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Université Claude Bernard Lyon 1 Institut des Sciences et Techniques de Réadaptation Département Orthophonie N° de mémoire XXXXX Mémoire de Grade Master 2 en Orthophonie Présenté pour l’obtention du Grade de Master 2 en Orthophonie par Juton Anaëlle Le cabinet mobile en orthophonie : une réponse adaptée aux inégalités d’accès aux soins sur le territoire ? Directrices de mémoire Lespinasse-Goddard Brigitte Bonnifet-Honegger Martine 2018 Session 1 Membres du jury XXX XXX XXX

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Université Claude Bernard Lyon 1 Institut des Sciences et Techniques de Réadaptation

Département Orthophonie

N° de mémoire XXXXX

Mémoire de Grade Master 2 en Orthophonie

Présenté pour l’obtention du

Grade de Master 2 en Orthophonie

par

Juton Anaëlle

Le cabinet mobile en orthophonie : une réponse adaptée aux

inégalités d’accès aux soins sur le territoire ?

Directrices de mémoire

Lespinasse-Goddard Brigitte

Bonnifet-Honegger Martine

2018

Session 1

Membres du jury

XXX

XXX

XXX

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Organigrammes

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Abstract

Les inégalités démographiques qui existent au sein des professions de santé, en

France comme à l’étranger, ont des répercussions inévitables sur la prise en soin des

patients. L’orthophonie ne fait pas exception à ce constat. En effet, les professionnels

sont concentrés autour des villes, les patients des zones rurales/sous dotées doivent

donc attendre de longs mois avant d’obtenir un bilan et un suivi si nécessaire, ou bien

faire de longs trajets pour se rendre en consultation. Ces éléments altèrent notamment

la relation thérapeutique. Des solutions existent, tels que des mesures incitant à

l’installation en zones sous dotées ou bien des téléconsultations, cependant elles sont

controversées ou ne sont pas égalitaires. Or l’accès aux soins est un droit fondamental

pour tous, sans discrimination. C’est pourquoi, nous montrons dans cette étude qu’une

autre solution existe, il s’agit du cabinet mobile. Ce mode d’exercice existe déjà dans

d’autres professions de santé et peut être étendu à l’orthophonie. Les orthophonistes

et futurs orthophonistes interrogés sont plutôt favorables à cette proposition et

considèrent que cela peut améliorer l’offre de soins. Les bénéfices des patients sont

mis en évidence. Il reste tout de même des questions législatives, financières et

d’aménagement à régler avant de mettre en place ce projet.

Mots-clés : Démographie en orthophonie – Inégalités d’accès aux soins – offre de

soins – cabinets mobiles

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The demographic inequalities that exist within health professions, in France and

abroad, have an inevitable impact on the care of patients. Speech-language pathology

makes no exception. Indeed, the professionals are concentrated around the cities, the

patients of the rural areas / sub-endowed have to wait for long months before obtaining

an assessment and a follow-up if necessary, or to make long distance to go in

consultation. These elements in particular damage the therapeutic relationship.

Solutions exist, such as incentives to install in sub-endowed areas or teleconsultations,

however they are controversial or not egalitarian. Access to healthcare is a

fundamental right for all, without discrimination. Therefore, we show in this study that

another solution exists, it is the mobile unit. This mode of exercise already exists in

other health professions and can be extended to speech therapy. Speech-language

pathologists and future ones interviewed are rather in favor of this proposal and

consider that this can improve the supply of care. The benefits of the patients are

highlighted. There are still legislative, financial and planning issues to be resolved

before implementing this project.

Key-words : Health demography – inequalities in access to care – offer of care –

mobile care unit

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Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier mes directrices de mémoire, Brigitte Lespinasse-

Goddard et Martine Bonnifet-Honegger pour leur confiance et leur soutien dans la

réalisation de ce mémoire de fin d’études.

Ensuite, j’ai une pensée toute particulière pour mes amis issus de l’associatif étudiant

et notamment ceux de la Fédération Nationale de Etudiants en Orthophonie puisque

c’est grâce à cette expérience que je me suis intéressée à la démographie

professionnelle, aux différentes facettes de notre belle profession et à son avenir. Sans

cette expérience, jamais ce mémoire n’aurait vu le jour.

Merci à Nicolas pour nos longues discussions qui ont fait évoluer le projet et pour son

aide statistique.

Merci à mes amies de promotion pour leur aide tout au long de nos études et plus

particulièrement en cette dernière année.

Je remercie également ma famille pour son soutien et Guillemette pour m’avoir

supportée pendant ces longs mois de stress.

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Sommaire

I Partie théorique .................................................................................................... 1

1 Introduction........................................................................................................... 1

2 L’orthophonie........................................................................................................ 2

2.1 En tant que discipline ..................................................................................... 2

2.2 En tant que profession ................................................................................... 2

2.3 Des prises en soins spécifiques ..................................................................... 3

3 La démographie ................................................................................................... 3

3.1 Démographie Française ................................................................................. 3

3.2 Démographie en Auvergne-Rhône-Alpes ...................................................... 4

3.3 La démographie professionnelle des orthophonistes ..................................... 4

4 L’offre de soins ..................................................................................................... 5

4.1 Inégalités d’accès aux soins orthophoniques à l’étranger .............................. 5

4.2 Inégalités d’accès aux soins orthophoniques en France ................................ 6

4.3 Mesures de réductions des inégalités démographiques en santé .................. 6

4.3.1 Mesures incitatives .................................................................................. 6

4.3.2 Mesures alternatives ................................................................................ 7

4.3.2.1 En santé ............................................................................................ 7

4.3.2.2 Plus particulièrement en orthophonie ................................................ 9

4.4 Limites de ces mesures ................................................................................. 9

4.4.1 Mesures incitatives partiellement efficaces. ............................................. 9

4.4.2 Mesures alternatives. ............................................................................... 9

4 Conclusion et perspectives ............................................................................. 10

II Méthodologie ..................................................................................................... 11

1 Objectifs ............................................................................................................. 11

2 Population ....................................................................................................... 11

2.1 Taille de l’échantillon ................................................................................ 11

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2.2 Orthophonistes ......................................................................................... 11

2.3 Futurs orthophonistes .................................................................................. 15

3 Matériel ........................................................................................................... 15

4 Procédure ........................................................................................................... 16

III Résultats ............................................................................................................ 17

1 Avis des répondants vis-à-vis des cabinets mobiles .......................................... 17

2 Analyse inférentielle des réponses aux questionnaires ...................................... 19

IV Discussion ...................................................................................................... 23

1 Les cabinets mobiles en orthophonie ................................................................. 23

1.1 Une réponse adaptée aux inégalités d’accès aux soins ............................... 23

1.2 Qui serait intéressé d’exercer de cette façon ? ............................................ 25

1.3 Qui pourrait en bénéficier ? .......................................................................... 26

1.4 Autres avantages ......................................................................................... 26

2 Limites et Perspectives du projet de cabinets mobiles ................................... 27

2.1 Obstacles potentiels à la mise en place de cabinets mobiles ...................... 27

2.2 Comment mettre en place un tel projet ? ................................................. 28

2.3 Biais et limites de l’étude .......................................................................... 29

V Conclusion ......................................................................................................... 30

Bibliographie ............................................................................................................. 31

Annexes ...................................................................................................................... 1

Annexe A : Densité de population en Auvergne Rhône Alpes ................................ 1

Annexe B : Densité des orthophonistes pour 100 000 habitants, 2016 ................... 2

Annexe C : Zonage conventionnel des orthophonistes, 2016 ................................. 3

Annexe D : Distance (km) à l’orthophoniste le plus proche, 2016 ........................... 4

Annexe E : Questionnaires en ligne ........................................................................ 5

Annexe F : Synthèse des réponses aux questionnaires .......................................... 9

Annexe G : Illustrations d’un cabinet mobile aménagé en santé ........................... 14

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Annexe H : Exemple d’organisation hebdomadaire ............................................... 15

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I Partie théorique

1 Introduction

Les questions d’inégalités démographiques en santé préoccupent de plus en plus les

différentes instances gouvernementales et le nombre de travaux sur le sujet ne cesse

d’augmenter. En 2012 était créé le 1er avenant à la convention nationale des

orthophonistes sur la démographie, ayant pour but « d’améliorer progressivement la

répartition de l’offre de soins en orthophonie pour garantir l’accès aux soins des

assurés sur le territoire national » (Van Roekeghem & Denni-Krichel, 2012). Depuis,

un 2e avenant est paru en 2016, afin de renforcer les premières mesures mises en

œuvre ; dont les résultats sont controversés. Plus récemment, une note de synthèse

du Sénat concernant l’inégale répartition des professionnels de santé a été publiée

(Cardoux & Daudigny, 2017). Cette dernière explique l’urgence de la situation

démographique en santé qui ne va cesser de croître, notamment avec le vieillissement

de la population. Fin 2017, la ministre de la santé et des solidarités a présenté son

plan de lutte contre les déserts médicaux (Buzyn, 2017). Cette actualité dense ainsi

que l’urgence de la situation ont motivé cette recherche de fin d’études. Elle cherche

à mettre en évidence les dysfonctionnements du système actuel sur le plan de la

démographie, de l’offre de soins et de l’attractivité des territoires dans le but d’essayer

de trouver une solution aux problématiques actuelles.

Une thèse d’odontologie montrant la pertinence des cabinets dentaires mobiles a

permis de réfléchir à cette approche pour l’orthophonie. Cela a amené la question

suivante : des orthophonistes en unités mobiles pourraient-ils se substituer aux

professionnels qui ni ne résident, ni ne travaillent par conséquent dans les zones moins

attractives ? L’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) Orthophonistes

Auvergne Rhône Alpes a su porter un grand intérêt à ce sujet d’actualité et a appuyé

la réalisation de cette recherche prospective. Ce mémoire a pour vocation de montrer

qu’une solution alternative telle que le cabinet mobile pourrait être une réponse

adaptée aux inégalités d’accès aux soins orthophoniques liées aux irrégularités

démographiques.

A travers une revue de littérature, l’orthophonie sera redéfinie, la démographie

explicitée et l’offre de soins sera détaillée pour comprendre les problématiques

actuelles et la solution proposée. Viendra ensuite la méthodologie de l’étude réalisée

suivie de ses résultats qui seront discutés par la suite.

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2 L’orthophonie

Cette partie reprendra l’histoire de la discipline, le cadre légal de la profession ainsi

qu’un point sur les pathologies traitées et les besoins spécifiques des patients.

2.1 En tant que discipline

« Orthophonie » vient du grec ortho signifiant « droit » et phonos, le son, ce qu’on peut

traduire par « l’articulation sans défaut » rappelant les origines de la discipline (Kremer

& Lederlé, 2016). Dans les autres pays francophones européens, le terme de

logopédie est employé (Brin-Henry, 2011, p. 198). Cette discipline naît de l’intérêt

porté à la surdité, au bégaiement et aux troubles de l’élocution. En France, Mme Borel-

Maisonny rééduque à partir de 1926 la phonation de patients opérés pour division

palatine avant d’étendre son champ de compétences (Héral, 2007). Désormais,

l’orthophonie moderne est « une discipline paramédicale dédiée à la prévention, au

dépistage, à l’évaluation, au diagnostic et au traitement des troubles de la voix, de la

parole, du langage oral et écrit dans son expression et sa compréhension, de la

communication orale et écrite, et des troubles de la déglutition chez les personnes tout

au long de leur vie ». Discipline en constante évolution puisqu’elle est liée à divers

domaines comme la neurologie, pédiatrie, chirurgie, oncologie, et suit les différentes

avancées techniques médicales et théoriques (Brin-Henry, 2011, p. 199).

2.2 En tant que profession

En France, à l’origine l’orthophonie était dispensée comme des cours, à des groupes

de personnes ayant des troubles d’élocution. Ils étaient le plus souvent annexés à des

cliniques ORL (Héral, 2007). Depuis 1964, la profession est encadrée par un statut

légal. Il s’agit d’un auxiliaire médical titulaire du certificat de capacité d’orthophoniste,

ne pouvant exercer uniquement sur prescription médicale (Brin-Henry, 2011; LOI n°

64-699 du 10 juillet 1964 relative aux professions d’orthophoniste et d’aide-orthoptiste,

1964). Les tarifs sont fixés par la Nomenclature Générale des Actes Professionnels

avec différents Actes Médicaux Orthophoniques en fonction des pathologies.

L’exercice libéral est le plus répandu mais il peut également se pratiquer en institution

ou à l’hôpital (Ali & Wolf, 2016). La société aux exigences communicationnelles

pointues, les difficultés d’apprentissages en hausse, les dépistages nombreux et

précoces, le vieillissement de la population sont des facteurs d’augmentation de la

demande en soins orthophoniques (Medina et al., 2016).

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2.3 Des prises en soins spécifiques

Le champ d’intervention des orthophonistes est vaste, chaque patient a des besoins

spécifiques, cependant 2 points communs se dessinent : la précocité de la prise en

soin et le cadre thérapeutique.

D’une part, de nombreuses pathologies nécessitent une aide précoce comme la

trisomie 21 pour la construction langagière et identitaire, la démence de type Alzheimer

pour ralentir la progression de la maladie, les lésions neurologiques pour favoriser la

récupération fonctionnelle commencée à l’hôpital, ou encore les troubles spécifiques

du langage pour éviter les répercussions importantes sur la vie adulte (Haute Autorité

de Santé, 2011 ; Ternisien, 2014 ; Oujamaa et al., 2012 ; Vallée & Dellatolas, 2005).

D’autre part, un cadre thérapeutique fixe, une temporalité des objectifs, une régularité

des soins, l’inclusion de l’entourage sont des éléments nécessaires à l’efficacité des

soins orthophoniques (Brison & Grammaticos, 2012). L’alliance thérapeutique se

définit par la collaboration mutuelle entre le patient et son thérapeute (Bioy & Bachelart,

2010). L’orthophoniste fait preuve de compassion, sympathie, empathie, tente d’être

inspirant et motivant pour son patient grâce à ses actions. L’alliance thérapeutique est

nécessaire pour l’efficacité de la prise en charge orthophonique et les patients la jugent

essentielle à leur compréhension de la thérapie (Fourie, 2009).

3 La démographie

Cette partie est nécessaire pour comprendre la répartition de la population sur le

territoire français donc les inégalités de densités qui se retrouvent dans la répartition

des professionnels de santé.

3.1 Démographie Française

Au 1er janvier 2017, 67 millions d’habitants en France sont recensés (INSEE, 2017).

L’agglomération de la capitale, abrite à elle seule pas moins de 10,3 millions

d’habitants. D’après la dernière étude sur les unités urbaines, l’espace urbain ne cesse

d’augmenter dans le pays. En effet, 77,5% de la population habiterait en zones

urbaines alors que celles-ci ne représenteraient que 22% du territoire français. Ces

chiffres sont en hausse de 19% par rapport à la décennie précédente, cette croissance

urbaine continuera encore certainement dans la même progression. Or, pendant que

les territoires urbains se peuplent et s’étalent, les territoires ruraux se maintiennent à

une densité moyenne de 33 habitants/km² (Clanché & Rascol, 2011).

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3.2 Démographie en Auvergne-Rhône-Alpes

La région Auvergne-Rhône-Alpes, représentant 13% de la superficie française, est

l’une des régions les plus peuplées puisqu’elle concentre 12 % de la population

française. Elle est une région bien plus urbanisée que la moyenne et dont

l’urbanisation ne cesse de croître. Avec la périurbanisation, les zones à densité élevée

se sont fortement développées, notamment dans l’agglomération Lyonnaise puisque

3 millions de personnes se situent à moins d’une heure en voiture du centre de Lyon.

Cependant, comme l’illustre l’annexe A, la région Auvergne Rhône-Alpes se distingue

des autres régions du fait de ses zones rurales importantes qui représentent un tiers

de la superficie de son territoire. Elle est composée de beaucoup de zones

montagneuses, 4% de la population régionale sont alors répartis dans 35% du territoire

rural. Les revenus sont globalement assez élevés mais une précarité existe au sud et

à l’ouest de la région, tout comme les maladies et la mortalité prématurée. La région

d’Auvergne Rhône-Alpes présente donc des disparités importantes d’un point de vue

social, géographique et économique. (Agence Régionale de Santé Auvergne Rhône-

Alpes, 2018; INSEE Flash, 2015; Observatoire Régional de Santé Rhône-Alpes &

Auvergne, 2015; Prevot & al., 2009)

3.3 La démographie professionnelle des orthophonistes

Cette jeune profession, composée à plus de 95% de femmes, connait un fort succès

puisque depuis sa création le nombre d’orthophonistes en France croît de façon

exponentielle. En 1963, 151 personnes sont diplômées (Tain, 2016), contre 22 733 en

2014 (DREES - Ministère des solidarités et de la santé, 2017). La population

d’orthophonistes a donc été multipliée par 150 en 50 ans. De plus, le chômage est

extrêmement bas avec un taux à 0,3% et les offres d’emploi pour des postes non

pourvus sont en hausse. Il n’y a donc pas suffisamment d’orthophonistes en France

par rapport à la demande (Fédération Nationale des Orthophonistes, 2005).

En annexe B, se situe la cartographie de la densité des orthophonistes sur le territoire

français d’après les données de 2016 des Agences Régionales de Santé (ARS). Le

nombre moyen de professionnels en France est de 29,1 pour 100 000 habitants. Or,

les disparités sont importantes puisque ce nombre peut varier de 18 à 39

orthophonistes pour 100 000 habitants selon les régions (Atlasanté, 2016a).

En Auvergne-Rhône-Alpes, la densité des médecins généralistes libéraux est similaire

à la densité française et comparable à celle des orthophonistes, cependant la

répartition des professionnels de santé est totalement déséquilibrée. Malgré le fait que

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la région Auvergne Rhône-Alpes fasse partie des régions les mieux dotées de France

en orthophonistes, à l’échelle infrarégionale de grandes disparités de densité existent

(Observatoire Régional de Santé Rhône-Alpes & Auvergne, 2015).

Bien que l’orthophonie soit la profession de santé dont l’effectif a le plus augmenté au

cours des dernières décennies, la répartition des professionnels n’est pas équilibrée.

En effet, la première observation est que plus l’on s’éloigne des pôles urbains, moins

d’orthophonistes sont recensés. C'est-à-dire que sur l’ensemble de la France, près de

50% des professionnels se situent en centre-ville, plus de 30% en banlieue, 10% en

communes péri-urbaines, pour n’en trouver que 9% dans les zones rurales.

L’orthophonie est une profession citadine qui s’implanterait en zone urbaine dans le

but de trouver une patientèle nombreuse pour exercer suffisamment. Notons

également que les orthophonistes s’installent majoritairement à proximité de leur

centre de formation initiale, créant des inégalités pour les régions qui n’en ont pas ou

avec peu d’étudiants. La seconde observation concerne la différenciation des

pratiques selon le milieu d’exercice des orthophonistes. Même si en théorie la

discipline ne reconnaît pas de spécialisation, en pratique les orthophonistes prennent

souvent en soin des patients ayant des pathologies avec lesquelles ils sont plus à l’aise

ou mieux formés. C’est pourquoi les orthophonistes sont plus facilement

« spécialisés » dans un domaine en zone urbaine, la demande étant moins forte, les

professionnels peuvent se le permettre. A contrario, les patients se trouvant en milieu

rural, choisissent leur orthophoniste en fonction de la proximité uniquement, et non pas

en fonction de leur pratique (Tain, 2016).

La féminisation des professions médicales est également considérée comme ayant un

impact indéniable sur la démographie médicale. Les femmes prennent davantage en

compte certains critères comme l’éducation des enfants, la qualité de vie ou la carrière

du conjoint afin de déterminer leur lieu d’installation (URML RA, 2005).

4 L’offre de soins

Cette partie abordera l’accès aux soins orthophoniques puis les diverses mesures

visant à réduire les inégalités démographiques.

4.1 Inégalités d’accès aux soins orthophoniques à l’étranger

A titre d’exemples, en Australie les patients des zones rurales de New South Wales et

Victoria ne sont pas correctement soignés en orthophonie, puisqu’ils n’ont pas la

possibilité d’effectuer une séance par semaine. La distance et le trajet sont les

obstacles principaux des patients pour se rendre chez un orthophoniste (Verdon,

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Wilson, Smith-Tamaray, & McAllister, 2011). En Californie du Nord (USA), après un

AVC, le lieu de résidence est un facteur qui fait varier le nombre de consultations

externes (orthophonie, ergothérapie, médecine, psychiatrie) ou à domicile dont

bénéficient les patients dans l’année qui suit la fin de l’hospitalisation. En effet, les

patients domiciliés en zones à faibles revenus sont moins suivis en consultations

externes que ceux résidant dans des zones plus aisées (Chan et al., 2009).

4.2 Inégalités d’accès aux soins orthophoniques en France

La France se situe au-dessus de la moyenne Européenne du ratio

orthophoniste/habitants après la Belgique, le Danemark et les Pays-bas (Kremer,

2005). Cependant, vous trouverez en annexe C, le dernier zonage réalisé par les ARS,

vous constaterez que les zones très sous dotées sont majoritaires sur le territoire

Français. En annexe D, se trouve une cartographie de la distance à l’orthophoniste le

plus proche (en km) d’après les données des ARS, par commune. Les territoires où la

distance à l’orthophoniste le plus proche est supérieure à 15 km sont nombreux

puisqu’il s’agit de 5281 communes, soit 15% des communes françaises. Elles se

trouvent essentiellement à distance des grandes agglomérations (Atlasanté, 2016b).

Les demandes de bilans ne cessent d’augmenter, c’est pourquoi de nombreux

orthophonistes mettent en place une liste d’attente, quelle que soit la dotation du lieu

d’exercice. Cependant, sa gestion varie d’une pratique à l’autre. Certains favorisent

l’urgence de la situation, d’autres prennent en fonction de l’ordre d’arrivée ou font les

bilans seulement. Cette attente, parfois très longue, est génératrice de stress et de

culpabilité pour praticiens et patients (Estienne-Dejong, Linden, & Praz Pittelouz, 2012,

p. 29).

4.3 Mesures de réductions des inégalités démographiques en santé

4.3.1 Mesures incitatives

En mai 2012, les mesures incitatives apparaissent à l’état d’expérimentation, pour 3

ans. L’avenant n°13 à la convention nationale définit des aides financières à

l’installation en zones sous et très sous dotées. Ces zones sont cartographiées par les

ARS afin de rééquilibrer l’offre de soin sur le territoire et garantir une réponse adaptée

aux besoins de la population (Arrêté du 4 mai 2012 portant approbation de l’avenant

n° 13 à la convention nationale des orthophonistes, 2012). L’aide au maintien en zone

très sous dotée prend en charge des cotisations sociales, alors que l’aide à

l’installation en zone très sous dotée prévoit un forfait de 1500€ par an, pendant 3 ans

(Arrêté du 4 mai 2012 portant approbation de l’avenant n° 13 à la convention nationale

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des orthophonistes, 2012, p. 13). A terme, un nouvel avenant vient prolonger

l’expérimentation de 2 ans puisque de nouvelles méthodes de zonage démographique

des professionnels de santé sont utilisées. Les partenaires conventionnels doivent en

tenir compte pour réaménager les dispositifs démographiques, ils ne veulent donc pas

interrompre l’expérimentation (Avis relatif à l’avenant n° 15 à la convention nationale

organisant les rapports entre les orthophonistes et l’assurance maladie, 2016).

Dernièrement, l’avenant 16 est paru, il se base sur le dernier zonage des ARS (Annexe

C) et annonce les nouvelles mesures incitatives. Chaque commune est classée : très

sous dotée, sous dotée, intermédiaire, très dotée et sur dotée (Atlasanté, 2016c).

L’approche retenue pour les déterminer n’est pas explicitée mais est similaire à celle

utilisée pour les médecins : « considérer, pour chaque commune, le nombre moyen

de consultations auxquelles les habitants peuvent avoir accès à moins de 20 minutes,

compte tenu de la densité de médecins et des besoins de soins. » Ce nouveau zonage

améliore le précédent afin de mettre en place les nouvelles aides (Buzyn, 2017).

Plusieurs types de contrat incitatif existent. Le 1er vise à aider à la première installation

en zone très sous dotée à raison de 12750€ /an pendant 2 ans, puis 1500€/an pendant

3 ans. Le 2e, similaire, concerne une non-première installation ; avec 7500€ /an sur les

2 premières années puis 1 500€/an les 3 ans suivants. Un 3e contrat favorise le

maintien des orthophonistes libéraux en zones très sous dotées par une somme de

1500€/an pendant 3 ans et un forfait de 150€ /mois d’encadrement d’un stage d’un

étudiant de M2. Pour finir, un dernier contrat favorise le remplacement des

orthophonistes de plus de 60 ans préparant leur retraite. L’orthophoniste reçoit 10%

de ses honoraires par la CPAM, plafond fixé à 10 000€ /an (Avis relatif à l’avenant

n°16 à la convention nationale organisant les rapports entre les orthophonistes et

l’assurance maladie, 2017, p. 16).

4.3.2 Mesures alternatives

4.3.2.1 En santé

Malgré les mesures prises par les instances supérieures, il faut noter l’apparition

récente de nouvelles formes d’exercices. S’inscrivant dans l’ère numérique au-delà de

la santé, la télémédecine est une solution alternative aux inégalités démographiques.

« La télémédecine est une pratique médicale à distance utilisant les technologies de

l’information et de la communication » qui recouvre 5 types d’actes : la téléconsultation,

la télé-expertise, la télésurveillance, la téléassistance, ainsi que la régulation des

appels au SAMU. » (Cour des Comptes, 2017). La télémédecine est très utilisée pour

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8

pallier le manque de professionnels de santé, notamment aux USA dans les hôpitaux

ruraux qui ont d’ailleurs une meilleure préparation pour utiliser ce dispositif que les

hôpitaux de ville (Martin, Probst, Shah, Chen, & Garr, 2012). En France, sa place a

beaucoup évolué en moins de 10 ans puisque les programmes régionaux intégrés aux

projets de santé ont été mis en place en 2010. Des financements ont alors été

débloqués et des expérimentations sont en cours. Depuis 2016, les services de

télémédecine sont intégrés aux services de e-santé dans un cadre légal (Ohannessian

& Simon, 2017). Des concours, soutenus par le ministère de la santé, naissent

également. Par exemple, « Trophées de la santé mobile 2018 » récompensent et

développent les innovations technologiques et connectées dans le domaine du soin.

D’autres solutions de proximité existent et se développent. Par exemple, des unités

mobiles de santé (UMS) sont déployées par la Croix Rouge lorsque des populations

n’ont pas d’accès aux soins nécessaires. Même si ce sont des solutions temporaires,

elles n’en sont pas pour autant moins efficaces (Comité International de la Croix

Rouge, 2006). Cette approche mobile s’étend aux professionnels libéraux puisqu’une

thèse prouve que des cabinets dentaires mobiles pourraient répondre aux inégalités

d’accès aux soins (Degand & Trenteseaux, 2013). De jeunes entrepreneurs ont

également créé une start-up appelée MedTrucks qui a pour objectif de rapprocher

l’hôpital des patients situés en déserts médicaux (« A propos de MedTrucks », 2017).

Beaucoup de professions de santé disposent d’unités mobiles, rattachées ou non à

des structures. En effet, il existe des entreprises consacrées à l’aménagement de

camions pour les professionnels de santé, comme l’entreprise Toutenkamion qui

propose des véhicules adaptés aux consultations en médecine, radiologie, dentaire,

aux dons du sang, etc. en France et à l’étranger (« Toutenkamion - Carrossier

constructeur de véhicules spéciaux »). Aux USA (Georgia & South Carolina), Odulair

est né du constat que beaucoup de personnes n’avaient eu aucun soin médical depuis

de nombreuses années et souffraient de maladies parfois avancées. Cette entreprise

est devenu leader de l’aménagement de cliniques mobiles aux Etats-Unis et en

mission à l’étranger (« About Us », 2016). Selon Medical Coaches, l’offre de soins plus

égalitaire entre territoires, le coût de mise en place inférieur à celui d’une structure fixe,

la mobilité, le gain de temps pour les patients, l’alternative proposée au gouvernement,

l’adaptation de l’aménagement au budget et la valeur de revente sont les avantages à

utiliser une unité mobile en santé (« Resources - Why mobile ? », 2008).

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9

4.3.2.2 Plus particulièrement en orthophonie

Depuis quelques années les consultations à distance en orthophonie se multiplient.

Ce mouvement a vu le jour en Amérique du Nord où les territoires ruraux sont vastes.

Une étude pilote sur la télé-orthophonie a été menée en zone reculée de Caroline du

Nord pendant 1 an, il se trouve que les soignants, enseignants et parents sont plutôt

satisfaits des résultats et recommanderaient cette pratique (Crutchley & Campbell,

2010). D’après Freckmann, Hines, & Lincoln, 2017, l’alliance thérapeutique ne diffère

pas entre une téléconsultation et une consultation présentielle.

A Sablé-sur-Sarthe, commune de la Sarthe (72) sous dotée en orthophoniste, le

SESSAD Pays d’Oz a fait aménager un camping-car d’orthophonie mobile qui permet

à l’orthophoniste, la psychologue et la psychomotricienne de se déplacer dans le sud

du département où sont suivis une vingtaine de jeunes (« L’orthophoniste se déplacera

en Orthomobile dans le sud-Sarthe », 2011).

4.4 Limites de ces mesures

4.4.1 Mesures incitatives partiellement efficaces.

Après 3 années expérimentales, un bilan a été effectué. Il montre que 2 objectifs sur

3 sont atteints : le seuil des 5 % d’installations en zone très sous dotée a été dépassé

et le nombre d’installations en zones très et sur dotées a diminué de plus de 10%.

Malheureusement le solde d’installations positif n’a pas atteint 90% des zones très

sous dotées mais 70%. Tous les moyens n’ayant pas été mis en œuvre pour réaliser

ces objectifs, les mesures sont prorogées pour 2 ans supplémentaires (UNCAM,

2017). Cependant, compte tenu du nombre d’installations observées sur la période

2009-2011, cela correspond à 70 installations annuelles en zones très sous dotées

(Arrêté du 4 mai 2012 portant approbation de l’avenant n° 13 à la convention nationale

des orthophonistes, 2012).

4.4.2 Mesures alternatives.

En France, la télé-orthophonie est une pratique qui peut être utilisée pour décharger

les orthophonistes des zones sous dotées et écourter l’attente des patients qui s’y

trouvent. Cette façon de procéder n’aurait pas d’incidence négative sur la relation

thérapeutique, cependant c’est un acte qui est déconventionné donc à la charge des

patients. Cela crée alors une inégalité financière d’accès aux soins (Riberi, 2016). Or,

« La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un

des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion,

ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale » (OMS, 1946).

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De plus, dans le « Rééducation Orthophonique » n°264, 54% des orthophonistes

considèrent ne pas pouvoir utiliser de moyens de rééducation à distance. La télé-

orthophonie a suscité beaucoup d’inquiétude de la part des professionnels lors des

Assises de l’Orthophonie. La question du cadre éthique est au cœur de la

problématique. C’est pourquoi il est indispensable qu’un cadre légal soit fixé, pour

respecter une démarche commune, accessible et égalitaire, ce qui n’est pas encore le

cas. D’autres problèmes sont soulevés comme la protection des données, les aspects

techniques de l’équipement, de son financement, etc. Même si la télé-orthophonie est

une alternative aux difficultés d’accessibilité de soins, n’oublions pas que cette

pratique risque de contribuer à une déshumanisation de la relation thérapeutique. Or,

aucune technologie ne peut remplacer la relation humaine, surtout dans cette

profession centrée sur la communication (Vannier, 2015). De plus, selon les

pathologies, les intérêts de la télé-orthophonie ne sont pas les mêmes. Elle serait par

exemple à éviter avec les patients présentant des troubles neurocognitifs (Gaume,

Claudon, Haas, & Claudot, 2016)

Les avis concernant la téléconsultation divergent mais la visiophonie ne peut prétendre

révolutionner les consultations en santé, ni ne rien changer. « Les technologies ne

sont ni transparentes, ni déterministes » (Dumoulin, 2008).

4 Conclusion et perspectives

Pour résumer, l’orthophonie, jeune discipline dynamique, subit comme beaucoup de

professions de santé, la désertification de certains territoires ruraux, entrainant des

difficultés d’accès aux soins pour les patients. Des solutions existent déjà pour pallier

ces inégalités mais ne sont pas forcément suffisantes et/ou satisfaisantes. Une

alliance thérapeutique, une régularité, un cadre et une prise en soin précoce sont

pourtant des conditions sine qua non aux progrès, éléments qui sont parfois difficiles

à obtenir à cause de la conjoncture actuelle. C’est pourquoi, les solutions qu’offrent

des cabinets mobiles pourraient convenir à ces différentes problématiques. Avec

plusieurs cabinets mobiles sur un même territoire très sous doté, l’offre de soins serait

plus grande, le nombre de patients en attente de soins serait plus faible, la prise en

soins serait plus rapide, l’alliance thérapeutique serait conservée et l’accessibilité des

soins n’engendreraient pas de discrimination financière. Il est donc attendu que les

orthophonistes soient favorables à ce mode d’exercice. L’étude réalisée cherche à

préciser tout cela ; comprendre les bénéfices et inconvénients pour professionnels et

patients, afin de proposer un dispositif le plus adapté possible.

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II Méthodologie

1 Objectifs

Premièrement, nous cherchons à savoir si les orthophonistes d’Auvergne Rhône Alpes

considèrent ou non la solution qu’offrent les cabinets mobiles comme une réponse

alternative efficace aux inégalités d’accès aux soins orthophoniques. Ensuite, nous

trouverions intéressant de mettre en évidence des corrélations entre leurs avis et leurs

caractéristiques d’orthophoniste (âge, milieu d’exercice, durée d’exercice, zonage,

liste d’attente, temps d’attente, trajet travail-domicile, raisons d’installation, etc.), afin

de cibler les profils de personnes qui auront tendance à être davantage motivées par

cet exercice novateur.

Deuxièmement, nous cherchons à comprendre ce qui détermine le lieu d’installation

des futurs orthophonistes et ce qui motive ou pourrait motiver les futurs orthophonistes

à travailler en cabinet mobile, par rapport à un exercice classique.

La finalité de cette étude est bel et bien de montrer que les cabinets mobiles peuvent

être une solution aux problématiques actuelles, en confrontant les divers avis

personnels, en prenant en compte les remarques, les propositions, les motivations de

chacun, … Tout ceci, dans le but de créer un réel projet, fidèle à la réalité du terrain,

en adéquation avec les attentes des professionnels et les besoins des patients, pour

le mettre réellement en place un futur relativement proche.

2 Population

2.1 Taille de l’échantillon

D’une part, nous dénombrons 302 orthophonistes ayant répondu au premier

questionnaire, ils représentent 10,79% des orthophonistes (libéraux ou mixte) de la

région, soit 1,46% des orthophonistes français.

D’autre part, 98 étudiants en orthophonie ont répondu, soit 53,8 % des futurs

orthophonistes diplômés du centre de formation de Lyon dans les 2 prochaines

années. L’échantillon total compte donc 400 répondants.

2.2 Orthophonistes

L’étude s’adresse aux 2 797 orthophonistes exerçant en Auvergne-Rhône-Alpes en

partie ou totalité en libéral. Les orthophonistes volontaires et aucunement sélectionnés

par quel critère que ce soit (âge, sexe, pathologies prises en soin, zonage etc.) ont pu

répondre au questionnaire en ligne adressé aux professionnels.

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2.2.1 Caractéristiques intrinsèques des répondants

Parmi les 302 répondants, nous dénombrons 298 femmes et 4 hommes, soit 98,7%

de femmes et 1,3 % d’hommes.

En ce qui concerne la répartition par âge, 74 personnes ont entre 20 et 30 ans (24,5%),

114 ont entre 30 et 40 ans (37,5%), 56 ont entre 40 et 50 ans (18,5%), 48 ont entre 50

et 60 ans (15,9%) et enfin 10 personnes ont plus de 60 ans (3,3%).

Figure 1 : Répartition par âge des orthophonistes

2.2.2 Caractéristiques professionnelles des répondants

Parmi les répondants, 272 professionnels exercent en libéral contre 30 en mixte, soit

90% contre 10%. Nous dénombrons 175 orthophonistes exerçant en milieu urbain

(57%) contre 127 en milieu rural (42%).

Concernant le zonage, 54 orthophonistes (17,88%) considèrent exercer en zone très

sous dotée, 89 orthophonistes en zone sous dotée (29,47%), 98 en zone intermédiaire

(32,45%), 46 en zone sur dotée (15,23%) et enfin 5 en zone très sur dotée (1,66%).

Figure 2 : Répartition du zonage ressenti par les orthophonistes

Après vérification des zonages de l’ARS, il se trouve que 16,56% des professionnels

connaissent réellement la dotation de leur zone d’exercice. En effet, il y a en réalité 14

orthophonistes en zone très sous dotée (4,64%), 4 en zone sous dotée (1,32%), 132

en zone intermédiaire (43,71%), 48 en zone très dotée (15,89%) et enfin 93 en zone

sur dotée (30,79%).

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Figure 3 : Répartition du zonage réel (ARS, 2016)

En ce qui concerne la durée d’exercice dans le lieu actuel, il est inférieur à 3 ans pour

76 personnes (25,17%) ; compris entre 3 et 5 ans pour 43 d’entre eux (14,24%) ; de 5

à 10 ans pour 63 professionnels (20,86%) ; 42 personnes y exercent depuis 10 à 15

ans (13,91%) ; enfin 78 orthophonistes y exercent depuis plus de 15 ans (25,83%).

Les raisons d’installation sont diverses, cependant la proximité du domicile prévaut

avec 48 occurrences, ensuite l’opportunité avec 41 occurrences, le suivi du conjoint

avec 30 occurrences, le rapprochement familial avec 16 occurrences. Le grand besoin

d’orthophonistes est cité 8 fois, proximité urbaine 3 fois, il y a 13 raisons « autre ».

Le temps de trajet médian pour se rendre sur le lieu d’exercice est inférieur à 15

minutes. En effet, 175 orthophonistes mettent moins de 15 minutes pour se rendre à

leur travail (57,19%), 92 professionnels mettent entre 15 et 30 min (23,59%), 27

personnes de 30 à 45 min et enfin 5 professionnel un temps supérieur à 45 min.

Figure 4 : Répartition du temps de trajets des orthophonistes

La distance médiane pour se rendre sur son lieu d’exercice est inférieure à 10 km. En

effet, 194 professionnels sont à moins de 10km (64,24%), 84 se situent de 10 à 30km

de leur emploi (27,81%), 14 se trouvent de 30 à 50km (4,64%), et 4 à plus de 50km

(1,32%).

Figure 5 : Répartition de la distance de trajet des orthophonistes

< 15 min

15-30 min

30-45 min> 45 min

< 10 km

10 - 30 km

30 - 50 km > 50 km

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La satisfaction vis-à-vis de ce temps et cette distance de trajet est de 1/5 pour 9

orthophonistes, 2/5 pour 15 orthophonistes, 3/5 pour 36 orthophonistes, 4/5 pour 59

orthophonistes et enfin 5/5 pour 183, soit 60,6%.

Nous dénombrons 16 orthophonistes (5,3%) reçoivent moins de 30 patients par

semaine, 54 orthophonistes (17,88%) reçoivent de 30 à 40 patients, 102

orthophonistes (33,77%) reçoivent de 40 à 50 patients, 100 orthophonistes (33,11%)

ont 50 à 60 rendez-vous, enfin 30 orthophonistes (9,93%) ont plus de 60 rendez-vous

hebdomadaires. Les orthophonistes interrogés travaillent en moyenne 7,72 demi-

journées par semaine.

Figure 6 : Répartition du nombre de RDV hebdomadaires

2.2.3 Gestion de la patientèle

Parmi les répondants, 244 orthophonistes disposent d’une liste de patients en attente

de soins, soit 80,8% ; 58 n’en ont pas, soit 19,2%.

Parmi ceux qui disposent d’une liste d’attente, pour 32 d’entre eux elle est inférieure à

10 patients, pour 76 elle comptabilise 10 à 30 patients, pour 45 elle dénombre de 30 à

50 patients, et enfin pour 91 ce sont plus de 50 patients en attente de soins.

Parmi ceux qui n’ont pas de liste d’attente, 31 n’en éprouvent pas le besoin tandis que

27 n’en ont pas car les patients sont trop nombreux et cela est ingérable.

Les 3 derniers patients ont attendu moins de 1 mois pour 50 orthophonistes, de 1 à 3

mois pour 57 orthophonistes, de 3 à 6 mois pour 67 orthophonistes, de 6 mois à 1 an

pour 63 orthophonistes, de 1 à 2 ans pour 55 orthophonistes et plus de 2 ans pour 10.

2.2.4 Intérêt à la démographie professionnelle

Tous les orthophonistes répondants se sentent concernés par la démographie

professionnelle sauf une personne.

En ce qui concerne les mesures incitatives à l’installation en zones très sous dotées,

114 orthophonistes disent les connaître, soit 37,75% ; 123 disent ne pas vraiment les

connaître, soit 40,73% ; tandis que 65 orthophonistes disent ne pas connaître du tout

ces mesures, soit 21,52%.

< 3030-40

40-50

50-60

60 et +

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2.3 Futurs orthophonistes

Tous les étudiants volontaires de Master 1 et Master 2 en orthophonie de l’Institut de

Sciences et Techniques de Réadaptation de l’Université Claude Bernard Lyon 1 ont

également eu la possibilité de participer à l’étude, ce sont les futurs diplômés de 2018

et 2019. Aucun critère de sélection supplémentaire n’a été appliqué.

Parmi les 98 répondants, 39 étudiants de Master 1 (39,8%) ont répondu au

questionnaire contre 59 étudiants de Master 2 (60,2%).

Nous dénombrons, 1 étudiant qui ne se sent pas du tout concerné par la démographie

professionnelle, 14 qui se sentent peu concernés, 62 étudiants qui se sentent

concernés et enfin 21 étudiants qui se sentent très concernés.

Les facteurs déterminants à l’installation seront pour 35 étudiants la proximité familiale,

pour 71 d’entre eux la proximité du conjoint, pour 25 d‘entre eux la proximité urbaine,

pour 53 d’entre eux les caractéristiques intrinsèques à l’opportunité professionnelle, 8

étudiants évoquent d’autres déterminants.

3 Matériel

Deux questionnaires ont été réalisés via la plateforme en ligne SphinxDéclic et grâce

aux divers tutoriels mis à disposition sur leur site Internet (« Le Sphinx

Développement », s. d.). Un premier questionnaire s’adresse aux orthophonistes, un

second aux étudiants, futurs diplômés. Ces deux questionnaires sont auto-administrés

puisque les répondants y accèdent en ligne, sur ordinateur, tablette ou smartphone.

Cette façon de procéder a été une évidence au regard du très grand nombre de

personnes à qui s’adressent les questionnaires. Le principe du questionnaire en ligne

favorise un nombre de réponses important et facilite l’analyse des données.

Vous trouverez les questionnaires complets en annexe E pour avoir la liste exhaustive

des questions posées à tous les participants.

Le questionnaire adressé aux professionnels, a été construit à l’aide d’hypothèses

opérationnelles. En effet, nous nous attendons à ce que les orthophonistes répondant

à certains critères soient plutôt favorables ou au contraire plutôt défavorables à la

solution des cabinets mobiles en orthophonie. Par exemple, nous nous attendons à

observer un effet de l’âge, du milieu et type d’exercice, de la dotation de leur zone, de

la possession d’une liste d’attente ou non, du temps de travail, de la connaissance des

mesures incitatives, de la distance au domicile, des raisons d’installations, etc. sur leur

avis concernant les cabinets mobiles. C’est pourquoi nous retrouvons de nombreuses

questions concernant l’identité professionnelle des répondants. Ces éléments ont

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permis d’élaborer les différentes questions du questionnaire dans le but de mettre en

évidence ou non des corrélations entre différents critères.

Ce questionnaire totalise 25 items, dont 11 sur l’identité professionnelle et le lieu

d’exercice, 7 questions sur la patientèle, 3 questions sur la démographie. La partie

suivante du formulaire présente le projet de cabinet mobile, accompagné de quelques

illustrations non contractuelles et suivies de 4 items concernant ce projet. Toutes les

questions sont obligatoires, tout en laissant une possibilité de ne pas se prononcer, le

cas échéant. Différents types de questions sont utilisés, en majorité fermées

(dichotomiques ou multichotomiques), des échelles de Likert sont employées pour

connaître l’approbation des répondants, quelques questions sont ouvertes,

notamment dans la dernière partie pour permettre des réponses plus larges et une

analyse plus fine des réponses.

Concernant le questionnaire aux étudiants, il est volontairement plus succinct pour

favoriser un grand pourcentage de réponses. Nous nous intéressons uniquement à

leur futur exercice professionnel. En effet, nous cherchons à savoir ce qui va orienter

leur choix de lieu d’exercice puis ce qui les motive ou pourrait les motiver dans

l’exercice mobile de l’orthophonie. Le questionnaire totalise 5 items, ce sont des

questions fermées, dichotomiques ou multichotomiques, sauf pour connaître

l’approbation des répondants au projet, une échelle de Likert a été utilisée.

4 Procédure

A l’aide des bases de données de l’URPS Orthophonistes d’Auvergne-Rhône-Alpes,

le questionnaire des professionnels (accompagné d’une notice d’information) a été

diffusé à l’ensemble des orthophonistes exerçant en libéral, une première fois par e-

mail puis une seconde fois par courrier. Les professionnels ont eu la possibilité de

répondre entre le 22/11/17 et le 31/01/18, avec un accès par adresse web ou par QR

code. Certains professionnels ont relayé le lien du questionnaire en ligne via des

mailing-lists ou sur les réseaux sociaux de leur propre initiative.

Le questionnaire aux étudiants a été diffusé par e-mail à l’ensemble des étudiants en

orthophonie de master 1 et 2 à l’ISTR, à partir du 12/02/18, celui-ci est resté ouvert

aux réponses jusqu’au 19/02/18.

L’analyse des résultats a été faite grâce au logiciel JASP (JASP Team, 2018). Il sera

parfois nécessaire de regrouper certaines variables catégorielles pour avoir deux

groupes indépendants et procéder à un test de Student. D’autres fois, nous

procèderons à une Anova.

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III Résultats

1 Avis des répondants vis-à-vis des cabinets mobiles

Vous trouverez les tableaux synthétiques des résultats en annexe F.

Après présentation du projet des cabinets mobiles dans le questionnaire, 36

orthophonistes pensent que cela peut être une réponse tout à fait adaptée aux

inégalités d’accès aux soins liées aux disparités démographiques (11,92%), 75

orthophonistes considèrent que c’est une réponse très adaptée (24,83%), 112

orthophonistes trouvent que c’est une réponse adaptée (37,09%), 56 orthophonistes

que c’est peu adapté (18,54%) et enfin 23 orthophonistes que c’est une réponse

inadaptée (7,62%). La valeur médiane se trouve dans la catégorie « adapté », avec

71 occurrences d’« adapté » avant la valeur médiane contre 41 occurrences après.

Près de 74% d’orthophonistes ont répondu que les cabinets mobiles seraient une

réponse au minimum « adaptée » aux inégalités d’accès aux soins orthophoniques.

Figure 7 : Avis des répondants concernant la réponse qu’offrent les cabinets mobiles

Les points faibles exprimés librement par les répondants sont regroupés par

catégories et classés par ordre décroissant d’occurrences (Annexe F, figure 12). Le

confort et l’exiguïté du cabinet mobile est cité 137 fois, le stockage des dossiers et du

matériel est relevé 60 fois, la fatigue liée au temps de trajet 51 fois, la confidentialité

liée à l’insonorisation et à la visibilité 50 fois. La gestion de l’emploi du temps est citée

46 fois, l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite à 44 reprises, la difficulté à

assurer un suivi au long cours ou intensif est exprimé 43 fois, les aspects financiers

sont évoqués 31 fois, l’inter-professionnalité et la pluridisciplinarité 27 fois,

l’informatique et la connexion internet sont cités 22 fois tout comme les commodités

(WC / température / repas). La ponctualité aléatoire liée aux pannes ou à la météo

interpelle 18 personnes, la convivialité ou le climat thérapeutique apparaissent

problématique pour 18 personnes également. La salle d’attente questionne 16

orthophonistes, le recrutement de professionnels volontaires semble complexe pour

15 répondants, tout comme trouver un emplacement pour garer l’unité mobile qui

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interpelle 15 personnes aussi. 14 orthophonistes trouvent que l’image renvoyée par ce

cabinet mobile n’est pas très bonne, l’aspect administratif ou législatif sont un frein

pour 13 personnes, 9 orthophonistes ne se sentiraient pas à l’aise avec la conduite

d’un tel véhicule. 9 autres orthophonistes considèrent que cela ferait de la concurrence

aux professionnels installés dans le secteur, 9 répondants craignent un

désinvestissement parental. Selon 7 personnes le libre choix du praticien n’est pas

possible dans cette configuration, la sécurité est limitée pour 5 répondants, et pour finir

les cabinets mobiles ne seraient pas économiques pour 3 personnes sur les 302

répondants.

Les points forts ont aussi été regroupés par catégories afin de les comptabiliser, ils

sont présentés par ordre décroissant également (Annexe F, figure 9). Nous

dénombrons 119 orthophonistes d’accord pour dire que la proximité aux patients, donc

un temps de trajet court pour eux, est un point fort. Pour 74 personnes l’accès aux

soins est amélioré, le renoncement aux soins est évité, 55 orthophonistes considèrent

la mobilité et l’étendue d’action comme un point fort du projet, l’idée innovante et

originale séduit 48 orthophonistes. L’aspect peu routinier, flexible et adaptable de

l’unité mobile est apprécié par 36 personnes, la dynamisation et l’égalité des territoires

sont soulignées par 31 professionnels. 27 personnes trouvent que ce projet est facile

à mettre en place et/ou coûterait moins cher, le soutien aux cabinets alentours et la

réduction des listes d’attente sont appréciés par 27 répondants, 18 personnes

également soulignent la rapidité d’action, le dépistage, la prévention et la redirection à

d’autres professionnels. La disponibilité du matériel est appréciée par 10 personnes,

la perte du temps scolaire moindre est mise en évidence par 9 personnes. L’idée de

susciter de nouvelles installations fixes est évoquée par 4 répondants, tout comme la

collaboration avec les médecins et les écoles. La motivation des familles serait accrue

pour 3 orthophonistes et ce serait plus écologique pour 2 répondants (diminution des

longs trajets des patients).

Notons que 12 orthophonistes sont intéressés par ce projet ou ont déjà songé à

travailler de cette façon.

Parmi les 302 orthophonistes, 32 montrent de l’enthousiasme et/ou ne trouvent pas de

points faibles au projet. Leur moyenne des avis concernant les cabinets mobiles

comme une réponse adaptée aux inégalités démographiques est de 4,16/5.

Cependant, 13 orthophonistes s’opposent fermement au projet, la moyenne de leurs

avis est de 1,38/5. Sur les 23 orthophonistes qui jugent les cabinets mobiles comme

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non adaptés à répondre aux inégalités démographiques, 9 évoquent quand même les

bénéfices de la proximité aux patients comme un point fort du projet.

Concernant les étudiants en orthophonie, 10 ne sont pas du tout intéressés par ce type

d’exercice, 32 sont peu intéressés, 47 étudiants sont intéressés et enfin 9 étudiants

sont très intéressés par cela.

Figure 8 : Intérêt des étudiants pour un exercice mobile

Les éléments qui sont susceptibles de motiver les étudiants en cabinets mobiles sont

les bénéfices des patients pour 80 d’entre eux, la diversification de la routine pour 65

d’entre eux, un salaire intéressant pour 53 étudiants, des avantages en nature pour 28

d’entre eux, et d’autres éléments pour 5 d’entre eux.

2 Analyse inférentielle des réponses aux questionnaires

Pour l’ensemble des analyses statistiques la distribution de la variable « avis sur les

cabinets mobile » est normale.

Selon la 1ère hypothèse, les orthophonistes ayant le sentiment de travailler en zone

sous dotée ou très sous dotée seront plus favorables aux cabinets mobiles en réponse

aux inégalités démographiques, que les autres orthophonistes.

Le groupe 1 (sentiment de travailler en zone sous dotée ou très sous dotée) ; M =

3,23 ; semble moins favorable que le groupe 0 (autres) ; M = 3,06 ; aux cabinets

mobiles. Or, les résultats ne mettent pas en évidence d’effet significatif du zonage sur

l’avis concernant les cabinets mobiles, t(290) = 1,287 ; p > 0,05.

Selon la 2e hypothèse, les orthophonistes exerçant en milieu rural seront plus

favorables aux cabinets mobiles en réponse aux inégalités démographiques, que les

autres orthophonistes.

La moyenne du groupe « rural », M = 3,06, est inférieure au groupe « urbain », M =

3,22. Cependant, les résultats ne mettent pas en évidence d’effet significatif du milieu

d’exercice sur l’avis concernant les cabinets mobiles, t(300) = - 1,272 ; p > 0,05.

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Selon la 3e hypothèse les jeunes orthophonistes seront plus favorables aux cabinets

mobiles en réponse aux inégalités démographiques, que les orthophonistes moins

jeunes.

L’analyse descriptive montre une tendance inverse puisque M (20-30) = 3 ; M (30-40)

= 2,91 ; M (40-50) = 3,19 ; M (50 et +) = 3,4. Cependant, l’analyse des variances ne

met pas en évidence d’effet significatif de l’âge sur les avis concernant les cabinets

mobiles, F(3,5.638) = 1,579 ; p > 0,05.

Selon la 4e hypothèse, les orthophonistes ayant un exercice mixte seront plus

favorables aux cabinets mobiles en réponse aux inégalités démographiques, que les

orthophonistes exerçant uniquement en libéral.

Les résultats ne mettent pas en évidence d’effet significatif du milieu d’exercice sur

l’avis concernant les cabinets mobiles ; F(1,0.759) ; p > 0,05.

Selon la 5e hypothèse, les orthophonistes disposant d’une liste d’attente et ceux n’en

ayant pas par souci de gestion seront plus favorables aux cabinets mobiles en réponse

aux inégalités démographiques, que les orthophonistes n’en ayant pas besoin.

Grâce à l’analyse descriptive, nous observons la

corrélation inverse. En effet, le groupe qui n’a pas

besoin de liste d’attente (M = 3,61) semble plus

favorable aux cabinets mobiles que le groupe qui en a

ou aurait besoin (M = 3,10). Les résultats du test de

Student mettent en évidence un effet significatif de la

liste d’attente sur l’avis concernant les cabinets

mobiles ; t (300) = 2,514 ; p = 0,012. En effet, le groupe

qui ne dispose pas de liste d’attente est plus favorable

aux cabinets mobiles que l’autre groupe qui en a ou

aurait besoin d’en avoir une.

Selon la 6e hypothèse, les orthophonistes ayant des patients qui ont attendu longtemps

avant d’être pris en charge seront plus favorables aux cabinets mobiles en réponse

aux inégalités démographiques, que les orthophonistes ayant des patients qui ont

attendu peu de temps. L’analyse descriptive met en évidence une tendance inverse.

En effet, M(<1mois) = 3,37 ; M(1-3m) = 3,31 ; M(3-6m) = 3,24 ; M(6-12m) = 3,08 ;

M(12m+) = 2,8 ; les professionnels qui ont des patients ayant attendu peu de temps

avant la prise en soin semblent plus favorables aux cabinets mobiles que ceux ayant

Figure 9 : Avis des professionnels concernant les cabinets mobiles en fonction de leur possession ou non d'une liste d'attente

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des patients qui ont attendu plus longtemps. Les

résultats de l’analyse des variances mettent en

évidence un effet significatif du temps d’attente des

patients sur l’avis de leurs professionnels

concernant les cabinets mobiles ; F(4,12.92) =

2,761 ; p = 0,028. Plus les professionnels ont un

temps d’attente court plus ils sont favorables aux

cabinets mobiles.

Selon la 7e hypothèse, les orthophonistes devant faire un long trajet pour se rendre au

travail seront plus favorables aux cabinets mobiles en réponse aux inégalités

démographiques, que les orthophonistes ayant un trajet court.

La comparaison des moyennes de chaque groupe : M(<15min) = 3,2 ; M(15-30 min) =

3,12 ; M(30 min +) = 2,94 ; évoque une tendance inverse. Cependant, les résultats

d’analyse des variances ne mettent pas en évidence d’effet significatif du temps de

trajet sur l‘avis concernant les cabinets mobiles F (2,2.053) = 0,857 ; p > 0,05.

Selon la 8e hypothèse, les orthophonistes exerçant à proximité de leur domicile seront

moins favorables aux cabinets mobiles pour répondre aux inégalités démographiques,

que les autres orthophonistes.

Les résultats de l’analyse de variances ne mettent pas en évidence d’effet significatif

de la distance de trajet des professionnels sur leur avis concernant les cabinets

mobiles ; F (2,0.937) = 0,39 ; p > 0,05.

Selon la 9e hypothèse, les orthophonistes travaillant à proximité de leur domicile seront

davantage satisfait de leur distance de trajet que les autres.

La comparaison des moyennes de chaque groupe : M(<10km) = 4,7 ; M(10-30km) =

3,76 ; M(30-50km) = 2,29 ; M(>50km) = 2,5 ;

indique une tendance en accord. Les résultats de

l’analyse de variances mettent en évidence un

effet très significatif de la distance de trajet sur la

satisfaction des orthophonistes vis-à-vis de celle-

ci ; F(3,126.1) = 60,48 ; p<0,01. Plus les

professionnels exercent à proximité de leur

domicile, plus ils sont satisfaits de la distance de

trajet.

Figure 11 : Satisfaction des répondants en fonction de leur distance de trajet domicile-cabinet

Figure 10 : Avis des professionnels sur les cabinets mobiles en fonction du délai d'attente de leurs patients

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Selon la 10e hypothèse, les orthophonistes ayant une méconnaissance des mesures

incitatives seront plus favorables aux cabinets mobiles en réponse aux inégalités

démographiques, que les orthophonistes les connaissant.

Les résultats de l’analyse des variances ne met en évidence aucun effet significatif de

la connaissance des mesures incitatives sur l’avis concernant les cabinets mobiles ; F

(2,0.739) = 0,307 ; p > 0,05.

Selon la 11e hypothèse, les orthophonistes ayant de nombreux patients seront plus

favorables aux cabinets mobiles pour répondre aux inégalités démographiques, que

les autres orthophonistes.

Les résultats de l’analyse des variances ne met pas en évidence d’effet significatif du

nombre de patients sur l’avis des professionnels concernant les cabinets mobiles ;

F(4,0.297) = 0,061 ; p > 0,05.

L’hypothèse 12 suggère qu’il existe une différence entre les M1 et M2 par rapport à

leur avis concernant les cabinets mobiles en réponse aux inégalités démographiques.

L’analyse descriptive montre que les M1 ont un meilleur avis concernant les cabinets

mobiles que les M2, or les résultats ne mettent pas en évidence d’effet significatif de

l’année d’études sur l’avis concernant les cabinets mobiles ; t (96) = 1,588 ; p = 0,058.

Selon l’hypothèse 13, il existe une différence de volonté d’exercice en cabinets mobiles

en fonction des facteurs déterminants à l’installation pour les étudiants. Or, les

résultats ne mettent pas en évidence d’effet des facteurs déterminants à l’installation

sur l’avis concernant les cabinets mobiles ; F(4,0.756) = 0,296 ; p > 0,05.

Selon l’hypothèse 14, les étudiants concernés par la démographie professionnelle

seront significativement plus motivés à travailler en cabinets mobiles pour répondre

aux inégalités démographiques, que les étudiants ne se sentant pas concernés. Or,

les résultats de l’analyse des variances ne mettent pas en évidence d’effet significatif

du sentiment d’être concerné par la démographie professionnelle sur l’avis concernant

les cabinets mobiles, F(3,2.111) = 1,102 ; p > 0,05.

Selon l’hypothèse 15, les étudiants concernés par la démographie professionnelle

seront significativement plus motivés par le bénéfice aux patients. Or, les résultats de

l’analyse des variances ne montrent aucun effet significatif du sentiment d’être

concernés par la démographie professionnelle sur l’avis concernant les cabinets

mobiles, F (4,0.684) = 0,475 ; p> 0,05.

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IV Discussion

La revue de littérature souligne que les disparités démographiques des orthophonistes

ont une répercussion directe sur l’accès aux soins orthophoniques et que les solutions

actuelles ne sont pas toujours efficaces. L’étude menée ici cherche à mettre en

évidence les bénéfices de la solution alternative qu’est le cabinet mobile en réponse à

ces inégalités territoriales. Il était attendu qu’il soit encouragé par les orthophonistes

ou futurs orthophonistes interrogés. Il était également attendu que certaines

caractéristiques communes aux répondants se dessinent pour connaître le profil des

professionnels qui seraient intéressés par ce type d’exercice mobile. A la suite de

cela, les perspectives de mise en œuvre de ce projet seront détaillées malgré les

réticences qui peuvent exister. Pour finir, les biais et limites de l’étude seront évoqués.

1 Les cabinets mobiles en orthophonie

1.1 Une réponse adaptée aux inégalités d’accès aux soins

Comme nous l’avons vu précédemment, les inégalités d’accès aux soins en

orthophonie sont consécutives aux inégalités démographiques des professionnels. En

effet, la mauvaise répartition des orthophonistes engendre des différences de

traitement entre les patients ou futurs patients. Ces différences peuvent être relatives

aux délais d’attente avant la prise en soin, voire dans les cas les plus extrêmes aux

renoncements aux soins, à la gestion des listes d’attentes de la part des professionnels

qui peuvent prioriser, aux distances parcourues par le patient pour bénéficier de soins,

engendrant un coût supplémentaire.

D’après l’analyse des résultats, les cabinets mobiles sont majoritairement considérés

comme une réponse adaptée aux inégalités démographiques en orthophonie, puisque

près des trois-quarts des répondants le considèrent comme tel et puisqu’il y a plus

d’orthophonistes qui les pensent « très adaptés » ou « tout à fait adaptés » que ceux

qui les considèrent comme « peu adaptés » ou « pas du tout adapté ». Cependant,

cette question qui cherchait à mesurer objectivement la réponse des cabinets mobiles

aux inégalités démographiques a tout de même mis en jeu les convictions

professionnelles et la vision de l’orthophonie de chaque répondant. En effet, les

personnes les plus fermement opposées à la mise en place de ce projet ont

majoritairement considéré les cabinets mobiles comme une réponse « pas du tout

adaptée » alors que plus d’un tiers d’entre elles cite les bénéfices des patients comme

point fort. Or, il s’agit d’un objectif principal de ce projet. A contrario, les répondants

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qui n’y voient aucun point faible et qui sont très enthousiastes pensent en moyenne

que c’est une réponse « très adaptée ». Il serait donc plus juste de dire qu’une grande

majorité des orthophonistes interrogés est favorable au projet de cabinets mobiles afin

d’ajouter la dimension affective à la question objective de départ. De plus, les

personnes qui ont déjà pensé exercer de la sorte sont toutes d’accord pour dire que

c’est une réponse « très adapté » ou « tout à fait adaptée » aux inégalités

démographiques en orthophonie.

Plus de la moitié des orthophonistes répondants jugent que cela va rapprocher

considérablement le professionnel des patients, l’étendue d’action grâce à la mobilité

de cette solution est un élément clé pour les patients. Cela va ainsi diminuer leur

distance de trajet, il s’agit d’un gain de temps pour eux. Certains mettent en évidence

les enfants d’âge scolaire, en soulignant le fait qu’ils manqueraient moins de temps

scolaire à cause des longs trajets pour se rendre chez l’orthophoniste. En effet,

déscolariser quelques heures un enfant qui a déjà des difficultés scolaires pour se

rendre en orthophonie n’est pas forcément un calcul judicieux. Les cabinets mobiles

permettront donc de gommer les inégalités financières engendrées par les coûts plus

ou moins importants du trajet, et même les inégalités scolaires.

Cela permettra également de diminuer l’attente de soins orthophoniques voire même

d’éviter les renoncements aux soins qu’il peut y avoir dans les zones désertées par les

professionnels. En effet, les cabinets mobiles pourront soulager les cabinets fixes

alentours en diminuant le nombre de patients en attente de soins. Cette solution

pourrait également permettre de réaliser des bilans de dépistage ou de prévention,

éliminant ainsi les 30% de bilans ne nécessitant pas de suivi ensuite. Pour les autres,

il sera possible de les suivre, de mettre en place un accompagnement familial, de se

mettre en lien avec le médecin (traitant ou scolaire) ou bien de les réorienter vers

d’autres professionnels adaptés à leurs besoins (psychomotricien, orthoptiste,

psychologue, neuropsychologue, ergothérapeute).

A terme, cette innovation peut faire connaître de nouveaux territoires aux

orthophonistes mobiles, créer de nouvelles relations professionnelles, et

éventuellement motiver de nouveaux orthophonistes à s’installer sur ces territoires

ruraux. Ils pourraient alors bénéficier des mesures incitatives proposées par les ARS.

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1.2 Qui serait intéressé d’exercer de cette façon ?

L’exercice en cabinet mobile est une façon de travailler qui est susceptible de séduire

particulièrement les orthophonistes puisqu’il s’agit d’une profession essentiellement

féminine qui prend en compte la sphère familiale pour déterminer son lieu de résidence

et a fortiori son lieu d’exercice professionnel à proximité, comme le confirme notre

étude. Or, grâce à ce mode d’exercice, les orthophonistes intéressés par l’exercice en

zone rurale mais souhaitant se domicilier en zone urbaine ou péri-urbaine ne seront

pas nécessairement contraints de résider en zone rurale, puisque les orthophonistes

préfèrent effectuer un trajet domicile-cabinet court.

Pour mettre en évidence un profil d’orthophoniste intéressé par cet exercice, une

analyse statistique inférentielle a été réalisée. Cependant, aucune hypothèse

opérationnelle n’a été validée. Aucune généralité ne peut être mise en évidence par

rapport au profil des professionnels qui sont susceptibles d’être intéressés par un tel

exercice.

Seuls deux effets significatifs, contraires aux hypothèses opérationnelles, ont été mis

en évidence. Le premier suggère que les professionnels n’ayant pas besoin de liste

d’attente sont significativement plus favorables aux cabinets mobiles que les autres

orthophonistes. Le second suggère que les professionnels ayant des patients qui ont

attendu peu de temps avant le début de leur prise en soin sont plus favorables que les

professionnels ayant des patients qui ont attendu très longtemps.

Ces professionnels, qui exercent parfois en zones très sous dotées, sont certainement

moins pessimistes vis-à-vis de la situation actuelle et ont mis des moyens en place

pour faire attendre leurs patients moins longtemps. Ils sont alors peut-être plus ouverts

à des solutions alternatives comme le cabinet mobile.

Il n’y a donc pas de profil type des professionnels qui pourraient exercer en cabinet

mobile, tous les orthophonistes sont susceptibles d’être intéressés. Cependant,

certains répondants évoquent les difficultés d’organisation pour les jeunes parents de

familles monoparentales d’exercer ainsi.

La flexibilité, l’adaptabilité, la liberté et l’aspect non routinier qu’offrent les cabinets

mobiles sont des facettes de l’exercice assez motivantes pour les professionnels qui

veulent du changement et/ou qui entrent dans une certaine lassitude de leur métier.

En effet, le sens du travail est un concept grandissant dans la société actuelle. Il

regroupe d’une part « les aspects relatifs à l’individu (les valeurs, les motivations, les

croyances), les facteurs environnementaux (les collègues, les supérieurs, les

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communautés professionnelles, la famille), les caractéristiques du travail (les activités,

la rémunération, la culture nationale), et d’autre part, les différents mécanismes qui en

permettent la construction comme l’authenticité, le sentiment d’efficacité personnelle,

l’estime de soi, l’intentionnalité, l’appartenance à un groupe, la transcendance de soi

et les aspects culturels ». Or, la mobilité professionnelle est très liée aux critères

subjectifs du sens du travail (Arnoux-Nicolas et al., 2016).

Plus de la moitié des étudiants interrogés se disent intéressés pour exercer en cabinet

mobile, peut-être que cela rejoint l’aspect de mobilité professionnelle à laquelle les

jeunes sont plus sensibles.

Nous faisons également l’hypothèse que des avantages en nature, comme une

complémentaire santé, des chèques vacances, tickets restaurant, réductions dans des

maisons d’édition, … pourraient motiver des orthophonistes à exercer de cette façon.

1.3 Qui pourrait en bénéficier ?

Le dispositif de cabinets mobiles serait envisageable dans plusieurs cas de figure.

Premièrement, l’élément mis en avant est que cette solution peut être extrêmement

bénéfique pour les personnes se trouvant dans les zones très sous dotées ou sous

dotées en orthophonistes. Les termes de zones rurales, zones désertes, sinistrées ou

villages isolés sont également souvent employés pour décrire les lieux dépourvus

d’orthophonistes.

Deuxièmement, les patients en difficultés financières, ne disposant pas de moyen de

locomotion ou du permis de conduire, des patients isolés socialement, n’ayant par

conséquent pas moyen de se déplacer pour consulter un orthophoniste, seraient

évidemment une population ciblée par ce dispositif.

Ensuite, concernant les pathologies, toutes les demandes seraient étudiées mais les

urgences de prise en soin seraient priorisées en fonction des places disponibles. Il

peut s’agir des patients ayant des atteintes neurologiques (accident vasculaire

cérébral, traumatismes crâniens, épilepsie, pathologies neurodégénératives,…), les

handicaps ou les jeunes enfants.

1.4 Autres avantages

L’exercice en cabinet mobile a d’autres avantages propres puisqu’il permet d’avoir une

quantité de matériel à disposition du professionnel pratiquement aussi importante

qu’en cabinet fixe et beaucoup plus qu’au domicile du patient.

Il peut aussi accroitre la motivation et l’implication du patient et de son entourage. Du

fait de sa proximité, la lassitude pourrait être présente moins rapidement.

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Il permet également d’intervenir dans l’environnement proche et connu du patient,

l’orthophoniste a alors une meilleure connaissance de son milieu de vie. Pour les

patients âgés cela peut être rassurant de rester dans un milieu connu.

Notons également que c’est un projet écologique puisqu’un orthophoniste qui se

déplace pour voir une quinzaine de patients est moins polluant, que 15 patients qui se

déplacent avec leur voiture personnelle pour se rendre chez l’orthophoniste.

2 Limites et Perspectives du projet de cabinets mobiles

2.1 Obstacles potentiels à la mise en place de cabinets mobiles

Dans ce questionnaire quelques orthophonistes expriment avoir déjà songé à exercer

de cette manière mais ils ont été confrontés à la réalité des lois et exigences

institutionnelles, ils ont alors dû renoncer à ce projet.

D’après l’Article 7 de la Convention Nationale organisant les rapports entre les

orthophonistes et l’assurance maladie, les orthophonistes sont tenus de faire connaître

leur(s) adresse(s) d‘exercice professionnel principal et/ou secondaire. Le

remboursement des soins sur la base des tarifs conventionnels ne peuvent avoir lieu

que si les soins sont dispensés dans des locaux distincts de tout local commercial ou

dépendance. De plus, aucune publicité ne peut être acceptée (UNCAM & FNO, 1996).

Or, dans le cadre d’un exercice mobile la condition concernant l’adresse fixe ne peut

être remplie et l’unité mobile pourrait a fortiori être considérée comme un local

commercial et/ou comme une publicité ambulante.

Dans le code de la santé publique, il est clairement exprimé que l’exercice de la

médecine foraine (sans lieu d‘exercice permanent et sans moyen technique adapté)

est interdit. Cependant, des dérogations personnelles existent lorsque le médecin n’a

pas d’autres solutions pour répondre aux urgences, garantir la qualité, la sécurité et la

continuité de soins (« Article R4127-74 du Code de la santé publique - MCJ.fr », s. d.)

De plus, depuis 2015 tous les établissements accueillant du public doivent respecter

les normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Elles sont censées pouvoir

pénétrer dans le local et y circuler librement avec un fauteuil roulant. La dénivellation

d’accès doit être < 5% et la largeur des portes doit être de 90cm (Premier, 2010).

Par ailleurs, cette solution peut s’avérer exiguë voire peu confortable à cause du

véhicule en lui-même, du stockage de matériel nécessairement important, des

commodités. D’autant plus que certaines pratiques en orthophonie nécessitent un

espace assez grand.

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L’aspect financier peut également être un obstacle à la mise en place de ce projet

puisqu’un véhicule aménagé coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros.

L’accès à internet peut s’avérer difficile en itinérance, même via le réseau mobile

puisque ce projet s’adresse à des zones rurales souvent limitées en connexion mobile.

Certains orthophonistes mettent en avant la solitude de ce mode d’exercice, la

pluridisciplinarité est plus difficile à mettre en place dans cette façon d’exercer.

D’autres évoquent la concurrence déloyale.

2.2 Comment mettre en place un tel projet ?

Pour contourner les obstacles cités précédemment, notre projet est de créer une

association loi 1901 (à but non lucratif) qui emploieraient des orthophonistes. Ces

orthophonistes seraient donc salariés de l’association. L’association serait propriétaire

de plusieurs véhicules aménagés grâce aux soutiens financiers de l’ARS, du

département ou de la région concerné, de l’assurance maladie, ou encore d’autres

organismes ou partenaires.

Chaque orthophoniste choisirait son ou ses jours de travail pour l’association et se

rendrait dans une commune par jour avec un véhicule aménagé.

Imaginons une simulation simple, dont vous trouverez l’illustration en annexe G : 15

orthophonistes souhaitent travailler pour l’association : 5 résident à Clermont-Ferrand,

5 à Lyon et 5 à Saint-Etienne. L’association est propriétaire de 3 camions aménagés,

équipé de tout le matériel nécessaire à l’exercice d’orthophoniste. Un camion se situe

alors dans chaque ville. Chaque orthophoniste voudrait travailler une journée par

semaine. Ainsi chaque jour 3 orthophonistes différents travailleraient dans 3 zones très

sous dotées à environ 1 heure de route de leur domicile, pour suivre une douzaine de

patients.

Ce projet se mettra en place conjointement avec les orthophonistes les plus proches

dans le secteur, pour travailler ensemble. En effet, il s’agit d’une solution dont l’objectif

n’est pas de leur faire concurrence mais bien de soulager patients et professionnels.

Nous pourrions aménager un véhicule de moins de 3,5 tonnes pour ne pas avoir

besoin de permis supplémentaire pour le conduire, pour conserver le plus de

maniabilité possible et pour ne pas avoir de restriction horaire ou géographique de

conduite. Nous pourrions avoir jusqu’à 8 m² d’espace aménagé à notre volonté, nous

choisirions ainsi tous les éléments internes du cabinet mobile. Il faudra optimiser les

rangements, mettre un grand bureau amovible, un lavabo pour l’hygiène du soignant,

une climatisation réversible pour le confort, 3 sièges, une petite salle d’attente et si

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possible une table d’auscultation. Vous trouverez un exemple de ce genre

d’aménagement en annexe H. La décoration sera également soigneusement réfléchie

pour favoriser la convivialité du lieu. L’insonorisation sera un point essentiel de

l’aménagement afin de garder la confidentialité des échanges avec les patients. En ce

qui concerne l’aménagement pour les personnes à mobilité réduite, il semble plus

avantageux d’intervenir à domicile directement.

2.3 Biais et limites de l’étude

Lors de la construction des questionnaires l’analyse statistique n’a pas été anticipée.

En effet, par souci d’économie pour le répondant des intervalles étaient proposées,

par exemple pour l’âge, les distances de trajet,… Or il aurait plutôt fallu laisser le

répondant écrire sa réponse et regrouper a posteriori les réponses dans des

intervalles. Il n’y aurait alors pas eu autant de perte d’information statistique.

Cette étude intervient après l’année 2017 : année sans diplômés du fait du

rallongement des études en 2013. Il se peut que ce manque de néo-diplômés se soit

fait ressentir par les orthophonistes libéraux, par un allongement des listes d’attente,

des appels et demandes de bilans de plus en plus nombreux. Il se peut que les

données aient été quelque peu différentes sans cette année blanche.

Un oubli a été constaté dans le questionnaire aux professionnels. Il manque une

question sur ce qui pourrait les motiver à exercer en cabinet mobile. C’est pourquoi

cette question a été posée aux étudiants, le questionnaire ayant été diffusé plus tard.

Pour finir, cette étude faisant intervenir de nombreux domaines comme la législation,

la sociologie, les statistiques, plus de temps aurait été nécessaire afin de concevoir

les questionnaires, de faire mûrir les réflexions, d’approfondir les analyses des

réponses. Il aurait également été appréciable de pouvoir affiner la mise en place du

projet, en réalisant des devis et plans pour l’aménagement du camion, en proposant

une semaine-type, en détaillant les rôles des différents membres de l’association pour

que le projet semble plus concret et avancé.

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V Conclusion

Les disparités démographiques des orthophonistes engendrent bel et bien des

inégalités d’accès aux soins pour les patients. Cela se caractérise par de grands trajets

pour accéder aux professionnels ou une attente plus ou moins longue avant d’être pris

en charge. Des solutions sont proposées par les différentes instances de santé ou par

les professionnels eux-mêmes en confrontation avec la réalité. Cependant, ces

solutions ne semblent pas satisfaisantes. Des cabinets mobiles se développent dans

différents secteurs, c’est pourquoi, nous avons cherché à savoir si cela pouvait être

envisageable en orthophonie et surtout comment le mettre en place. Il semblerait que

ce soit une solution plutôt appréciée et adaptée, d’après les professionnels et futurs

professionnels. Nombreux sont les points forts mis en avant. Ce mode d’exercice

séduit tous les orthophonistes, aucun profil particulier ne dessine. Cependant, il existe

aussi des points négatifs relevés par les professionnels et un cadre légal strict qui ne

permet pas de mise en place aisée. C’est pourquoi, un projet a été explicité en

essayant de prendre en compte les différentes contraintes et suggestions des

professionnels interrogés.

Ce projet a déjà été discuté avec l’Agence Régionale de Santé, différentes

perspectives de mises en place ont alors été proposées. Il reste cependant encore

beaucoup de démarches à effectuer avant que ce projet existe. Ce travail sera

évidemment effectué avec grand intérêt et forte motivation, afin que des cabinets

mobiles en orthophonie voient le jour rapidement.

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1

Annexes

Annexe A : Densité de population en Auvergne Rhône Alpes

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2

Annexe B : Densité des orthophonistes pour 100 000 habitants, 2016

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3

Annexe C : Zonage conventionnel des orthophonistes, 2016

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4

Annexe D : Distance (km) à l’orthophoniste le plus proche, 2016

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5

Annexe E : Questionnaires en ligne

Questionnaire aux professionnels

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6

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7

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8

Questionnaire aux étudiants :

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9

Annexe F : Synthèse des réponses aux questionnaires

Tableau 1: Caractéristiques intrinsèques des professionnels

Variables Modalités Nombre Pourcentage

Sexe Femmes 298 98,68 %

Hommes 4 1,32 %

Age

20 à 30 ans 74 24,50 %

30 à 40 ans 114 37,75 %

40 à 50 ans 56 18,54 %

50 à 60 ans 48 15,89 %

60 ans et plus 10 3,31 %

Tableau 2 : Comparaison entre zonage ressenti par les répondants et le zonage réel selon l'ARS en 2016

Zonage ressenti Zonage réel (ARS 2016)

Très sous doté 54 17,88 % 14 4,64 %

Sous doté 89 29,47 % 4 1,32 %

Intermédiaire 98 32,45 % 132 43,71 %

Sur doté / Très doté 46 15,23 % 48 15,89 %

Très sur doté / Sur doté 5 1,66 % 93 30,79 %

Tableau 3 : Intérêt des répondants à la démographie professionnelle

Variable Modalités Nombre Pourcentage

Connaissance des mesures

incitatives

Oui 114 37,75 %

Pas vraiment 123 40,73 %

Non 65 21,52 %

Concerné par la démographie

professionnelle

Oui 301 99,67 %

Non 1 0,33 %

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10

Tableau 4 : Caractéristiques professionnelles des répondants

Variables Modalités Nombre Pourcentage

Exercice Libéral 272 90,07 %

Mixte 30 9,93 %

Milieu Rural 175 57,95 %

Urbain 127 42,05 %

Temps d’exercice sur le lieu actuel

< 3 ans 76 25,17 %

3 à 5 ans 43 14,24 %

5 à 10 ans 63 20,86 %

10 à 15 ans 42 13,91 %

> 15 ans 78 25,83 %

Motivations

à l’installation

Suivi du conjoint 30 18,63 %

Besoin d’orthophoniste

8 4,97 %

Rapprochement familial

16 9,94 %

Proximité domicile 48 29,81 %

Opportunité 41 25,47 %

Remplacement 2 1,24 %

Proximité urbaine 3 0,11 %

Autre 13 8,07 %

Temps de trajet

Domicile - travail

< 15 min 175 57,19 %

15-30 min 92 23,59 %

30-45 min 27 6,73 %

> 45 min 5 1,40 %

Distance de trajet

Domicile – travail

< 10 km 194 64,24 %

10 à 30 km 84 27,81 %

30 à 50 km 14 4,64 %

> 50 km 4 1,32 %

Satisfaction distance et temps

de trajet

1 (non satisfait) 9 3 %

2 15 4,97 %

3 36 11,92 %

4 59 19,54 %

5 (très satisfait) 183 60,60 %

Nombre de RDV hebdomadaires

< 30 16 5,30 %

30 à 40 54 17,88 %

40 à 50 102 33,77 %

50 à 60 100 33,11 %

60 et + 30 9,93 %

Moyenne du nombre de demi-journées travaillées : 7,72

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Tableau 5 : Gestion de la patientèle par les répondants

Variable Modalités Nombre Pourcentage

Possession d’une liste d’attente

Oui 244 80,79 %

<10 patients 32 13,11 %

De 10 à 30 76 31,15 %

De 30 à 50 45 18,44 %

>50 patients 91 37,30 %

Non 58 19,21 %

Pas besoin 31 53,45 %

Trop nombreux donc ingérable

27 46,55 %

Temps d’attente moyen des 3

derniers patients

< 1 mois 50 16,56 %

1 à 3 mois 57 18,87 %

3 à 6 mois 67 22,19 %

6 mois à 1 an 63 20,86 %

1 à 2 ans 55 18,21 %

2 ans et + 10 3,31 %

Tableau 6 : Réponses concernant les cabinets mobiles

Variable Modalités Nombre Pourcentage

Avis concernant la réponse que proposent les

cabinets mobiles

Pas du tout adapté 23 7,62 %

Peu adapté 56 18,54 %

Adapté 112 37,09 %

Très adapté 75 24,83 %

Tout à fait adapté 36 11,92 %

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Tableau 7 : Réponses du questionnaire aux étudiants

Variables Modalités Nombre Pourcentage

Niveau d’études M1 39 39,8%

M2 59 60,2 %

Démographie professionnelle

Pas concerné 1 1 %

Peu concerné 14 14,3 %

Concerné 62 63,3 %

Très concerné 21 21,4 %

Facteurs déterminant l’installation

(plusieurs réponses possibles)

Proximité familiale 35 18,23 %

Proximité du conjoint

71 36,98 %

Proximité urbaine 25 13,02 %

Caractéristiques intrinsèques à l’opportunité

53 27,60 %

Autres 8 4,17 %

Envie de travailler en

cabinets mobiles

Pas du tout envie 10 10,2 %

Peu envie 32 32,7 %

Envie 47 48 %

Très envie 9 9,2 %

Motivations

Avantages en nature

28 12,12 %

Salaire intéressant 53 22,94 %

Diversification de la routine

65 28,15 %

Bénéfices des patients

80 34,63 %

Autres 5 2,16 %

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13

Figure 12: Points faibles et forts des cabinets mobiles selon les répondants

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14

Annexe G : Illustrations d’un cabinet mobile aménagé en santé

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15

Annexe H : Exemple d’organisation hebdomadaire

Figure 13 : Illustration des champs d'action d'un cabinet mobile