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8/4/2019 La gopolitique et le mdiologue - Les entretiens du directeur Hors Srie n7
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CLESComprendreLesEnjeuxStratgiques
Les entretiens gopolitiques mensuels du
directeur Hors srie n7 - septembre 2011
HS
n7
La gopolitique et le mdiologueJean-Franois Fiorina sentretient avec Franois-Bernard Huyghe
Les attentats sanglants du 11 septembre
2001 New-York ont t vcus en direct
et en boucle sur les tlvisions du
monde entier. Une re nouvelle souvrait,
o le terrorisme frappait sur un mode
symbolique en optimisant la puissance
de limage. Dix ans aprs, nous avons
demand un mdiologue (spcialiste
des mdias) en quoi ces images avaient
chang notre regard sur le monde. Comme
lexplique Franois-Bernard Huyghe,
lun des meilleurs experts mondiaux
en la matire, Jean-Franois Fiorina,
directeur de lESC Grenoble, pratiquer la
gopolitique se rvle tre plus que jamais
le fl dAriane idoine pour comprendre les
faits dans leur dure ralit.
10 ans aprs le drame du 11 septembre 2001, qui a constitu un vnement gopolitique
majeur, comment le spcialiste des mdias que vous tes peroit-il ce tournant ?
Il est indniable que les vnements du 11 septembre ont chang le monde, chang
en tous les cas le regard que nous portons sur lui. Pour les Amricains, il a constitu
un vritable traumatisme, en ce sens que leffondrement des Twin Towers consacraitla n du mythe de linvulnrabilit de lhyperpuissance amricaine. Souvenons-nousqu lpoque, les changes intellectuels tournaient autour du thme de la n delhistoire Et voil soudain quavec une brutalit inoue, lAmrique se trouvait
frappe en plein cur. A cet gard, le 11 septembre est un choc scuritaire bien
sr, mais aussi et surtout un choc symbolique. Brusquement, alors que lon ne syattend pas, alors quon la croyait disparue lissue de la Guerre froide, voil queressurgit la gure de lEnnemi. Pour les no-conservateurs amricains, cest bel etbien la quatrime guerre mondiale qui souvre, aprs la guerre contre les natio -nalismes europens en 1914-1918, la guerre contre le nazisme, et enn la guerrefroide. La guerre globale contre le terrorisme apparat ainsi comme la guerre de
lre de la mondialisation. Le coup est dautant plus dur encaisser pour les Etats-Unis quils sont intimement persuads dtre les porteurs des vraies valeurs de
libert et de dmocratie, et quil leur apparat comme proprement inconcevable
que lon puisse les refuser. Cette haine qui clate leur endroit leur semble dnue
de fondements, irrationnelle, en un mot impensable. Ils ne comprennent pas les
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Franois-Bernard Huyghe vient de publier Terrorismes - Violence et propagande chezGallimard (collection Dcouvertes). Les vnements tragiques du 11 septembre
2001 ont marqu la mmoire collective et remis la gopolitique lhonneur.
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racines de cette hostilit. Pour eux, cest effectivement un choc immense. Ds lors,la guerre contre le terrorisme va polariser leur vision des relations internationales,
sur un mode dailleurs assez manichen : soit on est avec eux, soit on est contreeux. Dun ct, le monde des dmocraties et des victimes, de lautre celui des ter-roristes. Les bons contre les mchants.
On voit donc se dessiner trs vite une nouvelle carte des relations internationales.
Pour les Amricains, le traumatisme a t si fort que dsormais, cest la lutte contre
le terrorisme qui prime. Dans le jeu subtil qui se dploie sur la scne internatio-nale, certains protent de laubaine pour rgler leur compte leurs ennemis dumoment. Ainsi Vladimir Poutine sengouffre-t-il dans la brche pour exploiter lasituation son avantage dans le conit tchtchne. Dautres louvoient pour trouveravec difcult un positionnement plus nuanc. Aprs avoir proclam la main sur lecur : "Nous sommes tous des Amricains", les Europens sefforcent de ne pas setrouver enchans la logique de Georges W. Bush. Pour les Franais, cela se ferarelativement vite, au moment de la seconde guerre dIrak, avec les consquences
diplomatiques et culturelles que lon sait, et la csure du french bashing, ce ressen-timent anti-franais. Quoi quil en soit, le 11 septembre apparat bien comme unmoment o la donne se trouve tre redistribue et o ressurgit une violence que
lon avait cru tort vince pour toujours.
Quelle leon en tirer sur le plan gopolitique ?
Le 11 septembre consacre le retour au rel, le retour de lhistoire dans toute sa
complexit. Au rgne du grand mchant ennemi unique - savoir le communisme,avec sa tte une direction bien identie - succde un univers beaucoup plus ou,avec des composantes que lon cerne mal, des motivations que lon ne cerne pas
mieux, une structure et des modes opratoires que lon ne cerne pas du tout
LAmrique apparat ainsi comme dsempare face une nbuleuse Al-Qada,clate partout sur la surface du globe, dont la logique, la motivation, la manire
dagir lui chappent. Dsormais, il faut identier puis dtruire des foyers et desrseaux insaisissables, aux noms mouvants, qui sallument et steignent au gr des
circonstances.
Que le grand public ait t surpris, cest aisment comprhensible. Mais que dire de la
aillite des services de renseignements ? Faut-il reconnatre quun dcit danalyse gopo-litique a abouti au 11 septembre ?
Les leons ont t tires de cet chec cuisant. Un rapport a parfaitement mis en
lumire les failles des diffrents services de scurit, imputables essentiellement
des raisons bureaucratiques. CIA, NSA, FBI toutes ces agences, en dpit debudgets souvent colossaux, ne sont pas parvenues communiquer intelligemment,
ensemble et en temps voulu, ni percevoir la logique des signaux faibles qui auraient
d cependant les alerter. Il y a l dailleurs un paradoxe qui mrite dtre mdit.En jouant fond la carte des technologies, illustre par exemple par le fameuxprojet Echelon, les Amricains ont cd la facilit du ftichisme technologique.Cette dmarche est confortable, puisquelle vise rassurer en nous disant que
la machine peut tout faire. Mais la preuve est faite que ce nest pas sufsant, loinde l, et que le renseignement humain et encore plus son traitement restentdes cartes maitresses dans la guerre de lombre. Des sommes faramineuses deplusieurs dizaines de milliards de dollars ont ainsi t investies en pure perte, carlanalyse initiale tait vicie.Aux questions techniques difcults et lenteur de la remonte des informations,cloisonnement excessif, etc sont venues sajouter des raisons dordre moral : lepolitiquement correct exigeait ainsi que lon renonce se servir dindicateurs ou
dinformateurs. Or ceux qui frquentent des terroristes et donc peuvent fournir
des informations sur eux, sont rarement des enfants de Marie Si lon ajoute quedautres facteurs sont venus se greffer cette conguration, on comprend mieuxcomment on en est arriv cet chec sanglant du 11 septembre. Un lment-cl, quinous ramne ici la gopolitique, rside en la difcult quont un certain nombre
danalystes et dexperts penser la guerre venir autrement quen fonction de laguerre passe. Trs peu de gens ont la capacit dinnover, de penser autrement, de
se projeter dans dautres cadres de pense que ceux auxquels ils ont t habitus,
Un lment-cl rside
en la difficult quont un
certain nombre danalystes
et dexperts penser la
guerre venir autrement
quen fonction de la guerre
passe. Trs peu de gens
ont la capacit dinnover,
de penser autrement, de
se projeter dans dautres
cadres de pense que
ceux auxquels ils ont t
habitus, hors des moules
au sein desquels
ils ont t forms.
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Le 11 septembre consacrele retour au rel, le retour
de lhistoire dans toute sa
complexit. Au rgne du
grand mchant ennemi
unique - savoir le commu-
nisme, avec sa tte une
direction bien identifie
- succde un univers beau-
coup plus flou, avec des
composantes que lon cernemal, des motivations que
lon ne cerne pas mieux,
une structure et des modes
opratoires que lon ne
cerne pas du tout
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hors des moules au sein desquels ils ont t forms. Or, justement, la pratique de lagopolitique ne consiste pas seulement en une simple recension des lments dont
nous disposons. Elle exige en outre davoir la capacit anticiper leur articulation,
deviner la logique propre qui va les faire se mouvoir, sassembler, sopposer
Et de fait, la logique terroriste relve dabord dune logique symbolique, ce qui seconrme trs clairement - et sur un mode combien tragique - le 11 septembre2001.
Les hommes politiques ont-ils pris dsormais la pleine ampleur de ces nouvelles menaces ?
Aux Etats-Unis, il est clair que les proccupations de Homeland Securitydemeurenttrs fortes depuis 2001, et de fait, les procdures mises en place semblent prou-ver leur efcacit. Il y a dailleurs un quasi-consensus politique sur ces questions,les dmocrates ne voulant pas paratre trop mous, face un traumatisme du 11
septembre qui demeure extrmement fort. Nul ne sait si cette vigilance et ce syn-drome de veille face un ennemi invisible, sur le modle du roman de Dino BuzattiLe dsert des Tartares, vont perdurer dans les faits, lusure et loubli accomplissant
ncessairement leur uvre LEurope a connu, elle aussi, deux attentats effroy-ables, Londres et Madrid. Curieusement, elle a su faire preuve en la matire
dune singulire capacit de rsilience. En dpit de bilans humains extrmement
lourds, la vie nen a pas t bouleverse pour autant, et au nal, la proccu-
pation terroriste reste une proccupation parmi bien dautres. Dans le cas dela France, on a remport pas mal de succs policiers, grce des mthodes
classiques. Le sujet est srieux certes, mais mon sens, les Franais ont biencompris quil ne peut tre lunique pivot dune politique internationale. Bien sr,il faut redoubler de vigilance, ce que font nos diffrents services de scurit,
sans que cette attitude vire lobsession du pays tout entier.Dailleurs, en matire de lutte contre le terrorisme, il faut se mer des effetsdoptique. Ainsi, le pril djihadiste ne reprsente quune petite partie du ter-rorisme qui se dveloppe. Bien surveills, les terroristes sont le plus souventarrts avant de passer lacte, et lobservation dont ils ont t longuement
lobjet permet de bien cerner leurs rseaux. Le terrorisme indpendantiste,lui, reste fort, de mme que le terrorisme dextrme-gauche, qui perdure etse dveloppe, en Grce par exemple. Et puis, il y a les actes dindividus isols,compulsifs, exceptionnels, en rvolte contre la socit, comme ce fut le cas
tout rcemment en Norvge o le tireur a ralis le rve de bien des djihadistes, savoir tuer en une seule journe des dizaines dEuropens ! Or, cet individu avaitpubli ses dlires et ses intentions sur Internet, sans que personne ne lait simple-ment pris en considration. Il faut dire que la Norvge volue dans le nirvana dupolitiquement correct. Pas question donc denvisager une quelconque possibilit
daction de ce genre ! On en revient l une condition-cl pour bien percevoirlintrt de la gopolitique, savoir regarder et prendre en compte le rel tel quil
est et non pas tel que nous souhaiterions quil soit ! Or, par paresse intellectuelle,on a toujours la fcheuse tendance faire la guerre davant, celle que lon sait faire.On attend des intgristes islamistes et cest un illumin qui surgit les armes la
main pour tuer ses concitoyens
Justement, quelles vont tre les difrentes ormes de terrorisme venir ?
On va sans doute assister une coexistence de toutes les formes de terrorisme.
Depuis les plus classiques, avec des mouvements indpendantistes qui ont unevitrine publique et une face cache, style IRA ou ETA, jusqu des mouvements rgispar dautres logiques, par exemple dans les pays nouvellement intgrs lUnioneuropenne. La majorit des actes terroristes en Europe ont pour fondement desrevendications territoriales ou identitaires. Ce type de terrorisme, mme sil estconnu, doit tre srieusement pris en compte, dautant quil est capable de se
fondre avec de nouvelles structures, fonctionnant sur dautres paramtres. Ainsi, un
terrorisme dextrme-gauche, sur un axe grco-italien, peut revenir sur le devantde la scne. De mme que de nouveaux Una Bombers peuvent trs bien surgir,et mettre leur prodigieuse intelligence au service de causes alternatives (dfensedes animaux par exemple, ou contre le nuclaire) sur un mode rsolumentterroriste. Noublions pas que Theodore Kaczynski, dit Una Bomber, tait un
La pratique de la
gopolitique ne consiste
pas seulement en une
simple recension des
lments dont nous
disposons. Elle exige en
outre davoir la capacit
anticiper leur articulation,
deviner la logique propre
qui va les faire se mouvoir,
sassembler, sopposer.
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Par paresse intellectuelle,
on a toujours la fcheuse
tendance faire la guerre
davant, celle que
lon sait faire.
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brillant universitaire et mathmaticien amricain, dot dun QI exceptionnel. Cetype dindividu, agissant en loup solitaire, peut basculer dans le terrorisme pourdes motifs qui nous paraissent de prime abord difcilement concevables, chappant nos catgories mentales. Ils sont donc beaucoup plus difcilement reprablesque des terroristes qui travaillent en rseau, avec des structures tablies, pour des
motivations que lon a clairement identies. L aussi, il faut adapter notre veille etdonc nos prdispositions mentales aux nouvelles congurations.
La croissance exponentielle des nouvelles technologies, au premier rang desquelles inter-
net, avorise-t-elle ce type de dmarche ?
Oui, cest un fait. On peut crer du lien social sans aller dans une madrassa int -griste ou sans frquenter le dpartement de sociologie dune facult dextrme-gauche ! On peut le faire en allant sur un forum internet. Ca facilite la diffusion desconnaissances. Ca donne le sentiment dtre reli ceux qui pensent de la mme
manire travers le monde. Et lon peut passer lacte sans jamais avoir rencontrphysiquement ceux auxquels on sadresse et se cone. Internet constitue cetgard un formidable levier amplicateur. On la vu encore rcemment avec lesmeutiers de Londres, utilisant les facilits du rseau Blackberrypour pratiquer la
technique du swarming lencontre de la police. On travaille en essaim, on harcle
les forces de lordre, on frappe quand on est forts, on disparat quand on est faibles,
en communiquant en temps rel avec ses interlocuteurs.
Comment les entreprises se prparent-elles afronter ces nouveaux ds terroristes ?
Il y a dabord le poids de lhritage culturel. Dans les structures anglo-saxonnes, etdailleurs dans bien des pays du monde, on considre comme lgitime dentretenirdes liens troits avec les grands services dEtat. Curieusement, en France, le
renseignement est mal peru par le monde de lentreprise. Il y a l une vraie mutationculturelle engager. Nanmoins, beaucoup de grands groupes ont dsormais desprocdures bien rodes en la matire, en particulier pour assurer la scurit de
leurs ressortissants et de leurs biens dans des zones hostiles. En revanche, cestsouvent plus dlicat pour les PME. Mais au-del des aspects strictement matriels,cest surtout un certain tat desprit quil convient de changer. Ce qui implique de
sortir de la seule logique nancire, commerciale ou conomique. Et de se poserdes questions qui drangent comme : qui est mon ennemi ? Qui peut me dtester ?Qui peut vouloir me frapper pour une raison symbolique ?... On napprend pasforcment cela dans les grandes coles de commerce. Et cest tout lhonneur
de lESC Grenoble de sensibiliser ses jeunes tudiants ces questions via lagopolitique.
Justement, quels conseils donneriez-vous en guise de conclusion aux jeunes tudiantspour les inciter se rotter la gopolitique ?
Pour comprendre le terrorisme, la gopolitique est fondamentale. Le terrorisme,
ce nest pas seulement lapplication sanglante des ides ici-bas, cest toujours unengagement li un territoire, un groupe humain, un cadre socioculturel. A
ce titre, la gopolitique constitue une grille de dcryptage du rel extrmementprcieuse. Ceux qui croient qu lheure dinternet et du triomphe de limmatriel,
les paramtres identitaires ou gographiques ne comptent plus, ceux-l se trompentlourdement. Comme se trompent galement ceux qui estiment que les frontires
sont dpasses lheure de la mondialisation. Le rel reprend toujours ses droits.Do limprieuse ncessit davoir une bonne grille pour bien saisir ce qui sepasse autour de nous, et pour en comprendre la subtile mcanique. La force de la
gopolitique est de nous faire revenir au rel. Le monde qui nous entoure nest pas
un monde de bisounours. Il est un lieu daffrontement des puissances. Souvenons-nous que lon nest jamais labri du tragique. Le 10 septembre au soir, nous autresOccidentaux baignions encore dans lillusion dune mondialisation heureuse. Il a
suf de quelques heures pour que le rel reprenne tous ses droits. Alors oui, il
est clair que la gopolitique nous aide comprendre sans fard la complexit dumonde qui est le ntre, en cerner les dangers et proter simultanment desopportunits qui soffrent qui sait les voir. n
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Pour comprendre le
terrorisme, la gopolitique
est fondamentale. Le
terrorisme, ce nest pas
seulement lapplication
sanglante des ides
ici-bas, cest toujours
un engagement li un
territoire, un groupe
humain, un cadre
socioculturel. A ce titre, la
gopolitique constitue une
grille de dcryptage du rel
extrmement prcieuse.
La force de la gopolitique
est de nous faire revenir
au rel. Le monde qui nousentoure nest pas un monde
de bisounours. Il est un
lieu daffrontement des
puissances. Souvenons-
nous que lon nest jamais
labri du tragique.
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En rencontrant tous les mois des
personnalits de haut niveau quipratiquent la gopolitique, Jean-Franois Fiorina aime rappelerque lintrt de lESC Grenoble
pour cette discipline rpond desobjectifs bien prcis :
Notre volont est dinciter nos par-tenaires et nos tudiants faire
preuve dun nouvel tat desprit. Il
sagit de leur proposer non seule-
ment une grille de lecture du rel
adapte aux enjeux du monde
contemporain, mais aussi de nou-
veaux outils daide la dcision.Pour les entreprises, il sagit dtre
capables de ragir le mieux et le
plus rapidement possible. Pour nos
tudiants, il sagit moins dvoluer
sur le court terme que de se prpa-
rer une course de fond.
Do une formation qui vise da-
vantage former les esprits qu
apprendre de simples techniques,
qui, de toute faon, volueront.
Pour les uns comme pour les
autres, il est cependant impratif
de bien comprendre lintrt de la
gopolitique, non pas comme r-frent universitaire abstrait, mais
comme mthode permettant dap-
procher et cerner le monde dans sa
complexit, afn dtre au plus prs
des enjeux rels. La gopolitique
doit servir gagner des marchs,
ou du moins ne pas en perdre.
Autrement dit, elle constitue une
cl prcieuse pour voluer dans
le monde daujourdhui, et surtout
de demain. (Communication & In-
uence n19, mai 2010). n
Raison dtre des Entretiens du Directeur
Retrouvez dautres analyses gopolitiques surwww.diploweb.com et surwww.grenoble-em.com/geopolitique.
Franois-Bernard
Huyghe
N en 1951, Franois-BernardHuyghe est docteur dtat enSciences politiques et habilit
diriger des recherches enSciences de linformation et dela communication. Il enseigne
la sociologie des mdias et
linfostratgie au CELSA,universit de Paris IV-Sorbonne,et intervient rgulirement
lEcole de Guerre Economique, lENA, ainsi quau Dpartementde recherche sur les menaces
criminelles contemporaines
(DRMCC) de luniversit deParis II-Panthon.
Conseiller scientique etmembre du CSFRS (ConseilSuprieur de la Formation et dela Recherche Stratgique), il estgalement chercheur associ
lIRIS (Institut des RelationsInternationales et Stratgiques)et dirige des recherches
lIR2I (Institut de Recherche enIntelligence Informationnelle).
Analyste n et nuanc dont lescrits mritent utilement dtre
mis en perspective, Franois-Bernard Huyghe a crit enparticulier : Les terroristes disent
toujours ce quils vont faire, PUF,
2010 ; Les coutes tlphoniques,
PUF, Que sais-je ?, 2009 ; Contre-pouvoirs, Ellipses, 2009 ;Les armes
non ltales, PUF, 2008 ; Matresdu faire croire, Vuibert, 2008 ;ADN et enqutes criminelles, PUF,
Que sais-je ?, 2008 ; Comprendrele pouvoir stratgique des mdias,
Eyrolles, 2005 ;Quatrime guerremondiale - Faire mourir et faire
croire, Editions du Rocher, 2004 ;Lennemi lre numrique, PUF,
2001 ; Linformation, cest la
guerre, Panoramiques, N 52,Corlet, 2001 ; Les experts ou lart
de se tromper, Plon, 1996 ; La
langue de coton, Robert Laffont,1991 ; La soft-idologie, RobertLaffont, 1987.
Grand voyageur, Franois-Bernard Huyghe a commencsa carrire comme ralisateur
de tlvision, puis fonctionnaire
international pour lUNESCOde 1984 1987, et dlguculturel Venise en 1989-1990.Il a galement crit avec son
pouse Edith La route de la soie,Payot, 2006 ; Les routes du tapis,Gallimard, 2004 ; Histoire dessecrets, Hazan, 2000 ; Images dumonde, J.C. Latts, 1999 ; Les
Coureurs dpices, Payot 1996 ;Les empires du mirage, RobertLaffont, 1993.
Cette apprhension synoptiquedu rel, cette capacit saisir
les choses dans leur essence
comme dans leur dploiement,Franois-Bernard les tient sansdoute en partie de son pre,
lAcadmicien Ren Huyghe,professeur et conservateur
en chef du Muse du Louvre,
remarquable spcialiste de
limaginaire et pionnier en
matire de ralisation de lmsdart.
Franois-Bernard Huyghe ali-mente au quotidien un site
internet extrmement riche
o de nombreuses analyses dehaute tenue peuvent tre tl-charges : www.huyghe.fr