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A52 70 e Congrès de la Société nationale franc ¸ aise de médecine interne, Paris (La Villette), 10–12 décembre 2014 / La Revue de médecine interne 35S (2014) A16–A95 Auteur correspondant. Adresse e-mail : sebastien [email protected] (S. Sanges) Introduction La sclérodermie systémique (SSc) est une maladie fibrosante multiviscérale, associée à des anomalies dysim- munitaires. Plusieurs observations cliniques et expérimentales suggèrent la participation des lymphocytes B (LB) aux phénomènes inflammatoires et fibrosants à l’origine de la maladie, mais la nature exacte de leur implication n’a encore pas été explorée. Ce travail vise donc à étudier les modifications de l’homéostasie B dans un modèle murin de SSc (souris « HOCl »), au plan phénotypique et fonctionnel, à différents stades de la maladie expérimentale. Matériels et méthodes Quarante-huit souris Balb/c ont rec ¸u des injections sous-cutanées quotidiennes d’acide hypochloreux (HOCl) ou de PBS (groupe témoin), puis ont été sacrifiées au 21 e jour (j21 : phase précoce, inflammatoire) ou au 42 e jour (j42 : phase tardive, fibrosante) du début du protocole (n = 12 dans chacun des 4 groupes). Les rates des souris ont été recueillies et broyées immédiatement. La répartition des principales popu- lations leucocytaires spléniques (lymphocytes B, T CD4, T CD8, monocytes-macrophages) et des sous-populations B (transition- nelles, folliculaires, LB de la zone marginale, B1) a été analysée par cytométrie en flux. Les propriétés fonctionnelles des LB ont été évaluées par mise en culture des différentes populations (après tri MACS et/ou FACS) et dosage de différentes cyto- kines dans le surnageant (après stimulation par LPS et CD40L pendant 48 h). Résultats Au plan phénotypique, les souris HOCl présentent une expansion B aux 2 temps de la maladie. Celle-ci prédomine sur les formes transitionnelles en phase précoce, sur les formes matures (folliculaires et LB de la zone marginale) en phase tardive. Au plan fonctionnel, nous avons identifié 2 cytokines produites en quan- tité différente entre les 4 groupes : IL-6 et MIP-1. Ces 2 cytokines sont sécrétées à des taux plus importants dans le surnageant de culture des LB HOCl, aux 2 temps de la maladie. Au sein du com- partiment B, la sécrétion d’IL-6 paraît être essentiellement assurée par la sous-population de la zone marginale. Du fait de ses vertus potentiellement régulatrices, une attention particulière a été don- née à la production d’IL-10. Les taux d’IL-10 dans le surnageant de culture des LB apparaissent similaires dans les 4 groupes. Conclusion Notre travail est le premier à mettre en évidence des anomalies de l’homéostasie B dans un modèle murin de SSc. Il suggère une implication du LB dans la physiopathologie de la mala- die, par le biais de la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires et pro-fibrosantes (comme IL-6 et MIP-1) et l’expansion de sous- populations délétères (notamment MZ). Déclaration d’intérêts DL a rec ¸ u une bourse d’Octapharma. Pas d’autre conflit d’intérêt. Remerciements Ce travail a bénéficié du soutien financier de l’Association des sclérodermiques de France et d’Octapharma. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.079 CO063 Survie en dialyse chronique des patients atteints de myélome ou d’amylose AL : analyse des données du registre REIN de 2002 à 2011 A. Decourt 1 , C. Couchoud 2 , J.C. Delaroziere 3 , B. Gondouin 4 , M. Sallée 1 , S. Burtey 1 , L. Chiche 5 , R. Costello 6 , B. Dussol 4 , P. Brunet 1 , Y. Berland 4 , N. Jourde-Chiche 1,1 Service de néphrologie, CHU de la Conception, Marseille 2 Agence de la biomédecine, 1, avenue du Stade de France, Saint Denis La Plaine 3 Santé publique, CHU Timone, Marseille 4 Néphrologie, CHU Conception, Marseille 5 Service de médecine interne, CHU de la Conception, Marseille 6 Service d’hématologie, CHU de la Conception, Marseille Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Jourde-Chiche) Introduction Le myélome multiple (MM) et l’amylose AL (AAL) se compliquent fréquemment d’une insuffisance rénale aigue ou chronique qui grève leur pronostic et peut nécessiter un traitement de suppléance par dialyse chronique. Les nouvelles chimiothéra- pies telles que le bortezomib ont amélioré le pronostic global des patients atteints de MM ou d’AAL, mais leur bénéfice n’est pas démontré chez les patients en dialyse chronique. L’objectif de cette étude était d’analyser la survie en dialyse et les facteurs de risque de mortalité ´ des patients atteints de MM ou d’AAL incidents en dia- lyse chronique entre janvier 2002 et décembre 2011 en France à partir des données du registre national REIN. Patients et méthodes Tous les patients incidents en dialyse chro- nique entre 2002 et 2011 du fait d’un rein myélomateux, d’une amylose AL ou d’une maladie de Randall, enregistrés dans REIN, ont été ´ inclus. La survie, les facteurs de risque de décès, les causes de décès et la récupération rénale ont été ´ analysés. La survie et le sevrage de la dialyse ont été comparés selon deux périodes : de 2002 à 2005 (avant l’utilisation du bortezomib chez les patients avec atteinte rénale) et de 2006 à 2011. Les patients hématologiques ont été comparés à une cohorte de patients dialysés témoins. Résultats Parmi les 63 349 patients incidents en dialyse entre 2002 et 2011, 1462 (2,3 %) patients étaient en dialyse du fait d’une gammapathie monoclonale : rein myélomateux pour 861 (59 %), amylose AL pour 267 (18 %) et maladie de Randall pour 334 (23 %) patients. Le suivi médian était de 13,1 mois (IQR 4–33). L’âge médian était de 72,3 ans (63,9–78,9) avec 55,7 % d’hommes. Au cours du suivi, 982 (77,2 %) patients sont décédés. La médiane de survie en dialyse chronique était de 18,3 mois (IC95 % 16,3–19,9) alors qu’elle était de 51,6 mois (IC95 % 49,6–54,1) dans la cohorte contrôle de patients dia- lysés chroniques. Les causes de décès étaient principalement néoplasiques (34 %), cardio-vasculaires (18 %) ou infectieuses (13 %). Les facteurs de risque de décès ajustés en analyse multivariée étaient l’âge (HR 1,026 – p < 0,001), l’incapacité à mar- cher sans aide (HR 1,931 – p < 0,001), l’insuffisance cardiaque (HR 1,536 – p < 0,001) et l’initiation de la dialyse sur un cathéter central (HR 1,395 – p = 0,004). Deux facteurs étaient protecteurs : l’année d’initiation de la dialyse (HR 0,947 – p = 0,008), et l’hypertension artérielle (HR 0,803 – p = 0,019). La période d’initiation de dialyse 2006–2011 n’était pas significativement associée à une meilleure survie, mais le taux de sevrage de la dialyse était significative- ment plus élevé par rapport à la période 2002–2005 (10,4 % vs 4 % p < 0,001) chez les patients hématologiques. Conclusion Ces données confirment le pronostic sombre des patients mis en dialyse suite à un MM, une AAL ou une maladie de Randall, avec néanmoins une amélioration de la survie au cours du temps entre 2002 et 2011. L’incidence du sevrage de la dialyse chez des patients pourtant considérés comme chroniques a aug- menté de fac ¸ on significative entre 2002–2005 et 2006–2011, après l’utilisation large du bortezomib chez les patients avec atteinte rénale. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.080 CO064 La fièvre Ebola : organisation de la riposte et hantise au Sénégal M.M. Diop 1,, P.S. Touré 2 , A. Berthé 2 , B.M. Diop 3 , M.M. Ka 2 1 Médecine, centre hospitalier régional de Thiès, 80, Hlm route de Mbour Thiès, Thiès, Sénégal 2 Médecine, hôpital régional de Thiès, Thies 3 Médecine, centre hospitalier universitaire Aristide Le Dantec, Dakar, Sénégal Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M.M. Diop)

La fièvre Ebola : organisation de la riposte et hantise au Sénégal

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Page 1: La fièvre Ebola : organisation de la riposte et hantise au Sénégal

A52 70e Congrès de la Société nationale francaise de médecine interne, Paris (La Villette), 10–12 décembre 2014 / La Revue de médecine interne 35S (2014) A16–A95

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : sebastien [email protected] (S. Sanges)

Introduction La sclérodermie systémique (SSc) est une maladiefibrosante multiviscérale, associée à des anomalies dysim-munitaires. Plusieurs observations cliniques et expérimentalessuggèrent la participation des lymphocytes B (LB) aux phénomènesinflammatoires et fibrosants à l’origine de la maladie, mais la natureexacte de leur implication n’a encore pas été explorée. Ce travailvise donc à étudier les modifications de l’homéostasie B dans unmodèle murin de SSc (souris « HOCl »), au plan phénotypique etfonctionnel, à différents stades de la maladie expérimentale.Matériels et méthodes Quarante-huit souris Balb/c ont recudes injections sous-cutanées quotidiennes d’acide hypochloreux(HOCl) ou de PBS (groupe témoin), puis ont été sacrifiées au 21e

jour (j21 : phase précoce, inflammatoire) ou au 42e jour (j42 :phase tardive, fibrosante) du début du protocole (n = 12 danschacun des 4 groupes). Les rates des souris ont été recueillieset broyées immédiatement. La répartition des principales popu-lations leucocytaires spléniques (lymphocytes B, T CD4, T CD8,monocytes-macrophages) et des sous-populations B (transition-nelles, folliculaires, LB de la zone marginale, B1) a été analyséepar cytométrie en flux. Les propriétés fonctionnelles des LB ontété évaluées par mise en culture des différentes populations(après tri MACS et/ou FACS) et dosage de différentes cyto-kines dans le surnageant (après stimulation par LPS et CD40Lpendant 48 h).Résultats Au plan phénotypique, les souris HOCl présentent uneexpansion B aux 2 temps de la maladie. Celle-ci prédomine sur lesformes transitionnelles en phase précoce, sur les formes matures(folliculaires et LB de la zone marginale) en phase tardive. Au planfonctionnel, nous avons identifié 2 cytokines produites en quan-tité différente entre les 4 groupes : IL-6 et MIP-1�. Ces 2 cytokinessont sécrétées à des taux plus importants dans le surnageant deculture des LB HOCl, aux 2 temps de la maladie. Au sein du com-partiment B, la sécrétion d’IL-6 paraît être essentiellement assuréepar la sous-population de la zone marginale. Du fait de ses vertuspotentiellement régulatrices, une attention particulière a été don-née à la production d’IL-10. Les taux d’IL-10 dans le surnageant deculture des LB apparaissent similaires dans les 4 groupes.Conclusion Notre travail est le premier à mettre en évidence desanomalies de l’homéostasie B dans un modèle murin de SSc. Ilsuggère une implication du LB dans la physiopathologie de la mala-die, par le biais de la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires etpro-fibrosantes (comme IL-6 et MIP-1�) et l’expansion de sous-populations délétères (notamment MZ).Déclaration d’intérêts DL a recu une bourse d’Octapharma. Pasd’autre conflit d’intérêt.Remerciements Ce travail a bénéficié du soutien financier del’Association des sclérodermiques de France et d’Octapharma.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.079

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Survie en dialyse chronique despatients atteints de myélome oud’amylose AL : analyse des données duregistre REIN de 2002 à 2011A. Decourt 1, C. Couchoud 2, J.C. Delaroziere 3, B. Gondouin 4,M. Sallée 1, S. Burtey 1, L. Chiche 5, R. Costello 6, B. Dussol 4,P. Brunet 1, Y. Berland 4, N. Jourde-Chiche 1,∗1 Service de néphrologie, CHU de la Conception, Marseille2 Agence de la biomédecine, 1, avenue du Stade de France, Saint DenisLa Plaine3 Santé publique, CHU Timone, Marseille4 Néphrologie, CHU Conception, Marseille5 Service de médecine interne, CHU de la Conception, Marseille6 Service d’hématologie, CHU de la Conception, Marseille∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (N. Jourde-Chiche)

Introduction Le myélome multiple (MM) et l’amylose AL (AAL)se compliquent fréquemment d’une insuffisance rénale aigue ouchronique qui grève leur pronostic et peut nécessiter un traitementde suppléance par dialyse chronique. Les nouvelles chimiothéra-pies telles que le bortezomib ont amélioré le pronostic global despatients atteints de MM ou d’AAL, mais leur bénéfice n’est pasdémontré chez les patients en dialyse chronique. L’objectif de cetteétude était d’analyser la survie en dialyse et les facteurs de risquede mortalitédes patients atteints de MM ou d’AAL incidents en dia-lyse chronique entre janvier 2002 et décembre 2011 en France àpartir des données du registre national REIN.Patients et méthodes Tous les patients incidents en dialyse chro-nique entre 2002 et 2011 du fait d’un rein myélomateux, d’uneamylose AL ou d’une maladie de Randall, enregistrés dans REIN,ont étéinclus. La survie, les facteurs de risque de décès, les causesde décès et la récupération rénale ont étéanalysés. La survie et lesevrage de la dialyse ont été comparés selon deux périodes : de 2002à 2005 (avant l’utilisation du bortezomib chez les patients avecatteinte rénale) et de 2006 à 2011. Les patients hématologiquesont été comparés à une cohorte de patients dialysés témoins.Résultats Parmi les 63 349 patients incidents en dialyse entre2002 et 2011, 1462 (2,3 %) patients étaient en dialyse du faitd’une gammapathie monoclonale : rein myélomateux pour 861(59 %), amylose AL pour 267 (18 %) et maladie de Randallpour 334 (23 %) patients. Le suivi médian était de 13,1 mois(IQR 4–33). L’âge médian était de 72,3 ans (63,9–78,9) avec55,7 % d’hommes. Au cours du suivi, 982 (77,2 %) patients sontdécédés. La médiane de survie en dialyse chronique était de18,3 mois (IC95 % 16,3–19,9) alors qu’elle était de 51,6 mois(IC95 % 49,6–54,1) dans la cohorte contrôle de patients dia-lysés chroniques. Les causes de décès étaient principalementnéoplasiques (34 %), cardio-vasculaires (18 %) ou infectieuses(13 %). Les facteurs de risque de décès ajustés en analysemultivariée étaient l’âge (HR 1,026 – p < 0,001), l’incapacité à mar-cher sans aide (HR 1,931 – p < 0,001), l’insuffisance cardiaque (HR1,536 – p < 0,001) et l’initiation de la dialyse sur un cathéter central(HR 1,395 – p = 0,004). Deux facteurs étaient protecteurs : l’annéed’initiation de la dialyse (HR 0,947 – p = 0,008), et l’hypertensionartérielle (HR 0,803 – p = 0,019). La période d’initiation de dialyse2006–2011 n’était pas significativement associée à une meilleuresurvie, mais le taux de sevrage de la dialyse était significative-ment plus élevé par rapport à la période 2002–2005 (10,4 % vs 4 %p < 0,001) chez les patients hématologiques.Conclusion Ces données confirment le pronostic sombre despatients mis en dialyse suite à un MM, une AAL ou une maladiede Randall, avec néanmoins une amélioration de la survie au coursdu temps entre 2002 et 2011. L’incidence du sevrage de la dialysechez des patients pourtant considérés comme chroniques a aug-menté de facon significative entre 2002–2005 et 2006–2011, aprèsl’utilisation large du bortezomib chez les patients avec atteinterénale.Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.080

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La fièvre Ebola : organisation de lariposte et hantise au SénégalM.M. Diop 1,∗, P.S. Touré 2, A. Berthé 2, B.M. Diop 3, M.M. Ka 2

1 Médecine, centre hospitalier régional de Thiès, 80, Hlm route deMbour Thiès, Thiès, Sénégal2 Médecine, hôpital régional de Thiès, Thies3 Médecine, centre hospitalier universitaire Aristide Le Dantec, Dakar,Sénégal∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (M.M. Diop)

Page 2: La fièvre Ebola : organisation de la riposte et hantise au Sénégal

70e Congrès de la Société nationale francaise de médecine interne, Paris (La Villette), 10–12 décembre 2014 / La Revue de médecine interne 35S (2014) A16–A95 A53

Introduction La nouvelle épidémie de la fièvre hémorragique àvirus Ebola (FHE), apparue le 9 février en Guinée (Conakry) a misen alerte le monde entier, l’Afrique de l’Ouest en particulier. Desstratégies de riposte ont alors été mises en place dans la hâte dictéepar la grande létalité de cette maladie émergente.Résultats Les actions du Gouvernement du Sénégal ont alorsconsisté en : une mobilisation d’un fonds de gestion des épidé-mies (145 000 000 FCFA, soient 220 000 euros), la mise en placed’un Comité national de crise de gestion des épidémies et desrumeurs (impliquant en particulier les ministères de la Santé, del’Intérieur et de l’Élevage) qui se réunit deux fois par semaine. Leplan de riposte contre Ebola était axé ainsi sur : le renforcementde la surveillance épidémiologique (air, mer et terre) ; l’Inventaireet l’équipement de salles d’isolement provisoires dans toutes lesrégions ; le choix des hôpitaux ; l’acheminement des prélèvementsselon les règles de biosécurité de niveau 3 vers l’Institut Pasteurde Dakar ; le déploiement du Samu national dans tout le pays ainsique de 5900 kits de protection et de produits de désinfection. Cesmesures ont été renforcées lorsque est apparu un cas importé dela Guinée et qui a engendré une grande panique. Ainsi, divers casde stigmatisation malheureuse ont été relevés ca et là concer-nant des hémorragies digestives, convulsions fébriles en pleinerue ou les aires géographiques supposées avoir été traversées parce patient. Des fausses alertes ont ainsi été notés dès lors, avecmanifestement une suspicion excessive liée à la hantise des popu-lations mais aussi des praticiens.Discussion L’épidémie du virus Ebola a surpris. Son extensionen Guinée, Sierra Léone et Libéria n’était pas attendue. Le niveaude propagation dans la population comme parmi les personnelsde santé ne pouvait être prédite. Le personnel de santé n’est pasformé à la base pour ce type de situation. La létalité dans ce per-sonnel de santé est alarmante, et aura des répercussions durablespour les pays touchés. Une désertion tout à fait compréhensibledes structures par le personnel de santé est notée dans ces pays.Les patients meurent le plus souvent par manque d’assistance etparfois banalement de nourriture. Nos hôpitaux ne sont ni prépa-rés, ni équipés pour cette épidémie. Une forte stigmatisation est encours, à l’adresse des patients atteints, des structures de santé, maiségalement des parents et potentiels contacts de malades. Le risqued’abandon par les patients, des structures de santé ayant recu unpatient Ebola, est avéré. Enfin, l’évolution de cette épidémie dans lasous région ouest africaine dans les mois ou années à venir n’est pasprévisible. Toutefois, un bon état de veille a été engendré par cettenouvelle situation et la réflexion est tous les jours plus poussée.Ainsi, la mise en place rapide de 2 hôpitaux (avec un montage à typede tentes) dans des zones stratégiques du Sénégal est sérieusementétudiée. Cette stratégie qui impliquerait le génie militaire en partie,permettrait de pallier à un éventuel « spread over » encouru lorsquetous les cas sont pris en charge sur place comme dans le schémaactuel. En effet, les risques avérés et actuels sont les suivants :– perturbation durable des dispositifs de fonctionnement déjà enplace dans les hôpitaux ;– exposition d’un grand nombre de personnels non spécialementformés en même temps et dans plusieurs sites différents du pays ;– risque accru de diffusion de la maladie.Conclusion La réalité de la FHE a permis d’activer sérieusementles mécanismes de prévention et de lutte contre les grandes épi-dèmies en Afrique de l’Ouest et exige actuellement une « veillearmée ». Des plans de riposte sont en place mais méritent d’êtreaméliorés voire pérennisés.Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.Pour en savoir plusGonzalez JP, et al. Bull Soc Pathol Exot 2005;98(3):210–7.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.081

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Description des complicationsinfectieuses et de leurs facteurs derisque chez des patients traités pourune vascularite à ANCA : étude decohorte de 97 patientsC. Doutrelon 1,∗, L. Estibaliz 2, M. Patrick 3, F. Bonnet 3,J.L. Pellegrin 2, J.-F. Viallard 2

1 Médecine interne, rue de Bethmann, Bordeaux2 Médecine interne, hôpital Haut-Lévèque, Pessac3 Médecine interne, hôpital Saint-André, Bordeaux∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (C. Doutrelon)

Introduction L’utilisation des traitements immunosuppresseursdans les vascularites à ANCA (AAV) a transformé le pronostic de cegroupe de maladies. Néanmoins, la morbimortalité liée à ces molé-cules est importante. Les infections sont la première cause de décèsdans l’année suivant l’introduction du traitement. L’objectif de cetteétude est de décrire les complications infectieuses et identifierdes facteurs de risque démographique, clinique et/ou biologiqued’infection chez des patients suivis pour une AAV.Patients et méthodes Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospectivede l’ensemble des patients suivis pour une AAV selon les critèresde l’ACR dans 3 services de médecine interne du CHU de Bordeauxentre 1995 et 2013. Les données démographiques, cliniques, biolo-giques et thérapeutiques ont été collectées au diagnostic, à 3 mois(M3), au moment de l’épisode infectieux et au dernier suivi. Lespatients étaient séparés en deux groupes : ceux qui ont présentéau moins une infection majeure « Infection + » et ceux qui n’ontprésenté aucune complication infectieuse « Infection– ». Les infec-tieuses majeures étaient décrites comme celles nécessitant unehospitalisation ou un traitement antibiotique intra-veineux. Lesfacteurs de risques d’infection indépendants étaient identifiés parun test de régression logistique.Résultats Au cours de leur suivi, 51 (52,6 %) patients ont pré-senté 73 épisodes infectieux avec une médiane de survenue de40,5 mois [6 ; 60] pour le premier épisode et 2 décès. Tous lespatients ont été hospitalisés dont 8 % dans un service de réanima-tion. Le traitement d’induction était la corticothérapie (100 %) etle cyclophosphamide (71 %). Le traitement d’entretien était répartientre l’azathioprine (38 %), le méthotrexate (13 %), le rituximab(18 %) et le mycophénolate mofétil (MMF) (42 %). Parmi les patients,59 % recevaient une prophylaxie anti-pneumocystose et 26 % uneprophylaxie anti-virale. Les infections bactériennes étaient les plusfréquentes (82 %). Les autres étaient virales (13 %) ou fongiques(5 %). Les bronchopneumopathies étaient les localisations les plusfréquentes (55 %). La documentation microbiologique était possibledans 33 infections dont la moitié étaient des infections oppor-tunistes. Il n’existait pas de différences significatives entre lesdeux groupes en terme de sexe, IMC, type de vascularite, sévérité(score FFS), localisations de la maladie, dose cumulée et durée detraitement, taux de polynucléaires neutrophiles, lymphocytes etgammaglobulines. Les facteurs de risque indépendants d’infectionétaient l’âge supérieur à 60 ans (OR = 6,5[2,2–19,2], p = 0,001) etl’utilisation du MMF (OR = 6,1[1,75–21,6], p = 0,005). Le taux delymphocytes CD3 + CD4 + CD8– > 500/mm3 à 3 mois était un facteurprotecteur (OR = 0,1 [0,04–0,48], p = 0,002).Conclusion Les infections sévères sont fréquentes chez lespatients traités pour une AAV. En particulier chez les patients deplus de 60 ans et/ou les patients qui présentent une lymphopénie TCD4+ pour lesquels le bénéfice des prophylaxies anti-infectieusespourrait être important.Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.