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FichepédagogiqueautourdeLafilledu14juilletd’AntoninPeretjatko,parCharlotteGARSON,MyFrenchFilmFestival,17janvier–17février2014,Unifrancefilms
Lafilledu14juillet
Unfilmd’AntoninPeretjatko
I. Lecinéaste:AntoninPeretjatko,ducourtaulong
Né à Grenoble en 1974, Antonin Peretjatko a acquis très
jeune sa première caméra super‐8 mais c’est après un
doublecursusàl’UniversitéParis‐7oùilcombinechimieet
cinéma(notammentceuxdugrandcritiqueJeanDouchet)
qu’il entre en 1999 à l’école Louis‐Lumière, section chef‐
opérateur.Cetteformationàlafoiscinéphileettechnique
luiapermisdanslesdixansdurant lesquels iltournesept
courtsmétrages d’assurer lui‐même de nombreux postes
techniques.Elle luipermetaussidemettreenœuvreune
approche ludique de la mise en scène et de la
postproduction. Peretjatko a par exemple retenu de ses
expériences en super 8 l’humour et la célérité donnée par la différence entre la vitesse
d’enregistrement en super 8 (18 images par seconde) et celle de la projection (24 images par
seconde)–uneffetqu’ilconserverapoursoncourtde2010,L’Opérationdeladernièrechance,une
parodiedefilmd’espionnageformellementprochedufilmamateurdevacances,etpoursonpremier
Sommaire
I. Lecinéaste:AntoninPeretjatko,ducourtaulongII. Genèsedufilm
III. NotessurlerécitIV. Analysedufilm
1. Axed’étude1:unfilmdevacances?
2. Axed’étude2:lenonsensebleu‐blanc‐rouge3. Axed’étude3:unfilmfaussementrétro
FichepédagogiqueautourdeLafilledu14juilletd’AntoninPeretjatko,parCharlotteGARSON,MyFrenchFilmFestival,17janvier–17février2014,Unifrancefilms
longmétrageLaFilledu14juillet.D’abordassistant‐caméra,Peretjatkoatournédepuislafindeses
étudesdeuxmakingofpour leréalisateur JacquesAudiard,qui,commelui,avouenepasaimer la
façon dont sont généralement réalisés ces documentaires de tournage. Le sien surUn Prophète
d’Audiard (film que Pator évoque dans un dialogue de La Fille du 14 juillet) reçoit un prix de la
critique,etluipermetdepoursuivreavecunmakingofdeDerouilleetd’os–instructifspourlejeune
cinéastesurlafaçondontondirigeuneéquipesurunplateau,cesdocumentairesluipermettrontde
tournersespropresfilmssanscontraintecommerciale.
En2002,lecourtmétrageL’Heuredepointesuitlesaventuresd’ungrouped’amisparisienssurfond
de jazz et de voix off, en un effet visuel qui mime la patine des vieilles copies film. Comme
Changementdetrottoiren2003,FrenchKiss(2004)estfilméencouleur.Réminiscentdelafantaisie
deGodardUnefemmeestunefemme(1961)commedutonabsurdedesCarabiniers(1963)oudu
trio deBandeà part dumêmeGodard (1964), ces aventures d’unepseudo‐Américaine à Paris en
quêted’unfrenchkissauprèsd’ungentilfrançaisquil’aideàretrouversonpasseportexaminentàla
fois lesrapportsentre lessexeset lerapportfoncièrementtouristiquedesAméricainsà lacapitale
française.L’utilisationpermanenteducliché(littéralement,delacartepostale,quijoueunrôledans
ce film) ne doit pas tromper: son auteur parle d’une «comédie politique, notamment sur les
Américains»,àunmomentoùlesUSAcherchentdes«armesdedestructionmassive»enIrak.
Après un défilé du 8 mai filmé à Paris dans French Kiss, La Fille du 14 juillet reprend ce fil de la
comédiepolitiquelibertaireet,selonsonauteur lui‐même,«hirsute».Leurpointcommunformel?
Le primat de la rapidité dans les différents modes comiques que les films déploient. «On doit
enchaînergagsurgag,afinquelespectateur,s’iln’accrochepasaupremier,puissetoutdesuiteen
expérimenterunautre.Encontrepartie,ilfautveilleràresserreraumaximumlemontagefinal,pour
éviterlestempsmorts.J’essaietoujoursdefairelepluscourtpossible.FrenchKissfaisaitàlabase23
minutes,ilenaaufinalcinqdemoins»1.
SicetravailsurlerythmeautournageetaumontagerapprochecetteméthodedecelleFranckCapra
(qui demandait à ses acteurs d’accélérer leur débit, s’étant aperçu que le film projeté en salle lui
paraissaittoujourspluslentquelorsqu’illevisionnaitàlatabledemontage!),AntoninPeretjatkodit
puisersoninspirationcomiquechezDinoRisi,leréalisateurduFanfaronalliantgags,sensdurythme
et critique sociale de l’Italie de son temps.Ainsi Peretjatko souligne‐t‐il en filigrane sa conception
non‐élitiste de la comédie, genre par excellence d’un cinéma sinon nécessairement populaire, du
moinsadresséàtous.
1EntretienavecH.Aubron,livretenseignantssurFrenchKissetautrescourtsmétrages,LycéensaucinémaenRégionCentre2005‐2006,Centreimage(devenuCiclic),disponiblesurhttp://interne.ciclic.fr/pdf/LivretCM‐2005‐2007.pdf
FichepédagogiqueautourdeLafilledu14juilletd’AntoninPeretjatko,parCharlotteGARSON,MyFrenchFilmFestival,17janvier–17février2014,Unifrancefilms
II. Genèsedufilm
Filmsurlacrise,filmfauché
Après dix ans de courts métrages produits avec très peu d’argent, Antonin Peretjatko n’a guère
trouvédefinanceurspourinvestirdanssonpassageaulongmétrage.AussiLaFilledu14juilleta‐t‐il
étémisdecôtéaprès4ansderecherchesinfructueuses.Cettedifficultérelèvemoinsdel’anecdote
ou du cas particulier que du type d’écriture comique de Peretjatko: fondé principalement sur la
lecturedesscénarii,lesystèmed’aidesfrançaisprivilégiel’écrit,voirelavaleurlittérairedesscripts,
audétrimentd’unstyledegagvisuel,peuexplicitesurlepapier.
Producteur de jeunes cinéastes audacieux mais commercialement modestes comme Sophie
Letourneur (LaVie au Ranch) et Justine Triet (La Bataille de Solferino), Emmanuel Chaumet, de la
sociétéEcceFilms,apermisauprojetderenaîtreen2011.Lebudgetestcomposéengrandepartie
de100000eurosd’aidedelarégionMidi‐Pyrénéesetduprêtd’uneSofica(uneaideduCNCetdela
région Ile‐de‐France ont été accordées à la production une fois le film achevé. La modicité du
financement (400000 euros environ) a eudiverses conséquences sur le tournage: d’unepart une
rémunérationfaibledesparticipants,descollaborateursréguliersdePeretjatkopourlaplupart.Aux
acteursdéjàvusdanssescourtsmétrages(ThomasSchmitt,Marie‐LornaVasconsin)s’ajoutentdes
comédiens plus connus, Vimala Pons (choisie aussi pour ses talents de circassienne) et Vincent
Macaigne, acteur de théâtre omniprésent à la scène comme dans le jeune cinéma français des
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années2010(UnmondesansfemmesdeGuillaumeBrac,LaRègledetroisdeLouisGarrel,LaBataille
deSolferinodeJustineTriet,2Automnes3HiversdeSébastienBetbeder).
CommelasuccessiondesprésidentsSarkozyetHollandelesuggèredanslesséquencesdedéfilédu
14juilletquiouvrentlefilm2,Peretjatkoadûtournerendeuxfoistroissemainesàunand’intervalle
(août 2011, juin 2012), faute de liquidités disponibles et de prêt bancaire conséquent. Cette
contrainte lui a permis d’effectuer un premier montage et de retourner certaines séquences,
réajustantlescénario.
Lebudgetréduitaaussicertainesconséquencesformelles:ainsiLaFilledu14juilletest‐ildépourvu
detravelling.Tournantsurpellicule16millimètres(uneraretédanslesproductionsdel’année2013,
trèsmajoritairementennumérique), lecinéastes’estprémunidugâchisdemétrageenmultipliant
lesrépétitionsaveclescomédiensetlestechniciensplutôtquelesprises(quatreoucinqmaximum).
Présenté en 2013 à la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle prestigieuse et novatrice du
FestivaldeCannes,LaFilledu14juilletabénéficiédusoutiendelarevuemensuelleLesCahiersdu
cinémadèsavantsaprojectionàCannes.Sortienjuin2013avecunaccueilcritiqueplutôtchaleureux
(LesInrockuptibles,Libération,LeMonde),lefilmtotalisait40000entréesunmoisetdemiaprèssa
sortie.
III. Notessurlerécit
Unroad‐movie«hirsute»
Surprenanteaupointdedérouter,lastructureparépisodesdeLaFilledu14juilletasuscitéchezla
critiqueleretourdesmêmesadjectifs:«débraillé»,«foutraque»,manièreaffectueuseousnobde
soulignersonaspectdécousuetdeprolongerlaconfidenceduréalisateurlui‐même,quicitecomme
inspirationpremière lesépisodesde labande‐dessinéeLesPiedsnickelés.De l’Arcde Triompheau
CafédesJeunes,duLouvreàlaroutedesvacances,les lieuxsemultiplientdansunfilmquisemble
avoirlabougeotte.
2«Pendantqu’ontournaitcesséquences,unopérateurétaitdanslatribuneofficielle,pourfilmeruniquementSarkozy,etnoterlaplacedelacaméra,pourfilmerl’annéesuivantedepuisstrictementlemêmeendroit,vraisemblablementunnouveauprésident,enl’occurrenceHollande.L’idéeétaitdefaireexactementlesmêmesplanspourfaireunpeuchamboule‐tout«leroiestmort,viveleroi»:deuxprésidentsdifférents,unprotocolestrictementidentique.L’annéesuivante,pourfilmerHollande,c’estmoiquiaifilmé.»EntretienavecQ.Mével,Mediapart.http://blogs.mediapart.fr/blog/quentin‐mevel/090613/la‐fille‐du‐14‐juillet‐dantonin‐peretjatko‐rencontre‐avec‐le‐cineaste
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Pourtant,à l’analyserdeprès, laprogressiondurécitsuitunfildouble–leroadmovievacancier, la
recherchedel’amour–,unfildérouléavecunecertaineconstance.Petiteetgrandehistoiresysont
d’embléecousuesdès lestroispremièresséquences:après lesdeuxdéfilésdu14juilletréunisen
une seule séquence (les présidents consécutifs Sarkozy et Hollande y effectuant sensiblement les
mêmesgestes),HectorévoqueauCafédesJeunessarencontreavec«lafilledu14juillet»,lançant
unflashbackoùcelle‐ci(quisesurnommeplustardTruquette)vendLaCommuneprèsde l’Arcde
Triomphe. Politique et amour sont ainsi d’emblée entrelacés, la jeune femme incarnant un
contrepointrebelleetmouvantauxrituelsfigésdesassis.Cedécoupageladésigneaussicommeune
personnification alternative (plus désirable que les deux présidents) de la Nation française –
d’ailleursenpassantdevant les(vrais)militaires,elleaccomplitàsafaçonunpassageenrevuedes
troupes.
La remémoration d’Hector perdent peu à peu ses contours à mesure que l’on suit longuement
Truquette, et la séquencesuivante oùHector et Pator se retrouventaucafé introduitunnouveau
flash‐back,lancécettefoisparPatorquiracontesafuiteenétatd’arrestationpourexerciceillégalde
la médecine. C’est donc une cavale qui donne l’impulsion du départ au groupe qui va s’agréger
autourd’eux,bienplusqu’unemolleenviedeprendredesvacances.
Unzoomavantachevéeninsertsurlesyeuxd’HectorpuisdePatorsuivid’unzoomarrièremasque
leraccordquilanceledeuxièmeflash‐backamoureuxd’Hector.MaiscequidécideHectoràappeler
Truquette (et à s’adjoindre aux vacances qu’elle et son amie prévoient), c’est l’un des nombreux
conseilssentencieuxdePator:«unsouvenirc’estcommepartirenvacances,tufaisunvoyage».Dès
lorslesflashbackscessent,leprésentduroadmoviesesubstitueàlamélancolietendredusouvenir.
Le récit fonctionneparagglutinationdepersonnages (Bertier, le frèredeCharlotte, s’invitedans la
tonitruanteMercedes du groupe), interruptions (l’aparté sur le deuil amoureux d’Hector), fausses
pistes (le faux départ de Charlotte, séduite et abandonnée par le dragueur à la voiture rouge) et
autreshaltes(lapanne,lafêteforaine,labaignade).
Apartirdelafêteforaine–stratagèmequeBertiertiredesonManueldeséductionpourdétourner
Truquetted’Hector – leparasitageparBertierde laquêteamoureuseduprotagonistedésorganise
l’unitédugroupe.Ladamerougedujeudebonneteau(àenviron32minutesdudébutdufilm),c’est
Truquette elle‐même, subtilisée à celui qui l’aime par une escroquerie qui ne s’achèvera que par
l’autodafédumanuel,véritablegrimoire.Autreparasite,aussifêlémaisextravertietgénéreuxcelui‐
là, le docteur Placenta fait aussi irruption pendant la fête foraine, véritable piste d’auto
tamponneuses du récit qui fait entrer ses personnages en collision comme pour observer ce qu’il
resteduroadmovieparlasuite.
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Précédéedesescoupsdefusilfurieux, l’arrivéedePlacenta(quijusqu’àprésentn’étaitapparuque
dansunflashback)marqueaussilarécurrenced’unemenaceesquisséedèslespremièresséquences,
lorsqueHectoretPator,assisaucafé,étaient lestémoinsdescoupsdecarabined’unmaritrompé.
Placenta tirera par la suite des balles de chloroforme sur son fils pour l’endormir le soir… C’est
encoreàcecarrefournarratifquelescénarioraccordehistoireindividuelleetchroniquesociale,fût‐
elle comique, puisqu’on apprend quelques secondes après l’arrivée de Placenta et avant
«l’enlèvement»deTruquetteparBertierque le gouvernementadécidéd’avancer la rentréed’un
mois.Dèsleclientfurieuxdujeudechamboule‐toutdontlesboîtessontàl’effigiedepoliticiens, le
thème anarchiste et/ou révolutionnaire s’étoffe, confirmé une fois le groupe scindé: lorsque
Charlotte, Hector et Pator vont dîner, l’assiette qui a pour motif l’exécution de Louis XVI est le
supportdediscourssurl’absenced’effetsdelaRévolutiondanslaFrancecontemporaine.
Aumilieuexactdufilmintervientl’unedesseulespauses,lascènedeconfidencesamoureusesentre
Pator et Placenta, conclue par une danse sur du jazz langoureux; la trompette cool jazz revient
quelquesscènesplustard lorsd’uneautrepausequiest lependantdecelle‐ci: laséance‐diapode
Placenta qui se rappelle ses amours pendant mai 68 – autre façon de raccorder le plus intime à
l’histoirenationale.Mais lapauseest immédiatement interrompueàsontourparuneautredanse
dans le même salon (sur Le Vol du bourbon de Shawn Lee), à son tour stoppée par un coup de
sonnette. Le film livre ainsi sonprincipenarratif,moins celui du coq‐à‐l’ânequedes interruptions
successives.L’autregranderespirationvientd’unflashbacklancéparTruquette(etvisuellement,par
unpanoramiqueascendantsuivid’unfonduenchaînéentrecieletforêt).Plusexactementilnes’agit
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pasd’unflashbackmaisd’unfantasme,d’oùlechangementdesaisonetdepaysageradicauxdansun
filmmarquédesontitreàsonactionparlascansiondel’été.
Quemai68fassel’objetd’uneséquence«douce»suivieimmédiatementd’uneactionaussieffrénée
que violente (l’attaquedupetitgroupeparde fauxgendarmespuis leurmeurtre possiblede vrais
gendarmes3,quirappelleparcertainsaspectsAboutdesouffle(Poiccardytuefroidementunpolicier
àmotosurlaroute)etWeek‐enddeJLGodard(lesviolencesenmarged’unembouteillagegéantsur
laroutedesvacances).Dès lors,ons’attendàuncontrasterythmiquefortentre leroadmoviedes
trois amis et les scènes de drague de Truquette à la plage, mais les confidences amoureuses
soporifiquesdeCharlotteimprimentauvoyageunerêveriequidéjouelesattentesduspectateuret
faitdériverlacavalesurunépisodehédonisteaubordd’unerivièreproched’unrenoirienDéjeuner
surl’herbe.Auborddel’eau,encoreparleraccordsurunfonduenchaîné,Hectorsemetàfantasmer
surlemêmerégimed’imagesqueTruquette:commedansLesDemoisellesdeRochefortdeJacques
Demy(1967)oùDelphineetMaxence,quicherchent l’âmesœur, ignorentqu’ilschantent lamême
chansonetquecetairencommunprogrammeleurunionàvenir,HectoretTruquetteontlemême
fantasmedeneigeetdeluge,etpar lasuite ilsévoquentchacun,àdes interlocuteursdifférents, le
mêmesouvenir(lahaltedansl’aubergeetTruquettemarchantenéquilibresurdesbouteilles).Cette
idéederassemblersousformefantasmagoriquelesamoureuxquelerécitséparepermetdenepas
laisserletempsqu’HectoretTruquettepassentensembleauseulhors‐champtemporeldufilm.
Sans cesse l’avancée du trio est successivement hâtée (le garde‐forestier qui les renvoie «au
boulot!» sous la menace du fusil) et entravée (le propriétaire de la casse qui les décourage au
premierabord),maisc’estbienl’amourqui lesrelance(legaragiste lesaidedèslorsqu’ilconnaît le
motifde laquêted’Hector).Aunquartd’heurede lafin, l’arrivéeanticipéedelarentréenationale
institue un compte à rebours dans l’action etmarque le retour de certains personnages parisiens
qu’on ne s’attendait pas à voir resurgir (le docteur Placenta et Julot, le camarade d’université de
Truquette).
Le moment où les trois amis retrouvent Bertier est à nouveau inscrit, comme la fête foraine
auparavant,souslesauspicesdelacollusionnarrative,quisetraduitcettefois‐ciparl’intrusiondela
fanfare,enuneffetdebouclesidérantavecledéfiléinaugurallui‐mêmescindéendeux(lachambre
où arrive la fanfare, la fête où elle continuede jouer et où Truquette retrouve ses amis). Que les
retrouvailles aient lieu dans une opaque fumée ne sert pas uniquement à les retarder mais à
ménagerunedernièrecollision(dedos)immédiatementsuiviedesonenvers:lechocdubaiser.
3Pator,quitire,précisequ’ils’agitdesballesdechloroformeduDrPlacenta,sansqueriennevérifiesesdires.
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La fin sur le bateau, passant soudain à un moyen de transport hétérogène et à un régime de
narration envoixoff,a valeurd’épilogue,qui citevisuellementPierrot le foude JLGodard (Vimala
PonsestquasimentdéguiséeenAnnaKarina).Contrairementàtoutlerécitquiprécède,danslequel
undéplacementapriorisansbutprécis(lesvacances)tournaitàlaquêtedelajeunefilleperdue,les
amisvoguentversunhorizonsuffisammentfloupourportersansridiculelenomde«Liberté».Des
drapeaux flottant au vent du défilé du 14 juillet ne reste que le vent, et de la nation, sa seule
personnification,vivanteallégorieàlamarinièretricolore.
IV. Analysedufilm
1. Axed’étude1:unfilmdevacances?
Avec son titre estival et son action centrée autour d’undépart collectif vers lamer,La Fille du 14
juillet s’inscrit dans le sillon de ce qui ne constitue pas à proprement parler un genre, mais une
catégoriemalgré tout repérable: le «film de vacances» à la française. Libre et singulier, Jacques
Rozier(néen1926)ainscrittoutesafilmographiedanscesillage.Ducôtéd’Orouet,MaineOcéanou
LesNaufragésdel’îledelaTortueontcreusélesillond’uncinémavolontiersentransitetenpleinair,
commel’étaitdéjà l’échappéecorsedesdeuxfillesetdugarçond’AdieuPhilippine(1961). Juliette,
LilianeetMichelsillonnentlaCorseenvoituredansladeuxièmepartiedecefilmoùl’usageconjoint
des jumpcuts(sautesd’imagesdélibérées),d’unemiseenscèneguidéepar lesonetdela lumière
naturelleconvergepourdonnerunerevigoranteimpressiondelibertédemouvementetd’insolente
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jeunesse. L’omniprésencedupleinairpeut évoquer visuellement le travailendécorsnaturelsd’un
aînédelaNouvelleVague,EricRohmer.MaisPeretjatkocommeRozierinsistentsurledéplacement,
la route à prendre, tandis que Rohmerpose son actiondans un lieu de villégiature biendélimité,
maisonenborddelac(LeGenoudeClaire)ouàlamer(Paulineàlaplage,LeRayonvert),arpentage
initiatique d’une topographie insulaire par un protagoniste qui explore toutes les possibilités
amoureusesàsadisposition(Conted’été,1998).
Le filmde vacances (et sa variantemaritime le film deplage) semblent indissociables de la quête
amoureuse,commesi,dès lesfilmsdelapériodeduFrontpopulaireetdescongéspayés, letemps
hors‐travail, ouvrant effectivement l’affect à une vacance, était logiquement consacré à l’amour.
DansLaFilledu14juillet,c’estleventqui,élémentrécurrent,semblepousserlespersonnagesvers
l’eauetversl’amour,etcen’estpasunhasardsilapremièrephraseprononcéeest«lavie,c’estdu
vent»: au ventilateur qu’active Pator dans le bureaududocteur Placenta succèdent les éoliennes
vues au bord de la route, le vent sur la plage (réminiscence desVacances de monsieur Hulot de
JacquesTati?),etenfinleventenpoupedel’agréablebateausur lequel lesamisnaviguentenune
séquencequirappellel’ouvertured’AnosamoursdeMauricePialat(1983).Mêmeinvisible,mevent
est rendu présent au son par le biais de bruitages. Cette omniprésence requalifie donc le sens
habituelde l’expression inaugurale:pour Peretjatko,«la vie, c’estdu vent»nesignifienullement
qu’elle ne vaut rien,mais bienque le vent est l’expression concrète de la viemême, en tant que
vecteur invisibledumouvement.A l’ouverturedurécitàtous lesvents(adjonctiondepersonnages
par la rencontre) corresponddans l’échelle des plans unepréférencenettementmarquéepour le
plan large, voire le plan d’ensemble (sur Truquette à la plage, par exemple), qui inscrit les
personnages dans le paysage plutôt que de privilégier leurs relations, leurs sentiments, leurs
échangesderegards.SeulsHectoretTruquette,les(futurs)amoureux,bénéficientd’unnombreplus
granddegrosplans,quelecinéastead’ailleursajoutésaprèsavoirvisionnéunpremiermontage.Le
planlargeetlaparcimoniedesmouvementsdecaméra(seulesdeuxscènessonttournéesencaméra
mobile, le reste sur pied) garantie paradoxalement la liberté de mouvement des figures dans le
cadre,qu’une«bougeotte»delamiseenscèneauraiteneffetneutralisée.
Commechez JacquesRozier, l’irrévérence est lependantde labougeottedont fontpreuve le film
commesesprotagonistes,quin’hésitentpasàentrerdansdesterritoiresaprioriréservés(Truquette
s’approchantdessoldats lorsdudéfilédu14juillet)etnes’embarrassent jamaisdelourdsbagages
(les deux minuscules valisent que lancent Truquette et Charlotte dans le coffre de la voiture) et
n’hésitentpasàboireenconduisant,contre touteprécautionroutière(leplanmontrantHector les
pieds sur le volant a nécessité l’emploi d’une voiture‐travelling tirant celle que ne conduit pas
VincentMacaigne).
FichepédagogiqueautourdeLafilledu14juilletd’AntoninPeretjatko,parCharlotteGARSON,MyFrenchFilmFestival,17janvier–17février2014,Unifrancefilms
Pistespédagogiques:
1. On pourra passer en classe un extrait de Conte d ‘été d’Eric Rohmer (1996) dans lequel
Gaspard(MelvilPoupaud)déambuleauborddelameravecMargaux(AmandaLanglet).On
compareralerythmedufilmdeRohmeravecceluid’A.Peretjatko(dialoguesetmontage)et
letraitementdupaysageenborddemer.
2. Onpourrapasserenclasseunextraitd’unroad‐moviedevenuun«classique»,Macadamà
deuxvoiesdeMonteHellman,danslequeldeuxjeuneshommesunpeuperdustraversentle
Sud‐Ouest des Etats‐Unis dans une Chevrolet avant de rencontrer une jeune fille puis un
quadragénaireétrangequi leurproposeunpari.Onmontrera lafaçondontcesrencontres
successivesinfléchissentletrajetdesgarçonsetcomparercesbifurcationsàcellesdeLaFille
du14juillet.
2. Axed’étude2:lenonsensebleu‐blanc‐rouge
Le ventde folieque fait souffler Peretjatkosur sa troupedepersonnagesmi‐fugitifsmi‐vacanciers
corresponddanslesdialoguesetdanslamiseenscèneàuneexplorationsinonexhaustivedumoins
fouilléedesdifférentesformesdecomiqueà l’écran.Ellesvontde l’humoursubtild’unRohmerau
burlesquedespremierstempsd’unMackSennettenpassantparlamisogyniepotachedescomédies
deMaxPécas.
Premier élément comique, une certaine grosseur de trait dans l’écriture des personnages les situe
davantageducôtédelastylisationducartoonquedelacaricature:complémentaritéentrelesdeux
amies,l’uneminceetbrune,l’autrebienenchairetblonde;voixextrêmementnasaleducamarade
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d’université de Truquette, éclats de voix subits du fantasque docteur Placenta («j’ai oublié
l’apéro!»),coupsd’œilmachiavéliquesdeBertiercompulsantsonmanueldeséduction.
A ce trait délibérément situé du côté de l’esquisse correspond au niveau rythmique une célérité
effrénée de l’action et des dialogues: non seulement les plans sont brefs (pas un ne dépasse 1
minute 40 secondes) et le texte débités de manière souvent rapide (par exemple par le docteur
Placenta),maislesimagessontaccéléréesenpostproduction(22imagesparsecondeaulieude24),
cequisaccadelégèrementlesmouvementsetrendlesvoixplusaigues.Quandelleestaccentuée(la
scènedéfilé),cetteaccélérationvireauburlesquepuretsimple.
S’il ne rechigne pas devant un bon mot ou des fioritures onomastiques (le docteur Placenta,
Truquette),letraitdistinctifdeLaFilledu14juilletrésidedanssapréférencepouruncomiquenon‐
langagier,quisedéclineàdiversniveauxdelamiseenscèneetdumontage:
- Parlecollageàl’intérieurduplan,commedansl’agencemententrestatuaireantiqueetchair
fraîchelorsqueTruquettemetsatêtederrièreunestatuesanstêteduLouvre;
- Eléments de décor ou accessoires aux confins du surréalisme ou du burlesque primitif: la
chambre à cocktails, îlot de vacances au sein dumusée où travaille Hector; la hache que
Truquettefaittombersur l’ananaspour letrancher,enunestupéfiantedisproportionentre
laviolencedel’outiletl’agrémentdesadestination; lepistoletàchloroformedePlacenta;
lecostumedecafardqueportesonjeunefils;l’assietteàcroisillonsdontdébordelasoupe
qu’il sert aux jeunes gens; la série de panneaux d’interdictions au bord de la rivière; la
fumée finale pendant la fête, écho à lamoussequi prolifère à la fin deLa Partyde Blake
Edwards,l’undescinéastespréférésd’A.Peretjatko…
- Parlemontage,quimetparexempleboutàboutlesdeuxdéfilésdu14juillet(2011et2012).
Devantlamultiplicationrapidedesgags,unepartiedelacritiqueapuavoirl’impressionquelefilm
brûlaitsescartouchestropvite,audétrimentdulyrisme,dontnesontpasexempteslescomédiesde
ChaplinouKeaton:«Aussi leburlesque–classiquecommemoderne– entretient‐iluneémotionet
uneparttragiquequ’AntoninPeretjatkoneparvientpas,outroppeu,àfaireémerger.Decefait,La
Filledu14juilletn’estquesympathique,cequin’esttoutdemêmepasrien»,écritArnaudHéesurle
site Critikat4. Il n’est pas sûr qu’une telle remarque rende justice aux séquences d’aparté,
explicitement lyriques (Hector et Pator se confient face caméra successivement au café et en
voiture), toutcommepeutémouvoir le rapprochementde Pator etdudocteur Placentaqui,après
des propos sur l’amour et la vie («Et si c’était vous le brouillon? – Et si c’était l’existence?»),
4http://festival‐cannes‐2013.critikat.com/index.php/2013/05/23/3‐la‐fille‐du‐14‐juillet
FichepédagogiqueautourdeLafilledu14juilletd’AntoninPeretjatko,parCharlotteGARSON,MyFrenchFilmFestival,17janvier–17février2014,Unifrancefilms
dansent l’unavecl’autresur lesnoteschaudesd’unmorceaudecooljazz.Maisdefait, lacomédie
non‐naturalisten’estpasuneformetrèsdéveloppéedanslatraditionfrançaise5,quil’accusesouvent
demanquerdesubstance.
Pistespédagogiques
1. On pourra étudier l’affiche (disponible par exemple en ligne en couverture du dossier de
pressedufilm)6enrelevantl’emploidubleu,dublancetdurouge,lavitesseetl’insouciance
suggérées par le typede trait employé. Quels aspects du film souligne ce dessin? Enquoi
laisse‐t‐ildecôtéunepartieduproposdeLaFilledu14juillet?
2. On fera avec les élèves un relevé des gags visuels concernant les objets, que l’on pourra
mettre en parallèle avec un extrait de film burlesque dont le slapstick repose sur le
détournementd’objets(parexempledansLesTempsmodernesdeCharlesChaplin).
3. Axed’étude3:unfilmfaussementrétro
LenonsensesurlequelreposeunepartiedesgagsdeLaFilledu14juillet,lavitesseébouriffantede
sanarrationetlestouchesrétrodecertainesréférencesvisuelles(lapalettechromatiquesixtiesdes
premiersfilmsencouleurdeJean‐LucGodard):touscesélémentsquipeuventdonnerl’impression
d’unelégèretéquifaitfidetoutsujet«sérieux».
Pourtant,dèsson titre,sonafficheetsapremièreséquence, lefilmprendàbras lecorps lanation
française et la Révolution, rien demoins. CommedansAdieuPhilippineoù l’idylle vacancière était
interrompue par la convocation du jeune homme appelé pour aller faire la guerre d’Algérie, à
chacune des étapes du récit, le film de vacancesbutte ici contre des obstacles: l’économie
capitaliste et le pouvoir en place conspirent à écourter les vacances, le garde‐forestier, fusil à
l’épaule, chasse le petit groupe venu profiter des abords d’une charmante rivière au cri de «Au
boulot!»…Parcesviolencesfaitesaufilmdevacances,c’estleretouràlaloietàl’ordrequeLaFille
du 14 juillet pointe, renvoyant l’idéal révolutionnaire de la date commémorative à la pratique
effective du gouvernement.Deux attitudes politiques y entrent en collision: celle, prônéedans la
réalitéparleprésidentNicolasSarkozy,du«travaillerpluspourgagnerplus»,remèdesupposéàla
crise, et celle de Truquette intérimaire qui s’entend dire: pas de logement, pas de travail, pas de
travail,pasdelogement–etquiconclutquefautedetravail,mieuxvautpartirenvacances.
5Onpeutciterl’exceptionrécentedeQuentinDupieux(Steak,2006,Rubber,2010).6http://www.lafermedubuisson.com/IMG/pdf/lafilledu14juillet_dossierdepresse.pdf
FichepédagogiqueautourdeLafilledu14juilletd’AntoninPeretjatko,parCharlotteGARSON,MyFrenchFilmFestival,17janvier–17février2014,Unifrancefilms
Plus lerécitavance,plus lanationcélébréelorsdudéfilé inauguralprend(littéralement)duplomb
dansl’aile,àmesurequelesgrandesfigurespolitiquessontchamboulées(lejeudechamboule‐tout
àl’effigiedesgrandshommeslorsdelafêteforaine),l’uniformedepoliceusurpé(l’attaquedesfaux
gendarmes),lesforcesdel’ordreneutralisées(lescoupsdepistoletauchloroformequetirePatorsur
lesvraispoliciers)…
Quantàl’idéalrévolutionnaire,iln’estpassûrqu’ils’ensortemieuxquelesreprésentantsdel’Etat:
lespavésenmousseetlamini‐guillotinequetentedevendreTruquette le14juilletsontautantde
produits dérivés qui font revenir l’Histoire sur lemode dégradé de la farce et du commerce – on
pourrait dire sur un mode «spectaculaire», pour paraphraser les écrits du situationniste Guy
Debord, lui‐mêmerecycléparlasociétéduspectaclepuisquesonnomapparaîtcommeréponseau
jeutéléviséLaRouedelafortunedansl’undesnombreuxgagsvisuelsnoncommentésdufilm.
Dèslorsquelesjeunesprennentlaroutedesvacances,quereste‐t‐ilde laRévolution?Lanostalgie
de ce qui a ressemblé le plus à une Révolution dans la France du XXème siècle, mai 19687? Le
tranchantd’ungagslowburn(ledoigt, latêtepuislesmainsdubadaudvenuessayer lavraie‐fausse
guillotine). C’est paradoxalement sur le lieu de villégiature lui‐même que l’on retrouve une
réaffirmationdupolitique,moins sous la formed’uneutopie révolutionnaire qued’une résistance
dans le mode de vie individuel: «sous la plage, les pavés (dans la mare)!», résume le critique
7LaséancedediapositivesdudocteurPlacenta,lienvivantentreprésentetpassépuisquesavoiture,àParis,n’estautrequelaDeLoreanDMC‐12utiliséeparl’inventeurdelamachineàremonterletempsdeRetourverslefuturdeRobertZemeckis.
FichepédagogiqueautourdeLafilledu14juilletd’AntoninPeretjatko,parCharlotteGARSON,MyFrenchFilmFestival,17janvier–17février2014,Unifrancefilms
Joachim Lepastier dans les Cahiers du cinéma8. Ne pas céder à l’injonction du retour au travail
imposé par l’avancement de la rentrée au 1er août équivaut pour le groupe d’amis à refuser de
compenserleserreursdesspéculateursruinés.
En ce sens, la dernière séquence en bateau ressemble à un adieu définitif, un exil symbolique
davantagequ’unepromenadeanodine.LeventquidécoiffeunPatorpresquechauvedansLaFilledu
14juilletestdécidémentceluidelaliberté,qu’ilneseraitpasinterditd’écrireavecunLmajuscule.
Pistespédagogiques
1. Etude de séquence: les premiers plans de La Fille du 14 juillet: on insistera sur leur
hétérogénéité,leurfaçond’intégrerlafictionaudocumentaire.Onmettraaussicedébuten
rapport avec le jeu du chamboule‐tout à la fête foraine: comment la plus haute fonction
politique de la république française y est‐elle filmée comme un véritable automate
(accélérationetrépétitiondesmêmesgestesd’unprésidentà l’autre)?Enquoi lesvaleurs
révolutionnairescélébréesle14juilletsont‐ellesdéplacéesparPeretjatkodanslavitalitéde
sespersonnages?
2. Onrelèvera le textede la«tirade»de Pator (VincentMacaigne)quand il s’attableaucafé
desJeunes:«[Letroudelasécuritésociale]c’estpasuntroud’argent,c’estuntrouderêve.
La sécu quandon l’a créée c’est parce qu’on avait des rêves: que tout lemonde soit bien
portant.» Quel conception du service public son discours véhicule‐t‐il? Quel éclairage
nouveau ce discours apporte‐t‐il sur la situation du personnage, poursuivi pour exercice
illégaldelamédecine?
3. Les Français vus par les étrangers: dépourvud’épaisseur psychologique, le personnagede
Marcello, qui courtise Truquette sur la plage avec un certain succès, porte un nom qui le
rattache à l’univers du cinéaste italienNanniMoretti: «Marcello Sogni d’oro» renvoie en
effetàl’undespremiersfilmsdeMoretti,Sognid’oro(rêvesdorés,1987),hilarantediatribe
contre lesaccusationsd’intellectualismelancéeauprotagoniste‐cinéaste.LeMarcellodeLa
Fille du 14 juilletoffre un regard étranger sur lesmœurs françaises. On pourra étudier la
scènedelaplageetyanalyserl’emploiduclichénational(«vouslesFrançaisc’estnormalde
trompersafemme,çafaittroisprésidentsquidonnentl’exemple…»).
8N°668,avril2012.