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Department of Economics, Universite Catholique de Louvain Les finances privées en 1965 Author(s): Michel Grosfils Source: Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review, 32e Année, No. 4, LA BELGIQUE EN 1965 (juin 1966), pp. 183-200 Published by: Department of Economics, Universite Catholique de Louvain Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40723089 . Accessed: 25/06/2014 10:14 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Department of Economics, Universite Catholique de Louvain is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.101 on Wed, 25 Jun 2014 10:14:41 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA BELGIQUE EN 1965 || Les finances privées en 1965

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Department of Economics, Universite Catholique de Louvain

Les finances privées en 1965Author(s): Michel GrosfilsSource: Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review, 32e Année, No. 4, LABELGIQUE EN 1965 (juin 1966), pp. 183-200Published by: Department of Economics, Universite Catholique de LouvainStable URL: http://www.jstor.org/stable/40723089 .

Accessed: 25/06/2014 10:14

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Les finances privées en 1965 PAR

Michel Grosfils

I - Aperçu général

L'internationalisation de la vie économique et l'intégration croissante des six partenaires du Marché Commun interdisent, cha- que année davantage, d'analyser l'évolution de la Belgique indépen- damment de celles des pays qui l'entourent. Les variations cycliques autonomes s'estompent, et dans une perspective de croissance, se traduisent par des fluctuations légères du rythme d'expansion.

TABLEAU I - Les affectations du produit national (x) A prix courants

1965 1964 1964 1965 1954 Ί%3

En milliards de F En % Consommation privée 512,5 550,0 + 7,5 + 8,1 Consommation publique 97,4 108,0 +11,2 +6,8 Investissements

habitations 40,6 40,9 + 0,7 +39,0 investissements fixes

entreprises 77,8 82,2 + 5,6 + 5,2 Variations des stocks + 3,3 - 3,0 - -

investissements publics 35,7 38,4 + 7,5 +14,3

Total des investissements 157,4 158,5 +0,7 +15,3

Ajustements statistiques 1,0 0,7 - - Exportations de biens et de

services 296,6 332,2 +12,0 +16,3 Importations de biens et de

services 296,7 323,4 + 9,0 +14,4

Produit national brut 768,2 826,0 + 7,5 + 10,1

Ο Institut National de Statistique pour 1964; estimation pour 1965 sur base d'informations recueillies dans diverses sources, et notamment le Rapport de la BNB.

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1965 a constitué une nouvelle année de haute conjoncture, à peine affectée par le ralentissement de la progression du produit national. La demande globale, soutenue essentiellement par la demande étrangère, s'est encore développée, mais les tensions aiguës du milieu de 1964 se sont progressivement amenuisées, sous l'effet d'une certaine atténuation de la pression des dépenses intérieures.

Le volume global des investissements a notamment fléchi, et la consommation privée a, en termes réels, augmenté moins vite qu'en 1964. L'emballement des dépenses publiques de consommation, - tout en reposant le problème de l'équilibre budgétaire dans les termes devenus traditionnels à chaque fin de législature, - n'a exercé qu'une incidence marginale sur l'évolution de la dépense globale. Il a d'ailleurs trouvé sa compensation, par le jeu même des contraintes financières de l'État, dans une inflexion du rythme de croissance des investissements publics.

La détente conjoncturelle intervenue en 1965 est spécialement visible en matière de prix de gros industriels, où la hausse a pratique- ment cessé. En ce qui concerne l'emploi, par contre, le retournement de la tendance ne doit pas être surestimé : la moyenne annuelle des chômeurs s'établit à 69.000 unités; l'accroissement de 30% des chômeurs recensés par rapport à 1964 paraît sans doute spectacu- laire, mais même à ce niveau, le chômage total reste inférieur à 2% de la population active. Le plein emploi reste donc assuré.

TABLEAU II - Taux annuels de progression

1964 1965

Indice général des prix de gros 4,6 1,1 dont : produits agricoles 2,7 3,0

produits industriels 5,2 0,5

Indice général des prix de détail 4,2 4,1 dont : produits alimentaires 4,8 4,7

produits non alimentaires 2,9 2,7 services 6,9 5,6

Moyenne annuelle chômeurs totaux - 36,2 + 30,0

Gain moyen horaire dans l'industrie -f 10,7 + 9,7

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Le phénomène de hausse des prix de détail a persisté, mais il ne traduit plus les effets d'une demand inflation généralisée. Cette hausse semble résulter de différentes causes, en partie extérieures : l'augmen- tation des prix des produits importés et des coûts de transport; l'incidence de l'intégration des marchés agricoles des Six et de la politique d'amélioration des revenus des agriculteurs ; enfin, la hausse des prix des services, entraînés par les modifications structurelles des dépenses de consommation, propres à un pays à haut niveau de vie.

L'augmentation des salaires nominaux s'est à peine ralentie, ce qui s'explique à la fois par la liaison à l'index des prix de détail, et par la faible détente enregistrée sur le marché du travail.

L'écart entre la progression du PNB à prix courants (7,5%) et celle des prix des biens et services (environ 4,5%) implique une augmentation des revenus réels limitée à environ 3%.

En dépit d'un accroissement de plus de 14% des exportations, la progression de la production a, dans l'ensemble, été assez faible : l'indice AGEFI indique pour l'année une progression de 2% contre 6,5% en 1964. La valeur ajoutée dans l'industrie a progressé globale- ment de quelque 2,5%. Par suite de l'allongement de la durée mini- mum des congés, le volume global du travail preste a diminué de 1 % environ. Finalement, on peut estimer à un peu plus de 3% le progrès de la productivité moyenne.

Le rajustement intervenu entre l'offre et la demande de produits et de services n'a pas encore provoqué de détente dans les dispositifs monétaires et financiers. Un nouveau gonflement de la demande de capitaux s'est au contraire manifesté en 1965. Il procède de diverses raisons connues. D'une part les entreprises, qui ont à financer des programmes importants d'investissements de rationalisation ou d'extension en cours, se trouvent obligées, en face de l'affaiblissement progressif de leurs possibilités d'autofinancement, de recourir davan- tage aux capitaux extérieurs. Les besoins de moyens financiers du secteur public se sont d'autre part accrus, par suite à la fois de la détérioration du solde du budget ordinaire de l'État et des décais- sements prévus aux budgets d'investissement du pouvoir central, des Fonds autonomes (notamment du Fonds des Routes), des pouvoirs subordonnés et des organismes publics d'exploitation.

Enfin, on ne peut négliger la contagion résultant d'une pression généralisée sur les marchés financiers internationaux sollicités par les intenses besoins de capitaux émanant de firmes de divers pays d'Europe, qui ne peuvent plus recourir, comme auparavant, aux

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marchés des Etats-Unis, depuis les mesures prises par ce dernier pays pour redresser sa balance des paiements.

Finalement, lorsque Ton veut situer l'évolution économique de la Belgique dans un contexte plus large, on aperçoit de nombreux points de similitude avec les autres nations industrialisées.

Partout pratiquement en Europe, la progression des revenus et de l'activité industrielle a fléchi en 1965. Le PNB exprimé à prix constants de l'ensemble des pays de la CEE n'a progressé que de 3,6% contre 6,1% en 1964; celui du Royaume-Uni, de 2,4% contre 5,8%. Dans ce concert de pays, la Belgique paraît donc occuper une situation intermédiaire.

Cette dernière constatation est également valable en ce qui concerne les prix de détail : à cet égard, les disparités s'améliorent pour la Belgique vis-à-vis des Pays-Bas et du Royaume-Uni, mais se détériorent légèrement vis-à-vis de la France, de l'Allemagne occi- dentale et des États-Unis. Par contre, vis-à-vis de tous ces pays, sauf l'Allemagne, les disparités de coûts salariaux semblent avoir évolué défavorablement pour la Belgique (2).

Une pénurie relative de main-d'œuvre, surtout qualifiée, et une vive tension sur des marchés de fonds sollicités par d'importants programmes d'investissements publics et privés, constituent deux caractéristiques générales et peut-être permanentes d'une Europe en situation à la fois de plein emploi et de profondes mutations struc- turelles. Les impératifs de productivité et d'épargne prennent dans ce contexte une signification profonde: l'une et l'autre constituent les moyens de surmonter les goulots d'étranglement qui font obstacle à la poursuite de l'expansion.

(2) Rapport BNB, 1965, p. 49. Les chiffres publiés par l'Office des Statis- tiques des Communautés européennes indiquent, entre avril 1964 et avril 1965, une progression des gains horaires moyens bruts dans l'industrie manufacturière (hommes) de 10,5% en Italie et aux Pays-Bas, de 9,5% en Allemagne et en Belgique, de 5% en France. Si l'on excepte donc ce dernier pays, l'évolution est donc fortement parallèle dans la CEE.

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II - L'ÉVOLUTION DES DISPONIBILITÉS MONÉTAIRES

Le stock monétaire, et plus encore les disponibilités quasi moné- taires du public, ont connu en 1965 un développement rapide, bien

TABLEAU III - Disponibilités monétaires aux mains du public En milliards de francs

Taux Fin Fin Fin d'accroissement 1963 1964 1965 en

1964 1965

(1) Stock monétaire 279 fi 298 ,7 320 fi + 7,0 + 7,1 dont: billets 153,7 163,8 173,4 + 6,5 + 5,9

monnaie scripturale 125,3 134,9 146,6 + 7,6 + 8,6

(2) Liquidités quasi monétaires (*) 64,1 70,2 81, S + 9,5 +16,5 dont : dépôts en FB

à terme 27,6 31,4 37,2 +13,7 +18,4 dépôts d'épargne 27,4 38,7 40,2 +23,4 +19,1 dépôts en devises 9,1 5,1 4,4 -46,0 -13,8

Sous-total (1) + (2) 343,1 368,9 401,8 + 7,5 + 8,9

(3) Autres liquidités quasi monétaires (**) en dépôts 139,3 149,1 166,7 +7,0 +11,8 dépôts dans caisses d'épargne privées 41,3 46,7 54,5 +13,1 +16,7 dépôts à la CGER 98,0 102,4 112,2 + 4,5 + 9,5

(4) Bons de caisse (*♦♦) 46,2 47,8 50,0 + 3,5 + 4,6 dont: Banques 11,4 11,3 11,3 - 0,5 - 0,1

caisses d'épargne privées 9,9 10,3 11,1 + 4,0 + 7,8

SNCI 8,4 8,8 9,3 + 4,8 + 5,7 Crédit communal 16,5 17,4 18,3 + 5,5 + 5,2

(5) Total (1) à (4) 528,6 565,8 618,5 +7,0 +9,3

(*) Recensées comme telles par la BNB. Il s'agit de la quasi-monnaie constituée auprès des organismes monétaires.

(*♦) Constituées auprès d'organismes non monétaires. (♦♦♦) Bons jusqu'à moins de cinq ans.

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supérieur à l'évolution des transactions à prix courants, et en accélération par rapport à 1964.

Toutes les rubriques n'ont pas participé également à cette évolution. La croissance du stock monétaire est très légèrement supérieure à celle de l'année antérieure; mais le glissement au profit de la monnaie scripturale s'est accéléré, tandis que l'expansion de la circulation fiduciaire a ralenti.

Plusieurs facteurs peuvent rendre compte de cette divergence de comportement: tout d'abord le fait que les transactions avec l'étranger aient été le facteur le plus dynamique de la formation des revenus peut expliquer que les liquidités des entreprises exportatrices soient abondantes ; or, il s'agit de firmes qui règlent leurs transactions principalement par voie bancaire et détiennent dès lors leurs moyens de règlements en comptes courants.

En second lieu, la thésaurisation en billets doit avoir diminué, en raison de l'attraction exercée par les niveaux élevés des taux d'intérêt, mais aussi des efforts de pénétration exercés par les inter- médiaires financiers publics et privés auprès de nouvelles couches de déposants. Enfin, il est possible que certains achats de consommation anticipés, effectués au cours des deux derniers mois de 1965, en prévision du renforcement des impôts indirects, aient abouti à une destruction de billets détenus par des ménages au profit notamment des encaisses des entreprises de distribution.

En ce qui concerne les avoirs quasi monétaires, on sera frappé par l'expansion soutenue des dépôts d'épargne dans les banques, les caisses d'épargne privées, et à la CGER. Les avantages fiscaux alloués à cette catégorie de placements exercent une attirance évidente sur les épargnants. Pour le surplus, il est certain que l'augmentation des traitements et des salaires ne provoque pas un accroissement symétrique immédiat de la consommation, malgré la hausse du coût de la vie. Ce retard d'adaptation des dépenses à des revenus en croissance constitue un phénomène bien connu, qui explique le renforcement de la propension moyenne à l'épargne des particuliers à laquelle nous assistons depuis plusieurs années. Par ι apport au revenu disponible, on peut calculer que le taux d'épargne des ménages doit être passe de quelque 12,8% en 1955 à plus de 14% l'an dernier.

Cette évolution a été d'autant plus heureuse qu'elle a permis de compenser la réduction du taux d'autofinancement des entreprises. Ces dernières, engagées globalement dans des programmes d'inves- tissement assez lourds, avec des marges bénéficiaires en contraction,

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ont dû recourir davantage au financement extérieur, et ont, notam- ment en ce qui concerne les entreprises manufacturières, réduit leurs disponibilités quasi monétaires. Il est malaisé de préciser dans quelle mesure ce phénomène a joué, car l'on ne dispose pas d'une ventilation des dépôts par secteurs économiques, et notamment de leur réparti- tion entre entreprises et ménages. Pourtant, si l'on admet que les fonds temporairement inemployés des entreprises constituent la plus grosse partie des dépôts à terme en FB et des dépôts en devises dans les banques, on ne peut manquer d'être frappé par l'expansion relativement lente de l'encours cumulé de ces deux rubriques : en fait, on assiste à un glissement vers les dépôts à terme en francs belges, au détriment des dépôts en devises, qui résulte uniquement d'une modification des techniques de rémunération des dépôts et de l'abandon des swaps (3). Les avoirs quasi monétaires des entreprises ne doivent pas s'être accrus, globalement, à un rythme supérieur à 4% en moyenne au cours des deux dernières années. Et les secteurs industriels, les plus affectés par ce profit squeeze - la sidérurgie par exemple - qui ont recouru très largement aux crédits bancaires, ont certainement diminué, corrélativement, leurs dépôts bancaires dans d'appréciables proportions.

C'est par extension, - que l'on jugera peut-être abusive, - que nous avons encore rangé parmi les liquidités quasi monétaires les bons de caisse émis par les principaux intermédiaires financiers. L'on nous accordera qu'il s'agit simplement d'une question de définition : à preuve la pratique hollandaise, qui n'hésite pas à considérer comme telles les bons de caisse et les certificats de trésorerie émis au robinet ou par adjudications.

Tout comme les autres actifs financiers détenus par le public, l'encours de ce papier a progressé en 1965 à un rythme un peu supérieur à celui de l'année précédente. Il s'agit pourtant d'un type de placement moins attirant, semble-t-il, que les dépôts d'épargne, ce qui s'explique par des considérations fiscales. De plus, il est possible que certaines banques aient délibérément renoncé, depuis deux ans, à pousser ce type de placement, relativement onéreux pour

(3) Jusqu'en 1963, les banques acceptaient, dans certains cas, de rémunérer les très gros dépôts à des taux légèrement plus favorables que les barèmes convenus avec les autorités monétaires pour les dépôts en FB, en procédant à des achats de devises couverts par des reventes à terme. Elles ont renoncé à cette pratique, que les déports en certaines monnaies rendent d'ailleurs prohibitifs. En contrepartie, une certaine flexibilité par rapport aux barèmes courants a été instaurée pour les gros dépôts.

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le débiteur, escomptant par ailleurs une diminution des taux d'in- térêt.

Un autre motif peut avoir joué : les banques considèrent que l'encours des bons de caisse forme la contrepartie des crédits per- sonnels et des financements des ventes à tempérament : comme ces opérations ont été délibérément freinées, conformément aux recom- mandations des autorités monétaires, il ne s'indiquait pas de pousser le développement de ces moyens d'action. Les caisses d'épargne privées et les institutions publiques spécialisées ont, par contre, continué à accroître leur encours de bons de caisse, ce qui a permis aux premières de rencontrer la demande de crédits hypothécaires à la construction, et aux secondes d'étendre leur intervention dans le financement des investissements.

III - Les crédits du système monétaire

Les statistiques officielles - qu'elles soient trop fragmentaires ou publiées avec un trop long délai - ne permettent pas d'embrasser l'évolution de l'ensemble des placements des intermédiaires finan- ciers. Force nous est donc, comme les années précédentes, de faire abstraction de tous les organismes non monétaires.

Ces derniers, comme on le sait, affectent les moyens qu'ils recueillent, soit au financement de la construction (et ceci vise particulièrement les caisses d'épargne et les sociétés d'assurances), soit aux placements en titres de la dette publique et valeurs assimilées

TABLEAU IV - Disponibilités auprès des organismes monétaires ET LEURS CONTREPARTIES

En milliards de francs

Contreparties : opérations avec Monnaie et quasi- monnaie .,, les pouvoirs les entreprises ι étranger publics et particuliers divers

1963 année +33,6 - 1,4 +21,8 +17,3 -4,1 1964 année +25,8 + 7,0 +10,7 +11,8 -3,7 1965 année +32,9 +13,3 + 7,0 +16,2 -3,6

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(et ceci concerne, outre les deux catégories mentionnées, les organis- mes spécialisés du secteur public : C G Ε R, S Ν C I, Crédit Communal) soit enfin (pour ces trois derniers) contribuent au financement des investissements publics et privés.

Quant aux organismes monétaires, on constate que l'expansion des disponibilités, constituées auprès d'eux par le public (32,9 milliards en 1965 contre 25,8 milliards en 1964), trouve sa contre- partie à la fois dans un développement des crédits aux entreprises et particuliers et aux pouvoirs publics, et dans une nouvelle accumu- lation d'avoirs sur l'étranger.

A. Opérations du secteur privé avec l'étranger

Conformément à l'évolution cyclique habituelle, le déficit apparu dans la balance des transactions courantes dans la période d'expansion la plus forte, - en 1963, - a fait place depuis lors à un excédent. En effet, en même temps que ralentissait le développement des importations de biens d'équipement et de matières premières, et qu'un déstockage intervenait au niveau des industries transforma- trices, les exportations s'accroissaient encore sensiblement.

Le solde des transactions courantes de la balance des paiements, déficitaire en 1963, équilibré en 1964, marquera, dans les chiffres définitifs de 1965, un net excédent.

Les composantes des mouvements de capitaux des entreprises et particuliers sont plus malaisées à établir : au surplus, les modifi- cations continuelles apportées au matériel statistique ne permettent aucune vue un tant soit peu homogène à travers le temps. Toutefois, les facteurs suivants pourraient avoir joué, qui d'ailleurs se compen- sent partiellement.

En premier lieu, on a noté différentes émissions à l'étranger par des organismes publics d'exploitation ou de crédit. Leur dette en devises serait passée de 9.636 millions au début de 1965 à 11.427 millions au 31 décembre 1965. Le gonflement de la dette extérieure des parastataux - au même titre que celle de l'État - a été critiqué, pour l'effet inflationniste qui résulte de l'injection monétaire qu'elle produit dans le pays. Cet effet ne paraît cependant pas devoir être surestimé en 1965 en ce qui concerne les paraétatiques : l'accroisse- ment de 1,8 milliard de leur dette est de moitié moindre que celui enregistré en 1964.

En second lieu les investissements directs étrangers en Belgique

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se sont encore accrus. Ils paraissent induire cependant, moins que par le passé, un apport de capital extérieur. Si Ton considère notam- ment les investissements nouveaux américains, la part importée des moyens financiers s'est réduite, en liaison avec les efforts demandés aux firmes par le Gouvernement des Etats-Unis en vue de rééquilibrer la balance des paiements de ce pays. Ce sont les capitaux empruntés dans le pays et les réinvestissements de bénéfices réalisés sur place qui ont pris le relais.

En sens inverse, un mouvement significatif paraît s'être dessiné : des crédits ont été consentis par les banques belges à l'étranger, notamment pour tirer parti des disparités des taux d'intérêt entre la Belgique et certains pays où les mesures de restrictions de crédit étaient en vigueur. L'importance du développement des opérations actives et passives avec les correspondants banquiers qui apparaît à la situation globale des banques, indique en outre que les opérations d'arbitrage se développent avec les correspondants étrangers.

Dans l'ensemble, la combinaison de ces facteurs doit avoir eu pour effet de réduire, par rapport à 1964, le solde net des entrées de capitaux privés. Contrairement à la situation qui a prévalu antérieu- rement l'accroissement des avoirs sur l'étranger paraît principalement imputable au solde favorable des transactions courantes.

TABLEAU V - Opérations du secteur privé avec l'étranger En milliards de francs

Balance des paiements de l'UEBL

pour mémoire Opérations

avec Capitaux l'étranger et trans- Capitaux

(♦) Trans- ferts officiels Solde actions privés et Total et trans- balance

courantes erreurs et ferts paiements omissions publics

1963 - 1,4 -4,6 + 5,2 + 0,6 -0,6 1964 + 7,0 -0,7 +12,3 +11,6 -0,9 +10,7 1965 +13,3 +6,0 + 8,0 +14,0 -6,0 + 8,0 (est.)

(♦) Voir colonne II du tableau IV.

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Β. Le financement monétaire du secteur public

La détérioration de la situation des finances publiques est sans conteste l'événement qui a le plus marqué 1965, année de fin de législature et de crise gouvernementale assez longue. Les causes et les conséquences en sont étudiées par ailleurs. Il nous suffit ici d'examiner les implications monétaires découlant de l'accroissement des besoins financiers de l'Etat et des autres pouvoirs publics.

A cet égard, on sait que la création d'un volume supplémentaire de monnaie peut résulter soit d'emprunts à l'étranger (car les devises acquises sont immédiatement converties en francs belges auprès de la Banque Nationale), soit d'emprunts intérieurs auprès des or- ganismes monétaires (principalement les banques belges).

TABLEAU VI - Opérations avec les pouvoirs publics En milliards de francs

pour mémoire

Opérations Financement Financement Capitaux avec les par cessions par crédits officiels pouvoirs de devises intérieurs et transferts publics (*) monétaires publics

1963 +21,8 + 2,4 +19,4 -0,6 1964 +10,7 +1,9 + 8,8 -0,9 1965 + 7,0 -5,3 +12,3 -6,0

(*) Voir colonne III du tableau IV.

En 1965, les pouvoirs publics n'ont, par solde, pas emprunté à l'étranger, mais ont au contraire amorti leur dette extérieure.

En milliards de francs

1963 1964 1965

Etat +2,4 +0,6 -5,5 Provinces et communes - +1,3 +0,2

Total +2,4 +1,9 -5,3

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L'Etat, sinon les pouvoirs subordonnés, a donc, sur ce plan, exercé une influence contra-cyclique indéniable.

L'appel au marché des capitaux intérieur a par contre atteint près de deux fois le montant prélevé en 1964.

TABLEAU VII - Couverture des besoins nets DE FINANCEMENT PAR L'ETAT

En milliards de francs

1964

1963 1965 année année 1 1 mois 1 1 mois

Solde budgétaire -25,1 -21,3 -18,4 -25,8 Opérations extrabudgétaires - 9,0 - 6,3 - 6,0 - 6,6

Déficit de trésorerie -34,1 -27,6 -24,4 -32,4

Amortissement de la dette publique compris dans les dépenses budgétaires 10,8 12,6 11,9 13,2

Besoins nets de financement - 23,3 - 1 5,0 - 1 2,5 - 1 9,2

Couverts par recours aux marchés étrangers +12,5 +1,1 - 1,3 - 4,2

Recours au marché belge +10,8 +13,9 +13,8 +23,4

Les souscriptions en provenance de l'épargne ont été abondantes. Le Fonds des Rentes a même pu diminuer le portefeuille qu'il finance par émission de certificats auprès des banques.

C'est principalement à partir de l'été que le recours du Trésor au marché belge s'est accentué : les rendements des fonds publics sont passés, pour les emprunts d'Etat 5 à 20 ans, de 5,5% en août à 5,7% en décembre : 18 milliards ont été émis par l'Etat, le Fonds des Routes, le Crédit Communal et la Ville d'Anvers au cours des seuls quatre derniers mois de l'année, dans des conditions d'ailleurs difficiles. Le Fonds des Rentes n'a pratiquement plus été vendeur. Le Trésor a dû demander aux banques une intervention spéciale, de l'ordre de 3,7 milliards, poui éviter que ne soit percé le plafond de 10 milliards des avances à la Banque Nationale. La situation s'est

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cependant normalisée dès décembre 1965. Les recettes d'impôt ont été gonflées, grâce à une anticipation des dépenses de consommation, à l'annonce de la hausse des taxes indirectes, finalement intervenue le 1er janvier 1966. L'encaissement des versements anticipés au précompte professionnel et des taxes de roulage, ont même permis de postposer d'un mois l'appel au marché que le Trésor effectue habi- tuellement en janvier.

Finalement, on peut constater que, grâce aux amortissements sur emprunts extérieurs, et à une démonétisation substantielle de la dette aux mains du Fonds des Rentes, l'année 1965 s'est clôturée par un recours relativement limité du Trésor aux disponibilités des organismes monétaires. Mais les taux élevés qui prévalent actuelle- ment, le fait aussi que l'on ait dû ralentir l'exécution des investisse- ments d'infrastructure, sont autant d'indices d'une situation qui demeure tendue.

C. Crédits aux entreprises et particuliers résidents

La détente conjoncturelle intervenue dans le courant de 1965 a provoqué, au moins au cours des trois premiers trimestres, un net fléchissement de l'accroissement de la demande des crédits: pour les neuf premiers mois, l'encours total recensé des crédits d'escompte, d'avances et d'acceptation n'a augmenté que de 22,9 milliards, contre 28.4 milliards pour la période homologue de 1964. La com- paraison entre ces deux derniers chiffres sous-estime sans doute le

TABLEAU VIII - Crédits d'escompte, d'avances et d'acceptation aux ENTREPRISES ET PARTICULIERS RÉSIDENTS

En milliards de francs

Crédits supportés Crédits supportés par les organismes par les organismes Total

monétaires (*) non monétaires

1963 +17,3 +20,7 +38,0 1964 +11,8 +17,5 +39,3 1965 (estimation) +16,4 +18,9 +35,3 dont : 9 premiers mois + 8,2 + 14,7 +22,9

4e trimestre + 8,2 + 4,2 +12,4 ; |

(*) Voir colonne IV du tableau IV.

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ralentissement intervenu dans la demande : on sait en effet que des directives précises freinaient en 1964 l'expansion des crédits, alors que les mesures restrictives furent progressivement assouplies en 1965.

C'est ainsi qu'en avril 1965, la Banque Nationale soustrayait les crédits d'investissement à l'application des limites quantitatives précises imposées aux banques.

En juillet, le coefficient de réserve monétaire, fixé à 1 % des dépôts bancaires, ne fut pas reconduit, et les plafonds subsistant pour les crédits commerciaux furent abolis.

Les autorités demandèrent cependant aux banques de continuer à faire preuve de modération en ce qui concerne les crédits finançant la consommation et la construction immobilière. Le tableau suivant, dont les données ne sont disponibles que pour les neuf premiers mois de 1965, témoigne de ce que cet appel fut effectivement entendu au moins en ce qui concerne les prêts personnels et le financement des ventes à tempérament.

TABLEAU IX - Ventilation des crédits aux entreprises et particuliers PAR PRINCIPALES CATÉGORIES

En milliards de francs

Crédits aux entreprises et particuliers résidents

Crédits à

Importa- Investis- Consom- Con- l'expor- Total tions sèment mation struction Autres tatlon

1963 ... +14,9 +1,4 +10,5 +10,2 +1,0 +38,0

1964 +0,8 +18,1 +1,5 +12,4 + 4,3 +2,2 +39,3

1964 ... +14,9 +1,7 + 7,4 + 3,1 +1,3 +28,4 9 mois 1965 +1,4 + 8,0 +0,9 + 7,4 + 3,9 +1,3 +22,9 9 mois

Le dernier trimestre de 1965 fut marqué par une forte reprise de la demande de crédits liée elle aussi à un phénomène de stockage, anticipant sur l'alourdissement des impôts indirects annoncé pour le

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1er janvier 1966. Il semble toutefois que les demandes de capitaux externes de la part d'entreprises engagées dans d'importants pro- grammes d'investissement, aient contribué à cette expansion. Ce mouvement est d'ailleurs appelé à se poursuivre, selon toutes vraisemblances, dans le courant de 1966. Ne voit-on pas en effet la SNCI (4) indiquer que la marge disponible sur crédits d'investisse- ment accordés aux entreprises est passée pour cette seule institution de 10,8 milliards à fin 1964 à 22,3 milliards à fin 1965. Si l'on y ajoute les crédits non utilisés du système bancaire et de quelques institutions spécialisées (CG ER, Crédit Communal), on pourrait bien atteindre quelque 35 milliards de demandes potentielles, relatives aux seuls crédits d'investissement. Même en tenant compte des rembourse- ments sur l'encours des crédits anciens, ceci doit aboutir à une pression considérablement accrue sur les capitaux d'épargne dis- ponibles, justifiant, dans des conditions plus concurrentielles, un relèvement des taux d'intérêt pour les crédits de ce type.

IV - Le marché des capitaux

En symbiose avec les autres places européennes, la Bourse de Bruxelles a connu un climat général assez maussade.

Le rendement des actions se situant en moyenne pour 1965 aux alentours de 3,50%, - soit nettement en deçà du rendement des obligations (5,5% au moins) - n'a guère attiré les investisseurs, d'autant qu'aucune perspective d'une hausse importante des béné- fices distribués et des cours des actions ne se dessinait dans un climat de hausse des salaires, de renchérissement des coûts de production, et de contraction des marges bénéficiaires.

Des facteurs défavorables sont encore intervenus : dans l'ordre politique, il faut citer les difficultés rencontrées lors de la formation du gouvernement, les exigences formulées à cette occasion concer- nant le contrôle des holdings et des sociétés d'électricité, la révélation de la situation grave des finances publiques et l'éventualité d'un renforcement de l'impôt des sociétés et des gros revenus; d'un point de vue technique, des ordres de vente en provenance, notamment des Etats-Unis, ont imprimé à l'ensemble des bourses européennes une ambiance pessimiste.

(4) Rapport annuel, 1965, p. 7.

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Le seul facteur positif qui aurait pu stimuler les cours des actions - l'abondance des liquidités monétaires - n'a pas eu l'occasion de jouer, car l'intense activité d'émission des pouvoirs publics est venue éponger les disponibilités qui auraient pu se transformer en une demande de papier sur le marché.

Émissions sur le marché belge des capitaux En milliards de francs

Emissions obligations Emissions du secteur privé du secteur public Total

Total Actions Obligations Brutes Amortiss. Nettes (l) + (6) = (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)

1964 6,5 4,9 1,6 38,3 27 11,3 17,8

1965 5,7 2,4 3,3 46,4 19 27,4 33,1

II n'est donc guère étonnant que le volu memoyen des transac- tions en Bourse de Bruxelles n'ait atteint que 83 millions par séance (soit le chiffre le plus bas enregistré depuis 1958, année de légère récession) et que tous les indices de cours - tant au terme qu'au comptant - indiquent une baisse de l'ordre de 15%.

Le recul des cours a porté le rendement moyen des actions au niveau de 3,65% en fin 1965, contre 3,04% au début de l'année. A ce niveau de rentabilité l'avantage aux obligations subsiste néan- moins.

Dans ce climat, l'activité d'émission d'actions a été réduite. La plupart des augmentations de capital semblent n'avoir été souscrites que difficilement - comme en témoignent les baisses de cours à l'annonce ou pendant les opérations d'émissions.

L'évolution sur le marché belge des obligations est indissociable de certains événements intervenus à l'étranger.

Vers la fin de 1964, le marché belge avait été rendu relativement liquide, en relation d'une part avec une certaine tendance à la diminution de pression exercée par l'investissement industriel, mais surtout, par un reflux de capitaux provoqué par des ventes d'obliga- tions allemandes (lorsqu'il se confirma qu'une taxe de 25% allait être

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établie sur les intérêts encaissés par des non-résidents), et par la crise de la livre sterling.

Ultérieurement, les problèmes relatifs au financement des dépen- ses des pouvoirs publics ont déterminé une tension progressive du marché. Les émissions nombreuses ont épongé les capitaux disponi- blesen même temps qu'elles contribuaient à un relèvement progressif des taux de rendement.

Le placement des emprunts émis par les pouvoirs publics semble avoir rencontré des difficultés croissantes en fin d'année : la discussion sur la place publique d'une situation budgétaire obérée et la hausse persistante du coût de la vie éveillaient certaines alarmes dans le public : les particuliers semblent avoir fait montre de beaucoup de réserves quant aux placements à long terme, et avoir préféré détenir leurs moyens d'action sous des formes plus liquides (carnets d'épargne, dépôts à vue et à court terme).

Les institutions financières qui prennent souvent des obligations pour des raisons statutaires ont, - grâce à l'afflux d'épargnes ainsi constituées auprès d'elles - servi de relais, et compensé en grande partie l'abstention des particuliers.

On peut pourtant se demander si les facteurs institutionnels ou psychologiques qui ont permis de maintenir les capitaux dans le circuit national ne risquent pas de devenir de moins en moins opérants à l'avenir.

L'internationalisation croissante des marchés des capitaux ne favorise certes pas les émissions publiques sur le marché belge : des rendements de fonds publics de 5,36% à 6 ans - 5,52% à 15 ans (nets de précompte mobilier, mais précompte de contrôle à déduire), supportent difficilement la concurrence des émissions sur le marché international, où prévalent des taux de rendement nets compris entre 6,25 et 6,50%. Le quasi-échec d'emprunts récents de sociétés privées et d'émissions du secteur public indiquent que le danger n'est pas illusoire de voir l'épargne belge s'orienter davantage vers les emprunts étrangers, sauf à assister à un nouveau relèvement des taux offerts sur notre marché.

V - Perspectives et conclusions

L'extension des tâches assumées par les pouvoirs publics, non accompagnée d'un accroissement parallèle des ressources fiscales,

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aboutit à des prélèvements croissants de la part de ce secteur sur les marchés financiers. Ces appels de l'État maintiennent les taux de rendement à des niveaux élevés.

L'intégration croissante des pays du Marché commun et le niveau de plein emploi atteint dans tous ces pays nécessitent en outre de la part des entreprises engagées dans des programmes d'investis- sement de rationalisation ou d'expansion, des capitaux importants : un simple ralentissement du rythme d'expansion économique sans récession prononcée ne suffit pas à provoquer une diminution globale du recours des entreprises aux capitaux extérieurs, d'autant que dans des marchés fort concurrentiels les possibilités d'autofinancement pâtissent, en premier lieu, d'un affaiblissement de la demande.

Enfin les mesures prises par les diverses autorités nationales pour enrayer l'inflation des coûts contribuent, le plus souvent, à augmenter les taux d'intérêt.

Ces trois facteurs, qui ne sont d'ailleurs pas propres à la Belgique, opèrent, dans un climat d'internationalisation croissante des mouvements de capitaux un nivellement des taux d'intérêt par le haut.

L'intensité des besoins prévisibles en ce qui concerne tant le financement d'investissements privés que publics, et les perspectives d'un regain de l'expansion économique en 1966, rendent peu vraisemblable l'hypothèse d'une détente généralisée et profonde des taux d'intérêt dans les mois à venir.

Le besoin de capitaux extérieurs des entreprises peut être satis- fait, par le marché des capitaux et par le crédit des banques et des organismes spécialisés, tant que l'épargne en formation des parti- culiers reste abondante, pour autant cependant que les pouvoirs publics maintiennent leurs prélèvements dans des limites acceptables. Encore faudrait-il qu'une concordance suffisante soit rétablie entre le développement des capitaux à risque et des capitaux d'emprunt, car on aboutirait sans cela à une situation d'endettement intolérable à beaucoup de firmes.

D'autre part, la tendance naturelle de l'épargne des particuliers à se concentrer sur des formes institutionnelles et mobilisables constitue un autre handicap, tant que divers obstacles détournent cette épargne du financement des besoins industriels et d'infrastruc- ture prioritaires : les donneurs directs de crédits doivent notamment pouvoir recourir au refinancement auprès des caisses d'épargne et obtenir, dans des conditions plus concurrentielles, que leurs moyens d'action croissent aussi rapidement que la demande de crédits.

Avril 1966

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