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LA FERME ATOMISÉE L’impact des nanotechnologies sur l’agriculture et l’alimentation Novembre 2004

La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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LAFERMEATOMISÉE

L’impact des nanotechnologies sur l’agriculture et l’alimentation

Novembre 2004

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ETC Group remercie le Centre de recherches pour le développement international,Canada, de l’appui financier accordé à sa recherche sur les technologies

à l’échelle nanométrique. Nous voulons aussi exprimer notre reconnaissance pour l’appui accordé par SwedBio (Suède), le CS Fund (États-Unis), l’Educational

Foundation of America (États-Unis), la JMG Foundation (Royaume-Uni) et le Lillian Goldman Charitable Trust (États-Unis). Les points de vue exprimés

dans ce document sont cependant ceux d’ETC Group.

Illustrations originales de Reymond Pagé

Traduction par Michèle Bélanger

LA FERME ATOMISÉEL’impact des nanotechnologies

sur l’agriculture et l’alimentation

Novembre 2004

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On peut télécharger sans frais les publications d’ETC Group,y compris La ferme atomisée, à partir du site Web :

www.etcgroup.org

Pour obtenir une copie papier, communiquer avec :

[email protected]

ETC Group

431 Gilmour Street, 2ième étage Ottawa, ON, Canada K2P 0R5

Téléphone : 613-241-2267Télécopie : 613-241-2506

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TABLE DES MATIÈRES

Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1

Introduction – Un tour d’horizon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3

I. Nanoagriculture – La ferme atomisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8

Des semences miniatures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8

Les nanocides – Des pesticides en capsules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11

L’agriculture de précision – De la poussière intelligente au champ intelligent . . . . . .15

Commerce à rabais – Les nanoproduits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22

La ferme des nanomaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29

L’agriculture de demain – Nanobiotechnologie et biologie synthétique . . . . . . . . . . .36

II. Aliments et nutrition – La nano qu’on nous fait avaler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39

Des aliments issus de la fabrication moléculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40

Emballage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41

Étiquetage et contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44

Les nanoaliments – Qu’est-ce qu’on nous mijote ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45

Transport adapté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48

III. Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53

Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57

Annexe 1: Géants de l’industrie des aliments et boissons – RD en nanotechnologie . . . . .63

Annexe 2 : Nanobrevets en Alimentation et Emballages Alimentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64

LA FERME ATOMISÉEL’impact des nanotechnologies sur l’agriculture et l’alimentation

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L’enjeu : Les nanotechnologies,soit la manipulation de la matièreà l’échelle des atomes et desmolécules (le nanomètre [nm] faitun milliardième de mètre), conver-gent à toute vitesse vers labiotechnologie et les technologiesde l’information pour modifier demanière radicale les systèmesalimentaires et agricoles. D’ici vingtans, l’impact de la nanoconvergencesur l’agriculture et l’alimentationdépassera celui de la mécanisationagricole ou de la Révolution verte.Les technologies convergentespourraient donner un secondsouffle aux industries mal aiméesde l’agrochimie et de l’agrobiotech-nologie, et soulever un débat encoreplus vif – cette fois sur les alimentsatomiquement modifiés. Aucun Étatn’a adopté de régime réglementairepour régir l’échelle nanométrique oul’impact sociétal de l’infiniment petit.On trouve déjà sur les tablettes desaliments et produits alimentairescontenant des nanoadditifs –indétectables, non étiquetés et nonréglementés. On trouve aussi sur lemarché plusieurs nanopréparationsde pesticides – déjà disséminéesdans l’environnement.

L’impact : Du champ à l’assiette, lesnanotechnologies vont modifier nonseulement les procédés utilisés àchacune des étapes de la chaînealimentaire, mais aussi les acteursconcernés. L’enjeu : le marché dedétail d’une valeur de 3 billions $, legagne-pain de quelque 2,6 milliardsd’agriculteurs et le bien-être de tousceux et celles d’entre nous qui ontbesoin des agriculteurs pour mangerchaque jour.1 Les nanotechnologiesexercent un impact profond sur lesagriculteurs (comme sur les pêcheurs

et les éleveurs) et sur la souverainetéalimentaire, partout dans le monde.Et l’agriculture pourrait servir debanc d’essai pour des technologieséventuellement utilisées pour lasurveillance, le contrôle social etla guerre biologique.

Les politiques : Le débat sur lesaliments GM (génétiquementmodifiés) n’a pas su aborder commeil se doit les préoccupations relativesà l’environnement et à la santé – et ila aussi lamentablement négligé lesquestions relatives à la propriété etau contrôle. Quel sera l’impact sur lasociété et qui en profitera? Ce sont làdes enjeux vitaux. Puisque lesnanotechnologies englobent toutematière, les nanobrevets peuventexercer un impact profond sur toutle système alimentaire et l’ensembledes secteurs économiques. Labiologie synthétique et lesnanomatériaux transformeront demanière radicale la demande dematières premières par les entre-prises de transformation. Lesnanoproduits sont arrivés sur lemarché – et arrivent encore – sansréglementation ni débat social. Lafusion de la nanotechnologie et dela biotechnologie a des effetsinconnus sur la santé, la biodiversitéet l’environnement. Les États et lesfaiseurs d’opinion affichent huit àdix ans de retard sur les besoins dela société en matière d’information,de débat public et de politiques.

Recommandations : En autorisant lacommercialisation de nanoproduitssans débat public ni contrôle régle-mentaire, l’État, l’agro-industrie et lesinstitutions scientifiques ont déjàcompromis les avantages potentielsdes technologies à l’échelle

Aucun État n’a adopté de

régime réglementaire pour

régir l’échelle nanométrique

ou l’impact sociétal de

l’infiniment petit.

On trouve déjà sur les

tablettes des aliments et

produits alimentaires

contenant des nanoadditifs –

indétectables, non étiquetés

et non réglementés. On

trouve aussi sur le marché

plusieurs nanopréparations

de pesticides – déjà dissé-

minées dans l’environnement.

SOMMAIRE

Page 8: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Les gouvernements et

l’industrie auraient tort de

restreindre les discussions à

des aréopages d’experts ou

de limiter les études aux

seuls effets sur la santé et

la sécurité. Le débat sur les

nanotechnologies doit être

plus large et englober les

enjeux sociaux et éthiques.

nanométrique. D’abord et avant tout,la société – y compris les agricul-teurs, les organisations de la sociétécivile et les mouvements sociaux –doit entamer un large débat surles nanotechnologies et leursnombreuses répercussions surl’économie, la santé et l’environ-nement. Conformément au principede précaution, il faut retirer dumarché l’ensemble des aliments deconsommation humaine et animale,et toutes les boissons (y compris lessuppléments alimentaires) contenantdes nanoparticules artificielles jusqu’àla mise en place de régimes régle-mentaires qui tiennent compte descaractéristiques particulières de cesmatériaux, et jusqu’à ce que l’on aitdémontré l’innocuité de ces produits.De même, il faut interdire la dissémi-nation dans l’environnement desnanopréparations d’intrants agricolestels que les pesticides, engrais etproduits de traitement du sol jusqu’àce qu’un nouveau régime réglemen-taire spécialement conçu pourexaminer ces produits ait établileur innocuité.

Les États doivent aussi adopterimmédiatement un moratoire surles essais en laboratoire et ladissémination dans l’environnementdes matériaux issus de la biologiesynthétique jusqu’à ce que la sociétéait pu analyser en profondeur leurimpact socioéconomique et leurseffets sur santé et l’environnement.Les gouvernements et l’industrieauraient tort de restreindre lesdiscussions à des aréopages d’expertsou de limiter les études aux seulseffets sur la santé et la sécurité. Ledébat sur les nanotechnologies doitêtre plus large et englober les enjeuxsociaux et éthiques.

À l’échelle intergouvernementale, lescomités permanents et commissionssur l’agriculture, les pêcheries, la forêtet les ressources génétiques de laFAO (Organisation pour l’alimentationet l’agriculture) doivent surveiller lesnouvelles technologies et en débattre– en s’appuyant sur la participationet les réactions des organisations depaysans et de petits agriculteurs. LeComité des produits de la FAO doitétudier dès maintenant les répercus-sions socioéconomiques sur lesagriculteurs, la sécurité alimentaireet les États nationaux. Le Comitédes Nations unies/de la FAO sur lasécurité alimentaire mondiale doitdiscuter des implications relatives àl’agroterrorisme et à la souverainetéalimentaire. De plus, la Conventiondes Nations unies sur la diversitébiologique doit revoir l’impactpotentiel de la nanobiotechnologie,notamment sur la biosécurité.D’autres appareils de l’ONU, tels quela Conférence des Nations unies surle commerce et le développement(CNUCED) et l’Organisation interna-tionale du travail (OIT) doivent sejoindre à la FAO pour étudier l’impactmondial des nanotechnologies sur lapropriété et le contrôle de l’approvi-sionnement alimentaire, sur lesproduits de base et sur le travail. Lacommunauté internationale doitmettre sur pied un appareil chargéde suivre, d’évaluer et de contrôlerles nouvelles technologies et lesproduits qui en sont issus par letruchement d’une Convention inter-nationale pour l’évaluation desnouvelles technologies (CIENT).

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Lors d’une entrevue l’an dernier, lelauréat du prix Nobel et entrepreneuren nanotechnologie Richard Smalleys’est dit frustré que l’on se préoccupeautant (trop, selon lui) de la sécuritédes nanotechnologies : « On ne vousdit tout même pas de manger destrucs nanos! » s’écrie-t-il devant TheNew Statesman.2 Oups! À peu prèsen même temps que le Dr Smalleyrassurait les consommateurs, le nano-marché de l’alimentation et de latransformation alimentaire était estiméà plus de 2 milliards $ et on prévoyaitqu’il dépasse les 20 milliards $ d’ici2010.3 Comme le Dr Smalley,la plupart d’entre nous ignorentqu’on trouve déjà des nanoadditifssur les tablettes du supermarché.Mais on ne peut reprocher auDr Smalley de n’avoir pas remarquéles ingrédients nanos dans son jusd’orange – après tout, on ne les voitpas : les produits ne sont pas étiquetéset ils ne font l’objet d’aucune régle-mentation particulière.

En janvier 2003, ETC Group a publiéThe Big Down. C’était la premièrefois que la société civile tentait dedécrire et d’analyser la convergencetechnologique à l’échelle nano.Notre rapport a eu un effet bœuf –il a catalysé le débat public et attirél’attention des médias du mondeentier, incitant plusieurs pays etétablissements scientifiques à entre-prendre des études et revoir leurspropres projets de recherche d’unœil plus critique. La ferme atomiséeétudie pour la première fois l’appli-cation des nanotechnologies àl’alimentation et l’agriculture. Cestechnologies peuvent révolutionner– et consolider – le pouvoir surl’approvisionnement alimentairemondial. Ce rapport est le premier

d’une série que lancera ETC Groupen deux ans sur l’impact éventueldes nanotechnologies sur diverssecteurs économiques et sociaux.

La ferme atomisée n’est pas unréquisitoire contre le changementtechnologique ni un appel au statuquo. C’est plutôt un appel à laréalité : d’importants changementstechnologiques sont déjà en courset ils vont affecter l’ensemble de lasociété. Certaines retombées sontfaciles à prévoir, d’autres le sontmoins. Par ailleurs, ce rapportn’accepte pas le postulat selonlequel il est inévitable que l’alimen-tation et l’agriculture subissent unetransformation extrême en raison dela nanotechnologie. Notre rapportétudie les technologies de pointeet leurs implications pour l’avenir.La ferme atomisée se veut le pointde départ d’un débat de sociétébeaucoup plus vaste, qui doitenglober les organisations d’agricul-teurs, les mouvements sociaux, lasociété civile et les pays du Sud.Jusqu’ici, la discussion s’est limitéeen grande partie aux scientifiques,aux investisseurs et aux cadres del’industrie, avant tout dans les paysde l’OCDE.

ETC Group reconnaît que dans unmonde juste et éclairé, les nanotech-nologies peuvent offrir des avancéesfavorables aux pauvres (les possibil-ités sont prometteuses en ce qui atrait à l’énergie, l’eau potable et laproduction propre; cela est moinsévident dans les secteurs de l’ali-mentation et l’agriculture). L’histoiredémontre que l’introduction detechnologies majeures entraînedes bouleversements économiquesfulgurants. Les populations pauvreset marginalisées sont rarement

« On ne vous dit tout

de même pas de manger

des trucs nanos! »

– Richard Smalley, lauréat duprix Nobel et entrepreneuren nanotechnologie

Si la tendance se maintient,

les technologies à l’échelle

atomique vont accentuer

la concentration du pouvoir

économique dans les mains

des grosses multinationales.

Comment les pauvres

pourraient-ils bénéficier

d’une technologie dont

le contrôle leur

échappe totalement?

INTRODUCTION – UN TOUR D’HORIZON

Page 10: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

À l’échelle nano, la matière

quitte l’univers de la chimie

et de la physique classiques

pour entrer dans celui de la

mécanique quantique, qui

dote les matériaux tradition-

nels de propriétés inédites –

s’accompagnant de risques

inédits pour la santé et

l’environnement.

capables d’anticiper les change-ments économiques abrupts oude s’y adapter. Parmi les plusvulnérables, se trouvent les petitsagriculteurs et les travailleursagricoles des pays en développe-ment qui produisent les matièrespremières destinées à l’exportation.Si la tendance se maintient, lestechnologies à l’échelle atomiquevont accentuer la concentrationdu pouvoir économique dans lesmains des grosses multinationales.Comment les pauvres pourraient-ilsbénéficier d’une technologie dont lecontrôle leur échappe totalement?

La demande mondiale de matériaux,instruments et dispositifs nanos étaitestimée à 7,6 milliards $ en 2003,4

avec des prévisions de 1 billion $d’ici 2011.5 Les nanotechnologiesont obtenu la part du lion desbudgets de recherche des princi-pales économies et grandes sociétésdans le monde. Dans les industriesde pointe – informatique, médecineet défense – les nanoapplicationsfont miroiter les possibilités inouïesdes technologies de l’infinimentpetit. À l’opposé, les applicationsnanos dans les secteurs de l’alimen-tation et l’agriculture commencenttout juste à attirer l’attention et on a

souvent tendance à les ignorer,même dans les cercles de nano-initiés. (Le Nanotech Report 2004, uneétude de marché de 650 pages endeux volumes, produite par LuxResearch, mentionne à peine lesapplications dans ces deux domaines.)À la fin 2004, il est encore trop tôtpour prédire toutes les répercussionsdes nanotechnologies sur l’agricul-ture et l’alimentation, mais on saitdéjà qu’elles seront profondes.

Les technologies convergentes, ou le BANG

La ferme atomisée tente de cernerles nanotechnologies habilitantesqui permettent à l’industrie de refor-muler nos systèmes agricoles etalimentaires. Nous nous sommesconcentrés sur les technologies quise convertissent à l’échelle nano etconvergent vers la biotechnologie,les technologies de l’informationet les sciences cognitives. (Voirl’encadré sur les technologiesconvergentes.) En Europe et auxÉtats-Unis, des chercheurs et desdécideurs politiques ont flairé lepotentiel de transformation destechnologies convergentes. Plusque l’apport de chacune de cestechnologies, c’est leur caractèresynergique qui modifiera fondamen-

talement l’alimentation etl’agriculture telles que nousles connaissons.

La taille a de l’importance :

À l’échelle nano, la matièrequitte l’univers de la chimieet de la physique classiquespour entrer dans celui de lamécanique quantique, quidote les matériaux tradition-nels de caractéristiquesinédites – s’accompagnantde risques inédits pour lasanté et l’environnement.

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Page 11: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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En 2003, ETC Group a

sonné l’alarme : le BANG

affectera en profondeur

l’économie nationale, le

commerce et les moyens

de subsistance – tant dans

les pays du Nord que dans

ceux du Sud.

Le BANG permettra à une

technocratie convergente

d’affermir son emprise sur

la santé et la sécurité – et

même sur la diversité

culturelle et génétique.

Les technologies convergentes : NBIC, CTEKS ou BANG

En Europe et aux É.-U., des chercheurs ont flairé tout le potentiel des tech-nologies convergentes : elles peuvent transformer l’ensemble des secteursde l’économie, en même temps que notre conception de l’être humain.

Le gouvernement des É.-U. utilise la formule NBIC (intégration desnanotechnologies, de la biotechnologie, des technologies de l’informationet des sciences cognitives) pour exprimer la convergence – à ses yeux, lamaîtrise de l’univers nanométrique permettra de maîtriser un jour toute lanature.6 Selon cette vision du monde, il existe à l’échelle moléculaire uneunité de matériau, ce qui suppose que toute matière – vivante ou inerte –se confond et s’intègre totalement. La NBIC veut « améliorer la perform-ance humaine », tant sur le plan physique que cognitif (sur le champ debataille, dans le champ de blé et au travail).

La Commission européenne vient de produire un rapport sur les tech-nologies convergentes préparé par un groupe d’experts de haut niveau,Prévoir la nouvelle vague technologique.7 Se dissociant de l’objectif étatsuniend’« améliorer la performance humaine », le Groupe a souligné l’impor-tance d’une « approche typiquement européenne des TC »,8 proposantl’approche CTEKS (Converging Technologies for the European KnowledgeSociety – Technologies convergentes pour la société européenne du savoir).On envisage divers programmes de recherche sur des problèmes précis,tels que les « TC pour le traitement du langage naturel » ou les « TC pourle traitement de l’obésité ».9 Le Groupe note que si l’application des TCpermet de « régler des problèmes de société, profiter aux individus etgénérer de la richesse », elle présente également « des risques pour laculture et la tradition, l’intégrité et l’autonomie des personnes, voire lastabilité politique et économique ».10

ETC Group qualifie la convergence de BANG, un acronyme formé àpartir des mots bits, atomes, neurones et gènes, les unités de base destechnologies de transformation. L’unité de fonctionnement des sciencesde l’information est le Bit; les nanotechnologies manipulent les Atomes;les sciences cognitives traitent des Neurones et la biotechnologie exploitele Gène. Toutes ces technologies s’additionnent pour faire B.A.N.G. Audébut 2003, ETC Group a sonné l’alarme : le BANG affectera en profondeurl’économie nationale, le commerce et les moyens de subsistance – tantdans les pays du Nord que dans ceux du Sud.11 Le BANG permettra àune technocratie convergente d’affermir son emprise sur la santé et lasécurité – et même sur la diversité culturelle et génétique.

Page 12: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Par simple réduction de la

taille (à moins de 100 nm),

sans le moindre changement

de substance, on peut modifier

les propriétés d’un matériau

de façon spectaculaire.

Par simple réduction de la taille(à moins de 100 nm), sans le moindrechangement de substance, on peutmodifier les propriétés d’un matériaude façon spectaculaire. Certainescaractéristiques – conductivité,réactivité, solidité, couleur etsurtout, toxicité – peuvent changerde façon imprévisible. Par exemple,une substance rouge quand ellemesure un mètre de largeur peutdevenir verte si on la réduit àquelques nanomètres; sous formede graphite, le carbone est tendre etmalléable – à l’échelle nano, il peutdevenir aussi solide que l’acier. Unseul gramme d’un matériau cataly-seur formé de particules de dix

nanomètres est environ 100 fois plusréactif que la même quantité de cematériau formé de particules d’unmicromètre (le micron est 1000 foisplus gros que le nanomètre). Sauf ence qui a trait aux graves implicationsdes changements quantiques sur leplan de la toxicité, il n’est pas toujoursnécessaire ni utile d’établir unedistinction entre les applications àl’échelle nano et à l’échelle micro :on ne recherche pas forcémentl’échelle nano. Dans certains cas,l’échelle micro est adéquate et dansd’autres, les dispositifs, matériaux etparticules font tout aussi bien l’affaireà l’une ou l’autre échelle. Et les deuxpeuvent avoir un effet perturbateur.

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Page 13: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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« Il faut limiter la dissémina-

tion de nanoparticules en

raison de leurs effets négatifs

potentiels sur la santé humaine

et l’environnement. »

– Nanotechnologie et régle-mentation dans le cadre duprincipe de précaution.Rapport final de la Commissionde l’industrie, de la rechercheet de l’énergie du Parlementeuropéen, février 2004

Empêcher les nanoparticules de s’introduire dansl’environnement

En 2002, ETC Group a appelé à un moratoire sur la dissémination desnanoparticules artificielles jusqu’à l’adoption de protocoles de laboratoirepour protéger les travailleurs et d’une réglementation pour protéger lesconsommateurs. (L’espérance de vie des docteurs en chimie qui travaillentdans les laboratoires des É.-U. est déjà inférieure de dix ans à celle de leurscollègues oeuvrant dans d’autres milieux.12 Cela ne justifie-t-il pas l’adop-tion immédiate de mesures de précaution?) On accumule de plus en plusde preuves justifiant l’adoption d’un moratoire.13

L’utilisation de nanoparticules en agriculture soulève des préoccupationssur le plan de la santé et de l’environnement : les nanoparticules neprésenteraient pas la même toxicité que le même composé à une taille plusgrande. En 2003, la Dre Vyvyan Howard, fondatrice et chef de la rédaction duJournal of Nanotoxicology, a étudié la littérature scientifique sur la toxicitédes nanoparticules pour ETC Group. Elle conclut que la taille réduite desnanoparticules semble augmenter leur toxicité, précisant que les nanopar-ticules peuvent se déplacer plus facilement dans l’organisme et traverser desmembranes protectrices – peau, barrière hémato-encéphalique, voire placenta.

Une étude publiée en juillet 2004 par la Dre Eva Oberdörster établit quel’exposition d’achigans à grande bouche à des quantités minimes defullerènes (nanoparticules formées de 60 atomes de carbone) avait rapide-ment entraîné des lésions cérébrales et le décès de la moitié des pucesd’eau partageant l’habitat des poissons.14 D’autres études démontrent queles nanoparticules peuvent se déplacer dans le sol de manière fortuite etentraîner d’autres substances dans leur sillage. Vu le peu de connaissancessur le sujet, plusieurs experts recommandent de réduire ou d’interdire ladissémination de nanoparticules artificielles dans l’environnement :

« Il faut limiter la dissémination de nanoparticules en raison de leurseffets négatifs potentiels sur la santé humaine et l’environnement. » – Nanotechnologie et réglementation dans le cadre du principe deprécaution. Rapport final de la Commission de l’industrie, de la rechercheet de l’énergie du Parlement européen, février 200415

« On ne sait à peu près rien des effets des nanoparticules sur les espècesautres que l’être humain, ni de leur comportement dans l’air, l’eau ou lesol, pas plus que de leur accumulation éventuelle dans les chaînes alimen-taires. Tant que nous ne connaîtrons pas mieux leur impact surl’environnement, nous tenons à éviter le plus possible la dissémination denanoparticules et de nanotubes dans l’environnement. À titre de précau-tion, nous recommandons de manière plus précise que les usines et leslaboratoires de recherche considèrent la fabrication de nanoparticules etde nanotubes comme une source de déchets dangereux, et qu’il soitinterdit d’utiliser des nanoparticules dans les applications environnemen-tales telles que la restauration de la nappe phréatique. » – Royal Societyet Royal Academy of Engineering, Nanoscience and Nanotechnologies:Opportunities and uncertainties, juillet 2004

Page 14: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

« Les ressources génétiques

des cultures comprennent

deux éléments complémen-

taires et interdépendants –

les gènes des cultures et

la connaissance des espèces,

y compris le savoir transmis

par les agriculteurs d’une

génération à l’autre. Au

même titre que les gènes

des cultures, le savoir

autochtone fait partie du

système d’évolution d’une

espèce végétale, déterminant

les traits qu’il convient de

perpétuer. »

– Stephen B. Brush, Farmers’Bounty, 2004

En décembre 2002, le départementde l’Agriculture des É.-U. (USDA) arédigé la toute première feuille deroute relative à l’application desnanotechnologies à l’agriculture etl’alimentation.16 Un vaste éventailde décisionnaires, de représentantsd’universités et de scientifiquesdu secteur privé se sont réunis àl’Université Cornell (New York, É.-U.)pour discuter de la façon dont onpouvait reformuler l’agriculture grâceaux nanotechnologies. La recherchenano du USDA est subventionnéepar la National NanotechnologyInitiative (NNI) du gouvernementdes É.-U. depuis 2003. Mais le USDAreçoit une part assez mince desfonds – 5millions $ de nanosubven-tions pour l’année financière 2005,soit à peine 0,5 % du budget totalde la NNI.

Selon la nouvelle nanovision, il fautrendre l’agriculture plus uniforme,l’automatiser davantage, l’industri-aliser et la réduire à des fonctionssimples. La ferme moléculaire dedemain sera un vaste centre debioproduction géré et contrôlépar ordinateur portable, où lesaliments seront fabriqués à partirde substances sur mesure capablesde diffuser les nutriments de manièreefficace dans l’organisme.

Grâce à la nanobiotechnologie, l’agri-culture pourra produire plus dematières premières destinées à lafabrication industrielle. Par ailleurs,les produits agricoles tropicaux telsque le caoutchouc, le cacao, le caféet le coton – ainsi que les petitsagriculteurs qui les cultivent – serontdésormais anachroniques et inutilesdans la nouvelle nanoéconomie de lamatière flexible, qui permet d’ajusterles propriétés des nanoparticules

industrielles pour créer des substitutsmoins chers et plus intelligents.

De même que l’agriculture GM aengendré une nouvelle concentra-tion des entreprises tout au long dela chaîne alimentaire, la nanotech-nologie exclusive – déployée de lasemence à l’estomac, du génomejusqu’au gosier – renforcera lamainmise de l’agroalimentaire surl’alimentation et l’agriculture mondi-ales. Et on se vantera haut et fort quetout cela vise à nourrir ceux qui ontfaim, préserver l’environnement etélargir la gamme de produits offertsau consommateur.

Cela fait deux générations quedes scientifiques manipulent l’ali-mentation et l’agriculture à l’échellemoléculaire. L’agronanotechnologiefranchit un pas de plus en relianttoutes les étapes de la chaîne alimen-taire industrielle. Avec les nouveauxnanoprocédés de mélange et dedomestication des gènes, les plantesgénétiquement modifiées sontremplacées par des plantesatomiquement modifiées. On peutfabriquer des pesticides qui ciblentles ravageurs de manière plusprécise, et des arômes artificiels etnutriments naturels plus agréablesau goût. On peut désormais concré-tiser le rêve d’une agricultureindustrielle automatisée à commandecentrale, grâce aux capteurs molécu-laires, aux systèmes de distributionmoléculaires et à la main-d’œuvreà bon marché.

Des semences miniatures

Ce n’est pas la première fois qu’onréorganise les processus naturels.Pour accroître le rendement descultures pendant la Révolution verte,les scientifiques du Nord ont conçu

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I. NANOAGRICULTURE – LA FERME ATOMISÉE

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des plantes semi-naines absorbantmieux les engrais chimiques, etaugmenté du coup les besoins enpesticides. Pour accentuer la dépen-dance, l’industrie de la biotechnologieagricole a conçu des plants résistantaux produits chimiques toxiques.L’industrie agrobiotechnologiqueavait le choix : concevoir de nouveauxproduits chimiques en fonction desbesoins des plantes ou manipuler lesplantes en fonction des besoins desherbicides industriels. Elle a choiside préserver les herbicides.L’industrie des nanotechnologiesemboîte maintenant le pas – enquête de nouveaux moyens desoumettre la vie et la matièreaux besoins de l’industrie.

Les agriculteurs réalisent la plusgrande partie de la sélection desvégétaux – ils choisissent lessemences, les conservent et lessélectionnent. Ils sont les premiersgardiens de la diversité génétique desplantes, la base de l’approvision-nement alimentaire mondiald’aujourd’hui et de demain. Nulbesoin de doctorat en biochimie oude microscope à force atomiquepour ce processus qui existe depuisdes milliers d’années. Si les agricul-teurs ne contrôlent pas lestechnologies qui les affectent et nepeuvent pas non plus participer àl’établissement des priorités derecherche, on peut d’ores et déjàprédire que la nanoscience aura poureffet de consolider le pouvoir desgrandes entreprises et de margin-aliser les droits des agriculteurs.

Thérapie génique pour les plantes

Les chercheurs développent denouveaux procédés à base denanoparticules pour introduire del’ADN étranger dans les cellules.L’Oak Ridge National Laboratory estce laboratoire du département del’Énergie des É.-U. qui a joué un rôle

déterminant dans la productiond’uranium enrichi, dans le cadre duProjet Manhattan. Les chercheurs dece laboratoire ont découvert unnanoprocédé permettant d’injecterde l’ADN dans des millions decellules à la fois. Sur une puce desilicium, on cultive des millions denanofibres de carbone auxquellessont fixés des brins d’ADN artificiel.17

Puis on projette les cellules vivantessur les fibres qui les percent, injec-tant ainsi l’ADN dans les cellules :

« C’est comme lancer des balles debaseball sur un lit à clous… On lancevraiment les cellules sur les fibrespuis on les écrase contre la pucepour bien enfoncer les fibres dansla cellule. » – Timothy McKnight,ingénieur, OakRidge Laboratory.18

Après l’injection, l’ADN artificielproduit des protéines et des traitsinédits. Oak Ridge s’est joint àl’Institute of Paper Science andTechnology dans le cadre d’un projetoù cette technique servira à la manip-ulation génétique du pin blanc,première source de bois de pulpedans l’industrie papetière des É.-U.

Contrairement aux méthodesactuelles de génie génétique, leprocédé mis au point par les scien-tifiques d’Oak Ridge ne transmet pasles traits modifiés aux générationssubséquentes – en principe, l’ADNreste fixé aux nanofibres de carboneet ne s’intègre pas au génome desplantes. Il serait donc possible dereprogrammer les cellules justeune fois. Selon les scientifiquesd’Oak Ridge, cela rassure ceux quiredoutent les flux génétiquesassociés aux plantes génétiquementmodifiées, dont les gènes sont trans-férés entre organismes étrangers, ouprélevés et réarrangés au sein d’unemême espèce. Si ce nouveau procédépermet aux chercheurs d’activer à

Si les agriculteurs ne

contrôlent pas les

technologies qui les

affectent et ne peuvent

pas non plus participer à

l’établissement des priorités

de recherche, on peut

d’ores et déjà prédire que

la nanoscience aura pour

effet de consolider le pouvoir

des grandes entreprises et

de marginaliser les droits

des agriculteurs.

Page 16: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

« À nos yeux, le riz modifié

de manière atomique n’est

pas plus sûr, ni plus sociale-

ment acceptable que le riz

génétiquement modifié.

C’est encore une approche

de pointe qui ne tient pas

compte de nos besoins et

qui peut causer beaucoup

de tort aux petits produc-

teurs de riz thaïlandais. »26

– Witoon Lianchamroon,Biodiversity Action Thailand(BIOTHAI)

volonté des traits aussi fondamen-taux que la fertilité, l’industrie dessemences utilisera-t-elle ces minus-cules Terminator pour empêcher lesagriculteurs de conserver et réutiliserles semences prélevées à la récolte,les obligeant ainsi à faire appel aumarché commercial des semenceschaque année pour obtenir le traitgénétique activé dont ils ont besoin?

Cela soulève plusieurs questions surle plan de la sécurité : qu’arrive-t-il siles nanofibres sont ingérées parla faune ou par l’être humain dansl’alimentation? Quel est l’impactécologique de la pénétration denanofibres dans les cellules d’autresorganismes qui expriment ensuitede nouvelles protéines? Où vont lesnanofibres après la décompositionde la plante dans le sol? On a comparéles nanofibres de carbone aux fibresd’amiante en raison de leur formesimilaire. Les premières étudestoxicologiques menées sur certainesnanofibres de carbone démontrentune inflammation des cellules. Uneétude réalisée par la NASA démontreque l’inflammation des poumons estpire que dans les cas de silicose.19

Cela n’empêche pas le lauréat duprix Nobel Richard Smalley, présidentde Carbon Nanotechnologies inc., debalayer les inquiétudes du revers dela main : «Nous sommes certains quel’étude [toxicologique] ne révéleraaucun risque pour la santé, mais ellese poursuit. »20

Semences atomiquement

modifiées : En mars 2004, ETCGroup a fait état d’un projet derecherche thaïlandais visant àmodifier atomiquement les carac-téristiques de variétés locales de riz.21

Dans le cadre d’un projet de trois ansmené par le laboratoire de physiquenucléaire de l’Université de ChiangMai, des chercheurs ont percé lamembrane d’une cellule de riz poury insérer un atome d’azote en vue destimuler la modification de l’ADN duriz.22 Jusqu’ici, les chercheurs ont pumodifier la couleur d’une variétélocale de riz, qui a viré du violet auvert. Dans un entretien téléphonique,le Dr Thirapat Vilaithong, directeurdu Fast Neutron Research Facility deChiang Mai, a déclaré à BiodiversityAction Thailand (BIOTHAI) quel’équipe ciblait maintenant le célèbreriz au jasmin thaïlandais23 : on veutdévelopper des variétés de riz aujasmin cultivables à l’année, aux tigesplus courtes et au grain d’une plusbelle couleur.24

Selon le Dr Vilaithong, l’un desmérites de cette technique –à l’instar du projet d’Oak Ridge –est d’éviter le recours à la litigieusemodification génétique. « Nouspouvons au moins éviter cela »,ajoute le Dr Vilaithong.25 Les organisations de la société civilethaïlandaise ne sont pasconvaincues de cet avantage.

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Page 17: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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Les nanocides – Des pesticides en capsules

On trouve déjà sur le marché despesticides contenant des nano-ingrédients actifs et de nombreuxgéants de l’agrochimie mondiale fontde la RD en vue de développer desnanopréparations de pesticides (voirci-dessous Les géants de la génétique :RD sur l’encapsulation), dont lessociétés mentionnées ci-dessous.

L’Allemande BASF, au quatrièmerang mondial en agrochimie (et aupremier dans les produits chimiques),reconnaît l’utilité potentielle desnanotechnologies pour la prépara-tion de pesticides.27 BASF fait de larecherche fondamentale et a demandéun brevet sur une préparation depesticide – « Nanoparticulescomprenant un agent de protectiondes récoltes » – contenant un ingré-dient actif dont les particulesmesurent idéalement 10 à 150 nm.28

Les nanopréparations offrent desavantages : le pesticide se dissoutmieux dans l’eau (ce qui simplifiel’application), il est plus stable etle produit chimique (herbicide,insecticide ou fongicide) a uneefficacité optimale.

Bayer Crop Science d’Allemagne,deuxième producteur de pesticidesau monde, a demandé un brevetpour des produits agrochimiquessous forme d’émulsion dont l’ingré-dient actif se compose denanogouttelettes de 10 à 400 nm.29

(L’émulsion est une suspension degouttelettes d’un liquide finementdispersé dans un autre liquide –la mayonnaise et le lait sont desémulsions.) La société présentel’invention comme une « microémul-sion concentrée » offrant l’avantaged’un dosage réduit, « une action plusrapide et plus fiable » et « une actionétendue à long terme ».

Établie en Suisse, Syngenta estla plus grosse firme d’agrochimie etla troisième semencière au monde.Syngenta vend déjà des prépara-tions de pesticides sous formed’émulsion de nanogouttelettes.À l’instar de Bayer Crop Science,Syngenta présente ses produitscomme des microémulsions concen-trées. Ainsi, le Primo MAXX PlantGrowth Regulator de Syngenta(conçu pour ralentir la croissancedu gazon sur les terrains de golf ) etson fongicide Banner MAXX (pourtraiter le gazon des terrains de golf )sont des pesticides à base d’huileauxquels on a ajouté de l’eau, puisqu’on a chauffés pour produire uneémulsion. Syngenta affirme qu’enraison de la taille des particules(environ 100 nm ou 0,1 micron),le produit n’obstrue pas le filtredu pulvérisateur et se dissout sicomplètement qu’il ne produitaucun dépôt au fond de la cuve.30

Le fongicide Banner MAXX ne sesépare pas pendant un an, alors queles fongicides contenant des ingrédi-ents en plus grosses particulesdoivent être agités aux deux heurespour éviter les problèmes d’applica-tion ou le blocage du pulvérisateur.31

Syngenta affirme que les particulesde cette préparation sont 250 foisplus petites que celles des pesticidescourants. Au dire de la société, leproduit est absorbé par le systèmede la plante et n’est pas emporté parla pluie ou l’arrosage.32

ETC Group n’insinue pas que lesgéants de la génétique violent laréglementation relative aux pesti-cides. Les pesticides contenant desnano-ingrédients actifs ne font l’objetd’aucun examen réglementaire parti-culier aux É.-U. selon l’EnvironmentalProtection Agency (EPA) : unenouvelle préparation de pesticidesous forme de nanoémulsion n’est

De nombreux géants de

l’agrochimie font de la RD

sur les nouvelles nanoprépa-

rations dans le domaine des

pesticides.

Page 18: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Selon l’EPA (US

Environmental Protection

Agency), un nouveau

pesticide sous forme de

nanoémulsion ne serait pas

soumis à un nouvel examen

réglementaire, puisqu’il ne

constitue pas « un nouvel

élément chimique, une

nouvelle forme chimique,

ni une utilisation sensible-

ment nouvelle ».33

pas soumise à un nouvel examenréglementaire, puisqu’elle ne constituepas « un nouvel élément chimique,une nouvelle forme chimique, ni uneutilisation sensiblement nouvelle ».33

Barbara Karnat, de l’Office of Research& Development de l’EPA, déclare que« le pesticide exerce la même actionchimique quand il est contenu dansune émulsion ».34 Elle ajoute : « Lasolution de pesticide ne démontreaucune différence inhérente àl’incorporation de ces goutteletteset les produits chimiques qui lacomposent ne présentent eux-mêmesaucune propriété nouvelle. »35 Faitétonnant, l’EPA ne considère pas queles nanoémulsions de Syngenta sontà base de nanomatériaux, ni qu’ellesrelèvent de la nanotechnologie. Laréaction de l’EPA illustre bien laconfusion qui entoure les nanotech-nologies. D’une part, l’industrieagrochimique exploite la taille pourmodifier les caractéristiques et l’actionde ses pesticides, et de l’autre, l’EPAconclut que la taille n’a pas d’impor-tance dans le cas des nanoémulsions.

Les géants de la génétique –

RD sur l’encapsulation : Uneversion plus perfectionnée desnanopréparations de pesticides estl’encapsulation – on glisse l’ingré-dient actif dans une minusculeenveloppe ou coquille. Cela faitdes décennies qu’on trouve sur lemarché des ingrédients alimentaireset des produits agrochimiquesmicroencapsulés. L’industrie affirmeque les nouvelles préparations depesticides en microcapsules sont àl’origine de changements révolution-naires, dont la faculté de contrôlerles conditions de libération del’ingrédient actif (voir l’encadré ci-dessous). Du point de vue del’industrie, la microencapsulation despesticides permet aussi de prolongerla période d’application des brevets,

d’augmenter la solubilité et deréduire le contact des travailleursagricoles avec les ingrédients actifs.36

Elle peut aussi offrir des avantagessur le plan environnemental, commela réduction du taux de ruissellement.

Établie aux États-Unis, Monsanto estla première productrice mondiale desemences GM, fabriquant aussi lefameux herbicide RoundUp. Lasociété vend déjà plusieurs pesti-cides microencapsulés. En 1998,Monsanto a convenu avec FlamelNanotechnologies de développerAgsome, des nanocapsules deRoundUp, censées offrir une efficacitéchimique supérieure à celle de laformule classique. Au dire d’unporte-parole de Flamel, Monsantoaurait plutôt voulu obtenir pourRoundUp un nouveau brevet quis’applique pendant 17 à 20 ans deplus que l’ancien.37 L’entente entreMonsanto et Flamel a été rompuedeux ans plus tard pour des motifsque l’on ignore.

Syngenta s’autoproclame chef defile mondial de la microencapsula-tion, affirmant qu’on lui doitl’application des microcapsules audomaine des pesticides.38 Danschaque litre de Zeon, la préparationmicroencapsulée brevetée parSyngenta, on retrouve environ 50billions de capsules à libérationinstantanée qui éclatent au contactd’une feuille de la plante.39 Commeles capsules se fixent solidement auxfeuilles, elles ne sont pas balayéespar la pluie. Syngenta applique auxsemences un produit microencap-sulé du même genre pour contrôlerles organismes qui nuisent à lagermination des semis.

Syngenta a développé un autreinsecticide encapsulé pour combattreles parasites domestiques – blattes,fourmis et coccinelles – ainsi qu’un

12

Page 19: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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traitement à long terme appliqué surles moustiquaires. Les scientifiquesde Syngenta mènent des recherchessur des capsules à libération contrôlée,activées seulement dans certainesconditions précises. Syngentadétient ainsi un brevet sur unemicrocapsule éventreuse qui éclate

dans un milieu alcalin commel’estomac de certains insectes.40

Syngenta se réjouit : « La microen-capsulation produit des effets sinovateurs et si étonnants à partird’ingrédients connus – les ventesaugmentent aussi vite que si nousavions inventé un tout nouvel ingré-

La nanotechnologie permet

aux sociétés de manipuler

les propriétés de la coquille

externe d’une capsule pour

contrôler la libération de la

substance à administrer.

Contrôle en capsule

La nanotechnologie permet à l’industrie de manipuler les propriétés de lacoquille externe d’une capsule pour contrôler la libération de la substanceà administrer. La libération contrôlée est une caractéristique précieuse enmédecine, puisqu’elle permet l’absorption plus lente des médicaments, àun endroit déterminé de l’organisme ou en fonction d’un déclencheurexterne. Applicables dans l’ensemble de la chaîne alimentaire (pesticides,vaccins, médecine vétérinaire et aliments améliorés sur le plan nutritif ),ces nano et micropréparations sont développées et brevetées par lesgéants de l’alimentation et de l’agroalimentaire tels que Monsanto,Syngenta et Kraft.

Voici un aperçu des divers types de nano et microcapsules.

• Libération lente – la capsule libère sa charge lentement sur une périodeprolongée (administration lente d’une substance dans l’organisme, parexemple)45

• Libération instantanée – la coquille de la capsule éclate au contactd’une surface (au contact du pesticide sur une feuille, par exemple)46

• Libération spécifique – la coquille est conçue pour éclater quand unrécepteur moléculaire se lie à un produit chimique donné (par exemple,au contact d’une tumeur ou d’une protéine donnée dans l’organisme)47

• Libération par contact humide – la coquille éclate et libère sa chargeau contact de l’eau (par exemple, dans le sol)48

• Libération par la chaleur – la coquille libère les ingrédients seulementquand le milieu atteint une température donnée49

• Libération par le pH – la nanocapsule s’ouvre seulement dans un milieuacide ou alcalin précis (par exemple, dans l’estomac ou à l’intérieur d’unecellule)50

• Libération par ultrason – la capsule se rompt en présence d’unefréquence d’ultrason externe51

• Libération magnétique – une particule magnétique dans la capsule faitéclater la coquille quand on l’expose à un champ magnétique52

• Nanocapsule à ADN – la capsule introduit un brin court d’ADN étrangerdans une cellule vivante; une fois libéré, celui-ci pirate le mécanisme de lacellule qui exprime une protéine donnée (utilisé dans les vaccins à ADN)53

Page 20: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Il est clair que l’intérêt des

nanopréparations de pesti-

cides tient aux nouvelles

propriétés du produit refor-

mulé : concentration

maximale de l’ingrédient

actif et activité biologique

plus durable.

dient! »41 Autrement dit, avec lespréparations de pesticides encap-sulés, on en a plus pour son argent :la taille réduite maximise l’efficacitédu pesticide et la capsule peut êtreconçue pour libérer l’ingrédient actifdans tout un éventail de conditions.Syngenta mène également desrecherches sur la nanoencapsulationdes pesticides.42

ETC Group n’est pas en mesured’évaluer si les nanogouttelettesde pesticides – encapsulées ou sousforme de nanoémulsion – démon-trent des changements de propriétéssimilaires aux effets quantiques desnanoparticules artificielles. Il est clairque l’intérêt des nanopréparationstient à l’action nouvelle du produitreformulé : effet optimal de l’ingré-dient actif et activité biologique plusdurable. L’encapsulation permetaussi de contrôler la libération duproduit actif.

Dans les autres secteurs où on lesutilise, comme les cosmétiques, lesnanoémulsions semblent un mécan-isme très efficace pour faire pénétrerles huiles dans la peau.43 Elles ontaussi des propriétés antibactériennesen raison de l’effet mécanique desgouttelettes qui se fondent auxparois cellulaires des bactéries etles font éclater. On peut utiliser lesnanoémulsions pour endommagerles cellules sanguines et celles desspermatozoïdes (pour la contracep-tion).44 Dans le cas des nanoémulsionsde pesticides, on ignore si lespropriétés antibactérienness’appliquent et on ne semble pasavoir évalué leurs effets sur le solet les autres microbes.

Évaluation des nano et

microcapsules : Selon l’industrie,l’encapsulation présente lesavantages suivants : 54

• Activité biologique plus durable

• Meilleur contrôle des organismesnuisibles dans le sol

• Réduction de l’exposition destravailleurs

• Sécurité accrue grâce à l’élimina-tion des solvants inflammables

• Réduction des dommages auxcultures

• Réduction des pertes de pesticidepar évaporation

• Réduction des effets sur les autresespèces

• Réduction de l’impact environ-nemental

• Empêche la dégradation desingrédients actifs par le soleil

• Rend les pesticides concentréssécuritaires et faciles à utiliser pourles producteurs

Préoccupations soulevées par

l’encapsulation

• La durée accrue de l’activitébiologique se traduit par une exposi-tion accrue de l’environnement etdes travailleurs; les insectes utiles etla vie du sol risquent d’être affectés.

• Les nanopesticides peuvent-ils êtreabsorbés par les plantes et s’intro-duire dans la chaîne alimentaire?

• Il est plus facile de pulvériser lespesticides sous forme de poudre oude gouttelettes – ils peuvent doncêtre inhalés et menacer davantagela santé et la sécurité des gens.

• Les pesticides sous forme denanocapsules ou de nanogout-telettes peuvent-ils démontrer unetoxicité différente, entrer dans l’organ-isme ou affecter la faune par denouvelles voies d’exposition, parexemple, par la peau (voir l’encadré àla page 7, Empêcher les nanoparticulesde s’introduire dans l’environnement).

14

Page 21: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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• On peut les utiliser commevecteurs d’armes biologiques.

• Quels sont les autres déclencheursexternes qui peuvent affecter lalibération de l’ingrédient actif (parexemple, liant chimique, chaleur oudestruction de la capsule)?

• À peu près de la taille du pollen, lesmicrocapsules peuvent contaminerles abeilles ou être rapportées à laruche et incorporées au miel. En raisonde leur taille, on considère « les insec-ticides en microcapsules plus toxiquespour les abeilles que toute autrepréparation existante. »55 Les nanocap-sules seront-elles encore plus létales?

• On ignore la façon dont lesnanocapsules non explosées vontréagir dans l’intestin humain unefois ingérées avec des aliments.

Les effets de l’encapsulation sur

le nanobioarmement

Les nano et microcapsules constituentun vecteur idéal pour les armeschimiques ou biologiques, parcequ’elles peuvent transporter dessubstances destinées à blesser l’êtrehumain aussi facilement qu’ellestransportent des substances destinéesà tuer des mauvaises herbes ou desinsectes. En raison de leur tailleréduite, les nanocapsules à ADNentrent dans l’organisme à l’insu dusystème immunitaire et le mécan-isme même des cellules pourraitensuite les activer pour produire descomposés toxiques. La biodisponi-bilité et la stabilité accrues dessubstances nanoencapsulées dansl’environnement comportent desavantages pour les géants de lagénétique. Mais ces mêmes carac-téristiques peuvent en faire desvecteurs d’armes biologiquesextrêmement puissants. À cause dela biodisponibilité accrue, il suffitd’utiliser une quantité infime duproduit chimique.

Quand elles sont programmées enfonction de déclencheurs externes,ultrasons ou fréquences magné-tiques, les capsules s’activent àdistance – on peut imaginer une foulede scénarios inquiétants. Les géantsde l’agrochimie et des semencespeuvent-ils activer des déclencheursà distance pour ruiner la récolte sil’agriculteur contrefait le brevet oudéroge aux méthodes prescrites?Que se passe-t-il si un agresseurétranger ou un groupe terroristeglisse des nanocapsules contenantun composé puissant dans la réserved’eau d’une région donnée?

Selon le Sunshine Project, le Groupede l’Australie (un groupe formé de24 pays industrialisés) a proposédernièrement d’ajouter les technolo-gies de microencapsulation à la listedes technologies qu’il est interditd’exporter dans les pays peu fiablesde peur qu’elles soient utiliséescomme armes biologiques.57 Lesdocuments obtenus par le SunshineProject démontrent également quel’armée des É.-U. a versé à l’Universitédu New Hampshire en 1999-2000des fonds pour développer desmicrocapsules contenant des produitschimiques corrosifs et anesthésiques(induisant la perte de conscience).On décrit la façon dont les microcap-sules peuvent être lancées dans unefoule, corroder l’équipement deprotection et éclater ensuite aucontact de l’humidité de la peau.58

L’agriculture de précision –De la poussière intelligenteau champ intelligent

L’agriculture robotisée grâce

aux nanocapteurs

L’agriculture de précision, aussiqualifiée de gestion contextuelle, faitappel à une foule de nouvellestechnologies de l’information pourgérer une exploitation agricole

« L’expression ultime de

cette technologie serait

la création d’un vecteur

qui encapsule des armes

biologiques à base d’ADN

et les protège, pour pénétrer

ensuite dans des cellules

cibles et libérer sa charge à

l’insu du système immunitaire.

Un agent aussi furtif

donnerait du fil à retordre

aux méthodes actuelles

de riposte médicale.»

– Analystes de la DefenseIntelligence Agency,gouvernement des É.-U.,Washington, DC.56

Page 22: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Les géants de l’agrochimie et

des semences pourraient-ils

activer des déclencheurs à

distance pour ruiner la

récolte si l’agriculteur

contrefait le brevet ou déroge

aux méthodes prescrites?

commerciale à vaste échelle. Elleenglobe, entre autres, les ordinateurspersonnels, les systèmes de position-nement par satellite, les systèmesd’information géographique, leguidage automatisé des machines,les dispositifs de télédétection etles télécommunications.

« Il est cinq heures du matin. Unfermier du Midwest sirote son café,assis à l’ordinateur. Des images satel-lites en temps réel signalent unproblème de mauvaises herbes dansun champ situé au nord-ouest de laferme. À 6 h 30, le fermier se rend àl’endroit précis où il doit appliquerune dose précise d’herbicides. » – Communiqué de presse del’Illinois Laboratory for AgriculturalRemote Sensing59

L’agriculture de précision repose surla détection intensive des conditionsde l’environnement et l’informatisa-tion de ces données pour prendredes décisions éclairées et contrôlerles machines agricoles. Les technolo-gies de l’agriculture de précisionrelient les systèmes de position-nement par satellite (GPS) aux imagessatellites des champs pour détecter àdistance les ravageurs ou la sécher-esse, et ajuster automatiquement leniveau d’irrigation ou l’applicationde pesticides au fur et à mesure quele tracteur se déplace dans le champ.Des capteurs de rendement reliésaux moissonneuses-batteusesmesurent la quantité de céréaleset leur niveau d’humidité au fur età mesure de leur récolte dans lesdiverses sections du champ. Ilsproduisent ensuite des modèlesinformatiques qui établiront la perti-nence d’appliquer des intrants etle moment opportun pour le faire.L’agriculture de précision fait miroiterla possibilité d’accroître le rende-ment des cultures et de réduire lecoût des intrants en rationalisant

la gestion agricole, ce qui réduit legaspillage et les coûts de main-d’œuvre. Elle permet aussi d’employerdes conducteurs de machines moinsqualifiés et donc moins bien payés,puisqu’elle repose sur des systèmescensés simplifier la prise de décisionet la centraliser. Dans les années àvenir, l’agriculture de précisionprendra la forme d’une agriculturerobotisée – les machines agricolesseront conçues pour fonctionner demanière autonome et s’adapter auto-matiquement aux nouvelles données.

S’ils fonctionnent comme prévu, lesomniprésents capteurs sans fil (voirci-dessous) deviendront un instru-ment essentiel de la pleine réalisationde ce modèle agricole. Disséminésdans les champs, des réseaux decapteurs pourront fournir des donnéesdétaillées sur les conditions descultures et du sol, et relayer l’infor-mation à distance en temps réel – lefermier (ou le cadre de l’agroalimen-taire) n’aura même plus besoin dese salir les bottes pour inspecter sesterres. Comme plusieurs des élémentsà surveiller – présence de virus ouniveau d’éléments nutritifs dans lesol — opèrent à l’échelle nano etparce qu’on peut nanomodifierdes surfaces pour les lier de façonsélective à certaines protéines biolo-giques, les capteurs nanosensibles serévéleront des alliés particulièrementimportants dans la réussite de l’agri-culture de précision.

Au premier rang des adeptes deschamps intelligents truffés decapteurs sans fil, on trouve ledépartement de l’Agriculture des É.-U. (USDA). Dans un rapport dontla version initiale s’intitulait LittleBrother Technology,61 l’organismesouligne que la mise au point descapteurs est l’une des prioritésabsolues en recherche.62 Le USDAdéveloppe et soutient un véritable

16

Page 23: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

17

Système de champ intelligent quidétecte, repère, rapporte et appliquede manière automatique l’eau, lesengrais et les pesticides requis – au-delà de la collecte d’information,il exécute automatiquement lesinterventions requises.

L’industrie expérimente déjà lesréseaux de capteurs sans fil enagriculture. Intel, fabricant depuces aux caractéristiques nanos,63

a installé des nœuds de capteursminiatures (les motes) dans unvignoble de l’Oregon, aux É.-U.64

Capables d’évaluer la températureune fois la minute, ces capteursconstituent le premier stade versl’automatisation complète duvignoble. Intel a aussi embauchédes ethnographes et des expertsen sciences sociales pour étudier lecomportement des travailleurs envue d’améliorer le système. Intelveut faire de l’informatique proactiveavec ses réseaux sans fil – dessystèmes omniprésents capablesd’anticiper les besoins de l’agricul-teur et d’intervenir de leur proprechef. Dans un projet similaire, lecabinet multinational d’experts-conseils Accenture s’est allié aufabricant de capteurs miniaturesMillennial Net en vue d’installerun réseau de capteurs dans unvignoble de la Californie.65

Crossbow Technologies affirmeque ses capteurs miniaturespeuvent être utilisés à la fermepour gérer l’irrigation, détecterle gel et sonner l’alerte, appliquerles pesticides, déterminer lemoment de la récolte, procéderà la bioremédiation et au confine-ment, évaluer la qualité de l’eauet la contrôler.

Poussière intelligente et intelli-

gence ambiante : L’idée que desmilliers de minuscules capteurspuissent être disséminés commeautant d’yeux, d’oreilles et de nezinvisibles dans les champs de cultureet les champs de bataille semblerelever de la science-fiction. Il y adix ans, Kris Pister, professeur derobotique à l’Université de laCalifornie-Berkeley a pourtantobtenu des fonds de la DefenseAdvanced Research Projects Agency(DARPA) des É.-U. pour mettre aupoint des capteurs autonomes pasplus gros qu’une tête d’allumette.Faisant appel à la gravure sursilicium, ces capteurs miniatures(poussière intelligente) seraient dotésd’un bloc d’alimentation intégré, defonctions de calcul et de détection,et pourraient communiquer avecles capteurs des alentours. Chacundes capteurs miniatures pourraitdonc s’auto-organiser en réseauinformatique sur mesure, capablede transmettre les données par com-munication sans fil (communicationradio). L’intérêt premier de la DARVAétait de déployer des réseaux depoussière intelligente en terrain

Le USDA développe et

soutient un véritable

Système de champ intelligent

qui détecte, repère, rapporte

et applique de manière

automatique l’eau, les

engrais et les pesticides

requis – au-delà de la

collecte d’information, il

exécute automatiquement

les interventions requises.

Page 24: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

« L’amélioration de la

technologie des capteurs

va révolutionner la façon

de mesurer le processus

de croissance, le milieu

ambiant, le fonctionnement

des machines et bien d’autres

éléments. On automatisera

les processus qui exigeaient

l’intervention humaine. Il ne

sera plus nécessaire d’activer

la manette de commande

du tracteur – le capteur

sentira l’environnement

et fera automatiquement

l’ajustement requis.

Des compétences réduites

pourraient suffire à

certaines tâches. »

– Mike Boehlje, PurdueUniversity’s Center for Foodand Agricultural Business60

ennemi pour obtenir des renseigne-ments en temps réel — mouvementdes troupes, armes chimiques etautres conditions – sur le champ debataille sans mettre en danger la viedes soldats. Toutefois, à l’instar de cetautre projet novateur de la DARVAqu’est Internet, on a vite constaté lespossibilités infinies de ces minus-cules systèmes de surveillance dansla vie civile : contrôle de la consom-mation d’énergie dans les immeublesà bureaux, traçabilité des produits,contrôle des données relatives àl’environnement, etc.

De nos jours, des grandes sociétéscomme Intel et Hitachi se livrent àd’intenses recherches sur les microet nanocapteurs sans fil mis au pointpar Kris Pister; ces capteurs sont dansla mire de tous les laboratoires de laDéfense nationale des É.-U. et ilspassionnent des secteurs aussi diversque la médecine, l’énergie et les com-munications. Qualifiée de «prochainengouement » par The Economist,Red Herring et Technology Review,l’omniprésence des capteurs sans fil,aussi bien dans les vêtements quedans le paysage, pourrait modifierradicalement notre relation quotidi-enne avec les biens, les services,l’environnement et l’État. On veutdévelopper ce que les chercheursappellent une intelligence ambiante –des environnements intelligents quitirent parti des capteurs et de l’intel-ligence artificielle pour prédire lesbesoins des gens et y répondre : desbureaux qui ajustent l’éclairage et lechauffage selon l’heure de la journée,des vêtements qui changent decouleur ou qui sont plus ou moinschauds selon la température. Nousconnaissons tous un exemple d’intel-ligence ambiante : les coussins desécurité gonflables des nouvellesvoitures, qui anticipent la collision etse déploient pour absorber le choc.

Les grains de poussière de Kris Pistersont encore loin de l’échelle nano –ils sont à peu près de la taille d’unepièce de monnaie – mais des entre-prises commerciales ont déjà obtenuune licence d’exploitation du brevet.En 2003, Pister a créé sa propreentreprise de poussière intelligente,Dust inc. Il nous laisse entrevoir ceque pourrait être la vie quotidiennedans une entreprise intelligente :67

• « En 2010, un grain de poussière surchacun de vos ongles transmettra encontinu le mouvement de vos doigtsà l’ordinateur pour manifester votreintention : taper, pointer, cliquer,mimer, sculpter ou jouer de laguitare virtuelle.

• En 2010, on ne verra plus les bébésmourir du SMSN (syndrome de mortsubite du nourrisson), s’étouffer ouse noyer, puisqu’un signal alertera lesparents. Dans quelle société vivrons-nous quand la piscine du voisin (sic)vous appellera sur cellulaire pourvous dire que Johnny est en train dese noyer et que vous êtes l’adulte leplus proche?

• En 2020, il n’y aura plus de maladiesimprévues. Des capteurs implantésen permanence surveilleront tous lesgrands systèmes circulatoires ducorps humain; ils vous avertiront del’imminence d’une grippe, ou voussauveront la vie en détectant uncancer assez tôt pour l’éliminertotalement par chirurgie. »

Nanocapteurs : Avec l’avancementdes technologies, la taille des micro-capteurs rétrécit aussi vite que leurscapacités augmentent. Des analystesdu marché prédisent que le marchédes capteurs sans fil vaudra 7 milliards $d’ici 2010.68

Les nanocapteurs faits de nanotubesde carbone ou de nanoporte-à-faux(dispositifs de contrepoids) sont

18

Page 25: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

19

assez petits pour saisir et mesurerdes protéines, voire des molécules.On peut concevoir des nanoparti-cules ou des nanosurfaces capablesde déclencher un signal électriqueou chimique en présence d’uncontaminant tel qu’une bactérie.

D’autres capteurs peuventdéclencher une réaction enzyma-tique; d’autres encore utilisent desnanomolécules ramifiées (lesdendrimères) comme sondes pour sefixer à des produits chimiques ouprotéines donnés.

« … Imaginez des terres

agricoles intelligentes où

chaque… plante dispose de

son capteur… qui dispense

exactement la bonne dose

d’engrais, l’arrosage optimal.

Imaginez l’impact dans les

régions du monde où l’agri-

culture est problématique. »

– Pat Gelsinger, principalresponsable de la technologiechez Intel66

La fine pointe de la poussière intelligente

Fournisseurs actuels : Crossbow Technologies, Dust inc., Ember,Millennial Net

Bientôt : Motorola, Intel, Philips

Taille actuelle : les capteurs de Crossbow sont actuellement de la tailled’une capsule de bouteille. Le P.D.G. de la société, Mike Horton, s’attend àce qu’ils ne soient pas plus gros qu’un cachet d’aspirine – voire un grainde riz – d’ici quelques années.70

Prix actuel : Le matériel de Crossbow (kit de capteur miniature –processeur, radio, pile et capteur) coûte 40 $ à 150 $, selon la quantitécommandée. Crossbow prévoit que les prix vont bientôt chuter sous labarre des 10 $.71

Utilisations actuelles : on a saupoudré de la poussière intelligente sur des :

• Pétroliers : le Loch Rannoch, pétrolier de 885 pieds exploité par BP dansl’Atlantique Nord, est équipé de 160 capteurs sans fil qui détectent lesproblèmes techniques à partir des vibrations du moteur. L’entrepriseenvisage aussi d’utiliser les réseaux de poussière intelligente dans plusde 40 autres projets d’ici trois ans.

• Habitats fauniques : à Great Duck Island, au large de la côte du Maine(É.-U.), un réseau de 150 capteurs sans fil surveille les microclimats dansles zones de nidification et aux alentours. On veut développer un kit desurveillance des habitats qui permettrait aux chercheurs de surveillerdiscrètement la faune et les habitats fauniques avec un minimum deperturbations.72

• Ponts : à San Francisco (É.-U.), on a installé un réseau de capteurs pourmesurer les vibrations et les tensions structurales sur le Golden Gate, àtitre d’entretien préventif.73

• Séquoias : Dans Sonoma County, en Californie (É.-U.), des chercheurs ontfixé 120 capteurs sans fil à des séquoias pour la télésurveillance du micro-climat environnant à partir de Berkeley, plus de 70 km plus loin.74

• Supermarchés : Honeywell teste l’utilisation de capteurs pour la surveil-lance de supermarchés au Minnesota (É.-U.)75

• Ports : Le département de la Sécurité intérieure des É.-U. envisage l’utili-sation expérimentale de capteurs pour surveiller les ports et lesconteneurs en Floride.76

Page 26: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Au bout du compte, les

capteurs vont accroître la

productivité, faire chuter les

prix agricoles, réduire la

main-d’œuvre et assurer un

petit avantage de plus sur le

marché mondial aux gros

exploitants agricoles.

Va-t-on incorporer de la

poussière intelligente aux

semences brevetées pour

contrôler les pratiques des

agriculteurs et s’assurer

qu’ils respectent les brevets?

Bien entendu, une grande partie desfonds gouvernementaux consacrés àla recherche sur les nanocapteurs estréservée aux travaux sur la détectiond’infimes quantités d’agents de laguerre biologique – anthrax outoxines chimiques – afin de contrerles attaques terroristes sur le terri-toire des É.-U. ou prévenir les soldatsd’un risque éventuel sur les champsde bataille. Ainsi, le projet SensorNetveut déployer d’un bout à l’autre desÉ.-U. un réseau de capteurs qui feraoffice de système d’alerte rapide encas de menace chimique, biologique,radiologique, nucléaire ou explo-sive.69 SensorNet intégrera desnanocapteurs, des microcapteurset des capteurs classiques dans unseul réseau national, couplé à unréseau existant de 30 000 mâts detéléphonie mobile, pour formerl’ossature d’un réseau national desurveillance d’une ampleur sanspareille. L’Oak Ridge NationalLaboratory a déjà amorcé les testssur le terrain. Les laboratoires de laDéfense des É.-U., tels que Los Alamoset Sandia, se chargent eux-mêmes dela mise au point des nanocapteurs.

Évaluation des capteurs : latechnologie des capteurs peut profiteraux exploitations à grande échellehautement industrialisées qui utilisentdéjà les tracteurs GPS et autrestechniques de l’agriculture de préci-sion. Au bout du compte, les capteursvont accroître la productivité, fairechuter les prix agricoles, réduire lamain-d’œuvre et assurer un petitavantage de plus sur le marchémondial aux gros exploitants agricoles.

Ce ne sont pas les petits agriculteursqui vont profiter des omniprésentsréseaux de capteurs, mais bien lesgros négociants en grains commeCargill et ADM, qui sont en mesurede collecter les données de plusieurs

milliers de fermes en vue d’établir cequi sera cultivé, par qui et à quel prix,en fonction de la demande du marchéet des cours mondiaux. Les capteursvont marginaliser les atouts les plusprécieux de l’agriculteur : sa profondeconnaissance du site, du climat, dessols, des semences, des récoltes etde la culture de son propre milieu.À l’ère du contrôle sans fil, tous ceséléments seront réduits à desdonnées brutes en temps réel, inter-prétées et soupesées à distance.Pourquoi embaucher des agricul-teurs intelligents quand des capteurset des ordinateurs peuvent fairefonctionner à leur place desfermes intelligentes?

La production de pointe dans desexploitations à grande échelle setraduit généralement par une chutedes prix, réduisant à la misère ceuxqui ne font pas partie de l’industrieagroalimentaire, notamment lespetits agriculteurs et les paysansautochtones. Quand les capteurs nesont pas plus gros que des semences,il devient urgent d’adopter desmesures de protection sur le planjuridique, celui de la sécurité et del’environnement, pour prévenir lesexcès de la poussière intelligente, ycompris la surveillance des autrestypes de cultures. Va-t-on incorporerde la poussière intelligente auxsemences brevetées pour contrôlerles pratiques des agriculteurs ets’assurer qu’ils respectent les brevets?Va-t-on truffer les semences oud’autres intrants commerciaux decapteurs bon marché pour permet-tre aux entreprises de recueillir del’information, à l’instar des entre-prises Internet qui collectent desdonnées confidentielles en infectantles ordinateurs avec des moniteurset des marqueurs invisibles (leslogiciels-espions et les mouchards)?

20

Page 27: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

21

« … Ces dispositifs [les

capteurs] peuvent être

utilisés de manière contraire

au respect de la vie privée

des groupes ou des personnes,

par la surveillance clandes-

tine, la collecte et la

diffusion de renseignements

personnels (sur la santé ou

le profil génétique) sans

consentement adéquat. Ils

permettent aussi de concen-

trer l’information aux mains

de ceux qui ont les moyens

de développer de tels

réseaux et de les contrôler. »

– Royal Society,“Nanoscienceand nanotechnologies: oppor-tunities and uncertainties”78

On pourrait aussi détourner lesréseaux de capteurs agricoles pourles utiliser comme systèmes desurveillance civile sous prétextede sécurité nationale. Les réseauxde capteurs sans fil – en agricultureou ailleurs – menacent d’étouffer ladissidence et d’envahir la vie privée.Michael Mehta, sociologue del’Université de la Saskatchewan(Canada), pense qu’un milieu trufféde capteurs risque de détruire leconcept même de vie privée –en menant au nanopanopticisme(omnivision), un phénomène oùles citoyens ont l’impression d’êtresoumis à une surveillance constante.77

Dans un rapport récent, la RoyalSociety britannique a elle aussi

noté les problèmes posés par lescapteurs en ce qui a trait au respectde la vie privée :

« … Ces dispositifs [les capteurs]peuvent être utilisés de manièrecontraire au respect de la vie privéedes groupes ou des personnes, par lasurveillance clandestine, la collecteet la diffusion de renseignementspersonnels (sur la santé ou le profilgénétique) sans consentementadéquat. Ils permettent aussi deconcentrer l’information aux mainsde ceux qui ont les moyens dedévelopper de tels réseaux et de lescontrôler. » – Royal Society,“Nanoscience and nanotechnologies:opportunities and uncertainties”78

La disparition des agriculteurs

Au début du 19e siècle, l’agriculture était indissociable de la main-d’œuvreagricole. Quand les manœuvres agricoles sont revenus en Angleterre à lafin des guerres napoléoniennes, ils ont vite constaté que l’agricultureétait entrée dans une nouvelle ère industrielle. Pendant leur absence, lamain-d’œuvre avait été remplacée par des batteuses qui ont fait chuterles salaires et mis les travailleurs au chômage pendant les mois d’hiver.Dans le cadre des Swing Riots (du nom du légendaire meneur, lecapitaine Swing – en référence au balancement de la faux) de 1830 à1832, on a détruit et brûlé des centaines de batteuses dans le sud del’Angleterre, dans un premier – et très fugitif – mouvement de résistancepopulaire contre l’industrialisation de l’agriculture. Depuis, par vaguestechnologiques successives – des tracteurs et moissonneuses-batteusesaux herbicides et aux cultures GM –, l’agriculture se rapproche graduelle-ment d’un idéal industriel où la production agricole évoque de plus enplus le modèle de l’usine, avec des travailleurs agricoles sous-payés, sous-employés et réduits au chômage.

Vingt ans avant les Swing Riots, les artisans tisserands britanniques se sontbattus de la même manière pour protester contre l’abaissement de leursconditions de travail – ils ont détruit les machines nouvellement intro-duites. Les métiers à tisser et les tricoteuses à vapeur permettaient à destravailleurs moins qualifiés de fabriquer des produits de piètre qualité, cequi a fait chuter les prix en même temps que les salaires. Les tisserands decoton, fileurs, tondeurs et tricoteurs technoclastes – mieux connus sous lenom de Luddites – s’élevaient contre les salaires misérables, le coût élevéde la nourriture et l’atteinte à leur honneur de maîtres artisans.79

Page 28: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

22

Commerce à rabais –Les nanoproduits

La roulette des produits : Dansun rapport sur la nanotechnologiepublié en 2004, Lux Research inc.note que la nanotechnologie risqued’entraîner « des bouleversementset des modifications radicales dansles chaînes d’approvisionnement etles chaînes de valeur ».80 Dans lesecteur agricole, les enjeux sonténormes : l’ensemble des produitsagricoles et le gagne-pain de plus de1,3 milliard de personnes – la moitiéde la population active dans lemonde. Les principaux produits debase du Sud sont particulièrementvulnérables : fibres naturelles commele coton et le jute; boissons tropi-cales (cacao, thé, café); huilestropicales (de coco, de palme, etc.);produits agricoles divers (épicesexotiques, noix de cajou, vanille).Selon la CNUCED, la valeur desexportations de produits agricolesnon transformés des pays en déve-loppement atteint 26,7 milliards $.81

Les produits et les marchés du Nordseront eux aussi affectés, au fur et àmesure que les matériaux classiquesseront supplantés par des matériauxissus des nanotechnologies.Toutefois, ce sont généralement lespays les plus pauvres et ceux quidépendent le plus des exportationsagricoles qui seront les principalesvictimes des bouleversementsdécoulant de l’adoption desnanomatériaux de pointe.

Ce n’est pas la première fois que denouvelles technologies menacentd’éliminer les produits d’exportationdu Sud. Dans les années 1980, labiotechnologie a prédit que laproduction de plusieurs produitstropicaux serait déplacée vers descentres de biofermentation dans lespays du Nord. Pourquoi faire venir lavanille (le caoutchouc, le cacao, le

café) des Tropiques quand descultures cellulaires peuvent fabriquerle même produit en laboratoire?Mais les produits issus de la biofer-mentation étaient de qualité inégaleet les coûts de production ne pou-vaient égaler les prix chroniquementmisérables offerts pour les produitstropicaux. La nanotechnologieréussira-t-elle là où la biotechnologiea échoué?

La section suivante examine de plusprès l’impact des nanoproduits actuels(ou en développement) sur lesmarchés du coton et du caoutchouc.

Nanofibres c. coton – Le pantalon

plus que parfait : En 1952, dans lacomédie L’homme au complet blanc,un scientifique non conformistejoué par Alec Guinness invente untissu insalissable et inusable. Loind’applaudir cette innovation géniale,ses collègues et patrons de l’indus-trie textile y voient une menace àleur emploi et à leur entreprise – ilsforment des escadrons qui le prennenten chasse. À l’heure où nanoparticuleset nanofibres invisibles sont inséréesde plus en plus souvent à des produitsmiracles (dont les vêtements), lesymbolique complet blanc retrouveune nouvelle pertinence.

S’il y a un produit vedette du nano-commerce, c’est bien le pantalon.Reprenant à leur compte un vieuxtruc de voyageur de commerce, ilsemble que tous les nanoprosélytesfinissent par brandir leur nanopan-talon magique sur lequel ils renversentdu café devant un auditoire médusé(si tout va bien, le café perle commedu mercure et disparaît sans laisserde trace). Au premier rang de lamode nano, on retrouve la sociétéNano-Tex, des É.-U., détenue à 51 %par Burlington Industries (BI). À sagrande époque, BI était le premierfabricant de textile au monde, mais

« Tout comme la révolution

industrielle britannique a

acculé à la faillite les

artisans fileurs et tisserands,

la nanotechnologie va faire

déraper une foule d’entre-

prises et d’industries

multimilliardaires. »

– Lux Research inc.,The Nanotech Report 2004

Page 29: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

23

l’entreprise a fait faillite en 2001.Quand Wilbur Rossbought a rachetéBI pour 620 millions $ en 2003 –coupant l’herbe sous le pied aumagnat du marché, Warren Buffet – ilvoulait ressusciter BI en appliquantla technologie de Nano-Tex auxtissus de BI, et vendre des licencesd’exploitation à d’autres produc-teurs.82 À ce jour, Nano-Tex a cédédes licences à 40 usines de textile etses nanotissus ont été utilisés avecsuccès dans des vêtements demarque – dont Eddie Bauer, Lee, Gap,Old Navy et Kathmandu.

Nano-Tex a mis au point un procédépour fixer des nanobarbes aux fibrestextiles à l’aide de nanocrochets. Lesbarbes empêchent le liquide depénétrer la surface du tissu ce qui lerend antitache. Un autre procédé deNano-Tex – Coolest Comfort – vise àreproduire les qualités du coton naturel(séchage rapide et capacité derepousser l’humidité) dans lestissus synthétiques. Une troisièmetechnologie – Nano-Touch – produitune nanofibre synthétique ayantla texture du coton en beaucoupplus résistant. Selon le fondateurde Nano-Tex, « Ce sera notreproduit phare! »83

Peut-être un produit phare pourNano-Tex, mais pas forcément unebonne nouvelle pour les 100 000 000de familles qui vivent de la produc-tion du coton dans le monde – enmajorité dans des pays du Sud.84

Le coton est un produit qui bat déjàde l’aile. Les prix chutent depuiscent ans, en partie à cause de laconcurrence des fibres synthétiquesbon marché. Ces fibres manufac-turées vont de la rayonne, à basede cellulose (sur le marché depuis1891), aux fibres Dupont à base depétrole, comme le nylon. De nosjours, malgré des récoltes records,le coton représente seulement 40 %des quelque 52 millions de tonnesde fibres consommées dans lemonde. D’autres fibres naturellesont connu le même sort : la lainecompte pour un maigre 2,5 % et lasoie, un minuscule 0,2 %. On prévoitutiliser un total de presque 60 millionsde tonnes de fibres par année d’ici2010, mais la demande de fibressynthétiques augmente deux foisplus vite que celle du coton – etcela, sans tenir compte de l’impactéventuel des nanofibres.

En plus des nanotissus de Nano-Tex,d’autres sont en développement.Un groupe dirigé par le chimisteRay Baughman de l’Université duTexas, à Dallas, a mis au point des

« La modernisation des

œuvres de Mère nature

par nos propres dispositifs

technologiques exercera

un impact profond sur

l’économie manufacturière.

Quand l’industrie peut

assembler chimiquement

et à bon prix des matériaux

et des dispositifs de la

même façon qu’on produit

maintenant de la bière, du

fromage et du vin, on doit

s’attendre à des bouleverse-

ments et des modifications

radicales dans les chaînes

d’approvisionnement et

les chaînes de valeur. »

– Lux Research inc.,The Nanotech Report 2004

Le coton : quel est l’enjeu?85

• Le coton est cultivé dans plus de 100 pays

• 35 des 53 pays africains produisent du coton – 22 en exportent

• La valeur de la production de coton était estimée à 24 milliards $ en2002-2003

• Plus de 100 millions de familles travaillent directement à la productiondu coton

• Plus d’un milliard de personnes sont liées au secteur du coton – celacomprend les familles et le personnel qui produisent, transportent,égrènent, mettent en ballot et entreposent le coton

Page 30: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Ce sont généralement les

pays les plus pauvres et ceux

qui dépendent le plus des

exportations agricoles qui

subissent les plus grands

bouleversements quand

on adopte les nouveaux

matériaux nanostructurés.

tissus à base de nanotubes decarbone – ils sont 17 fois plus solidesque le Kevlar et peuvent transporterune charge électrique, ce qui leurpermet de faire fonctionner dumatériel tel qu’un téléphone cellu-laire.86 Une équipe de l’UniversitéClemson en Caroline du Sud (É.-U.),sous la direction du professeurNader Jalili, est en train dedévelopper des tissus à base denanofibres de carbone capables deproduire de l’électricité quand lapersonne qui les porte se déplace.87

Dans une autre application dévelop-pée au MIT en collaboration avecl’Institute for Soldier Nanotech-nologies, le professeur de sciencesdes matériaux Yoel Fink a mis aupoint des nanofibres de verre quichangent de couleur selon l’épais-seur du fil, ce qui pourrait affecter lemarché des teintures textiles. Fink etses collègues prévoient qu’une foistissés dans les vêtements, leursnanofils vont permettre au consom-mateur d’en modifier la couleur àson gré – gris souris pour unerencontre d’affaires et fuchsiaéclatant pour un dîner galant. Dansun premier temps (peut-être d’icideux ans), l’armée des É.-U. va incor-porer ces nanofils aux uniformesmilitaires pour aider les soldats à sedistinguer des troupes ennemies.88

Nanoparticules c. caoutchouc

Comme le coton, le caoutchouc est

un produit agricole importé princi-palement sous sa forme naturelle –il provient de pays du Sud tels quel’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande et laMalaisie. Contrairement au coton, lecaoutchouc naturel a mieux résistéau défi de ses concurrents synthé-tiques développés pendant laDeuxième Guerre mondiale. Même si75 % du caoutchouc utilisé dans lemonde était synthétique en 1964,l’introduction de pneus radiaux arevitalisé le marché du caoutchoucnaturel. En 2004, l’ensemble de laproduction mondiale de caoutchoucdevrait atteindre 19,61 millions detonnes, dont 8,26 millions d’originenaturelle, soit 42 %.89

À l’heure actuelle, environ 50 % despneus d’automobile sont faits decaoutchouc naturel.92 On incorporedepuis longtemps de petites parti-cules de noir de carbone (incluantdes nanoparticules) au caoutchoucpour améliorer la durabilité et larésistance des pneus. Plusieursgrands fabricants de pneus sont entrain de développer des nanoparti-cules dans le but d’augmenter encorela durabilité des pneus. Cabot, l’undes plus gros producteurs de pneusde caoutchouc au monde, a testéavec succès les nanoparticules decarbure de silice PureNano, conçuespar Nanoproducts Corporation auColorado. Ajoutées aux pneus, lesparticules PureNano réduisentl’usure d’environ 50 % – si on adopte

24

Le caoutchouc : quel est l’enjeu?

• Les exportations de caoutchouc naturel des pays du Sud s’élevaient à3,6milliards $ en 2000. Les cinq plus grands producteurs : Thaïlande,Indonésie, Inde, Malaisie et Chine.

• La Thaïlande produit plus du tiers du caoutchouc naturel dans lemonde.90

• 90 % du caoutchouc de la Thaïlande est produit sur des terres d’unesuperficie inférieure à 4 hectares, par quelque six millions d’agriculteurs.91

Page 31: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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largement cette simple amélioration,les pneus dureront deux fois pluslongtemps, ce qui réduira demanière radicale les besoins decaoutchouc. Dans le moment, onrechape chaque année 16,5 millionsde pneus juste aux É.-U.93 Ce nombrediminuerait vraisemblablement demoitié. D’autres entreprises veulentincorporer des nanotubes de carbone,annonçant des pneus qui dureraientplus longtemps que la voiture. Selondes rumeurs qui circulent à SiliconValley, un fabricant de contraceptifstente pour sa part d’ajouter desnanotubes de carbone aux condomspour les renforcer.94

On prévoit aussi des nanochange-ments à l’intérieur même des pneus.Des sociétés comme Inmat etNanocor produisent des nanoparti-cules d’argile que l’on peut incorporeraux plastiques et caoutchoucs syn-thétiques pour créer une surfaceétanche à l’air. La nanoargile d’Inmata déjà été utilisée comme scellantpour les balles de tennis à deux noyauxproduites par le fabricant d’articlesde sport Wilson. On prétend que lesballes Double Core rebondissentdeux fois plus parce que lesnanoparticules emprisonnent l’airde manière plus efficace.Inmat, qui devait à l’origines’associer à Michelin, numéroun de l’industrie des pneus,estime qu’on pourrait utiliserla même technologie poursceller l’intérieur des pneus,ce qui réduirait la quantité debutylcaoutchouc requise etproduirait un pneu plus léger,plus économique et plusrésistant à la chaleur.95

L’ambition ultime, c’est leremplacement pur et simpledu caoutchouc. L’une desoptions est un nanomatériausuper léger, appelé aérogel,

qu’on proposait d’utiliser pour lespneus de l’engin spatial envoyé surMars (on a fini par choisir des pneusclassiques). Comme son nom l’indique,l’aérogel se compose en grandepartie d’air (98 %) – des milliards denanobulles d’air dans une matricede silice.96 En plus d’être léger,l’aérogel est extrêmement résistantà la chaleur et fait un isolant remar-quable. Des chimistes de l’Universitédu Missouri-Rolla (É.-U.) affirmentqu’ils ont mis au point un nouvelaérogel imperméable qui peutremplacer le caoutchouc dans lespneus.97 Au moins un fabricant depneus, Goodyear, détient un brevetsur un pneu dont la bande de roule-ment contient des aérogels desilice.98 Le marché mondial des pneusest dominé par cinq multinationales :Michelin, Bridgestone, Goodyear,Continental et Sumitomo. En 2001,les 5 principaux fabricants de pneusmonopolisaient plus des deux tiersdes ventes de pneus dans le monde.99

Cultiver de nouveaux

nanoproduits de base : Au fur et àmesure qu’augmente la productionde masse de nanomatériaux – bientôtplusieurs tonnes – on voit émergerdes procédés qui pourraient offrir

L’ambition ultime, c’est

le remplacement pur et

simple du caoutchouc.

Page 32: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

« La cellulose est la source

renouvelable de polymère

la plus abondante sur terre.

Elle forme la structure de

tous les végétaux. Certains

chercheurs ont prédit qu’on

pouvait en faire des fibres

presque aussi solides que

le Kevlar, mais personne

n’y est parvenu jusqu’ici. »

– Margaret Frey, professeureadjointe en textiles, UniversitéCornell.104

de nouveaux débouchés pourcertaines matières premières agricoles– en quantité assez réduite cependant :

Filer des nanofibres : Des scien-tifiques de l’Université de Cambridgeen Angleterre explorent des procédésde fabrication de nanotubes decarbone à base d’éthanol de maïs.102

Alors que la plupart des procédésutilisent le pétrole ou le graphitecomme matière première, le Dr AlanWindle et son équipe injectent del’éthanol dans un puissant courantd’hydrogène qui traverse un four à1000 ºC. La chaleur intense décom-pose l’éthanol, et les atomes decarbone se réassemblent en nano-tubes d’environ un micron delongueur, qui flottent dans le courantd’hydrogène, lâchement liés les unsaux autres dans une fumée élastique.On tire ensuite les nanotubes de cenuage amorphe, à la façon d’unrouet qui file la laine. Ce procédépermet de former des fils continusde nanotubes de carbone mesurantjusqu’à 100 mètres de longueur – ilssont cependant de piètre qualitépour le moment.

D’autres substances que l’éthanol demaïs peuvent servir à fabriquer desnanofibres utiles. À l’UniversitéCornell, une autre équipe est en trainde perfectionner un ancien procédé,l’électrospinning.103 La cellulosevégétale est dissoute dans un solvantpuis pressée par courant électriquedans un trou d’épingle qui produitune fibre de moins de 100 nm dediamètre. Les scientifiques travaillentà modifier les propriétés de cesnanofibres pour les rendre plus solides.

Selon Margaret Frey, professeureadjointe en textiles à l’UniversitéCornell, « La cellulose est la sourcerenouvelable de polymère la plusabondante sur terre. Elle forme lastructure de tous les végétaux.Certains chercheurs ont prédit qu’onpouvait en faire des fibres aussisolides que le Kevlar, mais personnen’y est parvenu jusqu’ici. »104

Les chercheurs de Cornell récupèrentd’abord la cellulose dans les résidusde production du coton, mais enprincipe, ils pourraient récolter lacellulose de n’importe quel déchetvert.105 C’est sans doute une bonnenouvelle pour l’industrie textile quipourrait acheter à bon prix des

26

Les aliments, nanomatériaux de la nature

Dans un article récent de la revue Nature Materials, une chercheuse dulaboratoire Cavendish de l’Université de Cambridge, exhortait sescollègues scientifiques à considérer l’agriculture non pas comme une«matière première de composition essentiellement incontrôlable », maisplutôt comme une « catégorie de matériaux riche et diversifiée », dontplusieurs « nanocomposites, où l’autoassemblage peut jouer un rôle clé ».100

Athene Donald fait remarquer que la variabilité des matières premières,une caractéristique inhérente à tous les produits naturels en raison desdifférences de sol, de climat et de cultivar d’une région à l’autre, produitdes ingrédients instables – les nanotechnologues pourront uniformiserces ingrédients, les stabiliser et même les rendre plus nutritifs.Reconnaissant que « l’émotion l’avait emporté sur la science » dans ledébat sur les OGM, du moins en Europe, elle a bon espoir que lananotechnologie puisse « améliorer les produits bruts » de manièreacceptable pour la population.101

Page 33: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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déchets végétaux, mais ce ne seraquand même pas le pactole pourles agriculteurs, vu l’abondance dela cellulose.

La culture des particules : À l’avenir,on pourrait produire des nanoparti-cules industrielles ailleurs qu’enlaboratoire, les cultiver dans deschamps de cultures génétiquementmodifiées – des fermes consacrées àla culture des particules. Il est bienconnu que les plantes peuvent utiliserleurs racines pour extraire du solnutriments et minéraux, mais desrecherches menées à l’Universitédu Texa-El Paso confirment que lesplantes peuvent aussi absorberdes nanoparticules qu’on pourraitrécolter sur une base industrielle.Dans le cadre d’une expérience surla culture des particules, on a faitpousser de la luzerne dans un solartificiellement enrichi en or sur lesterrains de l’université. Quand leschercheurs ont examiné les plants, ilsont trouvé dans les racines et tout lelong du système foliacé des nanopar-ticules d’or dotées des mêmespropriétés physiques que cellesproduites selon les procédéschimiques classiques – onéreuxet nocifs pour l’environnement.106

Pour extraire les métaux, il suffitde dissoudre la matière organique.

Des expériences initiales ont démontréque les particules d’or prenaient desformes aléatoires, mais une modifica-tion du taux d’acidité du substratsemblait produire des formes plusrégulières.107 Les chercheurs expéri-mentent maintenant d’autres métauxet utilisent du blé et de l’avoine, enplus de la luzerne, pour produire desnanoparticules d’argent, d’europium,de palladium, de platine et de fer.108

Pour la production industrielle, leschercheurs estiment que les plantsde particules pourraient être cultivésà l’intérieur dans des sols enrichis

en or ou à proximité de minesd’or abandonnées.109

En attendant, les chercheurs ennanobiotechnologie du NationalChemistry Laboratory de Pune, enInde, procèdent à des expériencessimilaires en immergeant des feuillesde géranium dans une solutionaurifère.110 Après 3 à 4 heures, lesfeuilles produisent des particules de10 nm ayant la forme de bâtons, desphères et de pyramides qui repro-duisent, selon le chercheur MuraliSastry, les formes des composésaromatiques présents dans les feuilles.En modifiant les composés aroma-tiques, Sastry estime qu’il est possiblede modifier la forme des nanoparti-cules (ainsi que leurs propriétés).

Évaluation de l’impact de la

roulette des produits de base : Il esttrop tôt pour décrire précisémentl’impact exercé par la nanoéconomiedes particules artificielles sur laproduction de produits agricolesclassiques – mais il est évident qu’unimpact se fera sentir. Compte tenudes brevets et innovations nanospilotés par le Nord (notamment auxÉ.-U.), il y aura des pressions en vuede remplacer les produits tropicauxcomme le caoutchouc et le coton dequalité par des matières premièresmoins coûteuses, que l’on peutobtenir et transformer à proximité(maïs, avoine, résidus de coton).Nous ne voulons pas préserver lestatu quo à tout prix et nous ne disonspas que les petits agriculteurs et lestravailleurs agricoles doivent resterà jamais tributaires de culturesd’exportation aux cours notoirementcapricieux. Mais le fait est que latechnologie de l’infiniment petitentraînera des bouleversementssocioéconomiques auxquels lasociété est mal préparée. Commetoujours, ce sont les pauvres quisont les plus vulnérables.

À l’avenir, on pourrait

produire des nanoparticules

industrielles ailleurs qu’en

laboratoire, les cultiver dans

des champs de cultures

génétiquement modifiées –

des fermes consacrées à

la culture des particules.

Compte tenu des brevets et

innovations nanos pilotés

par le Nord (notamment

aux É.-U.), il y aura des

pressions en vue de

remplacer les produits tropi-

caux comme le caoutchouc

et le coton de qualité par

des matières premières

moins coûteuses, que l’on

peut obtenir et transformer

à proximité (maïs, avoine,

résidus de coton).

Page 34: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Les nouveaux

nanomatériaux peuvent

offrir des avantages sur le

plan environnemental. Ainsi,

une réduction du nombre de

pneus usagés pourrait

réduire la quantité de

déchets dans les dépotoirs et

les décharges publiques. Les

nanosceptiques argueront

cependant que les

nanomatériaux destinés à

remplacer le caoutchouc

risquent aussi d’entraîner

d’autres problèmes de dispo-

sition des déchets et

introduire de nouveaux

contaminants dans l’environ-

nement.

Les nouveaux nanomatériauxpeuvent offrir des avantages sur leplan environnemental. Ainsi, uneréduction du nombre de pneususagés pourrait réduire la quantitéde déchets dans les dépotoirs et lesdécharges publiques. Les nanoscep-tiques argueront cependant queles nanomatériaux destinés àremplacer le caoutchouc risquentaussi d’entraîner d’autres problèmesde disposition des déchets et intro-duire de nouveaux contaminantsdans l’environnement.

À court terme, les fermes industriellescapables d’offrir des quantités impor-tantes de cellulose pourraient profiterd’un nouveau créneau sur le marchéet tirer des revenus de ce qui étaitautrefois considéré comme un rebut.Il pourrait y avoir un écart momen-tané des marchés de l’éthanol, maisles agriculteurs nord-américainsauraient tort de croire qu’ils seront aucœur de la nouvelle nanoéconomie.Dans l’éventualité d’un véritableessor du filage de nanofibres à basede cellulose ou d’éthanol, les vraisgagnants seront les gros condition-neurs de grain qui pourront offrir cesproduits de base à bon compte.

L’extraction de nanoparticules desterres riches en minerai par la culturede plantes de variétés particulièresou de plantes de synthèse peutdevenir un élément important dansles régions plus pauvres, notammentcelles dont l’économie repose sur lesmines. Si on pouvait extraire duminerai en cultivant des plantesqui transforment les particules, ondisposerait d’une solution de rechangeà un métier dangereux en mêmetemps que de nouvelles sources derevenus pour les pays en développe-ment. Mais la culture des particulesn’est vraisemblablement pas uneformule adaptée aux petits agricul-

teurs et aux paysans. Pour recaptureret caractériser les nanoparticules, ilfaut des centres de transformationde pointe que les producteurs àpetite échelle n’ont pas les moyensde s’offrir. C’est aussi une formulesusceptible de modifier en profondeurles modèles d’utilisation des sols –des terres autrefois marginalespourraient devenir des sites recher-chés pour la culture des particulesde minerais rares – ce qui risque dedéplacer des cultures traditionnelleset des écosystèmes fragiles. La dissémi-nation de plantes génétiquementmodifiées en vue d’améliorer laproduction de nanoparticules peutsoulever des préoccupations impor-tantes sur le plan de la biosécurité,tout comme la perspective de voirdes cultures contenant des nanopar-ticules bioactives se mêler àl’approvisionnement alimentaire.

Autres usages agricoles des

nanomatériaux : Des projets encours aux quatre coins du mondeétudient la possibilité d’utiliser desnanoparticules à des fins agricolesautres que les pesticides – de l’amé-lioration de la photosynthèse jusqu’àcelle de la germination et de lagestion des sols.

• Des engrais aux buckminster-

fullerènes? Des chercheurs del’Université de Kyoto (Japon) ontréussi à produire de l’ammoniac àpartir de buckminsterfullerènes.L’ammoniac est un composantessentiel des engrais, mais on nepeut pas encore dire si le produitutilisé dans les champs contiendraitdes fullerènes.111

• Nanomélange de TiO2 : Des scien-tifiques de l’Université de la Coréeont demandé un brevet sur unmélange liquide composé de nano-particules de bioxyde de titanecensé détruire les ravageurs,

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Page 35: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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améliorer la photosynthèse etstimuler la croissance quand onl’applique à des plants de riz.112

• Semis de fer : L’Académie dessciences de la Russie rapporte qu’ona amélioré la germination de grainesde tomates en pulvérisant dans leschamps une solution de nanoparti-cules de fer.113

• Liant de sol : En 2003, ETC Group arapporté l’existence du nanoliant desol SoilSet, mis au point par SequoiaPacific Research en Utah (É.-U.).114

SoilSet est une couverture de sol àprise rapide qui utilise les réactionschimiques à l’échelle nano pourlier le sol. On l’a pulvérisé sur les1400 acres du mont Encebado auNouveau-Mexique afin de prévenirl’érosion découlant des incendiesde forêt, ainsi que sur de plus petitessurfaces dévastées par le feu dansMendecino County, en Californie.

• Dépollution du sol : On développeactuellement plusieurs procédés envue d’appliquer les nanotechnolo-gies (notamment les nanoparticules)à la dépollution des sols contaminéspar des métaux lourds et des BPC. LeDr Wei-xang Zhang a utilisé le premierun nanoprocédé de dépollution,l’injection de fer à l’échelle nano-métrique dans un site contaminé.115

Les particules suivent les mouve-ments de la nappe phréatique etfont le travail de décontamination encours de route, ce qui est beaucoupplus économique que d’excaver le solpour le traiter. Les tests effectués parle Dr Zhang démontrent une réduc-tion importante du niveau decontaminants en un jour ou deux.Les tests démontrent aussi que lenanofer reste actif dans le solpendant six à huit semaines, aprèsquoi il se dissout dans la nappephréatique et se confond avec le fernaturellement présent dans l’eau.

La ferme des nanomaux

Le bétail et le poisson n’échapperontpas à la nanorévolution. Si la nano-médecine fonde tous ses espoirs surla détection des maladies et lesnouveaux médicaments, les nanoap-plications vétérinaires peuventdevenir le banc d’essai de techniquesnon testées et plus litigieuses – desvaccins en nanocapsules à la sélec-tion du sexe des animaux d’élevage.

Biopuces : Grâce aux biopuces, onpeut analyser et manipuler instanta-nément des échantillons biologiques– sang, tissus et sperme. En moinsde cinq ans, les biopuces sontdevenues une technologie couranteen génomique et en création demédicaments – elles gagnentmaintenant les applications commer-ciales en rapport avec les soins desanté et la salubrité des aliments.

La biopuce (ou puce à ADN) est undispositif habituellement composéde centaines ou de milliers de brinscourts d’ADN artificiel, déposés avecprécision sur un circuit de silicium.Dans les puces à ADN, chaque brind’ADN sert de sonde sélective quienregistre un signal électriquequand il se lie à un matériau del’échantillon (du sang, par exemple).À la manière d’une recherche parmot-clé, la biopuce peut faire étatdes séquences génétiques détectéespar les sondes à ADN qui y sontintégrées. Les biopuces les plusconnues sont celles de la sociétéAffymetrix, qui a inventé cettetechnologie et fabriqué la toutepremière puce à ADN capabled’analyser l’ensemble du génomehumain sur une biopuce pas plusgrosse qu’une pièce de dix sous.116

En plus des puces à ADN, il existed’autres variantes capables dedétecter d’infimes quantités deprotéines et de produits chimiques

L’Académie des sciences de

la Russie rapporte qu’on

a amélioré la germination

de graines de tomates en

pulvérisant dans les

champs une solution de

nanoparticules de fer.

Page 36: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

« Des chercheurs enthousi-

astes affirment que la

miniaturisation et l’intégra-

tion de la chimie et de la

biologie déclencheront une

véritable révolution.

La microfluidique réinven-

tera la biologie comme

l’informatique a réinventé

le calcul. »

– Kyle James, Small Times121

dans un échantillon, ce qui en faitdes outils précieux pour détecterles maladies ou les agents de laguerre biologique. Agilent (Hewlett-Packard) et Motorola offrent déjàdes appareils d’analyse des biopucesde la taille d’une imprimante à jetd’encre – chacun peut traiter jusqu’à50 échantillons à la demi-heure.

Les nanomatériaux destinés àremplacer le caoutchouc risquentaussi d’entraîner d’autres problèmesde disposition des déchets et d’intro-duire de nouveaux contaminantsdans l’environnement.

On peut utiliser les puces pour ladétection précoce des maladieschez l’animal. Ainsi, des chercheursde l’Université de Pretoria sont entrain de mettre au point des biopucescapables de détecter des maladiescourantes transmises par les tiques.117

Les biopuces peuvent aussi servir àla traçabilité des aliments de consom-mation humaine et animale. Ainsi, lapuce FoodExpert-ID de bioMérieuxteste rapidement la moulée pourdétecter la présence de produitsissus de quarante espèces animalesen vue de retracer les agentspathogènes – une réponse auxpréoccupations de santé publiquedécoulant de la grippe aviaire etla maladie de la vache folle.118

L’un des buts est d’adapter lesbiopuces aux fins d’élevage. Une foismaîtrisée la cartographie du génomehumain, les généticiens se sontrapidement attaqués aux génomesd’autres espèces animales – bovins,moutons, poules, porcs et autres bêtesd’élevage – dans l’espoir d’identifierles séquences génétiques liées à destraits rentables sur le plan commer-cial, dont la résistance aux maladieset la faible teneur en gras de laviande. En intégrant aux biopucesdes sondes qui ciblent ces traits, les

éleveurs pourront vite identifierles champions et supprimer lesmaladies génétiques.

Micro et nanofluidique

La microfluidique est une plateformetechnologique plus récente à l’échelledes biopuces. Les systèmes microet nanofluidiques analysent encontrôlant le débit de liquides oude gaz dans une série de minusculesvalves et canaux, triant les élémentsau passage, à la manière d’un circuitélectronique qui trie les donnéespar transferts et portes logiques.Souvent gravés sur silicium, lescanaux microfluidiques peuventfaire moins de 100 nm de largeur.Cela leur permet de traiter dumatériel biologique comme l’ADN,des protéines ou des cellules enquantités infimes – habituellementen nano ou picolitres (1000 fois pluspetits que les nanolitres). La micro-fluidique donne non seulement lesmoyens d’effectuer des analyses trèsprécises, mais elle ouvre aussi laporte à la manipulation de matièrevivante, puisqu’elle permet de mêler,séparer et traiter divers composantsà l’échelle nano.

Dans l’élevage du bétail, la microflu-idique sert à trier les spermatozoïdeset les œufs. Le chef de file dans ledomaine est XY inc., au Colorado (É.-U.), qui utilise un procédé demicrofluidique, la cytométrie desflux, pour séparer les spermatozoïdesmâles des spermatozoïdes femellesen vue du sexage. XY a réussi àprédéterminer le sexe de chevaux,de bovins, de moutons et de porcs –la société offre maintenant satechnologie aux éleveurs commer-ciaux. Arryx, le rejeton de Nanotech,qui a mis au point un nouveausystème de microfluidique du nomde MatRyx, utilise une nanotechniquedans laquelle de minuscules faisceauxlaser emprisonnent chacun des

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Page 37: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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spermatozoïdes pour les trier ensuiteselon le poids. MatRyx peut trierquelque 3000 spermatozoïdes à laseconde; on veut commercialiserlemicrofluidiquesystème pour l’éle-vage du bétail. «Cela permet auxproducteurs laitiers d’avoir desvaches et aux producteurs de bœufd’avoir des taureaux ayant plus deviande », explique le P.D.G. d’Arryx,Lewis Gruber.119 Son objectif est deproduire un trieur qui fonctionnesur simple pression d’un bouton.

Matthew Wheeler, professeur enzootechnie à l’Université de l’Illinois,est allé plus loin en développant undispositif microfluidique qui peutnon seulement trier œufs et sperma-tozoïdes, mais aussi les joindre defaçon similaire à la reproductionnaturelle et s’occuper ensuite del’embryon. Selon le Dr Wheeler, untel procédé permettrait la produc-tion massive d’embryons de manièreéconomique, rapide et fiable.120 Avecses collègues, il a créé une entre-prise, Vitaelle, pour commercialisercette technologie.

Nanomédecine vétérinaire :

Les promesses sont encore plusrenversantes en nanomédecine :nouveaux diagnostics, nouveauxtraitements et amélioration de laperformance humaine. La NationalScience Foundation des É.-U. estimeque d’ici 2010, la nanotechnologiereprésentera environ la moitié desventes de l’industrie pharmaceu-tique. On dit moins souvent quel’impact sera sans doute le mêmeen santé animale – soit que lesnanotechnologies démontrentleur valeur en médecine, soit quece marché serve de banc d’essai àdes formules plus controversées,telles que l’utilisation de nanocap-sules à ADN. Des firmes commeSkyePharma, IDEXX et Probiomeddéveloppent des applications vétéri-

naires pour les nanoparticules.L’évaluation en profondeur de lafaçon dont les firmes pharmaceu-tiques utilisent les nanotechnologiespour concevoir et administrer lesmédicaments dépasse le cadre de cerapport. On trouvera ci-dessous unaperçu des principales technologiesqui s’appliquent également à l’indus-trie pharmaceutique vétérinaire :

Découverte de médicaments :

L’imagerie des nanomolécules biolo-giques et la faculté de les isolerpermettent de concevoir des médi-caments plus ciblés, tout en accélérantde beaucoup le criblage génomiqueet l’examen des composés pour évaluerleur pertinence comme médicaments.Les entreprises pharmaceutiquess’intéressent particulièrement auxbiopuces et aux dispositifs micro-fluidiques (voir ci-dessus) pourdétecter les différences génétiquesdes tissus en vue de concevoir desmédicaments personnalisés selonle profil génétique du patient.(pharmacogénomique).122

Détection des maladies : Commeelles se déplacent librement dansl’organisme, les nanoparticulespeuvent servir au diagnostic. Ons’intéresse notamment aux pointsquantiques – des nanocristaux deséléniure de cadmium fluorescentsdont la couleur se modifie enfonction de la taille. Les pointsquantiques peuvent servir à marquerde couleurs spécifiques diverscomposants biologiques – protéinesou brins d’ADN, par exemple. Onpeut ainsi détecter dans un échan-tillon de sang certaines protéines quidénotent la prédisposition à unemaladie donnée. On peut obtenir uneffet similaire avec les nanocoquillesd’or, de minuscules perles de verrerecouvertes d’or qui changent decouleur selon l’épaisseur de lacouche d’or. Les nanocoquilles et

« À l’ère des nouvelles

technologies de la santé,

la médecine vétérinaire

connaîtra des transforma-

tions révolutionnaires et

prodigieuses. Le facteur

capital de ces changements

est la faculté récente de

mesurer, manipuler et organ-

iser la matière à l’échelle

nanométrique… »

– Dr Jose Feneque, Miami,Floride

Page 38: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Les composés pharmaceu-

tiques reformulés en

nanoparticules peuvent

atteindre des parties du

corps inaccessibles aux

préparations actuelles,

en plus d’offrir une activité

biologique accrue en raison

de leur plus grande

surface active. Grâce à

leur biodisponibilité accrue,

on peut utiliser des concen-

trations plus faibles de

médicaments coûteux et

sans doute réduire les

effets secondaires.124

points quantiques peuvent êtreconçus pour se fixer aux tumeurs etaux cellules malignes afin de faciliterleur dépistage dans l’organisme.Des scientifiques de l’Université Riceayant développé ce procédé ontaussi démontré, chez l’animal, qu’ilest possible de chauffer les nanoco-quilles à l’aide de rayons laser afinqu’elles détruisent de manière sélec-tive les tissus malades auxquelleselles sont fixées, sans endommagerla peau ou les tissus sains. Une licenced’exploitation de cette technologiea été accordée à une entreprise endémarrage.123

Nouveaux mécanismes

d’administration : Même les médica-ments vont rétrécir. Les nanostructuresont l’avantage de s’introduire dansl’organisme à l’insu du systèmeimmunitaire et elles peuvent traverserles obstacles (barrière hémato-encéphalique ou paroi de l’estomac)utilisés par le corps pour se protégerdes substances indésirables.

Les composés pharmaceutiquesreformulés en nanoparticulespeuvent atteindre des parties ducorps inaccessibles aux préparationsactuelles, en plus d’offrir une activitébiologique accrue en raison de leurplus grande surface active. Grâce àleur biodisponibilité accrue, on peututiliser des concentrations plus faiblesde médicaments coûteux et sansdoute réduire les effets secondaires.124

Les nanoparticules peuvent aussiservir de vecteurs pour introduiredans l’organisme les composés quiy sont fixés.

De grandes sociétés nanopharma-ceutiques telles que SkyePharma etPowderject (maintenant une filialeà part entière de Chiron) ont misau point des procédés en vued’administrer des nanoparticulespharmaceutiques par la peau ou par

inhalation. Des chercheurs de laFloride travaillent à des nanosys-tèmes qui diffusent le médicamentdans l’œil au moyen de verres decontact spécialement imprégnés.Comme dans le cas des pesticides, leprincipal avantage est la libérationcontrôlée. Plusieurs des grandesfirmes pharmaceutiques intéresséesaux nanomédicaments (pour l’êtrehumain et l’animal) utilisent lestechnologies d’encapsulation – tellesque les nanocapsules – pour intro-duire les composants actifs dansl’organisme et autour. On peutassigner aux capsules la fonction dese fixer à des sites précis, ou les activerpar déclencheur externe – champmagnétique ou ultrason. Le USDAcompare ces nanocapsules dotéesde fonctions, ou systèmes d’adminis-tration intelligents, au système postal,où des étiquettes d’adresse à codemoléculaire permettent d’acheminerle produit pharmaceutique à la desti-nation voulue.125

On utilise d’autres nanomatériauxque les capsules pour administrerles médicaments :

• Le BioSilicon est un nanomatériautrès poreux à base de silicium, quilibère lentement le médicament surune période prolongée. Mise aupoint par la firme australiennepSivida, la technologie BioSilicon sertà fabriquer de minuscules capsules(à avaler) et des timbres transder-miques contenant de minusculesaiguilles qui percent la peau pouradministrer le médicament.126

• Les fullerènes, ou moléculesmiracles de la nanotechnologie(cette classe de molécules decarbone inclut les buckminster-fullerènes et les nanotubes decarbone), sont des cages creusesformées de soixante atomes decarbone de moins de deux nm de

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Page 39: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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largeur. Comme ils sont creux, onveut remplir les fullerènes decomposés pharmaceutiques puis lesdoter de la fonction de se fixer àdiverses parties du corps.

• Les dendrimères, des moléculesramifiées en réseau, sont en train dedevenir l’un des instruments les plusen vogue de la nanotechnologie. Enraison de leur taille et de leurforme, les dendrimères offrent troisavantages pour l’administration desmédicaments : d’abord, ils peuventretenir les molécules de médicamentdans leur structure et servir de vecteur;ensuite, ils peuvent pénétrer facile-ment dans les cellules et libérer lemédicament au site choisi; enfin,et surtout, les dendrimères nedéclenchent aucune réactionimmunitaire. On peut aussi utiliserles dendrimères pour l’analyse etle diagnostic chimiques – ce quipermet d’espérer que des moléculesde synthèse puissent un jour détecter,diagnostiquer et traiter des tumeursou d’autres cellules malades.

• Les nanocapsules à ADN intro-duisent des brins d’ADN viral dansles cellules. Une fois la capsule décom-posée, l’ADN pirate le mécanismecellulaire pour produire des composéssimulant une attaque virale, ce quialerte le système immunitaire etl’entraîne à les reconnaître. Cettetechnologie peut aussi servir à piraterdes cellules vivantes pour produired’autres composés tels que denouvelles formes de protéines oude toxines. Il faut donc surveillerces technologies de près,puisqu’elles peuvent servir à laguerre biologique.

Évaluation des nanoproduits

pharmaceutiques : Grâce auxnanotechnologies, l’industriepharmaceutique peut inonder lemarché de médicaments composés,

nouveaux et anciens. Réduire lesmédicaments actuels à l’échellenano fait miroiter la possibilité deprofits et de brevets, mais celapermet aussi de redécouvrir desmédicaments ayant échoué auxessais cliniques sous leur formeclassique. Les entreprises peuventencapsuler des composés pharma-cologiques actifs censés cibler unsite bien déterminé de l’organisme,en affirmant que cela élimine leseffets secondaires et que lesvieilles évaluations de sécuriténe s’appliquent plus.

Il faut aussi tester et contrôlersoigneusement les nanoproduitspharmaceutiques approuvés pourl’usage vétérinaire afin d’empêcherleur introduction dans la chaînealimentaire. On ne sait pas de quellefaçon les nanoparticules surviventdans l’organisme ou s’y déplacent, nisi elles peuvent s’infiltrer dans le lait,les œufs et la viande. Les autoritésconcernées doivent réévaluer lesmédicaments vétérinaires actuelsquand on les reformule en nanopré-parations, puisque ce changementde taille peut modifier les propriétésdes matériaux.

Petit Poulet en particules :

Le Campylobacter jejuni fait partied’un groupe de bactéries en formede spirale qui provoquent chez l’êtrehumain des crampes abdominales etdes diarrhées sanguinolentes, le plussouvent transmises par des produitsde volaille contaminés. Depuis queles agents pathogènes ont acquisune résistance inquiétante auxantibiotiques classiques, l’industriede la volaille se tourne vers lesnanotechnologies pour trouver denouveaux moyens de combattre lesbactéries pathogènes comme lecampylobacter. À l’Université Clemson,en Caroline du Sud (É.-U.), unerecherche financée par le USDA

Réduire les médicaments

actuels à l’échelle nano

fait miroiter la possibilité

de profits et de brevets,

mais cela permet aussi

de redécouvrir des médica-

ments ayant échoué aux

essais cliniques sous leur

forme classique.

Page 40: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Le USDA envisage l’émer-

gence de troupeaux

intelligents – vaches,

moutons et porcs équipés

de capteurs et de localisa-

teurs qui transmettent à un

ordinateur central les

données relatives à leur

santé et à leur position

géographique.

étudie des nanoparticules depolystyrène spécialement conçuespour combattre la contamination àla ferme. Une fois ingérées par lespoulets, elles se fixent au campy-lobacter dans l’intestin. Les chercheursespèrent que les particules délogerontles bactéries de l’intestin pour leséliminer dans les fèces, réduisantainsi le niveau de contamination desoiseaux destinés à la transforma-tion.127 Selon le Dr Robert Latour,chercheur à Clemson, on aurait testésur un petit nombre d’animaux l’effi-cacité et la sûreté du procédé.128

Des troupeaux intelligents :

Retracer les animaux a toujours étéun casse-tête pour les agriculteurs,bien avant que la mère Michel aitle malheur de perdre son chat. Sonproblème aurait été réglé avec unnanochat! À l’instar des réseaux decapteurs utilisés par les technologiesconvergentes pour contrôler surune base permanente la santé descultures, des capteurs vont permettrede surveiller le bétail. Le USDA préditl’émergence de troupeaux intelligents– vaches, moutons et porcs équipésde capteurs et de localisateurs quitransmettent à un ordinateur centralles données relatives à leur santé età leur position géographique.

C’est de l’agriculture de précisionsur pied. Mais l’objectif ultime estbeaucoup plus ambitieux – on veutimplanter dans l’animal un petitdispositif qui administre de façonautomatique et autonome desproduits pharmaceutiques afin deprévenir les maladies. L’ajout decapteurs intégrés à des systèmesd’administration intelligents estqualifié de procédé à injection, puisquecela imite les capteurs utilisés dansles automobiles récentes pour doserl’injection de carburant dans le moteur.Les applications les plus proches dustade de la commercialisation sont

les dispositifs d’administration del’insuline – ou puces médicamenteuses –reliés à des capteurs de glucose,pour ajuster le taux de glucose dansle sang des diabétiques (chez l’êtrehumain). Avec le temps, cela pourraitdevenir le mode d’administration detous les médicaments, tant chezl’animal que chez l’être humain.

L’un des obstacles à surmonter dansla mise au point de dispositifsmédicaux implantables, c’est queleurs composites (métal ou plastique)sont souvent incompatibles avecle tissu vivant. On essaie de réglerle problème avec de nouveauxmatériaux, conçus à l’échelle nanopour garantir leur biocompatibilité.

Évaluation de la ferme des

nanomaux : L’implantation dedispositifs de pistage n’est pas uneidée nouvelle – pour les précieuxanimaux d’élevage ou de compagnieet pour la faune. On utilise déjà desmicropuces injectables d’une foulede manières pour améliorer le bien-être des animaux et la sécurité –étudier le comportement de la faunedans son habitat naturel, assurer latraçabilité de la viande ou ramenerdes animaux égarés à leur maître.À l’ère nanotechnologique, lamodernisation des animaux d’élevagepar des capteurs, puces médica-menteuses et autres nanocapsulesconfirme leur statut d’unités deproduction industrielles. Il est égale-ment probable que les animauxservent de cobayes pour des applica-tions moins avouables ou plus risquéesqui seraient ensuite étendues à l’êtrehumain. L’utilisation de la microflu-idique dans l’élevage risqued’accélérer l’uniformité génétiqueau sein des espèces et laisse planerla possibilité d’appliquer de nouvellestechnologies nano-eugéniques àl’être humain. La faculté de traiter lesanimaux à distance peut avoir des

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Page 41: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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effets négatifs, puisque le bétail seraprivé des soins directs d’un être humainpendant des périodes prolongées.

Le transfert de ces technologies àl’être humain soulève de gravespréoccupations sur le plan de laqualité de la vie et des libertésciviles. En octobre 2004, la Foodand Drug Administration des É.-U.a approuvé l’utilisation de microp-uces implantables chez l’êtrehumain pour faciliter l’accès audossier médical – c’est la premièrefois qu’on approuve les micropucesà des fins médicales aux É.-U.129

À l’heure où le système de santé estde plus en plus soumis aux impératifsfinanciers, on peut décider qu’il estplus rentable d’administrer les médica-ments par puces implantables quede faire appel au personnel infirmier.Cela soulève des questions d’éthique: dans le cas de personnes âgées,de personnes ayant des habiletéscognitives particulières ou qui doiventrecevoir un traitement régulier, quidécidera d’en faire des patients àinjection? L’administration automa-tique des médicaments permetà quelqu’un de conserver sonautonomie plutôt que de vivre eninstitution. Mais il faut aussi étudierles effets de l’absence de soinsprodigués par un être humain.

Nanoaquaculture : Le secteur de laproduction animale qui connaîtactuellement la croissance la plusrapide dans le monde est l’élevagedes poissons, crustacés et mollusques,notamment en Asie. Selon la FAO, laproduction en aquaculture s’élevaità 45,7 millions de tonnes en 2000 etelle augmente de plus de 9 % parannée.130 Réputée pour adopterd’emblée les nouvelles technologies,l’industrie hautement intégrée de lapisciculture pourrait être la premièreà incorporer et à commercialiser les

produits issus de la nanotech-nologie. Citons quelquesapplications en émergence :

• Nettoyage des étangs : Établie auNevada, Altair Nanotechnologiesfabrique un produit destiné àassainir l’eau des piscines et desétangs à poissons, NanoCheck. C’estun composé à base de particules delanthane de 40 nm, qui absorbe lesphosphates et prévient la formationd’algues. NanoCheck fait présente-ment l’objet de tests à grande échellepour l’utilisation dans les piscineset on prévoit qu’Altair lancera unnettoyant pour les piscines au début2005.131 Altair prévoit une demandemondiale importante pour sonproduit – des milliers de centrescommerciaux de pisciculture paienttrès cher à l’heure actuelle pour sedébarrasser des algues et prévenirleur apparition. Altair envisaged’étendre ses tests pour confirmerque les nanoparticules ne nuisentpas aux poissons, mais on ne parlepas de tests sur l’impact quepourraient exercer d’éventuelsdébordements de nanoparticulessur la santé et l’environnement.132

• Nanovaccins à ADN : Le USDAachève les essais d’un système devaccination massive des poissons àbase d’ultrasons.133 Des nanocap-sules contenant des brins courtsd’ADN sont jetées dans l’étang etabsorbées dans les cellules despoissons. On utilise ensuite des ultra-sons pour faire éclater la capsule,libérant l’ADN qui stimule uneréaction immunitaire. Jusqu’à présent,on a testé la technologie sur destruites arc-en-ciel produites par ClearSprings Foods (Idaho, É.-U.) – uneimportante firme d’aquaculture quiproduit environ le tiers de toutes lestruites d’élevage aux É.-U.

Des nanocapsules contenant

des brins courts d’ADN

sont jetées dans l’étang et

absorbées dans les cellules

des poissons. On utilise

ensuite des ultrasons pour

faire éclater la capsule,

libérant l’ADN qui stimule

une réaction immunitaire.

Page 42: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

« De nos jours, nous faisons

pousser un arbre et nous

l’abattons pour fabriquer

une table; dans cinquante

ans, nous pourrions simple-

ment faire pousser la table.

Au fur et à mesure que les

ingénieurs se penchent sur

les systèmes biologiques, on

verra se transformer notre

infrastructure industrielle.

Fondée sur le charbon et

l’acier il y a cinquante ans,

elle repose maintenant sur

le silicium et l’information.

Dans cinquante ans, elle

sera fondée sur les systèmes

vivants. Ce sera une nouvelle

ère agricole, mais d’un tout

autre genre. »

– Rodney Brooks, laboratoired’intelligence artificielle et descience informatique, MIT135

• Accélérateurs de croissance :

Des scientifiques de l’Académiedes sciences de la Russie rapportentun taux de croissance plus rapide(respectivement 30 % et 24 %) chezles jeunes carpes et esturgeons ayantingéré des nanoparticules de fer.134

L’agriculture de demain –Nanobiotechnologie etbiologie synthétique

À l’aube du 21e siècle, le géniegénétique est dépassé. La premièreconférence mondiale sur la biologiesynthétique s’est tenue en juin 2004.Deux mois plus tard, l’Université dela Californie-Berkeley annonçait lacréation du premier département debiologie synthétique aux É.-U.136

Selon le journaliste scientifique W.Wayt Gibbs, la biologie synthétiqueporte sur « la conception et la fabri-cation de systèmes vivants qui secomportent de manière prévisible,utilisent des pièces interchangeableset sont parfois dotés de codesgénétiques élargis – ils sont donccapables de faire ce qu’aucun organ-isme naturel ne pourrait accomplir. »137

L’un des buts, ajoute Gibbs, consisteà « étirer les limites de la vie et cellesdes machines jusqu’à ce qu’elles sefondent pour produire des orga-nismes vraiment programmables. »138

Même si biologie synthétique nerime pas toujours avec nanobio-technologie (fusion du monde vivantet du monde inerte à l’échelle nanopour produire des matériaux et orga-nismes hybrides), la programmationet le fonctionnement de futuresmachines vivantes supposent souventl’intégration d’éléments biologiqueset non biologiques à l’échelle nano.Des scientifiques du nouveau dépar-tement de biologie synthétique deBerkeley s’intéressent notamment àla conception et à la construction debiobots – des robots autonomes

dotés d’une fonction précise, de lataille d’un virus ou d’une cellule,composés à la fois d’élémentsbiologiques et de parties artificielles.139

Cela fait déjà quelque temps queles scientifiques se rapprochentgraduellement de la création de lavie à l’échelle nano. En 1968, lechimiste des É.-U. originaire de l’Inde,Har Gobind Khorana, a reçu le prixNobel pour avoir synthétisé desnucléotides (protomères chimiques –A, T, C, G – qui forment la moléculed’ADN) et les avoir reliés en vue deformer de l’ADN synthétique. Enfévrier 1976, une équipe de recherchede la Californie (les futurs fondateursde Genentech) a mis au point unprocédé automatisé de synthèse del’ADN et fabriqué un gène synthé-tique tout à fait fonctionnel. Lesgènes synthétiques et l’ADN synthé-tique sont désormais un élémentde base du génie génétique enmédecine et en agriculture.

En 2002,des chercheurs de Stony Brook(l’université de l’État de New York)ont synthétisé les 7440 lettres dugénome du poliovirus à partir desegments d’ADN reçus par la poste.Les chercheurs de Stony Brook ontmis trois ans à créer de toutes piècesun poliovirus vivant. Moins de deuxans plus tard, une équipe dirigée parCraig Venter (qui avait participé auprojet du génome humain) a réussi àsynthétiser un virus un peu plus petiten trois semaines, améliorant laperspective d’assembler rapidementdes micro-organismes – en mêmetemps que la possibilité de créer detoutes pièces de dangereux agentsde la guerre biologique.

Venter, qui dirige l’Institute ofBiological Energy Alternatives (IBEA),fabrique maintenant un nouveautype de bactérie à partir d’ADNfabriqué en laboratoire. Son équipe

36

Page 43: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

37

est en train de modifier l’ADN duMycoplasma genitalium, la bactérieayant le plus petit nombre de gènesparmi toutes les cellules vivantes.On veut réduire ce nombre auxseuls gènes nécessaires à la vie. Leschercheurs inséreront cette formede vie minimale dans une cellulede bactérie normale dont on aretiré l’ADN. Selon le professeurClyde Hutchison, biochimiste ayantparticipé au séquencement dugénome du Mycoplasma, «L’avantaged’un organisme synthétique parrapport à la manipulation d’organ-ismes vivants… c’est que l’on contrôlebeaucoup plus les propriétés descellules que si on s’en remettait auxmécanismes naturels. Que vos inten-tions soient bonnes ou mauvaises…il est plus facile de concevoir exacte-ment ce que vous voulez. »140

Grâce aux fonds versés par ledépartement de l’Énergie (DOE) desÉtats-Unis,Venter espère fabriquer desorganismes synthétiques capables deproduire de l’énergie et d’atténuerles changements climatiques. Venteret le DOE soulignent les applicationsplus larges de la vie artificielle,notant ses avantages éventuels :«développer de meilleurs vaccins etdes stratégies plus sûres de thérapiegénique; améliorer le rendement descultures agricoles en augmentant leurrésistance aux maladies; améliorer lesstratégies de lutte contre les maladiesagricoles et mieux déceler et contrerd’éventuels agents biologiquesdangereux qui menaceraient lasécurité du pays.141 Venter laisseentendre qu’à la fin 2004, il dévoileraun génome artificiel tout à faitnovateur, plus gros qu’un virus maisplus petit qu’une bactérie.142

À l’été 2003, ETC Group rapportaitque des chercheurs de l’Universitéde la Floride travaillaient à la créationd’un nucléotide, l’homologue

artificiel de l’un des quatre composantschimiques de l’ADN (A, G, C et T).143

D’autres chercheurs de l’Universitéde la Floride ont réussi depuis àajouter une deuxième lettreartificielle – ce qui fait donc six entout – et, fait encore plus remarquable,ils ont pu inciter la nouvelle moléculed’ADN à s’autorépliquer.144 L’équipede recherche a réussi à faire évoluerson ADN artificiel sur cinq générations.Selon le principal chercheur, cettepercée « nous permettra de mieuxdétecter le matériel génétique indé-sirable dans les virus, les bactéries etmême les agents de la guerre biolo-gique. Cela aiguisera aussi notrefaculté de détecter les défauts dansl’ADN naturel, dont ceux qui causentles cancers et les maladies géné-tiques. »145 Ainsi que l’a fait observerETC Group l’an dernier, de deuxchoses l’une : ces avancées peuventconstituer la découverte la plusimportante depuis le séquencementde l’ADN, ou engendrer la créationde produits aussi utiles à la guerrebiologique qu’à la détection desmaladies et la création de nouveauxmédicaments.

La gelée verte : La gelée verte est leterme utilisé par ETC Group pourdécrire les risques potentiels associésà la biologique synthétique ou auxnanobiotechnologies. Des chercheursamènent des organismes vivants àréaliser des fonctions mécaniquesprécisément parce qu’ils peuvents’autoassembler et s’autoreproduire.Ils veulent dompter les cellulesvivantes et obtenir des organismesvivants sur mesure affectés à destâches biochimiques données,comme la production d’hydrogèneou la fonction d’agent séquestrantde l’anhydride carbonique. Mais siles nouvelles formes de vie, notam-ment celles qui sont conçues pourfonctionner de manière autonome

« D’ici à peu près cinq ans,

je pense que les systèmes

génétiques artificiels que

nous avons conçus soutien-

dront une forme de vie

artificielle capable de

se reproduire, d’évoluer,

d’apprendre et de réagir

à la transformation de

l’environnement. »

– Professeur Steven Benner,chimiste, Université dela Floride146

Page 44: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

« S’il est vrai que les

biologistes sont sur le point

de synthétiser de nouvelles

formes de vie, cela comporte

d’énormes risques d’abus

ou de désastre involontaire. »

Philip Ball, Nature,7 octobre 2004.147

Malgré les appels favorables

à une nouvelle rencontre du

même type, ETC Group

estime qu’Asilomar ne

constitue pas un modèle

acceptable de nos jours.

dans l’environnement, se révélaientdifficiles à contrôler ou à contenir?Qu’arrive-t-il si quelque chose sedétraque? C’est le spectre de lagelée verte.

Asilomar+30? Certains chercheursen biologie synthétique commen-cent à admettre les risques potentielsde leur travail et ses implicationséthiques. Un éditorial récent deNature émet l’hypothèse qu’il estpeut-être temps de tenir un autreAsilomar pour démontrer à la facedu monde que les membres de lacommunauté de la biologie synthé-tique sont « disposés à consulter età peser soigneusement les risques –réels ou perçus comme tels – afinde tempérer leurs interventionsen conséquence. »148

De quoi parle-t-on ici? En 1974, uncomité de biologistes et chimistesmoléculaires a été mis sur pied par laNational Academy of Sciences des É.-U. pour répondre aux inquiétudescroissantes sur les risques associésaux travaux de génie génétique enlaboratoire. Le comité a émis unelettre ouverte en juillet 1974, appelantà un moratoire volontaire et partielsur les expériences de génie génétiqueen laboratoire, et proposé unerencontre scientifique internationalesur les biorisques. Asilomar est lenom du centre de conférencescalifornien où se sont réunis lescélèbres biologistes moléculaires enfévrier 1975. Les scientifiques ontétabli des lignes directrices pourrégir la recherche en géniegénétique et recommandé la levéedu moratoire partiel. Malgré lesappels favorables à une nouvellerencontre du même type, ETC Groupestime qu’Asilomar ne constitue pasun modèle acceptable de nos jours.Il y a trente ans, Asilomar a réuniseulement une élite scientifique triée

sur le volet, qui a soutenu l’autoré-glementation du génie génétiquepour repousser le spectre d’uneintervention de l’État; la discussion aporté uniquement sur les questionsrelatives aux dangers et à la sécurité– excluant de manière explicite lesenjeux plus larges sur le plan del’éthique et de l’impact social.149

Selon Susan Wright, historienne àl’Université du Michigan, plusieursjournalistes qui ont couvert Asilomaront conclu que cette rencontre « avaitété conçue pour endiguer la partici-pation publique plutôt que lafavoriser. »150

Il est certes urgent de traiter desimplications sociales et éthiques,ainsi que des dangers potentielsassociés à la biologie synthétiqueet à la nanobiotechnologie – maisce serait une erreur de réserver lesdiscussions à un aréopage d’experts,ou d’aborder seulement l’effet desnanotechnologies sur l’environ-nement, la santé et la sécurité. Demême, toute tentative d’éduquer lescitoyens ou de les consulter seule-ment pour améliorer les relationspubliques ou prévenir l’adoptiond’un contrôle réglementaire seretournera inévitablement contreses auteurs. Dans un rapport récent,See-Through Science, Demos (R.-U.)estime que la population doitparticiper aux enjeux relatifs à lascience et à la technologie, non passeulement pour étoffer les décisionsprises par l’État – mais pour en déter-miner activement les orientations.151

38

Page 45: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

39

Introduction : On trouve déjà sur lemarché une poignée d’aliments etde produits alimentaires contenantdes nanoadditifs invisibles. Descentaines d’entreprises font de larecherche-développement (RD) surl’utilisation des nanotechnologiespour concevoir, transformer etemballer les aliments et nutriments,et les apporter jusque dans noschariots d’épicerie et dans nosassiettes. Cela intéresse des géantsdu secteur des aliments et boissonsaussi bien que de minuscules entre-prises en démarrage.

Selon Jozef Kokini, directeur du Centerfor Advanced Food Technology àl’Université Rutgers (New Jersey, É.-U.),« tous les géants de l’alimentationont un programme en nanotech-nologie ou comptent en développerun. »153 Dans un rapport produit en2004, Nanotechnology in Food andFood Processing Industry Worldwide,Helmut Kaiser Consultancy prédit quele marché de la nanoalimentation feraun bon spectaculaire, passant des2,6 milliards $ actuels à 7milliards $en 2006, puis à 20,4 milliards $ en2010.154 En plus de la poignée denanoaliments déjà sur le marché,plus de 135 applications nanotech-nologiques en sont à divers stadesde développement dans le secteuralimentaire (notamment en nutritionet dans les cosmétiques).155 SelonHelmut Kaiser, plus de 200 entre-prises dans le monde font de la RDsur des applications nanotechnologi-ques dans le secteur de l’alimentation.Parmi les 20 plus actives, cinqfigurent sur la liste des dix géantsdes aliments et boissons. On y trouveaussi la plus grande firme alimen-taire d’Australie ainsi que les plus

gros producteurs de fruits de mer etd’aliments transformés au Japon.(Voir l’annexe 1).

Malgré l’enthousiasme évident pourles nanosciences et ses applicationsdans la conception et la transforma-tion des aliments, l’industrie resteplutôt conservatrice et n’est guèreloquace sur le sujet. La plupart desreprésentants de l’industrie rencon-trés par ETC Group n’ont pas voulupréciser l’importance des fonds qu’ilsy consacrent ni citer le nom de leurspartenaires. Nous avons parlé à desscientifiques à l’emploi de géantstels que Kraft et Nestlé, ainsi qu’àdes chercheurs universitaires et desreprésentants de petites nanoentre-prises en démarrage (ce sont souventles mêmes personnes). À la suite durejet massif des aliments génétique-ment modifiés, on comprend quel’industrie alimentaire ne se vantepas de faire de la RD sur des produitsalimentaires atomiquement modifiés.« L’industrie alimentaire est plusconservatrice que d’autres secteurs[qui peuvent appliquer les nanotech-nologies] comme IBM », expliqueGustavo Larsen, professeur de géniechimique et ex-consultant chez Kraft.156

« À mon avis, il ne manque pasd’occasions à saisir et elles sontsouvent plus réalisables [dans lesecteur alimentaire]. On peut fabri-quer des nanoparticules et lesutiliser dans les aliments – sansdevoir les assembler au préalable. »157

Quand on lui demande de prédireles premiers produits issus de la RDen nanotechnologie alimentaire,Larsen répond que dans un premiertemps, les consommateurs vontprobablement voir des nanoembal-

« Il est bien possible que

des produits nanos se retrou-

vent dans notre assiette –

c’est sans doute une simple

question de temps. »

– Food Technology,décembre 2003152

« Tous les géants de

l’alimentation ont un

programme en nanotech-

nologie ou comptent en

développer un. » 153

– Jozef Kokini, président dudépartement de Sciencealimentaire et directeur duCenter for Advanced FoodTechnology, Université Rutgers

II. ALIMENTS ET NUTRITION – LA NANOQU’ON NOUS FAIT AVALER

Page 46: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Produire des aliments par

fabrication moléculaire :

c’est le but le plus ambitieux

de la nanotechnologie, et

le moins susceptible de

se réaliser de sitôt.

40

lages plutôt que des nanoproduitsalimentaires : « Il y a fort à parier qu’onva commencer par les emballages. »

Des aliments issus de lafabrication moléculaire

Certains prétendent qu’à l’avenir, legénie moléculaire permettra decultiver les aliments en quantitésinfinies, sans sol, sans semences, sansfermes ni agriculteurs – et d’éradi-quer du même coup la faim dans lemonde. Voyez plutôt :

• « Des nanomachines pourraientcréer des aliments en quantités illim-itées par synthèse à l’échelle atomique,ce qui éradiquerait la faim.» –Carmen I. Moraru et al., professeureen science de l’alimentation, UniversitéCornell (É.-U.), au sujet de l’impactéventuel de la nanotechnologie surla science de l’alimentation158

• « Grâce à la biosynthèse molécu-laire et à la régénération robotique,la production sera sans doute viteremplacée. Nous n’aurons alors plusbesoin de systèmes centralisés pourcultiver les aliments et les distribuer.Aux tout premiers stades de l’assem-blage moléculaire, nous construironsdes serres sur mesure, radicalementdifférentes des serres actuelles, et laproduction locale ou sur mesure seraassurée par des millions de personnesqui ne connaissent rien à l’agricul-ture… Au stade suivant de laproduction moléculaire, la synthèsedes aliments se fera directement, sanscultures ni bétail. » – Douglas Mulhall,Our Molecular Future

• « Qu’est-ce qui empêche l’êtrehumain d’imiter les procédés de lanature? Plutôt que d’aller chercherles protéines et les hydrates decarbone dans les céréales et le bétail,des nanomachines (les nanobots)pourront assembler le steak ou lafarine à partir des atomes de

carbone, d’hydrogène et d’oxygèneprésents dans l’air sous forme d’eauet d’anhydride carbonique. Desnanobots intégrés aux alimentspourront circuler dans le systèmesanguin pour nettoyer les dépôts decholestérol et éliminer les agentspathogènes. » – Dr Marvin J. Rudolph,directeur, DuPont Food IndustrySolutions, tiré de Food Technology,janvier2004.

Produire des aliments par fabricationmoléculaire159 : c’est le but le plusambitieux de la nanotechnologie, etle moins susceptible de se réaliser desitôt. Pour ceux qui suivent depuisvingt ans le débat sur les biotechno-logies, le slogan selon lequel unenouvelle technologie va nourrir lesaffamés n’est rien d’autre qu’unerengaine vide de sens. Les nanotriom-phalistes voient l’avenir à travers leslunettes roses (et vertes) de l’industriebiotechnologique : désormais,clament-ils, c’est la nanotechnologiequi va éradiquer la faim en amélio-rant le rendement agricole et la teneurnutritive des aliments, tout en élimi-nant les risques d’allergie alimentaire.160

La conclusion d’ETC Group, c’estqu’au stade actuel, la RD suit la mêmetrajectoire en nanoalimentation quedans les autres secteurs, soit la miseau point dans un premier tempsd’applications relatives aux capteurset matériaux intelligents. Il faudra sansdoute patienter un peu avantqu’émergent des applications plusrévolutionnaires – comme la modifi-cation atomique des aliments. Mais ilvaut la peine de noter qu’une poignéede scientifiques ambitieux essaientde créer des aliments en laboratoire.

Des ingénieurs tissulaires du TouroCollege de New York et de l’Universitéde médecine de la Caroline du Sud(É.-U.) essaient de cultiver de laviande en faisant mariner des

Page 47: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

41

« Demain, nous concevrons

des aliments en modelant

les atomes et les molécules.

La nanobiotechnologie et

l’infonanobio exerceront un

impact profond sur l’indus-

trie des aliments et de la

transformation alimentaire. »

– Helmut Kaiser, expert-conseil et analyste du marchéen nanotechnologie

myoblastes (cellules musculaires) depoisson dans un nutriment liquidepour inciter les cellules à se diviser etse multiplier d’elles-mêmes. Le butpremier est de nourrir les astronautesdans l’espace.161

Emballage

De nos jours, l’industrie axe sa RD ennanotechnologie sur l’emballage etle contrôle des aliments. L’intégrationde nanomatériaux peut rendre l’embal-lage intelligent, c’est-à-dire qu’il peutréagir aux conditions de l’environ-nement, s’autoréparer ou avertir leconsommateur s’il détecte une conta-mination ou la présence d’agentspathogènes. Selon des analystes del’industrie, le marché actuel desemballages « actifs, contrôlés et intel-ligents » dans le secteur des alimentset boissons aux É.-U. atteindrait 38milliards $ – pour dépasser les 54milliards $ d’ici 2008.167 Ces quelquesexemples donnent un aperçu desnanoapplications dans le domaine.

• Le géant de la chimie Bayer produitune pellicule plastique transparente(Durethan) contenant des nanopar-ticules d’argile. Dispersées dans lapellicule, elles empêchent l’oxygène,l’anhydride carbonique et l’humiditéd’altérer la viande ou d’autresaliments.168 La nanoargilerend aussi le plastique plusléger, plus solide et plusrésistant à la chaleur.

• Jusqu’à tout récemment,l’industrie ne pouvait pasembouteiller la bière dansdes contenants plastiques(pour réduire les frais detransport) – parce que celaaffectait la conservationet la saveur du produit.Nanocor, une filialed’Amcol InternationalCorp., produit aujourd’huides nanocomposites

destinés à des bouteilles de bière enplastique d’une durée de conserva-tion de six mois.169 L’incorporation denanocristaux dans le plastique apermis aux chercheurs de créer unebarrière moléculaire qui ralentit lafuite d’oxygène. Nanocor etSouthern Clay Products sont àmettre au point une bouteille debière en plastique d’une durée deconservation de 18 mois.170

• Kodak, célèbre fabricant de filmsphotographiques, utilise la nano-technologie dans la conception d’unemballage alimentaire antimicrobienqui sera lancé en 2005. Kodak déve-loppe aussi un autre emballage actifqui absorbe l’oxygène, ce qui préservela fraîcheur des aliments.171

• Des scientifiques de chez Kraft, del’Université Rutgers et le l’Universitédu Connecticut travaillent à la miseau point de pellicules à nanoparticu-les et autres emballages à capteursintégrés capables de détecter lesagents pathogènes d’origine alimen-taire. Qualifiés de langues électroniques,les capteurs peuvent détecter laprésence d’une partie par billion desubstances données et changer lacouleur de l’emballage pour avertirle consommateur que l’aliment estcontaminé ou qu’il n’est plus frais.172

Page 48: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Pour ceux qui suivent depuis

vingt ans le débat sur les

biotechnologies, le slogan

selon lequel une nouvelle

technologie va nourrir les

affamés n’est rien d’autre

qu’une rengaine vide de sens.

• Des chercheurs néerlandais vontencore plus loin avec la mise aupoint d’un emballage intelligentqui libère un agent de conservationquand l’aliment commence à sedétériorer. Cet emballage àlibération sur commande fonctionneà partir d’un biocommutateurnanotechnologique.173

• La mise au point de petits capteurscapables de détecter les agentspathogènes d’origine alimentaire neservira pas seulement à étendre

l’emprise de l’agriculture industrielleet de la transformation alimentaire àgrande échelle. Aux yeux de l’arméedes États-Unis, c’est une priorité enmatière de sécurité nationale.174 Dansl’état actuel de la technologie, il fautdeux à sept jours pour tester la conta-mination microbienne dans lesaliments, et les capteurs existantssont trop volumineux pour êtretransportés aisément.175 Plusieursgroupes de chercheurs des É.-U.sont en train de développer des

42

Rappel historique à la veille d’un anniversaire

On régit la sécurité alimentaire depuis l’époque babylonienne, mais l’èremoderne de la réglementation gouvernementale remonte à environ unsiècle. En 1906, le gouvernement des É.-U. a adopté le Pure Food and DrugAct.162 Pour contrer les magouilles de toutes sortes, le Congrès des É.-U. avoulu établir des règles de base qui régiraient la qualité des aliments etde l’agriculture. De toute évidence, la réglementation de la salubrité desaliments et des technologies connexes a connu des hauts et des bas toutau long de son histoire.

Fin des années 1940 : Le boom chimique de l’après-guerre généralisel’utilisation agricole du DDT et d’autres pesticides partout dans le monde.Les produits chimiques sont d’abord présentés comme un miracle pour lasanté et la production, mais les services de réglementation finissent parréaliser que s’ils tuent les mauvaises herbes et les insectes, ils peuventaussi tuer les êtres humains. Le DDT est retiré du marché dans les années1970, en même temps que plusieurs de ses proches cousins.

Années 1960 et 1970 : On retire du marché certains colorants, agentsde conservation, additifs et édulcorants chimiques aussi vite qu’on lesy avait mis, quand les services de réglementation découvrent leurspropriétés cancérigènes.

Fin des années 1970 : En 1978, le gouvernement des É.-U. découvre quele plus grand laboratoire privé chargé d’évaluer les nouveaux pesticideset autres produits chimiques, Industrial Bio-Test Ltd., falsifie systématique-ment depuis dix ans les résultats des tests effectués sur les animaux, cequi remet en question l’innocuité de plusieurs centaines de produitschimiques utilisés en agriculture.163 Trois des plus hauts dirigeants de lasociété sont par la suite reconnus coupables de fraude. Plutôt que deretirer tous les pesticides en raison de leur fausse innocuité, les services deréglementation des É.-U. en autorisent plusieurs, retirant seulement ceuxdont le caractère nocif a été clairement démontré.164

Années 1980 et 1990 : La recherche sur les produits chimiques perturba-teurs du système endocrinien indique qu’un grand nombre de produits

Page 49: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

43

biocapteurs capables de détecter lesagents pathogènes vite et facile-ment, estimant que des supercapteurspourraient jouer un rôle crucial encas d’attaque terroriste sur lesréserves alimentaires. Grâce à desfonds du USDA et de la NationalScience Foundation, des chercheursde l’Université Purdue travaillent à lamise au point d’un capteur à maincapable de détecter instantanémentune bactérie donnée dans n’importequel échantillon. Ils ont créé unejeune entreprise, BioVitesse.176

Des dispositifs capables de détecterles agents pathogènes d’originealimentaire peuvent faciliter lecontrôle de l’approvisionnementalimentaire. Mais les capteurs etl’emballage intelligent ne réglerontpas les problèmes inhérents à laproduction alimentaire industrielle,source de contamination des aliments: chaînes de (dé)montage toujoursplus rapides, mécanisation accrue,réduction de la main-d’œuvre etdes salaires, diminution du nombred’inspecteurs, déresponsabilisation

Des dispositifs capables

de détecter les agents

pathogènes d’origine alimen-

taire peuvent faciliter le

contrôle de l’approvision-

nement alimentaire. Mais

les capteurs et l’emballage

intelligent ne régleront pas

les problèmes inhérents à

la production alimentaire

industrielle, source de

contamination des aliments.

chimiques agricoles, additifs alimentaires et produits pharmaceutiques –notamment les hormones de croissance – peuvent nuire à la santé.165

Plusieurs chercheurs associent l’augmentation croissante des cas decancer, d’asthme, de problèmes de déficit de l’attention et autres désor-dres neurologiques à l’introduction de produits chimiques dans la chaînealimentaire ou l’environnement depuis la Deuxième Guerre mondiale.166

1996 : Quand les É.-U. autorisent la vente de cultures génétiquementmodifiées (GM), le tollé des consommateurs en Europe et dans plusieurspays du Sud incite la Convention des Nations unies sur la diversitébiologique à entamer des discussions sur un protocole relatif à la biosécu-rité – un protocole assez faible est adopté sept ans plus tard, en 2003.

1996 : Le Royaume-Uni admet qu’une variante de l’encéphalopathiespongiforme bovine (maladie de la vache folle) s’est transmise à l’êtrehumain – s’ensuit un abattage massif du cheptel britannique. Les servicesde réglementation et les scientifiques avaient cru, à tort, que la présencede farines animales dans la moulée ne présentait aucun danger.

Fin des années 1990 : Les multinationales du tabac – qui essuient despoursuites de plusieurs milliards de dollars – finissent par admettre que letabac est nocif pour la santé… mais seulement après avoir assuré leursarrières en se diversifiant dans la transformation des aliments et boissons.

2000 : Foudroyés par le tollé des consommateurs contre les aliments GM,plusieurs détaillants et fabricants de produits alimentaires refusent cesproduits, jurant qu’ils n’iront pas au front pour Monsanto.

2002 : L’Organisation mondiale de la santé sonne l’alerte à l’obésitémondiale. La malbouffe et le style de vie qui l’accompagne sont en trainde créer une pandémie d’obésité et de surpoids dans la classe moyenne,tant dans le Nord que dans le Sud.

2004 : Les agriculteurs et les consommateurs apprennent qu’on est entrain de mettre au point et de commercialiser des nanoparticules dans laproduction agricole, l’élevage et la transformation alimentaire, enl’absence de toute réglementation relative à la taille.

Page 50: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Des capteurs améliorés

sont-ils la solution idéale?

«Si des terroristes avaient

contaminé avec une souche

mortelle d’E. coli 19 millions

de livres de viande distribuées

sur la moitié du territoire

[des États-Unis], nous

aurions crié au meurtre.

Mais comme c’est l’œuvre

d’une firme du Fortune 100,

nous continuons d’en

acheter et d’en donner à

nos enfants. »

– Diane Carmen, au sujet d’unarticle du Denver Post (26juillet 2002) sur le rappel debœuf contaminé par ConAgra

des entreprises et de l’État, distancede plus en plus grande entre produc-teur, préparateur et consommateur.Le consommateur a déjà la respons-abilité de cuire sa viande assezlongtemps pour tuer les agentspathogènes; on lui demanderabientôt de jouer à l’inspecteur desviandes pour permettre à l’industriede continuer à réduire ses fraisgénéraux consacrés à la salubritétout en augmentant ses profits.

Étiquetage et contrôle

Étiquettes d’identification par

radiofréquence (RFID)

L’étiquette RFID est une puce(un petit circuit intégré sans fil) aveccircuit radio et code d’identificationintégré. Elle est supérieure aux autresétiquettes électroniques, comme lescodes à barres CUP apposés sur laplupart des produits : elle est assezpetite pour être intégrée au produitplutôt qu’à l’emballage; elle peutcontenir beaucoup plus d’informa-tion; on peut la balayer à distance(et à travers des matériaux tels queles boîtes ou autres emballages); onpeut balayer plusieurs étiquettes à lafois. On utilise déjà les étiquettesRFID (fixées à l’oreille ou implantées)pour localiser le bétail. La puce n’estpas plus grosse qu’une poussière –plus proche de l’échelle micro quenano, quoiqu’elle comprenne descomposantes nanos. Les créateurs decette technologie rêvent d’un mondeoù l’on pourra « tout identifier,n’importe où, automatiquement».177

Les étiquettes RFID sur les embal-lages alimentaires peuvent remplir desfonctions assez simples – permettreaux caissiers du supermarchéd’enregistrer d’un seul coup tous lesachats d’un client ou avertir leconsommateur que le produit aatteint sa date de péremption. Lesétiquettes RFID ne font pas l’una-

nimité, parce qu’elles peuvent aussitransmettre de l’information une foisque le client a quitté le supermarché.Les défenseurs de la vie privéeredoutent que les commerçants enprofitent pour recueillir encore plusde données sur le comportementdes consommateurs. Ils veulent queles étiquettes soient désactivées à lacaisse (tag-killing) pour empêcher lacueillette ou le stockage desdonnées. Wal-Mart aux É.-U. et TESCOau Royaume-Uni ont déjà testé l’éti-quetage RFID sur certains produitsdans certaines de leurs succursales.178

Le nanocode à barres est un dispositifd’étiquetage ou de contrôle quifonctionne à peu près de la mêmefaçon que le code CUP, mais àl’échelle nano. Nanoplex Technologiesa mis au point un type de nanocodeà barres, une nanoparticule forméede bandes métalliques dontl’encodage est déterminé par lesvariations dans la disposition desbandes.179 Nanoplex modifie lalongueur et la largeur des particules,ainsi que le nombre, la largeur et lacomposition de chaque bande, cequi permet des milliards de combi-naisons. Jusqu’à présent, on a intégréces codes à barres à de l’encre, destissus, des vêtements, du papier, desexplosifs et des bijoux. On peut lire lecode à l’aide d’un lecteur optique àmain ou d’un microscope qui mesurela réflectivité des bandes métalliques.Ainsi, l’or et l’argent ne reflètent pasla lumière de la même façon, et cesont les motifs de réflexion quiconfèrent à chaque particule uncode unique. Outre l’or et l’argent,Nanoplex utilise le platine, le palla-dium, le nickel et le cobalt.

Nanoplex produit aussi desétiquettes Senser (Silicon EnhancedNanoparticles for Surface EnhancedRaman Scattering) – des nanoparti-cules métalliques de 50 nm à code

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unique semblables aux nanocodes àbarres. On peut aussi incorporer lesétiquettes Senser à l’emballage et lesbalayer par lecteur automatiséjusqu’à un mètre de distance – onpeut les lire à la caisse, comme lesRFID, ou de façon plus discrète.180

En étiquetant les emballages, on peutcontrôler les aliments de la fermejusqu’à la fourchette – pendant latransformation, le transport, aurestaurant, sur les rayons du super-marché et peut-être un jour aprèsleur achat par le consommateur.Si on y ajoute des nanocapteurs,on pourra surveiller la présenced’agents pathogènes, les variationsde température, les fuites, etc.

Les nanoaliments – Qu’est-ce qu’on nous mijote?181

En 1999, Kraft Foods, la filiale d’Altria(anciennement Phillip-Morris) quivaut 34 milliards $, a mis sur pied lepremier laboratoire nanoalimentairede l’industrie. L’année suivante, Krafta lancé le consortium NanoteK, quienglobe 15 universités et laboratoirespublics de recherche du mondeentier.182 On n’y trouve aucun scien-tifique doté d’une formation dansle domaine alimentaire – maisplutôt un cocktail d’ingénieurs etde physiciens, de spécialistes enchimie moléculaire ou en sciencedes matériaux.183

Il n’y a rien de neuf à étudier l’alimen-tation sous l’angle du technogénie.Cela fait trente ans que des scien-tifiques transfèrent des gènes d’uneespèce animale ou végétale à l’autreen utilisant les technologies demodification génétique (GM). Mais ily a plus de mille ans qu’on ajoutedes additifs spécialement formuléspour améliorer la saveur, la texture, lacouleur ou d’autres attributs. Lestechnologies à l’échelle nano vontréduire la modification des aliments

à un nouvel échelon, puisqu’ellespeuvent modifier de manièrespectaculaire la façon dont lesaliments sont produits, cultivés,transformés, emballés, transportés…et même consommés.

Nanoadditifs alimentaires : En fait,il y a déjà des produits nanos dansles aliments même s’ils sont troppetits pour qu’on les voie – et que leconsommateur n’a aucune façon dele savoir, puisqu’il n’est pas obliga-toire de l’indiquer sur l’étiquette etqu’il n’y a aucune réglementation enfonction de la taille. Ainsi, BASF produitune nanoversion de caroténoïdes,une catégorie d’additifs alimentairesqui donne une couleur orange,présent à l’état naturel dans lescarottes et les tomates. Certainscaroténoïdes sont des antioxydantset peuvent se transformer envitamine A dans l’organisme. BASFvend sa nanoversion de caroténoïdesà des géants de l’industrie des alimentset boissons du monde entier qui lesutilisent dans la limonade, les jus defruits et la margarine.184 En nanopré-paration, ils sont plus facilementabsorbés par l’organisme, tout enayant une durée de conservationaccrue. 185 (Les ventes de caroténoïdesde BASF atteignent 210 millions $par année. Cela inclut la nanoversiondes caroténoïdes et les autres.)186

En 2002, BASF a soumis un avis GRAS(Generally Recognized as Safe,généralement reconnu inoffensif)pour informer la FDA qu’elle vendaitun caroténoïde artificiel, le lycopène,(présent à l’état naturel dans lestomates) comme additif alimentaire.Le lycopène artificiel de BASF estune nanopréparation. Au dire deBASF, il n’a jamais été question desoumettre les nanoparticules delycopène à des tests particuliers, eton ne l’a pas exigé parce que « BASFa démontré son innocuité dans une

En étiquetant les emballages,

on peut contrôler les

aliments de la ferme jusqu’à

la fourchette. Si on y ajoute

des nanocapteurs, on pourra

surveiller la présence

d’agents pathogènes, les

variations de température,

les fuites, etc.

Page 52: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

ETC Group a trouvé seule-

ment une poignée de

nanoadditifs alimentaires

sur le marché. Mais il est

impossible d’évaluer à quel

point leur usage est répandu,

puisque rien n’oblige à les

étiqueter en tant que tels.

série… d’évaluations toxicologiques. »187

La FDA a accepté d’emblée l’avis deBASF.188 Lors d’un entretientéléphonique, Robert Martin, de laFDA, a confirmé que la taille est unfacteur dont on n’a pas tenu comptedans l’examen du lycopène artificielde BASF, expliquant que « la tailleproprement dite » ne constitue pas«un élément majeur » de l’examenréglementaire; on traite de la question« au cas par cas » s’il semble y avoirdes implications pour la santé etla sécurité.189

Est-ce inoffensif d’ajouter desnanoparticules aux aliments? Endeux mots, on peut seulement direque personne ne le sait au juste.Personne n’a encore pris le taureaupar les cornes – ni les organismes deréglementation, ni la communauté

scientifique. ETC Group a trouvéseulement une poignée de nanoad-ditifs alimentaires sur le marché.Mais il est impossible d’évaluer àquel point leur usage est répandu,puisque rien n’oblige à les étiqueteren tant que tels. À l’instar des autresdomaines soumis à la réglementa-tion, tels que les cosmétiques et lesproduits chimiques, on n’a pasabordé la question de l’innocuité sousl’angle de la taille. Jusqu’ici, les fabri-cants ont été les seuls à s’intéresser àla taille – d’abord et avant tout pourtirer profit des avantages de l’infini-ment petit (augmentation de labiodisponibilité dans les aliments etde la transparence dans les cosmé-tiques, par exemple).

En ce qui a trait aux additifs naturel-lement présents dans les aliments,on ne connaît pas clairement leseffets de la taille nano sur le plan del’innocuité. À propos de la nanover-sion du lycopène, par exemple, leDr Gerhard Gans de BASF a expliquéqu’une fois dans l’intestin, le nanoly-copène artificiel se comporte de lamême façon que celui d’une tomate :il est décomposé par les enzymesdigestives pour passer dans le systèmesanguin et atteindre ensuite le foieet d’autres organes à l’état demolécules.190 Autrement dit, une foisdans le courant sanguin, tous lesaliments sont à l’échelle nano – qu’ilsaient été au départ une tranche detomate ou une gorgée de limonadecontenant du lycopène artificiel deBASF. (Sans doute pour apaiser lescraintes relatives à l’innocuité desnanoparticules, le Dr Gans a insistésur le fait que le lycopène artificielmanipulé par les employés de BASFet vendu aux consommateurs ne seprésente pas sous forme de nanopar-ticules. Il a expliqué qu’à cette étape,les particules forment des granulesde taille micrométrique, partiellement

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dissous dans le produit fini. Lesenzymes digestives du consom-mateur finissent par ramener lesparticules à l’échelle nano.)

Même si l’explication selon laquelletous les aliments sont à l’échellenano une fois dans le sang semblelogique a priori, il est important denoter que BASF a mené des teststoxicologiques sur ses lycopènesnon pas parce qu’il s’agissait d’unenanopréparation, mais bien parcequ’ils étaient produits par synthèsechimique plutôt que tirés de fruitsou de légumes qui en contiennent.Si on avait déjà approuvé le lycopènesynthétique en tant qu’ingrédientalimentaire, les organismes de régle-mentation n’auraient pas forcé BASFà tester l’innocuité de sa nanover-sion. On peut donc s’inquiéter à laperspective que l’on ajoute desnanoparticules aux aliments, sansréglementation spécifique à la taille :quelles sont les autres substancesdéjà approuvées comme additifsalimentaires sous forme classiquedont on prépare actuellement desnanoversions dotées de nouvellespropriétés aux conséquences incon-nues? On doit s’inquiéter notammentdes nanopréparations de substancesqui ne sont pas naturellementprésentes dans les aliments.

Examinons, par exemple, le bioxydede titane (TiO2) : le TiO2 a été approuvécomme colorant alimentaire par laFDA en 1966, à la seule condition dene pas « constituer plus de 1 % dupoids ».191 (Le TiO2 à l’échelle microdonne un blanc éclatant aux glaçagesdes biscuits et des gâteaux). La FDAa aussi approuvé le TiO2 comme«substance de qualité alimentaire »,autrement dit, il n’a aucun effet nocifs’il est incorporé dans un emballageen contact avec l’aliment. On a utiliséle TiO2 pour blanchir le papier utilisédans l’emballage d’aliments.192

Les progrès de la nanotechnologiepermettent désormais les nanopré-parations de TiO2. Les changementsquantiques inhérents à la réductionde la taille présentent parfois desavantages. Mais certaines nouvellespropriétés du TiO2 – telles que laréactivité chimique accrue – ont poséproblème dans les applications où lananosubstance est en contact étroitavec le corps humain (par exemple,dans les cosmétiques).193 Même sielles deviennent transparentes(plutôt que blanches), les nanopar-ticules de TiO2 bloquent les rayonsultraviolets (UV) aussi efficacementque leurs grandes sœurs. Le TiO2

transparent à l’échelle nano estutilisé dans les pellicules plastiquespour protéger les aliments des rayonsUV. Comme le TiO2 a déjà été approuvécomme colorant et comme substancede qualité alimentaire, son utilisationà l’échelle nano dans les alimentsn’implique aucun nouveau testd’innocuité. Et les limites établiesselon le poids dans les années 1960ne sont pas forcément pertinentespour les nanopréparations actuelles,puisqu’une infime quantité peutproduire des effets considérables.

L’oxyde de silicium (SiO2), égalementconnu sous le nom de silice, est unautre exemple d’additif alimentaireapprouvé par la FDA qui n’est pasprésent dans les aliments sous formenaturelle. La silice est une substancecourante dans la nature – le quartzet le sable des plages sont des formespresque pures de silice cristallisée.194

Outre sa forme cristallisée, la siliceexiste dans la nature sous formeamorphe (la terre de diatomée, parexemple). C’est cette forme qui estproduite de manière synthétique etapprouvée par la FDA comme agentantiagglomérant.195 (La siliceamorphe porte aussi le nom de silicesublimée.) La réglementation stipule

Quelles sont les autres

substances déjà approuvées

comme additifs alimentaires

sous forme classique dont on

prépare actuellement des

nanoversions dotées de

nouvelles propriétés aux

conséquences inconnues? On

doit s’inquiéter notamment

des nanopréparations de

substances qui ne sont pas

naturellement présentes dans

les aliments.

Page 54: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Il existe une forme de

népotisme des particules qui

peut avoir des conséquences

graves : si Big Brother passe

les tests d’innocuité, son petit

frère n’a même pas besoin de

se présenter à l’examen.

que la teneur en silice ne doit pasdépasser 2 % du poids de l’aliment.On trouve sur le marché de la silicesublimée de qualité alimentaire dontles particules sont de taille nanomé-trique.196 Une fois de plus, on ne peutpas repérer les produits alimentairesqui contiennent de la nanosilicesynthétique, puisqu’il n’y a aucuneexigence en matière d’étiquetage.

Mars inc., l’une des plus grosses firmesalimentaires au monde, a obtenu en1998 le brevet US 5 741 505 sur des«produits comestibles à enrobageinorganique ». L’enrobage crée unebarrière qui empêche l’oxygène oul’humidité d’atteindre le produit, cequi accroît sa durée de conservation.Selon le brevet, l’invention empêchele bonbon de devenir collant, lesbiscuits de rassir, les céréales deramollir dans le lait, etc. L’enrobagepeut être fait à partir de diverscomposés chimiques, parmi lesquelson cite le SiO2 et le TiO2. Au dire desinventeurs, l’enrobage doit êtreextrêmement mince en raison desexigences de la réglementation etpour optimiser la texture et la sensa-tion en bouche. Le brevet mentionneque l’enrobage idéal fait 0,5 à 20 nmd’épaisseur. Même si l’enrobage peutêtre constitué d’un matériauinorganique, les inventeurs préfèrentutiliser une substance ayant déjàreçu la certification GRAS de la FDA,comme le SiO2 et le TiO2. La demandede brevet présente un exemple del’invention, alors qu’on a recouvertdes M&M, des Twix et des Skittlesd’un nano-enrobage inorganique.

ETC Group n’est pas en mesured’évaluer l’innocuité des nanoaddi-tifs alimentaires. Nous voulonscependant souligner le vide régle-mentaire : dans l’état actuel deschoses, la taille n’a pas d’importanceet les nanopréparations ne font

l’objet d’aucun examen réglemen-taire particulier. C’est une forme denépotisme des particules qui peutavoir des conséquences graves : siBig Brother passe les tests d’innocuité,son petit frère n’a même pas besoinde se présenter à l’examen.

Transport adapté

L’industrie alimentaire veut concevoirdes aliments plus fonctionnels –entendons par là plus nutritifs (ouperçus comme tels) ou qui vont au-delà de leur fonction biologique,fournir de l’énergie sous formede calories. Plusieurs entreprisesestiment que les nanotechnologiespeuvent leur faciliter la tâche et ellesse concentrent sur le transport.

Bien peu de gens se préoccupentdu transport des aliments (à moinsd’attendre le livreur de pizza à l’autrebout de la ville) : on mord, on mâche,on avale et le tube digestif se chargedu reste. Mais pour profiter de cequ’on ingère – la vitamine C dansune pomme ou le lycopène synthé-tique dans la limonade) – le nutrimentdoit se rendre à bon port dansl’organisme et être encore actif unefois rendu à destination.197 C’est toutun défi de contrôler et de manipulerle transport des nutriments – lesprofits seront énormes pour quisaura le relever. Selon des analystesde l’industrie, aux É.-U. seulement, lemarché des aliments fonctionnels(ou alicaments) qui contiennentdes nutriments dotés de propriétésmédicales – valait 23 milliards $ en2003 et il dépassera les 40 milliards $d’ici 2008.198

En décembre 2000, ETC Group aprésenté les efforts de l’industrieen vue de développer unenouvelle génération de produitsbiotechnologiques, nutraceutiquesgénétiquement modifiés et autres

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Page 55: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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alicaments, capables d’offrir auconsommateur des avantages réels(ou présentés comme tels).199

Éclaboussés par l’énorme contro-verse sur les cultures GM, la plupartdes nutraceutiques GM n’ontjamais abouti. La nanotechnologiepourra-t-elle réussir là ou la biotechno-logie a échoué?

Au même titre que les géants desproduits pharmaceutiques, del’agrochimie et des cosmétiques,l’industrie des aliments et boissonsexpérimente les nanocapsulescomme vecteurs des ingrédientsactifs. L’une des façons de préserverl’ingrédient actif, c’est de le protégerpar une enveloppe. Elle peut êtreconçue pour se dissoudre, ou l’ingré-dient actif peut se diffuser à traversses parois en présence d’un stimulusdonné. Aux É.-U. seulement, onutilise déjà plusieurs centaines detypes de microcapsules commeadditifs alimentaires,200 dont certainspour la libération contrôlée desingrédients actifs. George WestonFoods, en Australie, vend une versionde son fameux pain Tip Top appeléeTip Top-up, qui contient des micro-capsules d’huile de thon riche enoméga-3. Comme l’huile est contenuedans une microcapsule, le consom-mateur n’en détecte pas le goût etelle est libérée dans l’estomac aumoment de la digestion. On utiliseaussi cette technologie dans leyogourt et les aliments pour bébés.

Des nanocapsules sont sur la table àdessin de plusieurs entreprises, desplus grandes (Unilever, Kraft) auxplus petites.

• Des chercheurs de la HebrewUniversity à Jérusalem ont créé uneentreprise, Nutralease. Ils ont demandéun brevet201 sur une nanostructureautoassemblée capable de trans-

porter des composés actifs dansl’organisme. Selon la demande debrevet, le nanovecteur peut être diluédans l’eau ou dans l’huile sans quecela affecte ses ingrédients actifs. Lesnanovecteurs sont déjà sur le marchédans une huile de canola ayant lapropriété de réduire le taux decholestérol.202 Nutralease vient deconclure une entente avec une entre-prise du secteur des viandes qui veutrehausser le côté santé de ses hotdogs, et elle en négocie une autreavec un fabricant de crème glacée.203

• Royal BodyCare, une entreprise duTexas (É.-U.), a créé des nanoceutiques(et demandé une marque decommerce sur le nom) – à partird’un autre type d’enveloppe quitransporterait « de minuscules etpuissants agrégats de minéralcensés accroître l’absorption desnutriments dans les cellules ».204

Royal BodyCare classe ces particulesnanoceutiques dans sa gamme desuppléments alimentaires SuperFoods.

ETC Group n’est pas

en mesure d’évaluer

l’innocuité des nanoadditifs

alimentaires. Nous voulons

cependant souligner le vide

réglementaire : dans l’état

actuel des choses, la taille

n’a pas d’importance et les

nanopréparations ne font

l’objet d’aucun examen

réglementaire particulier

Page 56: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Au même titre que les géants

des produits pharmaceu-

tiques, de l’agrochimie et des

cosmétiques, l’industrie des

aliments et boissons expéri-

mente les nanocapsules

comme vecteurs des ingrédi-

ents actifs.

• BioDelivery Sciences International(BDSI) a mis au point et fait breveterdes nanocochléates extraits du soja(non génétiquement modifié,s’empresse-t-on de préciser!) et ducalcium. Ces nanoparticules enspirale ne dépassant pas 50 nm dediamètre pourraient transporter etadministrer directement auxcellules des composés pharmaceu-tiques et nutriments tels que lesvitamines, les lycopènes et lesoméga-3. La société affirme que sesnanocochléates peuvent enrichird’oméga-3 les gâteaux, les muffins,les pâtes alimentaires, les soupes etles biscuits, sans en altérer le goût nil’arôme.205 On n’a encore commer-cialisé aucun produit contenant cessystèmes d’administration descochléates, mais la société chercheactivement des clients intéressés àobtenir une licence d’exploitation. «Des entreprises [du secteur alimen-taire] démontrent beaucoupd’enthousiasme! » affirme RaphaelMannino, principal responsablescientifique chez BDSI.206 Mannino adit à ETC Group qu’il ignorait encoreles tracasseries réglementaires àsurmonter avant de pouvoircommercialiser son systèmed’administration des nutriments. «Personne n’en sait trop rien pour lemoment », ajoute-t-il.207 Avant d’allerplus loin, BDSI doit trouver le moyende manufacturer à grande échelle latechnologie de nanoencochléation.Selon le scénario le plus optimiste,Mannino estime que ses nano-cochléates « pourraient se retrouverdans des aliments d’ici un an. »

• Grâce à des fonds versés par leUSDA, LNKChemsolutions est àmettre au point des nanocapsulesde polymères comestibles qui prévi-ennent l’altération de la saveur etde l’arôme des molécules alimen-taires. On veut accroître la durée de

conservation de produits alimen-taires fragiles, sans préciserlesquels.208 LNK Chemsolutions a étécréée par le Dr Gustavo Larsen,professeur de génie chimique àl’Université du Nebraska.

• D’autres entreprises tententd’utiliser les nanotechnologiespour créer des aliments interactifsadministrés sur demande. Leconsommateur pourra choisir –selon ses préférences esthétiques,ses besoins nutritifs ou sa lubie dumoment – les composants à activeret à administrer. Les scientifiquesdu consortium NanoteK de Kraftsont en train de développer desnanocapsules dont les paroiséclatent à diverses hyperfréquences,ce qui permettra au consommateurd’activer des saveurs ou des couleursnouvelles. D’innombrables nano-capsules resteront dormantes etles seules à se manifester serontcelles qui auront été activées.Kraft travaille aussi à des capteurscapables de détecter les carencesnutritionnelles d’une personne etde les combler grâce à des alimentsintelligents qui libèrent lesmolécules du nutriment requis.209

Au début de l’an prochain, desscientifiques de l’alimentation vontse rencontrer pour discuter desformules nano et micrométriquespermettant la libération contrôléedes nutriments et leur absorptiondans les aliments – dans le cadred’un premier symposium interna-tional, Delivery of Functionality inComplex Food Systems: Physically-Inspired Approaches from Nano-scaleto Microscale, au Centre de recherchede Nestlé à Lausanne, en Suisse.210

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Page 57: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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En plus de faciliter le transport desnutriments, les nanoparticulespeuvent modifier d’autrespropriétés des aliments. Ainsi, desaliments tels que la margarine, lacrème glacée, le beurre et la mayon-naise appartiennent tous à lacatégorie des colloïdes, un systèmedans lequel des petites particulessont dispersées dans un autremédium – liquide, gazeux ou solide.Unilever, Nestlé et d’autres mènentdes recherches et détiennent déjàdes brevets sur de nouveauxprocédés de fabrication des colloïdesà base de nanoparticules, dans le butd’accroître la durée de conservation,prolonger la saveur en bouche,modifier la texture et améliorer lastabilité (voir l’annexe 2).

Nutricosmétiques : les aliments nesont pas le seul moyen de trans-porter les ingrédients actifs. L’Oréalde Paris, le premier fabricant mondialde cosmétiques, offre déjà desproduits de soins contenant desnanoparticules.211 (Nestlé détientune participation de 49 % deL’Oréal.) Ses nanosomes sont deminuscules systèmes dediffusion intercellulairesqui pénètrent dans la peauen libérant de la vitamineE. Selon L’Oréal, « Commeles interstices de l’épi-derme mesurent environ100 nanomètres, lesnanovecteurs constituentla solution idéale auproblème de transport etde concentration desingrédients actifs dans lapeau. »212 Les cosmétiquescontenant des nanoparti-cules invisibles n’ont pasété oubliés dans les derniersrapports européens sur lesdangers éventuels desnanoparticules artificielles.

Un rapport de la Royal Society(Royaume-Uni) émis en juillet 2004note la minceur des donnéestoxicologiques disponibles sur lesnanoparticules artificielles.213 Enraison de leur utilisation danscertains produits cosmétiques etécrans solaires, le rapport recom-mande que l’on procède à d’autresétudes sur la pénétration cutanéedes nanoparticules artificielles etque les études toxicologiquesréalisées par l’industrie relèvent dudomaine public – ce qui pourraitdonner quelques rides à L’Oréal.

L’industrie alimentaire et celle descosmétiques collaborent à la miseau point de suppléments nutrition-nels cosmétiques. L’Oréal et Nestléviennent de former les LaboratoiresInnéov, une coentreprise à partégale.214 Le premier produit d’Innéov,Innéov Firmness, contient dulycopène. Ce supplément admi-nistré par voie orale est destiné auxfemmes de plus de 40 ans soucieusesde préserver l’élasticité de leurpeau. Peu après que Nestlé eutcimenté sa collaboration avec

Les scientifiques du consor-

tium NanoteK de Kraft

sont en train de développer

des nanocapsules dont les

parois éclatent à diverses

hyperfréquences, ce qui

permettra au consommateur

d’activer des saveurs ou des

couleurs nouvelles.

Page 58: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Les alliances entre aliments

et cosmétiques dénotent

la frontière de plus en plus

floue entre aliment,

médicament et cosmétique,

une tendance qui va sans

doute s’accélérer avec

les nanotechnologies.

L’Oréal, Procter & Gamble et Olayont annoncé conjointement lacréation prochaine de deuxgammes de suppléments nutrition-nels – l’une pour la Beauté et l’autre,le Bien-être.215 Bien que ces supplé-ments ne soient pas présentéscomme des produits issus de lananotechnologie, on ne peut jurerde rien, puisque l’étiquetage n’estsoumis à aucune réglementation.Quoi qu’il en soit, les alliances entrealiments et cosmétiques dénotentla frontière de plus en plus floueentre aliment, médicament etcosmétique, une tendance qui vasans doute s’accélérer avec lesnanotechnologies.

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Page 59: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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Les cultures génétiquement modifiéessont arrivées sur le marché il y amoins de dix ans, pratiquement sansle moindre débat public sur leursavantages et inconvénients, et dansdes cadres réglementaires que lesorganisations de la société civileestiment inadéquats et sans trans-parence, quand ils ne sont pascarrément inexistants. C’est pourcela qu’on n’a toujours pas réglé lescontroverses et les questions entourantl’impact des aliments GM sur le plansocio-économique, comme sur lasanté et sur l’environnement. Et c’estpour cela que des millions de gensles ont obstinément rejetés. On nepeut s’empêcher de faire un rappro-chement entre l’introduction de labiotechnologie et celle des nano-technologies. Après s’être juré de nepas reproduire les mêmes maladresses,la communauté nano a pourtantemboîté le pas à la biotechnologie.

En autorisant la commercialisationde nanoproduits sans débat publicni examen réglementaire, l’État,l’industrie agroalimentaire et le mondescientifique ont déjà compromis lapossibilité d’utiliser les nanotech-nologies à des fins positives. Nullepart au monde on n’a pris la peined’adopter une réglementation pourévaluer les nouveaux nanoproduitsavant de les intégrer à la chaînealimentaire – c’est de la négligencecrasse et c’est inadmissible! Comptetenu des inquiétudes généraliséessur les aliments GM, les résidus depesticides, les hormones de crois-sance et la maladie de la vache folle,agriculteurs et consommateursseront médusés d’apprendre qu’il ya déjà des nanomatériaux de pointesur leur table de cuisine et qu’il y ena d’autres sur la table à dessin. Il fautprendre des mesures en vue de

rétablir la confiance dans lessystèmes alimentaires et garantirque si on introduit des technologiesà l’échelle nano, ce sera dans lerespect de normes rigoureuses sur leplan de la santé et de la sécurité.

Notre recommandation la plus

importante, c’est que la société

s’engage pleinement dans un large

débat sur le rôle des (nano)techno-

logies convergentes dans

l’alimentation et l’agriculture.

Ce serait une grave erreur – à la foispour la société et pour les acteurs del’industrie – de confier ce débat à unaréopage d’experts ou d’étudier laquestion des nouvelles technologiespurement en fonction de leur impactsur la santé et sur l’environnement.Contrairement au précédent débatsur les OGM, il ne faut pas se limiteraux seules questions techniques. Ilfaut aussi aborder les questionsrelatives à la propriété intellectuelleet à d’autres formes de monopolestechnologiques. Qui contrôlera cestechnologies? Qui en profitera? Quiva décider de la façon dont ellesaffectent notre avenir?

Reconnaissant que l’État s’est déjàcompromis en raison de ses rapportsalambiqués avec l’industrie del’agroalimentation et des nanotech-nologies, ETC Group adresse d’abordet avant tout ses recommandations àses partenaires de la société civile.Néanmoins, nous présentons aussides recommandations à l’intentiondes gouvernements et organismesintergouvernementaux.

À la société civile : Les ONG et lesmouvements sociaux commencent àreconnaître l’impact potentiel destechnologies convergentes à l’échellenano. Plus particulièrement dans ledomaine de l’agriculture, il est

« Quel genre de stratèges

de l’industrie – et il faut

présumer qu’il y a bien eu

stratégie – tenterait de

commercialiser en douce

des produits dont personne

n’a besoin mais que tout

le monde est forcé de

consommer, qui sont difficiles

à justifier même pour les

politiques les plus favorables

à l’industrie, et dont la

seule qualité est d’améliorer

le positionnement sur le

marché des entreprises

qui les fabriquent? »

– Réflexions sur l’introductionde la biotechnologie agricole,éditorial, Nature Biotechnology,septembre 2004

III. RECOMMANDATIONS

Page 60: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Il est urgent que la société

civile se mobilise pour

favoriser le débat public

le plus large possible sur

les nouvelles technologies

à l’échelle nanométrique,

et pour assurer que les

décideurs prennent les

mesures qui s’imposent

pour sauvegarder la santé,

le bien-être et le gagne-pain

des agriculteurs et des

consommateurs – en plus

de l’environnement.

urgent que la société civile semobilise pour favoriser le débatpublic le plus large possible sur lesnouvelles technologies à l’échellenanométrique, et pour assurer queles décideurs prennent les mesuresqui s’imposent pour sauvegarder lasanté, le bien-être et le gagne-paindes agriculteurs et des consomma-teurs – en plus de l’environnement.

• Les organisations de petits agricul-teurs doivent commencer àsurveiller les nanotechnologiesqui touchent leur région et leurgagne-pain. En plus des discussionset débats internes, elles doiventparticiper aux discussions pluslarges avec le reste de la sociétécivile et les gouvernements.

• Les organisations de consomma-teurs ne doivent pas seulementdépister les nanotechnologies, maisaussi sensibiliser leurs membres auxproduits alimentaires et agricolesainsi qu’aux procédés issus des nano-technologies. De concert avec lesgroupes environnementaux, ellesdoivent exercer des pressionspolitiques sur les gouvernementspour les inciter à adopter des régimesréglementaires adaptés à ces technolo-gies et favoriser le débat public.

• Les groupes environnementauxdoivent travailler en étroite colla-boration avec les organisationsd’agriculteurs et les peuples autoch-tones afin d’évaluer l’impact desnanotechnologies sur l’agriculture etla biodiversité agricole. Il fautempêcher l’introduction dans l’envi-ronnement des produits issus desnanotechnologies tant et aussilongtemps qu’il n’y aura pas deréglementation appropriée.

Aux gouvernements : À court et àmoyen terme, il faut agir à l’échellenationale.

• Les États doivent adopter unrégime réglementaire sui generis quitraite des enjeux relatifs à la santé età l’environnement en rapport avecl’utilisation de nanomatériaux dansl’agriculture et l’alimentation.

• En vertu du principe de précaution,il faut retirer du marché l’ensembledes aliments de consommationhumaine et animale, et toutes lesboissons (y compris les supplémentsalimentaires) contenant des nano-particules artificielles jusqu’à la miseen place de régimes réglementairesqui tiennent compte des caractéris-tiques particulières de ces matériaux,et jusqu’à ce que l’on ait démontrél’innocuité de ces produits.

• Il faut interdire la disséminationdans l’environnement des nanopré-parations d’intrants agricoles – telsque pesticides, engrais et traitementsdu sol – jusqu’à ce que de nouveauxrégimes réglementaires spécialementconçus pour étudier ces produits enaient déterminé l’innocuité.

• Il faut adopter immédiatement unmoratoire sur les essais en laboratoireet la dissémination dans l’environ-nement des matériaux issus de labiologie synthétique jusqu’à ce que lasociété ait pu analyser en profondeurleur impact socioéconomique et leurseffets sur santé et l’environnement.

Aux appareils

intergouvernementaux : Pourprévenir les brèches ou les glisse-ments de la réglementation àl’échelle internationale, les Étatsdoivent travailler ensemble dans lecadre des appareils spécialisés desNations unies en vue de garantir lasanté et la sécurité des travailleurs etdes consommateurs; de préserverl’environnement et la diversitébiologique; et pour assurer le bien-être socioéconomique de lapopulation de tous les pays.

54

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55

• L’Organisation mondiale de la santé(OMS) et l’Organisation pour l’ali-mentation et l’agriculture (FAO)doivent veiller à la mise à jour duCodex Alimentarius afin de tenircompte de l’utilisation de nanopar-ticules et d’autres nanotechnologiesdans l’agriculture et l’alimentation.

• Le Programme des Nations uniespour l’environnement (PNUE) etla Convention sur la diversitébiologique (CDB) doivent étudierl’impact potentiel des nanotechno-logies sur la diversité biologiqueet l’environnement.

• L’OMS doit entreprendre desétudes à court et à long terme surl’effet que pourraient exercer lesnanoparticules et les nanotechnolo-gies sur la santé des chercheurs, destravailleurs et des consommateurs.

• L’Organisation internationale dutravail (OIT) et l’UNESCO (Organisationdes Nations unies pour l’éducation,la science et la culture) doiventétudier l’impact éventuel desnanoparticules et des nanotechnolo-gies sur la main-d’œuvre agricole,l’éducation et la santé économiquedes pays largement tributaires de laproduction agricole ou des exporta-tions agricoles.

• La FAO et la Conférence desNations unies sur le commerceet le développement (CNUCED)doivent étudier l’impact éventueldes nanoparticules et des nano-technologies sur la production etle commerce, y compris les change-ments éventuels des sourcesd’approvisionnement et des prix.

• La Commission des ressourcesgénétiques pour l’alimentation etl’agriculture de la FAO doit entre-prendre une étude immédiate surl’impact éventuel des nanotechnolo-gies sur la diversité génétique desespèces animales et végétales et surleur mise en valeur.

• L’UNESCO et la FAO doivent entre-prendre des études en vue d’établirles implications des nanotechnolo-gies sur la recherche alimentaire etagricole pour les pays du Sud afin derecommander des priorités derecherche nationales et interna-tionales en agriculture.

• L’Organisation mondiale de lapropriété intellectuelle (OMPI) doitse pencher sur les implications de lapropriété intellectuelle de produitset procédés issus de la manipulationd’éléments du tableau périodique,qui pourrait entraîner la monopolisa-tion des marchés alimentaires etagricoles et leur distorsion.

• Les Nations unies doivent entamerdes négociations en vue d’uneConvention internationale pourl’évaluation des nouvelles technolo-gies (CIENT) afin de doter pour lapremière fois les États et la sociétéd’un système d’alerte/d’écouterapide qui permettrait à la société età la science de briser le cycle descrises qui accompagnent l’introduc-tion de chaque nouvelle technologie.

Le sort des nanotechnologiesconvergentes se jouera d’ici deuxans. À l’heure actuelle, l’industrie etles gouvernements essaient tantbien que mal de se remettre desinquiétantes maladresses qui compro-mettent l’avenir des nanotechnologies.À la fin de 2004, il y a au moins troisgrands projets mondiaux favorablesà l’amorce d’un dialogue multipar-tite qui englobe la société civile,

En vertu du principe de

précaution, il faut retirer

du marché tous les aliments

de consommation humaine

et animale, et toutes les

boissons (y compris les

suppléments alimentaires)

contenant des nanoparticules

artificielles jusqu’à la mise

en place de régimes régle-

mentaires qui tiennent

compte des caractéristiques

particulières de ces

matériaux, et jusqu’à ce

que l’on ait démontré

l’innocuité de ces produits.

Page 62: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Le sort des nanotechnologies

convergentes se jouera d’ici

deux ans.

l’industrie et les gouvernements.Ces tentatives sont cependantvouées à l’échec si on ne s’engagepas clairement à les élargir au-delàdes groupes environnementauxpour inclure d’autres mouvementssociaux, dans le Nord comme dans leSud, notamment les peuplesautochtones, les organisations

d’agriculteurs, les syndicats, lemouvement des personnes handi-capées, les organisations de femmeset de consommateurs. Pour sa part,ETC Group ne participera à aucunprocessus de dialogue qui n’incluraitpas tout l’éventail des acteurs de lasociété civile et ne favoriserait pas ledébat sociétal le plus large possible.

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Page 63: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

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1 IGD estime le marché mondial du détail à 2,8 billions $. Les statis-tiques globales sur la population et les exportations agricoles sonttirées de Jerry Buckland, Ploughing Up the Farm, Zed Books, 2004,p. 18 et p. 100.

2 Cité dans Philip Ball, ‘Nanotechnology science’s next frontier orjust a load of bull?’ New Statesman, 23 juin 2003; sur Internet(10 août 2004) : http://www.findarticles.com/p/articles/mi_m0FQP/is_4643_132/ai_104520140

3 Helmut Kaiser Consultancy,‘Nanotechnology in Food and FoodProcessing Industry Worldwide,’ étude inédite, Tübingen, mars2004, p. 35.

4 Auteur inconnu,‘Global Nanotechnology Market to Reach$29 billion by 2008,’ Business Communications Company inc.,communiqué de presse, 3 février 2004. Sur Internet :http://www.bccresearch.com/editors/RGB-290.html

5 Pat Phibbs,“Nanotechnology Could Require Changes To Controls onToxics, White House Says,” Chemical Regulation Reporter, volume 28,no 14, 5 avril 2004, sur Internet (24 septembre 2004) : http://ehscenter.bna.com/pic2/ehs.nsf/id/BNAP-5XRG6K?OpenDocument

6 Rapport conjoint de la National Science Foundation et duDépartement du commerce. Sur Internet : http://wtec.org/ConvergingTechnologies/Report/NBIC_report.pdf

7 Alfred Nordmann, rapporteur,“Converging Technologies –Shapingthe Future of European Societies,” août 2004. Sur Internet(28 septembre 2004) : http://europa.eu.int/comm/research/conferences/2004/ntw/pdf/final_report_en.pdf

8 Ibid., p. 2.

9 Ibid., p. 4.

10 Ibid., p. 3.

11 Voir le communiqué d’ETC Group,“The Strategy for ConvergingTechnologies: The Little BANG Theory,” mars-avril 2003, numéro 78.Sur Internet : http://www.etcgroup.org/article.asp?newsid=378

12 Vicki L. Colvin, directrice, Center for Biological andEnvironmental Nanotechnology, Université Rice. Commentaireémis lors du séminaire “Nano-Vision 2014” tenu le 15 septembre2004, à Saint Gallène, en Suisse.

13 Voir, par exemple,“Ten Toxic Warnings,” tiré de ETC Group,“Nano’s Troubled Waters,” Genotypes, 1 avril 2004, pp. 3-4.Sur Internet : http://www.etcgroup.org/article.asp?newsid=445

14 Eva Oberdörster,“Manufactured Nanomaterials (Fullerenes, C60)Induce Oxidative Stress in the Brain of Juvenile Largemouth Bass,”Environmental Health Perspectives, volume 112, no 10, juillet 2004.

15 Haum, Petschow, Steinfeldt,“Nanotechnology and Regulationwithin the framework of the Precautionary Principle. Rapport finalde la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie(ITRE) du Parlement européen,” Institut für ökologischeWirstschaftforschung(IÖW) gGmbH, Berlin, 11 février 2004, p. 38.

16 Nano-Scale Science and Engineering for Agriculture and FoodSystems: A Report Submitted to Cooperative State Research, Servicede la recherche, de l’éducation et de la vulgarisation, à partir del’atelier national de planification tenu les 18-19 novembre 2002,Washington, DC, septembre 2003. Sur Internet :www.nseafs.cornell.edu

17 McKnight, T.E. et al.“Intracellular integration of syntheticnanostructures with viable cells for controlled biochemicalmanipulation,” Nanotechnology 14, pp. 531-556 (9 avril 2003).Voir aussi “Nanofibres deliver DNA to Cells,” Genome News Network,http://www.genomenewsnetwork.org/articles/06_03/nano.shtml

18 Kate Dalke,“Inside Information: Nanofibers Deliver DNA toCells,” 13 juin 2003, Genome News Network,http://www.genomenewsnetwork.org/articles/06_03/nano.shtml

19 Pour plus de détails sur la toxicité des nanofibres et nanotubesde carbone, voir ETC Group,“Size Matters – the Case for a GlobalMoratorium,” publication hors-série d’ETC Group, avril 2003.Sur Internet : www.etcgroup.org/article.asp?newsid=392

20 Lux Research, Nanotech Report 2004, volume. 1, p. 96.

21 Communiqué de presse d’ETC,“Atomically Modified Rice inAsia?” 25 mars 2004. Sur Internet : www.etcgroup.org/article.asp?newsid=444

22 Ranjana Wangvipula,“Thailand embarks on the nano pathto better rice and silk,” Bangkok Post, 21 janvier 2004.Sur Internet : http://www.smalltimes.com/document_display.cfm?document_id=7266

23 Witoon Lianchamroon, de BIOTHAI, 25 mars 2004. Witoon a euun entretien téléphonique avec le Dr Thirapat Vilaithong et d’autresscientifiques du Fast Neutron Research Facility de Chaing Mai.

24 Ibid.

25 Ranjana Wangvipula,“Thailand embarks on the nano pathtobetter rice and silk,” Bangkok Post, 21 janvier 2004.Sur Internet : http://www.smalltimes.com/document_display.cfm?document_id=7266

26 Communiqué de presse d’ETC Group,“Atomically Modified Ricein Asia?” 25 mars 2004. Sur Internet : www.etcgroup.org/article.asp?newsid=444

27 Correspondance courriel avec Carolin Kranz, de BASF,27 octobre 2004.

28 WO03039249A3 : “Nanoparticles Comprising a CropProtection Agent.”

29 Voir la demande de brevet US 20 040 132 621, de Bayer CropScience,“Microemulsion Concentrates.”

30 Voir, par ex. : http://www.engageagro.com/media/pdf/brochure/primomaxx_10pgbrochure_english.pdf

31 Voir le dépliant Banner MAXX de Syngenta sur Internet :http://www.engageagro.com/media/pdf/brochure/bannermaxx_brochure_english.pdf

32 Ibid.

33 Correspondance courriel avec Barbara Karn, de l’EPA,1er novembre 2004.

34 Ibid.

35 Ibid.

36 Syngenta,“A microscopic formula for success,” sur le site Webde Syngenta : http://www.syngenta.com/en/day_in_life/microcaps.aspx

NOTES

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37 Janet Morrissey,“Flamel Tech Shares Up 46% on Pact withMonsanto,” Dow Jones, 6 janvier 1998. Sur Internet (22 septembre 2004) : http://www.pmac.net/patent.htm

38 Syngenta,“A microscopic formula for success,” sur le site Web deSyngenta : http://www.syngenta.com/en/day_in_life/microcaps.aspx

39 Ibid.

40 Brevet de Syngenta, US 6 544 540,“Base-Triggered ReleaseMicrocapsules.”

41 Syngenta,“A microscopic formula for success,” sur le site Web deSyngenta : http://www.syngenta.com/en/day_in_life/microcaps.aspx

42 Le brevet de Syngenta, WO0194001A2, porte sur des nano etmicrocapsules en agrochimie.

43 Rolf Daniels,“Galenic principles of modern skin care products”,Skin Care Forum 25. Sur Internet : http://www.scf-online.com/english/25_e/galenic_25_e.htm#Nanoemulsions

44 Eric J. Lerner,“’Nano’ is now at Michigan and James Baker isLeading the Way,” Medicine at Michigan volume 2, no 2, été 2000.Sur Internet : http://www.medicineatmichigan.org/magazine/2000/summer/nanonman/default.asp

45 Voir par exemple le brevet EP1037527B1: Microcapsules withreadily adjustable release rates.

46 Voir par exemple les microcapsules Zeon de Syngenta, détailssur Internet : http://www.syngenta.com/en/products_services/karate_page.aspx

47 Voir par exemple le communiqué de presse de l’Université duMissouri,“Designing Smarter ‘Smart’ Drugs: MU Chemist’s‘Nanocapsule’ Could Revolutionize Drug Delivery,” 1er juillet 2002.

48 Voir par exemple la demande de brevet US 20 040 105 877,“Controlled release pesticidal composition and method ofmaking,” Hargrove, Garrard L. et al., 3 juin 2004.

49 Voir par exemple le brevet US 6 200 598,“Temperaturesensitiveliposomal formulation,” Université Duke, 2001.

50 Voir par exemple la demande de brevet de Syngenta,US US20020037306A1: Base-triggered release microcapsules, 2002.

51 Subvention du USDA, 2002-00349,“Development of anUltrasoundmediated Delivery System for the Mass Immunizationof Fish.”

52 Voir par exemple la demande de brevet WO9959556A1,“Externally Triggered Microcapsules,” de la NASA/JohnsonSpace Center.

53 Voir Subvention du USDA, 2002-00349,“Development of anUltrasound-mediated Delivery System for the Mass Immunizationof Fish.”

54 Syngenta,“A microscopice formula for success,” sur le site Webde Syngenta : http://www.syngenta.com/en/day_in_life/microcaps.aspx

55 Malcolm T. Sanford,“Protecting Honey Bees From Pesticides,”circulaire 534, département d’entomologie et de nématologie,Service d’éducation coopérative de la Floride, Institut des sciencesalimentaires et agricoles, Université de la Floride. Publication origi-nale le 25 avril 1993, mise à jour le 1er mai 2003. Sur Internet :http://edis.ifas.ufl.edu/BODY_AA145#FOOTNOTE_1

56 James B. Petro, Theodore R. Plasse et Jack A. McNulty,“Biotechnology: Impact on Biological Warfare and Biodefense,”

Biosecurity and Bioterrorism: Biodefense Strategy, Practice andScience, volume 1, no 3, 2003, p. 164. Sur Internet (20 septembre2004) : http://www.biosecurityjournal.com/PDFs/v1n303/p161_s.pdf

57 The Sunshine Project, Backgrounder #13, janvier 2004,“Export Controls: Impediments to Technology Transfer Underthe Convention on Biological Diversity.” Sur Internet :http://www.sunshine-project.org

58 Dr Yvon G. Durant de l’Université du New Hampshire, AdvancedPolymer laboratory,“White Paper: Delivery of Chemicals byMicrocapsules,” préparé pour le US Marine Corps, sur le site Webdu Sunshine Project : http://www.sunshine-project.org/incapacitants/jnlwdpdf/

59 Jim Barlow, Remote-Sensing Lab Aims to Foster Growth ofPrecision Farming,” communiqué de presse de l’Université del’Illinois/Urbana-Champaign, 2 mai 2001. Sur Internet :http://www.news.uiuc.edu/scitips/01/05farmlab.html

60 Kurt Lawton,“In the year 2013,” Farm Industry News, 1er mars 2003.

61 Version préliminaire de ‘Nano-Scale Science and Engineering forAgriculture and Food Systems: A Report Submitted to CooperativeState Research’, Service de la recherche, de l’éducation et de lavulgarisation, à partir de l’atelier national de planification tenu les18-19 novembre 2002, Washington, DC, septembre 2003; il s’agit dela révision B, du 14 février 2003. Dans la version finale, latechnologie du petit frère (Little Brother) est simplement qualifiéede système de protection de l’identité.

62 http://www.news.uiuc.edu/scitips/01/05farmlab.html

63 Michael Kanellos,“Intel produces chips for next generation,”24 novembre 2003, Sur Internet : http://news.zdnet.com/2100-9584_22-5111327.html

64 Document d’Intel,“The Promise of Wireless Sensors,” surInternet : ftp://download.intel.com/research/exploratory/Promise_of_Wireless_Sensor_Networks.pdf

65 Gerry Blackwell,“The Wireless Winery,” 23 septembre 2004, surInternet : www.wi-fiplanet.com/columns/article.php/3412061

66 Auteur inconnu, document d’Intel,“New Computing Frontiers–The Wireless Vineyard,” sur Internet : http://www.intel.com/labs/features/rs01031.htm

67 Voir la page Web de Chris Pister sur la poussière intelligente :http://robotics.eecs.berkeley.edu/~pister/SmartDust/in2010

68 Communiqué de presse d’ONWorld,“Wireless Sensor Networks:A Mass Market Opportunity,” 4 mars 2004, sur Internet :www.emediawire.com/releases/2004/3/emw108651.htm

69 Frank Munger,“ORNL tests early-warning system for hazardous-substance attacks,” 12 avril 2004, www.sensornet.gov

70 Stephen J. Bigelow,“Microscopic Monitors: A New BreedOf Wireless Sensors Can Bring Senses To Networks,” Processor,16 juillet 2004, volume 26, no 29. Sur Internet :http://www.processor.com

71 Ibid.

72 Karen F. Schmidt,“Smart dust is way cool,” US News& WorldReport, 16 février 2004. Sur Internet : www.usnews.com

73 Brendan I. Koerner,“Intel’s Tiny hope for the Future,” Wired,no 11, 12 décembre 2003.

58

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59

74 David E. Culler et Hans Mulder,“Smart Sensors to Network theWorld,” Scientific American, juin 2004. Sur Internet :www.scientificamerican.com

75 Quentin Hardy,“Sensing opportunity,” Forbes Magazine,septembre 2003.

76 Chris Taylor,“What Dust can tell you,” Time, 12 janvier 2004.Voir aussi, Barbara G. Goode,“A sure thing for Homeland Security,”Sensormag.com, juin 2004.

77 Michael D. Mehta,“Privacy vs. Surveillance – How to avoid anano-panoptic future,” Canadian Chemical News, novembre-décembre 2002, pp. 31-33.

78 Royal Society et Royal Academy of Engineering, Nanoscienceand Nanotechnologies: opportunities and uncertainties,” juillet 2004,p. 53. Sur Internet : http://www.nanotec.org.uk/finalReport.htm

79 À partir du survol historique de Kevin Binfield dans Writings ofthe Luddites, Baltimore and London: The Johns Hopkins UniversityPress, 2004; extrait disponible sur Internet (29 septembre, 2004) :http://campus.murraystate.edu/academic/faculty/kevin.binfield/luddites/LudditeHistory.htm

80 Lux Research inc., Nanotech Report 2004.

81 CNUCED, Annuaire des produits de base 2003. Sur Internet :http://r0.unctad.org/infocomm/francais/indexfr.htm

82 Steve Waite,“Ross’ Nano Gambit,” 14 août 2003, Forbes/Wolfe blog, Sur Internet : http://www.forbeswolfe.com/archives/000063.html

83 Candace Stuart,“Nano-Tex Markets Brand To Become ‘IntelInside’ of Nanomaterials”, Small Times, 2002. Sur Internet :http://www.smalltimes.com

84 Comité consultatif international du coton, Washington, DC.,http://www.icac.org

85 Gérald Estur,“Cotton: Commodity Profile,” Comité consultatifinternational du coton, Washington, DC, juin 2004, pp. 1-2. SurInternet (20 septembre 2004) : http://www.icac.org/icac/cotton_info/speeches/english.html

86 Jessica Gorman,“Super Fibres: nanotubes make tough threads”Science News, 14 juin 2003, volume 163, no 24, p.372.

87 Département du Commerce des É.-U., Centre national destextiles, projet M03-CL07s,“Functional Fabric with EmbeddedNanotube Actuators/Sensors,” sur Internet :http://mse.clemson.edu/htm/research/ntc/M03-CL07s-A3.pdf

88 Rossari Biotech,“Nanotechnology: the new Buzzword II,”26 août 2004, sur Internet : http://www.expresstextile.com/20040826/performancefabrics02.shtml

89 Groupe d’étude international sur le caoutchouc,“RubberIndustry Report,” volume 3, no 12, juin 2004. Sur Internet :http://www.rubberstudy.com/report.aspx

90 Wayne Arnold,“In Thailand, High Hopes for its Rubber Industry,”New York Times, 26 février 2004.

91 Ibid.

92 Mongabay.com,“A brief History of rubber,” sur Internet:http://www.mongabay.com/10rubber.htm

93 Communiqué de l’Association des manufacturiers decaoutchouc (US) :“Predicted Growth of Tread Rubber Shipmentsto Continue,”Washington, D.C., 18 mars 2004

94 Jim Hurd, Silicon Valley Nano Report 1, juin 2004, sur Internet:http://www.nanosig.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=12

95 Jack Mason,“Nanocomposites in Tennis Balls Lock in Air, BuildBetter Bounce,” Small Times, en ligne, 29 janvier 2002. Sur Internet :www.smalltimes.com

96 Auteur inconnu,“Aerogels: ‘Solid Smoke’ May Have Many Uses,”SpaceDaily, 5 avril 2004. http://www.spacedaily.com/news/materials-04q.html

97 Communiqué de presse,“New lightweight materials may yieldsafer buildings, longer-lasting tires: aerogels,” American ChemicalSociety, 12 septembre 2002.

98 Brevet US 6 527 022,“Pneumatic tire having a tread containinga metal oxide aerogel,” 1er mars 2003.

99 Tire Business, Global Tire Report, septembre 2002.

100 Athene Donald,“Food for thought,” Nature Materials, volume 3,septembre 2004, pp. 579-581.

101 Ibid., p. 580.

102 Jenny Hogan,“100-metre nanotube thread pulled fromfurnace,” New Scientist, 11 mars 2004. http://www.newscientist.com/news/news.jsp?id=ns99994769

103 Auteur inconnu,“ Waste fiber can be recycled into valuableproducts using new technique of electrospinning, rapport dechercheurs de Cornell,” Cornell News, 10 septembre 2003.www.news.cornell.edu

104 Ibid.

105 Auteur inconnu, Inteletex News,“Solvent solutions,” FutureMaterials, décembre 2003, sur Internet : http://www.inteletex.com/FeatureDetail.asp?PubId=&NewsId=2469

106 Liz Kalaugher,“Alfalfa plants harvest gold nanoparticles,”Nanotechweb, 16 août 2002, sur Internet : http://nanotechweb.org/articles/news/1/8/14/1

107 Peter N. Spotts,“No fairy tale: Researchers spin straw intogold,” The Christian Science Monitor, 29 août 2002. Sur Internet :www.csmonitor.com/2002/0829/p02s02-usgn.htm

108 Ibid.

109 Ibid.

110 Danny Penman,“Geraniums the key to cheap nanoparticles,”New Scientist, 16 juin 2003.

111 Greg Lavine,“Buckyballs boost fertilizer,” Salt Lake Tribune,23 mars 2004, p. D1.

112 Brevet de l’OMPI, WO03059070A1,“The liquid composition forpromoting plant growth, which includes nano-particle titaniumdioxide,” accordé à Choi, Kwang-Soo.

113 A.M. Prochorov et al.,“The influence of very minute doses ofnano-disperse iron on seed germination,” exposé présenté à laNinth Foresight Conference on Molecular Nanotechnology, 2001.

114 ETC Group,“Mulch ado about nothing? …Or the ‘SandWitch?’” Communiqué d’ETC Group, septembre-october 2003.Sur Internet : http://www.etcgroup.org

115 Communiqué de presse,“Nanoscale Iron Could Help CleanseThe Environment; Ultrafine Particles Flow Underground AndDestroy Toxic Compounds In Place,” National Science Foundation,4 septembre 2003.

Page 66: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

116 Andrew Scott,“The human genome on a chip,” The Scientist,3 octobre 2003. Sur Internet : http://www.biomedcentral.com/news/20031003/07

117 Consortium international sur les tiques et maladies transmisespar les tiques (ICTTD)/EMBO,“Integrated molecular diagnostics fortick-borne pathogens using RLB hybridization and microarraybased biochips,” 27 octobre 2003, Université de Pretoria,Département de médecine vétérinaire (maladies tropicales),Onderstepoort, Afrique du Sud.

118 Affymetricsinc., Security and Exchange Commission des É.-U.,Form 10-K, 31 décembre 2003, Sur Internet :http://media.corporate-ir.net/media_files/nsd/affx/presentations/affx_10k1.pdf

119 Charles Choi,“Holograms to sort, steer nanotubes, cells,”United Press International, 3 mars 2004. Voir aussi Bill Snow,“Commercializing Killer Technology - Arryx,” 29 juillet 2003, surInternet : www.billsnow.com/Articles_Snow_VC101_2003_07_29_Commercializing_Killer_Technology-Arryx.htm

120 Auteur inconnu,“Advanced Reproduction: Microfluidicengineering mimics nature to streamline assisted reproduction,”Université de l’Illinois (Technologies émergentes), bureau du vice-président au développement économique, sans date; sur Internet :http://www.vpted.uillinois.edu/~pdf_files/iemerging%20past%20pdfs/Advanced%20Reproduction.pdf

121 Kyle James,“Increasing Demand for Microfluidics Leads toMarket Optimism,” 28 avril 2004. Sur Internet : http://www.smalltimes.com/document_display.cfm?document_id=7777

122 Résumé de K. Jane, Biochips and Microarrays, novembre 2000,sur Internet : www.urchpublishing.com

123 Auteur inconnu,“Nanoshells Cancer Treatment Proves Effectivein First Animal Test: Laser Treatments Eradicate All Tumors fromMice in Trial,” communiqué de presse de l’Université Rice,21 juin 2004; sur Internet (8 octobre 2004) :http://media.rice.edu/media/Newsbot.asp?MODE=VIEW&ID=4469&SnID+698963046

124 Lux Research, Nanotech Report 2004, volume 1, p. 200.

125 Nano-Scale Science and Engineering for Agriculture and FoodSystems: A Report Submitted to Cooperative State Research, Research,Education and Extension Service, à partir d’un atelier national deplanification tenu les 18 et 19 novembre 2002, Washington, DC,septembre 2003, p. 9. Sur Internet : www.nseafs.cornell.edu

126 Auteur inconnu,“pSivida Granted US Patent for Biosilicon,”4 août 2004, http://www.azonano.com/news.asp?newsID=258

127 Voir “Adhesin-Specific Nanoparticles,” sur Internet : http://www.clemson.edu/research/ottSite/techs/nopatent/00237.htm

128 Entretien téléphonique avec le Dr Robert Latour, UniversitéClemson, 13 septembre 2004.

129 Barnaby J. Feder et Tom Zeller, Jr.,“Identity Badge Worn Under SkinApproved for Use in Health Care,” New York Times, 14 octobre 2004.

130 FAO, Situation des pêcheries et de l’aquaculture dans le monde2002, 1re partie, vue d’ensemble, 2002.

131 Auteur inconnu,“Altair Nanotechnologies’ Algae PreventionTreatment Confirmed Effective in Testing,” communiqué de pressed’Altair, 11 mars 2004.

132 Auteur inconnu,“Altair Nanotechnologies Files Patent onNanoCheck Algae Preventer for Prevention of Algae in SwimmingPools,” communiqué de presse d’Altair, 16 décembre 2002.

133 Subvention du USDA 2002-00349,“Development of anUltrasoundmediated Delivery System for the Mass Immunizationof Fish.”

134 Prochorov A.M., Pavlov G.V., Okpattah G.A.C., Kaetanovich A.V.,“The effect of nano-disperse form of iron on the biological param-eters of fish,” présenté à la Tenth Foresight Conference onMolecular Nanotechnology, Bethesda, É.-U., octobre 2002.

135 Rodney Brooks,“The Cell Hijackers,” Technology Review, juin2004, p.31. Sur Internet : http://www.technologyreview.com

136 Auteur inconnu,“Building Blocks for Biobots,” Berkeley Lab,Science Beat Magazine, 27 août 2004. Sur Internet : http://www.lbl.gov/Science-Articles/Archive/sb/Aug-2004/2_biobots.html

137 W. Wayt Gibbs,“Synthetic Life,” Scientific American, 26 avril 2004.Sur Internet : http://www.sciam.com/print_version.cfm?articleID=0009FCA4-1A8F-1085-94F483414B7F0000

138 Ibid.

139 Auteur inconnu,“Building Blocks for Biobots,” Berkeley Lab,Science Beat Magazine, 27 août 2004. Sur Internet : http://www.lbl.gov/Science-Articles/Archive/sb/Aug-2004/2_biobots.html

140 Hutchison est cité dans l’article de Steve Mitchell,“Scientists toSynthesize New Life Form,” United Press International, 21novembre 2002. Sur Internet : http://www.upi.com/view.cfm?StoryID=20021121-044419-1997r

141 Communiqué de presse du DOE,“Researchers Funded by DOE‘Genomes to Life’ Program Achieve Important Advance…,”13 novembre 2003. Sur Internet : http://energy.gov1

142 James Shreeve,“Craig Venter’s Epic Voyage of Discovery,”Wired, août 2004, p. 151.

143 Voir le Communiqué d’ETC Group,“Nanotech Un-gooed!”juillet-août 2003, sur Internet : http://www.etcgroup.org/article.asp?newsid=399.

144 Citation de Steven Benner, auteur inconnu,“Evolving ArtificialDNA?” Astrobiology Magazine, 27 février 2004. Sur Internet (20 septembre 2004) : http://www.astrobio.net/news/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=845

145 Ibid.

146 Citation de Benner tirée de Philip Ball,“Synthetic Biology:Starting from Scratch,” Nature 431, pp. 624-626, 7 octobre 2004, surInternet : http://www.nature.com/

147 Philip Ball,“Synthetic Biology: Starting from Scratch,” Nature 431,pp. 624-626, 7 octobre 2004, sur Internet : http://www.nature.com/

148 Auteur inconnu,“Futures of artificial life,” Nature, volume 431,7 octobre 2004, p. 613.

149 Susan Wright, Molecular Politics: Developing American andBritish Regulatory Policy for Genetic Engineering, 1972-1982, Chicago:University of Chicago Press, 1994.

150 Ibid, p. 151.

151 James Wilsdon et Rebecca Willis,“See-Through Science: WhyPublic Engagement Needs to Move Upstream, Demos, 2004.

152 Moraru et al.,“Nanotechnology: A New Frontier in FoodScience,” Food Technology, décembre 2003, volume 57, no 12, p. 25.

60

Page 67: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

61

153 Entretien téléphonique avec Jozef Kokini, président dudépartement de Science alimentaire et directeur du Center forAdvanced Food Technology, Université Rutgers, 14 septembre 2004.

154 Helmut Kaiser Consultancy,“Nanotechnology in Food andFood Processing Industry Worldwide,” étude inédite, Tübingen,mars 2004, p. 35.

155 Ibid., p. 35.

156 Entretien téléphonique avec Raphael Mannino,8 septembre 2004.

157 Ibid.

158 Carmen I. Moraru et al.,“Nanotechnology: A New Frontierin Food Science,” Food Technology, décembre 2003, volume 57,no12, p. 25.

159 Les termes fabrication moléculaire et technologie moléculairefont référence à un procédé de fabrication par mécanismesmoléculaires, qui permet de contrôler les produits et sous-produitsmolécule par molécule, par synthèse chimique pondérée, unevision de la nanotechnologie élaborée pour la première fois parK. Eric Drexler dans Engines of Creation: The Coming Era ofNanotechnology (1990).

160 Voir par exemple C. S. Prakash, Gregory Conko,“TechnologyThat Will Save Billions From Starvation,”The American EnterpriseOnline (publié dans Biotech Bounty, mars 2004); Sur Internet :http://www.taemag.com/issues/articleid.17897/article_detail.asp(as of August 19, 2004).

161 Wendy Wolfson,“Lab-Grown Steaks Nearing the Menu,”New Scientist, 30 décembre 2002. Sur Internet :www.newscientist.com

162 Kevin P. Phillips, Wealth and Democracy, (New York: BroadwayBooks) 2002, p. 52

163 Lublin, J.S.,“A Lab’s Troubles Raise Doubts about Quality ofDrug Tests in US,” The Wall St. Journal, 21 février1978, p. 1.

164 Cass Peterson,“Panel Told Many Pesticides Tested byDiscredited Lab Are in Use,” Washington Post, 28 juillet 1983, p. A3.

165 Theo Colborn, Dianne Dumanoski, et John Peterson Myers,Our Stolen Future, Plume Book (1997)

166 Ibid.

167 Auteur inconnu,“U.S. market for smart packaging to surpass$54 billion by 2008,” Packaging Digest, mai 2004. Sur Internet : http://www.packagingdigest.com/newsite/Online/online_exclusive8.php

168 Carmen I. Moraru et al.,“Nanotechnology: A New Frontier in FoodScience,” Food Technology, décembre 2003, volume 57, no12, p. 26.

169 Jack Uldrich,“Now you see it...,” Advantage, février 2004, pp.22-27. Sur Internet : http://www.fmi.org/advantage/issues/022004/pdfs/pub/nowyouseeit.pdf

170 Ibid.

171 Exposé de Del Stark, Institute of Nanotechnology,“Nanotechnology today: real life examples of nano applications”,lors de la conférence sur l’avenir des nanomatériaux, 29 juin 2004.

172 Elizabeth Gardner,“Brainy food: Academia, industry sink theirteeth into edible nano,” Small Times, 21 juin 2002.

173 Exposés de Graham Moore, Pira International,“What DoesNanotechnology Mean For You?”, lors de la conférence sur l’avenirdes nanomatériaux, 29 juin 2004.

174 Bruce Goldfarb,“Food-borne pathogens stimulatingmicroarray-based biosensor development,” Nanobiotech News,volume 1, no 19, 10 décembre 2003.

175 Ibid.

176 Ibid.

177 La devise d’Auto-ID labs, une fédération de six universités derecherche des É.-U., d’Europe, d’Asie et d’Australie, fondée en 1999pour développer une architecture à norme ouverte permettantde créer un réseau mondial continu d’objets physiques.Sur Internet : http://www.autoidlabs.org/aboutthelabs.html

178 Voir http://www.mindfully.org/Technology/2003/Wal-Mart-RFID4jun03.htm

179 Entretien de Pamela Bailey avec Michael Natan, P.D.G. deNanoplex Technologies, sur Internet (11 août 2004) : http://news.nanoapex.com/modules.php?name=Content&pa=showpage&pid=14

180 Exposé de Michael Natan, P.D.G. de Nanoplex,“Nanotechnologyto Track and Protect Packs,” lors de la conférence sur l’avenir desnanomatériaux, 29 juin 2004.

181 Le Dr Heribert Watzke, responsable de la science alimentairechez Nestlé, a utilisé l’expression “something is cooking at thebottom” pour décrire l’autoassemblage des aliments.

182 Elizabeth Gardner,“Brainy Food: academia, industry sink theirteeth into edible nano,” Small Times, 21 juin 2002.

183 Jack Uldrich,“Now you see it...,” Advantage, février 2004,pp. 22-27. Sur Internet : http://www.fmi.org/advantage/issues/022004/pdfs/pub/nowyouseeit.pdf

184 Alex Scott,“BASF takes big steps in small tech, focusing onnanomaterials,” Small Times online, 16 décembre 2002.Sur Internet : www.smalltimes.com (16 juillet 2004).

185 Ibid.

186 Ibid.

187 Correspondance courriel avec le Dr Herbert Woolf, de BASFUSA, 27 septembre 2004.

188 Voir la réponse de la FDA’ à l’avis GRAS : http://vm.cfsan.fda.gov/~rdb/opa-g119.html. La FDA a noté qu’elle pourrait avoir desquestions si le lycopène était utilisé comme colorant.

189 Entretien téléphonique avec Robert Martin, 24 septembre 2004.

190 Entretien téléphonique avec le Dr Gerhard Gans, 4 octobre 2004.

191 Voir http://vm.cfsan.fda.gov/~dms/opa-col2.html

192 Voir http://www.cfsan.fda.gov/~dms/opa-fcn.html

193 Voir la publication hors série d’ETC,“Size Matters!” 14 avril 2002,sur Internet : http://www.etcgroup.org/article.asp?newsid=392

194 Institute of Medicine, Safety of Silicone Breast Implants, TheNational Academy Press, 1999, pp. 39-40, sur Internet :http://www.nap.edu/books/0309065321/html/

195 Voir http://frwebgate.access.gpo.gov/cgi-bin/get-cfr.cgi

Page 68: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

196 Cabot Corporation et Degussa vendent toutes les deux dela silice sublimée (respectivement sous le nom de Cab-o-silet Aerosil) contenant des nanoparticules. Selon le sitehttp://www.radtecheurope.com/basf222003.html, la taillemoyenne des particules d’Aerosil 200 est de 12 nm et celle desparticules de Cab-o-sil M5, 14 nm. Voir aussi la description dubrevet US patent US6521261,“pharmaceutical excipient havingimproved compressibility,” accordé à Edward Mendell Co., É.-U.Le brevet mentionne que la taille des particules varie de 7 nmde diamètre pour des particules nominales (Cab-O-Sil S-17 ou Cab-O-Sil EH-5) à une moyenne de 40 nm pour des particulesprimaires (Aerosil OX50).

197 Carmen Moraru et al.,“Nanotechnology: A New Frontierin Food Science,” Food Technology, décembre 2003, volume 57,no 12, p. 27.

198 Bill Martineau du Freedonia Group, cité dans Wendy Wolfson,“Fish-Oil Cookies,” Technology Review, septembre 2004.

199 ETC Group,“Biotech’s ‘Generation 3,’” communiqué d’ETCGroup, décembre 2000. Sur Internet : http://www.etcgroup.org/article.asp?newsid=158

200 Ronald J. Versic,“Flavor Encapsulation: An Overview,” surInternet : http://www.rtdodge.com/flovrvw.html (16 juillet 2004).

201 Demande de brevet de Nutraleaser,WO03105607A1,“Nano-sizedself-assembled structured liquids,” publiée le 24 décembre 2003.

202 Correspondance courriel avec le Dr Nissim Garti de Nutralease,14 septembre 2004.

203 Auteur inconnu,“Israeli Innovation Turns Junk Food intoHealth Food,” Israel21c online, 5 juillet 2004; sur Internet (16 juillet2004) : http://www.israel21c.com/bin/en.jsp?enPage=BlankPage&enDisplay=view&enDispWhat=object&enDispWho=Articles%5El722&enZone=Articles&enVersion=0&

204 http://www.rbcinfo.com

205 http://www.biodeliverysciences.com/bioralnutrients.html

206 Entretien téléphonique avec le Dr Raphael Mannino,9 septembre 2004.

207 Ibid.

208 Entretien téléphonique avec le Dr Gustavo Larsen,7 septembre 2004. Il n’a pas voulu préciser les molécules surlesquelles il travaille. Pour plus d’information, voir le CurrentResearch Information System du USDA,“Nano-and Micro-Encapsulation of Food Additives and Agrochemicals.”Sur Internet : http://crisops.csrees.usda.gov

209 John Dunn,“A Mini Revolution,” Food Manufacture,1er septembre 2004. www.foodmanufacture.com

210 http://www.pgs.ch/delivery2005.htm

211 L’information relative aux nanosomes de L’Oréal se trouve surle site Web de la société : http://www.lorealusa.com/research/nanosomes.aspx

212 Ibid.

213 Royal Society et Royal Academy of Engineering, Nanoscienceand Nanotechnologies: opportunities and uncertainties,” juillet 2004,p. 80. Sur Internet : http://www.nanotec.org.uk/finalReport.htm

214 Auteur inconnu, communiqué de presse de L’Oréal,“Laboratoires INNEOV and L’Oréal: Bringing Cosmetic NutritionalSupplements to Market,” 21 octobre 2002. Sur Internet (26 juillet 2004) : http://www.lorealusa.com/press-room/full_article.aspx?idART=81&idHEADING=11

215 Auteur inconnu,“Enhancing beauty from within,” 18 avril 2003;sur Internet : http://www.cosmeticdesign.com. La marque Olay estdétenue par Procter & Gamble.

62

Page 69: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

63

ANNEXE 1 : Géants de l’industrie des aliments et boissons – RD en nanotechnologie

Entreprise

Ventes mondiales2003 aliments

& boissons(millions USD)*

Activité liée à la nanotechnologie

(si elle est connue)

Nestlé (Suisse) $54 200 Soutient un groupe de recherche en nanotechnologie alimentaire ; peu de donnéesdisponibles au public.

Altria (Kraft Foods) É.-U.

$29 700 A mis sur pied en 1999 le premier laboratoire industriel en nanotechnologiealimentaire. Finance et sponsorise le consortium Nanotek – RD sur les "boissonsintelligentes" et les nanocapsules.

Unilever (R.U. & Pays-Bas)

$25 700 R&D en nanocapsules. En 1997, Unilever a formé avec l’Université de Cambridge lacoentreprise Unilever Cambridge Center for Molecular Informatics. En 2002, Unilevera annoncé qu’elle investirait 30 millions d’€ sur trois ans dans l’Unilever TechnologyVentures, basée à Santa Barbara, Californie, afin d’identifier et d’investir dans les finan-cements consacrés à la nanotechnologie et dans les jeunes entreprises. Son objectifconsiste à accroître les activités de RD d’Unilever en exploitant de nouvelles techno-logies, y compris la génomique et la nanotechnologie.

PepsiCo (É.-U.) $25 100 Arrive au 4ème rang dans la liste des 10 principales entreprises d’aliments et boissons.

Cargill (É.-U.) $20 500 Arrive au 7ème rang dans la liste des 10 principales entreprises d’aliments et boissons.Partenariat avec EcoSynthetix pour mettre au point un amidon de maïs à échellenanométrique pour les emballages en carton.

ConAgra (É.-U.) $19 800 Arrive au 8ème rang dans la liste des 10 principales entreprises d’aliments et boissons.

General Mills $10 500 Consacre 6 à 9 000 millions d’USD à la RD en nanotechnologie.†

Sara Lee $9 800 Arrive au 19ème rang dans la liste des 100 principales entreprises d’aliments et boissons.

H. J. Heinz $8 200 Exaltation des saveurs et couleurs. Le secteur de la restauration est en traind’étendre la nanotechnologie aux distributeurs intelligents et repas intelligents, et àl’utilisation des nanomatériaux dans les emballages.†

Campbell Soup (É.-U.) $6 700 L’un des objectifs consiste à rehausser la saveur.†

Maruha (Japon) $6 300 Premier producteur de fruits de mer au Japon.

Associated BritishFoods (R.U.)

$6 000 Groupe spécialisé dans l’alimentation internationale, les ingrédients et la vente audétail, avec 4,9 milliards de £.

Ajinomoto (Japon) $5 800 La RD en nanotechnologie inclut une meilleure absorption et un meilleur systèmed’administration – tant des produits alimentaires que pharmaceutiques.†

DuPont FoodIndustry Solutions (É.-U.)

$5 500(Dupont, ventes 2003

en ag. & nutrition,source :DuPont)

C’est un partenaire stratégique en aliments, boissons & ingrédients alimentaires,créé en mai 2003. Dupont mène des recherches en transformation alimentaire à partirde la taille d’une particule, avec son Particle Size and Technology Research Group àWilmington, Delaware (É.-U.). L’entreprise a refusé de faire des commentaires.

McCain Foods(Canada)

$4 600 Firme alimentaire Canadienne privée. 7ème rang mondial des aliments surgelésen 2002.

Nippon SuisanKaisha (Japon)

$4 000 Second exploitant de produits de la mer au Japon ; ses activités de pèchereprésentent plus de 45% de ses ventes.

Nichirei (Japon) $2 800 1er producteur Japonais d’aliments surgelés.

BASF (Allemagne) 5 021 millions d’€(produits agricoleset secteuralimentaire)

Les ventes annuelles de BASF pour les produits issus de la nanotechnologiereprésentent actuellement environ 2 000 millions d’€. La majorité de ces ventes neproviennent pas des aliments, bien que BASF commercialise des additifsalimentaires contenant des nanopréparations de caroténoïde.

Goodman Fielder N/A Le plus grand producteur alimentaire d’Australie.

John Lusty Group, PLC N/A Importateur et exportateur alimentaire basé au R.U.

La Doria N/A Premier fabricant Italien de produits à base de tomates.

Northern Foods N/A L’un des plus importants producteurs alimentaires du R.U.

United Foods N/A Producteur et fabricant privé de légumes, basé aux É.U.Les entreprises ci-dessus énumérées (à l’exception de Dupont et Cargill) sont identifiées par Helmut Kaiser Consultancy comme jouant un rôle actif dans larecherche en nanotechnologie alimentaire.* Source :“The World’s Top 100 Food and Beverage Companies,” Food Engineering Magazine, 1er novembre 2003.† Source : Helmut Kaiser Consultancy.

Page 70: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

64

Cessionnaire de

brevets

Domaine

d’application,

Brevet /

Numéro de

brevet, Date de

délivrance ou de

publication

Extrait du Brevet

Atofina, France Emballage

WO04012998A3

12/02/2004

"Composition pour emballage alimentaire à partir de résine aromatique de vinylecontenant un remplisseur minéral laminé sous forme de nanoparticules."

Nutralease, Ltd.(Israël)

Biodiffusion

US 200330232095A1

18/12/2003

"Les nanoconcentrés de la présente invention permettent la solubilisation, letransport et la dilution efficaces de nutraceutiques, suppléments alimentaires,additifs alimentaires, extraits de plantes, médicaments, peptides, protéines ouhydrates de carbone liposolubles, non liposolubles ou hydrosolubles. Ils peuventdonc constituer des vecteurs efficaces pour véhiculer des matériaux actifs dansl’organisme humain.

Pas d’information Biodiffusion

US200330152629A1

14/08/2003

"Système de diffusion contrôlée permettant d’encapsuler différentes saveurs,marqueurs sensoriels et ingrédients actifs, ou des combinaisons de saveurs, demarqueurs sensoriels et de plusieurs ingrédients actifs, et de diffuser de multiplesingrédients actifs de manière consécutive, l’un après l’autre. Le système de diffusioncontrôlée consiste en une poudre fluide, formée de nanosphères hydrophobesencapsulées dans des microsphères sensibles à l’humidité."

Qingtian NewMaterial Research &Development Co.(Chine)

Additif alimentaire

CN140996A

16/04/2003

"Nanopoudre antibactérienne ne décolorant pas les aliments et contenant desnanoparticules de phosphate de zirconium, qui assurent un rôle de vecteur, ainsi qu’uncomposant antibactérien actif. Ses avantages : faible granularité, large spectre, hautecompatibilité, stabilité et efficacité antibactérienne, non toxique."

PengchengVocational Univ.(Chine)

EmballageAlimentaire

CN1408746A

09/04/2003

"Film plastique antibiotique pour préserver la fraîcheur ; méthode de production."

HenkelKommandiGesell-schaft Auf Aktien,Düsseldorf,Allemagne

TransformationAlimentaire,Biodiffusion

US6204231

20/03/2001

"Alcali aqueux et caustique destiné au nettoyage des équipements de transformationalimentaire, sous forme de concentré régénéré utilisé directement dans les alimentspour animaux ; contient de l’hydroxide de potassium aqueux et, optionnellement,d’autres alcalis, notamment l’hydroxide de sodium."

Pas d’information Biodiffusion

US6197757

06/03/2001

"Particules, et plus particulièrement microparticules ou nanoparticules, demonosaccharides et oligosaccharides enchaînés ; techniques de fabrication et produitscosmétiques, pharmaceutiques ou alimentaires dans lesquels ils sont présents."

Kraft Foods Biodiffusion

EP1355537A1

29/10/2003

"Production de capsules et particules pour améliorer les produits alimentaires."

BASF Biodiffusion,Additif alimentaire

US5891907

06/04/1999

"Solubilisants aqueux et stables, indiqués pour l’administration parentérale decaroténoïdes et vitamines, ou de dérivés de vitamines, dans lesquels lescaroténoïdes et les vitamines non hydrosolubles prennent, sous l’action d’unémulsifiant nonionique, la forme d’une solution micellaire, avec des micellesinférieures à 100 nm."

ANNEXE 2 : Nanobrevets en Alimentation et Emballages Alimentaires

Page 71: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

65

Cessionnaire de

brevets

Domaine

d’application,

Brevet /

Numéro de

brevet, Date de

délivrance ou de

publication

Extrait du Brevet

BASF Additif alimentaire

US5968251

19/10/1999

"Préparations aux caroténoïdes sous forme de poudre dispersable dans l’eau froide,produite… à partir d’une solution moléculaire dispersée de caroténoïde, avec ousans émulsifiant et/ou huile alimentaire, dans un solvant organique volatile miscibledans l’eau à haute température, auquel on ajoute ensuite une solution aqueuse d’uncolloïde protecteur ; puis le composant hydrophile solvant passe à la phase aqueuse,la phase hydrophobe du caroténoïde résultant en phase nanodispersée…"

Rohm and Haas Biodiffusion

EP1447074A2

18/08/2004

"Nanoparticules polymériques pour produits de consommation. Nanoparticulespolymériques à liaison transversale de 1 à 10 nm de diamètre, incluant desingrédients pour le soin de la peau et des ingrédients alimentaires."

Borealis Technology(Finlande)

Emballage

WO04063267A1

29/07/2004

"Article comprenant une composition de polymères étirés avec nanoremplisseurs :article en polymère (film d’emballage alimentaire par exemple) incluant unecomposition de polymères avec une matrice de polyoléfine et un nanoremplisseurdiffusé dans la matrice."

Cap-SolutionNonoscience Ag,(Allemagne)

Biodiffusion

WO04030649A2

15/04/2004

"Microcapsules ou nanocapsules contenant un agent soluble dans une faible quantitéd’eau, utilisées par exemple pour diffuser rapidement des médicaments administréspar voie orale, et dont la coquille perméable comporte des polyélectrolytes et descontre-ions."

University CollegeDublin, UniversitéNationale d’Irlande,Dublin

Additif alimentaire

WO04016696A1

26/02/2004

"Méthode pour produire des microparticules imprimées, comprend des micropar-ticules immobilisantes, notamment des nanoparticules, qui seront dessinées sur lasurface d’une membrane poreuse, ce qui donne un matériau d’enrobage organiqueou inorganique capable de se fixer à des surfaces exposées aux microparticules enquestion… Les microparticules imprimées qui sont fabriquées peuvent être utiliséesdans grand nombre d’applications à la santé, l’information et la communication, etdans un environnement durable comme le logement, l’habillement, l’énergie,l’alimentation, le transport et la sécurité."

Rhodia Chimie,Boulogne-Billancourt Cedex,France

Biodiffusion

WO03095085A1

20/11/2003

"Dispersions colloïdales de nanoparticules de phosphate de calcium et d’uneprotéine au moins, ces nanoparticules étant de forme sphérique et d’une taillecomprise entre 50 et 300 nm… L’invention peut s’appliquer à l’alimentation, auxcosmétiques et à l’industrie pharmaceutique."

Shanxi CoalChemistry Inst.,Chinese Academy ofScience, Chine

Emballage

CN1454939A

12/11/2003

"Méthode de préparation de nanogranules de dioxyde de titane à la surfaceenrobée d’oxyde d’aluminium. Le diamètre du nanograin de dioxyde de titane estcompris entre 10 et 100 nm, sa surface est enrobée d’une membrane en oxyded’aluminium. Le dioxyde de titane nanométrique enrobé de dioxyde d’aluminiumpossède de bonnes propriétés de dispersion, il peut provoquer la dispersion d’uneseule granule, représente un excellent agent de protection anti-UV et peut êtreutilisé dans la peinture, le caoutchouc, les fibres, matériaux d’enrobage, protecteurssolaire, l’encre d’impression, l’emballage alimentaire, etc."

Page 72: La Ferme Atomiseel: impact des nanotechnologies sur l'agriculture et l'alimentation

Cessionnaire de

brevets

Domaine

d’application,

Brevet /

Numéro de

brevet, Date de

délivrance ou de

publication

Extrait du Brevet

Gerold, Lukowski,Jülich, Wolf-Dieter,Ulrike Lindequist,Sabine Mundt

Additif alimentaire

DE10310021A1

23/10/2003

"Micro ou nanoparticules de biomasse d’organismes marins riches en lipides,utilisées comme agents actifs par l’industrie pharmaceutique ou cosmétique, oucomme additif alimentaire, pour empêcher par exemple les bactéries d’adhérer à lapeau ou au tissu."

Guan-ZhouInstitute ofChemistry, ChineseAcademy ofSciences

Additif alimentaire

CN1448427A

15/10/2003

"Avicel nanométrique dispersable dans l’eau, préparation et colloïde : la nanopoudremicrocristalline de cellulose est une nanocellulose microcristalline modifiée ensurface, à laquelle on ajoute un colloïde hydrophile à concurrence de 5-150 %du pm de la nanocellulose microcristalline, et la taille de son grain oscille entre6,3 et 100 nanomètres. Durant la préparation, le colloïde hydrophile est dispersé demanière homogène dans le milieu aquatique de la nanocellulose microcristallineà surface modifiée, puis le mélange est ensuite séché et broyé. La nanocellulosemicrocristalline se diffuse aisément dans l’eau pour former un colloïde homogène,doté d’un fort pouvoir adhérent et conservant la taille réduite de la cellulosemicrocristalline, de sorte que son domaine d’application est vaste et de premierordre dans la production d’aliments, la médecine, la fabrication de papier, lestextiles, la préparation de nouveaux matériaux, et d’autres domaines encore."

Zhang Liwen Chine Additif alimentaire,Biodiffusion

CN1439768A

03/09/2003

"Nanopoudre de plumes, méthode de fabrication et utilisation : genre de nanopoudrede duvet de plumes utilisée comme additif fonctionnel et de soin de santé dansl’alimentation, les aliments pour animaux, les cosmétiques, la médecine, ou les fibreschimiques. Cette nanopoudre est préparée à partir du duvet de plumes de canard,d’oie, d’oiseaux, etc., qui est lavé à l’eau, trié, pulvérisé, immergé dans l’alcool, séchéen centrifugeuse, passé au micro-onde à oscillations, refroidi rapidement, pulvériséà basse température et tamisé. Ses avantages : aucune perte de composant actif,grande surface d’action spécifique, activité moléculaire, affinité avec l’organismehumain, et plus d’effet supérieur sur les soins de santé.

Nano-MaterialsTechnology Pte Ltd.,Singapour BeijingUniversity ofChemicalTechnology

?

WO03055804A1

10/07/2003

"Carbonate de calcium de formes diverses, notamment en épi, pétale, filament, aiguille,lamelle, sphère et fibre. La taille moyenne d’une particule de carbonate de calcium estcomprise entre 10 nm et 2,5 μm ; le carbonate de calcium peut être employé dansdivers secteurs, comme le caoutchouc, le plastique, la fabrication de papier, l’enrobage,les matériaux de construction, l’encre, la peinture, l’alimentation, la médecine,l’industrie chimique nationale, le textile et la nourriture."

CellresinTechnologies, Llc

Emballage

US20030129403A1

10/07/2003

"Matériau obstructeur contenant des nanoparticules de métal, utilisé pour recouvrirdes couches de plastique, ou dans les matériaux d’emballage en contact avec lesaliments ; comprend des particules de zinc, d’un métal aux réactions similaires, oud’un alliage de métaux, dispersées dans le matériau à matrice."

BridgestoneCorporation, Tokyo,Japon

Additif alimentaire

US6579929

17/06/2003

"Silice stabilisée, méthode de préparation et d’utilisation : on produit de la silice nonagglomérée à surface stabilisée… [sa] taille est de l’ordre du nanomètre. La silicenon agglomérée à surface stabilisée peut être employée comme additif pour touteapplication faisant appel à la silice, comme les remplisseurs de renfort pour les produitsélastomériques, les aliments, médicaments, dentifrices, encres, toners, revêtementset abrasifs."

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Cessionnaire de

brevets

Domaine

d’application,

Brevet /

Numéro de

brevet, Date de

délivrance ou de

publication

Extrait du Brevet

Solubest Ltd,Rehorot, Israël

Biodiffusion,Additif alimentaire

WO03028700A3

10/04/2003

"Nanoparticules hydrosolubles de matériaux actifs hydrophiles et hydrophobes :cette invention permet de produire des nanoparticules solubles formées d’unnoyau (lipophile et non hydrosoluble), d’un composé ou d’un composé hydrophileet d’un polymère amphiphile, et faisant preuve d’une meilleure solubilité et/oustabilité. Le composé lipophile à l’intérieur des nanoparticules solubles ("solu-nanoparticules") peut être un composé pharmaceutique, un additifalimentaire, un cosmétique, un produit agricole et vétérinaire."

Central P BV,Naarden, Pays-Bas

Biodiffusion

WO03024583A1

27/03/2003

Systèmes colloïdaux novateurs dispersables à base de calixarène, sous forme denanoparticules, destinés à l’usage médical, biologique, vétérinaire, cosmétique etalimentaire, avec des nanoparticules contenant du calixarène modifié parprocédé amphiphile."

Wageningen Centrefor Food Sciences,Wageningen,Pays-Bas

Aliment

WO03011040A1

13/02/2003

"Procédé novateur pour fabriquer une composition aqueuse sous forme de gel, ceprocédé faisant appel à une protéine globulaire produisant du gel, comme la protéinede sérum, l’ovalbumine ou la protéine de soja… L’invention concerne également lesproduits obtenus grâce au procédé ci-dessus mentionné."

Université de Séville,Université deMalaga, Espagne

Biodiffusion,Additif alimentaire

WO02060591A1

08/08/2003

"Dispositif et méthode pour produire des flux capillaires liquides à multiples composantsstationnaires et des microcapsules et nanocapsules, dont le diamètre peut varier dequelques dizaines de nanomètres à des centaines de microns, et amenant à unepulvérisation relativement monodispersée de goutelettes multi-composants pourvuesde charge électrique, générées par la rupture des flux en raison de l’instabilité capillaire.Le dispositif et la méthode peuvent être employés dans des domaines comme lascience des matériaux et la technologie alimentaire, dans la mesure où la générationet manipulation contrôlée de flux structurés à échelle micrométrique et nanométriqueconstitue une partie importante du procédé."

Mars, Inc. Additif alimentaire

US5741505

21/04/1998

“... Un produit comestible enrobé comprenant… un matériau comestible… et unenrobage inorganique continu à la surface du matériau comestible, l’enrobage enquestion recouvrant au moins une partie du matériau comestible, et ayant uneépaisseur comprise entre 0.0001 et 0.5 microns."

Globoasia, L.L.C.,Hanover, Md.

Additif alimentaire

(agent de conservation)

US6379712

30/04/2002

"L’invention concerne les nanogranules en argent contenant un agent antibactérienet fongicide ("NAG" en Anglais). Les NAG ont un effet inhibitoire de longue duréesur un vaste spectre de bactéries et champignons. Les NAG peuvent être utiliséesdans de nombreux produits industriels et les soins de santé… Ces produitsindustriels incluent, mais ne se limitent pas à, des agents de conservation, desdésinfectants pour l’eau et le papier, des matériaux de remplissage employés enconstruction (pour prévenir l’apparition de moisissures)."

Cognis, AllemagneGmbh, Düsseldorf,Allemagne

Additif alimentaire

US6352737

05/03/2002

"Usage de nanostérols et/ou nanoesters de stérol avec des particules d’un diamètrevariant de 10 à 300 nm, comme additif alimentaire et substance active dans laproduction d’agents hypocholestérolémiants. La finesse exceptionnelle desparticules favorise une absorption plus rapide par le sérum du sang, après ingestionpar voie orale, comparée aux stérols et esters de stérol conventionnels."

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Cessionnaire de

brevets

Domaine

d’application,

Brevet /

Numéro de

brevet, Date de

délivrance ou de

publication

Extrait du Brevet

Henkel Kgaa,Düsseldorf,Allemagne

Additif alimentaire

DE10027948A1

20/12/2001

"Production d’une suspension de matériau liquéfiable et indécomposable, utiliséepar exemple dans les industries pharmaceutique, cosmétique et alimentaire ;comprend la préparation d’une émulsion à partir du matériau en question, unephase liquide et un agent modificateur de surface, puis le refroidissement."

Coletica, Lyons,France

Biodiffusion

US6303150

16/10/2001

"Méthode de production permettant d’obtenir des nanocapsules avec des paroisde protéines enchaînées, également utilisées dans les produits cosmétiques,pharmaceutiques et alimentaires."

Lu Bingkun Chine Emballage

CN1298902A

13/06/2001

"Procédé de fabrication d’un plastique antibactérien destiné au conditionnementdes aliments ou boissons à partir d’une nanopoudre antibactérienne."

Wolff Walsrode Ag.(Allemagne)

Emballage

DE19937117A1

08/02/2001

“Film utilisé pour emballer les produits alimentaires, contient au moins une couche decopolyamide comprenant 10 à 2000 ppm nanoparticules dispersées à nucléation.”

Tetra Laval Holdings & Finance S.A.

Emballage

US6117541

12/09/2000

"Matériau de polyoléfine intégré aux nanoparticules : emballage plastique utilisépour conditionner les liquides alimentaires, comme le lait ou le jus, comprenant unecouche de polyoléfine parsemée de nanoparticules d’argile capables de fairebarrage au gaz.

Pas d’information Emballage

US5946930

08/02/2001

"Conditionnement auto-réfrigérant pour aliments et boissons, emploie desnanotubes de fullerène."

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