La crise du leadership politique (partie 1)

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/29/2019 La crise du leadership politique (partie 1)

    1/1

    Dossier

    10

    No 114 7 AVRIL 2012

    ARRT POUR VOLS AVEC EFFRACTION

    Un habitant de Baie du Tombeau, g de 26 ans a avou la CID de Flic en Flac, aprs interrogation, avoir commis

    deux vols avec effraction dans une maison et dans un appartement Morcellement Bismic le jeudi 22 mars midi.

    Plusieurs objets de valeur ont t vols dans ces deux cambriolages dont un ordinateur portable, deux tlphones

    portables, une camra dune valeur de 500 euros et la somme de Rs 1000. Le malfrat aurait enlev un carreau de vitre de

    la fentre pour accder l intrieur de la maison. Ce dernier a t arrt et il est actuellement en dtention.

    Les remous politiques

    que traverse Mauriceactuellement, avec laprorogation du Parlement etle retour du Prsident de laRpublique larnepolitique, seraient-ils letmoignage dune crise duleadership politique ? Cestle sentiment qui animebeaucoup de Mauriciens.

    Alors que diffrents secteursde la socit civile rclamentrforme lectorale etnouveaux modes degouvernement, la classepolitique, elle, tente

    dnimes manuvresdarrimage au pouvoir. Maisquel est ce modle deleadership mauricien et enquoi serait-il en crise ?

    Ce qui fait quunepersonne soit un leader, nedpend pas uniquement deses qualits, souligne lesociologue franais Robert

    Akoun (Dictionnaire deSociologie, ditions Seuil). Siune personne merge dansune position de leader, cesten raison dun cocktailparticulier form par quatre

    lments : ses proprescaractristiquespersonnelles, mais aussicelles du groupe quil mne,la nature de sa relation avecce groupe, et enfin, le cadrepolitique dans lequel cetterelation sinscrit.

    Il semble y avoir un cartentre les reprsentations,quelque peu idalistes, quese font les Mauriciens dun leader , et leurs opinionssur les dirigeants politiquesdu pays. Un leader estquelquun qui guide et inspire

    les gens, qui a de vraiesvaleurs offrir aux autres. Ildonne la direction suivre. Ilaide voir ce quil y a devant, affirme Sachin S., 34 ans,Field Application Engineer. Il doit tre un modle dansses actes et paroles. Il ne doitSURTOUT pas trecorrompu ou money-minded, renchrit Sindy M., 23ans, tudiante lUniversit

    de Maurice.

    Mais il semblerait que celeader idal soit une espcerare, voire inexistante Maurice. Il ny a pas devrais leaders politiques

    Maurice malheureusement.Celui-ci parle en tant que

    Me, Myself and I, alors quunleader devrait parler pour son

    pays car il "lead" le pays etnon pas son image , dploreHassenjee R., 48 ans,Directeur technique decompagnie informatique. We have no leaders in

    Mauritius; only cult heroes

    thriving under the aegis of elitist propaganda , observeUdham S., 23 ans, tudiant.

    NIMAK-HARAM

    Cet cart entre le leaderidal et le constat moinsreluisant de la ralit, lesMauriciens eux-mmes ensont un peu responsables. Les Mauriciens trouvent leurconfort dans la prsence

    physique du leader dont ilsont dcid quil saurasauvegarder au mieux leursintrts , affirme Paul L., 50

    ans, chirurgien, Cela naaucune importance leursyeux que le dficit budgtaireavoisine les Rs 200 milliards,tout ce qui semble importer ces suiveurs, cest la perspectiveque le leader daigne leurlancer quelques miettes durepas sous la table.

    Le clientlisme vient ainsipervertir le rle que devrait

    jouer le leader en faveur delintrt gnral. Les leaders

    peuvent venir avec lesmeilleures intentions dumonde mais ils sont entravs

    par toutes sortes de choses : lesgens qui ont contribu leurscampagnes lectorales, lesmembres de leur communautethnique, de leur famille... Envoulant faire plaisir tout cebeau monde, le vrai objectif,cest--dire les membres de lacirconscription et le peupledans son entier, sont relgusau second plan , dploreSaffiyah C., 29 ans, femme

    au foyer.

    Le clientlisme et le cultede la personnalitsaccompagnent ainsi derevendications qui nontrien voir avec lanalyse desprogrammes et desorientations. Regardez, surle wall du Parti Travailliste,les critiques envers SAJ etPRB toute la journe. Sur lewall du MMM, des critiquessur NCR toute la journe.

    Aucune discussion sur lesorientations politiques, touttourne autour de qui a volcombien, quand et o ! Qui

    va lire les programmes despartis politiques avant leslections ? sinsurge UdhamS.

    Et on assiste donc auxretournements de veste dsque les roder boutte nesestiment pas satisfaits. Do le recours frquent linsulte hindi "Nimak-haram", qui vise celui qui "seretourne contre quelquunaprs avoir mang de son sel", observe Jooneed

    Jeeroburkhan, ancienreporter international au

    Canada et observateur de lascne politiquemauricienne.

    Il en rsulte uneffacement de la frontireentre intrt priv et intrtpublic ce qui est dailleurslune des caractristiques duleadership autoritaire,comme la soulign lapolitologue amricaineHannah Arendt. Nosleaders sont dincorrigiblesnarcissiques qui dirigent leurs

    partis respectifs avec laconviction absolue que les

    partis sont leur propritprive, et que le pays lui-mme est devenu leur

    proprit prive ds lors quilsont conquis le pouvoir ,sirrite Paul L.

    DES PYGMESPOLITIQUES

    Selon Hannah Arendt, leleadership totalitaire sedfinit par la soif du

    pouvoir, lusage de la terreur

    pour faire taire les critiqueset une structure tatiquemonolithique. Ce dsir quelhumanit nait quuneseule tte soppose au vraileadership. Le vrai leader estau contraire, celui quientreprend en premier, touten laissant aussi lespace auxautres. Il est ce quHannah

    Arendt appelle le Primusinter pares , cest--dire unpremier entre ses pairs.

    Pourtant, le leadershipautoritaire, voireautocratique, semble tre la

    marque de fabrique despoliticiens mauriciens.Quoique ce leadership lasauce mauricienne peutapparatre pour certainsobservateurs, comme unersatz de leadershipautocratique. Il y a unmonde de diffrence entre LeeKuan Yew Singapour et les

    pygmes politiques quidirigent Maurice, observePaul L., Lee Kuan Yew sesert de lautocratie au bnficede son pays et de tous sescitoyens. Nos leaders se servent

    de lautocratie pour senrichirpersonnellement et pourpromouvoir et protger lesintrts de leurs amis et

    familles. Il constate dailleurs que

    le concept de "primus interpares" est interprt defaon particulire Maurice: Par exemple, bien quon ait

    24 ministres dans un cabinet,tout le pouvoir repose entre lesmains du Premier ministre, etaucun ministre nosera rien

    faire sans avoir limprimaturdu PM dabord... Ici, on est

    convaincu que "Primus interpares" signifie tre premierdentre un groupe didiotsserviles

    Selon Louis F., 53 ans,CEO dune socit demarketing : A Maurice, leconcept de leadership nest pasen vigueur, car nous navons

    pas de leaders dans le senstraditionnel du terme. Nousavons un groupe de personnes

    Les Mauriciens ont beaucoup de reproches faire leurs dirigeants : clientlisme ethnique,culte de la personnalit, soif du pouvoir Mais qui sont les vritables responsables dumarasme les hommes politiques cramponns au pouvoir, ou bien leurs suiveurs aveugles

    et intresss?

    La crise du