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KIRIKOU ET LA SORCIÈRE Vous trouverez dans ce dossier quelques suggestions pour exploiter en arts visuels le film. Les pistes proposées résultent d’une interview imaginaire ( Michel Ocelot étant l’auteur des questions et des réponses) dans laquelle le réalisateur explique ses sources d’inspiration. Cette interview est le fil conducteur d’un album « Tout sur Kirikou Michel Ocelot Edition du Seuil - 2003 » qui, abondamment illustré d’images sur les recherches, les étapes de préparation et les choix esthétiques , expliquent la réalisation du film. Concernant une exploitation pédagogique plus générale du film : quelques sites proposant des documents pour mener l’analyse filmique et un certain nombre d’activités : Http://institutfrancais.de/cinefete/IMG/pdf/kirikou.pdf http://www.cinemaparlant.com/fichespeda/j-k-l/fp_kirikousorciere.pdf http://www.educarm.es/templates/portal/images/ficheros/etapasEducativas/secundaria/ 7/secciones/171/contenidos/12153/kirikou.pdf un dossier sur le film « Kirikou et les bêtes sauvages » dans lequel certaines pistes proposées et documents fournis pourront être utilisés pour l’exploitation de « Kirikou et la sorcière » : http://www.kirikou-lefilm.com/kirikouOpen.php un dossier en accès gratuit sur inscription (classe de CP/ Activités de lecture ) : http://www.enseignants.editions-hatier.fr/#/Ecole/CP/Numeriques/36157

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KIRIKOU ET LA SORCIÈRE Vous trouverez dans ce dossier quelques suggestions pour exploiter en arts visuels le film. Les pistes proposées résultent d’une interview imaginaire ( Michel Ocelot étant l’auteur des questions et des réponses) dans laquelle le réalisateur explique ses sources d’inspiration. Cette interview est le fil conducteur d’un album « Tout sur Kirikou – Michel Ocelot – Edition du Seuil - 2003 » qui, abondamment illustré d’images sur les recherches, les étapes de préparation et les choix esthétiques , expliquent la réalisation du film. Concernant une exploitation pédagogique plus générale du film : ■ quelques sites proposant des documents pour mener l’analyse filmique et un certain nombre d’activités : Http://institutfrancais.de/cinefete/IMG/pdf/kirikou.pdf http://www.cinemaparlant.com/fichespeda/j-k-l/fp_kirikousorciere.pdf http://www.educarm.es/templates/portal/images/ficheros/etapasEducativas/secundaria/7/secciones/171/contenidos/12153/kirikou.pdf ■ un dossier sur le film « Kirikou et les bêtes sauvages » dans lequel certaines pistes proposées et documents fournis pourront être utilisés pour l’exploitation de « Kirikou et la sorcière » : http://www.kirikou-lefilm.com/kirikouOpen.php ■ un dossier en accès gratuit sur inscription (classe de CP/ Activités de lecture ) : http://www.enseignants.editions-hatier.fr/#/Ecole/CP/Numeriques/36157

« Quand j’étais petit, j’étais Noir

_ enfin, j’étais écolier à Conakry _ seul Blanc dans ma classe

et je désirais saluer, avec affection et respect

cette Afrique où j’ai été heureux… »

http://www.contesafricains.com/

C’est dans un ouvrage qui l’avait profondément impressionné lorsqu’il était enfant « Contes populaires d’Afrique Occidentale » que Michel Ocelot a trouvé l’inspiration pour Kirikou. Un des contes met en scène un petit garçon qui s’enfante tout seul, combat une méchante sorcière et la tue. Mais contrairement à l’histoire d’origine, Michel Ocelot développe un schéma atypique puisque la sorcière Karaba est en réalité une victime qui, à la fin de l ’histoire, s’unit avec un Kirikou subitement devenu adulte.

Karaba se révèle donc un personnage moins stéréotypé, plus complexe que ceux rencontrés dans les contes anciens. Elle s’apparente davantage aux sorcières de la littérature de jeunesse contemporaine qui ne gardent qu’une partie des caractéristiques de l’archétype traditionnel. On pourra faire établir des portraits de sorcières ( la description physique et morale, le mode de vie, les pouvoirs, les attributs, l’animal favori…) à partir de la lecture de différents albums. Consulter la sélection d’ouvrages proposée sur ces deux sites : http://www.crdp.ac-creteil.fr/telemaque/comite/sorciers.htm http://www.ricochet-jeunes.org/themes/theme/269-sorciere-sorcier/page/2 Fées, sorcières et être imaginaires L'Atelier des images 031, 09/2002 Cinq œuvres de nature et d'époque différentes sont proposées pour l'étude du thème des fées, sorcières et des êtres imaginaires : La sorcière de Blanche Neige et les Sept nains, Le magicien d'Oz de Victor Flemming, Mélusine et le chevalier au cygne, Nkisi statuette africaine, L'ange du foyer ou le Triomphe du surréalisme de Max Ernst.

Les Trois Sorcières Johann Heinrich Füssli 1783

« Je sentais depuis longtemps l’envie et l’intérêt de faire une œuvre « africaine », d’utiliser le signe fort de corps sombres se découpant sur des décors brillamment colorés, de jouer avec l’Art Nègre et l’Art Déco. » Le film sera donc l’occasion d’intéresser les élèves à l’art africain traditionnel et à ce mouvement artistique, l’Art Déco, auxquels Michel Ocelot fait référence.

http://www.quaibranly.fr/fileadmin/user_upload/enseignants/Dossier_Pedagogique_DOGON_musee_du_quai_Branly.pdf http://www.quaibranly.fr/fileadmin/user_upload/familles/enfants/mqB_LIVRET_JEU_DOGON.pdf

Exemple d’architecture Art Déco, la bibliothèque Carnegie de Reims.

Vitrail de la salle de lecture réalisé par Jacques Grüber (Photographie :Jean-Pierre Riocreux)

Masque Senufo, Côte d'Ivoire Fin du 19ème siècle

L'art africain traditionnel est un terme général pour qualifier des objets artisanaux réalisés dans près de 3000 ethnies différentes (3 à 400 ethnies principales). Ces objets sont issus d'un contexte dans lequel la notion occidentale d'Art est inconnue ou différente de la nôtre. D'ailleurs, les œuvres ne sont jamais signées, ce qui est une autre différence fondamentale avec l'objet d’art occidental. Leur finalité est plus proche de l'efficacité usuelle ou rituelle bien que les conceptions d'harmonie ou de beauté soient présentes lors du processus de création. L'appellation "art nègre" (nègre vient du latin "niger" qui signifie noir) est apparue lors de la colonisation pour qualifier l'art traditionnel. Cet art, répondant à leur propre recherche plastique, influença considérablement les artistes d’avant-garde du début du 20e siècle : ils furent fascinés par la puissance des formes, la force magique, le mystère et la beauté qui se dégagent de ces objets. L' engouement pour l' art africain a caractérisé cette époque : des collectionneurs privés ont constitué des ensembles importants et exemplaires d’objets témoignant de traditions et de cultures pour nombre d’entre-elles éteintes aujourd’hui. De nos jours, des centaines d' expositions d'art africain sont organisées chaque année dans le monde. Les musées, les galeries d' art s' arrachent ces œuvres qui atteignent des prix records dans les grandes ventes aux enchères internationales. Quant à l’appellation "art nègre" jugée péjorative comme celle d'art primitif ( le primitivisme opposé au monde occidental, sous-entendu au monde civilisé), on lui préfère désormais les termes d'art premier ou traditionnel.

L’ art africain Faire repérer les différents objets présentés sur cette affiche : Statuettes Masques Totems Bijoux Coiffes Flacons Armes, bouclier Vêtement, tapis… Demander aux élèves d’ inventorier les matières reconnaissables (bois, terre, peau d’animaux, bronze, coquillages, perles, bronze, plumes….) et les techniques utilisées pour réaliser ces objets ( sculpter, modeler, graver, peindre, tisser, recouvrir de… tissu, paille, peaux, plumes, coquillage …, assembler….) Faire décrire l’ornementation de ces objets ( les couleurs, les motifs et leur organisation…) Source de l’image : http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_africain_traditionnel

Pratique artistique Les masques africains

Démarche possible : 1. Dans un premier temps, on cherchera à faire

comprendre l’esthétique de différents masques africains : proposer des moitiés de masques ( partie gauche ou droite du visage ) et demander aux élèves de compléter la partie manquante ( puzzles et/ou dessins )→ découverte/utilisation de la symétrie axiale et de la stylisation.

2. Faire réaliser des masques en réinvestissant les principes découverts (collage de bandes cartonnées ou de cordes pour mettre en valeur les contours et donner du volume).

3. Faire mettre des couleurs et organiser des graphismes en s’inspirant des masques observés.

Pour trouver des photographies de masques : http://www.quaibranly.fr/fr/collections/promenades-a-la-carte/masques.html http://modules.quaibranly.fr/collections-3d/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Masques_de_C%C3%B4te_d%27Ivoire

Pratique artistique Les fétiches

Pour les fétiches aux ordres de la sorcière Karaba, Michel Ocelot s‘est inspiré de statuettes africaines en empruntant à différents styles reconnaissables par les spécialistes de l’art africain traditionnel et en y ajoutant l’agressivité propre aux serviteurs d'une sorcière maléfique. Seul le « fétiche renifleur », est une pure création.

Fétiche à clous Kongo, Nkisi Nkondi, Collection BNK, Royal Tribal Art

On pourra rapprocher la démarche de Michel Ocelot de celle d’Hervé di Rosa qui, avec les « robots du Noun », associe un artisanat ancestral à son iconographie futuriste : ces immenses robots dessinés par Di Rosa ont été réalisés au Cameroun par les artisans du Bamoun, les meilleurs fondeurs de bronze d’Afrique. L’artiste a adapté son monde à celui des artisans pour réaliser de vraies sculptures africaines. http://culturebox.france3.fr/all/16351/herve-di-rosa-et-ses-robots-de-noun-font-escale-a-oyonnax/ http://www.dirosa.org/index.php

Pratique artistique : Les élèves observent des images de statuettes africaines, des fétiches de Karaba et des robots du Noun d’Hervé di Rosa afin d’en dégager les spécificités (allongement vertical des différentes partie du corps, simplification géométrique, disproportion, ornementations en relief ou gravées…). Ils créent en volume masques et statuettes à partir de leurs dessins inspirés des images observées (modelage en argile et/ou utilisation de matériaux préalablement collectés : éléments naturels, bois de cagettes, boîtes ou cylindres en carton peints et décorés, liens variés, paille, corde…) La présentation de masques réalisés par des artistes contemporains africains Romuald Hazoumé, Calixte Dakpogan (détournement et assemblage de matériaux de rebuts ou d'objets désuets) enrichiront les propositions des élèves. http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/expositions-passees/romuald-hazoume-et-la-bouche-du-roi.html

La déesse Isis (Karnak)

Michel Ocelot s‘ est inspiré de l'art égyptien antique pour l'apparence de certains des personnages. Buste de la reine Nefertiti

au Neues Museum, Berlin

Pharaon portant l'uræus, le némés et la barbe postiche

Le portrait du grand-père, proche de ceux des pharaons

de l'Égypte ancienne, s'inspire également

des statuettes du Bénin.

Faire le portrait de Karaba avec ses bijoux en s’inspirant

de ces portraits égyptiens, notamment

pour la réalisation du pectoral,

dans l’ ornementation et la constitution

d’ algorithmes de formes et de couleurs.

L’étude de quelques fresques égyptiennes et de quelques photogrammes dans lesquels apparaît Karaba permettra de travailler les différents types de portrait et leurs caractéristiques : portrait de face, de profil, portrait en pied…

La représentation de type aspective propre à l’ art égyptien cherche à rendre ce qui est typique dans le sujet représenté.

« Ma recommandation aux décorateurs était que chaque plante dans la forêt soit un chef d’œuvre, exactitude botanique, stylisation égyptienne, coloriage à la Douanier-Rousseau, chaque pétale, chaque feuille, soigneusement irisés. »

Le Rêve, tableau du Douanier Rousseau (1910) dont le style a servi d'inspiration pour l'univers visuel de Kirikou http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:WLA_moma_Henri_Rousseau_The_Dream.jpg

Tapisserie à fleurs et à monogramme représentant Saint Antoine Ermite (Tapisserie de Guigone de Salins), tissée en France, XVe siècle, Hospices de Beaune, Bourgogne, France.

Tombeau de Nebamon à Thèbes

Coffea arabica Franz Eugen Köhler

Bonatea speciosa (Sud de l’Afrique)

« Chacune des plantes est exacte, dessinée et aquarellée à part … Lorsque la première forêt fut assemblée, je voyais un herbier magnifique et délicat se constituer. »

Elaeis Guineensis

Combat de tigre et buffle, 1891

Le film donnera l’occasion d’aborder avec les élèves l’ œuvre du Douanier-Rousseau. L’analyse de quelques tableaux signifiants permettra de dégager les caractéristiques des jungles du Douanier Rousseau dont Michel Ocelot s’est inspiré : une végétation foisonnante ( stylisation, changement d’échelle de végétaux existants) , une occupation de l’espace jusqu’à saturation sans perspective ni profondeur de champ, un étagement de formes aux contours nets, vues séparément, le plus souvent de face. Les élèves pourront ensuite réaliser avec différentes techniques ( dessin, peinture, collage de végétaux découpés dans des magazines de jardinage…) des paysages luxuriants et fantaisistes, en mettant en œuvre les particularités des jungles du Douanier Rousseau.

Le lion ayant faim se jette sur l’antilope, 1905

Flèche de l'Hôtel de ville de Buffalo (1935) Détail d’ornementation, flèche du Chrysler Building, New York

L’Art Déco est un mouvement artistique qui commença en 1920 pour se terminer en 1939, et en réaction à l'Art Nouveau. Autant les formes de l'Art Nouveau sont ondulantes, détaillées et prennent exemple sur la nature, autant l'Art Déco se tourne vers des formes épurées et géométriques. La courbe, encore très présente aux débuts de ce mouvement disparaît progressivement au profit de l'angle droit, notamment avec le courant De Stijl. L’Art Déco est extrêmement influent surtout dans l'architecture et le design, ainsi que toutes les formes d'arts plastiques. L'Art Déco tire son nom de l'Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925. http://lartnouveau.com/art_deco.htm

Art Nouveau Hector Guimard

Porte d’entrée 14 Rue Fontaine Paris 16ème Art Déco

Rechercher sur Internet différents motifs Art Déco

et s’en inspirer pour dessiner une nouvelle porte

pour la case de KARABA.

Avant la projection ETUDE DE L’AFFICHE http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/kirikou.html

Le titre →La sorcière Faire émerger les représentations des enfants : qu’est-ce qu’une sorcière ? Que fait-elle ? Où habite-t-elle ? Ses attributs … Des contes célèbres avec des sorcières, des albums, des films … ( cf la programmation de l’an passé « Princes et Princesses ») → Kirikou Le prénom, un surnom affectueux de l’enfant représenté sur l’affiche ? →La typographie La taille des caractères amènera les élèves à émettre des hypothèses quant à l’histoire et aux rôles joués par chacun de ces personnages.

L’iconographie Dénotation Lister les personnages, les animaux (rat palmiste), la couleur de l’arrière-plan. Les écrits : typographie, disposition Connotation : Le lien avec le titre deux personnages dans le titre = deux personnages représentés : un petit enfant, Kirikou et la sorcière qui ne présente pas les attributs caractéristiques auxquels les enfants pourraient s’attendre ( balai, vêtement noir, chapeau pointu.. ). Les personnages Kirikou est petit, tout nu. La sorcière est imposante, couverte de bijoux ( similitude avec la belle-mère de Blanche-neige et plus généralement les marâtres dans les contes ). La disproportion entre Kirikou et la sorcière, le cadrage ( gros-plan sur le visage de la sorcière) amèneront les élèves à émettre des hypothèses quant aux rôles possibles de chacun de ces personnages ; hypothèses qui pourront être affinées par la prise en compte des éléments suivants : la disproportion dans la typographie du titre, l’ effet de plongée et de contre-plongée dans les regards . Les animaux Des rats palmistes entourent Kirikou. Amener les enfants à comprendre le sens de cette proximité. Les couleurs Le rouge et l’ or ( bijoux) Le brun des corps →Hypothèses sur le lieu du récit.

Avant la projection Préparer les enfants à entrer dans un univers culturel différent du leur: situer le film géographiquement et culturellement. Donner quelques explications (+ images) sur la flore, la faune, les objets, les personnages et lieux spécifiques qui seront évoqués dans le film : L’arbre à palabres – le flamboyant – l’ igname … Le Calao – la huppe - le phacochère – le rat palmiste – la termitière - la zorille … La case – le marigot … Les fétiches - les gri-gri … La pirogue- les calebasses - la natte pour dormi - le pilon à mil… Le sage - le griot … Après la projection 1. Emotions, impressions Discussion/Débat : les ressentis individuels argumentés 2. Compréhension du film Retrouver les personnages, les lieux, la chronologie du récit 3. Les personnages, animaux, lieux, décor Les personnages : les décrire moralement et physiquement Les animaux : ordonner leur rencontre et les classer en fonction de leur attitude vis-à-vis de Kirikou Les lieux : les recenser ( le village, la source maudite, le marigot, la case de Karaba, la montagne interdite et la grande termitière) et y associer les personnages, les paysages (couleur / matière / éléments…), les formes choisies … Ordonner les lieux pour retracer l’itinéraire emprunté par Kirikou dans la chronologie du récit ( un trajet qui symbolise la transformation du héros : Kirikou devient un adulte ) 4. La morale du conte qui réside dans la démarche du petit héros sa sagesse, sa pugnacité, son refus des apparences trompeuses.