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Jurieu, Pierre - Histoire Critique des Dogmes et des Cultes de l'Église (1704)

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    BOSTON PUBLIC LIBRARY

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    http://www.archive.org/details/histoirecritiqueOOjuri

  • HISTOIRECRITiaUE

    DESDOGMES ET DES CULTES,bons & mauvais

    ,qui ont t dans lEglife

    depuis Adam jufqu a Jefus-Chrift^o

    Von tromje ^origine de toutes les Idoltries derancienFaganifme y expliques par rapport

    A

    CELLES DES JUIFS.

    VI

    A AMSTERDAM,Che^ FRANOIS L'HONORE, tComj^agnk,

    derrire la CMaifon de Ville,

    M D C C I V.

  • Rfe BL1s5''"3"B

  • PREFACE.N a lieu d'efperer que cet ouvrage ne dplairrpas au Public. Puifoju'il eil fi plein de cho-ies, que je ne fai fi dans ce fiecleon a publiun livre qui en contienne autant en aui peud'efpace. Car encore que le volume foit afTsgros , on le trouvera petit pour Pabon-dance des matires. On a mme delleinpargn les paroles , afin de laifer plus de pla-

    ce aux chofes : & on a eu pour but uniquement de fe rendre intel-ligible. L'Hiiloire ne demande ni la pompe ni les difcours tu-dis. Elle ne veut que de la clart Se de la fimplicit ; & c'eftcequ'on a eiy de rpandre par tout.On n*a donc pas fort tudi l'arrangement des^ paroles. Mais f

    Ton n'a pas t fcrupuleux dans le choix des mots, on l'a t beau-coup dans celui des obfervations : Car on a foigneufement vit-celles qui font capables de dgoter ceux qui n'aiment pas leschofes communes Se triviales : Dans des fujets qui ont t fou-vent manis il n'eO: pas aife de dire des chofes nouvelles : On croiepourtant l'avoir fait en beaucoup de lieux ; car fans avoir aucundefein d'afder la nouveaut , on a fait entrer par tout de nou-velles conjectures: Le titre gnerai, & Pindice des trairts &deschapitres fuffifent pour donner une ide gnrale du deiin del'Auteur Se du livre. C'efl pourquoy il n'eft pas nceilirc qunous nous y tendions beaucoup ici.

    L'Ouvrage efl divif en quatre parties ; la premire parle des^dogmes Se des cultes de l'Eglife du premier monde j depuis Adamjufqu' Moyfe : Elle a paru curieufe aux premiers qui l'ont v4manufcrite, que quelques-uns en ont fait des copies de leur propre,siain. L'Auteur n'a point t pouvant par les termes de Jxou^'veattt Se de Singularit, On a cherch le vrai Se le vrai-fem-blable , fans fe laiiler captiver par Pautorit de ceux qu'on appelledes grands hommes Se qui Pont t en effet: Mais quand il s'agirdfaire des conje(^ures j les plus favans n'y font pas toujours lesplus heureux; l'efprit y peutplus quelafcience: fi quelques-unes3e ces conjectures paroiffent trop hardies , ce ne fera qu' la pre-mire ledure : mais une fconde leCture Se une troifimc feront

  • T R E F A C E.vanouir cet ar de nouveaut & de hardiefle , qu'on y trouverad'abord en quelques endroits.

    Beaucoup de le:eurs ne trouveront pas dans cette premirePartie , ce que peut-tre ils y chercheront c'eft l'hifloire desPatriarches; c'efl--dire un amas d'obfervations fur les allions

    deCan& d'Abelj furlesavanturesdeNo, deSem, deCham &de Japhet, d'Abraham, d'Ifaac, de Jacob , & de leurs enfans,comme eft leur dcente & leur fjour n Egypte. Toutesces chofes font plus propres pour un commentaire que pourune Hifloire Critique. On a donc cart tout ce qui pouvoirfaire un gros livre de chofes ajGTs connues, & qui ont t di-tes bien des fois : On a mieux aim dire moins de chofes , &qu'elles fuflent plus choifies: On s'efl lev au deius des opinionsvulgaires & des prjugs du commun. C'eft pourquoi on n'a pasfait de difficult de prouver qu'on n[apas raifon de regarder la NationCananenne, comme univcrfellement idoltre, BakaniLcommeun faux Prophte, Cham , comme un homme maudit de Dieu,& Melchifedec comme un fmiplc Cananen , ou comme un per-fonnage defcendu du ciel : On croit avoir pouff l'explication dece que nous appelions pchs typiques beaucoup plus loin qu'onn^avoit fait encore. Mais en cela , comme en toute autre cho-fe , on n'a eu aucun deffein de furprendre par des nouveautsinouies : on a fuivi les lumires du bon fens , Si l'on s'en eft fer-vi pour augmenter celle de l'hifloire fainte

    ,qui dans ces endroits

    efl plus courte que nous ne voudrions : Dans les endroits o l'onne verra rien de fort nouveau , on trouvera pourtant des utili-ts qui n'ont pas encore t dcouvertes : Par exemple , dans letraitt des prceptes de No & des Noachides, on rencontre-ra des obfervations fur les profelytes de la porte

    ,

    qui donnerontbeaucoup de lumire l'hifloire de l'tabliflment du Chriflianif-me entre les Payens par la prdication des Aptres. Peut-treque ceux qui aiment trouver par tout les opinions & les coutumesqui rgnent dans les fociets dont ils font membres , ne ferontpas contens de ne trouver dans la premire Eglife du monde riende femblable la forme & l'extrieur de ntre Eglife d'aujour-d'huy. Mais franchement nous n'avons pu mettre dans cetteEglife que ce que nous y avons trouv : Nous n'y avons pu d-couvrir, ni SacremenSj nifedes, ni nouvelles lunes , ni Sabbaths ;mais feulement beaucoup de puret dans la doclrine , & dans leculte, avec beaucoup de fimplicit. Au refte nous n'avons pasdeffein deprvenir les ledeurs, nous leur voulons laifTer toute la li-feertde leur iugemenr. Peut-

  • "PREFACE,Peut-tre que quelques perfonnes s'tonneront de trouver ici le

    lyfteme des Pre-Adamites,qui pafTe pour une rverie toute pure:

    Mais plus les chofes font fingulieres dans leur efpece , & pluselles mritent qu'on en conferve la mmoire. De graves Au-teurs , comme St. Irene , Tertullien , Epiphane , fe font bien donnla peine de conferver & de donner la poflerit les fyflemesdes Valentiniens , Marcionites , & autres rveurs appelles Gnofti-ques, qui font cent fois plus ridicules que celuy des Pre-AdamitesEn parlant de ce priode

    ,qui commence par k naifance du mon-

    de & par le premier homme , il n'toit pas poffible qu'on nepenfc la rverie du Juif la Peyrere

    ,qui a trouv dans fon

    imagination des hommes plus anciens qu'Adam , & qui a voulumme fbtenir fes vifions par l'Ecriture Sainte , peu de gens ontvu l'Ouvrage de cet homme, il eft mort& fa fele et morte avecluy : C'efl pourquoi on s'eft perfuad que les curieux qui font natre ne feroient pas fchs d'tre inftruits d'une affaire , doncla poderit ne fera peut-tre jamais en tat de leur donner desnouvelles.

    Ce n'eft pas l , il eft vray , une afire de nceiTit. Il n'en eftpas de mme de la queftion qui eft entre les Grecs 6c les Latins furl'antiquit du monde. Les Grecs font le monde de 1400. ou 1 5'oo,ans plus ancien que les Latins. On doit tre furpris qu'il puifle yavoir une auft grande diffrence de Chronologie entre les calculs de gens quifuivent les mmes originaux, favoir le texte H-breu , & le texte Grec. Apres avoir parl des principales chofes quifc font faites dans le premier priode du monde , il toit proposd'examiner de quelle longueur a t fa dure: En rpondant auxobjeiions d'Ifaac VofTius& de quelques autres favans on dmon-tre que quatre ou cinq cens ans aprs le dluge il pouvoir y avoirfur la terre un grand nombre de millions d'hommes , ce qu'onprouve par des rflexions qui peut-tre n'avoient jamais t fai-tes.

    On s'eft abftenu de toucher toutes les autres difficults chro-nologiques de ce priode, qui fontenafles grand nombre , exceptcelle l qui eft trop confiderabie pour tre nglige. Il y en apourtant une que nous devons claircir

    ,parce qu'elle feroit trop

    fenfible aux lefteurs un peu attentifs , fur tout ceux qui aurontlu un petit livre intitul , Hiftoire de la Sainte Ecriture en for-me de Qatechifme, A la fin de ce livre, on trouve une Chrono-logie qui eft tire de bons Auteurs , mais qui n'eft pas jufte &me s'accorde pas avec ntre calcul : par exemple , nous faifons

    vi-

  • T R E F A Q E.vivre Scm tout Je rems d'Abraham & d'Ifaac. Car Sem n^ef!mort flon le texte Hbreu qu'environ l^an 48. ou fo. de Jacob,Mais la Chronologie de ce petit livre ne prolonge la vie de Semquejufques l'an 1 5-0""^ d'Abraham & le 50""^ d'Ifaac, & faitnatre Jacob dix ans aprs la mort de Sem : Car Jacob ne vintau monde que l'an 60"''. d'Ifaac : Ce qui fait une diffrencede 60. ans. Diffrence qui rgnant dans toute Phiftoire des Pa.-triarchcs y jette un confiderable embarras, dont tous les favansne fe font pas heureufement tirs.

    Cela vient de la confufion qui fe trouve dans l'hiftoire dela gnration de Thar. Le texte de Moyfe dit exprffemencque Thar pre d^i^braham tant g de 70. ans engendraKyibram &c. Et dans le dernier verfet de ce Chapitre XL de laGenefe , on fait dire Moyfe , & les jours de Thar furent10^. ans ^ il mourut en Carran : St. Eftienne dans le 7""^Chap. des Ades f. 4. dit : ^^t^braham tant forti du paysdes Caldens il demeura en Carran

    ,^ de l, aprs que fin

    ^Fere fut mort , 1)ieu le transporta dans le pays o vous ha^hks prefentement: Or cek parot contraire l'hiftoire de Moy-fe , f Abraham efl venu au monde Tan 70. de la vie de fon P-re Thar j que le Pre ait vcu zof. ans , & qu'Abraham nefoit forti de Carran qu'aprs la mort de Thar , il eft clair qu'A-braham devoir avoir 135. ans quand Thar mourut, & que cefut cet ge de laf. qu'il dt entrer dans la terre de Ca-naan ; Or cela eft certainement faux

    ,car Moyfe dit expreffe-

    ment, qu^{_Abraham avoit 75. ans quand il laiffaQ^inSin i. vintdans la terre de Canaan. Si Abraham avoit eu 135. ans , quandil vint en Canaan , fon fils faac auroic eu alors 35. ans, & feroitn en Carran durant la vie de fon Grand-pere Thar. Au lieu qu'ileft certain , cconftamment reconnu de tous les Auteurs

    ,qu'Abra-

    ham l'ge de 75. ans , quand il vint en Canaan , n'avoir point d'cn-fans, & qu'il toit g de cent ans quand Jfaac luy fut donn en.Canaan, & non en Carran. Je ne m'arrefterai pas rapporter les di-verfes voyes dont on s'eft fervi pour fortir de l

    ;je dirai feule^

    ment celle que je croi certainement la bonne , & la feule bonne..C'eft qu'il y a \cj une faute de copifte dans le conte des annes^de la vie de Thar. Tous les critiques & les. commentateurs a^.vouent, que dans les Uvres facrs hiftoriques il s'eft gliffe des er-reurs de calcul fur le nombre des annes

    ,& fur les autres chofs

    qui fe content , comme font les poids & les mefures : ce qui faitdesHiiScuitez doac on m f^auroic fortir heureufement qu'en 0^ j

    vouans:*

  • T R E F A C E.vouant qu'il y a faute de copfte dans les nombres. La diflicii-t fur les annes de la vie de Thar eft de celles l : C'ef;en vain que les interprtes fe donnent la gne pour fotenir l'in-faillibilit descopiftes,qui ont travaill fur les originaux de Moy-fe & des Prophtes ; Mais nous trouvons un trs bon guide pournous tirer de cet embarras, C'eft le code Samaritain. Ondoit tre averti que ce code Samaritain eil le vray code deMoyfe; & fi on en croit plufieurs de nos Savans , il eil crit dansles mmes caractres que l'original de la main de Moyfe : Carils prtendent que ce que nous appelions aujourd'huy caraderesSamaritains , font les vrais cara6leres dont fe font fervis Moyfe8c les Prophtes; & que ce qui s'appelle aujourd'huy le caract-re Hbreu , eft vritablement le caraere Chalden

    ,que les Juifs

    rapportrent de leur captivit,& qu'ils firent pafler dans i'u-

    fge ordinaire du temple & du peuple : en partie parce quelursjeunesgensneconnoiflbientquece cara:ere , dont ils s'toientfervis en Chalde , en partie parce que les Samaritains s'tantfaifis de l'ancien caracftere de la langue Hbraque , les Juifs a-bandonnerent cet ancien caralere Hbreu j par haine pour lesSamaritains. Il y a apparence qu'ils ont raifon. Mais cette que-llion eft trop grande , pour tre traitte dans une Prface. LouisCappel en a fait un traitt fort dole.

    Qiioi qu'il en foit , le code Samaritain corrige en cet endroit celuique nous appelions le code Maforetique

    ,parce que les Maforethes

    l'ont rveu & corrig. Car au lieu de lire comme ntre texte ordi-naire

    ,^ les ans de Thar furent deux cens cinq ans j le

    Samaritain dit , ^ les jours de Thar furent cent quarantecinq ans ,puis il mourut en Carran. Cela lev abfolument tou-tes les diiicults , 8c nous dehvre des foixante ans fuperflusdans la vie de Thar , dont on ne favoit que faire & qui brouil-loient toute la chronologie de ce premier priode du monde & deFEglife. Car de 105'. ans qui font attribus Thar dans ntretexte j tez en 60. ans, il en reftera 145". flon le texte Samari-tain, ce qui eft juftemnt le vrai nombre des annes de la vie deThar.

    Il n'eft pas aif de marquer, quand cette erreur de calcul s'eftgliftee dans ntre texte Hbreu. Elle y toit fans doute du temsque les Maforethes ont travaill revoir h corriger leur code ;C'eft--dire , trois ou quatre cens ans aprs ntre Seigneur. Maiselle n'y toit pas fans doute du tems de St. Etienne, qui dit,qu^t^braham tant forti du fais des Chaldens ^ il habita

    * *- eu

  • T R E F J C E.jies en Carrai

    ,^ de l, aprs que fin 7re fut mort , Ty'ieu le

    v^r.l'. tranfporta dans ce pays auquel vous habits maintenant:Cela ne peut tre vrai flon le texte Hbreu des Maforethes

    ,

    Gemfe ii. ^^ donnc lo^.ans de vieTliar. Abram vint en Canaan Pd-'verf.^. ge de 'j'),ans: C^eft Moyfe qui le dit; Or ilauroit eu 135-. ans,

    fi le texte des Maforethes toit jufle & corre:^ dans l'article dela mort de T har. Mais tout efl exadement vrai & fans diffi-cult flon le code Samaritain, Abram , fils an de Thar , vintau monde , lors que Thar avoir 70. ans. C'efl le texte de

    Geneje 1 1. Moyfe. Thar mourut 7 5 . ans aprs la naifance d'Abraham , g de'i>trf.i6. j^^^ ^j^g Incontinent aprs cette mort Abram entra dans la ter-

    re de Canaan , l'ge de 7 5". ans flon le rapport de Moyfe , 8c v*eut dans ce pays 25'. ans fans enfans. Quand il eut atteint l'ge decent ans , Dieu luy donna Ifaac, Au refle rien ne doit rendrefufpe^te l'autorit du code Samaritain ; car c'ell le texte deMoyfe en pur Hbreu : 6c il n'y a aucune difrence efentielle en-tre ces deux codes , celuy que nous appelions Maforethique & leSamaritain -, ladifrence ducara^fteren'y fait rien: & mme il y apparence, que le Pentateuque Samaritain eftplus ancien, 8c parconfequent doit avoir plus d'autorit. Il faut appliquer cette cor-resflion dans tous les endroit o par mgarde ou autrement onafuiviFerreur de nos interprtes : Par exemple dans la page 48 x. on trou-vera que No mourut deux ansavant la naijfance d'Abraham^Sem 1 50. ans aprs. C'elt une erreur de calcul qu'il faut corriger ain-fl : Nomourut 5 8 , ans aprs la naijfance d^Abraham : Et Sem i fo.ans aprs. AuJJl Sem fut vivant tout le tems d^Abraham ^ ^33.ans par de l.

    Cela tant ainf expliqu, on ne doit apporter aucune altrationdans la 4'"''. page de ntre premire Partie , o on lit qu^entreAbraham ^ Adam ihv'y avoit que deux hommes

    ,favoir Methu-

    fcela No ; Et qu^entreJacob^ le dluge iln'y eut qu'un fulhomme

    , ^ trois hommes entre le mme 'jacob & la cration.Ce qui eft trs vrai , & cela tant accord , il efl clair

    ,qu^on ne

    peut tirer aucune preuve pour montrer que la tradition peutfuffire aujourd'huy ins Ecriture, pour conduire PEglife , dece que durant environ deux mille deux ou trois cens ans l'Eglifen'a t inftruite que par la tradition defcendue des Pres. Car u-ne tradition

    ,qui ne paffequepar les mains de deux ou trois hom-

    mes,ne court pas grande rifque d'tre corrompue

    ,quand ces

    ^trois hommes n'auroient pas t Prophtes.La fconde Parties de ntre Ouvrage contient PHiftoire du Culte

  • T R E F A C E.Judaque, fclon qu'il toitcommand parla loy de Dieu, ou augmen-t par la tradition des Juifs. Il fembk qu^on ait dii trouver de plusgrandes facilits dans cette fconde Partie

    ,que dans les autres ^

    caufe^que nous avons la rvlation, & les livres de Moyfe, quicom-prencnt toutes les loix & les prceptes de ce culte ^ que Dieu a-voit ordonn de propofer ce peuple: Et aui parce que Tontrouve beaucoup de fecours dans les commenraire,s , & dans lesouvrages des modernes , car nous n'avons prefque point de fa-vans

    ,qui n'ayent crit l deilis ; fans conter les crits des Do-

    eurs Talmudifls & des autres Juifs qui ont fait de cela lefort de leur fcience. Cependant la vrit eft

    ,qu'on a eu plus

    de peine fortir de cet endroit, que d'aucun autre: on a bieneu de la peine dmler les fentimens des anciens & des moder-nes. Il a falu fouvent travailler beaucoup

    ,pour choifir , & pour

    trouver la vrit dans un fi grand embarras : les defcriptions desTemples de Salomon & d'Herode ,&des vaifleaux faits pour l'u-fage de ces temples , demandent une trs-grande attention : deil efl mal aif de fe fatisfaire tellement

    ,

    qu'on demeure perfuadqu'on a bien rencontr. On croit pourtant avoir reu/Ti dans ledeiein de donner une ide nette de ce culte, & l'on s'imagine n'a-voir rien oubli d'efTentiel, regardant le fervice Levitique.

    Les Auteurs qu'on a confults& fuivis dans les chofes douteufes

    ,

    font les Juifs Talmudifls , & les Rabbins,qui leur fervent de com-

    mentateurs : L'hftorien Jofephe n'a pas t nglige , on en a tirtoutes les lumires qui s'y peuvent trouver. Entre les modernes

    ,

    Villalpandus , Arias Montanus , Cappel& Ligtfoot , ont t ceuxdonton a tir le plus de fecours : Mais ces habiles gens nelaifntpasde mettre les curieux dans un aies grand embarras

    ,par leurs

    varits, &ladiverfit de leurs fentimens. Ligtfoot efl fansdou--ce celuy qui a le plus heureufement travaill fur la matire: maisil^fl trop long, & il a falu neceffairement l'abrger, fans conter,qu'on a fouvent t oblig de le corriger. Mais afin de rendrejuflice tout le monde , il faut avouer, que nous n'avons taidez de nul Auteur, autantque d'un Thologien Anglois, nom-moHemiAmimmtli.^^^ antiquit: carilcri-Vojt au commencementdu {ecle pafT. Il a fait en fa langue un com-mentaire fur les cinq livres de Moyfe en deux volumes quarto:Ce livre efl plein d'une belle littrature Juive , expofe avec untrs-grand jugement : Et je me fuis cent fois tonn

    ,que Ligt-

    foot, qui luy a tant d'obligation, ne nous ait pas dit un mot dei reconnoifTance. Au moins

    ,je n'ay pas lu le nom d'i^ins-

    * * 2 worth

  • T R E F A C E.wortb dans aucun des ouvrages de Ligtfoor. Ce livre toit peu connuen A ngieterre , o cette efpece de littrature n'eft fort en vogue qu.depuis jO. ou 50. ans : C eft pourquoi Ligtfoota cru le pouvoirpillerimpunment : Les mauvais exemples ne doiventjamais tre fuivis

    ,

    bien qu'ils fuyent appuys de la pratique des grands Auteurs.C'eft pourquoy je ne veux pas diimuler

    ,que cefavanthomm

    nous a fourni^ de grands kcours dans l'hiftoire du culte Levitique.Au refte on croit pouvoir dire

    ,qu^il eft malaif de confuU

    ter plus d'crivains qu'on a fait fur un fujet fi rebatu , & f vul-gaire. Tous ceux qui voudroient bien tre inftruits de jlareligion des anciens Juifs, n'ont pas le loifir d'aller p.uifer dansles plus anciennes fources : Et ceux qui ont fait couler des ruif-feaux de ces fources, fe font fi fort tendus, qu'ils ont formime efpece de mer , dont la feule vue tonne ceux qui voyagentdans le pays des lettres. On croit avoir rduit cette grandeextenfion de juftes bornes. On n'y rencontrera pas le de-got

    ,que donne ordinairement l'excelive longueur: fans pour-

    tant qu'on puilTe avoir lieu de fe plaindre que nous ayonsretranch du neceffaire: outre les defcriptions du Tabernacle , duTemple de Salomon , & de celuy d'Herode , des loix , des facrifi-ces, des offrandes volontaires , des vux

    , & des peines qui rcheoient aux violateurs del loy de Moyfe^ on trouvera partoutbeaucoup de pafages difficiles expliqus.

    Il eft jufte qu'aprs avoir expliqu les autres, nous nous ex-pliquions nous mmes, fur une apparente contrarit qui fe trou-vera dans les pages 3 5" 8. & 381. G'eft;au fujet du Sabbat d'an-nes, ou de ces relches qu'on donnoir la terre & aux fer-viteurs tous les fept ans. Ce qui s'appelloit les ans de rel-che. Dans un lieu on dit que les annes de relche s'abo-lirent peu peu dans l'tat des Juifs; 6c dans l'autre on ditjqu^elles continurent toujours : C'eft que dans un lieu on par-le flon le fentiment vulgaire, & dans l'autre on a copi Mai-Tnonldes, qui croit qu'elles ont toujours continu ; il y a ap-parence qu'il fe trompe. Mais fi l'on n'a pas corrig fon erreuron nejuge pas que ce foi t un fort grand dfaut dans ntre ouvrage.

    La troifime Partie renferme l'hiftoire des faux cultes , c'eft--dire, des Idoltries, dont l'Eghfe Judaque s'eft rendu coupa-i)ie

    , peu prs depuis fa naiftance : Car elle fut idoltre enEgypte. Elle continua de l'tre dans le defert. Et fi-tt qu'ellefut un peu affermie dans la pofTeftion de la terre de Canaan,die adopta tous les Dieux des peuples, dont Dieu luy ayoit li-

    vre

  • ^ f 11 E F 4 C E.Vflepays. Idoltre fous les Juges, idplatrefous fes Rois, juf^u'^ce que la patience de Dieu pouee bout , luy ta le bon pasqu'il luy avoit donn , & l'abandonna aux Rois d'Aiyrie & deBabylon. L'Hiitoire d'une rvolte fi longue 8c fi pourfuivie, nepouvoit pas tre courte: Au iTi cette troifinie Partie eft auii lon-gue que les 4eux aiirres eijifen^le , c'eft pourquoi on l'a divifeen deux autres parties ,
  • ^ R E F A C E. 'es efpritsjudicieux , qui ont y quelques chantillons de l'ouvrage,Tont fort approuv. On nes'efl pas fi fort attach aux nouvellesconjectures

    ,

    qu'on n'ait aufl rapport les autres , afin que chacunait la libert de fon choix.

    Ceux qui aiment la littrature Juive , Greque * & Latine , trou-'veront icy affs leur conte : on n'en a pas fait profufion , comme ont

    Cat les Auteurs qui femblent n'avoir crit que pour apprendre aupublic qu'il s ont beaucoup lu. Ils chargent ^ leur texte &leurmar-;ge de tant de citations

    ,

    qu'un Lecteur en eftpouvant, & rebut par

    -la feule vue. On a elTay d'viter les fuperfluits, fans rien oublier del'eflentiel: fur tout dans le conte des Idoltries Judaques

    ,qui effc

    ntre principal fujet, onnecroitpasen avoir pafT & oubliune feu-le. Et cette exadlitude a donn lieu claircir une infinit de paf--^ages duVieux Teflament. Comme les Juifs n'ont pu imiter que lesIdoltries des Phniciens, des Syriens & des Aflyriens , on a trou-v dans les idoles de ces nations toutes celles du peuple des Juifs:Et la comparaifon que l'on fait des idoles & des faux Dieux desOrientaux avec ceux de l'Occident ne peut que plaire aux curieux.Car c'efl ce qu^on^a le plus got dans les ouvrages de nos mo-dernes.

    Peut-tre que beaucoup de gens s'tonneront que dans un ge ilavanc , nous nous foyons donns cette efpece d'tude , aprs,avoir confacr ntre plume l'dification des confciences par desouvrages de piet& de dvotion, h par un grand nombre d'critspour dfendre les vrits de la Religion. Un efprit uf par tant detravaux pouvoir bien fedilpenfer d'un travail de la nature de celui-ci > furtout aprs avoir pris cong du monde en lui donnant untraitt de Pamour divin. En vrit en auroit bien de la peine direcomment,& pourquoi ^ on s^ell engag dans cette nouvelle carrire:On ne penfoit rien moins, il y a quelques annes: Le grand loi-

    fir , o nous ontjette les infirmits d*une vieilleife prmature , nousa conduits l : En remaniant des manufcrits compofs dans la vi-gueur de ntre ge, nous y avons trouv afl^s de chofes, pourfaire un livre. Mais c'toit de la matire fans forme, & un chaoso l'on ne voyoit que t^ tnbres > except la premire Partie

    ,

    qu'on avoiteuletemps de revoir, & qu'on s'toitdonn le loifirdemettre au net : Le relie toit en fi mauvais tat

    ,

    qu\m homme cafle,n'ayant plus ni de vexe pour lire, ni de tefte pour s^attacher , ne pou-voir apparemment prendre le parti de donner cet ouvrage unefor-me raifonnable

    ,

    qui pt itisfaire le got d'un fiecle auf dlicat , &auiTi clair que le ntre. Cependant on l'a entreprisv^ l'on en eft

    en

  • "PREFACE.en quelque forte venu bout, avec le fecoursdes habiles compod-teurs & correcteurs , mais ce n'eft pas fans des travaux bien au-deiTus de nos forces.

    Je ne diimulerai pas, qu'aprs avoir tant travaill pourle cur , ma confcience ne m'ait quelquefois dit fecretement^que je nedevois pas ni chercher de nouvelle gloire ^ ni courir aprsl vaine fume des louanges

    ,qu'attirent les ouvrages d'efprit & de

    fcience : Mais enfinje me fuis un peu fatisfait l deflus , en confi-derant premirement queje ne m'engageois pas des travaux tout fait nouveaux : fecondement qu'on ne doit pas regarder comme inuti^les pour la piet des recherches qui claircifnt l'Ecriture Sainte ^&qui ouvrent plufieurs portes de la divine rvlation ^ qui nous toientprefque fermes. Je ne trouverai pas trange qu'on fouponne qu'ils'eft ml de l'anour propre dans ntre deiein : car o font les a-diiows humaines o il n'en entre point? On pourra dire que cet a-mour propre nous a fugger , qu'il ne feroit pas inutile de faire con-notre au Public que c'efl par confcience & par un principe de reli-gion, qu'on aconlcr fa plume dfendre & enfeigner les vri-ts qui mnent au falut ternel j pu ifque d'ailleurs on auroit eu lieu.,d'efperer quelque fuccs en fe donnant ces efpeces de travaux

    ,qui

    ne peuvent produire qu'une gloire humaine: Aujourd'huy dans larepublique des lettres , il femble que la plus feure voye pour acque^rir ce qu'on appelle del rputation foit l'tude de la critique fainte.L profane: Mais nous pouvons protefler avec une parfaite ilnceri-t

    ,que ce n'eft pas l le principe qui nous a mis la plume la

    main. Et fi cespenfes font venues aprs-coup , on les a repoufleescomme des tentations.

    Je n'ay plus que peu de chofe dire , c'efl au fujet de la lan-gue dans laquelle on a mis cet ouvrage , c'efl: une langue vulgai-re: Les Savans fe plaindront peut-tre qu'on aura profan leursmyfl:eres, en les expofantlaveuede ceux qui n'y font pas initis.Mais il y a dj du tems qu'on efl: guri de cette maladie : les Angloisne l'ont jamais eue : car nous voyons prefque tous leurs ouvrages decritique crit^'en la langue de leur pays : Et fur un fonds Anglois , ontrouve une broderie non feulement deGrec&deLatin, maisd^He-breu, de Chalde, d'Arabe, & de Perfan. La langue Franoife efl: d'unufage beaucoup plus tendu que la langue Angloife

    ,

    principalementdans le fiecle prefent. Une infinit d'efprits curieux ,& qui fe connoif^fent en bonnes chofes , feront aflxirement bien aifes de trouver ici lerideau tir , & le voile des langues du collge mis part : l'efprit , afcience& le bon got font de touslespays, Reparlent toutes les lan

    gueS,,

  • "PREFACE.gus. Les ouvrages de critique du P. Simon font bien lilftix d'a-voir paru dans la langue Franoifc; ^fi cet Auteur s'toit fait unenceflt de ne parotrequedanslalans^uedes Savans, rimprimeutn'en auroitpas eu beaucoup prs tant de dbit. Cen'efl; pas poucimiter le P. Simon qui a donn pour titre au principal de fes ouvrages

    ,

    Uiftoire Critique du Vieux^ du Nouveau Teftament j qu'on a priscelui d^Hifloire Critique des dogmes & des Cultes &c. Car cetouvrage tant vntablement unehiitoire, on n'a pu lui enrefuferlnom; & tant d'ailleurs ml de tant de Critique, onn'apasdlceler un fecle qui a tant d'amour pour cette efpece de littrature.

    "Ous ne jugeons pas qu^ilfoit fort neceflairede mettre ici un_^ Errata. Ily a trop peu de fautes & trop peu confiderables. El-les font fur tout dans l'orthographe des mots des langues trangres,c principalement de l'Hbreu & du Grec. Mais ceux qui ignorentces langues fe paieront fort bien de ces corre(5lions , & ceux qui lesfavent les feront bien eux-mmes: Il y en a peu dans la langue La-tine; on trouvera dans unpaige d'Horace, '.v/T^^;^^ pour cupref-Jum, page40i. Danskpage 4(^7. on Ht dans un paffage de Sutonefutura trais multa prodigia extitrant. Ce qui n'a pas de fens : ilfaut lire

    ,futura mortis. Dans la page 333. comparation pour compa-

    rution : on trouvera quelques fautes dans Xts articles. Mais le Publicell: afles perfuad, que nous favqns ntre langue afies bien, pour vi-ter ces fortes de fautes. Il y a feulement unecorrelion eintielle dansles chofes moins que dans les mots. C'eft dans la page 67 1 . o on lit:Il ej clair que les 70. Interprtes ont corapris qu'f^Jaroth ^Asherotfe rapportoient la mme divinit. C'efl juftement le con-traire de ce qu'on a voulu dire, c'eft pourquoi il faut hre: les 70,Interprtes n^ontpas ajfs compris qu'Jfarotb \3 Asheroth fint

    *

    lajnme chofe & la mme divinit.ADDITION pour la page 66^.

    Apres ces mots, qui Jgnifie une jeune aigle.Je croi que nous trouverons ici la vraye raifon pourquoi les Grecs

    *iBc ls Romains ont donn Jupiter l'aigle pour fan oifeau: ondit que c'el parceque cet oifeau eftle Roi des aifeaux caufe de fagrandeur& de fa force: Mais un grand Milan efl aulTi fort que l'ai-gle. Il eftdonc apparent qu'ils ont emprunt cela des Aflyriens &des Orientaux, comme tout le refle de leur Thologie: c'efl parceque Nimrod , devenu X^JupiterBelus des Babyloniens, eut Paiglepour fon fymbole ,& cette aigle tant place furlaflatue de Jupiter,fut adore conjointement avec le Dieu dont elletoitle fymbole, 5cmme elle lui communiqua fonnom ^Nifroch.

    TABLE

  • T A^^.^?^?$^^

    L Eii&^iiihss

    DES CHAPITRES.PREMIERE PARTIE.

    HISTOIRE des Dogmes O^ des Cultes de VEglifi depuis Adam jujqtieia Moyfe^ pag. i.

    Chapitre i. De la Thologie & des Dogmes de fEgUfe avant laLoy^ z,Chap. II. De Job , de fin livre ^ & de fa Thologie , 8

    .

    Chap. III. Abrg de la Thologie des Patriarches avant Moje. Leur R'ligion toit plus femblable a la Religion Chrtienne que celle des Juifs^ i )

    .

    Chap. IV. De la manire dont Dieu enjignoit les hommes avant Aiojfc.ds Pantiquit de l'art d'crire : des Prophtes du premier ge, D^Enoch d*de fa Prophtie^ 21.

    Chap, V. De Balaam^ de fon cdraflere, O'' de fa Prophtie. Un toit niAagicienj nifaux Prophte

    ^ 32. -Chap. VI. Des Prceptes apellez. des Noachides : des Profelytes de U porte

    O" de la jujiice 3 39.Chap. VII, Eclaircipfement de plujteurs endroits du livre des ABes par Phifloi"

    re des Profelytes de la porte^ 45.

    Chap. VIII. Du Culte O^ du fervice divin dans la Religion des Nbachides.Des deux premiers ccmmandemens des Nbachides y de la dfenfe de Vldolatrie^O" de la profanation du Saint Nom de Dieu ,52.

    Chap. IX. Des Sacrificateurs de Vancienne Eglife avantA^oyf^^6.Chap. X. De Aelchifedec O" de fon facerdpce. Que U Nation Chananene ti

    tems de Melchifedec n toit point idoltre ^ i.Chap. XI. Que JHelchifedec doit tre Vun des trois Patriarches Enfans d

    No^ O* qu entre les trois il efi plus vraifemblable que c'toit Cham, 6j,Chap. XII. Des Pchez^ Typiques^ O" de la Rprobation typique de quel-'^

    ques Anciens^ 74,Chap. XII I. Des Sacrifices de fEglife avant la Loi ^ 0^ de leur origine^ 8r.Chap. XIV. Des diffrentes ejpeces des Sacrifices avant Afoyfe^ 85.Chap. XV. De la matire des anciens Sacrifices de fEglife avant la Loy. Des

    btes nettes O" fouilles. Quand cette dtfiinBion a commenc. Des crmoniesde purification qui taient en ufage dans cette ancienne Eglife

    .^ 97.Chap. XV

    I

    . Que PEglife avant le Dluge O" avant Moyfe rHavoi pointdes jours marquez, pour le fervice divin. Quelles toiem fes Ftes. DeVorigine du Sabbat^ 104

    Chap, XVII. De Vorigine O^ de Vantiquit des Semaines. De la manirede divifer les iems

    ,qui toit en ufage entre les Romains : des Nundi-

    ns,

    des Calendes,

    des Nones

  • TABLEChap. XVIII. Que l'Eglife avant le dluge n'avait poim de li^d^affcmblcy

    foint d'ajfe?nhlefolemnelle,

    point de confdration,po/f de difciplim

    , pointde cenfure^ point de Sncremens^ 120.

    Chap. XIX. Des Mariages des Patriarches; de Vin^ituion des Mariages^& des crmonies avec lefquelles on les contraBoit^ 131.

    Chap. XX. Des chofes contraires l' injiitution du mariage,

    que Von a remat'>-. que dans les mariages des Patriarches 5&premirement de laJmple fornication

    ,

    C^ de Vadultre 5 1 3 7.Chap. XXI. Des Mariages dans les degreZj dfendus^ 140.Chap. XXII. De la Polygamie^ 14p.Chap. XXIII. Du Divorce^ 160.Chap. XXIV. Del Loy du Levirat^ 1^4,Chap. XXV. De la dfenfe de manger dufang. Examen de la queflion, [avoirJ on mangeait la chair des animaux avant le dluge .^ 170.

    Chap. XXVI. Combien a dur ce premier priode de VEglife , dont nous venonsde faire rhijloire . uihreg du fyfteme des Pre-Adamites , 175.

    Chap. XXVII. De la diffrence qui e[i entre le Texte Hbreu & le Texte Grecde la verfan des Septante^ touchant la dure du premier priode de VEglife^181.

    Chap. XXVIII. Rponfe aux OhjeBions d'Ifaac VojfmsC^du P, Morin^ con^tre le Texte Hbreu O^ pour la verjon des Septante^ 188.

    SECONDE PARTIE.\^\J Culte Levitique 3 15)5).Premire Partie. Du Lieu oh fe faifoit le fervice de la Loy , (^ef: h'- Tabernacle^ auquel fucced le Temple'^ 2 00-.

    Chap. 1. De Vantiquit des Temples^ 201.Chap. II. Du Tabernacle conjruit par Moyfe ^ 202.Chap. III. Du Temple de Salomon^ 106.Chap. IV. Du fcond Temple ^ C^ du Temple d'Herode ^ 2i,Chap. V Defeription de V intrieur du Temple^ 21J.Chap. VI. Defcription de la Montagne du Temple^ 217.Chap. VII. Des deux Temples fchifmatiques de Gueri^im O^ d'Onias ^ ziy.Seconde Partie. Des Faiffeaux duTemple , o^ des Inflrumens du Cui'

    teLevitique^ 22p.Chap. I. De VArche

  • D E s H A P I T R E s.T R o I s 1 e'm E Partie, )es Minijres du Temple i & de leurs vctet

    mens, 258. . ^^y^ y^\'iu v^>,^A'oi\^^>^

    Ghap. I. Bu Grand Pontife ou fouvrtH SdtHficateur. Ordre des fouvermmSacrificateursfous le premier & le fcond Temple 5258.

    Chap. II. Des ejualitez. O^ conditions ^ui toient neceffaires ^our entrer danila fouveraine facrifictireyiz.

    Chap.

    II.. JPe CAutorit , des Privilges

    ,p* de, la dignit du fouverain Po*

    tife^ l^."'

    i^;o ^v.'>.j Hiv\vJ ' . ''

    Chap. iv. Des Vtemens du fawvram SacHfiMi^uf'j 270,Chap.v. D'rim cr Thu^mim, ly^.Chap . V T . DeuxJinguUritez. remarquables touchant les Hahits-Pontificaux^ l%tlChap. VII. De PleBion 3 inflallation , & inauguration du fouverain Pontife.,De VHuile d'onB^ion, 2.83. - - . -

    (Z\\2i.^.viii. Des Jtmplei-Sacrificateufs^ i^j. 'Chap. IX. Des Lvites, Portiers, Chantres, O^ Nethiniens , de la Muj(^m

    du Temple,

  • mierement de fean.'defeparatipn^ r de la Vache youfe^ :^6i.^^

    Chap.xxiii. La Purification de la Le^re^ 3(^4.Chap. XX IV.' jDe la Gonorrh'e oufiux de femence^ de la pollution p^tr lesmen-

    finies^ feuillure par un morty 7^66.

    Ghap.XXV. -D^/'^^fj^^/oA 370- o j j-,v.as.^4i5 r-^a r.cij.i-:Chap.xxvi. Des Cultes Volontaires flon la Loj

    ,^,^.2'l',\^r^^ v^.^'.^'.^V r>\Chap:xxvii. Des V(^ux,

    .37

  • DES CHAPITRES.^ue les Dieux^ toiem attirez, far la vertu de la confecration. Les Papijes ontla mme opinion de leurs images^ 4^2,,

    Chap. V. Ofiniondu fauxTriJmegije^

    que les Jmulacres svenoient le vrai corpsdes Dieux

    ^ 495*Chap. VI. Quatrime opinion. Cejl celle du bas peuple& duvulgaire

    ^ 497-Traite' du Veau d'Or, que les Ifrdlitesfirent cr adorrent dans h

    defert ^'^oi.Chap. 1. Premire Quejion. Quelle toit la figure de cette Idole

    ^ 502.Chap. II. Deuxime Quefiion. D'o cette Iddatrie a tir fon origine^ ^oa.Chap. III. Les Egyptiens adoraient flufieurs animaux

    ,506'.

    Chap. IV. DesBufs facrez. & adorez, entre les Egyptiens^ apellez^ le BufysO^ le Buf Mnevis

    , 509

    .

    Chap. V. Ce que pouvaitJgnifier cette ajfreufe Idoltrie des Egyptiens,qui adoraient

    des btes^ & entre mtres les Bufs Aj^k& Mnevii, Ctoient des Jymboles des

    grands Dieux

  • TABLE^yifans afin honneur. D'Adrammelech ^ & AnameUchy Dieux de Se^ha/^l

    Chap. 11 r. Moloch eji le Saturne des Grecs & des, Romains. Le Tautates desGaulois efi aujfi Saturne. De Hefus& Taranes , autres Dieux Gaulois , 570.

    Chap. IV. Conformit du culte des Phniciens leur Moloch ^ & celui des Cwr^thaginois a leur Saturne i ^1\. '

    Chap.v. Saturne & Moloch femhlent tre la Plante de Saturne ^ mais cefl leSoleil, ^yS.

    Chap. VI. Des Dieux animaux y ou des hommes adorez, fius les noms de Saturne& de Moloch. Adam. & No s'y trouvent ^ 581.

    Chap. VII. Il y a j>lus de caractres de Nocjue d'Adam dans Saturne& Moloch,No ej aujji cachfius le Dieu Saturne, 585.

    Chap. VIII. D'ouvient la fable, queju^iter cou^a les parties de Saturne, 5 S 8.Troisie'me I'raite'. De Bahal , & des Bahalins , de Belus , Beleni^

    ,

    Eliogabalus, &c. de JupiterHammon , de Nimrod, Cham, &c. 55)2.Chap. I. Textes de l'Ecriture, ou il eJi arl de Bahal, des Bahalins ^ & des

    Bahalines, 55)2.Chap. 1 1. Du nom de Bahal, comment il s'efl rpandu ^ar tout, noms propres

    dans lefquels il efi entr. D'liogabalus , 5^5.Chap. III. Bahal efi d'un fexe ambigu , Dieu & Deffe, auffi bien lue Venus& la Lune, 597.

    Chap. IV. Dufervice ^uon rendait a Bahal. Des dnfis des dftcins'dns leursSacrifices, du baifer del main a l'honneur des Idoles, 55)9.

    Chap. V. Les Dieux naturels cachez,fous Bahal, cef le Soleil, le J-u^iter desGrecs. De l'Hercule Tjrien, 606.

    Chap. VI. Les Dieux animaux cache%.fius Bel & Bahal fontNimrod& Cham,de trois Enfans de No , Goj.

    .

    Qu atrie'me Traite'. Des autres Bahalins , de Bahal-Tfe^hon , deBahal-Berith, de Beel-z,ebub , de Dagon^^&c.de ISfergal ,Nibechas,Tartach,Ashima, Aretfa, Dieux de Sehir , Adrammelech, Anamelech, Nifroch yRimmon, 61^.

    Chap. I. Bahal-Berith, Dieu ou Deffe des Sichemites. Premire conje5iure,

  • DES CHAPITRES.Chap.vii. Des Dieux Naturels & Animaux cacheTLfous Dagon. Les Dieux

    Naturels cefi la mer^ &VEf^rit rpandu dans cet Elment^ qui lui donne fesmouvemens. LesDieux Animauxfont Ja^het y deuximefils deNo^ 6^0,

    Chap. VIII. Les Dieux des Orientaux tranf^ortei. en Samarie. Nergal 3 Ashima^ce font divers noms du Soleil y 6^1.

    Chap. IX. De NibechaTiy 6^6.Chap.x. Le Dieu Tartak nefl point Vane, Nous n avons fas afris qu'on ai%

    ador l'ne nulle^art. D'Adrammeleeh & Anamelech , des Dieux de Sehir^du DieuAretfy du Dieu Rimmon^ divinit adore cheTL les Sjriens de Da-*mas y duDieuNifrochy Dieu de Sennacherib y 6^j.

    Chap. XI. Nifrochy le Dieu de Sennacherib y avoit lafigure de TAigle, OpiniondelCirkeruSy que c'tait unepece de l'Arche, 660.

    C I N QJJ I e'm e Traite'. Des divinitez. Fminines , d'Afaroth , AsherahySuccoth-Benoth y la Defje Syrienne y Venus Uranie y Derceto y Atergatis-y&c. 666.

    Chap. I. De In Defje Afiharoth y de fes divers noms. Que c etoit uneDeffe y &non un Dieu. Dunomd'Asherahy quatre autres noms del mme Defy 666.

    Chap. II. D'Aflarty & de trois autres Deffesy qu'on a confondues en SyrieDes quatre Deffes Syriennes qu'il faut dmler y Afiarty Derceto , VenusUraniey &la Deffe Syrienne y 6~ji.

    Chap. III. Quel nom Afart a ^ort dans l'Occident y ^armi les Grecs & leiRomains. Si c efl Cybele y Venus y ou Junon, 6-j$.

    Chap. IV. Afart c'tait la Lune. De la Deffe Alilat entre les Arabes y d'Urar>,nie, 6yS.

    Chap.v. De la Venus Syrienne & de Thammusy 681.Chap. VI. Dieux Naturels cachez, fous Venus & Adonis y ceft JJtSy la Nature

    Univerfelle y & le Soleil y 6^6.Chap. VII. De Succoth-Benoth y ou Venus Babylonienne, 685}.S I X I e'm e Traite'. De quelques autres divinitex. moins connues , &doni

    les noms font moinsfrequens dans l'Ecriture y comme fontGadyAeniySefach^lidahwxmy Bahal-Tfe^hon y JUargemah y 6)^,

    Chap. I. De Gad y & de Ment du 6^.Ch.d'Efayey 6^^.Chap. II. DeSefachy divinit des Babyloniens y & des Perfes. De la Fte a^el--

    leeSakea, & de la Deffe Anaitis , 702.Chap. 1 1 1. Du Dieu Jl

    tiochus Epi^hanes y 705.Chap. IV. Baal-Tfephon. C'tait le nom d'un lieUy non d'un Dieu. DeAfarge-^mahy & desMonceaux a^velleTLJidonceaux de JXdercure y 708.

    S E P T I e'm e Traite'. Du Culte du Soleil , de la Lune , des Plantes &des Etoiles

    , du Feu y des Chevaux confacrez^ au Soleil , dtruits ^ar Jojtas y&desChammani^ 3 711.

    Chap. I. Erreui^^ quelques Anciens y qui ont cru que les Aflres avaient tdonnez, de Dieu aux nations pour divinitez.. On a cru que les Afires taientanimez.. Le Soleil ador par les Perfes fans Temfles ni Chamelles. Coutumed'adorer en f tournant vers l'Orient : des Chammanim entre les Juifs , 711,

    Chap. II. Du Culte que les Perfes rendaient au Feu &au Soleil. DuDieuAma^nus & de fes Temples. Des Chammanim y & des Chevaux du Soleil y -ji^.

    Chap. III. De l'adoration de la Lune y des Plantes y &des Etoilesfixes. DmCulte de Venus. L'adoration de Mercure y & l'origine de fes diversnoms ,725.

    Hu T I e'm e TRa t e'. Deux Idoltries particulires au Peuple dlfra'l >^

    l'E-

  • TABLE DES CHAPITRES.rEphod de Gedcon ,& le Serpent d^airain. Da Dragon des Babyloniens. Ido-ltries do?7t les Juifs o?t ctcjaujfement accufz.^ 730.

    CKap. I. 'H:Joii'c de l'E^phd deGedeon. Cetoit apparemment une enfeigne mili-'taire y que ce Cajiitaine fit ponr tre le monument de [es viUoires y & lejgnalde fes combats y 730.

    Chap. \ I. Comment les Ifra'lites adorrent l'Efhod de Gedeon, y ^6.Chap. III. Du Serpent d'airain , entant qu'il devint un objet d'Idoltrie. Le

    Diable s'efl fait adorer jprefque partout fous la fgure d'un Servent. fculapeadore fous un Serpent. SerpAns adorez^ en Egypte, Des O^hites contez, entre lesSeules duChrifiianifme^ 740.

    Chap. IV. Idoltries dont les fuifs ont tfauffement accufz^y 74(5.Ne u V I e'm e Trait e'. Des Hauts lieux , des Bocages ^ & des Temples

    de l'Idole ; des Sacrificateurs^des Sacrifices^& des Cer rmonies de leur Culte ,751.Chap. I . Des Hauts lieux& des Bocages.Ce font les^lus anciens Temples. Plujieurs

    nations n'en ont pas eu d'autres. Les Hbreux en ont fait grand ufage. Le Ch'fie & le Guy de Chne ont tfacre%.. Fameux bocage dansle Fauxbourgd'An^tioche_y 75 L

    dhap. II. Des Temples de VIdoltrie: q^ui en font les premiers inventeurs : lefameux Temple d'Hierapolis^ des Cellules des Dieux y des Autels , des Ta-bles y des Eeux facre-Ly 757.

    'dhap. III. Des jileubles des Temples y des Autels y des Tables y & des Lampesardentes y des Proceffions y desiorchesy & des Feux facrez^, y6^.

    ^hap. IV. Des Sacrificateurs & JJyfinifires des Autels chez, les Payens. Lesfemmes ne pouvoiem tre JUiniflres dufervice

    ,flon la Loi. Aais certaines

    nations Pajennes ont euieurs Prtreffesy -j6%.C^hap.v. Ce n etoitpas la coutume de donner ordinairement des femmes pour Pr-

    treffes. Ni la Deffe de Syrie , ni les autres Dejfes n'avaient point de Prtre

    f

    fes. Elles toicntfervies par des hommes y fur tout par des hommes coupez.y'j'jo,Chap.v. Beau parallle dufervice de la Deffe de Syrie y & de celui du Tem^

    fie de Jerufalemy 775.Chap.v I. Obfervations de la Religion Payenne, tires de la Loi de Dieu y pour

    les Miniflres des Autels y 779.Chap.v 1 1. Des Sacrifices des Payens. Les Holocaufles peu en ufage entre les

    Payens. Crmonies des Grecs dans leurs Sacrifices par Homre. Celles desEgyptiens par Hrodote

    , 783.Chap. IX. Sacrifices des Payens divifez. en diverfes claffeSy flon les fins quon

    s'y propofoit y les Sacrifices propitiatoires y les impetratoires y les eucharifiiques

    ,

    & les divinatoires y 788.Chap.x. Des J^iSimeSf & de la matire des Offhandes : ViElimes humaines y

    viElimes prifes prefque de toutes les btes y le pourceau y le chien y le chevaly^

    des oifeaux. Quefcion y J on facrifioit des potjfons. Offrand^ de chofes mor-tesy 75)2. ^^^'

    Chap. XI. Des Crmonies obferves dans les Sacrifices y 75)5?.Fin de la Table des Chapitres.

    Ceux qu) jetteront les yeux iur cet Indice des Trakts Se des Chapitres , o il eft parl desidolararies des Syriens , feront peut-tre furpris de n'y pas voir un titre particulirement ddi la iraraeufe DeflTe de Syrie de Hierapolis y dont un Auteur ancien ious le nom de Luciennous a lallT un petit livre fort curieux. Mais ils doivent tre avertis que cette DcfTe afon Chapitre dans le tratt de Bahal Berith , DeiTe des Sichemltes , la page 6zq. & fuivan-tes. Car nous y prouvons que cette Bahal Berith cil: vritablement la Deefe Syimne de Lucien:Et utre cela il ell: parl d'elle dans pluJeBrs endroits des traitts fux Tldoiatrie des Syriens.

    HISTOI-

  • DES DOGMESE T D E sCULTE

    BONS ET MAUVAISDE LE G L I S E

    Depuis Adam jufqu' Jefus-Chrift.

    PREMIERE PARTIE.Htftoire des Dogmes Qf des Cultes de [Eglife depuis

    Adam jufques Mojfe,\ L n*y a rien plus digne d'tre f que la manire1 dont Dieu a t fervi dans tous les ges de TEgli-

    Ife. La dure de cette Eglife peut-tre di^nfe en

    If trois grands priodes. Le premier ell celuy depuisla cration du monde jufques Moyfe. Le fconddepuis Moyfe jufques Jefus-Chrift. Le troiimedepuis Jefus-Chrift jufques nous. Le premier deces trois priodes comprend environ 24^4. ansj 6cil eft naturellement partag en deux par le dluge

    qui arriva l'an du monde 16^6. flon la fupputation des Hbreux. C'eft dece premier priode dont nous avons dci^tn de chercher la Religion , 6cdeconnotre les cultes 6c les dogmes dans cette prenaere partie de ntreHiftoire. Cette entreprife n'eft pas aife, caufe de la grande antiquit, quinous drobe la connoilTance de ces premiers tems

    , 6c qui ell comme unvoile, qui empche nos yeux de pntrer jufques l. Nous nous fervironsdu peu de monumens que l'Ecriture 6c le St. Efprit nous ont laifTez deces premiers Cecles , & nous y ajouterons toutes les lumires , que nouspourrons tirer de la tradition des juifs, 6c des antiquitez payennes.

    /. Part, A C H A-

  • ,j HISTOIREDESDOGMES

    CHAPITRE I.De la Thologie& des dogmes de l'Eglife afvant la Loy,

    LA Religion efl compofe de dogmes Se de cultes, car ifaut neceflai-rement avoir quelques penfes c quelques fentimensde la divinitque l'on tert : ces penlees s'appellent dogmes , c les fervices qui font

    fondez iur ces penfes s'appellent cultes : fans doute donc la> religion desPatriarches avoit fes dogmes aufi bien que fes cultes j car elle penfoitquelque chofe de ce Dieu, qu'elle adoroit. Dans le deflein que nous avonsde rechercher quelle toit la religion de ces Anciens , il cil jufte c ne-ceflake de connoitrc quels ont t leurs dogmes , devant que d'examinerquels ont t leurs cultes

    ,

    parce que la caufe doit marcher devant les ef-fets : Or les penfes que l'on a de la divinit, 6c qui font dans l'intrieur,,font la caufe de ce que nous appelions culte extrieur 5 c chacun adore la.divinit flon les fentimens qu'il en a.Le prodigieux nombre d'annes qui nous fepare de ces premiers fecles

    ,

    .nous drobe auffi la connoifance de ce qui s'y faifoit. Dans les antiquitez

    ' payennes , l'Hiftoire qui remonte au del de Cyrus, Roy de Perfe, eft toute^' [ remplie de fables & d'obfcuritcz qu'on ne fauroit dmler j Cependant

    Cyrus eft moderne en comparaifon de l'antiquit que nous avons delTeind'examiner, car ce Prince n'a vcu qu'un peu plus de 400. ans avant la.venue de J. C. Nous ne fommes pourtant pas tout fait fi deltituez de fe-cours dans ntre Hiftoire

    ,queTonpourroitcroire, parce que nous aurons

    un guide certain, un Autheur conduit par le St.Efprit, qui nous a iaiflede Mmoires de cetems-l,c des Mmoires d'une fidlit parfaite, quoyqu'ils ne foientpas fort tendus 3 c'eftMoyfe qui nous a crit le livre de laGenefe. Mais il eft craindre que ces Mmoires ne nous mnent pasloin, parce qu'ils font courts. Cependant ft l'on dcouvre tout ce qui y eft,on ne laifera pas d'y trouver bien des chofes.

    La connoif- Quaud on parle de la Thologie de ces premiers hommes , onfea re-Ancet? fur P^'^^^"^^ extrmement maigre, & de peu d'tendue. Nos ThologienslaReiigion nous dpeignent ces premiers fecles comme un petit crepufcule, qui com-riiffiboM^e raence parotrelong-tems devant le foleil :. nous difons que la lumire fpi-qu'on nouj ritucllc a pafle dans la Religion par les mmes degrez que la lumire du^a reprexi- inonde paO dans l'air. Je ne veux pas abfolument nier cela: mais je crains

    qu'on n'ait pouff trop loin cette vrit. J'avoue que la connoiflanced'au-jourd'huy eft infiniment plus grande qu'elle n'toit fous la Loy, & avantla Loy : il eft mme aiTez apparent que les grands Saints du V. Teftamentqui ont vcu depuis Moyfe, voyant lespromefles & les myfteres de plusprs 6c avec plus de fecours , les ont veus plus diftinlement. Cepen-dant je n'ay pas auffi mauvaife opinion de la fcience des Anciens fidles

    ,qui

    ont t devant Moyfe, qu'on nous la veut donner: 6c je ne puis douterque leur connoifiance n'ait t plufieurs gards trs belle 6c trs diftinc-e : l'obfcurit de leurs lumires n'toit qu' l'gard du Rdempteur

    venir

  • ET DES CULTES DE UEGLISE. Part.l, ^Tenir, lequel ils ne pouvoient pas bien connotrediftincStement, caufeque "7:les oracles n'toient pas alors en grand nombre , & que le tems
  • 4 H I S T O I R E D E S D O G M E Spar la main de deux hommes > & par confequent elle ne pouvoit pas trebien obrcurcie. Et de l je conclus que No n'toit gueres moins favantqu'Adam dans les myfteres de la Religion

    ,

    parce qu'Adam avoit t leprcepteur de Methufela

    ,& Methufela celui de No. Le Patriarche

    ,No vcut encore 3 ^o. ans aprs le dluge : Ainfi entre Abraham c Adamil n'y avoit que deux hommes , favoir Methufela & No

    ,parce qu'A-

    braham toit dj g de f8 . ans quand No mourut : car Abraham na-quit zi. ans aprs le dluge. Sem

    ,qui avoit vu le dluge , vcut foo.

    ans aprs le dluge: Jacob a donc pu voir Sem, car Jacob avoit fo.. ansquand Sem mourut 5 & il n'y avoit que 80. ans que Sem toit mort quand,la famille de Jacob defcendit en Egypte : de forte qu'il n'y a qu'un, fulhomme entre Jacob & le dluge , c trois hommes entre le mme Jacob &la cration. Ainfi il eft vident que ces deux grands venemens, la cra-tion du monde 6c le dluge , toient comme fous les yeux des fidles de.ce premier priode de l'Eglife, &par confequent il eft impofTible, qu'ils,ne fuflent perfuadcz qu'il y a un Dieu , qu'il eft infini , qu'il eft infini-ment puitant 6c jufte , ayant une haine infinie pour le pch , que Tes.yeux obfervent la conduite des hommes

    ,que fa vengeance les pour-

    fuit quand ils font mchans , & que fa bont les protge quand ils font,bons.

    L'Egiifc Mais nous ne pouvons nous Icrvir d'un moyen plus alTr pour connoi-ilTJitt' ^^'^ quelle toit la Thologie de ces premiers fidles, que deconfidererlesauffifca- cho.'es qu'ils ont dites, c celles qui leur ont t dites. Car pour ce qu'ils,ce]"rquu ^^'^^ ^^^-y ^^ "'^"^ ^^ ^" %"e certain de ce qu'ils ont penf, & de ce qu'ilsfuiviicd- ont cr. Et pour ce qui leur a t dit , c'eft encore un moyen aflur"^^- de conriotre ce qu'ils ont f : parce qu'il eft prefuppofer qu'ils ont f ce

    que Dieu a pris foin de leur enfeigner. Je vais donc faire une courte reveudes principales veritez, qui , flon le rapport de Moyfe , ont t connues parces hommes du premier monde. Seulement j'ajouterai, avant quedepaflroutre, qu'il n'eft pas befoin de diftinguer, pour les degrez de la connoifiance

    ,

    cette partie de l'Ancienne Eglife qui a prcd le dluge, de celle qui l'afuivijufqu' Moyfe. Car il eft clair que Dieu n'a pas rvl de nouveaux myfteresaux derniers Patriarches, &que tout ce que l'Eghfe du tems d'Abrahamfavoir , toit au(i connu dans l'Eglife qui a prcd le dluge. Exceptqu'il fe peut faire que certaines chofes ont t connues d'une manire un peuplus diiiince, les dernires rvlations fortifiant les premires.

    Bn premier Aprs ccttc remarque, je commence par le fameux oracle que Dieu pro-quels^re* "^"^ ^ Adam aprs fa chute, ^e mettrai inimiti entre la femme & le fer-^m\txs\\omrpnt

    , CfT entre la fimence de lafemme dJ" la femence du firpent ; & la femence"mpriT* ^f la femme brifera la tte dn ferpent , & le ferpent Iny brifera. le talon.. Je neGenef. j, m'arrterai pas expliquer ce texte, flon toutes les remarques que l'on fait*" *^' ordinairement delTus ; je dirai feulement que c'eft une promefle trs ex-

    preiTe du Rdempteur,, qui devoir venir pour dtruire l'empire du Diable.La femme dont il eft icy parl, c'eftJ'EgUfe, la mre de tous les fidles :la fimence de la emme ^ ce font les Saints ; le ferpent, c'eft le dmon; la femence du ferpent, ce font ces hommes que le Di^le a enlevez l'E-glife, qu'il engage daris fa rvolte, qu'il fait pafter, pour ainfi dire, dansi famille, t qui font appeliez enfans du dmon, felonceque Jefus-Chrift

    difoit

  • ET DES CULTES DE L'EGLISE. TartA. 5(difbit aux Juifs, le "Pre nquel vous e'tes finis , c^efi le Diable. Vinimitiqui ell entre la femme 6c le ferpent, entre lafemence de la femme c la fe-mence du irpent, c'ell cette guerre perptuelle qui eft entre le Diablec TEglife. La tte du ferpent, c'eft la puilTance du Diable : la femence tla femme qui doit brifer cette tte, ce font les enfans de Dieu , ayant leur tte leur chef qui eft Jefus-Chrift:,par la puilTance duquel le rgne dul^iable a t dtruit. Enfin ce talon qui devoit tre brif, c'eft la partie baflcdel'Eglife, celle par laquelle, pourainfi dire, elle touche la terre, fa-voir rEghfe mihtante. Car l'Eglife triomphante, qui eft dans les cieux,peut avec juftice erre appelle la tte de ce grand corps, eau fe de la gloi-re qu'elle poflde : c l'Eglife militante, qui eft icy bas

    ,

    peut bien,

    caufe de (es infirmitez,

    c^e appelle le talon de la femme , Tpoufe deJ. C. Et c'eft contre ce talon que le Diable dcharge ks fureurs. Et quipeut douter que \ts premiers fidles n'ayent compris le fens de cet oracle.^Dieu Tet donn en vain , s'il n'et pas t entendu ; Adam n'et pas putirer de la confolation de ces paroles , s'il n'et pntr dans le (cns myfti-que , &; s'il fe ft arrt l'corce. Ajoutez a cela que cette promeffen'auroit pu paiTer par tradition jufqu' Moyfe, fi luy c tous ceux qui l'ontprcd ne l'avoient pas entendue ; car on oublie c l'on nglige ce quel'on n'entend point. Il faut donc croire qu'ils ont compris cet oracle, &qu'ils ont conu, qu'il y auroit toujours guerre entre le Diable c les m-chans d'une part y & les enfans de Dieu de l'autre part : que l'Eglife fc-roit opprime par fes ennemis j mais qu'enfin de la femence de la femmeil natroit un merveilleux librateur, qui runeroit les ennemis de l'Eglife.Je croy bien qu'ils n'ont pas connu diilintement de quelle manire f fe^'} ~roit cette alion , c je ne gote point les raifonnemens de ceux qui di-fent

    ,que la premire Eglife a entendu cet oracle prefque aufi bien que

    nous } il fuffit qu'ils en ayent compris ce que nous avons dit : mais aufi iln'eft pas pofible de croire qu'ils n'ayent pas eu ces degrez de connoifTanceque nous leur avons attribu-ez.

    r Les difcpurs que Dieu fit No devant ou aprs le dluge, nous font Grandes lu-) voir que Dieu fe manifeftoit aux hommes j i. comme ayant foin d'eux, E"g|nei"^\ & prenant connoifTance de ce qui fe palTe fur la terre j par confequent tiondeNo ils connoifibient diftinbement la providence j car Dieu dclara pSkedaNo, qu'il avoitveules excs dans lefquels les hommes de cette gnera- dluge,tiontoient tombez. 2. Comme aimant fouvcrainement la vertu, & ayanten horreur le vice j puifqu'il prenoit la rfolution de perdre un fi beaumonde, parce qu'il s'toit fouill par le pch, i^. Comme ayant un pou-voir abfolu fur toutes \qs cratures pour \ts dtruire, puis qu'il entrepre-noit de racler en une feule fois de defis la terre tous ts habitans. 4. Com-me ayant un grand fonds de mifericorde pour fauver ceux qui s'attachent luy, puis qu'il diftinguoit No du reft des autres hommes , & faifoittant de merveilles, pour fauver celuy qui toit jufte au milieu de la cor-ruption du fiecle. 5". Comme ayant en main toutes les cratures, pour lesfaire fervir l'excution de fa volont; les vents, la mer, le ciel c lesclemens, puis qu'il les employoit excuter fa vengeance. 6. Commepatient foufifrir les outrages des hommes, puis qu'il ne fe vangeoit qu'a-prs avoir donn yn. terme de 120. ans ces rebelles 5 depuis que leur

    A3 corrup-

  • 6 HISTOIRE DES DOGMEScorruption fut monte au comble. 7. Comme l'Etre fouverain qui;:oute la nature doit rendre hommage , faute dequoy il cft en droit deconfondre tout

    ,puifque pour punir les rebellions des hommes de cette gn-

    ration, il obligea l'air, le ciel & la mer conjurer leur ruiie. Qui peutcroire que les hommes de ce (iecle ayent t allez llupides pour manquer tirer toutes ces concluiions, tant du grand vnement du dluge, quede ce que Dieu avoit dit No?

    Combien On peut faire les mmes reflexions fur ce qui arriva aux villes de So-sodom? & dme c de Gomorrhe dans les jours d'Abraham, car il eft certain queGornoLihe de cct cfFet de la vangeance divine, & des entretiens que Dieu eut avecEdre ^d Abraham fur ce fujet, on pt tirer mille lumires, pour connotre la ve-chofes ajx nt, C pour former une ide de fa juftice, de fa raajeil, de fa puilln-s"^

    ^^'

    cc-j de fa mifericorde& de fa grandeur,

    qui foit digne de luy. Il parotpar cette hiftoire, que Dieu ne nglige pas les affaires des hommes

    ,puis-

    qu'il prend connoifance de ce qui fe fait en Sodome -, qu'il efl fouverai-nement quitable, puis qu'il defcend des cieux, pour faire information dc'l'iniquit avai;it que de la punir j qu'il ell infiniment bon , & qu'il aime-la juftice autant qu'il hait l'iniquit

    ,puifque pour dix juiles il et bien

    voulu pargner tout un peuple criminel.De h fetn- H n'toit pas poffible que ces menues fidles ne fifient une rflexion&^dif facd- foi't applique fur un vnement auli confiderable , que fut la converfionficed'ifaac. Je la femme de Lot en une flatu de fel. Ce n'ell pas un de cesvene-

    mens ordinaires,qi paflnt fans qu'on s'en apperoive. Il ne faut qu'un

    peu de fens commun, pour voir l dedans combien Dieu eil jaloux de {baauthorit , combien il y a de pril rcfufer de fuivre quand il appelle

    ,

    & combien il a de haine c de mpris pour ceux qui aiment le mondeplus que luy. Le facrifice d'Ifaac

    ,qui fut prt de fe voir gorger par

    Abraham fon pre,nous fait voir combien dans ce ficle-l les hommes

    toient touchez de ce principe, qu'on doit ober aveuglment aufli-ttqucDieu commande 3 qu'il a droit fur tout ce que nous tenons de luy ; queDieu eft la rgle fouveraine de toute juHice^ & que tout ce qu'il com-mande efl: quitable, quelque oppof qu'il paroifl la raifon humaine.

    Le Redem- Si nous voulous chercher ce que l'Eglife du tems d'Abraham favoitbie^ connu ^^^ Rcdcmptcur venir , nous trouvons que la connoifTance' qu'elle eadans la ge- avot HC pouvoit tre mediocrc. Le Seigneur dit Abraham

    ,

    qu'en fafe-

    dabam. ^^^^^ fi^oient bnites toutes les nations de la terre ^ S. Paul au p. des Romains& au 3. t?> Galates nous dit, que cette femence, c'eft Jefus-Chrift , cque cette bndiction qui devoit couler de cette femence, c'eft le falut,dont toutes les nations dvoient tre rendues participantes par la prdica-tion de l'Evangile. Quelqu'un dira peut-tre que S. Paul efl: le premierqui ait connu ce myflere , et qu'Abraham n'a point pntr dans le fensde ces paroles

    ,qui d'abord ne prefentent rien de femblable l'efprit.

    Car fi nous n'avions pas le commentaire de S. Paul, nous pourrions croi-Gencfe 1*'^ que ces paroles , En ta femence feront bnites toutes les nations de la terre

    ,

    ii. >. 18. ne lignifient rien autre chofe finon: >^ue ta fofleritfera fi heureufe , cjuequand on voudra bnir quelqu^un

    , d^ luy fouhaiter du bien , on la prendra purmodle.& four un exemple rare des faveurs du ctel. En effet il eft remar-quer que cette faconde parier, bmir en (juelqu'tin ^ flon le gnie de la,

    Langue

  • ET DES CULTES DE L'EGLISE. Part.l. jLangue Hbraque, lignifie quelquefois louhaiter du bien dans le mmedegr que l'on en voit dans celuy qui eit propof pour exemple de bene-dibon. Nous en voyons un exemple confiderable dans le chap. 48. du livrede la Genefe au "j^. lo. dans l'hiitoire de la bndiction que Jacob donna Ephram c Manafle enfans de Jofeph j & en ce jour-lk tl les bnit difant^Ifral bnira en toy dtfant-. Dieu, te fajje tel qH^E^hrdim
  • CSenefe49.V. lo.

    8 HISTOREDESDOGMEScnfans? Combien y pourroit-on trouver de fublime Thologie? Ce mer-veilleux oracle j que Jacob pronona peu devant que de mourir, fait voir

    que la connoifliUice du Mcievenirn'toit pas obfcurcie dans!' Eglife de-puis la premire promeile qui en fut donne Adam j le Sceptre, dit-il, nefe dpartira point de fuda^ ni le Legijluteur d^entre [es pieds , jfifcju' ce que le

    Silo vienvie , & lui appartient l'^ajjemble des peuples. A peine y a-t-il danstous les Prophtes un oracle plus clair, i. Le MefTie eft appelle le Silo,nom qui fignife le pacificateur & le pacifique: Jacob, qui iuya donn cenom, ne pouvoit ignorer ce que l'Evangile eil venu nous dire plus dil^

    tintement, que c'eil lui qui devoit faire la paix entre Dieu & les hommes.2,. Et en ajoutant que raflmbie des peuples luy appartient , ii||^it con-notre qu'il avoit compris que le Meflie devoit tre le Iklut de toutes lesnations , 6c faire la propitiation des pchez de tout le monde. Il n'y a pointd'apparence que ces grands Saints rlervaflent ces lumires pour eux feulsjfans doute ils en faifoient part leurs enfnsc toute rEgHfe de leurs tcms.Il eft fcheux que les travaux & les obfervations de ceux qu'on appellegrands hommes dans la Republique des lettres , n'ayent fervi prefque autre chofe qu' verfer des tnbres fur des lumires fi brillantes. Car fion avoit laiflece grand oracle &: pufieurs autres dans le fens qui faute auxyeux, nous n'aurions pas tant de dilfertations qui ne fervent qu' nous eni'oaraffen

    CHAPITRE II.

    R^e Job y defin livre ^ 'defa Thologie.

    len ne feroit plus propre nous apprendre quelle toit la Thologiede ces Anciens dont nous parlons, que le livre deJob, pourvu quenouspuiiiions avoir quelque certitude que cet ouvrage elln dans le

    tems des premiers ges del'Eglife. Le fujet mrite donc que nous nous yarrtions un peu : c'eft un livre dont la matire eft excellente , c dont l'ori-gine eft obfcure. Je fuis d'avis que nous n'en difions que ce qui eft le plus utilepour ntre fujet, c ce qui s'en dit de plus apparent. Je ne rapporterai doncpas les divers fentimens des Autheurs fur le tems dans lequel a vcu J ob , furle lieu o il a habit , & fur l'Autheur de fon livre : je me contenterai de rap-porter ce que je croirai le plus vrl^-ierablable.

    opnion Premirement l'opinion de ceux qui croyent que cette Hiftoire eft uneprofanede f^c^tion me patot profane j elle me iemble digne de l'efprit des Anabaptif-

    tes , entre kfquels elle eft afiez commune. Ce n'cft pas que cette opinion'n'ait t au fli fotenu par quelques habiles gens: mais ceux qu'on appellles grands hommes , ne font pas toujours raifonnables. Entre les AutheursTalmudiftes, il s'en eft trouv de ce fentiment, & qui ont dit, non Prophetafuit , nec crtHs

    , fed Parahola. Mais cette opinion eft dangereufe, c ou-vre videmment la porte l'efprit de profanation: Si une l^ois on rsoqueen doute la vrit de cette Hiftoire, il n'y aura plus rien d'aflr dans l'E-

    criture

    font del'Hoitede Job uneaStion.

  • ET DES CULTES DE L'EGLISE. PartA. 9criture Sainte

    ,point de rcits dont on ne puifTe faire des fables pieufes, 6c des

    allgories pleines de myfteres. Car au refte cette Hiftoire de Job a tousles cara(5leres de vrit, que peuvent avoir les rcits les plus finceres. i . Ony raflemble des circonftancesj on dit que la perfonne dont il s'agit avoitnom Job, qu'il toit du pais de Huts, qu'il avoit des enfns, une femme cdes amisj on nomme ^cs amis , on n'y introduit pas une feule perfonnedont on ne marque la patrie > on fpecifie que cet homme coit riche , onraconte comment il tomba dans les malheurs, o on le voit engag , com-ment il en fortit

    ,que fes parens lui firent des prefens 5 on nomme i^s en-

    fens, on conte precifment les annes qu'il vcut aprs (ts difgraces , &le nombre des gnrations de fes enfans, qu'il vit aprs luy. On n'a pasaccoutum d'en ufer ainfi dans les pices de Thtre , telle qu eft celle-ci, flon le fentiment de ceux que nous combattons. Ce feroit donc vi-demment vouloir accufer le St. Efprit de tromper les hommes,en leur vou-lant perfuader, que ce qui ne feroit qu'un Roman, auroitre du St. Ef-prit toute la forme d'une vritable Hiftoire. z. Mais fur tout il eft re-marquer, que cette Hiftoire eft appuye du tmoignage d'autres Autheursfacrez, dont Fauthorit ne peut tre douteufe. Dans les rvlations du Pro-phte Ezechiel , Dieu parle de Job comme d'une perfonne qui a t 3 if4iand E^ech. 14.ces trois hommes ^ dit- il , No ^ Daniel & fob , feraient dans un pais d'ini(}ui~te

    ,ils dlivreraient leurs mes par leur jxtflice: maisje fuis vivant ^ dit le Sei-

    gnettr,

    qu'ils ne dlivreraient ni fils , ni filles. Ou Job a t vritablement,ou l'Hiftoire de No &: de Daniel le font que des fixions, puilque Jobeft mis dans le mme rang. S. Jacques nous renvoy l'exemple de Job Jacq. ?.pour y apprendre la patience j 11 ce livre toit une fi6tion il feroit Apo-

    ^*^'

    cryphe : Or il n'y a point d'apparence que St. Jacques nous renvoyt l'cole d'une fable, pour y apprendre une vritable vertu.

    ^. On doit faire conte du confentement des favans dans une affaire comme

    celle-ci : Or ri eft conftant, que prefque tous les habiles gens demeurent d'ac-cord de la vrit de cette Hiftoire. Le petit nombre d'efprits libertins

    ,qui Ce

    font fait un honneur de la rvoquer en doute, ne doit tre cont pour rien:Car on fait bien qu'il n'y a pas de vrit fi vidente, dont quelques gens ne fedonnent la libert de douter

    ,pour avoir le plaifir de fe faire remarquer

    dans une route finguliere. Dj prefque tous les Juifs font dans le fentimentque nous dfendons. Il eft vray que Maimonides , le plus favant d'en-r'eux , femble avoir l-deffus quelque fcrupule. Il laifie la chofe indcife -,cjHoi qu'il en foit , dit -il , des deux opinions

    ^

    [oit que ce foit ici une vritable Hif- More Ne-

    toire ,0H tinefi5iion , toujours il efi certain , que ce qui efl recite au commencement j^cp! 22?^du dialogue de Dieu avec Sat^n

    ,^ ce qui efi dtt, que Dieu 'livra Job entre les

    mains de Satan , doit tre pris pour une Parabole. On pourroit trouver plu-fieurs Autheurs de la mme nation qui font d'un avis contraire, par exem-ple, nous pouvons produire foixante-dix tmoins tout la fois, s'il eftvray que la verfion des Septante foit vritablement de ceux qui on l'attri-bue: car ces Interprtes la fin du livre de Job ont ajout c&s parolesfuivantes, qui ne font point dans l'Hbreu -, il efi crit que ce fob rejjufcitera Addition4ivec ceux que le Seigneur rejfufcite. Il a t traduit d^un livre Syriaque , ce fob ^"^s fg 1^;^,^habitait dans lepais appelle Aufitis^ dans les confins de l''Arabie ^^ de l^/dume: il de]ob.ie)a

    avait nom premirement Jobab s il prn une femme Arabe, & en eut un fils ap- j^.I. Part. B p(U

  • lo HISTOIRE DES DOGMESfell Hennon. Il avoit pour Pre un nomm Zar des enfans d'^Efaii , & pouwmre une nomme BoJJna. Il etoit le cinquime depuis Ahrahttm , & de la racedes Rois, qui rgnaient en Edom : lui-mme fut Trince de ce pdis- la.'. Le premierde ces Pnnces fut Balac,fils de Behor , & le nom de fa ville tait Ennaba, ApresBalac vint fobab , appelle aujfi fob i & a fob fucceda AJfam, qui gouverna , d"qui tait de la Province de Theman. A celm-la fucceda Adad, fils de Barac, quidfit les A
  • ET DES CULTES DE L'EGLISE. Fart.l, iicar depuis ce ficle il n'y eut plus de gens d'une auf longue vie 2. Lesfacrifces qu'il offroit luy-mme nous font voir, c qu'il toit tranger dupeuple d'Ifral , & qu'il vivoit avant Moyle. Car Dieu dans la Loy de Moyfeordonna, que les Sacrificateurs fuflent de la race d'Aaron,6cil n'acceptoitpqj^u de facrifices que ceux qui luy toient offerts la porte du tabernacle

    ,

    ou du moins en la Terre Sainte. Job vivoit donc dans les ficles, durant lef-quels les Pres 6c les premiers- nez des familles toient des Sacrificateurs nez

    ,

    & dans lefquels les fidles ofiroient Dieu des facrifices par tout 011 ilstoient. 3 . Cela mme qu'il n'toit pas de la famille de J acob , & que cepen-dant il toit craignant Dieu , toit une preuve qu'il vivoit avant Moyfe : cardepuis Moyfe la grce de Dieu abandonna tous les autres peuples, cfe ren-ferma dans k famille de Jacob, qui avoit hrit de la benedi6tion d'Abra-ha'm i au lieu qu'avant cela Dieu fe confervoit toujours un rfidu aumilieu des autres Nations.

    4. Job vivoit fans doute dans esficleSjOles hommes faifoient de leurstroupeaux leurs uniques richefies

    ,ce qui paroit par fon Hitloire ; &

    c'efl l un des caraleres du ficle des Patriarches,qui n'avoient point d'au-

    tres biens que leurs troupeaux 6c leurs efclaves. 5*. lln'yagueres d'apparen- J^"'*^ce, que fiJob avoit vcu depuis Moyfe , il ne ft parl dans fon livre d'aucun feT miracles^ts grands efets de la puiflance de Dieu

    ,qu'on avoit vus quand le peuple

    J"^i^'^u a

    d'ilral fut tir d'Egypte. L'occafion s'en prefente, quand Dieu taiC [es k"enfan$preuves de fa grandeur dans les derniers Chapitres de ce livre, ou il tra- d'ifiai.

    vaille humilier Job: Il n'en apporte que de gnrales, tires de la condui-te du monde 5 6c ces preuves gnrales font beaucoup moins fenfibles quecelles qui font tires de certains faits particuliers, qui font au defilis des loixordinaires de la nature. De ce genre font tous les miracles que Dieu afaits en Egypte , dans la mer rouge 6c dans le defert. Ainfi Dieu ne lesauroit pas oubliez dans ce magnifique difcours. Il eft; vrai, que ceux quiprtendent queJob efl plus nouveau que Moyfe , ou du mme tems que lui

    ,

    difent que ces paroles du 26. Chap. f.iz. {Il fend U mer par fa vertu)font allufion au pafiage des enfans d'ifral par la mer rouge : Mais Dieun'auroit pas touch un fi grand vnement fi fort en pafiant , 6c n'auroitpas oubli tous les miracles faits en Egypte

    ,qui ne font pas moins grands

    que celui-l. 6. On tire aul un puifi^ant argument, pour prouve)- l'anti-quit de Job, de la frquence des rvlations dont il efl parl dans ce li-vre. Dieu apparut Ehphas en vifion, comme il le recite au 4. Chap. Dieu parla Job plufieurs reprifs. Ces communications familires de Dieuavec les hommes toient juflement du ficle de No 6c d'Abraham : maisce privilge devint beaucoup plus rare, quand la Loi fut crite , 6c qu'il y eutune parole de Dieu, donne par Moyfe 6c par les Prophtes.

    7. Job au 31. Chap. de fon livre fe juftifie d'idoltrie, comme il avoit Jobsr.fait de tous les autres crimes > il dit ^'z/ n'a pas regard le Soleil Imfant& laLune cheminante en fa chn j & f mon cur a t feduit en fecret , & Ji matnatn a baif ma bouche. Il parot par ces paroles que Job toit du ficle,dans lequel l'idoltrie prit fa naifiance : on a commenc par le culte desAftres; on efl enfuite venu fervir les hros 6c les fimulachres. Mkis fiJob avoit vcu dans les ficles, dans lefquels on a ador les idoles de pierre6c de mtal , il fe feroit juitifi de ce crime comme de tous les autres. Les

    B 2. - hom-

    V. 26. Zf,

  • 12 H I S T O R E D E S D O G M E Shommes ne font pas tombez tout d'un coup dans la dernire brutalit, lssont t quelque temsne rendre de l'adoration qu'aux cratures, qui meri--toient du moins d'tre admires par deflus les. autres. Job vivoit donc,dans ces anciens tems, dans lefquels on n'adoroit encore que le Soleil c la.Lune. Ces railbnsfont fi fortes, qu'elles ontperfuad prefque tous nos S^-vans, Mercerus, Codurcus, Bochart, Uflerius Archevque d'Armacn

    ,

    Erafme, Vives, Voius, Se quantit d'autres. Ceux qui font Job le

    plus moderne , le font contemporain Moyfe , comme ont fait, Grotius& Diodati dans leurs prfaces fur Job: mais les raifons que nous, avons,-apportes font voir videmment qu'il eft plus ancien,

    i pntre 8c Ce font'l les deux chofes que nous avons intrt de prouver pour n-dVjS- ' trc fujet. La premire, que l'Hiftoire de Job eft vritable : la fconde, que

    les venemens de cette Hifloire font arrivez dans la premire Eglife, c'ell--dirc dans celle qui toit avant Moyfe. Aprs cela, nous pourrions en toutefuret confulter ce livre

    ,pour apprendre de lui quelle a t. la Thologie

    de ces Anciens, Mais avant cela il ne fera pas inutile d'examiner de queKle race toit Job , en quel pa's il a demeur , c dans quel tems des Pa-triarches precifment il a vcu. Pour ce qui eft de fon pas

    ,l'Hiftoire

    Job ch. I. Sainte Fappelle la terre de Hurs ; Iljf avait un perfontiage au pais de. Huts,

    ^'*'

    ducjuelJe nom toit foh. Ce pas toit litu entre Seba & laChalde: celaeft vident, parce que d'un ct \ts Sabens fe rurent fur les bufs de

    Job..v.ij. Job & fur fes nefles, & ceux de. Sebm [e font ruez, fur eux , dr les, ont fris ^;c de l'autre cot les Chaldens enlevrent (es chameaux, & frapprent

    V. 17. fes ferviteursj comme celui- ci parloit encore, , un autre vint & dit , les ChaUde'ens, rangez, en trois bandes-^ fi font jetiez, fur les chaymaux , Cr les ont pris , ^cm frappe tes ferviteurs au tranchant de Ppe. Or du confentement de tousceux quifavent quelque chofe dans la Gographie faiate , la rgion des

    Vide Boch, Sabcns toit dans TArabie > &: quelquefois ce nom comprend mme laS)^a!pftte P^^^'^ grande partie de TArabie : & de Taure ct les Chaldens toienci. cap. 26.. fur l'EuphratC Ainfi il y a apparence que cette terre de Huts, qui toit

    la patrie de Job , avoit au midi l'Arabie , & la Chalde l'Orient , &qu'elle toit fitue entre l'une & l'autre : par confquent ce n'toit pasdans l'Idume

    ,qui toit fitue vers la mer rouge

    ,comme ont eftim

    quantit de gens. Encore moins ce pas de Huts toit-il dans la terre deCanaan, comme ont eftim d'autres,: 6c,il y a apparence que ce pas avoittir fon nom de ce Huts dont il nous eft parl au %%. de la Genefe

    ,qui

    toit le fils an de Nachor, frre d'Abraham: car tout le monde fait, queles pas ont emprunt leurs noms de&premiers hommes qui les ont habitez,ou qui les ont rendus illuftres.

    jobtot Cette conjelure fur le pas de Job nous fervira de guide pour dcourSmid" ^^^^ ^^ famille dont il a. tir fon origine , & precifment le tems dans le-baham. qiel il avu. C'eft une trs-vieille tradition, & fort reue entre les An*-

    ciens, 6c les Modernes, que ce Job toit de la famille d'Efaii, cjuintus abQn.. 2(5. Sfavo^ comme ils difent : mais cette opinion eft fans fondement ; car Moy-

    fe,

    qui nous fait un dnombrement des enfns d'Efaii, & de fa pofrteritl

    , n'auroit pas oubli un perfbnnage fi confiderable. Ainfi cettetradition ne vient que de ce qu'on a confondu un certainJobab , dont ilft parl, dans la gnalogie d'Efaii , avec ntre Job. Il y a donc plutt

    appa-

  • ET DES CULTES DJE L'EGLISE. Part.l. 15apparence que Job toitfilsdeceHutsdont il eft parl au Chap. iz. de laGen. Or avint aprs ces chofes-la, e^uPonfit rapport a Ahraham

    ^difant , voici

    Adtlca a atijj efifant des enft^ns Islchor ton frre,

    [avoir Httts fon premierne\ & Bms fon frre. Abraham & Naclior toient tous deux fils de Thar,habirans de la Chalde. Abraham quitta la Chalde , c vint premire-ment en Charran, qui eft dans la Meropotamie, c en fuite il pafla dans laterre de Canaan. Il y a apparence, que Nachor voyant partir fonpcre Cfon frre an, fortit aufi du pais de fa naiflance -, mais qu'il s'arrta furles frontieies entre l'Arabie , la Syrie c la Chalde , & donna au pasqu'il occupa le nom de fon fils an Huts^ & ce Huts fut le pre deJob,qui fe fortifia dan ce pas, c y devint pujllant. Ainfi j'eftime que Job at petit-neveu d'Abraham , . qu'il a vcu du tems d'Ifaac : car je nevoy pas de necefiit le renvoyer au tems de la captivit desifralitesenEgypte 5 comme a fait le clbre & favant Mr. Spanheim, qui nous a donn Hifior. job,un livre fort do61:e fur i'Hifloire de Job. La plupart des preuves que "^'

    nous avons apportes cy-devant, pour prouver fon antiquit,prouvent aufi ,

    qu'il toit plus ancien que Moyfej Par exemple fa longue vie qui a tde 200. ans ; Du tems de la captivit en Egypte les vies des hommestoient dj fort raccourcies j Jofeph n'a vcu que iio. ans, Eevi 137.Moyfe 1 20. Jofu 1 1 o. Il eft donc beaucoup plus raifonnable, de placer J obdans le ficle oii il toit plus ordinaire d'approcher de 200. ans : & celatoit du tems d'Ifaac

    ,

    qui a vcu 180. ans. Outre cela il mefemble, que Job a tquand la famille de Jacob commena fe multiplier, & devenir un peu- ta^^^^if^e>pie , la grce ne fut plus donne aux trangers , mais ceux qui portoientle fceau de l'Alliance

    ,favoir laCirconcifion : Or dans le tems, & fur la

    fin de la captivit d'Egypte , la pofterit d'Abraham devint une grandeNation. La grce fe renferma donc dans cette Nation j c comme Job n'-toit pas de la famille d'Abraham & de Jacob, il y a apparence qu'il n'au-roit point eu de part aux grces fpirituelles du ciel, s'il avoit vcu , commeon l'eftime, environ le tems del fortie d'Egypte. J'ajoute cela, que fiJob avoit vcu fi long-tems aprs les Patriarches, Abraham , Ifaac Se Ja-cob, il feroit furprenant qu'il n'et point parl d'eux, ni rien dit des mi-racles ^ que Dieu avoit faits en leurfaveur. Enfin il faut remarquer

    ,

    que dansle temsde la captivit d'Ifral en Egypte, l'idoltrie Se le cultedesfimu-lachres toient dj tablis en Orient > & par confequent Job felroit j.uf-lifi de ce crime

    ,comme de tous les autres, dans l'Apologie qu'il a faite

    pour lui-mme au 51. de fon livre.Il nous refte unechofe faire, afin que nous puifiions tirer du livre de Moyfe n'eft

    Job toute la lumire que nous cherchons, pour connotre la Thologie d.s fhurdui-Anciens -, c'ft de favoir qui eft l'Autheur de fon livre. Il feroit inutile viedejob.de chercher, qui eft precifment celui qui a mis cet ouvrage dans la formeque nous le voyons aujourd'huy , car je croy qu'il eft fort difficile de le de-viner. J'avoue que j'ay trs peu de refpet pour l'opinion des Juifs

    ^qui

    difent que Moyfe a crit ou traduit ce livre , flon ce mot fi connu en-Xx'qu^^ Moyfe a crit fon livre, la fe6iion deBalaam,^ &. Joh. Cependant je croyque l'on peut aflrer comme une chofe certaine, que ce livre a t mis enHbreu depuis Moyfe: cela parot par le nom de Jehova,qui s'y lit fou-vent^ cqui n toit pas connu avant Moyfe. On doit obferver que Moyfe

    B ? eft

  • 14 HISTOI RENDES DOGMESett eflim par tous les habiles gens , le plus ancien des Ecrivains , aumoins des Ecrivains Hbreux j 6c qu'ainfi il n'eil; pas apparent que le livrede Job en Hbreu foit plus ancien que Moyfe. On peut ajouter, que fiMyfe toit iVutheur de ce livre, & que le livre ft aufi ancien que Moy-fe, il y a apparence que les Samaritains l'auroient reu dans le Canon de leur"Ecriture Sainte. Les dix Tnbus fe feparerent incontinent aprs la mort deSalomon, dans un temps auquel dans le Canon de l'EgliIe il n'y avoit queles cinq livres de Moyi. C'efl; pourquoy eux & les Samaritains, leurs fuc-ccfleurs, & les continuateurs de leur fchifme, n'ont jamais reconnu pourEcriture Canonique que les cinq livres de Moyfe i mais il alors il y et euun autre livre compof par Moyfejaffrement ils l'auroienl conlcrv entr'euxcomme Canonique, auffi bien que les cinq livres de la Loy.

    Salomon eft S'il toit permis dans une chofe aufTi obfcure & aufli incertaine de pro-rncnrietra- duire dcs conje(5lures, j'avou que j'auroisun grand penchant dire que Sa-dufteurdu lomon cil l'Authcut de ce livre, c'eft--dire qu'il en efl le tradu6leur, cTorigfna

    ' qu'l lui a donu la forme dans laquelle nous le voyons aujourd'huy. Il en aoit Aiabe. tij les Mmoires des monumens des Chaldensc des Arabes j car il y a

    grande apparence que l'Original toit Arabe: il efl clair, c tous les doc-tes en demeurent d'accord

    ,que le caractre de ce livre eft abfolument fem-

    blable celui des Arabes , coup, fententieux, figur 6c obfcur. Afft -ment c'toit une chofe digne d'un Prince pieux c lavant , comme toitSalomon , d'aller chercher dans les Nations voifnes les ouvrages quitoient capables d'enrichir la fcience divine. Je croy donc que Job, quitoit un trs habile ctrs faint homme, qui avoit l'eiprit de Prophtie, acompof ce livre en Arabe ou en Chaldenj car tant voifmde ces deuxpa's , il pofiedoit galement ces deux langues : 6c que dans la fuite destems. Dieu, qui ne vouloit pas qu'un threfor f rare ft perdu, 6c que fonEglife en ft prive, a infpir quelqu'un ledeflinde le traduire dans lalangue, laquelle les oracles facrez dvoient tre confiez.

    Le livre de Jufques ici donc nous avons tabli, que ce livre contient un rcit deslicmfvE- chofes vritables qui font arrives ; qu'elles ont t crites dans le temsgiife avant qu'elles fout arrivcs j qu'elles ant t conferves fans aucune altration;^^ *' que quand elles ont t traduites dans une autre langue i c'a t fans change-

    ment, ou du moins fans un changement confiderabl ; 6c cela nous fufKtpour nous faire regarder ce livre comme un ouvrage de l'Eghfe avant laLoy i 6c ainfi nous pouvons hardiment fuppoier, qu'on y trouve la Tholo-gie des Patriarches.

    C H A-

  • ET DES CULTES DE L'EGLISE. Part.L 15

    C H A P I T R E IILAhreg de la Thologie des Tatriarches avant Moyfe. Leur Re-

    ligion toit plus femblable a la Religion Chrtienne quecelle des Juifs.

    CEla tant tabli , nous avons une preuve bien vidente de ce quej'ay avanc , favoir que la Thologie, & la connoiflance de ce pre-mier ge de l'Eglife, n'toient pas auf (ombres que nous nous les

    repreientons quelquefois. Premirement ce livre dejob nous fait voir, queces Anciens connoifToient diitinlement un feul Dieu , Crateur du mon-de , confervateur 6c conduleur de l'Univers : ils connoiflbient l'exiftencede ces Efprits, qui affiftent continuellement devant Dieu, pour excuter i^^scommandemens , c de cts autres Efprits rebelles, qui travaillent conti-nuellement la perte des hommes, qui font leurs accufateurs dans le ciel,c leurs tentateurs fur la terre; c'eft- -dire , ils favoient que Dieu avoitcr des Efprits purs & dgagez de la matire , des Anges, dont une par-tie avoit perfever dans l'obeiilance , & l'autre s'toit rebelle con-tre Dieu : cela fe voit trs videmment dans les premiers chap. de celivre.

    i. Ce livre tout entier prche la Providence de Dieu , & l'Autheur Le livre deavoit principalement en v d'enfeigner les myfteres , & la profonde con- miraMe*

    '

    duite de cette providence, qui difpenfe les biens 6c les maux avec une fa- ppur lapro-geTe, qui ell prefque toujours impntrable l'efprit humain. 5. A4ais vne""

    ^'

    jamais Autheur, ni facr,

    ni profane, n'a mieux compris, ni plus forte-ment exprim la dpendance dans laquelle les cratures IbntdeDieu. Toutce qui s'en dit aujourd'huy, 6c tout ce que les Thologiens les plus clai-rez 6c les plus fpeculatifs en ont penf , ne fauroit aller plus loin

    ,que ce

    qu'en dit ce livre. Il nous fait voir Dieu , non feulement comme diflri-buant 6c les biens 6c les maux , donnant la vie 6c la mort, 6c faifant la bonne 6cla mauvaife fortune des hommes : mais il nous le fait voir comme entranj;d'une manire invifible dans toutes les cratures, tant l'Autheur de tousles mouvemens , faifant difliller la pluye, envoyant la grle, formant lestemptes

    ,levant 6c appai/ant les flots de la mer. 4. jamais on ne vit 1

    d'expreffions ni de figures plus propres nous faire connotre la grandeurde Dieu, 6c le nant des cratures : fans conter les derniers Chapitres de ce

    ^

    livre, dans lefquels Dieu efl introduit parlant de fa gloire, de fa majefl,. $,.|^

    de fa puifTance 6c de fon authorit fur ^ts cratures ; fans cela , dis-je,je ' ^'

    "

    foijtiens qu'on ne fauroit hre avec attention ce que difent Job 6c fs amisdans les Chap. qui font depuis le 8. jufqu'au 16. fans tre vivement tou'-ch cs grandes ides de la nature , de la puiflance, de la bont 6c de lajuftice de Dieu

    ,que cet Autheur nous y donne, f . Il eft impofible de

    prcher avec plus de force la fagefle de Dieu dans ks ouvrages 6c dans laconduite de fa providence, que le fait ce livre. Il dmle cette fageire,6c

    cette

  • job. 19. V.

    16 H I S T O I R E D E S D O G M E Scette juftice de Dieu de ce grand embarras d'vcnemens, qui paroifTentnon feulement confus, mais injuftes aux yeux des hommes , c les jufti-fie contre les plaintes 6c les objc6lions des profanes. 6. On ne peutanantir l'homme en des termes plus fignificatifs, ni taler fa vanit, famifere, ics crimes, & rimpofiibilit dans laquelle il ell de fejuftifier devantDieu, avec plus de fuccs que le fait cet Auteur. 7. Il parot par le chap. z^.de ce livre, que les Anciens Thologiens connoifFoient aufii bien que nous,que Dieu ell un efprit vif c pntrant, taht par tout, rempliflant tousles lieux de fa prefence, connoiiTant les chofes les plus caches

    ,pntrant

    les plus profondes, C voyant les plus fecretes.8. Ne dirons-nous rien de ce clbre paflage du ip. chap. ^e fai

    ^zs".i6.' qie mon %e(iemfteHY efi vivant ^ & qu'il emeurera le dernter fnr la terre -y &

    encore qu'ars ma peau on ait rong ceci^

    je verrai Dieu de ma chair , lequelJob connu y^ ijirrai four moi, & mesyeux le verront , & non autre? On ne fauroit'"ion"*^ exprimer le myilere, 6c l'efperance de la refurrebion, en des termes plus

    clairs. Je fay qu'il y a beaucoup d'Interprtes, qui eflayent de dtournerces paroles ailleurs, c qui veulent que Job ait eu feulement en vue la d-livrance temporelle, laquelle il attendoit. Cette interprtation n'eft pointdu tout difiante dans un Chrtien; on la peut pardonner aux Juifs

    ,qui

    n'ont pas de refpet pour nos myfteres. Le lavant Grotius eft un deceux qui nous veulent drober ce pafage; mais il toit fi mauvais Chr-tien

    ,que fon authorit ne nous doit pas incommoder. Ce h'eft pas le feul

    endroit qu'il a voulu obfcurcir,

    pour nous terdes pafl^ages, qui fotien-nent les veritez fondamentales , dont il toit fort mal perfuad. C'eftpourquoi ceux qui lifent fes Ouvrages fur le V. 6c le N. T.. le doiventfaire avec prcaution

    ,pour n'tre pas tromper; par un homme, qui s'cft

    acquis un grand crdit dans la Republique des lettres. Mercerus agiflbit ap-paremment avec plus de bonne foi dans l'explication de ce palTage , maisavec plus d'imprudence j car il n'eft pas plus favorable au fens de ce paflage,que les ennemis du dogme de la refurretion.

    Preuves de Je nc faurois me pei-fuader que le St. Efprit ait mis dans la bouche deficion"^^^' J^ des paroles, qui font un fi beau fens, & qui s'accordent fi bien avec

    le myilere de la refurrelion , fans qu'il ait eu des vues, qui fe rapportent ce myftere. 2. Je ne voi pas que Job ait eu lieu d'efperer une dlivran-ce corporelle ou temporelle dans l'tat o il toit : c'eft pourquoi ceuxqui interprtent ces paroles , de l'efperance qu'il avoit de fortir bien-ttdu miferable tat oii il fe voyoit, n'ont pas compris Ion intention. 3. S'ilet fortement efper de fortir des calamitez dans lefquelles la providencel'avoit engag

    ,pourquoi auroit-il pouff des plaintes fi trilles & fi dou-

    loureufes? Pourquoi mme auroit~ii indirelement accuf Dieu d'injufli-ce en fejuftifiant avec excs? Car aprs tout, quelques grandes que foientdes afflilions, quand on voit une porte aflre pour en fortir, on n'y eftp-as beaucoup fenfible.4. Et cts paroles, dans lefquelles il y a tant de zle6c tant d'ardeur

    ,fi on les interprte d'une dlivrance temporelle

    ,ne

    s'accordent point avec la piet de Job : car ce n'eft pas le ftyle des Sakits,d'afpirer avec tant d'ardeur aux dlivrances corporelles

    ,parce que leur

    cur eft toujours tourn du ct de Dieu, 6c leurs defirs du ct des cho-fes fpi rituelles. f.Ces termes de Rdempteur^ t Rdemption

    ,dont Job fe

    fert

  • ET DES CULTES DE L'EGLISE. Tart.l. ijiert en ce pairage,lont II fort deilinez lignifier ce grand falut, que Dieucommunique aux hommes par ion Fils, qu'on ne les d