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Kyste hydatique pelvien : une localisation rare; Pelvic hydatid cyst: a rare localisation;

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Page 1: Kyste hydatique pelvien : une localisation rare; Pelvic hydatid cyst: a rare localisation;

CAS CLINIQUE / CASE REPORT

Kyste hydatique pelvien : une localisation rare

Pelvic hydatid cyst: a rare localisation

L. Hamzaoui · M. Mahmoudi · M. Bouassida · H. Ezzine · M.M. Azouz · S. Sassi

© Springer-Verlag France 2014

Résumé La maladie hydatique est fréquente dans les paysd’Afrique du Nord. Elle touche souvent le foie et le poumon.La localisation pelvienne est exceptionnelle. L’échographieet la tomodensitométrie sont d’un grand apport dans le diag-nostic. Nous rapportons le cas d’un kyste hydatique pelvienpararectal chez un patient de 33 ans, révélé par un syndromerectal, des signes urinaires et neurologiques.

Mots clés Kyste hydatique · Pelvis · Masse · Chirurgie

Abstract Hydatid disease is common in North Africa coun-tries. It often affects liver and lung. Pelvic location is excep-tional. Ultrasound and computed tomography are helpful forthe diagnosis. We report a case of 33-year-old man with apararectal hydatid cyst, presenting with rectal tensemus, uri-nary symptoms and neurological disorders.

Keywords Hydatid cyst · Pelvis · Mass · Surgery

Introduction

Les localisations hépatiques et pulmonaires sont les plus fré-quentes dans l’hydatidose [1]. Nous rapportons le cas d’unpatient âgé de 33 ans présentant un kyste hydatique pelvienpararectal, une localisation rare et trompeuse. La cure chirur-gicale classique du kyste hydatique dans cette localisationpelvienne peut présenter des risques d’atteinte des organesde voisinage. La ponction aspiration représente alors unealternative plus adaptée.

Observation

Il s’agit d’un homme âgé de 33 ans, originaire d’un milieurural, aux antécédents familiaux d’un cousin opéré d’unkyste hydatique du foie, qui se plaint depuis une annéed’une constipation de type terminal associée à un syndromerectal fait de faux besoins et de ténesmes, sans hémorragiedigestive ni altération de l’état général. Il rapportait par ail-leurs une symptomatologie urinaire faite de dysurie et depollakiurie. Il présentait également une sciatalgie bilatérale.L’examen physique était sans particularités en dehors d’untoucher rectal douloureux avec perception d’un bombementpostérieur de la muqueuse rectale, à surface régulière, situéà 2 cm de la marge anale et la présence d’un orifice fistu-leux productif à l’examen de la marge anale. Le bilan bio-logique était normal. La coloscopie montrait un bombe-ment postérieur de la muqueuse rectale qui était normale,situé entre 2 et 5 cm de la marge anale. Le reste de la colo-scopie était sans anomalie. L’échographie ainsi que le scan-ner abdominopelvien objectivaient une formation kystiquemulticloisonnée faisant 11 cm de grand axe au niveau ducul-de-sac de Douglas, s’étendant aux fosses ischiorectaleet ischio-anale droite et à l’espace présacré sans signe desurinfection, en faveur d’un kyste hydatique de type III,avec des images linéaires à 9h du canal anal pouvant cor-respondre à un trajet fistuleux (Figs 1-3). On notait égale-ment la présence d’un kyste hydatique de type III des seg-ments VII et IV du foie non compliqué, de 7 cm de grandaxe. Il n’y avait pas d’autre localisation hydatique, notam-ment pulmonaire ou osseuse. La sérologie hydatique étaitpositive. Le patient était opéré en un premier temps par voiesous-costale droite avec réalisation d’une périkystectomiesubtotale du kyste hydatique du foie. En un deuxièmetemps, un abord par voie de Leriche gauche était pratiqué.L’exploration trouvait un kyste hydatique pelvien ayantdes rapports avec les axes vasculaires. Il était alors pra-tiqué une ponction-aspiration et une stérilisation du kystepar du sérum salé hypertonique. Les suites opératoiresétaient simples et le malade sortait cinq jours après l’inter-vention. Le malade était asymptomatique deux mois aprèsl’intervention.

L. Hamzaoui (*) · M. Mahmoudi · H. Ezzine · M.M. AzouzService de gastroentérologie, hôpital Med Taher Maamouri,Nabeul, Tunisiee-mail : [email protected]

M. Bouassida · S. SassiService de chirurgie générale, hôpital Med Taher Maamouri,Nabeul, Tunisie

Acta Endosc. (2014) 44:51-53DOI 10.1007/s10190-014-0370-9

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Discussion

L’échinococcose est due au développement tissulaire de lalarve du taenia Echinococcus granulosus, parasite, à l’étatadulte, de l’intestin grêle des canidés. Ce parasite se trouvesur tous les continents, avec des zones de forte prévalence enChine, en Asie centrale, au Moyen-Orient, dans la régionméditerranéenne, l’Afrique orientale et certaines parties del’Amérique du Sud. L’homme est un hôte intermédiaire acci-dentel. La localisation la plus fréquente est le foie (59 à 75 %),suivie par le poumon (27 %), les reins (3 %), les os (1 à 4 %),le cerveau (1 à 2 %). Les autres localisations, comme le cœur,le pancréas, la rate, l’ommentum, les ovaires, les paramètres,

le pelvis, la thyroïde, l’orbite, le rétropéritoine et les musclessont très rares [2]. L’échinococcose sévit à l’état endémiqueen Tunisie. La localisation pelvienne est retrouvée dans 0,3 à4,27 % des cas [3]. Dans cette forme clinique, la contamina-tion se fait généralement par voie péritonéale et elle est alorssecondaire à une fissuration ou une rupture intra-abdominaled’un kyste hydatique du foie, comme dans notre cas, ou de larate [4]. La forme pelvienne primitive est exceptionnelle, et lacontamination dans ce cas se fait par voie sanguine ou lym-phatique à partir d’un embryophore ayant passé les barrièreshépatique et pulmonaire [5].

La symptomatologie clinique est non spécifique. Lemode de révélation le plus fréquent est la découverte d’unemasse pelvienne ou une compression des organes de voisi-nage [6] pouvant donner des signes urinaires (dysurie, pol-lakiurie, hydaturie qui est pathognomonique et traduit lafissuration du kyste dans la vessie, digestifs (constipation),gynécologiques (métrorragies), obstétricaux (dystocie), neu-rologiques [7]. Notre patient avait une symptomatologie uri-naire, neurologique et digestive. Le tableau clinique esttrompeur et l’interrogatoire doit alors rechercher les facteursde risque : le milieu rural, la profession, un contact avec leschiens, des antécédents de chirurgie pour une hydatidosehépatique [8]. Notre malade était d’origine rurale et avaitla notion de contact avec les chiens. La maladie peut égale-ment se révéler par une complication à type de surinfection,de rupture, d’insuffisance rénale obstructive par compres-sion des uretères ou d’ouverture du kyste dans la vessiequi reste exceptionnelle [1].

L’imagerie reste le principal outil pour établir le diagnos-tic. L’échographie est l’examen de première intention mais lescanner fournit des informations plus précises concernant lataille, la localisation, le nombre et les organes de voisinage

Fig. 1 Échographie pelvienne : masse hypoéchogène hétérogène

Fig. 2 Coupe TDM axiale, après injection du produit de contraste :

kyste hydatique pararectal

Fig. 3 Coupe TDM après injection du produit de contraste : loca-

lisation hydatique hépatique

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du kyste. Les images échographiques sont classées en cinqtypes comme celles décrites au cours du kyste hydatique dufoie :

• type I : image anéchogène pure bien limitée ;

• type II : image anéchogène avec décollement de mem-brane ;

• type III : collection liquidienne multivésiculaire ;

• type IV : masse d’échostructure hétérogène, pseudotumo-rale ;

• type V : kyste calcifié [7].

Notre patient présentait un kyste hydatique de type III. Lediagnostic différentiel se pose avec un kyste ovarien ouhydrosalpinx chez la femme en cas de kyste hydatique typeI dit monovésiculaire. Les types II, III et V ne posent pasde problème diagnostique mais le type IV, dit pseudotumo-ral, est difficile à distinguer d’une masse ovarienne ou d’unfibrome utérin, d’un kyste dermoïde ou d’un abcès. La tomo-densitométrie trouve alors son indication dans ce cas enconfirmant le diagnostic et permettant de rechercher d’autreslocalisations au niveau de la cavité abdominale [6]. La radio-graphie du thorax suffit pour rechercher une localisation pul-monaire. La sérologie hydatique est positive dans 30 à 70 %des cas pour les localisations extra-hépatiques. L’hyperéosi-nophilie est évocatrice dans 33 à 53 % des cas [7]. Notremalade n’avait pas d’hyperéosinophilie mais la sérologiehydatique par test ELISA était positive.

Le traitement du kyste hydatique est chirurgical. La voied’abord doit être large. La stérilisation du kyste et la protec-tion des champs opératoires est recommandée par des solu-tions scolicides (généralement par de l’eau oxygénée). Il estrecommandé de faire une kystectomie ou une périkystecto-mie si le kyste est accessible. La périkystectomie partielle estune autre modalité thérapeutique pour les kystes profonds etau contact avec les éléments vasculaires. Dans certains cas, ilest parfois nécessaire de pratiquer une ablation partielle outotale d’un organe envahi par l’hydatidose. La cavité abdo-minale doit être examinée dans sa totalité à la recherched’autres localisations notamment hépatiques [8]. Le traite-ment médical postopératoire à base de dérivés du benzomi-dazole (albendazole 15 mg/kg) pendant plusieurs mois pouréviter les récidives a été préconisé par certaines équipes. Lasurveillance postopératoire repose sur l’examen clinique, lasérologie hydatique et l’imagerie [9]. Notre malade n’a pasété mis sous traitement médical en postopératoire. Le derniercontrôle clinique, trois mois après l’intervention, était nor-

mal. La particularité de cette observation, outre la localisa-tion pelvienne du kyste, réside dans le traitement adopté parponction-aspiration, pour éviter des atteintes des organes devoisinage ou une réaction anaphylactique à la suite d’unedispersion du liquide hydatique dans la cavité péritonéale.

Conclusion

La localisation pelvienne est une localisation exceptionnellede l’hydatidose. La symptomatologie clinique est souventtrompeuse. L’échographie et la tomodensitométrie sont d’ungrand apport dans le diagnostic positif. Le traitement est chi-rurgical. Dans le traitement du kyste hydatique pelvien, il fautpréférer une ponction-aspiration sans extraction chirurgicaledu kyste. Bien que rare, ce diagnostic est à évoquer devant unprocessus pelvien dans des pays d’endémie pour l’hydatidose.

Conflit d’intérêt les auteurs déclarent ne pas avoir de conflitd’intérêt.

Références

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9. Karim E. Localisations abdominales et péritonéales exceptionnellesdu kyste hydatique. À propos de 2 cas. Ann Chir 1981;35:109–13.

Acta Endosc. (2014) 44:51-53 53