La Connaissance Metaphysique - Claudine Tiercelin

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  • 8/12/2019 La Connaissance Metaphysique - Claudine Tiercelin

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    Claudine Tiercelin

    La connaissance mtaphysique

    Leon inaugurale prononce le 5 mai 2011.

    Chaire de Mtaphysique et philosophie de la connaissance

    dition numrique ralise partir du tete disponi!le en ligne l"adresse sui#ante http$%%lecons&cd'.re#ues.org%(()

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    Monsieur l"*dministrateur+

    Mes chers coll,gues+

    Chers amis+

    - l 'ut un temps o/ l"on pou#ait risquer de paratre prsomptueu en parlant demtaphysique et de syst,me 3+ cri#ait Martial 4ueroult+ l"un de mes illustresprdcesseurs dans cette institution et il a6outait $ - Mais si la mtaphysique etl"esprit de syst,me taient d6 !ien dprcis la 'in du 78esi,cle+ une poqueo/ 9ant lui&m:me hsitait prononcer le nom si dcri de mtaphysique+ ils sonttom!s au6ourd"hui en un tel point de discrdit+ que celui qui #oudrait les d'endrerisque moins d":tre accus de prsomption que d"ignorance+ de na;#et ou desottise1. 3

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    nou#elle. Car on peut se demander si la raison pour laquelle il a 'allu+ pour lapremi,re 'ois+ introduire dans l"intitul d"une chaire le terme de - mtaphysique 3 Hauquel tous les philosophes qui ont 'ait l"histoire du Coll,ge de ?rance+ quelquetradition qu"ils appartinssent+ eurent recours le plus naturellement du monde H neserait pas+ en #rit+ que+ depuis quelque temps+ nous a#ons tout !onnement ou!li ce

    que rappelait mile Meyerson+ sa#oir que - l"homme 'ait de la mtaphysiquecomme il respire23. *ussi ne chercherai&6e pas ici #raiment la d'inir+ et encoremoins la d'endre3.

    =aradoalement+ en e''et+ l"une des caractristiques incontesta!les de lamtaphysique est l"impression que l"on a+ en s"y li#rant+ de pou#oir - simultanmentpar#enir la plus haute certitude possi!le 3+ tout en tant incapa!le de donner ou deconstruire une d'inition de son o!6et. 9ant notait qu"en mtaphysique+ - l"in#ersede ce qui se passe en mathmatique+ o/ 6e ne poss,de a!solument aucun concept demon o!6et+ 6"ai d6 un concept qui m"est donn+ !ien que con'usment+ et 6e dois enchercher la notion distincte43.

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    1. La mtaphysique comme on respire

    It puisque l"on a tout ou!li+ ou presque+ il 'aut repartir du d!ut6. Lamtaphysique est la science qui s"occupe de l":tre en tant qu":tre. Comme le notaittienne 4ilson+ c"est peut&:tre m:me le seul point sur lequel les mtaphysicienss"accordent. W en croire *#icenne+ nulle connaissance n"est en nous antrieure. L"ided":tre s"imprime d"em!le dans la pense c"est la plus connue de toutes+ la premi,reet la plus gnrale des notions qui nous soient accessi!les!. Les di''icultscommencent d,s que l"on #eut dterminer ce qu"est un - :tre 3+ et les proprits quilui appartiennent+ en tant prcisment qu"il - est"3. Car 6e puis considrer qu""tre un"tre re#ient "treBesse+ au sens d"eisterD+ et 6e me contente de poser absolument lachose1#+ dans son acte d":tre $ ainsi+ quand 6"a''irme que - @ieu est ou eiste 3 ou

    !ien qu":tre un :tre+ c"est :tre - un tant 3 Bun ens11D+ c"est&&dire quelque chose qui ala proprit de possder l":tre. Mais 6e puis aussi me ser#ir d"- :tre 3 pour attri!uer un su6et une proprit ou un prdicat. It quoi de plus simple $ si 6e dis que - la roseest!lanche 3+ 6"ai l un instrument de liaison+ une copule neutre qui me permet deprdiquer une qualit Bla !lancheurD d"une chose Bla roseD. Mais les tracascommencent. Car si+ en me li#rant un nonc tel que - la rose est !lanche 3+ 6e #eupou#oir dire quelque chose qui chappe et au non&sens et la pure et simpletautologie+ 6e dois m"assurer d"a!ord que 6e prdique !ien quelque chosede quelquechose Bde l":tre donc+ et non pas rienD. l me 'aut ensuite dterminer quelle est lanaturede ces - quelque chose 3 auquels ren#oient le su6et - rose 3 et le prdicat

    - !lanc 3+ et si cette nature est du m:me ordre dans les deu cas. Uoute analyse del":tre doit donc 'ournir les r,gles de 'onctionnement d"un discours dou de sens+s"inscrire dans un langage+ accepter une certaine logique #mais elle doit aussi prciserla nature+ c"est dire la condition+ de ce qui est en tant m:me qu"il est+ !re' l"essencequi rend possi!le la prdication. Uant est 6uste ce que nous rappelle *ristote $ - Cen"est pas parce que nous pensons a#ec #rit que tu es !lanc+ que tu es !lanc mais

    6 Claudine Uiercelin+ - La mtaphysique 3+ in$ $otions de philosophie+ =aris+4allimard+ 1))5+ p. )1 sq.

    tienne 4ilson+%&tre et lEssence+ =aris+ 8rin+ 1red. 1)(O d. 1)K2+ p. 55.!-'icemus igitur quod ens et res et necesse talia sunt quae statim imprimuntur

    in anima prima impressione quae non acquiritur e( aliis notioribus se QRS. 3B*#icenne+ Metaph. Uract. + cap. 5 dans )vicenna latinus %iber de philosophia

    prima sive scientia divina+ &8+ dition critique de la traduction mdi#ale latine deG. 8an Aiet+ Lou#ain+ I. =eeters&Leiden+ I. rill+ 1)KK+ p. 2&.

    "tienne 4ilson+ op. cit.p. 5P.1#9ant d'inira l"eistence comme la - position a!solue d"une chose 3. 9ant est

    l"un de ceu qui ont le plus insist sur cette dualit de l":tre $ - L":tre n"est#idemment pas un #rai prdicat+ un concept de quelque chose qui puisse :tre a6outau concept d"une chose. 3 Tu encore $ - Euels que soient les prdicats que 6"attri!ue une chose+ et 'ussent&ils asseX nom!reu pour la dterminer compl,tement+ 6e ne lui

    a6oute rien+ en a6outant que la chose eiste. 311tienne 4ilson+ op. cit.p. 1(.

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    c"est parce que tu es !lanc+ qu"en disant que tu l"es+ nous sommes dans la #rit 12. 3*ussi ne peut&il 6amais y a#oir une rupture radicale entre le logique et l"ontologique.Le respect du principe de non&contradiction est le premier principe de la science del":tre. Gi l":tre #rai ne 'ait pas partie de l"enqu:te sur l":tre+ c"est parce qu"il a en unsens la m:me etension que lui13.

    Gupposons prsent que 6e dise $ - L"actuel roi de ?rance est chau#e 3. Gelon touteapparence+ 6"attri!ue quelque chose Bla cal#itieD quelque chose+ ou plutJt quelqu"un+ l"actuel roi de ?rance. Mais est&ce aussi sYr F Car+ pour que cet "tre qu"estl"actuel roi de ?rance soit #raiment une essence+ ne lui manque&t&il pas 6ustementd":tre F Tn #oit mal comment on pourrait dri#er son eistence de sa seule essence ZIt s"il n"eiste pas de roi de ?rance+ qui au 6uste attri!uons&nous la cal#itie F W un:tre qui est un moindre :tre parce qu"il n"eiste pas maintenant B!ien qu"il reste apr,stoutpossible+ qui sait+ la nostalgie aidantD F W un pur et simple non&:tre+ parce qu"ilest une contradiction dans les termes F Tu une sorte de demi&:tre+ quelque chosequi a !ien de l":tre mais seulement dans notre imagination F *dmettons que cet :trene soit pas pur et simple nant $ il est !ien+ apr,s tout+ quelque chose+ un :tre de notreraison au m:me titre qu"une licorne ou que le =,re [o\l $ de quelle ralit pou#ons&nous le doter F Car on admettra di''icilement qu"il y a m:me quantit d":tre dansl"actuel roi de ?rance ou dans une licorne que dans un triangle+ lequel n"a pourtant+lui non plus+ d"eistence que dans notre esprit. Mais pourquoi F Gans doute parce que+tout :tre de raison qu"il soit+ et !ien que n"tant pas une entit physique+ un triangle acertains effets!ien rels. Tn peut+ l"aide d"un tel "tre rel ou formel e''ectuer unedmonstration+ produire des rsultats mathmatiques qui+ !ien des gards+chappent l"idiosyncrasie de notre pense et ont donc une 'orme de ralit+d"indpendance+ !ien spci'ique. Uout mathmaticien le sait. Mais laquelle au 6uste FEuelle est la ralit d"une entit mathmatique+ d"une 'igure ou d"un nom!re F=oursui#ons $ nous a''irmons que ce roi est chau#e. Mais+ ce 'aisant+ qu"attri!uons&nous au 6uste ce roi F ]ne proprit qui lui serait essentielleF Gans doute pas $ car cen"est tout de m:me pas la cal#itie qui 'ait d"un roi un roi. Gi nous #oulons trou#erl"essence du roi+ ou encore+ comme le rappelait Uhomas d"*quin+ ce qui nous permetde dire+ a#ec quelque raison+ que Gocrate ressem!le plus =laton qu" un ne+ unchou ou une ligne+ il nous 'audra sYrement chercher ailleurs ce qui est au'ondement de son intelligi!ilit. ]ne proprit accidentelle+ alors F *ccordons&le+ etaccordons m:me ce pur - accident 3 capillaire une essence$ en quoi consistera&t&elle F In labsencede che#eu F Mais qui ne se sou#ient de l"argument sorite+ duchau#e+ du tas+ et autres prdicats #agues $ partir de com!ien de che#eu y aura&t&ilou n"y aura&t&il pas cal#itie F W partir de com!ien de grains de sa!le aurons&nous un

    tas FAeprenons+ dereche'+ notre nonc+ apparemment plus simple $ - La rose est!lanche. 3 =lus de risques ici de con'usion+ qui seraient lis la dimensioneistentielle de l":tre. [ous ne 'aisons que prdiquer une qualit d"une su!stance+

    12*ristote+Mtaphysique^+ 10+1051bP cf. *atgories12+1(b1P sq.13 *f. =ierre *u!enque+ %e Probl+me de l"tre che, )ristote+ =aris+ =resses

    uni#ersitaires de ?rance+ 1)K2+ p. 1PK. In ce sens+ les lectures que 'ont tant _eideggerque >rentano de la conception de la #rit cheX *ristote sont aussi in'id,les l"une quel"autre. Le #rai n"est ni d#oilement ni pure et simple attri!ution logique. =arler d"une

    #rit des choses+ c"est simplement signi'ier que la #rit du discours humain esttou6ours pr'igure ou plutJt pr&donne dans les choses+ m:me si elle ne se d#oilequ" l"occasion du discours que nous tenons sur elle.

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    plus prcisment+ une qualit gnraleBla !lancheurD d"une su!stanceparticuli+reBlaroseD+ !re' un uni#ersel d"un indi#idu. Mais+ si la !lancheur est dans cette rose&ci+comment peut&elle :tre dans cette rose&l F l 'aut !ien+ en un certain sens+ qu"elle ysoit rellement Bsinon+ o/ serait la di''rence entre une rose !lanche et une roserouge FD+ et+ en un autre sens+ qu"elle n"y soit pas compl+tement # car+ d"a!ord+ il y

    d"autres roses !lanches ensuite+ toutesles roses ne sont pas !lanches en'in+ il n"y apas que les roses qui soient !lanches. Gous quelle 'orme+ donc+ la !lancheur engnralparticipera&t&elle la rose !lanche en particulier+ et la rose tout court F @,sl"*ntiquit+ est ainsi apparu l"un des pro!l,mes ma6eurs de la mtaphysique+ celui dela participation de l"]n au Multiple+ que les mdi#au reprendront sous la 'orme dece que l"on nommera le pro!l,me des uni#ersau+ en s"interrogeant d,s lors+ et deplus pr,s encore+ sur la nature des distinctions ncessaires pour penser la relation dugnral au particulier Bs"agit&il d"une distinction relle+ de raison+ #oire 'ormelle FD etsur la nature Bici encore relle+ conceptuelle ou nominale FD des uni#ersau+ que l"onen tienne pour le ralisme+ le conceptualisme ou le nominalisme. Le Moyen `ge aurat et reste+ on ne le dira 6amais asseX+ un moment particuli,rement important pour

    la philosophie+ par la richesse et la #arit des rponses que des philosophes comme=ierre *!lard+ 4uillaume d"Tcham ou

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    soignes+ a#ec la m:me nergie que le soulignera+ par apr,s+ bittgenstein. It+ puisquenous ne pou#ons 'aire 'i de nos noncs+ nous de#ons nous doter+ pour cette thrapie+des outils linguistiques et logiques adquats15. ndispensa!le organon.

    l 'aut donc !ien 'aire siennes+ et 6e le 'ais aussi+ les recommandations de

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    2. Le d$i de l%int&ration ' mtaphysique et

    philosophie de la connaissance

    Gi on peut dire quelque chose sur l":tre+ c"est qu"on peut le connatre. Le ralismemtaphysique implique le ralisme cogniti'. ]n mathmaticien+ spontanment ou+ dumoins+ 'ort sou#ent port au platonisme+ s"en tonnera peut&:tre. In mathmatiquesaussi+ apr,s tout+ comme en mtaphysique+ on a d"a!ord a''aire des entitsa!straites+ qui ne sont pas localisa!les dans l"espace et le temps. Illes eistentncessairement et elles sont immua!les+ quels que soient les dtails contingents de la'a!rique du monde. La connaissance de ces entits est certaine+ a priori+ et sedistingue de la connaissance 'ailli!le des autres sciences. Gi la #rit des noncs

    mathmatiques dpend !ien des proprits de ces entits+ elle ne dpend en rien de lacapacit Bou de l"incapacitD qui serait la nJtre de les connatre ou de les #ri'ier. *udia!le+ l"pistmologie $ l"ontologie sait prendre soin d"elle&m:me et desmathmatiques. In !on platonicien+ le mathmaticien 6ugera d"ailleurs sou#ent cesentits relles proportion de leur inaccessi!ilit. It si+ d"a#enture+ on ose luidemander comment une telle connaissance est possi!le+ il lui su''ira pour rpondre+comme le 'era 4del+ d"in#oquer+ comme on sait+ la 'ameuse+ mystrieuse etcalamiteuse - intuition 3. ]ne telle rponse+ en 'ait+ tracassait d6 =laton qui+ dans leTht+te+ 'aisait remarquer qu"on aura du mal dire de quelqu"un qu"il connat+ s"iln"est pas capa!le+ outre de montrer que sa croyance ou que son opinion est #raie+ del"assortir de quelque raison+ en un mot+ de la 6usti'ier. It+ l"on aura !eau 'aire+ on dira

    plus aisment d"un en'ant qu"il connat son thor,me de =ythagore s"il est capa!le+non seulement de le rciter+ mais aussi+ quand on le lui demande+ de le dmontrer+ etdonc d"epliquer comment et pourquoi le thor,me est #rai. Comment aussicomprendre que le sa#oir mathmatique s"applique a#ec un tel succ,s au domainespatio&temporel des choses physiques du monde o/ nous #i#ons et dont noussupposons que toute connaissance les concernant implique d"a#oir a#ec elles uneinteraction causale minimale F Tn #eut !ien+ comme le diront Euine et =utnam+ qu"ilsoit - indispensa!le 3 de postuler des entits mathmatiques+ tout comme il estd"ailleurs indispensa!le pour le physicien de postuler des lectrons ou d"autresentits+ somme toute+ ino!ser#a!les mais on attend tout de m:me alors un sem!lantde 6usti'ication. W quoi sinon serons&nous censs tout simplement 'aire r'rence F Itcela d"autant plus que les dichotomies dont les positi#istes logiques 'aisaient grandcas+ entre l"a priori et l"a posteriori+ entre l"analytique et le synthtique+ entre lessciences 'ormelles et les sciences de la nature+ ont largement #cu. Certes+ pendantlongtemps+ nous a#ons associ+ d"un cJt+ a priori+ analytique+ ncessaire+ et+ del"autre+ a posteriori+ contingent et synthtique. @epuis 9ant+ nous sa#ions d6 quecertains 6ugements peu#ent :tre synthtiques a priori. Euine et =utnam nous ontappris que la distinction tranche entre l"analytique et le synthtique est re#oir+ ouencore que la logique et les mathmatiques sont en 'ait elles aussi+ et plus qu"on ne lepense+ des sciences empiriques. Les discussions menes+ dans les annes 1)K0+ autourdes tra#au de 9ripe ont ren'orc nos doutes quant au !ien&'ond de certaines denos - intuitions 3 modales sur l"identit+ la ncessit ou l"essentialisme il sem!le quecertaines #rits ncessaires ne soient elles&m:mes connaissa!les qu"a posteriori.

    *insi+ nous pou#ons conce#oir que l"eau ne soit pas _2T+ et pourtant il est impossi!le

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    qu"elle ne le soit pas elle l"est ncessairement+ !ien qu"il s"agisse d"une #ritncessaire que nous dcou#rons a posteriori # mais sa ncessit est aussi peucontesta!le que celle d"noncs aussi analytiques et a priorique - l"eau est l"eau 3 ou- _2T est _2T 3. @e m:me+ il peut y a#oir des #rits contingentes a priori comme- l"talon de mesure qui se trou#e G,#res mesure un m,tre 3.

    l n"est pas sYr que la seule rponse au insatis'actions du ralisme d"allureplatonicienne consiste s"engou''rer dans telle ou telle 'orme d"antiralisme+ commece 'ut le cas prcisment en mathmatiques+ o/ les ractions intuitionnistes+'ormalistes ou 'initistes ne se sont pas 'ait attendre. Les entits mathmatiques+ a&t&on dit+ ne sont pas des entits a!straites il 'aut plutJt les conce#oir comme desconstructions mentales ou comme des entits physiques ou comme les sym!oles d"unlangage+ et adopter telle ou telle 'orme de nominalisme. l n"est pas sYr non plus queces rponses soient su''isantes pour epliquer+ par eemple+ le 'ait !anal mais+somme toute+ mystrieu que - !ien que les mathmatiques aient a''aire des ideset non au monde de l"eprience sensi!le+ leurs dcou#ertes ne sont pas des r:#esar!itraires+ mais quelque chose quoi nos esprits sont contraints+ et qui taitimpr#isi!le13. l est+ en ralit+ par'aitement conce#a!le+ m:me si on peut le 6ugercontesta!le+ de ne pas opter pour l"antiralisme+ mais+ au contraire+ en s"inspirantnotamment de l"etraordinaire su!tilit des solutions que propos,rent les mdi#au+de d'endre au6ourd"hui+ sans re#enir au platonisme+ un ralisme consquent et quisoit par'aitement adapt au eigences imposes par la science moderne et+ plusgnralement+ par toute entreprise qui a pour #ise le sa#oir.

    *sseX peu contesta!le+ en re#anche+ me sem!le la leon que l"on peut tirer desmsa#entures du platonisme. L"une des questions qui se pose en e''et de 'aon aigu\ toute entreprise cogniti#e H et pas seulement la connaissance mathmatique H estcelle que Christopher =eacoce a appele le - d'i de l"intgration 3 $ en d"autres

    termes+ - la tche gnrale consistant 'ournir+ pour un domaine dtermin+ unemtaphysique et une pistmologie simultanment accepta!les+ et montrer qu"ellesle sont1!3. Comment peut&on - rconcilier une analyse plausi!le de ce qui estimpliqu dans la #rit des propositions d"une certaine sorte et une analyse crdi!lede la mani,re dont nous pou#ons connatre ces propositions+ lorsque nous lesconnaissons1"3 F *#ec raison+ =eacoce estime en e''et que cela lie ensem!le lemtaphysique et l"pistmologique+ et que+ lorsqu"on choue raliser l"intgrationdes deu dans un domaine donn+ - cela 'ait de 'aon caractristique apparatrecomme mani'estement d'ectueuses les eplications de ce que c"est pour un contenuconcernant ce domaine que d":tre #rai 3. =ar#enir le comprendre+ - ce serait nonseulement disposer d"une cl pour l"pistmologie et la mtaphysique du domaine en

    question+ mais ce serait aussi accder une partie essentielle de la comprhensionque nous a#ons de nous&m:mes2#3.

    C"est l aussi un point sur lequel ou#eresse a longuement insist+ et quilui sem!le crucial si nous #oulons pou#oir apporter une rponse satis'aisante la

    1Charles Ganders =eirce+ The $e/ Elements of Mathematics+ C. Iisele Bd.D+ La_ague+ Mouton+ 1)KP+ #ol. 2+ p. (P.

    1!Christopher =eacoce+0eing 1no/n+ T'ord+ Clarendon =ress+ 1)))+ p. 1&2.1"!bid.p. 1.2#

    Christopher =eacoce+ The Realm of Reason+ T'ord+ Clarendon =ress+ 200(+ p.2PK. Gur ce point #oir aussi ou#eresse+ Rsum des cours du *oll+ge de2rance344563447+ p. (00.

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    question de sa#oir en quoi consiste+ ou consisterait+ quelque chose comme la- connaissance philosophique 3 $ - l 'aut que le concept de #rit philosophique+ telqu"il est epliqu par ceu qui l"utilisent+ ne rende pas impossi!le comprendre etcompl,tement mystrieu ou in#raisem!la!le+ au regard de l"ide que nous nous'aisons de ce que peut :tre la connaissance en gnral+ la mani,re dont nous pou#ons+

    a#ec les moyens que nous sommes censs a#oir notre disposition+ en #enir connatre la #rit en question. It+ in#ersement+ il ne doit pas y a#oir une discordancecompl,te ni m:me un cart trop important entre ce que nous sa#ons des processuspar lesquels se 'orment les croyances et les certitudes philosophiques+ et l"ide quenous nous 'aisons du genre de #rits la connaissance desquelles nous sommescenss a#oir russi accder grce eu21. 3.

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    3. L%(olution des concepts de science et de

    connaissance) et les *oule(ersements de laphilosophie contemporaine de la

    connaissance

    Tn 'rmit l"ide que- connaissance mtaphysique 3 implique quelque retour ausyst,me+ entendu+ tout du moins+ de 'aon dogmatique. @ans la pr'ace ses Essaisde morale et de critique+ Irnest Aenan notait d6 que - d'endre un dogme+ c"estprou#er qu"on y tient et+ par consquent+ qu"on en a !esoin243. C"est signe de'ai!lesse. Mais cela 'ait longtemps que le dogme n"a plus cours+ ni en mtaphysique+ni da#antage dans ce mod,le de la connaissance que reste+ pour !eaucoup et !ondroit+ la connaissance scienti'ique. Aares sont les mtaphysiciens encore o!nu!ilspar la recherche de #rits ternelles+ uni#erselles+ et de surplom!. @ans leur grandema6orit+ ils cherchent+ au contraire+ comprendre la relation qui est la nJtre a#ec lerel+ ce que l"on ne peut 'aire qu"en partant de l"endroit o/ l"on est+ et non de - nullepart 3. Mais c"est aussi sur ce mod,le de l"enqu:te+ et non plus tant sur celui de lacroyance #raie 6usti'ie ou encore sur celui de l"pistmologie des #ertus+ qu"il 'aut mon a#is+ penser la connaissance en gnral25+ y compris donc la connaissancemtaphysique. Tr le !ut d"une enqu:te H syst,me socratique de questions et derponses+ de doutes et de croyances H est de 'ier ces derni,res+ non de 'ournir une

    #rit a!solue et d'initi#e

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    . =our qui #eut contri!uer l"lucidation du ciment l"u#re au ni#eau des choses ou tenter de rconcilier en quelque 'aon la- philosophie de la nature 3 et la - philosophie de l"intellect 3+ il s"agit donc moins deproposer un syst+meque de mettre en #idence+ pour parler comme

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    crit,re a!sent de la #rit+ ainsi que pr'rait l"en#isager 4ranger2!. l 'aut accepterl"ide que la mtaphysique est !ien l"tude de la structure la plus 'ondamentale de laralit Bcoetensi#e donc a#ec l"ontologieD+ qu"elle #ise la #rit+ et que+ s"il y a un sens se poser encore la question antienne de sa possi!ilit comme science+ c"est parcequ"elle correspond comme enqu:te rationnelle certaines caractristiques

    su''isamment distincti#es par ailleurs pour pou#oir constituer le cur d"unediscipline indpendante+ et dont les 6usti'ications intellectuelles mritent d":treeplores.

    Intendons&nous $ il ne s"agit pas seulement de re6eter l"a''irmation no&antienne+ensuite relaye par les analyses tant positi#istes qu"heideggeriennes+ d"une impossi!le- connaissance 3 mtaphysique+ qui serait le 'ait de nos limitations cogniti#es+ denotre 'initude humaine+ du caract,re particulier des o!6ets de la mtaphysique+ ou

    !ien+ tout simplement+ de son a!sence d"o!6et. Mais il ne s"agit pas+ non plus+ derduire cette - connaissance 3 au mod,le+ inspir des sciences+ d"une mtaphysiqueen quelque sorte scienticise ou - naturalise 3. Car la possi!ilit d"une- connaissance mtaphysique 3 ou d"une - mtaphysique scienti'ique 3 ec,de tr,slargement la question+ aussi troitement lie soit&elle+ des relations mou#ementesentre la mtaphysique etla science.

    Incore 'aut&il+ d"ailleurs+ et pour commencer+ sa#oir ce que l"on met sous leconcept de - science 3. Car seules la paresse ou l"ignorance ou+ dans certains cas+ lamalhonn:tet intellectuelle peu#ent epliquer que certains accordent encore quelquecrdit une #ision positi#iste et scientiste de la connaissance scientifique. *ucunepersonne de !onne 'oi+ et surtout pas un philosophe des sciences+ ne pourraitadmettre au6ourd"hui que le concept de - science 3 ou de - connaissance 3 quipr#aut+ soit celui - imprial 3+ qu"il pou#ait encore a#oir cheX 9ant+ de syst,meache#+ apodictique+ ou dot des #ertus de ncessit et d"uni#ersalit. Comme le

    notait+ il y un certain temps d6+ =atric Guppes dansProbabilistic Metaphysics2"

    + il'aut !ien da#antage conce#oir le terme sous une 'orme qui o!lige repenser nonseulement certains concepts - a!solus 3 Bespace+ temps+ :treD+ mais aussi la naturepro!a!iliste des lois+ de la mati,re+ de la causalit noter le presque impossi!leacc,s des connaissances certaines+ tant celles&ci sont plutJt approches+ pro#isoires+con6ecturales+ 'ailli!les 'aire la part !elle la compleit des phnom,nes+ audoutes+ l"ide de recherche procdant par essais et erreurs+ au recti'ications+ la'alsi'ication autant qu" la con'irmation ou la #ri'ication. Ce n"est donc pas 'airepreu#e d"hostilit la science+ !ien au contraire+ que de noter que sa marque n"est

    6ustement pas le scientisme et le dogmatisme+ mais plutJt+ comme en tmoigne touteacti#it scienti'ique normale+ les incertitudes+ les ttonnements et l"incompltude+ qui

    rendent du reste si aigu le risque du scepticisme Bainsi que 6"ai choisi d"y re#enir dansla premi,re srie de leons que 6e donnerai cette anneD. It il n"est pas surprenant+ cet gard+ de #oir quel point ce risque est prsent+ tout autant+ et peut&:tre m:meplus sou#ent encore+ cheX les scienti'iques que cheX les philosophes.

    @,s lors+ que l"eamen du risque sceptique et idaliste soit au cur des tra#au enphilosophie de la connaissance dans les cinquante derni,res annes n"a rien desurprenant non plus ni que les ou#rages consacrs cet eamen soient presqueaussi nom!reu que ceu qui ont propos+ dans leur recherche de parades

    2! 4illes&4aston 4ranger+ - L"argumentation du Tractatus > Gyst,mesphilosophiques et mtastructures 3+ in$ ?tudes sur lhistoire de la philosophie en

    hommage @ M. 9ueroult+ ditions ?isch!acher+ =aris+ 1)P(+ p. 1)&15(.2"=atric Guppes+Probabilistic Metaphysics+ T'ord+ >lacVell+ 1)O(.

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    con#aincantes au d'i sceptique+ di''rentes stratgies pour amliorer la d'initionm:me du concept+ cette 'ois+ de connaissance+ en montrant+ du reste+ quel pointl"pistmologie d!orde largement sur la mtaphysique et sur l"thique+ tant il 'autmener sur ces trois 'ronts con6oints la lutte contre le scepticisme3#.

    *insi+ comment nous assurer de la ralit du monde etrieur si+ comme le montre

    le - scnario sceptique 3 cartsien+ nous n"a#ons pas les moyens de distinguer le r:#ede la #eille+ de dmontrer que nous ne sommes pas la proie de quelque Malin 4nieou+ en sa #ariante putnamienne+ que nous ne sommes pas de purs cer#eau dans unecu#e F Comment nous assurer de la ralit du pass+ de l"eistence d"autrui+ de noscroyances Binducti#esD dans le 'utur+ de la ralit de nos perceptions F B'fimtaphysique.D ["a#ons&nous donc a''aire qu" des apparences+ a#ec pourconsquence que+ si tout est gal+ on peut indi''remment acquiescer tout FComment+ d,s lors+ 'aire 'ace au risque d"une neutralisation par l"indi''rence deschoi thiques F @oit&on renoncer l"eistence de certaines ralits morales+ lapossi!ilit de procder en thique comme en science toute thorisation+ #aluation+

    6usti'ication F It m:me si+ en thique+ on renonce au ralisme+ peut&on #iter lerelati#isme+ #oire le cynisme qui en dcoule sou#ent F Comment repenser les#aluations et les normes thiques F [e parle&t&on pas de responsabilit pistmiqueou de vertusintellectuelles comme on parle de responsa!ilit thique ou de #ertusmorales F Ist&il a!errant d"en#isager une thique de la croyance ou des normes de larationalit F B'fi thique.D Comment encore chapper au d'i classique d"*grippa Hrepris par Getus Impiricus dans les Esquisses pyrrhoniennes et par'ois appel- trilemme de Mfnchhausen 3 ou de - ?ries 3 H qui pose que toute d'inition de laconnaissance doit+ soit conduire une rgression l"in'ini dans la 6usti'ication+ soits"arr:ter ar!itrairement dans cette rgression et conduire au dogmatisme+ soitconduire une d'inition circulaire F B'fi pistmologique.D Comment+ en'in ettou6ours+ amliorer la d'inition de la connaissance propose par =laton+ mais qu"iltenait lui&m:me pour aportique+ en #itant les o!stacles auquels se sont heurtes+depuis une trentaine d"annes+ toutes les thories contemporaines+ ou presque+ quel"on a proposes F

    *u sein de ce 6eune continent qu"est la philosophie de la connaissance+ on peutdsormais en e''et+ tr,s schmatiquement+ distinguer quatre grands courants aumoins+ qui ont d6 leurs tetes classiques et leurs auteurs de r'rence $ tout d"a!ord+en continuant de s"inscrire sur 'ond de l"analyse platonicienne de la connaissance que

    6"ai d6 #oque+ essentiellement comme croyance vraie dote de raisons ouAustifie selon+ deui,mement+ un mod,le aristotlicien mettant en #aleur+ dans cequ"il est con#enu d"appeler - l"pistmologie des #ertus 3+ l"importance de l"agent

    intellectuel et la place de l"ducation des aptitudes ou des dispositions de l"agent au#ertus pistmiques ou !ien encore+ troisi,mement+ sur le mode plus locen+ cette'ois+ de la connaissance comme tat mental primiti' ou en'in+ quatri,mement+ sur'ond d"un mod,le plus - pragmatiste 3 ou - raliste 3+ dans lequel la connaissances"entend da#antage comme un processus dynamique d"enqu:te BinquiryD mettant en

    6eu des 'ormes de sa#oirs pratiques B;no/ing ho/D autant que propositionnelsB;no/ing thatD+ la perception de #aleurs+ et o/ s"impose+ au moins autant qu"uneanalyse des conditions de possi!ilit de la connaissance+ une analyse des conditionsde possi!ilit du doute lui&m:me31et de la rationalit normati#e.

    3#

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    Uous ces d#eloppements rcents en philosophie de la connaissance constituentdes a#ances ma6eures et sont autant d"indices de la grande #italit que connatau6ourd"hui la discipline Bdont 6e m"e''orcerai l"occasion du cours de cette anne+ dedonner quelques lignes de 'orce en me concentrant plus particuli,rement surl"eamen dela valeur de la connaissanceD.

    Mais ils donnent aussi des o!ligations tout philosophe soucieu de mieu d'inirles relations entre la connaissance dont il peut se pr#aloir et celle qui caractrise lesautres domaines du sa#oir H et+ en particulier+ l"o!ligation de rpondre+ comme ilcon#ient+ ainsi que 6e l"ai dit+ au d'i de l"intgration. Euiconque cherche dtermineren quoi peut consister une connaissance mtaphysiquene peut donc+ ni plus ni moinsqu"un autre+ s"en eempter. l 'audra donc aussi s"interroger sur le type de croyances+de - #rits 3+ de 6usti'ications auquel nous a#ons #entuellement a''aire enmtaphysique. G"agit&il de croyances dont la #rit dri#erait du sens commun F @e

    #rits scienti'iquement ta!lies+ partant+ ncessairement contraires - l"imagemani'este 3 que nous ren#oie le monde F Tu !ien de croyances qui seraient #raimentd"un tout autre ordre F @ans un cas comme dans l"autre+ quelles raisons+ quelles

    6usti'ications a#ons&nous d"entretenir ces croyances+ de pri#ilgier telle ou telleconception de la #rit+ de 6uger la connaissance des choses qu"elle nous li#reseulement conce#a!le+ possi!le+ #oire ncessaire F

    In sui#ant ces recommandations+ et en pri#ilgiant le quatri,me mod,le que 6"ai#oqu+ celui de l"enqu:te rationnelle+ il me 'aut donc prsent indiquer+ au moinsdans ses grandes lignes+ comment et pourquoi la connaissance mtaphysique mesem!le non seulement lgitime mais+ !ien des gard+ indispensa!le pour qui #eutnotamment 'aire rendre gorge l"idalisme+ au relati#isme+ l"irrationalisme et+ plusencore+ au cynisme qui #ont sou#ent de pair au6ourd"hui a#ec eu.

    31 Uh,mes notamment mis en lumi,re par des auteurs tels que =eirce etbittgenstein #oir Claudine Uiercelin+%e 'oute en question+ op. cit.chap. .

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    4. La connaissance mtaphysique ' les

    quatre tapes

    Euatre tapes sont ici ncessaires et aussi importantes les unes que les autres.

    Uoute enqu:te mtaphysique eige de partir du cadre 'ormel aprioriste del"analyse+ qui seul permet de dgager les conditions de possi!ilit+ en termes deconditions de #rit et de signi'ication+ des concepts que nous utilisons et de #eillernotamment e''ectuer les distinctions modales qui s"imposent32.

    l con#ient+ en un second temps+ de #oir si+ et en quel sens+ les catgories de notrepense et de notre langage sont+ non pas de simples - 'onctions du 6ugement 3+

    comme le pensait 9ant+ mais !el et !ien le miroir des catgories de la ralit.L"enqu:te mtaphysique suppose donc une in#estigation a posteriori et unecon'rontation a#ec les sciences empiriques33.

    l 'aut+ ensuite+ et c"est la partie proprement pistmologique du d'i del"intgration+ r'lchir sur la mani,re dont nos catgories et nos 6ugementsconstituent+ a posteriori+ leur tour des sa#oirs+ par con'rontation donc a#ec lessciences d6 constitues+ mais en s"attachant dterminer si et pour quelles raisons+par eemple+ des thories scienti'iques sont #raies+ peu#ent rece#oir le titre deconnaissances Austifies+ et o!ligent ou non un engagement en 'a#eur du ralismescientifique et pistmologique. C"est la troisi,me tape34.

    l importe aussi et en'in+ dans un quatri,me moment+ de s"interroger sur le type deralit dont nous parlent alors ces thories+ sur la nature des proprits rellesBnotamment catgoriques ou dispositionnellesD qui la constituent+ sur les relationscausales et nomiques qu"elles ont entre elles+ et sur ce qui est ncessaire pour engarantir l"unit+ !re'+ pour en 'aire le - ciment des choses 3. It c"est alors le temps del"engagement proprement mtaphysique35.

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    donn+ de ce en quoi consiste la ralit en soi H+ alors l"analyse conceptuelle de#ras"inscrire dans un pro6et de r#ision et non de simple description.

    In mtaphysique+ on cherche moins dire ce quil y a qu" dterminer le moded"tre particulierde telle ou telle chose c"est !ien la recherche de proprits quenous partons+ et pas de simple mots. L"analyse conceptuelle ne sera donc pas

    rducti!le une simple analyse linguistique ou logique. Tn ne s"enquiert pas non plusde n"importe quelles proprits. Euand on se pose la question - Eu"est&ce qu"unepersonne F 3+ par eemple+ on n"a pas !esoin de s"entendre dire que toute personne aun pro'ond dsir d":tre aime+ m:me si tel est !ien le cas. @"une proprit+ on sedemande ce qui 'ait qu"elle a une incidence sur ce qu"est un o!6et+ !re'+ ce qu"est sonessence et ce qui 6usti'ie les distinctions que l"on 'ait entre proprits essentielles Bou+dirons&nous+ d'initionnellesD et proprits accidentelles. l nous 'aut donc luciderd"a!ord ce qui rgit notre pratique classi'icatrice+ !ien localiser et compter les chosesen n"introduisant pas plus d"entits qu"il n"en 'aut.

    Mais nous sa#ons aussi+ depuis @uns Gcot+ que ce qui a permis l"autonomie de la

    mtaphysique+ c"est le 'ait qu"elle traite non pas tant de ce qui est que de ce quipourrait "tre+ en un mot+ du possi!le. Gi la mtaphysique peut de#enir autonome parrapport au autres sciences Blogique+ physique+ mais aussi thologie36D+ c"est parceque+ pour le @octeur su!til+ elle a un o!6et propre+ l"ens commune+ l":tre pris dans sonindtermination totale+ lequel n"est rducti!le ni la quiddit de la chose sensi!leBdans laquelle elle doit nanmoins se contracterD+ ni la seule prdica!ilit logiqueBlaquelle est toute'ois seule m:me de lui con'rer l"uni#ersalitD. C"est grce celaqu"elle est en mesure+ au&del de l"opposition de l":tre et du possi!le+ de s"assurer du- rel&possi!le 3+ c"est&&dire de la ralit m:me de l":tre possi!le des choses quieistent+ et+ d,s lors+ de la condition de possi!ilit des sciences en tant que sciences3.

    *ussi la rigueur scienti'ique eige&t&elle qu"on parte du possi!le+ seul suscepti!le de

    cou#rir le domaine de l"eistant contingent comme celui du ncessaire ou de laquiddit mtaphysique3!. It+ pour ce 'aire+ il n"est point d"autre mthode que celle quiconsiste raisonner par le possi!le+ ce qui ne #eut pas dire Bcontrairement ce que lapostrit a sou#ent reproch @uns GcotD dduirele principe premier par analyse auterme d"une conception d#eloppe sur des essences3"+ mais tenter de dgager la

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    structure interne du possible6rel tant il est #rai que celui&ci s"enracine dans le relconcret+ de telle mani,re qu"on puisse induire le premier du second 4#.

    Gans doute est&ce l"eprience qui pourra nous apprendre+ ensuite+ celle qui+ parmiplusieurs possi!ilits mtaphysiques+ a le plus de chances d":tre #raie dans la ralit.Mais l"eprience seule ne peut dterminer ce qui est rel en l"a!sence d"une

    dlimitation mtaphysique du possi!le. Gi l"on ne pou#ait e''ectuer une partitionentre des possi!les+ indpendamment de la mani,re dont le monde se prsente+ nousne pourrions tout simplement pas dire quoi il ressem!le. Lorsque nous dcri#ons laralit+ nous passons notre temps reconnatre et eclure des possi!ilits. Tn en'ait spontanment l"eprience+ en lisant une carte+ par eemple+ pour dterminer o/est la source du 'leu#e ou la #ille la plus proche+ ou en 'aisant un nonc aussi simpleque - le train part si heures 3. In ce sens+ le possi!le nous est aussi naturel quel"actuel. C"est un dterminant incontourna!le de la ralit.

    Contrairement une ide rpandue+ la logique et l"pistmologie modales sontdonc !ien moins a!straites que l"on #eut !ien le dire. C"est+ au contraire+ sur elles qu"il

    'aut s"appuyer et sur les mod,les et les epriences de pense qu"elles proposent+ parapplication notamment de nos intuitions non pas intellectuelles mais communes des cas possi!les41+ a'in de dissiper les illusions modales dont nous sommesconstamment les #ictimes. Tn sait+ en e''et+ que selon la conception que l"on a dupossi!le+ par eemple+ on considrera plus ou moins aisment que ce qui estconce#a!le Bdu moins entendu au sens+ non pas de quelque chose qui rel,#e del"imagination+ mais du seul entendementD est un guide sYr ou non de ce qui estpossi!le. Mais quelque chose peut :tre a prioriconce#a!le et cependant impossi!le.Ce qui est conce#a!le ne su''it donc pas+ premi,re #ue+ garantir ce qui estpistmologiquement possi!le ou impossi!le $ si 6e sais que le chat est sur le tapis+m:me si 6e puis par'aitement concevoir une situation dans laquelle il ne l"est pas+ il ne

    m"est pas pistmiquementpossi!le de le dire. It ce qui est logiquement possi!le Bounon contradictoireD ne l"est pas 'orcment physiquement ou mtaphysiquement Bprisau sens a!solu o/ @ieu+ par eemple+ aurait pu #ouloir que les choses eussent pu :treautrementD. *insi+ il n"est possi!le+ en aucun de ces sens+ que quelque chose soitrouge et non rouge il est logiquement mais pas mtaphysiquement possi!le quequelque chose soit rouge et non tendu il est mtaphysiquement mais pas

    physiquement possi!le que quelque chose #oyage plus #ite que la #itesse de lalumi,re et il est possi!le+ dans les trois sens du terme+ que quelque chose #oyageplus #ite que la na#ette spatiale42. Tn peut aussi 6uger logiquement possible ou

    4#8oir par e. Trait du premier principe+ op. cit. 25+ p. 10K.

    41Tn admettra donc qu"on peut utiliser mthodologiquement les possibilia sansprsupposer+ du moins ce stade+ quelque th,se ontologique 'orte que ce soit $ peut&:tre les mondes possi!les sont&ils du m:me type ontologique que le nJtre peut&:tresont&ils+ l"eception de notre monde+ des entits a!straites ou encore desuni#ersau structurs ou certaines sortes de collections de phrases interprtes peut&:tre ne sont&ils rien du tout. Mais on peut les rendre comprhensi!les en lesa!ordant en termes de com!inaisons de proprits et de relations. Tn n"est donc paso!lig+ contrairement ce que soutient le ralisme modal+ de souscrire une th,seontologique 'orte qui #iserait+ par eemple+ argumenter que le possi!le Bcommel"impossi!leD sont des proprits obAectivesde choses+ indpendantes de nos capacitsde conce#oir et d"imaginer.

    42Uamar GXa!o 4endler et

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    ncessaire au sens largece qui est #rai dans tout monde logiquement possi!le+ c"est dire dans tout monde possi!le.%ogiquement ncessairesera alors coetensi' ce quiest mtaphysiquement ncessaire. Certains o!6ecteront que la proposition - L"eau est_2T 3 peut ne pas :tre #raie dans tous les mondes logiquement possi!les. Mais+rpondront d"autres+ ce ne sont pas les seules lois de la logique+ associes des

    concepts ou des d'initions de l"eau et de _2T+ qui rendent - l"eau est _2T 3logiquement ncessaire $ c"est la naturede l"eau+ dont nous connaissons dsormais lacomposition. Tn comprend pourquoi in fine+ la ncessit logique tendra alors poureu se con'ondre a#ec la ncessit mtaphysique.

    L"analyse conceptuelle est donc prcieuse car+ tout en comportant une partie aposterioriet empirique+ elle permet aussi+ en largissant la 'onction ha!ituelle de nosconcepts par les mod,les possi!ilistes commodes de la logique modale+ de par#enir des rsultats a priori.

    *insi+ la - connaissance modale 3 nous apprend+ par eemple+ que l"etensiond"un terme dans un monde actuel et dans un monde contre'actuel nest pas la m"me

    ensuite+ que pour connatre l"etension&Contre'actuelle ou C d"un terme+ il nous 'autconnatre quelque chose du monde actuel. Lorsque l"etension&*ctuelle ou * etl"etension&C d"un terme di'',rent pour certains mondes+ il y a donc entre elles unedi''rence cruciale de statut pistmique. M:me si+ par eemple+ nous comprenionsleterme - eau 3 a#ant 1K50 Bet la chimie de @altonD+ nous ne connaissions pas sonetension&C un monde+ pour quelque monde autre que le monde actuel. =ar quoinous ne #oulons pas 'orcment dire que nous ignorions sonessence+ mais que+ pourreprer l"eau dans un monde contre'actuel+ il nous 'aut connatre quelque chose surlesrelationsqu"il y a entre le monde contre'actuel et le monde actuel. Tr ce n"taitpossi!le qu"apr,s a#oir dcou#ert que+ dans le monde actuel+ _2T est le liquideaquatique. In re#anche+ nous connaissions l"etension&* de - eau 3 pour n"importe

    quel monde+ car celle&ci ne dpend pas de la nature du monde actuel. [otre ignorancedu monde actuel n"importe donc pas pour la connaissance des etensions&* des mots+puisque nous ignorions l"etension&* de - eau 3 dans le monde actuel a#ant 1K50+ ettions nanmoins capa!les d"identifierl"etension&* de - eau 3 dans ce monde et+ en'ait+ dans tous les mondes.

    Br ce que lon peut connatre indpendamment de ce que lon peut connatre parailleurs du monde peut "tre dit a priori. Les rponses au questions relati#es l"etension&C dpendent gnralement de la nature du monde actuel et sont a

    posteriori #mais la partie a priori de l"analyse conceptuelle ne dpend en rien de laquestion de sa#oir quel monde est en 'ait le monde actuel Btout comme la question desa#oir ce qu"il 'aut 'aire s"il 'ait !eau+ ne dpend pas de la question de sa#oir s"il 'ait

    !eau ou nonD.L"analyse conceptuelle permet donc de d'inir et d"identi'ier ce dont on parle+ de

    rpondre la question de sa#oir si la mani,re dont sont les choses+ donne dans tel#oca!ulaire+ rend #raie une eplication donne dans tel autre. It+ une 'ois encore+ cen"est pas rien quand on songe quel point il importe d"a#oir les ides claires enmtaphysique et de ne pas prendre tort+ comme nous y ehortaient notamment=eirce et bittgenstein+ une simple di''rence dans nos mots ou dans nos ides pourune di''rence dans les choses. l sem!le donc+ du moins dans l"tape thrapeutiqueindispensa!le+ que nous ayons tout intr:t l"adopter en mtaphysique.

    Mais elle est d"autant plus prcieuse qu"elle ne dispense pas du tout de H et #a

    m:me de pair a#ec H la mthode de tests ou les - massages nergiques 3 auquelsnous soumettons par ailleurs nos intuitions communes. l s"agit au 'ond ici

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    d"appro'ondir une r'leion dans le style de celle inaugure par Loce+ celle desepriences de pense+ puis de testerdi#erses solutions possi!les partir du rseaud"intuitions Bsou#ent incompati!lesD qu"on a constitu+ pour #oir celles qu"il con#ientde conser#er ou 'inalement d"carter. W certains gards+ le mtaphysicien ne 'ait doncrien d"autre que ce qu"entreprend le psychologue du d#eloppement ou le thoricien

    des sciences politiques. l rassem!le+ comme peu#ent le 'aire le !iologiste+l"conomiste ou le physicien+ les lments de la thorie commune Bou populaireD+ qui#ont constituer un - rseau 3 de principes+ et+ comme eu+ il #a s"employer ensuite les tester et+ si !esoin est+ les r#iser H en s"instruisant en particulier du caract,recontradictoire de ces intuitions+ par eemple sur l"identit personnelle ou sur lechangement+ selon que l"un sui#ra une perspecti#e tridimensionnelle Ben sereprsentant un o!6et eistant un temps commetotalement prsent ce temps+ ou- endurant 3D+ ou que l"autre adoptera une perspecti#e quadridimensionnelle Bl"o!6eteistant un temps en ayant unepartie temporelle ce temps+ !re' en - perdurant 3D.Eue l"intuition commune ne soit pas sacro&sainte signi'ie aussi que+ si tel concept a'ait ses preu#es+ cela n"implique pas qu"il serait irrationnel de le changer+ la lumi,re

    de ce que nous apprend la r'leion ou telle dcou#erte empirique+ ou du moins+d"e''ectuer des - a6ustements raisonna!les433. In un mot+ et ce n"est pas rien+ il 'autadmettre en mtaphysique H science 6adis tenue pour uni#erselle+ ncessaire etapodictique H le principe dufaillibilisme.

    l 'aut prser#er ce lien entre la mtaphysique et la psychologie. It cela importecar+ qu"on le #euille ou non+ nos croyances sont !ien le produit de l"#olution etda#antage diriges par les eigences pratiques de la sur#ie que par les eigencesthoriques de la #rit mtaphysique. Cela #eut dire aussi H et m:me si cela nesigni'ie pas qu"elle n"aura pas+ leur gard+ une attitude critique H que lamtaphysique+ aussi engage soit&elle dans un pro6et de r#ision+ doit :tre attenti#e ce que la philosophie de l"esprit+ la psychologie et les sciences cogniti#es peu#enta#oir lui apprendre. Tn peut 'ort !ien ici en#isager qu"il y ait une harmonie entre les'acults cogniti#es de l"homme+ d"une part+ et la ralit+ de l"autre. W tout le moins+une r'leion s"impose sur la nature des liens qui peu#ent eister entre ce qui est ennous naturel et ce qui est normati'+ comme l"a#ait du reste entre#u 9ant+ sous la'orme de ce qu"il appelait - un syst,me de pr'ormation de la raison pure 3+ troisi,me

    #oie qu"il a#ait !ien en#isage lui&m:me en mtaphysique.

    =rocder par le possi!le logique+ comme l"a !ien #u @uns Gcot+ n"est donc pas unesimple prcaution mthodologique $ toute inintelligi!ilit+ toute impossi!ilit logiqueest !ien en 'ait le plus sou#ent+ n"en dplaise @escartes+ le signe d"une impossi!ilitrelle. Gi le possi!le rel n"est pas rducti!le au possi!le logique+ ils ne sont pas non

    plus trangers l"un l"autre+ sans quoi nos concepts ne seraient que des mots et notrescience serait #ide de tout contenu o!6ecti'.

    Mais + l"in#erse+ on ne sauraitconfondre le possible logique avec le possible rel.It le risque permanent qu"il con#ient d"#iter est celui&l m:me dans lequel on areproch @uns Gcot de tom!er $ de construire une mtaphysique oC la non6contradiction suffirait @ dire les proprits de l"tre. La seule crainte que pourraitsusciter un adoption immodeste de l"analyse conceptuelle serait assurment celle&l $de trop poursui#re dans la #oie que d"aucuns ont traite d"essentialiste Bqui #a deGuareX bol''D+ de #ouloir dduire analytiquement le rel partir d"essences conues

    43

    =our une illustration magistrale de cette mani,re de procder+ #oir l"ou#rage de?ran ) 'efence of *onceptual )nalysis+T'ord+ Clarendon =ress+ 1))O.

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    comme possi!les+ d"ou!lier que le langage ordinaire Bou la logique modaleD ne sontpas une garantie su''isante+ par eemple+ de la ralit de classes dans la nature+ ou de

    6usti'ier les procdures logiques elles&m:mes en les dri#ant d"une 'orme plus oumoins a#oue H et+ selon certains en tout cas+ honteuse et irrcupra!le Hd"essentialisme.

    Iagrer l"a!sence de rapport entre l"aspecta priori de l"analyse et son aspect aposteriori serait donc catastrophique. It pas seulement en raison du risque demtaphysique en apesanteur que cela induirait+ mais parce que la logique et lasmantique elles&m:mes sont tou6ours+ un degr ou un autre+ lies nos - raisonsempiriques 3+ et donc aussi nos dcou#ertes scienti'iques.

    'eu(i+me tape.*ussi con#ient&il d,s l"tape sui#ante+ de dterminer quelle est laplace eacte qui reste+ dans ce contete+ la dimension a posteriori du pro6etmtaphysique lui&m:me H en d"autres termes+ au sciences empiriques H dans ladtermination de ce qui est.

    Gans doute n"est&ce pas si 'acile $ et nos a#erro;stes contemporains ne se pri#ent

    pas de dire que les sciences sont les mieu places et les plus lgitimes pour nous direen quoi consiste la ralit des choses. G"il y a des questions 'ondamentales poser surl"eistence et la nature de l"espace et du temps+ c"est la cosmologie et la physiquequantique d"y rpondre et non la mtaphysique spculati#e en 'auteuil ou aumtaphysicien en redingote.

    Tn proposera donc ici+ et pour 'inir+ quelques principes et r,gles de !onneconduite pour 'aciliter la #ie en commun.

    Premier principe. Ae6eter tout scientisme et re'user de considrer d"em!le+ ainsique l"cri#ait en 1)5K _ans Aeichen!ach+ que ce dont a !esoin une - philosophiescienti'ique 3+ c"est simplement d"une - rorientation des dsirs philosophiques443.

    Cesser encore+ ainsi que sont tents de le 'aire certains mtaphysiciens scientistes+ dere#endiquer comme moti#ation e(clusivede la mtaphysique+ les - tentati#es 'aitespour uni'ier les hypoth,ses et les thories qui sont prises au srieu par la sciencecontemporaine453.

    'eu(i+me principe. Aappeler qu"epliquer H ce qui reste un o!6ecti' H+ c"est !ien#iser un contenu communica!le+ comme le rptait MoritX Gchlic46+ mais galementrduire. l serait etra#agant de re#enir sur les succ,s ainsi rendus possi!les dansnotre connaissance et dans notre matrise de la nature.

    Troisi+me principe. *ucun mtaphysicien srieu ne peut passer outre au principeeplicati' de clJture causale et nomologique de la physique Bdont les lois sont

    uni#erselles et 'ondamentalesD+ auquel se soumettent du reste les sciences spciales+ni celui d"unphysicalisme ontologiqueet m:me pistmologique minimal+ si l"onentend par l l"ide+ somme toute !anale+ selon laquelle toutes les choses qui eistenten ce monde sont des morceau de mati,re et des structures pro#enant de l"agrgat

    44 _ans Aeichen!ach+ The Rise of Scientific Philosophy+ >ereley+ ]ni#ersity o'Cali'ornia =ress+ 1)5K+ p. 05.

    45 Comme le proposent par eemple au6ourd"hui

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    de ces morceau de mati,re+ se comportant tous en con'ormit a#ec les lois de laphysique.

    8uatri+me principe. [e pas re6oindre trop #ite le - consensus nonrductionniste 3 auquel peu#ent conduire certains dilemmes comme celui que poseau physicaliste le statut des proprits mentales. G"e''orcer plutJt de ne pas redouter

    le rductionnisme+ en cherchant de nou#eau mod,les qui permettent de distinguerles rductions de pures et simples liminations+ ou encore+ comme c"est de plus enplus le cas+ de par#enir des procdures de rduction capa!les de mettre en #idencedes mcanismes interni#eau plutJt qu"intrani#eau entre les di''rentes sciences.

    Euelques r,gles aideront ensuite le mtaphysicien et le scienti'ique coha!iter.

    1. *dmettre a#ec bil'rid Gellars que+ s"agissant de la description et de l"eplicationdu monde+ la science est !ien - la mesure de toutes choses 3+ de ce qui est et de ce quin"est pas au ni#eau 'ondamental des choses4. Cela donne d6+ en ngati'+ sur la !asede tous les crit,res raisonna!les d"interprtation des thories scienti'iques+ unpremier principe respecter $ il y a incontesta!lement un certain nom!re de

    positions philosophiques que+ dans l"tat actuel des connaissances+ l"on ne peut plussoutenir+ m:me s"il nous 'aut aussi garder l"esprit que l"unit des sciences reste unidal+ que la compltude causale du physique n"est pas da#antage ralise ou n"estclose qu"en principe+ et qu"elle peut certes #aloir comme une - normemthodologique 3 mais non comme un principe - analytique 3.

    2. Mais+ et c"est la philosophie des sciences elle&m:me qui nous l"enseigne+ il n"y a6amais un chemin royal qui+ d"une thorie physique+ d"un thor,me mathmatique oude rsultats d"eprience+ m,ne directement des consquences mtaphysiquesdtermines et ncessaires. 8oil qui nous permet d"a#ancer un deui,me principe+cette 'ois positi'. L"eprience ne possdant pas elle seule la 'orce logique dedterminer la thorie scienti'ique+ #oire l"interprtation d"une thorie scienti'iquedonne+ cela doit nous permettre+ par l"#aluation des consquences ontologiquesdespositions en prsence+ de proposer+ partir de la situation empirique+ certainesconsquencesmtaphysiqueset d"en #aluer le coYt et%ou la pertinence.

    . Ce n"est donc pas seulement pour des raisons esthtiques de cohrence qu"il y aplace pour la mtaphysique+ ni da#antage parce qu"on aspirerait des am!itionssystmatiques ou que l"on r:#erait d"unit ou de position a!solue. Tn en a !esoin+ ausens 'ort et en tout premier lieu+ pour interprter les thories scienti'iques elles&m:mes. l y a autonomie de la mtaphysique et irrducti!ilit+ certains gards+ cequi se 'ait en science+ y compris au pro!l,mes mtaphysiques propres la science Hs"agissant+ par eemple+ du choi oprer entre le ralisme scienti'ique ou

    l"instrumentalisme de la conception adopter sur les lois de la nature+ les esp,cesnaturelles+ etc. ou encore de la question de sa#oir si+ alors m:me que la science nousin'orme sur !ien des choses surprenantes et ne modlise plus le monde en termesd"o!6ets+ elle rend ou non caduc le statut quotidien d"o!6ets comme des ta!les et deschaises+ ou !ien s"il reste su''isamment de cohsion notre chelle+ dans certainsaspects du monde+ pour que le groupe de syst,mes cogniti's que nous sommes+ muspar des intr:ts pratiques+ puisse les reprer et les catgoriser pour la #ie de tous les

    6ours. @"o/ l"utilit+ l"indispensa!ilit m:me+ d"un point de #ue - stroscopique+ deu

    4bil'rid Gellars+ - Impiricism and Uhe =hilosophy o' Mind 3+ in$ bil'rid Gellars+

    Science Perception and Reality+ Aoutledge 9egan =aul+ 1)P+ p. O Empirisme etphilosophie de lesprit+ traduction de ?a!ien Cayla+ Com!as+ ditions de l"clat+ 1))2+p. OK.

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    perspecti#es di''rentes sur un paysage se 'ondant pour 'ormer une seule epriencecohrente 3+ tant il est #rai que - quels que soient les constituants ultimes de lapense conceptuelle+ le processus grce auquel l"esprit d"un indi#idu pense le mondedoit+ de mani,re plus ou moins adquate+ 'aire cho la structure intelligi!le dumonde4!3.

    (. *6outons une quatri,me r,gle. Comme on a eu l"occasion de le dire+ la scienceest une entreprise de catgorisation. Mais ni les phnom,nes o!ser#a!les l"chellemacroscopique+ ni l"in'ormation scienti'ique concernant la constitution interne deschoses ne peu#ent mener cette catgorisation !ien sans une dlimitationproprement mtaphysique des choses.

    *insi+ nous de#ons d6 :tre en possession d"une catgorisation ontologique dessu!stances et des conditions dans lesquelles+ par eemple+ un organisme #i#ant peutmtaphysiquement persister identiquement tra#ers un certain changement Blet:tard qui de#ient une grenouilleD pour :tre en position de dcider+ et ce quel que soitle nom!re de preu#es empiriques dont nous disposions+ si ce changement doit :tre

    class comme une transition de phase ou comme un changement su!stantiel4"

    .Tn mesure ici quel point il est important de distinguer+ dans des questions de ce

    type+ ce qui rel,#e+ proprement parler+ de la contri!ution a priori de lamtaphysique et de la contri!ution a posteriorides sciences empiriques.

    In'in+ :tre complet est une chose+ :tre 'ondamental en est une autre. Tr leprincipe de clJture causale est+ de ce point de #ue+ en dpit de nos intuitionsphysicalistes ontologiques incontesta!les+ ontologiquement neutre sur ce qui est oun"est pas au ni#eau fondamentaldes choses H en d"autres termes+ sur ce qui d'initessentiellement le physique+ et sur la question de sa#oir+ en particulier+ si les ni#eaude rduction auquels on peut consentir sur le plan de la mthode se retrou#ent ounon sur le plan ontologique. @e quoi est 'ait le monde F @e plusieurs couches+ strates+ni#eau de ralit+ ou d"une seule F @e plusieurs ni#eau de proprits Bcatgoriqueset dispositionnelles+ les secondes tant rducti!les au premi,resD ou uniquement del"une ou de l"autre de ces esp,ces F Comme on le #oit+ ce n"est ni la seule analyseconceptuelle+ ni la science qui permettront de rpondre ces questions ce pourquoi+en e''et+ on ne pourra pleinement parler de - connaissance mtaphysique 3 qu"une'ois accomplies+ au moins+ les deu autres tapes du parcours que 6"ai prcdemmentindiques.

    4! bil'rid Gellars+ - =hilosophy and the Gcienti'ic mage o' Man 3+ in$ bil'ridGellars+ Science Perception and Reality+ op. cit. - La philosophie et l"imagescienti'ique de l"homme 3+ traduction de #es >ouchard et @ominique >oucher+ in$@enis ?isette et =ierre =oirier Bdir.D+Philosophie de lesprit+ #ol. 1+ =aris+ 8rin+ 2002+p. KK.

    4"I.

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    La mtaphysique est une discipline trop aride pour pou#oir :tre pratique ensolitaire. M:me =eirce+ qui a pass la ma6eure partie de sa #ie en ermite+ a#ait 'ondunMetaphysical *lub. >ien que l"]ni#ersit 'ranaise ait encore !eaucoup de chemin 'aire+ en philosophie notamment+ pour retrou#er les #oies d"une authentiquecommunaut acadmique+ 6e ne #oudrais pas terminer cette leon sans dire ce que 6edois l"enseignement uni#ersitaire et+ tout particuli,rement+ mes tudiants+ sanslesquels 6e ne serais pas de#ant #ous au6ourd"hui. In sparant les institutionsd"enseignement et de recherche+ comme on le 'ait encore trop en ?rance etmalheureusement de plus en plus sou#ent ailleurs+ on ne rend ser#ice ni au unes niau autres.

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    +otes