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LIVRET REF L. 002 LA CIVILISATION DE L’INDUS LA CIVILISATION DE L’INDUS (4.000 à 1.800 av. J.-C.) Danseuse en Bronze © www.kergour.com Reproduction Interdite Janvier 2013

LA CIVILISATION DE L’INDUS - kergour...couvertes par les anciennes civilisations de l’Egypte et de la Mésopotamie, ce qui permet de dire que la civilisation de l’Indus est la

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LIVRET REF – L. 002 LA CIVILISATION DE L’INDUS

LA CIVILISATION DE L’INDUS

(4.000 à 1.800 av. J.-C.)

Danseuse en Bronze

© www.kergour.com Reproduction Interdite Janvier 2013

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I – REDECOUVERTE DE CETTE CIVILISATION

- SES ORIGINES

- SON IMPLANTATION GEOGRAPHIQUE Nous sommes en avril 1922 – à KARACHI, le grand port situé sur la mer d’OMAN, à proximité de l’embouchure du fleuve INDUS.

L’Angleterre règne alors souverainement sur la Péninsule Indienne et la reine VICTORIA est Impératrice des Indes. Les autorités anglaises de la Province du SIND dont dépend KARACHI ont alors décidé d’ouvrir une nouvelle route à l’ouest de la vallée de l’Indus, en direction du Baloutchistan et la Société de Travaux Publics, chargée de ce chantier, vient de commencer les travaux. Une équipe de topographes, un contremaître et deux assistants, progresse sur le plateau aride, pratiquement désertique.

Soudainement ces trois hommes sont littéralement « escamotés ». Ils ont été happés et ont disparu dans une cavité qui s’est ouverte sous leurs pas. On se précipite, pas de casse… Ils ont glissé avec l’éboulement et se trouvent là à quelques 7 - 8 mètres de profondeur.

On trouve des cordages, et on les hisse à la surface. Et là, le contremaître de déclarer : « Il y a une rue et des maisons » Emoi ! Stupéfaction !

Un ingénieur arrive. Héroïquement, il décide de se faire descendre dans la cavité avec un jeune attendant.

Là diront-ils plus tard, ils ont parcouru « la rue » sur plus d’une dizaine de mètres et ils sont entrés successivement dans deux maisons. C’est bien vrai : il y a une « rue » et des « maisons ».

Et, oh combien dramatique, le jeune attendant d’assurer qu’il a bien inspecté les maisons et que celles-ci disposent d’amenées d’eau et de conduits rejetant les eaux usées vers un égout courant le long de la rue. En somme, nous avons l’eau courante et le tout-à-l’égout !!!

C’en est trop. L’émoi tourne à l’affolement.

La Direction de la Société de Travaux Publics, chargée des travaux, les Autorités « techniques », puis politiques, l’Administrateur du District, puis le Gouverneur de la Province du SIND sont informés.

La roue tourne. On ne peut plus arrêter l’affaire. Demain, la nouvelle sera à Delhi et de là, courra le monde entier. Et chacun de penser à sa carrière. Si le « scoop » se confirme, il ne faut pas manquer cette occasion unique de promotion. Par contre, si jamais c’était un canular, ou pourquoi pas un mirage, la tornade qui s’en suivrait, pourrait briser tous vos espoirs.

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Mais les compétents, les Services Archéologiques de l’Empire, puis de doctes chercheurs et savants d’illustres universités indiennes et étrangères sont accourus et soulagement : il n’y a pas de doute, on vient bien de découvrir les vestiges d’une ville que l’on dénomme MOHENJO-DARO, une ville qui appartient, on peut le penser, à une très ancienne civilisation, probablement contemporaine des civilisations de l’EGYPTE et de la MESOPOTAMIE.

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Ruines de Mohenjo-Daro

Bassin de Mohenjo-Daro

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Doctement, il est rappelé que cette découverte ne fait que confirmer ce que certains historiens et chercheurs (travaillant au 19e siècle en Mésopotamie) avaient prétendu, que là- bas, à l’Est, une très ancienne grande civilisation aurait existé quelques millénaires avant notre ère. Naturellement, on les avait pris pour des « Guignols »… Aujourd’hui les Guignols, devenus des génies précurseurs, avaient raison.

Le site de Mohenjo-Daro sera déblayé au cours des huit années suivantes.

En même temps, les Services Archéologiques se sont lancés dans une sérieuse prospection qui permet de découvrir de nombreux sites contemporains de Mohenjo-Daro et en tout premier, le site de HARAPPA, sur la rivière RAVI à quelques 400 kilomètres au Nord-Est de Mohenjo-Daro.

En fait des vestiges de constructions très anciennes avaient été découverts à HARAPPA dès la fin du 19e siècle. Mais les entrepreneurs procédant à la construction des lignes de chemin de fer traversant cette région s’étaient habilement « arrangés » pour faire repousser toute fouille sérieuse et ainsi pouvoir piller sur ce site des briques dont la valeur était très grande, étant donné le manque de pierres disponibles dans la vallée de l’Indus.

Aujourd’hui, il n’y avait plus de lignes de chemin de fer à établir et les fouilles progressèrent rapidement à HARAPPA, révélant l’existence d’une ville aussi importante que MOHENJO-DARO.

C’est ainsi que dès 1930, ont été identifiés, en dehors des deux villes de Mohenjo-Daro et Harappa, les sites d’une dizaine de villes moyennes et de très nombreux « villages ».

Ces sites n’étaient pas géographiquement concentrés sur la seule vallée de l’Indus, mais se répartissaient sur une vaste étendue allant :

- dans le sens Nord-Sud, sur près de 1 600 km, des contreforts de l’HIMALAYA à la mer

d’OMAN ;

- dans le sens Ouest-Est, sur près de 800 km, du BALOUTCHISTAN au DOAB (région de

DELHI) ;

- avec des « écarts » au Sud-Est vers le SIND, le SAURASHTRA, le RAJASTAN et même

le MAHARASHTRA.

La superficie couverte était de l’ordre de 500 000 km et était donc très supérieure aux superficies

couvertes par les anciennes civilisations de l’Egypte et de la Mésopotamie, ce qui permet de dire

que la civilisation de l’Indus est la plus étendue des trois grandes civilisations de l’Antiquité.

En même temps que l’on fouille, archéologues et chercheurs étudient les habitats et les objets mis au jour sur ces différents sites.

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Et de ces études, il ressort clairement :

- que ces « agglomérations humaines », villes et villages appartiennent bien à une

même « culture-civilisation » ;

- que cette « culture-civilisation » est apparue « brusquement » au début du quatrième millénaire avant notre ère. Cette civilisation s’est alors développée et a « vécu » pendant plus de 2000 ans jusqu’aux années 1.800-1.500 avant notre ère, époque à laquelle elle disparaît rapidement sans que nous puissions encore aujourd’hui connaître les raisons de cette disparition ;

- que cette « culture-civilisation » à laquelle nous sommes confrontés sur l’Indus, est une

grande civilisation qui doit être reconnue comme la troisième grande civilisation de l’Antiquité à parité avec les civilisations égyptienne et sumérienne.

Certains voulaient dénommer cette civilisation, « la Civilisation Harappéenne » ; d’autres tenaient à « la Civilisation de l’Indus ». Finalement, la dénomination « Civilisation de l’Indus » sera généralement adoptée.

Ci-dessus, nous avons écrit, que cette civilisation de l’Indus était « apparue » brusquement, comme cela, un beau jour !!!

Un tel processus serait d’autant plus surprenant que nous savons, (toutes nos connaissances des anciennes civilisations le prouvent), qu’une civilisation lorsqu’elle « apparaît » dans sa plénitude est l’aboutissement d’une gestation sur des siècles, sinon même des millénaires.

Or, là, nous avons bien à faire face à une civilisation qui apparaît d’emblée dans sa plénitude.

Comment cela est-il possible ?

Naturellement, les chercheurs se sont penchés sur ce problème et ont émis différentes hypothèses.

Parmi ces hypothèses, une retient particulièrement l’attention des spécialistes : les couches inférieures des terrains sur lesquelles Mohenjo-Daro, ainsi que la plupart des villes et villages de la civilisation de l’Indus se sont développés, n’ont pas pu, jusqu’ici, être exploitées car elles sont non pas inondées, mais bel et bien « noyées », probablement depuis les évolutions climatiques et les mouvements tectoniques que la vallée a connus au cours du 5e millénaire. Or, dans ces niveaux inférieurs, se trouveraient des vestiges qui révèleraient l’évolution progressive de ces « agglomérations » avant qu’elles ne nous apparaissent au début du 4e millénaire en leur toute plénitude.

Cette théorie doit évidemment être prise en considération, mais elle ne semble pas répondre vraiment à notre problème car il est dès maintenant acquis que ces couches inférieures noyées ne connurent pas un « espace-temps considérable » – quelques siècles au plus… - et non pas un millénaire, le millénaire qu’il nous faudrait trouver pour expliquer un aboutissement à Mohenjo-Daro dans sa plénitude.

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Une autre théorie, nouvelle, existe et nous devons dire qu’après avoir beaucoup hésité, nous sommes séduits par cette théorie selon laquelle la civilisation de l’Indus serait le « successeur- continuateur » de la Proto-Civilisation du Baloutchistan. Mohenjo-Daro serait la fille de MERGARH. Au chapitre précédent, nous avons vu que les agglomérations du Baloutchistan avaient atteint un point de civilisation avancée aux 5e millénaire avant de dépérir, puis de disparaître au début du 4e millénaire.

Ne serait-il pas imaginable que ce dépérissement soit, au moins en grande partie, dû à une migration massive de ses habitants vers la vallée de l’Indus ?

Ces paysans baloutches ont fait preuve, au cours du 5e et 4e millénaires, d’initiative, d’imagination

et d’un immense courage en cultivant une terre relativement aride et pauvre, et en tirant de cette

terre une production qui leur a permis de se « sédentariser » et de vivre matériellement « bien ».

C’est alors que des évolutions climatiques vont rendre leurs terres encore plus inhospitalières au moment où l’augmentation de leur population nécessite toujours plus de « produits ».

Or au cours des temps, ils ont appris qu’à l’Est, à leur portée, dans la grande vallée, il existe des terres régulièrement fertilisées par les inondations du grand fleuve, des terres disponibles prêtes à produire.

La tentation est alors trop forte. Ils migrent.

Grâce à leurs techniques remarquables, ils vont, dans la vallée, créer un miracle agricole, un « miracle vert » produisant blé, orge, millet… coton. Ils vont multiplier leurs troupeaux. Leurs « productions » ne vont pas seulement leur permettre de vivre, mais vont laisser des « surplus » qui vont pouvoir alimenter les fortes concentrations humaines auxquelles ils sont confrontés.

Toutes les conditions sont alors réunies, pour qu’en peu de temps, brusquement, un Mohenjo-Daro apparaisse.

L’hypothèse est attractive… Mais il faut bien reconnaître que rien ne vient jusqu’ici l’étayer, et peut-être la brusque apparition de la Civilisation de l’Indus restera-t-elle un phénomène inexpliqué.

II – POPULATION INDUSIENNE Sur les territoires relevant de la Civilisation de l’Indus, nous avons aujourd’hui recensés plus de 1 200 sites comprenant :

- les deux grandes villes de MOHENJO-DARO et de HARAPPA ayant chacune des

populations de l’ordre de 80 à 100 000 habitants ;

- de nombreuses villes telles KALIBANGAN, DHOLAVIRA, le port de LOTHAL, etc … ayant des populations de l’ordre de 10 000 habitants ;

- enfin des villages peuplés de 3 à 5 000 personnes.

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En admettant pour ces 1 200 sites, une moyenne de 5 000 habitants par site, nous arrivons à un total de 6 000 000 d’Indusiens ; ce qui est énorme et fait de ces territoires de la Civilisation de l’Indus la superficie la plus peuplée au monde à cette époque.

III – ORIGINE ETHNIQUE DES INDUSIENS

Mais ethniquement quel est ce peuple de l’Indus ? – Nous n’en savons rien et évidemment, au cours des dernières décennies, les hypothèses les plus hasardeuses ont été avancées. Il fut un temps à la mode d’envisager une grande « ethnie » qui aurait peuplé un espace allant de l’ESPAGNE à la vallée du GANGE… ou du SOUDAN au GANGE… Hélas, de preuves : aucune. Par contre, il semble plus raisonnable d’envisager que les Indusiens n’étaient que des cousins, des dravidiens qui occupaient déjà le Centre et le Sud de l’INDE. Cette théorie semble raisonnable et elle est séduisante. Malheureusement, aucune découverte de quelque ordre que ce soit ne vient la confirmer.

IV – LE LANGAGE

La langue ou les langues parlées par les Indusiens nous sont totalement inconnues, en dépit de recherches extensives effectuées par des spécialistes.

Certains de ces spécialistes ont prétendu que l’écriture indusienne transcrivait une langue proto-dravidienne. C’est séduisant, mais semble hasardeux alors que nous ne possédons aucun texte d’une certaine importance rédigé dans cette écriture indusienne.

V – L’ECRITURE DES INDUSIENS L’écriture était connue de la Civilisation de l’Indus. Cette écriture qui, en dépit de recherches poussées, n’a pu être déchiffrée jusqu’à ce jour, était une écriture pictographique dont nous avons répertorié un peu plus de 250 caractères ou signes reproduits sur des céramiques et gravés sur des sceaux en stéatite ou métal représentant des animaux (buffles, éléphants, tigres, rhinocéros, cerfs, etc.) et exceptionnellement des hommes ainsi qu’au dos de plaquettes de cuivre sur lesquelles étaient représentés des animaux.

Les céramiques et plaquettes de cuivre sont peu nombreuses ; par contre, les sceaux sont nombreux, plus de 6 000 dont 2 000 venant de MOHENJO-DARO et quelques dizaines découverts dans des pays lointains en MESOPOTAMIE ou en ASIE CENTRALE.

Généralement les inscriptions retrouvées ne comportent pas plus de trois, quatre ou cinq caractères, rarement plus. L’unique exception est une inscription de 21 caractères…

Beaucoup de nos chercheurs considèrent que du fait de leur extrême brièveté, ces inscriptions ne peuvent avoir un sens proprement dit et pensent qu’il pourrait s’agir de simples moyens de « marquage » ou d’identification, par exemple de lots de marchandises.

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En dehors de ces inscriptions que nous venons de mentionner, nous n’avons trouvé aucun texte écrit d’une certaine longueur pouvant être un texte de loi ou d’édit, un récit historique ou littéraire, une lettre… ce qui ne signifie pas nécessairement que les Indusiens n’écrivaient pas de tels textes élaborés, mais que probablement, ils écrivaient sur des supports fragiles qui se sont désagrégés et ne nous sont pas parvenus.

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Sceaux

VI – L’URBANISATION – PLANIFICATION DES VILLES ET VILLAGES

Les Indusiens sont des sédentaires qui, pour la plupart d’entre eux, vivent dans des villes et villages conçus et tracés suivant des normes de planification très strictes.

Les villes comportent deux quartiers :

- La « Citadelle » (souvent dite « Ville Haute ») où sont regroupés :

- le réservoir central à eau (ou bain) – Dimension standard de 14 à 9 m. Profondeur 2 m 40.

L’étanchéité du réservoir est assurée par des joints bitumeux entre les briques ;

- des puits et leurs systèmes d’alimentation en eau du réservoir central ;

- un ou plusieurs greniers pour le stockage des grains. Dimension 50 x 20 m. Ces greniers comportent des systèmes de circulation d’air asséchant les grains (techniques proches des silos que nous construisons depuis la fin du 19e siècle) ;

- des « édifices » communautaires divers.

Bassin de Mohenjo-Daro. A gauche le bassin, en haut à droite la Citadelle

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- La « Ville Basse » ou zone résidentielle comportant une ou des « grandes rues » généralement

larges de 10 m, orientées Nord-Sud et des rues secondaires larges de 4 à 5 m, orientées Est-Ouest.

Ces grandes rues et ces rues secondaires se recoupent à angle droit et constituent des « blocs » de

390 x 260 m à l’intérieur desquels sont répartis les « habitats ».

Les « Villes Basses » disposent :

- d’un réseau de distribution d’eau, alimenté par le réservoir central de la citadelle et

desservant les « habitats » ;

- d’un réseau d’évacuation des eaux usées collectées des « habitats » (égout) courant au long

des rues.

Ces réseaux sont techniquement remarquables et d’une grande modernité.

Généralement toutes les villes et villages ont un « espace » réservé à la production proto-industrielle et artisanale (atelier de céramique, de travail des métaux, de tissages, de teintures, de fabrication d’outils, de production de bijoux, etc…). Cet espace se situe en dehors de la « Ville Basse » à proximité de la Citadelle.

La civilisation de l’Indus a donc bien conçu et développé une planification réfléchie de ses villes et villages et elle peut être considérée comme la première civilisation au monde à avoir œuvré en ce domaine.

VII – LES CITADELLES

Les « Citadelles » étaient solidement bâties en briques et terre compactée, sur des plateformes surélevées d’une dizaine de mètres.

Ces « Citadelles » ne peuvent en aucune façon être comparées à des forts destinés à soutenir des combats et des sièges. Nous pourrions probablement appeler ces « citadelles » des « maisons fortes » destinées :

- à abriter la population lors de raids de pillards ou de brigands ;

- surtout à protéger le réservoir central à eau et les greniers à grain.

VIII – MONUMENTS ET EDIFICES PUBLICS

Les Monuments et Edifices communautaires – ainsi que la Citadelle dans les agglomérations qui en possédaient une – étaient regroupés hors de la zone d’habitation (généralement à l’Ouest de cette zone).

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Il ne nous reste rien de ces monuments et édifices qui étaient bâtis en bois et torchis – matières qui ne résistaient guère au temps. Nous n’avons retrouvé que quelques fondations ainsi que les plateformes sur lesquelles étaient érigés ces Monuments et Edifices. Ces fondations et plateformes nous ont permis :

- de déterminer avec exactitude les dimensions de ces édifices ;

- de présumer de la finalité-usage de ceux-ci : prétoires, salles d’audience et de réception,

lieu de culte… etc.…

De l’étude de tous ces éléments, il ressort :

- que ces édifices étaient de dimensions relativement modestes et n’avaient donc rien à voir

avec les colossales constructions de l’Egypte et de Sumer.

- que les dimensions et dispositions de ces édifices ne semblaient pas pouvoir correspondre

au palais d’un monarque tout puissant ou à la demeure d’un grand prêtre… ou au logement de soldatesque.

IX – L’HABITAT INDIVIDUEL

Les « habitats » (maisons) sont généralement à un étage avec terrasse et exceptionnellement à deux étages, toujours avec terrasse. Ces « habitats » sont construits selon des normes bien précises, en bois durci au feu et en briques crues ou cuites d’excellente qualité (la plupart de ces briques sont encore aujourd’hui en bon état) et de dimensions standardisées : 30 X 20 X 10 cm ou 40 X 20 X 10 cm. Ces « habitats » étaient de trois types :

- belles maisons, spacieuses, disposant de plusieurs pièces et de parties communes

importantes ainsi que d’une cour (ou patio) conséquente dotée d’un portail assez large pour permettre le passage des charrettes. Superficie de ces maisons : 100 à 150 m

-

exceptionnellement 200 m2 ;

- maisons de bonnes dimensions disposant de parties communes et d’une cour réduite.

Superficie de ces maisons : autour de 100 m ;

- « logements » de dimensions modestes, accotés les uns aux autres et ne disposant pas de

cours. Des « corons ». Superficie : 50 à 60 m.

Ces « habitats » étaient probablement destinés, les premiers, à la classe supérieure, aux notables, les seconds, à la classe moyenne, les « cadres », et les troisièmes, aux travailleurs, ouvriers et employés.

Ces « habitats » étaient connectés d’une part au réseau de distribution d’eau et d’autre part à un système d’évacuation des eaux usées (égouts). Cependant, certains habitats disposaient de leurs propres puits.

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Tous ces « habitats » comportaient un « espace » destiné aux ablutions (une salle d’eau) – et un espace assez restreint que nous pourrions appeler « espace prière » comportant une sorte de desserte qui pouvait être un autel et un petit réservoir d’eau. Les sols du rez-de-chaussée des « habitats » étaient revêtus de briques cuites (ou parfois traités en terre battue).

Les cours étaient pavées de pierres de dimensions standard.

Exceptionnellement, nous avons trouvé des revêtements en « carreaux » de céramique.

X – L’AGRICULTURE

L’agriculture pratiquée par les paysans de la Civilisation de l’Indus a alimenté une masse humaine importante dès l’aube de cette civilisation et jusqu’à son apogée alors que cette masse avait alors probablement atteint un nombre 6 à 7 millions d’humains, chiffre énorme pour cette époque. Certes, ces paysans exploitaient des terres alluvionnaires, particulièrement fertiles et pratiquaient des labours de qualité grâce à l’utilisation de charrues à socle de cuivre, puis de bronze, au lieu des socles de bois utilisés jusqu’alors (technique probablement apportée par des migrants de MERGARH).

Cependant, d’après les experts agricoles qui se sont penchés sur le problème, des terres fertiles et une pratique de labour améliorée ne peuvent expliquer à eux seuls les productions atteintes. Pour obtenir de telles productions, il faut, selon ces experts, avoir recours à l’irrigation et/ou à la fertilisation. De fertilisation, il n’était pas question à l’époque, reste donc l’irrigation. Or, nous ne trouvons aucun vestige de réseaux d’irrigation. Bien sûr, ceux-ci ont pu au cours des temps être détruits, mais qu’il n’en reste aucune trace est, semble-t-il, assez difficile à admettre. Par ailleurs, un système d’irrigation important nécessite, pour son entretien, l’emploi de très nombreux ouvriers esclaves, or, nous ne trouvons aucun indice indiquant l’existence de fortes concentrations de main d’œuvre.

Il semble donc bien que la Civilisation de l’Indus n’a pas développé, puis entretenu un système d’irrigation.

Nous sommes ainsi confrontés à une sorte de mystère. Le mystère de la production agricole de la Civilisation de l’Indus !!! Peut-être, un jour, trouverons-nous la clef.

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XI – ARTS PLASTIQUES

Les arts plastiques n’étaient pas inconnus de la Civilisation de l’Indus et nous avons retrouvé :

- des Stéatites et pierres sculptées – en très petit nombre, mais de bonne facture - la pièce la plus

célèbre étant un buste d’homme en stéatite de 27 cm, que l’on appelle le « Prêtre-roi » alors que

rien ne permet de dire qu’il soit un prêtre ou un roi.

Prêtre-Roi

- des Terres Cuites en très grand nombre et souvent de qualité, représentant des animaux et des

personnages, en particulier beaucoup de femmes enceintes qui étaient peut-être des

représentations de la « déesse-mère »… Nous avons aussi beaucoup de femmes représentées dans

toutes leurs activités journalières et domestiques.

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Buffle en Terre Cuite

Buffle en Terre Cuite

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Buffle en Terre Cuite

- des Céramiques : en général des objets simples et utilitaires tels que des coupes, pots, plats,

vases…, dont les formes et dimensions sont souvent standardisées. Aussi quelques pièces plus

élaborées décorées de dessins géométriques ou d’animaux stylisés, en noir sur fond rouge ;

- des Bronzes : statuettes, coupes, etc, et des pièces en cuivre, chariots attelés de buffles, animaux

divers qui sont peut-être des jouets ;

Un bronze au moins « la Danseuse Nue » est un chef d’œuvre universel d’une modernité étonnante…

Toutes ces pièces, bronze ou cuivre, témoignent d’une grande maîtrise de la fonderie ainsi que du travail des métaux.

Buffle en Bronze 18

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Buffle en Bronze

Buffles avec Char

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- des Sceaux en argent, bronze, cuivre et pierre, représentant des personnages (certains peut-être

des dieux) et surtout des animaux : éléphants, tigres, rhinocéros, buffle bicornes ou unicornes. Pas

de représentation de chevaux, le cheval était alors inconnu des Indusiens.

Les gravures de ces sceaux sont presque toutes remarquables. Elles sont « puissantes ».

La plupart de ces sceaux comportent des caractères ou signes comme nous l’avons vu à la section « Ecriture » ;

Sceaux

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- des Bijoux de toutes sortes : en métal, en pierres dures, en coquillages, qu’ils soient des pièces

modestes, ordinaires ou au contraire qu’ils soient des joyaux de grande valeur, tous sont de dessins

originaux et élégants et de fabrication de qualité.

Leur production a, semble-t-il, été importante tant pour répondre à la demande locale que pour exporter. Nous les retrouvons en effet en grand nombre en MESOPOTAMIE, en AFGHANISTAN, et en ASIE CENTRALE.

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XII – PRODUCTIONS MANUFACTURIÈRES

Par « Productions Manufacturières » nous désignons des productions qui ne sont plus le fait d’artisans œuvrant individuellement ou avec l’aide de quelques « compagnons », mais sont le fait d’ateliers (en fait parfois de véritables petites usines) où il est procédé à des fabrications en série par des équipes d’ouvriers qualifiés.

Nous savons que certaines de ces productions ont été importantes et même parfois très importantes à tel point que plusieurs chercheurs ont un temps prétendu employer le terme de production « proto-industrielle » !!!

Dans notre rubrique précédente « ARTS PLASTIQUES », nous avons inclus sceaux et bijoux de la Civilisation de l’Indus car nous considérons que ces pièces méritent ce classement de par leurs grandes qualités esthétiques. Mais du fait de leur production en grande quantité et en séries, elles auraient pu être inclues dans notre présente rubrique « Productions Manufacturières ». Nous ne reviendrons pas sur ces sceaux et bijoux et traiterons ici des productions suivantes :

- Outils d’utilisation courante, principalement couteaux (toutes sortes de couteaux), lames

de rasoir, marteaux et masses, forets, etc.;

- Socles de Charrues entièrement en métal (cuivre ou bronze), ainsi que des capuchons

métalliques couvrant les pointes des socles en bois et également des revêtements de socle en bois par des plaques de métal ;

- Objets divers en métal, représentant des animaux, des chars et des chariots. Ce sont

peut-être des objets décoratifs, mais plus vraisemblablement des jouets ;

- Armes : poignards, fers de lance, pointes de flèches, etc.

XIII – LE COMMERCE

Les Indusiens se sont livrés à un commerce intensif et ce fut probablement là leur principale activité.

Les Indusiens commercent à l’intérieur de leur territoire (qui est, rappelons-le, très étendu) pour alimenter leurs agglomérations urbaines à partir des campagnes et ils commercent avec toutes les villes et villages du territoire pour leur apporter les articles produits par leurs artisans.

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Ils commercent aussi avec l’extérieur et entretiennent d’étroites relations commerciales avec :

- à l’ouest : la MÉSOPOTAMIE et même l’EGYPTE ;

- au Nord : l’AFGHANISTAN et l’ASIE CENTRALE (notamment avec les grands marchés

d’ALTYN DEPE et de NAMAZGA DERE.

A tous ces pays, ils vendent non seulement leurs propres produits, mais aussi des produits d’autres origines en particulier des produits du Sud de l’Inde : des bois de Santal, du coton, peut-être des pièces tissées, et aussi… des paons qui n’existaient pas au Moyen Orient et étaient très appréciés. En fait, il semble que ce commerce entre Inde du Sud et la Mésopotamie existait « ancestralement » et bien avant que la Civilisation de l’Indus n’existe, mais les commerçants Indusiens ont su le reprendre à leur compte. Et aussi naturellement, les Indusiens achètent à leurs clients afghans l’argent-métal et des pierres semi-précieuses en particulier les turquoises et les lapis-lazuli. Quant à l’or ou au cuivre, ils se le procurent directement au KASHMIR et à KHETRI au RAJASTHAN.

XIV – POIDS ET MESURES

Leurs activités commerciales amenèrent les Indusiens à développer un remarquable système décimal de pesage et de mesure utilisant des « poids » en pierres taillées strictement standardisées.

Quant aux instruments de mesure, nous avons la certitude qu’ils existaient bien, mais malheureusement, nous ne les connaissons pas.

XV – LES TRANSPORTS Le commerce intensif de la Civilisation de l’Indus a nécessité des transports tant terrestres que fluviaux et maritimes importants.

Transports terrestres : exclusivement, semble-t-il, par chariot à un timon auquel est attelé un

couple de bœufs. Certes, ce « moyen » est lent, mais il est sans problème… et encore aujourd’hui

on trouve ces rustiques chariots en usage, par milliers, dans tous les pays d’Extrême-Asie.

Transports fluviaux et maritimes : les bateaux les plus communément utilisés sont de simples

embarcations à fond plat, généralement à rames, la voile étant peu employée. Leurs dimensions

étaient, semble-t-il modestes.

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Les transports maritimes, en se développant, ont amené les Indusiens à créer ce que nous pourrions

appeler des facilités portuaires – dont le port ville de LOTHAL est un parfait exemple.

Dans LOTHAL situé à 3 km de la côte, nous trouvons un grand bassin ou réservoir de forme rectangulaire – 250 x 40 m.

Le bassin est relié à la mer par un canal dont le flot est contrôlé par deux vannes.

Les berges de ce bassin sont aménagées en « plans inclinés », probablement pour faciliter les mouvements des marchandises (chargements ou déchargements).

Ce bassin pouvait être asséché, se transformant alors en cale sèche ; la première cale sèche connue au monde.

Dock – Lothal

Grenier Lothal

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XVI – UNE GASTRONOMIE

Il semble que les Indusiens « cuisinaient ». En effet, dans certains de leurs « habitats », on trouve un espace que l’on peut imaginer comme étant un « espace cuisine » (présence de table, d’un réservoir d’eau, d’une gouttière d’évacuation des eaux usées…). Mais répétons-le, nous imaginons, nous n’avons là rien de certain.

Par contre, nous trouvons des « fours », diamètre environ 1 mètre, profondeur 1,50 à 2 mètres. Les parois sont recouvertes de briques et le fond est constitué de dalles de pierres dures. Ces fours dénommés TANDURS se trouvent soit à l’intérieur des habitats, soit dans les cours. Ils servaient certainement à cuire « à l’étouffée » : viandes, poissons, légumes.

Encore aujourd’hui, toujours sous le nom de TANDURS, nous trouvons ces mêmes fours dans toute la Plaine Indo-Gangétique.

Et nous nous souvenons d’un temps, dans les années 1950, où un bistrot-cagna du Vieux Delhi, avec ses trois fours « TANDURS » lançait, en Inde, puis dans le monde, la mode des cuissons « TANDOORI » !

Four Tandur

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XVII – RELIGION DE LA CIVILISATION DE L’INDUS

Comme nous l’avons vu précédemment, nous avons trouvé dans l’espace INDUS :

- des sceaux en stéatite ou en métal,

- des « terres cuites ».

Ces sceaux représentent parfois un ou deux hommes dont certains sont assis en position de YOGA. Ces reproductions ont vivement intéressé les chercheurs dont certains ont voulu voir là des proto-figurations de SHIVA… un des plus importants « dieu » de l’Hindouisme. Que cette interprétation soit intéressante : oui… Qu’elle soit indiscutable : non…

Quant aux « terres-cuites », beaucoup représentent des femmes enceintes et là encore certains chercheurs ont voulu voir en ces femmes des proto-figurations de la DÉESSE-MÈRE chère à l’Hindouisme. C’est certes possible, mais ce n’est qu’une hypothèse. Plus « concret », nous trouvons dans presque tous les « habitats » de cette civilisation de l’Indus des espaces que nous avons dénommé « espace de prière ». Ces espaces sont très sommaires. Une dalle ou table (qui pourrait être un autel) et un petit réservoir d’eau (qui pourrait servir pour les ablutions).

Si ces espaces liés aux « habitats » sont bien des espaces de prière, ceux-ci ne peuvent être destinés qu’à l’accomplissement d’actes religieux individuels.

Par contre, dans les citadelles et dans les zones regroupant des activités publiques, nous ne trouvons aucune trace d’espaces qui auraient pu être des « lieux » de prière où des groupes humains et pourquoi pas des foules auraient pu se réunir.

De même dans les villes et villages de la zone Nord de la Civilisation de l’Indus tels MOHENJO-DARO, HARAPPA… nous n’avons pu trouver trace d’ «habitats » - cellules ou dortoirs – qui auraient pu abriter des prêtres.

Par contre, dans les villes et villages des zones Sud et Sud-Est de la Civilisation, tels KALIBANGAN, LOTHAL, RANGPUR ainsi qu’au RAJASTHAN et au SAURAHSTRA, nous avons retrouvé des « habitats » en fait des « cellules » qui auraient pu être occupées par des prêtres.

Ces « cellules » se trouvent généralement à proximité :

- d’ « autels du feu » - sortes de « cuvettes » de 100 à 80 centimètres de diamètre enterrées

dans le sol de quelques 25 centimètres. Ces « cuvettes » sont revêtues de briques et comportent en leur centre une sorte de stèle dans laquelle certains chercheurs veulent voir un phallus.

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Ces « autels du feu » sont groupés par 4 ou 5 ou même 8. Ils sont disposés sur des plateformes légèrement surélevées et composés :

- de « fossés » que l’on pourrait appeler « sacrificiels » car on pense que des sacrifices

d’animaux y étaient pratiqués, étant donné le grand nombre d’os d’animaux que nous y avons retrouvé.

Certains chercheurs ont voulu voir dans ces dispositions une évolution d’un rituel simplement individuel dans le Nord à un rituel communautaire dans le Sud. Evidemment, cette hypothèse est séduisante, mais elle n’est pas prouvée car il est possible que « autels du feu » et « fossés sacrificiels » existaient aussi dans la zone Nord et que nous ne les avons pas trouvés. Si, à tout cela, nous ajoutons que nous ne disposons d’aucun texte religieux - philosophique – puisque, comme nous l’avons déjà vu, nous n’avons aucun texte, écrit … - nous sommes bien obligés de constater que, dans le domaine religieux, nous en sommes réduits à de simples suppositions.

Que les INDUSIENS aient eu et pratiqué une religion, cela semble certain, mais une religion n’ayant probablement qu’une part relativement restreinte dans leur vie.

En dire plus semble aujourd’hui impossible

Autel du feu

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XVIII – ORGANISATION POLITIQUE ET SOCIALE DE LA CIVILISATION DE

L’INDUS

Les examens et études auxquels nous venons de nous livrer, en ce qui concerne la Civilisation de l’INDUS, nous ont permis de mettre au jour des constructions diverses ainsi que de nombreux produits et objets de toutes sortes qui nous ont appris que nous étions confrontés à une grande civilisation à la fois égale et très différente des civilisations égyptiennes et sumériennes qui existaient à la même époque.

D’abord, comme le prouve leurs « habitats », les Indusiens constituaient une société parfaitement hiérarchisée. Notables ou riches avaient de très belles maisons. Les classes moyennes avaient des logements confortables alors que les travailleurs occupaient de petits « habitats », mais de petits habitats qui, construits en « dur », disposaient des mêmes services (circulation d’eau et égout) que les catégories plus privilégiées – alors que dans les autres civilisations de cette époque, les travailleurs vivaient comme des bêtes.

Ces « habitats » catégoriels étaient répartis dans leurs propres quartiers.

Des différences existent bien entre les trois grandes catégories sociales, mais ces différences n’étaient pas abyssales… et on peut en conclure que cette société indusienne était relativement égalitaire.

Par ailleurs, certes les notables ont de très belles demeures, mais celles-ci ne sont en aucune façon des palais grandioses et extravagants comme ceux que nous trouvons en EGYPTE ou à SUMER ce qui semble bien faire la preuve que cette Société indusienne n’était pas dominée par des maîtres despotes tout puissants.

Or cette société est extrêmement développée. Comme nous l’avons vu, elle pratique la planification de lieux de vie et de ses « habitats », elle a standardisé beaucoup de ses produits, elle règlemente ses services et son commerce… toutes activités qui ne peuvent exister sans une « gouvernance » compétente et forte.

Alors quel pouvait être ce « gouvernant » ?... Un grand ancien unanimement respecté ? Peut-être… Plus probablement un Conseil composé de personnalités reconnues… Et pourquoi pas un Conseil dûment élu…

Nous n’en savons rien et nous ne pouvons que supposer en constatant la valeur de ce ou ces « gouvernants » qui ont administré ce pays de main de maître pendant quelques 2 000 ans.

Cette société indusienne était, semble-t-il, pacifique. En effet, les Citadelles présentes dans les villes ne sont en rien des forteresses créées et construites pour soutenir des combats et des sièges classiques. Ce sont au mieux des « Maisons fortes » où la population peut prendre refuge en cas d’attaques par des maraudeurs et où les richesses de la communauté – comme les réserves de grains, les produits et matières stockés pour les besoins du commerce – peuvent être entreposées en sécurité.

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Par ailleurs, nous n’avons trouvé aucune arme de guerre… Ce pacifisme est précieux car il permet aux « gouvernants » de se consacrer au développement de constructions et d’aménagements, contribuant ainsi à l’amélioration des techniques de production, à la création de nouveaux « objets » - aussi bien outillages que bijoux et objets d’art en grande demande dans les pays étrangers voisins.

Enfin, cette société est une société ouverte. Elle ne vit pas repliée sur elle-même. Elle est tournée vers l’extérieur dont elle a besoin pour vendre ses produits et pour acheter certaines matières premières qu’elle ne possède pas. En somme, elle vit comme nous nous vivons aujourd’hui. C’est une société moderne des 19-20 e siècles.

En visitant et revisitant MOHENJO-DARO ou HARAPPA où… l’auteur de ces lignes a souvent pensé qu’il aurait pu vivre sereinement dans ces cités, alors qu’à MEMPHIS, LOUQSOR ou BABYLONE, il eût été « écrasé ».

XIX – LA DISPARITION DE LA CIVILISATION DE L’INDUS

La Civilisation de l’Indus a disparu !!!... Quel beau titre pour une saga…

Et pourtant, c’est un fait acquis : en quelques siècles cette civilisation a disparu « corps et biens» alors qu’elle était riche, équilibrée, prometteuse, ouverte vers l’avenir.

Les Civilisations Egyptiennes et Sumériennes, elles aussi, ont disparu à la même époque mais elles sont restées bien présentes en nos mémoires par leurs gigantesques et grandioses monuments.

La Civilisation de l’Indus n’a pas eu cette chance car elle, elle n’avait pas de grands monuments témoins et nous l’avons tout simplement oublié pendant 3.000 ans avant de la « retrouver » par hasard dans les années 1920.

Dès la période de la « Redécouverte » et dès les premières fouilles passées, un des premiers problèmes auxquels les chercheurs se trouvèrent confrontés, fut celui de la disparition – répétons-le, disparition « corps et biens » - de cette Civilisation après une existence paisible et semble-t-il heureuse de quelques 2000 ans.

Or, à cette époque, dans les années 1920-1930, on s’intéressait beaucoup aux Ariens qui, au tout début du deuxième millénaire avant notre ère, quittèrent les grandes steppes de Russie où ils nomadisaient pour gagner le plateau iranien, puis la TRANSOXIANE et enfin l’AFGHANISTAN, avant de dévaler vers la vallée de l’Indus et l’Inde mystérieuse.

C’était parfait et tout naturellement les spécialistes trouvèrent là une excellente explication de la disparition « brutale » de la Civilisation de l’Indus. Les Ariens, guerriers athlétiques et aguerris, puissamment armés, balayèrent devant eux ces pauvres sédentaires indusiens, pacifiques et inoffensifs…

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Et la preuve, nous l’avons…Nous venions de découvrir à MOHENJO-DARO quelques squelette de pauvres hères qui étaient morts en fuyant devant l’envahisseur… et que l’on n’avait pu décemment enterrer. Des fuites spectaculaires, certains étant morts dans les escaliers de leur maison en essayant de trouver refuge sur leur terrasse !!!...

Le spectacle est sublime. Plus aucun doute, on a bien trouvé l’explication de la disparition de la Civilisation de l’Indus ;

Et pourtant, nous n’avons trouvé que très peu de squelettes. Une dizaine. C’est peu, mais qu’importe…

Et pendant plusieurs décennies, il ne sera plus question de douter de l’invasion arienne… excepté pour certains qui ne sont pas satisfaits et doutent. Ces sceptiques vont travailler et s’assurer :

- d’abord que les Ariens ne sont pas arrivés en une puissante vague conquérante, mais par

petits groupes, par tribus ;

- ensuite, que l’on ne trouve toujours pas de traces de combats ;

- puis enfin, dans les années 1975, de nouvelles analyses des fameux squelettes de

MOHENJO-DARO prouvent que ceux-ci datent d’environ un siècle avant l’arrivée des premiers envahisseurs ariens…

La solution « Invasion Arienne » s’effondre et il faut trouver une autre ou d’autres explications.

D’abord, il est constaté qu’à partir des années 2.500, le climat de la vallée de l’Indus devient de plus en plus sec. On pourrait même dans certaines zones parler d’aridité, alors que précédemment, la vallée était humide et la végétation riche et luxuriante.

Quoiqu’il en soit, l’assèchement de la vallée à partir de la fin du 3e millénaire est avéré et signifie

une réduction considérable de la production agricole. Les campagnes ne peuvent plus alors

approvisionner les villes en quantités suffisantes et tout naturellement certains habitants de ces

villes se replient vers les campagnes.

Ce phénomène de repli va être accentué à la suite d’une rapide diminution des exportations qui sont à la base du commerce et de la richesse du pays. Pourquoi la MESOPOTAMIE et L’ASIE CENTRALE, qui étaient des clients fidèles, achètent-ils moins et progressivement n’achètent-ils plus du tout ? Nous ne le savons pas et nous n’avons pas d’hypothèses valables pour l’expliquer. Mais le fait est là et de très nombreux artisans et travailleurs, habitants des villes, rejoignent à leur tour les campagnes. Malgré tout, ces ponctions sur les populations urbaines ne peuvent à elles seules expliquer la disparition de la Civilisation de l’Indus.

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Pour expliquer cette disparition, il faut un événement exceptionnel et majeur… et forcément, nous pensons à une inondation inhabituelle. En effet, au cours des siècles, MOHENJO-DARO et les autres villes de la Civilisation de l’Indus ont à plusieurs reprises (cinq fois pour MOHENJO-DARO) connu des inondations dévastatrices, mais elles ont toujours surmonté ces épreuves et se sont rebâties « sur place »… Mais là, dans les années 1 800, l’inondation est d’une telle ampleur que reconstruire est inenvisageable… et les villes sont abandonnées.

Cette hypothèse semble être la plus vraisemblable et la plus raisonnable, mais elle n’en reste pas moins une hypothèse.

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