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42 e année – 2013/2 La Lettre de Maredsous

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42e année – 2013/2

La Lettre de Maredsous

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Publication par quadrimestre42e année, 2013/2

Rédacteur : Luc Moës, Abbaye de Maredsous, 5537 Denée (Belgique)

(où toute correspondance peut être adressée)

Éditeur responsable : Bernard Lorent, Abbaye de Maredsous, 5537 Denée (Belgique)

Abonnement annuelBelgique : 25 €Étranger : 25 €

- à verser auprès de la Banque de la Poste, Bruxelles (IBAN : BE50 0000 2449 4318 — BIC/SWIFT : BPOTBEB1)

- à verser auprès de la Banque ING(IBAN : BE68 3500 0105 8534 — BIC/SWIFT : BBRUBEBB)  (Merci de préciser LLM 2013 + nom et adresse du bénéficiaire)

Abbaye de Maredsous, rue de Maredsous, 115537 Denée (Belgique)

GPS : Lat. 50.302498 / 50° 18’ 8.99” - Long. 4.765663 / 4° 45’ 56.39”

Calligraphies : www.brodyneuenschwander.comPhotos : M. Toussaint, CSB, M. Sepulchre, ...

Imprimerie Bourdeaux-Capelle, 5500 Dinant (Belgique)

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Éditorial

Il y a cinquante ans, l’Église entrait en concile. Un événement ecclésial majeur qui mérite d’être célébré, d’autant que le Pape Benoît XVI a, encore récemment, ouvert pour l’Église une année de la Foi. Il parlait même d’une nouvelle évangélisation. Les monastères sont pleinement concernés par ces engagements. Maredsous – nous y reviendrons – a d’ailleurs compté son Père Abbé Godefroid Dayez parmi les Pères conciliaires, en raison de sa présidence de la Congrégation bénédictine de l’Annonciation. On a parlé dans les schémas que les évêques du monde entier étudiaient en congrégations générales d’une Église ad intra et ad extra.

Le présent numéro témoigne aussi de l’Abbaye en ce qu’elle vit à l’intérieur, ce qui l’inspire et la garde vivante. Un commentaire de quelques chapitres de la Règle ; son accueil lors d’une journée de prière ; divers pèlerinages ; des engagements à l’oblature ; une célébration d’un départ à la retraite. Et tout autant, ce qu’elle a entrepris, ce qu’elle engage pour que le message de l’Évangile soit la raison et la cause de sa fécondité, son ouverture à l’Europe ; l’amitié de ses anciens élèves ; voire jusqu’au bout du monde. Celle de D. Adelbert Gresnigt, moine de Maredsous, en Chine ; bien plus modestement, ses solidarités (cfr la petite chronique) et ses centres d’étude et d’intérêt (revue des livres).

Que la lecture de ce numéro inspire un chacun dans ses aspirations intérieures et ses choix multiples … à l’extérieur.

La rédaction

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En lisant la Règle de saint Benoît

Hommage au portier (c. 66)

On sait que le chapitre 66 de la Règle de saint Benoît a d’abord constitué la finale de celle-ci. Sans le vouloir peut-être, saint Benoît termine en décrivant la figure de celui qui a, si on peut dire, les clefs de la maison. Saint Benoît ajoute d’ailleurs une description du monastère, comme pour évoquer concrètement ce sur quoi le portier aura à veiller, ce à quoi il aura à donner ou non accès.

Lieu de la stabilité du moine, endroit de son habitation, la communauté confie à un frère d’être le gardien du bonheur discret contenu dans le verbe pourtant on ne peut plus simple  : habiter. Être attendu, se poser, laisser doucement s’établir des relations, avoir un lieu, pouvoir toujours y ramener ses pas.

Entrez là. Frappez à la porte du monastère. Peut-être serez-vous tenté de crier, comme on fait dans un lieu apparemment vide et qui vous renvoie l’écho de votre appel : « Il y a quelqu’un ? » - « Oui, il y a quelqu’un ». Il n’est pas seul, mais il est le premier à vous faire savoir que la maison est habitée. Il est le lieu-tenant, celui qui tient le lieu ou qui ne cesse de se tenir dans le lieu. Il est celui à qui vous allez pouvoir parler, celui de qui vous allez recevoir une réponse.

Auparavant, vous aurez compris ou deviné qu’il rend grâces à Dieu de vous rencontrer, qu’il vous remercie de votre présence. Non pas qu’elle vienne simplement combler une attente solitaire trop longue, mais parce que cette présence a un caractère pascal. Elle rappelle saint Benoît qui, du fond de sa grotte, identifiait rencontre et fête de Pâques. Benoît : c’est aussi le nom que vous entendrez ou devinerez quand vous frapperez à la porte du monastère. Benedic : je vous bénis, je dis du bien de vous, je dis bien de vous, je bénis Dieu de vous bénir.

Moi-même, ayant frappé à la porte de l’abbaye, je venais avec un

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message pour Dieu. Ce message a été parfaitement reçu. Un autre message m’a été rendu, toujours parfaitement, de la part de Dieu. Je venais parler de ma pauvreté, de mes besoins, de tant de choses qui me pèsent et me rendent l’existence lourde. Celui qui m’a ouvert la porte m’a écouté, puis il m’a dit : « Écoute ! » Je voulais parler de moi et il m’a invité à écouter.

Concrètement, il est allé chercher l’Écriture Sainte et il m’a lu un passage qui commençait par ce mot : Écoute ! Moi qui venais pour parler, il m’a invité à prier. Moi qui venais pour rencontrer Dieu, j’étais accueilli comme Dieu lui-même, comme le Christ. « J’ai demandé l’hospitalité et vous m’avez reçu ». J’étais accueilli et voilà que le Christ grandissait en moi, s’emparait de moi, par le simple fait que je me laissais accueillir ?

Je n’étais pas au bout de mes étonnements. Dans un geste qui m’a rappelé celui du Christ, lors de son dernier repas avec ses disciples, on m’a lavé les pieds. Voici que l’humilité en personne venait à ma rencontre. Toute une communauté était là pour me donner un message de paix. C’était comme si l’Église tout entière venait au-devant de moi. Je voyais tous ceux et celles que saint Benoît a accueillis, comme il m’accueillait moi-même. Ils m’encourageaient à poursuivre la route entreprise, à aimer la stabilité dont le Christ a besoin pour grandir, à vouloir l’obéissance comme un bien, à chercher constamment la conversion pour le Royaume. Et à faire tout avec un ardent amour.

Je m’en suis alors souvenu. Lorsque j’avais frappé à la porte du monastère, le portier m’avait répondu  : « Deo gratias ! », mais aussi  : « Benedic ! » Saint Benoît me disait son nom. J’étais donc accueilli par saint Benoît en personne, il m’avait ouvert la porte du monastère, il m’avait fait découvrir comment on peut vivre l’Évangile sous une Règle et un Abbé. J’étais l’hôte de saint Benoît, c’est lui qui m’accueille, qui me reçoit, qui ouvre toutes grandes les portes de son cœur, pour en partager les richesses, en un mot la douceur ineffable de l’amour.

***

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La technique a complètement bouleversé la donne. Les GSM et autres appareils du genre ont apparemment modifié le statut du portier. Il n’est plus ou ne semble plus être le lieu obligé par où l’extérieur doit passer pour gagner l’intérieur, et inversement. Il n’est plus ou ne semble plus être la place unique, à l’intersection, au nœud, au goulot des deux tasses du sablier.

Cela ne diminue en rien l’importance du premier contact avec le monastère. Où qu’elle se passe et avec qui que ce soit, la première voix qui se fait entendre à qui frappe à la porte du monastère doit être une voix qui dit la bénédiction et l’action de grâces. Reposant désormais en partie (mais en partie seulement) sur chaque membre de la communauté, le premier accueil ne perd pas son importance.

Saint Benoît a eu le génie de la charge du portier quand il le définit comme quelqu’un « qui sache recevoir et rendre un message, et dont la maturité le préserve de toute oisiveté ». Deviner les attentes de qui frappe à la porte, au besoin les élargir mais aussi les restreindre, suppose une empathie bien proche de ce zèle que les moines sont invités à « pratiquer avec un très ardent amour » (RB 72, 3).

Hommage au cuisinier (c. 35)

« Bonne cuisine, bonne discipline ». Avant d’en faire une garantie de discipline, saint Benoît fait de la cuisine un lieu de service mutuel et un lieu où se vit la charité. Il fait confiance au savoir-faire de chacun en ce domaine, tout en laissant entendre que d’autres besognes peuvent se révéler plus utiles. Il veut encore que la cuisine ne soit pas le lieu d’un perpétuel ‘coup de feu’ et que personne ne s’y sente accablé ou écrasé par une tâche qui le dépasserait. À qui regarde de près, la cuisine apparaît comme une sorte de microcosme de la communauté. S’y retrouvent toutes les qualités et vertus à mettre en œuvre pour édifier la vie cénobitique que saint Benoît veut organiser.

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Le service doit être enraciné dans la prière. Les frères qui l’assument en appellent à la prière de la communauté pour que leur service soit ce qu’il doit être. – L’humilité doit imprégner les relations entre frères. C’est le sens de ce lavement des pieds renvoyant au geste du Christ lors du dernier repas avec ses disciples. Geste d’accueil, puisque les hôtes le reçoivent aussi. Geste d’humilité qui dira que le serviteur n’est pas au-dessus de son maître, que le frère n’est pas au-dessus de son frère. – La miséricorde règle l’attribution des tâches, tout comme le moment de boire et de manger. Les plus faibles ne doivent pas être écrasés, les plus vaillants doivent être aidés. En tout, il faut éviter la tristesse. – La conscience professionnelle est de rigueur. La propreté doit être maîtresse dans la cuisine. – Aucun monopole ne peut être exercé. Tous sont conviés à servir et à se servir mutuellement dans la charité.

On le voit, dans ce lieu si concret et apparemment terre-à-terre, saint Benoît demande que se développe tout ce qui est à mettre en œuvre pour une authentique vie de communauté, la vie cénobitique qu’il a eue en vue en consignant les chapitres de sa Règle.

***

Les exigences du monde d’aujourd’hui ont pénétré, elles aussi, dans la cuisine des monastères. Elles ne laissent plus les frères se succéder les uns aux autres dans cet endroit délicat entre tous. Elles confirment les exigences de propreté déjà demandées par saint Benoît. Surtout elles laissent intact l’appel au service mutuel sous toutes les formes qu’il peut connaître dans une vie commune menée au nom de l’Évangile.

Que saint Benoît les ait aussi exprimées à propos des repas souligne, si besoin en était, le caractère concret avec lequel il envisage la vie monastique, hier comme aujourd’hui et demain.

P. Nicolas DAYEZ

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Dom Adelbert GresnigtMaredsous et la Chine :

une histoire de missionnaires-architectes

De nombreux étudiants chinois viennent en Belgique pour faire un doctorat dans une de nos universités, surtout dans les disciplines scientifiques et médicales. C’est ainsi que je devins le promoteur d’une étudiante de Nankin (Southeast University) qui disposait d’une bourse de quatre ans du gouvernement de la République populaire de Chine pour faire un doctorat chez les ingénieurs-architectes de la KU Leuven. Sa recherche portait sur l’architecture des missionnaires belges de la Congrégation de l’Immaculé Cœur de Marie (Scheutistes) au-delà de la grande muraille. Du coup, mon champ de recherche s’est élargi de l’architecture religieuse médiévale, du néo-gothique belge et des usages partagés des églises désaffectées, à l’architecture missionnaire en Chine. J’ignorais que j’allais rencontrer Maredsous en Chine sous des formes diverses et inattendues.

Le néo-gothique, évidemment

Dans le cadre du doctorat, j’ai eu l’occasion de faire du travail de terrain en Mongolie Intérieure en 2011. C’était mon premier voyage en Chine. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver dans cette région si éloignée, des églises néo-gothiques dans le pur style belge des écoles Saint-Luc, construites par un architecte-missionnaire gantois. Fils d’entrepreneur, Alphonse De Moerloose (1856-1932) avait étudié l’architecture à l’école Saint-Luc de Gand dans les années 1876-1881 sous l’égide de deux maîtres, Jean-Baptiste Béthune qui, dans ces années, bâtissait l’abbaye de Maredsous, et Auguste Van Assche, l’architecte de l’abbaye de Maredret. Entré chez les Scheutistes en 1881, De Moerloose resta en Chine sans interruption de 1885 à 1929. Après la Révolte des Boxers et les destructions massives d’églises en 1900, il eut l’occasion de développer une activité d’architecte au service des Scheutistes, des Lazaristes, des Jésuites et des Trappistes. Il bâtit des dizaines d’églises dans la Chine du Nord, ainsi que trois cathédrales, une abbaye et la grande basilique mariale de Shanghai. Jusque dans les années 1920, son style ne dévia pas d’un iota

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de ce qu’il avait appris à Saint-Luc quarante années auparavant. Maredsous, dont il avait certainement visité le chantier de construction avec maître Béthune, l’inspira, en tout ou en partie. Ainsi la cathédrale de Xuanhua, bâtie de 1903 à 1906, présente une nef identique à celle de Maredsous, avec la même élévation, depuis les colonnes jusqu’à la voûte en bois. L’église de Shuangshusi, bâtie en 1917 dans un petit village chrétien du nord-ouest du Hebei, possédait une façade à deux tours, véritable clone de celle de Maredsous. Cette église a malheureusement été détruite par un incendie il y a trois ans et une église beaucoup plus grande l’a déjà remplacée.

La façade à deux tours de l’église néo-gothique de Shuangshusi, bâtie en 1917 par le père De Moerloose, s’inspirait à l’évidence de celle de Maredsous.

(© KADOC, archives CICM). Le paradoxe de cette architecture (néo)gothique en Chine du Nord est qu’elle y faisait encore florès vers 1920 alors qu’en Europe elle était contestée depuis les années 1890 et fut abandonnée après la Première Guerre mondiale. La nouvelle politique missionnaire d’inculturation promulguée par le pape Benoît XV en 1919 et confirmée par Pie XI,

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allait promouvoir le clergé local, la liturgie en langue chinoise, l’art et le mobilier liturgique en style chinois, ainsi qu’une architecture dite « sino-chrétienne ». Le gothique fut condamné car il était l’expression de l’impérialisme occidental dans un pays qui, d’une part, n’avait jamais été une colonie et, d’autre part, était devenu une république en 1912 et relevait le défi de la modernité. L’architecture, expression identitaire dans l’espace public, devint un enjeu primordial. Il subsiste encore de nombreuses églises en Chine, auxquelles je consacre désormais mes recherches. C’est ainsi que je découvris l’existence d’un moine-artiste de Maredsous qui, à la fin des années 20, joua un rôle de premier plan dans le débat architectural entre missionnaires conservateurs tenants du gothique et les adeptes de l’inculturation dans la ligne romaine.

Un moine-artiste bénédictin international

Dom Adelbert Gresnigt (1877-1956) fut envoyé en Chine en 1926 par le pape Pie XI et par la Propagation de la Foi pour créer le style sino-chrétien et construire dans ce style des grands établissements d’enseignement religieux pour Chinois. Il séjourna en Chine de mars 1927 à janvier 1932 et remplit sa mission avec brio, bien qu’il n’était pas architecte mais peintre et sculpteur de talent, formé à la fameuse école d’art de l’abbaye bénédictine de Beuron. À Pékin, dom Adelbert vivait avec la communauté bénédictine de l’Université catholique de Pékin, fondée en 1926 par l’abbaye bénédictine américaine de Saint-Vincent à Latrobe (Pennsylvanie). Il travaillait en étroite collaboration avec Monseigneur Celso Costantini, le délégué

Dom Adelbert Gresnigt dans le jardin de l’Université catholique de Pékin, vers 1930

(© Archives de l’Abbaye de Maredsous)

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apostolique envoyé par le pape en Chine en 1922 pour implémenter l’inculturation et régénérer l’Église catholique de Chine.

Comment Adelbert Gresnigt, profès de Maredsous, fut-il embarqué dans cette galère ? La réponse tient aux réseaux monastiques et artistiques dans lesquels son talent trouva à se développer et qui l’appelaient toujours plus loin de Maredsous. Son parcours international fut pour le moins atypique et mérite d’être brièvement retracé. De nationalité néerlandaise (père hollandais et mère française mariés à Gand), Charles-Louis Gresnigt naquit à Utrecht en 1877 et passa son enfance à Rotterdam. Grâce à ses talents artistiques, il fut admis à 15 ans et demi à l’école des oblats de Maredsous et fut envoyé en 1894 à l’abbaye de Beuron pour être formé par le fameux dom Desiderius Lenz à la peinture et à la sculpture. À cette époque, Maredsous n’avait pas encore d’école d’art. En 1896 il entama sa formation monastique à Maredsous, prit le prénom d’Adelbert, et fut ordonné en 1903 après un séjour à Rome. À partir de ce moment, il ne mit plus les pieds à Maredsous qu’à de rares occasions. Des projets artistiques bénédictins appelaient notre moine modeste et obéissant aux quatre coins du monde. Ainsi, avec l’approbation de ses supérieurs, il sculpta la grande frise de la crypte du Mont Cassin de 1903 à 1913 –– quel prestige pour Maredsous d’avoir un des siens si près du tombeau de saint Benoît ! ––, peignit de 1914 à 1922 la décoration intérieure de l’abbatiale de Saint-Benoît à São Paulo, puis peignit l’église des Bénédictins dans le Bronx à New York de 1922 à 1926. Après son séjour en Chine, il passa l’année 1927 aux États-Unis, puis resta à Rome de 1928 à 1949 où il peignit le réfectoire et la chapelle du Collège pontifical néerlandais, sculpta le tombeau de Pie XI en 1940 –– une autre source de fierté pour Maredsous —, et s’apprêtait à contribuer à la reconstruction de l’abbaye du Mont Cassin détruite par la guerre, lorsqu’il fut frappé d’une congestion cérébrale. Il rentra impotent à Maredsous en 1949 et y mourut aveugle le 29 octobre 1956.

Dom Adelbert était polyglotte et dut une partie de son étonnante carrière à son amitié avec Celso Costantini (1876-1958) dont il avait fait la connaissance au Mont Cassin avant la Première Guerre mondiale.

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Devenu archevêque et vicaire apostolique, Costantini fit venir Gresnigt en Chine. Plus tard, à Rome, où Costantini fut nommé Secrétaire de la Congrégation de la Propagation de la Foi, responsable de la politique centrale des missions catholiques, Gresnigt fut chargé de donner des cours d’art aux étudiants de la Propagation de la Foi. Confronté à l’opposition des tenants du gothique en Chine, comme le père De Moerloose évoqué plus haut, Costantini mesurait pleinement les enjeux de la création d’un style sino-chrétien et avait besoin d’un artiste sur lequel il pourrait entièrement compter. Travailler avec un architecte diplômé des Beaux-Arts mènerait inévitablement à des divergences d’opinion et à des susceptibilités artistiques. Un moine, obéissant, talentueux et travailleur, de surcroît ami de longue date, était un « casting » idéal.

Le style « sino-chrétien » et le défi de la modernité

Les archives révèlent le peu d’enthousiasme de dom Adelbert à l’idée de quitter New York pour Pékin : non seulement il ne connaissait rien de la Chine, si ce n’est le chaos politique et social dont la presse internationale se faisait l’écho, mais surtout il ignorait tout de l’art chinois et, on l’a dit, n’était pas architecte. Toutefois, l’invitation de Costantini équivalait à un ordre pontifical auquel même l’Abbé de Maredsous ne pouvait qu’obéir.

Dom Adelbert mit une année à s’imprégner de l’architecture chinoise en lisant des livres et en visitant les temples et les palais de Pékin et des environs. Il travaillait fort, faisant de nombreuses esquisses que Costantini venait régulièrement examiner afin de s’assurer des progrès de son protégé. Ce dernier reçut également la visite du père Vincent Lebbe (1877-1940), l’apôtre de l’inculturation en Chine. Adolescents, ils s’étaient connus à Maredsous où le frère de Vincent se fit moine sous le nom de dom Béda. Lebbe chargea Gresnigt de transformer son église paroissiale gothique en édifice chinois. Cette opération de « sinisation » fut sa première œuvre architecturale.

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Projet sino-chrétien non réalisé pour l’église Sainte-Thérèse à Kowloon, Hong Kong, par Adelbert Gresnigt, 1929 (© Archives de l’Abbaye de Maredsous)

En moins de quatre ans, de 1927 à 1931, Adelbert Gresnigt dessina les plans de quatre grands établissements d’éducation qui se caractérisent par leur horizontalité, leurs toits chinois, leurs tours d’angle, et leur volume fermé autour d’une cour intérieure ressemblant à un cloître. En outre, la forme des fenêtres et le décor architectonique étaient chinois et s’inspiraient de l’architecture régionale locale. Le contraste était total avec les édifices occidentaux de style gothique ou classique réalisés par les missionnaires jusqu’alors. En outre les bâtiments de dom Adelbert devaient être économiques et solides, ce qui le fit opter pour des structures en béton armé et des plans rationnels. N’ayant aucune connaissance en calcul de stabilité ni en dessin technique, il se fit seconder par un architecte chinois (dont le nom est inconnu) et l’entreprise de construction française Brossard et Mopin basée à Tianjin. Les quatre bâtiments étaient l’Université catholique de Pékin (Fujen Daxue) administrée par les Bénédictins américains, le séminaire régional de Hong Kong administré par des missionnaires Italiens de l’Institut pontifical pour les missions étrangères (PIME), le séminaire régional de Kaifeng administré par des Franciscains italiens et des séculiers chinois, ainsi que le séminaire des Disciples du

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Seigneur (SDD), la première congrégation religieuse catholique chinoise, à Xuanhua. Plus de 2000 km séparaient ces quatre lieux que dom Adelbert visita à plusieurs reprises. Il dessina également les plans d’autres églises et de mobilier liturgique en style chinois ainsi que les plans de la cathédrale de Haimen pour un des premiers évêques chinois. La crise en empêcha la construction.

L’Université catholique de Pékin fut la grande œuvre des Bénédictins en Chine. Dom Adelbert en dressa les plans et en dirigea la construction en 1929-1930.

(© Thomas Coomans, avril 2013)

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Chef d’œuvre sino-chrétien, le séminaire des Disciples du Seigneur à Xuanhua fut conçu par Adelbert Gresnigt en 1928 (L’Artisan liturgique, 40, 1936, p. 824).

En effet, née en 1929 aux États-Unis, la crise économique mondiale se propagea rapidement et frappa durement la Chine. Les financements européens et américains des missions et de la récente politique romaine d’inculturation se tarirent dès 1930 et de nombreux projets en cours, comme le séminaire régional de Hong Kong, furent interrompus. L’invasion de la Manchourie par le Japon en 1931 plongea la Chine dans un état de guerre. Dom Adelbert voyait s’écrouler son projet de faculté d’architecture à l’Université catholique de Pékin. Privé de commandes, il fut envoyé aux États-Unis en 1932 pour animer des campagnes de collecte de fonds pour l’Université, mais les Américains avaient d’autres priorités. C’est ainsi que se termina l’aventure chinoise de dom Adelbert et le beau projet bénédictin de l’Université catholique de Pékin, repris en 1933 par les missionnaires allemands de la Société du Verbe Divin (SVD).

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À Maredsous, excepté l’Abbé Célestin Golenvaux, dom Béda Lebbe et quelques initiés, dom Adelbert devait être un inconnu. Ni la communauté, ni l’École Abbatiale n’étaient impliquées dans la mission de Chine. Inversement, à la même époque, l’abbaye de Saint-André orientait son élan missionnaire en Chine suite à la prise d’habit en 1927 du fameux Lou Tseng-Tsiang (1871-1949), ancien diplomate des empereurs et ministre de la République, désormais dom Pierre-Célestin Lou. Saint-André fonda en 1929 le monastère de Saint-Pierre et Saint-André à Xishan dans la province de Sichuan, où s’en allèrent quelques Bénédictins belges. Curieusement dom Adelbert semble s’être complètement désintéressé de la Chine et de l’architecture après 1932. De retour à Rome en 1933, il se remit à la peinture et à la sculpture dans le plus pur style de Beuron.

Un patrimoine partagé

Au terme de la guerre civile en 1949, les Communistes expulsèrent progressivement tous les missionnaires étrangers et contrôlèrent les Catholiques chinois. Les persécutions et les démolitions culminèrent pendant la Révolution culturelle (1966-1976). N’étant pas des églises, les bâtiments de dom Adelbert ne furent pas détruits mais réaffectés. Ainsi, le bâtiment de l’Université catholique de Pékin fut affecté à l’Université Normale de Pékin qui en prend toujours soin. Seul le Séminaire régional de Hong Kong n’a pas été fermé et abrite aujourd’hui le Holy Spirit Seminary du diocèse de Hong Kong. Les bâtiments de dom Adelbert sont des monuments historiques protégés. Les bâtiments de l’ancienne Université catholique de Pékin et de l’ancien Séminaire régional de Kaifeng bénéficient depuis mai 2013 du plus haut niveau de protection en tant que « reliques-clés culturelles nationales de la République populaire de Chine ». Espérons que cette reconnaissance donnera lieu à la restauration du bâtiment de Kaifeng dont l’état de ruine me préoccupe depuis que je l’ai visité en juin dernier.

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L’ancien séminaire de Kaifeng : patrimoine national chinois, en état de ruine (© Thomas Coomans, juin 2013)

Depuis mon premier voyage en 2011, j’ai fait cinq séjours en Chine qui combinent les contacts académiques et le travail de terrain. L’accueil dans les universités (Pékin, Hong Kong, Tianjin, Nankin, Shanghai) est très chaleureux car les questions de patrimoine intéressent beaucoup les intellectuels chinois des générations d’après la Révolution culturelle. Depuis deux ans je suis invité à donner un cours intensif d’histoire et théorie du patrimoine à la Chinese University of Hong Kong. La notion de « patrimoine partagé », utilisée depuis peu pour approcher de manière positive l’architecture occidentale dans les anciennes colonies, s’applique également à l’architecture missionnaire en Chine, qu’elle soit gothique ou sino-chrétienne. Ces bâtiments sont l’expression tangible de la rencontre entre la population locale et des missionnaires occidentaux, rencontre qui généra des échanges culturels et des transferts de connaissances, notamment techniques en ce qui concerne l’architecture. La recherche historique vise donc à comprendre la signification de ces bâtiments missionnaires qui, certes, intriguent, mais ne sont pas du tout compris. Si les bâtiments sont en Chine, les archives des congrégations missionnaires sont en Europe et aux États-Unis, ce qui illustre bien la notion de « patrimoine partagé ».

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Tel est aussi le cas de l’œuvre chinoise d’Adelbert Gresnigt dont une partie des archives sont précieusement conservées à Maredsous. Après avoir publié un article biographique dans la Revue bénédictine et visité les bâtiments en Chine, je poursuis mes recherches dans d’autres fonds d’archives et compare l’architecture sino-chrétienne à celle des protestants et aux bâtiments officiels du gouvernement de la République. Eux aussi cherchaient à combiner modernité technologique et identité chinoise dans les années 1920. Par souci de symétrie, mon livre devra évidemment paraître en anglais et en chinois.

Une possible rencontre

Lors de mes séjours de travail à Maredsous, je n’oublie jamais de rendre visite à dom Adelbert au cimetière, le long de la bibliothèque. C’est là que repose pour l’éternité ce moine-artiste qui travailla en Italie, au Brésil, aux États-Unis et en Chine, et dont le nom de famille, imprononçable dans toutes les langues, est souvent écorné. Mais Maredsous est aussi l’abbaye néo-gothique qui inspira les églises du père De Moerloose dans une perspective « Saint-Luciste » puriste nourrie par un esprit missionnaire impérialiste et universel. De Moerloose (en Chinois  : He Gengbai) et Gresnigt (en Chinois : Ge Lise), deux chapitres de l’histoire de l’architecture chrétienne en Chine  ! Le paradoxe veut que l’architecture chrétienne contemporaine soit dominée par une sorte de « gothique post-moderne » avec des arcs brisés, des rosaces, des hautes flèches et des pinacles, tandis que le style sino-chrétien ne semble plus faire d’émules depuis longtemps.

Les deux missionnaires-architectes auraient parfaitement pu se rencontrer à Pékin entre mars 1927 et fin 1929. Je n’en ai pas la preuve, mais suis certain que s’ils s’étaient croisés, c’est de Maredsous qu’ils auraient parlé.

Thomas COOMANS (Gao Manshi)Prof. KU Leuven

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Lectures complémentaires :

- Thomas Coomans, « La création d’un style architectural sino-chrétien. L’œuvre d’Adelbert Gresnigt, moine-artiste bénédictin en Chine (1927-1932) », Revue Bénédictine, 123/1, 2013, p. 128-170.

- Thomas Coomans, « Sint-Lucasneogotiek in Noord-China : Alphonse De Moerloose, missionaris en architect », M&L. Monumenten, landschappen en archeologie, 32/5, 2013 (sous presse).

- Thomas Coomans, « Indigenizing the Catholic Architectural Canon in China : From Western-Gothic to Sino-Chinese Church Design, 1900-1940 », in : Cindy Yik-yi Chu (dir.), Chinese Catholicism from 1900 to the Present, New York, Palgrave and Macmillan, 2014 (en cours d’édition).

- Felix Standaert, L’école de Beuron. Un essai de renouveau de l’art chrétien à la fin du XIXe siècle, Maredsous, 2011, p. 29-35, 74-76, 134-162.

- Articles sur l’art et l’architecture sino-chrétiens dans le numéro thématique sur « L’art religieux dans les pays de missions », de L’artisan liturgique, 40, janvier-mars 1936 (publication de l’abbaye de Saint-André).

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Des pèlerinages

Du 29 novembre 1932 au 3 janvier 1933, la Vierge est apparue plusieurs fois à cinq enfants de Beauraing. À l’époque, ces faits ont de suite eu un retentissement considérable. Mais les Annales de Maredsous, durant les années contemporaines à cet événement, sont muettes à ce sujet  ; elles n’en parleront qu’au moment de la reconnaissance officielle des apparitions et pour dire que Maredsous est représenté aux diverses cérémonies, ainsi qu’au pèlerinage du 22 août, lorsqu’il sera instauré.

Un moine de Maredsous, Dom Hugues Delogne, a cependant publié en 1947 un petit ouvrage, curieusement intitulé ‘Petit Précis des apparitions de la Très Sainte Vierge à Beauraing’, d’après le R. P. Maes. Et, l’année précédente, l’aumônier des pèlerinages de Beauraing, l’abbé (pas encore chanoine) Henri Massart donne la retraite des grands à l’École Abbatiale. On peut supposer qu’il aura fait une référence au moins passagère au message des apparitions. Sans le savoir, 80 ans après celles-ci, les élèves du Collège allaient retrouver sur place quelque chose de ce message.

D’autant que 24 routes sont désormais parfaitement balisées pour parvenir à ce ‘Saint Jacques de Compostelle du Nord’, qu’on parte de loin ou de près, en voiture, en vélo ou à pied. C’est ce qu’ont fait les élèves du Collège, pour honorer ce lieu, au 80ème anniversaire des apparitions.

Beauraing : un message encore actuel ?

Beauraing fête cette année le 80ème anniversaire des apparitions. De novembre 1932 à janvier 1933, la Vierge est apparue à cinq enfants du village. Elle leur laisse divers messages, dont celui de venir en pèlerinage sur les lieux de l’apparition, ajoutant qu’elle convertirait les pécheurs. Faire venir des jeunes en pèlerinage, aujourd’hui, n’est-ce pas peine perdue ? Le contenu et le vocabulaire du message marial parleront-ils encore à des jeunes, leur diront-ils quelque chose, les accrocheront-ils ? Il y a là un véritable défi et le Collège Saint-Benoît de Maredsous a voulu le relever. S’appuyant sur la tradition d’un pèlerinage annuel, les

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responsables ont voulu honorer le 80ème anniversaire des apparitions et le Sanctuaire de Beauraing. Ils en ont donc fait la destination du pèlerinage 2013.

Il faut le dire : ils y ont été invités et aidés par les « Routes de pèlerinage » que les responsables du Sanctuaire viennent de baliser. Très clairement expliqués, ces itinéraires assurent la sécurité des pèlerins marcheurs ; ils leur permettent d’admirer les beaux paysages de la région, de croiser potales et chapelles dédiées à la Vierge Marie. Les élèves dudit Collège disposaient donc de cinq chemins différents convergeant vers un lieu unique. Belle image de la diversité menant à l’unité.

Un défi, mais plusieurs défis

Le premier est de motiver tout le Collège : 285 élèves, des professeurs, des parents et des moines de l’Abbaye de Maredsous. Il faut mélanger les classes et les années, cela permettra un ou des moments de rencontre, d’échange et de partage. C’est donc le Collège entier qui laisse les lieux vides et part en pèlerinage.

Les parcours pédestres doivent être sécurisés. Heureusement, comme déjà dit plus haut, d’autres y ont pensé. Après un bref parcours en car, les pèlerins peuvent donc être déposés en cinq lieux et entamer leur pèlerinage pédestre.

Le temps de marche est aussi l’occasion de faire découvrir ou redécouvrir la figure de la Vierge Marie, l’histoire des apparitions, le message qui en ressort. Heureuse occasion de parler de la Vierge Marie, sous le beau titre de Notre-Dame au Cœur d’Or. Elle nous mène toujours vers le Christ.

Une occasion de rencontres vraies

Les groupes sont donc mêlés  : élèves des différentes classes et années, professeurs qui n’enseignent pas nécessairement dans leur classe, moines et parents qu’ils ne connaissent peu ou prou. Des échanges profonds peuvent naître : pourquoi la mort ? Que signifie-t-elle ? Quel avenir pour nous les

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jeunes ? Quel est votre bonheur ? Que veut dire avoir la foi ? Un moment plus libre pour parler de sujets non scolaires, pour se découvrir les uns les autres, d’un point de vue autre que celui de la vie quotidienne. Pour favoriser ces temps de rencontre, tout le monde a accepté de renoncer aux portables, aux iPods et autres. Un véritable défi.

Une occasion d’entraide

Marcher une quinzaine de kilomètres n’est pas nécessairement chose aisée pour tout le monde. Les plus forts sont invités à aider, à soutenir les plus faibles. Autant d’occasions de prêter attention à tout le monde, de créer un rythme de marche qui convienne à chacun : c’est important d’y penser.

Une occasion de célébrer et de prier

L’arrivée à Beauraing suppose un rassemblement final. Après un pique-nique restaurateur et pour conclure ce pèlerinage, la célébration d’une eucharistie rassemblera tout ce qui s’est dit, partagé et vécu tout au long de la route. Dans le cas précis qui nous occupe, cette eucharistie fut présidée par le Père Abbé de Maredsous, Dom Bernard Lorent. Célébrée dans l’église basse du sanctuaire, ponctuée de chants bien choisis et adaptés au public des jeunes, ponctuée même (incroyable mais vrai) de quelques minutes de silence, elle s’est révélée riche et vivante. Il faut bien le dire  : pareille célébration est quasi la seule à trouver place durant l’année scolaire, en rassemblant tous les élèves et professeurs, ainsi que quelques membres de la communauté des moines.

Et, comme traditionnellement à Beauraing, tous les participants se sont retrouvés ensuite à l’Aubépine, devant la statue de Notre-Dame au Cœur d’or. Moment de prière silencieuse pour confier à la prière de Marie toutes les intentions personnelles. Un ‘Je vous salue Marie’ les a comme résumées. Bel acte de foi …

Sur la route du retour, six cars se suivent pour ramener à bon port les pèlerins heureux de leur journée et de l’expérience qu’ils ont vécue. L’image elle-même de ces six cars, se suivant l’un l’autre, descendant vers la Meuse avant de remonter vers Maredsous a quelque chose de beau et d’émouvant.

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Faut-il conclure ?

Rien de tel que la pratique, dit-on. Rien de tel que d’avoir osé ce pèlerinage. La preuve est faite que c’est possible. La preuve est faite que les jeunes ne sont pas insensibles au message que Beauraing concrétise. Qu’on se le dise !

Mais tout doit être préparé. On peut être certain de bénéficier de l’accueil efficace du personnel qui est sur place, et tout particulièrement de l’accueil chaleureux du chapelain des Sanctuaires mariaux de Beauraing, l’abbé Chris Butaye. Faut-il le dire  ? Cela a grandement contribué à la réussite de ce pèlerinage. Donc, le Collège Saint-Benoît de Maredsous aura, en 2013, inauguré les ‘Routes de pèlerinage’ !

Cerise sur le gâteau : chaque participant a reçu un Diplôme du pèlerin. Beau souvenir de ce moment de foi et de rencontre.

P. François LEAR

Pour tous renseignements : beauraing.catho.be

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Un pèlerinage où la foi transpire

Le 29 avril, le Collège Saint-Benoît organisait la traditionnelle marche-pèlerinage. L’ensemble des élèves, accompagné de plusieurs de leurs professeurs et de moines de la communauté se sont rendus vers le sanctuaire marial de Beauraing, destination choisie cette année en raison de son jubilé : 80 ans ! Arrivés en cars à une douzaine de kilomètres du but, ils se sont élancés en groupes de tous âges sur les chemins fraîchement balisés par l’équipe d’accueil et d’animation pastorale des Sanctuaires.

Le ciel ne se chagrinant pas de leurs efforts, c’est sous un doux soleil, propice à la marche, qu’ils ont rejoint par vagues successives un espace en bordure du sanctuaire. Un repas pique-nique les y attendait. Jeunes et moins jeunes, une joie communicative sur le visage et dans un désordre apparent, pressaient le pas pour arriver auprès de la petite équipe du Père François Lear, de la familière camionnette rouge du Collège. Une soupe et une tartine en mains, tous ont ensuite pu prendre un moment de repos sous les arbres, reformant autant de cercles d’amis.

S’il était bienvenu de pouvoir se détendre un peu, nombreux étaient celles et ceux des élèves qui s’interrogeaient sur ce lieu de rassemblement. Curieux, ils anticipaient la suite de la journée. Les derniers groupes arrivèrent peu après 14 heures. L’invitation à rejoindre l’église basse du sanctuaire a été lancée. Là-bas s’ouvrait une eucharistie festive présidée par le Père Abbé Bernard Lorent, sous le signe de l’unité et de la fraternité. La jeune équipe pastorale de Beauraing y accueillait les élèves avec simplicité, souriant devant l’impressionnante assemblée.

Celle-ci, encadrée par les professeurs, y était attentive et la célébration exprimait le dynamisme de la journée elle-même. Que ce soit dans les chants qui ont permis de donner de la voix, ou dans l’homélie, tout donnait sens à ce pèlerinage. Les élèves ont été rappelés à leur responsabilité commune, montrée par l’attention de beaucoup aux plus jeunes lors de la marche, ainsi qu’à l’expérience de l’effort personnel, reflet de la pérégrination de toute vie. Invités à être une génération magnanime et enthousiaste, inspirée par la foi et l’exemple du Christ, tous ont enfin pu se rendre en

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cortège vers l’esplanade du sanctuaire, pour y clôturer la journée dans un moment de recueillement.

Espérons que les élèves en gardent, en plus de leur diplôme de pèlerin, un souvenir vivace et communicatif !

Fr. Jérôme SLANGEN

5ème Pèlerinage à Saint Benoît de Maredsous

Il y a un temps déjà, bien avant Vatican II, où Maredsous célébrait la Fête-Dieu par une procession avec la communauté des moines, des « marcheurs » de Fosses et un grand concours de fidèles. Récemment, on en vint à souhaiter marquer la fête de Saint Benoît, patron du monastère mais aussi, premier patron de l’Europe, par une célébration pontificale à l’église abbatiale et un pèlerinage préalable dans les environs immédiats de l’abbaye. Dès 8 heures, le P. Stéphane d’Oultremont a joué des pièces d’orgue qui incitent à la prière, pour accueillir tout le monde à 8h30. Dès lors, le P. Luc Moës a ouvert la journée par un petit mot qui inspire les pèlerins dans leur démarche. M. Christian Neyman, des « Djâles » d’Anhée, s’est mis en avant pour assurer le rythme convenable. Les pauses, à l’Abbaye de Maredret, à la chapelle Notre-Dame de Grâce, sise à Maredret (village), au RAVel ; enfin, au bout du tunnel de la SNCB de jadis, consistaient en un recueillement au cours duquel on a lu des sections du chapitre 4 de la Règle de Saint Benoît, un temps de silence et un Notre Père. Tous s’en sont félicités. Le parcours proprement dit du pèlerinage, en somme, à la base de la colline de Maredsous (Scrépia) a donc été bien apprécié par tous. La remontée de la colline au son du Bourdon inspirait le respect, la ferveur et la méditation. Dès lors, un pèlerinage ni trop long, ni trop court. Fort heureusement, le P. Abbé Bernard Lorent est venu sur le parvis à la rencontre des pèlerins les saluer, les accueillir, et la communauté, en tenue liturgique, y compris le clergé du Doyenné de Fosses, invité pour la circonstance, était groupée au fond de l’abbatiale d’où devait s’ébranler la longue procession, à 11h30.

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On remarquait discrètement dans l’assemblée des oblats de l’abbaye qui s’étaient libérés pour la circonstance. Cet événement en a convaincu plusieurs. Il a rallié l’agrément de tous, attachés à Maredsous, qui, il faut le rappeler ici, a pour devise significative : « In Viam Pacis », ‘En route vers la Paix’. Oui ! La Paix soit avec vous !

P. Luc MOËS

Des engagements à l’oblature

Liliane Marlier, Raymond Lugentz, Bertrand & Mélanie Godefroid, Sylvain Voussure ont émis leur promesse, le samedi 11 mai, à la crypte, à 15 heures, au cours d’une cérémonie recueillie que le Père Abbé Bernard Lorent avait accepté de présider. Le rituel a été spécialement composé pour la circonstance. Le P. Claude Thiran y a prévu les chants et la photocopie des feuilles. Les lectures : 1Sm 3, 1-10 ; Rm 8, 28-39 ; Jn 21, 15-25 avec une homélie personnelle du P. Abbé.

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Une litanie d’intentions dont, notamment, celle-ci :

Prions à l’intention des oblats de Maredsous, ceux qui nous ont précédés, ceux qui nous ont épaulés, ceux et celles qui sont en retrait, ceux et celles qui souffrent du grand âge ou de la maladie, ceux et celles qui ont participé à cette dernière retraite.

Prions pour nous-mêmes, qui que nous soyons, qui avons reçu pareil trésor et qui allons le transmettre puisqu’il passe par nous, en ouvrant des portes, en renversant des murs, en lançant des ponts, en tissant des liens.

Prions pour nos parents, pour nos amies et amis, vifs ou défunts, qui nous ont donné la vie, qui l’ont épanouie, dont notre mémoire est marquée à jamais. Pour ceux et celles qui auraient aimé nous connaître davantage pour accéder à plus d’amour et d’amitié.

Ensuite, la lecture et la signature successives de la charte et la remise à chacun de la médaille par le P. Abbé. Le chant du « Notre Père ».

Après la cérémonie, les oblats, leurs amis et les invités, quelques membres de la communauté se sont rassemblés au grand réfectoire monastique pour le partage d’un goûter joyeux, abondant et savoureux.

***

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« Allons à la montagne pour prier »

À l’initiative du noviciat, le samedi 8 juin, dès 8h30, de jeunes amis, revêtus d’un T-shirt rouge, accueillaient les volontaires sur l’esplanade pour les introduire à l’église abbatiale. À 9 heures, le groupe « Famille Marie-Jeunesse », de Ciney, ouvrait la journée par des chants et une animation musicale.

À 9h30, l’entrée solennelle de l’évangéliaire, suivi de la communauté. Tous entourent l’autel aménagé au bas des marches du grand escalier, pour plus de proximité et de visibilité. On chante ensemble les Laudes selon un schéma propre à ce rassemblement. On a distribué des livrets « Magnificat ».

À partir de l0 heures, pendant une bonne heure, un panel avec deux intervenants  : Régis Burnet, professeur du Nouveau Testament à l’UCL. Il présente l’expérience de la prière de Jésus dans l’évangile de Luc. Le Fr. Dominique Collin, op., de Liège, donne ensuite une parole libre sur la prière. Les jeunes récoltent, dans l’assemblée, des billets de questions qu’ils soumettent à Christine Bolinne, journaliste. Celle-ci les propose aux intervenants. Quand 12 heures sonnent, tous célèbrent l’Eucharistie que le P. Abbé Bernard Lorent préside. Il souligne le caractère personnel de la démarche. De plus, on y est venu non tant pour parler de la prière mais pour prier. En effet, on prend le temps de se taire et de prier silencieusement, comme il arrive durant cette journée. En somme, on célèbre une « Messe qui prend son temps ».

Autour de 13h30, une pause encore pour un repas pique-nique sur l’esplanade ensoleillée. Il est judicieusement organisé et présenté par le Centre d’Accueil. À 14h45, un temps de « lectio divina » dans l’église abbatiale à partir des textes de l’Évangile approfondis dans la matinée. Elle est animée par le P. Jean-Daniel Mischler, entrecoupée de refrains chantés et des temps de silence.

Un chacun avait reçu un livret « Magnificat », au dos duquel on avait apposé un numéro. Tous ont pu ainsi se rassembler dans l’abbatiale en 9 petits groupes animés par un moine. Partage et témoignage.

Vers 16 heures, on clôture la journée par les Vêpres. Avant de donner sa bénédiction et prendre congé de l’assemblée, le P. Abbé Bernard Lorent remercie ceux grâce à qui tous ont passé une réelle journée de prière. Parmi les deux bonnes centaines de participants, plusieurs ont souhaité qu’elle soit encore organisée, une autre année.

La rédaction

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Au Collège Saint-Benoît

Soirée européenne

Conférence-débat avec Anne Delvaux

C’est dans l’illustre salle du chapitre de l’abbaye qu’a eu lieu le mardi 7 mai la désormais traditionnelle conférence-débat organisée par Madame Mergeai et les élèves de Rhétorique. L’invitée, cette année, était la députée européenne, Madame Anne Delvaux, siégeant au sein du groupe PPE. Celle qui fut la présentatrice du journal télévisé de la RTBF a répondu sans langue de bois aux questions des rhétoriciens pendant près de deux heures.

Les questions, concernant principalement l’Europe et ses rapports avec l’Afrique, se sont vues attribuer des réponses claires et étayées d’exemples concrets traduisant l’accessibilité et l’expérience de terrain de la députée. Cette expérience se révéla utile dans des missions comme celle qui fut la sienne lors des dernières élections en République Démocratique du Congo en 2011 où l’Europe jouait un rôle d’observateur. Mme Delvaux a rappelé, à cette occasion, l’importance de ce scrutin et les dangers d’ingérence qui guettent toujours les observateurs étrangers.

Dénonçant l’influence des ‘lobbies’ du tabac, ainsi que ceux de l’industrie pharmaceutique et alimentaire, elle a invité à relativiser leur pouvoir et a affirmé ne pas être à leur service en tant que politicienne. Tout au long de la soirée, elle a su réaffirmer sa foi en l’Europe ainsi que son souci de la faire connaître et de la défendre en rappelant « que l’on reproche souvent à l’Europe ce dont elle n’est pas responsable », notamment au sujet de la sidérurgie ou de l’industrie en général, secteurs qui dépendent des compétences des États membres et non de l’Europe.

Néanmoins, son regard très critique envers l’Europe, ses dysfonctionnements et ses faiblesses, fut particulièrement remarqué. S’exprimant au sujet de l’élargissement et de la politique européenne de voisinage, la parlementaire s’est montrée très concernée par les problématiques d’aide au développement, de respect des droits de l’Homme et d’identité européenne.

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Anne Delvaux, malgré sa conscience des maux de l’Europe, affiche un optimisme évident en l’Union Européenne, même s’il faut laisser à celle-ci le temps de se construire car c’est une communauté encore très jeune à l’échelle mondiale. Enfin, un mot plein d’humour du Père Abbé Bernard Lorent clôtura le débat et les convives discutèrent ensuite dans une ambiance plus détendue autour d’une bonne « Maredsous ».

Édouard GAVRILOAIA, Pierre AMORY et Waldo RAINERI

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Retraite de M. Hosselet

Allocution de M. Emmanuel Dewandre, Directeur du Collège Au centre de la réception de ce soir, vous le savez, il y a Michel, M. Hosselet. Michel doit nous quitter. On ne peut donc pas lui en vouloir d’avoir la mauvaise idée de nous quitter. Il doit nous quitter, c’est une obligation légale. Il a atteint l’âge canonique de l’éméritat. Plus de 40 ans au service de la même institution, c’est exceptionnel. À la suite des Schodts, Echement, Crespin, Lusignan, cher Michel, tu seras probablement le dernier à avoir assuré une carrière aussi longue et aussi constante en termes de qualité. Et quand je pense que, lorsque tu as atteint l’âge de 55 ans, j’ai eu l’audace ou la maladresse de te demander si tu comptais prendre une DPPR (Disponibilité pour convenances personnelles Précédant la Pension de Retraite), c’est l’expression de ton visage qui m’a fait comprendre que j’avais raté l’occasion de me taire. Donc tu dois nous quitter. Ce qui voudrait dire que tu serais prêt à poursuivre ? Non, cela, je ne le crois pas. Il y a un temps pour tout, et maintenant pour toi, c’est un autre temps. J’ai donc évoqué la constance de ta carrière en terme de qualité : je me souviens du début des années 1980, alors que jeune professeur je montrais un certain stress au vu de ce que les programmes imposaient en terme de quantité de matières, tu avais l’habitude de me dire : « Il faut décanter  ! » ‘Décanter’, c’était ton mot. Tu voulais dire qu’il faut avoir une certaine hauteur de vue pour discerner ce qui est essentiel de ce qui est secondaire, voire accessoire, pour former les jeunes qu’on a en face de soi selon telle ou telle discipline. Un regard pédagogique intelligent et généreux parce que ‘décanté’, ça demande beaucoup de travail, un travail qui est toujours à refaire, à peaufiner. C’est pourquoi je me souviens, quand tu assistais à une réunion d’anciens, de la question qui revenait évidemment et qui t’agaçait au plus haut point, c’est la suivante  : « M. Hosselet, vous êtes toujours professeur de mathématiques à Maredsous, en 5ème et 6ème ? » Et toi, tu avais envie de répondre : « Foutez-moi la paix avec cette question stupide ! Bien sûr, je suis toujours à Maredsous, d’abord, parce que j’aime mon métier,

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j’aime enseigner les mathématiques (et non pas la mathématique !). Tout ça exige un travail pédagogique d’une infinie subtilité, ça ne s’improvise pas. »

Au fond ta passion des ‘math’ c’est aussi ta passion de l’enseignement des ‘math’. Pour toi chaque heure de cours a représenté une sorte de challenge : arriver à faire passer des contenus complexes et plutôt abstraits à des jeunes ; et par la même occasion creuser ta propre compréhension des mathématiques ou plutôt des mécanismes intellectuels à mettre en œuvre pour comprendre telle ou telle démonstration. Et c’est là peut-être le secret de la constance de ta motivation pour le métier de professeur de mathématiques.

Et puis il a fallu t’adapter au public qui change ! Et Dieu sait si le public des jeunes et des parents a changé depuis 42 ans. Et les programmes ont aussi changé, depuis la méthode Papy ( ! ), que de changements parfois à 180 degrés ! Et ces différents programmes que tu as vus défiler au cours de ta carrière, il t’a fallu à chaque fois les laisser décanter ... pour te les approprier finement ...

Décanter, vous savez qu’il faut laisser décanter les bon vins, les crus exceptionnels, et bien le cru Michel Hosselet est un cru exceptionnel que l’on peut maintenant laisser décanter, reposer, s’oxygéner, s’épanouir auprès des siens dans une nouvelle vie. C’est pourquoi je me permets de t’offrir au nom de l’institution un cadeau pour précisément t’aider à t’oxygéner …

Du Père Abbé Bernard Lorent

Je n’avais pas prévu de prendre la parole, ce soir, mais je le fais bien volontiers, brièvement. La première qualité dont nous avons bénéficié durant plus de quarante ans, c’est la ponctualité. Chaque matin, par tous les temps, je vois passer sous mes fenêtres une silhouette un peu trapue, mallette à la main, se dirigeant vers le Collège. C’est Monsieur Hosselet, Michel. Non seulement, il sera à l’heure pour commencer le cours, mais il sera avant l’heure, bien à temps. Aussi, si je pouvais l’engager maintenant à l’abbaye, je le ferais immédiatement. Non pas pour enseigner les mathématiques, mais pour apprendre à certains moines d’arriver à temps quand la communauté se réunit.

Autre qualité que je voudrais souligner, c’est la conscience profession-nelle. Pour Michel Hosselet, chaque cours est un nouveau cours. Il faut

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donc le préparer et le donner comme si c’était la première fois. Non pas « comme si », mais parce que c’était chaque fois la première fois. Les élèves ne s’y sont jamais trompés, qui ont reçu en Michel Hosselet un professeur jamais blasé, toujours au fait de sa matière et la partageant avec une com-pétence constamment renouvelée, et partant, constamment nouvelle.

Merci, Michel ! Et merci à ton épouse : on la devine facilement toujours à tes côtés durant cette longue carrière. Merci donc à tous deux.

Du P. Abbé Nicolas Dayez

Cher Monsieur Hosselet, je me sens un peu rattrapé par mon passé, comme on dit aujourd’hui. Puisque je figure parmi ceux qui vous ont vu arriver voici 42 ans. 42 : c’est un chiffre très biblique. Le livre de l’Apocalypse parle d’une Bête devant laquelle tout le monde se pâme d’admiration et à qui on donne la faculté de sévir pendant 42 mois. Dans votre cas, c’est non pas sévir, mais servir pendant 42 ans.

Je pense que c’est devenu rarissime qu’un enseignant fasse une carrière complète dans le même établissement. Et pour nous moines, c’est une formidable leçon de stabilité, cette vertu que nous promettons de garder le jour où nous prononçons nos vœux.

Une leçon aussi d’humilité. Les chiffres sont ce qu’ils sont et il faut les considérer humblement. Nous, les moines, nous ne sommes pas toujours humbles devant les chiffres, surtout quand nous faisons des comptes  ! Merci donc d’avoir été pendant ces 42 ans l’humble bénédictin que nous essayons d’être.

Et, comme l’on sait, depuis Galilée, c’est bien connu  : le monde s’écrit en mathématiques. Volontiers ou non, nous vivons et pensons en elles et par elles. Nous sommes devenus leurs prêtres, leurs lévites, leurs desservants. Former les élèves à ce monde, c’est les préparer à y entrer aujourd’hui et surtout demain. Cependant, il n’y a pas moyen de mesurer mathématiquement ces 42 années pendant lesquelles, patiemment, vous avez ainsi préparé des générations d’élèves. Ils ne sont pas là pour vous dire merci, aujourd’hui, mais je le dis volontiers en leur nom.

Il me reste à vous souhaiter de bien choisir le symbolisme biblique qui chiffrera votre retraite. Faites attention : c’est le plus difficile à calculer !

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Anciens élèves

Entre challenge et ambition

De façon toute soviétique, j’ai reçu le grand honneur d’être désigné candidat officiel à la succession des 15 ans de présidence du Comité des Anciens, de Xavier Desclée de Maredsous, lors du 125ème anniversaire du Collège Saint-Benoît. Dans la foulée, ma « désignation » a été entérinée par les Anciens, réunis en assemblée plénière ... au milieu des bois ! Aujourd’hui, six ans plus tard, quelle est notre action  ? Quels sont nos objectifs au sein du Comité des Anciens ? Nous, Anciens du Collège, nous estimons chanceux d’avoir suivi, en tout ou en partie, le cursus scolaire, à l’ombre des deux tours. Celui-ci, tout imprégné de tradition bénédictine, s’inscrit dans une longue histoire peu commune, à laquelle tout élève est fier d’appartenir, mais aussi fier de pouvoir y inscrire ses propres pages. Loin d’être un rassemblement des plus grands parmi les nostalgiques, le Comité des Anciens rassemble autour du Père Abbé Bernard Lorent, du Père Christian van Zeebroeck et de M. Emmanuel Dewandre, Recteur, une douzaine de membres sortis de rhétorique, entre les années 1960 et 2000. Ayant il y a peu accueilli la première représentante des Anciennes, ce Conseil se réunit à Maredsous 3 à 4 fois par an pour ses travaux ordinaires et il organise une réunion plénière, un printemps sur deux. Celle-ci a rassemblé de 80 à 400 anciens. La motivation des membres du Comité est principalement liée à l’attachement fort que nous avons pour Maredsous, nous en sommes les premiers ambassadeurs. Certains sont également membres du Comité des Parents alors que d’autres n’ont pas encore d’enfants. Nous représentons un organe consultatif, garant de la tradition, pour les grandes questions d’avenir du Collège. En plus d’idées et de réflexions sur le fond, nous apportons, le cas échéant, compétences professionnelles, réseaux et même financement. De plus, chaque année, lors de la remise des diplômes des rhétoriciens, le Comité remet le « Prix des Anciens », basé sur le modèle de l’ « Abbot Cup » de Glenstal, en Irlande. Ce prix a l’originalité de récompenser non l’académisme mais « l’esprit de Maredsous », concept que plusieurs générations d’élèves défendent sans pour autant être capables de le définir ... En outre, un cadeau important en numéraire est destiné à développer un projet personnel. De

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surcroît, enfin, une coupe, réalisée en étain du Rwanda par les artisans de Gihindamuyaga, symbolise physiquement son ancrage.

Depuis sa création, le Collège a pu compter, pour son développement, sur un généreux soutien des amis de Maredsous et des Anciens de l’École Abbatiale. Ceux-ci ont permis la réalisation de nombreux projets : les vitraux de la chapelle de l’École, le hall omnisports, un bâtiment de 4 classes, la nouvelle scène de théâtre, etc., mais aussi, avec des souscriptions plus larges, le cloître extérieur (les arcades de l’esplanade) et le bourdon de l’église abbatiale. Fruit d’un besoin de structuration et de pérennisation de ses activités caritatives ainsi que de celles de l’abbaye, nous avons assisté la création et le financement de « La Fondation Maredsous » sous le patronage, l’expertise et le contrôle de « La Fondation Roi Baudouin ». De ce fait, nous faisons bénéficier à l’ensemble du Plateau maredsolien d’un soutien technique et structurel ainsi que de l’obtention de la déduction fiscale pour tous les dons. Par-là, nous contribuons à la pérennisation d’une source de financement majeure, à la garantie de gestion des capitaux reçus par l’application des règles contraignantes et au contrôle des demandes de dépenses. Jamais, depuis sa création, le Collège Saint-Benoît n’avait dû faire face à un tel challenge. Nous sommes heureux et fiers de pouvoir assister l’abbaye et le rectorat à relever le défi de l’entrée en fanfare de l’internat dans le 21ème siècle. En effet, nous contribuons à la transformation de l’aile Nord de la cour vitrée en aile de logement, soit 120 nouvelles chambres, respectant les strictes normes actuelles de sécurité incendie, … Le chantier, pouvant durer jusqu’à trois ans, tire parti des compétences d’architectes, d’avocats, de promoteurs, de financiers... ayant usé leur flanelle sur les bancs de Maredsous ! Il nous paraît exemplaire de rendre à l’École Abbatiale, alias aujourd’hui, le Collège Saint-Benoît, ce qu’elle nous a donné.

Remise du Prix des Anciens

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Inauguration des 4 classes offertes par les Anciens et Amis de Maredsous, le 7 septembre 2008

Alors que, même sur le Plateau maredsolien, la crise se fait sentir, les projets de soutien n’ont jamais été aussi nombreux. Force est de constater qu’ainsi un attachement puissant se manifeste, de mille manières nouvelles et originales. Les défis sont nombreux. Multiplier, diversifier, s’assurer des sources de revenus représente une tâche importante, difficile et délicate ! Mais il ne se passe plus un mois sans que spontanément des Anciens n’abordent le Comité des Anciens pour lui soumettre une idée ou un projet nouveau. Le panel est large, l’envie est énorme : se rassembler autour de Maredsous, se rassembler en Maredsous. Rien que cette année, nous pouvons citer qu’en chantier, se trouvent un tournoi de golf, un rallye automobile, une soirée événementielle de networking, un cycle de conférences ‘business’, la création d’une antenne des Anciens à Kinshasa, en plus des réunions annuelles de classes et des déjeuners mensuels, les derniers vendredis du mois !

Nous constatons que le centre de gravité géographique change, en se rapprochant de Bruxelles, mais loin de nous inquiéter nous y trouvons une source de réjouissance : n’est-ce pas là le principe même de l’essaimage, qui fit que Maredsous fut en son temps ce qu’il est, là où il est ? Nous y voyons la confirmation que l’esprit de Maredsous est et reste moderne, qu’il fédère, qu’il attire ... ‘Nunc et semper’ , disaient-ils !

Tanguy PHILIPPART DE FOY

Président du Comité des Anciens

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Petite chronique de l’abbaye

Avril 2013

Samedi 27 : Le P. Abbé Bernard Lorent célèbre plusieurs baptêmes à l’hôtellerie. Le P. Ignace Baise à Leuven, en fin de journée, à la messe célébrée à la mémoire de la mère du Fr. Frank Bayong. Le Fr. Jérôme Slangen prend sa journée de « désert ». À l’hôtellerie : récollection de la Confrérie de la Miséricorde (Mons) avec le P. Jean-Daniel Mischler. Dimanche 28 : Le P. Christian van Zeebroeck à Temploux, pour le baptême de Clément Coucharière.

Lundi 29 : Du Collège, le pèlerinage pédestre à Beauraing, organisé par le P. François Lear. Le P. Abbé Bernard Lorent, le Fr. Thierry de Béthune, le P. Ignace Baise, les Frères Kamya Christopher Lukwago et Jérôme Slangen y participent à pied ou en voiture (voir les notes).

Mai 2013

Mercredi 1er : Les Pères Christian van Zeebroeck et Claude Thiran vont à Upignac, aux noces de diamant de M. et Mme Michel Simonart. Le P. Nicolas Dayez, chez les Bénédictines de Rixensart. Samedi 4 : Le P. Abbé Bernard Lorent, à Bruges en fin d’après-midi. À l’hôtellerie : 6ème rencontre de l’École de Vie Spirituelle (EVS) : « Veillez ! Il rôde ! Tenez fermes dans la foi ! », avec Sœur Marie-Adèle Verheecker (Charleroi). Le P. François Lear anime une retraite à Maredsous, avec le logement du groupe à l’extérieur.

Mardi 7 : À 18 h, dans le cadre du cours de géographie, Mme Isabelle Mergeai reçoit Madame Anne Delvaux, députée européenne (PPE) à l’abbaye [Voir la note]. L’apéritif s’est pris dans le cloître ouest et le repas, au réfectoire de la communauté. La conférence s’est tenue à la salle du chapitre et l’échange-rencontre qui a suivi, à la salle de communauté. Mercredi 8 : Les oblats et des volontaires se réunissent à l’hôtellerie, du mercredi soir au samedi midi, pour une retraite. Elle est prêchée par le P. Nicolas Dayez, sur le thème : « Qui, en quoi et comment la Règle

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de Saint Benoît engage-t-elle ? » Samedi 11 : L’engagement de cinq oblats [Voir la note]. À l’hôtellerie, le P. François Lear anime durant le week-end une retraite de confirmation pour des enfants des paroisses de Lillois, Braine-le-Château et Saint-Jacques de Liège. Au Camp, le Fr. Thierry de Béthune accueille trois groupes.

Lundi 13 : Mme Antoinette Vigreux emporte des doubles de la biblio-thèque pour en reconstituer une, à Port-au-Prince, en Haïti. Vendre-di 17 : À l’hôtellerie, du 17 au 20, retraite d’adolescents et adultes de l’Église orthodoxe roumaine. Le soir, le P. Abbé Bernard Lorent et le P. François Lear prennent part, pour le collège, au repas du Comité des Parents.

Lundi 20 [Lundi de Pentecôte] : Le P. Abbé Bernard Lorent partage l’eucharistie et le repas à Foy Notre-Dame. À l’eucharistie, un groupe d’enfants du catéchisme (1ère année) de la paroisse de Sauvenière (Gembloux). Le P. Ignace Baise les accompagne ensuite. Mardi 21 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend à Ciney, à une réunion de la COREB (Conférence des Religieux en Belgique). Mercredi 22 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend à Marche, l’après-midi, à une réunion de la CODIEC Namur-Luxembourg. Le P. Jean-Marie Karangwa se rend aux USA (Ohio). Jeudi 23 : À 17 heures, une rencontre avec Alain Siaens, à la Maison des Écritures. La confection de son livre « Le Verbe s’est fait image » y a, en effet, été achevée. Elle a donné l’occasion d’un montage d’une exposition. Vendredi 24 : À l’hôtellerie, aujourd’hui et demain, l’Association «Architectes-bâtisseurs» tient un séminaire. Samedi 25 : Durant le week-end, « Jardinature » au Centre d’Accueil. Au Collège : présentation des travaux de fin d’études. Plusieurs membres de la communauté sont membres du jury. Dimanche 26 : Au Collège Saint-Benoît : réunion complète, hormis un compagnon retenu à l’étranger, de la rhétorique 1954, avec le Fr. R.-Ferdinand Poswick.

Mardi 28 : Une quarantaine de personnes en provenance du doyenné de Bruxelles-Sud participent à l’eucharistie. Le P. Maurice Bogaert va à Leuven entendre une conférence de François Dolbeau et participer à une soutenance de thèse de Shari Boodts, sur les Sermons de S. Augustin. Jusque vendredi, le P. Jean-Albert Dumoulin, de

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Wavreumont, séjourne au monastère. Mercredi 29 : Plusieurs élèves reçoivent au Collège le sacrement de Confirmation, à 15 heures. Jeudi 30 : Le Fr. R.-Ferdinand Poswick réunit les membres du Réseau de Préservation des Patrimoines Informatiques. Vendredi 31 : Le groupe « Interligne » organise à l’hôtellerie un stage de calligraphie, au cours du week-end. Le P. Jean-Daniel Mischler, avec les Frères Kamya Christopher Lukwago et Jérôme Slangen, participent, au monastère Notre-Dame d’Ermeton-sur-Biert, à une réunion de jeunes religieux, à l’initiative de la COREB (Conférence des Religieux en Belgique).

Juin 2013

Lundi 3 : Le soir, le Pouvoir Organisateur du Collège se réunit. À l’hôtellerie, un groupe de l’Arche de Lanza del Vasto séjourne jusqu’à mercredi. Mademoiselle Jacqueline Allet de la ‘Cella Saints-Pierre-et-Paul-de-Pépiole’, Toulon-Six-Fours. En milieu de journée, une rencontre, avec l’œuvre Belgo-Colombienne de l’Enfance. Jeudi 6 : Le P. Jean-Daniel Mischler accompagne un groupe de prêtres du Namurois, à Tournai. En fin de journée, le P. Christian van Zeebroeck rejoint Grez-Doiceau où l’on prépare le Colloque sur l’humanisme, qui se tiendra à Maredsous, en 2014. Vendredi 7 : L’après-midi, le P. Maurice Bogaert participe, à l’Hôtel de Ville d’Arlon, à une séance commémorative de Pierre Kieffer, ancien membre de la Commission pour les relations entre juifs et chrétiens. Il y prend la parole. Jusqu’au dimanche 9, un groupe de Metz, conduit par M. Guy Ottenwaelter, participe à la journée de prière du lendemain, ainsi qu’un groupe de catéchistes de Bruxelles. Les jeunes qui ont participé au Pèlerinage « Sur les traces de saint Benoît » font de même. Samedi 8 : La journée rassemble donc des volontaires de partout sur le thème : « Allons à la montagne pour prier ». Une initiative du noviciat. (Voir la note). Au Collège, les élèves peuvent y rester en week-end. Le P. François Lear surveille, la nuit. Dimanche 9 : Le Fr. R.-Ferdinand Poswick prend part à une réunion anniversaire des Bibliophiles liégeois. À l’hôtellerie, jusqu’à mardi, des Impétrants de l’Ordre du Saint-Sépulcre tiennent une retraite.

Mardi 11 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend à Namur l’après-midi pour une réunion de la Société Patrimoniale des Bâtiments Scolaires

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du diocèse de Namur. Jeudi 13 : L’après-midi, dans le cadre du cours d’histoire monastique, le P. Daniel Misonne visite l’abbaye de Brogne (Saint-Gérard), avec les Frères Kamya Christopher Lukwago et Jérôme Slangen. Le P. Christian van Zeebroeck participe à une Assemblée Générale du Développement Local, à Anhée. Le soir, à la Librairie Papyrus de Namur, le P. Luc Moës présente le dernier recueil poétique de Michel Ducobu. Vendredi 14 : Des Sœurs de Minsk rendent visite, alors qu’elles sont en concert dans la région. Samedi 15 : C’est la fête patronale et l’anniversaire du Père Abbé Bernard Lorent qui confère un baptême à Bois-Seigneur-Isaac. La Croix-Rouge remet diverses médailles aux donneurs de sang du Collège Saint-Benoît. À l’hôtellerie, pour la nuit, un groupe de cyclistes bruxellois avec leur aumônier.

Lundi 17 : Les responsables de la certification forestière viennent visiter nos bois. Ils repartent satisfaits. Mardi 18 : À l’hôtellerie, un groupe de la pastorale des jeunes pour vingt-quatre heures. Le P. François Lear reçoit l’Ensemble S.-Luc, en fonction d’une Journée des jeunes de Cambrai. Des prêtres de Huy, en visite, concélèbrent à l’eucharistie. Comme généralement, le mardi, le P. Maurice Bogaert se rend à Louvain-la-Neuve. Le P. Claude Thiran participe à la séance des délibérations au Séminaire de Namur où le Fr. Jean-Claude Nikoba-tuye a passé une année. Mercredi 19 : Au Collège Saint-Benoît, c’est le départ en vacances, en fin de matinée, après les délibérations. Le P. José-Willibald Michaux part se reposer au Touquet, jusqu’au mer-credi 26. Jeudi 20 : Le P. Christian van Zeebroeck va le soir à Tervuren pour une réunion de la rhétorique (1978). Le P. Jean-Daniel Mischler prêche chez les Sœurs de Saint-Paul, à Fribourg (Suisse). Il confère un baptême en famille et assure une prédication à Porrentruy. Il en revient, le 2 juillet. Le P. Claude Thiran participe à un dîner offert à la Chorale ‘Arioso’, à Namur. Le Fr. Éric de Borchgrave se rend à un examen médical, à la Clinique Sainte-Élisabeth à Namur. Vendre-di 21 : Le Collège Saint-Benoît tient ses délibérations. Le soir, on y re-met les bulletins aux rhétoriciens et on partage un souper d’adieu. Le P. Abbé Bernard Lorent part à Florence pour un mariage à San Minia-to, le lendemain. Samedi 22 : Les oblats offrent une Journée « Portes ouvertes » aux curieux et aux intéressés. Un groupe d’une quinzaine

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de personnes du Nord de la France passe la nuit à l’hôtellerie. Le Fr. Jérôme Slangen prend une journée de « désert ». Les vêpres et les offices sont célébrés à nouveau dans l’église abbatiale.

Mardi 25 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend à Bruxelles pour une réunion de la COREB (Conférence des Religieux et Religieuses en Belgique). Le P. Christian van Zeebroeck à Gand. Le P. François Lear, le soir, au souper de fin d’année du Lycée Molière. Au Collège, on remet les bulletins. Mercredi 26 : Au Collège encore, des réunions pédagogiques durant la journée ; le soir, professeurs et éducateurs partagent un repas festif. On y célèbre la mise à la retraite de M. Michel Hosselet, après 42 ans d’enseignement à Maredsous. (Voir la note). Vendredi 28 : À l’hôtellerie, deux groupes : « Interligne » pour un stage de calligraphie et « La voie du saule pleureur », un groupe de méditation pratiquant le Taï Chi.

Juillet 2013

Samedi 6 : On s’affaire le long de la Molignée pour une juste gestion de la balsamine de l’Himalaya ! Le Fr. Éric de Borchgrave rejoint des proches à l’abbaye de Rochefort pour une partie de la journée. Dimanche 7 : À l’hôtellerie, du dimanche 7 au samedi 13, Madame Astride Hild organise une retraite où l’on peint des icônes, selon le thème « Chemin de foi / Eucharistie ». Le P. Christian van Zeebroeck, ancien Recteur du Collège Saint-Benoît, participe à une réunion de compagnons de rhétorique (1992), à Arbre.

Lundi 8 : Le soir, le P. Stéphane d’Oultremont participe à un concert privé à Leuven. Mardi 9 : En fin de journée, à 17 heures, M. Thomas Coomans donne une conférence sur la partie chinoise de l’œuvre du P. Adelbert Gresnigt. On lira son article dans ce numéro. Mercredi 10 : Dès aujourd’hui jusqu’au 10 août, à l’église abbatiale, une exposition « Ils virent et ils crurent », dans le cadre de l’Année de la foi. Elle est due à l’Organisation « Communion et Libération ». Jeudi 11 : La Fête de saint Benoît, premier patron de l’Europe, avec son 5ème pèlerinage. Depuis l’Eucharistie, réception des prêtres proches de l’abbaye. Vendredi 12 : En matinée, le P. Abbé Bernard Lorent se rend à Keur-

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Moussa (Sénégal) pour la fin de l’année jubilaire dudit monastère et pour des ordinations sacerdotales. Le P. Jean-Daniel Mischler se rend en Suisse pour y célébrer un mariage. Le Fr. R.-Ferdinand Poswick gagne Bastogne, au Musée Piconrue. Samedi 13 : La saison du Festival Mosan débute normalement à Maredsous. À 17 heures, à l’abbatiale donc, les « Orthodox Singers » de Tallin, en Estonie, produisent des chants orthodoxes russes. Dimanche 14 : En fin d’après-midi, le P. François Lear célèbre une eucharistie à la mémoire de Constantin de Failly, ancien du Collège Saint-Benoît.

Lundi 15 : Le P. Nicolas Dayez séjourne chez les Bénédictines d’Oriocourt jusqu’au jeudi 18. Le P. Ignace Baise et le Fr. Jérôme Slangen prennent part au deuil paternel de Daphné Defacq, leur collaboratrice à la bibliothèque. Jusqu’au jeudi 18, le Fr. Jérôme Slangen suit, à Ermeton, la session de liturgie donnée par le P. Benoît-Marie Solaberrieta, moine de Belloc. Mardi 16 : Le P. Luc Moës compte 46 ans de sacerdoce. Il passe la soirée à Gerpinnes. Le P. Maurice Bogaert et le Fr. R.-Ferdinand Poswick participent à la première des Journées bibliques de Leuven. Le Fr. Thierry de Béthune séjourne quarante-huit heures à Marke, chez sa belle-sœur. Jeudi 18 : Le P. Abbé Bernard Lorent se rend en Autriche pour y célébrer un mariage. Le P. Jean-Marie Karangwa rencontre un groupe de pèlerins américains à Bruxelles, l’après-midi. Vendredi 19 : Le P. Stéphane d’Oultremont assiste à un concert de Benoît Mernier, à La Roche. Le Fr. André Fontaine passe un séjour à l’abbaye d’Orval alors que s’y rassemblent des « Jeunes en prière », à l’occasion des JMJ de Rio. Samedi 20 : À l’hôtellerie, un groupe de randonneurs « Archeolo-J ». Dimanche 21 : L’abdication du Roi Albert II et la prestation de serment du Roi Philippe. Le P. Stéphane d’Oultremont donne un récital à la Collégiale de Dinant, à 16 h 30. Le Fr. Kamya Christopher Lukwago rend visite à sa famille en Ouganda.

Lundi 22 : Le P. François Lear, catéchète des enfants, participe à la ses-sion du Renouveau à Koekelberg. Vendredi 26 : Le Fr. R.-Ferdinand Poswick séjourne à Malestroit jusqu’à ce qu’il tienne la 100 ème réu-nion du Groupe 8/10, le lundi 29. Samedi 27 : Dans l’après-midi, le P. Abbé Bernard Lorent préside la célébration du mariage de

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Guillaume Desclée de Maredsous et Costanza Valentini di Laviano. De leur côté, les oblats ont leur journée vacancière et culturelle. D’abord, au monastère de Scourmont où le P. Abbé Armand Veilleux leur donne une information circonstanciée sur les laïcs cisterciens, les invitant ensuite à un repas fraternel. Ils gagnent ensuite la Collégiale, le château de Chimay pour célébrer enfin les Vêpres chez les Trappistines, suivies d’un souper tout aussi fraternel. Dimanche 28 : Dans la journée, le P. Jean-Daniel Mischler célèbre une messe pour des scouts à War-nant. Le soir, les Pères François Lear et Ignace Baise se rendent chez leurs amis de Sirault.

Lundi 29 : Le P. Abbé Bernard Lorent descend à Pépiole jusqu’au 3 août où le P. Claude Thiran prend des vacances jusqu’au 13 août. Mercredi 31 : Le Fr. Éric de Borchgrave fait son excursion annuelle avec Éric Trekkels : à Lens, au Louvre du Nord.

Août 2013

Jeudi 1er : Le P. Luc Moës se rend, en milieu de journée, chez des amis à Hastière-par-delà. Le Fr. Éloi Merry se rend à Arlon pour ramener des films d’archives numérisés. Vendredi 2 : À l’hôtellerie, Claude Bailly accueille un groupe de marche et de yoga. Le P. François Lear participe à une pendaison de crémaillère, le soir, chez un professeur du Collège. Le Fr. Benoît Thibaut passe le week-end à Beauraing pour la session annuelle du Renouveau. Samedi 3 : Le P. Stéphane d’Oultremont bénira, à Ittre, le mariage d’Antoine de Kettenis et Mathilde de Schoutheete.

Lundi 5 : À l’hôtellerie, le P. Jean-Daniel Mischler prêche une retraite, en forme de « lectio divina », de méditation, de prière silencieuse sur le discours d’adieu de Jésus dans l’évangile de saint Jean. Mardi 6 : Le P. Daniel Misonne subit, à l’œil gauche, l’opération de la cataracte. Mercredi 7 : Le Fr. Thierry de Béthune se rend à Clerlande voir son frère, le P. Pierre de Béthune. Ils vont à Aix-la-Chapelle y admirer la restauration d’une fresque de leur arrière-grand-père.

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Au Centre d’Accueil, le samedi 21 septembre 2013, à 9h30,

la 6ème Journée interreligieuse sur le thème  : « Le respect mutuel » avec M. Paul-R. Dahan sur les identités, M. Michel Gheude sur le communautarisme. En après-midi, le témoignage de M. Hassan Jarfi, suivi de libres échanges avec M. Joseph Fléron, modérateur. Inscription : 082 69 82 60, [email protected], paf : 10 €. Au temps de midi  : petite restauration libre. Gps  : 5537 - Denée, Rue de Maredsous, 10. Descendre jusqu’à l’indication « Maredsous », sur la droite.

À l’Abbaye de Maredsous, en la fête du Bienheureux Columba Marmion & Saint Gérard de Brogne, le mercredi 2 octobre 2013 de 13h30 à 17h30, les moines de Maredsous invitent à nouveau les jeunes de 8 à 12 ans, accompagnés ou non de leur(s) catéchiste(s), de leurs parents, de leurs proches, à la 13 ème Fête de la Foi sur le

thème : « Avec saint Benoît, écoute le Seigneur, … ! ». L’anima-tion sera clôturée par une veillée de prière, dans l’église abbatiale. Les adultes y sont bienvenus. L’inscription est nécessaire. La paf est lais-sée à l’appréciation de chacun. Pour tout renseignement, contacter le Père François Lear, Abbaye de Maredsous, 5537 Denée (Belgique).  Tél. 082 69 82 11 ; Fax 082 69 82 10 [email protected], Compte IBAN  : B50 0000 2449 4318  ; BIC/SWIFT  : BPOTBEB1. Communication : « Fête de la Foi ».

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Au Centre d’Accueil, le samedi 19 octobre 2013, de 9h30

à 16h30, 10ème journée littéraire  : tables d’écriture pour « une éventuelle anthologie en un jour  ! » avec Marie-Ange Bernard, Présidente de l’Assocation Charles Plisnier et Piet Lincken, écrivain, compositeur, plasticien belge d’origine franco-suédoise,

sur le thème : « Écrire  ! C’est  ? … S’accorder  ! » Un choix de restaurations en grande tablée, frais partagés. Droit d’inscription distinct  : 10 €. Inscription : Luc Moës, Abbaye de Maredsous, 5537 Denée (Belgique). Tél. 082 69 82 60 (Q), [email protected]

Les 29 septembre, 27 octobre 2013 et les 26 janvier, 23 février, 30 mars, 27 avril, 18 mai, 29 juin, 27 juillet, 31 août, 28 septembre,

26 octobre 2014, la préparation au mariage, avec le Père François Lear, Abbaye de Maredsous, 5537 Denée (Belgique). Tél. 082 69 82 11 ; Fax 082 69 82 10 ; [email protected]

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Revue des livres

Michel DUCOBU, « Sable Seul », 4041 – Vottem, © Michel Ducobu, 2011, 21 x 15 cm, 121 p. [ISBN 978-2-93066-900-7].

Avec bonheur, MD publie ici un recueil dont le titre laisserait penser à une évocation plane et sereine. Il n’en est rien. Tout au contraire, il y est davantage question d’oxymores, de paradoxes, de contrastes, voire même d’apparentes, de plaisantes oppositions. Cette succession, cette marée de sizains suffit, tant elle rassemble, par autant de blasons, un armorial ciselé en rondes bosses d’une mer indomptable.

Repères, il y a mais ils sont mouvants, presqu’insaisissables. Au gré des pages, on remarque ainsi le souci d’une constance, d’une continuité. Et pourtant, elles s’étirent entre des caprices. Quant à quelque permanence, ne point trop y croire puisque le monde marin fluctue, sombre et s’esquive. La ténacité reste, en l’occurrence, la valeur sûre, le trésor authentique qui sourd en murmure au-dedans de soi. Le jet de tons contrastés donne soudain envie de couleurs et de lumière. Au point qu’on en viendrait à soutenir des comparaisons entre les premiers éléments, à tenter une prophétie nuptiale tellement vraie qu’elle se pare de blancs, qu’elle roucoule et frémit éperdument, quitte à cliver jusque dans l’écriture. Raison gardons car rien n’existe en dehors de l’instant, quand bien même il en serait de néfastes, qui s’empèsent des grisailles du soir. En prenant du champ, la fresque du tout ensemble esquisse un espoir et le cherche. Les figures de la mer rappellent celles des nôtres les plus proches, goulues. Personne ne s’en laissera cependant conter, s’il fallait s’arrêter à l’usure des marées, qui rendrait l’évidence banale et même mortelle. Alors, ne conviendrait-il pas de laisser le sable seul s’apaiser, sans plus de faux pas d’erreurs terrestres. Un horizon de rêve s’irise de douceur. Au milieu de mille mouettes, il polit un galet

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d’une parfaite hospitalité. Tu participes ainsi au juste retour de l’amour. Tu chevauches autant d’instants pour leur assurer un lien, un bercement éternel. Ô mer, magicienne maternelle, épanouis-toi si parfaitement sur mes terres séculaires ! Murmure-leur encore des longueurs de phrases somptueuses dont j’éprouverai au port où je suis l’ampleur et le grain du sable seul qui se déride au havre de sa délivrance.

Ado HUYGENS, « Penser l’existence, exister la pensée », ‘de l’humanitude, de l’amour au jour de la phénoménologie clinique’, « Les Belles Lettres », ‘encre marine’, 2008, 23 x 17 cm, 306 p. [ISBN 978-2-35088-006-8].

Disciple de Husserl, Heidegger, Merleau-Ponty, Binswanger, Maldiney, … de philosophes orientaux, de critiques d’art, AH a livré ici une synthèse originale et dynamique des thèmes fondamentaux (Rien, Vide, …) en psychologie thérapeutique avec son expérience pratique (pédopsychothérapie, hypnose, …). Un ouvrage de référence pour les professionnels qui, néanmoins, offre au lecteur un récit intéressant et concernant quiconque « ose devenir … un témoin de l’Amour » (p. 60). Bibliographie soignée, planches de peinture.

Hassan JARFI, « Ihsane Jarfi ou le couloir du deuil », Bruxelles, Luc Pire, 2013, 21,5 x 14 cm, 146 p. [ISBN 978-2-87542-065-7].

Le témoignage d’Hassan Jarfi est désarmant. Au long des pages, en remontant même bien loin aux origines d’une affection paternelle, en décrivant avec une apparente ingénuité les évidences prosaïques de la vie sociale d’aujourd’hui, au Maroc, en Belgique, et surtout l’odieux assassinat de son fils, HJ s’avoue si démuni, l’honneur bafoué. Et pourtant tout acquis à l’idée de témoigner comme jamais en sorte que l’homophobie se dissipe enfin où que ce soit et qu’elle disparaisse au cœur des humains quels qu’ils soient.

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Michel DUBOST, « Entre laboratoires et mosquées », ‘Entretiens avec Chantal Joly’, Paris, Nouvelle Cité, Vie des hommes, 2013, 20 x 13 cm, 156 p., 16 € [ISBN 978-2-85313-698-3].

Le titre est réducteur. En revanche, Mgr Dubost témoigne d’une analyse fine et pourtant engagée, ample et vaste de l’Église où le Christ est la référence opportune d’une société dynamique en pleine mutation. Quoi qu’il en coûte, il faut créer des liens, miser sur l’humanité, la jeunesse, l’interreligieux, l’avenir, l’unité. Repères biographiques, ‘L’Essonne, un département-monde’.

Gabriel RINGLET, « Effacement de Dieu », ‘La voie des moines-poètes’, Paris, Albin Michel, 2013, 19 x 12,5 cm, 293 p., 19 € [ISBN 978-2-22624-652-3].

L’un et les autres se sont enfin rencontrés. Gabriel Ringlet devait, en quelque sorte, en venir, un jour, à la démarche de quelques poètes comme révélatrice de Dieu, où l’Église qu’il aime acquiesce à une neuve espérance. Va-t-elle enfin changer son regard (p. 77), préférer, privilégier une littérature intuitive à une construction conceptuelle ? La poésie n’est pas qu’affaire de poètes (p. 187-188). Elle s’en tient au peu (p. 256). Elle honore le détail (p. 79). L’insignifiance achemine au radieux silence (p. 80) du contemplatif qui est un artisan (p. 79). Depuis les origines, le dépouillement monastique offre à la poésie un souffle ténu d’une force exceptionnelle (p. 222) jusqu’à conduire au vertige et au frisson. Jusqu’à transfigurer le cinéma (p. 78), l’architecture (p. 229-258), les vies, la mort même (p. 199-226). Dès lors, si les gens d’aujourd’hui veulent aller trop vite (p. 241), Dieu, lui, mûrit (p. 267). Il est inachevé (p. 268), certes, mais au moins, lui, « il sera » (p. 270).

Boris CYRULNIK, « De chair et d’âme », Paris, Odile Jacob, 2006, 22 x 14,5 cm, 255 p., 21,90 € [ISBN 978-2-73811-841-7].

On sait l’engouement réservé à l’auteur depuis son livre  : « Un merveilleux malheur ». L’homme est capable de résilience,

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les sciences garantissent le bienfait de son exercice, il n’y a pas à craindre d’approfondir l’intime relation entre la chair et l’âme. L’A. traite avec nuance et assertions de la résonance, de l’attachement, du bonheur, de l’inconscient et de l’empathie, du vieillissement et de la musique, … En somme, de la vulgarisation sérieuse qui ouvre des horizons où la chair autant que l’âme trouve un plus subtil modus vivendi ! Table et dessins.

***, « Le devenir de l’islam en France », coll. ‘Confrontations, Association d’Intellectuels Chrétiens’, en collaboration, Paris, DDB, 2013, 23,5 x 15 cm, 178 p., 19 € [ISBN 978-2-22006-528-1].

Un tel ouvrage fort complet devrait contribuer à l’apaisement des esprits par la synergie qu’il déploie d’écrivains intellectuels chrétiens et musulmans de haut niveau, qui étançonnent des témoignages de qualité provenant du terrain et des chaires universitaires. L’avenir n’est donc pas « irréversiblement déterminé » quand des traditions en présence les fidèles autant que les tenants de la laïcité usent de nuances, de pareilles culture, sagesse et pondération. Annexes (enquêtes), les auteurs.

Alain SIAENS, « Le Verbe s’est fait image » - « Inspired words and masterpieces » - Het Woord is beeld geworden », Waterloo, Avant-propos, 2012, 24 x 24 cm, 256 p., 49,95 € [ISBN 978-2-93062-755-7].

En parcourant l’ouvrage, et davantage qu’à l’exposition, on découvre espaces et présence, mains et regards. On trouvera des œuvres contemporaines. Elles illustrent des citations d’égale importance. Quelquefois, l’image se fait supplique. En somme, une œuvre d’excellente interprétation mutuelle. En trois dimensions ? Dont celle du cœur.

Jean MINEUR, « Impondérables », poèmes, Éditinter et Jean Mineur, 2013, 21 x 14 cm, 74 p., 10 € [ISBN 978-2-35328-110-7].

Par ces soixante-huit poèmes allusifs, depuis les sources, on ressent une âme, au travers du temps, infini, immortel, aspirant par la connivence du végétal et le flanc des montagnes, à la lumière

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du soleil, des étoiles pour qu’un ange de beauté relève et révèle son visage.

Du même, « La lumière cachée » ‘poèmes’, Éditions du Gref (Toronto), 1997, 24 x 15 cm, 68 p. [ISBN 978-0-92191-657-4].

Sans doute, la grâce l’est-elle, dans la première moitié du recueil, cachée sous la toilette soignée d’une forme noblement classique. Elle apparaît ensuite avec d’autres modes de nature et d’énoncé jusqu’à ‘la contemplation du Sublime’.

Bernard LUGAN, « Les guerres d’Afrique », ‘Des origines à nos jours’, Éd. du Rocher, 2013, 23,5 x 15 cm, 403 p. [ISBN 978-2-26807-531-0].

Ce travail de référence en histoire est abondamment documenté, soigneusement structuré selon quatre périodes : 1) avant les Blancs, 2) La conquête coloniale, 3) durant la période coloniale, 4) après 1960 jusqu’à nos jours. Y compris la guerre au Rwanda (1990-1994). Soixante-six pages d’illustrations et de cartes. Un index des noms propres, Une bibliographie et la table des matières. Il contribuera à une prise de conscience et d’autonomie de la part des nations africaines face à leur propre destin.

Michel DUBOST, « Une foi qui agit », ‘l’Église dans le monde de ce temps’, Paris, DDB, 2013, 21 x 14 cm, 323 p. [ISBN 978-2-22006-539-7].

On saura largement gré à Mgr Dubost, pasteur s’il en est, d’avoir revu les textes conciliaires pour les rendre accessibles et stimulants, en ponctuant chaque chapitre d’un questionnaire sur des sujets tels que l’homme, la conscience, le changement, les pôles masculin et féminin, le développement, la famille, la liberté, le Christ.

Hubert THOMAS, « L’événement de Dieu », ‘Une absence ardente (Rilke)’, Monastère de Wavreumont, 4970 – Stavelot, 2013, 21 x 15 cm, 136 p.

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La présentation du livre donne le ton, la couleur, l’intimité  ; elle requiert l’attention au Mystère, tel qu’il est donné à méditer tout au long de l’Écriture. L’A. ne prêche pas (p. 3). Il évoque, comme un frère aîné gagne à le faire, des témoignages bibliques. Il met en présence, il rapproche, il confronte quelquefois. « La bonne nouvelle de l’Évangile, c’est l’homme transformé, c’est la nouveauté qui l’emporte sur la fixité, la rigidité du refus ou de l’opposition » (p. 130). Au gré des séquences, on s’en ressent plus libre et serein.

Jacques DEMAUDE, « Trois élégies », avec dix-huit compositions de Jeanne-Marie Zele, Bruxelles, Orbes, 2013, 21 x 14 cm, Dépôt légal : 5380/2013/1.

Les dix-huit graphismes de Jeanne-Marie Zele accompagnent fidèlement, pas à pas, les trois élégies. Leur flux est irrésistible, ininterrompu, insaisissable, emportant par son style légèrement décalé quelques stiques imprévus de belle incantation. Il s’en dégage la conscience d’une lutte intérieure, gaufrée néanmoins de réalisme et d’acquiescement.

Pierre GUÉRANDE, « Vigies pour jardins secrets », Paris, Nouvelle Pléiade, 2012, 21 x 15 cm, 58 p., 15 € [ISBN 2-84185-610-0].

Encore heureux que le titre l’annonce, qu’il s’y trouve des natures mortes instantes comme des dieux. Les sens servent à mieux appréhender l’étonnant, les contrastes, du raide à l’échevelé, une sorte d’insécurité bohémienne. Les sens ? Oui ! La vue, l’ouïe, l’odorat, moins le goût, moins encore le toucher. De part en part, un libre raffinement jusqu’à la surprise finale. Une postface juste égocentrée.

Piet LINCKEN, « Parmi les sphères », poèmes, Éd. M.E.O., 2013, 21 x 14,5 cm, 70 p., 12 € [ISBN 978-2-93070-247-6].

Il a fallu à l’auteur l’audace de réconcilier les êtres, dans la contemplation et la douceur, par un langage qui donne aux éléments, fussent-ils primordiaux, le droit de dire « Je ». Même, de

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s’interroger sur le bien-fondé d’une distinction entre la forme et le vide. On se souvient de la création musicale du compositeur danois Rued Langgaard : « Musique des sphères ».

Pape François, « Lumen Fidei », lettre encyclique, Paris, Parole et Silence, 2013, 21 x 11 cm, 83 p., 4,9 € [ISBN 978-2-88918-205-3].

Aux ténèbres du monde, à la froide rigueur de la vie, l’encyclique oppose la lumière d’une confiance en l’amour pour comprendre la fécondité de la foi. L’Église veut en assurer la transmission pour le bien commun et la consolation du monde. Une évocation, enfin, du témoignage de Marie.

Rachid BENZINE, « Le Coran expliqué aux jeunes », Paris, Seuil, 2013, 19 x 11 cm, 199 p., 9 € [ISBN 978-2-02087-235-5].

Le propos de l’ouvrage s’étaye sur une présentation dialoguée, claire, nuancée, irénique des origines du Coran. Sur une distinction fondamentale entre la parole et un texte. Une évocation historique de La Mecque et Médine. Une intéressante analyse du concept de la Parole de Dieu et parole humaine, de la sharî’a. Quatre pages remarquables enfin sur ‘ouverture, critique et adhésion’. Mérite l’intérêt et l’estime de tout honnête homme.

Shlomo SAND, « Comment j’ai cessé d’être juif ? », Paris, Flammarion, coll. ‘Café Voltaire’, traduit de l’hébreu par Michel Bilis, 2013, 20 x 13 cm, 138 p., 12 € [ISBN 978-2-08127-836-3].

L’A. s’est déjà exprimé dans divers ouvrages. Il rassemble ici dans un ‘essai’ cohérent, dans une belle langue puissante et pour le moins subversive, le nœud de sa pensée. Il démystifie une quantité d’archétypes et de prétentions du sionisme, voire même d’autres traditions religieuses, pour combattre de front l’ethnocentrisme juif, le racisme outrageant qu’il entretient. Il n’aspire qu’à être comme tant d’autres, tout simplement israélien, partager l’israélité, confiant malgré tout, hors toute légende, dans un possible avenir de paix.

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Arthur BUEKENS, « Quand la Bible parle de pardon », Namur, Fidélité, 2013, 20,5 x 13,5 cm, 140 p., 10,95 € [ISBN 978-2-87356-558-9].

D’un style alerte, clair et pédagogique, l’auteur sensible et humain, en veine avec l’Évangile, livre une étude largement étayée d’exemples bibliques et actuels. D’abord, ce qu’en dit la Bible, des pistes de réflexion, des chemins de libération encore. Des conclusions et questions pratiques. Une insigne lettre ouverte en finale.

Boukari Aristide GNADA, « Le concept du don », Paris, L’Harmattan, coll. ‘Religions & spiritualité’, 2013, 21,5 x 13,5 cm, 211 p., 22 € [978-2-343-01327-5]. Pour goûter et replacer l’enseignement dans son contexte ecclésial, le lecteur disposera d’une formation académique pluridisciplinaire. Le don a fait l’humanité. Le don est un argument fondamental. Les idéologies athées, l’obscurantisme et le relativisme acheminent au désespoir. Ample bibliographie et index des noms. Les dernières et nombreuses parutions en religion chez l’éditeur orienté vers l’Afrique.

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