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SRI LANKA SRI LANKA L’ONU réclame une enquête sur les violations des droits de l’homme. Page 3 ÉNERGIE ÉNERGIE Les énergies renouvelables en pleine croissance. Page 7 ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT La Méditerranée, un refuge pour les espèces. Page 10 SOCIÉTÉ SOCIÉTÉ Limiter nos déchets, un geste citoyen. Page 13 Page 2 ................ International Page 3 ................ International Page 4 ............................ Chine Page 5 .............................. Chine Page 6 .............................. Chine Page 7 ....................... Économie Page 8 ................... Droits humains Page 9 .................. Nouveau regard Page 10 .................. Environnement Page 11 ................................. Petites annonces Page 12 .............................................. Outre-mer Page 13 ................................................... Société Page 14 ...... Santé et bien-être Page 15 ................. Art de vivre Page 16 ........................ Histoire P. 9 Nouveau regard Habitats collectifs en Suisse Recherche formelle du cinéma et nouvelle approche P. 15 Art de vivre P. 10 Kenya Une région sous les projecteurs Venezuela P. 2 L e mouvement démocratique chinois et les espoirs de réformer le régime communiste ont volé en éclats le 4 juin 1989, lors du massacre de la place Tiananmen. L’information concernant cet événement demeure cachée par les autorités, soucieuses de ne pas révéler l’ampleur de la répression. Alors que le 20 e anniversaire de ce drame arrive à grands pas, plusieurs individus en Chine et à l’extérieur qui ont été directement affectés par la tragédie sont allés de l’avant en demandant que lumière soit faite. Ils cherchent aussi à obtenir un appui de la nouvelle adminis- tration américaine. « Je suis ici pour rappeler au gou- vernement et au peuple américain que la dictature communiste qui a pris mes jambes et la vie de milliers de civils inno- cents, un certain matin de juin 1989, est le même régime qui est au pouvoir aujourd’hui », plaide Fang Zheng, qui en tentant de quitter la place Tiananmen à cette époque s’était fait écraser les jam- bes par un tank. Fang Zheng s’exprimait dans une con- férence de presse le 18 mai au Capitole à Washington, commanditée par l’orga- nisation des droits de l’homme Initiatives for China. Fang Zheng est l’un des deux survivants du massacre de Tiananmen ayant été invités à partager leur expé- rience et leur opinion au sujet du régime communiste actuel. En Chine, il est interdit de discu- ter librement avec les médias des évé- nements de Tiananmen et les médias chinois évitent le sujet. L’incident est également censuré sur Internet, l’un des plus contrôlés de la planète. Fang Zheng était accompagné du Dr Yang Jianli, qui à l’époque faisait car- rière en mathématiques à l’université de Berkeley, en Californie. Lorsque les manifestations pour la démocratie sur la place Tiananmen ont débuté, il a décidé de se rendre en Chine pour y participer. Il est arrivé à temps pour témoigner du massacre de « milliers par les des fusils et tanks de l’armée chinoise », selon sa biographie. Il a réussi à rentrer aux États- Unis, évitant de peu l’arrestation. Plu- sieurs années plus tard, en 2002, alors qu’il visitait la Chine, le régime l’a mis en prison pour cinq ans. C’est suite à sa libération en 2007 qu’il a fondé l’ONG Initiatives for China. Lire la suite page 4 Au dixième anniversaire de son élection, si le bouillonnant prési- dent vénézuélien Hugo Chavez fait encore le deuil de sa cible favo- rite – l’ancien président américain George W. Bush, sa volonté de transformer son pays en modèle du socialisme bolivarien reste intacte. En reprenant les recettes éprou- vées des régimes communistes – Cuba à proximité et la Chine un peu plus loin – le président Chavez tente une « révolution culturelle » à grandes brassées d’ouvrages obli- gatoires et d’attaques contre les médias indépendants. Hugo Chavez fait sa révolution culturelle Tiananmen : 20 ans après Un peuple toujours privé de mémoire Des milliers d’étudiants participent à une manifestation et à une grève de la faim le 13 mai 1989 à Pékin, demandant des réformes démocratiques. Les revendications ont été écrasées par l’armée le 4 juin 1989, dans le massacre de la place Tiananmen. Catherine Henriette/AFP/Getty Images Économie P. 7 Les agences de notation mises en cause dans la crise financière Espagne P. 3 Le célèbre juge Baltasar Garzon devant la justice La Grande Époque UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION EpochTimes.com WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires ÉDITION 157 1 – 15 JUIN 2009 • BIMENSUEL

La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

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SRI LANKASRI LANKA

L’ONU réclame une enquête sur les violations des droits de l’homme.

Page 3

ÉNERGIEÉNERGIE

Les énergies renouvelables en pleine croissance.

Page 7

ENVIRONNEMENTENVIRONNEMENT

La Méditerranée, un refuge pour les espèces.

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SOCIÉTÉSOCIÉTÉ

Limiter nos déchets, un geste citoyen.

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► P. 9 Nouveau regard

Habitats collectifs en Suisse

Recherche formelle du cinéma et nouvelle approche

► P. 15 Art de vivre► P. 10 Kenya

Une région sous les projecteurs

Venezuela P. 2

Le mouvement démocratique chinois et les espoirs de réformer le régime communiste ont volé en éclats le 4

juin 1989, lors du massacre de la place Tiananmen. L’information concernant cet événement demeure cachée par les autorités, soucieuses de ne pas révéler l’ampleur de la répression.

Alors que le 20e anniversaire de ce drame arrive à grands pas, plusieurs individus en Chine et à l’extérieur qui ont été directement affectés par la tragédie sont allés de l’avant en demandant que lumière soit faite. Ils cherchent aussi à obtenir un appui de la nouvelle adminis-

tration américaine. « Je suis ici pour rappeler au gou-

vernement et au peuple américain que la dictature communiste qui a pris mes jambes et la vie de milliers de civils inno-cents, un certain matin de juin 1989, est le même régime qui est au pouvoir aujourd’hui », plaide Fang Zheng, qui en tentant de quitter la place Tiananmen à cette époque s’était fait écraser les jam-bes par un tank.

Fang Zheng s’exprimait dans une con-férence de presse le 18 mai au Capitole à Washington, commanditée par l’orga-nisation des droits de l’homme Initiatives

for China. Fang Zheng est l’un des deux survivants du massacre de Tiananmen ayant été invités à partager leur expé-rience et leur opinion au sujet du régime communiste actuel.

En Chine, il est interdit de discu-ter librement avec les médias des évé-nements de Tiananmen et les médias chinois évitent le sujet. L’incident est également censuré sur Internet, l’un des plus contrôlés de la planète.

Fang Zheng était accompagné du Dr Yang Jianli, qui à l’époque faisait car-rière en mathématiques à l’université de Berkeley, en Californie. Lorsque les

manifestations pour la démocratie sur la place Tiananmen ont débuté, il a décidé de se rendre en Chine pour y participer. Il est arrivé à temps pour témoigner du massacre de « milliers par les des fusils et tanks de l’armée chinoise », selon sa biographie. Il a réussi à rentrer aux États-Unis, évitant de peu l’arrestation. Plu-sieurs années plus tard, en 2002, alors qu’il visitait la Chine, le régime l’a mis en prison pour cinq ans.

C’est suite à sa libération en 2007 qu’il a fondé l’ONG Initiatives for China.

Lire la suite page 4

Au dixième anniversaire de son élection, si le bouillonnant prési-dent vénézuélien Hugo Chavez fait encore le deuil de sa cible favo-rite – l’ancien président américain George W. Bush, sa volonté de transformer son pays en modèle du socialisme bolivarien reste intacte. En reprenant les recettes éprou-vées des régimes communistes – Cuba à proximité et la Chine un peu plus loin – le président Chavez tente une « révolution culturelle » à grandes brassées d’ouvrages obli-gatoires et d’attaques contre les médias indépendants.

Hugo Chavez fait sa révolution culturelle

Tiananmen : 20 ans aprèsUn peuple toujours privé de mémoire

Des milliers d’étudiants participent à une manifestation et à une grève de la faim le 13 mai 1989 à Pékin, demandant des réformes démocratiques. Les revendications ont été écrasées par l’armée le 4 juin 1989, dans le massacre de la place Tiananmen.

Catherine Henriette/AFP/Getty ImagesÉconomie P. 7

Les agences de notation mises en cause dans la crise fi nancière

Espagne P. 3

Le célèbre juge Baltasar Garzon devant la justice

La Grande ÉpoqueUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTIONUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION

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ÉDITION 157

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Après les différentes étapes de la natio-nalisation des res-sources naturelles

du pays, l’heure semble être venue, dans le plan bien organisé d’Hugo Chavez, pour la transformation radi-cale de son pays et la créa-tion de « l’homme nouveau » socialiste : des camions du gouvernement ont, fi n de semaine dernière, déchargé plus de 2,5 millions d’ouvra-ges dans tout le pays : Mou-vements sociaux au 21e siècle, Une histoire de l’éducation argentine 1966-2004 et La toile d’Araignée de l’Empire, qui n’est pas un livre de science-fi ction mais une charge contre la politique étrangère des Etats-Unis.

« C’est magnifi que, c’est le processus de la révolution en action », commente Justo Rico, 38 ans, cité par le quotidien The Guardian, alors que d’autres Vénézuéliens lèvent les épaules et passent leur chemin aussi vite que possible.

Dix ans après son accession au pouvoir, cette scène illustre la pola-risation du Venezuela d’Hugo Chavez, scindé entre des soutiens pres-que fanatiques et une opposition de plus en plus remontée contre l’érosion des libertés et l’État de non-droit.

Le week-end dernier, Chavez fêtait aussi les 10 ans de l’émission télévisée hebdomadaire entièrement co

nsacrée à lui-même – « Alo Presidente » – qu’il a parfois occupée pour huit heures d’affi lée, les programmes de la chaîne ne reprenant qu’une fois que le président estime avoir suffi samment parlé. Chavez en a profi té pour battre son propre record de marathon télévisuel en prenant l’antenne quatre jours consécutifs. Quatre jours d’antenne illus-trant que le « nouvel homme » socialiste vénézuélien passe par les médias – et aussi, disent les distributions de livres obligatoires, à tra-vers l’art et la culture.

Rêve des régimes communistes d’une manière générale ainsi que du national-socialisme allemand, la révolution culturelle vénézuélienne semble donc se préparer avec les mêmes ingrédients autrefois utili-sés : le culte du « cher leader », la ferveur populaire, et les fl ammes des autodafés. Plus de 60.000 livres (incluant les œuvres « capitalistes » d’Antoine de St-Exupéry) ont été retirés des bibliothèques du pays, indi-que le Miami Herald.

Aujourd’hui, des équipes gouvernementales appelées « escadrons de lecture » inondent Caracas et les principales villes du pays de copies des cent livres « à lire obligatoirement » – parmi eux, les ouvrages de Karl Marx, du juriste Andrés Bello (auteur du code civil chilien qui a servi de référence en Amérique du Sud au milieu du XIXe siècle), du théori-cien Rodolfo Quintero (un dirigeant syndical fondateur du « Central uni-taire des travailleurs du Venezuela » dans les années 60)

« La révolution culturelle a été fondamentale dans l’union des peu-ples d’Amérique Latine et dans le renforcement de l’instinct anti-colo-nial de la région », explique le ministre de la Culture cubain, Abel Prieto, invité d’honneur à Caracas.

Les opposants au gouvernement accusent Hugo Chavez de diriger son pays, le géant sud-américain du pétrole, sur la route du commu-nisme et de la tyrannie. Une inquiétude que semble confi rmer la volonté maintes fois affi chée de Chavez de fermer Globovisión, la dernière télé-vision d’opposition du pays, coupable de « terrorisme médiatique », c'est-à-dire de l’avoir critiqué.

Jeudi 28 mai, Chavez a ainsi menacé d’agir personnellement si les autorités nationales ne punissaient pas la chaîne. Comme générale-ment ces dernières années dans chaque action comparable, le prési-dent de Globovisión est poursuivi sur le chef d’inculpation inédit d’avoir « stocké trop de voitures Toyota », motif dans lequel seules des âmes chagrines verront un détournement politique de la justice vénézué-lienne.

« Si ce qui doit arriver n’arrive pas, alors j’agirai comme je l’ai déjà fait », a indiqué Chavez dans les médias d’État, cités par l’agence Reu-ters. C’est évidemment un ordre direct de changement de la ligne édi-toriale de Globovisión, sous peine d’interdiction comme dans le cas de la RCTV il y a deux ans : la licence de la chaîne privée, la plus grande du pays, n’avait pas été renouvelée, conduisant à sa disparition – elle n’existe plus aujourd’hui que sur Internet.

L’heure des purgesCar le Comandante-Presidente se voit investi de la mission de net-

toyer la nation, y compris en éliminant les alliés d’autrefois qui ne suivraient pas aveuglément sa route. Edouardo Manuitt, ancien gouver-neur pro-Chavez, est par exemple en fuite afi n d’éviter un procès pour corruption, procès subitement intenté après qu’il se soit présenté dans une élection contre le candidat soutenu par Chavez.

Manuel Rosales, en course contre Hugo Chavez aux élections prési-dentielles de 2006, a dû se réfugier au Pérou après avoir été également accusé de corruption.

Plus notable encore a été l’arrestation de Raul Baduel, l’ancien chef de l’armée, en avril cette année. Car depuis février, Hugo Chavez tente

de reprendre la main sur l’armée. Les chefs d’État-major ont été chan-gés en mars et le ministre de la Défense, Gustavo Rangel Briceno, a été limogé.

M. Baduel, qui a permis à Chavez de conserver le pouvoir en faisant échouer le coup d’État contre lui en 2002, s’est distancié de lui en 2007 en s’opposant ouvertement – et avec succès à l’époque – à une modi-fi cation de la Constitution devant entre autres permettre au président vénézuélien d’être réélu à vie. M. Baduel a alors été, lui aussi, accusé de détournement de fonds.

« Je ne quitterai pas cette prison », indique M. Baduel au New-York Times depuis la prison militaire de Ramo Verde, « tant que Chavez n’aura pas quitté la présidence du Venezuela ».

D’après le New-York Times, ce sont plus de 800 gradés de l’armée vénézuélienne qui ont ainsi été mis à pied en 2008 du fait de doutes sur leur fi délité au pouvoir.

L’esprit chavisteAvec déjà des jeunesses chavistes habillées d’uniformes rouges, le

pays peut-il basculer vers un fanatisme généralisé ? Une enquête citée par The Guardian se veut rassurante en indiquant qu’au-delà des cliva-ges politiques, les Vénézuéliens ne restent unis que par des passions bénignes : les comédies musicales, le base-ball et la fi esta.

Les fondations d’une « révolution culturelle » sont pourtant posées. Les militaires doivent aujourd’hui saluer avec la même phrase que les

soldats cubains : « patrie, socialisme ou la mort » et un studio de produc-tion de fi lms a été ouvert par Hugo Chavez, dont le slogan est « lumières, caméra, révolution. »

Avec les fonctionnai-res du gouvernement comme principaux pre-miers clients de la distri-bution des livres « à lire absolument », la popula-tion générale a peut-être encore quelques bouf-fées d’air libre à respirer

au Venezuela. Elle voit avec curiosité l’effacement de toutes les réfé-rences coloniales, remplacée par des allégories bolivariennes. Le nom de Christophe Colomb, « envahisseur européen » est ainsi banni pour faire place à Simon Bolivar ou au héros de l’indépendance Francisco Miranda. Mais on n’a pas encore vu de pilori sur une place de village pour les contre-révolutionnaires – ce qui n’est peut-être qu’un manque que le gouvernement va vite s’efforcer de combler.

Ambitions nucléaires, Iran en arrière-planCes évolutions du pouvoir vénézuélien vers l’autocratie doivent-elles

être considérées comme inquiétantes pour la communauté internatio-nale ? En perdant George W Bush, Hugo Chavez a sans doute perdu ce qui lui permettait d’unir autour de lui tout une partie de l’Amérique du Sud.

Mais le programme nucléaire vénézuélien, considéré comme fantai-siste quand il a une première fois été évoqué en mai 2005, est ranimé par le positionnement alléché de la France et de la Russie, les deux pays n’ayant, semble-t-il, pas d’inquiétude particulière quant aux fortes relations entre Caracas et Téhéran.

En septembre 2008, la Russie et le Venezuela ont ainsi établi un groupe de travail pour la construction d’un réacteur nucléaire au Venezuela, qui implique Atomstroyexport, l’entreprise chargée de la construction du réacteur Bushehr en Iran, indique le Carnegie Endow-ment Center.

Deux mois après, l’agence RIA Novosti indiquait que la visite à Cara-cas du président russe Dimitri Medvedev avait été l’occasion de la signature d’un accord-cadre établissant « une coopération en fusion thermonucléaire, sécurité nucléaire, construction et opération de réac-teurs nucléaires ».

Ces ambitions nucléaires sont à analyser dans le contexte de l’in-défectible soutien de Caracas aux FARC de Colombie, et de l’explo-sion des dépenses militaires vénézuéliennes, qui ont doublé avec par exemple plus de 3,5 milliards d’euros de contrats pour de l’armement russe – avions de chasse, sous-marins, plus de 100.000 fusils d’as-saut AK47…

De plus, le Venezuela a toujours soutenu le programme nucléaire ira-nien et ne fait pas mystère de coopérer avec Téhéran dans le domaine : les 50.000 tonnes estimées de ressources en uranium que Caracas n’a pas exploitées jusqu’à aujourd’hui ont stimulé des rumeurs sur une possible extraction et export vers l’Iran, rapporte le Washington Times. La collaboration dans le domaine des « minéraux stratégiques » avec Téhéran pourrait en être la base. D’une manière plus générale, les échanges commerciaux avec Téhéran sont passés d’un million de dol-lars en 2004 à plus de 50 millions en 2006, rapporte le Carnegie.

Happy birthday Dix années après son accession au pouvoir, Hugo Chavez a donc

profondément transformé son pays, sur un modèle cubain. Après la nationalisation du secteur pétrolier et des télécommunications en 2007, la sidérurgie et les banques ont été étatisées en 2008. Et depuis mai 2009, ce sont les services et activités liées aux hydrocarbures qui sont passées sous contrôle du gouvernement. « Nous sommes en train de libérer la patrie, de construire le socialisme avec les travailleurs », affi r-mait Chavez, cité par l’AFP.

Les travailleurs cependant ont du souci à se faire : dans la même période, le nombre d’homicides a augmenté de 140 %, ce qui fait du Venezuela un pays deux fois plus dangereux que le Mexique, pour-tant souvent cité pour son nombre de morts violentes. D’après l’institut de sondage Latinobarometer, le Venezuela est aujourd’hui le seul pays d’Amérique du Sud où le crime est mentionné comme le plus important problème national et personnel.

Les explications sont diverses : inaction et corruption de la justice, trafi c de drogue multiplié par dix d’après l’agence américaine sur les stupéfi ants qui accuse à mots couverts le gouvernement venezuélien d’en profi ter directement.

Mais pour le site foreignpolicy.com, la raison est aussi à chercher dans les messages distillés par Hugo Chavez, en particulier dans « Alo Presidente » : justifi cation de la violence contre les opposants au gou-vernement, autorisation de violer la loi pour faire avancer la révolution socialiste. L’impunité croissante des pro-Chavez conduit le Venezuela sur un chemin déjà pris par les grandes dictatures du vingtième siècle.

AURÉLIEN GIRARD

L’éducation au Venezuela.

THOMAS COEX/AFP/Getty Images

Les jeunesses chavistes en action.

MARTIN BERNETTI/AFP/Getty Images

Hugo Chavez fait sa

révolution culturelle

Page 3: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Une plainte contre le célèbre juge espa-gnol Baltasar Garzon, pour « délit pré-sumé de prévarication » dans son procès avorté des crimes du franquisme, a été admise à Madrid à l'unanimité des cinq juges d'une salle du Tribunal suprême. Ils ont désigné un juge d'instruction dont l'enquête débouchera soit sur un non-lieu soit sur l'inculpation et la suspension du juge Garzon, fi gure de proue de la com-pétence universelle de la justice espa-gnole.

Daté du 26 mai et diffusé le 27, l'arrêt du Tribu-nal suprême est la conséquence de la plainte déposée le 26 janvier par le syndicat de fonc-

tionnaires Manos Limpias (Mains Propres). La « pré-varication dans l'exercice de ses fonctions », à savoir la prise de décisions sciemment injustes, est impu-tée par ce syndicat ultraconservateur au juge Garzon dans le cadre de son instruction, menée en octobre et novembre 2008, sur les disparus républicains de la guerre civile (1936-1939) et de la dictature fran-quiste (1939-1975).

Cette instruction fut la première à attribuer une « responsabilité pénale », pour « crimes contre l'hu-manité » imprescriptibles, au général Franco et à ses principaux offi ciers et ministres. Baltasar Garzon les accusa de 114.266 disparitions forcées et du vol de milliers d'enfants de mères républicaines. Si une sentence avait sanctionné ces crimes, l'État espa-gnol aurait probablement été soumis à de fortes con-traintes visant à dédommager réellement, mais non symboliquement comme aujourd'hui, les victimes de la dictature ou leurs descendants et à assumer entiè-rement la recherche et l'ouverture de fosses commu-

nes de républicains exécutés par les franquistes.Le désaveu du ministère public et des magistrats

de sa juridiction, l'Audience nationale, ainsi que la neutralité gênée du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, menèrent le juge Garzon à abandonner ce dossier le 18 novembre 2008, malgré l'appui du Comité des droits de l'homme des Nations Unies.

Dans sa plainte, le syndicat Manos Limpias accuse Baltasar Garzon d'avoir agi contre ou en marge de la loi de manière « préméditée, consciente et en se croyant intouchable ». Exerçant l'action populaire consacrée par la Constitution, le syndicat de fonc-tionnaires reproche au célèbre juge de s'être arrogé une compétence indue, ainsi que d'avoir monté un « artifi ce juridique », sans tenir compte de la loi d'amnistie et du principe de non rétroactivité des lois dans son instruction des crimes du franquisme.

Lors de cette instruction, Baltasar Garzon avait déjà été critiqué, notamment par le ministère public, pour prétendre abolir à lui seul l'amnistie des crimes et délits politiques votée à Madrid en 1977, deux ans après la mort de Franco, par un Parlement démocra-tique. Le cas échéant, estiment plusieurs analystes, c'est au même Parlement qu'il reviendrait d'abroger, comme l'ont fait par exemple en 2003 les députés et sénateurs argentins, l'amnistie de crimes de la dic-tature.

S'il se limite pour l'heure à admettre la plainte de Manos Limpias et à ordonner une instruction qui sera suivie d'un non-lieu ou d'une inculpation, le Tribunal suprême note tout de même que Baltasar Garzon n'avait pas éclairci le problème de sa propre com-pétence avant de lancer son enquête sur les crimes du franquisme. Le Tribunal suprême relève en outre qu'il est « absolument impossible », aux yeux de la loi, d'ouvrir une action pénale contre des personnes décédées. Or, c'est ce que fi t le juge Garzon con-tre Franco et ses ministres des premières années

de la dictature, réclamant un certifi cat offi ciel de leur décès pour émettre un doute artifi ciel, le temps d'ac-cuser réception de ce certifi cat, sur la réalité de leur mort connue de tous.

Très applaudi à l'étranger pour avoir incarné con-tre le général Pinochet et d'autres dictateurs ou tortionnaires latino-américains la compétence uni-verselle que s'attribue la justice espagnole (compé-tence que Madrid réduira bientôt considérablement), le juge Garzon, qui ouvre actuellement le dossier des

tortures à la base américaine de Guantanamo, est loin de faire l'unanimité en Espagne.

On lui reproche souvent son penchant idéologi-que marqué pour la gauche, impropre de l'impartia-lité attendue d'un juge, les cachets faramineux qu'il perçoit pour ses conférences et un goût apparent pour le vedettariat et les déplacements lointains qui ouvrent de multiples parenthèses dans les instruc-tions qu'il mène. Les plus hostiles à Baltasar Garzon sont logiquement le Parti Populaire (PP, droite), vic-time aujourd'hui d'un dossier de corruption ouvert précisément par le juge Garzon, et les 40 à 45 % d'Espagnols qui, selon les sondages, assureraient malgré tout la victoire du PP aux élections européen-nes du 7 juin.

L'accusation la plus dure contre l'illustre magis-trat est peut-être celle que ne cesse de lui lancer l'in-fl uent quotidien de centre droit El Mundo : n'avoir pas fait traduire, à cause de la dispersion de ses activi-tés de justicier vedette, les enregistrements des conversations téléphoniques de suspects maghré-bins mis sur écoute par la police avant de perpétrer eux-mêmes les attentats islamistes de Madrid du 11 mars 2004 (191 morts et 1.856 blessés).

LatinReporters.com

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ESPAGNE

Baltasar Garzon devant la justice« [Il a agi de façon] préméditée, consciente et en se croyant intouchable »,le syndicat Manos Limpias contre Baltasar Garzon

Le juge Garzon en 2008.

AFP/GettyImages

L’ONU réclame une enquête sur les violations des droits de l'hommeLa Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de

l’homme, Navi Pillay, a recommandé mardi 26 mai au Conseil des droits de l’homme réuni sur la situation au Sri Lanka de mener une enquête sur les violations dans ce domaine commises tant par les Tigres de libé-ration de l'Eelam tamoul (LTTE) que par le gouverne-ment au cours des très violents affrontements de ces derniers mois.

« Depuis le mois de décembre, des dizaines de mil-liers de civils ont été tués, blessés ou déplacés. Des experts indépendants sur les droits de l'homme et les médias devraient avoir un accès sans entraves afi n de vérifi er les graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire signalés de façon répétée tout au long des combats », a dit Navi Pillay dans un message vidéo.

« Le sort de milliers de civils qui se seraient trouvés dans la zone de confl it ou en transit vers les camps pour personnes déplacées est encore inconnu », a-t-elle ajouté.

La Haut-commissaire a souligné que « la campa-gne de violence des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) avait terrorisé le peuple sri-lankais et toutes ses communautés ethniques, éliminant tous les tamouls indépendants qui avaient le courage de penser autrement ».

Elle a recommandé une enquête sur les allégations selon lesquelles des membres des LTTE auraient tiré sur des civils tentant de fuir ou auraient visé des civils par des attaques suicide.

Elle a souligné que « la fi n ne justifi ait les moyens en aucune circonstance ».

Navi Pillay a notamment mis en garde contre toute amnistie pour les cadres moyens et inférieurs des LTTE. « Je voudrais souligner que les amnisties empêchant de rechercher la responsabilité pour cri-mes de guerre, génocide, crimes contre l'humanité ou graves violations des droits de l'homme sont inadmis-sibles », a-t-elle dit.

Centre de Nouvelles de l’ONU

SRI LANKA

La Mission du Conseil des droits de l’homme sur le terrain la semaine prochaine

La Mission d’établissements des faits mandatée par le Conseil des droits de l'homme pour examiner les

violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme lors du récent confl it à Gaza sera à Gaza le 1er juin et y restera pendant environ une semaine.

La Mission, qui est dirigée par le juge Richard Golds-tone, ancien membre de la Cour constitutionnelle d'Afri-que du Sud et ancien procureur en chef du Tribunal pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), entrera à Gaza en provenance d'Égypte par le point de passage de Rafah.

La Mission prévoit de rencontrer toutes les parties concernées, dont les ONG et les organisations et grou-pes de la société civile, les agences de l'ONU, les vic-times et témoins des violations présumées et d'autres personnes qui peuvent fournir des informations concer-nant les faits faisant l'objet de l'enquête. D'autres visites sur le terrain sont prévues, ajoute le communiqué.

La mission comprend trois autres membres : Chris-tine Chinkin, professeur de droit international à la Lon-don School of Economics and Political Science, Hina Jilani, avocate de la Cour suprême du Pakistan et ancien représentante spéciale du Secrétaire général sur les défenseurs des droits de l'homme, et le colonel Desmond Travers, ancien offi cier de l'armée irlandaise et membre du conseil d'administration de l'Institute for International Criminal Investigations (IICI).

Le travail sur le terrain doit être terminé d'ici à la fi n du mois de juin et le rapport doit être remis le 4 août.

Le confl it à Gaza entre Israël et le mouvement pales-tinien Hamas a duré du 27 décembre 2008 au 18 jan-vier 2009 et a fait 1.300 morts et 5.300 blessés du côté palestinien ainsi que 14 morts du côté israélien et 530 blessés.

« Je voudrais souligner que notre enquête sera con-

centrée non pas sur des considérations politiques mais sur une analyse objective et impartiale du respect par les parties au confl it de leurs obligations aux termes du droit international des droits de l'homme et humanitaire, notamment leur responsabilité d'assurer la protection des civils et des non-combattants », avait déclaré le Juge Richard Goldstone à l'ouverture des travaux de la mission à Genève.

Le Secrétaire général a mandaté une enquête sépa-rée sur les bombardements qui ont touché des installa-tions de l'ONU à Gaza.

De son côté, concernant la situation humanitaire à Gaza, Maxwell Gaylard, le coordonnateur spécial adjoint pour le processus de paix au Moyen-Orient, s'est inquiété jeudi, lors d'une conférence de presse au siège des Nations Unies à New York, des conséquen-ces humanitaires dramatiques de la persistance du blocus imposé aux 1,5 million de Palestiniens de Gaza dont 80 % dépendent de l'aide humanitaire. Il s'est éga-lement inquiété des restrictions de mouvement impo-sées aux 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie.

M. Gaylard, qui assure la coordination des activi-tés humanitaires des Nations Unies et de développe-ment dans le Territoire palestinien occupé, a souligné qu'il était impossible de lancer la reconstruction alors que 4.000 maisons ont été détruites et 40.000 autres endommagées.

« Si nous avons déjà obtenu plusieurs millions de dollars sur les milliards de dollars promis lors de l'appel de Charm el-Cheikh du 20 janvier, qui avait été lancé à la suite du confl it à Gaza », a–t-il dit, « nous n'avons toujours pas les moyens d'engager la reconstruction, car l'importation de biens comme le ciment, le métal ou autre matériel de construction est toujours bloquée par les autorités israéliennes. »

Centre de Nouvelles de l’ONU

GAZA

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1 – 15 JUIN 2009 ● La Grande Époque44 ChineChine www.lagrandeepoque.com

Suite de la première page

4 juin : ordre de tuerLe congressiste Chris Smith, partici-

pant à l’activité au Capitole, rappelle que des centaines de milliers de manifestants s’étaient rassemblés en mai 1989 – sur la place Tiananmen et ailleurs – pour expri-mer leur souhait d’obtenir des réformes démocratiques pacifi ques. Des cadres au sein du Parti communiste sympathi-saient avec la cause. Ils avaient réalisé que le règne communiste était une tra-gédie pour des millions de Chinois, dont les vies ont été détruites par les famines, les révolutions culturelles et le contrôle social totalitaire.

« Mais nous savons ce qui est arrivé. Jiang Zemin [haut cadre du Parti à l’épo-que et dirigeant par la suite] a tassé les réformistes, nettoyé la place Tiananmen avec des tanks et a fait feu et tué des milliers de manifestants pacifi ques », affi rme Chris Smith.

Le congressiste Smith a cité le géné-ral Chi Haotian, ancien ministre de la Défense de la République Populaire de Chine, qui a commandé les soldats qui ont tué et estropié les manifestants démocrates.

Le général chinois a affi rmé que « pas une seule personne n’a perdu la vie sur la place Tiananmen » et que l’armée chi-noise n’a fait rien de plus que « pousser les gens ». Des témoins oculaires don-nent une version bien différente des faits. Fang Zheng mentionne qu’il était sur la place lorsqu’une nouvelle s’est répandue vers 22 heures.

Le 3 juin, les soldats tiraient sur la place de toutes les directions. Une étu-diante de son école qu’il a reconnue était près de lui et était très effrayée, parti-culièrement lorsqu’une bombe lacrymo-gène a explosé près d’eux. Il s’est senti appelé à la protéger et à l’escorter en lieu sûr.

Les soldats avaient clôturé la zone et il n’y avait qu’une seule issue. Alors qu’ils s’en allaient en marchant, il a aperçu du coin de l’oeil un char d’assaut se diri-geant droit vers eux. Étant incapable de soulever l’étudiante par-dessus la clô-ture, il l’a rapidement poussée hors de danger, mais il a chuté au sol et le tank est passé sur ses jambes, qui ont été sectionnées.

« Ceci est survenu à 800 mètres de la place Tiananmen », explique Fang Zheng. Les chars pourchassaient les gens qui tentaient de s’enfuir.

Fang Zheng était sur le point de mourir et saignait abondamment lorsqu’il a été amené d’urgence à l’hôpital. Ses deux jambes ont été amputées, la droite au niveau du haut de la cuisse et la gauche au genou. Il était sur le point d’obtenir son diplôme de l’université des Sports de Pékin, mais après l’incident, on a refusé de lui remettre son diplôme et de lui assi-

gner un emploi.Malgré sa condition, il est devenu un

champion en lancer du disque et du jave-lot en jeux paralympiques, remportant plusieurs médailles d’or lors de com-pétitions nationales. Mais lorsque les autorités ont appris comment il avait été handicapé, ils l’ont disqualifi é de la com-pétition internationale.

Repoussant les tentatives du régime d’acheter son silence avec des offres d’emploi et autres compensations, il était régulièrement harcelé par les autorités communistes et il était diffi cile pour lui de trouver du travail. Il y a quelques années, Fang Zheng a émigré aux États-Unis et il habite maintenant San Francisco.

La tragédie de TiananmenCe qui rend Chris Smith furieux, c’est

qu’en décembre 1996, le général Chi – qui a affi rmé que personne n’a été tué sur la place Tiananmen – a été invité à la Maison Blanche du temps de Bill Clinton, où il a été salué par 19 coups de canon.

Après 20 ans, le régime chinois conti-nue de répéter qu’il n’y a eu aucune vic-time alors qu’en réalité, des milliers sont morts et environ 7.000 ont été blessés, selon Chris Smith.

« Pour contrer ce mensonge monu-mental, j’ai rapidement mis sur pieds et présidé une audience impliquant des témoins oculaires du massacre de la place Tiananmen... incluant un ancien

rédacteur du Quotidien du peuple », raconte Chris Smith.

Il a également invité le général Chi et quiconque le régime aimerait voir témoi-gner, mais « ils ne se sont pas présen-tés ». Un des témoins ayant livré de nombreux détails est Jian-Ki Yang, vice-président de l’Alliance pour une Chine démocratique.

Jian-Ki Yang a décrit à Chris Smith les horreurs de Tiananmen.

« J’ai vu des soldats sortir des camions qui ont commencé à tirer à l’arme auto-matique sur les gens. Chaque fois qu’ils tiraient, trois ou quatre personnes étaient touchées, et chaque fois la foule se cou-chait au sol... J’ai vu treize personnes tuées. Nous avons vu quatre chars d’as-saut venant de la place et ils allaient très vite. Les deux chars du devant pourchas-saient les étudiants. Ils ont écrasé les étudiants. Tout le monde criait. Nous avons compté onze corps. »

Le chef du bureau de Pékin de Time Magazine, David Aikman, a déclaré à Chris Smith : « Des enfants ont été tués alors qu’ils tenaient leur mère par la main. Un garçon de neuf ans s’est fait tirer sept ou huit fois dans le dos. »

Au début des années 90, le congres-siste Chris Smith, accompagné de son collègue Frank Wolf, ont visité une pri-son de Pékin où ils ont vu 40 détenus de la place Tiananmen. « Pour avoir paci-fi quement demandé la liberté au gou-

vernement, ils ont payé très cher. Ils ressemblaient aux squelettes vivants d’Auschwitz », remarque Chris Smith.

Répression en coursOn rapporte qu’à la veille de l’anniver-

saire du 4 juin 1989, les autorités chinoi-ses resserrent chaque fois les contrôles et harcèlent davantage les dissidents.

L’un d’eux, Bao Tong, aurait été sorti de Pékin pour une « promenade » et devait revenir chez lui le 7 juin. Bao Tong était l’assistant du secrétaire général du Parti communiste Zhao Ziyang, en poste lors des événements de Tiananmen. Le réformiste Zhao sympathisait avec les étudiants et en raison de cela, lui et Bao Tong ont été placés en résidence sur-veillée. Zhao y est décédé en 2005.

Bao Tong a déclaré à l’AFP qu’il estime que le régime actuel ne rendra jamais justice aux victimes.

Tiananmen « a eu un impact vraiment négatif. La Chine est devenue un pays sans voix... un pays dans lequel per-sonne ne peut demander l’équité », a-t-il affi rmé.

Il pointe également du doigt la com-munauté internationale, qui est selon lui incapable de faire pression sur la Chine.

« Un gouvernement qui n’est pas res-ponsable envers sa propre population ne peut être responsable envers le reste du monde », estime-t-il.

Bao Tong vient tout juste de publier les

mémoires secrètes de Zhao Ziyang, Pri-soner of the State, véritable petite bombe pour Pékin (voir article ci-dessous).

GARY FEUERBERG

Vingt ans après Tiananmen, le régime chinois cache toujours la vérité

Des chars d’assaut de l’Armée Populaire de Libération bloquent l’avenue Chang’an qui mène à la place Tiananmen, le 6 juin 1989 à Pékin. Selon les témoignages, ces tanks auraient écrasé plusieurs étudiants.

Manuel Ceneta/AFP/Getty Images

A l’aide d’un haut-parleur, un étudiant demande aux soldats de retourner chez eux le 3 juin 1989 à Pékin.

Catherine Henriette/AFP/Getty Images

Une femme blessée par l’armée le 4 juin 1989 sur la place Tiananmen est évacuée par un homme à vélo.

Un résident de Pékin, habitant du côté ouest de la place Tiananmen, montre une balle d’arme automatique ayant pénétré dans son appartement le 4 juin 1989. Selon la journaliste canadienne Jan Wong, qui était sur place lors des événements, les soldats n’ont pas seulement tiré sur les manifestants sur la place Tiananmen. Ils ont commencé à tirer en se rendant sur la place et ils tiraient également sur les appartements, tuant des gens dans leur cuisine ou dans leur salon.

Des milliers d’étudiants font face à des soldats le 22 avril 1989 sur la place Tiananmen à Pékin. La mobilisation a été déclenchée par la mort du réformiste Hu Yaobang.

Manuel Ceneta/AFP/Getty Images

Catherine Henriette/AFP/Getty Images

Quatre ans après la mort de Zhao Ziyang, ancien numéro un réformiste du régime,

son ancien secrétaire Bao Tong a réussi à faire publier sa biographie Prisoner of the State: The Secret Journal of Zhao Ziyang (Prisonnier d’État : Le Journal secret du Pre-mier ministre Zhao Ziyang), juste avant le vingtième anniversaire du massacre de Tia-nanmen que Zhao Ziyang avait tenté d’em-pêcher.

Dans un entretien accordé à La Grande Époque, Bao Tong confi rme l’authenticité du livre, qui tire sa source des enregistrements d’entretien avec Zhao Ziyang durant les années de son assignation à résidence. « Je confi rme que c’est sa voix », dit Bao, sou-lignant bien : « La publication du livre s’est faite sous ma supervision directe ».

Bao explique avoir décidé de publier d’abord la version anglaise du livre : « Cette décision a été prise à cause de la situation en Chine. Si la version chinoise avait été publiée en premier, elle aurait pu être cen-surée [par le Parti communiste]. Si la version anglaise sort d’abord et qu’elle est reconnue par la communauté internationale, alors la

survie de la version chinoise ne devrait pas être un problème. »

Le livre peut être résumé en deux par-ties. La première est un examen des réfor-mes économiques de la Chine et la seconde la version de Zhao de l’histoire du massacre pendant lequel il a été exclu du groupe des dirigeants communistes pour avoir défendu les étudiants.

Pour Bao Tong, la partie la plus impor-tante du livre est le regard de Zhao sur les réformes économiques faites par le régime communiste en Chine : « Si l’on vise une stabilité de longue durée en Chine, il faut une démocratie parlementaire… sans cela, l’économie de marché débouchera sur la corruption », cite-t-il par exemple.

Réfl exions sur une vraie modernisation

Dans le livre, Zhao Ziyang fait l’éloge des démocraties parlementaires occidenta-les qui sont, malgré leurs défauts, les exem-ples de vraie démocratie. Selon lui, il n’existe rien de mieux à l’heure actuelle. « En tant que membre du Parti communiste pen-

dant plus de 70 ans, après ses nombreu-ses années d’analyses, Zhao pensait que la Chine devait adopter le style démocratique parlementaire occidental. Je crois que c’est sa conclusion la plus importante », soupire Bao Tong. La Chine a donc emprisonné jus-qu’à sa mort le seul haut responsable poli-tique qui aurait pu la faire évoluer. Zhao Ziyang, indique son secrétaire, a mentionné dans ses dernières volontés celle de publier ce livre : « Je crois qu’il l’a rédigé en 1993 et l’a enregistré en 2000. En 1992, il avait déjà demandé à ma femme de me passer

un message, alors que j’étais toujours en pri-son, condamné à une peine de sept ans ». Zhao Ziyang, à cette époque, encourageait Bao Tong en lui disant de profi ter de ses années en prison pour bien se reposer, afi n de l’aider ensuite à publier un livre. Le titre que Zhao avait choisi à l’époque pour le livre était Dix ans à Pékin.

Cependant, la publication du livre a été compliquée par le fait que Bao Tong est, depuis sa libération en 1996, constamment surveillé.

Ce n’est qu’après la mort de Zhao Ziyang que Bao Tong a eu accès aux enregistre-ments. « Je les ai obtenus entre 2007 et 2008 ; j’ai pensé à ce moment-là à faire aussi vite que possible pour publier le livre. »

C’est d’après lui une coïncidence, mais une coïncidence signifi cative, que le livre soit publié juste avant le vingtième anni-versaire du massacre de la Place Tian An Men. Un moment que les leaders chinois devraient, dit-il, utiliser pour dire publique-ment s’ils envisagent encore d’envoyer l’ar-mée contre leur propre peuple.

LI ZHEN

Le secrétaire de l’ancien numéro un chinois Zhao Ziyang, Bao Tong, a dirigé la publication de l’ouvrage de M. Zhao. C’est la dernière tâche que celui-ci lui a demandé d’accomplir.

La Grande Époque

La dernière volonté d’un ancien chef réformiste chinois « Si l’on vise une stabilité de longue durée en Chine, il faut une démocratie parlementaire… sans cela, l’économie de marché débouchera sur la corruption. » Zhao Ziyang

Page 5: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Xia Yeliang, professeur de sciences économiques à l’université de Pékin (PKU), a récemment écrit

une lettre ouverte sur son blog au ministre de la Pro-pagande Liu Yunshan, critiquant le contrôle idéolo-gique par le département de propagande central, ainsi que sa répression de la liberté universitaire et médiatique. Il explique que l’interdiction récente d’un recueil de mémoire des anciens élèves de la PKU a été l’événement qui a déclenché sa lettre. Un fonc-tionnaire du département central de propagande, qui souhaite rester anonyme, lui a annoncé par télé-phone l’interdiction. « L’éditeur a été trop effrayé pour poser des questions, sans parler de protester », sou-pire le professeur Xia. « C’est encore pire que la Ges-tapo d’Hitler. »

Le contrôle de la liberté de la presse est encore plus inacceptable pour le professeur Xia, qui décide de briser le silence. « Nous sommes dans la période la plus sombre de notre histoire, et je ne peux plus

le supporter », dit-il, conscient du stress des autorités pour cette année décrite comme sensible. « [Le contrôle] est une telle priorité politique que même les familles des victimes de tremble-ments de terre sont sous surveillance », poursuit-il. « Ils peu-vent venir me cher-cher, et je peux payer cher ce que j’ai écrit. Mais quoi qu’il arrive, je n’aurai aucun regret, parce que mon pays a besoin de telles voix. »

Bien que la lettre ouverte ait été interdite de dif-fusion, son contenu a été largement diffusé dans

l’ensemble de la Chine et à l’étran-ger. Depuis la publi-cation de sa lettre ouverte, le Pr Xia a reçu beaucoup de soutiens et d’encou-ragements. Il s’en dit touché et recon-naissant : « Beau-coup de défenseurs [des droits civiques] m’ont indiqué à quel point ils étaient heu-reux de consta-

ter que l’esprit de la PKU est encore vivant dans quelques coeurs ». « Mais j’ai également obtenu quelques commentaires négatifs d’intellectuels de cercles académiques disant que je me sacrifi ais pour

rien. C’est un peu décevant. » Le professeur Xia croit que les intellectuels

devraient être l’épine dorsale de la société. « Mais maintenant tant d’intellectuels chinois sont devenus des chiens obéissants et ne luttent pas pour la vérité et la justice », regrette-t-il. « Moi, je ne veux pas être un porc heureux qui n’a besoin de rien que de son propre confort. »

Quant au progrès de la Chine, Xia indique placer son espoir sur le peuple. « Ces dix dernières années, les diverses forces non gouvernementales ont active-ment poussé la société chinoise en avant, y compris les deux ou trois cents millions d’internautes », dit-il. La puissance de l’internet comme moyen d’expres-sion lui semble une des grandes ouvertures pour le peuple chinois car « cela a même déjà forcé les auto-rités à prendre des décisions contraires à leur politi-que. Cela aurait été inconcevable dans le passé. »

RÉMI BLEIBTREU

La Grande Époque ● 1 – 15 JUIN 2009 55ChineChinewww.lagrandeepoque.com

La propagande chinoise contamine les médiasLa propagande à l’étran-ger, l’espionnage et le cyber-espionnage par la République Populaire de Chine augmen-tent leur étendue dans des pro-portions inquiétantes au point qu’une audience spéciale a eu lieu à Capitol Hill à Washing-ton, aux États-Unis.

La Commission d’Évaluation sur la sécurité et l’économie États-Unis-Chine du Congrès amé-ricain (USCC) a entendu le

témoignage d’experts témoins des agis-sements de la Chine, ses intentions et ses méthodes pour cibler l’opinion publi-que américaine. Le consensus parmi les experts est que la propagande chinoise a depuis le temps du président Mao gagné en efficacité. La Chine a ainsi appris à faire la promotion d’une image « bénigne » d’elle-même, tant à l’inté-rieur du pays qu’à l’étranger.

Après la « propagande »Le Parti communiste chinois (PCC)

a toujours su la valeur de la propa-gande, et l’a utilisée durant le règne de Mao Zedong pour essayer d’exporter sa « révolution Rouge ».

« Radio Pékin haranguait alors le monde sur le monopole de la vertu du président », explique le Dr Nicholas J. Cull, professeur de Diplomatie Publique, à l’université de Californie du Sud.

L’auto-promotion brute de l’ère de Mao a commencé à changer avec les réformes lancées par Deng Xiaoping en 1979, au moment où la Chine s’ouvrait au commerce et au tourisme. Un revers majeur de son image s’est produit lors du massacre de Tiananmen en 1989, qui a été un cauchemar pour les « rela-tions publiques » chinoises. Depuis 1992, la Chine a commencé à réfor-mer ses départements de propagande intérieure et extérieure avec pour mis-sion de travailler à la perception du lea-dership chinois par l’Occident, et sur la distillation d’un message présentant la Chine comme une nation pacifique et stable faisant le maximum pour réduire la pauvreté.

Pour les sujets « sensibles » – le Tibet, le Xinjiang, les minorités ethni-ques, la question religieuse, les droits de l’homme, les mouvements de démo-cratie et le Falun Gong – le Bureau de la Propagande à l’Etranger (OFP), plus communément connu sous l’appellation Bureau d’Information (SCIO), « guide les médias chinois », explique le pro-fesseur associé Anne-Marie Brady, de l’université de Canterbury en Nouvelle-Zélande.

Elle ajoute : « Et pour les évènements extrêmement graves, seule l’agence de presse officielle Xinhua est autorisée à écrire. Tous les autres médias chinois doivent reprendre ses reportages mot pour mot. »

Au cours de la décennie écoulée, le régime a délaissé le terme de « pro-pagande » (xuanchuan) en faveur de « explication » (shuo ming), explique le

Dr Cull. Cette innovation est due à Zhao Qizheng, qui a été à la tête du bureau du SCIO de 1998 à 2005, avec l’appui total des dirigeants du Parti.

Néanmoins, tandis que China Daily et Xinhua ont remplacé le terme « pro-pagande » par « publicité » et « infor-mation », ces activités sont encore classées comme du ressort de la pro-pagande pour l’étranger dans les publi-cations en langue chinoise, dit le Dr Brady.

Un autre accent de la communica-tion du régime chinois est ce que le Dr Cull nomme « l’offensive de charme » des dirigeants, attirant l’attention sur un livre du même titre de Joshua Kur-lantzick. L’ouvrage décrit le développe-ment du « pouvoir doux » de la Chine – diplomatie, stimulations commercia-les, échanges culturels et éducatifs, Jeux olympiques de Pékin, instituts con-fucéens et Internet – tout cela afin de projeter le message que les intentions de la Chine sont bonnes.

Le Dr Cull cite le président chinois Hu Jintao qui appelle à « augmenter la capacité de propagande culturelle de la Chine », laquelle est « déjà deve-nue un facteur décisif pour la force cul-turelle nationale ». « Le [régime] chinois veut par-dessus tout offrir aux Chinois l’admiration du monde, pour renforcer leur propre légitimité… », commente le Dr Cull.

Le chef de la propagande en Chine, Lui Yushan, mentionne souvent dans ses discours « l’admiration occidentale pour les exploits chinois en matière éco-nomique et de management de l’adver-sité », souligne le Dr Cull.

A l’inverse, quand un Américain donne une « mauvaise opinion » de la Chine, la propagande chinoise répond que « cela heurte le sentiment du peuple chinois », s’amuse l’historien de Harvard Dr Ross Terrill, ce qui veut dire en réalité que cette opinion nuit aux intérêts du régime communiste chinois.

Les Chinois n’ont aucune idée de la manière dont fonctionnent les médias et la contestation dans un pays libre. Car en Chine, « tous les manuscrits de livres doivent être approuvés par le gou-vernement avant publication », rappelle le Dr Terrill, auteur du Nouvel Empire Chinois (2004).

« Un étudiant ou un représentant chi-nois vivant aux Etats-Unis met un certain temps avant de réaliser que le gouver-nement américain ne contrôle pas ce qu’impriment les journaux, qu’une mani-festation pour le Dalai-Lama est tout aussi autorisée qu’une manifestation contre lui… », continue l’analyste.

Les médias « objectifs » de Pékin

C’est par les outils de la Chine à l’étranger que les plus grands change-ments ont eu lieu en matière de pro-pagande. Les experts évoquent les outils de propagande tels que l’agence Chine Nouvelle (Xinhua), Radio Pékin, China Daily, Chinese Central Televi-sion (CCTV) et Le Quotidien du Peuple, publié en ligne en plusieurs langues. CCTV-9, la chaîne en anglais qui vise un public étranger, a été lancée en sep-

tembre 2000. CCTV-9 a commencé à présenter des

nouvelles 24 heures sur 24 à partir de 2002, devenant ainsi un équivalent chi-nois de CNN. Cependant, contrairement à CNN qui n’est lié à aucun gouverne-ment, « CCTV-9 est de toute évidence la voix du gouvernement chinois pour ses affaires internationales et de l’idéo-logie du Parti unique dans ses affaires intérieures », dit le Dr Brady.

« Les journalistes de CCTV-9 sont soumis à la pression constante de pro-duire des récits positifs sur la Chine. » En 2005, quand leurs reportages sur des accidents miniers ont été jugés par le régime comme étant nuisibles pour l’image de la Chine à l’international, la Direction de l’information et les journa-listes ont été obligés de faire leur auto-critique par écrit, explique le sinologue.

Une nouvelle chaîne de télévision est prévue dans les deux prochaines années pour diffuser à l’international davantage d’informations pro-régime chinois, d’après le Dr Brady. Sur le modèle de Phoenix Television, elle sera privée, mais l’État en sera le prin-cipal actionnaire. L’idée est de ren-dre la chaîne plus attrayante pour les étrangers en donnant l’illusion d’être indépendante et objective comme en Occident.

Les occidentaux ne savent pas vrai-ment comment cette propagande dirigée par l’État fonctionne car ils n’ont aucune expérience de vie sous un régime des-potique. « Le China Daily est souvent lu par des visiteurs américains en Chine étant donné que quasiment rien d’autre n’existe en anglais », commente le Dr Terrill. «Très peu savent que c’est un journal du gouvernement ».

Les réussites du régime chinois sont en partie dues à l’indifférence occiden-tale. Les trois experts en propagande qui témoignent suggèrent que ces réus-sites sont tout simplement le résultat d’une compétition entre leurs médias et les nôtres. Mais l’ancien agent spé-cial du FBI I. C. Smith a vu, derrière les sourires de la CCTV, la main d’un régime autoritaire et tyrannique. Selon lui chaque fois qu’il y a un incident, tel que celui où un sous-marin chinois a harcelé un navire américain dans les eaux internationales, l’incident du EP-3 ou la sous-évaluation de la monnaie, notre réponse a été de laisser passer les informations.

« Notre approche, y compris pour le massacre de la place Tienanmen, a été d’évacuer l’incident aussi vite que pos-sible », soupire M. Smith. Sa recom-mandation au gouvernement américain est d’opter pour une politique de « réci-procité plus stricte » dans les relations avec la République Populaire de Chine.

Plus de médias pour plus d’infl uence

La méthode de la Chine pour sub-merger les médias chez eux et les con-trecarrer à l’étranger avec sa propre version de la vérité est de parler plus fort et dans plus d’endroits. Le régime chinois doit donc développer la puis-sance et la portée de ses médias.

Cette année, le régime chinois a annoncé qu’il investirait 45 milliards de yuans (4,5 milliards d’euros) en plus dans ses principaux médias afin de développer leur présence au niveau mondial. Ceci inclut le projet chinois de multiplier les bureaux de l’agence Xin-hua, les passant de 100 à 186 – pres-que assez pour en avoir un dans chaque pays du monde, souligne le Dr Brady. Développer le Global Times et leur chaîne CCTV-9 fait également partie de leur projet pour avoir plus d’influence dans l’arène internationale.

L’édition anglaise du Global Times est née le 20 avril 2009, enrichissant un Glo-bal Times chinois populaire et financiè-rement rentable, dit Judy Polumbaum, professeur de journalisme à l’université de l’Iowa. Voulant donner aux publics occidentaux l’apparence qu’il est indé-pendant du Quotidien du Peuple, « ni l’édition chinoise ni l’édition anglaise ne se soucient de clarifier le fait que leurs correspondants à l’étranger sont des correspondants du Quotidien du Peu-ple », insiste le Dr Polumbaum.

Alors que le Global Times ne va ni remplacer ni faire plus qu’une brèche dans le marché des journaux améri-cains, il ne fait aucun doute que les reportages de l’agence de presse offi-cielle Xinhua seront davantage repris par les sites internet mondiaux, selon le Dr Cull.

« Bien que Xinhua se considère elle-même comme l’équivalent de Associa-ted Press, Reuters ou l’AFP, les médias américains n’utilisent certainement pas ses dépêches mot à mot. Par contre, beaucoup de médias partout ailleurs dans le monde le font… », s’inquiète le Dr Polumbaum. En outre, avec la crise actuelle dans la couverture territoriale des médias occidentaux, « les histoires écrites sous un angle chinois pourraient facilement servir à boucher des trous, en particulier dans des endroits comme l’Amérique Latine et l’Afrique ».

GARY FEUERBERG

Gary Feuerberg/La Grande Époque

M. I.C. Smith, écrivain et

ancien agent spécial du FBI.

Ses missions couvraient le

monde entier, notamment

l’ancienne Union Soviétique et

la Chine. Il a témoigné le 30

avril à Washington devant la

Commission sur la sécurité et

l’économie entre les Etats-Unis

et la Chine.

Le Dr Anne-Marie Brady, professeure de science politique à l’université de Canterbury, en Nouvelle-Zélande. Elle est l’auteur de Marketing Dictatorship: Propaganda and Thought Work in

Contemporary China (2008).

« CCTV-9 est de toute

évidence la voix

du gouvernement

chinois pour

ses affaires

internationales et de

l’idéologie du Parti

unique dans ses

affaires intérieures. »

Pr Brady, université de Canterburry

Gary Feuerberg/La Grande Époque

Un professeur de l’université de Pékin critique le « contrôle mental » par les autorités

« Ils peuvent venir me chercher, et je peux payer cher ce que j’ai écrit. Mais quoi qu’il arrive, je n'aurai aucun regret, parce que mon pays a besoin de telles voix. »Professeur Xia, université de Pékin

Page 6: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Suite du septième commentaire

La « campagne des cinq anti » a principalement con-sisté à voler les biens des capitalistes ou plutôt à

tuer les capitalistes pour prendre leur argent. Chaque soir, assis dans son canapé une tasse de thé à la main, Chen Yi, à l’époque maire de Shanghai, était rensei-gné sur l’avancement des opérations. Il demandait non-chalamment : « Combien y a-t-il eu de parachutistes aujourd’hui ? » signifi ant « combien d’hommes d’affai-res ont sauté du haut d’un immeuble pour se suicider ? » Aucun capitaliste n’a pu échapper à la « campa-gne des cinq anti ». On exigeait d’eux qu’ils payent des taxes « dérobées » dès la période Guangxu (1875-1908) sous le Parti communiste de l’Union soviétique (1644-1911) au moment où le marché commercial de Shanghai a été établi pour la première fois. Malgré leurs ressources, les capitalistes n’avaient pas les moyens de payer de telles « taxes ». Ils n’avaient pas d’autre choix que de mettre fi n à leur vie, mais ils n’osaient même pas sauter dans le fl euve Huangpu, parce que si leur corps n’était pas retrouvé, le gouvernement les aurait accusés d’avoir fui à Hong Kong et les membres de leur famille auraient dû quand même endosser la responsabilité des taxes. C’est pourquoi les capitalis-tes choisissaient de se jeter du haut des immeubles, laissant au PCC leur corps comme preuve de leur mort. On raconte qu’à cette époque à Shanghai les gens n’osaient pas marcher à proximité des hauts immeu-bles de peur d’être écrasés par ceux qui se jetaient des fenêtres.

Après la fondation de la République Populaire de Chine, selon des faits de la campagne politique édi-tés par quatre départements gouvernementaux dont le Centre de recherche historique du PCC en 1996, lors des « campagne des Trois Anti » et « campagne des Cinq Anti », plus de 323.100 personnes ont été arrê-tées et plus de 280 se sont suicidées ou ont disparu. Pendant la « campagne anti-Hu Feng » en 1955, plus de 5.000 personnes ont été accusées, plus de 500 ont été arrêtées, plus de 60 se sont suicidées et 12 sont décédées de mort non naturelle. Dans la répression des réactionnaires qui a suivi, plus de 21.300 person-nes ont été exécutées et plus de 4.300 se sont suici-dées ou ont disparu.

3. La grande famineLe taux de mortalité le plus élevé en Chine a été

recensé durant la grande famine qui a eu lieu peu de temps après le Grand Bond en avant. L’article intitulé La grande famine dans Le livre des archives histori-ques de la République populaire de Chine publié en février 1994 stipule que « le nombre de morts non natu-

relles et la réduction du nombre des naissances entre 1959 et 1961 est estimé à environ 40 millions [...] Un dépeuplement de 40 millions de personnes correspond probablement à la plus grande famine du siècle dans le monde ».

Le PCC a déformé la vérité sur la Grande famine en parlant de « trois ans de catastrophes naturelles ». En réalité, au cours de ces trois années, les conditions météorologiques ont été satisfaisantes. Il n’y a eu ni grande inondation, ni sécheresse, ni tempête, ni raz-de-marée, aucun tremblement de terre, pas de gel ni de grands froids, pas de grêle ni de nuages de saute-relles.

Le « désastre » a été entièrement causé par l’homme. La campagne du Grand Bond en avant voulait que toute personne en Chine s’implique dans la production de l’acier, obligeant les fermiers à abandonner leurs récol-tes et à les laisser pourrir sur place dans les champs. Et pourtant les fonctionnaires de chaque région ont augmenté leurs exigences de rendements de produc-tion. He Yiran, le premier secrétaire de la préfecture du comité du PCC de la préfecture de Liuzhou, a person-nellement inventé le rendement faramineux de « 65.000 kilos de riz par mu » dans le canton de Huanjiang. Cela s’est passé juste après le plénum de Lushan lorsque la campagne de répression de l’aile droite battait son plein dans tout le pays. Dans le but de démontrer que le PCC a toujours raison, la récolte a été expropriée par le gouvernement sous forme de taxation basée sur ces rendements exagérés. En conséquence, les rations de céréales, de graines et de produits de base des pay-sans ont été confi squées dans leur intégralité. Lorsque la demande ne pouvait toujours pas être satisfaite, on a accusé les paysans de cacher leurs récoltes.

Pour en savoir plus : Les neuf commentaires sur www.lagrandeepoque.com

Version audio disponible sur le site de la radio Son de l’Espoir : www.sondelespoir.org

55.204.911 Chinois ont démissionné

du Parti après avoir lu les Neuf commentaires sur le Parti Commu-niste. Ce mouvement de démissions

reste pour le peuple un moyen d’ex-

pression non violent, apolitique et sans

précédent dans la société chinoise.

La Grande Époque publie un extrait

traduit de cette série éditoriale chinoise

dans chacun de ses numéros.

1 – 15 JUIN 2009 ● La Grande Époque66 ChineChine www.lagrandeepoque.com

ÉDITORIAL

L’arrivée en Chine de la présidente de la Cham-bre des représentants américaine Nancy Pelosi

a été saluée par près de 2.000 personnes le 25 mai, qui ont protesté à Pékin contre la corruption du régime communiste et invité Mme Pelosi à prêter une grande attention à la situation des droits de l’homme en Chine. Les protestataires ont crié des slogans tels que « punir les fonctionnaires corrompus », « garan-tir les droits de l’homme » et « vive la démocratie ». La manifestation a duré pendant environ deux heu-res. Une dizaine de personnes ont été arrêtées par la police chinoise.

Mme Li Li, une protestataire de la province de Shanxi, dit qu’elle avait prévu de faire bon accueil à Nancy Pelosi à la Gare du Sud mais ne s’atten-dait pas à trouver le secteur entièrement quadrillé par la police. Mme Zhao Chunhong, une protestataire de longue date de la province de Hebei, a déployé une banderole disant : « Mme Pelosi : SOS - droits de l’homme en Chine » et crié des slogans. Enceinte de huit mois, Mme Zhao a été traînée à terre par la police, et ses jambes blessées. Plu-sieurs femmes âgées ont été frappées également à terre.

Selon M. Zhou Guangfu de Chongqing, il y avait plus de 2.000 protestataires. « C’est la capitale de la Chine et nous souhaitons la bienvenue aux honorables étrangers. La police ne devrait pas nous traiter comme cela ». Nancy Pelosi, dont les positions fortes sur la question des droits de l’homme sont connues, n’a pas sou-haité indiquer si elle évoquerait le sujet au cours des réunions.

AUJOURD’HUI EN CHINENouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir

(Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)NEUF COMMENTAIRES

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Des milliers de protestataires chinois saluent l’arrivée de Nancy Pelosi

Le président d’une entreprise technologique chinoise, Ma Zhongfei, a été soup-çonné d’espionnage sur les installations militaires taiwanaises durant sa visite sur

l’île. Selon des médias chinois, le 25 mai, M. Ma est entré dans un centre de recru-tement de l’armée taïwanaise sur la route de Jilong à Taïpeh. Il a pris des photos du centre et des affi chages.

Arrêté, Ma est aujourd’hui poursuivi pour espionnage militaire. Selon la loi taiwa-naise, il risque une peine de prison limitée à un an, aucune donnée réellement confi dentielle n’ayant été saisie. Les touristes chinois à Taiwan ont l’habitude de pho-tographier les installations militaires de la base aérienne du Lotus près du lac des sept étoiles à Hualien.

Un « touriste-espion » arrêté à Taiwan

En cette période de 20e anniversaire du massacre de la Place Tianan-

men, et avec la publication programmée de l’édition chinoise du livre Prisonnier d’Etat par l’ancien chef du Parti Com-muniste chinois Zhao Ziyang, M. Bao Tong, son secrétaire, a été emmené hors de Pékin par la sécurité nationale. Res-ponsable de la publication du livre pos-thume dans lequel Zhao Ziyang appelle son pays à la réforme et à l’ouverture, on a ordonné à Bao Tong de « voyager » et de ne revenir à Pékin qu’à la mi-juin.

Selon Bao Pu, le fi ls de Bao Tong, celui-ci est accompagné par la police pour son tourisme forcé à Huangshan

et à Hangzhou, dans la province de Zhe-jiang. Bao Tong est depuis des années en résidence surveillée, et la publica-tion en version anglaise du livre de Zhao Ziyang a accru le contrôle exercé sur lui. Il indiquait le 22 mai au New York Times avoir reçu l’interdiction de donner des interviews. La version anglaise du livre de Zhao Ziyang, Prisonnier d’Etat, est publiée depuis la mi-mai. Avant même sa publication, 14.000 exemplaires de la version chinoise sont déjà vendus, ce qui oblige l’éditeur à préparer une seconde édition alors que la 1e n’est pas encore en librairie… à Hong Kong seulement.

Le secrétaire de l’ancien numéro un chinois Zhao Ziyang en « voyage forcé »

« Mon nom est Pang Junmin. Je suis née le 12 octobre 1971. Je travaillais pour une société d’État dans la province de Henan. J’ai été victime du « planning familial » du Parti Communiste chinois (PCC) et j’annonce par la présente publique-ment mon retrait de la Ligue de la Jeunesse du PCC.

Je me suis mariée le 11 juillet 1994. Mon premier fi ls, Yang Kuo, est né le 16 mars 1996. Il est devenu infi rme à la naissance suite à une négligence de l’hôpital. Mon mari et moi avons lutté pour continuer à l’alimenter et à pren-dre soin de lui. Quand mon fi ls est mort, je souffrais aussi d’une mala-die grave.

Selon la politique du planning familial du PCC, j’avais le droit d’avoir un second bébé, mais les autorités locales du « planning familial » ont rejeté ma demande. Le per-sonnel du bureau local m’a obligé à mettre un anneau d’acier intra-utérin. Mon fi ls, à cette époque, devenait de plus en plus faible et je commençais à redouter qu’il puisse mourir prématurément si jeune. Je ne voulais pas partir sans descendant. En avril 2003, j’ai secrètement retiré l’anneau et peu de temps après je suis tombée enceinte. Je me suis cachée dans un village pendant huit mois environ. En décembre 2003, mon second enfant est né. Alors que j’étais encore à l’hôpital, les fonctionnaires du planning familial local m’ont retrouvée et ont demandé à l’hôpital de me ligaturer les trompes contre ma volonté. J’étais en colère. Ma belle-mère est tombée gravement malade suite à cela.

Les fonctionnaires de la ville ont aussi obligé mon entreprise à me licencier et à diviser le salaire de mon

mari par deux. J’ai dû faire plusieurs petits boulots.

Ne pouvant recevoir de soins médicaux adéquats, mon pre-mier fi ls est mort le 17 août 2006. Il n’avait que 10 ans. Le pauvre enfant n’a jamais pu m’appeler maman avant de décéder. Sa mort a été un grand choc pour moi.

J’ai réalisé à quel point le Parti est pervers. La politique du plan-ning familial en Chine a causé de nombreuses tragédies similaires à la mienne. Dans un tel pays, les gens perdent leur dignité, leur liberté et leur droit de donner la vie. En Chine, nous avons un vieux dicton : « N’entrez pas dans un État qui est dans le trouble. Un

État désordonné ne doit pas être habité ». En septem-bre 2008, je me suis enfuie de Chine avec l’aide de quel-ques personnes.

La Chine et les Etats-Unis se différencient par l’auto-rité unique du Parti Communiste. Le pouvoir du PCC ne provient pas du peuple et n’est pas sujet à la surveillance par le peuple. Il se déchaîne à travers le pays, tuant les gens sans retenue. Mon histoire n’est pas une tragédie isolée en Chine. C’est seulement en renversant l’autorité du PCC que ces tragédies cesseront. J’ai fait de nom-breuses recherches et trouvé que ces tragédies résul-tant du planning familial ont été banalisées sous l’autorité du PCC. S’il continue d’exister, des histoires semblables continueront d’avoir lieu. En réponse à l’appel des prati-quants du Falun Gong, j’ai décidé de quitter la Ligue de la Jeunesse du PCC en public et mis ma déclaration sur le web. Le PCC ne vivra pas très longtemps. Quittez-le rapi-dement et aidez-nous à provoquer sa chute. »

« En décembre 2003, mon second enfant est né. Alors que j’étais encore à l’hôpital, les fonctionnaires du planning familial local m’ont retrouvée et ont demandé à l’hôpital de me ligaturer les trompes contre ma volonté. »

TÉMOIGNAGE

Une victime du « planning familial » quitte la Ligue

de la Jeunesse du PCC

Mme Pelosi est connue pour ses positions fortes sur la question des droits de l’homme.

AFP

Page 7: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

La Grande Époque ● 1 – 15 JUIN 2009 77ÉÉconomieconomiewww.lagrandeepoque.com

Les agences de notation mises en cause dans la crise fi nancière

David Einhorn, patron du fonds spé-culatif Greenlight Capital, est un intervenant habituel de la confé-

rence Ira Sohn sur la recherche en inves-tissement (Ira Sohn Investment Research Conference) qui se tient annuellement en mai à New York. Il est très écouté par la communauté des investisseurs. Suite à son discours du 27 mai dernier, les taux d’intérêts des emprunts d’État américain ont été sensiblement en hausse et l’action de l’agence de notation Moody’s a subi une forte baisse. En effet, M. Einhorn a abordé la question de l’éventuelle perte de la nota-tion ‘AAA’ des États-Unis. Parallèlement, il a mis en cause le système de notation d’une manière générale et ses effets néfas-tes sur les marchés des capitaux, et prévoit la faillite prochaine de l’agence Moody’s.

Au début de son discours, David Ein-horn a rappelé qu’il y a juste un an à la même conférence, il a parlé de Lehman Brothers et du risque qui pesait sur le système fi nancier en raison de l’opacité des comptes des institutions fi nancières. « Quand j’ai parlé de Lehman la première fois, l’action était à plus de 60 dollars, bien que les diffi cultés de Lehman étaient visi-bles et son sort incertain ». Il est revenu sur la question de savoir pourquoi rien n’a été fait entre le sauvetage de Bearn Sterns et la faillite de Lehman pour protéger le sys-tème contre le risque que Lehman a évi-demment posé. « Nous avons tous perdu dès lors que les autorités n’ont pas insisté sur le fait que Lehman reconnaisse ses pertes et se désendette », a-t-il conclu.

Convertir les dettes en actions

D’après David Einhorn, pour restaurer l’économie, il est crucial de résoudre la problématique de la solvabilité des ban-ques. « Nous avons besoin que les ban-ques soient prêtent à reconnaître les créances douteuses et à négocier avec les emprunteurs. Pour cela, elles doivent être massivement mieux capitalisées ou même surcapitalisées pour absorber les pertes. Tout le monde doit reconnaître que ces pertes ont déjà eu lieu… c’est le meilleur moyen de retrouver le chemin vers la reprise de l’économie ». Mais pour ren-forcer la capitalisation des banques, David Einhorn estime qu’en plus de l’alternative des pouvoirs publics entre la nationalisa-tion des banques ou leur renfl ouement par l’argent des contribuables, il en existe une

troisième qui consiste à convertir leurs det-tes contre une participation en actions. Il reste à savoir comment inciter cette con-version de dette en actions sans forcer une liquidation désordonnée.

Malgré les injections massives du Tré-sor américain dans le système bancaire, David Einhorn considère que « les ban-ques ne sont sensiblement pas plus solva-bles maintenant qu’elles ne l’étaient il y a deux mois ». Ce qui a changé c’est le sen-timent des investisseurs : « Il y a quelques mois les investisseurs craignaient que le gouvernement puisse saisir les banques ». Mais les autorités ont préféré attendre « la reprise économique pour permettre aux banques de dépasser leurs problèmes avec les revenus futurs ». « Le rallye [des actions de banques] au cours des derniè-res semaines montre à quel point le mar-ché est impatient de voir la fi n de cette crise », a expliqué David Einhorn.

Face à un défi cit budgétaire américain record, David Einhorn a qualifi é la situation de « problématique ». Alors que les impôts collectés sont en forte diminution sous l’ef-fet de la crise, les dépenses augmentent du fait des nombreuses interventions de l’État au secours de l’économie. « Le défi -cit américain devrait atteindre environ 13 % du PIB cette année », a précisé David Einhorn. Par ailleurs, « le gouvernement a émis des milliers de milliards de garan-ties ‘sournoises’ » qui « n’apparaissent pas dans la comptabilité publique au moment de leur mise en place, mais seulement plus tard quand elles sont payées ». Pour David Einhorn, il sera diffi cile de réduire le défi cit, la démographie étant un obstacle supplé-mentaire avec le phénomène du vieillis-sement de la population. « Comment les pays industrialisés avec des dettes impor-tantes et de lourds engagements sociaux envers la population âgée vont allouer le sacrifi ce » sera une thématique d’inves-tissement dans les années à venir, a-t-il relevé.

La malédiction de la nota-tion Triple A

Mais c’est surtout la notation ‘AAA’ qui inquiète David Einhorn. « Donner des fonds illimités à un coût attractif aux enti-tés notées ‘AAA’ peut être une mauvaise idée », particulièrement quand ces entités sont susceptibles de profi ter de cette per-ception de sécurité de notation. Pour lui, le gouvernement des États-Unis et les autres

pays industrialisés très endettés « sont victimes de la malédiction de la notation ‘AAA’ » qui permet un fi nancement bon marché en nombre illimité. David Einhorn a rappelé que plusieurs échecs au cours de cette crise ont porté la notation ‘AAA’ comme les assureurs monolines tels que AIG et General Electric « dont le lent nau-frage est en cours de formation ». « Tous ont subi la malédiction de ‘AAA’ », selon David Einhorn. « Le marché croit à tort que les régulateurs et les agences de nota-tion procèdent à une surveillance attentive de leurs profi l de risque et d’activités », a-t-il indiqué.

David Einhorn va encore plus loin. Pour lui, « personne n’achète ou n’utilise les notations Moody’s parce qu’il croit en la marque ». On l’utilise « parce qu’il fait partie d’un oligopole créé par le gouver-nement et souvent parce que c’est exigé par les réglementations ». « Le système de notation est intrinsèquement pro-cycli-que et économiquement déstabilisant. Quand les temps sont bons, les rehaus-ses de notations réduisent les coûts d’em-prunt et contribuent à des bulles de crédit. Quand les temps sont mauvais, les dégra-dations de notations accélèrent une bou-cle de réactions négatives et peuvent être catastrophiques pour les entités qui comp-tent beaucoup sur l’accès aux crédits ; le déclassement de leur notation peut mena-

cer leur existence », a expliqué David Ein-horn. « Les régulateurs peuvent améliorer la stabilité des marchés fi nanciers en sup-primant le système de notation formel du crédit » a-t-il conclu.

Concours de circonstances ou réponse aux propos de David Einhorn, le jour même de la conférence, Moody’s a sorti un com-muniqué indiquant que les Etats-Unis méri-taient leur note ‘AAA’, la meilleure possible dans sa classifi cation. « Même avec une détérioration signifi cative de la position débitrice du gouvernement américain, sa note a une perspective stable et les États-Unis conservent les attributs d’un pays souverain noté ‘AAA’ », indiquait le com-muniqué.

LAUREN SMITH

« Le système

de notation est

intrinsèquement

pro-cyclique et

économiquement

déstabilisant »,

David Einborn, président du fonds spéculatif Greenlight Capital

La notation fi nancière ou rating est l’appréciation don-née par une agence de nota-tion du risque de solvabilité d’un Etat, d’une entreprise ou d’une opération. L’objectif est d’attribuer une note corres-pondant aux perspectives de remboursement de ses enga-gements envers ses créanciers. Les notations vont de AAA (Tri-ple A) – qualité de crédit la plus élevée, à D – défaut de paie-ment imminent ou constaté. Il existe trois acteurs clés de notation : Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch Ratings.

L’assureur américain en diffi culté AIG, auparavant noté ‘AAA’ par les agences de notation, sauvé de la faillite à l’automne par les pouvoirs publics, est sur le point de vendre son siège à New York.

Spencer Platt/Getty Images

Les énergies renouvelables : un secteur en croissanceUn suivi attentif du modèle énergétique mon-

dial devient indispensable, non seulement pour mesurer l’évolution des énergies renouvelables par rapport aux énergies dites classiques, mais égale-ment pour mieux appréhender les transformations économiques globales qui l’accompagnent.

Le REN21, promoteur des éner-gies renouvelables

C’est la raison pour laquelle, suite à une première conférence internationale sur les énergies renouve-lables, qui s’est tenue à Bonn en Allemagne en 2004, le « Réseau Energies Renouvelables pour le 21e siè-cle », encore appelé « REN21 » a été offi ciellement lancé à Copenhague au Danemark en juin 2005. Cette organisation, dont le but est de promouvoir le développement rapide des énergies renouvela-bles au niveau mondial, est basée à Paris et prési-dée par Mohamed El-Ashry. Elle est reconnue par l’Organisation des Nations Unies pour la Protection de l’Environnement (UNEP) ainsi que par l’Agence Internationale de l’Energie (IEA), et publie chaque année un rapport annuel en anglais intitulé Global Status Report consacré à un panorama mondial des énergies renouvelables (1).

Un rapport 2008 positif malgré la crise

Selon son président M. El-Ashry, « la 4° édition du rapport de REN21 sur la situation des énergies renouvelables est au cœur d’un enjeu historique avec la crise mondiale. Bien que l’avenir soit incer-tain, il y a de nombreux points positifs », confi rmant que l’énergie mondiale poursuit sa mutation en dépit de la crise. Ainsi, on note par exemple que la pro-duction mondiale des nouvelles sources d’énergie renouvelables (en dehors des grands barrages) est en hausse de 16 % par rapport à 2007, avec une

puissance installée de 280.000 mégawatts (MW). De même, on y retient que, pour la première fois dans l’histoire, l’augmentation du parc de production éner-gétique des pays occidentaux s’est faite majoritaire-ment en ayant recours aux énergies renouvelables, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis : autrement

dit, et il faut le souligner car c’est un tournant majeur dans notre modèle énergétique, les énergies dites classiques (fossiles essentiellement) ne sont plus prédominantes dans nos choix d’investissement.

Cette tendance est la même pour toutes les éner-gies renouvelables, mais on note que l’énergie éolienne a eu la plus forte croissance (+ 29 %), avec une puissance installée de 121.000 MW, et cinq pays très en avance sur les autres : les Etats-Unis, l’Alle-magne, l’Espagne, la Chine, et l’Inde. Vient ensuite l’énergie solaire, avec 13.000 MW raccordés au réseau électrique et 145.000 MW thermiques. L’Al-lemagne (200.000 chauffe-eau solaires installés) et l’Espagne font fi gure de leader du solaire. Les autres énergies comme la géothermie et les biocarburants sont également en croissance, mais plus faible que le solaire et l’éolien.

Les énergies renouvelables : nou-veau vecteur de croissance

Les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont augmenté de 16 % en 2008 pour atteindre un total de 120 milliards de dollars, dont 24 milliards de dollars aux Etats-Unis. Ainsi, selon M. El-Nashry, « la croissance récente du secteur a dépassé toutes les prévisions, même celles fai-tes par l’industrie elle-même ». L’engagement des gouvernements a été ambitieux, puisque 73 pays se sont fi xé des objectifs d’énergies renouvelables (contre 66 en 2007) et que des tarifs d’achat sub-ventionnés ont été mis en place dans cinq nouveaux pays (le Kenya, les Philippines, la Pologne, l’Afrique du Sud et l’Ukraine).

Face à la crise fi nancière, les énergies renouve-lables sont reconnues comme une opportunité de création d’emplois et sont l’objet de politiques d’en-couragement économique dans 64 pays, comme aux Etats-Unis où le nouveau président Barack Obama a fait adopter un plan d’investissement de 150 milliards de dollars sur dix ans dans ce seul secteur, ou bien en Inde où les projets d’investissement d’usines de production de panneaux photovoltaïques se montent à près de 18 milliards de dollars.

L’industrie des énergies renouvelables, enfi n, est en forte croissance. Ainsi, en août 2008, il existait près de 160 entreprises du secteur des énergies renouvelables cotées en bourse, avec une capita-lisation boursière de 100 millions de dollars. Même si elle reste encore marginale face aux géants du pétrole et du gaz, l’industrie des énergies renouvela-bles commence donc à se structurer et à être perçue comme vecteur de croissance des économies.

PATRICK C. CALLEWAERT

(1) www.ren21.net

Lexique :Les énergies dites « non-renouvela-

bles » sont des énergies qui se renouvel-lent sur des échelles de temps géologiques et ne peuvent pas se renouveler sur une durée équivalente à une vie humaine : elles com-prennent les énergies dites fossiles (char-bon, gaz naturel, pétrole) ainsi que l’énergie nucléaire (à base d’uranium).

Les énergies dites « renouvelables » proviennent quant à elles en majeure par-tie du soleil, mais se déclinent le plus sou-vent sous les formes suivantes : l’énergie hydraulique (barrages, micro-turbines, énergie marémotrice), l’énergie solaire (thermique ou photovoltaïque), l’énergie éolienne (vent), les biocarburants (bioéthanol, compost), le bois, ainsi que la géothermie (chaleur de la terre).

L’éolienne produisant l’électricité à Reussenkoege près de Husum dans le nord de l’Allemagne.

Andreas Rentz/Getty Images News

Page 8: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

1 – 15 JUIN 2009 ● La Grande Époque88 Droits humainsDroits humains www.lagrandeepoque.com

Dans la Baie de Saint-Brieuc, on la surnomme l’or blanc. Reine parmi les mollusques, la coquille Saint-Jacques fait l’objet d’une pêche strictement

réglementée par… les pêcheurs eux-mêmes ! Dès 1970, conscients de sa sur-vie fragile, les professionnels de la mer locaux ont mis en place une batterie de mesures inédites pour préserver l’espèce. Résultat : la baie affi che aujourd’hui un des meilleurs rendements de l’Hexagone et des stocks maintenus.

Pour en savoir plus : Georges Pierron, président du Bureau de la baie de Saint-Brieuc. Email: [email protected]

En avril 2009, 63.351 personnes étaient incarcérées dans les prisons fran-çaises. « Pour les détenus, la culture est un élément fondamental, cons-

titutif de la vie carcérale. Si les démarches en vue de développer l’accès à la culture en milieu pénitentiaire s’arrêtent, on diminue, voire on supprime tou-tes les possibilités de réinsertion des détenus ».

Créée en 1994, la Fédurok regroupe 75 « lieux » de diffusion et d’ac-compagnement musical, comme des salles de concerts, sur l’ensemble de l’hexagone. Les membres de la Fédurok prennent en charge l’organisation des concerts qui se fait en concertation avec les centres carcéraux grâce à la médiation des Services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), chargés de réinsérer les détenus. Les groupes programmés rassemblent une grande variété de style : musique du monde, rap, blues, pop...

Pour en savoir plus : fsj.la-fedurok.org

BRÈVES D’ESPOIRAvec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs

La coquille Saint-Jacques : de l’or blanc devenu vert

Evasion lyrique en prison pour la Fête de la musique

56

912

1843

4687

35

7231

6934

539

87

Solution page 11

Musique, écologie et commerce équitable font un boeuf

Face à la domination des majors, à la précarisation des artistes et à la réduction de la diversité culturelle, l’association Fairplaylist propose une

fi lière musicale alternative, régie par les principes de l’écologie et de l’éco-nomie sociale et solidaire. Les albums sont enregistrés dans des studios ali-mentés en électricité verte. Les pochettes sont fabriquées en carton recyclé. La distribution est assurée par le réseau des commerces équitables et bio-logiques, les scènes alternatives ou encore les disquaires. La principale dif-férence entre le modèle Fairplaylist et le système classique ? L’absence des majors et leur marge de près de 17 %, qu’ils réalisent sur chaque album vendu.

Assurer à chacun une rémunération équitable et transparente constitue ainsi l’un des piliers du système de garantie pour une musique éthique pré-conisé par Fairplaylist.

Pour en savoir plus : www.fairplaylist.org

Le monde est assis sur une bombe à retardement sociale, politique et économique alimentée par une crise des droits humains, a déclaré Irene Khan, secrétaire générale d’Am-

nesty International, ce jeudi 28 mai en lançant le Rapport 2009 – La situation des droits humains dans le monde.

« Derrière la crise économique se cache une crise des droits humains prête à exploser », a-t-elle ajouté. La récession a aggravé les atteintes aux droits humains, détourné l’attention de celles-ci et créé de nouveaux problèmes. Au nom de la sécurité, les droits humains ont été foulés aux pieds. Aujourd’hui, au nom de la reprise économique, ils sont relégués au second plan.

« Le monde a besoin d’une nouvelle donne mondiale pour les droits humains – il a besoin non pas de promesses faites sur papier, mais de voir les gouvernements s’engager et entre-prendre des actions concrètes en vue de désamorcer la bombe à retardement des droits humains. Les dirigeants du monde doi-vent investir dans les droits fondamentaux avec autant de déter-mination que dans l’économie. »

« L’insécurité, l’injustice et l’avilissement sont aujourd’hui le lot de milliards d’êtres humains, a déclaré Irene Khan. La crise actuelle est faite de pénuries de nourriture, d’emplois, d’eau salubre, de terrains et de logements, ainsi que de privations et de discrimination, d’une inégalité croissante, de xénopho-bie et de racisme, de violence et de répression partout dans le monde. »

Des communautés indigènes et des groupes marginalisés ont été privés de certains de leurs droits fondamentaux à une vie décente, et cela malgré la croissance économique constatée dans des pays comme le Brésil, le Mexique et l’Inde.

Des centaines de milliers de personnes vivant dans des bidonvilles et des zones rurales ont été déracinées de force au nom du développement économique.

La fl ambée des prix des denrées alimentaires a aggravé la faim et favorisé les maladies, et certains gouvernements – notamment en Corée du Nord, au Myanmar ou encore au Zim-babwe – ont fait de la nourriture une arme politique.

La discrimination et les violences contre les femmes ont per-duré.

En réaction aux pressions migratoires, les pays d’accueil et de transit ont adopté des mesures encore plus restrictives afi n de maintenir les personnes hors de leurs frontières, l’Union euro-péenne ouvrant la marche en collaboration avec des États tels que le Maroc, la Mauritanie et la Libye.

« Les signes de tension et de violence politique se multiplient, et la récession risque de donner lieu à une répression accrue », a souligné Irene Khan en notant la dureté avec laquelle les auto-rités ont réagi à certaines manifestations contre la situation éco-nomique, sociale et politique dans des pays comme la Tunisie, l’Égypte, le Cameroun et d’autres nations d’Afrique. L’impunité de la police et des forces de sécurité a été généralisée.

« La Chine et la Russie sont la preuve que les marchés ouverts ne font pas des sociétés ouvertes. Un peu partout dans le monde, l’an dernier, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des syndicalistes et d’autres respon-sables de la société civile ont été harcelés, agressés ou tués en toute impunité », a déclaré Irene Khan.

Elle a ajouté que les dirigeants du monde se focalisent sur les moyens de relancer l’économie mondiale mais ne prêtent pas attention aux confl its meurtriers qui engendrent des atteintes massives aux droits humains. [...]

« Ignorer une crise pour se concentrer exclusivement sur une autre est la meilleure façon d’aggraver les deux. La reprise éco-nomique ne sera ni durable ni équitable si les gouvernements ne prennent aucune mesure à l’égard des atteintes aux droits humains qui participent à l’extension et à l’aggravation de la pau-vreté, ou des confl its armés qui donnent lieu à de nouvelles vio-

lations. » [...]En faisant valoir que la crise des droits humains souligne l’ur-

gence d’un changement radical, elle a annoncé le lancement de la nouvelle campagne mondiale d’Amnesty International intitulée Exigeons la dignité, qui a pour objectif de lutter contre les attein-tes aux droits humains qui participent à l’extension et à l’aggra-vation de la pauvreté. [...]

AMNESTY INTERNATIONAL

Derrière la crise économique se cache une bombe à retardement en matière de droits humains

Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International et le Rapport

2009 - La

situation

des droits

humains

dans le

monde.

MYCHELE DANIAU/AFP PHOTO

Shaun Curry/AFP PHOTO

Une coquille Saint-Jacques surnommée l’or blanc.

MYCHELE DANIAU/AFP Photo

Page 9: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Instant terrestre www.instanterrestre.com

C’est sur l’ancien village de Saghan et au fi l du temps que s’est élevé, non pas un barrage, mais un lieu béni par les eaux. Mopti est une cité lacustre traversée par le Baní, un affl uent du mythique fl euve Niger. Si la vie semble s’écouler au rythme de l’eau et de ses « gondoliers » qui servent de pont entre les deux rives, les rares pluies et le désert environnant menacent la région d’une sécheresse déjà amorcée. Intemporelle aux regards de l’homme, la Venise africaine est-elle condamnée au crépuscule ? Mais l’Afrique est un berceau où s’accordent bien des merveilles et de nombreux miracles.

Texte et photo de Stéphane Cabaret

Venise africaine

►Chronique d’un observateur du 7e

NOUVEAU REGARDUN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 JUIN 2009 • BIMENSUELWWW.LAGRANDEEPOQUE.COM

ÉDITION 157

EpochTimes.com

La Grande Époque

Créativité et subventionsLe cinéma a toujours été l’objet de

toutes les infl uences et de toutes les envies. Il s’est longtemps borné à évo-luer autour d’une caste bourgeoise nantie et infl uente, avant que la nouvelle vague et le cinéma de Jean Renoir ne viennent donner un coup de pied dans la fourmi-lière – rendant ainsi le cinéma accessible aux artistes qui déploieraient leur éner-gie. Mais encore une fois, là aussi, existe le problème d’accession aux moyens de production et de compréhension des dif-férents univers artistiques. L’image ani-mée leur est complètement fermée et nécessite une vraie formation intellec-tuelle et technique. Dans les années 70, le GREC, Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques, avec le soutien du Centre National du Cinéma, permettait, grâce à un tout petit bud-get et à l’octroi d’une petite quantité de pellicule, d’élaborer un fi lm. Il fallait tout d’abord présenter un scénario et un curri-culum, et passer devant un jury.

D’Andy Warhol à Gérard Courant

Il faut bien le dire, cet aspect du cinéma permettait de ne pas injustement laisser de côté la recherche esthétique et les autres formes d’expression jamais mises en œuvre à cause de cette quête effré-née de l’argent.

Au début des années 70, après qu’Andy Warhol a tourné des plans de plus de neuf heures sur un homme qui dort – le scandale avait envahi les milieux de l’art – Gérard Courant réfl échit sur l’outil cinématographique. À l’aide de sa caméra Super 8, il fi lme alors des por-traits d’une durée d’une bobine, c’est-à-dire de trois minutes. A partir de 1978, il

tourne 2.500 portraits du milieu cinémato-graphique – acteurs, metteurs en scène, techniciens, critiques – appelés Cinéma-tons. Il tournera également des essais de fi ction avec des photos fi xes. Avec son ami Joseph Morder, il crée un mouve-ment qu’il nomme le cinéma différent.

Le Festival Pocket Films Le Forum des Images, en lançant le

Festival Pocket fi lms, innove à son tour. Le système de tournage n’a rien à voir avec le cinéma professionnel car il suf-fi t d’avoir un téléphone portable 3G – équipé d’une caméra intégrée pour pouvoir fi lmer.

Ce festival se tiendra du 11 au 14 juin. Une soirée d’ouverture aura lieu le 11 juin à 19 heures. L’entrée est libre. Il s’agit de la cinquième édition où d’autres œuvres de recherche devraient voir le jour. Filmer

le sourire de sa petite amie devant une bouche de métro est possible. Un bai-ser peut être étudié sous tous ses angles. La lumière peut révéler de belles surpri-ses enfonçant les conventions, voire les règles. Le téléphone est toujours pro-che dans la poche et devient alors autre chose qu’un parasite qui sonne ou qui ne répond jamais. L’instrument de la frustra-tion peut devenir un allié de votre intimité créative. Après la quinzaine des réalisa-teurs, place aux journées des nouveaux cinéastes consacrés, grâce à une sélec-tion ouverte mais pointue.

Le festival des cultures jui-ves

Dirigé par Lucien Khalfa, le 5e fes-tival des cultures juives a cette année pour thème l’Amérique. Il aura lieu du 12 au 30 juin. Plusieurs œuvres, non des

moindres, seront revues, commentées et remises dans leur contexte historique. Le Dictateur de Chaplin ne peut faire l’objet d’aucune économie tant l’œuvre est pré-monitoire. Il sort en 1940, au moment où les Allemands descendent triomphale-ment les Champs-Élysées. L’ambassade d’Allemagne a vent du projet et se plaint auprès de l’ambassadeur britannique qui promet mollement d’intervenir. Chaplin suit l’histoire et notamment la montée de ce caporal postillonnant et ne parlant que pour détruire le silence avec des paro-les inaudibles et agressives. À l’époque, Chaplin est plus célèbre que ce « mutant de la haine » qui détruit le silence que Chaplin avait tant aimé.

Outre des classiques peu connus comme Le Mur invisible (1947) d’Elia Kazan, des fi lms de l’école de l’humour juif américain seront projetés, comme Le shérif est en prison (1974) de Mel Brooks et Une nuit à l’opéra (1936) des Marx Brothers.

L’Ombre d’un Géant (1967) de Mel-ville Shavelson, fi lm unique par sa qualité historique et artistique sur la guerre d’in-dépendance d’Israël, est au programme, de même que des documentaires présen-tés par des historiens dont Les Protoco-les de la rumeur (2005) de Marc Levin. Les fi lms de Woody Allen sont bien repré-sentés par Radio Days (1987) et Crimes et délits (1990).

Le chanteur de jazz (1927) d’Alan Crosland est un fi lm clé dans la fi lmogra-phie américaine et juive où s’affrontent dans une tragédie éprouvante le sacré et le profane. Le monde change, il faut l’ac-cepter aux dépens de la sphère familiale.

Le documentaire ne se contente pas d’acquiescer, comme si une seule parole pouvait être une pièce suffi sante pour tirer des conclusions hâtives. Le réa-lisateur pousse les calomnieurs dans leurs retranchements. Il n’étudie pas les rumeurs injustifi ées qui font rage et qui n’ont d’autre objectif que de faire le mal afi n de se réconforter. Il réagit et les désarme. Le système des boucs émis-saires est une recette vieille comme le monde, où la négation de l’autre et la persistance installent un système qui tient comme par enchantement. Le fi lm de Pierre-Henry Salfati, Le Jazzman du Goulag (1999), a été récompensé par un Emmy Award. Ce fi lm évoque, grâce à des documents d’archives inédits, la vie extraordinaire d’Eddie Rosner, trom-pettiste, compositeur et chef d’orchestre allemand. On le surnommait « l’Arms-trong blanc ».

Etreintes brisées d’Almo-dovar

Voir un fi lm d’Almodovar peut être sub-til, cruel, humain, beau et étrange, sen-

suel, et donner de l’espoir à l’humanité.Almodovar, ne n’y trompons pas,

est un cinéaste de la dérision et de la dépression. Après avoir traité intermina-blement la répression franquiste, il pour-rait être comparé à Woody Allen dans le genre de la dérision, mais sans formelle-ment lui ressembler. Certaines provoca-tions humoristiques pourraient être mises en commun. Dans Étreintes brisées (2009), Almodovar fait mille références à des fi lms célèbres. Son personnage signe ses scénarios sous le pseudo-nyme de Harry Caine. Pour lui, la vraie vie existe grâce au cinéma. L’horreur qu’il évoque à sa directrice de production, son ancienne maîtresse, n’a pour but que de réussir son scénario. L’entrée d’un de ses personnages dans la vie va irriguer son scénario. Aveugle, il ne perçoit plus les émotions sur les visages de ses modèles qui sont ses victimes.

Un jeune homme argenté aimerait faire un scénario avec lui mais il est réticent. Un jeu dangereux mais passionnant va être livré par ces deux scénaristes dont l’un a perdu pour toujours le sens des couleurs de la vie.

Pénélope Cruz (Lena) est époustou-fl ante et atteint son apogée dans ce fi lm.

Très intéressé par la « perversion » sexuelle, Almodovar n’hésite pas à don-ner la parole à des transsexuels, à des homosexuels, à des travestis, à des pros-titués, à des assassins. Il pense que la vie est faite d’un monde dans lequel il faut cohabiter avec les minorités.

Looking For Eric Ken Loach m’évoque d’abord Family

Life (1971) et Kes (1969). En 2006, il obtient la palme d’Or du 59e festival de Cannes pour son fi lm Le vent se lève (2006).

Ken Loach me procure tant de bonheur à la vision de ses fi lms. Là, Ken Loach, qui aime le football, a couché deux pages d’idées sur les relations des admirateurs de l’équipe de Manchester, le club de Cantona. Le réalisateur et le joueur met-tent leurs idées en commun. Dans Loo-king For Eric, la solidarité, comme dans la majorité des fi lms de Ken Loach, tient une place importante. Ce fi lm est une leçon de bonheur.

Les Anglo-Saxons ont la particularité de savoir faire du cinéma social, même sous forme de comédie. Ils sont passés maîtres dans ce type de genre, alors que pour l’instant peu de cinémas nationaux sont prêts à leur ravir la première place.

Le cinéma italien se remue et semble, quant à lui, se préoccuper, comme par le passé, du destin politique de son pays.

La Quinzaine des Réalisa-teurs au Forum des Ima-ges

Ajami (2009) de Scandar Copti et de Yaron Shani est un fi lm israélo-palesti-nien admirable. Il est question d’une tra-gédie entre clans palestiniens dans la ville de Jaffa. Le garage est le point cen-tral d’une série d’histoires dont les trajec-toires ne se croisent que dans la dernière partie du fi lm. Les séquences sont magi-quement fi lmées et jouées. Du travail d’orfèvre pour un fi lm de la Quinzaine que peu de spectateurs hélas verront.

Il est à noter que le cinéma israélien prend en charge un certain nombre de fi lms palestiniens du fait que ceux-ci ne possèdent pas de moyens suffi sants pour réaliser leurs fi lms.

Le Forum des Images fait encore une fois la fête avec des fi lms que des pari-siens n’ont pas pu voir, n’étant pas pré-sentés au temple du cinéma qu’est toujours Cannes.

ALAIN PENSO

De la recherche formelle du cinéma à une nouvelle approche de son histoire

Steve Evets et Eric Cantona dans Looking for Eric (2009).

Page 10: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

A l’ouest du Kenya le lac Victo-ria s’étend sur 68.100 km2. C’est le plus grand lac d’Afrique et il

vient d’être choisi par le Programme des Nations Unies comme sujet d’étude prio-ritaire. L’environnement du lac Victo-ria va devenir un lieu de recherche. Les scientifi ques iront évaluer la capacité du lieu à stocker le carbone. L’étude por-tera sur les sols, les arbres et l’eau. Elle sera gérée d’une manière durable dans le respect de l’environnement.

Les bienfaits du carboneCe projet, intitulé « Carbon Bene-

fi ts », réunit plusieurs partenaires : le fonds mondial pour l’environnement (FEM) qui allouera 6,7 millions d’euros à cette recherche, trois universités – celle d’East Anglia en Grande-Bretagne et deux autres universités des États-Unis – ainsi que la WWF. Dans cette étude, le rôle de la WWF sera primordial. Elle a déjà développé et mis à jour un sys-tème de mesure qu’elle met en ligne. C’est une base servant à la comptabi-lisation du carbone. Ces recherches ont pour objet la mise en œuvre d’une fon-dation servant à la réalisation de futurs projets forestiers. L’étude souhaite impli-

quer fortement les populations locales. En effet, la préservation des écosystè-mes exercera une interdépendance pour la survie des habitants (par les sols, les nappes phréatiques et la biodiversité). Le projet a été mis en place dans des pays tels que le Niger, le Nigeria et la Chine. Pour les scientifi ques, il s’agit de développer un système de mesure, de surveillance et de gestion du carbone dans des paysages variés.

Vers un équilibre plané-taire du carbone

Selon la Convention des Nations Unies sur le changement climatique et le protocole de Kyoto, les pays développés pourraient réguler une partie de leurs émissions de gaz à effet de serre et sub-ventionner les pays en développement pour réaliser des projets d’énergie pro-pre tels que l’énergie éolienne, l’énergie solaire, la géothermie, etc.

Le professeur Michael Stocking de l’université d’East Anglia, chargé de la communication du projet déclare : « Nous devons pouvoir suivre le chan-gement des taux de carbone dans le sol et en-dessous, mais à l’heure actuelle nous ne disposons d’aucune méthode

fi xe, simple et rentable pour y parve-nir. » Selon les chercheurs de l’univer-sité, les informations connues à ce jour sur le changement climatique et sur la connaissance de l’affection des sols par le carbone est limitée. Il s’agirait d’amé-liorer les terres en vue du stockage de carbone. Le projet pourrait fournir des données d’estimation et un mar-ché d’échanges de quotas d’émissions de carbone. Les agriculteurs et les pro-priétaires terriens pourraient aussi louer leurs terres aux pays qui veulent dimi-nuer leurs émissions de carbone.

L’injection du carbone Cette recherche devrait permettre aux

agriculteurs et aux gestionnaires des forêts de connaître la quantité en car-bone de leurs terres ainsi que la résul-tante de leurs activités sur les cultures. Le professeur Michael Stocking souli-gne : « Nous avons besoin d’un système pour mesurer l’impact des émissions de carbone de tous types de projets, qu’ils encouragent les petites entrepri-ses telles que la confection de meubles ou encore la taille ou la plantation de forêts et de cultures. Les projets de ges-tion des ressources naturelles déclarent

avoir des avantages en termes d’émis-sions de carbone, et les organismes doivent pouvoir prouver les bénéfi ces environnementaux mondiaux de leurs investissements. »

Le professeur Stocking ajoute : « Cette recherche permettra de déve-lopper un outil qui nous aidera à mieux comprendre les impacts du carbone dans nos activités sur les émissions de gaz à effet de serre et la capture du car-bone [méthode qui consiste à capturer le dioxyde de carbone et à l’injecter sous terre pour un stockage à long terme] par la végétation et le sol. » Cette étude devrait indiquer aux groupes de recher-ches si les réalisations d’atténuation du carbone vont dans le bon sens et pour-ront ainsi tirer des conclusions. La FAO a noté qu’avec un haut niveau de car-bone dans les sols, les agriculteurs peuvent d’une part aider à réduire le dioxyde de carbone dans l’atmosphère, et d’autre part enrichir les sols, le car-bone devenant une sorte d’engrais qui rentabiliserait les récoltes.

Le prochain sommet de Copenha-gue sur le changement climatique aura lieu en décembre 2009. Les pays réu-nis pourraient décider de subvention-ner les pays des zones tropicales afi n qu’ils maintiennent leurs forêts, 20 % des émissions de gaz à effet de serre provenant de la déforestation.

HÉLOÏSE ROC

Lorsque le climat change, les espè-ces végétales cherchent des refuges

pour survivre. Des chercheurs viennent de montrer qu’une cinquantaine de sites méditerranéens, connus pour leur bio-diversité actuelle, jouaient ce rôle d’abri depuis plusieurs centaines de milliers d’années.

Le bassin méditerranéen accueille de nombreuses espèces végétales

Quand on évoque les points chauds (hotspots) de la biodiversité, ces zones riches en espèces mais menacées par l’activité humaine, les regards se tour-nent souvent vers les forêts tropicales humides. Mais plus près de chez nous, le bassin méditerranéen accueille entre vingt-cinq mille et trente mille espèces végétales ! Frédéric Médail, de l’Institut méditerranéen d’écologie et de paléoé-cologie (Imep), et sa collègue Katia Diadema, du Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, ont examiné les lieux privilégiés où per-siste la biodiversité méditerranéenne. Et ils révèlent dans le Journal of Biogeogra-phy qu’une cinquantaine de ces sites ont été de véritables refuges pour la fl ore au fi l des aléas climatiques des derniers mil-lénaires.

La moitié des végétaux méditerranéens ne se trouve nulle part ailleurs

Depuis l’ère tertiaire, le climat terres-tre a plus d’une fois basculé. On relève notamment quatre époques de forte gla-ciation depuis sept cent mille ans, entre-coupées de périodes interglaciaires. Avec pour conséquences d’intenses variations de température (une quinzaine de degrés)

et de pluviométrie (du simple au double) en Méditerranée, qui auraient pu entraîner la disparition d’une forte proportion de la fl ore, si les plantes n’avaient pu se trou-ver des abris. « Les refuges sont souvent des zones montagneuses, insulaires, des gorges, où la topographie locale a amorti les variations climatiques depuis la fi n du tertiaire », explique Frédéric Médail. Ces refuges ont ensuite permis une recon-quête géographique pour les espèces

les plus aptes à la dispersion, ou sont devenus des réservoirs pour les espèces endémiques. Ceci explique en partie que la moitié des végétaux méditerranéens ne se trouve nulle part ailleurs.

Les végétaux trouvent des niches écologiques favora-bles en altitude

Pour cartographier les zones refuges, Frédéric Médail et Katia Diadema ont

analysé quinze années de travaux scien-tifi ques (une centaine de publications scientifi ques) portant sur la « phylogéo-graphie » du bassin méditerranéen, une discipline qui étudie la distribution géo-graphique des espèces, en lien avec leur diversité et leur originalité génétique. C’est ainsi qu’ils ont révélé 52 « refuges » : 33 à l’ouest et 19 à l’est du bassin. Ces der-niers, moins nombreux, sont aussi moins fragmentés. « Sans doute parce que l’im-

pact des aléas climatiques a été plus sévère à l’ouest, ce qui a morcelé les refu-ges », explique le chercheur. Bien sou-vent, ce sont des régions montagneuses littorales qui ont permis aux espèces de résister, la proximité de la mer atténuant l’aridité liée aux baisses de pluviométrie au cours des glaciations. « La montagne permet des migrations en altitude à de courtes distances, et donc les végétaux peuvent plus facilement retrouver des niches écologiques favorables à leur sur-vie. » Ces régions sont situées pour la plu-part dans la péninsule Ibérique, en Italie, dans les Balkans, et au Maghreb.

Ces plantes ont résisté à d’importantes baisses et montées de températures

Ces études sont essentielles pour des-siner de nouvelles stratégies de conserva-tion de la biodiversité, notamment face à la croissance démographique. « La con-naissance des refuges est indispensable aussi pour imaginer ce que pourrait être la fl ore dans un climat réchauffé », expli-que Frédéric Médail. En effet, ces plantes ont déjà résisté à d’importantes baisses et montées de températures. « Le nombre et la diversité de ces zones semblent assez rassurants pour l’avenir. Elles ont joué ce rôle de refuge plusieurs fois depuis la fi n de l’ère tertiaire. Et elles devraient facili-ter la persistance locale des espèces au fur et à mesure que le climat se modi-fi e. » L’existence de ces refuges casse l’idée d’un impact global du climat sur la biodiversité. « J’ai du mal à croire que la moitié de la biodiversité végétale médi-terranéenne pourrait disparaître en cin-quante ans, comme on l’entend parfois. »

DENIS DELBECQCNRS

1 – 15 JUIN 2009 ● La Grande Époque1010 EnvironnementEnvironnement www.lagrandeepoque.com

Une région du Kenya sous les projecteurs

Le lac Victoria au Kenya est un lieu de passage de très nombreux oiseaux migrateurs mais c’est aussi le milieu de vie d’un grand nombre d’espèces résidentes. La région du lac Victoria s’est appauvrie de ses forêts, qui jadis s’étendaient jusqu’au bassin du Congo. Maintenir les forêts tropicales est le moyen unique pour lutter contre le changement climatique.

« Avec un haut niveau

de carbone dans les

sols, les agriculteurs

peuvent d’une part

aider à réduire le

dioxyde de carbone

dans l’atmosphère,

et d’autre part

enrichir les sols, le

carbone devenant

une sorte d’engrais

qui rentabiliserait les

récoltes. »

La Méditerranée, un refuge pour les espèces

A l’instar des autres écosystèmes de type méditerranéen, le bassin méditerranéen comporte des taux élevés de diversité végétale et d’endémisme. Les refuges sont souvent des zones montagneuses.

David McNew/Getty Image

Ken Wekesa/Getty Image

Page 11: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

EpochT

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Edité par La Grande ÉpoqueSARL au capital de 10.000 €

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Directrice de la publication : Isabelle Chaigneau

Directeur de la rédaction :

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Rédacteur en chef : Aurélien Girard

Comité de rédaction :Hanna L. Szmytko (Economie)

Héloïse Roc (Environnement)

Frédérique Privat (Société et Outre-mer)

Catherine Keller (Art de vivre, Santé & Bien-être)

Directeur artistique : Mathieu Sirvins

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Dépôt légal : à parution.

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En 2000, alors que la persécution du mouvement spirituel Falun Gong* par le Parti communiste chinois fait rage et pro-voque des dizaines de morts, de nom-breux médias internationaux reprennent sans discernement la propagande offi -cielle du régime communiste.

Dans ce contexte, l’information réelle sur l’actualité chinoise est quasi-inexis-tante. À New York, de jeunes doctorants d’origine chinoise rachètent un journal local du New Jersey dans la perspective de traiter en toute liberté l’actualité chi-noise. Le journal Da Ji Yuan (La Grande Époque) est né.

Sept ans plus tard, La Grande Époque est diffusée en 18 langues dans plus de 30 pays. Elle est diffusée dans des vil-les telles que Toronto, Taipei, San Fran-cisco, New York, Buenos Aires, Lima, Sydney, Hong Kong, Tokyo, Berlin, Lon-dres...

La version française naît en janvier 2005 à Paris. Elle est également disponi-ble à Genève, Bruxelles et Montréal.

La Grande Époque offre un « regard nouveau sur un monde en évolution ». Créé avec la volonté de respecter la diversité des points de vue et l’indépen-dance de l’information, le journal est aujourd’hui l’une des premières sources d’information indépendante sur la Chine.

Fort de journalistes présents dans une trentaine de pays, La Grande Épo-que propose également à ses lecteurs un contenu éditorial riche : actualité inter-nationale, protection des droits humains, environnement, diversité culturelle, art de vivre et bien-être sont autant de thè-mes qui font la spécifi cité de cette publi-cation.

* Le Falun Gong est une méthode de Qi Gong (exercices énergétiques tradi-tionnels) bouddhiste. D’une popularité en croissance exponentielle, le nombre de ses pratiquants a, au milieu des années 90, dépassé celui des membres du Parti communiste. Celui-ci, sous la direction de Jiang Zemin, a alors commencé ce qui est devenu la plus importante cam-pagne de répression et de dénigrement depuis la révolution culturelle, au point que selon Manfred Nowak, Rapporteur spécial de l’ONU, aujourd’hui en Chine « deux tiers des victimes de la torture et de mauvais traitements sont des prati-quants de Falun Gong ».

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Page 12: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Les mesures visant à l’application des 200 euros par l’accord BINO en Guadeloupe et l’accord régio-

nal interprofessionnel du Collectif du 5 février en Martinique pour les bas salai-res (prime de vie chère) concernant plus de 120.000 salariés du secteur privé de la Guadeloupe et la Martini-que, se sont avérées diffi ciles à mettre en œuvre, compte tenu de l’implica-tion des différents partenaires : l’Etat, le Conseil régional, le Conseil Général et l’employeur.

Les négociations des différentes instances publiques et privées de ces deux départements ont abouti à une prime de 200 euros pour les salariés de l’ensemble des DOM gagnant jus-qu’à 1,4 du SMIC.

La structuration de cette prise en charge devra s’effectuer suivant un montage qui varie d’un département à l’autre, et n’est pas encore défi ni-tif. Pour la Martinique, la participation des collectivités locales par rapport à la taille de l’entreprise a été conclue sur l’agencement suivant :

- 100 euros de l’Etat pour une durée de 3 ans,

- jusqu’à 15 euros du Conseil Géné-ral, fi xe ou variable, suivant la taille de l’entreprise, ou présentant une struc-ture de charge particulière, pour une durée d’un an,

- jusqu’à 55 euros du Conseil régio-nal, fi xe ou variable, suivant la taille de l’entreprise, ou présentant une struc-ture de charge particulière, pour une durée d’un an,

- de 30 à 100 euros par l’employeur par rapport à la taille de l’entreprise.

Il faut noter que les contributions de l’’Etat et des collectivités locales sont en réalité celles du contribuable et pour

l’entreprise, c’est le client.Le principe du versement de 100

euros par l’Etat est acquis, mais il n’a pu être réalisé à ce jour, car les entreprises n’ont pas souhaité enregistrer ces som-mes dans leur comptabilité, pour ne pas alourdir leurs charges de personnel et surtout risquer de voir cette enveloppe être engloutie par le découvert de leur société, résultant d’un contexte écono-mique diffi cile, lourdement aggravé par les grèves. Il est à noter qu’il ne s’agit nullement de salaires mais d’une prime de vie chère.

Aussi, le 5 mai dernier, Yves Jego a annoncé que la Caisse Générale de Sécurité Sociale (CGSS) serait investie de la charge de verser à tous les béné-fi ciaires la prime allouée par l’Etat. Les collectivités pourraient à leur demande (pour certains départements) utiliser les fi chiers de la CGSS.

Nous avons rencontré Pierre Cour-tinard, directeur de la communication de la CGSS de la Martinique, qui nous a parlé de la mise en place de cette mesure. Il précise : « Compte tenu du mouvement de grève du 5 février et suite à l’accord interprofessionnel, le Gouvernement a décidé la mise en place du R.S.T.A pour trois ans. Ce ‘Revenu de Solidarité Temporaire d’Activité’ est une mesure spécifi que de soutien aux travailleurs à revenus moins élevés, qui se substituera pro-visoirement au RSA (Revenu de Soli-darité Active), entrant en vigueur le 1er

juin 2009, en France métropolitaine, et sera applicable dans les DOM en 2011 ou 2012.

Ce revenu supplémentaire de 100 euros par mois fi nancé par l’État sera versé aux salariés de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, de la

Réunion, de Saint-Martin, de Saint-Bar-thélemy et Saint-Pierre et Miquelon, ayant des revenus inférieurs ou égal à 1,4 du SMIC mensuel.

Le Gouvernement ayant décidé l’en-trée en vigueur de cette mesure à partir du 1er mars 2009, les premiers verse-ments s’effectueront dès le 10 juillet 2009 avec effet rétroactif. Il faut pré-ciser que cette prestation est payée trimestriellement et subordonnée au retour d’un formulaire d’information sur la situation d’activité des employés con-cernés, ceci pour éviter les fraudes, la prime étant liée à l’activité. Ce formu-laire qui sera adressé aux différents bénéfi ciaires et disponible sur inter-net (www.rsta-outremer.fr), devra être retourné obligatoirement avant le 31 août 2009.

Il faut préciser que la CGSS a prévu à cet effet des points accueil pour aider ceux qui auraient des diffi cultés à rem-plir leur document qui doit prendre en compte des éléments contenus dans la fi che de paye. »

Nous avons demandé au directeur de la communication de la Sécurité Sociale de la Martinique, pour quelles raisons la CGSS avait été choisie pour accomplir cette besogne :

« C’est une décision gouvernemen-tale qui a missionné l’Inspection Géné-rales des Affaires Sociales (IGAS) pour la coordination des travaux, et la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV) pour la réalisation du projet. Cette option a été choisie parce que les CGSS détiennent déjà un fi chier consé-quent (en particulier celui des salariés en activité). Il leur est donc plus facile d’avoir les renseignements nécessai-res et d’être opérationnels après inté-gration des paramètres spécifi ques de

gestion. Quoiqu’il en soit, cela néces-sitera un personnel supplémentaire dont les coûts seront pris en charge par l’Etat. »

A la question de savoir si les autres DOM se voyaient appliquer les mêmes règles pour la prime de 200 euros, le directeur de la communication répond : « Chaque Département a son propre régime. En Guadeloupe, la CGSS paye la part de l’Etat et du Conseil Géné-ral. C’est un choix résultant des négo-ciations. En Guyane, l’Etat, le Conseil Général et l’employeur participent seuls au règlement des 200 euros, le Conseil régional n’étant pas impliqué. À la Réu-nion, seul l’Etat apporte sa participa-tion de 100 euros, les deux collectivités locales y sont absentes ».

En Guadeloupe, en Guyane et à la Réunion, des négociations s’effectuent encore pour trouver un processus d’ap-plication le mieux adapté à leur région.

Il faut préciser qu’Yves Jego, secré-taire d’Etat aux départements d’Outre-Mer a déclaré à l’AFP dans les couloirs de l’Assemblée : « C’est une mise en place pour trois ans. Il ne faut pas s’en-fermer pour savoir ce que sera l’état de l’économie dans trois ans. Toute mesure qui présuppose ce qui se pas-sera dans trois ans en matière écono-mique est une mesure qui est appelée à ne pas avoir de cohérence ».

Cet avis n’est pas celui des employeurs interrogés par notre rédac-tion, qui s’inquiètent de l’avenir de cette mesure risquant de peser lourdement sur le budget des entreprises et de con-duire à d’autres licenciements, lorsqu’in fi ne les 200 euros seront à la charge des patrons.

CHRISTINE MODOCKLA GRANDE ÉPOQUE MARTINIQUE

Chers lecteurs, La Grande Époque déjà diffusé en France métropolitaine, en Suisse, en Belgique sera désormais présent en Outre-Mer avec une page spéciale consacrée à l’actualité dans ces régions.Nos correspondants seront heureux de vous proposer un autre regard sur les évènements socio-économiques, politiques, environnementaux et culturels favorisant ainsi les échanges d’idées et de points de vue. Nous souhaitons la bienvenue à cette nouvelle page ainsi qu’à nos nouveaux lecteurs.

Le salon du Tourisme en Guyane a ouvert ses portes du 17 au 19 avril dernier à Matoury. À cette occasion, nous avons rencontré le président du comité du tourisme guyanais, Jean-Elie Panelle qui nous a apporté quel-ques précisions sur le dévelop-pement de l’activité touristique.

La Grande Époque : Au niveau des hébergements en Guyane, qu’en est-il actuellement ?

Jean-Élie Panelle : Nous avons une hôtellerie moyenne, avec des hôtels 2 ou 3 étoiles. Cette hôtellerie familiale se situe à 80 % sur Cayenne et Kourou. On compte en plus un établissement important sur Sin-namary, puis le reste à Saint-Laurent et Saint-Georges.

Mais cette hôtellerie atteint aujourd’hui ses limites. Par exemple, si une période de congrès coïncide avec un lancement de la fusée Ariane, nous ne pouvons satis-faire tous les touristes. Nous souhaitons développer l’hôtellerie traditionnelle, tant en quantité qu’en qualité. Nous accueillons aujourd’hui beaucoup de touristes qui aiment l’aventure, mais quant à la caté-gorie socioprofessionnelle supérieure, elle ne s’intéresse pas encore vraiment à notre destination car nous ne disposons pas encore de structures 4 étoiles.

Par contre nous disposons de meublés, de gîtes ruraux et de chambres d’hôtes d’une qualité exceptionnelle. Ce créneau destiné plutôt au tourisme individuel ou familial se développe bien. Nous avons tri-plé nos capacités d’accueil. Ce sont des Guyanais qui investissent, ils sont proprié-taires de maisons créoles ou ont créé des gites sur leurs terres.

En forêt – et cela s’adresse aux scien-tifi ques ou aux randonneurs – il faut des lodges, comme cela existe en Afrique, en Australie et en Amérique du Sud… Une

étude de faisabilité est menée avec le Con-seil Régional afi n de mettre en place un réseau de lodges. Il est prévu un maillage sur tout le territoire et des pôles de dévelop-pement ont été défi nis sur l’Est et Ouest.

Mais pour en revenir à l’hôtellerie classi-que, il faut un hôtel 4 étoiles dans une ville-capitale comme Cayenne. Pour cela, des projets sont en cours et il ne reste qu’à trou-ver des fi nancements. C’est indispensable si on veut franchir un palier supplémen-taire. Nous avons commencé notre déve-loppement touristique il y a onze ans. Il y avait alors 50.000 touristes. Actuellement, sans une évolution notable de nos infras-tructures, nous sommes à 120.000 et si on veut franchir le cap des 150.000 touristes, il est nécessaire de faire cet investissement. Le tourisme d’affaire est très recherché et cette clientèle qui a un pouvoir d’achat important doit pouvoir pleinement profi ter de nos produits.

LGE : Une 2e compagnie aérienne vient récemment de s’implanter en Guyane. Que va-t-elle apporter au tou-risme en Guyane ?

Jean-Élie Panelle : Nous sommes très heureux de l’arrivée de cette 2e compagnie. L’effet immédiat est la baisse du prix des billets. C’est donc bénéfi que à la destina-tion mais aussi aux Guyanais, notamment ceux qui vivent ailleurs et souhaitent revenir régulièrement. Ceux-ci viennent en famille, font des excursions, consomment et cela a un poids non négligeable sur le tourisme en Guyane.

LGE : Avez-vous des objectifs de par-tenariat avec des compagnies aériennes étrangères ?

Jean-Élie Panelle : Nous privilégions d’abord les compagnies francophones, mais compte tenu de notre positionnement géographique avec nos voisins frontaliers du Suriname et du Brésil, nous avons créé un produit combiné Amazone avec les États de l’Amapa. Nous voyons donc arri-

ver par ce biais des touristes des Pays-Bas et du Brésil. Il y a actuellement plus de 5.000 touristes néerlandais qui visitent Saint-Laurent et son bagne chaque année.

Quant à l’Amérique du Nord, nous n’avons pas encore développé d’actions sur ces marchés. Mais c’est une perspec-tive d’avenir.

LGE : Le sud de la Guyane française, qui est couvert de forêt, n’est pas du tout ou peu connu des Guyanais et encore moins des touristes. Comment explique-t-on cela ?

Jean-Élie Panelle : La contrainte est bien sûr naturelle, puisque pour aller à Maripasoula, il n’y a que l’avion ou la piro-

gue. Pour se rendre à Camopi, c’est l’avion, tout cela a un coût… Nous travaillons avec les transporteurs fl uviaux et aériens pour obtenir des tarifs spéciaux pour les rési-dents.

L’autre contrainte est aussi administra-tive puisqu’il faut une autorisation préfecto-rale. Cette contrainte, qui date de plusieurs décennies et qui avait une raison sanitaire, est peut-être à remettre en question.

LGE : Qu’en est-il d’éventuels parte-nariats avec le tourisme antillais ?

Jean-Élie Panelle : Nous pensons développer des complémentarités de fl ux avec les représentants de Guadeloupe et de Martinique afi n de proposer des pro-

duits combinés. En effet, nous sommes toutes les trois sur le marché français, nous devons donc travailler en bonne intel-ligence sans pour autant développer de concurrence.

LGE : Pour fi nir, que répondrez-vous à ceux qui voient la Guyane comme l’« enfer vert » ?

Jean-Élie Panelle : La Guyane est une terre d’une beauté exceptionnelle, riche de sa diversité et extrêmement accueillante. Je terminerai en disant que c’est un pays qui se mérite !

FRÉDÉRIQUE PRIVATLA GRANDE ÉPOQUE

GUYANE

Les Etats généraux ont pour objectif de jeter les bases d’un nouveau modèle économi-

que, social, politique et culturel pour l’Outre-Mer. En Guadeloupe, huit ateliers ont été mis en place afi n de défi nir cette nouvelle orienta-tion.

1. la formation des prix, les circuits de distri-bution et le pouvoir d’achat

2. les productions locales et les conditions d’un développement endogène

3. les grands projets structurants et les con-ditions du développement durable

4. la rénovation du dialogue social et la for-mation professionnelle

5. la gouvernance (évolutions institution-nelles locales, adaptation des administrations centrales)

6. l’insertion des départements d’Outre-Mer dans leur environnement régional

7. l’égalité des chances, la promotion de la diversité et l’insertion des jeunes

8. l’identité, la culture et la mémoireTout un chacun peut prendre part à ces

débats en faisant part de ses idées et opinions sous forme écrite sur un site Internet prévu à cet effet ou à l’oral lors des différents villages et ateliers qui sont organisés dans plusieurs com-munes de la Guadeloupe.

La concertation locale se poursuivra jus-qu’à la fi n du mois de juillet. Une synthèse des débats devrait avoir lieu fi n septembre.

En raison des élections européennes, les Etats généraux seront interrompus du 24 mai au 7 juin et reprendront avec le Village des Ate-liers au Moule le 10 juin, à Ste Rose le 17 juin, à Pointe-Noire le 20 juin et à Capesterre-Belle-Eau le 24 juin.

CHARLIE CHAPELLE

Pour en savoir plus : www.etatsgenerauxdeloutremer.fr ; www.guadeloupe.pref.gouv.fr

Application de l’augmentation des 200 euros

Tourisme en Guyane : « Où vivre une expérience unique ? » 2e partie

États généraux de l’Outre-Mer

1 – 15 JUIN 2009 ● La Grande Époque1212 Outre-MerOutre-Mer www.lagrandeepoque.com

Page 13: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Avec 353 kg de déchets par habitant et par an, la France a doublé sa quan-tité de déchets en quarante ans !

Bien que le tri sélectif et le recyclage soient peu à peu mis en place dans les communes, il reste toujours une quantité non négligeable de déchets à brûler ou à stocker. Or, avec une saturation des instal-lations de traitement et une diffi culté réelle à en créer de nouvelles, il faut donc aller chercher à la base, c’est-à-dire chez les ménages afi n qu’ils acquièrent des auto-matismes en matière de consommation, qui leur permettront de réduire leur quan-tité de déchets.

Pour cela, le site de l’Ademe – www.ademe.fr – propose quelques fi ches de suggestion pour bien acheter. En voici quelques unes, fort simples et très « éco-citoyennes ».

- n’acheter que des aliments dont vous avez réellement besoin. Souvent, un tiers des aliments jetés n’ont jamais été enta-més !

- favoriser l’achat de produits locaux de saison, éviter la surconsommation de sur-gelés ;

- boire l’eau du robinet, fi ltrée ou pas, ou encore privilégier les bonbonnes d’eau de 5 litres ou plus, plutôt que les bouteilles d’un litre ;

- opter pour les produits alimentaires en vrac, éviter les mini-doses, notamment uti-lisées pour les goûters des enfants (petits gâteaux individuels, mini-bricks de jus…) ;

- préférer les grands conditionnements aux petits : un sac de pâtes d’1 kg sera préférable à des petits de 250 g ;

- opter pour les cabas réutilisables ou les paniers pour faire les courses ;

En bref, limiter la consommation de pro-duits trop emballés et favoriser celle de produits frais.

Eviter le « jetable » !Outre les produits alimentaires, des

changements de comportement sont aussi suggérés par des entreprises qui propo-sent des produits nouveaux évitant les « jetables ».

Particulièrement lors de la consomma-tion de produits jetables tels que les lin-gettes nettoyantes pour la maison, le visage ou encore les couches jetables pour bébés.

En effet, la couche jetable, qui a révo-lutionné la vie des ménagères dans les années 1980, est un puissant pollueur. Selon une étude effectuée en 2006 par le Centre national d’information indépendante sur les déchets (CNIID), de sa naissance à son âge de propreté (en moyenne deux

ans et demi), un enfant génèrerait 913 kg de couches qui ne pourront être qu’inciné-rées ou enfouies. Un couple accueillant un bébé, augmente ainsi de 50 % sa produc-tion journalière de déchets. Or, contraire-ment à d’autres pays européens, la France ne possède aucune société de recy-clage de couches. Leur élimination coûte cher aux communautés de communes qui déboursent 190 euros par tonne. Les 830.288 enfants nés en France en 2006 (source Insee) auront donc produit près de 760.000 tonnes de déchets d’ici à 2009.

Afi n de remédier à l’habitude des cou-ches jetables, Stéphane Piette, ancien employé de bureau d’étude, propose depuis 2007 à Strasbourg un service de lavage de couches en tissus.

Couches EcoServices est née d’un voyage au Maghreb où, accompagné de sa femme et de ses deux fi lles bébés, Sté-phane a eu l’idée de développer ce con-cept écologique.

Rentré en France, il a pensé à déve-lopper la vente de ce nouveau produit qui commence tout juste à voir le jour, et s’est mis à sonder son entourage. Beau-coup de ménages semblent partants, mais le rythme infernal des lavages à répétition leur fait peur. Lui vient alors l’idée de pro-poser un service de lavage. Les ménages reçoivent chez eux un lot de couches que Stéphane récupère pour les laver à la fi n de chaque semaine. Pour les ménages vivant à l’extérieur de Strasbourg, il ima-gine un système de « taxi-couches ». Des personnes régulièrement amenées à se rendre à Strasbourg du fait de leur activité, acceptent de faire la navette. Rémuné-rées un euro symbolique par sac de cou-che, elles sont la liaison entre Stéphane et ses clients.

Composée de trois épaisseurs, elle dis-pose d’une petite culotte imperméable, d’une partie en tissu (coton et chanvre) et d’une serviette jetable en cellulose. Déjà très développée en Allemagne, ce nou-veau change propose donc une alterna-tive durable sans être plus onéreuse que la couche jetable.

En effet, le prix des couches lavables, si elles sont louées, avoisine celui des couches classiques, soit entre 1.500 et 1.800 euros pour deux ans et demi. Sa valeur ajoutée est donc uniquement éco-logique. En effet, sur 1.000 couches, les jetables génèrent 200 kg de déchets soli-des quand les lavables n’en produisent que 27 kg. Alors, si l’entreprise de Stéphane est encore défi citaire (18.000 euros de chiffre d’affaires et 25 clients), son souhait est de véritablement augmenter sa clientèle !

Mais les couches ne sont pas les seuls produits dont il est bon de diminuer la con-sommation.

Aux Etats-Unis, la société EarthFrien-dlyMoving propose depuis 2006 un nou-veau type de matériel pour déménager « écolo ». En effet, un cinquième de la population déménage chaque année aux Etats-Unis et bien sûr, chaque déménage-ment donne lieu à l’utilisation de nombreux cartons et autres matériaux d’emballage qui ne sont généralement pas réutilisés mais jetés. Près de 160 kg de déchets fi nissent à la décharge (source EarthFrien-dlyMoving).

Spencer Brown, fondateur de la société, a été amené à un double constat lors de son propre déménagement : faire ses car-tons n’est pas la solution la plus satisfai-sante d’un point de vue environnemental, mais il n’en existe pas d’autre. Il développe alors cette alternative : la Recycled Eco-logical Packing Solution, ou Recopack. Il s’agit de boîtes disponibles en trois dimen-sions, produites à partir de bouteilles en

plastiques de produits ménagers (javel, détergent, liquide vaisselle, lessive) récu-pérées dans les décharges locales et recy-clées à 100 %. Il faut 74 bouteilles pour faire une boîte. Et pour emballer les objets fragiles, un papier bulle alternatif est fabri-qué dans le camion et devant la maison à partir de pâte de papier recyclé.

Pour les candidats au déménagement, la procédure est simple : prendre contact avec EarthFriendlyMoving. Un prestataire de l’entreprise vient évaluer le nombre de boîtes nécessaires. Sept à dix jours avant le déménagement, elles sont livrées au domicile sur des palettes en couches de bébé recyclées… Des boîtes supplémen-taires peuvent être louées au moment de la livraison si nécessaire. Il revient ensuite au client d’emballer, de transférer puis de déballer ses affaires à sa nouvelle adresse. EarthFriendlyMoving vient y récupérer les boîtes et les palettes, qu’elle nettoie avant la prochaine location.

L’objectif du système Recopak est de ne plus recourir aux cartons, papier bulle

et polystyrène lors d’un déménagement, mais de louer des boîtes qui pourront être réutilisées.

Depuis 2006, EarthFriendlyMoving a ouvert plusieurs antennes sur tout le ter-ritoire américain. L’entreprise a accompa-gné le déménagement de plus de 45.000 Américains. Ces derniers ont réalisé une économie de 30 % en choisissant de se passer de cartons et de papier bulle. Con-formément à l’engagement pris par Ear-thFriendlyMoving de planter un arbre à chaque centième boîte Recopack louée, 30.000 arbres ont ainsi été plantés.

Jeter moins pour payer moinsDes mesures sont aussi prises afi n d’in-

citer les ménages à réduire leurs déchets ménagers. Par exemple, la Communauté des communes de la Porte d’Alsace qui est l’une des 0,98 % communes de France à proposer la RI, la redevance incitative depuis 1999. Les communes étant char-gées de l’enlèvement des ordures ména-gères, cette redevance spécifi que permet aux usagers de payer en fonction de leur production réelle de déchets. C’est le prin-cipe du pollueur-payeur. Elle s’applique de différentes manières : grâce aux sacs payants (le prix varie selon le volume), à la fréquence des collectes ou au poids des déchets.

Déjà développé en Belgique et en Fin-lande, ce principe fonctionne grâce à l’uti-lisation de « bacs à puce ». Chaque bac à ordure est équipé d’une puce qui permet, lors de son ramassage, d’identifi er son propriétaire. La pesée est assurée par le camion au moment de la collecte. Le poids est enregistré et transmis par informatique aux institutions pour facturation.

Le but de l’opération est que les ména-ges ne jettent dans ces bacs que leurs déchets ultimes, après tri et compostage. Les collectes de déchets recyclables ne sont, elles, pas facturées. Les recettes tirées de la valorisation (Eco-emballages, Valorplast, Recipac, etc.) permettent de fi nancer les équipements et de diminuer également la facture des habitants.

En 20 ans, on a donc enregistré dans les 33 communes qui composent la Porte d’Alsace, une réduction de 75 % du poids des déchets.

Ce sont des initiatives de tous, à tous les niveaux, de la production à la consom-mation, qui permettront de véritablement réduire les quantités de déchets de cha-cun d’entre nous.

FRÉDÉRIQUE PRIVATLA GRANDE ÉPOQUE

GUYANE

Limiter nos déchets, l’affaire de tous !

Éducation, nation, productivité : le prix à payer

En France, le Préambule de la Consti-tution du 27 octobre 1946 précise que

« l’organisation de l’enseignement public, gratuit et laïque à tous les degrés, est un devoir de l’Etat ». De même, « la Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture ». A l’heure où certaines uni-versités n’ont pas complètement repris leur fonctionnement habituel, suite aux mouve-ments de grève qui ont émaillé la vie étu-diante ces derniers mois, à l’heure où l’on parle de portiques, en réponse aux actes de violence dans certains lycées et collèges, à l’heure où le mal-être amène certains élèves à attenter à leur vie sur le lieu de leur scolari-sation, n’est-il pas nécessaire de prendre un peu de recul et d’analyser la relation entre éducation, nation et productivité.

Tout d’abord, quelques chiffres clés. En France, 37 % d’une classe d’âge accède à la licence, contre une moyenne de 53 % pour l’ensemble des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economi-que (OCDE), dont 66 % pour les Etats-Unis et 70 % dans les pays scandinaves. À noter, au regard de ces chiffres-clés, la place des dépenses : soit 10.170 euros pour un lycéen, contre 6.700 pour un étudiant et 13.100 pour un élève de classe préparatoire. Ces der-niers chiffres situent la France au 15e rang sur les 23 pays qui composent l’OCDE.

Par ailleurs, il est important de mettre en avant la part dans le budget de l’Etat consa-crée à l’enseignement secondaire : elle est de 21 % du budget public total. En pour-centage, les dépenses d’éducation repré-sentent 6 % du PIB, ce qui place la France entre la Pologne et le Canada : le Danemark

et les Etats-Unis sont en tête avec respecti-vement 7,4 % et 7,1 %. Ces différents élé-ments montrent la proportion qu’une nation est prête à consacrer à son système édu-catif. Pour conforter cette approche, une étude tente de prouver qu’un bon niveau d’éducation serait à la base d’une meilleure adaptation des économies aux innovations technologiques, d’où une explication pour un taux de croissance plus élevé.

Mais il est un incontournable, que démon-tre les différentes études : le lien entre performances scolaires et niveau sociopro-fessionnel des parents. En effet, l’origine sociale de l’étudiant détermine fortement sa possibilité à suivre un enseignement supé-rieur général, une classe préparatoire ou une école de commerce, et ce malgré l’aug-mentation générale des étudiants, d’une même classe d’âge, de toutes catégories professionnelles, détenteurs du baccalau-réat. La politique de lutte contre ce déter-minisme social que représente en France la politique publique dite de discrimination positive, qui a vu fl eurir les zones d’éduca-tion prioritaire (ZEP), n’a pas porté les fruits escomptés, car il a été prouvé que les élè-ves provenant de ces écoles ont un niveau de lecture inférieur à celui des autres. Ainsi quel que soit l’investissement, il semble que les résultats soient tributaires de la catégorie socioculturelle des parents.

Au-delà de ce biais induit par l’apparte-nance socioculturelle des parents, toutes les études prouvent le rapport entretenu entre niveau d’éducation des populations et pro-ductivité d’une nation. En effet, au delà de la bonne adaptation des économies aux innovations technologiques, c’est aussi le

système de santé qui bénéfi cie des retom-bées d’une population avec un bon niveau d’éducation. Ainsi certaines études mon-trent l’augmentation de l’espérance de vie, la propension à adopter plus facilement des conduites de prévention, voire la dimi-nution de la criminalité dans certains grou-pes à risque.

Ainsi il est notable que les nations qui présentent une stabilité sociale, une attrac-tivité et un dynamisme économiques sont ceux dont la population bénéfi cie d’un excel-lent niveau d’éducation. De là à assimi-ler l’éducation à un élément participant à la richesse d’une nation, il n’y a qu’un pas que nous allons franchir. Dans ce contexte, toute réforme doit viser à améliorer cet état de fait et participer à l’enrichissement de la popula-tion, donc de la nation.

Il s’avère que bien supérieur à la produc-tivité, c’est la notion de démocratie qui est aussi portée par le niveau d’éducation d’un peuple. Ainsi observe-t-on dans les pays scandinaves, un fort niveau d’éducation qui a comme corollaire une participation du peu-ple à la vie politique et sociale du pays, des syndicats qui sont devenus de véritables partenaires des pouvoirs publics et avec les-quels, les accords sociaux sont négociés au bénéfi ce de tous.

Cette approche, permet de valider le lien qu’il peut y avoir entre niveau d’éducation et qualité de vie sociale dans une société. Cette illustration met en avant le fait que l’éduca-tion a un coût : celui de l’équilibre social et de l’organisation de la société. Ce choix permet de repérer le prix qu’une nation est prête à payer pour atteindre un tel équilibre.

EDWIGE ANSAH

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La Grande Époque ● 1 – 15 JUIN 2009 1313SociétéSociétéwww.lagrandeepoque.com

« Nos poubelles débordent souvent de produits peu ou pas utilisés ou dont on pourrait se passer si l’on changeit nos comportements… »

Page 14: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Un ami m’a demandé récemment « Ne t’inquiètes-tu pas du choles-térol qu’il y a dans les œufs ? »

J’aime commander du jambon et des œufs pour le petit-déjeuner. Mais mon ami était convaincu que les œufs sont un aliment dépassé, tout juste bon à être exposé au musée de la Smithsonian Insti-tution. Je lui ai dit qu’il souffrait de « cho-lestérolphobie » et qu’il pouvait avoir une meilleure opinion des œufs. S’il comman-dait le même petit-déjeuner que moi, il diminuerait son risque de maladie cardia-que et de dégénérescence maculaire.

Cela fait longtemps que je dis que nous devrions avoir plus confi ance dans les agriculteurs, leurs poules et leurs vaches mais qu’il faut se méfi er de la fabrica-tion et de la transformation des aliments. Après plusieurs années de recherche, je n’ai pas changé d’avis. Blâmer les agri-culteurs et leurs poules pour la fréquence des maladies cardiaques, c’est comme accuser les icebergs du naufrage du Tita-nic. C’était un capitaine idiot qui a coulé le Titanic et ce sont les personnes mal ren-seignées qui pensent que les maladies cardiaques sont le fait de petits-déjeu-ners au jambon-œufs. Ils devraient plu-tôt pointer du doigt l’obésité, le diabète, l’hypertension, le tabagisme et le man-que d’exercice qui sont responsables des maladies cardiaques, la première cause de mortalité au monde.

Ne nous préoccupons plus de manger un jambon-œufs au petit-déjeuner. Une

étude menée par l’université d’Harvard a suivi 120.000 personnes pendant 14 ans. Elle conclut qu’il n’y a pas de corrélation entre la consommation d’œufs et le risque de maladie cardiaque. En fait, ceux qui ont consommé deux, voire plus de deux œufs par jour, ont pratiquement le même

risque de maladie cardiaque que ceux qui ne consomment pas d’œufs.

En outre, aujourd’hui, les œufs sont sains. On dit que les hommes sont ce qu’ils mangent. Il en va de même pour les poulets qui sont constitués de leur ali-mentation. Par exemple, les œufs Natu-

regg Omega Pro sont nutritionnellement améliorés avec des compléments natu-rels. Leur alimentation est composée de graines de lin, d’une petite quan-tité d’huile de poisson, de luzerne et du maïs. Cela fournit une source abondante d’oméga-3.

Les oméga-3 sont des acides gras qui ne sont pas produits par le corps humain. Mais ils sont essentiels pour la santé car-dio-vasculaire, pour différentes raisons. Par exemple, ils rendent les plaquettes du sang moins « collantes ». Ceci dimi-nue la formation de caillots sanguins dans les artères coronaires. Les études mon-trent que le décès par crise cardiaque est aussi associé à une infl ammation due à un excès d’homocystéine dans le sang. Or les vitamines B6, B9 [acide folique], et B12 présentes dans les œufs aident à réduire le niveau d’homocystéine.

Mon ami, en refusant de manger des œufs perd également un autre avan-tage important. Les œufs contiennent de la lutéine, de la zéaxanthine et des caroténoïdes qui diminuent les risques d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Cette maladie affecte la vision centrale et est la principale cause de cécité chez les personnes de plus de 65 ans. C’est un grave problème qui rend impossible la conduite d’une voiture, la lecture ou tout simplement la vue des petits sourires.

Le docteur John Landrum, de l’univer-sité Internationale de Floride, à Miami, est

une autorité mondiale sur les pigments maculaires. Il signale que la lutéine et la zéaxanthine sont deux pigments de la macula. Ses études montrent que les patients qui consomment plus de lutéine et de zéaxanthine ont 43 % moins de ris-que de développer une dégénérescence maculaire.

Une autre étude du NIH a également constaté que les personnes ayant le niveau le plus bas des caroténoïdes ont plus de risques d’avoir une DMLA.

Le docteur Linda Nebeling de l’Institut national du cancer a présenté des don-nées qui montrent qu’il y a une baisse générale de consommation de lutéine. Cette baisse est particulièrement frap-pante dans les groupes à risque de dégé-nérescence maculaire. Par exemple, entre 1987 et 1992, l’apport en lutéine a diminué de 16 % dans la population.

Les chercheurs pensent que la lutéine et la zéaxanthine protègent la macula en absorbant les rayons nocifs du soleil. En outre, ils agissent comme des antioxy-dants qui neutralisent les radicaux libres qui sont, semble-t-il, la cause du vieillis-sement. Le jaune d’œuf, comme de nom-breux fruits et légumes sont une bonne source de lutéine et de zéaxanthine.

DOCTEUR W. GIFFORD-JONES

Le docteur Gifford-Jones est journaliste médical dans le privé à Toronto.Pour en savoir plus : Mydoctor.ca / Gif-ford-Jones

En décembre 2008, l’organisme de cer-tifi cation des aliments et des médi-

caments américain (FDA) a approuvé l’utilisation sur le marché alimentaire américain de l’édulcorant Truvia de la marque Coca-Cola ainsi que PureVia, de Pepsi Cola. Les édulcorants hypoca-loriques artifi ciels tels que l’aspartame ou le Splenda étant de plus en plus réguliè-rement associés à l’apparition de problè-mes de santé, les deux leaders mondiaux de boissons gazeuses ont trouvé un nou-veau moyen de faire bonne fi gure : ils uti-lisent un édulcorant naturel dérivé d’une plante, la stevia rebaudiana, ou stévia. Bien que la stévia soit utilisée depuis des siècles et que son utilisation soit légale dans de nombreux pays, elle est sou-mise à controverse aux États-Unis et en Europe, ce qu’illustre une récente déci-sion de la FDA.

L’édulcorant naturel fabriqué à partir de stévia est interdit à la vente en tant qu’additif alimentaire depuis 1991. La FDA affi rmait à l’époque que les preuves apportées quant à l’innocuité de la plante

étaient inadéquates. La FDA ne régle-mente pas l’industrie des compléments alimentaires. La stévia est actuellement autorisée dans cette catégorie mais ne peut être considérée comme un aliment. Le Dr Betty Martini, de Mission Possible World Health International est d’accord avec toutes les personnes qui cherchent de la stévia sur les étagères des maga-sins d’alimentation bio quand elle écrit, « pure, sans additif, la stévia est une bonne chose ». Elle s’inquiète par con-tre de l’utilisation du Truvia et du Pure-Via. Elle déclare : « Coca-Cola et Pepsi ont pris une bonne chose avec la stévia pure, mais ils en ont fait quelque chose qui n’est pas sain à boire ».

Quels ingrédients contenus dans le Truvia et le PureVia rendraient ces pro-duits peu recommandables ? Le Truvia est fabriqué à partir d’un alcool de sucre appelé l’érythritol, d’un produit extrait de la stevia rebiana et de saveurs naturelles. Le PureVia est aussi fait à partir d’éryth-ritol, de saccharose extrait de l’isomaltu-lose, d’un produit chimique appelé extrait

de stévia Reb A (fabriqué par extrait chi-mique à partir de cellulose réduit en pou-dre) et de saveurs naturelles.

« Truvia contient vraiment une por-tion extraite chimiquement de la stévia, le rebaudioside », explique Sarah Vau-ghter, nutritionniste. « Personne ne con-naît les effets secondaires des produits chimiques raffi nés à partir de rebiana génétiquement manipulée, plus les addi-tifs chimiques ajoutés », précise-t-elle. « Bien qu’il soit assez facile de trouver de la stévia comme ingrédient des supplé-ments au stévia dans les magasins d’ali-ments naturels, Truvia ou PureVia sont eux emballés avec un mélange d’addi-tifs chimiques ».

Vous vous demandez peut-être pour-quoi Coke et Pepsi n’ont pas utilisé de la stévia pure plutôt que de concocter un nouveau produit chimique alimen-taire ? La réponse est probablement parce qu’il n’est pas légal de faire bre-veter une substance naturelle. Puis l’af-faire ne serait pas rentable. Durant toutes ces années, ceux qui ont critiqué la FDA

pour avoir interdit la stévia ont insisté sur le fait que cela renforçait les bénéfi ces de l’industrie des édulcorants. Pour le doc-teur Martini, « la FDA ferait n’importe quoi pour l’industrie ». Sarah Vaughter, nutri-tionniste, est, elle aussi, choquée de voir la FDA autoriser la vente et la consom-mation du Splenda, un chlorocarbone potentiellement cancérigène ainsi que de l’aspartame dont les effets neurotoxi-ques sont documentés. Pour elle, Mme Vaughter a déjà compilé une liste des effets secondaires du Truvia sur son site SteviaZone.org. Jusqu’à présent, son site a recueilli des témoignages accusant le Truvia d’avoir causé des problèmes res-piratoires, des douleurs articulaires, des démangeaisons et de l’urticaire. Par con-tre, de nombreux témoins ont déjà con-sommé de la stévia pure sans effets indésirables et leurs symptômes ont dis-paru quand ils ont cessé d’utiliser Truvia. Sur son site, Mme Vaughter s’associe à l’opinion du docteur Martini au sujet de la FDA, en disant : « Nous sommes à nou-veau trompés par la FDA et les grandes

entreprises ». Les dirigeants de Coca-Cola ont d’après elle « obtenu l’autori-sation de la FDA en la soudoyant et en l’intimidant ».

Bien plus controversé encore, ce que révèlent les auteurs du documentaire, Sweet Misery : A Poisoned World (Souf-france sucrée : un monde empoisonné) qui dénonce Donald Rumsfeld. En 1981, celui-ci aurait utilisé sa position politique pour annuler l’interdiction de l’aspartame, alors qu’il assumait dans le même temps un poste de direction de l’entreprise phar-maceutique Searle, qui détenait le brevet sur la molécule. Enfi n, Mauro Alvarez, Ph.D., qui a passé en revue les études concernant la stévia, écrit : « La FDA doit conclure que ces scientifi ques sont incompétents et irresponsables, sinon, ils doivent appartenir à une sorte de conspi-ration glauque ».

Cerise sur le gâteau, le Truvia est aujourd’hui approuvé par la FDA alors que la stévia est toujours interdite...

JAMES GOODLATTEET KIMBERLY NELLI

EpochTimes.com

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Les œufs diminuent les risques de dégénérescence maculaire

Les œufs et les légumes sont de bonnes sources de caroténoïdes.

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La pilule amère des sucres de remplacement

1 – 15 JUIN 2009 ● La Grande Époque1414 Santé et Bien-êtreSanté et Bien-être www.lagrandeepoque.com

Page 15: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

Des immeubles alliant bas loyers, mixité sociale et développement durable, ce n’est pas une utopie,

on en trouve en Suisse, l’un des berceaux des logements dits « d’habitat coopé-ratif ». À Genève, des personnes sou-haitant habiter différemment, loin de la spéculation immobilière et plus en con-formité avec un mode de vie naturel, se sont regroupées pour fonder la CoDHA (Coopérative d’Habitat Associatif). Depuis 1994, ses 700 adhérents donnent une dimension humaine et environnementale aux six immeubles qu’ils partagent, de manière toujours démocratique.

Plus de convivialité et de solidarité

Né dans les années 1970, l’habitat coo-pératif se différencie de l’habitat tradi-tionnel par la volonté de ses adhérents de développer une autre qualité de vie, un autre rapport au logement basé sur la participation, la convivialité et la soli-darité. Regroupés en association dans chaque immeuble, les habitants sont plei-nement intégrés au fonctionnement de la coopérative dont ils dépendent et ont à charge l’autogestion des immeubles qu’ils habitent. Appelés « coopérateurs », ils participent tous aux décisions collecti-ves, gérées selon le principe démocrati-que d’une voix par personne. Sous forme de bail associatif, chaque foyer verse une mensualité à la coopérative (correspon-dant au coût réel du logement, c’est-à-dire au remboursement de l’emprunt et frais de fonctionnement) jusqu’à devenir collectivement propriétaire de l’ensemble de l’immeuble, et non individuellement, de leur appartement.

En Suisse, ce type d’habitat représente 8 % des logements, soit plus de 130.000 coopératives. Toutes sont accompagnées par l’Association suisse pour l’habitat (ASH) qui fédère le mouvement. Mais si chacune applique la coopération sociale, certaines se positionnent davantage sur des valeurs environnementales. C’est le cas de la CoDHA, l’une des plus impor-tantes coopératives d’habitat en Suisse Romande depuis sa création en 1994.

Plus d’écologieLa vocation de la CoDHA est de cons-

truire des logements sociaux favori-sant une mixité de population. A cela, elle ajoute la dimension environnemen-tale et cherche à intégrer les principes du développement durable dans ses réalisa-tions. Pour cela, une charte écologique a été élaborée par les membres. Celle-ci se base sur trois principes : l’écono-mie, l’écologie et le confort. À travers ses constructions ou rénovations, la CoDHA cherche donc à réduire durablement la consommation moyenne d’énergie pri-

maire de ses immeubles. L’objectif symbolique étant d’arriver au

chiffre de 2.000 watts par habitant et par année (contre 6.000 actuellement pour un européen), dont 100 % devraient provenir d’énergies renouvelables (énergie solaire, éolienne, hydraulique ou biomasse). Pour l’atteindre, certains des immeubles sont dotés de chaudières à granulés de bois. L’autre moitié est produite grâce à des capteurs solaires disposés sur la toiture des constructions récentes. En paral-lèle, l’attention est portée sur le choix de matériaux sains et écologiques, en tenant compte notamment de l’énergie grise, soit celle consommée pour leur production, leur exploitation et leur destruction.

Les façades principales des immeubles de Genève, revêtues de lames de bois de mélèze, sont par exemple pourvues de grandes baies vitrées laissant péné-trer la lumière et de coursives servant de terrasse collective pour les coopérateurs. Ces parties communes sont très souvent aménagées pour permettre aux habitants de partager certains lieux de vie (exem-ples : buanderie, atelier de bricolage, jar-din collectif).

La plupart des dispositifs écologiques ont été intégrés aux logements neufs dans le but d’obtenir le label Minergie, un label suisse de qualité environnemen-tale. Décliné sous différentes mentions selon les normes écologiques auxquel-les répondent les bâtiments, ce label a été décerné à trois immeubles de la coo-pérative.

Grâce à ses installations, deux immeu-bles de la CoDHA contribuent à produire une grande partie de l’énergie nécessaire à ses habitants, soit actuellement un tiers de leur consommation. À terme, le but est de développer cette production et de la vendre aux Services industriels genevois (SIG) qui pourraient la réinjecter dans le réseau électrique de la ville. Ces derniè-res années, la CoDHA a doublé le nom-bre de ses adhérents. Elle en compte 700 en 2009.

Elle possède six immeubles habités à Genève et dans son canton ainsi qu’un en rénovation et un autre en construction à Lausanne. En tout, cela représente plus de 80 appartements gérés par des mem-bres de la CoDHA. Elle est ainsi la plus importante coopérative d’habitat asso-ciatif de Suisse Romande et est affi liée à l’Association suisse pour l’habitat. L’un de ses logements (le bâtiment des Voirets à Genève) a été récompensé en 2007 par le prix cantonal du développement durable.

REPORTERS D’ESPOIRS

Pour en savoir plus : Bertille Darragon, coordinatrice de l’association française Habicoop, www.habicoop.fr, www.codha.ch

Juin voit venir la 5e édition du Festival Mondial de la Terre. Organisé par des «

citoyens du monde », ce festival tente de réunir tous les acteurs qui travaillent pour que la terre devienne un environnement écologique où il fait bon vivre dans la paix et la solidarité.

« C’est une opération de mobilisation nationale et mon-diale pendant laquelle tous les acteurs de la protection de l’en-vironnement, de la solidarité et de la paix dans le monde expri-ment ensemble leur engage-ment envers la planète.

Les écoles, les universités, les associations, les fondations, les collectivités et les entreprises du monde entier sont invitées à participer à cet événement pla-nétaire dans un même élan de solidarité », explique l’associa-tion Terralliance.

Ce sont de grands mots à appliquer dans le quotidien par des ges-tes simples comme éteindre la lumière, utiliser un sac à commission réutilisa-ble, acheter un café du commerce équi-table ou marcher plutôt que de prendre sa voiture. Chacun de nous, par nos com-portements, nos choix de vie, nos achats peut agir et apporter sa pierre à l’édifi ce.

L’idée est d’amorcer un cercle vertueux dans lequel les pouvoirs publics et les grandes entreprises agiraient fortement en voyant se manifester l’intérêt réel de « la base » populaire pour l’écologie et la solidarité entre peuples, et par leur action stimuleraient en retour les attitudes éco-responsables.

Le festival dans le monde francophone

Au Canada, plusieurs activités se dérouleront dans de grandes villes tel-les que Montréal qui accueillera le 15 juin « le grand défi lé vert » dans l’église Saint-Jean-Baptiste. Une vingtaine de designers présenteront leurs collections issue de pro-duits recyclés. Un grand spectacle suivra, avec le soutien de plusieurs sponsors.

Le salon national de l’environnement aura lieu du 19 au 21 juin. 200 exposants proposeront des solutions concrètes pour

vivre écologique et le 21 juin sera la « jour-née sans sac ».

En France, c’est l’association Terreal-liance, basée à Paris, qui avec sa centaine de bénévoles organise « Le festival Mon-dial de la Terre ». Le but est de sensibili-ser, d’informer, d’échanger, de s’enrichir sur les thèmes de l’écologie et de la soli-darité entre peuples. Dans plusieurs villes de France des activités sont organisées. À Paris, pique-niques, spectacles, expo-sitions animeront les allées du Parc de Bercy.

Terralliance propose à cette occasion de devenir « Gardien de la Terre ». En y adhérant, la personne s’engage à s’inté-resser aux enjeux actuels qui infl uencent l’avenir de notre planète et de ses habi-tants. Le gardien agit en accord avec ces idées. Par son comportement et son enga-gement il tente de toucher son entourage et de le sensibiliser.

En Suisse romande enfi n, l’association Nicefuture organisera le festival à Lau-sanne du 15 au 21 juin. Chaque soir, du 15 au 18 juin, soirées thématiques avec plusieurs conférences, et du 19 au 21 juin, concerts, expositions et autres ani-mations.

Toute l’année, l’association Nicefu-tur regroupe des informations concrètes pour que tous ceux qui souhaitent agir en faveur de l’écologie et de la solidarité trouvent des solutions pratiques sur leur site. Elle propose également d’adhérer à « Ange Gardien de la Terre ». En deve-nant membre, on s’engage à suivre deux gestes par mois en faveur de l’écologie et de la solidarité. Les membres peuvent par-tager et échanger leurs idées et leurs trucs sur un forum.

CATHERINE KELLERLA GRANDE ÉPOQUE GENÈVE

Pour en savoir plus : www.festivaldelaterre.orgwww.nicefuture.com

En Suisse, l’habitat se conçoit collectivement

Immeuble Mill’o de la coopérative CoDHA aux Voirets, Genève. Il a été récompensé en 2007 par le prix cantonal du développement durable. (Stéphane Fuchs, architecte)

Avis d’expert : « L’intérêt de cette coo-pérative, c’est qu’elle a une longue expérience et qu’aujourd’hui, ses partenai-res lui font confi ance. C’est un avantage pour obte-nir plus facilement des prêts et des terrains. Cela lui per-met ensuite de demander à ses adhérents une part sociale d’entrée très peu éle-vée, presque symbolique. En France, puisque le modèle est encore nouveau et que nous ne pouvons pas nous permettre un échec, le bail associatif est plus élevé mais l’intégration de l’habitant dans le processus de gestion est aussi plus important. »

Festival mondial de la Terre : pour lui dire combien on l’aime

www.festivaldelaterre.org

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La Grande Époque ● 1 – 15 JUIN 2009 1515Art de vivreArt de vivrewww.lagrandeepoque.com

Page 16: La Grande Epoque Bimensuel Semaine du 1 au 15 juin 2009

La Grande Époque ● 1 – 15 JUIN 2009 1616HistoireHistoirewww.lagrandeepoque.com

Salonique est traversée par de nom-breuses histoires qui ont tissé des liens sociaux dans le quotidien et l’imaginaire. Salonique est d’abord une ville symbole au destin exceptionnel, où les Juifs ont parlé une langue de la mémoire, le dju-dio, qui s’est différenciée de l’espagnol vers 1620, prenant ainsi son « indépen-dance ». Selon le linguiste Haïm Vidal Sephiha, les différents emprunts à tou-tes les langues de passage rencontrées par ces Juifs espagnols apatrides ont fomenté une langue originale qui n’a rien à voir avec les langues locales, vulgaire-ment et injustement appelées dialectes ou patois.

Les originesThessaloniki a vu le jour vers 315 av. J.-C. Selon

les légendes rapportées par les poètes et reprises par les historiens, Alexandre le Grand, conquérant du monde, avait une sœur. Leur père, le roi Phi-lippe, l’avait prénommée Thessaloniki (victoire sur les Thessaliens). Les Thessaliens étaient les ennemis héréditaires de la Macédoine. Quand Thessaloniki a atteint l’âge de se marier, elle a épousé un ami de son frère, le général Cassandre. Alexandre partit pour son épopée et demanda à son beau-frère d’administrer le royaume en son absence. Cassandre, dans l’espoir de fêter le retour prochain de son ami, a voulu batir une nouvelle capitale et lui offrir la surprise. Il rendait aussi hommage à sa royale épouse en appelant la ville Thessaloniki.

Une ville convoitéeBeaucoup plus tard la ville est occupée par la très

puissante république de Venise qui renforce ses murs et la ceinture de fortifi cations imprenables. Les Vénitiens avaient été les inventeurs de machines de guerre puissantes qui permettaient de résister à n’im-porte quel assaillant. Ils étaients des maîtres de la guerre et de merveilleux architectes.

En février 1423, le sultan Mourad part à la con-quête de la ville. Mais aucun de ses généraux, après huit mois de siège, ne trouve une stratégie afi n de prendre possession de Salonique. Mourad prie le ciel et se prépare à lever le siège lorsqu’un violent trem-blement de terre fait écrouler les murailles. L’armée entre dans la ville et, sans effort, s’en empare pour ne plus jamais, pendant cinq siècles, la céder à un ennemi. Le sultan, vingt ans plus tard, s’empare de Constantinople et renforce ainsi sa puissance.

Les différentes guerres de conquêtes ont créé un vide démographique dans la formation de l’em-pire ottoman.

De l’Espagne des trois religions à l’inquisition

Soucieux d’unifi er le royaume d’Espagne autour d’une seule religion, les rois catholiques signent le décret d’expulsion des juifs le 31 mars 1492. Ceux-ci devaient choisir entre le baptême ou le départ. Torquemada, nommé en octobre 1483 inquisiteur de Castille, deviendra à cette date inquisiteur géné-ral d’Aragon. Toute l’inquisition est désormais placée sous son autorité. 200.000 juifs choisirent de quitter leur patrie tant aimée pour s’installer là où ils étaient accueillis. Nombre de peuples ne comprenaient pas qu’un royaume puissant comme celui d’Espagne puisse ainsi s’appauvrir en se dessaisissant de ses plus fi dèles sujets.

L’empire ottoman accueille les Juifs

Les Juifs sont allés vers le nord, en Angleterre, aux Pays-Bas, où ils ont contribué à la lutte des Provin-ces-Unies contre l’Espagne, en Provence, en Afrique du Nord, et notamment au nord du Maroc où ils ont conservé leur langue. La majeure partie des Juifs est allée dans le Bassin Méditerranéen où des émissai-res du sultan Bajazet II sont partis à leur rencontre pour les accueillir.

Le sultan connaissait depuis longtemps, grâce à ses informateurs, les vertus de ces individus anciens, loyaux sujets de sa majesté d’Espagne. En effet, les Juifs apportaient avec eux un savoir-faire scientifi -que et industriel avant la lettre. En outre, la connais-sance du commerce international était bien connue des Ottomans. Les intellectuels et les artistes devai-ent apporter au sultan réjouissance et richesse. On lui prêterait cette phrase : « Comment un souverain sage peut-il enrichir un royaume en appauvrissant le sien ? » L’apport de ces nouveaux arrivants était considérable. L’empire s’était également enrichi d’un point de vue militaire. Les Juifs étaient spécialistes de la guerre. Il y avait chez eux de grands stratèges que la couronne avait laissés partir, mettant en dan-ger leur propre sécurité, ils maîtrisaient enfi n la pou-dre qu’ils avaient rapportée de Chine.

Une ville administrée par les Juifs

Pour toutes ces raisons, les Juifs ont été adoptés dans cet empire et considérés presque comme des sujets. Plus épris de liberté morale que les chrétiens, les musulmans ont montré longtemps au monde leur tolérance et l’amour pour l’autre. Salonique devait profi ter de cet esprit que les Juifs n’avaient pas vraiment connu dans leur patrie natale. L’immense Empire ottoman n’a pu que soutenir cette cité brillam-ment gérée par les Juifs. Les autorités ont donné à Salonique un statut de ville-cité, comme naguère les villes grecques telles que Sparte ou Athènes. A Salo-nique, les Juifs ont établi une société exemplaire intellectuelle, scientifi que, et surtout commerciale. Dans le monde entier ils avaient des correspondants, des relais, sur lesquels ils pouvaient compter. Déve-loppant la confi ance, les Juifs ont très vite acquis une réputation internationale, les banques juives se sont développées grâce au déploiement de l’activité arti-sanale puis plus tard industrielle.

Une culture majoritaire juive d’ori-gine espagnole

La ville est habitée par trois-quart de Juifs, 90.000 habitants sur 120.000. Avant la Première Guerre mondiale, Salonique est une plaque tournante du commerce international. L’industrie de la soie est tenue par les Juifs et elle est connue dans le monde entier. Les femmes s’aventurent à Salonique pour faire le plein de parures dignes des reines les plus élégantes.

Hélas en 1917, un incendie terrifi ant ravage la ville et détruit tout, les plus belles demeures, des théâtres où l’on donnait des pièces en djudio, des cafés mer-veilleusement décorés, chefs d’oeuvre d’architec-tes et décorateurs, des cinémas aussi où les Juifs aimaient se retrouver le soir, souvent en plein air, car à cette époque c’était la dolce vita : l’Espagne était loin, oubliée, empoisonnée par l’inquisition qui devait durer cinq siècles. Les marranes ont souffert le mar-tyr de l’intolérance – ils étaient convertis de force au catholicisme – pendant que leurs frères se reconsti-tuaient une identité ailleurs.

Salonique connaît de nombreux incendies. Celui de 1890 fait de nombreuses victimes. Les maisons sont en bois et très proches les unes des autres. Cette proximité permet aux Saloniciens une convivia-lité exceptionnelle. Cette première tragédie va boule-verser leur mode de vie.

L’incendie de 1917 a été une préfi guration de ce que les Juifs allaient connaître plus tard. L’antisé-mitisme en Grèce s’est développé et a causé bien des dégâts. Des jalousies et des frustrations fai-saient jour. Salonique ne faisait plus partie de l’Em-pire ottoman depuis 1912, date à laquelle on a fait savoir aux Juifs que désormais ils n’étaient plus les bienvenus. Nombre de témoignages pourraient étayer cette thèse, mais elle est diffi cile à soutenir. Cet incendie aurait eu pour but de faire partir les Juifs de la cité. Il n’y a pas de preuves, mais le climat entre Juifs et Grecs se dégradait.

Le tissu social est bouleversé par cette catastro-phe. Les esprits sont terriblement remués, mais la force de la communauté soudée saura faire face à ce cataclysme qui ne sera pas le dernier. Le shabbat, les trains ne circulent plus et les non Juifs se mettent au diapason. Du reste, ils jouissent des fêtes juives et l’entente jusque-là ne souffre pas trop, bien que des mouvements politiques extrémistes voient le jour.

Irruption de la peste bruneA la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942,

se décident les modalités l’application de la stratégie destinée à la solution fi nale du problème juif.

Les juifs des Balkans intéressent vivement les nazis. Ils leur imposent le port de l’étoile le 25 février et se font une joie d’aller les assassiner au soleil : le 11 juillet 1942, place de la liberté des milliers de juifs sont contraints par les Allemands de rester debout

pendant des heures serrés les uns contre les autres. Puis ce sont les mouvements de gymnastique devant les rires de l’armée allemande et parfois les quolibets de la foule inconsciente.

Le 15 mars 1943, un train quitte Salonique avec

à son bord 2.800 déportés ; après celui-là, bien d’autres suivront. Selon le musée d’Auschwitz, 48.874 juifs de Salonique auraient été déportés. Ces chiffres seraient inférieurs à la réalité. Globalement plus de 60.000 juifs de Grèce auraient été assassi-nés par les bourreaux nazis. Des milliers sont morts dans leur lit.

En 1943, dès le début de leur occupation, les Alle-mands convoquent 5.000 Saloniciens et leur donnent pour mission de casser leurs cimetières : 30.000 tom-bes sont ainsi détruites. Ceci permet aux autorités de se faire construire des piscines. Un peu plus tard les Grecs font construire une université sur le terrain du cimetière où les squelettes gisent encore. Les pierres tombales portant des inscriptions sont utilisées pour construire des maisons.

À tous les échelons, on a tenté de faire disparaî-tre la mémoire salonicienne. Les cimetières cassés, transformés en carrières de pierre, l’université cons-truite sur le cimetière juif.

Mais le silence est resté total pendant des décen-nies. Il est triste de constater qu’un pays dont la cul-ture et la philosophie ont régné sur des civilisations a pu accepter qu’un peuple se meure dans de tel-les conditions.

Ô Salonique ! Ville de la lumière, les tiens se sou-viennent et te parlent aujourd’hui, tu restes une ville lumineuse ou encore au coin de chaque rue, un nom est inscrit. Il est normal que nous t’ayons choisie comme symbole de la vie, toi qui a tellement connu d’histoires.

ALAIN PENSO

Salonique ville du souvenir, ville de l’oubli

Des juifs de Salonique en 1917.