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Ventilation Un bâtiment aéré pour une bonne ambiance Une bonne ventilation des bâtiments d'élevage est un facteur important pour la santé et le bien-être des bovins. Dans la majorité des cas, un renouvellement correct du volume d'air intérieur peut être assuré par ventilation naturelle. L es conditions d'ambiance d'un bâti- ment pour bovins ont des incidences directes sur la santé et le bien-être de ceux-ci. Les bovins, et plus particulière- ment les vaches laitières, dégagent en permanence dans l'atmosphère du bâti- ment de la vapeur d'eau, des gaz et des poussières. Un renouvellement d'air insuf- fisant entraîne 1 ' inhalation d ' ammoniac de manière continue par les animaux. Or, ce gaz est particulièrement irritant pour les muqueuses respiratoires et fragilise les pro- tections naturelles des poumons de la vache, les rendant plus sensibles aux infections. En outre, les bovins transpirent. Plus la vache laitière est productive et lourde, plus elle produit de la vapeur d'eau. À titre d'exemple, la quantité d'eau quotidienne rejetée dans un bâtiment par une vache laitière de 750 kg produisant 40 kg de lait par jour, s'élève à 14 litres. Une génisse de 200 kg dégage en moyenne 3,5 litres par jour. Ainsi, la quantité d'eau qu'il faut évacuer du bâtiment par jour peut atteindre 375 litres pour un troupeau de 30 vaches, sans compter l'humidité des déjections et de l'ensilage. Les ruminants craignent les milieux humides Si le bâtiment est totalement fermé, l'air est très vite saturé et, avec les variations de température, la condensation apparaît. Cette condensation excessive de vapeur d'eau retombe sous forme de pluie sur le dos des vaches. Les animaux prennent le pelage humide, leur état sanitaire se dégrade. Les litières plus humides augmentent aussi les risques de mammites. Un bâtiment humide favorise également la circulation et la transmission des virus et des bactéries. Les virus comme le B-RSV (virus syn- cycial respiratoire bovin) ou le PI3 (grippe) sont les premiers à s'attaquer aux animaux. On se retrouve ainsi avec d'importantes mortalités sur de jeunes broutards. La concentration d'animaux augmente de fait ces phénomènes. Une mauvaise ambiance dans une nurserie peut également être un facteur favorable au développement des diarrhées néonatales. « Trop souvent, les éleveurs ferment tou- tes les ouvertures du bâtiment par crainte de froid : c'est une erreur. Car les rumi- nants ne souffrent pas du froid sec, en revan- che ils craignent les milieux humides. Une bonne ambiance est un bâtiment aéré mais En sortie d'air, pour qu'il y ait un effet cheminée satisfaisant, il est nécessaire d'avoir une ouverture suffisante au niveau du faîtage. sans courant d'air », indique Francis Delan- gle, technicien à Agri Services GDS. La prévention des maladies et le bien-être des animaux passent par une adaptation du bâtiment d'élevage au troupeau. L'es- sentiel est que les animaux s'y sentent bien. Le bâtiment doit ainsi respecter cer- taines normes d'hygiène et d'aération. « Ventiler un bâtiment, c 'est renouveler le volume d'air intérieur afin de per- mettre d'éliminer l'humidité, les gaz viciés, et d'introduire de l'air frais. » Ce résul- tat peut être obtenu par la ventilation natu- relle ou ventilation mécanique. De l'air sans courant d'air Dans la majorité des cas, si la disposition et la conception des entrées et des sorties d'air sont correctes, on peut assurer une ventilation satisfaisante des bâtiments par une ventilation naturelle. Ici, le méca- nisme de renouvellement de l'air fait appel à des facteurs naturels mettant enjeu la cha- leur des animaux ou les effets clima- tiques. La ventilation naturelle s ' appuie sur deux effets se combinant à l'intérieur

La bonne ventilation des bâtiments

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Page 1: La bonne ventilation des bâtiments

Ventilation

Un bâtiment aéré pour une bonne ambiance Une bonne ventilation des bâtiments d'élevage est un facteur important pour la santé et le bien-être des bovins. Dans la majorité des cas, un renouvellement correct du volume d'air intérieur peut être assuré par ventilation naturelle.

Les conditions d'ambiance d'un bâti­ment pour bovins ont des incidences directes sur la santé et le bien-être de

ceux-ci. Les bovins, et plus particulière­ment les vaches laitières, dégagent en permanence dans l'atmosphère du bâti­ment de la vapeur d'eau, des gaz et des poussières. Un renouvellement d'air insuf­fisant entraîne 1 ' inhalation d ' ammoniac de manière continue par les animaux. Or, ce gaz est particulièrement irritant pour les muqueuses respiratoires et fragilise les pro­tections naturelles des poumons de la vache, les rendant plus sensibles aux infections. En outre, les bovins transpirent. Plus la vache laitière est productive et lourde, plus elle produit de la vapeur d'eau. À titre d'exemple, la quantité d'eau quotidienne rejetée dans un bâtiment par une vache laitière de 750 kg produisant 40 kg de

lait par jour, s'élève à 14 litres. Une génisse de 200 kg dégage en moyenne 3,5 litres par jour. Ainsi, la quantité d'eau qu'il faut évacuer du bâtiment par jour peut atteindre 375 litres pour un troupeau de 30 vaches, sans compter l'humidité des déjections et de l'ensilage.

Les ruminants craignent les milieux humides

Si le bâtiment est totalement fermé, l'air est très vite saturé et, avec les variations de température, la condensation apparaît. Cette condensation excessive de vapeur d'eau retombe sous forme de pluie sur le dos des vaches. Les animaux prennent le pelage humide, leur état sanitaire se dégrade. Les litières plus humides augmentent aussi les risques de mammites. Un bâtiment humide favorise également la circulation et la transmission des virus et des bactéries. Les virus comme le B-RSV (virus syn-cycial respiratoire bovin) ou le PI3 (grippe) sont les premiers à s'attaquer aux animaux. On se retrouve ainsi avec d'importantes mortalités sur de jeunes broutards. La concentration d'animaux augmente de fait ces phénomènes. Une mauvaise ambiance dans une nurserie peut également être un facteur favorable au développement des diarrhées néonatales. « Trop souvent, les éleveurs ferment tou­tes les ouvertures du bâtiment par crainte de froid : c'est une erreur. Car les rumi­nants ne souffrent pas du froid sec, en revan­che ils craignent les milieux humides. Une bonne ambiance est un bâtiment aéré mais

En sortie d'air, pour qu'il y ait un effet cheminée satisfaisant, il est nécessaire d'avoir une ouverture suffisante au niveau du faîtage.

sans courant d'air », indique Francis Delan-gle, technicien à Agri Services GDS. La prévention des maladies et le bien-être des animaux passent par une adaptation du bâtiment d'élevage au troupeau. L'es­sentiel est que les animaux s'y sentent bien. Le bâtiment doit ainsi respecter cer­taines normes d'hygiène et d'aération. « Ventiler un bâtiment, c 'est renouveler le volume d'air intérieur afin de per­mettre d'éliminer l'humidité, les gaz viciés, et d'introduire de l'air frais. » Ce résul­tat peut être obtenu par la ventilation natu­relle ou ventilation mécanique.

De l'air sans courant d'air Dans la majorité des cas, si la disposition et la conception des entrées et des sorties d'air sont correctes, on peut assurer une ventilation satisfaisante des bâtiments par une ventilation naturelle. Ici, le méca­nisme de renouvellement de l'air fait appel à des facteurs naturels mettant enjeu la cha­leur des animaux ou les effets clima­tiques. La ventilation naturelle s ' appuie sur deux effets se combinant à l'intérieur

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d'un bâtiment. L'effet cheminée tout d'a­bord : la chaleur dégagée par les animaux réchauffe l'air ambiant. Celui-ci étant plus léger, il s'élève en hauteur en direction de la faîtière du toit d'où il s'échappe s'il existe un passage. L'effet vent résulte quant à lui de la différence de pression entre deux parois opposées d'un bâtiment soumis au vent. Il est utilisé pour créer un balayage horizontal du bâtiment. Le circuit d'air traverse de part en part le bâtiment. Si les ruminants ne craignent pas le froid, ils sont en revanche sensibles aux courants d'air. Une vitesse d'air trop élevée oblige les animaux (surtout les jeunes) à lutter contre le froid et ceci diminue leur résis­tance aux agents pathogènes. La solu­tion consiste alors à placer, au niveau des entrées d'air, des dispositifs brise-vent (filet brise-vent, bardage ajouré...). Ces éléments ont pour but de freiner la vitesse du vent à l'entrée du bâtiment. Le filet brise-vent a tendance, avec le temps, le soleil, à se dégrader plus ou moins rapidement. Si l'éleveur utilise une pailleuse pour son bâtiment, le filet brise-vent est à proscrire. En effet, celui-ci perdra très rapidement de son efficacité par un empoussiérage dû à la pailleuse.

Des ouvertures « écailles » sur le toit Pour chaque filet vendu est donné un coef­ficient d'efficacité. Une efficacité de 0,9 signifie que la vitesse résiduelle du vent à 50 cm derrière le filet brise-vent ne repré­

sente plus que 10 % de la vitesse initiale. Pour un bardage bois ajouré efficace, il est recommandé d'utiliser des planches de 27 mm d'épaisseur pour 100 mmde large. L'écartement entre les planches se situe en général entre 10 et 15 mm, en fonction de l'exposition, de la hauteur par rapport au sol. « II est très important de ne pas trop écarter les planches : le vent ne serait pas assez freiné et il y aurait des risques de courants d'air à l'intérieur du bâti­ment. » De même, il est nécessaire d'uti­liser des planches sèches et traitées à cœur. En sortie d'air, pour qu'il y ait un effet cheminée satisfaisant, il est nécessaire d'avoir une ouverture suffisante au niveau du faîtage. D'une manière générale, on compte pour un bâtiment bi-pente fermé 0,15 m ? de sorties d'air pour 0,30 m ? d'en­trées par animal. Pour éviter tout courant d'air au niveau des bovins, on ne crée pas d'entrée d'air en dessous de 2 m. Aména­ger la faîtière avec des plaques pare-vent permet aussi d'éviter une retombée des vents et de pluie au niveau des animaux. En effet, le but de ces faîtières est d'éviter que le vent ne s'engouffre dans le bâti­ment et que celui-ci vienne taper contre les plaques et ainsi passer au-dessus. On

rencontre des problèmes lorsque les bâti­ments sont très larges et seulement ouverts d'un seul pan. En effet, le bâtiment n'est ventilé que sur les huit premiers mètres. Ainsi, les entrées d'air ne sont plus suffi­santes pourl'ensemble du bâtiment. On peut alors créer des ouvertures « écailles » sur le toit, le principe étant de démonter deux plaques et de glisser entre ces deux plaques un liteau de 2 cm d'épaisseur. Cela crée une entrée/sortie d'air sous la toiture.

Ventilation dynamique ou mécanique

Le renouvellement du volume d'air d'un bâtiment peut également être obtenu par ven­tilation dynamique ou mécanique. Le renou­vellement d'air se fait mécaniquement à l'aide d'extracteurs. Cette technique est uti­lisée dans les vieux bâtiments (étables entra­vées. ..) ou les nurseries et permet d'obte­nir de bons résultats lorsque la ventilation naturelle ou statique ne fonctionne pas. Pour fonctionner, une installation nécessite un ou plusieurs extracteurs d'air, un régulateur, une sonde de température ou thermostat, une armoire électrique et des entrées d'air.

DANIELLE BODIOU, D'APRÈS AGRI SERVICES GDS

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