Julie Tremblay Le bruit du frigo - storage.googleapis.com · « Mistral Gagnant » et « Au bout du paysage », Revue Caractère, Université du Québec à Rimouski, vol. XVII, no

Haïkusie

Julie Tremblay

Tire-Veille

Le bruit du frigo

Extrait de la publication


le bruit du frigo


DE LA MÊME AUTEURE

Seule avec Éditions Trois-Pistoles, coll. « Poésie », 2010.

Revues et collectifs

« Soir de théâtre », XYZ, la revue de la nouvelle, été 2012.

« Je suis un héros », Moebius (aut. 2011).

« Une paupière sur l’oreiller », XYZ, la revue de la nouvelle (aut. 2011).

« Révolutions », « Le cri de l’intérieur » et « Le bruit des machines », Revue Jet d’encre,

Université de Sherbrooke, no 16 (print.-été 2010).

« Mistral Gagnant » et « Au bout du paysage », Revue Caractère, Université du Québec à Rimouski, vol. XVII, no 1 (hiver 2010).

« Les mots d’avant », « Petit matin », « La sentinelle », « Mistral Gagnant », « Immobile » et 13 haïkus, Un rien dans l’œil, sous la direction

de France Cayouette, La page bleue, 2009.

« Cirque fou », Revue Jet d’encre, Université de Sherbrooke, no 8 (été 2006).

Le bruit du frigo

HAïkUS

Julie Tremblay

Données de catalogage disponibles sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

ISBN 978-2-9807007-7-4 (PDF)

ISBN 978-2-9807007-6-7 (Livre papier)

Les Éditions Tire-Veille

camplitterairedebaiecomeau.org [email protected]

Téléphone : 418 296-2620

39, avenue Marquette, bureau 313 Baie-Comeau (Québec) G4Z 1K4

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4e trimestre 2012


rien n’est à inventer il n’y a qu’à dire ce que l ’on voit ce que l ’on sait et tout est inventé

André du Bouchet

9

Avant-propos

Le haïku est une porte. Son cadre est très petit, à peine visible parfois : une fissure dans un mur, un trou minuscule. Dans le tourbillon du quotidien, on ne le remarque pas, on ne le voit plus : il est là, dans la démarche d’une femme, dans le regard furtif qu’échangent deux étran-gers au restaurant, dans le geste rapide d’une mère qui, devant un danger, attrape la main de son enfant.

Le haïku est une porte derrière laquelle on a rangé longtemps des instants, des boîtes remplies de vieilles lettres, la spontanéité de l’enfance. En franchissant son seuil, en regar-dant par le trou de la serrure, là, tout à coup, le monde et le temps s’ouvrent. Et c’est nous qui, soudain, paraissons minuscules.

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grève déserte les nuages et moi

poussés par le vent

Pour franchir la porte du haïku, cela prend du temps. Il faut souffler sur la poussière, redécouvrir les rires qui traînent au-dessus de la table après un long repas, le plaisir de mar-cher lentement à travers les gens pressés. On en reste éblouis, étonnés. Car en portant notre attention sur ces instants, on découvre que ce sont eux qui, l’un après l’autre, font notre bonheur.

réveille-matin le chatouillis d’un baiser

dans mon cou

Cette beauté des choses simples, qu’on la trouve en humant l’odeur d’un thé, en voya-geant à l’autre bout du monde ou en parta-geant un repas en famille, elle fait toujours du bien, même dans les moments les plus difficiles :


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phase terminale grand-maman émerveillée devant la boîte à musique

Le haïku est une porte. Voici ce que j’ai découvert de l’autre côté.


Becs sucrés

15

Dimanche. Le soleil perce furieusement à tra-vers les rideaux. Mes paupières s’ouvrent au ralenti : mes pupilles s’adaptent à la lumière. Dans la maison, pas un bruit. On entend le déferlement des vagues au loin, les grandes marées d’automne qui s’avancent dans le vent. Mon amoureux, lui, dort toujours.

petit matin la moitié de sa tête

sur mon oreiller

En attendant son réveil, je pense au petit-déjeuner.

Crêpes ou oeufs bénédictine?


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dans mon cou

dimanche crêpes au chocolat

et becs sucrés


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chicane de couple nos brosses à dents

côte à côte

jour de cueillette entre les branches du pommier

ton visage

19

ballade au soleil ton épaule goûte le sel

jupes au vent les garçons attentifs sous les balançoires

81

Notice biographique

Julie Tremblay travaille comme journaliste pour Radio-Canada Bas-Saint-Laurent depuis 2009. Elle partage ses temps libres entre la capoeira, le plein air et l’écriture. Son premier recueil de poésie, Seule avec, est paru en 2010 aux Éditions Trois-Pistoles. Elle a véritable-ment découvert le haïku grâce aux ateliers d’écriture La page bleue, animés par France Cayouette, à Carleton-sur-Mer. Le bruit du

frigo est son premier recueil de haïkus.


Table des matières

Avant-propos .................................................. 9

Becs sucrés .................................................... 13

En famille ...................................................... 27

Sur la route .................................................... 47

Le bruit du frigo ........................................... 65

Notice biographique ..................................... 81



LES ÉDITIONS TIRE-VEILLE

Tire-veille est un terme maritime. Il désigne la corde bordant l’échelle de coupée d’un navire et servant de rampe ; c’est donc un appui, une sécu-rité. Il décrit aussi les filins reliés au gouvernail et permettant de le manoeuvrer. Le mot s’applique également à cette cordelette à noeuds utilisée en planche à voile pour tirer la voile hors de l’eau.

Les Éditions Tire-Veille ont été créées en 2000 à l’intention des participants à l’atelier de création littéraire de Baie-Comeau. La collection « Le racon-teur » regroupe des textes de ces participants ainsi que ceux d’auteurs invités.

Les deux autres collections de la maison d’édi-tion — « Haïkusie » et « Regards sur le haïku » (celle-ci en coédition avec les Éditions David) — sont consacrées au haïku.



HAïkUSIE

Ne cherchez pas le mot au dictionnaire, il n’y est pas encore. C’est un mot de notre cru pour désigner un territoire littéraire où le haïku témoigne de ses lettres de noblesse. La collection « Haïkusie » accueille des voix nouvelles, issues notamment du Camp Haïku de Baie-Comeau.

Collection dirigée par Francine Chicoine

Tremblay, Julie. Le bruit du frigo, 2012.


Éditeur déléguéÉditions David

Maquette et mise en pagesAnne-Marie Berthiaume


Pour franchir la porte du haïku, cela prend du temps. Il faut souffler sur la poussière, redécou-vrir les rires qui traînent au-dessus de la table après un long repas, le plaisir de marcher len-tement à travers les gens pressés. On en reste éblouis, étonnés. Car en portant notre atten-tion sur ces instants, on découvre que ce sont eux qui, l’un après l’autre, font notre bonheur.


dans mon cou

dimanche gris pendant ma lecture matinale

le bruit du frigo

Julie Tremblay est journaliste à Radio-Canada Bas-Saint-Laurent depuis 2009. Son premier recueil de poésie, Seule avec, est paru en 2010 aux Éditions Trois-Pistoles.


Documents

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