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1 Muriel OHANESSIAN DESS Développement Culturel et Direction de Projet ARSEC / Université Lumière LYON 2 Année 2003-2004 LA DIFFUSION DU COURT METRAGE Directeur de mémoire: Max Sanier Maître de conférences en Sciences de l’Information Institut d’Etudes Politiques de Lyon

LA DIFFUSION DU COURT METRAGE - Overblogdata.over-blog-kiwi.com/0/53/43/16/201305/ob_0ac4aa_la... · 2019. 9. 18. · LA DIFFUSION DU COURT METRAGE Directeur de mémoire: Max Sanier

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1

Muriel OHANESSIAN

DESS Développement Culturel et Direction de Projet

ARSEC / Université Lumière LYON 2

Année 2003-2004

LA DIFFUSION

DU COURT METRAGE

Directeur de mémoire�: Max Sanier

Maître de conférences en Sciences de l’Information

Institut d’Etudes Politiques de Lyon

2

Je tiens à remercier tout particulièrement Max Sanier, mon directeur de mémoire, et

Laurent Hugues pour sa généreuse et précieuse aide.

Merci encore à�: Maya Abgrall, Stéphane Cayrol, Olivier Chané, Didier Kiner, Christophe

Liabeuf, Carl Lionnet, Colette Périnet, Cyril Peyramond, Vincent Raymond, Colas Rifkiss,

Damien Steck, Roger Sicaud, Geneviève Villard, et Thierry Voissat, pour le temps qu’ils

ont bien voulu m’accorder.

Et enfin, et surtout, à Victor et Rémy

3

SOMMAIRE

Introduction p. 6

Contexte de recherche p. 9

I PRODUCTION ET FINANCEMENT DU COURT METRAGE p. 11

1. La production p. 10

1.1 La recherche d’une société de production p. 13

1.2 Créer sa propre société de production p. 14

1.3 Le contrat de cession de droits d’auteur p. 15

1.4 Les formalités p. 16

1.4.1 Avant la réalisation du court métrage p. 16

1.4.1.1 Immatriculation du film et inscription

des contrats de cession de droits d’auteur au R. P. C .A p. 16

1.4.1.2 L’autorisation de production p. 17

1.4.2 Après la réalisation du court métrage p. 18

2. Le financement p. 20

2.1 Les aides avant la réalisation p. 20

2.1.1 Le C. N. C. p. 20

2.1.1.1 Présentation et historique du C. N. C. p. 20

2.1.1.2 L’aide sélective avant réalisation

dite «�contribution financière�» p. 22

2.1.2 Le COmpte de Soutien à l’Industrie

des Programmes audiovisuels (C. O. S. I. P) p. 22

2.1.2.1 Les aides sélectives à la production

ou subventions d’investissement p. 23

2.1.2.2 Les aides automatiques à la production

ou subventions de réinvestissement p. 23

4

2.1.3 Autres aides p. 24

2.1.3.1 Le Groupe de Recherches et

d’Essais Cinématographique (G. R. E. C.) p. 24

2.1.3.2 Le Défi jeunes p. 24

2.1.3.3 L’Administration des Droits des

Artistes et Musiciens Interprètes (A.D.A.M.I.) p. 25

2.1.3.4 L’association Beaumarchais p. 26

2.1.3.5 La Société des Producteurs de

Cinéma et de Télévision (P. R. O. C. I. R. E .P) p. 26

2.1.4 Les aides des collectivités p. 27

2.2 L’aide à la post production p. 28

2.2.1 Le Prix de Qualité p. 28

II. La diffusion actuelle du court métrage p. 29

1. Les moyens de diffusion p. 29

1.1 L’Agence du Court Métrage p. 29

1.2 Les salles de cinéma p. 32

1.2.1 Une diffusion réglementée p. 32

1.2.1.1 Décret n°99-130 du 24 février 1999 p. 32

1.2.1.2 L’agrément de diffusion p. 33

1.2.1.3 La taxe Spéciale Additionnelle p. 33

1.2.2 La situation actuelle p. 34

1.2.3 Les cinémas «�Art et Essai�» p. 35

1.3 Les festivals p. 37

1.3.1 Le Festival International du film Court

de Clermont-Ferrand p. 38

1.4 Les animations ponctuelles p. 40

1.5 La télévision p. 41

1.6 Internet p. 47

1.6.1 Les sites diffuseurs/distributeurs p. 48

1.6.2 Les sites diffuseurs en flux p. 49

5

1.6.3 Les sites diffuseurs en stock p. 49

1.6.4 Les sites informatifs consacrés

au court métrage et au cinéma p. 49

2. Une vraie diversité de la diffusion p. 51

2.1 Des commanditaires variés p. 51

2.2 Des locations en augmentation p. 52

2.3 Une diversité des films loués p. 53

III. Les frustrations du court métrage… p. 55

1. Une mémoire courte p. 55

1.1 Le vieillissement des films p. 55

1.2 Une valeur historique peu reconnue p. 57

1.3 Le court�: symbole d’une époque mais objet transitoire p. 58

1.4 Une absence de communication p. 60

2. Une économie en marge p. 62

2.1 Une économie associative p. 62

2.2 Un cadre légal flou p. 63

3. Une «�liberté conditionnée�» p. 65

3.1 L’ «�uniformité de la production�» p. 65

3.2 Le système du tri sur scénario p. 66

IV. Des perspectives pour une meilleure diffusion… p. 68

1. Revoir le cadre légal p. 68

1.1 Réformer le «�1%�» p. 68

2. Pour mieux diffuser… p. 70

2.1 Une aide supplémentaire au tirage des copies p. 70

2.2 Décentraliser la diffusion… p. 71

Conclusion p. 74

Bibliographie p. 76

Webliographie p. 77

Annexes p. 79

6

INTRODUCTION

D’après le Décret du 28 mai 1964 portant définition des films de long et court métrage,

article 1�: «�Sont considérés comme (…) films de court métrage les films qui pour un

format de 35 mm ont une durée inférieure à mille six cent mètres ».

Traduit en terme de durée, sont considérés comme courts métrages, les films

n’excédant pas soixante minutes.

Au cours des années 60, le court métrage, a permis à certains jeunes talents de l’époque

dénommés Jean-Luc Godard, François Truffaut ou encore Alain Resnais de voir le jour.

Projeté alors en première partie de programme dans les salles de cinéma françaises, ce

format cinématographique particulier, offrait toute liberté de création et d’expression

artistique à ces auteurs.

Dix années plus tard, le court métrage disparaît petit à petit du grand écran, remplacé

par l’arrivée massive des publicités, qui annoncent une ère nouvelle, celle de l’entrée du

cinéma dans un champ commercial, au détriment du champ artistique et culturel.

A l’origine de l’histoire du cinéma, le court métrage, lieu par excellence de

l’expérimentation, du risque et du renouvellement souffre depuis toujours d’un manque

de crédibilité.

Considéré tantôt comme un exercice de style, comme un brouillon ou comme un essai, le

format court est en mal d’identité.

7

«�Pour qu’un film existe, il faut qu’il soit vu…�».

Tenter de saisir la réalité de la diffusion du court métrage en France, est une

entreprise audacieuse.

Alors que pour un long métrage, tout est quantifié, le nombre de copies, le nombre de

sorties en salles, le nombre d’entrées, le nombre d’articles dans les journaux, le nombre

d’extraits présentés sur les chaînes télévisuelles…, dans l’univers du court, rien de tout

cela n’existe, on flotte dans l’approximation…

Le monde du court métrage se caractérise par un paradoxe flagrant.

Le format court n’a toujours pas trouvé sa place dans le secteur cinématographique, car

il n’a toujours pas trouvé sa viabilité économique.

Trop peu rentable pour les exploitants de salles, il disparaît au profit des espaces

publicitaires.

Programmé à des heures tardives sur les chaînes de télévision, il ne semble pas retenir

l’attention du grand public, et pourtant, la production française des films courts est une

des plus dynamiques du monde, en quantité, comme en qualité.

La multiplication des festivals et autres manifestations liées au genre, ainsi que les

échos grandissants dans les médias, attestent de sa vitalité.

Ne bénéficiant d’aucune communication, à la recherche de son public, le court métrage

français s’est pourtant professionnalisé depuis ces vingt dernières années.

Dans les années 80, il avait un statut très marginal, il n’était pas viable économiquement.

A cette époque, de jeunes réalisateurs comme Eric Zonca, François Ozon… qui avaient

fait leurs preuves dans le court, ont remportés de vifs succès dans le long.

Ils ont entraîné dans leur sillage une redéfinition du court, comme carte de visite du

long métrage, marche trompeuse vers la gloire… , et des sociétés de production se sont

impliquées dans le format court.

L’ambition de ces dernières étant d’accompagner les jeunes cinéastes jusqu’au long

métrage.

8

A la fois tremplin et espace de liberté, la réalisation d’un court métrage demeure, pour

les auteurs débutants comme pour les techniciens, une véritable opportunité, une porte

s’ouvrant sur le monde du cinéma et de l’audiovisuel.

Depuis la fin des années 80, c’est un milieu très organisé, très encadré, largement

institutionnalisé.

L’Etat et les collectivités territoriales subventionnent, les régions aident…

Pour l’année 2003, la production de courts métrages français s’est élevée à quatre cent

vingt-cinq films, contre trois cent cinquante films en 2002.

Le financement global représente plus de onze millions d’euros, dont les 2/3 sont issus

de subventions publiques.

90% des films courts ayant obtenu le visa d’exploitation du Centre National de la

Cinématographie sont des courts métrages de fiction, 7% sont des films d’animation, et

3% sont des documentaires.

La durée moyenne d’un tournage de court métrage est de treize jours, la durée moyenne

d’un film est de seize minutes et l’âge moyen des réalisateurs oscille entre trente et

quarante ans.

A travers la recherche consacrée au problème de la diffusion du court métrage, nous

tenterons de cerner son identité et son statut si particulier, qui en font une forme

d’expression unique et libre…

Comment est produit et financé le court métrage�?

Qui sont ses financeurs�?

Quelle peut-être leur influence dans la démarche artistique�?

Quel est le poids réel de l’économie dans la diffusion des formes courtes�?

Qui sont les principaux diffuseurs�?

Quelles perspectives envisager pour une meilleure diffusion�?

Comment garantir la pérennité de cette forme particulière d’expression

cinématographique�?

9

CONTEXTE DE RECHERCHE

L’intention de ce mémoire de fin d’année, était au départ de traiter de la diffusion du

court métrage, dans l’agglomération lyonnaise.

Le sujet s’est depuis élargi au problème plus global de la diffusion du court métrage en

France.

En effet, les différents acteurs rencontrés pour la réalisation de ce mémoire, ont tous

souhaité aborder le problème de la diffusion du format court, non pas comme un

problème local, mais bien comme un problème national.

Surprenant de prime abord, cela en fait est très révélateur d’un secteur en mal

d’identité, difficilement cernable, sur lequel les professionnels ont du mal à s’exprimer.

Alors que la question originelle était la diffusion du court métrage, les personnes

rencontrées pour ce travail de recherche, ont toutes évoqué le problème de la

production du film, et de son impact direct sur la diffusion.

Difficile alors d’envisager la rédaction de ce mémoire sur la diffusion du court métrage,

en omettant de parler de production et d’économie du secteur�!

Un certain nombre d’entretiens m’ont été refusés, principalement par les sociétés de

production qui n’ont «�rien à dire sur le sujet�», mais aussi par les exploitants de salles

de cinéma, qui «�voudraient bien faire quelque chose pour le court métrage, mais qui ne

peuvent pas�».

10

Complètement novice dans le domaine du film court, «�ballottée�» entre des acteurs qui

ne souhaitent pas aborder le sujet, et d’autres pour lesquels le sujet de la diffusion est

intimement lié à la production, je n’ai pu me référer à aucune bibliographie pour cette

analyse.

En effet, il n’existe aucun ouvrage de fonds ou de vulgarisation, sur le court métrage,

pas plus qu’un historique, ou des données statistiques…

Cette recherche s’est donc appuyée essentiellement sur des entretiens que de jeunes

réalisateurs lyonnais, semi professionnels ou professionnels ont bien voulu m’accorder.

C’est donc, par l’entrée de la réalisation que la problématique de la diffusion sera

conduite.

Il est à signaler, pour garder toute objectivité, que le court métrage a été envisagé

dans sa forme, la plus générale, celle de la fiction, et réalisé aux moyens de supports

argentiques.

Discerner la fiction, du documentaire, de l’animation, de la recherche… aurait eu pour

effet d’embrouiller le texte, pour des différences dans le domaine de la diffusion, qui

ne sont pas conséquentes sur la problématique en générale.

De même, ce mémoire ne prend pas en considération le débat qui fait place

actuellement, et qui a du mal à statuer sur l’utilisation de techniques argentiques ou

numériques pour la réalisation des films courts.

Ce choix a été la conséquence de nombreuses discussions avec mes différents

interlocuteurs, mais l’exemple du Festival International du Film Court de Clermont-

Ferrand, qui cette année, n’a pas fait de distinction, en compétition officielle, entre les

films pellicule et les films vidéo, m’a convaincu de traiter le sujet globalement.

Il faut noter également, pour ce qui concerne la diffusion des films vidéo, que les salles

de cinéma ne sont pas équipées actuellement pour programmer ces films, que la vidéo

permet de tourner plus facilement, à frais réduits… mais que la résolution des

problèmes techniques ne règlera pas tous les problèmes…

11

I. PRODUCTION ET FINANCEMENT DU COURT

METRAGE

1. La production

1.1 La recherche d’une société de production

La première étape de la réalisation d’un court métrage, est l’écriture du scénario.

Au-delà de l’histoire même proposée par l’auteur, «�le scénario permet de faire passer

ses intentions, son message, et l’esthétique envisagée pour le film�»1.

Ce premier exercice est le plus périlleux, car le scénario est la pièce maîtresse du court

métrage, celle qui lui permettra de convaincre les comédiens de jouer dans le film,

l’équipe technique de s’investir dans la réalisation, et enfin et surtout les producteurs,

les financeurs et les diffuseurs, de s’intéresser au projet.

Une fois, le scénario construit et rédigé, il existe deux possibilités d’envisager la

réalisation d’un film.

Soit l’auteur possède des fonds propres qui vont lui permettre de commencer le

tournage, soit, il va avoir recours aux différentes possibilités de financement qui

existent dans le secteur cinématographique et audiovisuel français.

1 Colas Rifkiss, réalisateur, Lyon, juillet 2004.

12

Quel que soit son choix initial, la collaboration avec une société de production est

quasiment obligatoire, si son objectif est bien la professionnalisation et la

reconnaissance de son travail, et la diffusion future de son court métrage.

Il existe de très nombreuses sociétés de production cinématographiques en France,

pour la plupart basées dans la région parisienne.

De manière générale, dans l’industrie cinématographique française, «�tout se fait et se

joue à Paris�»2.

Pour la seule région Rhône-Alpes, on dénombre environ trente deux entreprises

spécialisées dans la production cinématographique et audiovisuelle.

En ce qui concerne la production des films courts, ces données chiffrées nécessitent

d’être analysées prudemment car certains points sont à prendre en considération.

D’une part, la majeure partie, soit environ 95% de ces sociétés de production

interviennent exclusivement dans le domaine du long métrage, et d’autre part, certaines

sociétés recensées dans la production de courts métrages ont une durée de vie qui

correspond à la seule réalisation d’un film.

Il faut donc savoir, que les vrais producteurs de courts ne sont pas nombreux, et qu’ils

sont souvent obligés de diversifier leurs activités en produisant des documentaires ou

des films de commande pour la télévision.

De ce fait, «�il n’existe aucune coordination entre les producteurs de courts

métrages�»3, car peu d’entre eux se reconnaissent dans la production de ce format.

L’absence de réseau professionnel dans ce domaine est significative, non pas d’un

désintérêt de la profession, mais plutôt d’une économie si fragile, que peu d’entreprises

peuvent l’assumer�: «�les maisons de production ont envie, mais elles sont frileuses.�»4.

2 Colas Rifkiss, réalisateur, Lyon, juillet 2004.3 Laurent Hugues, coordonnateur du festival de Villeurbanne, Lyon, juillet 2004.4 Damien Steck, réalisateur, Lyon, juillet 2004.

13

Cependant, la recherche de subventions, le montage des dossiers, l’enregistrement du

film en vue de l’obtention du visa d’exploitation auprès du C.N.C… sont des démarches

que seule une société de production (dont le cadre juridique est légal), peut prendre en

charge.

Lorsque qu’un producteur s’engage sur un scénario, il intervient également

artistiquement dans le projet. «�Il a un rôle d’accompagnement dans l’écriture, et c’est à

lui que revient la gestion de la carrière commerciale du film�»5.

Il refuse ou accepte les scénarii qu’il reçoit, mais peut aussi demander une réécriture

partielle de ceux-ci, pressentant l’avis des commissions d’attribution de subvention.

Il ne m’a pas été possible de m’entretenir avec des producteurs de la région, alors que le

problème de la diffusion du court métrage est complètement lié au problème de sa

production.

Les sociétés de production de court métrage, référencées par la Direction Régionale

des Affaires Culturelles de Rhône-Alpes, ont répondu qu’elles ont effectivement produit

un court métrage dans les dernières années, mais ce, à titre occasionnel, «�en

dépannage, pour une connaissance…�», et qu’elles n’ont «�pas grand-chose à dire sur le

sujet�».

«�On retrouve assez fréquemment ce système de copinage dans le milieu du court

métrage. Celui-ci, ne disposant pas d’une économie propre, il fonctionne sur la

débrouille…�»6.

Ainsi, certains auteurs décident de créer eux-mêmes leurs sociétés de production,

lorsque leur travail d’écriture n’a pas su retenir l’attention de ces entreprises, ou bien

alors, lorsqu’ils n’envisagent pas de faire la moindre concession artistique sur leur

travail.

5 Roger Sicaud, conseiller cinéma, D.R.A.C. Rhône-Alpes, Lyon, juillet 2004.6 Geneviève Villard, chargée de mission cinéma, Conseil Régional Rhône-Alpes, Lyon, août 2004.

14

1.2 Créer sa propre société de production

Certaines autres sociétés de production de la région, dont la principale activité serait la

production de courts métrages, ont, pour la plupart, disparu.

Leur existence éphémère était uniquement liée à un produit, un auteur…

En effet, la plupart de ces sociétés ne sont créées que pour donner une existence

juridique à un film, et ne durent que le temps de celui-ci.

De nombreux réalisateurs font le choix de devenir leur propre producteur.

Cela leur donne la possibilité de maîtriser la réalisation de leur film du début à la fin du

projet, mais aussi, la satisfaction de conserver leur liberté de création.

En effet, l’intention sur laquelle porte leur scénario ne sera remise en question par

personne, et ils n’auront pas à faire la moindre concession artistique�: «�Il y a finalement

plus de films autoproduits, que de films produits�»7.

De plus, être son propre producteur évite de signer un contrat de cession de droits

d’auteur et permet ainsi de garder la totalité des droits du film.

De l’avis des réalisateurs rencontrés, «�on ne s’improvise pas producteur, chacun son

métier�»8, «�Il faut bien prendre en considération la masse supplémentaire de travail

que cela présuppose, et c’est du temps qui est forcément pris sur l’artistique�»9.

Effectivement, si devenir son propre producteur évite toute concession artistique, en

revanche, ce sont d’autres concessions en terme d’organisation, de travail, de gestion qui

vont devoir être faites par le réalisateur, souvent novice dans le domaine.

Concevoir des dossiers de demande de subvention auprès du C.N.C et autres financeurs

sont des démarches longues et fastidieuses, souvent procédurières, ou le langage, le

fonds et la forme, résultent pour partie d’un jargon technique administratif spécifique.

De même, la création d’une société de production impose certains frais, qui sont à

ajouter en supplément du budget de production.

7 Damien Steck, réalisateur, Lyon, juillet 2004.8 Olivier Chané, réalisateur, Lyon, août 2004.9Carl Lionnet, réalisateur et producteur, Lyon, août 2004.

15

Il est obligatoire de déposer au Tribunal de Commerce, de faire publier l’annonce de la

création de la société, de payer 1% du capital des impôts…

Tout cela revient environ à huit cent euros non récupérables.

De plus, même si on limite les frais, on doit s’acquitter des taxes et des impôts

incombant aux sociétés.

La bonne volonté et les croyances de l’auteur ne peuvent pallier les insuffisances et les

incompétences professionnelles, ce qui explique en majeure partie l’aspect éphémère de

la plupart de ces sociétés de production recensées.

1.3 Le contrat de cession de droits d’auteur

Le contrat qui scelle la relation auteur/producteur dans le secteur cinématographique et

audiovisuel, que ce soit pour un format long ou pour un format court, est le contrat de

cession de droits d’auteur.

Ce document signifie juridiquement la relation entre un producteur et un auteur.

Il concerne tous les auteurs du film.

Sont considérés comme les auteurs, l’auteur du scénario, ou l’adaptateur, le dialoguiste,

le réalisateur, ou encore le compositeur.

Ainsi, le réalisateur est considéré comme un auteur à part entière, et ce même s’il n’a

pas participé à l’élaboration du scénario.

Le statut d’auteur, contrairement à celui de technicien ou de comédien, implique une

rémunération proportionnelle sur l’exploitation du film, et aucune transaction ne peut

être effectuée par le producteur si au préalable les contrats de cession de droits

d’auteur n’ont pas été signés.

Chaque société de production adapte son propre contrat en s’inspirant des modèles

existants.

Le C.N.C met un modèle à la disposition des producteurs et des auteurs.

Il propose à l’auteur 1% de la recette nette part producteur.

16

Ceci ne correspond à aucune obligation et les pourcentages appliqués, fruits de

négociation souvent difficiles, sont dans la pratique, largement supérieurs.

La S.A.C.D. (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques), spécialisée dans la gestion

des droits d’auteurs, propose également un contrat type rédigé spécialement pour les

auteurs de films de court métrage.

Ce contrat n’est pas toujours apprécié par les producteurs, car il privilégie les auteurs.

Si la S.A.C.D est associée à la signature du contrat, ce qui n’est pas obligatoire, elle se

porte aussi garante du respect des termes de celui-ci et peut apporter une assistance

juridique en cas de litige.

1.4 Les formalités

1.4.1 Avant la réalisation du court métrage

1.4.1.1 Immatriculation du film et inscription des contrats

de cession de droits d’auteur au R.P.C.A

Avant même la réalisation du court métrage et des possibilités éventuelles de

financement, le producteur doit procéder au dépôt de l’œuvre et du contrat de cession

des droits d’auteur au Registre Public de la Cinématographie et de l’Audiovisuel

(R.P.C.A.).

Le R.P.C.A. est une institution essentiellement juridique, créé par une loi du 22 février

1944, celle-ci est placée auprès du C.N.C. (annexe 1)

Ses missions sont d’assurer une totale transparence dans les relations contractuelles qui

lient les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, et d’assortir ces relations d’un

certain nombre de garanties.

17

Il assure la publicité des actes, conventions et jugements conclus dans le cadre de la

production, de la distribution, de la représentation et de l’exploitation de l’œuvre

audiovisuelle préalablement immatriculée.

Le producteur dépose le contrat de cession de droits d’auteur ainsi que le titre de

l’œuvre auprès du R.P.C.A., ces formalités permettent d’éviter toutes protestations ou

litiges ultérieurs.

L’œuvre reçoit un numéro d’ordre et une immatriculation, qui deviendra par la suite le

numéro de visa d’exploitation.

Cette immatriculation protège le titre car elle lui confère un droit d’antériorité sur tous

les titres équivalents à venir.

Le coût de ces formalités dépend de la durée du film et du montant du devis.

1.4.1.2 L’autorisation de production

Plus tard, lorsque le financement du court métrage est assuré, le producteur doit

effectuer une demande d’autorisation de production auprès du C.N.C. (annexe 2)

Cette demande est indispensable pour qu’un film d’une durée inférieure à une heure soit

reconnu comme court métrage cinéma agréé, et qu’il puisse éventuellement accéder aux

diverses aides à la production gérées par le C.N.C., et être exploité en salle.

Elle s’effectue auprès du secrétariat des autorisations de production, et doit intervenir

au moins quinze jours avant le début du tournage.

Une des conditions essentielles à cette autorisation est que le réalisateur, l’opérateur

et le monteur aient une carte professionnelle, carte délivrée par le C.N.C. sous certaines

conditions de diplômes et d’expérience.

Une dérogation peut être accordée au réalisateur s’il est l’auteur du scénario.

18

1.4.2 Après la réalisation du court métrage

La représentation publique d’un film, payante ou non, est soumise à l’obtention du visa

d’exploitation cinématographique délivré par le Ministère de la Culture et de la

Communication, sur avis de la commission de classification des œuvres.

Cette commission est composée de représentants des Ministères de la Justice, de

l’Intérieur, de l’Education Nationale, des Affaires Sociales et de la Jeunesse, des

professionnels, de membres choisis en consultation avec les ministères qualifiés dans le

domaine de la Protection de l’Enfance et de la Jeunesse, de représentants d’associations

familiales, d’un membre proposé par le Conseil .Supérieur de l’Audiovisuel, et de quatre

jeunes de moins de vingt-cinq ans.

Si l’œuvre ne soulève pas d’objection, un visa tout public est alors délivré.

Dans le cas contraire, il peut être accompagné de mesures restrictives (interdiction aux

moins de douze ans…).

Le producteur a la possibilité, après modification, de représenter son oeuvre afin de

lever l’interdiction.

Une autre formalité importante est la demande d’agrément de diffusion pour tout film

diffusé en salle. (annexe 3)

C’est également le C.N.C. qui la délivre, sous des conditions identiques à celle du visa

d’exploitation.

Enfin, dans les six mois suivant la première représentation publique du court métrage, le

producteur doit déposer obligatoirement une copie neuve ou les éléments intermédiaires

du film au Service des Archives du Film et du Dépôt Légal (S.A.F.D.L.).

Pour conclure sur cette partie consacrée à la production du court métrage, il faut noter

qu’un nouveau genre de relation s’est développé entre les réalisateurs et les

producteurs.

19

On constate désormais que tous deux évoluent ensemble vers la création d’un long

métrage, à partir d’une collaboration initiale autour d’un premier court métrage.

En effet, pour des raisons essentiellement économiques, le producteur qui décèle un

talent dans une première œuvre de format court, est plus enclin à réinvestir sur un film

long du même auteur, que se réengager dans la production d’un second court.

«�Le deuxième court métrage est encore plus difficile à réaliser, les sociétés de

production qui ont aimé le premier court, sont plus prêtes à financer un long du même

auteur, qu’à l’aider à faire un second court�»10.

On comprend mieux alors, la raison pour laquelle, il n’existe quasiment pas de

réalisateurs de court métrage qui font toute leur carrière professionnelle dans ce

format…

Qu’on le veuille ou non, l’absence d’économie du court impose une mutation du format

vers le long, et une difficile reconnaissance de la profession pour cette expression

cinématographique particulière.

10 Colas Rifkiss, réalisateur, Lyon, juillet 2004.

20

2. Le financement

2.1 Les aides avant la réalisation

Rares sont les sociétés de production qui peuvent engager leurs fonds propres sur un

projet.

Les producteurs doivent donc en principe, se livrer à la course aux subventions afin

d’obtenir l’argent nécessaire à la réalisation.

2.1.1 Le C.N.C.

2.1.1.1 Présentation et historique du C.N.C.

Le Centre National de la Cinématographie est un établissement public à caractère

administratif, créé par l’article 1 de la loi du 25 octobre 1946, dite Code de l’Industrie

Cinématographique.

A l’origine, le C.N.C. est investi d’une mission de régulation économique qui privilégie la

mise en œuvre d’une politique cinématographique industrielle.

Dès 1947, le C.N.C. entreprend d’assainir le marché en prenant en charge le contrôle des

recettes de l’exploitation cinématographique pour favoriser l’essor du cinéma français

en garantissant une meilleure répartition de leur profit auprès des ayants droit.

La loi du 23 septembre 1948 instaure un mécanisme qui constituera la base du

financement du système d’aides à l’industrie du cinéma�: la taxe de sortie des films

alimente un compte spécial d’aide temporaire qui permet l’attribution d’un soutien

automatique à la production et à l’exploitation.

21

En 1959, ce mécanisme aboutira à la création d’un compte de soutien financier de l’Etat

à l’industrie cinématographique.

Pendant les années cinquante, le C.N.C. renforce sa réglementation en concertation avec

toutes les branches de la profession.

Le 27 janvier 1956, le Code de l’Industrie Cinématographique est créé pour clarifier la

réglementation du cinéma français par décret.

Parallèlement aux mécanismes de soutien économique, le C.N.C. prend des mesures plus

spécifiquement culturelles dans les années soixante et soixante-dix.

Cette période est également marquée par l’institutionnalisation d’un secteur «�Art et

Essai�».

Des aides sélectives sont aussi créées�: l’avance sur recettes pour les longs métrages et

les prix de qualité pour le court métrage.

En 1969, le patrimoine devient une préoccupation majeure du C.N.C., il crée le service

des archives du film, qui deviendra l’un des plus grands centres d’archives

cinématographiques du monde.

Rien de ce qui concerne le cinéma français n’est étranger au C.N.C., mais celui-ci assure

surtout la gestion de la loi d’aide au cinéma.

Depuis 1986, ses activités s’étendent également au soutien de l’industrie audiovisuelle.

Le C.N.C. accompagne l’explosion du marché de la diffusion des programmes audiovisuels

en créant un COmpte de Soutien à l’Industrie de Programmes (C.O.S.I.P.) basé sur deux

régimes d’aide�: l’aide automatique et l’aide sélective.

Le C.O.S.I.P. contribue à développer la création audiovisuelle en aidant les producteurs

déjà présents sur le marché et en favorisant l’apparition de nouveaux producteurs.

Le C.N.C contribue également au financement de courts métrages sous des formes

diverses, aux différents stades de l’écriture, de la production et de la promotion et de

la diffusion des films.

Ses aides sont sélectives ou automatiques, directes, ou par l’intermédiaire d’organismes

qu’il subventionne.

22

2.1.1.2 L’aide sélective avant réalisation dite

«�contribution financière�»

C’est une subvention accordée par une commission spécialisée, qui examine tous les

projets de court métrage de cinéma, quel qu’en soit le genre (fiction, animation,

documentaire, animation). (annexe 4)

Cette commission se réunit huit fois par an et examine cent soixante-dix projets par

session.

Une quarantaine d’aides sont attribuées chaque année.

Les contributions financières sont versées aux sociétés productrices des projets.

La subvention est versée en deux temps�: quatre-vingt cinq pour cent à la signature de la

convention, et le solde après obtention du visa d’exploitation.

2.1.2 Le COmpte de Soutien à l’Industrie des Programmes

audiovisuels (C.O.S.I.P.)

Le COmpte de Soutien à l’Industrie des Programmes audiovisuels, créé en 1986, et

réglementé par le décret du 2 février 1995, a pour objet de favoriser la production

d’œuvres audiovisuelles destinées à être diffusées sur les chaînes de télévision

françaises.

Alimenté principalement par une taxe levée sur les abonnements et les recettes

publicitaires des chaînes privées et par un prélèvement sur le produit de la redevance et

des recettes publicitaires des chaînes publiques, et secondairement par une taxe sur les

éditions vidéo.

Ce système redistribue une partie des ressources des diffuseurs au profit des

producteurs établis en France, contribuant ainsi au développement de la production

audiovisuelle.

Ce compte de soutien concerne les courts métrages qui font l’objet d’un préachat ou

d’une coproduction d’une chaîne de télévision.

23

Il existe deux types d’aides susceptibles d’être accordées au titre du Compte de

Soutien�: les aides sélectives à la production ou subventions d’investissement, et les

aides automatiques à la production ou subventions de réinvestissement�:

2.1.2.1 Les aides sélectives à la production ou subventions

d’investissement�

Ces aides sont réservées aux entreprises nouvelles ou ayant un faible volume de

production d’œuvres audiovisuelles.

Lorsqu’un film est diffusé sur une chaîne de télévision, il génère une somme d’argent qui

est versée sur un compte spécial C.N.C. au nom du producteur.

Cet argent est destiné à la production des œuvres suivantes.

Cependant, les jeunes sociétés qui n’ont pas de diffusion à leur actif, ne peuvent pas

bénéficier de ce reversement automatique.

C’est pourquoi le C.N.C. a décidé d’aider ces jeunes producteurs en accordant des

subventions avant réalisation, à la condition d’un préachat ou d’une coproduction par un

ou plusieurs diffuseurs nationaux ou locaux.

Ce compte est appelé sélectif car il n’est pas systématiquement accordé.

Le premier critère d’attribution est économique et s’appuie sur le devis du film.

Le montant attribué ne peut être supérieur à quarante pour cent du montant définitif

de l’œuvre.

2.1.2.2 Les aides automatiques à la production ou subventions

de réinvestissement

Elles concernent les sociétés de production ayant déjà produit et diffusés des œuvres

audiovisuelles (fiction, animation ou documentaire) sur les chaînes de télévisions

françaises.

Celles-ci permettent au producteur d’obtenir, l’année suivante, l’ouverture d’un compte

automatique mobilisable sous forme de subventions de réinvestissement afin de financer

24

la préparation ou la production de nouvelles œuvres audiovisuelles, à hauteur de

quarante pour cent maximum du coût de l’œuvre.

2.1.3 Autres aides

2.1.3.1 Le Groupe de Recherches et d’Essais

Cinématographique (G.R.E.C.)

Le G.R.E.C. est une association loi 1901, créée en 1969 par la volonté des professionnels

du cinéma et du C.N.C.

Il a pour vocation d’aider la création de premiers films de courts métrages et d’œuvres

cinématographiques indépendantes.

Le G.R.E.C. aide chaque année une vingtaine de projets, sous forme d’aide financière

plafonnée, éventuellement assortie d’une mise à disposition de matériel.

L’aide du G.R.E.C. peut être cumulée avec une aide régionale mais pas avec les aides du

C.N.C.

Les films soutenus sont entrepris sans ambition commerciale, mais, dans l’éventualité

d’une exploitation, un contrat établi entre le G.R.E.C. et le réalisateur prévoit un partage

à part égal des recettes.

2.1.3.2 Le Défi jeunes

Crée en 1987 par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, il soutient techniquement

et financièrement la réalisation de premières œuvres de jeunes âgés de quinze à vingt-

huit ans.

Le soutien consiste en un accompagnement technique des candidats, une aide financière,

une aide à la diffusion et à la promotion du film.

25

Le candidat, dont le projet a été retenu, doit obtenir le soutien financier d’un partenaire

(collectivité territoriale, association, entreprise…), à hauteur de trente pour cent

minimum du montant de la bourse sollicitée.

Défi Jeunes accorde des bourses allant de mille cinq cent euros à huit mille euros.

Après réalisation du projet, un jury national peut également attribuer une bourse

complémentaire allant jusqu’à deux mille euros, si le projet est jugé particulièrement

remarquable.

En 1996, mille six cent projets cinéma ou vidéo ont été déposés, et près de neuf cent

ont obtenus une aide.

2.1.3.3 L’Administration des Droits des Artistes et

Musiciens Interprètes (A.D.A.M.I.)

L’A.D.A.M.I., société civile pour l’Administration des Droits des Artistes et Musiciens

Interprètes, est chargée d’assurer l’application des conventions collectives ainsi que de

percevoir et répartir les rémunérations revenant aux artistes interprètes.

Comme les autres sociétés du même type (S.A.C.D., S.A.C.E.M., P.R.O.C.I.R.E.P.…), elle a

pour obligation d’utiliser vingt-cinq pour cent des sommes collectées pour des actions

d’aide à la création.

Elle accorde des subventions allant jusqu’à huit mille euros à tout projet de court

métrage, excepté l’animation.

La subvention est versée au producteur en tant qu’employeur des artistes interprètes

de la manière suivante�: cinquante pour cent à réception des contrats signés, et

cinquante pour cent des fiches de paye des artistes interprètes.

L’A.D.A.M.I. est particulièrement sensible à la volonté de développer la carrière des

artistes interprètes ainsi que la création d’œuvres d’auteurs ou de compositeurs

contemporains.

26

2.1.3.4 L’association Beaumarchais

Cette aide concerne exclusivement l’auteur du scénario.

L’association, fondée par la S.A.C.D., a pour objectif de découvrir de nouveaux talents

en les aidant financièrement dans leur travail d’écriture, elle récompense l’auteur pour

son écriture et la réalisation de son projet.

Deux bourses d’écriture sont attribuées chaque année pour un montant de mille cinq

cent euros, versé en deux fois.

En 1996, sur six cent cinquante scénarii reçus, dix courts métrages ont bénéficié de

cette aide.

L’association Beaumarchais attribue également des prix dans les festivals (Premiers

Plans à Angers, Film Court de Brest, Rencontres Henri Langlois à Poitiers…).

2.1.3.5 La Société des Producteurs de Cinéma et de

Télévision (P.R.O.C.I.R.E.P)

La P.R.O.C.I.R.E.P. a en charge la défense et la représentation des producteurs français

dans le domaine des droits d’auteurs et des droits voisins.

Une aide est apportée aux producteurs d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles

qui prennent des risques financiers et artistiques dans la mise en œuvre de programmes

de qualité et de création.

L’aide prend la forme d’une subvention en fonction de la politique de production de court

métrage, de la qualité des films courts déjà produits, de leurs investissements et de la

qualité des projets présentés.

27

2.1.4 Les aides des collectivités

Les Conseils Régionaux accordent des aides aux projets culturels, principalement

lorsque ceux-ci sont portés par des réalisateurs locaux et que les projets ont une forte

identité régionale.

En ce qui concerne les courts métrages, les attributions sont très variables d’une région

à une autre, et dépendent des enveloppes annuelles allouées par les conseils régionaux.

La région Rhône-alpes est particulièrement exemplaire dans notre pays, en ce qui

concerne son intervention dans l’audiovisuel et le cinéma.

Depuis 1990, elle a mis en place deux dispositifs pour favoriser ces domaines. (annexe 5)

Elle gère un budget alloué spécifiquement à la rénovation et à la création de salles de

cinéma, et propose également une aide financière à la production de longs métrages, par

le biais d’une société régionale de production, Rhône-Alpes Cinéma.

Plus de cent quarante films ont été tournés en dix ans de fonctionnement de ce

système.

La loi du 13 décembre 2000, qui modifie un article du Code Général des Collectivités

Territoriales, lui permet aussi d’intervenir directement dans le financement de

certaines sociétés privées cinématographiques, en faveur d’actions économiques et de

l’emploi.

Ainsi, les réalisateurs, en lien avec leurs sociétés de production peuvent bénéficier d’une

aide à la production sous forme de subvention.

Son versement est soumis au respect de certaines conditions qui sont contenues dans

une convention. (annexe 6)

Sont recevables les projets qui remplissent au moins deux des trois critères suivants�:

- le producteur doit avoir son siège social et son activité principale en région

Rhône-Alpes

- l’auteur, ou les comédiens, ou l’équipe technique doivent résider dans la région.

- le tournage doit être effectué en région.

28

La région décerne également le Prix Rhône-alpes du Court Métrage, depuis 1994.

Chaque année, trois lauréats sont désignés, et l’intervention régionale leur permet de

concrétiser leurs projets.

Fonctionnant par appel à projet, ce concours prend place dans le fonds de soutien à la

création audiovisuelle et cinématographique.

2.2 L’aide à la post production

Elle s’adresse aux courts métrages inachevés n’ayant reçu aucune subvention du C.N.C.

ou des collectivités territoriales.

2.2.1 Le Prix de Qualité

Cette aide dépend du C.N.C.

La commission des prix de qualité visionne chaque année l’ensemble des courts métrages

ayant obtenu le visa d’exploitation.

Elle récompense la qualité artistique et technique de films de court métrage après leur

réalisation. (annexe�7)

Elle accorde au maximum soixante prix par an, allant de trois mille à trente mille euros.

Le montant de ces prix est réparti entre le producteur et le réalisateur selon les

modalités définies par le contrat de cession de droits, sachant que le C.N.C. impose un

minimum de vingt-cinq pour cent pour le réalisateur.

C’est le secrétariat des aides sélectives qui contacte les producteurs pour leur proposer

de soumettre leurs films à la commission

29

II. LA DIFFUSION ACTUELLE DU COURT METRAGE

1. Les moyens de diffusion

La diffusion du court métrage a un caractère confidentiel indéniable, plus orientée vers

les professionnels et les amateurs du genre que vers un réel grand public.

Cependant, de plus en plus d’initiatives sont prises pour que le court perde son complexe

de confidentialité et que sa diffusion cesse d’être un casse tête pour les producteurs et

les auteurs.

1.1 L’Agence du Court Métrage

L’Agence du Court Métrage a été créée en 1983, suite à une action menée par François

Ode et Philippe Pilard, alors membres de la section court métrage de la S.R.F. (Société

des Réalisateurs de Films).

François Ode a alors su convaincre le C.N.C. de la nécessité de créer un lieu qui soit «�le

trait d’union entre ceux qui font les films et ceux qui les montrent�».

Cette association, régie par la loi 1901 et subventionnée par le C.N.C., et a pour but de

promouvoir les courts métrages et d’en améliorer leur diffusion. (annexe 8)

30

L’Agence du Court Métrage n’est cependant pas un distributeur, elle n’est pas non plus

dans un système de profit ou de concurrence.

C’est un service qu’elle propose aux exploitants, tenant à leur disposition des copies de

films courts, et c’est aussi un service pour les réalisateurs, auxquels elle assure une

diffusion des films qu’ils lui confient.

Elle propose plusieurs formules de location des courts métrages, sous forme de

programmes complets ou, en complément de programme.

Chaque année, l’association présente un programme d’une heure trente environ, composé

de films récents particulièrement remarqués dans les festivals de l’année, que les

programmateurs peuvent passer lors de soirées thématiques.

En ce qui concerne la diffusion en complément de programme, l’Agence propose des

locations ponctuelles de copies.

Une totalité de six mille films en dépôt sont à la disposition des exploitants, qui peuvent

les louer selon une grille tarifaire définie en fonction de la durée des films et du nombre

de projections.

Ce système, de location à la copie et à la projection génère une économie non négligeable

pour le secteur.

En effet, il a permis de reverser aux ayants droits (producteurs/réalisateurs) quatre

cent soixante deux mille euros pour l’année 2000, contre cent soixante huit mille euros

pour l’année 1996.

L’Agence du Court Métrage a également mis en place un système de diffusion unique en

son genre, le Réseau Alternatif de Diffusion (R.A.D.I). (annexe 9)

Ce R.A.D.I. propose aux salles de cinéma de s’abonner sur l’unique base du volontariat, et

de recevoir chaque semaine un court métrage choisi dans un catalogue de deux cent

cinquante titres, catalogue, renouvelé chaque année.

«�Depuis 1990, le nombre de salles adhérentes au R.A.D.I. est en constante progression.

Actuellement, sur les mille salles «�Art et Essai�» répertoriées en France, deux cent

31

cinquante salles sont abonnées à ce système de location, et diffusent

hebdomadairement un court métrage en complément de programme.�» 11

Le concept de location des formes courtes, tel que le pratique l’Agence du Court

Métrage, permet de replonger ces films dans l’obscurité des salles de cinéma et dans les

habitudes cinématographiques des programmateurs et des spectateurs.

«�Le R.A.D.I. n’est malheureusement pas un service extensible à l’ensemble des salles

«�Art et Essai�», car il n’équilibre pas son budget, et sans l’aide des collectivités locales,

il ne pourrait exister.�»12

Dans la pratique, lorsque le film est terminé, le réalisateur ou le producteur peut, s’il le

souhaite laisser une copie à l’Agence, qui en assure le stockage, et se charge du suivi

technique des locations.

Le démarchage des lieux de diffusion, tels les festivals, reste à la charge des auteurs,

réalisateurs et producteurs du court métrage, car, ces choix sont souvent stratégiques

car liés à la carrière du film.

Par contre, l’Agence transmet les copies à qui en fait la demande, avec l’accord du

producteur.

L’Agence du Court Métrage est également dotée d’un centre de documentation,

recensant la majorité des courts métrages français réalisés depuis le début des années

80.

Elle gère également le service régie TV câble, qui a pour mission de démarcher de

nouveaux diffuseurs.

La régie regroupe environ deux mille cinq cent films dans un catalogue, qu’elle publie

tous les deux ans.

L’agence du Court Métrage organise aussi des soirées de projections (Les soirées du

court, Les soirées du Trianon…), et publie une revue trimestrielle consacrée à l’actualité

du court métrage, «�Bref�». (annexe 10)

11 Didier Kiner, responsable pôle diffusion, Agence du court Métrage, Paris, juillet 2004.12 Idem.

32

1.2 Les salles de cinéma

1.2.1 Une diffusion réglementée

1.2.1.1 Décret n°99-130 du 24 février 1999 - articles123 à 131

Selon le décret du 24 février 1999, le programme complet, dit également «�système du

1%�», prévoit une génération de soutien financier supplémentaire, au profit de

l’entreprise qui compose un programme destiné à une diffusion en salle, d’un ou plusieurs

courts en première partie de programme. (annexe 11)

L’allocation ainsi générée au profit de l’entreprise, se calcule par application d’un taux de

8% proportionnel au profit de la taxe spéciale au prix des places perçues.

Son montant ne peut être inférieur à sept mille six cent euros et supérieur à soixante

seize mille euros.

Le versement de cette allocation est subordonné au tirage d’un nombre minimum de cinq

copies de l’œuvre de court métrage et sa projection effective en complément d’un long

métrage dans un nombre minimum de deux cent séances.

Un programme composé principalement de films de court métrage peut permettre

également aux producteurs de films et aux exploitants des salles dans lesquelles est

diffusée ce programme de bénéficier d’allocations de soutien financier.

Elles sont réparties entre les exploitants à raison des 4/9èmes et des producteurs à

raison des 5/9èmes. La répartition entre ces derniers se faisant au prorata de la durée

des films qu’ils ont respectivement produits.

33

1.2.1.2 L’agrément de diffusion

Un agrément de diffusion doit être demandé et délivré par le C.N.C. avant le début de

l’exploitation prévu en salle, du programme.

Il ne concerne que les œuvres d’une durée de projection inférieure à une heure, ayant

obtenu l’autorisation de production et un visa d’exploitation cinématographique datant

de moins de cinq ans, et n’ayant jamais fait l’objet d’une génération de soutien dans le

cadre d’un complément de programme.

Cet agrément, qui se substitue à l’ancien «�label�» est accordé à tous les films, sauf ceux

à caractère violent, pornographique ou publicitaire.

Le CNC accorde une aide au tirage des copies de courts métrages titulaires de

l’agrément de diffusion lorsque le long métrage bénéficie de l’aide sélective à la

diffusion.

Il faut noter que les mesures prises en 1994, permettent aux producteurs de longs

métrages de réinvestir leurs allocations de fonds de soutien dans la production d’un

court métrage.

Les conséquences de cette réforme ne sont pas spectaculaires, néanmoins le nombre de

courts métrages acheté par les producteurs de longs métrages a augmenté depuis 1994.

Malgré tout, ces nouvelles mesures n’ont eu que peu d’incidences pour les producteurs de

courts métrages qui ne bénéficient pas de retombées financières.

De plus, elles n’ont aucun effet incitatif sur les distributeurs qui sont exclus de cette

réforme.

1.2 1.3 La taxe Spéciale Additionnelle

Pour aider les producteurs, le C.N.C. a également mis en place une taxe appliquée au prix

du billet qui permet de générer, au bénéfice de l’entreprise qui a constitué un

34

programme complet (court plus long métrage), une recette supplémentaire qu’elle devra

réinvestir sur une production à venir.

Cette taxe appelée T.S.A. est reversée aux producteurs de long métrage.

Le court métrage participe donc à cette remontée de recettes.

1.2.2 La situation actuelle

Jusque dans les années 60, le distributeur fournissait un court métrage avec le long

métrage que commandait l’exploitant de salle.

Le distributeur du long payait le producteur du court, ce qui générait une économie.

Ainsi, le format court suivait le long dans toute sa carrière, il était vu par le public et

rémunéré par les billets d’entrées.

Au début des années 70, le nombre de séances de cinéma est passé de quatre à cinq par

jour, et le court métrage a ainsi perdu sa place de première partie.

De plus, les films ont eu tendance à s’allonger, les premières publicités, très

rémunératrices, sont apparues, et le format court a complètement disparu des écrans

de cinéma.

«�Il faudrait remettre un système de première partie de programme qui soit tenable

financièrement pour les salles�»13.

En effet, la crise économique que vivent les petites salles de cinéma françaises ne

permet pas actuellement d’envisager la réapparition des formes courtes sur grand écran.

«�Il est de plus en plus difficile de lutter, contre les programmations des multiplexes,

qui présentent deux fois plus de films qu’avant, contre la production accrue de films à

gros budget, qui sont capables à leur sortie de doubler le nombre de leurs copies et ont

une capacité à recouvrir tous les écrans nationaux�»14.

13 Didier Kiner, responsable pôle diffusion, Agence du Court Métrage, Paris, juillet 2004.14 Idem.

35

De fait, la situation actuelle n’est pas favorable à l’émergence de nouvelles formes de

cinéma.

Cela étant, alors que l’on reproche au cinéma français d’être un milieu de plus en plus

banalisé, en terme de découverte, de recherche et d’expérience, le format court

pourrait recouvrer ses lettres de noblesse, en étant force de nouvelles propositions

artistiques.

Conscients de cela, les exploitants des salles de cinéma grand public, se heurtent à des

problématiques économiques.

D’une part, insérer un film court en avant programme, peut exiger de décaler les

horaires des séances au risque même d’en supprimer une dans la journée.

Bien entendu, tous les formats courts ne durent pas une cinquantaine de minutes, mais, il

serait réducteur de choisir comme critère de programmation la durée du film.

D’autre part, programmer un court en première partie de programme exige que

l’exploitant le visionne au préalable, le choisisse afin qu’il corresponde plus ou moins avec

le long qui lui succédera… autrement dit, que le programmateur soit capable de dégager

du temps pour s’investir dans cette recherche.

Et l’on comprend bien, de nouveau, combien la diffusion du court métrage est tributaire

de son économie…

1.2.3 Les cinémas «�Art et Essai�»

La réforme du 25 octobre 1991 présume un pourcentage minimal annuel de vingt-cinq

séances «�Art et Essai�» pour donner à une salle de cinéma la possibilité de bénéficier

du classement «�Art et Essai�» et des primes qui en découlent.

La notion «�Art et Essai�» renvoie dans le secteur de l’exploitation cinématographique, à

un certain nombre de salles classées A, B, C ou D en fonction de leur programmation, en

relation avec leur situation géographique, la taille de la ville…

Il semble également, et ce, malgré un flou juridique révélateur, que les programmes de

courts métrages, s’ils possèdent un distributeur et disposent d’une sortie parisienne,

36

peuvent faire bénéficier à une salle «�Art et Essai�» de points pour son classement, à

condition d’être conseillés par le Collège de Recommandation.

On dénombre approximativement un total de mille écrans «�Art et Essai�» en France, sur

une jauge de cinq mille écrans.

Avec des soirées ponctuelles, évènementielles et souvent thématiques, les salles «�Art

et Essai�» pour la plupart, sont les premières à diffuser du court métrage avec 26.5%

des locations enregistrées.

Comme nous l’avons vu précédemment, le réseau de diffusion de l’Agence du Court

Métrage comptabilise également deux cent cinquante abonnements de salles «�Art et

Essai�».

Interrogés sur le sujet de la diffusion du court métrage dans leurs salles «�Art et

Essai�», les exploitants lyonnais invoquent de suite, la non rentabilité financière de ce

type de prestation.

Tous s’accordent à reconnaître que le cinéma «�Art et Essai�» devrait être le lieu de

diffusion principal du format court, cependant pécuniairement, ces salles qui équilibrent

de plus en plus difficilement leur budget, prennent de moins en moins de risques en

matière de programmation.

«�Les salles de cinéma «�Art et Assai�» ont vocation à diffuser de temps à autre des

courts métrages, mais le public n’est peut-être pas au rendez-vous»15.

«�Faire venir les gens pour des soirées courts métrages relève du pari�»16.

La plupart de ces lieux de diffusion organisent une à deux fois par an, des soirées

événementielles dédiées au court métrage.

Ces soirées n’amènent que très peu de public, malgré la communication qui est faite

spécialement à ce sujet.

Pour pallier à une salle vide, les exploitants sont obligés de transformer ce type de

soirée en «�une soirée cadeau, offerte aux abonnés, sur un principe d’invitations�»17.

15 Roger Sicaud, conseiller cinéma, D.R.A.C. Rhône-Alpes, Lyon, juillet 2004.16 Colette Périnet, présidente du Groupement Régional d’Actions Cinématographiques, Lyon, juillet 2004.17 Idem.

37

«�Ce sont des actions volontaristes et militantistes, qui coûtent de l’argent, par

lesquelles il faut passer pour donner au public le goût du format court�»18.

«�Le court métrage n’est pas suffisamment fort pour attirer le public�»19.

«�Quand on organise une soirée court métrage, on a personne�»20.

Pour les salles «�Art et Essai�», programmer des courts en première partie de

programme est une action qu’elles peuvent pratiquer occasionnellement, mais qui

présuppose un travail de réflexion quant à la programmation, qui demande à revoir le

planning des séances, et qui exige que le programmateur passe du temps à choisir les

courts.

Le système du R.A.D.I. est intéressant dans son fonctionnement, mais l’adhésion

annuelle représente également un coût que touts les salles ne peuvent assumer.

Alors qu’elles seraient les premières à défendre le format court comme œuvre

cinématographique, les salles «�Art et Essai�» sont de plus en plus obligées d’avoir un

positionnement commercial pour lutter contre les multiplexes.

1.3 Les festivals

Les festivals sont le principal espace de diffusion des courts métrages.

Ils sont de plus en plus nombreux et beaucoup de villes et de régions créent leur propre

manifestation.

Comme le rappelle la Charte de Qualité éditée par l’Agence du Court Métrage, «�un

festival, dans son travail de programmation, doit s’efforcer de se faire l’écho de la

richesse et de la diversité de la création dans son ensemble�». (annexe 12)

Véritable lieux de rencontres, d’échanges et de compétitions pour les réalisateurs et les

producteurs, les festivals attirent de plus en plus de spectateurs.

18 Colette Périnet, présidente du Groupement Régional d’Actions Cinématographiques, Lyon, juillet 2004.19 Idem.20 Thierry Voissat, cinéma Opéra, Lyon, août 2004.

38

En effet, depuis plus de vingt ans, que les festivals de court métrage existent, leurs

popularités ne cessent de s’accroître.

Véritables marchés de la création, ce sont les lieux ou se retrouvent programmateurs,

diffuseurs et exploitants afin de visionner l’ensemble de la nouvelle production et

sélectionner les œuvres qu’ils commanderont.

Les sociétés de production vérifient le succès des réalisateurs auprès desquels elles se

sont engagées, les jeunes auteurs observent le travail de leurs confrères et se

confrontent entre eux… «�Le festival est un passage obligé pour être identifié, pour

entrer en réseau…�»21.

Et puis, enfin et surtout, le public est présent.

Un public jeune, en majeure partie, cinéphile, amoureux des formes courtes, qui apprécie

le rythme ininterrompu des diffusions, qui est capable d’apprécier la créativité d’une

dizaine de courts dans des temps limités…

Les festivals demeurent aussi l’unique moyen de rencontres et d’échanges entre les

auteurs et les spectateurs.

Parmi les nombreux festivals existants en France, un des plus importants est celui de

Clermont-Ferrand, qui illustre bien ce nouvel engouement du public et des médias pour le

format court.

1.3.1 Le Festival International du Film Court de Clermont-

Ferrand

Le Festival international de Clermont-Ferrand est devenu le plus important et le plus

prestigieux des festivals de courts métrages.

Il a attiré environ deux cent mille spectateurs, lors des dernières éditions.

Il accueille une sélection nationale et internationale, et organise un marché du film.

21 Cyril Peyramond, réalisateur et producteur, Lyon, juillet 2004.

39

Etre sélectionné à Clermont-ferrand représente déjà une grande satisfaction pour les

jeunes auteurs, obtenir un prix est presque une consécration.

Si on regarde le palmarès du festival ces dernières années, on y trouve tout l’éventail du

jeune cinéma français, de Caro et Jeunet, à Cédric Klapish, en passant par Eric Rochant

et Matthieu Kassovitz…

La sélection est très simple, c’est au réalisateur ou au producteur d’envoyer une copie du

film accompagnée des renseignements techniques nécessaires.

Cent cinquante films sont retenus chaque année, dont soixante quinze courts métrages

français.

Les réalisateurs sont invités pendant trois jours et une indemnité de projection leur est

versée.

Le festival de Clermont-Ferrand décerne de nombreux prix, dont le Grand Prix, le Prix

Spécial du Jury, le Prix du Public (environ trois mille euros chacun, plus des prestations),

le Prix S.A.C.D. (mille cinq cent euros) et le Prix Canal Plus (préachat de six mille euros

sur le prochain film du réalisateur).

Mais au-delà des récompenses, c’est le rayonnement du festival qui est important.

Les médias se font d’ailleurs l’écho du succès grandissant de cette manifestation, ce qui

est révélateur d’un intérêt croissant de la part du public pour le court métrage.

Néanmoins, la dernière édition du festival a beaucoup fait parler d’elle non pas tant pour

la qualité de son palmarès, que pour l’absence de celui-ci.

En effet, le Grand Prix 2004 n’a pas été décerné.

Le président du jury, Mahieu Amalric, a déploré�: «�le manque d’inventivité formelle et le

trop plein de bons sentiments�» des films présentés, alors que «�le court métrage est

théoriquement le format de la liberté, de l’audace, du risque, toutes les histoires sont

racontées de la même manière�»22.

22 « Cahiers du cinéma », n°592, juillet-août 2004.

40

Cet épisode, vécu de manière tragique par la profession, nous donnera l’occasion

d’aborder en troisième partie de ce mémoire, le problème actuel d’uniformité de la

production française, et ses raisons.

Plus près de nous, il faut évoquer la présence dans l’agglomération lyonnaise de très

nombreux festivals.

Le Festival du Film Court de Villeurbanne, est le plus ancien de tous, il se déroule chaque

année, à l’automne, depuis plus de vingt ans.

Le festival de Vaulx-en-Velin, celui de Décines, composé de jeunes écoliers, ou encore

«�Courts toujours�!�» (annexe 13), né d’une initiative des étudiants de l’université Lyon2,

accueillent chaque année des spectateurs de plus en plus nombreux.

1.4 Les animations ponctuelles

Alors que les projections de courts métrages sont restées très longtemps l’affaire des

associations de cinéphiles ou de réalisateurs, depuis ces dernières années, on assiste à

une réelle demande de divers lieux culturels.

Les courts font désormais partie des vernissages, des expositions, se visionnent à

l’entrée des théâtres…

Certains lieux de diffusion musicale diversifient leur programmation et proposent

régulièrement à leur public des «�soirées courts�».

A Lyon, le Ninkasi, scène de musique actuelle, ou bien encore le bar La Belle Equipe,

collaborent avec les organisateurs des festivals de courts métrages régionaux, et

diffusent plusieurs fois dans l’année des films courts.

Des collectifs de bénévoles, en lien étroits avec ces mêmes festivals, investissent

également l’espace public lyonnais, de manière occasionnelle, et proposent des soirées de

courts, en plein air… (Ex�: le collectif Kess ki Pass…)

41

L’Agence du Court Métrage organise aussi quant à elle des projections mensuelles,

ouvertes à tous ceux qui le souhaitent.

1.5 La télévision

En quelques années, les émissions consacrées aux formes courtes ont trouvé leur place

dans le paysage audiovisuel français.

Diffusé sur un large réseau de chaînes, le court métrage, en France est plutôt bien

exposé en comparaison aux autres pays européens.

«�Le court métrage n’est pas si mal diffusé que ça. La plupart des chaînes généralistes

ont des créneaux�»23.

Les grandes chaînes publiques hertziennes, France2 et France3 consacrent chacune une

case hebdomadaire à un programme de courts métrages.

L’émission Histoires courtes sur France2 programme, le mardi soir, en troisième partie

de soirée, des courts métrages de fiction, d’animation, et des documentaires.

Elle propose des films courts français et francophones, mettant en scène de beaux

paysages, des belles images, avec souvent en arrière plan un point de vue social

d’actualité…(lutte contre la discrimination, enfance maltraitée…).

Le principe de l’émission réside dans le fait que «�ce sont ceux qui font les courts, qui

vous en parlent.�»

France3 achète environ une quarantaine de courts métrages par an, qu’elle diffuse lors

de l’émission Libre Court.

L’émission est programmée tous les lundis en troisième partie de soirée, et propose à

son public de «�découvrir les débuts prometteurs de jeunes réalisateurs�».

France5 achète et diffuse également quelques courts métrages par an.

23 Cyril Peyramond, réalisateur et producteur, Lyon, juillet 2004.

42

Les chaînes privées TF1 et M6 n’ont pas manifesté à ce jour de volonté de consacrer un

créneau de diffusion au programme court, les dirigeants de ces dernières jugeant que

leurs chaînes s’impliquent suffisamment dans la jeune création par le biais des clips et

des fictions.

Canal Plus a pendant longtemps fait figure d’exception en diffusant plus de 250 films

par an, dans l’émission Midnight Plus et les «�surprises�» en complément de programme

et autres «�sticks�» qui parsèment sa grille.

Actuellement, la politique de programmation de la chaîne est réétudiée, mais nul doute

que Canal plus continuera de faire la part belle aux films longs et courts.

Désormais, avec ARTE, la chaîne représente les plus gros acheteurs de courts métrages

en France.

L’unité Cinéma d’ARTE France achète et coproduit des courts métrages pour les cases

Court Circuit le mercredi soir et le vendredi après midi, et des moyens métrages pour la

case Médium les troisièmes mardis autour de minuit.

Court circuit, l’émission diffusée par la chaîne Franco-allemande propose aux

téléspectateurs des films hétéroclites, souvent même exigeants tant par leur forme que

par leur fond.

«�Diffuser du court métrage est avant tout une mission de service public pour les

chaînes, mais au-delà il y a la nécessité de faire découvrir de jeunes réalisateurs et de

nouvelles formes d’écriture. (…) La forme courte est un terrain de découverte et

d’expérimentation incroyable. Engager une telle politique de diffusion, c’est envisager la

création à long terme en ne considérant pas seulement les auteurs en place.�»24 .

Certaines télévisions du câble participent également à la promotion du court métrage et

ont parfaitement intégré le format à leurs grilles.

Les principales sont TPS, Canal J, Canal Jimmy, Paris Première avec Court Particulier,

Planète ou Ciné Cinéma avec Cinécinécour.

24 Hélène Vayssières, chargée des programmes courts d’ARTE, « BREF », n°51, hivers 2001-2002.

43

«�Le court métrage doit évidemment avoir sa place sur des chaînes consacrées

exclusivement au cinéma. (…) Mais cela nous permet également de diffuser des

programmes de qualité à des prix très modestes et de programmer des œuvres

cinématographiques dans des créneaux horaires interdits au cinéma�»25.

Une des particularités des émissions proposées par le câble (Cinéstar, Paris Première,

ARTE câble et satellite ou CinéCinéma) est de permettre une diffusion du court

métrage à des heures moins tardives que ne le font les chaînes hertziennes.

Il faut toutefois préciser que ces chaînes ne rémunèrent pas souvent les auteurs, et

ceux-ci s’en plaignent énormément.

«�Ca ne professionnalise pas le court métrage de la diffuser gratuitement sur le

câble�»26.

Télé Lyon Métropole (T.L.M.) et Cités Télévision de Villeurbanne (C.T.V.), les chaînes de

télévision locales de l’agglomération lyonnaise mettent également à disposition un

créneau horaire dédié au format court.

Sur T.L.M., l’émission Trop Court programme vingt-six minutes bihebdomadaires

consacrées au format court et à son environnement. «�C’est un espace dédié pour les

œuvres locales, ou l’on ne se cantonne pas à la diffusion des films, mais que l’on construit

comme une vraie émission, la parole est donnée aux réalisateurs et techniciens, les lieux

de tournages sont montrés lorsque cela est possible, (…) l’émission a pour vocation de

faire découvrir l’univers du court métrage aux téléspectateurs, et de remettre les films

dans leur contexte.»27.

Des films de tout genre sont proposés, ainsi que des informations pratiques sur les

événements court métrage de la région Rhône-Alpes

T.L.M. ne dispose pas d’un budget spécifique pour rétribuer les réalisateurs de courts

métrages, il lui est impossible d’acheter les films qu’elle diffuse. «�Une case n’est pas un

budget.�»28.

25 Boris Duchesnay, responsable des programmes courts de TPS, « BREF », n°51, hivers 2001-2002.26 Damien Steck, réalisateur, Lyon, juillet 2004.27 Stéphane Cayrol, animateur sur T.L.M., Lyon, juillet 2004.28 Idem.

44

Elle offre aux réalisateurs et aux producteurs un espace ou leurs créations peuvent

être vues.

Cette diffusion télévisuelle garantie en contre partie un intérêt du média qui pourra

être pris en considération lors des recherches de financements.

La programmation de l’émission est effectuée par l’animateur lui-même, qui se rend dans

les festivals, visionne les films et rencontre les réalisateurs.

Lorsque cela est possible, des films courts, en cohérence avec l’actualité, sont proposés

De plus en plus de réalisateurs et producteurs envoient directement leurs copies à la

chaîne, l’émission connaissant un petit succès.

Bien que l’audimat ne soit pas mesuré, des réactions par mail de téléspectateurs

démontrent l’intérêt grandissant et un certain engouement de la part du public.

L’émission de CTV, animée par Vincent Raymond, propose également la projection de

différents courts métrages de réalisateurs régionaux, accompagnée d’interviews de ces

réalisateurs.

L’objectif étant de valoriser la production de films courts mais aussi le travail des

équipes.

C.T.V. est partenaire du festival «�Courts Toujours�!�» depuis plus de quatre années.

Cela permet aux jeunes réalisateurs de la région et à l’animateur de l’émission

d’échanger régulièrement et de travailler ensemble au-delà de la diffusion du seul

produit.

En effet, C.T.V., ne disposant pas non plus de financements pour les films courts, la

chaîne propose en contre partie un soutien technique aux équipes de tournage (prêt de

matériel, mises à disposition de bancs de montage…).�« Un court métrage est une école,

un exercice, c’est une forme artistique avec des codes et des difficultés, si nous autres,

professionnels pouvons aider…�»29.

«�C.T.V. et T.L.M. sont dans une véritable démarche d’accompagnement des projets de

courts métrages�»30.

29 Vincent Raymond, animateur sur C.T.V., Lyon, juillet 2004.30 Christophe Liabeuf, programmateur « Courts toujours ! », Lyon, août 2004.

45

L’arrivée du numérique hertzien et la multiplication annoncée des chaînes de télévision

devraient augmenter considérablement les possibilités de diffusion du format court sur

le petit écran, cependant son environnement économique continuera de poser question.

En effet, actuellement la télévision représente la principale source de revenus des

producteurs et des réalisateurs de courts métrages, bien que les prix pratiqués soient

dérisoires compte tenu des coûts de production.

Les grandes chaînes de télévision préachètent une partie des courts métrages avant

leur réalisation, ou achètent les droits de diffusion, une fois le film terminé.

En 2000, France2 a acheté deux tiers des quarante cinq films réalisés.

Producteurs et réalisateurs souhaiteraient que les chaînes s’engagent dans de véritables

coproductions, mais, «�le court métrage n’a pas encore une valeur patrimoniale

suffisamment forte pour qu’une chaîne s’implique en coproduction, exception faite des

films d’animation�»31.

Depuis 1999, un nouveau système d’aide sélective a été créé, l’Aide aux programmes, qui

accorde des crédits aux nouveaux projets des producteurs en fonction du volume de

leurs productions et de leurs diffusions non seulement à la télévision mais aussi dans les

festivals et dans les salles.

Cette aide aux programmes, non conditionnée par l’achat d’une chaîne, est censée libérer

le producteur du poids de la diffusion tout en lui permettant de prendre des risques

artistiques.

Pour les sociétés de production moins installées, le COSIP sélectif, juge les dossiers de

court métrage au cas par cas et accorde une aide financière selon deux types de

critères�: économique tout d’abord, l’œuvre devant impérativement être préachetée par

une chaîne de télévision, artistique ensuite.

C’est surtout le prix d’achat des formes courtes qui soulève des indignations.

Alors que la réalisation d’une minute de film coûte environ deux mille euros avec une

équipe réduite et généralement non rémunérée, elle est achetée trois cent euros en

31 Christine Palluel, déléguée du Syndicat des Producteurs Indépendants, « BREF », n°51, hivers 2001-2002.

46

moyenne par les diffuseurs du réseau hertzien et entre quinze euros et quatre vingt dix

euros euros par les chaînes câblées.

Pour protester contre cette situation et sensibiliser les diffuseurs, le Syndicat des

Producteurs Indépendants a organisé un gel des ventes pendant le mois de février 2000.

Si le mouvement n’a fait que peu de bruit, ses revendications sont aujourd’hui reprises

par le C.N.C., dans le cadre de la réforme de la diffusion du court métrage.

L’institution s’est donnée pour objectif de réévaluer de manière significative le prix

d’achat des courts métrages par les chaînes de télévision.

Le court métrage n’est pas considéré par les directeurs de chaînes comme une priorité

et le C.N.C. n’a pas de pouvoir coercitif.

Cependant la direction du C.N.C. peut convaincre les directions des chaînes de

l’importance de la place du court métrage dans l’univers de la création.

Malgré tout, la télévision reste le média le plus rentable sur le plan économique pour la

diffusion du court métrage en France.

«�La télévision fait la loi, sans préachat, ce n’est pas la peine de faire un film�!�»32.

Le poids de la télévision, surtout des grandes chaînes hertziennes, est tel dans l’univers

du format court, que l’on peut se demander, et ce, à juste titre, si la création ne va-t-

elle pas devoir répondre à des canons de diffusion formatés, pour intégrer une logique

industrielle.

Pour Roland N’Guyen, chargé des programmes courts à France3, «�Si on passait à 21h30,

on serait loftstorysés, c’est-à-dire que nous serions à la merci des ponts d’audimat et de

l’audience�».33

Ainsi, l’appartenance à un créneau horaire tardif permettrait une plus grande liberté

d’expression et annihilerait les risques de formatage imposés par la télévision.

32 Colas Rifkiss, réalisateur lyonnais, Lyon, juillet 2004.33« BREF », n°51, hivers 2001-2002.

47

Il est vrai, que pour le moment, d’après les enquêtes d’audimat, la diffusion des formes

courtes en troisième partie de soirée ne décourage pas un public évalué entre cent

cinquante mille et cinq cent mille téléspectateurs.

Pour les grandes chaînes de télévision, présenter des courts métrages peut participer à

leur image d’ouverture à la création, à la diversité des modes d’expression.

Ce travail de découverte peut aussi être vu comme un investissement sur le long terme.

Cependant, il faut garder en mémoire que les télés ont tout intérêt à diffuser du format

court afin de bénéficier des recettes qui concernent le pourcentage de diffusion des

œuvres françaises, et ce pour des investissements modiques.

1.6 Internet

Le XXIème siècle est l’ère du multimédia, des nouvelles technologies, et internet est

sans conteste, un des nouveaux outils de diffusion exploité par les producteurs, les

consommateurs…

Le court métrage, film de courte durée, dont la liberté de création offre un panel de

propositions cinématographiques, correspond bien au public internaute, avide de

découvertes, toujours en quête de nouveautés et à la recherche d’une exploitation

maximale du réseau web.

Tout est diffusable sur internet, aucune sélection n’est faite.

«�Le tri sur internet se fait uniquement sur la durée, il n’y a pas d’autres critères de

sélection�»34.

Pas vus ou peu vus, les courts métrages font figure de produits inédits que l’on peut

visionner de chez soi, sous réserve de disposer de conditions optimales de réception�:

image plein écran, haut débit de réception, grande vitesse de téléchargement des

images et du son…

34 Christophe Liabeuf, programmateur « Courts Toujours ! », Lyon, aout 2004.

48

En quelques années, certains sites web se sont appropriés le court métrage, et en ont

fait leurs vitrines.

Les films courts les plus exploités, sont ceux tournés par de jeunes réalisateurs, peu

regardant sur la législation (droits de cession des œuvres, rémunérations…).

En effet, si les sites web peuvent diffuser un nombre considérable de courts métrages,

c’est qu’ils bénéficient encore actuellement d’un environnement juridique flou, qui ne leur

impose pas de rémunérer les auteurs.

Les films courts attirent et retiennent l’attention du public, et les sites sont largement

rétribués par les espaces publicitaires.

«�Les sites de diffusion internet dédiés au court métrage exploitent le secteur, ils

attirent des annonceurs publicitaires, sont visités par le public, mais ne rémunèrent pas

les réalisateurs�»35, «�internet n’est pas valorisant pour le court métrage, il ne rémunère

pas et les moyens techniques sont négatifs�»36.

Actuellement, on peut distinguer quatre grands modèles économiques de sites

diffuseurs de court métrage

1.6.1 Les sites distributeurs / diffuseurs

Pour ces sites, internet sert à la fois de distribution classique et de nouveau support de

diffusion.

Les sociétés en question acquièrent les droits de diffusion pour tous supports (chaînes

hertziennes, câble, satellite, compagnies aériennes, salles de cinéma, édition vidéo…).

Elles peuvent ainsi céder les droits internet à un autre diffuseur internet.

Parallèlement, ces sociétés proposent une consommation grand public sur la toile des

films de leur catalogue.

Deux techniques existent, par téléchargement, ou instantanément. 35 Olivier Chané, réalisateur, Lyon, août 2004.36 Christophe Liabeuf, programmateur « Courts Toujours ! », Lyon, août 04.

49

1.6.2 Les sites diffuseurs en flux

Véritables télévisions sur internet, elles proposent une programmation en ligne avec des

émissions et autres rendez-vous spécifiques.

Accessoirement, elles proposent du contenu stocké accessible en téléchargement.

Parmi ces sites, on distingue ceux spécifiquement réservés au cinéma et ceux pour

lesquels le court métrage constitue un programme parmi tant d’autres.

1.6.3 Les sites diffuseurs en stock

La logique de programmation de ces sites repose sur une librairie digitale en ligne,

consultable par abonnement ou payable directement à la séance.

Il peut s’agir d’une consultation, mais a priori c’est le téléchargement qui prédomine.

On parle de E-distribution pour ce secteur qui devrait enregistrer à moyen terme des

remontées de recettes importantes.

Ces sociétés misent sur la technologie du haut débit et protègent les fichiers par un

système d’encryptage.

1.6.4 Les sites informatifs consacrés au court métrage et au cinéma

Ces sites, très nombreux sont des diffuseurs en flux, mais qui ne diffusent pas à

proprement parlé des courts métrages, mais du contenu informatif sur ce secteur.

Face à ces différents acteurs, les réalisateurs et les producteurs ont la possibilité de

vendre leurs films en prenant en compte un certain nombre de critères, les prix

proposés, les conditions d’achat… mais aussi l’utilisation qu’ils comptent faire de leurs

droits internet.

La qualité de la diffusion doit aussi être prise en considération.

50

Elle passe par des critères techniques (sécurisation des fichiers, techniques de

numérisation…) mais comptent aussi sur le design du site et le travail de marketing mis

en place.

Pour les fans d’image, le web permet de visionner à la demande et en temps réel des

films courts français et internationaux, pour les producteurs et les distributeurs, c’est

un moyen de présenter leurs catalogues et développer des possibilités de contact et de

vente.

C’est aussi un moyen pour les jeunes réalisateurs d’échanger avec les internautes par le

biais de forums de discussion.

«�Ce qui est intéressant pour le réalisateur est de jumeler la diffusion du film avec un

forum de discussion, cela permet d’avoir un retour du public�»37.

Les principaux sites internet dédiés à l’art du court métrage sont�: triptikfilms.com,

courtmetrage.com, district-parth.enay.fr, avidz.fr…

La chaîne de télévision ARTE propose également directement sur son site web, la

possibilité de visionner divers films d’animation.

37 Christophe Liabeuf, programmateur « Courts Toujours ! », Lyon, août 2004.

51

2. Une vraie diversité de la diffusion

2.1 Des commanditaires variés

Visible principalement en salle, en première partie de programme, ou lors de soirées

thématiques, on retrouve également le court métrage dans les festivals, dont le nombre

s’accroît, mais aussi sur les chaînes de télévision, publiques, privées, hertziennes,

câblées et numériques.

«�Fer de lance�» de certaines associations, il a aussi intégré les programmations

ponctuelles de structures publiques, telles que les médiathèques, les bibliothèques, les

centres culturels…

Animation événementielle pour de plus en plus de lieux, tel les bars (le Ninkasi, La Belle

Equipe, … à Lyon), ou bien encore les librairies, le format court se disperse dans des

endroits inattendus.

Des sites internet se consacrent exclusivement à sa diffusion, d’autres, plus

généralistes, proposent des extraits de court à leur public internaute.

L’Education Nationale et les Conseils Généraux s’investissent dans des dispositifs

pédagogiques en direction des publics scolaires (Lycéens au cinéma, Ecole et cinéma), qui

oeuvrent pour faciliter l’accès des jeunes à la culture, et de ce fait, au cinéma et au

court métrage.

La diversité de ces commanditaires est une véritable force pour le court métrage.

Ces lieux de programmation aussi variés les uns que les autres, lui permettent de

s’adresser à un public très large.

52

En effet, cet éventail de diffusion entraîne avec lui, des demandes de programmation

diverses.

Et c’est bien là, que l’on retrouve l’essence même du format court, la diversité de la

création et le renouvellement constant.

Certains diffuseurs veulent traiter d’un réalisateur précis et de son œuvre

cinématographique, d’autres vont s’intéresser à la production d’un pays en particulier,

d’autres encore, vont choisir une thématique sociale, ou alors, un genre de cinéma,

l’animation, la recherche, la fiction…

De ce fait, les films programmés, ne sont pas uniquement les films récompensés dans les

grands festivals de l’année.

A cette pluralité de propositions de programmation, va correspondre une pluralité de

public.

«�Par sa grande diversité de d’expression, le court métrage est amené à rencontrer des

publics très différents�»38.

Ce réseau national des commanditaires du format court permet un véritable travail

quantitatif, mais aussi qualitatif qui devrait permettre au court métrage de regagner

ses lettres de noblesse dans les années à venir.

2.2 Des locations en augmentation

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas toujours les mêmes films qui

sont loués et qui circulent.

A la diversité des commanditaires, s’ajoute la pluralité des choix de programmation.

Les films primés lors des festivals, bénéficient d’une communication bien légitime, qui

leur donne un attrait supplémentaire, mais l’Agence du court Métrage constate par

38 Didier Kiner, responsable pôle diffusion, Agence du Court Métrage, Paris, juillet 2004.

53

rapport au recensement du nombre de films loués entre l’année 1996 et l’année 2000,

une augmentation de 34%.

En 1996, les locations concernaient sept cent trente neuf titres différents, en 2000, il

s’agit de mille cent vingt-deux titres différents.

Ce phénomène peut s’expliquer par l’énorme travail de communication que fait l’Agence

sur la totalité des copies qui sont en sa possession.

Ce sont six à sept mille films qui sont répertoriés, classés, présentés sur catalogue, par

thématiques, par auteurs…

De ce fait, les programmateurs ont une bien meilleure connaissance du patrimoine mis à

leur disposition, et cela correspond aussi très certainement à l’idée d’événement unique

qu’ils souhaitent préparer.

Ils sont en quête du thème, du sujet… qui va interpeller le public, et la diversité

d’expression du format court répond tout à fait à leur demande.

2.3 Une diversité des films loués

Une fausse croyance voudrait aussi que soient loués les films les plus faciles, les

comédies ou les sempiternels «�films à chute�»…

«�Il y a à ce niveau une véritable évolution des attentes des programmateurs et une

réelle tendance à l’allongement des durées�»39.

La généralisation des séances ponctuelles, l’arrivée de nouvelles habitudes de

programmation, contribuent à favoriser la diffusion de films plus longs.

La conception du court comme complément de programme n’est plus la seule viable.

Il est également important de signaler que les films les plus diffusés ne sont pas

systématiquement des fictions, même si le genre remporte énormément de succès

auprès du grand public.

39 Didier Kiner, responsable pôle diffusion, Agence du Court Métrage, Paris, juillet 2004.

54

Proportionnellement au nombre de films produits (la production étant assez restreinte),

les films d’animation se taillent bel et bien la part du lion et enregistrent le plus de

suffrages auprès des programmateurs.

La diffusion du court ne concerne pas non plus uniquement les films de l’année.

En 2000, trois cent trente et un titres loués concernaient la production 99/2000, mais

il faut souligner que six cent trente neuf films issus de la période 90/98 ont été loués,

et que plus de 150 titres antérieurs aux années 90 ont été programmés cette année là.

Evidemment, les films de l’année en cours sortent plus souvent que les autres, mais il est

remarquable que des films datant de plusieurs années continuent à être autant

demandés.

C’est bien l’une des spécificités de la diffusion du court par rapport au long, celui-ci

n’est tributaire de l’actualité des sorties.

55

III. LES FRUSTRATIONS DU COURT METRAGE…

1. Une mémoire courte

1.1 Le vieillissement des films

Alors que la visibilité des courts métrages ne cesse de s’améliorer, le vieillissement

prématuré des films demeure l’un des problèmes les plus préoccupants auxquels sont

confrontés les acteurs de cette diffusion.

En effet, les programmateurs qui souhaitent projeter des courts ont beaucoup de mal à

obtenir les films.

Ils se heurtent régulièrement au problème du nombre restreint de copies, mais

également à un phénomène beaucoup plus inquiétant, celui de leur usure.

Pour des raisons fondamentalement économiques, lorsqu’un court métrage est réalisé, il

n’est tiré qu’à un ou deux exemplaires.

Bien souvent, le réalisateur et l’auteur ne disposent pas de copie de leur œuvre.

Les films sont en principe, conservés par les sociétés de production, mais dans la

pratique, peu d’entre elles, assurent véritablement cette mission, ou bien alors sur une

durée relativement courte.

56

«�Il est pourtant plus facile de stocker des formats courts que des longs métrages, qui,

en fin de carrière sont pilonnés, car ils prennent trop de place�»40.

Dès sa création, en 1983, l’Agence du Court Métrage a pris en considération

l’éparpillement et le risque de disparition des formats courts.

Elle s’est donnée une mission de conservation des films et affirme depuis, son rôle de

lieu de mémoire.

Les courts métrages, que les réalisateurs et les producteurs lui confient volontairement,

sont stockés, vérifiés, bénéficient d’une communication, et sont à la disposition des

réalisateurs.

Cependant, le service technique de l’association constate de plus en plus fréquemment

l’usure des courts, sans qu’il puisse y remédier.

«�Notre service possède plus de dix mille films, mais trois mille d’entre eux ne sont plus

en état de circuler�»41.

Bien entendu, l’Agence alerte les producteurs et les réalisateurs lorsque l’unique copie

du film frôle l’état 442, elle les incite à continuer à se soucier de la qualité de leur

produit, mais se heurte à un relatif désintérêt de leur part.

Faire un retirage d’un produit qui n’est plus d’actualité pour les sociétés de production, a

un coût économique qu’elles ne sont pas capables de prendre en charge.

Rares sont les réalisateurs, comme Jean-Pierre Jeunet, qui n’hésitent pas à tirer de

nouvelles copies de leurs films quand ils apprennent que celles-ci sont usées.

Ces professionnels peuvent se le permettre, mais ils ne sont pas représentatifs de la

majorité des réalisateurs de court métrage.

Si l’on désire voir se dessiner, au travers de la production de films courts, une véritable

histoire complète du cinéma français, il apparaît primordial de conserver la pérennité

40 Thierry Voissat, cinéma Opéra, Lyon, août 2004.41 Didier Kiner, responsable pôle diffusion, Agence du Court Métrage, Paris, juillet 2004.42 Etat d’usure d’une copie sur une échelle de 1 à 5, état 4 signifiant état médiocre.

57

des films les plus anciens, de les mettre en perspective avec les nouvelles créations,

bref, de conserver des traces.

Bien sur, si l’on se fie aux statistiques de location, les films les plus récents continuent

d’être les plus loués, mais si l’on souhaite changer les habitudes de programmation, il

faut être en mesure de proposer des produits de qualité, qui soient techniquement

diffusables.

A ce problème de vieillissement des copies de films, et du manque d’intérêt qu’il suscite

auprès des producteurs, mais aussi finalement des réalisateurs, il faut y voir un

problème beaucoup plus global pour le court métrage�: celui qui fait de lui, un objet

transitoire, le symbole d’une époque unique…

1.2 Une valeur historique peu reconnue

Il existe, en France de nombreux organismes culturels, qui possèdent des catalogues de

courts métrages, antérieurs à ces trente dernières années.

Leurs fonds ne sont pour la plupart, pas exploités.

L’Agence du Court Métrage travaille actuellement en collaboration avec ces structures

pour établir des passerelles entre elles et créer un véritable réseau de distribution.

Le C.N.C., qui dispose d’un service d’archives du film, restaure et sauvegarde

quotidiennement des œuvres courtes et longues.

En ce qui concerne la mémoire du court métrage, ce sont les périodes des années 30/40

qui font l’objet d’une attention plus particulière de ce service.

Ces structures diverses ont tout à fait conscience de la valeur historique des œuvres du

début du siècle, mais ne s’attachent pas encore aux périodes plus récentes des années

70/80, symboliques des années noires de la diffusion du court métrage.

58

Trop proches de notre actualité, leur antériorité ne leur confère pas de légitimité

historique, ni de valeur artistique.

Un grande partie des courts de ces époques, s’ils n’ont pas été conçu par des

réalisateurs, qui depuis se sont illustrés dans le format long, sont laissés de coté.

Finalement, on reconnaît une valeur historique à la production des courts métrages du

début du siècle, uniquement car ils sont les témoins d’une époque, et non pas pour la

trace qu’ils laissent dans l’histoire du cinéma français.

La mémoire du court est en péril, cela est bien révélateur de la difficile reconnaissance

que ne parvient pas à obtenir ce format particulier, dans l’histoire de notre pays.

Diffuser du court, ce n’est pas seulement promouvoir de jeunes talents, c’est aussi

rendre publique une mémoire cinématographique nationale.

L’attitude des programmateurs et des festivals vis-à-vis des courts métrages les plus

anciens évolue bien dans ce sens, mais les mentalités restent à changer.

La forme courte, si tant est qu’on veuille bien lui reconnaître un statut d’œuvre

artistique, n’a encore actuellement de valeur, que pour une poignée d’années.

1.3 Le court métrage�: symbole d’une époque mais objet transitoire

Souffrant d’une économie défaillante, le court métrage ne parvient pas plus à trouver sa

place dans le domaine artistique, qu’à marquer les esprits durablement.

Réalisé dans des conditions difficiles financièrement, sitôt produits par les sociétés de

production, les courts ont une durée de vie égale à leur brève diffusion.

Une fois, programmé dans les festivals les plus intéressants, le film n’a que très peu

d’espérance d’être de nouveau diffusé.

Les producteurs engagés sur de nouveaux projets, ne suivent pas la carrière du produit,

et n’assument pas la mission qui est censée être la leur, la commercialisation.

59

L’Agence du Court Métrage tente de faire circuler le court, mais le réseau de diffusion

n’étant pas extensible, à priori, le film a une carrière extrêmement courte.

Bien sur, du coté des réalisateurs, si l’on a le sentiment de construire une œuvre dès son

premier court, sans doute est on plus attentif à ce que devient le film.

Cependant, le court métrage s’apparente à un objet transitoire dans lequel ils

s’investissent, mais seulement pour un temps, et rebondissent ensuite sur un autre

projet.

Evidemment, à l’heure actuelle, les longs métrages n’ont pas non plus des durées de vie

exemplaires, mais peuvent souvent faire une nouvelle carrière télévisuelle, ou bien en

vidéothèques.

Tant que le court métrage sera considéré, comme un moyen de pénétrer dans le cinéma,

il souffrira de l’aspect réducteur que lui attribue ce statut.

Cependant, et c’est encore là que réside le problème�: les principaux intéressés, les

réalisateurs eux-mêmes, l’envisagent comme un objet transitoire, un objet de son

époque, un accès au septième art…

«�Avant le court métrage était symbole d’expérimentation, maintenant, c’est une carte

de visite�»43.

«�Il n’y a pas de bénéfice à faire un court métrage, car il n’y a pas de retour, c’est juste

une carte de visite�»44.

43 Laurent Hugues, coordonnateur du festival de Villeurbanne, Lyon, juillet 2004.44 Damien Steck, réalisateur, Lyon, juillet 2004.

60

1.4 Une absence de communication

Nous l’aurons compris, le court métrage, souffre d’une crise identitaire.

Pour les réalisateurs, c’est un passage obligé vers le long, pour les producteurs, c’est un

exercice de style, et pour les programmateurs, c’est un produit dont la durée de vie est

uniquement liée au temps de da diffusion.

Son économie défaillante, et son affectation d’objet transitoire, n’incitent pas les

sociétés de production à communiquer à son sujet.

Cette mission, qui devrait pourtant être la leur, est souvent laissée pour compte.

«�Les producteurs ne vont pas dépenser de l’argent pour un truc qui n’en rapporte

pas�»45.

En effet, alors que les budgets de production d’un court sont toujours bouclés au plus

juste, on comprend bien l’impossibilité des financeurs à prendre ne charge la réalisation

de supports publicitaires.

Il apparaît ensuite difficile de générer des envies de la part d’un public non averti…

Les réalisateurs, qui créent leur propre société de production tentent souvent

d’assumer la commercialisation de leur film eux-mêmes, en éditant en série limitée, un

dossier de presse, quelques affiches, et en négociant des entrevues avec les exploitants

de salles.

«�Il faut que le réalisateur fasse tout lui-même, pour assurer la carrière de diffusion de

son film»46.

Les festivals sont des événements propices à la communication des courts, cependant, si

l’on souhaite offrir à ces films une second souffle, il parait essentiel de faire l’écho de

ce qui est existant dans ce domaine.

45 Damien Steck, réalisateur, Lyon, juillet 2004.46 Cyril Peyramond, réalisateur et producteur, Lyon, juillet 2004.

61

L’Agence du Court Métrage édite un trimestriel «�Bref�» consacré à l’actualité du court

mais aussi à des films de référence.

C’est un outil intéressant, cependant sa diffusion ne concerne qu’un réseau très limité de

lecteurs, les exploitants de salles «�Art et Essai�», les associations, et quelques

cinéphiles…«�Tout reste à inventer dans la communication du court»47.

Des pistes de réflexion et des premières tentatives sont en train de voir le jour, du

coté du Conseil Régional Rhône-Alpes et du G.R.A.C. (annexe 14), qui incitent ensemble, à

un travail de qualité et en réseau, les quarante trois salles adhérentes.

Un fascicule, présentant les courts métrages subventionnés annuellement par la région,

est en cours de préparation.

Chaque film aura sa propre présentation, sous forme de fiche signalétique.

Ce document pourrait être à la disposition de l’ensemble des spectateurs, à l’entrée de

chacune des salles de l’agglomération lyonnaise.

Bien que celui-ci ne communique que sur la production récente des films courts, cela

peut-être un premier pas incitatif et générateur de curiosité pour le public.

47 Didier Kiner, responsable pôle diffusion, Agence du Court Métrage, Paris, juillet 2004.

62

2. Une économie en marge

2.1 Une économie associative

«�C’est un domaine presque sinistré, qui s’apparente au système D�»48.

Nous l’avons vu, le court métrage n’a pas d’économie, à proprement parler.

L’économie libérale française, permet aux différentes tutelles, concernées par le

secteur cinématographique, de s’entendre sur un minimum de dossiers, et de mettre de

l’argent de coté par l’ensemble de la profession, argent qui est ensuite redistribué à

hauteur de 30% pour le cinéma national.

Le financement global du court métrage en France, représente plus de onze millions

d’euros, dont les 2/3 sont issus de subventions publiques. (annexe 15)

La remontée effective de recettes, correspondante à la billetterie des salles de cinéma,

représente environ quatre cent cinquante mille euros pour le court métrage, ce qui

permet au système de se financer pour une petite partie.

Le court métrage n’est pas lucratif, il ne se vend pas, ou se vend mal.

Ses coûts de production sont très élevés, (il faut compter environ quarante six mille

euros pour réaliser un film), ses moyens techniques sont considérables, et il nécessite un

personnel professionnel et qualifié, du tournage au montage du film.

De manière générale, les films peuvent bénéficier d’une aide avant réalisation, d’une aide

d’une collectivité territoriale, ou bien du soutien d’une chaîne de télévision.

Ce sont bien les uniques recettes dont dispose le format court.

A l’envisager de cette manière, il faut voir dans l’économie du court métrage français,

(qui reste l’un des mieux aidés au niveau européen), une économie associative.

48 Geneviève Villard, chargée de mission cinéma, Conseil Régional Rhône-Alpes, Lyon, juillet 2004.

63

En effet, le court métrage est aidé, il est subventionné par les pouvoirs publics, et à ce

titre, revendique un régime d’exception par rapport au cinéma, dont les enjeux

commerciaux ont depuis quelques années, dépassé les enjeux artistiques.

Les chapitres suivants attireront notre attention sur le problème de la rémunération

des personnels du court, et sur les conséquences du poids des tutelles dans le

positionnement artistique du court.

2.2 Un cadre légal flou

«�Sur un court métrage, on fait ses preuves, avant de passer à un long métrage.�»

Cette affirmation, d’envisager la réalisation d’un film court, comme un exercice, a pour

conséquence de faire évoluer le secteur du court dans un cadre légal flou.

Les producteurs prennent des libertés avec le droit du travail, en s’appuyant sur la non

rentabilité économique de la production.

De ce fait, les techniciens et les acteurs d’un court métrage travaillent bénévolement,

et ce, dans une règle quasi générale.

Jusqu’ici cette pratique ne posait pas trop de problème.

L’absence de cachets des équipes artistiques et techniques, en grande majorité

intermittents du spectacle, se trouvait en réalité financée par les Assedic.

Les intermittents ayant effectués leurs cinq cent sept heures, bénéficiaient des

indemnités chômage et pouvaient se permettre de travailler gratuitement pour un court

métrage.

Depuis juin 2003, ce système est mis en péril par la réforme du régime de

l’intermittence.

64

Auparavant, le Ministère de la Culture et de la Communication, ainsi que le C.N.C.

s’étaient déjà penchés sur cette question, en tentant de rompre «�le marché au noir�» du

travail, dans le domaine du court.

Depuis deux ans, ils refusent d’aider les sociétés qui ne respectent pas le droit du

travail, cela afin d’arriver à une professionnalisation du secteur.

La Commission Nationale du Film France (C.N.F.F.) reconnaît «�que beaucoup de

producteurs prennent des risques avec des pratiques à coté du droit du travail�».

Les collectivités qui subventionnent remarquent aussi que «�le court métrage continue

d’être décrit comme l’école du cinéma, l’antichambre du long, le parent pauvre du

septième art (…) mais cela ne lui donne pas au regard du droit social, un statut

particulier�»49.

Il semble qu’à l’heure actuelle, la tolérance pour le court ne soit plus de mise.

On peut à présent, s’inquiéter de l’avenir d’une économie dont les failles sont restées

très longtemps sous silence.

Inclure dans le budget de réalisation d’un court, les charges nettes concernant le

personnel, risque d’entraîner une baisse de la production, car les mesures prises

concernant le respect du Code du Travail, vont pénaliser indirectement le secteur du

court métrage.

En réglant cette situation d’illégalité, les pouvoirs publics, principaux financeurs du film

court, vont devoir revoir le système d’attribution d’aides, dans son ensemble, s’ils

souhaitent voir le court métrage, regagner ses lettres de noblesse.

49 « Cahiers du cinéma », n°592, juillet-août 2004.

65

3. Une «�liberté conditionnée�»

3.1 «�L’uniformité�» de la production

L’année 2003 a été profondément marquée par la décision du jury du Festival

International du Court Métrage de Clermont-Ferrand, de ne pas décerner le Grand Prix,

après que les membres aient visionné les cinquante cinq films en compétition.

Le président du jury, le comédien Mathieu Amalric, déplore alors�: «�le manque

d’inventivité formelle et le trop plein de bons sentiments des films présentés, alors que

le court métrage est théoriquement le format de la liberté, de l’audace, du risque,

toutes les histoires sont racontées de la même manière�.»50

Certains professionnels sont indignés, ils répondent à cela, par des arguments

économiques et des impératifs de sauvegarde du court métrage français.

La polémique sur la qualité et le manque d’originalité des courts métrages français, qui

de toutes façons, était sous jacente, est lancée alors.

On parle depuis, de «�formatage�» et «�d’institutionnalisation�» du court métrage

français.

Pour Cédric Walter, producteur de courts métrages (Château rouge Productions)�: «� Le

nivellement des scénarios est réel et particulièrement visible à Clermont Ferrand, qui se

fait l’écho de ce qu’il y de plus académique.�»51

Valentine Roulet, à la tête du service de création du C.N.C. déclare�: «�depuis un an, les

commissions avant tournage constatent une réelle baisse de la qualité des scénarios.�»52

50 « Cahiers du cinéma », n°592, juillet-août 2004.51 Ibid52 Ibid

66

Sébastien Lifshitz, président de la commission du Prix de la Qualité reprend�: «�nous

avons aidé moins de films que les années précédentes et aucun n’a suscité

l’enthousiasme. La qualité était bonne, mais rien ne se distinguait.�»53

Alors que les professionnels du secteur attendent du court métrage, qu’il soit un lieu

d’expérimentations, de formation, de recherche… on assiste, apparemment à un déclin

artistique de celui-ci.

«�Le court métrage manque actuellement d’envergure, cela devient tout et n’importe

quoi�»54.

Il est difficile d’en donner les raisons aujourd’hui, cependant, on peut sans doute

prendre deux éléments en considération.

D’une part, la création, sans cesse en mouvement, passe par des phases successives de

reproduction, de transformation, ou d’innovation, et le «�formatage�» actuel du court

métrage français, ne serait qu’une mauvaise période, une période creuse sur le plan de

l’imagination.

D’autre part, le système d’attribution de subvention dont le court métrage est

totalement dépendant, pourrait influencer considérablement la production artistique.

Dans les deux cas, le problème d’uniformité de la production nationale actuelle, enclave

le système, alors que celle-ci reste la plus fertile au monde.

3.2 Le système du «�tri sur scénario�»

Les projets de courts métrages semblent tous se ressembler, cela n’est pas si étonnant

quand on sait que les commissions d’attribution des subventions publiques, se prononcent

uniquement à la lecture du scénario.

53 « cahiers du cinéma », n°592, juillet-août 2004.54 Colas Rifkiss, réalisateur, Lyon, juillet 2004.

67

Les producteurs et les auteurs, qui passent en commission, ont parfaitement conscience

des sensibilités des jurys, et vont tenter au grand maximum, de faire correspondre

leurs films, à ces critères plus ou moins subjectifs.

Le scénario doit être bien ficelé et correspondre aux lecteurs professionnels.

De ce fait, il semble évident que les projets puissent se ressembler les uns les autres.

Pour qu’un film ait une chance d’être préacheté par une chaîne de télévision, il faut qu’il

utilise certaines «�ficelles�» chères au média pressenti, les beaux paysages, les faits

sociaux…

Les exigences de diffusion entraînent dès la phase de l’écriture du film, des concessions

artistiques.

Passer le cap des commissions pour les auteurs, c’est avoir la possibilité de réaliser son

film court, quitte à entrer dans un système un peu trop institutionnalisé, mais, et c’est

bien là le problème, il n’y a pas d’autre choix.

Le système du «�tri sur scénario�» fait débat actuellement.

On lui reproche d’être éventuellement, à l’origine de cette uniformité actuelle de la

production de films courts, d’être responsable d’un certain «�formatage�».

L’objectivité d’une commission est de toutes façons, toujours ambiguë. Les membres des

commissions peuvent difficilement oublier leurs propres choix esthétiques et leurs

sensibilités personnelles.

Le C.N.C., régulièrement attaqué à ce sujet, envisage actuellement d’étudier un nouveau

système d’attribution, qui ne se baserait plus uniquement sur la lecture des scénarii,

mais sur l’appréciation de prototypes.

Les réalisateurs, conscients «�qu’il faut bien que les films soient triés sur quelque

chose…�», souhaiteraient être présents lors des commissions, et pouvoir défendre leur

travail devant les jurys. «�Il n’y a pas de transparence dans les commissions, on ne sait

pas sur quels critères sont choisis les courts�»55.

55 Colas Rifkiss, réalisateur, Lyon, juillet 2004.

68

IV. DES PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE

DIFFUSION…

1. Revoir le cadre légal…

1.1 Réformer le «�1%�»

Quarante ans après sa création, et malgré une tentative de réforme en 1992, le «�1%�»

continue de provoquer la colère du milieu du court métrage, en restant la principale aide

à la diffusion en salle.

Instauré par André Malraux en 1959, le «�1%�» vise en fait à promouvoir la visibilité des

formes courtes en incitant leur diffusion en première partie de programme.

Pour cela, la loi prévoit que toute entreprise qui compose un programme complet, un long

métrage précédé d’un court métrage, peut bénéficier d’un soutien financier automatique

qui correspond à une majoration de 8% de la Taxe Spéciale Additionnelle collectée par

l’entreprise, soit 1% de la recette globale générée par le film.

Autrement dit, toute entreprise achetant des droits de diffusion d’un court métrage en

première partie de programme voit son compte de soutien au C.N.C. crédité d’une somme

équivalente à 1% des bénéfices occasionnés par la sortie du long métrage en salle.

69

Si la loi parle d’entreprise, laissant entendre que distributeurs et exploitants pourraient

eux aussi bénéficier de ces remontées d’argent en prenant l’initiative d’une

programmation complète, la pratique veut que ce soit les producteurs de longs métrages,

qui, parce qu’ils en ont l’envie et les moyens, investissent dans l’achat des courts

métrages et bénéficient de l’aide financière.

Jusqu’en 1994, cette dernière pouvait aller de mille cinq cent à cent cinquante deux mille

cinq cent euros, mais il a depuis été créé un plancher de soixante seize mille euros et un

plafond de la même somme, que l’aide financière, quelle que soit la recette du long

métrage, ne peut pas dépasser.

De son côté, le producteur doit s’engager à tirer au moins cinq copies du court métrage,

à ses frais généralement, et à le diffuser au moins deux cent fois, ce qui correspond en

moyenne à une semaine d’exploitation.

En 2000, vingt cinq courts métrages ont ainsi été programmés, générant un soutien

global d’environ trois cent cinq mille euros.

La question qui préoccupe les professionnels est celle de l’affectation de cette somme.

Il existe en effet une évidente inégalité de la redistribution du soutien au niveau des

acteurs de la chaîne économique du court métrage.

Alors qu’un producteur de long métrage investit en moyenne soixante seize mille euros,

entre les droits et le tirage des copies, il peut au pire rentrer dans ses frais, au mieux

gagner dix fois plus, sans que le distributeur, ni l’exploitant, ni surtout le producteur de

court métrage y trouve un quelconque avantage financier.

Ce système profite exclusivement aux producteurs de longs métrages qui n’hésitent pas,

dans certains cas extrêmes, à produire eux-mêmes le court métrage qui génère le

soutien.

70

De plus, le contrôle de la diffusion réelle des courts métrages en salle pose problème

puisque, pour être effectif, il faudrait que les agents du C.N.C. sillonnent les salles de

cinéma pour vérifier la programmation et les recettes.

Enfin, l’intérêt même du dispositif pour la valorisation du court métrage peut lui aussi

être remis en question puisque le choix des films diffusés est motivé par des critères

de durée, ils ne doivent pas excéder sept minutes et s’adresser au grand public.

Le «�1%�» s’adresse plus particulièrement à un type de court métrage, et ne profite

finalement qu’aux gros producteurs de longs métrages.

Il faudrait faire un état de lieux des modes de diffusion du court métrage et des

opérateurs, publics ou privés, qui sont les plus efficaces pour ensuite pouvoir les

encourager. Le C.N.C. réfléchit encore à la question…

2. Pour mieux diffuser…

2.1 Une aide supplémentaire aux tirages des copies

Le court métrage doit être mieux diffusé, mais il faut savoir que les programmateurs ou

les directeurs de salles ont de plus en plus de mal à obtenir les films qu’ils souhaitent

montrer.

Très souvent, aucune copie du film n’est disponible à la location.

Un des premiers obstacles à une diffusion élargie, et de qualité, est donc, l’absence de

copies en nombre suffisant.

71

Il est difficile d’envisager que chacun des films produits annuellement, soit tiré en

plusieurs exemplaires, mais, si l’on se fie aux statistiques de l’Agence du court Métrage,

il semblerait que les locations ponctuelles des films, soient en augmentation.

De plus, les divers diffuseurs semblent s’engager de plus en plus vers une démarche

patrimoniale de programmation, en empruntant dans les fonds anciens.

Depuis quelques mois, le C.N.C. a mis en place une nouvelle aide au tirage des copies de

films de court métrage, l’enjeu étant le tirage de copies supplémentaires en vue d’une

meilleure diffusion.

Une plus grande disponibilité des copies devrait entraîner de fait, une meilleure

diffusion et promotion du court métrage français…

2.2 Décentraliser la diffusion…

Le temps est bel et bien fini ou le court métrage faisait partie des premières parties de

programme en salle…

D’ailleurs, aux dires de certains, le court n’était pas toujours apprécié à sa juste valeur,

lorsque les spectateurs attendaient impatiemment de voir le film pour lequel, ils

s’étaient déplacés.

Le système du «�1%�» n’est pas vraiment incitatif, et n’est plus représentatif de la

diffusion du court.

C’est une diffusion aux commanditaires variés, comme nous l’avons vu précédemment, et

c’est certainement sur ce point, qu’il faut l’envisager dorénavant.

L’enveloppe budgétaire consacrée à la diffusion du court métrage en salle, pourrait sans

doute être répartie plus largement entre les différents acteurs du film court (festivals,

animations ponctuelles…) qui tous, peuvent arguer qu’ils contribuent à sa diffusion.

72

Le réseau de diffusion de l’Agence du Court Métrage fonctionne bien, les salles

concernées sont de plus en plus nombreuses, et surtout, s’engagent en adhérant, à faire

un travail d’information auprès des spectateurs.

Le court est présenté lumières éteintes, comme pour un long, il fait partie du

programme de la salle, le public est averti de ce qu’il va voir, et des intentions qui sont,

celles de l’auteur.

Lorsque les conditions le permettent, les cinémas proposent un débat ou une rencontre

avec les réalisateurs.

Ces moments sont appréciés de tous, et participent à une meilleure compréhension du

film court, en tant qu’œuvre à part entière, mais aussi en tant que mémoire du cinéma.

«�Ce n’est pas une question de mémoire pour le grand public, c’est une question

d’ignorance�»56.

En effet, les séances réussies sont celles dites évènementielles, soirées uniques ou

périodiques avec la présence d’un professionnel, ou de l’équipe de tournage, pouvant

dialoguer avec le public.

Sans outils de communication, le lien artistes/spectateurs ne peut se faire que par la

rencontre de ces deux entités, et c’est dans des actions de qualité et sur la durée que

l’on pourra en mesurer les effets.

Les festivals dédiés au genre ont généralisés la formule du «�programme�».

Ils assemblent entre eux plusieurs films ni trop semblables ni trop différents en faisant

en sorte qu’ils ne se nuisent pas les uns les autres.

Les réalisateurs sont souvent présents, et des débats sont proposés régulièrement au

cours de la programmation.

Cela relève d’une alchimie parfois délicate, mais il semble que les spectateurs adhèrent

parfaitement à la formule.

56 Christophe Liabeuf, programmateur de « Courts toujours ! », Lyon, août 2004.

73

Les programmes distribués en salle sur le modèle du long métrage ne font que très

rarement recette, malgré l’investissement et l’effort de communication que font les

exploitants.

Il reste certainement à inventer une formule qui soit plus attrayante pour les

spectateurs.

Des collaborations sont peut-être à réfléchir avec le milieu associatif et le milieu

culturel.

Dans plusieurs régions, des associations organisent des projections avec une régularité

plus ou moins soutenue.

Il faudrait que ces structures régionales qui aident la production de courts métrages, se

charge aussi d’organiser des présentations de films, en prenant en charge elles-mêmes

le tirage des copies, mais aussi les supports de communication.

Il faut inventer et multiplier les façons de présenter les courts métrages sur grand

écran, car il est extrêmement important de conserver des qualités techniques de

diffusion, identiques aux longs métrages.

C’est par la diffusion que tout commence, c’est en remettant en marche ce maillon de la

chaîne, que l’on contribuera à consolider l’ensemble du secteur.

Il ne faut pas créer absolument de nouveaux projets car il y a une vraie diffusion des

courts métrages aujourd’hui, mais il faudrait conforter et améliorer les dispositifs

existants.

Ressasser que les courts métrages ne sont pas vus est une erreur d’appréciation qui

tient à la difficile lisibilité d’une diffusion disséminée et pas vraiment quantifiée.

Affirmer que l’on doit améliorer la diffusion est une évidence à laquelle sont confrontés

tous les acteurs du court…

74

CONCLUSION

Difficile et délicat de conclure sur un sujet aussi passionnant et passionné que la

diffusion de court métrage en France…

Au fil des entretiens avec les différents professionnels rencontrés, et à la suite des

recherches consacrées à ce sujet, il serait aisé de conclure, que le court métrage a

besoin d’argent…

C’est bien là, finalement le discours officiel.

Un secteur sans économie propre, un marché de diffusion restreint… mais aussi, une

telle liberté dans la création, dans la durée, dans le format, dans le style…

Le format court, en France, bénéficie de subventions publiques conséquentes, sans

lesquelles il ne pourrait exister.

Il lui est reproché d’en être dépendant, d’être formaté, alors comment envisager

d’augmenter les financements publics sans craindre une perversion complète du

système�?

Difficile d’appliquer un procédé de cinéma commercial, à un secteur qui revendique son

indépendance dans la création artistique…

Faudrait-il envisager le court, comme faisant partie du champ commercial, ou lui

conserver son identité propre qui évolue dans le champ culturel�?

Le court métrage français risque de subir sa propre fracture, si l’on s’évertue à

raisonner en termes économiques et de rentabilités financières.

75

«�Seuls les films les plus gros et les plus longs, ceux qui font l’objet de castings

professionnels, seront bientôt subventionnés�»57.

En effet, si les sociétés de production deviennent des entreprises para publiques,

dépendantes de subventions, ou des entités commerciales censées générer du profit,

une minorité de projets de courts métrages survivra …

«�Si l’économie prend trop d’importance, la création risque d’en prendre un coup…�»58.

Des choix politiques sont à faire�: respecter la légalité, réaliser du profit… bien que

complètement défendables, sont des principes qui évinceront la petite production la plus

fertile, au profit de «�blockbusters�» du court métrages, des films à gros budget,

réalisés par un petit cercle de réalisateurs, et produits par les mêmes sociétés de

production…

Pour que la situation économique du court évolue, il faut régler de toute urgence la

question du cadre légal de la production du court métrage en France…

L’absence de statut, de crédibilité et d’identité du film court, créent une impasse, dans

laquelle il est difficile d’envisager une diffusion de qualité.

Malgré tout, le film court n’est pas si mal diffusé…, «�c’est finalement un milieu assez

juste, avec des histoires de passions…�»59…

57 Christophe Liabeuf, programmateur « Courts toujours ! », Lyon, août 2004.58 Idem.59 Idem.

76

BIBLIOGRAPHIE

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Festival International du Film de l'Internet�: http://www.internet-film.org

Reportages et extraits

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Le court sur les chaînes TV

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80

ANNEXES

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LISTE DES PERSONNES RENCONTREES

Abgrall Maya, collectif «�Kess Ki Pass”, Villeurbanne.

Cayrol Stéphane, animateur sur T.L.M., Lyon.

Chané Olivier, réalisateur, Lyon.

Hugues Laurent, programmateur du festival du film court de Villeurbanne.

Kiner Didier, responsable pôle diffusion, Agence du Court Métrage, Paris.

Liabeuf Olivier, programmateur du festival «�Courts toujours�!�», Bron.

Lionnet Carl, réalisateur et producteur, Lyon.

Périnet Colette, présidente du G.R.A.C, Lyon.

Peyramond Cyril, réalisateur et producteur, Lyon.

Raymond Vincent, animateur sur Cités Télévision, Villeurbanne.

Rifkiss Colas, réalisateur, Lyon.

Sicaud Roger, conseiller cinéma, D.R.A.C. Rhône-Alpes.

Steck Damien, réalisateur, Lyon.

Villard Geneviève, chargée de mission cinéma, Conseil Régional Rhône-Alpes.

Voissat Thierry, cinéma Opéra, Lyon