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Olivier lhl : « La gauche enregistre un fort recu l » 0 livier Ihl, professeur de science pohtique et di- recteur honoraire de l'Insti- tut d'études politiques (lEP) de Grenoble, nous livre son analyse sur les départe- mentales. -+ Quel regard portez-vous sur ce scrutJn en Isère ? «Comme ailleurs, l'offre électorale s'est structurée autour de quatre pôles : le FN, la dr01te republicaine, le PS et ses alliés, la gauche alternative. S1le rapport de forces entre la dr01te et la gauche est globalement de 65 % contre 35 % en Isère, la ventilation des voL'\ doit être examinée de près, avec 23% pour le FN, 42 °<, pour la droite, 29 % pour le PS et 5 % pour la gauche alterna- tive- mais près de 30 % à Grenoble!» -+ Mals encore ... «D'abord, la dr01le et l'ex- trême droite n'ont pas arbi- tré les rares duels entre le PS et la gauche alternative . d'où une chute de la partici- pation dans ces batailles lo- calisées à Grenoble pei- ne 40 %) et une explosion du vote blanc et nul - qui depasse les 14 %et même 20 % dans le canton de Gre- noble 4, l'on enregistre 63 %d'abstention. La gau- che, divisée au premier tour et handicapée par les échecs de l'action smvie par le gouvernement en matière d'emploi, de pou- voir d'achat et de logement, enregistre un fort recul Dès le premier tour, elle est bat- LA PHRASE tue dans 11 des 29 cantons du département. Le symbo- le de cetle défaite reste éVl- demment la déroute du président sortant du conseil général à Bourgoin-Jalheu - il réalise moins de 23 % des voix!» -+ Quld de la modernlsaUon voulue par la loi ? On notera un fort appel au renouvellement généra- honnel lors de ce scrutin censé "modern1ser" la vie pubhque, dont témoignent les très bons scores des bi- nômes Trocmé/Kirat (EELV et alliés) à Grenoble 1 (57,33 % au second tour), Gaillard/Lissy (PS) à Fon- taine- Seyssinet (53,46) % ou Polat/Gérin (UMPIUDI et alliés) à Voiron (57,85 %). Le PC, affaibli par ses revi- rements successifs d'allian- ces et un déclin structurel, est encore capable de bar- rer la route des classes po- pulaires au FN, en duel, dans le canton d'Échrrolles. Je note que le FN réalise une percée après les muni- cipales et les européennes, mais ne dispose pas d'alliés ni de réserves de voix au second tour pour s'imposer dans un scrutin majoritaire. En cas de triangulaire, fait notable, il recule de 2 points et provoque un net SUT'iaut de participation au Sud-Grésivaudan (43,7 % d'abstention seulement) et au Grand-Lemps (44 %). Preuve que le front républi- cain fonctionne toujours, et a même de beaux restes, lui qu'on disait moribond ... Les reports de voix entre premier et second tours se font bien de la gauche vers l'UMP/UDI (le score de la droite La V erpi111ère est de 58 %), mais, plus origi- nal, aussi de l'UMP/UDI vers la gauche socialiste - alors que l'état-major de l'lJMP avait appelé, on le sait, au ni-ni - dans le cas de triangulaire avec le Front national.» Propos recueillis Plr Philippe GONNET " Le symbole de cette défaite reste évidemrnent la déroute du président sortant du conseil général à Bourgoin-Jallieu- il réalise moins de 23% des voix! " Olivier lhl, professeur de science politique et directeur honoraire de l'Institut d'études politiques (lEP) de Grenoble

La gauche est en net recul

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Olivier Ihl, "La gauche est en net recul", entretien avec Philippe Gonnet, Le Dauphiné Libéré, 31 mars 2015.

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Olivier lhl : « La gauche enregistre un fort recul »

0 livier Ihl, professeur de science pohtique et di­

recteur honoraire de l'Insti­tut d'études politiques (lEP) de Grenoble, nous livre son analyse sur les départe­mentales.

-+ Quel regard portez-vous sur ce scrutJn en Isère ? «Comme ailleurs, l'offre électorale s'est structurée autour de quatre pôles : le FN, la dr01te republicaine, le PS et ses alliés, la gauche alternative. S1le rapport de forces entre la dr01te et la gauche est globalement de 65 % contre 35 % en Isère, la ventilation des voL'\ doit être examinée de près, avec 23% pour le FN, 42 °<, pour la droite, 29 % pour le PS et 5 % pour la gauche alterna­tive- mais près de 30 % à Grenoble!»

-+ Mals encore ... «D'abord, la dr01le et l'ex­trême droite n'ont pas arbi­tré les rares duels entre le PS et la gauche alternative . d'où une chute de la partici­pation dans ces batailles lo­calisées à Grenoble (à pei­ne 40 %) et une explosion du vote blanc et nul - qui depasse les 14 %et même 20 % dans le canton de Gre­noble 4, où l'on enregistre 63 %d'abstention. La gau­che, divisée au premier tour et handicapée par les échecs de l'action smvie par le gouvernement en matière d'emploi, de pou­voir d'achat et de logement, enregistre un fort recul Dès le premier tour, elle est bat-

LA PHRASE

tue dans 11 des 29 cantons du département. Le symbo­le de cetle défaite reste éVl­demment la déroute du président sortant du conseil général à Bourgoin-Jalheu - où il réalise moins de 23 % des voix!»

-+ Quld de la modernlsaUon voulue par la loi ?

On notera un fort appel au renouvellement généra­honnel lors de ce scrutin censé "modern1ser" la vie pubhque, dont témoignent les très bons scores des bi­nômes Trocmé/Kirat (EELV et alliés) à Grenoble 1 (57,33 % au second tour), Gaillard/Lissy (PS) à Fon­taine-Seyssinet (53,46) % ou Polat/Gérin (UMPIUDI et alliés) à Voiron (57,85 %). Le PC, affaibli par ses revi­rements successifs d'allian­ces et un déclin structurel, est encore capable de bar­rer la route des classes po­pulaires au FN, en duel, dans le canton d'Échrrolles. Je note que le FN réalise une percée après les muni­cipales et les européennes, mais ne dispose pas d'alliés ni de réserves de voix au second tour pour s'imposer dans un scrutin majoritaire. En cas de triangulaire, fait notable, il recule de 2 points et provoque un net SUT'iaut de participation au Sud-Grésivaudan (43,7 % d'abstention seulement) et au Grand-Lemps (44 %). Preuve que le front républi­cain fonctionne toujours, et a même de beaux restes, lui qu'on disait moribond ... Les reports de voix entre premier et second tours se font bien de la gauche vers l'UMP/UDI (le score de la droite .à La Verpi111ère est de 58 %), mais, plus origi­nal, aussi de l'UMP/UDI vers la gauche socialiste -alors que l'état-major de l'lJMP avait appelé, on le sait, au ni-ni - dans le cas de triangulaire avec le Front national.»

Propos recueillis Plr Philippe GONNET

" Le symbole de cette défaite reste évidemrnent la déroute du président sortant du conseil général à Bourgoin-Jallieu-où il réalise moins de 23% des voix! "

Olivier lhl, professeur de science politique et directeur honoraire de l'Institut d'études politiques (lEP) de Grenoble

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• Le Département sera finalement divisé en trois ensembles, avec une large majorité UMPIUDI/Indépendants (16 binômes) qui signe la fin d'un cycle électoral, un pôle PS (8) en plein désarroi, et un pôle gauche alternative qui comprend le PC (2) et les Verts/Parti de gauche/Nouvelle donne (2) •, analyse Olivier lhl (en haut à gauche). 1 •• M r ·sr~ AGOSnNJSe' m

« Le PS poursuit son. déclin en reculant encore dans les quartiers populaires »

Les résultats de ces élections ont bouleversé la composition et la majorité au Département, qui passe désonnais à droite, après 14 années de gestion SOCialiste. Pnmo Le OIJtt ISIOpl1eAGOSTIMS

_. Comment se présente la nouvelle configuration politique du Département ? «Le PS poursuit son dé­clin é lectoral en reculant encore dans les quartiers populaires. Une déprise sociale qui s'accentue en cas de duels contre les Verts, comme à Grenoble 4, où il fait alors ses plus mau­vais scores dans les bu­reaux de la Capuche, de Sidi-B rahim ou de l' Arle­quin. Le Département sera fi­nalement divisé en trois ensembles, avec une lar­ge majorité UMP/UDI/in­dépendants (16 binômes) qui signe la fin d'un cycle

électoral, un pôle PS (8} en plein désarroi, et un pôle gauche alternative qui comprend le PC (2) et les Verts/Parti de gau­che/Nouvelle donne (2}. Ce dernier ensemble de­meure cependant divisé quant à la stratégie à sui­vre : faire alliance avec le PS ou renouveler le lea­dership programmatique d'une gauche boudée par son électorat. Mais il est uni dans et par ses critiques de la ligne politique du couple Hol­lande/Valls, alors que le congrès du PS et les ré­gionales pomtent déjà à l'horizon.»

Recueilli par Ph.G.

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