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Mémoire original La démence dans l’espace de la conscience Dementia in awareness space B. Fromage Maître de conférences, université d’Angers, département de psychologie, Upres EA 2646, 11, boulevard Lavoisier, 49045 Angers cedex 01, France Reçu le 7 avril 2001 ; accepté le 22 mai 2001 Résumé L’objet de ce travail est d’étudier la conscience de soi chez le sujet dément. En utilisant les modèles de L’Écuyer et de Tap qui définissent le soi comme une organisation psychique structurée, évolutive et accessible au sujet lui-même, nous analysons l’auto-description de Claudie, porteuse d’un syndrome démentiel. L’analyse de contenu du protocole met en évidence la présence des éléments qui fondent l’identité personnelle, de même que la persistance d’un sentiment de soi et d’une conscience de soi. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract This research studies the self awareness in dementia. Using L’Écuyer and Tap’s models like a structural psychic organisation, opening to the subject himself, we analyse the self description of Claudie suffering from dementia. The content analysis underscores the presence of personal identity, sustained by a self feeling and a self awareness. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Concept de soi ; Conscience ; Conscience de soi ; Démence ; Identité personnelle ; Sentiment de soi Keywords: Dementia; Personal identity; Self awareness; Self feeling; Self concept « Ce que nous sommes de moins en moins quand nous tombons graduellement dans un sommeil sans rêves… Ce que nous sommes de plus en plus quand le bruit nous éveille peu à peu, c’est là ce qu’on appelle conscience. » J.M. Baldwin Dans des travaux précédents nous avons utilisé un champ théorique – le concept de soi – et une méthodologie dévelop- pée par L’Écuyer pour évoquer la conscience de soi chez des sujets déments. Après une brève présentation des modèles de L’Écuyer et de Tap qui nous serviront de référence, nous exposerons le protocole de Claudie et l’analyse qui peut en être faite. 1. Approche phénoménologique et problématique Les recherches sur le fonctionnement psychologique du patient dément s’organisent selon une perspective neuropsy- chologique ou clinique. Dans le premier axe la description porte sur les fonctions cognitives [29] et leur évolution au long de la maladie en portant l’attention sur les mécanismes conscients [10] dans une perspective diagnostique [15] ou de réhabilitation. Reconnaître un visage, réaliser un itinéraire, mémoriser et harmoniser des tâches ou des rôles sont des conduites qui, lorsqu’elles ne sont plus réalisées, attestent d’un syndrome démentiel. Chez le patient dément la cons- cience est décrite comme altérée dans la mesure où la relation à la réalité est perturbée par des problèmes de reconnaissance d’objets, par une incapacité plus ou moins grande à initier et planifier une activité en fonction d’un but préalablement fixé. De plus la conservation des données et leur intégration dans Adresse e-mail : [email protected] (B. Fromage). Annales Médico Psychologiques 161 (2003) 645–651 © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/S0003-4487(03)00144-6

La démence dans l’espace de la conscience

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Mémoire original

La démence dans l’espace de la conscience

Dementia in awareness space

B. Fromage

Maître de conférences, université d’Angers, département de psychologie, Upres EA 2646, 11, boulevard Lavoisier, 49045 Angers cedex 01, France

Reçu le 7 avril 2001 ; accepté le 22 mai 2001

Résumé

L’objet de ce travail est d’étudier la conscience de soi chez le sujet dément. En utilisant les modèles de L’Écuyer et de Tap qui définissentle soi comme une organisation psychique structurée, évolutive et accessible au sujet lui-même, nous analysons l’auto-description de Claudie,porteuse d’un syndrome démentiel. L’analyse de contenu du protocole met en évidence la présence des éléments qui fondent l’identitépersonnelle, de même que la persistance d’un sentiment de soi et d’une conscience de soi.

© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

This research studies the self awareness in dementia. Using L’Écuyer and Tap’s models like a structural psychic organisation, opening to thesubject himself, we analyse the self description of Claudie suffering from dementia. The content analysis underscores the presence of personalidentity, sustained by a self feeling and a self awareness.

© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Concept de soi ; Conscience ; Conscience de soi ; Démence ; Identité personnelle ; Sentiment de soi

Keywords: Dementia; Personal identity; Self awareness; Self feeling; Self concept

« Ce que nous sommes de moins en moinsquand nous tombons graduellement dansun sommeil sans rêves…Ce que nous sommes de plus en plusquand le bruit nous éveille peu à peu,c’est là ce qu’on appelle conscience. »J.M. Baldwin

Dans des travaux précédents nous avons utilisé un champthéorique – le concept de soi – et une méthodologie dévelop-pée par L’Écuyer pour évoquer la conscience de soi chez dessujets déments. Après une brève présentation des modèles deL’Écuyer et de Tap qui nous serviront de référence, nousexposerons le protocole de Claudie et l’analyse qui peut enêtre faite.

1. Approche phénoménologique et problématique

Les recherches sur le fonctionnement psychologique dupatient dément s’organisent selon une perspective neuropsy-chologique ou clinique. Dans le premier axe la descriptionporte sur les fonctions cognitives [29] et leur évolution aulong de la maladie en portant l’attention sur les mécanismesconscients [10] dans une perspective diagnostique [15] ou deréhabilitation. Reconnaître un visage, réaliser un itinéraire,mémoriser et harmoniser des tâches ou des rôles sont desconduites qui, lorsqu’elles ne sont plus réalisées, attestentd’un syndrome démentiel. Chez le patient dément la cons-cience est décrite comme altérée dans la mesure où la relationà la réalité est perturbée par des problèmes de reconnaissanced’objets, par une incapacité plus ou moins grande à initier etplanifier une activité en fonction d’un but préalablement fixé.De plus la conservation des données et leur intégration dansAdresse e-mail : [email protected] (B. Fromage).

Annales Médico Psychologiques 161 (2003) 645–651

© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/S0003-4487(03)00144-6

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un système cohérent rendent difficile le maintien d’une rela-tion entre le dément et sa propre histoire [26].

L’approche clinique souligne le sens que peuvent prendreles conduites du sujet en fonction de son histoire [23] etnotamment de son avenir [22], du milieu dans lequel il vit[24], de la mort réelle et symbolique. Au niveau interne, lapulsion de mort se présente comme une force de déliaison del’appareil psychique, affectant les représentations de mots etsecondairement les représentations de choses [13]. Avecl’évolution de la maladie l’appareil psychique est de plus enplus soumis aux mouvements inconscients qui s’exprimentde manière primitive sans pouvoir être contenus par le sys-tème conscient caractérisé par sa capacité à élaborer.

Si dans un cas on observe l’augmentation des déficitscognitifs et dans l’autre la montée en puissance des processusinconscients, on peut dire que les uns et les autres sont auchevet d’une lampe dont la lumière vacille et s’estompe : laconscience (de soi).

Ce phénomène, actuellement objet d’un regain d’intérêtnotamment de la part des neurosciences, ne peut être lapropriété d’une discipline. Pour recueillir l’expression de laconscience de soi chez le sujet dément, nous adopterons unedémarche idiosyncrasique afin de préserver au maximum laspécificité de chaque sujet. À ce titre le dément est certaine-ment le mieux placé pour relater son expérience existentielle,son vécu. Qui mieux que lui peut dire qui il est et comment ilse perçoit ? Sa description même lacunaire et parfois incom-préhensible de notre point de vue exprime authentiquementune réalité intime. Le subjectif comme fait en soi tel est leparti pris de la phénoménologie. L’observation des fonction-nements révèle alors des manières d’être [30]. La prédomi-nance de la perception de l’individu comme réalité de baseconstitue d’ailleurs le socle sur lequel reposent les travauxsur le concept de soi [21]. Ces travaux se répartissent selonque le recueil porte sur la perception intra-personnelle del’expérience (Identité personnelle) ou mettent l’accent sur lerôle d’autrui dans le façonnage de l’identité (Identité so-ciale). En demandant au patient dément de décrire qui il estafin d’accéder à la conscience qu’il a de lui-même dans sasituation actuelle, nous optons pour une étude du concept desoi personnel. Dans ce cadre, L’Écuyer [17,18,20] proposeun modèle issu de la théorie de W. James définissant le soicomme « l’expérience intime d’être et de se reconnaître endépit des changements » [19]. À l’aide de l’introspection,W. James [16] décrit chez l’adulte cette expérience de la prisede conscience comme une donnée immédiate, un fait brutqu’il qualifie d’état. Ces « états » de conscience s’exprimentselon une succession ininterrompue, plurielle et mouvante,qui nécessite une entité fédératrice, le « JE » ou Soi. Le « JE »innerve le « Moi » ou plus exactement les « Moi(s) » carac-térisés par des expériences particulières, corporelles, affecti-ves et sociales : le Moi qui a froid, le Moi qui aime ou hait,celui qui commande ou obéit... Ces « Moi(s) » appartiennentnon seulement au présent mais également au passé et aufutur : celui qui travaillait, a eu des enfants, aimait lire oucelui qui ne pouvant s’imaginer en institution voudrait mou-

rir dans sa maison, celui qui luttera pour maintenir ses capa-cités... Cette déclinaison de soi-même réalise une véritablecollection, facettes de soi dans différentes situations, quis’amplifie au fur et à mesure de l’avancée en âge. Comments’établit une continuité et s’instaure la conviction intimed’être soi-même, c’est-à-dire distinct des autres et en celaunique (soi), et cependant doté d’une continuité par-delà lesinnombrables modalités d’expérience (même) ? Le Je ou Soiest inféré des conduites où il réside implicitement. L’individule perçoit comme une entité qui donne une consistance à lamultitude de ses expériences. Cette fonction organisatrice,comme en sous-main, est l’objet des études sur le concept desoi, notion qui opérationnalise la conscience de soi.

Le concept de soi est alors la perception que le sujet a delui-même et peut être décrit comme un ensemble de caracté-ristiques, de traits personnels, de rôles, de valeurs, etc. que lapersonne reconnaît comme faisant partie d’elle-même. Lemodèle proposé rend compte d’une organisation multidi-mensionnelle, hiérarchisée en trois niveaux : cinq structures,10 sous-structures et 28 catégories.

Les catégories correspondent aux différents types d’énon-cés auxquels une personne peut avoir recours pour se décrire.Elles sont regroupées en sous-structures, elles-mêmes répar-ties en structures. D’une manière générale la structure « Soimatériel » correspond aux références corporelles et aux dif-férentes possessions. Le « Soi personnel » renferme lescaractéristiques les plus internes formulées par la personne.Le « Soi adaptatif » regroupe les actions que l’individu poseconformément aux perceptions qu’elle a d’elle-même, le« Soi social » réunit les perceptions de soi liées à des aspectssociaux tandis que le « Soi-non-soi » rassemble les énoncésoù le sujet parle de lui-même par personne interposée.

Dans une première recherche [8] nous avons vérifié lafaisabilité du recueil des données auprès de ce public car lathéorie du concept de soi comme le protocole sont issusd’une population non-pathologique. La méthode « Genèsedes Perceptions de Soi » (GPS) permet d’obtenir un discoursdu sujet dément sur lui-même, production qui peut être ana-lysée à l’aide du modèle de L’Écuyer. C’est une méthodeautodescriptive qui consiste à demander à la personne de sedécrire telle qu’elle se perçoit en réponse à la question « Quiêtes-vous ? ». Réalisée en temps libre, la description plus oumoins longue permet à la personne d’exprimer divers aspectsd’elle-même. Pour les enfants et les personnes âgées, l’auteurpréconise d’associer le test des limites qui consiste à formu-ler une liste d’items en indiquant que « certaines personnesparlent de... » (cf. le protocole ci-joint). L’objectif est d’assu-rer la validité expérientielle des perceptions centrales [19].Puis nous avons testé dans une seconde étude la stabilité dansle temps des profils obtenus par une procédure longitudinale[9]. Les profils sont organisés autour de trois structures : le« Soi personnel », le « Soi-non-soi » et le « Soi matériel ».Ces données recoupent les précédents résultats. À partird’une étude de cas [11] nous avons montré que le discoursrecueilli n’était pas lié à la méthode. En enregistrant lesséquences inopinées de Berthe, nous avons mis en évidence

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que son discours s’organisait autour d’éléments saillantsapparus avec la méthode GPS.

Dans la présente étude nous avons transcrit l’ensemble duprotocole de Claudie produit à l’aide de la méthode GPSassortie du test des limites. Elle est utilisée comme un dispo-sitif d’amorçage. Mais plutôt que d’en faire l’analyse à l’aidedu modèle de L’Écuyer, c’est-à-dire en découpant le texte encatégories, elles-mêmes regroupées en sous-structures puisen structures, nous proposons un autre type d’investigation.L’analyse sémantique de contenu permet de dépasser lecontenu manifeste pour atteindre un sens implicite, une lec-ture au second degré. Pour construire cette analyse, nousutiliserons le modèle de Tap qui assimile l’identité « à unsystème de sentiments et de représentations par lequel le soise spécifie et se singularise » [27] à travers sept dimensionsfondamentales [28] :

• l’identité personnelle s’instaure à partir d’un sentimentde continuité, de permanence établi par la remémora-tion, l’utilisation du présent et l’élaboration du futur ;

• elle implique un sentiment d’unité et de cohérence quifédère des expériences diverses ;

• elle est organisation dynamique de rôles, de positionsmultiples ;

• elle se constitue dans l’opposition, base de l’affirmationde soi et de l’autonomie ;

• elle s’enracine dans l’action et la production d’œuvres ;• enfin elle s’institue comme valeur dans la mesure où

l’individu a besoin de se sentir reconnu pour forger sapropre estime de soi.

L’identité personnelle délimitée par ces constituants fon-damentaux permet d’accéder à une certaine forme de cons-cience de soi. Ces dimensions constitueront le canevas del’analyse de contenu du protocole de Claudie. Partant ducontenu manifeste, nous faisons l’hypothèse d’atteindrel’implicite d’une organisation psychique encore opérante.

2. Protocole de Claudie (GPS et test des limites)

Le protocole de Claudie, 89 ans, atteinte d’un syndromedémentiel, présente des résultats aux épreuves psychométri-ques qui confirment le versant déficitaire. Au MMS, elleobtient 9 et à la BEC 35. Le premier est un questionnairegénéraliste très utilisé dans la pratique gérontologique, lesecond est une batterie d’évaluation cognitive composéed’épreuves induisant des activités mnésiques, organisatriceset verbales. Rappelons qu’un score inférieur à 20 au MMSsignale des aspects pathologiques et à la BEC, un déficitmoyen est déterminé par un résultat inférieur à 60. À partir dece récit enregistré, nous dégagerons la logique identitaire enjeu.

2.1. GPS

– Qui êtes-vous ?– On s’appelait H. Je suis de 1907, ça me fait combien...

77 ans. Moi j’ai fait des enfants, trois enfants, des jumeaux.

Je disais toujours si un jour je me marie, je veux avoir desjumeaux. Maman m’a dit tu as été bien écouté car vraimentc’était trop. Il a fallu que je travaille dur et mon mari aussi.Papa était maréchal-ferrant. C’était pas un métier, c’était unbeau métier, mais c’était pas un métier de riche. C’est pourdire en résumé que j’ai eu une jeunesse heureuse, biencomme il faut, et puis j’arrive là, et puis volée. Moi quivolerai pas un sou. J’ai appris la couture, la broderie. J’ai étéà l’école jusqu’à quel âge, je sais pas moi, un certain temps,j’ai passé mon certificat d’étude et puis Maman m’a gardée.Et puis je me suis mariée et puis j’ai eu des enfants, j’ai eu desjumeaux quand ils vont savoir ça. Il y a Jean, et puis l’autre, jecrois bien que c’est Marc. Oh je me rappelle plus, oh c’esthonteux de ne pas se rappeler ses enfants. Je suis sous le coupd’un vol.

2.2. Test des limites

a. Dans tout ce que vous venez de me dire, qu’est-cequi est le plus important pour vous, qu’est-ce quivous tient le plus à cœur ?Toute ma vie, j’ai fait des enfants, je me suis mariée, ona tout ça, j’ai un garçon et puis après des jumeaux, alorstrois enfants, et puis la couture et la broderie parce queMaman voulait pas que je travaille (au-dehors).

b. Sinon on peut parler de votre corps, de votreapparenceBien raisonnable, bien propre, c’est tout ce que je peuxdire.

c. On peut parler de votre santéOui, je touche du bois, elle n’est ni bonne ni mauvaise.Elle est entre les deux. J’ai bien travaillé pour ça…Maman elle voulait pas qu’on travaille deux journéesdans une.

d. On peut parler de ce que vous possédezJ’en sais rien. Mon argent. Pas quelque chose de pré-cieux. On m’a volé mon argent. Sinon j’ai des robes, dutissu, rien n’a été touché.

e. On peut parler des gens que vous connaissezOh non, oh bah oui, à la campagne vous savez on seconnaît tous.

f. On peut parler de vos souhaits, de vos ambitionsJ’étais pas envieuse, j’avais mes enfants, trois enfants.Ils étaient mignons comme tout. Jean c’est l’aîné, Mi-cheline la deuxième et les jumeaux. J’ai perdu Bernard,on a toujours des malheurs, vous savez bien.

g. On peut parler de ce que vous faites, de vosactivitésJ’ai appris à broder, après maman m’a appris à coudre,chez les couturières de campagne, et puis après je mesuis mariée.

h. On peut parler de vos qualités et de vos défautsJe ne dois pas en avoir beaucoup. Non, je travaillebeaucoup, je suis courageuse. Maman voulait pas qu’ontraîne.

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i. On peut parler de ce que vous ressentezJe me sens mal aujourd’hui d’être volée. J’ai plus d’ar-gent à la banque. Je ne sais pas où chercher. J’ai unchagrin de vieillesse, toute seule, c’était difficile, maisenfin je ne crois pas que je reviendrai toute seule.

j. On peut parler de vos responsabilitésOh oui, mon mari me laissait tout faire, toute seule, enplus je suis veuve. Je me rappelle plus, aujourd’hui j’aila tête vide… Mon mari est mort. Maman et Papa sontmorts, maman aussi mais ils étaient vieux, et puis arrivélà : volée ! Ben ça j’en reviens pas !

k. On peut parler de vos réflexions sur vous-même, dece que vous pensez de vous ?Je suis à moitié folle, je vous assure, il faudrait que jetéléphone à Micheline, c’est tout ce que je peux vousdire, oh ma tête, ma tête…

2.3. Analyse de contenu

Après une première lecture nous pouvons noter d’abord larelative homogénéité du propos. Même si des répétitions, descontradictions, voir des expressions stéréotypées apparais-sent, Claudie est en phase avec les inductions proposées. Cen’est pas un éclair de lucidité dans un océan de divagationsmais bien une présentation globale d’elle-même où surgis-sent des secteurs privilégiés. D’abord le passé avec l’enfanceoù sont évoqués la relation aux parents, les activités, lesapprentissages puis le mariage, la maternité avec la naissancede jumeaux. Dans le présent sont abordés les thèmes du vol,de la solitude ainsi que l’impossible retour au domicile. Si lepassé prédomine, l’actuel et le futur sont posés, témoignantd’une capacité à se situer dans une temporalité différente del’aptitude à se repérer dans le temps du calendrier. Celui-ciest comme redoublé par un sens du temps vécu.

Dans un deuxième registre, Claudie se réfère à deux per-sonnages antérieurs, deux « Moi(s) » passés que l’on pourraitdéfinir par les expressions « fille de » et « mère de ». Ens’inscrivant dans une lignée, l’individu dispose de deux repè-res inaliénables qui sont « provenir de » et « se poursuivre àtravers ». La biographie individuelle devient un maillon dansune chaîne de générations desserrant le tragique d’un passérévolu et d’une vie qui s’achève. Pour Claudie, les événe-ments de sa naissance et de ses maternités permettent dedécrire une trajectoire existentielle, une axiologie d’où peutémerger et perdurer un sentiment de permanence. Car finale-ment ces événements auxquels on peut assigner une datecontinuent de durer, comme s’étalant dans le temps quipasse, annulant les années, la durée. Le fait d’être « fille de »et « mère de » permet à Claudie d’opérer une maîtrise de satemporalité, base du sentiment d’identité [28]. Ces deuxcomposantes sont centrales, inscrites dans la chair en deçàdes mots et de la pensée, à la fois événements et hors dutemps, elles « vectorisent » et condensent l’identité.

Dans un troisième registre le thème du vol est redondant.Vol de facultés comme la mémoire ? Vol d’argent ou de biensmatériels ? Des choses ou des fonctions font défaut. Deschangements sont perçus entre un état antérieur et un état

actuel. Aucun coupable n’est désigné, seule apparaît laconcomitance entre l’arrivée en institution et le vol. Bien sûron pourrait évoquer des mécanismes de projection et declivage dans un contexte général de régression... Mais onpeut également développer que les changements perçus (neplus avoir de mémoire, ne plus gérer les actes de la viequotidienne, etc.) provoquent une tension qui amène à cir-conscrire l’étrange en moi (cf. « je suis à moitié folle »).Délimiter le Moi du non-Moi, se différencier constitue nonseulement une phase majeure dans l’émergence de la cons-cience de soi mais également un programme permanent dechacun. En désignant non pas un responsable mais un étran-ger à ce qu’elle est (ses valeurs, ses fonctionnements),Claudie manifeste un sentiment d’intégrité inversé. En poin-tant des manques, elle indique la perception de changementset exprime une capacité préservée à effectuer une sorte desoustraction existentielle. Que cela soit encore possibleamène à formuler l’hypothèse d’un témoin capable d’activerce qui a été à la faveur de ce qui n’est plus et d’effectuer desopérations dessus, des constats. Ce témoin doit nécessaire-ment être distinct des entités qu’il énonce.

Dans un quatrième registre on peut sans peine rabouter lesbribes du discours de Claudie sur elle-même pour en montrerles complicités avec le modèle de L’Écuyer. La thématiquedu vol renvoie à la possession c’est-à-dire au Soi matériel.Les activités, les aptitudes, dénominations et rôles configu-rent le Soi personnel tandis que l’inscription dans le transgé-nérationnel définit la structure Soi-non-soi. À travers cesfacettes elle esquisse un système d’identités multiples à labase de l’identité personnelle. Elle se perçoit comme déten-trice de savoir-faire, à l’origine d’un certain nombre d’ac-tions. Mais au-delà d’une connivence technique, il est inté-ressant de montrer comment la conscience de soi traverse lesregistres pour s’afficher. Le concept de soi est juste un outilimparfait pour mettre en valeur à travers les catégories duvécu un système de liens et plus, l’organisation même de lavie de relation. Par-delà déficits cognitifs et difficultés diver-ses Claudie se sent vivre une expérience. Actuellement, elleest consciente de quelque chose (cf. le thème de vol) quitémoigne de valeurs auxquelles elle continue de s’identifier(honnêteté, être une « bonne mère », courageuse...). Elle sesait aussi inscrite dans le temps, poursuivant une trajectoirequi se prolongera après elle. Dotée d’une histoire, « tempo-ralisée », elle demeure consciente non seulement de ses« Moi(s) » antérieurs, de ses personnages passés mais égale-ment d’être quelqu’un comme le montre l’appel téléphoni-que à Micheline, sa fille. Être consciente de quelque chose,d’une part, et être conscient d’être quelqu’un qui est soi-même, d’autre part, sont les deux dispositions qui fondent laconscience de soi. On en retrouve les éléments chez Claudie.

La lecture de ce protocole à l’aide d’une grille d’analysespécifique amène un autre regard sur l’identité de Claudie.En effet nous pouvons repérer quelques-uns des axes quifondent son identité personnelle selon le modèle de Tap :

• le sentiment de continuité avec notamment l’inscriptiondans un lignage ;

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• la sensation d’une intégrité à travers la perception desmanques ;

• les rôles et fonctions assumées ;• le fait de se sentir à l’origine de réalisations ;• les valeurs auxquelles elle s’identifie ;• celles-ci l’amenant à se distinguer des autres ;• et à s’affirmer comme une entité singulière.

3. Discussion

Le présent travail peut amener des questions méthodolo-giques et théoriques.

3.1. Tout d’abord, quelle véracité accorder à ces propos ?

L’approche auto-descriptive est fondée sur le fait que lepropos est organisé selon des lignes significatives pour sonauteur. C’est donc toujours le point de vue du sujet qui prime,sa manière d’agencer, de mettre en évidence ou de masquertel aspect de lui-même. De plus, ici pour Claudie, un certainnombre de faits sont aisément vérifiables comme le statutfamilial et professionnel.

3.2. Le protocole étudié a-t-il été réalisé par une personneprésentant un MMS à 9 ?

Effectivement cela pose questions... Une attention spé-ciale doit être accordée aux conditions de recueil. La notionde situation est centrale, définie comme un ensemble deconditions qui confère au moment des caractéristiques in-comparables. À l’inverse du cadre expérimental théorisé parC. Bernard [3] où l’observateur–expérimentateur est exté-rieur au phénomène étudié, nous pensons que le propre denombre d’expériences humaines réside dans le caractère uni-que et à la limite ineffable de la rencontre entre un humain etun autre humain ou un objet. Cette capacité de participation àl’instant s’offre alors dans la densité d’une présence quiconstitue le fondement même du sentiment de soi et éclate lescadres usuels de la perception [11]. C’est un débat ancienformalisé par W. Dilthey [4] dans l’opposition « explicationet compréhension » en Sciences Humaines.

Pour notre part, nous avons procédé aux aménagementssuivants :

1. prendre le temps – bien avant toute passation – d’établiret de maintenir une relation ressentie favorablement parle sujet âgé ;

2. les épreuves psychométriques utilisées (BEC et MMS)placent les sujets dans des zones qui laissent supposerune déficience cognitive pathologique ; cependant cesont ceux qui disposent d’un minimum d’efficienceverbale qui sont choisis ;

3. à la question « Qui êtes-vous ? » est systématiquementassocié le test des limites mis au point par L’Écuyerpour les publics jeunes et âgés.

Notons au passage comment un chiffre peut induire unereprésentation alors qu’il signale un déficit cognitif dans

certaines conditions de production. À l’évidence la méthodeGPS comprise comme un dispositif d’amorçage a modifié lescapacités de Claudie à se présenter à autrui.

3.3. Cette étude est un exercice de style qui ne change rienà la réalité quotidienne d’une pathologie

1. Ce travail n’est pas une recherche appliquée mais a pourobjet de questionner notre conception du dément àpartir de faits. Rappelons à ce propos que la démence dumême nom a débuté avec la présentation par AloïsAlzheimer d’un malade –Auguste D. – à une réunion demédecins aliénistes en 1906 à Tübingen...

2. Nous souhaitons attirer l’attention sur le fait que toutcomme un sujet atteint d’une cardiopathie ne saurait serésumer à n’être qu’un cardiaque, le patient âgé défici-taire ne saurait être qu’un dément. Ici nous sommes àl’intersection entre une présentation déficitaire [24] etl’activité d’interprétation autorisée par des représenta-tions collectives. D’ailleurs cette réification du sujet serévèle être un redoutable poison pour l’aidant familialou professionnel, pouvant aboutir à une minéralisationdes pratiques comme le soulignent différentes enquêtes[1,12].

3. Ce travail ouvre à une réflexion sur l’implicite. En effet,Claudie dispose d’un stock de connaissances à proposd’elle-même, un savoir familier [5]. Celui-ci est encoredisponible et accessible si on modifie le contexte. Enproposant comme dispositif d’amorçage la méthodeGPS, la performance change, insinuant l’idée que levieillissement n’est pas qu’une affaire individuelle.L’auto-description n’est ni formelle, ni stéréotypée àl’instar d’un dévidage grippé d’informations. Claudieparticipe à cette énonciation, fait corps avec. À l’infor-mation qui consacre la distance et ouvre à « la considé-ration sur » s’oppose l’émotion qui fonde la proximitéet l’implication.

4. Ces connaissances autobiographiques font émerger,comme condition nécessaire de leur élaboration, uneentité que l’on peut désigner comme le sentiment de soi[2]. En effet, l’énonciation d’un savoir sur soi dévoilenon seulement une connaissance mais aussi, en arrière-fond, un sentiment implicite de propriété. Il y a sensa-tion qu’il se passe quelque chose dans l’entité où « ça »se déroule. Je suis à moitié folle nous dit Claudie... Le« Je » impulse l’énoncé en se posant comme auteur dudiscours et observe la pièce de théâtre sans s’identifieraux acteurs : la demi-folle et l’autre... Le sentiment desoi naît d’une évidence, de la sensation intime d’êtrepropriétaire de tout cela. C’est une connaissance impli-cite corrélative à toutes les formes d’activité, qu’ellessoient intentionnelles ou automatiques, mentales oubiologiques. Le sentiment de soi délimite un cadre où« ça » se passe en doublant tout ce qui se passe dusentiment même « d’être possesseur de cela ». Ce do-maine est donc relativement autonome par rapport aux

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fonctions cognitives. L’élaboration mentale et sonénonciation sont postérieures à l’expérience de fairecorps avec. « Toute ma vie j’ai fait des enfants » : iciClaudie énonce ses maternités avec la tranquille assu-rance qu’accorde le fait d’être propriétaire de cetteexpérience. Celle-ci peut s’éparpiller en de nombreuxsouvenirs possédés, mais elle est plus encore un étatd’être, un tout.

5. Avoir eu des enfants et être mère sont deux niveaux deconscience différents d’une même expérience subjec-tive définie par la notion de qualia, « un état qualitatifde sensibilité et de connaissance immédiate » [25].Avoir eu des enfants est une conscience assortie à unobjet, l’autre ; être mère, une sorte de bain dans lequelse placent et se déplacent toutes les expériences posté-rieures au premier accouchement. Dans les deux cascette conscience est liée à un objet, assignée, c’est une« conscience de » inscrite dans le temps [7].

6. La conscience de soi n’en est finalement qu’une formeélaborée, conscience de conscience ou conscience à lapuissance deux, c’est-à-dire où le soi est un objet parmid’autres. La conscience s’identifie avec les réalisationsque sont par exemple tous les événements et dévelop-pements relatés par le sujet lui-même. La conscience desoi nécessite un déploiement dans le temps – passé,présent, futur – auquel correspondent des modalités defonctionnement (et donc de connaissances) : rétrospec-tif, autothétique, prospectif. La conscience de soi s’in-carne dans une individualité vivante qui fédère et unifieune multitude d’expériences mais elle inclut nécessai-rement la possibilité de négation. La psychologie del’enfant enseigne combien est fondatrice cette expé-rience du non-soi pour affirmer, découper et extraireune entité individualisée du magma initial. Toutes lesfois où il y a une « conscience de », archaïque etinaudible ou structurée et formulée, celle-ci est systé-matiquement redoublée d’une négation de cette « cons-cience de ». La conscience de soi à chaque instants’érige sur cette possibilité toujours présente qui ac-compagne le sujet telle une ombre.

7. La négation de la « conscience de » comme possibleimplicite nécessite un substrat pour exister. L’asser-tion p en s’affirmant pose non p : qu’est-ce qui contientalors l’ensemble p non p ? L’espace qui héberge n’estpas identifiable à une entité ou à sa négative (la cons-cience de soi en même temps que la non conscience desoi) mais peut s’assimiler à des localisations temporai-res, réelles ou potentielles. Cela amène à postuler unespace apte à accueillir toutes les déterminations quel’on pourrait définir comme une conscience non assor-tie d’une désignation ou du moins s’y exprimant sanss’y résorber. Cette conscience serait une totalité conte-nant à la fois ce qui est (explicite) et ce qui n’est pas(implicite) car la conscience de quelque chose posesimultanément la négation de la conscience de cette

chose. Être conscient de soi, c’est délimiter un non soicondition de l’émergence d’une individualité vivante.

Aux tenants d’une conception du dément décrit comme unindividu déchu, appauvri, subsistant fonctionnellement,Claudie oppose un être qui existe, c’est-à-dire qui peut tou-jours se porter au dehors de lui-même et ainsi poser laquestion de son rapport à soi. Quand chez le sujet dément lesfonctions cognitives se délitent et avec elles les formes lesplus élaborées de la « conscience de », l’individu se cantonnedans des registres émotionnels où se poursuit son implicationexistentielle dans un univers bipolarisé. La permanence dusujet subsiste dans ces lieux de résidence [14] que sont lesradotages, les restes de savoir du passé, les stéréotypiesgestuelles et langagières...

4. Conclusion

L’étude du protocole de Claudie nous a amené à évoquerdifférentes notions. Le concept de soi, ensemble de percep-tions formulées et aboutissant à une figuration personnalisée,nous a permis à l’aide de la méthode GPS de proposerun dispositif inducteur. L’identité personnelle met l’accentsur la dimension historique de cette élaboration et en souli-gne le caractère dialectique : changement/continuité,diversité/unicité, autonomie/hétéronomie... Cette notionnous a permis de construire un canevas d’analyse et de mettreen évidence un sentiment de soi chez Claudie. Le sentimentde soi peut être défini comme le sentiment intime d’êtrepropriétaire de, illustré ici notamment dans le fait d’être« mère de ». Cette présence diffuse, implicite, est occasion-née par n’importe quelle activité, biologique ou intention-nelle, qu’elle redouble à la manière d’une ombre.

Tous ces éléments nous permettent d’affirmer que Claudiedispose encore d’une conscience : elle est capable de perce-voir des contrastes, de les qualifier affectivement et d’établirles contours d’une organisation historique de son identitéautour de pôles saillants. La conscience comme détermina-tion est présente dans l’actualisation de liens, conscience dequelque chose et conscience d’être quelqu’un.

Mais cette « conscience de » est naturellement lacunairedans la mesure où, en se proclamant, elle affiche sa négation.Les variations concomitantes de l’affirmation et de la néga-tion dévoilent alors un espace qui est le lieu de ces déroule-ments, un champ [6], sorte de conscience en valeur absoluequi ne peut se résorber dans aucune actualisation spécifiqueen même temps qu’elle les suscite toutes. Cette hypothèsepeut paraître audacieuse mais peut-on identifier les nuagessillonnant le ciel à l’espace qui est sous-jacent ?

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