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LES AMERINDIENS·

DES PEUPLES POUR

LA GUYANE DE DEMAIN·

Un dossier socio-économiquepar

Pierre et Françoise GRENAND

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Photo de couverture: Marie Françoise PREVOST -1985­Village wayampi de Tamali (Trois Sauts)

© Orstom - Institut français de Recherche scientifique pour le Développement en Coopération.213, rue Lafayette 75010 Paris.

Centre Orstom de CayenneB.P. 165 - 97323 Cayenne Cedex.Téléphone: (594) 30.27.85Télécopie: (594) 31.98.55/ Télex: 910 608 FG

Reproduction interdite.Les propos tenus dans cette publication n'engagent que leurs auteurs.

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- SOMMAIRE -

Avant-propos 3

Avertissement : 4

L'image de l'Amérindien, fabrication d'un mythe 7

..---Les Amérindiens et l'histoire ~ ~ Il

Les ethnies contemporaines : quelques données pratiques 17

Bilan démographique : de la décadence au renouveau 40

Les concessions foncières amérindiennes: un dossier fondamental .. 47

Conclusion : les chemins de l'harmonie 59

Orientation bibliographique · 65

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Remerciements.

Nous remercions le Conseil Général de la Guyanepour sa participation financière à l'élaboration de. cet .ouvrage;

-le Lacito-CNRS, pourson aide dans l'élaborationdes cartes;

- le CRESTIG, pour la composition du texte;

- l'Association des Amérindiens de Guyanefrançaise (A.A.G.F.)et l'Association Culturelle des Ara­wak de Sainte-Rose de Lima pour leur aimable soutien àl'iconographie.

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AVANT-PROPOS

"L'aube ! crièrent-ils tous ensemble, l'aube! Enfin l'aube."

Extrait d'un conte wayampi :"L'Arc-en-ciel et la Couleur des Oiseaux"

L'histoire, la culture, les activités et les problèmes auxquels setrouvent confrontés les Amérindiens sont encore très mal connus endépit des efforts entrepris au cours de ces dernières années par lesassociations représentatives des différentes communautés, tant auprès.des. instances politiques et administratives que du grand public.

Cet état de fait constitue un frein au dialogue entre les différentescomposantes socio-culturelles de la Guyane au moment où s'amorceune réflexion sur les problèmes d'identité, de guyanité et sur un projetde société susceptible d'obtenir l'adhésion de tous les partenaires.

TI est donc apparu nécessaire de pouvoir réunir les informationsde base indispensables dans un document de synthèse accessible à touset capable de servir de fil conducteur à tous ceux qui voudraientaméliorer ou approfondir leurs connaissances.

C'est dans cette perspective que Pierre GRENAND,anthropologue, chargé de Recherches à l'Institut Français deRecherche Scientifique pour le Développement en Coopération"(ORSTOM) et Françoise GRENAND, ethnolinguiste, chargée deRecherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS­LACITO), ont élaboré ce dossier socio-économique consacré auxAmérindiens.

Les questions fondamentales' qui sont posées contribuerontcertainement àalimenter les réflexions et à ouvrir des pistes nouvelles,aussi bien dans le domaine de la recherche que dans celui de l'actionpour qu'enfin, se lève pour ces peuples, l'aube décisive tant attendue;après la longue nuit dans laquelle la Conquête les avaientplongés.

Jean'NlICHOTIE

Représentant de i'ORSTOM en GuyaneDirecteur du Centre ORSTOM de Cayenne

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AVERTISSEMENT

Cette publication s'inscrit dans une suite de travaux que d'autresspécialistes et nous-mêmes avons consacrés à ce qu'il est convenud'appeler la question amérindienne.

De fait, en Guyane, il n'y.a pas plus de problème amérindien quede problème hmong, créole ou métropolitain; ou plus exactement, laGuyane étant composée d'un chapelet multicolore de communautésd'importances numériques différentes et de trajectoires historiquesvariées, le véritable problème de ce pays est celui de leur articulation,afin de permettre le fonctionnement d'un ensemble sociologique enfin

. cohérent.

Après vingt ans d'engagement éducatif puis scientifique, et de viepartagée avec les Amérindiens, notre but est aujourd'hui de tenter,après avoir réexaminé les caractéristiques principales de chacune des .six ethnies amérindiennes, d'en évaluer les potentialités.

. Nous souhaiterions en effet que le lecteur puisse trouver dans cedocument aussi bien des éléments culturels et historiques decompréhension, que des suggestions d'ordre pratique qui puissentpermettre une intégration harmonieuse des Amérindiens dans la vie dudépartement, une Guyane postulée comme multiethnique.

C'est pourquoi nous nous adressons essentiellement ici auxdécideurs politiques et économiques ainsi qu'aux divers fonctionnairesqui sont, un jour ou l'autre, au détour d'une question à régler,confrontés à des hommes qu'ils ne parviennent pas à cerner et à descivilisations dont l'étrangeté leur fait oublier tout sens critique.

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Enfin, notre ambition est d'expliciter l'émergence politique despopulations traditionnelles. La Guyane est loin de connaître lestensions dramatiques de la Nouvelle-Calédonie, mais il serait trèsgrave, plus par négligence que par mauvaise foi, nous n'en doutonspoint, de laisser s'installer un climat de tension et de .frustration quiconduirait inéluctablement à la situation que l'on connaît. Là encore,nous tenterons de montrer que quelques solutions pratiques etbeaucoup d'ouvertured'esprit et de bonne volonté pourraient éviterl'escalade dans l'intérêt de tous.

Depuis ces vingt dernières années, nous avons assisté en Guyane àl'émergence des Amérindiens en tant que force politique, ce queprévoyait déjà la préface à l'un de nos articles en 1979 :

"Ce peu d'Indiens d'il y a encore quelques années, qui imposait enpriorité des mesures d'urgence pour en enrayer l'extinctionphysique, devient aujourd'hui une force peu à peu consciente etsans doute bientôt unie et organisée"). .

Avant d'augurer de l'optique selon laquelle les lecteursappréhenderont le présent document, il nous semble important derappeler certaines données :

- 1981 : Création de l'Association des Amérindiens de Guyane;- 1984: 1er Congrès des Amérindiens de Guyane;- 1986 : Election d'un Conseiller Régional galibi ;- 1989: Création de. la Commune d'Awala-Yalimapo.

1 Groupement d'Infonrtation Amérique. in : Les Amérindiens de Guyanefrançaise aujourd'hui : éléments de compréhension. Journal de laSociété des Américaniste. tome LXVI. Paris. 1979. pp.361-382.

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L'IMAGE DE L'AMERINDIEN,

FABRICATION D'UN MYTHE

Même si de nos jours, chaque minorité amérindienne se trouveindissolublement liée à la politique particulière de tel ou tel Etat ducontinent américain, il n'en reste pas moins que son image est leproduit d'une idéologie globale, issue de la pensée occidentale depuisle XVllème siècle. .

li. convient d'ailleurs de distinguer vision et pratiques : par. exemple, la même poussée anti-jésuite issue largement du courant·

philosophique du XVIIIème siècle entraîna des conséquencespolitiques divergentes en Guyane et au Brésil. .

li est un point essentiel dont il faut se souvenir: les Européens, aucours des 450 dernières années, se sont forgés une vision globalisée del'Indien d'Amérique,' composée d'images fixes et de véritésapplicables à n'importe quelle "tribu", de l'Alaska à la Terre de Feu.De ce point de vue, tout Indien de Guyane est d'abord considérécomme un Indien d'Amérique.

Sur quels fondements repose cette globalité? Ce ne sont ni le lieu,ni le temps de refaire l'histoire de la pensée française concernant lesAmérindiens, mais plus simplement d'en. réévoquer les jalonssuccessifs. .

Les grands stéréotypes ont des fondements réels et vécus : lesHurons du Canada observés par Jacques Cartier en 1535, lesTupinambade la Côte du Brésil décrits par Thevet en 15~8 ou par Jeande Léry en 1556 et dont Montaigne fera un chapitre de ses Essais, sansomettre les Caraïbes des Antilles dont parle abondamment ChristopheColomb lui-même dès 1492. A l'époque contemporaine, les Apaches etles Sioux revus en grand écran par le cinéma, ainsi que les Jivaro et

. autres Yanomami des récits à sensation de pseudo explorateurs, sontvenus prendre le relais dans l'imaginaire collectif.

Certes, l'Amérique est riche de biens d'autres culturesamérindiennes, mais quelques grands traits sans cesse mis en avantdans les débats d'idées sont basiquement extraits des portraits desethnies ci-dessus évoquées, lorsque l'on veut dépeindre l'Indiend'Amérique :

D'abord, il est nu, ce qui est l'antithèse de la philosophie du corpscaché de notre civilisation chrétienne.

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Ensuite, il est guerrier: jusqu'à la Révolution, ce trait serainvariablement perçu comme un signe de noblesse, alors qu'à partir duXIXème siècle, les avis seront partagés entre la noblesse et la barbarie.

Il est aussi nomade, ne s'attachant à aucun lieu: cette notionheurte de front celle d'espace délimité, héritée en ligne droite du fiefmoyenâgeux, puis cellede frontières nationales.

Enfin, il est fils de la nature, cela agrémenté de deux affirmationsqui seront utilisées contradictoirement:

D'une part il est le meilleur connaisseur et protecteur de la naturequi se puisseconcevoir, d'autre part, il est, comme les animaux, toutentier livré à ses instincts : dans un monde tel que le nôtre où leslibertés se conquièrent, on imagine fort bien les conséquences d'unetelle affirmation!

Généralement, le débat se termine sur cette affligeanteconstatation notée dès le XVlème siècle et que l'on entend encorecouramment de nos jours : l'Indien se dégrade inexorablement dès sonpremier contact avec LA civilisation.

Ces quelques idées entraînent de nombreux débats dont sontencore largement conséquentes les décisions politiquescontemporaines. Pour ne pas obscurcir l'exposé, attachons-noussimplement et brièvement à celles qui ont fleuri au Xvlflème siècledans la période pré-révolutionnaire, c-ar, comme l'a montré J.Hurault, nous relevons déjà dans les _écrits de cette époquepratiquement toutes les propositions rediscutées depuis 1948 pourl'administration des Indiens.

On peut isoler trois philosophies: Selon la première, prônée enparticulier par les Gouverneurs d'Orvilliers dans la première moitiédu XVillème siècle, les Indiens sont libres, alliés de la France etsusceptibles, en fonction de la belle et forte image que les Français leurauront montrée d'eux-mêmes, de devenir volontairement des sujets duRoi. Si l'on met de côté les problèmes pratiques d'administration et leconcept, alors enraciné, de progrès par la foi catholique, nous devonsessentiellement retenir que l'Indien reste libre et maître de sès choixculturels, cependant que son adhésion aux valeurs françaises ne peutque se faire à un haut niveau, celui du noble l'épée au côté.

La seconde philosophie fut édictée par Bessner (1777), reprisesous le Consulat par Leblond (1802) et enfin par l'explorateurCoudreau (1893).

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)

Basiquement, les Indiens, tels qu'ils sont, possèdent un certainnombre de qualités physiques et de connaissances pratiques, mais cesont des gens qui vivent dans le désordre ou la paresse, ce qui les rendinutiles à la colonie. Il faut les contraindre à se civiliser en leur créantêles besoins, et, éventuellement en employant la force, les obliger à sesédentariser. Coudreau avance un dernier pion, celui du métissageplanifié débouchant sur des colonies agricoles industrieus.es etproductives. il est donc clair que l'Indien n'a pas sa place en Guyane,autrement que comme individu (assimilé ou métissé), producteur dansun-contexte colonial. Cette conception d'apparence radicale est liée àl'un des points fondamentaux de l'idéologie de la démocratiebourgeoise, celle du progrès par le travail.

La troisième philosophie fut essentiellement développée parl'Ordonnateur du Roi Malouet (1776) puis par les deux premiersDéputés de la Guyane sous la Première République, Bertrand etPomme (1791).

Selon eux, les Indiens sont des enfants de la Nature; libres, ils nedoivent aucune allégeance à la France, mais l'expérience des deuxcents dernières années (nous sommes au XVIIIème siècle) montrequ'ils sont rebelles -voire inaptes ?- à toute forme de civilisation. Ilconvient donc de les laisser en paix, puisqu'ils ne peuvent en aucun casêtre intégrés dans le tissu économique de la région. Néanmoins, pourdes raisons humanitaires, la France leur doit protection, eu égard àleur statut de premiers occupants. Nous sommes là face au discoursrousseauiste parfait, dans lequel l'on admet que ces frères de la Naturene peuvent qu'être pollués par la civilisation sans en retirer lesbénéfices.

Le premier discours, en raison de sa gangue d'Ancien Régime,est un discours périmé. Il n'empêche que c'est le seul à reconnaître unevaleur intrinsèque à ces civilisations différentes de la nôtre et à poserle problème de la place légale des Amérindiens dans la Nation.

Les deux autres. discours, sous une teinte modernisée, et serecoupant ou se contredisant bien souvent, ont encore cours dans laGuyane contemporaine : certains n'abandonnent pas l'idée desédentarisation ; d'autres veulent faire des Indiens les fournisseurs defarine de manioc (couac) de toute la Guyane ; tel autre jugeinadmissible qu'ils passent leur vie à pêcher et à chasser pendant que lepeuple industrieux travaille; tel décideur trouve injuste qu'ils nebénéficient pas, comme tout le monde, de l'aide .au logement,

-cependant que l'attribution des allocations familiales, erï'èn faisant des ­consommateurs, les intègre malgré eux dans l'économie de marché dudépartement ; enfin, exemple majeur d'une politique de balancier,

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alors que la France, en 1967, leur octroie à la va-vite une citoyennetéau rabais, ni désirée ni comprise, la Préfecture, en 1971, instaurel'interdiction de pénétrer en pays indien (pour le sud du départementseulement), afin de les protéger sanitairement et culturellement.

Quant à la licence que les Indiens ont de choisir de faire ou de pasfaire leur service militaire, elle est directement issue de l'idée des

. d'Orvilliers selon laquelle les Indiens pouvaient choisir leur bannièreet montrer qu'ils restaient alliés des Français en toute liberté.

En bref, il est raisonnable d'affirmer qu'en cette fin du XXèmesiècle, la République se retrouve avec un dossier administratif etpolitique, qui, quoique modeste, n'en reste pas moins irrésolu.

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LES AMERINDIENS ET L'HISTOIRE

Si le regard que le monde extérieur porte sur l'Indiend'Amérique est essentiellement globalisant, il n'en demeure pas moinsque les sociétés amérindiennes vivant actuellement en Guyane sont leproduit d'une histoire qui leur est propre et qui, si elle pose auchercheur encore bien des interrogations (cf. la bibliographiecommentée), offre cependant un certain nombre de points forts quiéclairent de façon extrêmement vive la situation contemporaine.Plutôt que de reprendre ici un bilan événementiel déjà largementdiffusé', il nous semble préférable d'en extraire les points forts.

a· Les Amérindiens de Guyane et l'Amérique

Les six peuples amérindiens vivant actuellement sur le territoirede la Guyane appartiennent à des ensembles linguistico-culturelsdépassant largement les limites du département.

Les Galibi et les Wayana, de la famille linguistique karib, sontliés, par divers traits d'organisation sociale, à un vaste ensembled'ethnies allant de la Guyane à la boucle de l'Orénoque à l'ouest et à larive septentrionale de l'Amazone au sud (P. Rivière, 1984);

Les Palikur et les Arawak, membres de la famille linguistiquearawak, et caractérisés par un système d'organisation clanique, serattachent à un autre grand groupe culturel, atomisé de nos jourspratiquement aux quatre coins du bassin amazonien.

(/

Les Wayampi et les Emerillon, enfin, de la famille linguistiquetupi-guarani, marquent aujourd'hui l'avancée la plus septentrionaled'un ensemble- de populations, jadis guerrières et mobiles, issues duBrésil méridional et du Paraguay.

v •

A l'intérieur de chacune de ces familles linguistico-culturelles, ilserait illusoire de croire que les sociétés présentent un caractère uni, etce, particulièrement au niveau des langues et de l'exploitation dumilieu. TI est en revanche plus intéressant de s'interroger sur la naturedu savoir que chaque groupe indien a de l'ensemble des autres.

Remarquons tout d'abord que ce savoir s'est considérablementrestreint au cours des derniers siècles, les zones de mouvance dechaque population étant aujourd'hui séparées par des immensités videsd'hommes ou bien étant au contraire enclavées dans des zones depeuplement post-colonial. Mais même- ainsi, leur vision du monde

IGrenand. P. et F., 1985 ; Grenand P. 1979.1 1

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amérindien demeure relativement vaste et recouvre, pour chacuned'elle, pratiquement toute la moitié orientale des Guyanes .

. Le cas des Galibi, qui ont une connaissance claire de toutes leurssubdivisions de l'Amapa au Vénézuela, demeure un cas exceptionnel.L'appartenance aux grands groupes ethnolinguistiques que nousvenons d'évoquer n'est bien entendu pas faite selon les critèreseuropéens de classement, mais cela n'empêche pas les Palikur parexemple d'être parfaitement conscients de la typologie linguistique etde pouvoir dresser une carte historique des anciennes langues parléesdans l'Amapa, de la même manière que les Galibi ont une netteconscience que leur langue présente des similitudes structurelles aveccelle des Wayana ou avec celle des Tirio.

D'ailleurs, l'évolution politique actuelle, induite en particulierpar l'accès à .la littérature anthropologique et par les voyagesqu'entreprennent divers responsables amérindiens dans d'autres paysdes deux Amériques, entraîne une rapide prise de conscience qu'ilexiste ailleurs des peuples qui leur sont très proches.

b· Les relations inter-tribales

Si l'on peut déjà déduire cette affirmation de ce qui précède, ilconvient cependant d'insister sur le fait que les sociétés du présent sontle produit d'une dynamique complexe. Ce ne sont pas six ethnies que laGuyane comptait au XYlème siècle, mais plus d'une trentaine.

L'écart considérable entre ces deux chiffres trahit d'abord unénorme déficit démographique, et implique en outre, un mécanisme defusion interethnique qui a particulièrement été bien mis en lumièrepour ce qui est des Galibi, des Palikur, des Wayampi et des Wayana(Hurault, 1972; Grenand, P., 1982 ; Grenand P. et F., 1987).

Le nombre important d'ethnies anciennes implique égalementqu'en dehors d'une région apparemment vide à la fin du XYlèmesiècle entre la moyenne Mana et le moyen Maroni, la Guyane étaitpeuplée, à l'arrivée des Européens, de façon continue et homogène.Les nombreux sites archéologiques interfluviaux que l'on met peu àpeu à jour actuellement le confirment pleinement. .

Nous devons donc comprendre que la Guyane amérindienneancienne n'était pas composée de groupes isolés et éloignés les uns desautres, mais bien au contraire, de sociétés, qu'elles aient été en guerreou en paix, en contact permanent à travers des échanges commerciaux,des échanges festifs, voire des échanges matrimoniaux.

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Certes, comme dans le cas des Galibi et des Palikur, les relationsétaient loin d'être toujours harmonieuses, mais -nous avons là,cependant, une des clés des relations intertribales, et l'émergenceactuelle d'une Association des Amérindiens de Guyane n'est qu'unnouvel avatar, qui, quoique modelé selon des normes occidentalescontemporaines, ne tire pas moins ses racines de ces réseaux anciens.On ne peut pas comprendre autrement le caractère festif marqué parles flots de cachiri et les grondements des tambours, qui, à l'appel desGalibi en Décembre 1984 à Awala, saluèrent le premier rendez-vous

. contemporain des Amérindiens de Guyane.

Quant aux soit-disant isolats, tels les "Oyaricoulets" quiconnurent en leur temps une gloire journalistique éphémèret, ilss'avèrent être, la plupart du temps, de petits groupes ayant scissionnépar crainte des épidémies, lors de conflits tribaux ou encore lors decontacts désastreux avec les Occidentaux. TI ne s'agit donc pas depopulations oubliées du reste de monde comme on le laisse souventcroire, mais de stratégies de repli contrôlé. D'ailleurs, des groupes telsque les Wayampi ont connu dans leur histoire ce genre de situation :après le passage de l'explorateur Coudreau (1893), une fraction descommunautés wayampi s'isola aux sources de l'Oyapock pour fuir lesdiverses épidémies qui les accablaient. Cette fuite ne fut pas pourautant une operculation totale puisque les sabres, les haches et lescouteaux, achetés dans la région de Saint-Laurentdu Maroni par desBoni,continuèrent à leur parvenir de loin en loin, acheminés par descolporteurs wayana qui les visitaient à pied. Cette retraite, quidemeura totalement ignorée des Français, fut conduite par les grands-:parents des actuels habitants des villages du haut Oyapock. Elle durapresque cinquante ans.

On serait tenté de terminer sur une boutade: les Indiens inconnusexistent-, mais il n'existe pas d'Indiens qui ignorent les Blancs. nn'y aque des Indiens qui refusent le contact avec les Blancs. Ce refus ducontact, qui peut, comme on l'a vu, survenir à la suite de circonstancesdiverses, ne doit pas seulement être interprété comme une réactionsauvage, mais comme un choix mûri, mis en œuvre en cas de force .majeure, et les Wayampi, par exemple, en parlent comme étant encoredu domaine du possible. .

c • Les Amérindiens et la Guyane

Les différentes philosophies politiques concernant la place quel'on pensait pouvoir assigner aux populations amériadiennes dans le

1Les Wayana et les anthropologues savent bien qu'ils sont un sous-groupe tirio. .2Actuellement. tant dans l'extrême sud de la Guyane qu'en territoirebrésilien voisin. ils ne représentent que des groupuscules infimes.

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pays ne doivent pas nous faire oublier que ces populations furent desacteurs soit s'étant opposés, soit ayant participé à la formation de lacolonie. J. Hurault (1989) a minutieusement décrit le type de rapportsque les Amérindiens entretinrent avec les Français et les autres nationscolonisatrices et nous ne saurions trop recommander la lecture de sonouvrage "Français et Indiens en Guyane".

TI est un point sur lequel nous voudrions cependant insister, cesont précisément les rapports que les Amérindiens entretinrent avecles Hollandais (aujourd'hui, les Surinamiens), les Portugais(aujourd'hui, les Brésiliens), et avec les Français. Très tôt, les ethniescôtières apprirent à reconnaître les traits spécifiques de chaque nationeuropéenne ainsi que les antagonismes qui les opposaient les unes auxautres : par exemple, les Français encouragèrent les Aman à attaquerles Missions des Portugais tandis que ces derniers se servaient depopulations tupi-guarani soit déjà missionarisées, soit encoreindépendantes comme les Wayampi, pour attaquer et réduire enesclavage les Amérindiens de Guyane.

Mais ils en furent souvent aussi les bénéficiaires: soit parce qu'ilsacquéraient dans ces alliances multiples, les objets manufacturés siconvoités, soit parce qu'ils trouvaient auprès des Français ou desHollandais une protection armée, voire des alliés offensifs dans leurspropres stratégies guerrières: ainsi, en 1624, Jesse des Forest se vitcontraint de s'allier aux Palikur et aux Arakaré pour attaquer leurennemi commun, les Mayé.

Très vite également, qu'ils fussent côtiers ou de l'intérieur, lesAmérindiens apprirent à distinguer le comportement amical (dontnous avons montré en d'autre temps, qu'il n'était pas entièrementdésintéressé) des Français et des Hollandais d'une part, de la violencedes Portugais d'autre part. Ils sauront aussi utiliser le chantage, tels cesGalibi qui, vers 1770, ayant fui à Surinam, négocieront fort cherl'amitié que leur portait Monsieur de Fiedmont, Gouverneur deCayenne.

De nos jours, et ce n'est pas l'un des moindres problèmes qui se. pose à l'Administration, les Amérindiens continuent de jouer sur leurs

propres réseaux diplomatiques. Globalement, la France,' vue tant sousl'angle des Métropolitains que des Créoles, maintient et mêmerenforce son aura de nation pacifiste et accueillante.: d'une façongénérale, les' mouvements de populations depuis 1948 ontessentiellement.été enregistrés dans le sens Surinam ou Brésil vers laGuyane. Deux seuls cas de mouvements inverses ont été enregistrés:entre les années 1945 et 1958, un groupe d'Emérillon s'installa auBrésil mais revint au bercail, cependant qu'une cinquantaine de Galibi,désireux de s'installer dans la région de Saint Georges de l'Oyapock,se virent contraints, à la suite de conflit avec les Palikur du lieu (ultime

1 A

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rémanence des guerres anciennes), relayé par la réserve des Créoles,de s'installer sur la rive brésilienne de l'Oyapock, généreusementaccueillis par les Brésiliens qui, bien trop contents de pouvoir enfinfaire une leçon de morale à la France, leur octroyèrent rapidementune réserve foncière pour se les attacher.

Pourtant, il serait dangereux d'optimiser: tout d'abord parce queles Amérindiens sont très attachés à la notion de libre circulationinternationale par dessus les frontières issues de la colonisation; c'esten particulier le cas des Wayana, des Galibi et des Palikur. Quant auxArawak, nous avons pu constater qu'ils se tiennent constamment aucourant du marché de l'emploi (en particulier comme forestiers) quipeut les conduire de Georgetown à Cayenne et vice versa. Même lesgroupes les moins mobiles, comme les Wayampi ne sont pas épargnéspar cet impérieux besoin de liberté de mouvement: en 1985, plusieursd'entre eux désirant se rendre en Amapa chez les Wayampiméridionaux avec lesquels ils ont des .liens de parenté, ne purentadmettre que ce déplacement familial soulevât des problèmesadministratifs.

d~ Des Amérindiens citoyens

Tout ce qui vient d'être énoncé sur les entités que peuventreprésenter les ethnies amérindiennes, avec leurs stratégies, leursalliances, le poids de leur histoire, fut soudain confronté à une notionétrange sortie il y a maintenant plus vingt ans des dossiers despoliticiens etde l'Administration: celle de citoyenneté française. Quel'on nous permette de tenter ici une analyse! dépassionnée de laquestion. y

Entre 1967 et 1969, environ 65% des Amérindiens de Guyanedevinrent ainsi français sans le comprendre. Peu importa que lesgénéalogies et les structures familiales, établies sans compétence,fussent erronées ; peu importa que certains Galibi eussent déjà despapiers d'identité hollandais et des Palikur des papiers brésiliens,c'était un cadeau.

Ce que l'Administration ne perçut pas, c'est que les six ethniesamérindiennes de Guyane n'en étaient pas au même degré de contactavec notre civilisation et qu'offrir une carte d'identité à un Galibi qui adéjà travaillé comme marin-pêcheur sur des chalutiers ouà un Palikurqui fut débardeur pour une grosse société forestière, n'a pas la même .valeur que de l'offrir à un Wayampi du fond des bois.

1Une fois de plus. nous renvoyons le lecteur aux pages désabusées danslesquelles J. Hurault fait l'histoire de la francisation et en dresse unaccablant bilan (Ethnies. nOI-2; 1985. pp. 42-49).

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Pour les premiers, être citoyen français constitueindiscutablement un acquis, qui, à condition que l'on prenne le tempsd'en expliciter le fonctionnement, les devoirs et les droits, etd'accepter d'y apporter des aménagements, peut s'avérer très utile auxindividus.

Pour les seconds, devenir citoyen français était tout simplementune incongruité. Les Wayana, mis en garde par un Français établiparmi eux, André Cognat, du côté empoisonné que pouvait avoir cecadeau, ·le refusèrent en bloc. Les Wayampi et les Emérillon,décontenancés, n'y virent qu'un renforcement de l'alliance qu'ilsentretiennent, de nation à nation, avec la France.

Dans l'esprit du législateur, l'idée était sans doute belle etgénéreuse: offrir aux Indiens de devenir des Français à part entière,c'était leur offrir dans le même élan l'école laïque et gratuite, lesallocations familiales, la sécurité sociale, bref, c'était régler leproblème indien par la civilisation, aboutir à l'assimilation avec toutesles garanties de la démocratie à la française.

Or les faits s'obstinent à démentir les idées. Le problème indiendemeure., parce que l'Administration, peu soucieuse à l'époque.d'écouter les avis des spécialistes des questions tribales, commit lafatale erreur de confondre les Indiens en tant qu'individus et lesNations Indiennes en tant qu'entités constituées. Or c'est bien en tantque nations que les Amérindiens de Guyane nous côtoient depuis laConquête, non en tant qu'individus. On peut en voir un indice dans lefait que les votes groupés (votes villageois) sont encore majoritairesdans les scrutins nationaux ou, européens. De même, en 1976, leshabitants de Trois Sauts firent bloc devant un absurde appel sous lesdrapeaux et un chef résuma le sentiment de tous par ces mots acerbes :"Désormais, les Français ne sont plus nos alliés, parce qu'ils ontrompu l'alliance".

L'Administration ne tarda d'ailleurs pas à voir l'étendue de sonerreur, et la citoyenneté française appliquée aux Indiens subit quelquesaménagements de détail: les impôts locaux ne sont pas levés; l'appelsous les drapeaux est réservé aux francophones qui en fontexpressément la demande; l'assistance médicale gratuite estgénéralisée. De fait, l'Administration en est donc venue à considérerles Amérindiens comme des citoyens d'un autre type, c'est à dire àreconnaître implicitement ce que les spécialistes de la question et lesAmérindiens eux-mêmes disent explicitement, à savoir la nécessitéd'aménagements qui prennent en compte les réalités culturelles de cespopulations.

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LES ETHNIES CONTEMPORAINES:QUELQUES DONNEES PRATIQUES

Nous avons choisi de présenter ici sous forme de fichesignalétique chacune des six ethnies amérindiennes du- Département.

Nous insisterons en particulier sur les différents noms souslesquels elles sont ou ont été connues, car c'est là source de grandeconfusion .sur leur localisation actuelle, incluant le critère de mobilitéspatiale ; sur leur démographie présente ; sur leur Situation culturelle,linguistique et économique contemporaine ; enfin, Sur leurspotentialités respectives dans le cadre d'une Guyane pluri-ethnique.

Nous laisserons de côté les aspects plus proprementethnographiques, touchant au religieux ou à l'organisation sociale,renvoyant le lecteur à la bibliographie commentée, tant le cadre quinous est imparti ici ne pourrait laisser place qu'à de vagues généralitéssans grand intérêt.

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ARAWAK

Jeune homme el jeune fille.Cliché w. WISSER

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ARAWAK

1. Nom de l'ethnie, synonymes

Arawak est le nom couramment accepté par l'ethnie et utilisédans l'ensemble des Guyanes (variante : Arowak au Surinam).L'autodénomination est Lokono, "êtres humains".

2. Localisation passée et actuelle

n s'agit sans aucun doute de l'une des plus anciennes populationsdes trois Guyanes où elle a été en concurrence permanente avec lesGalibi. De nos jours, leur territoire est pour ainsi dire entrelacé aveccelui de ces derniers.

En Guyane française, les Arawak ont toujours été minoritaires etdisparurent même de notre territoire pendant près d'un siècle.

Ce n'est qu'après la: seconde guerre mondiale qu'un courantmigratoire en retour va s'établir du Surinam vers la Guyane française.Après divers avatars, deux groupes relativement stables vont seformer, l'un sur la Crique Balaté près de Saint Laurent du Maroni,l'autre dans l'ne de Cayenne. La localisation de ces groupes vise à lafois à maintenir un habitat rural et à profiter des offres d'emploisurbains.

Les Arawak de Guyane restent en relation suivie avec ceux duSurinam et même avec ceux de Guyana; les mariages interethniquesavec les Galibi sont de plus en plus fréquents. Nombre d'entre euxgardent la nationalité surinamienne et la mobilité territoriale desindividus (mais non celle des groupes) reste grande.

3. Démographie actuelle

En 1985, les Arawak de Guyane étaient 310, incluant des famillesvivant dans la trame urbaine. En 1980, les communautés villageoisessont les suivantes:

1- Larivaut 1

2- Sainte Rose de Lima3- Saut Sabbat4- Balaté

33 h.84 h.24 h.135 h.

1 Les numéros portés devant chaque nom de communauté sontidentiques à céux portés sur les cartes.

'f'\

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4. Situation culturelle, linguistique et économiqueactuelle

Nous renvoyons à la lecture d'un rapport ORSTOM demandé parla DDE, intitulé "LesArawak de Sainte Rose de Lima" (Grenand, P. etal., 1981) dans lequel nous montrons clairement que:

- le système social fondé sur des clans matrilinéaires maintientune forte cohésion ethnique;

- les Arawak se paupérisent de plus en plus ;- ils s'accrochent désespérément à l'agriculture dans des

conditions pourtant précaires..

En 1982, la rénovation réussie d'un de leurs villages, Sainte Rosede Lima, menée par un jeune stagiaire de la DDE, l'architecte MichelSauvaire, leur a redonné, au moins là, des conditions de vie décentes..Néanmoins, le problème foncier demeure dramatiquement aigu.

La langue arawak est la seule langue amérindienne de Guyane àêtre actuellement menacée, et seules les personnes âgées l'utilisentcouramment. Elle est supplantée par le sranantongo (takitaki) et lecréole guyanais.

Peu d'Arawak savent couramment lire et écrire le français; lajeune génération est scolarisée au niveau communal à Saint Laurent duMaroni et à Matoury.

5. Potentialités

"Après les Noirs Marrons, les Arawak s'avèrent être de bonsspécialistes pour les travaux forestiers (ce sont eux qui dominent cemarché en Guyana), comme layonneurs, bûcherons et surtoutprospecteurs.

Pour le reste, ce sont de bons agriculteurs et ils se montrentintéressés à développer cette activité : on pourrait envisager de lesorienter vers la production maraîchère et les arbres fruitiers.

A Balaté, ils sont également pêcheurs, mais ils ne peuvent guèreespérer développer cette activité sans s'associer à leurs voisins galibi.

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GALIE!Thomas APPOLINAIRE, Félix nOUKA el Paul HENRI ,

responsables de l'AAGF Awara. -1981-Cliché A/ais T10UKA

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GALIBI

1. Nom de l'ethnie, synonymes

Galibi est le nom accepté dans les relations avec les autres ethnies.Tülewuyu est l'autodénomination actuellement revendiquée, Kalina ouKalinia restant encore l'autodénornination classique, bien qu'il tendedésormais à désigner l'ensemble des ethnies amérindiennes..

Au Surinam, ils sont dénommés Caraïben, et en Guyana Caribs.

2. Localisation passée et actuelle

Les Galibi constituent l'une des plus importantes populations desGuyanes s'étendant depuis les savanes nord-orientales du Vénézuelajusqu'au nord de l'Etat d'Amapa au Brésil, ce qui signifieschématiquement qu'ils vivent actuellement dans la même aire quecelle où ils étaient déjà signalés lors de la Conquête.

Néanmoins, leur territoire depuis. cette époque s'estconsidérablement amoindri en superficie ainsi qu'on peut le constaterpour la seule Guyane sur les cartes ci-jointes.

En particulier, la pénétration dans les forêts de l'intérieur a, àl'exception de quelques communautés, progressivement diminué,même si la forêt garde une valeur symbolique extrêmementimportante.

Les· bas cours de rivières, les estuaires et l'océan constituent a'contrario le pôle essentiel de l'actuel univers galibi.

3. Démographie actuelle .

En dehors du fait incontestable que constitue le fulgurant essordémographique des Galibi sur les trente cinq dernières années, il n'estpas aisé de connaître leur nombre exact et un recensementsystématique mené par des personnes compétentes sur la totalité deleur territoire guyanais s'avère urgent. La tâche est compliquée par laprésence en ville de nombreuses familles. .

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Voici les données, malheureusement disparates, dont nousdisposons actuellement:

1- Quartier galibi de Kourou 100 h env.(O.Lescure, 1982)2- Dégrad Savane3- y anou-Bellevue4- Flèche 351 h. (DDA, 1977)5- Grand Macoua et Petit Macoua6- Organabo7- Mana-Javouhey 60 h. (DDE, 1983)8- Awala et la Bouverie 1

9- Les Hattes-Yalimapo 550 h. (AAGF, 1983)10- Coswine (village saisonnier, réhabité en 1988)11- Le Paddock 187 h.12- Terre Rouge et ne Portal 32üh. (DDA, 1977)13- Pierre 23 h.

Par ailleurs, Cherubuni estime à environ 200 en 1985 les Galibivivant dans l'Ile ·de Cayenne, tandis que l'AAGF en compte 40 aubourg de Mana. On ignore le nombre de personnes résidant à Iracouboet.à Saint-Laurent.

A partir de ces données diverses, dont certaines ont plus de dixans, il est très raisonnable d'avancer que le total des Galibi de Guyanefrançaise (non comptés les réfugiés venus de Surinam depuis 1987),dépasse, pour l'année 1988, le chiffre de 2000 personnes.

4. Situation culturelle, linguistique et économiqueactuelle

Pour l'essentiel, nous renvoyons, dans la publication "La questionamérindienne en Guyane française" (Ethnies, 1985) à l'article "LesGalibi" (O. Renault-Lescure) et à celui intitulé "Les populationsamérindiennes citadines" (B. Chérubini).

Nous nous contenterons ici de rappeler que les Galibi constituentl'exemple typique d'une ethnie dynamique ayant été, dès le XVlèmesiècle, en contact avec les Occidentaux. Ils ont très tôt assimilé deséléments extérieurs cependant qu'en contrepartie, ils réussissaient àpréserver leur langue, leur organisation sociale et les bases de leuréconomie.

La langue, divisée en deux dialectes (l'un parlé par lescommunautés de Dégrad Savane, Yanou-Bellevue et Flèche, le secondparlé par l'ensemble des autres communautés) manifeste une étonnantevitalité, empruntant ou innovant pour tout le vocabulaire désignant lesconcepts et les techniques nouvelles (O. Renault-Lescure, 1982).

_ ?LI. _

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Le nombre de personnes sachant lire et écrire le français est trèsélevé, mais la réussite scolaire à la fin du second cycle'concerne encoretrop peu de jeunes pour ne pas poser de façon très aiguë le problèmede l'inadaptation chronique de l'enseignement traditionnellementdispensé par l'Education Nationale.

. 5. Potentialités

L'ensemble des faits précédents mis en parallèle avec l'essordémographique et la prise de parole politique, fait de la nation galibiun partenaire concret de la vie sociale et économique de la Guyane dedemain.

D'ores et déjà, les cadres existent et ne feront que se renforcerdans les années à venir. La création d'une coopérative de pêche àAwala-Yalimapo en 1987 a ouvert une ère nouvelle, montrant lesAmérindiens en train d'utiliser leurs talents particuliers pour tenter des'ouvrir activement sur l'économie de marché.

Néanmoins des entraves demeurent, en particulier en ce quiconcerne l'agriculture, les terres actuellement occupées par les Galibin'offrant que des sols médiocres. Dans ce domaine, les Galibi nepeuvent guère envisager qu'un développement auto-centré, enparticulier par l'introduction du petit élevage visant à l'indépendancealimentaire.

TI s'avère en tout cas urgent d'entreprendre une étude socio­économique de la population galibi actuelle.

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EMERILLONEdouard MA5ALA, chez lui, à Camopi. -1972­

Cliché Eric NAVET

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EMERILLON

1. Nom de l'ethnie, synonymes

Le mot Emerillon, couramment accepté aujourd'hui par l'ethniequi s'autodénomme Teko, "les Hommes", est la corruption franciséed'un nom amérindien, soit d'origine galibi, Mauriu, "Porc-épie", soitplus probablement palikur, Mauyune, "les Gens du coton".

2. Localisation passée et actuelle

li s'agit, avec les Galibi et les Palikur, "des Indiens les plusanciennement implantés" en Guyane (E. Navet, 1985). Grâce à cemême auteur, nous savons qu'ils sont les derniers descendants d'unenébuleuse de peuples de langues tupi qui peuplaient au XVllème sièclela Guyane centrale, du confluent du Camopi à celui de l'Inini d'est enouest, et du moyen Approuague au haut Tampock du nord au sud. LesEmerillon contemporains sont essentiellement le produit de la fusionde ces éléments à la suite de la baisse démographique des XVillème etXIXème siècles. (E. Navet, corn.pers.).

La polarisation des Emerillon en deux zones de peuplement (voircarte) est en fait toute récente et correspond à l'attrait exercé par lespostes administratifs et surtout par l'assistance sanitaire. Bien que lesdeux groupes soient en contact permanent, il conviendra de traiterleurs problèmes territoriaux soit avec celui des Wayana, soit aveccelui des Wayampi, leur exploration du milieu se faisant en inter­relation avec l'un ou l'autre de ces peuples à l'ouest ou à l'est.

3. Démographie actuelle

Les Emerillon constituent la plus petite ethnie de Guyane, mais ilsn'en sont pas moins en phase d'essor démographique. En 1985, ilsvenaient de passer le cap des 180 personnes !

Cette population se répartit de la façon suivante :

TAMPOCK

1- Wempi2- Edouard en 1981

_ ",.,7 _

43h

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CAMOPI-OYAPOCK

3- Chaumier4- Civette5- Mompéra6- Tekelelupa7- Juan

en 1981 . 105h

A cette date, il fallait ajouter à ce total 20 à 30 personnes vivant àCayenne, ou bien chez les Wayana et les Wayampi.

4. Situation culturelle, linguistique et économique'

En contact permanent avec les chercheurs d'or dans le haut Inini,le haut Approuague et le moyen Camopi pendant près d'un siècle, lesEmerillon ont toujours été considérés par les observateurs commeclochardisés, ivrognes, prostitués, etc... On peut alorsraisonnablement se demander, à la suite d'E. Navet, comment cepeuple a pu préserver sa langue, sa culture,ne pas se métisser et enfin,opérer une spectaculaire remontée démographique!

En revanche, la pression administrative et politique que subissentles Amérindiens de Camopi (tant Emerillon que Wayampi) doubléed'une invasion frontalière de chercheurs d'or brésiliens en .1985-87,semble actuellement provoquer un grand désarroi social. Unepolitique de déconcentration des communautés devrait donc êtremenée par l'Administration française, parallèlement à la délimitationde réserves foncières.

Lalangue emerillon, aussi surprenantque cela puisse paraître,estbien vivante et parlée par tous. Le créole guyanais est moyennementdominé par l'essentiel de la population; il n'en va pas de même dufrançais qui n'est parlé, lu et écrit correctement que par quelquesJeunes.

. 5. Potentialités

TI s'agitde l'ethnie, qui, dans son ensemble, a le plus mal supportéle passageà la citoyenneté (E. Navet, 1985), et en deho~s des,classiquesemplois de manœuvres ou de canotiers, on ne VOlt guere quellepourrait être son intégrationdans l'économiedu Département.

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PALIKURLouis NORINO, sur la Crique Gabaret. -1981­

Cliché MF. PREVOST

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PALIKUR

1. Nom de l'ethnie, synonymes

Palikur est la corruption de l'une des autodénominations,Parikwene, mais son usage est accepté par les "membres de l'ethnie.Une autre dénomination est Aukwayene, "les Gens de la rivièreUrucawa".

2. Localisation passée et actuelle

Le noyau historique des Palikur est centré sur le bassin de l'Uaçadans le nord de l'Amapa (et plus précisément son affluent, le rioUrucawa), c'est à dire dans l'ancien Territoire Contesté entre laFrance et le Brésil. A partir de là, les Palikur entretenaient, aumoment de la Conquête, un réseau d'échange avec un chapeletd'ethnies s'étendant le long du littoral, de l'Araguari à l'Oyapock.

Au XVIIlème siècle, le nord de l'Amapa et le bas Oyapockdevinrent une zone refuge face aux Portugais, et un processus defusion inter-tribal se généralisa. La phase finale de cette mutationdonna trois ethnies : les Palikur parlant une langue arawak, les Indiensdu Couripi (Karipuna) et ceux de Uaça (appelés à tort Galibi). Enfin,un village de Galibi "légitimes" venus récemment de Guyanes'installer sur la rive brésilienne de l'Oyapock, complète le paysage"amérindien" de la région.

L'installation des Palikur en Guyane est ancienne, puisquecertains de leurs clans y ont leur origine et que les premiers voyageurseuropéens qui explorèrent la région au XYlème siècle lesrencontrèrent déjà dans la Baie d'Oyapock. .

Cependant, ce n'est qu'après le règlement du contesté franco­brésilien sur l'Amapa (en 1900) au profit du Brésil que les Palikur,choisissant de rester fidèles à la France, renforcèrent leurimplantation sur la rive française du fleuve. Il convient donc dedistinguer entre" communautés d'implantation ancienne etcommunautés d'implantation récente, formées vers 1960.

3. Démographie actuelle

En 1982, la population totale des Palikur était de 1026 personnespar défaut, mais ce chiffre incluait quelques éléments venus des ethniesvoisines (Karipuna et "Galibi" de Uaça). Le groupe localisé au Brésilétait de 561 personnes (1982) et celui de Guyane française de 465(1978), y compris les éléments résidants temporairement en ville ousur des chantiers.

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Là encore, nous sommes face à une population en très rapideessor démographique.

Voyons la répartition de la population palikur du côté guyanais:

1) Communautés d'implantation récente

.1- La Savane (Persévérance)2- Bambou'3- Gabaret

2) Communautés d'implantation ancienne

4- Mirambeau5- Rozé6- Couman-couman7- Trois Palétuviers.

93 h.91 h.95 h.

15 h.21 h.27 h.35 h.

189 h.

98 h.

TI faut ajouter à ces chiffres 28 personnes résidant au voisinagedes Créoles lt c lary, Pavéti et Pays Indien sur la Ouanary, etTampac sur l'Oyapock.

3) Région de Cayenne

9- crique Danclan (Roura)10 - Macouria

40h20h.

60h.

Ces deux communautés sont issues des groupes 1 et 2.

Il convient de préciser que les membres des différentescommunautés palikur sont en contact constant et que la dispersioncorrespond largement à une adaptation écologique visant à unemeilleure exploitation des milieux les plus divers ; il en sera donclargement tenu compte dans les propositions de réserves foncières.

Disons pour terminer que la mobilitédes familles et des individusentre la Guyane et le Brésil reste grande.

4. Situation culturelle, linguistique et économique

D'une façon générale, les Palikur ont subi plus durement que lesGalibi l'impact négatif du monde occidental, et l'on observe chez eux àla fois une perte plus lourde des traits culturels et une intégration à unniveau social inférieur. La situation est aggravée par l'influence

1De nombreuses familles de Bambou vivent par période sur la Gabaretoù elles possèdent leurs abattis.

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lénifiante des sectes protestantes qui ont répondu par leurs doctrinesmillénaristes au désarroi culturel des Palikur.

Paradoxalement, l'emprise des Palikur sur le milieu naturel estrestée bonne ; ils ont surtout su conserver cette grande diversitéd'activités que les Galibi ont perdu.

La situation de la langue palikur reste assez bonne, même siquelques personnes, revenues sur le tard au sein de l'ethnie, ainsi quecertains enfants, ne parlent que créole.

La scolarisation, tant au niveau communal (Saint Georges etOuanary) que villageois (Trois Paiétuviers) n'a vraiment commencéque vers les années 65-70 et ses résultats restent médiocres.. Enpratique, très/ peu d'adultes savent lire et écrire couramment. Unebonne alphabétisation reste une revendication constante des Palikur,qui y voient une des possibilités de se soustraire à la condition demanouvrier.

TI est important de faire remarquer, pour terminer, que l'ethnieest depuis dix ans animée, tant du côté français' que brésilien, par unfort mouvement derevivalisme culturel.

S. Potentialités

En dépit d'un échec de coopérative agricole dans la région deSaint Georges de l'Oyapock au début des années 80, la vocationagricole des Palikur n'est plus à démontrer: ce sont eux, en effet les.principaux fournisseurs de farine de manioc (couac) de la région. Demême, ils ont su adapter une part de leur artisanat (la vannerie) à uneforte demande extérieure (surtout créole) sans lui faire perdre de saqualité et de son originalité.

L'étranglement des potentialités de cette population laborieuse etfiable réside essentiellement dans la spéculation à laquelle despoliticiens sans scrupules se sont livrés sur leurs terres depuismaintenant dix ans, les forçant à repousser toujours plus loin leurszones de cultures de subsistance.

La création de coopératives autogérées, tant agricolesqu'artisanales ou de pêche, associée au règlement du problème foncierpermettra sans doute à la plupart des communautés palikur de trouverla place qu'elles revendiquent fort justement dans la région du basOyapock.

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WAYANATipiti, chef wayana du haut Maroni, paré pour la fête du maraké, -1964­

Cliché Jean HURAULT

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WAYANA

1. Nom de l'ethnie, synonymes

Wayana est l'autodénomination, employée par les' autoritésbrésiliennes et françaises. Jusqu'à une date toute récente, étaientfréquemment utilisés les noms de Roucouyennes (en Guyane) et deUrucuiana (au Brésil) qui sont des altérations de Urukuyana "les Gensde la rivière du manioc", l'un de leurs groupes formateurs, Le mot deRoucouyenne n'a donc rien à voir avec le roucou, contrairement àl'idée qu'ont imprudemment popularisée de nombreux journalistes etvoyageurs.

2. Localisation passée et actuelle

Les Wayana, localisés au sud de la ligne de partage des eaux entrele Surinam sud-oriental et la Guyane sud-occidentale d'une part et leBrésil septentrional d'autre part, amorcèrent, à partir du XVIIIèmesiècle, un mouvement d'expansion vers le nord-est, puis au XIXèmesiècle vers le nord-ouest.

De nos jours, suite aux baisses démographiques du XIXèmesiècle, seules trois régions sont encore habitées par les Wayana : le RioParu de Leste, au Brésil, où une symbiose certaine s'est opérée avec ungroupe culturellement proche, les Aparai ; le haut Tapanahoni, où lesWayana forment une enclave entre les Tirio et les Noirs marronsNdjuka ; le haut Maroni (Itany), enfin, avec des villages situéstant surla rive française que surinamienne du fleuve. Cette localisation sur lesdeux rives d'un fleuve frontalier crée d'ailleurs une coupureadministrative inexistante au niveau de la culture et de l'économietribales, car, en dépit des frontières, l'ensemble des villages des troisgroupes conservent des relations de parenté et de commerce.

Ce point doit être présent à l'esprit du législateur lors del'attribution de concessions foncières, car la moindre crise politiqueportant préjudice aux Amérindiens tant au Brésil qu'au Surinam

. pourrait entraîner des immigrations massives vers la Guyane,immigration qu'il vaut mieux prévoir.

3. Démographie actuelle

A partir des données de l'INSERM, de la DAF (ex DDA ), deC. Durand (corn. pers.) et de la FUNAI brésilienne, -festimation de lapopulation wayana pour 1982 était la suivante:

- 35-

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1982

- ltany (Guyane)• rive française. . .• nve sunnamtenne

- Tapanahony (Surinam)- Paru de Leste (Brésil)

1988

300h.200h. 500h.

170 h.250 h.

Les chiffres ne nous sont pas connus pour l'Itany, mais noussavons que les Wayana forment 10 villages sur l'Itany et le Tampock,dont les plus importants sont, par ordre décroissant:

4· Anapaike (Surinam)6· Antecoume-pata (Guyane)9· Twenke (Guyane)1· Aloike (Guyane)

La communauté wayana de l'Itany est plus importante, et de loin,que celles installées au Brésil ou à l'intérieur de Surinam, et indique,chez ce peuple fier, un choix délibéré. De notre politique nuancée àleur égard dépendra largement leur avenir et celui de la régionfrontalière.

4. Situation culturelle, linguistique et économique

Dans le droit fil de ce qui précède, on notera la différencefrappante entre l'état culturel des Wayana d'obédience française etbrésilienne et ceux d'obédience surinamienne. La décadence marquéede ces derniers est en grande partie imputable à l'action destructurante -­des missions protestantes américaines qui dure depuis maintenant plusde trente ans.

Cela dit, pour toutes les autres communautés, la culture wayanareste très vivante et l'économie traditionnelle, la seule opérante.. Si lesvillages sont relativement stables depuis une dizaine d'années, il n'enva pas de même -des familles ou même des individus qui bougentbeaucoup, donnant un facteur de variabilité très sensible à lacomposition des communautés.

La langue wayana est parlée par tous et bon nombre demonolingues subsistent. Cette même langue est également écrite parles moins de 40 ans grâce à une écriture phonétique pratique mise aupoint par les missionnaires et largement diffusée par A. Cognat. D'unautre .

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côté, nombre de jeunes de la rive française parlent un françaiscorrect: cela est le résultat d'un enseignement qui, quoiquetraditionnel, a intégré soit officieusement, soit officiellement, l'emploide la langue wayana et bénéficie d'un effort de longue durée.

5. Potentialités

Il est évident que les Wayana constituent aujourd'hui lapopulation la plus dynamique des trois ethnies du sud de la Guyane. Cefait n'est pas unique chez les populations de langue karib du plateau desGuyanes et il a pu être récemment observé chez les Waiwai du Brésil(Howard, 1987) ou les Yekwana du Vénézuela (Arvello-Jimenez, ...1977). .

Les qualités commerciales et le goût du voyage sont extrêmementdéveloppés chez les Wayana, leur conférant indubitablement une

. grande capacité d'adaptation face aux agressions du monde extérieur..

En contre partie, leur sens aigu de la liberté et du panache peutleur faire rejeter sans appel tout travail jugé fastidieux et répétitif.

Ainsi, avec les Wayampi, mais pour des raisons exactementcomplémentaires, les Wayana constituent la seconde population idéalepour la gestion d'un Parc Naturel Régional du Sud Guyanais, quipourrait bien être, en l'absence de découvertes minérales d'une réelleimportance, l'un des futurs pôles économiques à valoriser en cette finde siècle en Guyane.

Des activités complémentaires, comme un artisanat de valeur déjàmis en place par A. Cognat ou l'association Caway pourraientlargement les faire parvenir àl'aisance matérielle et à l'indépendanceéconomique souhaitées par tous.

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r

WAYAMPIAlasuka et sa famille en canot sur l'Oyapock . -1976­

Cliché JM . BEAUDET

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WAYAMPI

1. Nom de l'ethnie, synonymes

Wayampi ( Wayâpi en phonétique) est l'autodénominationdésormais admise par tous ; les Brésiliens écrivent Waiâpi, ce quirevient au même. Le synonyme ancien le plus couramment employépour cette ethnie d'origine amazonienne est Oyampi. Ils étaient connusil y a encore peu de temps dans la région de Saint Georges sous le nomde Banaré, qui signifie "ami".

2. Localisation passée et actuelle

Les Wayampi sont une population appartenant à la famillelinguistique tupi-guarani et ayant émigré de l'Amazone, plusprécisément du bas Xingu au XVIIlème siècle à la suite d'avatarshistoriques liés à la politique coloniale du Portugal et aux guerresnapoléoniennes.

Depuis la fin du XIXème siècle, les Wayampi sont divisésglobalement en quatre groupes dont deux sont aujourd'hui installés enGuyane (sur le moyen et le haut Oyapock) et deux autres au Brésil(l'un sur un affluent de l'Amapari, l'autre sur la divisiongéographique entre l'Inipucu et l'Amapari).

En outre, l'existence de quatre autres groupes (dont un enGuyane centrale) appartenant à la même ethnie mais anciennementcoupée d'elle et n'entretenant plus de contact, ni avec les Wayampi niavec le monde occidental, est de plus en plus certaine.

3. Démographie actuelle

1982

La population des deux groupes de l'Oyapock totalisait alors 412personnes réparties comme suit:

- région de Camopi.·1· Camopi2· MuIa

119 h.6üh

179h

- région du haut Oyapock (Trois Sauts)3· Pina 29 h.4. • Tamali (Zidok) 148 h.5 • Roger 56 h.

639-

233 h.

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1985

Lors de la mission INSERM-ORSTOM, nous avons dénombré441 Wayampi pour les mêmes communautés de l'Oyapock, montrantclairement la continuité de leur essor démographique naturel.

1987

A cette date, au Brésil, les Wayampi étaient 289, ce chiffreillustrant lui aussi, ainsi que ra montré D. Tilkin-Gallois, une rapideremontée démographique.

li est important de conclure sur le fait que les sous-groupes ainsidéterminés forment des unités économiques autonomes et que la ...perméabilité est entre eux limitée. .

-40 -

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4. Situation culturelle, linguistique et économique

Pour les fréquenter depuis plus de vingt ans, nous pouvonsaffirmer sans douter que les Wayampi demeure très attachés à leurculture et à leur système économique.

Ainsi, la politique de concentration artificielle d'une partie descommunautés autour du poste administratif du Camopi, avec les effetsnéfastes qu'on lui connaît, n'a eu pour corollaire que la réticenceaccrue des villages du haut Oyapock à se laisser entraîner dans cetteorbite et les a amené au contraire à créer un autre pôle deconcentration, bien amérindien celui-là, et ayant pour référenceexplicite l'organisation ancienne des Wayampi au XIXème siècle.L'écart entre les deux groupes s'est encore creusé après l'impactdouloureux qu'une ruée vers l'or brésilienne a fait subir auxcommunautés de Camopi en 1986 et 1987.

Tous les Wayampi parlent leur langue quotidiennement et unegrande partie d'entre eux reste monolingue. L'enseignement de typeclassique en écoles de village dans un milieu aussi traditionnel n'adonné aucun résultat sérieux, et le créole tend à devenir la seule languede contact. A l'heure actuelle, à peine une quinzaine d'adultesWayampi parlent, lisent et écrivent correctement le français.

5.P·otentialités .

Nous nous permettons d'insister fortement sur le fait que lesWayampi sont parmi les meilleurs connaisseurs de la natureamazonienne qui soient, atteignant des sommets rarement égalés dans

.les basses terres, sauf peut-être par les Yanomami du Vénézuela.

Leur collaboration appréciée avec les naturalistes de toutes lesdisciplines est devenue régulière et cet aspect, inattendu de la' partd'Occidentaux emplis de préjugés mériterait à lui seul d'attirerl'attention du législateur, car ce potentiel de connaissances doit nonseulement être préservé mais encore valorisé, et cela passeobligatoirement par une protection du territoire et de milieu naturel.Le rôle actif que cette population pourrait jouer, avec les Wayana,dans le cadre d'un Parc Naturel Régional du Sud Guyanais mériteraitque l'on réexamine enfin sérieusement ce projet sous un angledynamique et pas uniquement protectionniste.

Néanmoins; les nombreux problèmes sociaux engendrés par uneapplication hâtive de la citoyenneté ne peuvent, paradoxalement, quefreiner, au moins à court terme, les projets d'intégration descommunautés résolument alliées de la France que sont les Wayampi deGuyane. .

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BILAN DEMOGRAPHIQUE :DE LA DECADENCE AU RENOUVEAU

Les divers éléments que nous venons de développer auront faitsentir combien la démographie a pesé et pèse encore lourd sur le destindes Amérindiens. A la période contemporaine, le thème de l'extinctionphysique de ces peuples a souvent été agité comme un argumentjustifiant l'abandon de toute politique à leur égard ou au contrairecomme un argument pour hâter leur assimilation.

Sans nous lancer dans une étude démographique détaillée,l'évolution de ces deux dernières décennies, ainsi que l'émergence dequelques données historiques concernant les zones frontalières de laGuyane, nous permettront de compléter l'excellent travail de J.Hurault (1989, pp 167-202) ,et de préciser les tendances actuelles.

a - Evolution par ethnie

Le tableau 1 et la figure 1 vont nous permettre d'analyserl'évolution ethnie par ethnie. Pour des raisons de commodité, lestotaux' de population ont été rapportés à chaque début de décennie leplus proche de l'année du recensement. Pour les Wayana, les Palikur,les Wayampi et les Emerillon, il s'agit de la totalité de l'ethnie,incluant le cas échéant, les fractions vivant au Surinam ou au Brésil.Ce choix est justifié par la grande mobilité de ces populations, et seuleune vision globale peut nous permettre de suivre leur évolutiondémographique réelle. Pour les Galibi, la fraction vivant en Guyaneayant été suivie depuis le XVIIème siècle" nous avons au contrairechoisi d'indiquer les totaux pour la seule' colonie puis' le seuldépartement. En ce qui concerne les Arawak, enfm, émigrés récents,nous nous sommes limités à l'évolution démographique de ce groupecontemporain et nous ne l'avons donc pas fait figurer sur la figure 1.

Figure 1 : Evolution démographique par ethnie

6000,---------------- ----,

", ............... -.......

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5000

4000

3000

2000

1000

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1650 1700

....,..,...'......

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',.

1750 1600 1650

,...+'" Gallbl

_ Pallkur

•••_... Wayana

--0-- WaYaPI

--0- Emerillon

1900 1950 2000

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Tableau 1 : Evolution de la Population Amérindienne

Année Galibi Palikur Arawak Wayana . Wayapi Emerillon1600 5500 40001610162016301640165016601670 2000 12001680

~

1690170017101720:1730 4801740 55017501760 3000·1770 40017801790 2001 2701800 200018101820 550018301840 220 80p1850 250 3501860187018801890 250 1200 600 1001900 3001910 10001920 2401930 701940 280 6001950 120 550 550 501960 670 370 150 600 500 65'1970 1200 450 200 670 490 851980 1550 950 310 920 570' 1351990 2000 1100 730 180

1 En gras est indiqué, pour chaque ethnie, le seuil démographique le plus bas atteint.

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GALIBI

En 190 ans (tabl, 1), l'ethnie se trouve réduite à 200 personnes.Même si l'on accuse une nette migration vers Surinam après 1760,l'essentiel de cette diminution est à attribuer aux épidémies,tardivement accentuées par la concentration artificielle sur' lesmissions jésuites. Pendant 110 ans, jusqu'en 1900, la population vastagner avec cependant une légère tendance à la remontée. En fait,l'abandon de toute politique de rassemblement à leur égard et le statut­quo existant avec les communautés créoles voisines, expliquent cettesurvie,

De 1900 à 1960, la remontée progressive de la population est,selon J. Hurault; liée à un phénomène d'adaptation aux maladiesimportées ainsi qu'au maintien de l'équilibre culturel.

De 1960 à 1970, une explosion démographique est liée à l'arrivée<le nombreuses familles venues de Surinam (Terre Rouge, LePaddock, Organabo) ainsi qu'au maintien d'une forte natalité et à labaisse de la mortalité.

A partir de cette date, l'accroissement se fait régulièrement etl'ethnie devrait atteindre 2500 personnes en l'an 2000, non comptél'apport récent des réfugiés fuyant la guerre civile à Surinam, et donton ne peut actuellement dire s'il est temporaire ou définitif.

PALIKUR

. Leur décroissance initiale est parallèle à celle des Galibi, incluantici comme cause supplémentaire l'exploitation par les petits planteursesclavagistes du bas Oyapock au XVIIIème siècle. Le point minimal

. atteint est plus tardif (18.40), lesPalikur ayant absorbé les débris dequelques peuples amérindiensvoisins, ta stagnation sera plus longue,car elle sera aggravée en 1900 par les décès qui marquèrent l'exode dela population dans une région fortement impaludée du bas Oyapock,lors de la perte par la France du Contesté d'Amapa.

. .Après 1940, un type de croissance, d'abord progressive, puis .rapide, identique àcelui des Galibi, peut être observé.

Cependant, la croissance actuelle connaît un frein, celui-ci devantêtre imputé sans détour à la paupérisation croissante de la populationdu bas Oyapock, causée en particulier par le problème foncier. Deplus, il est certain que des jeunes partent sans perspective de retourvers les villes du Brésil amazonien. Enfm, constatons cependant qu'aucours de -ces trente dernières années, la fraction de l'ethnie installée

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sur la rive française n'a cessé de croître au détriment de la fraction"brésilienne" pour atteindre aujourd'hui près de 45 % ·dü total.

ARAWAK

Ce groupe arrivé en 1950 en Guyane est en croissance régulièrequoique moyennement lente. En dépit d'une natalité élevée, l'ethniesubit régulièrement des pertespar mariages inter-ethniques ; cettetendance sociologique ne pouvant aller qu'en s'accentuant, leurcroissance, à terme, ne peut qu'être lente.

WAYANA

J. Hurault (1989) a bien analysé l'évolution démographique de cepeuple et a en particulier montré que les nombreuses phasesd'isolement qu'il s'est imposé, jointes à une grande mobilité naturelle,ont largement freiné sa décadence démographique.

Si l'on considère l'ensemble du groupe, on s'aperçoit que c'estseulement après 1960 que les structures de santé mises en place dès1950 en Guyane et au Surinam auront eu un réel effet.

La population wayana actuelle est en croissance rapide, mais ellereste sociologiquement et sanitairement fragile, en particulier à causedes incertitudes politiques pesant sur les Etats voisins (Brésil etSurinam).

Selon la tendance actuelle, ils devraient être 1300 en l'an 2000 ;cependant le programme Ca/ha Norte du Gouvernement brésilienvisant à la colonisation de la frontière septentrionale, rendraprobablement caduque cette perspective optimiste, à moins deprovoquer un afflux massif vers la Guyane.

WAYAMPI

Nous sommes là face àun exemple effarant de chutedémographique, essentiellement dû au choc microbien, avec une pertede 85 % de l'effectif de l'ethnie en 20 ans ! La survivance desWayampi ne fut due qu'à l'isolement volontaire total d'une grandepartie des villages, en particulier ceux situés au Brésil.

En revanche, la stagnation observée entre 1950 et 1970 marque laredécouverte des groupes qui, en dépit de la mise en place progressive

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d'une assistance sanitaire, s'est accompagnée de nouvelles épidémies etd'autres problèmes de contact.

Depuis 1970, la population, surtout le groupe installé en Guyaneet qui représente 63 % du total, est en net accroissement.

La fragilité sanitaire persistante, les nombreux problèmessociaux qu'affronte l'une des fractions (celle de Camopi) jointe à unemontée fulgurante de la consommation de boissons alcoolisées et dusalariat de type manouvrier (Navet, 1985), ne permettent pas, loin delà, d'affirmer que cette croissance va persister. Il en va de même dugroupe brésiliensoumis à l'influence destructurante de missionnairesnord-américains et menacé sans cesse par des invasions de chercheursd'or (Gallois, 1983).

EMERILLON

Petit groupe longtemps. isolé, les Emerillon se sont maintenus .jusqu'au milieu du XIXème siècle en absorbant des résidus d'ethniesvoisines ayant eu contact avec les missions jésuites de l'Oyapock,comme les Aramisho, les Kaikushiana, etc...

De 1880 à 1950, le contact avec les chercheurs d'or réduisitconsidérablement leur population en dépit de quelques tentativesd'isolement.

Entre 1930 et 1950, leur extinction prochaine est prévue par denombreux observateurs. Pourtant il semble que la seule assistancesanitaire et une relative surveillance des contacts avec l'extérieur entre1950 et 1975 ait suffit pour que le groupe croisse de nouveau.

Depuis dix ans la distribution d'allocations familiales en argent,la mobilisation des hommes dans de petits travaux salariés visant à lavoirie de la commune de Camopi, l'arrivée de Français et deBrésiliens parasites, ont dangereusement modifié le cycle des activités,destructuré en partie la vie familiale, introduit un climat de tensionsinter et intravillageoise et surtout multiplié de façon vertigineuse laconsommation des boissons alcoolisées, sans pour autant que cettecroissance démographique en soit modifiée (Navet, 1985).

Il conviendra de suivre, dans les années qui viennent, cetteévolution qui pourrait traduire une adaptation d'un type nouveau(mais pourra-t-on vraiment s'en réjouir?) des Amérindiens au contactde notre monde.

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b· tendance globale

Pour mieux suivre la réalité démographique des Amérindiensoccupant la Guyane, nous avons présenté, sur la figure 2, l'évolutiondes seules communautés du Département au cours des trente cinqdernières années.

TI apparait clairement que la tendance est, de façon constante, à lacroissance. L'accélération du phénomène entre 1960 et 1970, ainsi queson atténuation entre 1970 et 1980 s'expliquent essentiellement parl'entrée importante d'immigrants pendant la [ère période (environ 300personnes réparties entre quatre ethnies).

4000 -r-------------------~_____,

------. courbe vraie

3000

2000

1000

-­,-,-----.----'--',-

courbe lissée

1990198019701960O+-----.---,---..-------r--.....----.......----.-------j1950

Figure 2 : Evolution de la population amérindienne de Guyane Française

Le lissage de la courbe nous permet d'envisagerune populationidéale de 4800 personnes pour 1990 ; néanmoins, les données les plusrécentes dont nous disposons ainsi que les considérations d'ordresociologique précédemment exposées permettent d'avancer que lavérité ne dépassera pas 4200 à 4300 Amérindiens.

Quoi qu'il en soit, le taux d'accroissement des Amérindiens suitpeu ou prou celui, général, de la Guyane contemporaine: .

Amérindiens

Guyane-

1950-701970-85

1954-601961-661967-731974-82

5,4 %3,4 %

2,6 %4,7 %3,1 %3,8 %

1Domenach, H. et Picouet, M" 1988- 47-

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On y lit qu'après un décollage plus rapide dans les années 1950­70, le taux d'accroissement des Amérindiens s'est aligné sur latendance générale de la population de la région. Cette simpleconstatation confirme bien le dynamisme d'une bonne partie descomposantes de la population guyanaise. En ce qui concerne plusproprement les Amérindiens, on peut conclure que ce dynamismepourrait d'ailleurs être fortement accentué dans les années à venirpour certaines ethnies par un flux migratoire (cas des Galibi en 1987),la Guyane représentant face au Brésil ou au Surinam un havre de paixet d'aisance matérielle.

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LES CONCESSIONS FONCIERESAMERINDIENNES :

UN DOSSIER FONDAMENTAL

La Préfecture de la Guyane, les Directions Départementales del'Equipement et de l'Agriculture et des Forêts' ainsi que l'üRSTüMont souvent eu à traiter, depuis une quinzaine d'années du problèmedes "terres indiennes". De surcroît, les terres parcourues ou utiliséespar les Amérindiens ont souvent été incluses dans des projets deréserves ou de parcs naturels. La promulgation du décret n087-267 du14 Avril 1987 ouvre, au cœur d'un tel débat, des perspectivesentièrement nouvelles.

En effet, la section III de ce décret prévoit la concession de zonesde subsistance (incluant les activités de chasse et de cueillette) aux"communautés d'habitants tirant traditionnellement leurs moyens desubsistance de la forêt". Au bout de dix ans, ces concessions faites aux"communautés d'habitants(. ..) constituées en associations-ou ensociétés" peuvent leur être cédées. Toutes ces opérations sefont sousl'égide d'une commission présidée par le Préfet.

Bien qu'il ne reconnaisse pas l'inaliénabilité des terres desAmérindiens, ce décret représente un progrès considérable parrapport à la situation antérieure. En vue de favoriser la mise en placede ces concessions il s'agit d'abord de préciser quelles pourraient enêtre les limites.

C'est dans cet esprit que les cartes jointes montrent donc:-les contextes géographiques (guyanais et extra-guyanais) dans

lesquels évoluent les Amérindiens et les Noirs Réfugiés;- les contextes historiques des mouvances territoriales des

populations amérindiennes ;- la localisation précise des communautés actuelles ;- les limites possibles des concessions foncières, ethnie par ethnie.

Par ailleurs, les lignes qui suivent ont pour but de mieuxexpliciter le bien-fondé de ces demandes de concessions foncières. Ilest bien évident que ces propositions ne constituent qu'une base dediscussion et doivent être soumises à une analyse détaillée par lesorganismes compétents, l'AAGF et les autres personnes susceptibles .de fournir des informations pertinentes.

TI n'en demeure pas moins qu'aucune des limites de concessionn'a été tracée avant d'avoir été mûrement réfléchie. Chacune essaie detenir compte du type d'insertion réelle dans le milieu, du poidsdémographique non seulement présent mais futur, et des pressions auxfrontières.

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Il s'agit là dans notre esprit de propositions ni optimales, niminimales, mais simplement de propositions honnêtes, destinées à neléser aucune des personnes qui occupe effectivementces territoires.

Certaines propositions sont acceptables d'emblée par lacommission de mise en place. Mais l'Administration et les Elusdoivent bien comprendre que ce décret du 14 Avril 1987 leur donne lachance unique de régler un problème à multiples facettes avant qu'il nesoit définitivement trop embrouillé. L'examen des dossiers,paisiblement et sereinement, vaut toujours mieux que les règlementsde conflits à chaud, quels qu'en soient les acteurs.

.ARAWAK

1) Situation antérieure

En 1978, la DDA (actuelle DAF) a accordé à l'''Association desagriculteurs arawak" un lot de 38 ha de part et d'autre de la route deMontsinéry .

2) Limites proposées

Dès 1981, nous soulignions qu'enfermés dans leur parcelleexiguë, les Arawak se trouvaient de fait dans l'obligation desquattériser les terres voisines, courant le risque évident de créer desconflits.

Face à cela, nous nous étions attachés à rechercher, à partir dufond cadastral, des terres disponibles dans la région, et nous avonsainsi pu délimiter trois parcelles appartenant aux Domaines : AM 21,de 55 ha ; AD 38, de 22,40 ha ; et enfin AN 21, de 242 ha. Les deuxpremières sont à vocation agricole et la dernière, en forêtmarécageuse, constitue une réserve de chasse raisonnable, compte tenudu contexte local.

Le cas arawak ne pose donc pas de problème au législateur:aucune étude coûteuse n'est plus nécessaire ; le dossier a été déposé àl'DRSTDM, à la DDE et à la Préfecture de Cayenne; une solution peutdonc très rapidement être envisagée. Le cas des Arawak de Balaté seratraité avec celui des Galibi du Bas Maroni.

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GUYANE: AMERINDIENS

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GALIBI

1) Projets anciens et réserves naturelles

Dès 1950, la Préfecture de la Guyane .reconnait une réservesymbolique aux Galibi de la Basse Mana, située entre la CriqueCoswine et la Basse Mana. En 1975 le même tracé est à nouveauproposé par la DDA (actuelle DAF) dans le rapport Robineau en vuedu développement du Plan Vert.

A cette réserve, s'en sont ajoutées cinq autres dans les communes-de Saint Laurent et d'Iracoubo réservées aux Galibi et aux Arawak(voir les cartes la et lb).

Parallèlement, en 1978, J. Fretey et R. Goujat élaborent pour leMinistère de l'Environnement un projet de réserve naturelle incluantl'embouchure de la Mana et le littoral atlantique, de la Pointe Isère àl'estuaire de l'Organabo.

En juin 1982, J.P. Lescure et R. Boulet, tous deux chercheurs àl'O.RSTOM, réalisent une étude préliminaire visant à préciser lesbesoins en terres des Galibi de la basse Mana.

En 1983, O. Renault-Lescure et Y. _Lucas, chercheurs àl'ORSTOM, et J~ Tissandier, directeur en Guyane du même institut,complètent ce premier rapport par une "Note sur les activités etl'espace des populations galibi de la Mana".

Enfin, en 1983-éga1ement, un diplôme d'architecture réalisé parG. Boichot, avec financement DDE permet de mieux préciser lesbesoins en terres des Galibi d'Iracoubo,

2) Limites proposées

Elles sont une synthèse des diverses propositions évoquées ci­dessus, débouchant parfois sur des limites nouvelles.

- Carte la : Galibi d'Iracoubo

• Concession A : Elle marque un agrandissement considérable dela proposition DDA, cette dernière entraînant à court terme unétranglement du groupe. Les Galibi d'Iracoubo chassent davantageque les autres communautés de la même ethnie et la réserve proposéeleur donne un débouché sur la forêt. Les limites s'appuient égalementsur l'existence de nombreux emplacements de villages abandonnés,servant de campements de chasse.

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• Concession B : Elle vise aussi à donner un espace vital décent àce groupe qui vit d'agriculture et de pêche en mer. Les limitescherchent également à intégrer le village 4 (Flèche), qui, on ne saitpourquoi, avait été exclu du projet DDA.

Les limites des deux réserves s'appuient sur des cours d'eau et lafaçade maritime et sont donc faciles à délimiter à l'aide de chasseursindiens. On note l'interférence des projets de réserves nouvelles avecdes zones attribuées à des colons entre 1975 et ·1980. La commissiond'étude devra s'attacher tout particulièrement à faire le bilan de l'étatactuel de mise en valeur de ces concessions.

- carte lb: Galibi et Arawak de la Mana et du Maroni

• Concession A : Le tracé proposé se base sur le projet Lescure etBoulet de 1982. II inclut la moitié occidentale de la réserve de fauneFretey (1971) et la zone comprise entre les criques Coswine et Vaches,accessibles par la mer ou par la route. Ces deux agrandissements sontjustifiés par la croissance démographique des Galibi, la difficulté detrouver des terres cultivables dans cette région marécageuse et lanécessité de se procurer des "arbres à. canot", condition préalable à

.leur économie de pêche. C'est de 2000 ha de terres cultivables que lesGalibi auront besoin en 1990 (Lescure et Boulet, 1982) !

Avec la création de la commune d'Awala-Yalimapo, cetteconcession aurait du logiquement se confondre avec le territoirecommunal. La délimitation méridionale intermédiaire, entre la criqueCoswine et la crique Vaches, telle qu'elle apparaît sur le tracé de lanouvelle commune semble donc être contraire aux besoins réels des

.Galibi.

• Concessions B, C et D : Elles avaient été délimitées par p'.Robineau pour la DDA, dans le contexte d'un POS trahissant uneprofonde privatisation. L'étude cadastrale doit donc être reprise;parallèlement, une étude socio-économique comparable à celleréalisée chez les Arawak de Cayenne en 1982 est un préliminaireindispensable à la délimitation. Des terres nouvelles pourraient êtretrouvées soit dans l'Ile Portal, soit le long de la RN!.

- Autres concessions à étudier:Au cours de ces dernières années, plusieurs revendications se sont

fait jour de la part des Galibi.• Cas de l'lle Portal: l'occupation par les Galibi de cette île

achetée il y a quelques années par une personne privée a fait l'objet dejugements contradictoires. Le retour récent des Amérindiens sur leursite d'occupation des années 1970 relance la nécessité d'une

.indispensable concession.

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• Région de Couachi : cet ancien village, sis sur le territoire de lacommune de Mana, a été réoccupé en 1988: Ses habitantssouhaiteraient y obtenir une concession agricole.

• Région de Kourou : la communauté galibi de cette ville,constituée en association fin 1988, quoique- tirant ses ressourcesd'emplois salariés, reste très attachée à ses pratiques agricoles. Ellerevendique elle aussi une concession agricole au sud de Kourou, ainsique la' concession de la zone périurbaine où elle est actuellementinstallée.

PALIKUR

li s'agit pour l'essentiel de projets déjà présentés en 1978 et 1980par nous-mêmes et S. Dreyfus-Gamelon, et repris sur la carte 3.

• Concession A : Sise autour du village de Petit Toucouchi,(village n08), elle correspond à une zone d'occupation ancienne, avec 2kms de façade sur la rivière Ouanary. Quoique le village ne soit 'occupé que saisonnièreinent, les Palikur sont très attachés à cetterégion riche en gibier.

• ,Concession B : Elle correspond' à la fusion de la "réservepalikur" ou "réserve Marouane" historique, reconnue depuis l'arrivéedes Indiens du Contesté franco-brésilien en 1900, avec le projet récentde concession autour de la crique Mirambeau (village n04.).

• Concession C: -ç'est une zone d'occupation nouvelle sur desterres cultivables non disputées.

• Concession D : Elle est essentiellement occupée par les Palikurmais a en revanche été envahie de façon progressive par des projets dedéveloppement agricole sur sa corne sud-est. Ces projets ayant eu pourinstigateur le conseiller,général G. Massel, il nous a été impossible, en1978 et 1983, de faire entendre la voix des Indiens sur ce point. Unprojet compensatoire d'allocation de terres aux Palikur le long de lanouvelle piste Saint Georges-Saut Maripa présenté en 1980 par S.Dreyfus-Gamelon est également resté lettre morte.

Dans un tel contexte, la réserve D telle qu'elle apparaît sur la'carte n" 3 doit être considérée comme une base de négociation, l'étatactuel du milieu naturel devant être évalué dans cette zone avant toutedélimitation. Elle pourrait d'ailleurs être agrandie en direction de lahaute Gabaret. '

Compte-tenu de la détresse sociale dans laquelle vit cette ethnie,le dossier foncier palikur est l'un des plus urgents à traiter.

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GUYANE: AMERINDIENS

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LES ETHNIES MERIDIONALES :WAYAMPI, WAYANA, EMERILLON

En 1980, nous avions esquissé une délimitation des airesparcourues par les trois ethnies du sud de la Guyane, dans le cadred'un rapport embrassant l'ensemble du problème amérindien etdestiné au ministère des Départements et Territoires d'Outre Mer.

La carte 2 que nous présentons aujourd'hui donne un tracé plusprécis de ces aires de parcours. On notera à quel point elles sont liées

. aux cours d'eau, qu'ils soient ou non importants. C'est à partir d'euxque rayonnent les fort nombreux sentiers de chasse.

On remarquera en outre que l'essentiel des régions parcouruesactuellement sont, à l'exception des sources· de l'Inini, del'Approuague et du Marwini, les mêmes qu'à la fin du XIXème siècle.

Il subsiste' cependant, en particulier en territoire wayana,quelques zones pour lesquelles nous manquons encore de précision,par exemple pour les points atteints vers l'amont sur le Tampok et le .Marwini par les chasseurs wayana et emerillon. Dans ces régions,l'avis de personnes compétentes comme MM. Cognat ou Abienso,maire aluku de Maripasoula, est donc un préalable à toute fixation delimites.

TI nous a cependant semblé présomptueux de demander la mise enréserve foncière de l'ensemble de la zone, d'autant plus que les aires deparcours débordent largement au Brésil et au Surinam.

• Concession A, B et C : Elles correspondent donc, compte-tenude ce qui vient .d'être dit, aux aires de déplacements intenses etréguliers des communautés actuelles et des emplacements où lesAmérindiens, vu leur' développement démographique, sontsusceptibles de créer de nouveaux villages.

• Concession A :. elle concerne les Wayana et deux villagesemerillon qui exploitent pratiquement le même territoire. Notons parailleurs qu'un certain nombre d'habitations, boni existent dans cetterégion et qu'il convient de les intégrer dans la concession à lacondition de renoncer à y pratiquer la chasse et la pêchecommerciales. Rappelons à ce sujet qu'il serait souhaitable que lesassociations amérindiennes veillent à perpétuer dans leurs statutsl'alliance bi-séculaire unissantWayana et Boni (Aluku).

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• Concession B : Elle concerne le reste des Emerillon et lesWayampi dits de Camopi. Elle tient compte des aires de parcoursintenses et exclut une zone d'exploitation mixte entre Wayampi deCamopi et Wayampi de Trois Sauts, sise entre la crique Kuluwatü et leSaut Kumalawa du haut.

• Concession C : Elle concerne les .Wayampi du haut Oyapock,dits aussi de Trois Sauts, lesquels sont bien individualisés de leursfrères d'aval. .

Pour le reste des zones de parcours non organisées en concession,mais où les Indiens voyagent, et pratiquent la chasse, la pêche et lacueillette, (à l'exclusion, il va sans dire, des zones situées au Brésil ouau Surinam), nous proposons un statut' de Réserve Naturelle ou deParc National, où 'les activités de subsistance seraient réservées auxAmérindiens et aux Boni (Aluku).

Cependant, il devrait être admis le principe. que de nouvellesconcessions amérindiennes puissent être étudiées en fonction de

.révolution de l'habitat et dans le contexte de forte croissancedémographique.

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CONCLUSION

Les chemins de l'harmonie

Les anthropologues sont, moins par nature que par expérience,pessimistes; les gestionnaires de la République ne le savent que trop,qui doivent régulièrement endiguer les flots de leur mécontentementet de leurs désillusions.

lis ont aussi souvent raison, mais hélas, cela ne leur fait pour ainsidire jamais plaisir, car c'est alors pour constater une suite d'échecs,soit que les communautés amérindiennes n'aient pas répondufavorablement à certaines propositions, soit que les décideurs n'aienttenu aucun compte de leurs recommandations. .

Face à cela, il est temps que le monde de la recherche et celui dudéveloppement unissent leurs efforts pour répondre au besoin de cescommunautés. Plusieurs raisons nous y incitent.

La première est d'ordre démographique. Les chiffres confirmentavec bonheur une remontée des populations amérindiennes qui vientsaluer l'effort sanitaire entrepris depuis maintenant plus de trente anspar les médecins de secteur et les équipes de recherche médicale. Maisnous ne saurions trop insister sur le caractère quasi miraculeux de cesbons résultats qui prennent en compte des paramètres qui échappentencore, pour partie, à l'analyse. .

Cette mise en garde ne doit simplement viser qu'à la prudence etau maintien d'une vigilance toujours aussi tenace. A cet égard, lanomination à plein temps d'un médecin à Camopi, par exemple, doitêtre saluée, car cet homme, non menacé à court terme par desimpératifs de calendrier, pourra renouer avec l'expérience despremiers médecins de secteur et la connaissance intime des populationsqu'ils en retiraient.

-Vigilance et ténacité, disions-nous, car des villages en plein

renouveau démographique sont des villages jeunes, où parfois plus de60 % de la population a moins de 15 ans et donc où la mort d'unhomme adulte peut priver les adolescents d'un savoir précieux et où lamort d'une femme laisse un chapelet d'orphelins désemparés. Il nefaudrait surtout pas relâcher maintenant l'effort entrepris, ce dont toutle monde est fort heureusement conscient. .

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La seconde raison est d'ordre philosophique. Il n'y a plus,actuellement, de présence religieuse dans les villages amérindiensd'obédience française: c'est là un bon point gagné par l'esprit detolérance.

Lorsque l'on sait la part, moins innocente qu'on eût aimé lepenser dans la mesure où leurs recensements étaient truqués, que lesmissionnaires prirent dans le phénomène d'extinction desAmérindiens abusivement concentrés sur les missions des XVII etXVIIIème siècles; lorsque l'on connaît la responsabilité que dessectes missionnaires protestantes américaines de tous poils portent,aujourd'hui encore, dans le processus de déculturation programméede dizaines et dizaines d'ethnies amérindiennes en Amérique latine(dont les Wayana et Tirio du" Surinam), on ne peut qu'êtrereconnaissant à la laïcité de l'Etat français d'avoir limité l'influencedes homes religieux. dans lesquels une bonne partie de l'actuellejeunesse galibi à appris à côtoyer la désespérance, à vivrel'acculturation, et, ultime péripétie non prévue au programme, à seforger un comportement revendicatif.

Ce coup de pied de l'âne fut d'ailleurs le bienvenu! Il fit prendreconscience à la classe politique guyanaise et à l'Administration que lesGalibi n'existaient plus seulement en tant que primitifs que l'on visiteou en tant qu'administrés que l'on subventionne.

La création toute récente de la commune d'Awala-Yalimapo etl'élection de l'un des leurs à la charge de Conseiller Régional sont lesmarques que cette prise de parole entend s'ancrer dans le temps longdes réalités guyanaises. Mais ne nous leurrons pas. Les Galibi sontencore seuls à caracoler dans le pré fermé de la politique guyanaise.Aucune autre ethnie amérindienne ne les y a encore vraiment rejoints.

De ce point de vue, on pourrait longtemps gloser sur l'oppositionfondamentale entre les communes de Camopi et d'Awala-yalimapo :alors que celle-ci, née en 1988, est réellement la concrétisation dudésir d'authentification des Galibi et de leurs efforts pour se prendreen charge, celle-là, créée vingt ans plus tôt, était et demeure totalementartificielle. Les Wayampi et les Emerillon qui, rappelons-le tout demême, n'avaient rien demandé, furent submergés sous des flots deparoles électoralistes contradictoires, et, malgré un maire et desconseillers municipaux amérindiens que personne n'aida vraiment' àcomprendre le fonctionnement d'une commune, la gestion en reste auxmains de personnes extérieures, situation d'ailleurs que les intéresséssupportent d'ailleurs de plus en plus difficilement.

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La commune d'Awala-Yalimapo est l'aboutissement d'un rêvegalibi ; la commune de Camopi, n'est, sous le vernis démocratique,qu'un produit supplémentaire du réflexe colonial. Il est donc clairpour nous qu'il n'existe encore actuellement en Guyane qu'une seulecommune amérindienne.

TI nous semble de la première importance que les instancesgouvernementales du Département autant que les élus guyanaisperçoivent bien que les Amérindiens n'avancent pas au même rythmesur le chemin qui lie leur destinée à celle de la Guyane. Or chaquesociété, la société occidentale y compris, a pour soucis majeurd'avancer à son rythme. Nous avons déjà montré que le poids de leurhistoire différente est déterminant. Déterminant également le degré deleur intimité avec le monde extérieur, Déterminante enfin est la datede leur reflux démographique maximal : il est en effet facile decomprendre l'impact psychologique majeur que peut avoir sur unpeuple ~e fait de se savoir en déclin, ou, au contraire, de fêter chaquenaissance comme une nouvelle lumière d'espoir. Or, souvenons-nousdès chiffres : le point le plus bas atteint par la population galibi se situeen 1790, date à laquelle ils n'étaient plus que 200. Pour les Wayampi,ça n'est qu'à partir de 1970, alors qu'ils n'étaient plus que 490, quel'embellie est arrivée; 1970, autant dire 'hier...

D'une manière générale donc, ces deux populations pouvantservir d'exemple, il faut se garder de l'amalgame facile quiconsisterait à juger d'une situation donnée à l'aune d'une seconde quin'a rien à voir.

Les populations côtières ont depuis déjà assez longtemps ·la.pratique du contact avec les Blancs et les Créoles pour espérer, lesGalibi plus tôt que les Palikur, entrer dans la vie économiqueguyanaise. Nous avons évoqué les chances de chaque population dansun précédent chapitre : là encore, on se souviendra qu'il seraitillusoire d'attendre les mêmes efforts de la part d'une population de .l'intérieur, encore relativement à l'abri dans son cocon forestierprotecteur, que de la part des communautés côtières, plus habituéesaux horions et surtout à la fréquence des promesses non tenues qui.dépasse le taux admis par la simple fantaisie.

On peut logiquement espérer que les ethnies de .l'intérieur, .lorsqu'elles auront le sentiment de pouvoir batailler à armes égales,entreront en lice. La création de la coopérative de pêche galibi, làencore pur produit interne, est le meilleur contre-exemple que l'onpuisse opposer à l'échec que fut la coopérative de l'Oyapock présidéepar un élu pour gérer l'argent des allocations familiales agricoles.

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De là à dire que les populations amérindiennes n'ont pas besoin dedialoguer et de coopérer avec les autres composantes culturelles de laGuyane et de la République, il y a là un fossé que nous ne saurionsfranchir.

TI est du devoir du débiteur de régler, par exemple, le problèmefoncier qui fut créé de toute pièce par sa simple présence. TI est en effettrop facile de conclure que des communautés qui ne font plus la preuvede leurs talents d'agriculteurs ou de connaisseurs de la nature n'ont parconséquent plus besoin de terres, alors que c'est exactement leraisonnement inverse qui est le bon : il y a des communautés qui nepeuvent plus faire la preuve de leurs dons d'agriculteurs ou deconnaisseurs de la nature, justement parce qu'elles n'ont plus assez deterres.

Mais le décret du 14 avril 1987 arrive fort à propos pourpermettre à la. République ce type de bonne action qui consiste àréparer une trop longue injustice. Pour ce qui est du problèmefoncier, il n'est en effet pas une communauté amérindienne dudépartement, même la plus isolée et.la plus tranquille qui soit, qui enignore l'enjeu. La mobilisation spontanée (et inutile en l'occurrence)des villageois de Trois Sauts à l'annonce du Plan Vert dans lequel ilsvoyaient une menace pour leurs terres, en est une illustration parmitant d'autres.

De la même manière, il n'est pas un Amérindien que ne fasseimmédiatement réagir le problème de la scolarisation des enfants.Tout le monde est d'accord pour penser que hi connaissance dufrançais, langue véhiculaire, leur est devenue indispensable dans lecontexte d'ouverture dans lequel ils se trouvent et d'autoprise encharge à laquelle ils aspirent. Fort bien. Mais il devient grave quecertains continuent de feindre l'étonnement ou d'autres de jouer lesindignés lorsque les spécialistes des questions amérindiennes et les ~

Amérindiens eux-mêmes (il suffit, si l'on en doute, de relire chacundes textes publiés par l'AAGF depuis sa création), demandent quel'enseignement soit adapté.

Il tombe sous le sens de partir pour le Pôle Sud avec desvêtements adaptés ; devoyagerenhaute mer avec de la nourritureadaptée ; de parcourir les déserts avec des véhicules adaptés ; maisaussi étrange que cela puisse sembler, il n'est jamais tombé sous le sensde tout le monde que l'enseignement pût être adapté : pourquoi parexemple un petit Palikur monolingue désireux simplement de devenirun homme ouvert sur le monde qu'il côtoie tout en continuant de vivre

.et de penser comme un Palikur, ne recevrait-il pas un enseignementadapté à ses besoins?

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Reprenons la définition que J. Hurault donnait déjà en 1972 :"L'école adaptée doit se fixer pour but non pas de faire passer desdiplômes, mais d'introduire de nouvelles connaissances dans le milieutribal sans en briser les structures". En 1989, non seulement cetobjectif n'est pas atteint, mais en parler soulève encore des tempêtesdans les milieux concernés. Le temps passant, la polémique nousimporte moins que les résultats qui demeurent ridiculement négatifsou totalement confidentiels et les effets dangereusementacculturateurs. Or, tant que la "finalité de l'enseignement en paysindien n'aura pas été clairement définie, dans un sens ou dans l'autre,dans celui d'une logique d'ouverture ou dans celui d'une politique del'autruche, presque tous les petits indiens continueront, non seulementà ne rien apprendre de notre monde, mais encore à tout oublier duleur...

Pourtant, les solutions de bon sens existent. Nous nous sommes.déjà maintes et maintes fois exprimés sur ce problème et nous neferons ici que reprendre deux principes fondamentaux :

Une valorisation sincère de la culture propre de ces sociétés,passant obligatoirement par une bonne connaissance ethnologique,engendrera le respect chez ceux qui en éduquent les enfants, etredonnera leur dignité à ceux dont on, bafoue journellement lesprincipes de vie, du simple fait qu'on les exclut du domaine de l'école.

Une très bonne formation spécialisée des maîtres, dont la tâcheardue exige compétence, temps et don de soi. Seuls le volontariat et unrecrutement ouvert sur la métropole peuvent nous sortir du cycleinfernal des jeunes normaliens de bout de liste parachutés de Cayenne,

.auxquels prétendent succéder des routards rescapés des communautéshippies. Face à l'enjeu, les règlements syndicaux sont ramenés au rangde simple péripétie...

C'est d'ailleurs sur cette question du choix des hommes que nousaimerions clore ce travail. Les meilleures lois du monde ne serontjamais rien si l'on en confie l'application à des incapables, des aigris,des filous ou des gens sans cœur. Dans un pays comme la Guyane, oùles rudes conditions de vie, en dehors des bulles surprotégées que sontles villes côtières, révèlent bien plus rapidement et bien plus sûrementqu'ailleurs la valeur réelle des individus, quels qu'ils fussent au départ,la sélection des hommes doit être d'une sévérité exemplaire. Un bonfonctionnaire dans le contexte cayennais peut, en brousse, livré à lui-

. même, à la solitude, à son seul libre-arbitre, s'enfler, devenir unodieux petit chef et exercer une dictature de fait sur des populationsdécontenancées ; il peut aussi, à l'inverse, se révéler à lui-même,

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s'épanouir, se cultiver, être heureux et infléchir durablement les1

directives qu'il reçoit dans le sens d'une application raisonnée etraisonnable.

J. Hurault faisait remarquer que les.Indiens ont toujours attiré lepire et le meilleur. de notre société. Nous pourrions, avec les figuresque nous avons rencontrées au cours de ces vingt dernières années enGuyane, brosser les portraits des hommes et de leurs actes quiapparaîtraient alors exactement semblables à ceux qui surgissent desmanuscrits et des ouvrages jaunis du XVlIIème siècle ; les mauvais,dont il serait malséant de ranimer le souvenir, comme les bons, ceuxqui, depuis les d'Orvilliers jusqu'à André Cognat ou Jean Hurault, sesont dévoués à cette cause perdue que sont les Amérindiens...

Et nous reviendrions sans cesse sur cette lamentable constatation :chez des peuples si faibles démographiquement, la lie de la civilisationoccidentale véhiculée par des hommes inconscients ou sans scrupules,peut détruire rapidement le contrat d'équilibre et de bonheur passéentre les Amérindiens et le monde extérieur. Il est du devoir le plusimmédiat des élus guyanais et de l'Administration de la République deveiller à la sélection d'un personnel adapté et dévoué afin que cessecette politique chaotique qui persiste depuis. bien trop longtempsmaintenant.

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ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

Afin de faciliter l'information des lecteurs sur des aspects particuliers,nous présentons une bibliographie limitée mais ordonnée de façonthématique. Les ouvrages cités pourront être trouvés pour les plus anciens àla Bibliothèque Franconie et pour les plus récents à la Bibliothèque duCentre ORSTOM de Cayenne. Nous avons par ailleurs omis les travauxd'accès trop difficile.

. 1. Récits de voyage et histoires de vies anciens et modernes

Seuls quelques voyageurs compétents ou amoureux des Amérindiensnous ont laissé des récits précis, honnêtes et vivants. La plupart des récitscontemporains ne sont pas cités ici car .empreints -à l'exception des récitschaleureux d'André COGNAT - d'un style sensationnaliste.

COGNAT André, 1967, J'ai choisi d'être indien, Paris, Flammarion, ill.

COGNAT André, 1977, Antecume ou une autre vie, Paris; Robert Laffont, ill.

COUDREAU Henri, 1893, Chez nos Indiens, quatre années dans la GuyaneFrançaise, 1887-1891, Paris, Hachette.

CREVAUX Jules, 1883, Voyages dans l'Amérique du Sud, Paris, Hachette.

GRILLET, Père Jean, 1716, "Journal du voyage que les Pères Jean Grillet et FrançoisBéchamel, de la Compagnie de Jésus, ont fait dans la Guyane en 1674", in : Cpte RogerWOODES, Voyage autour du monde, Amsterdam, 1. II, pp. 201-235.

HARCOURT Robert, 1926, A Relation of a Voyage te Guiana, 1613, The. Hakluyt Society, second Serie LX. ..

RALEIGH, Sir Walter, 1928, The-discovêrie of Guiana (1592-96), London, TheHakluyt Society. ;

THEBAULT DE LA MONDERIE, F., 1857, Voyages faits dans l'intérieur del'Oyapock en 1819, 1822, 1836,·1842, 1844, 1845, 1846 et 1847, Nantes.

TONY Claude, 1767, "Voyage dans l'intérieur du continent de la Guyane, chez lesIndiens Roucoyens, par C.T., Mulâtre libre d'Approuague", in H. Ternaux-Compans,Essais et notices pour servir à l'histoire ancienne de l'Amérique, 28..

VILLIERS, Marc de, 1920, "Journal inédit du voyage du Sergent La Haye de Cayenne .aux chutes de Yari, 1728-1729", Jo. SA., 12: 117.:126, Paris. . ...

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2. Travaux historiques

fis sont récents et de nombreuses recherches restent à faire tant sur leterrain que dans les archives.

FROIDEVAUX Henri, 1894, "Explorations Françaises à l'intérieur de la Guyanependant le second quart du XVIIIème siècle (1720-~742)", Bu. GHD 1 218-301.

GALLOIS Dominique T., 1986, Migraçao,Guerra e comercio : os Waiapi naGuiana,.Sao Paulo, FFLCH, USP.

GRENAND Pierre, 1972, Les relations intertribales en Haute-Guyane, duXVIIIème siècle à nos jours, Paris, Institut d'Ethnologie (Archives et Documents),micro-édition 72.031.36

GRENAND Pierre, 1979, "Histoire des Amérindiens" (Planche 17 : 3-4), 3 cartes inAtlas des Départements français d'Outre-Mer (IV : Guyane), CNRS­ORSTOM.

GRENAND Pierre, 1982, Ainsi parlaient nos ancêtres: essai d'ethnohistoirewayâpi, Paris, ORSTOM (Travaux et Documents 148).

GRENAND Françoise et Pierre, 1987, "La côte d'Amapa, de la bouche de l'Amazone àla baie d'Oyapock, à travers la tradition orale palikur", Bol. do Mus. Par. Emilio Goeldi,Antropol. 3(1), Belém, Para: 1-77.

HURAULT Jean-Marcel, 1972 (1ère éd.), 1989 (2ème éd.), Français et Indiens enGuyane, 1604-1972, Cayenne, Guyane Presse' Diffusion.

LOMBARD L, 1928, "Recherches sur les tribus indiennes qui occupaient le territoire dela Guyane Française vers 1730", Jo. SA., 20: 121-153, Paris.

SCHOEPF Daniel, 1972, "Historique et situation actuelle des Indiens Wayana-Aparai duBrésil", Bull. Annuel du Musée d'Ethnographie, 19 :.33-64, Genève.

f"

..WIDTEHEAD Neil L., 1984, "Carib cannibalism : the historica1 evidence", Jo. SA, 70,Paris.

3. Etudes ethnographiques par ethnie

Si certaines ethnies, tels les Galibi ou les Wayana, peuvent êtredécouvertes à partir d'études d'ensemble, d'autres ne sont connues qu'àtravers certains aspects plus précis de leur culture..

AHLBRINCK W., 1931, Encyclopœdie der Karaiben, Verhandelingen derKoninklijke Akademie van Wetenshappen te Amsterdam; Afdeeling Letterkunde,Nieuwe Reeks, Deel XXCII/l, Amsterdam (Encyclopédie des Caraïbes, traductionfrançaise IGN, 1956).

ARNAUD Expedito, 1966, "Os Indios Galibi do Rio Oiapoque : tradiçâoe mudança",Bol. do Mus. Par. Emilio Goeldi : n.s. Antropol, 3O,Belém~

GILLIN John, 1936, The Barama river Caribs of British Guiana, PeabodyMuseum Papers 14(2): 1-274.

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GOEJE, C.H. de, 1941, Les Indiens Wayana, Contribution à la connaissancedes langues, pays et peuples des Indes néerlandaises, 100 : 50 (traductionfrançaise, IGN, 1955).

HURAULT J.M., 1961, "Les Indiens Wayana de la Guyane Française", Jo. SA 50 (3) :136-83, Paris.

HURAULT J.M., 1963, "Les Indiens du littoral de hi Guyane Française: Galibi etArawak", Les Cahiers d'Outre-Mer XVI, Paris.

HURAULT J.M. et P. FRENAY, 1963, "Les Indiens Emerillon de la GuyaneFrançaise", Jo. SA, 52: 133-156, Paris.

KLOOS Peter, 1971, The Maroni River Caribs of Surinam, Van Gorcum & Cie,Assen, Pays-Bas.

NIMUENDAJU Curt, 1926, "DiePalikur Indianer und ihre Nachbarn", GôteborgsKongl. Veto Vin. Hand. 31(2). (traduction française par Claudie Jousse, 1971)

PERRET Jacques, 1933, "Observations et documents sur les Indiens Emerillon de laGuyane Française", Jo. SA, 25 : 65-97, Paris.

4. Mythologie, chamanisme, rituels et médecine .traditionnelle

Bien que les observateurs aient toujours été fascinés par la philosophieprofonde des Amérindiens, il reste beaucoup à étudier dans ces domaines.

ARNAUD Expedito, 1970, "0 Xamanismo entre os Indios da regiâo Uaça (Oiapoque,territorio, do Amapa)", Bol. do Mus. Par. Emilio Goeldi, nov. sere Antropo1., 44 : 1-22,il1., Belém. .

BEAUDET J.M., 1983, Les orchestres de clarinettes Tule des Wayiipi duhaut Oyapock (Guyane Française), Thèse de 3ème cycle, Univ. Paris X .

. GALLOIS Dominique T., 1984.:.85, "0 pajé Waiâpi e seus' espelhos", Revista deAntropologia 28: 179-195, Sâo Paulo.

GALLOIS Dominique T., 1985, "Indios e Brancos na mitologia waiâpi, da separaçâodos povos a recuperaçâo das ferramentas", USP, Rev.doMus. Paulista 30 : 43-60, Sâoh~ .-

GALLOIS Dominique T., 1988, 0 movimento na cosmologia waiiipi: criaçâo,expansiio e transformaçâo do Universo, Sâo Paulo, Tese de Doutorado, USP.

GOEJE, C.H. de, 1955, Philosophie, initiation et mythes des Indiens deGuyane et des régions voisines (éd. originale en anglais, in Internationalen .Archivs fûr Ethnographie 44, Leyden, 1943), trad. I.G.N. Paris.

GRENAND Françoise, 1982, Et l'homme devint Jaguar: univers imaginaire etquotidien des Indiens Wayiipi de Guyane, Paris, L'Harmattan (Coll.Amérindienne).

GRENAND Pierre, Ch. MORETTI et H. JACQUEMIN, 1987, Pharmacopées. traditionnelles de Guyane: Créoles, Wayiipi, Palikur, Paris, ORSTOM (Coll.

Mémoires 108).")

HURAULT J.M.,1968 Les Indiens Wayana de la Guyane Française:structure sociale et coutume familiale, Paris, ORSTOM 3 (5).

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KLOOS P., 1968, "Becoming apïyei : variability and similarity in Carib Shamanism",Antropologica, Inst. Caribe de Antrop. y socio. de la Fundacion La Salle de CienciasNatura1es, Caracas.

KOELEWIJN C. et P. RIVIERE, 1987, Oral literature of the Trio Indians ofSurinam, Dordrecht, Foris Publications (nombreux textes sur les relations avec lesWayana). " .

-;

MAGANA E. , 1987, Contribuciones al. estudio de la mitologia y astronomiade los Indios de la Guayanas, Dordrecht~· Foris Publications "(Latin AmericaStudies 35).

RENAULT-LESCURE Odile, Françoise GRENAND et Eric NAVET, 1987, Contesamérindiens de Guyane, Paris, CILF (Coll. "Fleuve et flamme"), textes bilingues.

ROTH W.E., 1915 t An inquiry into the Animism and Folklore of the GuianaIndians, 30th ARBAE (1908-1909), Washington D.C.

SCHOEPF D., 1987, "Le Récit de la Création chez les Indiens Wayana - Aparai duBrésil", Bull. Annuel du Musée d'Ethnographie, 29: 113-138, Genève.

5. Langues

Les documents des Pères Jésuites sont pour la plupart perdus ouintrouvables et les rares documents du XIXème sont très fragmentaires.Nous ne citerons pour cette raison que les documents du XXème siècle.

GOEJE, C.H. de, 1928, "The Arawaklanguage of Guiana", Verhandelingen derKroninke te Akademie van Wetenschappen te Amsterdam, Afdeeling Letterkunde,Nieuwe Reeks, 28 (2).

GOEJE, C.H. de, 1946, "Etudes linguistiques caribes", N.V. Noord HollandscheUitgevers Maatschappij II: 274, Amsterdam.

GRENAND Françoise, 1980, La langue wayâpi (Guyane Française) :phonologie et grammaire, Paris, SELAF (TO 41).

GRENAND Françoise, 1989, Dictionnaire wayiipi (Guyane Française), Paris,SELAF-Peeters (Langues et Sociétés d'Amérique traditionnelle 1).

HOFF .B.J., 1968 The Carib language (Galibi), phonology, morphonology,morphology, texts and word index, The Hague, Martinus Nijhoff.

JACKSON W.S., 1972, "A Wayana grammar", in J. Grimes 00., Languages of the. Guianas, Oklahoma City, SIL (publications in Linguistics and related fields 35).· .

JENSEN Cheryl J., 1984, Odesenvolvimento da lingua waiâpi, Dissert. deMestrado da Univ. de Campinas.

NIMUENDAJU Curt, 1926, "Die Pa1ikur Indianer und ihre Nachbarn", GôteborgsKongl. Veto Vitro Hand. 31(2) (vocabulaires pa1ikur, arua et ga1ibi, pp. 127-144).

RENAULT-LESCURE Odile, 1981, Evolution lexicale du galibi, langue caribede Guyane Française, thèse de 3ème cycle, Paris IV, Sorbonne.

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TAYLOR D., 1977, Languages of the West Indies, Baltimore, The John HopkinsUniversity Press (un chapitre sur la langue arawak). .

6. Economie, civilisation matérielle, écologie humaine etoccupation de l'espace

Ces. questions n'ont été abordées qu'à l'époque contemporaine et lesobservations ne sont que partielles sauf peut-être celles concernantl'agriculture sur brûlis (abattis).

GALLOIS Dominique T., 1981, "Os WaHipi e seu territorio", Bol. do. Mus. Par. EmilioGoeldi: n.s, Antropol. 80: 1-38, Belém. .

GRENAND Françoise, 1972, L'art et les techniques culinaires des IndiensWayapide Guyane Française, Paris, Institut d'Ethnologie (Archives et Documents,micro-édition 72.031.36).

GRENAND Françoise et Claudie HAXAIRE, 1977, "Monographie d'un abattiswayâpi", J.A.T.BA. 24 (4) :285-310, Paris.

GRENAND Pierre, 1980, Introduction à l'étude de l'univers wayapi :. ethnoécologie des Indiens du Haut-Oyapock, Paris, SELAF (TO 40).

GRENAND Pierre, 1981, "Agriculture sur brûlis et changements culturels: le cas desIndiens wayâpi et palikur de Guyane", J.A.T.B.A. 28 1 : 23-31.

HURAULT J.M., 1965, La vie matérielle des Noirs réfugiés Boni et des.Indiens Wayana du Haut-Maroni (Guyane Française), Paris, ORSTOM(Mémoires 3).

ROTH W.E., 1924, An introâuctory study of the Arts, Crafts and Customsof the Guiana Inâians, 38th ARBAE (1916-17), Washington D.C.

SCHOEPF Daniel, 1979, La marmite wayana : cuisine et société d'une tribud'Amazonie, Genève, Musée d'Ethnographie.

VAN VELTHEM, Lucia H., 1980, "0 Parque indigena Tumucumaque", Bol do Mus.Par. Emilio Goeldi, n.s. Antrop01., 71 : 1-31, Belém: .

7. Organisation sociale

Beaucoup d'erreurs ont été écrites dans ce domaine et ce n'est qu'auXXème siècle que la vie sociale et familiale des Amérindiens a commencé àêtre réellement comprise.

ARNAUD E., 1968 a, "Referências sobre 0 sistema de parentesco dos Indios Palikur",Bol do Mus. Par. Emilio Goeldi, n.s, Antropol., 36 : 1-21, ill., Belém.

ARNAUD E., 1968 b, "0 parentesco entre os Indios Galibi do Oîàpoque", Bol do Mus.Par. Emilio Goeldi, n.s. Antropol, 33, Belém.

DREYFUS-GAMELON Simone, 1981, "Le peuple de la rivière du milieu; esquise pour. l'étude de l'espace social-palikur", in Orients pour Georges Condominas, Paris,

Sudestasie-Privat, 301-313.

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GRENAND Françoise, 1984, "La longue attente ou la naissance à la vie dans une sociététupi (Wayâpi du Haut-Oyapock, Guyane Française)", Bull. de la Soc. Suisse desAméricanistes 48 : 13-27, Genève. .

HURAULT J.M., 1968, Les Indiens Wayana de la Guyane Française :structure sociale et coutume familiale, Paris, ORSTOM (Mémoires 5).

LAPOINTE Jean, 1970, Residence pattern and Wayana social organization,Ph. D. Thesis, Columbia Univ.

RIVIERE P., 1984, Individual and Society in Guiana : a comparative study. of amerinâian social organization, Cambridge Univ. Press (Cambridge Studies in

Social Anthropology).

8. "Problème amérindien" : le choc entre les cultures

L'essentiel de la littérature consacrée à ce problème est le plus souventsous forme de rapports, non inclus dans cette sélection. Les dates depublication indiquent bien le caractère contemporain de cette prise deconscience. .

ARNAUD Expedito., 1984, "Os Indios Palikur do Rio Urucaua : tradiçâo tribal eprotestantismo", Publicaçôes Avulsas 39, Mus. Par. Emilio Goeldi, Belém, Para.

BOIS Etienne, 1967, Les Amérindiens de la Haute Guyane Française.Anthropologie. Pathologie. Biologie, Paris, Desclée.

COLLECTIF 1985 (lère éd.) - 1988 (2ème éd.), "La question amérindienne en GuyaneFrançaise", Ethnies 1 : 1-2, Survivallntemational, Paris.

DUCHEMIN Ph., 1972, "The situation of the indian groups in French Guiana" in 1971,in W. DOSTAL éd., The situation of the Inâians in South America :contribution to the" Studyof inter-ethnie confltct in the non-Anâeanregions of South-America, Genebra, WCC, 370-375.

GALLOIS, Dominique et RICARDO Carlos Alberto éd., 1983, Povos Indigenas noBrasil : 3, Amapa e norte do Para, Sâo Paulo, CEDI

GRENAND Pierre et Françoise, 1979, "Les' Amérindiens de la Guyane Françaiseaujourd'hui: éléments de compréhension", Jo. SA ,66: 361-82, Paris.

HURAULT lM., 1963, "Les Indiens de la Guyane Française. Problèmes pratiquesd'administration et de contacts de civilisations", Nieuwe West Indische Gids 42, LaHaye.

NAVET Eric, 1984 a, Camopi, commune indienne? La politique "indienne"de la France en Guyane. Introduction de J.M. Hurault, Paris, Diffusion INTI etGeria.

NAVET Eric, 1984 b, "Réflexions sur un projet d'enseignement adapté aux populationstribales de la Guyane Française: l'exemple de Camopi", Chantiers Amërindia (suppl. 2 :9 Amérindia), Paris.

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DEJAPARUDANS LA MEME COLLECTION

Ona indiquéentreparenthèses fa cote des ouvrages, qui peuventêtre consultésau Servicede c/ocumentation du Centre ORSTOM de Cayenne (Téf. : 30.27.85) poste 405.

MICHEL (M.) , JANNET (P.), PAJOT (F. X.), REMILLET (M.) • Papillonite et papillons urticants en Guyanefrançaise.• 1980. (E 57)

DE GRANVILLE (J.J.). - Du Sommet Tabulaire aux monts Bakra : premières observations sur la flore et le milieunaturel. - 1980. (B 98)

MORETTI (C.), GRENAND (P.) - Les nivrées ou plantes ichtyotoxiques de la Guyane française- 1980. (PM 35)

BOULET (R.), HUMBEL (F.X.) - Données nouvelles sur les sols guyanais • 1980. (P 184)

SYLVAIN (J.F.), REMILLET (M.) • Un cas de ravageurs des pâturages guyanais: les noctuelles - 1981. (EA 23)

PAJOT (F.X.), LE PONT (F.) • La leishmaniose tégumentaire en Guyane française· 1981. (E 64)

GASC (J.P.) - Les serpents venimeux et quelques autres en Guyane· 1981. (Z 12)

CREMERS (G.) - Végétation et flore illustrées des savanes: l'exemple.de la Savane Bordelaise - 1992. (B 113)

CHIPPAUX (J.P.) - Conduite à tenir en présence d'une morsure de serpent en Guyane française. 1982. (E 69)

CHIPPAUX (J.P.), DEDET p.P.), GEOFFROY (B.), TAVAKILIAN (G.), PAJOT (F.X.) - La maladie de Chagas enGuyane française- 1983. (E 75)

Collectif - Facteurs biotiques intervenant danslasanté en Guyane...Liste des agents pathogènes et des animaux vecteurs, réservoirs et sources de nuisan~es • 1983. (E 70)

CHIPPAUX (J.P.), PAJOT (F.X.)· Envenimation et animaux venimeux en Guyane françalse- 1984. (Z 15)

VEYRET (Y.) - Les orchidées de Guyane française· 1984. (B 143)

DOMENACH (H.), PICOUET (M.) - Dynamique de la population et migration en Guyane - 1988. (SH 105)

GRENAND (F.), - RENAULT-LESCURE (O.), • Pour un nouvel enseignement en pays Amérindien· 1990. (SH 107)

CREMERS (G.), HOFF (M.) - Réalisation d'un Herbier tropical • 1990. (B 194)

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Achevé d'imprimer en août 1990par

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Dépot légal: août 1990

ISSN : 0992 - 0749