7
Filière Ovine et Caprine n°45 - 4 ième trimestre 2013 6 Les végétaux toxiques présentent un risque pour tous les ruminants, mais les moutons présentent une sensibilité accrue à certains (plus sensibles que les bovins au rhododendron ou au thuya par exemple). L’objectif n’est pas d’établir ici un « catalogue »des plantes à risques mais de con- naître les principes généraux de ces intoxications afin de mieux les gérer. La toxicité Elle est fonction : § du principe toxique contenu par la plante, nature et teneur (hétérosites, tanins, alca- loïdes, oxalates, nitrates…) ; § de la capacité de détoxication des tissus ; § de la partie de la plante consommée (toute la plante n’est pas forcément toxique, par- fois seulement certaines parties de celle-ci peuvent présenter un risque : feuilles, baies…) ; § de l’état du végétal : verte ou séchée la plante ne présente pas forcément le même d a n g e r. La toxicité peut être aiguë : consommation ponctuelle d’un végétal hautement toxique (pré- sence accidentelle d’une plante toxique dans le fourrage, plante à risque rendue accessible…) ou surconsommation momentanée d’un végétal (glands et pommes à l’automne). Elle peut être générée par l’accumulation d’un facteur toxique, avec le temps, et l’on parle alors d’intoxication chronique . Les signes cliniques Il existe une grande variabilité de réponse de l’organisme en fonction du toxique en jeu. Différence de temps de latence (temps écoulé entre la consommation et l’apparition de si- gnes cliniques) § Temps bref : de quelques minutes à 2 heures (if, redoul) § Temps moyen : de 2 heures à 48 heu- res (vesce) § Temps long : plusieurs jours à semaines (chou, amarante) Différence d’évolution de l’intoxication : surai- guë, aiguë, chronique Différence de toxicités générées (avec associa- tion de plusieurs syndromes dans certains cas) Plantes neurotoxiques (redoul, oenanthe safranée, rhododendron, if…) Elles entraînent des troubles nerveux, par action directe sur le système nerveux ou indirecte sur le système vasculaire (inhibition des transporteurs d’oxygène). Selon les doses de toxiques ingérées, le stade d’évolution, l’expression clinique peut varier entre : § excitation ; ES NTOXICATIONS CHEZ LES OVINS ES INTOXICATIONS PAR LES ÉGÉTAUX Une intoxication est un ensemble de troubles du fonctionnement de l’organisme suite à l’ab- sorption d’une substance étrangère dite toxique. Concernant les petits ruminants, il s’agit principalement d’intoxications par ingestion qui peuvent se répartir en deux groupes : les in- toxications chimiques et les intoxications par les végétaux. Dr Vét Emilie Arnaud

L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

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Page 1: L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

Filière Ovine et Caprine n°45 - 4ième trimestre 2013 6

L es v ég éta ux tox iques prés entent un ris que pour

tous les rum ina nts , m a is les m outons prés entent

une s ens ibilité a ccrue à certa ins ( p lus s ens ibles

que les bov ins a u rhododendron ou a u thuy a pa r

ex em ple) .

L’objectif n ’es t pa s d’éta blir ic i un

« ca ta log ue »des pla ntes à ris ques m a is de con-

na ître les princ ipes g énéra ux de ces intox ica tions

a fin de m ieux les g érer.

L a to x ic ité

E lle es t fonction :

§ du princ ipe tox ique contenu pa r la p la nte,

na ture et teneur ( hétéros ites , ta n ins , a lca -

loïdes , ox a la tes , n itra tes …) ;

§ de la ca pa cité de détox ica tion des tis s us ;

§ de la pa rtie de la p la nte cons om m ée ( toute

la p la nte n ’es t pa s forcém ent tox ique, pa r-

fois s eu lem ent certa ines pa rties de celle- c i

peuv ent prés enter un ris que : feu illes ,

ba ies …) ;

§ de l’éta t du v ég éta l : v erte ou s échée la

pla nte ne prés ente pa s forcém ent le m êm e

da ng er.

L a tox ic ité peut être a ig uë : cons om m a tion

ponctuelle d’un v ég éta l ha utem ent tox ique ( pré-

s ence a cc identelle d’une pla nte tox ique da ns le

fourra g e, p la nte à ris que rendue a cces s ib le…) ou

s urcons om m a tion m om enta née d’un v ég éta l

( g la nds et pom m es à l’a utom ne) . E lle peut être

g énérée pa r l’a ccum ula tion d’un fa cteur tox ique,

a v ec le tem ps , et l’on pa rle a lors d’intox ica tion

chronique.

L e s s ig n e s c l in iq u e s

I l ex is te une g ra nde v a ria bilité de répons e de

l’org a nis m e en fonction du tox ique en jeu .

ü Différence de temps de latence ( tem ps écoulé

entre la cons om m a tion et l’a ppa rition de s i-

g nes c lin iques )

§ Tem ps bref : de quelques m inutes à 2

heures ( if, redoul)

§ Tem ps m oy en : de 2 heures à 4 8 heu-

res ( v es ce)

§ Tem ps long : p lus ieurs jours à s em a ines

( chou, a m a ra nte)

ü Différence d’évolution de l’intoxication : s ura i-

g uë, a ig uë, chronique

ü Différence de toxicités générées ( a v ec a s s ocia -

tion de plus ieurs s y ndrom es da ns certa ins

ca s )

P la n te s n e u r o to x iq u e s

( redoul, oena nthe s a fra née, rhododendron, if…)

E lles entra înent des troubles nerv eux , pa r a ction

directe s ur le s y s tèm e nerv eux ou indirecte s ur le

s y s tèm e v a s cu la ire ( inh ibition des tra ns porteurs

d’ox y g ène) . S elon les dos es de tox iques ing érées ,

le s ta de d’év olution, l’ex pres s ion c lin ique peut

v a rier entre :

§ ex cita tion ;

LES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS

LES INTOXICATIONS PAR LES VÉGÉTAUX

U n e in to x ic a t io n e s t u n e n s e m b le d e t r o u b le s d u fo n c t io n n e m e n t d e l ’o r g a n is m e s u ite à l ’a b -

s o r p t io n d ’u n e s u b s ta n c e é tr a n g èr e d ite to x iq u e . C o n c e r n a n t le s p e t its r u m in a n ts , i l s ’a g it

p r in c ip a le m e n t d ’in to x ic a t io n s p a r in g e s t io n q u i p e u v e n t s e r é p a r t ir e n d e u x g r o u p e s : le s in -

to x ic a t io n s c h im iq u e s e t le s in to x ic a t io n s p a r le s v é g é ta u x .

Dr Vét Emilie Arnaud

Page 2: L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

§ dépres s ion ;

§ conv uls ions .

L es pla ntes cy a nog énétiques

( à hétéros ides cy a nog énéti-

ques te ls s org os , la urier ce-

ris e…) , qu i libèrent de l’a c ide

cy a nhy drique, entra înent des

troubles nerv eux s i s év ères

que la m ort peut interv enir

en quelques m inutes .

Plantes entérotoxiques( bu is , g la nds , lég um ineus es

jeunes …)

L a pa tholog ie es t g énérée

s oit pa r a ction irrita nte s ur le

tube dig es tif, s oit pa r a ction

s ur le s y s tèm e pa ra s y m pa -

th ique. L es s y m ptôm es di-

g es tifs s ont s ouv ent a s s ociés

à des troubles nerv eux , uri-

na ires , s a ng uins …

§ dia rrhée ;

§ cons tipa tion ;

§ m étéoris a tion.

Plantes photosensibilisantes( lég um ineus es jeunes , m ille-

pertu is …)

E lles entra înent des s y m ptô-

m es lors que les a n im a ux

qui en ont ing éré s ont ex po-

s és a u s ole il. E lles g énèrent

des s ig nes loca ux cuta nés

et g énéra ux .

§ Photos ens ibilis a tion pri-

m a ire pa r a ccum ula tion

directe des m olécu les

v ég éta les ;

§ Photos ens ibilis a tion pri-

m a ire pa r a ccum ula tion

directe des m olécu les

v ég éta les .

Plantes à actions sur le cœuret le sang

§ H ém orra g ie pa r trouble

de la coa g ula tion ;

§ Aném ie ( chou) ;

§ Troubles ca rdia ques

( rhododendron) .

Plantes nephrotoxiques

( a m a ra ntes , g la nds )

§ Pa r a tte inte réna le

cons écutiv e à l’é lim i-

na tion des s ubs ta nces

tox iques ;

§ Pa r a ction directe du

tox ique s ur le re in .

Plantes pneumotoxiques

( g a lég a , la urier ceris e)

L e tox ique es t à l’orig ine

de troubles v a s cu la ires qu i

entra înent un œdèm e pul-

m ona ire.

Plantes hépatotoxiques

( g la nds )

L a pa tholog ie es t en g éné-

ra l cons écutiv e à un phéno-

m ène d’a ccum ula tion, pa r

ing es tion répétée, et év olue

le plus s ouv ent s ur un

m ode chronique.

Plantes à action sexuellepar action hormonale oes-trogénique

( luz erne)

L es lég um ineus es en con-

tiennent na turellem ent et à

un ta ux très fa ib le. C epen-

da nt la prés ence de cha m -

pig nons pa ra s ites de ces

pla ntes produis ent ég a le-

m ent ces horm ones , qu i

v ont a lors s e trouv er en

qua ntité a norm a le et prov o-

quer des troubles de la re-

production ( in fertilité , pro-

la ps us , a v ortem ents …) .

Filière Ovine et Caprine n°45 - 4ième trimestre 2013

REDOUL

P la n te s e t to x ic ité s : q u e lq u e s e x e m p le s . . .

Ø PLANTES NEUROTOXIQUES

BUIS

Ø PLANTES ENTÉROTOXIQUES

MILLEPERTUIS

Ø PLANTES PHOTOSENSIBILISANTES

LAURIER CERISE

CHOU FOURRAGER

Ø PLANTES À ACTION SUR LE COEUR ET LE

SANG

Ø PLANTES NEPHROTOXIQUES

Ø PLANTES PNEUMOTOXIQUES

GLANDS

7

Page 3: L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

Filière Ovine et Caprine n°45 - 4ième trimestre 2013 8

L e d ia g n o s t ic

C ’es t le p lus s ouv ent la re la tion « s us pic ion de la

cons om m a tion » / « s ig nes c lin iques » qu i perm et

d’a boutir a u dia g nos tic .

D eux ca s s e prés entent:

1 . O n s a it que l’a n im a l a cons om m é une pla nte

tox ique ou a cons om m é en qua ntité tox ique

un v ég éta l. I l fa ut a lors prendre conna is -

s a nce des cons équences c lin iques que ris -

que celu i- c i a fin de les prév enir et/ou tra iter.

2 . O n obs erv e des s ig nes c lin iques s ur un a n i-

m a l et on s us pecte une intox ica tion v ég é-

ta le. I l fa ut a na ly s er le ty pe de s y m ptôm es

dom ina nt a fin de

s ituer l’intox ica tion

da ns un g roupe

clin ique d’intox ica -

tions v ég éta les .

C ela perm et

d’orienter le d ia g -

nos tic s ur la p la nte

en ca us e a fin de

prév enir un nouv el

a cc ident.

Trois é lém ents s ont à

dis pos ition:

a . L a c o n s o m m a -t io n . H orm is le

ca s où l’on a m is

en év idence la

prés ence a cc iden-

telle d’une pla nte

tox ique da ns le

fourra g e ou le ca s

où l’on a cons ta té

une s urcons om -

m a tion, il es t d iffi-

c ile de s a v oir

ex a ctem ent ce

qu’ils ont cons om -

m é qua lita tiv e-

m ent, et de toutes

les m a nières da ns

quelle qua ntité.

b . L e s s ig n e s c l in i -q u e s . I l en ex is te

une g ra nde div er-

s ité, m a is g énéra -

lem ent non s péci-

fiques d’une intox ica tion v ég éta le. I ls peu-

v ent orienter le d ia g nos tic , où le confirm er.

c . L ’a u to p s ie . I l es t ra re d’a pporter la preuv e

pa r les débris v ég éta ux trouv és da ns le ru-

m en ( g la nds , a ig u illes d’if…) . E t les lés ions

ne s ont pa s s pécifiques . L a m is e en év i-

dence du tox ique n ’es t pos s ible que s i l’in -

tox ica tion es t m a s s iv e et que le tox ique es t

s us pecté.

L e t r a ite m e n t

I l n ’ex is te pa s de tra item ent s pécifique. D ’a utre

pa rt, les form es a ig uës n ’ont pa s le tem ps d’être

TABLEAU 1 – EXEMPLES DE CIRCONSTANCES D’INTOXICATIONS VÉGÉTALES

Partie à risques Circonstances d’intoxication

Am a ra nte Feuilles et tig e Fourra g es conta m inés / d is ette

B uis

C houx fourra g er

C olz a

C oquelicot

Toute la p la nte

Toute la p la nte

Toute la p la nte s urtout en

fleur

G ra ines + +

C ons om m a tion jeunes pous s es

/ a près la ta ille

R is que en période de

reproduction

C ons om m a tion en fourra g es

v erts ou tourtea u en ex cès

C onta m ina tion des cha m ps de

céréa les

D a tura

D ig ita le

Foug ère

G a lég a offic ina lis

Toute la p la nte

Toute la p la nte

Toute la p la nte

Toute la p la nte

G la nds

I f

L upin

L uz erne

Verts p lus riches

Toute la p la nte

Toute la p la nte, g ra ines + +

Pla nte jeune

Fourra g es conta m inés

Fourra g es conta m inés / d is ette

Pla nte en v ert ou da ns le

fourra g e

Fourra g e conta m iné ou pla nte

fra îche

I ng es tion m a s s iv e

Après la ta ille

C ons om m a tion en trop g ra nde

qua ntité / v a riétés a lim enta i-

res pa uv res en a lca loïdes

Mercuria le a nnuelle

Millepertu is

Morelle noire

O ena nthe s a fra née

S urtout à m a tura tion des fru its

Toute la p la nte, s urtout la fleur

Toute la p la ntes , s urtout les

ba ies v ertes

Tubercu le ( = na v et du dia ble)

Pom m es / poires

R edoul

R hododendron

S org ho fourra g er

F ru its !

Toute la p la nte, ba ies et

jeunes pous s es + +

Feuilles et fleurs

Pla nte jeune ( non tox ique s i

s èche)

Fourra g es conta m inés / d is ette

Fourra g es conta m inés / d is ette

Fourra g es conta m inés s i

teneur s uffis a nte et ing es tion

prolong ée

R a cines rendues a cces s ib les

S urcons om m a tion

C ons om m a tion directe

( + + ca prins )

D is ette / « curios ité »

C ons om m a tion s ur p ied ou

fourra g e v ert

Ves ce cu ltiv ée G ra ines

I ng es tion prolong ée de 1 0 - 2 0

% de la ra tion penda nt

plus ieurs s em a ines

Page 4: L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

L e dia g nos tic repos e, com m e pour toute intox ica -

tion, s ur la re la tion « s us pic ion de cons om m a -

tion » - « s ig nes c lin iques », a v ec cependa nt une

pos s ibilité de dos a g e des tox iques ch im iques

da ns les org a nes et/ou ex crétions .

Nous ne déta illerons pa s ic i les tra item ents s péci-

fiques pour cha que tox ique. E n effet, ceux - c i s ont

bien s ouv ent illus oires . L e ca s échéa nt, ils s eront

m is en pla ce pa r le v étérina ire, a s s ociés a ux tra i-

tem ents s y m ptom a tiques .

L e s m in é r a u x

S i une ca rence m inéra le es t néfa s te pour la s a nté

des a n im a ux ou pour s es perform a nces de pro-

duction, l’a pport en ex cès de certa ins m inéra ux

peut s ’a v érer da ng ereux v oire m ortel. D ’une es -

pèce à l’a utre, la s ens ibilité v a rie pour cha que

m inéra l. C oncerna nt les ov ins , le cu iv re prés ente

le princ ipa l da ng er.

Filière Ovine et Caprine n°45 - 4ième trimestre 2013

TABLEAU 2 – R ISQUES TOXIQUES DE QUELQUES VÉGÉTAUX

Fréq

ue

nce

Facteur toxique

Am a ra nte ? O x a la tes - n itra tes

B uis

C houx fourra g er

C olch ique

C olz a

X

X X

X X X

X X

Alca loïdes

Nitra tes

Alca loïdes

H étéros ides

Dig

est

if

Hép

ath

iqu

e

Re

spir

ato

ire

Car

dia

qu

e

××××

Loco

mo

teu

r

Ne

rve

ux

Uri

nai

re

Cu

tan

é

××

××

×

C oquelicot

D a tura

D ig ita le

Foug ère

G a lég a offic ina lis

G la nds

I f

L a urier ceris e

X

X

X

X

Alca loïdes

Alca loïdes

H étéros ides

H étéros ides

X ( s ud)

X X X

X X X

X

H étéros ides

Ta nins

Alca loïde

H C N

× ×

× ××

× ×

××

××× ×

× ×

××

×

L upin

L uz erne

Mercuria le a nnuelle

Millepertu is

Morelle noire

O ena nthe s a fra née

Pom m es / poires

R edoul

X

X

X

X

Alca loïdes

Phy to- oes trog ènes

X X

X X X

X X

X X X

S ola n ine

Alcools a céty lén iques

Acides org a niques

Pois on conv uls ifia nt

R hododendron

S org ho fourra g er

R ic in

Tris etum

fla v es cences

Ves ce cu ltiv ée

X X

X X

X X X

X X

H étéros ides

H C N

Alca loïdes

X H C N

×

×

×

×

×

×

××

××××

×

×

××

×

×

× ×

×

× ×

San

g

Au

tre

× ×

×

×

LES INTOXICATIONS CHIMIQUES

9

tra itées .

I l s ’a g it qua nd

c’es t pos s ible,

d’é lim iner ou

neutra lis er le

tox ique ( g a s -

trotom ie, cha r-

bon a ctif ) , d ’ef-

fectuer un tra i-

tem ent s y m p-

tom a tique, et

de s outien des

g ra ndes fonc-

tions ( a na lepti-

ques ca rdio-

res pira toires ,

s érum g luco-

s é…) . L es hépa -

to protecteurs

s ont s ouv ent

néces s a ires .

Pour certa ins

tox iques , des

tra item ents et

prév entions

plus s pécifiques

peuv ent être

m is en pla ce.

Page 5: L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

L e c u iv r e

§ To x ic ité : ne pa s

dépa s s er 1 5 ppm /k g

de m a tière s èche.

§ C ir c o n s ta n c e s

d 'a p p a r it io n : pa r

a bs orption de s u l-

fa te de cu iv re, pa r

lécha g e de pédiluv e

ou herbe s ouillée

da ns un cha m p où

on a utilis é un pé-

diluv e, cons om m a -

tion de v ég éta ux

tra ités à la bouillie

bordela is e, a pport

d’un a lim ent conte-

na nt une qua ntité

de cu iv re trop im -

porta nte pour les

m outons ( a lim ent

pour bov in , a cc i-

dent de fa brica tion…) , cons om m a tion de

pla ntes a ltéra nt la fonction hépa tique ( hélio-

trope ou s éneçon) , ca rence en m oly bdène.

§ P a r in to x ic a t io n a ig üe lors d’une cons om -

m a tion ponctuelle de cu iv re en ex cès o u

p a r in to x ic a t io n c h r o n iq u e prim a ire pa r

a ccum ula tion da ns le foie pu is libéra tion

bruta le du cu iv re. L’a n im a l peut s tock er et

a ccum uler le cu iv re s a ns ris que c lin ique jus -

qu’à libéra tion de ce tox ique s u ite à un fa c-

teur déclencha nt ( s tres s , tra ns port, cha ng e-

m ent de tem ps ou d’a lim enta tion…) .

§ S ig n e s c l in iq u e s : g a s tro- entérites précé-

da nt une cris e hém oly tique, et da ns 7 5 %

des ca s m ort de l’a n im a l.

§ A l 'a u to p s ie : ictère1 , a s s ocié à une a t-

te inte hépa tique et réna le. C ependa nt tou-

tes les a ffections prov oqua nt un s y ndrom e

hém oly tique 2 peuv ent être confondues a v ec

une intox ica tion a u cu iv re.

§ D o s a g e : da ns les fécès , le foie ou le re in .

L ' io d e

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : s urdos a g e

de tra item ent iodé

( lors d’a ctinom y cos e

ou d’a ctinoba cillos e) .

§ S ig n e s c l in iq u e s :

ils a ppa ra is s ent

quelques jours

a près l’a dm in is tra -

tion ( 2 à 5 jours ) , et

s e m a nifes tent pa r

des s ig nes g éné-

ra ux : res pira tion

a ccélérée, d ia rrhée,

ecz ém a , s écrétions

a bonda ntes …

L e s é lé n iu m

§ C ir c o n s ta n c e s

d 'a p p a r it io n : e lle

es t ra rem ent ren-

contrée, m a lg ré les

tra item ents effec-

tués pour tra iter le

« ra ide » des a g nea ux . D es s ols très riches

en s élén ium , a s s ociés à la prés ence de pla n-

tes s élén ifères ont pa rfois été m is en ca us e.

C ependa nt il s em ble que la ca us e la p lus

fréquente s oit des erreurs de pos olog ie lors

de tra item ent à ba s e de s élén ium .

§ S ig n e s c l in iq u e s : da ns les form es chroni-

ques , on peut obs erv er des s ig nes g énéra ux

et une fra g ilité des ong lons . D a ns le ca s

d’une intox ica tion a ig uë, l’a n im a l m eurt

s u ite à une ins uffis a nce res pira toire et des

lés ions dig es tiv es . D es s y m ptôm es nerv eux

peuv ent ég a lem ent être obs erv és ( m a rche

en cerc le, a n im a ux a v eug les et tituba nts …) .

§ D o s a g e : da ns le s a ng , le foie ou le re in .

L e f lu o r

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : l’in tox ica tion

peut conna ître plus ieurs orig ines : la fluo-

ros e hy drotellurique ( en Afrique du Nord) , la

fluoros e a lim enta ire liée à l’a pport de m iné-

ra ux riches en fluor, la fluoros e indus trie lle

rencontrée da ns les rég ions polluées pa r

certa ines us ines productrices d’a lum in ium

Filière Ovine et Caprine n°45 - 4ième trimestre 2013

Tout apport excessif peut être à l’origine

d’intoxication : trop grosse quantité en une

fois ou apport répété avec phénomène d’ac-

cumulation.

Toutes les molécules chimiques peuvent être

responsables d’intoxication, y compris celles

rentant dans la composition des médica-

ments.

Ainsi le respect des posologies pour les trai-

tements, des dosages pour les minéraux, est

essentiel… en respectant les réglementa-

tions (l’interdiction de ceretains produits ré-

sulte de leur dangerosité potentielle), dans

le cadre de la santé animale et du respect

de l’environnement.

Ne plus croire que « plus on met, mieux

c’est… »

Tout est une question de dosage !

10

1 . L’I ctère, fa m ilièrem ent a ppelé « ja unis s e », es t la colora tion ja une de la pea u, des m uqueus es et du b la nc de l’œil pa r l’ex cès

da ns l’org a nis m e d’un pig m ent, la b ilirubine, s u ite à une m a la die du s a ng ou du foie.

2 . L e s y ndrom e hém oly tique es t l’ens em ble des s y m ptôm es a ppa ra is s a nt s u ite à une hém oly s e, c ’es t- à - dire à une des truction des

g lobules roug es .

Page 6: L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

Filière Ovine et Caprine n°45 - 4ième trimestre 201311

pa r ex em ple.

§ S ig n e s c l in iq u e s : chez les rum ina nts , ce

s ont les lés ions d’os téoporos e qu i prédom i-

nent. C ette intox ica tion g énère des lés ions

a u n iv ea u du s quelette et des dents .

§ D o s a g e : da ns l’os , le s a ng ou l’urine.

L e s o d iu m

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : il es t a ppor-

té da ns la ra tion s ous form e de ch lorure de

s odium , c ’es t- à - dire de « s el ». ce lu i- c i es t

très peu tox ique : on obs erv e des intox ica -

tions lors d’un ex cès de s el ( a n im a l priv é

trop long tem ps qu i en cons om m e bruta le-

m ent de g ra ndes qua ntités ) a s s ocié à un

a breuv em ent norm a l ou lors d’un a pport

norm a l de s el a s s ocié à un défa ut d’a breu-

v em ent.

§ P r é v e n t io n : I l es t cons eillé de m ettre du

s el à d is pos ition des a n im a ux toute l’a nnée

( qui s e rég u leront a lors d’eux - m êm es ) , a v ec

un a breuv em ent correct.

§ S ig n e s c l in iq u e s : es s entie llem ent ner-

v eux et d ig es tifs , a v ec s oif intens e et ina p-

pétence.

§ A l 'a u to p s ie : lés ions de g a s trite obs erv ées

§ D o s a g e : da ns le L C R et le s a ng .

L e z in c

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : in tox ica tion

pos s ible lors d’utilis a tion de pédiluv e à ba s e

de s u lfa te de z inc trop concentré ( > 2 0 % ) .

L e s m é ta u x

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : in tox ica tion

a ccidentelle à

l’a rs en ic , a u

plom b, a u m er-

cure… que les

a n im a ux peuv ent

rencontrer da ns

leur env ironne-

m ent ( pollution,

peinture, ba tterie

de v oiture… s elon

le tox ique) .

§ S ig n e s c l in iq u e s : s ig nes nerv eux et d ig es -

tifs .

§ D o s a g e : a u n iv ea u du foie, du re in .

L ’a z o te n o n p r o té iq u e ( A N P )

§ O r ig in e s : il ex is te différentes s ources

d’ANP : l’urée ( incorporée a ux concentrés , à

la m éla s s e…) , les fourra g es tra ités à l’a m -

m onia c, la cons om m a tion directe d’eng ra is

contena nt des s els d’a m m onium ou de

l’urée.

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : les a cc idents

a rriv ent lors d’une cons om m a tion trop im -

porta nte ou lors d’un a pport bruta l d’ANP

da ns la ra tion d’a n im a ux n ’en cons om m a nt

pa s ha bituellem ent. L’a da pta tion de la flore

du rum en à l’utilis a tion de l’urée peut pren-

dre des jours , v oire des s em a ines , et s ur

un org a nis m e « non ha bitué », on obs erv e

a lors l’a ug m enta tion d’a m m onia c da ns le

rum en s e tra duis a nt pa r une élév a tion du

PH de celu i- c i, on pa rle d’a lca los e. L e pa s -

s a g e de l’a m m onia c s era a ccru da ns le

s a ng , a v ec ba is s e cons écutiv e de m a g né-

s ium et a ppa rition de troubles nerv eux en

« hy per », et da ns la m a m elle, fa v oris a nt

l’a ppa rition de m a m m ites et pouv a nt g éné-

rer des troubles d ig es tifs chez l’a g nea u a l-

la ité. S i l’a da pta tion es t très long ue à s e

m ettre en pla ce, e lle s e perd cependa nt

très v ite : en 1 à 3 jours a près a rrêt des

a pports .

§ S ig n e s c l in iq u e s : s y m ptôm es d’intox ica -

tion a ig uë : trem blem ents m us cu la ires , dou-

leurs a bdom ina les , incoordina tion m otrice,

dy s pnée, hy pertherm ie a v ec la m ort en

quelques heures .

§ D o s e to x iq u e : 0 , 3 à 0 , 5 g r d’urée / k g de

TABLEAU 3 – EXEMPLES D’APPORTS RECOMMANDÉS CHEZ LA BREBIS EN MG PAR KG DE MATIÈRE SÈCHE

Seuil de carence Seuil de toxicité Apport recommandé

C uiv re

S euil de tox ic ité

< 7

( a ta x ie enz ootique)> 1 5 1 0

I ode

S élén ium

Z inc

< 0 , 1 5

( g oitre, reta rd de crois s a nce)

< 0 , 1

( m y opa th ie)

< 4 5

( troubles cuta nés , pela des ,

problèm es d'ong lons )

> 8

> 0 , 5

0 , 2 à 0 , 8

0 , 1

> 5 0 0 5 0

Page 7: L ES INTOXICATIONS CHEZ LES OVINS - Collège des Producteur

Filière Ovine et Caprine n°45 - 4ième trimestre 2013 12

poids v if.

§ A l 'a u to p s ie : lés ions de cy a nos e et

d’œdèm e pulm ona ire.

L e s in s e c t ic id e s

§ L e s r e s p o n s a b le s : les org a nochlorés et

org a nophos phorés .

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : lécha g e des

produits phy tos a nita ires , a nciennem ent

erreur de dos a g e de ba ins pour des pro-

duits a ntipa ra s ita ires ex ternes a u jourd’hu i

interdits …

§ S ig n e s c l in iq u e s : s y m ptôm es dig es tifs et

nerv eux princ ipa lem ent.

§ L é s io n s non s pécifiques m a is recherche du

tox ique pos s ible.

L e s n it r a te s

§ C ir c o n s ta n c e s d 'a p p a r it io n : cons om m a -

tion de pla ntes à forte teneur en n itra te s ur-

tout en ca s de forte fertilis a tion, ing es tion

d’a lim ent riche en n itra te, ea u conta m inée…

§ To x ic ité : il y a a lors a ccum ula tion de n itri-

tes da ns le s y s tèm e dig es tif, res pons a ble

d’une tra ns form a tion de l’hém og lobine qu i

ne peut plus a s s urer s on rôle de tra ns por-

teur d’ox y g ène.

§ S ig n e s c l in iq u e s : E n plus de s y m ptôm es

dig es tifs et urina ires , le m a nque d’ox y g ène

g énère des troubles m us cu la ires et m oteurs ,

des difficu ltés res pira toires et une cy a nos e.

§ D o s e to x iq u e : 0 , 5 % de m a tière s èche

pour les foins , 1 0 0 ppm da ns l’ea u.

§ D o s a g e : da ns l’urine.

S o u r c e

C es 2 a rtic les s ur les intox ica tions prov iennent du

B ulletin de l’A llia nce Pa s tora le n° 8 1 9 ( fév rier

2 0 1 2 ) et n° 8 2 4 ( a oût 2 0 1 2 ) .