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LA CITOYENNETE ROMAINE SOUS L'EMPIRE La notion de cité chez les Romains : Au IVè siècle avant J-C. Aristote définit la cité comme «la communauté née de plusieurs villages, parfaite, atteignant pour ainsi dire le niveau de l’autarcie complète». Plus loin, il précise son idée en présentant la cité comme «une participation commune à un système de gouvernement». Comme chez les Grecs, la cité romaine apparaît donc comme un espace à la fois géographique et politique.

LA CITOYENNETE ROMAINE SOUS L'EMPIRE Retrouvés à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse en 1528, les morceaux faisaient partie d'une plaque de bronze

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LA CITOYENNETE ROMAINE SOUS L'EMPIRE

La notion de cité chez les Romains :

Au IVè siècle avant J-C. Aristote définit la cité comme «la communauté née de plusieurs villages, parfaite, atteignant pour ainsi dire le niveau de l’autarcie complète».

Plus loin, il précise son idée en présentant la cité comme «une participation commune à un système de gouvernement».

Comme chez les Grecs, la cité romaine apparaît donc comme un espace à la fois géographique et politique.

LA CITOYENNETE ROMAINE SOUS L'EMPIRE

En Italie, la société romaine est divisée en plusieurs groupes : les esclaves, les affranchis et les citoyens.

Au début de l'Empire, pour être citoyen il faut être un homme vivant en Italie, âgé de plus de 18 ans. Les femmes sont exclues des droits civiques mais elles transmettent la citoyenneté à leurs enfants mâles.

La citoyenneté romaine de plein droit fut accordée à toute l'Italie par la lex Plauta Papiria de 89 avant J-C. Plus tard, Jules César élargit ce droit à l'ensemble des populations libres de la Gaule Cisalpine en 49 avant notre ère (lex Roscia).

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Si au début de l'Empire seule l'Italie bénéficie de la citoyenneté romaine les empereurs vont progressivement élargir ce statut aux hommes libres qui vivent dans les provinces (les pérégrins).

Inscription en l'honneur d'un magistrat gallo-romain de Saintes (Ier siècle après J-C.) :

Caius Julius Rufus, fils de Caius Julius Otuaneunos, petit-fils de Caius Julius Agedomopas, arrière petit-fils d'Epotsoviridos, prêtre de Rome et d'Auguste à l'autel des Trois Gaules de Lugdunum, ses fils et son petit-fils de la cité des Santons ont fait à leur frais l'amphithéâtre de Lugdunum.

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Les citoyens romains disposent de droits que les femmes, les pérégrins (étrangers) et les esclaves ne possèdent pas. Ces droits sont : Les droits civils :

- droit de porter les trois noms romains (tria nomina)

- droit de porter la toge

- droit de se marier avec une épouse issue d'une famille de droit romain (ius conubii)

- Droit de faire un testament et d'hériter : ius testamenti factionis

- droit de vendre et d'acheter une propriété sur le territoire romain (ius commerci).

- droit de faire valoir ses droits (ius legis actionis). C'est le droit de plaider et de témoigner en justice.

Fresque provenant d'un maison de Pompéi figurant un citoyen romain en compagnie de sa femme.

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Les droits politiques :

- droit de débattre, de voter les lois et d'élire les magistrats (ius suffragii). Droit perdu de fait sous l'Empire car accaparé par l'empereur.

- droit de se présenter à une élection et d'être élu magistrat romain (ius honorum)

- droit de servir comme soldat dans une légion et de recevoir une solde (ius militae)

- droit d'exercer une fonction religieuse (ius sacrorum)

- droit d'être jugé à Rome en cas d'accusation de crime et de faire appel à l'empereur en dernier recours (provocatio ad Caesarem).

Légionnaire

Sacrifice à Mars, suovétaurile, 48 après J-C. Louvre

LES DEVOIRS DU CITOYEN SOUS L'EMPIRE

- Le recensement

Il permet d'évaluer la fortune des citoyens.

- Le service militaire :

Il permet aux légions de protéger le territoire et d'assurer les conquêtes.

- Le paiement d'impôts :

Le tributum : il est fixé en fonction de la fortune. Tous les citoyens romains d'Italie en sont exemptés.

Les impôts indirects : douanes intérieures, impôts pour mener ses troupeaux sur les espaces publics, taxes sur les affranchissements d'esclaves, droits de succession...

Les dépenses de l'Empire romain :

Armée et défense65% Distribution de

blé aux pauvres 15%

Services municipaux15%Jeux et

spectacles2%

Routes 3%

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Sous l'Empire, la citoyenneté romaine s'acquière par la naissance (droit du sang) lorsque les deux parents sont issus d'une famille citoyenne et que leur enfant est légitime et reconnu.

Le citoyen romain est facilement identifiable à sa toge qu'il est le seul à pouvoir porter et à son nom en trois parties (tria nomina) : le praenomen, le nomen et le cognomen (surnom).

Statue d'un romain en togeIer siècle avant J-C,

musée du Capitole, Rome

Détail du tombeau de Titus Flavius Bassus, cavalier et citoyen romain

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La citoyenneté s'acquiert également par l'affranchissement : un esclave libéré par son maître bénéficie d'un statut d'homme libre. Par contre, ses fils reçoivent automatiquement la citoyenneté romaine de plein droit.

Scène d'affranchissement d'esclaves

Certains affranchis peuvent accéder à des postes très élevés comme par exemple Marcus Antonius Pallas qui devient le conseiller omnipotent sous

l'empereur Claude.

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Gladiateurs, galerie Borghese, Rome

De même, certains esclaves gladiateurs méritants peuvent être affranchis par l'empereur. On leur remet alors un sabre de bois (le rudius) symbole de leur libération.

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La citoyenneté romaine s'obtient également par adoption.

Dans ce cas, l'adopté rajoute parfois à ses trois noms un quatrième nom : l'Agnomen tiré du nom de son père biologique.

Ainsi, le futur empereur Auguste, fils d'Octavius, fut adopté par Jules César et pris le nom de Caius Iulius Caesar Octavianus.

Octave, le premier empereur et son père adoptif Jules César

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L'empereur César Vespasien Auguste aux fantassins et aux cavaliers qui servent dans les dix cohortes se trouvant dans la province de Mésie et qui ont servi vingt-cinq ans ou plus, il est fait don de la citoyenneté romaine à eux-mêmes, à leurs enfants et leurs descendants.

D'après un diplôme militaire du Ier siècle.

Groupe d'auxiliaires, reconstitution

La citoyenneté romaine est accordée aux soldats des troupes auxiliaires de Rome lorsqu'elles partent en retraite après 25 ans de service.

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Lettre de Marc-Aurèle à Coiiedius Maximus, gouverneur de la province de Maurétanie.

« Nous avons pris connaissance de la requête de Julianus, du peuple des Zegrenses, jointe à ta lettre, et, bien qu'il ne soit pas habituel d'octroyer la citoyenneté romaine à des membres de ces tribus, si ce n'est pour des mérites indiscutables appelant la faveur impériale, puisque tu affirmes qu'il appartient aux premiers de son peuple et qu'il a fait preuve d'une très grande loyauté en manifestant sa soumission à nos intérêts, considérant d'autre part que nous pouvons penser qu'il n'y a guère chez les Zegrenses de familles capables de se prévaloir de services comparables aux siens, (...) nous n'hésitons pas à donner la citoyenneté romaine, tout en sauvegardant le droit local, à Julianus lui-même, à son épouse Ziddina et à leurs enfants, Julianus, Maximus, Maximinus et Diogenianus ».

La tabula banasitana

La citoyenneté romaine peut être accordée individuellement par un magistrat ou par l'empereur en personne. C'est le cas dans la table retrouvée à Banasa en Maurétanie tingitane (Maroc) qui date de 177 au temps de l'empereur Marc Aurèle.

LES TABLES CLAUDIENNES

Claude, empereur de 41 à 54

Les tables Claudiennes sont constituées de deux plaques de bronze sur lesquelles figure le texte d'un discours prononcé par l'empereur Claude en l'an 48 de notre ère devant le Sénat romain.

LES TABLES CLAUDIENNES

Les sénateurs siégeant à la Curie à Rome. Ils portent la toge ornée d'une large bande pourpre nommée laticlave. Image tirée de la série Rome de John Milius

Retrouvés à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse en 1528, les deux morceaux proviennent d'une plaque de bronze brisée en quatre morceaux. Toute la partie supérieure a disparu ne laissant subsister que 40 lignes disposées en deux colonnes.