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LA FORMATION DES LAÏCS : MODE OU MODÈLE...Tous les croyants (et pas seulement les pasteurs) sont appelés à connaître le bonheur et la satisfaction de voir Dieu les utiliser pour

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LA FORMATION DES LAÏCS : MODE OU MODÈLE ?« Ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner… »

Napoléon, en pointant du doigt une carte de l’empire Chinois, aurait dit : «Là se repose un géant endormi… S’il parvient un jourà se réveiller, rien ne pourra l’arrêter. »

Il est peut-être dur de l’admettre, mais bon nombre d’églises européennes sont devenues aujourd’hui des « géants endormis ».Leurs auditoires du dimanche matin reflètent bien une certaine réalité spirituelle, mais beaucoup de ceux qui sont appelé membres

actifs dans ces églises ne sont-ils pas tout simplement des membres présents ?Sans parler de s’identifier aux églises vivant avec le souvenir de leurs membres inscrits, ne devons-nous pas reconnaître qu’au sein

de nos assemblées il existe un potentiel de force et d’énergie en sommeil ?Nos chrétiens sont-ils en mesure de servir ?Sur quels critères leurs compétences sont-elles reconnues en vue d’un ministère ?Nos structures ecclésiales permettent-elles la formation et l’exercice d’un ministère laïc ?Je n’aime pas utiliser le mot laïc qui laisse entendre de façon non scripturaire qu’il existerait un clergé — du grec Kléros le suffrage,

le sort ce qui par extension désigne l’héritage, la propriété- En reconnaissant un clergé, l’église romaine a distingué les « hommeschoisis » des « hommes du peuple »

Il est évident qu’un des secrets de la vitalité d’une église réside dans la possibilité qu’elle offre à ses membres de s’investir dans uneforme ou une autre du service chrétien.

La vocation de l’Église est de servir, elle a été crée par Celui « qui est venu servir et donner sa vie… » Il est bon qu’il y ait une cohérenceentre la tête et les membres du corps de Christ.

Aider les croyants à découvrir leur identité en terme de service et d’engagement, planifier des objectifs réalistes en fonction des dons dechacun, développer un processus créatif de formation adapté à l’église locale favorisera de la manière la plus sûre la croissance de l’Église.

Or, toute église devrait être normalement préoccupée de sa croissance !Maintenant, les théories, les différentes écoles et les multiples expériences personnelles proposant une formation qui assure répon-

dre à cette préoccupation sont plus nombreuses que jamais, de telle sorte qu’à la préoccupation de la croissance s’ajoute celle de laméthode qui la favorisera !

C’est en définissant les enjeux et en clarifiant ses motivations que le pasteur échappera à l’inévitable phénomène de mode, etrendra l’église sensible au modèle scripturaire du Nouveau Testament… Il serait dommage que la préoccupation de la croissancefinisse par devenir un obstacle à la croissance !

C’est ici que le caractère normatif du livre des Actes revêt toute son importance. Le Saint-Esprit l’a destiné à servir de repère auxcroyants de chaque génération.

Sans enchaîner l’Église à un passé idéalisé, ce livre transmet les principes actif de formation propre à favoriser la croissance dupeuple de Dieu.

Dans cette perspective, il est question de « ce que Jésus à commencer de faire et d’enseigner ».La place du verbe faire est significative, il précède le fait d’enseigner.Pour sauver le monde il fallait plus qu’un enseignement et davantage qu’une doctrine, il fallait une vie qui allait réaliser une œuvre divine.C’est là tout l’enjeu de la formation, et toute la définition de la croissance.L’Évangile a toujours réclamé plus de vertu que de parole, et ce verset nous montre que les paroles doivent être soumises aux actes,

nous devons prouver l’Évangile par notre vie.Plus que l’étude d’une méthode, les premiers chrétiens ont fait l’expérience d’une vie… « Jusqu’à ce que Christ soit formé en vous » (Galates 4 v 19)Moïse lui-même nous invitait déjà à considérer les choses sous cet angle « Sache donc en ce jour et retiens dans ton cœur » disait-il à Israël

(Deutéronome 4 v 39).Le savoir est important mais si le savoir n’est pas transmis et retenu par le cœur, il devient inutile. Comprendre est insuffisant.

Le « su » doit être accompagné du « vécu ». L’Évangile de Jean chapitre 13 v17 nous dit « si vous savez ces choses, vous êtes heureux pourvuque vous les pratiquiez. » La mise en pratique du vécu, voilà le résultat objectif auquel doit tendre tout processus de formation

Adapter ce principe de base à un ensemble pédagogique de formation fera la différence entre la théorie et l’expérience de la vie. Il y a fortà penser que c’est à ce moment-là que le géant sortira de son sommeil.

Plusieurs lecteurs nous demandent comment contribuer au soutien de ce magazine tant apprécié et nous les en remercions.Vous pouvez le faire : • En envoyant un chèque à l’ordre de Gerald Branum (avec la mention « Ressources Spirituelles »)

à l’adresse indiquée dans le cadre ci-dessus : • Par virement sur les comptes suivants :France : Crédit Lyonnais # 048345B G. Branum (Ressources Spirituelles)

Belgique : Kredietbank # 436-4156031-28 G. Branum (Ressources Spirituelles)

N°13 Été 2006

RESSOURCES SPIRITUELLESPublication trimestrielle proposée par LIFE PUBLISHERS INTERNATIONAL

et les Assemblées de Dieu des États-Unis45, Chaussée de Waterloo, 1640 Rhode St. Genèse, Belgique

Comité Éditorial :Bill L. Williams, Rédacteur ; Gerald Branum, Coordinateur ; Jean-Luc Cosnard, Éditeur.

© Copyright 2005 General Council des Assemblées de Dieu des USA et Life Publishers International

Ce magazine, composé d’articles choisis et traduits de Enrichment Journal,une publication des Assemblées de Dieu des États-Unis, est destiné aux pasteurs et aux leaders chrétiens.

LG05FR 1784

Pasteur Michel Chiner

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TRANSFORMERUN AUDITOIRE

EN UNE ARMÉE !

Par Rick Warren

TRANSFORMERUN AUDITOIRE

EN UNE ARMÉE !

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Chaque année, notre église organise nombre de conférencesde formation pour pasteurs et divers leaders dans les églises. Cesconférences rassemblent habituellement environ 3 500 participantspendant cinq jours dans nos locaux et exigent une énorme prépa-ration logistique. Ce sont littéralement des milliers d’heures quenos volontaires investissent dans cet effort. Sans cette armée deserviteurs « laïcs », notre église serait incapable d’organiser de telsévénements.

Récemment, un groupe de plusieurs centaines de volontairess’est réuni, enthousiaste, pour préparer une de ces conférences.Certains ont pris ce temps sur leurs congés ; d’autres ont dû réor-ganiser leur horaire de travail pour pouvoir aider à préparer lesdossiers d’accueil, les badges, installer les tables et les chaises,servir les repas et nettoyer. Barbara, elle-même une volontaire,résume ainsi l’attitude du groupe : « C’est une façon formidablede rencontrer des gens et de servir le Seigneur. Nous n’en feronsjamais trop pour l’Église qui est devenue notre famille ! ».

Qu’est-ce qui peut motiver ainsi les gens à servir dans un espritde sacrifice par le biais de leur église ? Que pouvez-vous faire pourles aider à s’investir ainsi dans le ministère ? Il ne suffit pas de rêveren espérant que les gens s’impliquent d’eux-mêmes. Votre églisea besoin d’une stratégie intentionnelle qui aménera les gens à unplus grand engagement et un plus grand service pour Christ.

Notre église a ainsi lancé dans le ministère plus de 4 000 serviteurslaïcs par le moyen d’une stratégie qui inclut une communicationsuivie, un processus pratique, et une structure simple. Votre églisepeut recourir à ces mêmes éléments pour mobiliser ses membresen vue du ministère.

COMMUNIQUEZ LA VISIONLe point de départ consiste à investir du temps à enseigner

à vos membres les raisons pour lesquelles la Bible dit que chacunest appelé au ministère (voir encart suivant : Pourquoi vivre pour servirles autres ?). Établissez une base claire à travers l’enseignement, lesprédications, des séminaires et des études bibliques dans les foyers.Vous ne devriez cesser de mettre l’accent sur le fait que chaquechrétien a un service à accomplir.

Servir et donner sont les caractéristiques qui définissent unmode de vie semblable à Christ (cf. Marc 10 : 45). La Bible déclarequ’il est de la responsabilité de chaque membre de servir et quele travail du pasteur consiste à les équiper en vue du ministère(cf. Romains 12 : 1–8 ; Éphésiens 4 : 11–12). Réaliser que l’on estun ministre, un serviteur de Jésus-Christ, bouleverse toute une vie.Tous les croyants (et pas seulement les pasteurs) sont appelésà connaître le bonheur et la satisfaction de voir Dieu les utiliserpour changer des vies. Cela changera toute leur attitude.

Nous avons par exemple un membre de notre service d’accueilqui s’appelle Van : il est vraiment doué pour établir le contact avecles nouveaux venus. Ken était israélite quand il est venu pour lapremière fois avec sa femme. Ils avaient visité plusieurs églisesdans l’espoir d’en trouver une où Ken se sente à l’aise. Van l’aaccueilli la première fois. Il lui a serré la main en lui disant, les yeuxfixés dans les siens : « Je suis vraiment heureux que vous soyezvenu ». Des années plus tard, Ken nous a dit : « Personne ne m’avaitjamais souhaité la bienvenue dans une église auparavant. D’habitude,

nous entrions et sortions dans le silence. »Aujourd’hui, Ken est chrétien et il estmême devenu un leader de grande valeurdans notre église. Il nous a affirmé quec’est grâce au ministère tout simple deVan et sa façon d’accueillir les gens qu’ilest revenu à l’église semaine après semainejusqu’à ce qu’il y rencontre Christ. Cetexemple renforce le principe selon lequelnul n’est inutile dans le corps de Christ etqu’il n’y a pas de services ou de ministèresqui soient insignifiants.

ÉTABLISSEZ UN PROCESSUSD’IMPLICATION DANS LE SERVICEImpliquer les gens dans le service devrait

être un processus continuel qui consisteà aider quelqu’un à trouver sa place dansle service plutôt qu’à vouloir combler despostes. Nous ne devrions jamais créer despostes pour essayer ensuite de les combler.Cela ne fonctionne pas. Vous aurez bienplus de succès en plaçant les gens dans leministère si vous vous concentrez sur lecaractère unique de chaque individu et leprofil que Dieu lui a donné, plutôt que surles besoins de l’institution. Notre processusde placement dans le service est constituéde six étapes :

1ère étape : Assister au séminaire « Décou-vrir votre ministère ». Cet enseignement estl’un des quatre cours que nous donnonschaque mois et qui constituent un toutdans le processus du développement duchrétien. Leurs thèmes sont : 1 : décou-vrir ce que signifie être membre, 2 : dé-couvrir ce qu’est la maturité spirituelle,3 : découvrir son ministère et 4 : décou-vrir sa mission.

Chacun de ces enseignements est donnéen quatre cours consécutifs donnés ledeuxième dimanche après-midi de chaquemois. Chaque séminaire vient ajouter auprécédent. Nous offrons le dîner et desprogrammes pour les enfants pour faciliterla participation de chacun.

Dans le troisième séminaire, nous ensei-gnons ce que dit la Bible sur le service, lesoccasions de service disponibles, ainsi qu’unconcept en cinq dimensions : les dons spi-rituels, ce que l’on a à cœur, les compéten-ces, la personnalité et l’expérience.

Ce concept est fait pour aider la per-sonne à déterminer dans quel domainedu service elle pourra trouver sa place.

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Chaque individu a été conçu de façonunique par Dieu afin qu’il puisse réalisercertaines choses. En identifiant et en com-prenant ces cinq dimensions, chacun peutensuite découvrir la place unique danslaquelle Dieu veut qu’il puisse le servir.

2ème étape : S’engager à servir en signantla carte d’engagement. Les gens aiments’engager pour quelque chose qui donne unsens à leur vie. Ils sont prêts à s’impliquerquand cela leur donne une raison de vivreet qu’ils sont attirés par une vision quireprésente un défi.

3ème étape : Remplir une évaluation deprofil personnel. Ce document très simpleaide les gens à considérer sérieusementcomment Dieu les a équipés. Il contientdes questions qui couvrent les cinq élé-ments du profil : Quels dons spirituelspensez-vous avoir reçus ? Qu’avez-vousà cœur ? Qu’est-ce qui vous passionne ?Si vous saviez que vous ne pouvez paséchouer, que feriez-vous pour Dieu ? Quelstalents, quelles compétences avez-vous ?Quel est votre type de personnalité ? Quela été votre parcours spirituel ? Quelles ontété vos expériences à l’école ? dans letravail ? le ministère ? Quelles expérien-ces douloureuses avez-vous vécues quipourraient vous aider à encourager quel-qu’un d’autre ?

4ème étape : Avoir un entretien avec un res-ponsable de l’orientation dans le service. Nousavons formé des personnes qui servent ainsicomme conseillers d’orientation dans leservice. Leur rôle est d’aider les gens à iden-tifier trois ou quatre domaines possiblesd’engagement dans le ministère. Les gensont besoin d’une attention individuelle etde conseil lorsqu’ils cherchent à trouver leurplace dans le service. Pour que quelqu’unporte du fruit dans le service, il faut qu’ilsoit bien orienté ; le simple fait de parti-ciper au cours ne saurait suffire.

5ème étape : Rencontrer le responsable duministère qui vous intéresse. Pour chacun des150 ministères de notre église, quelqu’unest désigné pour accueillir les personneset présenter aux nouveaux volontairescomment fonctionne le service auquel ilss’intéressent.

6ème étape : Être établi publiquement lorsd’une réunion spéciale que je considère commela plus importante dans la vie de notre église.Nous l’appelons la rencontre « SALT »

(Saddleback Advanced Leadership Training — Formation avancée desresponsables de Saddleback). Elle est la pièce maîtresse de notreprogramme de formation de nos membres. Ce rassemblement duredeux heures et inclut la louange, la reconnaissance des divers mi-nistères, des témoignages des différents terrains d’action et desnouvelles de l’église. De plus, nous y soulignons le plus grand défirelevé face à un problème majeur durant le mois passé en félicitantle responsable qui y a fait face.

Mon message est un enseignement sur les valeurs, la vision, lesqualités de caractère des leaders ou les compétences requises pourle ministère. Ces messages sont appelés « leçons de leadership » etsont disponibles sur cassette.

Quand nous établissons les nouveaux volontaires, nous leurdemandons de se lever, et nous invitons les autres à leur imposerles mains et à prier pour eux.

Après avoir franchi ces six étapes, les gens se mettent immé-diatement au travail. Nous ne les surchargeons pas avec touteune formation préparatoire. Cela a souvent pour effet de fatiguerles gens, avant même qu’ils aient commencé. Nous voulons les voirplonger directement dans l’action pour laquelle ils sont motivésà apprendre.

La décision de servir dans tel ou tel ministère n’est toutefoispas définitive. Si les gens prennent conscience qu’ils ne sont pasà leur place, nous ne les culpabilisons pas s’ils démissionnent.Nous les encourageons plutôt à continuer de chercher leur place.De nombreux livres sur les dons spirituels disent : « Découvrez vosdons spirituels, et vous saurez ensuite quel est votre ministère. »Nous croyons que c’est tout à fait le contraire : « Commencez partoucher à différents ministères, et vous découvrirez vos dons. »

MINIMISEZ LA MAINTENANCE ET OPTIMISEZ LE MINISTÈRESi vous voulez sérieusement mobiliser vos membres dans le

ministère, vous devez rechercher la simplicité dans votre structure.Une raison majeure pour laquelle de nombreux membres d’église nesont pas impliqués dans le service est qu’ils sont tellement occupésà assister à des réunions qu’ils n’ont plus le temps de s’investirdans le service proprement dit.

Le bien le plus précieux que les gens puissent donner à votreéglise, c’est leur temps. Si un homme ou une femme vient medire : « Pasteur, j’ai quatre heures par semaine à consacrer au servicedans l’église », la dernière chose que je ferai sera de le mettredans un comité. Les comités discutent tandis que les ministèresagissent. Les comités se chamaillent tandis que les ministèresservent. Les comités parlent tandis que les ministères aident etprennent soin des gens. Les comités discutent des besoins tandisque les ministères répondent aux besoins. Il nous faut minimiserla maintenance afin d’optimiser et de maximiser le temps que nousconsacrons au ministère.

Certes, la maintenance fait partie du travail de l’église : budgets,bâtiments et multiples questions d’organisation. Mais le ministèreest l’œuvre qu’accomplit l’église locale. Plus vous impliquez degens dans des décisions concernant la maintenance, plus vousles empêcher d’accomplir l’œuvre du ministère.

Dans notre église, il n’y a pas de comités. Nous avons pourtant150 ministères différents. Le nombre a doublé ces derniers trois ans.

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Notre personnel rémunéré se charge de la maintenance et nosmembres, équipés pour le service, apprécient de pouvoir consacrerle temps qu’ils ont de disponible pour participer au ministère.

Simplifier votre structure signifie aussi qu’il vaut mieux ne pasvoter pour élire les personnes qui exercent le ministère. Il y a plu-sieurs bonnes raisons à cela :

(1) Cela évite la compétition et l’attirance des gens qui s’inté-ressent surtout au prestige et au pouvoir qu’offre telle ou telleposition.

(2) Cela permet à de nouveaux ministères de se développerlentement, loin des spots et des yeux du grand public.

(3) Cela permet à de nouveaux membres de s’impliquer plusrapidement.

(4) Cela permet aussi d’écarter plus facilement quelqu’un quitomberait dans le péché.

Le fait de ne pas voter pour établir des gens dans le servicevous permet de réagir plus vite à la direction du Saint-Esprit. Unjour, une femme est venue me dire : « Nous avons besoin d’uneéquipe de prière ». Je lui ai répondu : « Je suis d’accord. Vous en serezresponsable. » Elle m’a répliqué : « Mais ne dois-je pas être élue oupasser par un processus d’approbation ? » Elle s’était imaginée qu’ilfallait d’abord passer par tout un parcours du combattant. Je luiai alors dit : « Bien sûr que non. Faites annoncer une réunion depréparation dans le bulletin de l’église et commencez. » C’est cequ’elle a fait.

Vous ne devriez pas avoir à voter pour savoir si quelqu’un a ledroit d’exercer les dons que Dieu lui a donnés au sein du corps deChrist. Je suis sûr que vous réalisez à quel point cette approchepeut être radicale.

Dans une église classique, les membres s’occupent de la main-tenance, c’est-à-dire de l’administration, et le pasteur est censéaccomplir tout le ministère. Il n’est pas étonnant qu’une telle églisene puisse pas grandir. Elle fonctionne comme un entonnoir !

Le secret pour motiver les gens à servir durablement est de leurlaisser l’autorité et la latitude nécessaires pour opérer leur activité.Laissez-les prendre leurs propres décisions sans que votre conseild’administration ou conseil d’anciens n’interfère trop. Quand vousdonnez l’autorité qui va avec la responsabilité, vous serez surprisde voir la créativité dont les gens sont capables. Les gens sontstimulés par la responsabilité. Attendez le meilleur de vos membres,et faites-leur confiance dans leur service. Lancez-leur un défi, laissez-leur le contrôle et rendez-leur l’honneur qui leur est dû !

CONCLUSIONJ’ai utilisé le terme de volontaires ; on parle parfois de laïcs. Je l’ai

fait pour que le lecteur ne pense pas que nous parlions du personnelrémunéré de l’église. Honnêtement, je n’aime pas le terme laïc car ilpeut sous-entendre être chrétiens de deuxième classe et un manquede compétence.

Une église biblique est uniquement constituée de serviteurs. Nousdevrions traiter ceux qui servent sans être payés pour cela, avecautant de respect que ceux qui sont rémunérés pour les servicesqu’ils rendent.

Ne vous lassez pas de communiquer encore et encore la visiondu service aux croyants. Mettez l’accent sur l’importance de leur

ministère. Quand vous recrutez, mettezl’accent sur la portée et le sens éternels deleur service quand il est fait au nom deJésus. La vision motive les gens. La culpa-bilité et la pression les découragent. Aidezles gens à voir qu’ils investissent ainsipour l’éternité et qu’il n’est aucune causeplus grande que le royaume de Dieu.

Le secret le mieux gardé de l’égliseest que les gens veulent contribuer —faire quelque chose de significatif avecleurs talents. L’église qui a compris celaet qui donne à chacun de ses membresl’occasion d’exprimer son don dans le mi-nistère connaîtra une formidable vitalité,une excellente santé et une merveilleusecroissance.

Rick Warrenest le pasteur-fondateurde l’église Saddleback ValleyCommunity Church à Mission Viejoen Californie (www.pastors.net).

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Équiper les croyants :six éléments essentiels

Par Don R. Simmons

Bien des responsa-bles d’églises ontentretenu unementalité fondée surun rêve :« Si nous bâtissonsl’église, les gensviendront ;et s’ils viennent,ils serviront. »

Commentles pasteurspeuvent-ils amenerleurs membresà passer de specta-teurs à acteurs ?à passer d’unentretien à unengagement dansla mission ?

La plupartdes églises sont trèsefficaces quand ils’agit de compter lamonnaieet les sièges occupés,les dîmes et l’auditoi-re, mais peu le sontautant pour compta-biliser les heuresde service et évaluerla teneur du serviceaccompli.

Dans Éphésiens 4 : 11–12, Paul expli-que clairement que le rôle des pasteurs,enseignants, apôtres, évangélistes et pro-phètes est d’équiper et de préparer lessaints à des œuvres de service. Mais le faitde connaître cet impératif ne suffit pas. Laquestion clé est de savoir comment leconcrétiser. Que signifie équiper ? Est-cel’enseignement, offrir des outils, développerdes compétences, prêcher ? La réponseenglobe tous ces divers points. Mais com-ment les pasteurs peuvent-ils mettre enœuvre un tel processus dans leurs églises ?Comment peuvent-ils amener leurs mem-bres à passer de spectateurs à acteurs,de passer d’un entretien à l’engagementdans la mission ?

Les six éléments suivants se sont avérésessentiels dans des milliers d’églises et d’or-ganisations. Ils ont été déterminants pouramener les chrétiens à reconnaître tout lepotentiel que Dieu leur a donné et à utili-ser pleinement leurs dons, leurs passions,leurs expériences et leurs talents.

Bien des responsables d’églises ont en-tretenu une mentalité fondée sur un rêve :« Si nous bâtissons l’église, les gens viendront ;et s’ils viennent, ils serviront. » Hélas, dans laplupart des églises de nos pays occiden-taux, les choses ne fonctionnent pas ainsi.Paul a écrit dans son épître aux Éphésiensque les leaders devaient équiper lescroyants. Mais que cela signifie-t-il dansles faits ?

FORMATIONSe former nécessite davantage que le

simple fait d’écouter et de parler. La for-mation inclut la communication d’infor-mations, la pratique, savoir s’adapter, lefeedback (retour d’information) et la miseen application concrète. Il ne suffit pasde dire à quelqu’un ce qu’il doit faire pourle former, pas plus qu’il suffit d’écouterpour apprendre.

Les pasteurs passent souvent à côté debelles occasions de former les gens. Dansbien des églises, les membres du serviced’accueil n’ont jamais été formés sur lafaçon de collecter l’offrande, d’accueillirles gens, d’indiquer où se trouvent les toi-lettes, la pouponnière, ou l’école du diman-che, pas plus que ne leur ont été enseignésles bonnes manières, le langage et le com-portement appropriés pour quelqu’un quireprésente l’église.

Une église donne une formation en cinqminutes avant chaque réunion pour que lesmembres du service d’accueil reçoivent desinstructions, de l’encouragement et prientensemble ; c’est aussi l’occasion de leur rap-peler qu’ils sont les premiers à présenterà Bonne Nouvelle par leur approche desnouveaux venus. La meilleure formation estcelle qui est donnée avant de passer à l’ac-tion plutôt que des mois à l’avance ; à peti-tes doses en quelques minutes plutôt quependant des heures ; et sur les lieux oùl’action doit se dérouler plutôt que dansune salle de classe.

Il arrive que des églises aient recoursà des membres qui soient des formateursprofessionnels dans le domaine de l’accueil.Le pasteur peut alors faire appel à eux pourformer son équipe, en aidant ces personnesà adapter leurs compétences au servicequi leur est confié dans l’église. Si les pas-teurs prennent au sérieux leur mission defaire des disciples et de multiplier l’impactde leur église plutôt que de se contenterdu strict nécessaire pour maintenir l’égliseen vie, ils ne peuvent sous-estimer l’impor-tance de la formation.

Ensuite, les pasteurs doivent compren-dre que la formation ne suffit pas en elle-même. Vous pouvez avoir toute une équipede gens formés et prêts à servir, mais celane garantit pas qu’ils soient passionnés,consacrés et engagés. Les pasteurs doiventveiller à ce que, avant d’avoir telle ou telle

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position, chacun soit un serviteur qui donne de lui-même parce qu’ilse sent poussé par l’Esprit à servir. Cet aspect est essentiel, mais il estsouvent négligé dans notre précipitation à passer à l’action.

APPRÉCIATIONIl ne s’agit pas seulement de les remercier, mais aussi de leur

montrer qu’on les apprécie pour ce qu’ils sont, plus que pour cequ’ils font. Les responsables d’église oublient souvent que les gensont besoin de savoir qu’ils sont plus importants que ce qu’ils font.Combien de fois un pasteur fait-il sentir aux chrétiens que, s’ils n’en-seignaient pas les enfants, s’ils ne surveillaient pas le stationnement,si le bulletin de l’église n’était pas plié et distribué, ils n’en seraientpas moins importants, appréciés, utiles et aimés de Dieu ?

Dieu nous aime. Il ne nous a pas créés à cause de ce que nousserions capables de faire, mais pour entretenir avec nous une rela-tion fondée sur l’amour. Nous n’entrerons pas au ciel à cause denos œuvres de justice, pas plus que nous ne pourrons jamais tropen faire pour Dieu. Dieu est souverain ; il a tout sous son contrôle.Nos activités, fussent-elles les meilleures dans le cadre de l’église,ne sauraient changer l’opinion qu’il a de nous et son amour pournous. Nous qui sommes leaders devons refléter la même attituded’appréciation envers ceux qui servent.

Les bénévoles ont besoin de savoir que leur relation avec leurpasteur compte plus que le service qu’ils accomplissent. Les pas-teurs peuvent finir par être tellement absorbés par tout ce que doitfaire l’église qu’ils en oublient d’être l’église. Les gens ont besoind’entendre leur pasteur leur dire : « Je suis heureux que tu sois monfrère. Ta présence m’encourage. Tu es une vraie bénédiction ! »

Beaucoup de pasteurs auront peut-être besoin de s’exercerafin qu’une telle appréciation ne soit pas artificielle. Vous arrive-t-ilsouvent d’appeler les membres de votre église pour leur dire combienvous appréciez leur service, mais que vous les appréciez encore pluspour ce qu’ils sont ?

Il n’est pas rare que les leaders aient du mal à manifester unetelle appréciation envers ceux qu’ils dirigent, faute de l’avoir reçueeux-mêmes. Si le pasteur est convaincu que chaque personne queDieu envoie dans son église est « une créature merveilleuse », un « sa-cerdoce royal », une « pierre vivante » et une promesse de l’œuvrerédemptrice de Dieu, il sera moins enclin à se servir des gens pourfaire grandir son église et plus apte à aider les gens à grandir pourdevenir des disciples accomplis.

La formation et l’appréciation vont de pair. Quand les gens sontformés, la grâce et la miséricorde de Dieu opèrent à travers eux etils grandissent dans leur vie de disciple.

Mais pour équiper les croyants, il faudra davantage que la forma-tion et l’appréciation. Le troisième élément est essentiel à l’équilibreet au progrès de chacun.

FEEDBACK (RETOUR D’INFORMATION)Le feedback est souvent négligé parce que les gens sont souvent

habitués à ce qu’il soit plutôt négatif, ou encore l’occasion de com-pliments faciles qui font peu ou rien pour les amener à un autreniveau de service ou de consécration. Un feedback authentique, en-raciné dans l’amour et la grâce, pourra beaucoup contribuer à trans-former des serviteurs en leaders efficaces. Il est donc nécessaire

de comprendre ce qu’est le feedback etcomment l’utiliser.

Il y a trois formes courantes de feed-back. Il y a d’abord les compliments telsque « Vous avez fait du bon travail, pas-teur ». Les compliments restent souventd’ordre général, sont souvent agréablesà entendre et consistent en quelquesmots ; cependant, ils font peu pour amé-liorer le résultat, contribuer à la forma-tion, ou stimuler la personne à l’amour etaux bonnes œuvres. Les complimentspourraient être comparés aux bulles quefait un enfant. C’est joli, agréable quel-ques instants, mais insaisissable et nonréutilisable. « C’était bien ! », « C’étaitbeau ! », « Bon travail ! ». De tels propos seveulent positifs, mais ne laissent aucunbienfait durable. Aident-ils la personneà progresser dans son service ou son rôlede leader ? Saura-t-elle que changer ouaméliorer ? Sera-t-elle encline à reproduirela même performance en se disant que celasuffira à susciter de nouveaux compli-ments ? Les compliments sont les bienve-nus, mais ils ne suffisent pas pour fairegrandir quelqu’un dans le service.

La deuxième forme de feedback est pluscourante. Elle est souvent brandie commeune arme et utilisée par ceux qui sontdavantage préoccupés par le désir de sefaire entendre et de gagner que d’avan-cer et de progresser. Elle est semblableà une flèche lancée avec force. Je veuxparler de la critique.

La critique blesse, même lorsque tellen’est pas l’intention de son auteur. Quandelle frappe, surtout lorsqu’elle prend parsurprise, elle laisse toujours des tracesdouloureuses. La tendance humaine estde riposter, de répliquer et de se venger.La critique survient plus souvent lorsqueles gens sont fatigués, comme à la fin d’unculte ou d’une réunion d’enseignement.La critique n’offre le plus souvent riende constructif, n’aide pas à s’évaluer ouà apprendre. La plupart des gens saventce que produit la critique et peuvent êtreprompts à y avoir recours.

La critique fait partie intégrante de notremode de fonctionnement depuis notreplus tendre enfance. L’Église n’en a certespas le monopole, bien qu’elle en soit sou-vent le terrain de prédilection. Quand lacritique frappe, les gens se mettent en

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position de retrait, sur la défensive, argu-mentent ou se retirent pour éviter la per-sonne qui les a critiqués. L’Écriture nousmet en garde contre l’esprit de critique.Cependant, tant qu’une église ne met pasen place un processus empreint de grâcepour encourager le feedback, la critiquecontinuera de faire des ravages.

La troisième forme de feedback est lacritique constructive. Cette forme offre unealternative positive tant aux complimentsqu’à la critique négative.

Il y a une façon et un art de faire de lacritique constructive une forme de feedbacktrès bénéfique. Les responsables ont besoind’apprendre à donner et recevoir de tellescritiques. Le moment et les circonstancespour exprimer de tels propos peuventsouvent ne pas être propices ; le pasteura donc besoin d’apprendre à choisir lemoment pour partager une telle critiqueet la façon de le faire.

Une critique constructive ne peut êtredonnée qu’après en avoir demandé et ob-tenu l’accord de la personne. Quand je suisfatigué après avoir prêché ou enseigné,ce n’est pas le moment de m’adresser descritiques, même constructives. Mais quandje ferai le point ou que j’évaluerai ce quej’ai pu accomplir, une critique réfléchie etgracieuse sera appréciable.

Vous pouvez commencer par dire : « Est-ce que je peux vous faire part de certainesréflexions en feedback ? ». De telles critiquesdoivent provenir d’un témoin direct dece qui a été fait. Cela exclut le risque decommérages et de médisance.

Une critique peut être positive ou néga-tive ; les trois mots les plus importants pour-raient bien être : « La prochaine fois… ».Ce qui a été fait et les attitudes du passé nepeuvent être changés, mais on peut influen-cer le comportement d’une personne etl’aider à s’améliorer la prochaine fois. C’estd’ailleurs ainsi que Dieu agit. Il pardonnenotre passé et l’oublie en le jetant au fondde l’océan. Puis il nous accompagne vers« la prochaine fois ».

Une telle critique constructive amènele plus souvent à s’évaluer soi-même :« Comment penses-tu t’en être tiré aveccette leçon ? » La critique va alors fournirdes étapes concrètes à franchir pourmieux faire la prochaine fois : améliorer telou tel point, corriger, répéter, préciser…

et grandir ! La critique constructive, quand elle est faite au bonmoment et avec grâce, peut beaucoup contribuer à faire de ce quiest bien quelque chose d’excellent. Critiquer constructivement n’estcertes pas dans nos penchants naturels ; c’est pourquoi le pasteura besoin de saisir les bonnes occasions d’offrir et de recevoir lescritiques comme une forme nécessaire de feedback.

L’élément suivant est un proche cousin du feedback, si bien qu’onles confond entre eux ou avec la planification. Cet élément estessentiel car il place le pasteur dans le rôle souvent sous-évaluéde l’évaluateur.

ÉVALUATIONCe n’est pas au pasteur mais à Dieu d’évaluer les gens. Le pasteur

peut offrir appréciation, reconnaissance, correction, formation etdiscipline, mais il ne peut pas évaluer les personnes. Par contre, ilpeut évaluer les programmes et les processus.

Les pasteurs doivent être très vigilants quant à leur façon defaire des choses telles qu’atteindre leurs objectifs, opérer, servir etéquiper. Une bonne évaluation devrait conduire à une bonne plani-fication, et une bonne planification mener à l’excellence dans leservice. Évaluer signifie constater ce qui a fonctionné ou non, etnon les personnes en tant que telles. L’évaluation offre des outilset des informations quant à ce qui doit être arrêté, poursuivi oucommencé en vue de la prochaine fois, encourageant ainsi lesdisciples à continuer de grandir.

L’évaluation inclut tous ceux qui sont partie prenante dans leministère, et non pas seulement ceux qui seront d’accord avec vous.L’évaluation doit être centrée sur l’avenir : « Comment pouvons-nousfaire mieux la prochaine fois ? »

Malheureusement, bien des églises ont entrepris des évalua-tions sans en tirer les conséquences. Ces évaluations ont été clas-sées comme des informations intéressantes, mais l’église n’a tiréaucune leçon apprise pendant le processus. De plus, des pasteursont parfois été meurtris par des critiques tirées des évaluationspassées et hésitent de ce fait à évaluer. Cela révèle à quel pointcertaines églises ne saisissent pas du tout ce que sont le feedbacket l’évaluation.

Si les gens sont évalués avant qu’ils ne soient formés, appréciésou qu’on leur ait donné un certain feedback, le message qui est en-voyé est que les tâches sont plus importantes que les personnes.L’Église de Dieu n’est pas le lieu où accomplir de bons programmes,mais où produire des disciples qui grandissent.

Les églises sont souvent prêtes à évaluer programmes et projetsdès qu’ils sont terminés sans prendre le temps de considérer lesrésultats que ceux-ci ont produits. Il faut du temps pour évaluer.L’évaluation doit être planifiée et objective. Ceux qui ont travailléà produire un programme sont souvent réticents et trop fatiguésaprès coup pour s’en charger. Ils sont généralement moins objectifsque des observateurs extérieurs.

Lors d’un récent projet que notre ministère a organisé, nous avonsengagé un observateur extérieur afin qu’il assiste à nos réunions deplanification, à l’événement, au suivi et qu’il ait accès aux rapports decette activité. Il nous a apporté une évaluation extraordinaire de nosprocessus de communication, nos habitudes profondément enraci-nées et nos angles morts. Il nous a aussi proposé des suggestions

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constructives pour améliorer notre façon de servir les gens. Son éva-luation s’est avérée être la clé d’un ministère plus efficace enversceux que nous souhaitions atteindre.

Ceux qui dirigent ont besoin d’avoir l’humilité et l’authenticitéde demander du feedback et une évaluation, faute de quoi ils conti-nueront à faire les choses selon leurs habitudes et à rejeter denouvelles idées et l’aide précieuse et formatrice que Dieu leur offrepar le regard de personnes extérieures. Dans nos églises, bien desgens ont des dons de discernement et de sagesse. Il faut leur donnerdes occasions de servir en tant qu’observateurs de nos façons deprocéder. Un leader sage aura recours à de tels moyens afin de par-venir à une bonne évaluation.

RECONNAISSANCE« Nous vous demandons, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui

travaillent parmi vous » (1 Thessaloniciens 5 : 12). La reconnaissance etl’appréciation sont deux choses différentes. L’appréciation honore lesgens pour ce qu’ils sont, tandis que la reconnaissance reconnaît lesgens pour ce qu’ils font. La reconnaissance dit : « Merci ! Nous avonsobservé que vous avez bien servi. Ce que vous faites compte. »

La recherche dans le domaine du bénévolat indique que les gensne servent pas pour se faire remercier ou honorer, mais qu’ils ne leferont pas très longtemps sans ces éléments. La meilleure forme dereconnaissance est personnelle et individuelle ; elle vient de ceuxqui sont servis et offre un rappel durable du fait que le service ac-compli a fait une différence dans leur vie. Un article d’un magazineaméricain spécialisé dans le domaine du bénévolat indique que lemanque de reconnaissance et d’appréciation pour ce qu’ils sont etfont est l’une des principales raisons pour lesquelles les bénévolescessent leur engagement.

La reconnaissance n’a pas besoin de coûter bien cher : elle prendsurtout un peu de temps. La meilleure marque de reconnaissancesera souvent une simple note écrite, un coup de fil amical ou uncourriel attentionné qui sera individuel et connecté au service spé-cifique accompli par la personne, plutôt que général. De nombreuxpasteurs prennent souvent le temps pendant le culte de demanderà ceux qui servent de se lever afin que l’église lui exprime sa recon-naissance. Certes, cela part d’un noble sentiment, mais cela contri-bue peu à encourager les autres à servir, pas plus que cela n’honorecorrectement ceux qui servent.

Voici un exemple : une veuve de 68 ans quitte sa maison à 6h30du matin le dimanche. Elle prend deux bus successifs qui l’amènentà trois rues de l’église qu’elle fréquente. Elle marche jusque là,entre dans le bâtiment, installe sa classe, accueille 24 enfants de8 et 9 ans, les salue tous par leur nom, leur enseigne ce qu’ellea préparé de tout son cœur, les embrasse en leur disant au revoir,en leur rappelant qu’elle leur passera un coup de fil dans la semainepour savoir s’ils ont mémorisé leur verset biblique. Ensuite, elleassiste au culte, chante dans la chorale, donne sa dîme, serre lamain du pasteur et repart.

Quelques semaines plus tard, elle se lève à la demande du pasteuravec 30 autres moniteurs, diacres, chauffeurs de bus, etc… C’est unepiètre façon de lui exprimer la reconnaissance de l’église ou de luimontrer son appréciation ; c’est pourtant là une pratique courantedans nos églises. Cette même veuve sera souvent de ceux qui vont

servir lors de la réception en l’honneur del’anniversaire du pasteur, du dîner d’accueildes nouveaux membres, et même du pique-nique organisé pour les jeunes ! Elle est unepersonne à part entière. Elle ne dira vrai-semblablement jamais à personne qu’elleapprécierait une certaine reconnaissance ;elle ne sert pas par orgueil. Mais le serviceest un acte d’humilité que l’église a besoind’honorer et de reconnaître de façon per-sonnelle et appropriée.

Les pasteurs peuvent être tellementfocalisés sur ce que doit fairel’église qu’ils en oublient que

nous sommes appelés à être l’église.

La véritable reconnaissance…• est une forme d’appréciation qui dit

« merci » à ceux qui prennent soin desautres, les servent et se donnent ;

• est valorisante car elle souligne l’im-portance, l’utilité et même la nécessité d’unservice qui passe souvent inaperçu auxyeux des autres, et qui n’en contribue pasmoins à l’œuvre et au royaume de Dieu ;

• est formatrice en ce qu’elle commu-nique aux autres les opportunités de ser-vice qui sont disponibles et ce qu’apportele service à celui qui l’accomplit — biendes églises ont besoin d’apprendre à re-connaître et apprécier ceux qui serventdéjà avant même de penser à en recruterd’autres ;

• saisit l’occasion d’honorer des té-moignages de fidélité dans le service endes moments particuliers ; ceux-ci serontun exemple pour les autres — la recon-naissance souligne le temps, le talent,l’énergie et le zèle déployés qui ont étél’occasion d’un pas en avant dans la crois-sance spirituelle du serviteur autant deceux qu’il a servis.

La plupart des églises sont très efficacesquand il s’agit de compter la monnaie etles sièges occupés, les dîmes et l’auditoire,mais peu le sont autant pour comptabiliserles heures de service et la teneur du serviceaccompli. Il nous faut « compter ce quicompte » et savoir reconnaître ceux quiservent fidèlement, qu’ils soient rémunérésou non, pasteur ou non, pour le servicequ’ils accomplissent envers l’église ou laville. La reconnaissance favorise la crois-sance et insuffle une vigueur nouvellepour le service.

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La véritable reconnaissance est tangi-ble et intangible, mais ceux qui en bénéfi-cient ne l’oublient pas. Je chéris encoreles quelques gages de reconnaissance quej’ai reçus en tant que pasteur des enfantsau Texas il y a près de vingt-cinq ans. Cesobjets me rappellent que Dieu m’a utiliséet peut encore le faire. Dieu veut m’em-ployer pour amener les autres à dirigeravec un cœur de serviteur.

Les responsables d’église peuventêtre tellement accaparés à accomplir leurtâche qu’ils en oublient ceux pour lesquelsils exercent leur ministère et qui œuvrentà leurs côtés. C’est ainsi que se perpétuele mythe selon lequel un pasteur, un pré-dicateur ou un ancien doivent tout faireeux-mêmes.

RÉFLEXIONNotre héritage évangélique fait que nous

ne mettons pas souvent l’accent sur la ré-flexion, qu’elle soit d’ordre théologique ouautre. Réfléchir signifie regarder en arrière,voir de près, arrêter sa pensée pour consi-dérer une chose. Tout comme les miroirs etles surfaces polies réfléchissent la lumière,le peuple de Dieu reflète sa lumière par lesœuvres de leur service. Les pasteurs sontparfois tellement occupés à courir d’unetâche à l’autre ou d’un ministère à l’autre,qu’ils ne prennent plus le temps de ralentiret de réfléchir à ce que Dieu a fait et com-ment, à la façon dont il les a utilisés pouraccomplir ses desseins.

Toute la Bible est pleine de « matièreà réflexion » : depuis Moïse et sa rencontreavec Dieu au buisson ardent, jusqu’àPaul qui réfléchit à son besoin d’être« crucifié avec Christ » (Galates 2 : 20) et de« connaître la communion de ses souffrances »(Philippiens 3 : 10). Jonas a eu l’occasion deréfléchir pendant que le ricin poussait(Jonas 4 : 5–6). Marie « repassait ces chosesdans son cœur » (Luc 2 : 19). Jésus laissases disciples pour aller dans le Jardin desOliviers afin d’être seul et de parler avecson Père (Luc 22 : 39–41 ; Jean 18 : 1).

Dans le Nouveau Testament, noustrouvons que, régulièrement, Jésus et lesdisciples se retiraient après avoir exercéle ministère dans des lieux tranquilles afinde réfléchir à ce qui venait de s’y passer.C. S. Lewis a écrit : « Nous pouvons vivreune expérience et passer à côté de son

sens ». Nous pouvons souvent être pris au piège de vivre l’expériencede l’œuvre de Dieu dans et à travers nos vies tout en en manquantle sens et le message ; nous nous sommes affairés à ramasser desmûres si bien que nous ne remarquons même pas « le buisson ardentde Dieu », comme le disait Élizabeth Browning.

La réflexion nous amène à nous poser deux questions : « Et alors ? »(« Quel est le sens de cette expérience ? ») et « Et après ? » (« Quem’apprend-elle aujourd’hui ? »). Il est important de se poser ces ques-tions après une réunion, après un temps passé seul avec Dieu, aprèsun voyage missionnaire ou un projet particulier, ou après avoir en-seigné l’école du dimanche ou une étude biblique. Les gens serventfidèlement quand ils peuvent connecter leurs actes de service à leursystème de croyance, leur doctrine, et la mission de leur église. Ilsdoivent aussi pouvoir établir la relation spirituelle entre des actesde service et ce qu’ils entendent et apprennent. Dieu apprend à sesenfants bien des leçons à travers leurs actes et la réflexion leur permetensuite d’apprendre effectivement ses leçons.

Suite à un projet en faveur d’un couple âgé, j’ai demandé auxétudiants qui m’y ont aidé ce qu’ils avaient ressenti à travers cetteaprès-midi. Ils m’ont répondu : « On est fatigués, mais c’est unebonne fatigue car on sait qu’on a fait quelque chose de bien ! »

Je leur ai alors demandé : « Et alors ? » Cela les a amenés à parlerdu besoin de ressembler de plus en plus à Jésus, de développer uncœur attentif pour les gens plus vulnérables, les pauvres, et lesdésœuvrés.

Quant à la question : « Et après ? », ils ont commencé à intégrercette action à un plan plus vaste et à leur désir d’être de meilleursdisciples. C’est ainsi que ce projet devint une leçon sur la compassionde Dieu, le royaume de Dieu et les tendres bontés de Dieu.

Nous aurions pu réaliser ce projet, rentrer chez nous, prendreune douche, un bon repas et passer à autre chose. Mais le fait deréfléchir sur place à l’issue du projet permit aux participants degrandir spirituellement.

C’est pourquoi la réflexion suit les autres éléments essen-tiels de la formation, l’appréciation, le feedback, l’évaluation etla reconnaissance.

Si les leaders mettent ces éléments en pratique dans chaque mi-nistère de l’église, chaque programme et chaque initiative, les gensgrandiront en disciples matures et feront des émules. Certes, mettreces six principes en pratique prend plus de temps. Mais nous ser-vons le Dieu qui a créé le temps et qui tient nos vies dans sa main.Le premier rôle des leaders de l’Église est « d’équiper les saints en vuede l’œuvres du service » (Éphésiens 4 : 11–12). Si nous n’avons pas letemps d’équiper les croyants avec une vision globale et réfléchievers l’excellence, que sommes-nous donc occupés à faire ?

Don R. SimmonsPh. D., est le directeur de Leadership Equippingand Development (Équiper et développer les leaders),à Fresno en Californie.

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Par Barry J. MeguiarPar Barry J. Meguiar

PPPPPooooour quur quur quur quur que grandisse l’Église…e grandisse l’Église…e grandisse l’Église…e grandisse l’Église…e grandisse l’Église…

Pourquoi tant d’églises jouissent-elles d’une croissanceexplosive et d’autres non? Un changement flagrant semble

bel et bien se produire lorsque les membres de l’églisecessent d’être de simples spectateurs pour prendre part

au ministère, et ce en dehors des murs de l’église.

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Les pasteurs sont généralement tentésd’évaluer la santé spirituelle des chrétiensà ce qu’ils peuvent voir dans le cadre desactivités de l’église : des réunions vivan-tes, de bons auditoires, beaucoup de gensà l’appel, et des revenus excédant lesprévisions budgétaires sont considéréscomme des preuves concluantes du faitque Dieu agit puissamment dans le cœurdes gens. Mais cette forme d’évaluationtoute visuelle est-elle à propos ?

Comment se fait-il que nous ayons autantde monde pour louer le Seigneur avecpassion le dimanche matin, et si peu auxautres réunions ? Serait-ce dû au rythmeeffréné de notre société, ou symptomatiqued’un problème plus vaste ?

Comment expliquer que certaines égli-ses aux États-Unis et ailleurs connaissentune croissance explosive, et d’autres non ?Un changement flagrant semble bel et biense produire lorsque les membres de l’églisecessent d’être de simples spectateurs pour

prendre part au ministère, et ce en dehorsdes murs de l’église.

OPTION OU COMMANDEMENT ?Plus de la moitié des membres des

Assemblées de Dieu dans le monde viventau Brésil ; l’Église dans ce pays nous offreun modèle extraordinaire de réveil. Laquestion fut posée à Terry Johnson :« Qu’est-ce que les chrétiens du mondepeuvent apprendre de leurs frères brési-liens ? ». Voici sa réponse :

« Être des témoins, évangéliser et prier.La vie des chrétiens brésiliens est satu-rée de prière, et ils saisissent toutes lesoccasions de témoigner… C’est pour cela

que l’Église au Brésil est en croissancecontinuelle. Ils sont constamment en traind’évangéliser et d’intégrer les nouveauxconvertis dans l’Église, les enseignantà devenir eux-mêmes des témoins. Nouscontinuons de mettre l’accent sur l’évan-gélisation et de motiver les croyants dansle témoignage. » 1

Il est important de noter que l’ensei-gnement aux chrétiens brésiliens estclair : ils sont appelés à être des témoins,quels que soient leurs dons et leurstalents et leurs autres responsabilitésdans l’église locale.

Quel contraste avec les raisonnementsconventionnels de nombreux chrétiens !Nous considérons l’évangélisation commeune option réservée à certains, commed’autres chantent dans la chorale ou serventau sein du conseil d’administration. Enfait, le témoignage et l’évangélisation sontsouvent considérés comme le lot de ceuxqui ne sont pas capables d’occuper despostes plus en vue dans l’église. Les chré-tiens considèrent souvent l’évangélisationcomme le travail de suite auprès des per-sonnes nouvelles dans l’église. Nous nedevrions pas être surpris du peu de crois-sance dans nos pays quand la plupart descroyants ont perdu de vue leur mission pre-mière et universelle d’être sel et lumièredans un monde ténébreux et dépravé.

Dieu ordonne que chacun soit engagédans l’évangélisation personnelle pourdeux raisons : 1) Faire du partage de notrefoi une priorité nous tient à genoux, dansla Parole et dans les rassemblements del’église. 2) Rendre témoignage de notrefoi personnelle accomplit le Grand Ordrede Mission.

MON EXPÉRIENCEEn tant que membre d’église, je peux

vous dire qu’il est tout à fait possibled’être fidèle aux réunions, de faire partiedu conseil d’administration, de chanterdans la chorale, de faire valoir ses dons,et même de faire des voyages mission-naires, sans jamais en retirer de joie.C’est ce que j’ai souvent vécu ; je me suisdemandé ce que j’avais fait de ma joie etcomment la retrouver. D’autres fois,j’étais rempli de joie et convaincu que jene pourrais plus la perdre. Qu’est-ce quifaisait la différence ?

Mes plusgrands momentsde joie étaientceux où jepartageaispersonnellementma foi.

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Dans les deux cas, je participais, je servais et je donnais. Dansles deux cas, j’étais respecté de tous dans mon église, alors mêmeque je vacillais en mon esprit entre deux personnages. Ce n’estqu’après une longue période que la réponse devint évidente. Sansexception, mes plus grands moments de joie étaient ceux où jepartageais personnellement ma foi. Le partage de ma foi avait faittoute la différence ! Jésus a dit : « Mon Père est glorifié en ceci : quevous portiez beaucoup de fruit… Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joiesoit en vous et que votre joie soit complète » (Jean 15 :8, 11). Telle a étémon expérience.

COMMENT OBTENIR UNE JOIE PLEINE ET ENTIÈRELa première chose que font les nouveaux convertis est de

partager naturellement leur foi avec tout leur entourage. Quelqu’una dit : « Il est facile de repérer de nouveaux convertis : ils sonttellement zélés, mais ça leur passera ! » Mais voici plutôt la questionqu’il faudrait nous poser : « Pourquoi nous attendons-nous à ce queles nouveaux convertis perdent leur zèle en devenant soi-disantplus matures ou à cause de leur contexte culturel ? » Cela ne sembleen tout cas pas être le cas au Brésil. Les églises que nous voyonsgrandir ici ou ailleurs sont remplies de gens qui partagent leur foiavec audace et invitent les gens à leur église avec enthousiasme.(Voyez l’encart ci-joint sur le thème : « Comment mobiliser lesmembres de l’église »).

Dieu nous a promis que notre joie demeurerait pleine et entiè-re aussi longtemps que nous amènerons d’autres personnes auSeigneur. Est-ce le message que nos chrétiens entendent ? Ilsassistent à des réunions, servent et prennent certaines responsa-bilités. Mais connaissent-ils la joie de servir le Seigneur en rendanttémoignage de lui ?

Billy Graham a écrit dans un article :« Un chrétien qui n’exprime pas l’amour de Christ envers l’huma-

nité par un service motivé par la compassion ne vit pas pleinementune vie de disciple. De même, un chrétien qui n’exprime pas l’amourde Christ pour l’humanité par un témoignage verbal clair ne vit pasdavantage pleinement sa vie de disciple. Nous avons trop longtempsconsidéré que l’évangélisation était le lot de quelques professionnelsou la tâche du pasteur. Un tel point de vue n’est pas conforme auNouveau Testament, pas plus qu’il n’est réaliste si nous devons faireface aux défis des décennies à venir. La tâche est tout simplementbien trop vaste. » 2

Quand les églises grandissaient très vite aux États-Unis, lespasteurs comme les membres partageaient activement leur foi etproclamaient l’Évangile. L’Église était en feu. Mais la croissance denos églises fut accompagnée par le développement des compétencesde ceux qui les dirigeaient. Cela a contribué à diminuer la valeur quel’on attribuait au témoignage que les membres étaient capablesde rendre à l’Évangile. Avec le temps, cela a amené les chrétiensà s’impliquer de plus en plus dans l’infrastructure de nos églises enpleine croissance.

De nos jours, nous sommes enclins à ne pas attendre des chrétiensqu’ils amènent des gens au Seigneur. Nombreux sont ceux qui neressentent pas de fardeau personnel pour le salut des perdusqu’ils côtoient chaque jour. Quand les chrétiens ne se sentent paspersonnellement responsables de partager leur foi, ils sont moins

enclins à porter du fruit, et davantageà vivre sans joie, à devenir indifférents etapathiques, à se relâcher dans leur fidélitéenvers leur église, à être facilement induitsà critiquer et plus vulnérables face à destentations pouvant les faire tomber dansdes péchés grossiers.

Les chrétiens ont souvent tendanceà vivre leur marche avec le Seigneur à deuxvitesses. Dans l’église, ils peuvent être degénéreux donateurs et des participantsactifs tenus en haute estime par leur pas-teur. Mais nombre d’entre eux ne pensentpas un seul instant à servir Dieu en dehorsde l’église. Bien des gens préfèrent jouerà l’église dans l’église.

Nous savons tous que l’Église n’estpas faite de briques et de ciment maisde personnes. Le fait de confiner notreexpérience chrétienne et notre exubé-rance à l’intérieur de l’église empêche lemonde d’entendre notre message. Maisquand nous vivons notre foi en dehors desmurs de l’église, nous pouvons contribuerà changer notre monde.

John Maxwell compare nos vies à unmatch de rugby et nos églises à la mêlée.Il souligne le fait que bien des chrétiensne sortent jamais de la mêlée pour faire lematch. Il y a aux États-Unis environ deuxmillions de personnes qui tiennent enmoyenne sept conversations significativesavec des non-chrétiens chaque semaine.Cela signifie qu’environ quatorze millionsde personnes sont chaque semaine sousl’influence directe de chrétiens. Nous avonsle potentiel pour changer des multitudesde vies et atteindre notre monde.

Dieu promet à ses enfants une joiepleine et entière qui leur sera restauréedès lors qu’ils commenceront à partagerpersonnellement leur foi. Et tout ce qu’ilfaut pour que cela arrive, c’est que lespasteurs aident les croyants à se considérereux-mêmes comme l’Église, en dehors deleurs murs.

NOTES1 The Pentecostal Evangel, 9 novembre 1997.2 Christianity Today, 8 décembre 1997.

Barry J. Meguiarest le P.D.G. de Meguiar’s Inc.,à Irvine en Californie.

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Cette série d’articles explorera les diversaspects de l’enseignement pentecôtiste surle baptême dans le Saint-Esprit. Elle traiterade deux sujets liés à ce thème, à savoir lefait qu’il est subséquent au salut et qu’ilest accompagné du parler en langues. Nouscouvrirons d’abord les considérations her-méneutiques, les promesses de l’AncienTestament et la terminologie alternativesur le thème du baptême de l’Esprit.1

CONSIDÉRATIONSHERMÉNEUTIQUESLes aspects herméneutiques doivent

être pris en compte en ce qui a trait à la

1ère partie:

Herméneutique,promesses

de l’Ancien Testament,et terminologie alternative

doctrine du baptême de l’Esprit, et cepour deux raisons : 1) les mouvementspentecôtistes, charismatiques et celui ditde la troisième vague ne sont pas unisdans leur compréhension du baptême del’Esprit ; 2) de sérieux défis émanant detrois sources différentes ont été lancésà cette doctrine d’un point de vue her-méneutique : (a) les cessationnistes quidéfendent le point de vue selon lequel lesdons extraordinaires du Premier Siècle ontété discontinués, (b) les non-cessationnis-tes qui ne font pas partie de ces mouve-ments et qui admettent la continuationdes dons extraordinaires mais rejettent la

Il est légitimede faire une étudeinductive à partirdu récit des incidentsrelatés dans le livredes Actes pouren tirer les leçonsthéologiquescumulées au filde ces récits.

Par Anthony Palma

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compréhension du baptême de l’Esprit,(c) certains exégètes au sein du mouvementqui mettent en doute la validité herméneu-tique de cette doctrine.

Les présupposés suivants et les pointsclé d’herméneutique ont servi de guideà la rédaction de cette série. Ils sont don-nés succinctement comme arrière-planet comme cadre de réflexion pour facili-ter la compréhension du contenu de lasuite de ces articles. 2 Ces points ne sontpas forcément énumérés dans l’ordre deleur importance pas plus que dans un ordrestrictement logique. Ils se chevauchentquelque peu et se font en partie ombrageles uns aux autres.

1. Toute Écriture est divinement inspirée.Le Saint-Esprit, auteur divin, ne saurait secontredire dans les Écritures. Un écrit ouun auteur biblique ne saurait par consé-quent en contredire un autre.

2. Notre exégèse de l’Écriture doit êtrecontrôlée par une saine compréhension de ladiscipline de la théologie biblique. La défini-tion de la théologie biblique peut varier,mais sa substance affirme que les doctrinespeuvent émerger du texte biblique et nepas être imposées au texte.

3. Chaque auteur biblique doit être comprisselon ses propres termes. La grille d’inter-prétation propre à Paul ne doit pas êtreappliquée à Luc, pas plus que celle de Lucà Paul. La Bible n’est pas un livre de théo-logie dogmatique ou systématique ; diversauteurs bibliques peuvent donc employerune terminologie similaire avec desnuances de sens différentes. À titred’exemple, l’expression « Recevoir l’Esprit »peut revêtir des nuances selon que c’estLuc, Paul, ou Jean qui l’emploient. Queveut dire chacun d’eux lorsqu’il emploieces termes ?

4. Différents auteurs bibliques peuventavoir une emphase différente. L’évangile deJean, par exemple, souligne la divinité deChrist ; Paul met l’accent sur la justifica-tion par la foi ; Luc, tant dans son évangileque dans le livre des Actes, se concentresur l’aspect dynamique du ministère duSaint-Esprit. Puisque Luc se concentre surcet aspect de l’œuvre de l’Esprit, il estimportant de comprendre ce qu’il a à diresur à ce sujet.

5. Après avoir compris ce que telauteur biblique a voulu exprimer dans

son contexte, ses enseignements doiventêtre reliés à ceux des autres auteurs etde l’ensemble des Écritures.

6. Les différences apparemment inconci-liables sont généralement caractérisées par lacomplémentarité plutôt que par la compétitionou la contradiction. Quelle est la perspectivede tel ou tel auteur ? Par exemple, Jacquescontredit-il vraiment Paul au sujet de larelation entre la foi et les œuvres ? Ou sespropos sont-ils davantage guidés par laraison pour laquelle il a écrit cette lettre ?Dans ce cas, ne devraient-ils pas être in-terprétés en fonction de celle-ci ? Paul etLuc se contredisent-ils vraiment au sujetdu ministère de l’Esprit ?

7. Les écrits de Luc appartiennent au genrelittéraire historique. Mais le livre des Actesest bien plus qu’une simple histoire del’Église Primitive. Les recherches récentesreconnaissent Luc comme un théologienà part entière, autant que comme historien.Il se sert de l’Histoire pour présenter sathéologie.

8. Dans le cadre de la méthode historico-critique d’interprétation biblique, la disciplineque l’on appelle critique rédactionnelle a étélargement acceptée ces dernières années. Laprémisse de base est que l’écrivain bibliqueest un éditeur, et que son écrit présenteen fait sa théologie. Il peut donc prendrele matériel dont il dispose et le formulerde façon à présenter ses convictions théo-logiques prédéterminées. À la base, la cri-tique de la rédaction est une entrepriselégitime et nécessaire. Mais dans sa formela plus radicale, elle permet à l’auteurd’altérer les faits et même de créer unehistoire et de la présenter comme factuelleafin de servir ses intentions théologiques.Pour illustrer comment ce principe fonc-tionne, Paul n’aurait pas pu demander auxÉphésiens : « Avez-vous reçu l’Esprit Saintaprès voir cru ? » (Actes 19 : 2, Darby), car ilenseigne dans ses lettres que la personnequi croit au Seigneur reçoit l’Esprit aumême moment. Luc a donc créé cet inci-dent ou altéré les propos exacts de Paulafin que le récit reflète sa propre com-préhension de l’œuvre de l’Esprit. Cetteforme radicale de critique rédactionnelleest inacceptable pour tous ceux qui ontune haute opinion de l’inspiration divine desÉcritures. Le Saint-Esprit, en bon surin-tendant, n’aurait pas permis à un écrivain

Au jourde la Pentecôte,les disciplesfurent « remplisdu Saint-Esprit » ;ils n’ont pasété régénéréspar cetteexpérience.

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biblique de présenter comme un fait quel-que chose qui n’aurait pas vraiment eu lieu.

9. Les écrits historiques sont sélectifs etsubjectifs par nature, tout comme ils sont in-fluencés par le point de vue et les prédilectionsde l’auteur. C’est le cas du livre des Actes,sans toutefois jamais perdre de vue que l’his-toriographie de Luc n’est pas ultimementla sienne mais celle du Saint-Esprit.

10. La théologie narrative est une approchede l’herméneutique relativement récente. Unaspect est ce qu’on appelle l’analogie nar-rative. En y ayant recours, l’auteur invitele lecteur à faire une étude comparativedes récits similaires afin de découvrirdes schémas ou des échos, tels que desphrases ou des thèmes récurrents. 3 L’aspectanalogique de la théologie narrative estétroitement lié à l’approche pentecôtistetraditionnelle dans sa compréhension dubaptême de l’Esprit selon les termes desrécits du livre des Actes.

11. Une objection à la compréhension pen-tecôtiste du baptême de l’Esprit est le faitqu’elle se fonde sur un précédent historique,ce qui, disent certains, ne peut suffire pourétablir une doctrine. Selon ce point de vue,il est possible que Luc ait rapporté uneexpérience de l’Esprit subséquente à sonœuvre de régénération et même que cetteexpérience ait inclus la glossolalie, maisil est impropre d’en déduire une doctrine.Autrement dit, les récits narratifs sontdescriptifs, et non prescriptifs, puisquequ’aucune proposition n’affirme explici-tement que les expériences qu’ont vécuesles disciples n’étaient pour tous lescroyants.

Le raisonnement inductif est toutefoisune forme légitime de logique. Il consisteà formuler une conclusion générale à par-tir de l’étude d’incidents ou de déclarationsparticuliers. Comment pourrions-nousjustifier autrement la doctrine de la Trinitéou de l’union hypostatique — le fait queChrist soit à la fois pleinement humain etpleinement divin, tout en étant une per-sonne unique ? Le Nouveau Testament necontient aucun texte ne décrivant l’uneou l’autre de ces doctrines de façon ex-plicite. Il est donc légitime de faire une étu-de inductive à partir du récit des incidentsrelatés dans le livre des Actes pour en tirerles leçons théologiques cumulées au filde ces récits.

Une objection souvent soulevée par lescritiques est que, si nous insistons sur leprécédent historique d’une expérience del’Esprit après la conversion, nous devrionsfaire de même avec d’autres précédentstels que vendre tous nos biens ou tirerau sort quand nous devons prendre desdécisions. Mais Dieu n’a jamais prescrità l’Église Primitive d’agir de la sorte pasplus qu’il ne l’a poussée à le faire ; deplus, ce sont là des incidents uniques.Ce furent là des initiatives personnellesprises par des individus de leur proprechef. Mais Jésus a bel et bien ordonnéaux disciples d’attendre jusqu’à ce qu’ilssoient remplis de l’Esprit. Plus encore,être rempli de l’Esprit est une activitédivine et non humaine.

12. Une autre objection à la position pente-côtiste se base sur la question de l’intention del’auteur. La question a été posée : « Quelleétait l’intention de Luc en écrivant lesActes ? » La réponse est qu’il a voulu rap-porter comment l’Évangile s’est propagédans tout le monde romain ; ce n’était paspour donner un enseignement sur le bap-tême de l’Esprit. Mais comment expliquerla propagation de l’Évangile autrementque par l’impulsion divine, la puissancedu Saint-Esprit ? Actes 1 : 8 résume en unephrase tout le livre des Actes. Les deuxclauses principales de ce verset sont étroi-tement liées et ne sauraient être séparées :« Vous recevrez une puissance » et « vous serezmes témoins ». 4 Si le mandat d’« aller par toutle monde » est toujours d’actualité, alors lerevêtement de puissance nécessaire pourson exécution sera aujourd’hui encore telque Jésus l’a promis.

13. Liée à l’objection précédente est l’idéeselon laquelle ce sont seulement des groupesreprésentatifs qui ont vécu dans les Actes uneexpérience spéciale du Saint-Esprit, pour mon-trer que l’Évangile se propageait et incluaittous les peuples — les Juifs à Jérusalem(chapitre 2), les païens (chapitre 10), etles disciples de Jean-Baptiste (chapitre 19).Mais cette position est critiquable surplusieurs plans : 1) il est souvent ignoréou passé sous silence l’expérience person-nelle de Paul après sa conversion lorsqu’ilfut rempli de l’Esprit (9 : 17). Cela ne faisaitpas partie d’une expérience vécue au seinde l’un de ces groupes. 2) Les premiersprédicateurs n’ont-ils jamais eu l’occasion

L’Esprit estdescendu surlui et s’estmanifesté toutau long de sonministère terrestre.Tel est le modèlequ’il a laisséà tous les croyants.

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de rencontrer certains des disciples deJean-Baptiste pendant les vingt années quiséparent les chapitres 2 et 19 des Actes ?3) De plus, ces hommes étaient-ils effec-tivement des disciples de Jean ? Ouétaient-ils des disciples de Jésus en manqued’instruction ? 5

LA PROMESSE DE L’ESPRITDANS L’ANCIEN TESTAMENTL’Ancien Testament est le prélude indis-

pensable à toute discussion sur le baptêmedans le Saint-Esprit. Les événements dujour de la Pentecôte (Actes 2) furent lepoint culminant de l’accomplissementdes promesses que Dieu avait faites dessiècles auparavant concernant l’institutionde la nouvelle alliance, qui allait égalementinaugurer l’ère de l’Esprit. Deux passages enparlent très clairement : Ézéchiel 36 : 25–27et Joël 2 : 28–29.

Le passage d’Ézéchiel parle d’être as-pergés d’une eau pure et ainsi purifiés detoute souillure spirituelle. Il continue endisant que le Seigneur enlèverait le cœurde pierre de son peuple et lui donnerait« un cœur nouveau » et mettrait en lui « unesprit nouveau ». C’est par le Saint-Esprit quivient demeurer dans le cœur des croyantsque cela devient possible : « Je mettrai monEsprit en vous » (verset 27). Il en résulteraqu’ils suivront ses ordonnances, et qu’ilsobserveront et pratiqueront ses lois.

La promesse est clairement liée au con-cept néotestamentaire de la régénération.Paul parle du « bain de la régénération et durenouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3 : 5),se faisant ainsi l’écho des paroles de Jésusquant à notre besoin de « naître d’eau etd’Esprit » (Jean 3 : 5). La transformation quis’opère par la nouvelle naissance produitun mode de vie changé, ce qui est rendupossible par l’Esprit résidant dans lecœur. Le Saint-Esprit demeure en chaquecroyant (Romains 8 : 9, 14–16 ; 1 Corin-thiens 6 : 19). La notion même d’êtrechrétien sans le Saint-Esprit est une contra-diction dans les termes.

La prophétie de Joël est très différentede celle d’Ézéchiel. Elle ne parle pas detransformation intérieure, d’un change-ment de comportement, ou du Saint-Esprit demeurant en nous. Le Seigneury dit plutôt : « Je déverserai mon Esprit surtoute chair ». Le résultat sera remarquable :

ceux qui le recevront prophétiseront,auront des songes et des visions. Cetteprophétie nous rappelle le désir intensede Moïse : « Puisse tout le peuple de l’Éternelêtre composé de prophètes ; et veuille l’Éternelmettre son Esprit sur eux ! » (Nombres 11 : 29).Les parallèles entre la prophétie de Joël etle souhait de Moïse sont sans équivoque.Ce qui distingue ce texte de celui d’Ézé-chiel, c’est que les résultats de l’activitéde l’Esprit sont très différents ; ils sontfrappants et charismatiques par nature.L’Esprit vient sur le peuple de Dieu d’abordpour le revêtir de puissance afin qu’il pro-phétise. Cela est évident dans la citationque Pierre fait de Joël dans son messagede Pentecôte (Actes 2 :16–21). Pierreajoute : « Et ils prophétiseront » (verset 18)au milieu de la citation, répétant et souli-gnant le fait que « vos fils et vos filles prophéti-seront » (verset 17). Au jour de la Pentecôte,les disciples furent « remplis du Saint-Esprit » ;mais ils ne furent pas régénérés par cetteexpérience.

Devons-nous en conclure qu’il y eutdeux venues historiques distinctes duSaint-Esprit, compte tenu de la différencesubstantielle entre les prophéties d’Ézéchielet celle de Joël ? La réponse se doit d’êtrenégative. Il est plus logique de parler de lapromesse globale de la venue de l’Espritqui englobe le fait qu’il vienne habiter lepeuple de Dieu et le remplir en vue de lerevêtir de puissance. Ce sont deux aspectsde la promesse de l’œuvre du Saint-Espritdans l’ère où nous vivons.

La promesse de l’Esprit ne fut pas ac-complie jusqu’au jour de la Pentecôte(Actes 2). Mais la conception virginale deJésus par la puissance de l’Esprit étaitl’aube d’une ère nouvelle. L’Esprit estdescendu sur lui et s’est manifesté toutau long de son ministère terrestre (Mat-thieu 3 : 16 ; Luc 4 : 18–19 ; Actes 10 :38–39). Tel est le modèle qu’il a laissépour tous les croyants à qui le Seigneurde l’Ancien Testament a promis qu’ilsseraient habités et revêtus de puissancepar le Saint-Esprit.

LA TERMINOLOGIEDU BAPTÊME DE L’ESPRITLe livre des Actes contient quelques

70 références au Saint-Esprit. Puisqu’ilrelate la venue de l’Esprit et nous donne

La promessede la venuede l’Esprit inclutà la fois le fait qu’ilest venu fairesa demeuredans le cœurdes croyantset qu’il veutle revêtirde puissanceen vue du service.

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des exemples de son interaction avec leshommes, il est naturel de se tourner versce livre pour y trouver une terminologiespécifique au baptême de l’Esprit. Lesexpressions suivantes y sont employéesde façon interchangeable :• Baptisé dans l’Esprit (1 : 5 ; 11 : 16) ;• L’Esprit survenant, descendant ou tombant

(1 : 8 ; 8 : 16 ; 10 : 44 ; 11 : 15 ; 19 : 6 ) ;• L’Esprit répandu (2 : 17–18 ; 10 : 45) ;• La promesse du Père (1 : 4) ;• La promesse de l’Esprit (2 : 33, 39), l’Esprit

étant lui-même la promesse ;• Le don de l’Esprit (2 : 38 ; 10 : 45 ; 11 : 17),

l’Esprit étant lui-même le don ;• Le don de Dieu (8 : 20), le don venant

de Dieu ;• Recevoir l’Esprit (8 : 15–20 ; 10 : 47 ; 19 : 2) ;• Être rempli de l’Esprit (2 : 4 ; 9 : 17).

Du point de vue de la fréquence, l’ex-pression baptisé dans le Saint-Esprit est cellequi revient le plus souvent et ce danschacun des évangiles (Matthieu 3 : 11 ;Marc 1 : 8 ; Luc 3 : 16 ; Jean 1 : 33). L’ex-pression être rempli de l’Esprit est em-ployée fréquemment mais avec un sensplus inclusif, qui sera discuté plus tard danscette série.

L’expression baptême dans le Saint-Esprit,nom équivalent à l’expression verbale êtrebaptisé dans le Saint-Esprit, ne se trouve pasdans le Nouveau Testament en tant quetelle, mais elle est souvent employée parsouci de clarté pour signifier cette mêmeexpérience. Le terme de baptême de l’Esprita aussi toute sa raison d’être.

Aucun terme ne communique à lui seultout ce que cette expérience implique. Lestermes employés ne devraient pas êtrepoussés à l’extrême de façon littérale ; ilssont simplement des mots employés parles écrivains bibliques pour nous aiderà mieux cerner le sens de cette expérience.Par exemple, les mots baptisé ou remplimettent l’accent sur le fait qu’il s’agitd’une expérience dans laquelle le croyantest entièrement dominé ou submergé parle Saint-Esprit. Parmi d’autres effets, cetteexpérience rehausse et intensifie l’œuvredu Saint-Esprit déjà présent dans la viedu croyant.

BAPTISÉ PAR ET DANS LE SAINT-ESPRITLe Nouveau Testament établit-il une

distinction entre le fait d’être baptisé par

le Saint-Esprit et celui d’être baptisé dans le Saint-Esprit ? Septpassages contiennent à la fois le verbe baptiser et le nom Saint-Esprit ou Esprit. Tous ces versets nous enseignent-ils la même chosequant à la relation qui existe entre les deux termes ?

Pas de baptême du Saint-Esprit. Les écrivains du NouveauTestament ne parlent jamais du baptême du Saint-Esprit. Le termeest ambivalent et pourrait être employé pour décrire l’une ou l’autreexpérience de l’Esprit. L’une est un baptême par l’Esprit par lequelnous sommes incorporés dans le corps de Christ. L’autre est unbaptême dans l’Esprit par lequel nous sommes revêtus de puissanceen vue du service.

Baptisé dans l’Esprit. L’expérience pentecôtiste est correctementdécrite par l’expression être « baptisé dans (préposition grecque en)le Saint-Esprit » (Matthieu 3 : 11 ; Marc 1 : 8 ; Luc 3 : 16 ; Jean 1 : 33 ;Actes 1 : 5 ; 11 : 16 ; voir aussi Luc 24 : 49 ; Actes 1 : 8). C’est là latraduction la plus exacte du grec qui communique le mieux le sensde cette expérience. Elle est préférable pour deux raisons.

D’abord, la préposition grecque en est la proposition la plusversatile du Nouveau Testament et peut être traduite en, avec, par,parmi, à l’intérieur de selon le contexte. Nous pouvons éliminer lesdeux derniers sens car ils ne sauraient s’appliquer aux passagesque nous étudions. Nous pouvons aussi éliminer par dans les pas-sages des évangiles et des Actes car Jésus, et non pas le Saint-Esprit, est celui qui baptise. Nous sommes baptisés par Jésus dansle Saint-Esprit.

Ensuite, en est préférable à avec car il communique mieux le lan-gage imagé employé pour le Saint-Esprit. Le verbe baptizo signifieimmerger ou tremper. Il serait étrange de dire « Il vous immergera(ou vous trempera) avec le Saint-Esprit ». Il est bien plus naturelde dire « dans le Saint-Esprit ». Cette préférence pour « dans leSaint-Esprit » est renforcée par l’analogie avec le baptême d’eauqui se fait dans l’eau.

Préférer traduire ce mot par en dans les passages des évangiles etdes Actes ne relève pas d’une simple question de sémantique pasplus que d’un désir de couper les cheveux en quatre. Cela reflèteune bonne compréhension de la nature du baptême dans le Saint-Esprit, en mettant l’accent sur le fait qu’il s’agit d’une expériencedans laquelle le croyant est totalement immergé dans l’Esprit.

Baptisé par l’Esprit. Il faut distinguer le fait d’être baptisé dansle Saint-Esprit d’être baptisé par l’Esprit dans le corps de Christ(1 Corinthiens 12 : 13). 6 La même préposition en est utilisée dansce verset ; la première partie de la phrase dit : « Car c’est dans (en)un seul Esprit que nous tous… avons tous été baptisés dans un seul corps.»Dans désigne ici le Saint-Esprit comme le moyen ou l’instrumentpar lequel ce baptême a lieu. L’expérience dont Paul parle ici estdifférente de celle mentionnée par Jean-Baptiste, Jésus et Pierredans les six autres passages.

Les deux groupes de passages que nous discutons (les six dansles évangiles et les Actes, et celui de 1 Corinthiens) contiennentquelques termes similaires. Mais il est discutable d’avancer que,sous prétexte que certaines combinaisons de mots se retrouventdans divers passages, leur traduction et leur signification doiventtoujours être les mêmes. En dehors de certaines similitudes, cesdeux groupes de passages ont peu en commun. Par exemple, Paulmentionne un Esprit. Il n’utilise pas le terme composé Saint-Esprit ;

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il parle d’être « baptisés en un seul corps ».De plus, la phrase « en un seul Esprit » pré-cède le mot baptisés. Dans tous les autrespassages, il suit le verbe, à l’exceptionde Actes 1 : 5 où, aussi curieux que celaparaisse pour certains, il vient entre lesmots Esprit et Saint.

Le contexte détermine souvent le choixque doit faire le traducteur pour rendre lesens d’un mot ou d’une expression. Il estdonc utile de voir comment Paul utilisedes expressions similaires ou identiquesà « dans (en) un seul Esprit ». Le contexteimmédiat, qui contient quatre phrasessemblables devrait être déterminant.

1 Corinthiens 12 : 3 nous dit : « Nul, s’ilparle par (en) l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésusest anathème ! et nul ne peut dire : Jésus est leSeigneur ! si ce n’est par (en) le Saint-Esprit. »Le verset 9, par lequel Paul continue sa listedes dons spirituels, nous dit : « À un autre,la foi, par (en) le même Esprit ; à un autre, desdons de guérisons, par (en) le même Esprit ».Cette dernière phrase est identique à celledu verset 13. Dans tous ces exemples où lemot en est en rapport direct avec le Saint-Esprit, la traduction par s’impose et s’avèrebien plus claire que toute autre traduction.De plus, tout le chapitre parle de l’activitédu Saint-Esprit.

Ce concept est mentionné sous uneforme légèrement différente dans Romains6 : 3, qui parle d’être « baptisés en ChristJésus ». Galates 3 : 27 parle aussi d’être« baptisés en Christ ». Ce baptême est diffé-rent de celui mentionné par Jean-Baptiste,Jésus et Pierre dans les évangiles et dansles Actes. Selon Jean-Baptiste, c’est belet bien Jésus qui baptise dans le Saint-Esprit. Selon Paul, c’est le Saint-Esprit quinous baptise en Christ, ou dans le corpsde Christ. S’il faut maintenir cette dis-tinction à tout prix, il nous faudrait enarriver à l’idée saugrenue que Christ nousbaptise en Christ !

En résumé… La distinction entre êtrebaptisé par l’Esprit et dans le Saint-Espritn’est pas imputable à une herméneutiquepentecôtiste qui serait biaisée. Une com-paraison de la traduction du mot en dans1 Corinthiens 12 : 13 dans les principalesversions montre une préférence évidentemême parmi les érudits non-pentecôtistespour le mot par. C’est le choix qu’ont faitles versions Ostervald et Semeur notamment,

Entre autreschoses, cetteexpérience vientrehausseret intensifierl’œuvredu Saint-Espritqui demeuraitdéjà dans le croyant.

L’expériencepentecôtisteest appeléeà juste titre« être baptisé dansle Saint-Esprit ».

ainsi que la plupart des principales versionsanglophones.

Chaque baptême a une raison d’êtrequi lui est propre. 1 Corinthiens 12 : 13nous parle de l’incorporation, ou du bap-tême, en Christ et en son corps. Cela estdifférent du baptême dans le Saint-Esprit,dont le but premier est de nous donnersa puissance pour être ses témoins (Luc24 : 49 ; Actes 1 : 8).

NOTES1 La deuxième partie traitera de la relation chrono-logique entre ces événements. La troisième consi-dérera la question du parler en langues comme d’unélément nécessaire. La quatrième abordera le butdu baptême de l’Esprit et la terminologie inclusivedes expressions : « Être remplis du Saint-Esprit ».2 Les érudits de la tradition pentecôtiste classiqueont beaucoup écrit sur cet aspect du sujet. Je men-tionnerai entre autres : French L. Arrington, DonaldA. Johns, Robert P. Menzies, William W. Menzies,Douglas A. Oss, Roger Stronstad.3 Pour une discussion plus approfondie de la théo-logie narrative, voir Douglas A. Oss, « A Pentecos-tal/Charismatic View, » dans Are Miraculous Gifts forToday ? ed. Wayne A. Grudem, (Grand Rapids, Mich. :Zondervan Publishing, 1996), 260–262 ; et DonaldA. Johns, « New Directions in Hermeneutics, » InitialEvidence, ed. Gary B. McGee, (Peabody, Mass.: Hen-drickson Publishing, 1991), 153–156.4 Les citations sont de la Bible dite à la Colombesauf indication contraire.5 Ce point sera couvert dans la deuxième partie decette étude.6 Certains érudits reconnus de la tradition pente-côtiste traditionnelle préfèrent la traduction danset interprètent cette clause comme signifiant lebaptême pentecôtiste dans l’Esprit.

Anthony Palma, Th.D.,est un enseignant de longuedate dans les Assembléesde Dieu des États-Unis.Il vit à Springfield dans le Missouri.

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Par Richard D. DobbinsPar Richard D. Dobbins

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Chacun possède un réservoir de sentiments enracinés dans lesrelations qu’il a vécues avec les gens qu’il a côtoyés dans le passé etqui l’ont ainsi marqué : parents, grands-parents, frères et sœurs, amisd’enfance, amis de cœur, et dans certains cas, anciens conjoints. Plusles gens et les circonstances de notre présent ressemblent aux genset aux circonstances de notre passé, plus il est probable que nosréactions aient tendance à être colorées par les sentiments cachésde notre cœur. C’est ainsi que, dans la vie, les réactions totalementobjectives sont extrêmement rares. Les rapports qu’entretiennent leschrétiens avec leurs pasteurs peuvent stimuler ce genre de schémasémotionnels.

LA RELATION CHRÉTIEN-PASTEUREST UNIQUE EN SON GENRELa relation entre le pasteur et son assemblée est unique. Il

n’est aucune autre relation professionnelle qui génère une telleintensité émotionnelle. Les médecins et autres thérapeutes quiconnaissent ce phénomène sont bien plus protégés par (1) la natureplus structurée et professionnelle de la relation et (2) le tempslimité qu’ils passent avec chaque patient. Les pasteurs, quant à eux,peuvent se trouver jusqu’à cinq fois (et plus) en contact avec lesmembres de leur église chaque semaine, ne serait-ce que lorsdes réunions publiques, comités, et autres occasions, sans oublierles entretiens particuliers.

La relation chrétien-pasteur ressemble aux relations familiales.Jésus a parlé de la similitude qui existe entre la famille naturelled’une personne et sa famille spirituelle (Marc 3 : 31–35). Cela ex-plique peut-être pourquoi le pasteur est souvent perçu par biendes personnes comme le substitut d’un parent.

Quand le pasteur et ses membres ont eu des relations familialessaines, leurs rapports mutuels n’en seront en principe que davantageplaisants. Mais s’ils ont connu des relations malsaines dans leurfamille, cela peut ouvrir la porte à des situations potentiellementexplosives dans la famille de l’Église.

LE PASTEUR EN TANT QUE FIGURE D’AUTORITÉLes pasteurs qui n’ont pas eu de rapports sains avec les figures

d’autorité dans leur famille naturelle peuvent rencontrer des diffi-cultés à vouloir être eux-mêmes des figures d’autorité saines dansl’Église. Certains peuvent abuser de leur pouvoir, d’autres ne sup-porteront pas les critiques et d’autres encore seront trop timidespour exercer leur autorité pastorale, même lorsque cela serait vitalpour l’unité de l’église.

Les chrétiens qui ont été abusés par des parents autoritairespeuvent être prédisposés à rechigner face à toute expression del’autorité pastorale, aussi saine soit-elle. Ces gens pourront s’enprendre violemment à leur pasteur, ventilant ainsi la colère qu’ilsn’ont jamais pu exprimer envers leurs propres parents.

Les chrétiens qui ont eu tendance à idolâtrer leurs parents ferontparfois de même avec leur pasteur. Aux yeux de certains, le pasteuret sa famille ne peuvent jamais rien faire de bon ; pour d’autres, ilsne peuvent jamais mal faire. Les pasteurs en bonne santé émo-tionnelle ne sont pas séduits par les critiques ni par leurs fans. Ilssavent que le vrai pasteur vit quelque part à mi-chemin entre lafosse et le piédestal.

Dieu seul connaît les complicationssans fin causées dans la vie de pasteurssincères, de membres de conseils, etd’autres croyants à cause des sentimentscachés et incompris qui se terrent au fonddu cœur (Jérémie 17 : 9 ; Jean 1 : 8).

LES CHRÉTIENS ONT TENDANCEÀ IDÉALISER LEUR PASTEUREN TANT QU’ÉPOUXCeux qui considèrent que leur propre

conjoint est insensible ont tendance à voirleur pasteur comme celui qui possèdetous les traits de caractère tendres etromantiques qu’ils ne trouvent pas chez eux.Mais dans la plupart des cas, une conver-sation franche avec l’épouse du pasteursuffirait à leur donner une vision plus réa-liste des choses.

Quand une personne de l’autre sexedésire un entretien de relation d’aide avecle pasteur, ce dernier se trouve confrontéà une situation potentiellement dange-reuse. Ces personnes souffrent générale-ment de relations amoureuses brisées ouabusives et rencontrent donc leur pasteuren un temps particulièrement vulnérablede leur vie. Quelles que soient les circons-tances, les pasteurs sont légalement etmoralement tenus de protéger autant eux-mêmes que les personnes qu’ils reçoivent,afin de veiller à ne pas ouvrir une brèchedans les limites physiques ou affectives aucours des sessions de relation d’aide.

Les conseillers professionnels fontréférence aux sentiments que le conseillerréveille chez la personne en la faisantparler de ses souvenirs de personnes etsituations passées comme à un transfert.De même, ces mêmes sentiments qui sebousculent dans l’esprit de la personneconseillée pendant ces rencontres sontappelés le contre- transfert.

Le transfert est un processus incons-cient par lequel la personne conseilléeprête au conseiller les sentiments et lesfantasmes, positifs et négatifs, qui trouventleurs racines dans ses réactions envers despersonnes significatives qui ont marquéson passé.

Le contre-transfert est la réaction émo-tionnelle inconsciente du conseiller enversla personne qu’il conseille, réactionsqui interfèrent le plus souvent avec sonobjectivité.

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Satan profite de ces sentiments cachésdu cœur pour frustrer le processus de gué-rison et provoquer autant de destructionque possible, tant chez la personne qui cher-che conseil que chez le conseiller, fût-il unpasteur. Un pasteur avisé comprend bienque tout sentiment quelque peu amoureuxque la personne qu’il conseille peut mani-fester envers lui n’est pas dû à son charmeirrésistible ou à son physique éblouissant.De tels sentiments proviennent d’une cer-taine admiration et d’une confiance impli-cite envers le pasteur en tant qu’hommede Dieu. S’il n’était pas pasteur, de telssentiments ne naîtraient jamais.

Les personnes conseillées peuventtomber amoureuses de l’image du parentou du conjoint idéal dont ils rêvent, dureprésentant de Dieu qui essaie de leurexpliquer l’amour divin, et non pas de lapersonne faite de chair et d’os qui estassise en face d’elles.

DÉVELOPPER ET APPLIQUERUN SYSTÈME DE CONTRÔLELes pasteurs doivent sauvegarder soi-

gneusement la confiance de la personnequ’ils conseillent et prendre l’entière respon-sabilité de toute transaction émotionnellependant le processus de relation d’aide. Ilsdoivent protéger à la fois la personne qu’ilsconseillent et qui est vulnérable, et eux-mêmes face aux sentiments qu’elle peutnourrir à son encontre. Ils doivent aussi seprotéger et protéger leur visiteur de toutsentiment inapproprié qu’ils peuvent sen-tir se développer en eux.

Mais comment s’y prendre concrète-ment ? Il vous faut vous discipliner à pren-dre certaines mesures pratiques en vouspréparant à chaque session de relationd’aide. Quand j’arrive dans mon bureaule matin, je commence à me préparer,spirituellement et mentalement, aux per-sonnes que je dois voir.

Je commence par parcourir ma liste derendez-vous et par relever mentalementles sentiments que le nom de chaqueclient suscite en moi. Certes, je veux quele Seigneur m’aide à servir chacun de monmieux, mais je n’éprouve pas les mêmessentiments envers chaque personne quime rend visite.

Si vous voulez être honnête et efficacedans des situations de relation d’aide, vous

ne pouvez ignorer le côté unique de cha-que personne que vous voyez et votrepropre réaction à chacune d’elle. Bien sûr,vous ne ferez pas part de ces données à lapersonne.

Occasionnellement, le nom d’une fem-me attrayante et captivante apparaît surma liste. Mes sentiments me pousserontà me réjouir à la pensée de la revoir. Mêmes’il se peut très bien qu’elle ne soit attiréepar moi que dans mes fantasmes et non lessiens, il est toujours de ma responsabilitéde tenir cet entretien de façon à ce qu’ellecomme moi soyons en sécurité.

Au fil des ans, le Seigneur m’a aidé à dé-finir et observer une discipline protectricepar rapport aux femmes qui viennent meconsulter qui s’est avérée très efficace.Cette discipline tient en huit points simpleset pleins de bon sens :

1. Maintenir une limite physique de unà deux mètres entre la personne et moi.Toute personne a besoin de près d’unmètre autour d’elle pour se sentir rassuréeet en sécurité.

2. Garder un esprit de prière et être at-tentif à mes sentiments pendant la session.

3. Garder un esprit de prière et êtreattentif aux sentiments de la personneque je conseille.

4. Comprendre que la relation d’aide estun engagement dans un conflit spirituel,qui se mène sur le terrain des pulsions, desfantasmes et des idées à partir desquels lapersonne fera certains choix.

5. Réaliser la nécessité essentielle durecours à la vérité biblique et à la prièrependant le processus de relation d’aide.

6. Honorer la personne conseilléecomme un enfant de Dieu et respecter lecaractère sacré des limites physiques (je netouche jamais une femme que je conseille).

7. Réaliser qu’à n’importe quel mo-ment pendant la session, votre contrôlede la vie et du ministère que Dieu vousa confiés peut ne tenir qu’à ce mètre dedistance physique que vous maintenezentre vous-même et la personne que vousconseillez.

8. Rappelez-vous souvent ce qui arri-verait si votre conjoint, votre famille, voscollègues pasteurs et tous ceux qui vousaccordent toute leur confiance apprenaientque vous avez gâché votre moralité et cellede quelqu’un d’autre en ne sachant pas

Plus les genset les circonstancesde notre présentressemblentaux gens et auxcirconstancesde notre passé,plus il est probableque nos réactionsaient tendanceà être coloréespar les sentimentscachés de notrecœur.

Satan profitede ces sentimentscachés du cœurpour frustrerle processusde guérisonet provoquer autantde destructionque possible,tant chezla personnequi chercheconseil que chezle conseiller,fût-il un pasteur.

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contrôler les limites physiques qui s’impo-sent dans une situation de relation d’aide.

Chaque année, je parle avec plusieurspasteurs qui n’ont pas su se discipliner dansleurs rapports avec les personnes de l’autresexe qu’ils ont conseillées. C’est ici une ques-tion de tolérance zéro. De tels comporte-ments ternissent l’image de Christ.

Ces pasteurs sont rarement conscientsdes ravages qu’ils ont ainsi causés auxpersonnes conseillées et à leur famille,mais aussi à la capacité de toute l’Égliseà faire confiance à un autre pasteur. Plusd’une fois, j’ai entendu des membres deconseil déçus et en colère me dire : « Com-ment vais-je expliquer à mes enfants quele pasteur ne peut plus être notre pasteur ? »Une assemblée dont le pasteur est ainsitombé est profondément meurtrie pourlongtemps.

AUTRES SENTIMENTS QUI PEUVENTCOMPLIQUER LES RELATIONSLa tentation sexuelle n’est pas le seul

moyen que Satan emploie pour amenernos sentiments cachés à troubler la paixd’une église. Les pasteurs doivent aussiveiller à leurs relations avec leurs comitéset tous les membres de leur église.

Ils doivent être conscients de trois sen-timents latents qui peuvent compliquerles relations dans l’église, s’ils ne sont pasidentifiés et réglés.

1. Un pasteur doit se garder de la colèreet du sentiment de rejet.

Aucun d’entre nous n’aime se sentirrejeté par les autres ou être l’objet de leurcolère. Les pasteurs sont particulièrementsensibles à ces sentiments quand ils lesperçoivent chez des gens dont ils recher-chent l’accord et l’approbation — peut-êtremême en ont-ils besoin — en vue d’êtredes dirigeants efficaces.

Une des réactions les plus saines quevous puissiez avoir dans une situation oùun membre de votre conseil vous mépriseou vous rejette est de la banaliser. N’enfaites pas une montagne. N’oubliez pasque, s’ils avaient l’occasion de s’exprimerlibrement, 15 à 20% des gens de n’im-porte quelle église diraient qu’ils préfè-reraient avoir quelqu’un d’autre commepasteur.

La plupart des pasteurs perçoivent dela colère ou du rejet à leur encontre de la

part d’un ou deux leaders parmi leurs mem-bres. Ne prenez pas ces attaques commeétant trop personnelles. Absorbez-les defaçon à en minimiser l’impact en public, etlaissez-en la responsabilité là où elle est :sur les épaules de celui ou celle qui vientainsi de ventiler ses sentiments.

Réalisez que celui qui essaie de vousinfliger ainsi ses sentiments bataille proba-blement lui-même avec un aspect nonencore sanctifié de son histoire avec lesfigures d’autorité.

Prenez d’avance la décision que, si detels sentiments devaient être exprimés dansune réunion de conseil ou d’affaires, vousn’allez pas y réagir personnellement.

Réagissez sans vous mettre sur la défen-sive quand il s’agit clairement de sentimentsbiaisés en disant par exemple : « Franckvient-il d’exprimer les sentiments de toutle comité ou bien s’agit-il simplement de cequ’il ressent personnellement ? » Encoura-gez les autres à exprimer leurs opinionssur les questions qui sont discutées.

Les pasteurs ne peuvent fonctionnerdans de bonnes conditions quand ils se sen-tent menacés par la colère et le rejet de ceuxqui dirigent l’église. Un des sentimentsprofonds et cachés du cœur d’un pasteurest le besoin de sentir que les autres sontsatisfaits de lui et l’acceptent.

Plus vous serez conscient des interac-tions complexes de vos propres sentimentset de ceux des autres, moins ils pourrontdéclencher des situations douloureuses etsouvent inutiles parmi ceux qui dirigentl’église à vos côtés.

2. Un pasteur éprouve le besoin d’êtreaimé.

Nous avons tous besoin d’être aimés.Mais certains pasteurs, à cause de ce besoinparticulièrement intense, risquent de pré-sumer qu’ils ne sont pas aimés, simplementparce qu’un membre de leur conseil émetune opposition même mineure à une deleurs idées.

Un pasteur mature comprendra que, s’ilserait merveilleux que tout le monde l’aime,ce n’est certainement pas une nécessité.Il sait que, la plupart du temps, ses idées deprogrammes et de méthodes pour l’églisene sont pas des révélations reçues direc-tement du ciel. Cela l’aidera à ne pas sesentir visé trop personnellement quand,dans le cours normal des délibérations et

Les pasteurssont légalementet moralementtenus de protégerautant eux-mêmesque les personnesqu’ils reçoivent,afin de veillerà ne pas ouvrirune brèchedans les limitesphysiques ouaffectives au coursdes sessionsde relation d’aide.

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des débats, des opinions différentes dessiennes sont exprimées.

3. Un pasteur éprouve le besoin d’avoirraison.

Les pasteurs ont une autre caractéris-tique en commun avec les autres leaders :le besoin d’avoir raison. Certains membresde conseil ont ce même besoin.

Cultivez assez d’humilité de cœur pourêtre capable de dire à votre conseil et auxmembres de vos comités : « Mes frères, jepeux me tromper ! », et dites-le sincère-ment ! Votre capacité à le reconnaître ins-pirera davantage encore confiance enversvotre ministère de leader. Les gens sainsd’esprit ne s’attendent pas à ce que leurpasteur soit infaillible.

Sondez ces sentiments cachés de votrecœur : le fait de ne pas vouloir que lesautres soient en colère contre vous ou vousrejettent, le désir de voir les autres vousaimer et le besoin d’avoir raison. Vousserez un leader d’autant plus sage. Vousserez aussi moins enclin à agir impulsive-ment face à ces pulsions soudaines.

De plus, vous découvrirez aussi quela vaste majorité des enfants de Dieu neseront pas en colère après vous et ne vousrejetteront pas. Au contraire, ils vousaimeront et apprécieront les nombreusesbonnes idées que vous apporterez pourenrichir les programmes et activités del’église. Ils vous admireront pour le simplefait que vous aurez appris à être conscientde ces sentiments. Ils vous verront dès lorscomme un modèle crédible parce que vousserez prêt à admettre vos faiblesses. Ilsvous respecteront et n’auront que d’autantplus confiance en votre ministère.

CONSIGNES GÉNÉRALESPOUR LA RELATIOND’AIDE PASTORALE

1. Maintenez la confidentialité. L’exceptionà cette règle serait le cas où des raisons éthiques oulégales vous obligeraient à rompre une confidence.Il est impératif que les pasteurs se familiarisent avecles lois de leur pays concernant les confidencesfaites aux ecclésiastiques et aux exceptions à laconfidentialité.

2. Évitez de manipuler la personne que vousconseillez. Beaucoup de ceux qui cherchent l’aided’un pasteur sont particulièrement vulnérables.

3. Évitez de prendre des décisions à la placede la personne qui cherche de l’aide. Bien desgens viennent trouver un pasteur en s’attendantà des réponses divinement révélées à leurs pro-blèmes. Le pasteur peut être quelque peu directifdans son approche de la relation d’aide mais doitveiller à ne jamais prendre de décisions à la placede la personne.

4. Ne faites pas le facteur sauf quand cela estapproprié. Il peut certes arriver qu’il soit utile etthérapeutique de partager et d’interpréter avecquelqu’un le comportement ou les propos d’uneautre personne en vue de les voir se réconcilier. Maisdu fait que le pasteur est souvent en contact avec lafamille ou l’entourage de la personne qu’il conseilleet avec lesquels elle peut être en conflit, celle-ci peutparfois désirer ou s’attendre à ce que le pasteur fasseoffice de messager. Cela n’est pas approprié.

5. Ne devenez pas un voyeur. Le pasteur doitveiller à ne pas chercher à avoir des informationsqui ne sont pas nécessaires à la compréhension duproblème abordé. Chercher à obtenir des détails denature sexuelle pour l’excitation que cela peut appor-ter est inapproprié, injuste et contre-productif.

6. Ne vous laissez jamais aller à une implica-tion romantique ou sexuelle avec quelqu’un quevous conseillez. La relation d’aide individuelle avecune personne de l’autre sexe peut devenir une sourcede séduction très forte. Les pasteurs devraient s’assurerque quelqu’un d’autre est en vue quand ils conseillentquelqu’un de l’autre sexe. De plus, ils ne devraientpas voir quelqu’un de l’autre sexe pour plus de troissessions.

Adapté de Randolph K. Sanders, ed.,Christian Counseling Ethics : A Handbook for Therapists,

Pastors & Counselors (Downers Grove, Ill. :Intervarsity Press, 997), 83–84. Utilisé avec permission.

Richard D. Dobbins,Ph.D., est psychologue, fondateuret directeur de EMERGE Ministries,à Akron dans l’Ohio aux États-Unis.

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Par Donald R. Spradling

La prière change tout

Par Donald R. Spradling

La prière change tout

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Un proverbe africain dit : « Chaquematin, une gazelle se lève en sachantqu’elle doit courir plus vite que le lion leplus rapide, sans quoi elle se fera dévorer.Et chaque matin, un lion se lève en sachantqu’il doit courir plus vite que la gazellela plus lente, sans quoi il mourra de faim.Alors, que tu sois une gazelle ou un lion,chaque matin quand tu te lèves, tu as in-térêt à courir ! »

Courir représente une toute autrepriorité et nécessité pour la gazelle ou lelion dans la brousse africaine que pourceux qui sont dans un zoo occidental. Lesréalités de la mort et de la vie font de lacourse une priorité quotidienne. La prièreest certainement une de ces prioritésvitales si nous voulons voir la puissancede Dieu tout changer dans notre vie dechaque jour.

Une femme en détresse et en pleursm’appela un jour pour m’expliquer que sasœur venait d’être assassinée. « Commentles gens peuvent-ils être aussi mauvais ? »me demanda-t-elle ; elle était incapablede surmonter sa douleur et son incom-préhension.

J’ai immédiatement commencé à luiparler et à tenter de la réconforter, maisj’ai entendu une voix intérieure me dire :« Ce qu’il lui faut, ce n’est pas de la relationd’aide, mais de la prière ». Sans hésiter,je l’ai alors dirigée vers celui qui pouvaitseul guérir l’angoisse de son âme et calmersa tempête. Parce que j’avais moi-mêmeprié, j’étais confiant et prêt à prier avec etpour elle. Dans les secondes qui suivirent,la tempête s’apaisa et la paix et l’espoirremplirent son cœur. La prière fut notrearme, et elle nous apporta la victoire.

PRENDRE EN MAINNOTRE VIE DE PRIÈREIl semble incroyable que Dieu nous

donne un moyen aussi efficace et acces-sible par lequel nous pouvons être encommunion avec lui, grandir et mener unevie victorieuse. Cependant, comme biendes choses qui nous sont disponibles dansla vie quotidienne, la prière devient unlieu commun et une option dans nos vies.Dans notre monde indiscipliné et désor-donné, la prière ne semble importante quedans les temps de crise ou pour arriverà nos propres fins.

La prière aiguisela lame du ministère.Notre Seigneur enétait bien conscient ;malgré toutce qui pesait surses épaules, il savaitmettre du tempsà part pour prier.

La plupart des chrétiens sont d’accordpour dire que la prière est importante etque nous devrions prier plus souvent etplus efficacement, mais notre ennemicommun est le manque de temps. Nousdisons : « Je n’ai tout simplement pas letemps ! » Mais cela n’est pas vrai. Si quel-qu’un a le moindre temps pour regarderla télévision chaque jour, il n’y a pas deraison qu’il ne puisse pas trouver de placepour la prière dans son programme.

C’est nous qui décidons ce que nousfaisons de notre temps. Quelqu’un a dit :« Si vous voulez que quelque chose soitfait et bien fait, demandez à quelqu’unde très occupé de s’en charger ! » Pour-quoi ? Parce que les gens occupés ont lesens des priorités et cherchent à gérerleur temps le mieux possible.

Il nous appartient de gérer notre tempsde prière, faute de quoi elle n’aura jamaisla place qui lui revient. Aristote a dit :« Nous sommes ce que nous faisons defaçon répétitive. Ainsi, l’Excellence n’estpas un acte mais une habitude ».

Si cela est vrai, la prière ne sera produc-tive dans nos vies que lorsqu’elle aura la pre-mière place. Nous devons l’inclure dans leséléments non négociables de notre vie.

VOUS POUVEZ Y ARRIVERLa plupart des gens se trouvent toutes

sortes d’excuses pour ne pas faire ce quiest important. Par exemple, ceux qui ontbesoin de perdre du poids trouvent desexcuses du genre : « C’est génétique : je n’ypeux rien ! » ou encore : « Mon problèmeest chimique ; suivre un régime me don-nera donc encore plus de problèmes. »

Dans presque tous les cas, il existe unmoyen de réussir à faire ce qui est impor-tant. Nous devons réentendre encore unefois la Parole de Dieu qui dit : « L’esprit queDieu nous a donné ne s’esquive pas face audanger » (2 Timothée 1 : 7, version Knox).

La version Amplified New Testament rendce verset de cette façon : « Il nous a donné unesprit de puissance, d’amour, de calme et d’équi-libre, de discipline et de maîtrise de soi ». Dieunous a déjà donné le don de la discipline etde la maîtrise de soi. Vous faites face à unvrai défi, mais vous pouvez remporter lavictoire et devenir puissant par la prière.Vous pouvez prier plus souvent et plus effi-cacement. C’est une question de choix.

Trois élémentsressortantdu paradigmede la prière quipeuvent changervotre vie.

Je ne connaispersonne qui aimeles premiersmoments de quelqueprogrammed’exercice quece soit. Ce n’estqu’après avoircommencé à prierqu’une certaineeuphorie et unecertaine onctionémergent.

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LE PARADIGME DE LA PRIÈREUn événement majeur est introduit dans Luc 9. Jésus a donné

à ses disciples l’autorité de prêcher la Bonne Nouvelle, de chasserles démons et de guérir les malades. Ils ont parcouru la région enproclamant la nouvelle du royaume, en guérissant les malades eten faisant des miracles. Quelques jours plus tard, Jésus prit Pierre,Jacques et Jean et monta sur une montagne pour prier, et « pendantqu’il priait, l’aspect de son visage changea » (verset 29).

Le rapport étroit entre le changement d’aspect de Jésus et laprière est indéniable. Des choses glorieuses et dramatiques sefirent jour tandis qu’il priait. S’il serait insensé de penser que chaqueprière doit être accompagnée d’éclairs et de visitations d’anges, iln’en est pas moins vrai que Dieu est attentif à chaque prière qui luiest adressée selon sa volonté et qu’il y répond.

Le paradigme de la prière dans Luc 9 nous concerne toutautant aujourd’hui que les disciples qui étaient ce jour-là sur lamontagne. Le Seigneur veut que nous soyons marqués par lebouleversement qu’introduisit la prière à ce moment précis. Lesdisciples furent invités à vivre cette expérience afin qu’elle leurserve de leçon à tout jamais.

Tandis que Jésus priait, l’aspect de son visage changea ; sesvêtements devinrent éclatants d’une blancheur surnaturelle ; desvisiteurs célestes se sont présentés pour échanger des proposédifiants ; une voix porteuse d’un message d’approbation, celle duPère céleste en personne, se fit entendre, et les disciples furenttémoins de la gloire de Dieu dans une mesure extraordinaire —tout cela à cause de la prière !

Le fruit de cette puissance fut évident tandis que Christ et sesdisciples redescendirent pour faire face aux impossibilités humaines.Un jeune garçon fut guéri.

L’EFFICACITÉ DE LA PRIÈRECe sont certainement le sens de l’urgence et la dimension prophé-

tique de son ministère immédiat qui ont poussé Jésus à rechercher cetemps de prière. Il était habitué à la prière et en connaissait toute lavaleur. Il priait tôt (Marc 1 : 35) ; il priait seul (Marc 6 : 46 ; Luc 5 : 16) ;il priait avec une grande consécration (Luc 6 : 12 ; 22 : 41). La prièrefut pour lui une priorité qui demeura une discipline de sa vie depuisson enfance jusqu’à la croix.

Quelqu’un a dit : « Ce n’est pas la quantité de prière qui comptemais sa qualité ». Il s’agit là en fait d’un autre de nos subtils mécanismesde fuite. S’il est vrai que la qualité importe plus que la quantité, il l’esttout autant que, pour accomplir davantage d’exploits et de plusgrands pour le royaume, Jésus a dit : « Cette espèce-là ne peut sortirque par la prière et le jeûne » (Marc 9 : 29). Il est sage de considérerl’importance de la prière en relation avec notre efficacité.

Dans son livre, Les sept habitudes des gens qui réussissent, StephenCovey partage une histoire fort à propos :

Imaginez que vous rencontriez quelqu’un qui est en trainde scier fébrilement un arbre dans les bois. « Que faites-vous ?demanderez-vous. — Ne voyez-vous pas que je suis en train descier cet arbre ? répond l’autre, agacé. — Vous avez l’air épuisé,vous exclamez-vous. Cela fait combien de temps que vous y tra-vaillez ? — Plus de cinq heures, et je n’en peux plus. C’est vraimenttrès dur. — Pourquoi ne prendriez-vous pas cinq minutes de pause

pour aiguiser votre lame ? demandez-vous.Je suis sûr que cela irait bien plus vite en-suite. — Je n’ai pas le temps d’aiguiser mascie, réplique-t-il catégoriquement. Je suistrop occupé à scier. »

Nous sommes souvent tombés dans lepiège qui consiste à scier avec une lameémoussée. Nous sommes occupés, tou-jours en mouvement. Nos agendas sontpleins. Mais notre lame est émoussée.

La prière aiguise la lame du ministère.Notre Seigneur en était bien conscient ;malgré tout ce qui pesait sur ses épaules,il savait prendre du temps à part pourprier. C’est ainsi qu’il a connu une méta-morphose (traduction littérale du motrendu couramment par transfiguration).Sa conversation avec Moïse et Élie concer-nant la croix et le réconfort apporté parla voix du Père étaient liés à ce temps queJésus avait consacré à la prière. Le minis-tère de délivrance qui l’attendait au piedde la montagne avait aussi un rapportdirect avec ce temps de prière. L’efficaci-té de la prière est à jamais en relation avecce paradigme de la prière.

L’EXERCICE DE LA PRIÈREComme toute autre discipline, la prière

est difficile. La meilleure façon de prierest encore de commencer. Je ne connaispersonne qui aime les premiers momentsde quelque programme d’exercice que cesoit. Ce n’est qu’après avoir commencéà prier qu’une certaine euphorie et unecertaine onction émergent.

Des miracles se produiront si nousdépendons de Dieu dans la prière, commedans le cas du fils tourmenté par un démondans Luc 9 : 37–42. Alors que Pierre etJean étaient en route pour la prière auTemple, ils rencontrèrent un boiteuxqu’ils guérirent (Actes 3 : 1–10). Nousdevons apprendre à inclure cet exercicede communion et d’intercession dansnotre programme.

Le moment où nous prions n’est pasaussi important que le fait que nous priions.Certains sont des lève-tôt et prient le matin.D’autres préfèrent le milieu de la journéeou la soirée. Ce qui est important, c’est dese fixer un temps et de le programmer dansnotre horaire. Certains invoqueront commeexcuse : « Mais je prie tout le temps ! » C’estcette même personne qui vous dira : « Je fais

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de l’exercice en allant au bureau à pied ».Certes, cela est bon, mais rien ne peutremplacer du temps mis à part intention-nellement pour la prière.

Je suis depuis quatre ans un program-me en huit étapes qui m’a énormémentapporté. Chaque étape est importantepour ma vie personnelle ou vitale quantà l’œuvre de Dieu. Cela commence par laprière et l’action de grâces, la famille,l’Église, le pays, les missions, les amis, leministère, les projets et divers besoins.Je prie une heure par jour en suivant ceguide, 365 jours par an, tous les ans. Beau-coup de membres de mon assemblée ontchoisi ce même exercice pour leur vie deprière personnelle, ce qui a apporté unrenouveau à leur vie spirituelle.

La plupart des chrétienssont d’accord pour dire

que la prière est importanteet que nous devrions prier

plus souvent et plus efficacement,mais notre ennemi commun

est le manque de temps.

Il y a autant de façons de prier qued’emplois du temps : à vous de trouverun plan de prière qui vous aide à bénirvotre monde puis à vous y tenir.

William Hinson, pasteur de la FirstMethodist Church de Houston, au Texas,partageait un exercice de prière excep-tionnel en rapport avec son assemblée.Il sentait que sa prière pour la croissancede son église était trop générale, si bienqu’il a réparti ses membres en groupesde dix. Il les informa par lettre qu’il allaitprier pour eux chaque jour de la semaineen cours, les invitant à partager avec luiles besoins particuliers pour lesquels ilpourrait intercéder. Cette église a connuune croissance sans précédent et la viede prière de son pasteur en a été d’autantplus exercée. J’ai commencé ce même pro-cessus dans notre église, et l’impact a étéremarquable.

L’exercice de la prière sera toujoursdifficile, mais les résultats sont incroyables.Quelle qu’en soit la forme d’expression, leprincipe demeure le même depuis des mil-lénaires : « Si mon peuple sur qui est invoquémon nom s’humilie, prie, et cherche ma face,et s’il se détourne de ses mauvaises voies, — je

l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays »(2 Chroniques 7 : 14).

LE POUVOIR EXPONENTIEL DE LA PRIÈREL’impact que la prière peut avoir n’a jamais pu être sérieusement

mis en doute ; quand les hommes invoquent le Seigneur, la synergiede la Parole de Dieu et de son Esprit leur font vivre des expériencesqui affectent profondément leur vie.

Il nous appartient de mettre la prière à notre ordre du jour ;Dieu, quant à lui, se chargera de les exaucer. J. Edwin Orr a écrit :« Quand Dieu veut faire quelque chose avec son peuple, il les conduittoujours à la prière ».

David Barrett, qui est impliqué dans un mouvement mondial deprière, a écrit que :

• 170 millions de chrétiens se sont engagés à prier chaque jourpour le Réveil et l’évangélisation.

• 20 millions affirment que la prière est leur vocation premièreau sein du corps de Christ.

• 10 millions de groupes de prière affirment que le Réveil esten tête de liste de leur agenda.

Nous pourrions bien être en train de vivre le plus grand mou-vement de prière avec un impact exponentiel en vue d’un Réveilmondial et d’une immense moisson d’âmes. Actes 4 : 31 nous ditque, lorsque les gens prièrent, le lieu trembla. Cela ne nous fut pasrapporté tel un événement isolé, mais comme un principe pournous stimuler à la prière.

La gazelle et le lion savent que courir est pour eux une question devie ou de mort. Les hommes et les femmes qui servent Dieu saventque la prière est cruciale à leur survie. Si nous ne prions pas, nousserons rattrapés et dévorés par le lion qui rugit. Si nous ne prions pas,nous ne verrons jamais les dons liés au ministère se manifester etnous n’aurons pas la grâce d’être et de rester victorieux.

Les leaders de l’Église Primitive ont bien senti que le rôle de laprière était déterminant ; c’est pourquoi, lorsque leur emploi dutemps fut surchargé par d’autres responsabilités, ils prirent cetterésolution stratégique : « C’est pourquoi, frères, choisissez parmi voussept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleinsd’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Etnous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de laparole » (Actes 6 : 3–4).

La prière qui change tout doit passer par-dessus et avant tout.

Donald R. Spradlingest le pasteur principalde l’église Christian Life Churchde Long Beach en Californie.

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L’islam est un système complexe. L’aus-térité y est adulée et de stricts codes deconduite constituent la norme. Il est at-tendu de chacun qu’il se conforme à desnormes morales élevées, et plus encore dela part des femmes. La permissivité sexuel-le n’est pourtant pas rare. La malhonnêtetédans les affaires financières est souventlouée. L’homosexualité, quoiqu’attribuéeà des causes différentes de celles invoquéesdans le monde occidental, est un fait cou-rant. Tant que ces actes sont commis sousle couvert, et que ceux qui s’y adonnent nefont pas la honte de la communauté et neprovoquent pas de scandale, l’immoralitésubsiste. Les progrès de la technologiemoderne, des appareils ménagers, et l’ac-cès à internet sont acceptés et encouragés,même si la liberté de pensée fait encore faceà une forte résistance.

Comment peut-on comprendre et ana-lyser une culture pleine de contradictionset de valeurs conflictuelles ? J’aimeraisaborder ici trois questions qui sont poséesaujourd’hui dans bien des milieux.

QUEL EST LE SECRET DERRIÈRELA MULTITUDE ÉNORMEDE GENS QUI ADHÈRENT À L’ISLAM ?Comment se peut-il qu’un cinquième

de la population mondiale offrent leurallégeance à Mahomet ? Il nous faudraitplus de place que n’en contient tout cemagazine pour considérer les douzainesde réponses à cette question. Mais en bref,les musulmans ont droit jusqu’à quatrefemmes à la fois. De plus, ils peuvent dis-poser d’un nombre illimité de concubines.C’est là un facteur important dans la crois-sance numérique phénoménale de l’islamde par le monde. Même dans des pays où lapolygamie est illégale, certains musulmansépousent plusieurs femmes lors de céré-monies religieuses. Ces mariages ne sont

Parlons de l’islampas déclarés devant l’État. Un observateursuperficiel sera porté à croire que ceshommes ont plusieurs maîtresses. Maisselon la loi islamique, ces unions sont toutà fait légales.

Le fait d’avoir plusieurs épouses etconcubines contribue largement à la crois-sance biologique. Prenez l’exemple deOussama ben Laden, fondateur et leaderd’El-Qaïda, et cerveau des attaques ter-roristes du 11 septembre 2001 contre lesÉtats-Unis. Il était l’un des 54 enfants nésde Mohamed ben Laden de ses épouseset concubines. Il y a quelques années, unleader musulman a déclaré en France :« Nous conquérrons la France par le ventrede nos femmes ».

L’islam est fort de nombreux actes decompassion. Mahomet lui-même ayantété un orphelin et sa mère une veuve, ila défendu la cause des orphelins et desveuves. Divers groupements et associa-tions musulmanes dans le monde entieroffrent des aides financières, de l’aidemédicale gratuite et une éducation gra-tuite à ceux qui sont dans le besoin. Ceciest un incitatif non négligeable pour lespauvres et les laissés pour compte de seconvertir à l’islam.

Légalement, dans les sociétés musul-manes, l’islam est une rue à sens unique.Un musulman, qu’il soit né ainsi ou le soitdevenu par la conversion, ne peut quitterl’islam. La peine pour le péché d’apostasieest sévère : « S’ils deviennent apostats,prenez-les et tuez-les où que vous lestrouviez. Ne prenez jamais parmi euxd’amis ou d’aides » (Coran, 4 : 89).

Les lois financières dans certains paysmusulmans avantagent les musulmans. Ilsont la priorité d’emploi, du logement etdans l’éducation. Les non musulmans neconnaissent pas ce privilège. Devenirmusulman signifie devenir privilégié.

Par Sobhi Malek

Les musulmanssont unis par desliens très forts :une mêmeconfession,une même histoire,un seul livre,une seule loi et unseul prophète.

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Comprendreles contradictionset les valeursconflictuellesdans la cultureislamique

Dans les premiers temps, les présentsjouaient un rôle important dans l’avance-ment de l’islam. Mahomet envoyait dubutin, des cadeaux, et de l’argent à desnon musulmans dont il voulait se faire desamis et des alliés. Aujourd’hui encore, enAfrique comme en Amérique, les musul-mans ont recours à la même stratégie. Onpeut offrir à un converti potentiel uneépouse, un travail, une somme généreused’argent, ou une maison pour l’encoura-ger à se convertir à l’islam.

Dans les pays musulmans, l’islam estle protégé de l’État. Les missionnaires mu-sulmans sont envoyés et soutenus finan-cièrement par le gouvernement. Par exem-ple, de grosses sommes d’argent ont étédonnées par l’Arabie Saoudite, la Libye, leQatar, le Koweït, Oman, Bahreïn, les ÉmiratsArabes Unis, l’Égypte et la Jordanie pourbâtir le centre islamique de Toledo, dansl’Ohio aux États-Unis.

Il est aussi fait appel à la communautédes fidèles. On appelle cela la « umma (na-tion) du prophète ». C’est la communautéà laquelle appartiennent tous les musul-mans. Où qu’ils se trouvent dans le monde,ils sont tous frères et sœurs. Ils sont touségaux. Ils s’appartiennent mutuellement.Ils sont unis par des liens très forts : uneconfession, une même histoire, un seullivre, une seule loi et un seul prophète. Celaleur donne un sentiment de sécurité. Làencore, cela est attrayant pour tous leslaissés pour compte que l’individualisme dessociétés occidentales a laissé livrés à leurdésarroi, abandonnés et rejetés.

La Mecque est le point focal, visibleet magnétique de l’islam. C’est vers LaMecque que les musulmans se position-nent pour prier cinq fois par jour. C’està La Mecque qu’ils se rendent en pèleri-nage. C’est là, et nulle part ailleurs, qu’ilsressentent toute l’effervescence, l’unité,l’égalité, une profonde fraternité et lerespect de soi. La Mecque donne aussi audisciple de l’islam un profond sentimentde sécurité. Là, entouré de quelques deuxmillions de coreligionnaires, il voit bienqu’il n’est pas seul. Il s’agit là d’un puis-sant aimant sociologique et religieux quiattire et réunit du monde. Imaginez-vousparticiper à une conférence évangéliqueavec quelques deux millions de chrétiensnés de nouveau !

Les musulmansont droit jusqu’àquatre femmesà la fois. De plus,ils peuventdisposer d’unnombre illimitéde concubines.

L’islam contient bien des facettes quien appellent aux désirs humains. Uncheikh musulman disait qu’une raison dela propagation phénoménale de l’islamétait le fait qu’il s’agit d’une religion quis’accommode de la nature humaine, de sesdésirs et de son comportement.

La doctrine de l’unicité absolue de Dieuest l’emphase principale et le cœur mêmede l’islam. Elle semble exercer un profondattrait, même si elle se heurte à de sérieuxproblèmes quand on la confronte au testde la logique.

De plus, il est facile de se convertir à l’is-lam. La personne ne doit rien sacrifier d’im-portant ni endurer d’épreuve particulièrepour suivre cette religion. La transition sefait habituellement sans difficulté.

Une autre raison pour laquelle l’islamest attrayant est qu’il touche aux réalitésde la vie quotidienne. Les codes musulmansont des règles et des lois pour presquechaque activité de la vie quotidienne :nourriture, hygiène, prière, travail, voyages,sexe et relations interpersonnelles. Celarend l’islam attrayant car il régule toutesles activités quotidiennes et répond auxproblèmes très terre-à-terre que la viesoulève.

L’islam est aussi attrayant par le faitque son credo inclut des règles et descroyances qui incluent les dimensions dela vie sociale telles que l’éducation et lejudiciaire. Nombreux sont ceux qui trou-vent cela séduisant.

QU’EST-CE QUI AMÈNEUN MUSULMAN À DEVENIRUN TERRORISTE PRÊT AU SUICIDE ?Les terroristes sont prêts à mourir en

tuant les autres et en détruisant leurspropres biens. Faute de pouvoir atteindreson but par des négociations, tel sera prêtà se détruire et à détruire les autres. Voiciquelques exemples tirés des récentesmanchettes de journaux :

• Des terroristes se suicident pourdétruire des casernes militaires américaineset françaises au Liban, tuant 241 américainset 58 français.

• Des terroristes tuent trois mille per-sonnes en détruisant les Tours Jumellesà New York.

• Un terroriste se fait sauter, tuant aveclui vingt personnes à Jérusalem.

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• Une femme se fait sauter ainsi que10 autres personnes.

• Des palestino-américains de ladeuxième et troisième générations applau-dissent les attentats suicide !

Si divers groupes ont utilisé le terroris-me par le suicide tout au long de l’Histoire,cette méthode a pris des proportions co-lossales ces dernières années. Mourir pouravoir combattu une sainte guerre (Jihad)garantit au musulman une place dans leparadis. Dès que les leaders déclarentqu’une guerre est une sainte guerre, lesgens sont d’emblée prêts à mourir et à s’as-surer ainsi une place dans le ciel. Un leadermusulman a dit : « L’arme du martyr… estfacile et ne nous coûte que notre vie… Lesbombes humaines sont imparables, pasmême par des bombes nucléaires ». Ceuxqui perpétuent des attentats suicide sontpoussés par la forte conviction que leurcause est juste, fut-elle religieuse ou poli-tique. Quand les fondamentalistes musul-mans essaient de vivre la loi islamique en laprenant au pied de la lettre et d’assujettirles autres à leur religion, et voient leursplans finalement déjoués, leurs espoirss’évanouir et défaits par leurs propres ins-titutions et par d’autres facteurs extérieurs,ils ont alors recours au terrorisme.

Loin d’être des déchets de la société,comme certains le supposent, les terro-ristes suicide sont souvent des gens debonnes familles ayant eu accès à une bonneéducation. Je crois qu’ils souffrent d’uncomplexe de supériorité. Ils sont trèsconscients de leur religion et sont extrê-mement fiers de leur identité. Ils croientque l’islam est la seule religion qui ait ledroit d’exister. Ils luttent pour abolir ouvaincre tout ce qui se met en travers deleur chemin : autorités civiles, autoritésreligieuses, pouvoirs politiques ou mêmeforces militaires.

Je crois qu’un autre facteur est consti-tué par les victoires marquantes que lestroupes arabes ont remportées dans lesdébuts de l’histoire de l’islam ; cela a im-planté en eux un sens irréversible et in-flexible de triomphalisme qui contrôle lapensée, les émotions et la volonté despeuples musulmans. Le résultat se voitjusque dans leur attitude aujourd’hui.Quand ils décident de faire quelque chose,ils le font, quels que soient les moyens

auxquels ils doivent recourir et les consé-quences. Puisqu’ils ont la faveur d’Allahet qu’il leur a donné la supériorité sur tousles autres, comment pourraient-ils accep-ter d’être moins que cela ? Cette formede pensée est inconcevable.

À QUI VA LEUR ALLÉGEANCE ?L’islam a une vision dichotomique du

monde : dar-ul Islam (la maison de l’islam),et dar-ul harb (la maison de la guerre). Lesfidèles font partie de la maison de l’islam.Les sociétés séculières et les non musulmansfont partie de la maison de la guerre. SeyydQutb l’exprime clairement quand il dit :« L’islam ne connaît que deux sociétés (dansle monde), la société musulmane et la so-ciété païenne non musulmane ».

Le système islamique exige une allé-geance. Un vrai musulman ne saurait êtrefidèle à un système non musulman. Celaconstituerait une trahison pure et simple.La véritable identité d’un musulman estdonc liée à l’islam et non au pays où il setrouve vivre. Sa première loyauté est enversla communauté de l’islam.

CONCLUSIONLes chiffres peuvent être intimidants

et nous pouvons être révoltés par les ac-tes terroristes, mais nous devons voir lesmusulmans comme des hommes et desfemmes dans le besoin. Ils ont besoin deChrist. Tout comme tout autre peuple quin’a pas accepté l’expression de l’amourde Dieu au Calvaire, le peuple musulmann’a pas de vraie paix, de joie et de satis-faction profonde. Ils sont poussés par desrèglements et des lois rigoureux qui sontfondés sur des « tu feras » et des « tu neferas pas ». Seule la grâce de Dieu peutleur faire découvrir le pardon, la libertéet la vie. Ma profonde conviction est que,pour atteindre ce but, nous devons aimerprofondément les musulmans, puisouvrir notre bouche à chaque occasionpour partager Christ avec eux.

Sobhi Malek,Docteur en Missiologie,est missionnaire parmi les musulmanset professeur invité sur le mondeislamique dans de nombreux séminairesthéologiques de par le monde.

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À l’automne 1821, un étudiant en droitse mit à chercher le Seigneur. Pendant l’an-née qui venait de passer, un Réveil avaitbalayé sa ville, Adams, dans l’État de NewYork. Il avait refusé de s’y impliquer. Maissuite à cela, il se mit à prier. Quarante ansplus tard, il se souvient de sa conversion :« Le Saint-Esprit descendit sur moi de tellefaçon qu’il me sembla qu’il parcourait toutmon corps et mon âme. J’eus l’impressiond’être transpercé par une onde électriquequi me traversait de part en part. En fait,il semblait venir comme par un amour li-quide ; je ne saurai l’exprimer autrement.Cela ressemblait au souffle même de Dieu.Je me souviens distinctement que cela mefit l’effet du souffle que provoqueraientd’immenses ailes. Il n’y a pas de mots pourexprimer le grand amour qui fut alors ré-pandu dans mon cœur ». 1

C’est ainsi que naquit le ministère deCharles Grandison Finney (1792–1875),qui allait être un des évangélistes les pluscélèbres et les plus influents de l’histoireaméricaine.

Le ministère de Finney fut en quelquesorte la crête de la vague du second grandRéveil (1792–1835 environ). Ce fut untemps d’expansion rapide vers l’ouest etd’une croissance de la population sans

Par William P. Farley

précédent. Les Américains avaient intégréla doctrine d’une « destinée évidente »ainsi que l’optimisme face aux prouesseshumaines et au potentiel si unique de leurpeuple à ce moment de l’Histoire. Finneyfut l’incarnation même de cet idéal sur leplan spirituel.

Mark Noll résume ainsi l’importance deFinney : « Il n’est pas exagéré de dire queFinney pourrait être mis au même rangque les Andrew Jackson, Abraham Lincoln,et autre Andrew Carnegie… comme une desfigures publiques les plus significatives del’Amérique du XIXè siècle. Sans aucundoute, il est le personnage crucial par ex-cellence du monde évangélique blancaméricain après Jonathan Edwards. » 2

LES PREMIÈRES ANNÉESPeu de temps après sa conversion radi-

cale, Finney étudia sous l’enseignement deson pasteur presbytérien George Gale. Galel’encouragea à s’inscrire au Séminaire dePrinceton. Mais Finney méprisait autant lathéologie que les théologiens ; il écrivit :« Je leur ai clairement dit que je ne voulaispas me mettre sous la même influencequ’eux ». 3

Dans ses mémoires, Gale se souvientd’autres raisons : « Finney n’est pas allé au

Le ministèrede Finney fut unique.À une époqueoù la plupartdes pasteurslisaient leursprédications,Finney prêchaitsans notes

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séminaire parce qu’il n’est pas parvenuà s’y faire accepter ».

Quelle que soit la raison, Finney n’apas reçu d’éducation théologique formelle.Il fut donc placé en formation avec sonpasteur Gale et un autre pasteur. En 1823,Finney obtint sa licence de prédicateur,et fut ordonné pasteur en 1824.

C’est à cette période que la FemaleMissionary Society l’a envoyé travailler entant qu’évangéliste dans les villages per-dus du nord-ouest de l’État de New York.Dieu lui donna du succès.

En 1825, il arriva à un point tournantdans son ministère. Finney fut invité à prê-cher à Utica, dans l’État de New York. Uticase trouvait tout prêt du Canal Erie qui ve-nait d’être creusé. C’était une métropoleflorissante et en pleine croissance. Finneyy prêcha pendant deux ans ainsi que dansles villes voisines de Rome et Syracus avecune efficacité de plus en plus grande.

Les techniques de Finney étaient no-vatrices. Il n’évangélisait pas comme sesprédécesseurs, Jonathan Edwards, GeorgeWhitefield, et Asahel Nettleton. 4 Pouramener les gens à la conversion, il faisaitdélibérément monter le timbre émotionneldes réunions. Il adopta et rendit populairela pratique méthodiste consistant à deman-der aux nouveaux convertis de s’avancer surle devant, ou de s’asseoir au banc des péni-tents pour signifier leur décision de suivreChrist. Il gagnait les gens « à l’usure » enfaisant durer la réunion. Ses réunions du-raient parfois quatre heures ou plus. Cesformes de manipulation n’ont pas échappéà l’œil de ses critiques.

LA CONFÉRENCE DE NEW LEBANONFinney connut une certaine mesure de

succès, mais à cause de ses pratiques, unevague de résistance finit par s’élever. Sesprincipaux opposants étaient deux grandsnoms connus dans tout le pays : LymanBeecher et Asahel Nettleton. 5

À l’été 1827, une conférence fut convo-quée à New Lebanon dans l’État de NewYork, pour tenter de régler ces différends.Selon Ian Murray, la conférence se résumaà « savoir si l’on était pour ou contre, nonpas les émotions, mais plutôt le faitd’adopter des méthodes qui, ajoutéesà la prédication et à la prière, faisaient lapromotion des émotions ». 6

Nettleton et Beecher étaient d’uncôté ; Finney et ses supporters étaient del’autre. Nettleton et Beecher étaient tousdeux diplômés de Yale. Ils représentaientla tradition théologique de la NouvelleAngleterre selon leurs pères spirituels.Finney, manquant d’éducation formelle,campait sur son interprétation personnelledes Écritures et sur les bienfaits du chan-gement.

La conférence de New Lebanon se ter-mina dans une impasse. L’échec de ceuxqui voulaient censurer Finney devint lavictoire de ce dernier. Cela lui donna unemesure de respectabilité qui lui faisaitprécédemment défaut. Pour la premièrefois, les églises des grandes villes de la côteest s’ouvrirent à son ministère. Entre l’été1827 et l’automne 1829, il conduisit descampagnes à Wilmington, Philadelphie etNew York.

RÉVEIL À ROCHESTEREntre l’automne 1830 et l’été 1831, le

ministère de Finney atteint son pointculminant à Rochester, dans l’État de NewYork. L’Esprit de Dieu était sur lui avec unegrande puissance. Comme Utica, Rochesterétait un centre commercial florissantprès du Canal Erie récemment achevé.La puissance de Dieu était telle dans leministère de Finney qu’il n’était pas rareque les affaires soient suspendues danstout le secteur où il prêchait pour queles gens assistent à ses réunions. Degrandes foules le suivaient ainsi d’uneéglise à une autre.

Charles Hambrick-Stowe, biographe deFinney, nota ceci : « Nombreux étaient ceuxqui diraient qu’il s’agissait là du plus grandRéveil local dans l’histoire américaine ». 7

Il poursuit en citant Breecher : « Le Réveilquasi national qui débuta à Rochester fut laplus grande œuvre de Dieu, et le plus grandRéveil de religion que le monde ait jamaisvus en si peu de temps ». 8

La campagne de Rochester a aussi uniles chrétiens autour de deux questionssociales : la tempérance et l’abolition del’esclavage. Les deux allaient avoir de trèsvastes implications.

ÉCRIVANT ET ENSEIGNANTEn 1832, le feu du Réveil commen-

ça à fléchir et Finney prit un pastorat

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à New York. En 1835, le Collège Oberlin,dans l’Ohio, nouvellement fondé, l’invi-ta à être son premier professeur dethéologie. Finney était âgé de 47 ans etétait épuisé. Il avait besoin de repos etsentait le changement de climat spiri-tuel, si bien qu’il accepta. Il passa le res-te de sa vie à enseigner à Oberlin età conduire des réunions de Réveil en di-vers lieux, y compris à New York, Bostonet en Angleterre.

Jusque là, Finney s’en était tenu à l’évan-gélisation. Faute d’être publiées, ses po-sitions théologiques étaient relativementpeu connues. Tout cela changea en 1835quand Finney publia ses Discours sur lesRéveils religieux. Pour en résumer le contenu,Nathan Hatch écrit : Finney s’y lance dansune critique acerbe de l’orthodoxie cal-viniste, allant directement à la jugulairedu système calviniste. Il nie l’autoritéimplicite de l’éducation, se moque del’impotence de prédications soigneuse-ment écrites à la main… et décrie le styledétaché et très « digne » des pasteursbien éduqués. Il s’en prend à la bureau-cratie ecclésiastique, en particulier ceuxqui coupaient les cheveux en quatre etfaisaient la chasse à l’hérésie, qui caracté-risait les conclaves presbytériens… Finneyen appelait à une révolution copernicienneafin que la vie religieuse soit centrée surl’auditoire. Il méprisait l’étude formelle dela divinité ». 9

Le problème était que Finney ait écritses Discours sur les Réveils religieux alorsqu’il était pasteur presbytérien ordonné.Cela mit ses prises de position en conflitavec la théologie de sa propre dénomina-tion. De plus, ce qu’il allait écrire par lasuite confirma qu’il croyait en la possibi-lité d’une entière sanctification pour leschrétiens nouvellement convertis, niaitl’imputation du péché et de la culpabilitéd’Adam, croyait en la capacité humaine dese créer une nouvelle nature, niait la substi-tution dans l’expiation, et en la possibilitéde susciter un Réveil en appliquant certai-nes techniques. Autrement dit, il reniait delarges sections de la confession de West-minster qu’il avait juré de défendre. Auxcôtés de Asa Mahan (1799–1889), présidentdu Oberlin College, il développa davantageces idées pour en faire ce qu’on allait ap-peler « la théologie d’Oberlin ».

En 1837, sentant la pression de sescollègues presbytériens, il démissionnade sa dénomination presbytérienne et serattacha aux congrégationalistes.

En 1851, sous la pression, Mahan renon-ça à la présidence de Oberlin et l’administra-tion fut unanime pour demander à Finneyde devenir son président. Il avait alors 59ans. Finney assura ce poste jusqu’en 1866où il démissionna à cause de son âge. Maisil continua d’enseigner à Oberlin et d’évan-géliser jusqu’à sa mort en août 1875.

LE MINISTÈRE DE FINNEYLe ministère de Finney fut unique. À une

époque où la plupart des pasteurs lisaientleurs prédications, Finney prêchait sansnotes, et le plus souvent sans préparation,se levant pour parler selon ce que l’Espritlui donnait de dire. Plus tard, il eut recoursà un plan général pour son message.

Finney n’avait aucune estime pour l’édu-cation formelle. Son style de prédicationétait parfois critiqué pour les jugementsdurs qu’il prononçait.

Finney se livrait souvent à des innova-tions. Parce qu’il ne croyait pas au péchéoriginel, il croyait que les hommes pou-vaient se tourner vers Dieu dans la repen-tance sans intervention divine surnatu-relle. Tant et si bien que toute mesure quipouvait amener quelqu’un à prendre unedécision pour Christ était légitime à sesyeux. Appels à l’autel, prière publique pourles inconvertis présents dans l’auditoire etappels constants à prendre une décisioninstantanée à suivre Christ faisaient partieintégrante de son ministère.

S’il est vrai que certains méthodisteset autres baptistes avaient eu recoursà ces méthodes depuis quelques temps,Finney les a rendues populaires. Elles sontd’ailleurs encore utilisées aujourd’hui.Comme Murray le note, « ce qui se pro-duisit là (dans l’État de New York sousFinney) devint comme la ligne de partagedes eaux dans l’histoire évangélique etintroduisit la première controverse ma-jeure sur la signification des Réveils entredes leaders qui croyaient les uns commeles autres tout autant en l’œuvre duSaint-Esprit ». 10

À son honneur, Finney fit beaucouppour contribuer à l’application socialede l’Évangile. Finney, Mahan et ceux qui

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les suivirent furent parmi les premiersà se lever pour l’abolition de l’esclavage.Il a également pris fermement positioncontre la franc-maçonnerie.

LA THÉOLOGIE DE FINNEYFinney était ouvertement pélagien. Ses

autres croyances théologiques mention-nées plus haut montrèrent à quel point laformation théologique le répugnait. Un his-torien résume ainsi la théologie de Finney :« Toute l’idée selon laquelle un hommeirrégénéré était gouverné par sa naturedéchue était inacceptable… Tout ce qu’ilfallait pour se convertir, c’était une déci-sion de la volonté, et non un changementde nature… Si la conversion était le résul-tat de la décision du pécheur, et si le faitd’induire cette décision était la responsabi-lité du prédicateur… alors toute mesure quipouvait contribuer à amener l’inconvertiau point d’une conversion instantanée etabsolue était forcément bonne ». 11

Ces idées étaient contraires à l’ortho-doxie prévalente que la plupart avaientaccepté depuis que le Mayflower avait ac-costé au Rocher de Plymouth en 1620.

Où Finney a-t-il donc pris ses idées ?La plupart des historiens pointent versl’influence de Nathaniel William Taylor(1786–1858), professeur de théologieà Yale. Les points de vue de Finney étaientpresque identiques à ceux que l’on trouvedans des écrits tels que « New HavenTheology » que l’on a aussi appelé « NewDivinity ».12 Murray dira que « la voix étaitcelle de Finney, mais la pensée celle deTaylor ». 13 Comme le dit Nathan Hatch,« les abstractions de New Haven Theologyont tout à coup pris vie dans le fanatismerugueux et intempestif des NouvellesMesures de Finney ».

La théologie de New Haven, renduepopulaire par Finney, a fini par provoquerune division. En 1838, les presbytériensse divisèrent en l’Ancienne École et laNouvelle École. La première représentaitla tradition théologique héritée de la Ré-forme par l’intermédiaire des puritains. Laseconde incarnait la nouvelle théologieenseignée par Taylor et Finney.

LES POINTS FORTS DE FINNEYLes nombreux points forts de Finney

expliquent au moins en partie la façon

puissante dont Dieu se servit de lui. Unede ses forces fut certainement sa vie deprière. Il était un homme à la vie de prièreintense et prolongée, ce dont les pasteursont bien besoin. Finney considérait qu’ilpouvait produire un Réveil par certainestechniques, mais sa vie de prière y contri-buait largement. Il passait souvent desheures entières dans la prière avant etaprès ses réunions de Réveil.

Sa seconde force fut l’onction géné-reuse du Saint-Esprit qui reposait sur lui.Quand il prêchait, les gens tombaientsouvent prostrés dans un profond silence.Puis ils entraient dans une profonde etpénétrante conviction de péché, pour setourner ensuite vers Christ, ce que desmoyens humains à eux seuls ne sauraientexpliquer.

La troisième force de Finney fut sonéthique de travail. Quand il conduisait unRéveil, il travaillait seize heures par jour,sept jours par semaine. Après un exerciceaussi intense, il se retirait plusieurs semai-nes à la ferme de ses beaux-parents dansl’État de New York pour récupérer.

Quatrièmement, le zèle de Finney pourl’évangélisation était incomparable. Il aimaitles perdus et se donnait sans compter pourleur rédemption.

SES POINTS FAIBLESFinney avait aussi des faiblesses qui

ont limité son impact à long terme pourl’Église, et qui ont parfois causé bien desdégâts parmi ceux qui manquaient dediscernement.

Le premier de ses points faibles futsa mentalité d’indépendant : « Seul avecmoi-même et ma Bible ». Pour Finney, lathéologie et l’Histoire de l’Église étaientun territoire à survoler rapidement. Celal’a souvent conduit à manquer de docilitéet à refuser la correction. Nous avonsd’ailleurs noté plus haut son refus d’écouterses aînés lors de la conférence de NewLebanon pendant l’été 1827.

Finney écrivit par exemple : « Il y abeaucoup d’ignorance dans les églises ausujet du Réveil… Très peu de gens ontune connaissance quelque peu solide decette question ». 14 Mais de grands Réveilsavaient eu lieu en Amérique du nord eten Angleterre depuis 1790. Le plus grandRéveil de l’Histoire, qu’on appela The Great

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Awakening (Le Grand Réveil), eut lieu sousWhitefield, Edwards et Wesley aux environsde 1740. En ignorant l’Histoire récente,Finney imaginait être le premier à vraimentcomprendre ce qu’était un Réveil.

« Finney a débuté son propre parcoursspirituel, note Nathan Hatch, en niantl’impact de toute autorité religieuse passée.Il se reposait sur ses propres lumières etsa propre raison, mais en refusant tout cequi aurait pu constituer un tuteur théo-logique ». 15 Cette position l’a exclu duchristianisme confessionnel historique surbien des sujets doctrinaux d’importance.Nous en avons déjà noté quelques-uns.

Sa seconde faiblesse, qui est en rapportavec la première, fut l’élévation de la raisonau-dessus de la révélation. Finney exigeaitque chaque mystère biblique soit ramenéà une formule rationnelle humaine. Il lut-tait pour « ajuster les vérités du christia-nisme dans un tel système harmonieux depensée qu’aucune violence ne fut faite auxexigences de la raison, observe Murray.Tel était, comme il le disait souvent, aprèsla conversion des âmes, le grand but desa vie ». 16 Finney ne pouvait accepter lesmystères tels que la coïncidence de la sou-veraineté de Dieu et de la responsabilitéhumaine.

QUELQUES ENSEIGNEMENTSNous pouvons tirer de nombreux en-

seignements de la vie de Finney. Toutd’abord, Dieu se plaît à utiliser des vasesimparfaits. Dieu a manifesté sa puissanceà travers les faiblesses de Finney (2 Co-rinthiens 13 : 4). Cela devrait encouragertout pasteur. En dépit des imperfectionsde Finney, Dieu s’est plu à l’utiliser. Endépit de nos imperfections, il nous utili-sera aussi.

Ensuite, nous avons besoin de discer-nement. La puissance surnaturelle de Dieun’est pas une caution pour tout ce qu’unhomme croit ou fait. Dieu a oint Samsonmême s’il couchait avec les prostituéesphilistines. Dieu a oint et aimé CharlesFinney même s’il rejetait le péché originelet l’expiation substitutrice.

Mais le contraire est aussi vrai. Les lacu-nes d’un homme ne réduisent pas à néantla capacité de Dieu à agir à travers lui.Balaam était idolâtre mais Dieu a quandmême parlé prophétiquement par son

intermédiaire. Nous apprenons de Finney à ne pas douter de lapuissance de Dieu sur la vie d’un homme sous prétexte que sa vieou sa doctrine est imparfaite.

Troisièmement, nos positions théologiques vont déterminer nospratiques. La théologie « New Haven » de Finney a déterminé les techni-ques d’évangélisation qu’il a adoptées. Il a trop insisté sur la part de ladécision humaine parce qu’il rejetait le péché originel. Sa vue trèshaute de l’homme a gouverné sa façon d’évangéliser. De même, nospositions théologiques détermineront notre approche.

Quatrièmement, soyons humbles. Ne faisons pas cavalier seul.Lisons l’Histoire de l’Église et tirons-en des leçons. Étudions la théo-logie des grands penseurs chrétiens tels Augustin, Calvin, Luther,et Edwards. Nous ne serons pas déçus…

NOTES1 C.G. Finney, The Autobiography of Charles Finney (Minneapolis : Bethany, 1876.Réimprimé en 1977), 21,22.2 Mark A. Noll, A History of Christianity in the United States and Canada (Grand Rapids:Eerdmans, 1992), 176.3 Finney, 47.4 Pour plus de précisions sur les méthodes de ses prédécesseurs, voir WilliamP. Farley, « Asahel Nettleton — The Forgotten Evangelist, » Enrichment (Automne 2005).5 Voir William P. Farley, « Asahel Nettleton — The Forgotten Evangelist, » Enrichment(Automne 2005).6 Iain Murray, Revival and Revivalism (Edinburgh: Banner of Truth, 1994), 243,7 Charles E. Hambrick-Stowe, Charles Finney and the Spirit of American Evangelism(Grand Rapids: Eerdmans, 1996), 110.8 Idem, 113.9 Nathan Hatch, The Democratization of American Christianity (New Haven: Yale,1989), 197.10 Murray, 227.11 Murray, 245,246.12 Voir William P. Farley, « Asahel Nettleton — The Forgotten Evangelist, » Enrichment(Automne 2005).13 Murray, 262,263.14 Murray, 248.15 Hatch, 199.16 Murray, 256. Il s’agit d’une citation des mémoires de Finney.

William P. Farleyest pasteur de l’égliseGrace Christian Fellowship à Spokane,État de Washington. Il est l’auteurde For His Glory, Pinnacle Press,et de Outrageous Mercy, Baker.

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