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RÉSUMÉ D’ECOBIOSE À L’INTENTION DES DÉCIDEURS, POUR LES SOCIO-ÉCOSYSTÈMES DE PRODUCTION ET LES SYSTÈMES ARTIFICIALISÉS, ET LEUR GOUVERNANCE La biodiversité, une composante essentielle pour l’économie et la culture en Nouvelle-Aquitaine Agissons aujourd’hui, réinventons demain

La biodiversité, une composante essentielle pour l ... · Créé en novembre 2017 à l’initiative de la Région Nouvelle-Aquitaine, au regard des enjeux sociétaux que représente

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RÉSUMÉ D’ECOBIOSE À L’ INTENTION DES DÉCIDEURS, POUR LES SOCIO-ÉCOSYSTÈMES DE PRODUCTION ET LES SYSTÈMES ARTIF ICIALISÉS, ET LEUR GOUVERNANCE

La biodiversité,une composanteessentielle pourl’économie etla culture enNouvelle-Aquitaine

Agissons aujourd’hui, réinventons demain

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Le comité scientifique ECOBIOSECréé en novembre 2017 à l’initiative de la Région Nouvelle-Aquitaine, au regard des enjeux sociétaux que représente l’érosion de la Biodiversité, le comité scientifique régional interdis-ciplinaire ECOBIOSE a pour mission de réaliser un état des lieux des connaissances scienti-fiques sur les interrelations entre état de la biodiversité, fonctionnement des écosystèmes et provision de services économiques et socio-culturels sur le territoire néo-aquitain. ECOBIOSE est la déclinaison régionale de l’IPBES (Plateforme Intergouvernementale scientifique et poli-tique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques). La responsabilité d’ECOBIOSE a été confiée à Vincent Bretagnolle (Centre National de la Recherche Scientifique, Chizé).

COPYRIGHTCNRS, Région Nouvelle-Aquitaine

AUTEURSVincent Bretagnolle et Olympe Delmas

RÉSUMÉ DES PREMIERS CHAPITRES DU RAPPORT SOURCELe présent « Résumé à l’intention des décideurs » résume les informations issues du « Rapport d’évaluation sur le rôle de la biodiversité dans les socio-écosystèmes de Nouvelle- Aquitaine » paru en décembre 2019. Ce rapport est disponible sur le site internet d’ECOBIOSE (www.ecobiose.fr). Les indications de chapitre placées entre accolades dans ce document, par exemple {1.2.2.3}, se réfèrent aux parties du rapport d’évaluation.

DESIGN GRAPHIQUEITI communication

Territoires de plaine et grandes cultures

Territoires viticoles

Territoires forestiers

Territoires urbains et artificialisés

Territoires d’eaux douces, marins et littoraux

Territoires de prairies

Avec les contributions et relectures de Didier Alard (Univ Bordeaux), Vincent Bretagnolle (CNRS), Caitriona Carter (IRS-TEA), Philippe Deuffic (IRSTEA), Sabrina Gaba (INRA), Eric Giraud-Héraud (INRA), Hervé Jactel (INRA), Frédéric Revers (INRA), Adrien Rusch (INRA), Yohan Sahraoui (Univ. Paris 1), Jean-Louis Yengué (Univ. Poitiers) & Théo Rouhette (CNRS)

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I N T R O D U C T I O N La biodiversité, une composante essentielle pour l’économie et la culture en Nouvelle-Aquitaine

Messages clés à l’intention des décideursLes agro-écosystèmes de grandes cultures, viticoles et sylvicoles (et dans une moindre mesure, les territoires anthropisés), abritent une diversité végétale et animale (sauvage ou domestiquée) qui soutient non seulement la production (alimentation humaine et animale, bois) mais fournit aussi d’autres services indispensables à l’ensemble de la société. L’agriculture est la première activité économique de la région Nouvelle-Aquitaine. Dans les socio-éco-systèmes de production, plaines agricoles, vignes et forêts de Nouvelle-Aquitaine, la biodiversité a des effets positifs directs et indirects sur les biens et productions. La biodiversité, qu’elle soit cultivée ou hébergée, améliore la qualité de la production, et augmente et stabilise les rendements face aux aléas environnementaux.

Au-delà des services d’approvisionnement, elle procure aux sociétés humaines dans leur en-semble des services de régulation (épuration de l’eau, fertilité du sol, régulation du climat, contrôle biologique, pollinisation) et des services so-cio-culturels (présence d’espèces emblématiques, ressources pour les activités récréatives) qui dé-passent la dimension de production de biens.

Les bénéfices économiques, environnementaux et culturels que la société retire des services fournis par la biodiversité ont à la fois des valeurs marchandes et non marchandes.Les services d’approvisionnement (dont dé-pendent la production agricole ou sylvicole), sont étroitement liés au marché et génèrent des bé-néfices économiques : la biodiversité a donc une valeur marchande pour les exploitants. D’autres services qui ne reposent pas sur l’exploitation des ressources naturelles ont une valeur patrimoniale

(liée à l’œnotourisme par exemple) et culturelle bénéficiant non seulement au citoyen du territoire, mais également à la société dans son ensemble. La biodiversité peut aussi procurer des services en termes de santé publique (par exemple en ville pour atténuer la chaleur ou la pollution).

Bien qu’ils soient façonnés et exploités par l’humain, les écosystèmes de grandes cultures, viticoles et forestiers abritent une riche diversité biologique. L’intensification des pratiques agricoles, l’uniformisation des paysages et l’introduction d’espèces envahissantes entrainent cependant le déclin de la biodiversité dans ces écosystèmes. Dans une moindre mesure, ces processus s’appliquent également aux territoires urbanisés.Les agro-écosystèmes constituent de loin le mode d’usage des terres majoritaire en Europe et en France (55%) et abritent une biodiversité im-portante. De nombreuses études démontrent le déclin accéléré d’un grand nombre d’espèces vé-gétales ou animales. L’intensification de l’agricul-ture via le recours massif aux intrants chimiques (pesticides et fertilisants), la mécanisation des travaux agricoles ainsi que la simplification des

paysages agricoles, viticoles et forestiers mais aussi l’introduction d’espèces exotiques et enva-hissantes ont été identifiées comme des causes majeures de la diminution des populations et à termes, de l’extinction des espèces. En ville et plus généralement dans les territoires anthropi-sés, on constate également un déclin alarmant de la biodiversité ordinaire.

Concilier objectifs de production et objectifs de conservation de la biodiversité, ou plus généralement de sa gestion durable, repose sur des modes de gouvernance appropriés, qui pour l’instant sont le théâtre de rapports de force et de blocages institutionnels et législatifs.Deux principaux modes de gouvernance de la biodiversité apparaissent dans les socio-écosys-tèmes néo-aquitains : une forme de gouvernance « réformiste » dans le cadre de laquelle des instru-ments sectoriels de politique publique se sont pro-gressivement adaptés aux enjeux de la biodiversi-té; et une forme de gouvernance « transformative » qui tend à prôner la mise en place des « approches

écosystémiques » ou « intégrées ». Cependant, ces approches font face à des freins institutionnels liés à une multiplicité d’acteurs, d’instruments et de valeurs dans les socio-écosystèmes de production et socio-écosystèmes artificialisés. Ces blocages font apparaitre la nécessité d’échanges voire d’une conception collective de la gouvernance de la bio-diversité.

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I N T R O D U C T I O N La biodiversité, une composante essentielle pour l’économie et la culture en Nouvelle-Aquitaine

Termes & concepts essentielsL A B IODIVERSITÉElle recouvre l’ensemble des organismes vivants, des gènes aux écosystèmes. La biodiversité (cf. Annexe 1, page 29) supporte le fonctionnement des écosystèmes : en interaction avec le milieu, elle génère les fonctions écologiques (par ex. production de biomasse, recyclage de la matière organique) qui sous-tendent la productivité des écosystèmes, mais aussi leur stabilité et leur résilience aux aléas clima-tiques.

LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUESLes écosystèmes, la biodiversité et les fonctions écosystémiques bénéficient aux sociétés humaines qui en tirent des biens, des ressources, des services ou du bien-être. Ces « contributions de la nature à l’humain », ou « services écosystémiques », sont de trois types : les services d’approvisionnement (par ex. bois, alimentation), les services de régulation,

qui affectent la sécurité et le confort (épuration de l’eau, de l’air, séquestration du carbone) et les ser-vices socio-culturels regroupant les biens non ma-tériels affectant l’état psychique (récréation, santé, patrimoine) (cf. Annexe 2, page 31).

LES SOCIO-ÉCOSYSTÈMESLes sociétés humaines, interagissent avec l’éco-système qu’elles occupent, qu’elles exploitent, ou qu’elles impactent. Considérés ensemble, écosys-tème et société forment un « socio-écosystème » (cf. Annexe 3, page 32). L’économie de la région Nouvelle-Aquitaine repose sur l’exploitation des res-sources naturelles (agriculture, bois, vins, pêche). En Nouvelle-Aquitaine, la diversité des écosystèmes et celle de leurs usages (exploitation des ressources naturelles ou activités socio-culturelles) fait appa-raitre six socio-écosystèmes majeurs : les plaines agricoles, les régions viticoles, les forêts, les milieux aquatiques continentaux-marins-côtiers, les terri-toires urbains et artificialisés et les espaces pâturés extensifs & bocages (Annexe 4, page 33).

Éléments succincts de méthodologieRECHERCHE B IBL IOGRAPHIQUELe rapport d’évaluation d’ECOBIOSE est fondé sur une revue de la littérature scientifique portant sur les interactions entre état de la biodiversité, fonction-nement de l’écosystème et différents services éco-systémiques dont la société bénéficie. La synthèse présente les résultats obtenus exclusivement à partir des travaux réalisés en région Nouvelle-Aquitaine. L’exhaustivité des références scientifiques régionales est recherchée couvrant sur la période des 20 der-nières années. Cependant, des travaux menés en de-hors du périmètre régional sont retenus pour présen-ter l’état des connaissances à l’échelle internationale, ou dans un cadre de contextualisation des lacunes de connaissances régionales. Au total, près de 1820 articles scientifiques (dont 800 strictement régionaux) ont été compilés et synthétisés.

MODE OPÉRATOIRELe comité de pilotage d’ECOBIOSE, constitué de 21 scientifiques issus des laboratoires de recherche et d’enseignement supérieur régionaux, assure la coor-

dination de l’ensemble du projet, désigne les res-ponsables de chapitre et sollicite des contributeurs spécialisés. Sur la base d’une première synthèse de littérature réalisée par les responsables de chaque chapitre, l’ensemble des chercheurs complète, com-mente, relit et révise le chapitre auquel ils ont été in-vités à contribuer. Au total, plus de 103 scientifiques ont contribué activement à la synthèse.

ÉLÉMENTS DE « PREUVES SCIENT IF IQUES »Dans le but de faciliter la prise en compte des connaissances scientifiques pour l’élaboration d’ins-truments de politiques publiques futurs, le niveau de preuve apporté par les connaissances actuelles est catégorisé, pour chaque thématique considérée, selon le niveau d’évidence disponible. Cinq niveaux, allant d’un « fait établi » (issu de nombreuses publi-cations régionales dans des revues internationales) à une « projection » (en l’absence complète d’étude régionale mais en présence de résultats dans les ré-gions voisines) sont utilisés dans le rapport d’éva-luation.

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I N T R O D U C T I O N La biodiversité, une composante essentielle pour l’économie et la culture en Nouvelle-Aquitaine

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LA ROCHELLE

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MONT-DE-MARSAN

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PÉRIGUEUXTULLE

GUÉRET

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POITIERS

LIMOGES

BORDEAUXBORDEAUX

ParthenayParthenay

BressuireBressuireChâtelleraultChâtellerault

BayonneBayonne

Oloron-Sainte-MarieOloron-Sainte-Marie

DaxDax

NéracNérac

Villeneuve-sur-LotVilleneuve-sur-Lot

MarmandeMarmandeLangonLangon

LibourneLibourne

BlayeBlaye

Lesparre-MédocLesparre-Médoc

BergeracBergerac Sarlat-la-CanédaSarlat-la-Canéda

NontronNontron

CognacCognac

ConfolensConfolensRochefortRochefort Saint-Jean-d'AngélySaint-Jean-d'Angély

JonzacJonzac

SaintesSaintes

MontmorillonMontmorillon

BellacBellac

RochechouartRochechouart

AubussonAubusson

UsselUssel

Brive-la-GaillardeBrive-la-Gaillarde

ArcachonArcachon

0 20 40km

Principales villes

Limites départementales

N

© IGN-BD TOPO BD Alti.

ZONE LITTORALE ET PRINCIPALES VALLÉES

PLAINES AGRICOLES TYPOLOGIE

PRAIRIES ET PASTORALISME

MILIEUX URBAINS ET ARTIFICIELS

FORÊTS ET BOIS

VIGNES ET VIN

LES SOCIO-ÉCOSYSTÈMES DE NOUVELLE-AQUITAINE

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R É S U M É Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

Effets directs de la biodiversité sur les biens & productionsLa biodiversité a des effets positifs directs sur les productions agricoles, apicoles et sylvicoles. La diversité cultivée ou gérée permet d’augmenter la biomasse en production agricole et sylvicole. La biodiversité (sauvage) hébergée peut améliorer quant à elle la qualité de la production viticole et sylvicole et stabilise la production par rapport aux aléas climatiques et aux attaques de ravageurs.

FAIT N° 1L A DIVERSITÉ CULT IVÉEAUGMENTEL A PRODUCTION AGRICOLE & SYLVICOLEPAR RAPPORT À L A MONOCULTURE

En grandes cultures, en prairie ou en sylviculture, une augmentation de la diversité des espèces cultivées augmente significative-ment la productivité.

1.1 En prairies temporaires, l’augmentation de la diversité spécifique (=diverses es-

pèces cultivées) améliore la production de bio-masse végétale en particulier dans le cas d’asso-ciation avec des espèces de légumineuses (luzerne, trèfle). Par exemple, en prairie de Poi-tou-Charentes, l’association graminée- luzerne (non fertilisée) a augmenté de 60% en 4 ans la biomasse végétale produite par rapport à la graminée seule, même fertilisée (Figure 1) {2.3.1.1}.

1.2 En grandes cultures, les associations (comme céréale/féverole, céréale/pois)

ont des rendements supérieurs aux monocul-tures. Par exemple en Vienne, l’association blé-pois a de meilleures performances de rendement que le blé seul {2.3.1.1}.

1

F I G U R E1

Effet du mélange graminée-luzerne sur la productivité annuelle (tonnes de matière sèche par hectare) comparativement à la graminée seule. D’après Litrico et al. (2016). Using mixed-forage grasslands to deal with climate change : opportunities and challenges, Fourrage, 225 : 11-20.

Année 1

Productivité annuelle (t/ha)

Années de récoltes

6

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Année 2 Année 3 Année 4

Graminée pure Luzerne + graminée

©Shutterstock

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R É S U M É Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

1.3 En forêt, la productivité est positivement corrélée à la diversité du peuplement

(nombre d’espèces d’arbres). Par exemple on observe globalement un gain d’environ 15% de la biomasse produite en peuplements mélan-gés de 2-3 espèces par rapport à la production attendue si on additionnait la production des monocultures de ces espèces, ou de 3% de productivité pour une augmentation de 10% en richesse spécifique d’arbres. Autre exemple, dans les Landes de Gascogne, des parcelles mélangées montrent une croissance en hauteur des jeunes arbres améliorée par rapport aux par-celles pures de chêne pédonculé, chêne tauzin, chêne vert, bouleau ou pin maritime {4.3.1.1}.

Augmenter la diversité floristique (cultivée et non cultivée) a un impact positif sur la santé et la survie des abeilles mellifères et agit directement sur la production apicole en système de grandes cultures.

1.4 En grande culture, la bonne santé et la survie des abeilles mellifères dépendent

de la ressource en pollen et nectar dont elles se nourrissent et qu’elles utilisent pour produire le miel. Diversifier les cultures et maintenir la flore spontanée permet d’augmenter la quanti-té et la qualité des ressources florales pour les abeilles. Par exemple en Deux-Sèvres, le colza et le tournesol mettent à disposition des quantités très importantes de fleurs nectarifères, mais en dehors de la période de floraison des grandes cultures, un couvert végétal diversifié (flore mes-sicole1, plantes herbacées de prairies ou arbres de bosquets) permet de multiplier les ressources alimentaires et d’ainsi éviter une période de di-sette. Ainsi le coquelicot peut constituer jusqu’à 40% des ressources polliniques en mai et juin (Figure 2) {2.3.1.2}.

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plantes messicoles

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Origine botanique du pollen récolté par les abeilles autour de la période de floraison du colza et du tournesol (avril à août). En rouge : plantes messicoles dont le coquelicot. D’après Requier et al. (2015) Honey bee diet in intensive farmland habitats reveals an unexpectedly high flower richness and a major role of weeds. Ecological Applications.

F I G U R E2

1Fleurs spontanées des cultures (exemple : le coquelicot)

©Thierry Degen

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R É S U M É Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

ACTEURSSOCIO-ÉCONOMIQUES

CAPITAL NATUREL

SYST

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APICULTEUR

AGRICULTEUR

ABEILLES MÉLIFÈRES Miel

Biomasse végétale

Habitat

PLANTES MESSICOLES

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Ressources alimentaires

Pollinisation

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LÉGENDE

PLANTESHABITATS

SEMI-NATURELS

ABEILLESSAUVAGES

ENSEMBLEDE LA SOCIÉTÉ

Produit alimentaire

Produit alimentaire

Traitement phytosanitaireFertilisation

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Infographie : «Weeds for Bees ? A review». Bretagnolle & Gaba,2015, Volume 35, Issue 3, pp 891–909

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R É S U M É Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

FAIT N° 2L A DIVERSITÉ CULT IVÉEOU HÉBERGÉE AMÉLIOREL A QUALITÉ DE L APRODUCTION VIT ICOLE & SYLVICOLE

En viticulture ou en sylviculture, une augmentation de la diversité garantit souvent une meilleure qualité des récoltes, soit par résistance aux bio-agresseurs, soit par association qui participe à la typicité des vins.

2.1 En sylviculture, les parcelles forestières gérées en peuplements mélangés sont

moins attaquées par les insectes ravageurs que lorsqu’elles sont gérées en monoculture. Par exemple en Landes de Gascogne, la présence d’espèces autres que le pin maritime limite la colonisation par la processionnaire du pin (Figure 3) {4.3.1.2}.

2.2 En production viticole, l’élaboration des grands vins et spiritueux comporte gé-

néralement une étape de maturation sous-bois. Certains composés volatils du bois des tonneaux se propagent dans les vins et leur confèrent des qualités sensorielles particulières. Par exemple, en Bordelais, les ellagitannins2 ont un effet sur la couleur et l’astringence des vins qui diffère entre espèces d’arbres {3.3.1.3}.

2.3 En viticulture, l’élaboration du vin à par-tir du raisin comprend la fermentation

alcoolique et la fermentation malolactique, qui impliquent le microbiote (levures et bactéries) naturellement présent dans les baies. Or le mi-

crobiote diffère en fonction de la localisation du vignoble, des conditions pédoclimatiques, des pratiques viticoles ou du type de produits vini-coles (vin blanc, vin rouge, cidre). La diversité mi-crobienne spontanée du raisin et de son environ-nement pourrait participer aux caractéristiques du vin, composante microbienne du terroir, même s’il n’y a pas consensus scientifique sur les liens entre biodiversité microbienne et qualité des vins {3.3.1.3}.

FAIT N° 3L A DIVERSITÉ CULT IVÉEL IMITE L A VARIABIL I TÉ DESRENDEMENTS INDUITE PARLES ALÉAS CLIMATIQUES

En agriculture ou en sylviculture, une augmentation de la diversité améliore la résilience des peuplements ou stabilise le rendement.

3.1 En sylviculture, les parcelles fores-tières gérées en peuplements mélangés

seraient plus résistantes aux tempêtes. Par exemple en forêt de Chizé, les chênaies diver-sifiées ont mieux résisté que les hêtraies monos-pécifiques à la tempête de 1999 {4.3.1.3}.

3.2 En prairie temporaire, la diversité spécifique semée limite la variabilité

interannuelle de production de fourrages pour des qualités similaires. Par exemple dans le cas d’associations multi-espèces avec des légumineuses {2.3.1.1}.

Effets de la densité de pin et de la présence / absence de bouleau sur la probabilité d’attaques répétées par la processionnaire du pin. Les points représentent des parcelles individuelles en présence (triangle vert foncé) et en absence (rond vert clair) de bouleau dans la parcelle. Les lignes solides et pointillées représentent respectivement les prédictions de modèle linéaire et leur erreur standard. D’après Castagneyrol et al. (2019b) ‘Tree diversity effects on leaf insect damage on pedunculate oak: The role of landscape context and forest stratum’, Forest Ecology and Management, 433, pp. 287–294.

Nom

bre

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pété

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Densité des pins(nb de pins par parcelles)

Absence de bouleau

Présence de bouleau

F I G U R E3

2 Les ellagitanins, ou tanins ellagiques, sont des polyphénols (famille de molécules organiques largement présente dans le règne végétal) de la famille des tanins.

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R É S U M É Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

Diversité des abeilles (nombre de genre)

Rendement (tonne/hectare)

2.5

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5.5 7.5 10.0

Effets indirects de la biodiversité sur les rendementsLa biodiversité peut agir indirectement sur les productions agricole, viticole, sylvicole et aquacole en favorisant la fertilité du sol, la pollinisation des cultures, le contrôle biologique des agresseurs des cultures ainsi qu’en améliorant la qualité de l’eau et en maintenant des ressources alimentaires et l’habitat pour les espèces ciblées.

FAIT N° 4L A B IODIVERSITÉASSOCIÉE À L A PARCELLEAUGMENTE INDIRECTEMENTLES RENDEMENTS ENPRODUCTION AGRICOLE,VIT ICOLE & SYLVICOLE

En contribuant à la fertilité du sol, la diversité des organismes souterrains supporte indirectement, en l’augmentant, la production agricole et sylvicole.

4.1 En agriculture (grandes cultures, prairies & vignes) et en sylviculture, la macrofaune

souterraine, et plus particulièrement les vers de terre et cloportes, permettent la fragmentation puis l’incorporation de la matière organique dans le sol. La teneur en matière organique est un élé-ment déterminant dans la qualité du sol pour les cultures {3.3.2.2}. Par exemple, en prairie tempo-raire dans la Vienne, la matière organique aug-mente de 16% à proximité immédiate des galeries de vers de terre {2.3.2.1}.

4.2 En sylviculture, les arbres bénéficient de leur association avec les micro-orga-

nismes du sol comme les champignons myco-rhiziens. Ces micro-organismes captent les nu-triments (azote, phosphore etc) et les rendent accessibles aux arbres. Par exemple, dans les sols forestiers des Landes, 53% du phosphore to-tal est immobilisé dans la biomasse microbienne {4.3.2.1}.

La pollinisation, notamment par les insectes, augmente indirectement, la production agricole et sylvicole.

4.3 Dans les grandes cultures (oléoprotéa-gineux), la présence des insectes polli-

nisateurs (abeilles domestiques ou sauvages) augmente fortement le rendement des cultures. Par exemple dans les Deux-Sèvres, en colza (Figure 4) comme en tournesol, une multiplica-tion de l’abondance des abeilles (domestiques ou sauvages) par un facteur 100 augmente les rendements de 35% en moyenne, quelle que soit l’année {2.3.2.4}.

F I G U R E4

©Laurent Debordes

Effet de la diversité des abeilles (domestiques et sauvages) sur le rendement en colza. Chaque point représente une parcelle. Moyenne des années 2013, 2014, 2015 et 2016. D’après Perrot et al., 2018. Bees increase oilseed rape yield under real field conditions. Agriculture, Ecosystems & Environment, Vol. 266, Pages 39-48.

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R É S U M É Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

4.4 En sylviculture, le renouvellement naturel des peuplements forestiers dépend des

insectes pour la pollinisation des espèces d’arbres sub-dominantes (considérées à fortes valeurs ajoutées), des oiseaux et des mam-mifères pour la dispersion à longue distance des principales espèces de feuillus {4.3.2.3}.

En viticulture comme en céréaliculture et en sylviculture, différents groupes d’inver-tébrés (insectes, araignées) et de vertébrés (chauves-souris, oiseaux) agissent comme prédateurs ou parasitoïdes des princi-paux ravageurs et permettent de réguler les bio-agresseurs de ces cultures.

4.5 Par exemple en viticulture, de l’ADN de tordeuses de la vigne a été détecté dans

plus de 70% des guanos de chauve-souris en Gi-ronde, attestant leur fonction de régulateurs na-turels {3.3.2.1}.

4.6 De même, en grandes cultures dans les Deux-Sèvres, les Alouettes des champs

consomment en hiver entre 30 et 50% de la pro-duction de graines de la flore spontanée des cultures. Ces oiseaux constituent sans doute l’agent de contrôle biologique principal régula-teur des adventices {2.3.2.2}.

4.7 Enfin, en sylviculture, les oiseaux peuvent réguler par prédation entre

20 et 70% des populations de procession-naires du Pin. Les chauve-souris prédatrices de processionnaires sont plus nombreuses dans les paysages forestiers associant plantations de pin maritime et boisements de chênes {4.3.2.2}.

Agriculture et apiculture urbaines

Bien que les territoires artificialisés et urbanisés n’aient pas pour objectif principal la production agricole, des lieux d’agriculture urbaine y sont cependant développés en Nouvelle-Aquitaine sur-tout à travers les jardins (privés ou partagés) et les ruchers.

Effets directs de la biodiversité sur la production

Tout comme les systèmes de production en plaines agricoles, en forêt et vignes, l’agriculture urbaine s’appuie sur une diversité d’espèces cultivées {5.3.1.1}.

De plus, l’apiculture en ville s’est considérablement développée ces dernières années et dépend, elle aussi, de la diversité des pollinisa-teurs (cf 1.4) {5.3.1.2}.

Effets indirects de la biodiversité sur la production

Quelques études seulement sont disponibles en région Nouvelle Aquitaine sur le rôle de la biodi-versité pour la production agricole (au sens large, incluant les jardins) en tant que support indirect de production. La pollinisation des arbres et des cultures légumières, ainsi que le recyclage de la matière organique par compost sont cependant très présents {5.3.2}.

©Shutterstock

Valeur économique de la biodiversité dans les filières de productionLes bénéfices économiques liés à la biodiversité impactent les filières de production à travers le service d’approvisionnement (production agricole, viticole, conchylicole ou de bois). En région Nouvelle-Aquitaine, les connaissances sur les valeurs économiques de la biodiversité en plaines agricoles, vignobles, et forêts demeurent cependant limitées.

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R É S U M É Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine

FAIT N° 5 DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT, LA BIODIVERSITÉAUGMENTE LES REVENUS EN GRANDE CULTURE ET EN VITICULTURE

En mesure d’augmenter de manière significative les rendements agricoles et forestiers et les re-venus des exploitants du socio-écosystème, la biodiversité a une valeur économique directe.

5.1 Le rôle de la biodiversité sur les rendements ou les revenus agricoles fait l’objet de connais-

sances à ce jour lacunaires. Cependant, sur la base de ces informations partielles, la biodiversité est en mesure d’augmenter de manière significative les re-venus par le biais de plusieurs processus écologiques distincts. Par exemple, les revenus moyens en colza (marge brute) sont majorés de 111 euros/ha (soit une augmentation 16% grâce aux pollinisateurs (abeilles domestiques et sauvages) lorsqu’ils sont abondants (Figure 5), selon une étude réalisée dans les Deux-Sèvres {2.4.1}.

La production forestière étant largement soute-nue par certaines espèces, la biodiversité a une valeur économique directe.

5.2 En forêt, la valeur d’usage économique di-recte des forêts repose sur quelques es-

sences dites « objectifs » comme le pin maritime, le douglas ou le chêne. La valorisation de ces essences se fait en cascade, le bois d’œuvre apportant le maximum de valeur ajoutée. Mais d’autres produits intermédiaires – les bois dits « d’industrie » – sont également valorisés sous forme de palettes ou de produits-bois composites issus de la trituration. Le chiffre d’affaires total des entreprises du secteur avoisine 10 milliards d’euros {4.4.1.1}.

5.3 Les activités de pêche maritime et côtière dans le Golfe de Gascogne-sud et ses es-

tuaires jouent un rôle économique important en Nouvelle-Aquitaine avec une valeur d’environ 200 millions d’euros en 2016. Le merlu européen, les baudroies et la sole commune constituent les es-

pèces les plus importantes en valeur avec respecti-vement 41 %, 14 % et 8 % des apports monétaires cumulés en 2017.

Les pratiques viticoles préservant la biodiver-sité peuvent être rentables et sont de plus en plus valorisées par les consommateurs. Dans ce contexte, une valeur économique pourra être associée à la biodiversité par les viticulteurs. Variant selon la perception des acteurs, ces va-leurs peuvent être récréatives, esthétiques ou culturelles.

5.4 Maintenir la biodiversité dans le vignoble à travers des pratiques vertueuses (viticul-

ture biologique par exemple) peut être rentable. Ces pratiques n’entrainent pas nécessairement d’augmentation des coûts de production, peuvent entrainer des diminutions de rendement mais sont généralement mieux valorisées sur les marchés et contribuent à la réputation des entreprises viticoles. Par exemple, excepté dans la région bordelaise pour laquelle les résultats sont mitigés, la certification biologique est économiquement rentable {3.4.2.1}.

5.5 De plus, le maintien de la biodiversité dans le vignoble est susceptible de renforcer le

consentement des consommateurs à payer pour des produits à plus haute valeur environnementale. Par exemple, un marché expérimental mené sur des vins blancs d’entrée de gamme du Sud-Ouest de la France, montre que les consommateurs valorisent particulièrement la performance environnementale sans se limiter à la certification BIO {3.4.2.2}.

Colza ©Vincent Bretagnolle

F I G U R E5

Effet de l’abondance en abeilles sur la marge brute en production de colza. D’après Catarino et al., 2019 - Bee pollination outperforms pesticides for oilseed crop production and profitability.

Les bénéfices (ou coûts) économiques, environnementaux et culturels que la société retire des services fournis par la biodiversité dépendent des valeurs qui lui sont attribuées, variant selon la perception des acteurs, qui peuvent être des valeurs récréatives, esthétiques et culturelles. L’évaluation des bénéfices de la biodiversité via l’identification des valeurs qui lui sont associées, constitue un enjeu d’appui à la décision publique en matière de gestion des écosystèmes.

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R É S U M É La biodiversité est impliquée dans l’épuration de l’eau, le stockage du carbone, les cycles bio géochimiques et la limitation de l’érosion

2La biodiversité est impliquée dans l’épuration de l’eau, le stockage du carbone et les cycles bio-géochimiques

Effets de la biodiversité sur les services de régulation de l’environnementAu-delà des services (directs et indirects) rendus aux agriculteurs, sylviculteurs et viticulteurs, la biodiversité des plaines agricoles, vignobles, forêts et milieux aquatiques de Nouvelle-Aquitaine participe à la régulation des grands cycles bio-géochimiques, ce dont bénéficie l’ensemble de la société. La biodiversité a notamment un rôle capital dans les cycles de la matière organique, l’épuration de l’eau et le bouclage des cycles du carbone et de l’azote dans les sols. Elle est aussi impliquée dans la régulation locale du climat et la limitation de l’érosion.

FAIT N° 6L A B IODIVERSITÉ AGITDIRECTEMENT SUR LE CYCLE ET LE STOCKAGEDU CARBONE

Le maintien d’une diversité végétale en agroforesterie, vignes et milieux aquatiques associés permet de séquestrer le carbone.

6.1 En plaine agricole (agroforesterie), le cou-vert végétal permanent et/ou à enracine-

ment profond des arbres favorise le stockage de carbone souterrain. Par exemple, en Poitou-Cha-rentes, après 6 à 41 ans de plantation d’arbres, le carbone organique du sol augmente jusqu’à 50% en moyenne à une profondeur de 30 centimètres sous les rangs d’arbres par rapport à l’inter-rang cultivé en céréales et aux champs de céréales cultivés sans arbres {2.3.3.1}.

6.2 En viticulture, la biodiversité hébergée dans l’inter-rang (bande enherbées, vé-

gétation spontanée) a un effet direct sur le fonc-tionnement du sol. Par exemple, le maintien d’un couvert permanent dans l’inter-rang (par rapport à des inter-rangs nus) peut augmenter de près

de 50% la matière organique du sol et permet-trait d’augmenter les capacités de stockage du carbone des sols viticoles de 1078 kg C02/ha/an {3.3.3.1}.

6.3 En sylviculture, si aucune étude n’a trai-té l’effet de la diversité forestière sur la

capacité de stockage du carbone, à l’échelle na-tionale, les forêts séquestrent en revanche près de 20% des émissions de gaz à effet de serre du pays {4.3.3.1}.

Inter-rang enherbé ©Marie Grasset

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R É S U M É La biodiversité est impliquée dans l’épuration de l’eau, le stockage du carbone, les cycles bio géochimiques et la limitation de l’érosion

FAIT N° 7L A B IODIVERSITÉ AGITDIRECTEMENT SUR L’ÉPURATION DE L’EAUET DES SOLS

Une diversité d’organismes (aquatiques et souterrains) permet d’épurer l’eau, par exemple des fertilisants azotés utilisés en agriculture.

7.1 En prairie et en plaines céréalières, les mi-cro-organismes participent à l’épuration

de l’eau des fertilisants azotés notamment en exerçant une fonction de dénitrification. Le po-tentiel de dénitrification4 augmente avec la ri-chesse spécifique (nombre d’espèces diffé-rentes) de la communauté microbienne aquatique. Par exemple, dans la Vienne, une ex-périmentation en prairie montre qu’une réduction de 75% de la richesse spécifique d’organismes dénitrifiants est associée à une baisse de 4 à 5 fois du potentiel de dénitrification {2.3.3.2}.

7.2 Dans les rivières de plaines céréalières, la présence d’invertébrés favorise l’action

des bactéries dénitrifiantes. Par exemple, dans un méandre de la Garonne, le taux de réduction des nitrates est ainsi plus de 2 fois supérieur quand les invertébrés sont présents en compa-raison avec les conditions sans invertébrés. Le broutage du biofilm5 à proximité du sédiment li-miterait le colmatage interstitiel et favoriserait la circulation de l’eau et des nutriments, stimulant l’activité microbienne.

7.3 En milieu artificialisé, la biodiversité des communautés végétales de zones hu-

mides permet d’améliorer la qualité de l’eau aux abords de stations d’épuration. Par exemple, sur 3 zones de rejets végétalisées de Nouvelle-Aqui-taine suivies par l’Agence de l’Eau Adour-Ga-ronne, le transit des effluents dans ces zones humides construites peut améliorer la qualité de l’eau pour plusieurs éléments dont les nitrates {5.3.3.1}.

Une diversité de végétaux et de micro-organismes permet d’épurer le sol des contaminants.

7.4 En milieu artificialisé (contexte urbain et site contaminé), les biodiversités végé-

tale et microbienne peuvent agir comme phytore-médiatrices pour des contaminants chimiques. Par exemple, au niveau du Parc des Angéliques à Bordeaux, un site anciennement contaminé par des activités portuaires et industrielles (hydro-carbures aromatiques polycycliques notam-ment), plusieurs espèces végétales comme la luzerne (Medicago sativa), le haricot (Phaseolus vulgaris) et le peuplier (Populus nigra) ne pré-sentent aucune phytotoxicité, ce qui démontre leur action phytoremédiatrice {5.3.3.3}.

FAIT N° 8L A B IODIVERSITÉ PERMETDE RÉGULER LOCALEMENT LE CL IMAT

En ville, la biodiversité végétale joue un rôle dans la régulation thermique .

8.1 La diversité végétale permet de créer des « îlots de fraicheur » en zone urbani-

sée. Par exemple, une étude portant sur la métro-pole de Bordeaux qui évalue et caractérise l’Ilôt de Chaleur Urbain (ICU) selon le gradient d’urba-nisation, montre que plus la densité et l’épais-seur de végétation sont importantes, plus la tem-pérature de surface diminue (Figure 6). Ce service est également offert par les masses d’eau (lac et rivière) en contact avec les zones urbaines {5.3.3.4}.

4 Réduction des nitrates (polluants issus de la fertilisation à partir d’azote de synthèse). 5 Communauté microbienne dont les organismes adhèrent entre eux et forment une matrice protectrice.

F I G U R E6

Températures de surfaces moyennes en fonction du type d’occupation du sol de Bordeaux Métropole. D’après Guechoud (2019) ‘Services écologiques en milieux urbains : Caractérisation de l’îlot de chaleur

urbain (ÎCU) et du service écologique de régulation du climat local à Bordeaux Métropole’. Rapport de stage M2. Université de Bordeaux.

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R É S U M É La biodiversité est impliquée dans l’épuration de l’eau, le stockage du carbone, les cycles bio géochimiques et la limitation de l’érosion

6 Source : VertigoLab 2016 Valeurs ajoutées des réserves naturelles pour leur territoire : Etude de cas de la Réserve Naturelle Nationale du Marais d’Orx. 62 pp.

Valeur de la biodiversité dans les services de régulation

FAIT N° 9L A B IODIVERSITÉ, V IA SON RÔLE DANS LES SERVICESDE RÉGUL ATION, RÉDUIT LES R ISQUES POUR LES SOCIÉTÉSET A UNE VALEUR ÉCONOMIQUE D’ÉVITEMENT DES COÛTS ASSOCIÉS À CES R ISQUES

La biodiversité agit directement sur la limi-tation de l’érosion, grâce à la diversité végé-tale qui permet de limiter l’érosion des côtes sableuses.

9.1 La diversité végétale des dunes littorales de Nouvelle-Aquitaine permet la limita-

tion de l’érosion éolienne et du recul du cordon sableux vers l’arrière-pays. Par exemple, l’Oyat (Ammophila arenaria) et l’agropyron (Agropyrum junceum) aux réseaux racinaires longs et denses, sont utilisés pour stabiliser les dunes néo-aqui-taines.

9.2 Les services de régulation générés par les rivières en plaines céréalières (épuration

de l’eau) ont une valeur économique pour l’en-semble de la société. Par exemple, la partie occu-pée par les zones humides de la Réserve Natu-relle Nationale du Marais d’Orx (Landes) stocke 839 Tonnes de Carbone par an. Ce service de ré-gulation du climat rendu est estimé à 129 300€/an6.

Littoral de Charente-Maritime ©Thierry Guyot

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R É S U M É La biodiversité, support de services socioculturels

3 La biodiversité, support de services socio-culturelsSi la biodiversité soutient la production agricole, sylvicole, ou aquacole, et est impliquée dans la régulation des cycles environnementaux, elle fournit aussi des services culturels majeurs. La biodiversité hébergée par les socio-écosystèmes néo-aquitains constitue une ressource importante pour des activités de loisirs, pour le tourisme et le patrimoine. Elle peut aussi être utilisée comme indicatrice de la qualité de l’environnement et par ce biais, permettre à l’homme et aux sociétés de maintenir des conditions favorables à leur bien-être.

Rôles de la biodiversité dans les activités socio-économiques

FAIT N° 10LA BIODIVERSITÉ HÉBERGÉE PAR LES SOCIO-ÉCOSYSTÈMESDE PRODUCTION GÉNÈREDES RESSOURCES POURLES ACTIVITÉS DE LOISIR

La biodiversité constitue une ressource pour des activités récréatives de prélèvements autres que la production agricole, sylvicole ou viticole comme la chasse, la pêche de loisir, la cueillette ou la production de miel.

10.1 Dans les plaines agricoles, la chasse, du petit gibier et des oiseaux migrateurs est

une activité majeure de la région Nouvelle Aqui-taine (première région de France pour la chasse avec 217 000 chasseurs). Une partie des prélève-ments provient pourtant de lâchers destinés à la chasse, ce qui laisse supposer que l’agroécosys-tème n’est plus aujourd’hui en capacité de pro-duire des ressources suffisantes pour ces es-pèces d’intérêt cynégétique {2.3.4.3}.

10.2 En ce qui concerne les forêts, peu d’études ou d’analyses quantitatives sont dispo-

nibles {4.3.4.2}. Mais la chasse (ongulés comme le chevreuil ou le sanglier), la production de miel (notamment de miel de callune) ou la cueillette de champignons (cèpes en particulier) apparaissent comme des compléments de revenu individuel saisonnier non négligeables. Par exemple, la cueillette de cèpes a généré, en 2003, une récolte journalière de 9kg, qui rapportait près de 55 euros au ramasseur {4.4.1.2}.

La biodiversité hébergée par les socio-écosys-tèmes néo-aquitains peut être valorisée éco-nomiquement via les activités touristiques.

10.3 En viticulture, les valeurs non mar-chandes (esthétiques et culturelles notamment) associées aux paysages et terroirs peuvent ce-pendant devenir des valeurs marchandes à partir du moment où l’œnotourisme qui valorise les paysages, valorise aussi les vins du terroir asso-cié et apparait comme moteur de vente {3.4.1}.

Cèpe ©Fabien Vialloux

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R É S U M É La biodiversité, support de services socioculturels

FAIT N° 11L A B IODIVERSITÉHÉBERGÉE PARLES SOCIO-ÉCOSYSTÈMESDE PRODUCTION ESTINDICATRICE DE SANTÉDE L’ENVIRONNEMENT

La biodiversité peut être utilisée dans la surveillance de la qualité de l’eau et des sols.

11.1 Dans les socio-écosystèmes de plaines agricoles ou aquatiques, la composition

des communautés aquatiques est utilisée comme indicatrice de la qualité de l’eau et du sédiment. Par exemple, plus la diversité spécifique des orga-nismes invertébrés aquatiques est importante, plus la qualité de l’eau est bonne. L’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) est une bonne espèce indicatrice de la diversité spéci-fique des invertébrés aquatiques qui peuplent les cours d’eau {2.3.3.2}.

11.2 Dans les socio-écosystèmes artificialisés, la biodiversité permet d’évaluer la contami-

nation et l’écotoxicité des sols. Par exemple, sur le site de St-Médard d’Eyrans (Gironde), ancienne zone de stockage et de traitement de bois princi-palement contaminée par du cuivre et des hydro-carbures aromatiques polycycliques, le niveau d’écotoxicité a été évalué en utilisant trois es-pèces végétales (laitue, radis, haricot) et deux es-pèces de ver de terre {5.3.3.3}.

Valeurs culturelles, esthétique et patrimoniale associées à la biodiversité

FAIT N° 12AU-DEL À DES ESPÈCESEXPLOITÉES ET DESPAYSAGES L IÉS À L APRODUCTION, LES SOCIOÉCOSYSTÈMES NÉO-AQUITAINS ABRITENTUNE R ICHE DIVERSITÉ« HÉBERGÉE »

Les vignobles, forêts, plaines agricoles, milieux aquatiques et territoires urbanisés de Nouvelle-Aquitaine abritent une très grande diversité d’espèces, qu’elles soient ordinaires ou emblématiques, couvrant une large gamme de groupes taxonomiques.

12.1 En plaines agricoles, de très nombreuses es-pèces sont hébergées dans les cultures ou

les prairies, et plus encore dans les éléments se-mi-naturels (haies, bosquets, bandes enherbées). Certaines de ces espèces, qui sont rares ou mena-cées, trouvent en ces écosystèmes un habitat privi-légié. Par exemple, dans les Deux-Sèvres, un tiers des espèces d’abeilles sauvages de France (soit 300 espèces) a été trouvé dans les plaines céréalières intensives {2.3.4.1}.

12.2 Les vignobles sont moins riches et diversi-fiés que certaines plaines céréalières, mais

abritent néanmoins une grande diversité d’espèces y compris quelques espèces très rares. Par exemple, la gagée des champs (une plante) est retrouvée dans les vignobles néo-aquitains et fait l’objet de programmes de protection nationaux {3.3.4.1}. Les vignobles abritent par ailleurs une importante biodi-versité fonctionnelle7.

12.3 Au-delà des essences exploitées, les forêts hébergent une biodiversité remarquable : sur

le plan des arbres, pas moins de 131 espèces sont ainsi présentes en Nouvelle-Aquitaine, dont 80 indi-gènes, soit plus de deux tiers (67.5%) des espèces d’arbres de France. De plus, Les forêts de Nou-velle-Aquitaine abritent aussi une part significative des rapaces diurnes, comme l’aigle botté, classé vul-nérable par l’UICN {4.3.4.1}.

Écrevisse à pattes blanches ©Shutterstock

Un mâle d’Andrene, une espèce d’abeille sauvage ©Oriane Rollin

7 La diversité fonctionnelle désigne les espèces qui ont une ou des fonctions écologiques majeures, comme par exemple abeilles, bourdons mais aussi colibris ou chauve-souris qui font partie du groupe fonctionnel des pollinisateurs puisqu’ils participent à la dissémination du pollen des végétaux

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R É S U M É La biodiversité, support de services socioculturels

12.4 En territoire urbains et artificialisés, la biodiversité est malgré tout relativement élevée. Si la majorité des espèces vivent en périphérie des métropoles dans des habitats plus ou moins connectés à des habitats naturels, certaines y trouvent un habitat privilégié. C’est le cas par exemple d’espèces d’oiseaux « spécialistes du bâti » comme l’hirondelle de fenêtre (Delichon urbica), ou le moineau domestique (Passer domesticus) {5.5.1.2}.

FAIT N° 13L A B IODIVERSITÉ HÉBERGÉE PAR LES SOCIOÉCOSYSTÈMESDE NOUVELLE-AQUITAINE EST SUPPORT DE VALEURS POURLES SOCIÉTÉS ET ACTEURS QUI OCCUPENT CES TERRITOIRES.

Les terroirs et paysages viticoles, ainsi que certains paysages en plaine ou en forêt revêtent des valeurs associées à la biodiversité qui peuvent parfois être une source de conflits d’usage.

13.1 La notion de terroir rend compte des va-leurs socio-culturelles associées à l’éco-

système viticole. Une part de ces valeurs esthé-tiques et culturelles est portée par le paysage dont la perception diffère entre professionnels de la filière, usagers et habitants du socio-écosys-tème viticole qui peuvent s’attacher à l’esthétique, à l’aspect récréatif ou la production de vin elle-même. Par exemple, le vignoble de Saint-Emilion, a conduit l’UNESCO à inscrire ses paysages au patrimoine mondial au titre de « paysage cultu-rel » {3.3.4.2}

13.2 En forêt, à l’inverse des propriétaires fores-tiers qui craignent les injonctions à prendre

en compte la biodiversité, les autres usagers de l’espace rural plébiscitent en général cette notion car elle leur semble participer de l’équilibre et de la qualité des écosystèmes. Par exemple, dans la fo-rêt des Landes de Gascogne, la biodiversité, notam-ment des espèces d’arbres, devient un critère im-portant de l’appréciation socio-culturelle du massif

landais, là où « le mélange de variétés d’arbres » est spécialement plébiscité à l’inverse des « arbres plantés de façon régulière », dont l’aspect patrimo-nial et l’aspect économique sont plutôt défendus par les sylviculteurs {4.4.2.2 et 4.4.2.3}.

À l’image des paysages, certaines espèces emblématiques à la région Nouvelle-Aquitaine portent des enjeux culturels majeurs.

13.3 En plaines agricoles, certains oiseaux font partie intégrante du patrimoine naturel régio-

nal. C’est le cas par exemple de l’outarde canepetière (Tetrax tetrax), une espèce quasi-menacée selon l’UI-CN, dont 95% de la population migratrice française est accueillie dans les plaines agricoles de Nou-velle-Aquitaine et qui en est devenue une espèce emblématique {2.4.2}. La conservation de ces es-pèces peut amener à la conception innovante de solutions de gestion voire de gouvernance dans les socio-écosystèmes.

13.4 En forêt également, la biodiversité a des di-mensions éthiques et culturelles, par

exemple pour préserver des espèces embléma-tiques des forêts néo-aquitaines {4.4.2.1}, qui peuvent être sources de conflits (ours, loup).

Saint-Émilion ©Shutterstock Outarde canepetière ©Vincent Bretagnolle

Hirondelles rustiques ©Alain Noel

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R É S U M É État et tendances de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains

4État et tendances de la biodiversité dans les socio-écosystèmes néo-aquitainsBien que les systèmes de production agricole ou sylvicole, urbanisés et aquacoles abritent une biodiversité riche, celle-ci est en déclin modéré à fort. La perte et la dégradation des habitats, la pollution, la surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes et le changement climatique ont été identifiés comme des causes majeures de déclin des populations et de l’extinction des espèces.

FAIT N° 14LA BIODIVERSITÉ EST ENÉROSION ACCÉLÉRÉE DANSTOUS LES SYSTÈMES DEPRODUCTION (TERRESTRESET AQUATIQUES)NÉO-AQUITAINS

La biodiversité décline fortement dans tous les socio-écosystèmes agricoles, viticoles, fores-tiers, même s’il n’existe pas à ce jour, d’étude globale sur l’état et les tendances d’évolution de la biodiversité dans ces milieux.

14.1 En grande culture et viticulture, de nom-breuses études détaillent le déclin d’un

nombre important de taxons : plantes, insectes, oi-seaux et mammifères. Par exemple, des espèces d’oiseaux qui utilisent fortement les vignes (Bruant-Ortolan, pie-grèche) sont en déclin marqué voire au bord de l’extinction notamment en ex-ré-gion Poitou-Charentes {3.5.1}. L’outarde canepe-tière a perdu 95% de ses effectifs en Centre-Ouest en 35 ans, de même que les deux espèces de Per-drix dans les Deux-Sèvres (Figure 7). En outre, les espèces d’adventices des cultures sont aussi en déclin à long-terme {2.5.1}.

14.2 En grande culture et viticulture, de nom-breuses variétés ou races locales ont égale-

ment disparu des systèmes de production néo- aquitains. En vigne, par exemple, on compte 6 cépages dominants en Nouvelle-Aquitaine et de nombreux cépages ont disparu suite à la crise phyl-loxérique. La forte diversité génétique de la vigne, tant au niveau du porte-greffe, que du cépage ou entre clones, est une précieuse ressource pour une adaptation à une modification des contraintes abiotiques (changement climatique) ou biotiques (changement de bio agresseurs) {3.3.1.1}.

14.3 En sylviculture, aucun suivi à long terme et à grande échelle spatiale n’existe en Nou-

velle-Aquitaine sur la biodiversité forestière. Cepen-dant, le déclin des abondances de chevreuils a été enregistré en forêt de Chizé (Deux-Sèvres) {4.5.1}.

0.0

0.1

0.2

0.3

1997 2002 2007 2012 2017

(b)

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F I G U R E7

Déclin de l’abondance des perdrix grise entre 1997 et 2017. D’après Harmange et a l . , 2019. Changes in habitat selection patterns of the gray partridge Perdix perdix in relation to agricultural landscape dynamics over the past two decades. Ecology and Evolution. 2019;9:5236–5247.

Perdrix ©Vincent Bretagnolle

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R É S U M É État et tendances de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains

FAIT N° 15PARMI LES PRESSIONSPRINCIPALES QUIENTRAÎNENT OU ACCÉLÈRENTLE DÉCLIN DE LABIODIVERSITÉ, FIGURENT LAPERTE ET LA DÉGRADATIONDES HABITATS

La perte et dégradation des habitats par sim-plification et artificialisation des paysages et, plus localement, via la mécanisation des tra-vaux agricoles, réduit la biodiversité.

15.1 L’isolement spatial des habitats boisés et herbacés dans les paysages agricoles et syl-

vicoles entraine une diminution de l’abondance et de la diversité en papillon. L’uniformisation des pay-sages est accompagnée d’une disparition d’élé-ments semi-naturels (haies, bosquets, mares tem-poraires etc…) qui ont pourtant un effet positif sur le nombre d’espèces et sur l’activité insectivore des chauve-souris {3.5.2}. De plus, la diminution d’élé-ments semi-naturels dans les paysages a un effet négatif marqué sur l’abondance et la diversité d’oi-seaux {2.5.2} {3.5.2} {4.5.2}.

15.2 L’augmentation de l’urbanisation (en surface et intensité) et de l’artificialisation impactent

négativement les oiseaux et les pollinisateurs. Par exemple, en Deux-Sèvres, plus l’environnement est urbanisé, plus le taux de corticostérone (hormone du stress) est élevé chez les jeunes moineaux do-mestiques (Passer domesticus) {5.5.3}. De plus, le trafic routier impacte fortement la biodiversité. Par exemple, les passereaux, principalement le rouge-gorge familier (Erithacus rubecula), le merle noir (Tur-dus merula) et le moineau domestique et les rapaces nocturnes, principalement l’effraie des clochers (Tyto alba), sont retrouvés morts en grand nombre suite à des collisions sur les autoroutes A10 et A64 {5.5.3}.

15.3 En agriculture, labourer une prairie pour mettre en place une culture semble avoir des

effets intenses, immédiats et durables sur l’abon-dance, l’activité et la diversité des communautés du sol {2.5.1}.

15.4 En production forestière, la mécanisation des travaux sylvicoles a un impact négatif

sur les plantes et la faune. Par exemple, les labours et la coupe rase de fin de récolte réduisent le volume, la longévité et la diversité du bois mort au sol qui sont pourtant des facteurs favorables à la biodiversi-té des insectes saproxyliques (décomposeurs du bois), champignons, lichens, mousses ainsi qu’à leurs prédateurs {2.5.2}.

©Philippe Deuffic

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R É S U M É État et tendances de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains

FAIT N° 16D’AUTRES PRESSIONS SURLA BIODIVERSITÉ INCLUENTLA POLLUTION (CHIMIQUE,LUMINEUSE)

La pollution induite par l’utilisation massive de produits phytosanitaires en agriculture, sylvi-culture et viticulture impacte négativement les populations de plantes et d’animaux. De même, les pollutions chimique, lumineuse et sonore des territoires urbanisés impactent négativement les populations de plantes et d’animaux.

16.1 En agriculture, en viticulture et en forêt, il est prouvé que les pesticides affectent la biodi-

versité. Par exemple, les insecticides néonicoti-noïdes ont un effet négatif sur l’abeille domestique {2.5.1}, en culture intensive dans les Deux-Sèvres : de 10,2 à 31,6 % des abeilles domestiques exposées ne retourneraient pas dans leur colonie lorsqu’elles butinent quotidiennement des cultures traitées. L’utilisation d’herbicides a non seulement un effet sur la flore adventice des cultures, en éliminant no-tamment les espèces rares, mais aussi sur la faune à laquelle elle sert d’habitat (par ex. insectes). Autre exemple, en viticulture les effectifs d’araignées dimi-nuent de 50% dans les parcelles les plus traitées par rapport aux parcelles les moins traitées {3.5.1}. En-fin, l’utilisation de glyphosate pour le désherbage avant plantation constitue un risque grave pour la faune et notamment pour les pollinisateurs {4.5.2}.

16.2 La pollution lumineuse et sonore des milieux urbains a également un impact négatif sur

les organismes (chauve-souris et oiseaux). Par exemple, les juvéniles de moineaux domestiques ex-posés à une ambiance sonore de trafic routier pré-sentent un métabolisme réduit par rapport à des in-dividus soumis à une ambiance sonore de milieu rural {5.5.4}. En milieu urbain, la contamination des sols par des éléments traces métalliques a un im-pact négatif sur les plantes, les micro-organismes et les invertébrés. Autre exemple, dans l’agglomération

bordelaise, cette contamination entraine l’altération du taux de germination des communautés végé-tales et du taux de survie des escargots {5.5.5}.

A contrario, la réduction de l’utilisation de pes-ticides en agriculture biologique, augmente la biodiversité, les fonctions écosystémiques et les services rendus.

16.3 En grandes cultures et en viticulture, les ef-fectifs au sein de chaque espèce ou la richesse spé-cifique (nombre d’espèces différentes) des adven-tices, des carabes ou des criquets sont supérieurs en Agriculture Biologique. De plus, les services de régulation naturelle des ravageurs sont plus impor-tants en Agriculture Biologique qu’en Agriculture Conventionnelle {1.5.1}. Par exemple, une étude ré-gionale montre que l’abondance des arthropodes de la surface du sol (araignées, carabes, chrysopes etc.) est particulièrement favorisée par les pratiques de l’agriculture biologique (Figure 8) dans les vi-gnobles (augmentation de 50% des abondances en moyenne) {3.5.1}.

F I G U R E8

C o m p a r a i s o n d e s a b o n d a n c e s d’arthropodes entre parcelles conduits en agriculture conventionnelle et biologique. D’après Muneret et al. (2019b) ‘Organic farming expansion drives natural enemy abundance not diversity in agricultural landscapes’, bioRxiv, 688481.

Carabe ©Sophie Chamont

Épandage de produits phytosanitaires en grandes cultures ©Shutterstock

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R É S U M É État et tendances de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains

FAIT N° 17ENFIN, LES ESPÈCES INTRODUITES MENACENTLES ESPÈCES AUTOCHTONES ET DÉSTABILISENT LEFONCTIONNEMENT DES ÉCOSYSTÈMES

Les espèces exotiques envahissantes, impactent le fonctionnement des écosystèmes de plaines agricoles, des vignes, forêts et écosystèmes aquatiques de Nouvelle-Aquitaine.

17.1 En plaines agricoles (apiculture), par exemple, les frelons à pattes jaunes,

dont la colonisation est exponentielle en Nouvelle-Aquitaine, sont néfastes pour la produc-tion : ils chassent les abeilles à l’entrée de leur ruche {2.5.3}. Par ailleurs, en forêts néo-aqui-taines, la pyrale du buis est actuellement en train de détruire de vastes boisements de buis, avec un risque d’extirpation de cette essence et une me-

nace forte pour la biodiversité associée (de nom-breux arthropodes et champignons sont stricte-ment inféodés au buis) {4.5.4}. Enfin dans le socio-écosystème viticole, l’importation de porte-greffes américains, tout en permettant de sauver le vignoble français de la crise phylloxérique, a permis l’entrée d’une espèce de cicadelle améri-caine qui est vecteur de la maladie de la flaves-cence dorée, qui touche désormais plus de 65% du vignoble français {3.5.3}.

Frelon asiatique aux portes de la ruche ©Karine Monceau

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R É S U M É Gouvernance de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains

5Gouvernance de la biodiversité dans les socio-écosystèmes néo-aquitainsAu vu des menaces qui pèsent sur la biodiversité et afin de conserver les services écosystémiques qu’elle supporte, il est nécessaire d’élaborer des politiques publiques et des stratégies de gouvernance qui permettent d’augmenter les synergies entre biodiversité et enjeux sociétaux, comme la production, l’aménagement et la consommation. Une telle conciliation d’objectifs politiques ne va pas de soi, mais dépend de l’action publique des acteurs (publics et privés) visant ces finalités socio-écologiques.

FAIT N° 18LA CONVERGENCE ENTRE OBJECTIFS DE PRODUCTION ETOBJECTIFS DE PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ APPARAÎTDE FAÇON MULTIPLE DANS LA GOUVERNANCE DESSOCIO-ÉCOSYSTÈMES NÉO-AQUITAINS

En grandes cultures et viticulture, le mode de gouvernance « réformiste » domine .

18.1 En plaines céréalières, les enjeux de bio-diversité ont été progressivement inté-

grés au sein des politiques publiques agricoles. C’est le cas par exemple des Mesures Agro Envi-ronnementales et Climatiques (MAEC) qui ont été intégrées à la Politique Agricole Commune (PAC), correspondant à un mode de gouver-nance « réformiste ». Elles apparaissent comme une incitation en direction des agriculteurs, no-tamment via une aide financière {6.3.1}. Cepen-dant, l’approche « écosystémique » existe de façon plus sporadique comme par exemple, la création d’une filière courte de luzerne dans les Deux-Sèvres visant à faciliter la réintroduction

des prairies pour préserver les services écosys-témiques (pollinisation, contrôle biologique, amélioration du sol etc.) {6.5.1.1}.

Les modes de gouvernance de la biodiversi té

L’action publique visant la réconciliation entre production (d’alimentation, d’énergie, de bois) et pré-servation de la biodiversité diffère d’un socio-écosystème à l’autre. Cependant, deux modes princi-paux de gouvernance existent :

• Les approches « réformistes » sont des formes de gouvernance qui intègrent les préoccupations re-latives à la biodiversité dans les politiques publiques sectorielles. Cela implique une adaptation des instruments de politiques publiques aux enjeux de biodiversité sans mettre en cause les logiques d’action sectorielles dominantes.

• Les approches « transformatives » sont des formes de gouvernance qui prônent un change-ment de paradigme dans la gouvernance de la biodiversité, qui tient compte non seulement des incertitudes des processus écologiques mais aussi des limites des approches sectorielles de gouvernance des ressources naturelles. L’approche « écosystémique » en est l’exemple le plus emblématique. Elle préconise une vision globale de résolution des problèmes environ-nementaux, qui prend en compte les interactions entre les organismes, les humains et leur environnement.

Épis de blé ©Vincent Bretagnolle.

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R É S U M É Gouvernance de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains

18.2 La gouvernance des vignobles aborde peu les enjeux de préservation de la biodiversi-

té mais une approche réformiste émerge. Par exemple, l’objectif de réduction des pesticides ap-parait progressivement dans les cahiers des charges de production viticole {6.3.2}. En forêt, si les avantages socio-écologiques d’une telle trans-formation de gouvernance sont aujourd’hui identi-fiés, les approches de gouvernance dites ‘écosys-témiques’ ne sont, pour le moment, pas les solutions privilégiées dans la gestion des forêts de plantation {6.5.1.1}. En milieu urbain, un mode de gouvernance transformatif émerge avec par exemple, la prise en compte progressive de la continuité écologique dans les politiques d’amé-nagement du territoire {6.3.5}.

18.3 C’est en milieux aquatiques que l’approche écosystémique est plus largement mise en

œuvre, vue comme une solution de gouvernance indispensable pour réconcilier la préservation de la biodiversité avec les activités socio-économiques. Par exemple, dans le cas de la pêche du merlu à la palangre du Gouf de Capbreton et la pêche profes-sionnelle à pied de palourdes du Bassin d’Arca-chon, des formes de gouvernance « mono-spéci-fique » ont été complétées par la mise en place d’instruments de gestion et de techniques de pêche à l’échelle des écosystèmes {6.5.1.2}.

FAIT N° 19LA RÉCONCILIATIONENTRE GOUVERNANCEDE PRODUCTIONET GOUVERNANCEDE CONSERVATION DE LABIODIVERSITÉ SE HEURTEÀ DES OBSTACLES

Dans les socio-écosystèmes de production et les socio-écosystèmes artificialisés, la mise en œuvre d’une gouvernance de la biodiversité fait face à des obstacles institutionnels et/ou légis-latifs et des rapports de force limitants.

19.1 En grandes cultures, les ressources institu-tionnelles d’accompagnement au change-

ment des agriculteurs (formation), vues comme es-sentielles pour la réussite du changement de pratique, manquent parfois. Par exemple, une étude réalisée sur un échantillon d’agriculteurs incluant

des céréaliculteurs en Dordogne montre qu’au-delà de l’attractivité financière des MAEC, un manque de mise à disposition de ressources d’accompagne-ment est mentionné {6.4 et 6.6}.

19.2 En viticulture, les intérêts des interprofes-sions puissantes qui dominent le dévelop-

pement et le choix d’instruments d’intervention pourrait constituer un frein à la mise en place d’une gouvernance de la biodiversité. Par exemple, à l’échelle régionale, les interprofessions comme le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) mobilisent des services et comi-tés « techniques » puissants qui ont, historique-ment, d’abord défendu la viticulture convention-nelle (c’est-à-dire intensive) puis davantage une viticulture « raisonnée » {6.4}. De même en forêt, la tendance à ne pas incorporer la biodiversité dans la gouvernance peut s’expliquer par deux freins principaux. D’une part par un processus de concentration du pouvoir entre acteurs issus de l’industrie sylvicole et leurs alliés, et d’autre part par un recours quasi-exclusif à des sources de sa-voirs en lien avec les visions productivistes de la gestion forestière {6.5.1.1}.

19.3 En territoires urbanisés, certains freins institutionnels à la mise en place d’une

gouvernance à l’approche écosystémique ont été identifiés. Par exemple, les intercommunalités n’ont pas toujours les moyens techniques et hu-mains pour réaliser tous les objectifs inscrits dans les lois. De plus, la rationalité économique de l’aménagement urbain se confronte à celle de la valorisation non-marchande des services éco-systémiques fournis par les espaces naturels {6.5.1.3.}.

19.4 Enfin dans les milieux aquatiques, l’ap-proche écosystémique implique des rap-

ports de force entre acteurs qui gouvernent les arbitrages et qui déterminent ainsi les bénéfi-ciaires des services écosystémiques. Par exemple, au sein des pêcheries côtières, les activi-tés de pêche coexistent avec une politique de conservation de la biodiversité grâce à une au-to-gestion des relations sociales et interprofes-sionnelles. Cette auto-gestion fait apparaitre une accumulation de tensions notamment face aux problématiques de changements globaux entre « petits » et « gros » armateurs, sources de poten-tiels blocages {6.5.1.2}.

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R É S U M É Gouvernance de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains

FAIT N° 20LES DÉMARCHES PARTICIPATIVES DE GOUVERNANCEDE LA BIODIVERSITÉ REMETTENT LES ACTEURS AU CŒURDES DÉCISIONS SUR LA GESTION DE LEUR SOCIO-ÉCOSYSTÈME

Les rapports de force et les freins institutionnels et/ou législatifs à la synergie entre objectifs de production et objectifs de préservation de la bio-diversité font apparaitre la nécessité d’échange et d’une conception collective de la gouvernance de la biodiversité. Même si la nécessité de la parti-cipation est souvent bien prise en compte par les acteurs publics, il existe toujours des tensions autour des objectifs envisagés par un tel enga-gement (partage d’information, construction des indicateurs de biodiversité, prise de décision).

20.1 En grandes cultures, le manque de mise à disposition de ressources d’accompagne-

ment fait apparaitre la nécessité d’échanges voire d’une conception collective de la gouvernance de la biodiversité. La création de la filière courte de luzerne dans les Deux-Sèvres est un exemple de démarche participative qui s’est fait collectivement entre une coopérative agricole et le Centre d’Etudes Biolo-gique de Chizé (CEBC) {6.5.1.1 et 6.6}.

20.2 En territoire urbanisé, le dispositif de science citoyenne « Mon Village Espace de

Biodiversité » déployé notamment dans la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre est un exemple d’ap-proche participative. Ce dispositif comprend 1500

jardins membres du dispositif, 23 écoles pri-maires, 23 ruchers communaux et 7 600 citoyens impliqués. Il a montré que la gestion participative de ruchers communaux favorise l’apprentissage social par la circulation des connaissances et augmente les liens entre acteurs de différents ni-veaux et à différentes échelles spatiales et notam-ment entre les citoyens, le monde de la recherche et les élus locaux {6.6}.

20.3 En aquaculture, dans le cas de l’élevage de truites, les producteurs en collaboration

avec leur propre groupement (Groupement de Dé-fense Sanitaire Aquacole d’Aquitaine), les Organi-sations Non Gouvernementales (IUCN, WWF) et le Conseil Régional ont élaboré des chartes et des cahiers des charges portant sur les synergies entre la production de truite et la conservation des écosystèmes aquatiques {6.5.1.2}. Au final, en milieu marin, si des dispositifs de « sciences parti-cipatives » peuvent permettre l’ouverture de la col-lecte de données scientifiques au grand public, les moyens nécessaires pour mobiliser des sa-voirs profanes et pour construire des indicateurs robustes de gestion restent encore à explorer {6.6}.

Animation autour d’un rucher ©S. Billaud

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R É S U M É Exemples de leviers d’action pour favoriser la biodiversité, l’économie et le patrimoine dans les socioécosystèmes de production et artificialisés néo-aquitains

6Exemples de leviers d’action pour favoriser la biodiversité, l’économie et le patrimoine dans les socio-écosystèmes de production et artificialisés néo-aquitains Si fournir des solutions ne relève pas du champ d’Ecobiose ni même du champ scientifique, il est en revanche possible de brosser quelques pistes de solutions et scénarios à partir des résultats de notre synthèse.

Parmi les moyens permettant de favoriser la biodiversité, l’économie et le patrimoine dans les socio-écosystèmes de production néo-aquitains figurent des systèmes de production diversifiés significativement moins intensif en termes d’usage d’intrants et de travail mécanique, des investissements dans des infrastructures écologiques, le changement de nos modes alimentaires, et l’utilisation sobre des ressources naturelles. Ces éléments sont détaillés ci-après, sous forme de 15 suggestions qui émanent des résultats d’Ecobiose. Elles sont classées en cinq rubriques principales. Toutes ont pour objectif d’améliorer le statut de la biodiversité, que ce soit à des fins économiques ou socio-culturelles. Lorsque ces pistes de solutions font écho à Néo Terra, nous le mentionnons.

STRATÉGIES PROPOSÉES

EXEMPLES DE LEVIERS D’ACTION

SECTION CONCERNÉE

AMBITION DE NÉO TERRA

Préserver la biodiversité pour favoriser ses fonctions dans les systèmes de production en changeant les pratiques

Réduire l’utilisation des pesticides

16.1, 16.3 Sortir des pesticides et généraliser les pratiques agroécologiques. La Région s’est engagée à agir pour stopper l’utilisation des pesticides CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques) d’ici 2025 et à diminuer de 80% le volume des produits phytosanitaires d’ici à 2030.

Réduire l’utilisation de fertilisants de synthèse

4.1, 4.2 Réconcilier biodiversité et activité humaine. « L’ambition est de changer de regard sur la biodiversité, et ne plus la considérer comme une contrainte mais comme un atout pour le développement des activités. »

Réduire l’intensité des travaux mécaniques dans les parcelles agricoles, viticoles ou sylvicoles

15.3, 15.4

Diversifier les espèces et variétés cultivées au sein d’une même parcelle

1.1, 1.2, 1.3, 1.4, 2.1, 3.1, 3.2

Restaurer et développer la biodiversité domestique et cultivée dans les changements de pratiques agricoles.

Le 9 juillet 2019, la Région Nouvelle-Aquitaine a adopté une feuille de route ambitieuse, Néo Terra, définissant une trajectoire de transition globale, en accélérant et en massifiant son action. Une action systémique a été lancée, structurée autour de 11 grandes ambitions, couvrant l’ensemble

des enjeux : engagement citoyen, agroécologie, mutation des entreprises, transition énergétique, mobilités propres, urbanisme résilient, traitement des déchets, préservation de la biodiversité, protection des ressources naturelles et de l’eau en particulier, sanctuarisation des terres agricoles et forestières.

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R É S U M É Exemples de leviers d’action pour favoriser la biodiversité, l’économie et le patrimoine dans les socioécosystèmes de production et artificialisés néo-aquitains

Favoriser la transition agro-écologique à l’échelle des territoires

Soutenir la diversité des cultures et des systèmes agricoles et sylvicoles dans les paysages

1.4 Faire évoluer les modèles actuelsLa Région s’engage à accompagner les agriculteurs pour favoriser la biodiversité dans les exploitations notamment au travers du maintien ou de la création d’infrastructures agroécologiques en lien avec les dispositifs de l’État et des agences de l’eau.

Soutenir les pratiques extensives, entre autres l’agriculture biologique

5.4, 16.3, 18.1 Généraliser les pratiques agroécologiques « La Région s’engage à accompagner les différentes filières dans cette démarche de progrès afin qu’à l’horizon 2030, 80 % des exploitations agricoles de Nouvelle-Aquitaine soient certifiées Bio, HVE ou autre certification équivalente. »

Accompagner les exploitants vers des pratiques respectueuses de l’environnement

18.1 Mobiliser les territoires« Il est important de mobiliser les territoires qui doivent être au cœur des projets et des stratégies de préservation de la biodiversité. C’est en effet aux échelles de proximité que doivent être expérimentées et généralisées les pratiques plus respectueuses et intégratrices de la biodiversité ».

Transition alimentaire et gestion sobre des ressources naturelles

Faciliter l’accès, pour les consommateurs, à des produits à haute valeur environnementale

5.5 L’accompagnement des collectivités pour l’introduction de produits bio et locaux dans la restauration collective fait partie des propositions de la feuille de route NeoTerra.

Recréer le lien entre nature, agriculture et alimentation

Infographie, page 8

La mise en place d’un fond de garantie pour les agriculteurs s’engageant dans la transition agro-écologique et couvrant les risques de perte fait également partie des propositions de la feuille de route Neoterra.

Favoriser les solutions fondées sur la nature dans les territoires

Maintenir et restaurer les éléments semi-naturels

1.4, 12.1 Une adaptation privilégiant la résilience et les solutions souples « Réduire les risques (érosion / submersion) en mobilisant des solutions fondées sur la nature : accompagnement possible d’opérations nouvelles au titre du nouveau dispositif intégrateur biodiversité. »

Promouvoir la biodiversité sous toutes ses formes et dans tous les milieux

4.3, 4.4, 4.5, 5.1, 7.1, 7.2, 7.3, 8.1, 11.2, 11.3

Stopper la disparition alarmante de la biodiversité Pour cela, il est important à l’échelle de tout le territoire néo-aquitain, de concentrer les efforts de connaissance sur les domaines peu connus : biodiversité des sols, biodiversité marine, insectes.

Récréer des relations Homme-Nature

8.1, 20.2 Mieux intégrer la biodiversité dans les projets d’aménagement et développer la trame verte et bleue et la ville durableDeux axes sont à explorer : le développement de la Trame Verte et Bleue à l’échelle locale, qui intègre la notion de continuités écologiques, et l’émergence de la ville durable qui permet de contribuer à la préservation de la biodiversité à travers un redéploiement de la nature au sein des bâtiments, des quartiers, et plus généralement dans la vie des habitants. La renaturation et la revégétalisation participent également à la réduction des îlots de chaleur urbaine dus au réchauffement climatique.

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R É S U M É Exemples de leviers d’action pour favoriser la biodiversité, l’économie et le patrimoine dans les socioécosystèmes de production et artificialisés néo-aquitains

Optimiser les synergies entre enjeux biodiversité et réchauffement climatique

Favoriser les solutions fondées sur la nature dans l’adaptation aux effets et aux risques liées au réchauffement climatique

3.1, 3.2, 6.1, 6.2, 6.3, 9.1, 9.2

S’adapter au changement climatique et participer à son atténuation« Dans le cadre de projets de territoire et dans des obligations de transition vers l’agroécologie, accompagner la création ou l’agrandissement d’infrastructures artificielles apportant une réponse multifonctionnelle et transversale (préservation de la biodiversité, maintien et amélioration des usages économiques). »

Améliorer les connaissances empiriques sur la biodiversité et les services rendus par la nature

20.1, 20.2, 20.3

Appel à candidatures « zone atelier » post Ecobiose Cette proposition fait suite aux travaux d’Ecobiose et propose de créer un réseau de zones ateliers expérimentant des modes de faire innovants et participatifs en plaines agricoles, forêts, vignes, littoral, montagne, ville… Il s’agit de mettre en pratique des solutions concrètes, locales, et collectives pour répondre à l’urgence d’agir.

Expérimenter des systèmes de gouvernance environnementale en développant des zones ateliers, living labs et territoires pilotes pour concevoir des territoires resileints

18.3, 20.1, 20.2, 20.3

Faire évoluer les modèles actuels. « Au-delà d’une évolution des pratiques, réconcilier biodiversité et activités humaines nécessite en premier lieu de faire évoluer les modèles actuels. En s’appuyant sur les résultats d’Ecobiose, il est proposé d’expérimenter de nouveaux modes de faire, de nouveaux modèles en lien avec les acteurs locaux et les citoyens sous forme de zones ateliers. »

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R É S U M É Annexes

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Annexe I. Qu’est-ce que la Biodiversité ?DÉFINIT IONS

La  «  biodiversité  », qui provient de la contraction de «  diversité biologique  », désigne l’ensemble des organismes vivants sur Terre, sous toutes ses formes {A.1}.

Échelle du gène Les différents traits morpholo-giques (forme, taille, couleur, etc…) et diverses adaptations au milieu environnant entre indi-vidus d’une même espèce sont

l’expression de la diversité génétique. Elle est un déterminant majeur de la capacité des es-pèces à s’adapter aux changements environ-nementaux.

Échelle de l’espèce La diversité spécifique corres-pond aux différentes espèces vi-vantes d’un milieu. Une espèce est un groupement d’individus qui

peuvent se reproduire ensemble, dont la des-cendance est fertile et qui présentent des ca-ractéristiques génétiques, morphologiques et écologiques communes.

Échelle d’un groupe d’organismes La diversité fonctionnelle dé-signe une communauté du vivant qui a la même fonction écolo-gique. Par exemple : abeilles,

bourdons mais aussi colibris ou petits ron-geurs font partie du groupe fonctionnel des pollinisateurs puisqu’ils participent à la dis-sémination du pollen des végétaux.

Échelle de l’écosystèmeUn écosystème est un milieu naturel ou anthropisé (modi-fié par les activités humaines) constitué de communautés

d’organismes en interaction avec leur envi-ronnement. La diversité de ces écosystèmes ou « diversité écosystémique » s’exprime à plus grande échelle : elle forme des paysages variés sur l’ensemble du territoire.

La biodiversité est généralement décrite selon l’échelle biologique à laquelle elle est analysée {A.1.2} :

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R É S U M É Annexes

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L A B IODIVERSITÉ EN NOUVELLE-AQUITAINE

La diversité des milieux régionauxLa Nouvelle-Aquitaine est la plus vaste région de France et possède une grande diversité d’écosys-tèmes. On y retrouve une mosaïque de milieux naturels incluant de nombreuses zones humides, les milieux montagnards, forestiers, agricoles, bo-cagers, urbains, marins et côtiers {B.2}.

La diversité des espècesDivers atlas (concernant les ex-Régions : Poi-tou-Charentes, Aquitaine et Limousin) ont classé et quantifié les groupes d’organismes vivants de la région. Par exemple, 4541 espèces végétales ont été dénombrées en ex-région Limousin. Parmi les plus endémiques : la Linaire à feuilles de thym, le Gaillet des sables, l’Epervière laineuse, l’Astragale de Bayonne ainsi que la Dichélyme chevelue.

En ce qui concerne les espèces animales appar-tenant au groupe des vertébrés, la région Nou-velle-Aquitaine abrite plus de 635 espèces dont 19% sont des mammifères, 65% des oiseaux, 5% des amphibiens, 4% des reptiles et 7% des pois-sons {B.5.2}.

La diversité a plusieurs facettes• Les espèces emblématiquesCe sont des espèces « caractéristiques » de la région, elles sont parfois de véritables symboles du territoire à l’image du vison d’Europe (Mustela lutreola) et de l’outarde canepetière (Tetrax tetrax) et du busard cendré (Circus pygargus) {B.5.3}.

• La biodiversité ordinaireLorsque l’on pense « biodiversité », nous viennent à l’esprit les espèces emblématiques ou endé-miques qui peuvent faire l’objet d’un statut particu-lier de préservation... Pourtant, la biodiversité avec laquelle nous interagissons le plus est celle dite « ordinaire ». Il s’agit des espèces sauvages mais communes telles que le chevreuil, les coquelicots, les moineaux, etc. {B.5.3}.

• Les espèces ou races cultivées et domestiquesLes espèces domestiquées font elles aussi par-tie de la biodiversité. Ce sont notamment les es-pèces à la base de notre alimentation comme les espèces de fruits, légumes, céréales ou espèces animales d’élevage {B.5.3}. • Une biodiversité en danger L’intégralité de la biodiversité est mise à mal en Nouvelle-Aquitaine sous la pression de différents facteurs : ressource en eau qui devient de plus en plus rare, artificialisation et destruction des habi-tats, pollution des milieux, développement d’es-pèces invasives et changement climatique {B.5.4}.

Busard cendré ©Vincent Bretagnolle Colza ©Audrey Sternalski

Chevreuil ©Amandine Hamon

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R É S U M É Annexes

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Annexe II.Que sont les services écosystémiques ?La biodiversité a un rôle pivot dans les processus écologiques qui sous-tendent le fonctionnement des écosys-tèmes: la résilience, la stabilité et la productivité des écosystèmes en sont dépendantes. Or, les composants biotiques (vivants) et abiotiques (non vivants) des écosystèmes constituent les principales ressources natu-relles dont les sociétés humaines ont besoin. Cette dépendance est formalisée par le terme de « services éco-systémiques », qui correspond aux bénéfices que la société humaine tire de la nature. À travers l’exploitation des ressources naturelles, les sociétés humaines bénéficient de services d’approvisionnement de la nature. Ces derniers fournissent des ressources matérielles utilisables pour l’homme. Les services de régulation de l’environnement affectent la santé, la sécurité et le confort humain. Les services socio-culturels regroupent les services non matériels qui affectent les états physiques et mentaux des humains {A.2}, (Tableau 1).

Classification des services écosystémiques. D’après le « Common International Classification of Ecosystem Services » (CICES)

GROUPE DE SERVICE SERVICE

Approvisionnement (Biotique)

Plantes terrestres cultivées pour la nutrition, les matériaux ou l’énergie

Plantes aquatiques cultivées pour la nutrition, les matériaux ou l’énergie

Animaux élevés pour la nutrition, les matériaux ou l’énergie

Plantes sauvages (terrestres et aquatiques) pour la nutrition, des matériaux ou de l’énergie

Animaux sauvages (terrestres et aquatiques) pour la nutrition, des matériaux ou de l’énergie

Matériel génétique de plantes, d’algues ou de champignons

Matériel génétique provenant d’animaux

Autre

Approvisionnement (Abiotique)

Eau de surface utilisée pour la nutrition, les matériaux ou l’énergie

Eau souterraine utilisée pour la nutrition, les matériaux ou l’énergie

Autres produits aqueux de l’écosystème

Substances minérales utilisées pour la nutrition, les matériaux ou l’énergie

Substances non minérales ou propriétés d’écosystème utilisées pour la nutrition, les matériaux ou l’énergie

Régulation & Maintenance (Biotique et Abiotique)

Gestion de déchets ou de substances toxiques d’origine anthropique par des processus vivants (par ex. bio remédiation, séquestration)

Régulation des nuisances d’origine anthropique (atténuation du bruit, réduction de l’odeur)

Régulation des débits de base et des événements extrêmes

Maintien du cycle de vie, protection de l’habitat et de la ressource génétique (pollinisation, dispersion des graines)

Lutte contre les parasites et les maladies

Régulation de la qualité du sol

Conditions de l’eau (conditions chimiques eaux douces et salées)

Composition et conditions atmosphériques

Autre

Culturel (Biotique et Abiotique)

Interactions physiques et expériences sensibles avec l’environnement naturel

Interactions intellectuelles et représentatives avec l’environnement naturel (éducation, création de savoir, expérience esthétique)

Interactions spirituelles, symboliques et autres avec l’environnement naturel

Autres caractéristiques biotiques ayant une valeur de non-utilisation (valeur existentielle)

Autre

T A B L E A U1

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R É S U M É Annexes

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Annexe III. Qu’est-ce qu’un socio-écosystème ?La notion de « services écosystémiques » conceptualise la dépendance des sociétés aux écosystèmes. Les sociétés ne peuvent donc être exclues de leurs écosystèmes tant elles sont en perpétuelle interaction avec eux. Ecosystème et société forment alors un « socio-écosystème » {A.3}.

Cette notion englobe à la fois les effets des éco-systèmes sur le fonctionnement des sociétés et les effets des sociétés sur celui des écosystèmes (Figure 9 schéma). Outre les effets négatifs que les sociétés peuvent avoir sur les écosystèmes (pollution, surexploitation des ressources…),

elles peuvent également avoir des effets positifs sur l’environnement (conservation ou la restaura-tion des écosystèmes).

En Nouvelle-Aquitaine, la diversité des écosys-tèmes et celle de leurs usages (exploitation des ressources naturelles ou utilité socio-culturelle) fait apparaitre six socio-écosystèmes majeurs : les plaines agricoles, les vignes et la production de vin, la forêt et la filière bois, les prairies perma-nentes, les milieux aquatiques continentaux-ma-rins-côtiers et les territoires urbains {B.3 et B.4} (voir carte page 5).

Moteurs du changement (directs et indirects)

ECOSYSTÈMES CAPITAL NATUREL

SYSTÈME SOCIAL CAPITAL HUMAIN

Conservation restauration

Services écosystémiques

F I G U R E9

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R É S U M É Annexes

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Annexe IV. Chiffres-clés sur l’exploitation des ressources naturelles en Nouvelle-Aquitaine

SYLVICULTURE

2.8 millions d’hectares occupés par la forêt soit 17 % de la forêt nationale

34 % de la surface de la région occupée par la forêt

1re région forestière française pour la production de bois et biomasse

9.9 millions de m3 (soit 26.9 % de la récolte nationale) récolté en 2015

VIT ICULTURE

216 000 hectares occupés par la production viticole

16 % des exploitations agricoles en Nouvelle-Aquitaine

1re valeur de production régionale

1er employeur viticole de France

AGRICULTURE

46 % du territoire occupés par les activités agricoles

42 % de la SAU régionale est occupée par les grandes cultures céréales oléagineux protéagineux

1/3 SAU régionale occupés par la production de céréales

9 millions de tonnes de céréales produites par an

21 % de la valeur de production agricole néo-aquitaines représentée par les céréales et protéagineux

TERRITOIRES ART IF ICIAL ISÉS ET URBANISÉS

9.3 % surface totale régionale occupée par les territoires artificialisés en 2014

2/3 des 5.9 millions d’habitants y sont concentrés

11 villes de plus de 100 000 habitants

173 000 km de routes, 3500 km de voies ferrées, 10 aéroports et 4 ports de commerce

RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE

12 départements

5,9 millions d’habitants

84 000 km² (la plus vaste région métropolitaine de France) = 1/8 territoire national

1re place économique des régions agricoles nationales et européennes

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LA BIODIVERSITÉ, UNE COMPOSANTE ESSENTIELLE POUR L’ÉCONOMIE ET LA CULTURE EN NOUVELLE-AQUITAINE

Messages clés à l’intention des décideurs ..............................................3

1 Les systèmes de production agricole, pastoraux et sylvicole, dépendent de la biodiversité en région Nouvelle-Aquitaine ................6

Effets directs de la biodiversité sur les biens & productions ............................... 6FAIT N° 1 • L A DIVERSITÉ CULT IVÉE AUGMENTE L A PRODUCTION AGRICOLE & SYLVICOLE PAR RAPPORT À L A MONOCULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

FAIT N° 2 • L A DIVERSITÉ CULT IVÉE OU HÉBERGÉE AMÉLIORE L A QUALITÉ DE L A PRODUCTION VIT ICOLE & SYLVICOLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

FAIT N° 3 • L A DIVERSITÉ CULT IVÉE L IMITE L A VARIABIL I TÉ DES RENDEMENTS INDUITE PAR LES ALÉAS CLIMATIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Effets indirects de la biodiversité ..................................................................... 10FAIT N° 4 • L A B IODIVERSITÉ ASSOCIÉE À L A PARCELLE AUGMENTE INDIRECTEMENT LES RENDEMENTS EN PRODUCTION AGRICOLE & SYLVICOLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Valeur économique de la biodiversité dans les socioécosystèmes de production néo-aquitains........................................................................11FAIT N° 5 • DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT, L A B IODIVERSITÉ AUGMENTE LES REVENUS EN GRANDE CULTURE ET EN VIT ICULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

2   La biodiversité est impliquée dans l’épuration de l’eau, le stockage du carbone, les cycles bio géochimiques et la limitation de l’érosion ................................................................................................13Effets de la biodiversité sur les services de régulation de l’environnement .......... 13FAIT N° 6 • L A B IODIVERSITÉ AGIT DIRECTEMENT SUR LE CYCLE ET LE STOCKAGE DU CARBONE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

FAIT N° 7 • L A B IODIVERSITÉ AGIT DIRECTEMENT SUR L’ÉPURATION DE L’EAU ET DES SOLS . . . . . . . . . . 14

FA I T N ° 8 • L A B I O D I V E R S I T É P E R M E T D E R É G U L E R LO CA L E M E N T L E C L I M AT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Valeur de la biodiversité dans les services de régulation ................................. 15FAIT N° 9 • L A B IODIVERSITÉ, V IA SON RÔLE DANS LES SERVICES DE RÉGUL ATION,RÉDUIT LES R ISQUES POUR LES SOCIÉTÉS ET A UNE VALEUR ÉCONOMIQUED’ÉVITEMENT DES COÛTS ASSOCIÉS À CES R ISQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

3 La biodiversité, support de services socioculturels ................................16Rôle de la biodiversité dans les activités socio-économiques............................. 16FAIT N° 10 • L A B IODIVERSITÉ HÉBERGÉE PAR LES SOCIOÉCOSYSTÈMES DE PRODUCTION GÉNÈRE DES RESSOURCES POUR LES ACTIVITÉS DE LOIS IR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

FAIT N° 11 • L A B IODIVERSITÉ HÉBERGÉE PAR LES SOCIOÉCOSYSTÈMES DE PRODUCTION EST INDICATRICE DE SANTÉ DE L’ENVIRONNEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

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S O M M A I R E La biodiversité, une composante essentielle pour l’économie et la culture en Nouvelle-Aquitaine

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Valeurs culturelles, esthétiques et patrimoniales associées à la biodiversité ...... 17FAIT N° 12 • AU-DEL À DES ESPÈCES EXPLOITÉES ET DES PAYSAGES L IÉS À L A PRODUCTION, LES SOCIOÉCOSYSTÈMES NÉO-AQUITAINS ABRITENT UNE R ICHE DIVERSITÉ «HÉBERGÉE» . . . . . . . . . . . . . . 17

FAIT N° 13 • L A B IODIVERSITÉ HÉBERGÉE PAR LES SOCIOÉCOSYSTÈMES DE NOUVELLE-AQUITAINE EST SUPPORT DE VALEURS POUR LES SOCIÉTÉS ET ACTEURS QUI OCCUPENT CES TERRITOIRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

4  État et tendances de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains ............................................................................................19FAIT N° 14 • L A B IODIVERSITÉ EST EN ÉROSION ACCÉLÉRÉE DANS TOUS LES SYSTÈMES DE PRODUCTION (TERRESTRES ET AQUATIQUES) NÉO-AQUITAINS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

FAIT N° 15 • PARMIS LES PRESS IONS PRINCIPALES QUI ENTRAÎNENT OU ACCÉLÈRENT LE DÉCLIN DE L A B IODIVERSITÉ, F IGURENT L A PERTE ET L A DÉGRADATION DES HABITATS . . . . . . . . . . . 20

FAIT N° 16 • D’AUTRES PRESS IONS SUR L A B IODIVERSITÉ INCLUENT L A POLLUT ION (CHIMIQUE, LUMINEUSE). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

FAIT N° 17 • ENFIN, LES ESPÈCES INTRODUITES MENACENT LES ESPÈCES AUTOCHTONES ET DÉSTABIL ISENT LE FONCTIONNEMENT DES ÉCOSYSTÈMES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

5  Gouvernance de la biodiversité dans les socioécosystèmes néo-aquitains ............................................................................................23FAIT N° 18 • L A CONVERGENCE ENTRE OBJECTIFS DE PRODUCTION ET OBJECTIFS DE PRÉSERVATION DE L A B IODIVERSITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

FAIT N° 19 • L A RÉCONCIL IAT ION ENTRE GOUVERNANCE DE PRODUCTION ET GOUVERNANCE DE CONSERVATION DE L A B IODIVERSITÉ SE HEURTE À DES OBSTACLES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

FAIT N° 20 • LES DÉMARCHES PART ICIPAT IVES DE GOUVERNANCE DE L A B IODIVERSITÉ REMETTENT LES ACTEURS AU CŒUR DES DÉCIS IONS SUR L A GEST ION DE LEUR SOCIOÉCOSYSTÈMES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

6   Exemples de leviers d’action pour favoriser la biodiversité, l’économie et le patrimoine dans les socioécosystèmes de production et artificialisés néo-aquitains ...................................................................26

Annexe I. Qu’est-ce que la Biodiversité ? ..............................................29

Annexe II. Que sont les services écosystémiques ? ..............................31

Annexe III. Qu’est-ce qu’un socio-écosystème ? .................................32

Annexe IV. Chiffres-clés sur l’exploitation des ressources naturelles en Nouvelle-Aquitaine ..............................................................................33

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S O M M A I R E La biodiversité, une composante essentielle pour l’économie et la culture en Nouvelle-Aquitaine

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