, en a consign les dtails dans un mmoire qu'il ddia la duchesse d'Orlans : de vritables messes noires s'y droulrent. Au couvent, l'action satanique tait conduite par I'abb Pierre David, directeur du monastre, qui faisait danserles nonnes nues et s'accoupler entre elles,451

Il

est une incar-

jusque dans l'glise et le jardin.

gnait qu'il fallait faire mourir le pch par le pch et pour imiter l'innocence

Il

ensei-

de nos premiers pres. rester nus comme eux et suivre I'impulsion de ses sens plutt que les freiner! Alors les religieuses se prsentaient la communion nues jusqu' la ceinture. A la mort de I'abb Pierre David, son successeur I'abb Mathurin Picard. curde Mesnil-Jourdan. continua ces pratiques rotiques et profanes. clbrant des messes

corps furent mens au feu sur la claie, la face contre terre, travers la ville de Rouen, et purifis par les flammes, sur la place oir fut brle Jehanne d'Arc.

LES COT{VTISIONNAIRBS

DE SAINT VTOINO SUR LA TOMBE DU DIACRE FRANOIS PARIS

noires o l'hostie consacre servait de stimulant rotique aux nonnes exaspres.

Les exorcismes ne firent qu'empirer la situation.

Un jour de fvrier 1643, pendant le sermon de I'exorciste, la sur Madeleine Bvan clama que I'on verrait bien si Satan ne finirait pas par triompher. OnI'enferma. Elle avoua avoir cd au cur, avoir vol des hosties et particip avec lui au Sabbat. Elle reconnut avoir tu des enfants nouveau-ns pour en faire des charmes. On la mit en gele. Le Parlement de Rouen. en avril 1647. exhuma le corps du cur Picard. On le jugea le 27 avrll. On arrta et on jugea aussi son successeur, le cur Boull. que les nonnes accusrent galement. Le mort

au moment ou I'oppression tait cruelle, en faisaient un exemple et une victime. Sa tombe au cimetire de l'glise Saint-Mdard recevait beaucoup de visiteurs. Une exaltation rgnait en ce lieu et des miracles se produisirent. Plusieurs jeunes filles y tombrent en convulsions. Ces crises devinrent contagieuses. On y vit I'intervention magiquejansnistes, du dfunt. Une socit d'inspirsse

donn I'exemple de I'humilit, de la pnitence et de la charit. Ses convictions

Fils d'un conseiller au Parlement, le diacre Franois Pris tait mort trentesept ans, le ler mai 1727, aprs avoir

$ #-!

fonda,

elle prit pour chef un prtre de Troyes, l'abb Pierre Vaillant, qui avait fait de la prison pour son action jansniste. Les vaillantistes l'honoraient cornme un prophte et derrire ce nouvel Elie s'appelaient les lisens. On remit Vaillant la Bastille. Il devait mourir dans les gelesde Vincennes. Son disciple Jean Augustin Housset fut aussi enferm. Un oratorien.

Dedes

et le vivant furent envoys au452

Alexandre Darnaud. qui se faisait passer potu le prophte Enoch, connut le mme

li

enl

Lt

bcher, pour messes noires au Sabbat. Les deux

sort. De nouveaux chefs de convulsionnaires surgissaient aussitt : c'tait frreII

Mdard On

I

nocturnes, la corde au cou et la torche au poing, autour de Notre-Dame, sur la place de Grve, avides de subir le supplice. Leur exaltation leur inspirait mille extravagances. C'tait aussi l'abb Bcheran qui,

ils se signalaient par des processions

Augustin, qui gloupait les augustiniens :

se briser les os, fait Ie saut de carpesans se faire mal. > Une dame Magnan se

< couch sur le tombeau de Pris, saute

roulait comme lui et avec lui, en convulsions publiques. On les enferma tous deux.

C'tait ensuite l'abb Blondel, ditfrre Laurent, qui publiait des chroniques cinglantes contre les jsuites, qui tenait des assembles secrtes Vernouillet. On I'embastilla. Ces groupes de convul-

les fguristes, les secouristes. Tous se livraient des exhibitions souvent indcentes, des hallucinations, gmissant, souffrant, exprimant le calvaire du Christ. Beaucoup pratiquaient la voyance, prophtisant, annonant l'avenir. Les figuristes revivaient la Passion et le martyre des saints. Les secourisres administraient le petit et le grand secours, c'est--dire une aide prvenante aux femmes en convulsion, ou au contraire distribuaient flagellations, coups de pied, mauvais traitements aux oprants. De nombreuses personnes leur faisaient des dons : on enferma le comte Daverne, en 1735, parce qu'il leur remettait rgulirement des subsides. La foule se pressait au cimetire SaintMdard sur la tombe du diacre Pris. On compta jusqu' huit cents jeunes filles

sionnaires s'appelaient aussi les mlangistes, les discernanls, les margoullistes,

l

I

LE

DIACRE FRANOIS PARIS

453

et

filles sautaient si haut qu'on les appeiait les sauteuses. D'autres aboyaient, les aboyeuses, ouensemble. Certaines miaulaient. les miaulantes. Des miracles quotidiens s'opraient autour d'elles. Les perscutions du Gouvernement ne

hommes, tombant

en

convulsions

faisaient qu'accrotre

meurtriers. Le cimetire Saint-Mdard devenait un lieu de grandes preuves et de supplices : les jeunes fi.lles convulsionnaires rclamaient des co::os. voulaient tre battues. gifles, martyriies, les douleurs ayant pour elles les attraits de la volupt. I-es secouriste.s ne s'en privaient pas, les foulant aux pieds. pitinant leurs cuisses, leur ventre, leurs seins, puis lesfrappant coups de bche. Une d'elles recevait cent coups de bche sur Ia tte, sur Ie ventre, sur les reins:une autre se couchait de son long sur Ie dos; on tendait sur elle une planche et sur cette

adeptes. Les jsuites criaient la sorceilerie. En aot 1731, on assista aux secours

le nombre

des

bien! Mon frre. redoublez vos forces, si vous le pouvez! Des scnes horribles se droulaient, au milieu des chants, des gurisons miraculeuses... dans une hallucination gnrale tenant du sabbat. La police ferma les grilles du cimetire. Ie 27 janvier 1732, et fit garder la clture. L'archevque de Paris. Vintimille, excommunia les convulsionnaires. Les adeptes accrochrent un panneau clbre : De par le roi dfense Dieu De faire miracle en ce lieu.Les convulsionnaires se transportrent ailleurs. se runirent chez des particuliers. En mars 1733, le Gouveinement svissait toujours, arrtait, emprisonnait. L'exaltation augmentait auiant : des jeunes fi,lles se faisaient flageller, puis trangler avec une corde, avalaient des

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Ia langue avec des charbons ardents,

pages du Nouveau Testament, se brlaient

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I'instar des rcits de la Bible. On assistait des crucifiements, avec clous dans les mains et dans les pieds. Le mdecin

i

planche se plaaient plus de vingt hommes. Une autre, les jupes garrottes, les pieds en haut, Ia tte en bas, restait longtemps dans

du Roi. Morand. qui assista pareilles scnes. les a raconrei en dtail.des armes

cette attitude. D'outres avaient Ie sein couvert et on leur tordait les mamelles avec des pinces, jusqu'au point de fausser Ies branches. (Bernard Picard.) Les malheureuses s'criaient alors : C'est ainsi, mon Dieu, qu'on dchire le sein de votre glise; c'est ainsi qu'on veut arracher vos edants de votre gtise t La demoiselle Jeanne Mouler, ge de vingt-deux ans, se faisait battre coups de chenet sur I'estomac et criait : Ah! que cela est bon! Ah! que celq me fait du,.:4

I'irruption de la police qui

Souvent, ces tableaux vivants de magie convulsive collective se terminaient paremmenait

tout le monde. Un Conseiller au Parlement, Carr de Montgeron. en trois gros volumes dtaills, a dress la liste des miracles les plus tonnants accomplis sur la tombe du diacre Pris : citons seulement la surison de Madeleine Beigny, dvideuie de soie et paralytique; celle du jeune Espagnol Alphonse de Palacios. fils de ministre et aveugie; celle de la demoiselle Thibaut,

M.1737;ilOn

C.elt,

I'

chne, souffrant d'hmorragies et de fivre, frappe de convuisions; ceile de Philippe Sergent, paraiytique, et de Gautier de Pzenas aveugle, d'Anne Lefranc et de la demoiseile Mossaron, paraiytiques; celle de la demoiselle Coirin, qui souffrait d'une tumeur au sein depuisquinze ans; ceile de la demoiselle Hardouin,

hydropique norme paralyse; ceile d'une servante nomme Anne Couronneau, fin 1730, impotente; celle de Franoise Du-

volumes supplmentaires. Plus le lieutenant de police Hrault, violent, prenait des mesures svres, plus la secte des convulsionnaires devenait secrte et se dveloppait. ayant ses runions clandestines. ses informateurs et chroniqueurs.pamphltaires et ses orateurs. A SaintMaur, s'exerait l'abb Dufart, l'abbses

paralytique moribonde. La fille du Conseiiler de Montgeron, sujette des crises horribles, et demi folle, convulsionnaire, fut entirement gurie en janvier 1,732, grce l'4pparition des reliques du diacre Pris. Egalement furent guries avec retentissement Ia dame Catherine Bigot, souffrant du hautmal et sourde; puis la demoiselle Fourcroi,

Blanchon Vincennes. On les embastilla en 1740. Le roi tait excd. Une jeune convulsionnaire miracule, Marie-Jeanne Lefvre, fut jete la quotidiennement dans la rue. L'abb Daribat. qui distribuait des fragments du lit du diacre Pris, fut arrt, ainsi que son collgue I'abb Brunet, avec la dameBastille en 1732 : elle avaitses

convulsions

au pied mal form. Le Conseiller, dans son trait, examine les gurisons miraculeuses des malades figuratifs, qui prennent des attitudes extatiques, revivent la Passion. font des manifestations, etc.. puis des apocalyptiques qui sont les visionnaires: puis des thaumaturges qui s'imaginent accomplir des prodiges'et se croient gurisseurs, puis des prtresses. qui se prennent pour les ministres du cuite; des prophtesses, qui pratiquent la divination. Il appela son livre : ln Vrit des Miracles oprs par I'intercession du bienheureux Pris, dmontre contre M. I'archevque de Sens. Le 29 juillet 1737. il vint I'offrir Louis XV la Cour. On I'arrta et il nit ses jours en prison. Cela assura le succs de la vente de I'ouvrage : en prison, il composa deux

Franoise Aubillard qui recevait les convulsionnaires chez elle. En 1759, runion de convulsionnaires rue de l'Estrapade, chez le sieur Froissard de Prauval, ancien mousquetaire, prside par le sieur Marie Chapelle, dit frre Jacob Job. ancien directeur des fermes de Bretagne et pote. Tous deux conduits la Bastille et condamns. Des gravures tournant en drision les jsuites, le pape,le clerg, circulaient. On arrtait le graveur et l'imprimeur. Bastille. On ne put jamais

publication des Nouvelles on trouvait partout des exemplaires sans en connatre I'origine. On raconte qu'au moment mme oir le lieutenant de police Hrault perquisitionnait dans une maison du faubourg Saint-Jacques, une main inconnue lanait des exemplaires dans sa propre voiture. En 1742, on arrta un abb Laborgne qui donnait des leons des adolescents pour leur faire prouver des convulsions.empcherecclsiastiques. dont455

la

SUR LE TOMBEAU DU DIACRE FRANors pARrs FUT cunteMIRACULEUSEMENT LA

s

DEMOISELLE THIBAUT

t

On arrta aussi les meneurs pierre

riSan-

.

nen' .arfois un caractre rotique : ies 'lles se dnudent. s'offrent. proi. ' ecclsiastiques qui participenr'rsqu'en 1762. date des 'ions et des derniersJ}.

turon, Antoine Maupoint, Pierre Laporte. Marie Tusseaux. etc. Les runions pren-

au sujet des Convulsions, qui rapporte encore que dans une commuconfesseur

les

intervint. et l'on menaa les religieuses d'tre fouettes. Elles cessrent leursmiaulements.

naut trs nombreuse de Paris. toutes les religieuses la mme heure taient atteintes d'une crise qui les faisait miauler en chur pendant des heures? La police

t672,

{u

tmoignage Ia Lettre

Les chroniqueurs assurent gue

de un

combat cessa faute de combattanis. Les jansnistes n'avaient plus de disciples et

le

454

LA

DEMOISELLE

MARIE-ANNE

COURONNEAU, GURIE SUR LE TOMBEAU DU DIACRE FRANOIS

PARIS, MARCHA SANS SES BQUILLES PoUR RENTRERCHEZ ELLE

les jsuites taient expulss de France par

Louis XIV. De son ct, Colbert, depuis 1672. interdisait aux tribunaux d'admettre I'accusation de sorceilerie.

LES CRUCIFISET LES FOUET'IS DE FAREINS

Dans un village des bords de la Sane, Fareins, depuis 1775, le cur, I'abb

Bonjour et son frre, son vicaire, suscitaient par leur pit I'admiration de tous les fidles. En 1783, le cur donna la place son frre. Les miracies commencrent : une jeune fille. malade de la jambe, fut gurie par le cur coups de petit couteau manche rouge. Une autre jeune fille malade demanda qu'on lui impost Ie crucifiement. Mise en croix, elle gurit un vendredi trois heures, devant tous les dles. La secte du cur Boniour naquit aussi457

dans une grange. L, dans I'obscurit, I'abb donnait des coups de fouet aux aspirantes la gurison et les gurissait. Il fallut exiler le cur qui fut enferm au couvent de Toulay. Il s'chappa dlivr comme saint Pierre par un ange, et se rfugia Paris avec sa crucifie, cinq clous enfoncs dans chaque talon. De nombreux adeptes vinrent s'installer et vivre auprs d'eux. Le cur effectuait des miracles toujours coups de fouet. Ils continurent jusque sous le Consulat,

tt : on se rassemblait la nuit

LE.S SOIXANTF-DIX LVITATIONS DE SAINT JOSEPH DE CUPERTINO

La lvitation est une lvation surnaturelle du corps humain au-dessus du sol. Le prophte Elie, Simon le Magicien... Les cas de lvitation ne manquent pas dans le palmars des vies des saints. Olivier Leroy, professeur agrg de I'Universit,

il

ati

sait pr

dans son ouvrage fort important : In Lvitation, relev le cas de quatrevingt-treize saintes et de cent douze saints, des Acta Sanctorum, qui effecturent des1vitations.

a

pait.

@

car ils s'enfuirent en

Suisse.

Gilles saintsainte

L'AFFAIRE DES BERGERS DE LA BRIE

En 1688 et en 169l le Parlement de Paris condamna plusieurs bergers briards accuss de sortilges et malfices faisant prir les troupeaux. -Pierre Nicolas Hocque. Pierre Feurre, Etienne Jardin. LouisCoasnon, Pierre Biaule. rvlrent I'instruction la composition de leur drogue satanique : Du sang et de Ia fente des animaux, de l'eau bnite et du pain de cinq paroisses, notamment de celle o est le troupeau; d'un morceau de la sainte hostie qu'ilsrctiennent

du 17 mai 988. s'enleva jgsqu' la vote de la cathdrale. Saint Etienne, roi de Hongrie, mort en 1038, fut soulev de terre une nuit qu'il priait dans sa tente.Saint Ladislas de Hongrie (1041-1095) se tenait en prire au-dessus du sol un soir, au couvent de Warasdin. Saint Bernard lui-mme (1091-1153), I'illustre abb de

Citons saint Dunstan, archevque de Cantorbry, qui, le jour de I'Ascension

de Sile Agns de

RobertSienne,

Clairvaux

et

docteur de l'ghse, eut

trait

heureux Pierrede aussi, s

Ia communion, de crapauds, couleuvres et chenilles, qu'ils mettent Ie tout dans un pot de terre neuf achet sans marchander dans lequel ils mettent encore plusieurs billets sur lesquels ils criventavec du sang de plusieurs animaux ml d'eau bnite, Ies paroles dont les prtres se servent pour la conscration. et autres paroles les plus saintes de l'vangile de saint Jean, (Pierre Lebrun.)458

selon Goerres une lvitation en prchant. Saint Dominique (1170-1221), fion moins illustre, tant de passage Castres, au monastre des bndictins, fut surpris par un religieux, priant devant la chapelle, lev une coude au-dessus du sol. Il avait dj montr deux cas de lvitation, notamment un jour l'glise Saint-

illumins. Beaucoul saint Franr

Xavier, sail Ignace de L tara, saint sol dans letdans I'air, les voyaien

Sixte de Rome; disant

la

messe,

il

se

souleva de terre au moment de l'Ivation.

Sainte Christine I'Admirable (l1501224),qui passait pour morte, au cours de son service funbre s'leva jusqu' la vote de l'glise oir elle resta suspendue.

Loisque saint Franois d'Assise (1186-

1226) parvint

sements

sur le mont Averne se muiti-

la fin de sa vie, ses ravis-

plirent. Son disciple prfr, frre Lon, qui lui apportait sa nourriture, le trouvait parfois en extase au dehors de sa grotte, soulev de terre forte hauteur. Parfois il atteignait les htres et mme disparaissait presque la vue. Un halo I'enveioppait.Que de cas de lvitation extraordinairesI

Gilles de Santarem, la

saint Edmond, sainte Lutgarde, le bienheureuxbienheureuse

Sainte Elisabeth

de Hongrie,

levait du sol, alors qu'elle priait au milieu des autres religieuses. Un jour oir elle communiait, consigne son historiographe I'vque d'Yepes, elle se tenait si haut qu'on ne put lui donner I'hostie; citons encore sainte Catherine de Ricci

Les pius fameux cas rapports furent ceux de sainte Thrse d'Avila (15151582), qui dcrivit elle-mme comment dans ses prires l'attrait divin la sou-

de Prato, qui, lorsqu'elle entrait enAlphonse, qui se soulevait frquemment au.dessus de son sige l'glise. La lvitation double de sainte Thrseextase, restait suspendue en

(1522-1589), la stigmatise clbre, prieure

I'air;

saint

Marguerite de Hongrie, sainte Douceiine, saint Thomas d'Aquin lui-mme, et puis sainte Agns de Bohme, saint Ambroise de Sienne, sainte Marguerite de Cortone, le bienheureux Pierre Armengol, sainte Agns de Monte-Pulciano, le bienheureux

d'Avila et de saint Jean-de-la-Croix, au Carmel d'Avila, oir I'on vit dansI'espace les deux saints en extase, est un des cas les plus prodigieux, tous les biographes des deux saints la mentionnent. Les Acta Sanctorum le confirment. Le saint tait venu visiter Ia carmlite et lui

Robert de Sainte. sainte Catherine

de

trait de Murillo), Jrme

Sienne, sainte Colette de Corbie, le bienheureux Pierre Jrmie de Palerme, saint Pierre Regalati, saint Diego (sur le porSavonarole,aussi, s'enlevaient dans les airs, extatiques,

parlait

soudain,

travers la grille du parloir; iI s'leva dans un ravissement,l'air.

illumins. Beaucoup d'autres grands saints, tels

saint Franois de Paule, saint Franois Xavier, saint Thomas de Villanova, saint Ignace de Loyoia, saint Franois d'Alcantara, saint Louis Bertrand, quittaient ie sol dans leurs ravissements et se tenaient dans l'air, la stupfaction de ceux qui les voyaient ainsi.

Thrse, qui se tenait genoux, fut elle aussi leve de terre. Sur Batrice de Jsus assista au prodige. Le R. P. Bruno

entranant son sige dans

Sainte

certite l'authenticit du fait.Blaise Cendrars, l'tonnant Blaise Cendrars dont toute 1'uvre est l'exaltation de la magie du monde, qui nous devons, dans son bel ouvrage inspir Le lotisse-

ment du Ciel. la rvlation de l'tude curieuse de l'agrg Olivier Leroy, a choisi comme exemple typique saint Joseph de Cupertino qui, aux alentours de 1650, soixante-dix /ols s'leva dans les airs et pour cela mme fut canonis comme

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le plusCndrars

gnant enattfuant I'espace, ou A Naples,

gravitait

les de

ttes,

Urbain

le lgat

du

Savoie du pape

mentronne

en vttesse,sages,

hauteur.ments

ll faut Nous y

lvitation

LA

POSSEDEE

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le plus extraordinaire sujet de lvitation; Cendrars cite les textes formels le dpeignanr en train de survoler les oliviers, attirnt parfois quelqu'un avec lui dans I'espace, ou s'lanant dans les hauteurs. A Naples, Monopoli, Cupertino, il gravitait frquemment, volant par-dessus les ttes, souvent recuions. Le pape Urbain VIII, le grand amiral de Castiile, le lgat du pape et la princesse Marie de Savoie en furent tmoins. La bulie du pape Clment XIII, du 16 juillet 1767 prononant la canonisation du saint,mentionne exDressment ces lvitations. lvations, envols, dparts verticaux,

Au commencement, je l'avoue, j'tais saisie d'une excessive frayeur en voyant ainsi mon corps lev de terre. Car quoique l'me l'entrane aprs elle avec un indicible plaisir quand il ne rsiste point, Ie sentiment ne se perd pas; pour moi du moins, je le conservais de telle sorte que.ie pouvais voir que.i'tais enleve de teme. Souvent mon corps en devenait si lger, qu'il n'avait plus de pesanteuri quelquefois c'tait un tel point que je ne sentais plusla terre. Lorsqu'il quittait la terre, saint Joseph de Cupertino poussait une clameur. Interrog par le cardinal de Lauria sur ce crimes pieds toucher

que sainte Thrse d'Avila a consignes elle-mme :

en vitesse, suspensions. ascensions.

pas-

hauteur. Extase et jubilation et iavissements devant de trs nombreux tmoins. Il faut lire ces stupfiants rcits. Nous y reviendrons au chapitre de la lvitation spirite aux xlxe et xxe sicles. Retenons ces impressions de lvitation

sages, transports, circuits ariens grande

au moment de I'envol, frre Joseph rpon-

dit trs simplement : La poudre quand elle s'embrase dans I'arquebuse clate avec un grand bruit. ainsi le ceur embras du divin amour,Amen!

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