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La lettre de Systèmes de production agricole + économes & + autonomes Trimestriel - 3,25 euros Cultures économes 6-7 . Au chevet de la fertilité des sols en région Méditerranéenne . L'écho des cultures : Mission Eco- phyt'EAu, un + pédagogique Herbages & Cie 4-5 . Systèmes pâturants en Galice . Des fraises dans mon système herbager . L'écho des pâtures Politiques publiques 8 à 10 . EGA : de la concertation à la mise en oeuvre . PAC : relance des débats et de la plateforme pour une autre Pac. . 12 mesures pour se passer du glypho ! Initiatives 2-3 . "Marez"-vous ! . 21 h : les Civam Normands habilités . Fermes en débat . Les rencontres nationales Civam . Le printemps Inpact Ces derniers mois ont été marqués par un feuilleton médiatique sur le glyphosate... On en connaît désor- mais l'issue car l'interdiction serait fi- nalement française et au plus tard dans trois ans. L'esprit grincheux (qui a dit réaliste?) serait tenté de dire que les promesses n'engagent que ceux qui les croient. Mais essayons de regarder le contexte de cette décision. Au coeur de la logique d'économie d'échelle. L'interdiction immédiate, même avec le délai d'utilisation lié à tout retrait de matière active, n'était guère envisageable pour quiconque connaît le rôle de cette matière active dans l'évolution de nombreuses fer- mes bien au-delà des pratiques. Ce produit est étroitement lié à l'augmentation des surfaces cultivées par travailleur afin de répondre à une mise en concurrence internationale. Il a ainsi fortement impacté le matériel et l'organisation du travail sur des fer- mes intensives, et la condition de sa suppression est bien moins une ques- tion d'alternatives disponibles que de place du travail en agriculture et de l'impasse d'une logique d'économie d'échelle en agriculture. 12 mesures d'accompagnement. Ré- seau Civam a été interpellé dès sept- embre par des ONG, des ministères et l'Inra* sur la position que nous avions sur la question. Nous avons dès le dé- part affirmé la complexité du sujet A lire, à voir 12 … Formations … Agenda Ailleurs 11 . Palestine : l'UAWC, réseau de pay- sants palestiniens en lutte . Une banque de semences www.agriculture-durable.org Se passer du glyphosate, bientôt ? dans un débat qui se résumait à "pour ou contre une interdiction immédiate". La complexité risquant de se traduire en inaction, nous avons fait la synthè- se de dix années d'expériences de notre réseau sur l'accompagnement vers la réduction de l'usage de pesti- cides pour proposer aux principaux responsables de l'Etat en charge de ce dossier d'opter pour une sortie à trois ans du glyphosate. Nous avons assorti cet objectif de 12 mesures d'accompagnement nécessaire à sa réussite (lire pages 9 et 10). Plusieurs de ces mesures (accompagnement collectif, MAE Systèmes, interdiction des importations de produits ayant reçu du glyphosate...) ont été reprises par l'Inra dans son rapport remis aux quatre ministres en charge de ce dos- sier en novembre. Reste à voir si l'Etat ira au bout de la démarche engagée, mais nous avons démontré qu'impossible n'était pas Civam. Quentin Delachapelle, agriculteur dans la Marne, président de Réseau Civam. * Rapport "Usages et alternatives au gly- phosate dans l’agriculture française", Re- boud X. et al, 2017. Rapport Inra à la saisine Ref TR507024, 85 pages. Sommaire Janvier-février-mars 2018 - n° 83 En Palestine, l'UAWC est un autre réseau paysan pour qui la quête d'autonomie est capitale. Au centre, Rezeq Barghouth, président de l'UAWC, en compagnie de deux autres paysans et de Romain Dieulot (à droite) du Réseau Civam, qui a participé en octobre à une cueillette solidaire des olives. Lire en page 11.

La lettre de - Réseau agriculture durable · même avec le délai d'utilisation lié ... par l'Inra dans son rapport remis aux ... les porteurs de projet doivent participer à un

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L a l e t t r e d e

S y s t è m e s d e p r o d u c t i o n a g r i c o l e + é c o n o m e s & + a u t o n o m e s

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3,25

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Cultures économes 6-7. Au chevet de la fertilité des solsen région Méditerranéenne. L'écho des cultures : Mission Eco-phyt'EAu, un + pédagogique

Herbages & Cie 4-5. Systèmes pâturants en Galice. Des fraises dans mon systèmeherbager. L'écho des pâtures

Politiques publiques 8 à 10. EGA : de la concertation à la mise enoeuvre. PAC : relance des débats et de laplateforme pour une autre Pac.. 12 mesures pour se passer du glypho !

Initiatives 2-3. "Marez"-vous !. 21 h : les Civam Normands habilités. Fermes en débat. Les rencontres nationales Civam. Le printemps Inpact

Ces derniers mois ont été marquéspar un feuilleton médiatique sur leglyphosate... On en connaît désor-mais l'issue car l'interdiction serait fi-nalement française et au plus tarddans trois ans.L'esprit grincheux (qui a dit réaliste?)serait tenté de dire que les promessesn'engagent que ceux qui les croient.Mais essayons de regarder le contextede cette décision.

Au coeur de la logique d'économied'échelle. L'interdiction immédiate,même avec le délai d'utilisation lié àtout retrait de matière active, n'étaitguère envisageable pour quiconqueconnaît le rôle de cette matière activedans l'évolution de nombreuses fer-mes bien au-delà des pratiques.Ce produit est étroitement lié àl'augmentation des surfaces cultivéespar travailleur afin de répondre à unemise en concurrence internationale. Ila ainsi fortement impacté le matérielet l'organisation du travail sur des fer-mes intensives, et la condition de sasuppression est bien moins une ques-tion d'alternatives disponibles que deplace du travail en agriculture et del'impasse d'une logique d'économied'échelle en agriculture.

12 mesures d'accompagnement. Ré-seau Civam a été interpellé dès sept-embre par des ONG, des ministères etl'Inra* sur la position que nous avionssur la question. Nous avons dès le dé-part affirmé la complexité du sujet

A lire, à voir 12… Formations… Agenda

Ailleurs 11. Palestine : l'UAWC, réseau de pay-sants palestiniens en lutte. Une banque de semences

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Se passer duglyphosate, bientôt ?

dans un débat qui se résumait à "pourou contre une interdiction immédiate".La complexité risquant de se traduireen inaction, nous avons fait la synthè-se de dix années d'expériences denotre réseau sur l'accompagnementvers la réduction de l'usage de pesti-cides pour proposer aux principauxresponsables de l'Etat en charge dece dossier d'opter pour une sortie àtrois ans du glyphosate. Nous avonsassorti cet objectif de 12 mesuresd'accompagnement nécessaire à saréussite (lire pages 9 et 10). Plusieursde ces mesures (accompagnementcollectif, MAE Systèmes, interdictiondes importations de produits ayantreçu du glyphosate...) ont été reprisespar l'Inra dans son rapport remis auxquatre ministres en charge de ce dos-sier en novembre.

Reste à voir si l'Etat ira au bout de ladémarche engagée, mais nous avonsdémontré qu'impossible n'était pasCivam.

Quentin Delachapelle,agriculteur dans la Marne,

président de Réseau Civam.

* Rapport "Usages et alternatives au gly-phosate dans l’agriculture française", Re-boud X. et al, 2017. Rapport Inra à la saisineRef TR507024, 85 pages.

Sommaire

Janvier-février-mars 2018 - n° 83

En Palestine, l'UAWC est un autre réseau paysan pour qui la quêted'autonomie est capitale. Au centre, Rezeq Barghouth, présidentde l'UAWC, en compagnie de deux autres paysans et de RomainDieulot (à droite) du Réseau Civam, qui a participé en octobre àune cueillette solidaire des olives. Lire en page 11.

C h e z v o u s ...

MASSIF CENTRALLa FDCivam de l'Ardèche organisele 7 février une formation à l'autocons-truction d'un séchoir solaire indirectpour la valorisation de productionsvégétales à petite échelle (fruits, légu-mes, plantes aromatiques,...)Contact : [email protected],04 75 36 77 64.

La FRCivam Auvergne prévoit deuxjours de formation à l'homéopathie enélevage. Dates à définir.Contact : 04 73 61 94 04.

LANGUEDOC-ROUSSILLON. Retrouvez les pâtureurs en mi-lieux naturels du Civam Emprein-te et leurs activités surwww.youtube.com/ (tapez "Civam Em-preinte", durée : 12:36).

NORMANDIELe Réseau des Civam Normands, quirassemble Défis Ruraux (hauts Nor-mands) et les Civam bas normands estné en novembre.

Le groupe du Pays de Vire a muéen Civam du Pays Virois en octobredernier. Ses premiers pas sous sa nou-velle forme associative : l'organisationde l'événement "Curieux de Nature"2018 (le 22 avril à MontChauvet), quimettra en lumière le travail du groupesur la biodiversité et autour de l'arbre :plessage de haies, plantations, recon-naissance des essences, identificationd'oiseaux, valorisation du bois de haies,agroforesterie… Le Civam vient ausside faire un point hivernal sur les stockset sur les aménagements tels que tra-versées de route, chemins…Contact : Fabienne Bois, 02 32 70 19 50.

PAYS DE LA LOIRELe Civam AD 49 tient son AG lejeudi 22 février 2018 à St Pierre Mont-limart. Le matin : assemblée généralestatutaire, ouverte aux adhérents. Re-pas convivial le midi. Après-midi : Con-férence-débat "les systèmes autonomeset économes : une solution pour renforcerl’efficacité économique, sociale et environ-nementale des élevages".Les groupes du 49 en 2018 : bovinssud Loire et nord Loire, porcs, cultu-res, ovins-caprins, huiles essentielles,transmission.Contacts : Olivia Tremblay, Elise Nerbus-son, Maureen de Mey, 02 41 39 48 75.

Merci aux groupes de la CommissionSPEA de nous faire parvenir leurs actusles + enthousiasmantes avant le 15 mars.(mailto:[email protected]).

La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 20182

Stages 21 heures

Les Civam Normands habilités pour 3 ansDans le cadre du parcours à l’installation, les porteurs de projet doivent participer à un stage collectifde 21 h, ouvert également aux personnes ne sollicitant pas la dotation aux jeunes agriculteurs (DJA).L’habilitation des organismes de formation organisateurs de ce stage est attribuée pour 3 ans par laDirection Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) après avis du Comitérégional installation transmission (CRIT). Non sans difficulté, les Civam normands (FRCivam BasseNormandie et Défis Ruraux) l’ont obtenue ! Qu'on se le dise !

Fabienne Bois, Réseau des Civam normands.

Les Défis Ruraux ont organisé comme chaque année l’événement automnal Fermes en débat.L’objectif est de créer du lien entre agriculteurs et citoyens ruraux, autour de thématiques surl’agriculture durable (évolution des pratiques, modes de consommation, éco-construction,installation agricole, biodiversité, etc.)Depuis 2 ans, ces événements se tiennent dans les fermes d’adhérents avec lesquels le Civam Défisruraux travaille au quotidien, de manière à faire connaître plus spécifiquement ses actions dumoment.Les 4 soirées 2017 étaient organisées dans 4 fermes sur 4 thèmes différents : éco-construction,installations agricoles, qualité des produits locaux dans nos assiettes et systèmes céréaliers (lireaussi en page 7).

Thomas Rolland, Fanny Dupont, Défis ruraux, Réseau des Civam normands.

4 fermes en débat

Zoom en Normandie

Ce dimanche 5 novembre, il pleut partout en Normandie.... sauf à Barenton  ! Unetrentaine de personnes répondent à l'invitation de la FRCivam et du Cen (Conservatoiredes espaces naturels) et se rendent chez Ginette restaurer la mare de sa ferme natale.

INITIATIVES

"Marez"-vous !Afin d'en savoir plus sur les mares, nousavions décidé de nous entourer "d'experts"et d'inviter le technicien local du Cen. C'estlui qui nous a aidés à structurer notre idéeet nous a proposé d'organiser un chantierbénévole de restauration de mare.Un des adhérents a sollicité Ginette savoisine, chez qui il existait autrefois unemare. Ce dimanche, elle nous reçoit dansles règles de l'hospitalité rurale normandesur la ferme qui l’a vue naître.Aujourd’hui comblée par les feuilles de lahaie qui jouxte la zone humide, la mareavait toute son utilité au cœur de la ferme.Une mare divisée en 3 parties, dans le sensde la haie : le premier bassin appelé "lafontaine" alimentait en eau l’exploitation, lesecond, "le bénouet" servait à nettoyer lespattes des chevaux après les travaux deschamps et le dernier à laver le linge.Après cette prise de connaissance, leséquipes s'organisent et s'activent autourdes trois bassins. Les uns creusent. Les

autres évacuent la terre. Nous avions faitle choix d’opérer à la pelle et à la pioche,"enterrant" ainsi le mythe du gros chantieravec pelleteuse indispensable. Nousvoulions démontrer la faisabilité d’unepetite mare avec des petits moyens, pourde petits espaces. Et tout cela avec unebonne pelletée de lien social autour d’uneaction de préservation de la biodiversité.Dans la bonne humeur, le groupe composéde volontaires, de 7 à 77 ans voit au fil desheures la configuration du terrain évoluer.Les plus jeunes creusent à cœur joie etvoient l’eau remonter comme parmiracle ou plutôt comme autrefois…Beau moment d’éducation àl’environnement doublé de richeséchanges intergénérationnels et de mixitésociale. Mais aussi une bonne occasion deprendre conscience de la fragilité de cetéco-système.

Sandrine Lepetit,Réseau des Civam normands.

C h e z v o u s ...

3

Les journées nationales 2017 de Réseau Civam se sont déroulées du 14 au 16 novembre àLogonna-Daoulas en Finistère. Le thème : "Cohabitation des modèles de production agricole : dela place pour tous… vraiment ? Au menu : ateliers, interventions, visites sans oublier lekig-ha-farz (plat national finistérien à base de sarrasin et de viande de porc) et le fest-noz. Unesynthèse des réflexions partagées sur la cohabitation des modèles paraîtra début avril.

Depuis votre dernière LAD, l'équipede salariés et administrateurs quioeuvre sur le volet * "Systèmes de pro-duction économes & autonomes"(SPEA**) de Réseau Civam a…

. animé les formations : "apprivoiser lesrésistances au changement", "maîtriser lesrations d'hiver en systèmes herbagers de pro-duction laitière" et "Mission Ecophyt'eau" àll'intention des enseignants de la régionGrand Est ;

. réalisé des interventions

. sur le "diagnostic de durabilité" et "l'accom-pagnement de la transition agro-écologique"auprès des élèves de BTSA du CFTA deMontfort sur Meu (Bretagne) ;. sur "l'accompagnement des trajectoires detransition vers l'agroécologie en collectif" lorsdu colloque "Collectivités locales et collectifsd'agriculteurs : quelles interactions en faveurde la transition agricole des territoires ?" orga-nisé par les Cuma de la Région Hauts deFrance et le Gabnor ;

. élaboré une publication faite sur lespropositions Civam dans le cadre des Étatsgénéraux de l'alimentation ;

. contribué à l'audition des acteurs im-pliqués dans les États généraux de l'alimen-tation par la Commission développementéconomique de l’Assemblée Nationale ;

. participé aux ateliers des États gé-néraux de l'alimentation (lire p. 8) etau débat national sur le glyphosate(p. 9) ;

. organisé le séminaire des groupesCultures Réseau Civam les 8-9 janvier ;

. animé les journées d'échanges santéanimale des animateurs-trices SPEA pourtravailler sur l'approche globale et les ex-pés paysannes ; le séminaire des Ingénieursdu Réseau Dephy Sud-Est.

.. organisé le séminaire annuel duprojet PERPeT sur la pérennité des prai-ries avec tous les agriculteurs et partenai-res du projet ;

.. présenté le système d'évaluation duréseau Civam (Évaluer pour évoluer !) etles résultats de l'observatoire tek-écodes systèmes herbagers auprès des anima-teurs ADMM, du Civam 44, du Civam 86,

des élèves de licence pro ABCD duCFPPA du Rheu (35) ;

.. participé au lancement du projetCasdar Herbvalo sur la mesure del'herbe valorisée à la parcelle ;

… et continué ses autres chantiers !

* : les autres branches de l'arbre Réseau Civam :Systèmes agricoles et alimentaires territoriaux (SAAT),Accueil en milieu rural (AEMR), Transmission-créationd'activités & développement territorial (TCADT).** : SPEA = pôle AD Méditerranée + pôle ADMoyenne Montagne + pôle AD Grand Ouest.

La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 2018

Les rencontres nationales Civam 2017

Visite au port de commerce deBrest, haut lieu des échangesagricoles et agro-alimentaires

entre la Bretagne et le monde :800 000 t de matières premièresagricoles importées (et 2,3 Mt à

Saint-Nazaire). D'autresparticipants ont visité une ferme

conchylicole en rade de Brest. Untroisième groupe s'est rendu surune ferme qui produit du lait

d'herbe, des légumes et de la bière(lire en p. 5).

La cohabitationdes modèles deproduction endébat(photos RéseauCivam).

Des ateliers,notamment pour

partager les projetsmenés dans les

quatre commissionsde Réseau Civam.

Les dix organisations agricoles et rurales *-dont Réseau Civam- qui forment le RéseauInpact (Initiatives pour une agriculturecitoyenne et territoriale), organisent, du 18au 20 mai, un large rassemblement à la

ferme pour affirmer la nécessité d’une réorientation radicale de notre modèlealimentaire et agricole. Au menu : assemblées générales (dont celle de RéseauCivam le 18), visites de fermes, conférences et débats, ateliers et palabres,banquets, spectacles et concerts, expositions, festival Prise de Terre (art à laferme). Tout cela à la ferme de la Basse-Cour, Arnouville, 28310 Gommerville.

* Les 10 : Atelier Paysan, MRJC, Terre de Liens, Accueil Paysan, Nature & Progrès,Fadear, Solidarités Paysans, InterAfocg, Miramap, Réseau Civam.

le printempsd'Inpact

4

Du fait du climat océanique, les fermes laitières galiciennessont en effet les plus herbagères de toute l'Espagne. Et55% des fermes laitières espagnoles sont galiciennes.

Minifundisme. Ce qui a surpris les visiteurs bretons, c’estavant tout le morcellement du parcellaire. Les parcellessont globalement de petite taille : «  Sur les 40 ha quej’exploite, 15 sont en fermage, et je compte 20 propriétaires…Parfois, je fauche et j’oublie d’aller chercher le foin »blague Xose, producteur laitier. La SAU moyenne pourune ferme laitière en Galice est de 20 ha. La Régioncompte 600 000 propriétaires pour 20 000 fermes ! Lesventes ou locations de terres sont rares : marqués par lesexpropriations sous Franco (1939-1975), les Galicienssont attachés à leur foncier. La transmission estpatrimoniale et familiale : le plus souvent, les parentsdonnent la ferme à leurs enfants. Les politiques del'installation et de l'environnement sont quasi inexistantes.A noter que les quotas, ici, n'ont pas été liés au sol, ce quia contribué au développement d'une production laitièresur de petites fermes avec beaucoup de concentrés.La Galice est donc une région marquée par leminifundisme et une très faible mobilité des terresagricoles. D’autres causes que l’attachement au foncierexpliquent ce phénomène  : l’absence de réelremembrement et la pression foncière via les mines,carrières et la plantation massive d’eucalyptus.

Exode et eucalyptus. En effet, la Galice souffre de l’exoderural. Alors que de nombreux corps de fermes sontabandonnés, les terres, quand elles ne sont pas laissées enfriches, sont plantées d'eucalyptus par les retraités ouhéritiers. Subventionnée de 1992 à 2006, ces plantationsd’eucalyptus pour l'industrie papetière (lobby puissant en

Après l'Autriche, la Suisse et l'Allema-gne, le Civam Adage 35 a organisé en2017 un voyage d’étude en Galice, au

Nord-Ouest de l’Espagne*. Dix-neuféleveurs laitiers sont partis à la dé-

couverte des enjeux locaux et des so-lutions mises en place par les

paysans, dans un contexte climati-que proche de celui de la Bretagne.

HERBAGES & Cie

La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 2018

Deux visites "institutionnelles" faisaient également partie du programme. Leséleveurs de l’Adage ont donné une conférence à l’Université d’Agronomie deLugo, sur la voie choisie par le groupe : la baisse des charges par la maximisationdu pâturage, et la recherche d’autonomie fourragère et décisionnelle.Les visiteurs ont aussi rencontré le syndicat paysan Sindicato Labrego pour seforger une vision globale du développement agricole dans la région.Les visites, préparées par les paysans avant le départ, ont eu lieu en galicien oucastillan, traduit en français dans un second temps.

Voyage retour. A la base, l'objectif de ce séjour est double  : s’imprégner d’unautre contexte pour ramener des idées à mettre en place chez soi et favoriserl’interconnaissance entre adagiens. Le choix de la destination s’est fait surplusieurs critères. La Galice présente un contexte pédoclimatique, proche decelui de la Bretagne et la région est orientée vers l’élevage laitier. L’existenced’un contact entre l’ADAGE et les éleveurs herbagers galiciens a arrêté notredécision. En effet, Yann Pouliquen, technicien français, installé en Galice depuis25 ans, était déjà venu visiter des fermes de l’Adage en 2009, accompagné pardes éleveurs de son groupe. C'était donc le voyage "retour" !

Échanges avec les galiciens, mais aussi entre "adagiens" ! Dans le car, suite auxvisites, les participants changeaient régulièrement de place, pour faciliterl’interconnaissance et conforter la dynamique de groupe. "J’ai pu discuter avecplusieurs collègues de l’ADAGE, qui ne sont pas de mon groupe, que je côtoierarement : ça m’a permis de relativiser certaines choses à la ferme par exemplepar rapport à la monotraite le dimanche", commente Christophe, jeune adagienen conversion bio.

Au total, 8 fermes laitières ont étévisitées, avec le souci de varier lessituations. Une majorité de fermesvisitées accordait une grande place àl'herbe. Mais leur structure et leursstratégies respectives couvraientune grande diversité, allant de laferme "zéro achat" (35 VL et 40 ha,tout herbe, 0 concentré, plein air intégral) à la ferme trèsintensive (3 associés et 3 salariés sur 110 ha, plus de 200VL, des doses d'épandage d'azote de 450 UN /ha !)

Systèmes pâturants en Galice

Production laitière et eucalyptus : deux dominantes dans le paysage galicien. Mais lesvisiteurs de l'Adage sont parfois revenus avec l'idée qu'on n'est pas si mal lotis en France,coté politiques agricoles. "On a des structures qui bossent sur l'installation, la transmission.On a des organismes para-agricoles qui sont là pour structurer un peu. En Galice, il n'y arien de tout cela" observe Aurélien Leray au retour du voyage.

* L'Espagne : 25 600 000 ha dont 50% de SAU. Les fermes y ont une surfacemoyenne de 21 ha. En produits agricoles, l'Espagne est excédentaire de 31,1

mds d'€ en 2014 alors que la France est déficitaire de 46,9 mds. L'Espagneproduit 4% du lait en Europe avec 6 720 000 litres soit les 2/3 des besoins

nationaux. L’Espagne importe du lait et des céréales, surtout de France. Elleest le deuxième pays producteur de porcs après l'Allemagne.

Le voyage en bref

Régime hiverDe l'eau enfin ! Des sources qui n'avaient pas donné de-puis des années se remettent à couler en Normandie,des marais se remplissent en Pays de la Loire… Dansbien des régions, c'est la recharge en eau des sols et desnappes, avec, au nord de la Loire, trop d'humidité pourpâturer sans dégrader, pour le moment. Petit bilan2017 en attendant le printemps.

. En Côtes d'Armor, "très bonne année 2017, résume François,animateur technique au Cedapa. "Craintes de sécheresse en avrilpuis en juillet, mais la pluie est à chaque fois arrivée au bon moment.Récoltes d'herbe réalisées en bonnes conditions. Beaucoup de stocksréalisés, avec de la qualité. Bon automne au pâturage, mais une ren-trée des animaux un peu précoce (début-mi décembre) liée à la pluvio-métrie importante en fin d'année. Le début 2018 très humide nepermet qu'exceptionnellement le pâturage d'hiver. Mais il restera desstocks en fin d'hiver". "On a eu de l'irrigation naturelle" complète Ré-my le Mezec, du GAEC laitier des Ruisseaux, près de la côte. Ré-my note aussi la persistance de la pousse sur la fin de saison, cequi a permis de pâturer plus tard d'habitude sur terres portanteset de consommer moins de stocks.Logés à même enseigne, les normands ne se plaignent pas nonplus de 2017 (cf. Bulletin Entre Nous, décembre).Belle année aussi sur le piémont limousin avec de stocks de bellequalité. Denis, animateur, note une recrudescence du parasitismedans les troupeaux ovins, attribuée au mix chaleur-humidité.

. En Loire-Atlantique, "nous avons pâturé jusqu'au 15 décembreavec un peu de foin et 1,5kg de céréales puis transition, explique Ma-ryvonne, éleveuse en vaches laitières. Depuis le 24 décembre, ellessont en bâtiment. Les stocks sont peu importants. Nous avons com-mandé dès juillet de la luzerne déshydratée. 630 mm d'eau en 2017dont 107 en décembre : il peut pleuvoir encore ! Je trouve qu'il y a pasmal de mousse dans certaines prairies…"

. Dans les garrigues du Languedoc, très peu de ressourcehivernale cette année en raison de l'absence totale assez générali-sée de pluie de mai à novembre ! Gros déficit pluvio en 2017. Enbrebis, on peut s'en sortir en agrandissant les zones de parcours,en explorant des espaces "délaissés". Mais cela demande plus dedéplacements. On "tape dans le ligneux" ou dans le foin. En bovin,le pâturage est plus difficile : en l'absence de pousse d'automne,les parcs d'hiver sont très vite à sec. Ceux qui distribuent habi-tuellement du foin sur 2 mois d'hiver, en donneront au moins sur4 mois cette année. Mais l'hiver est doux, quelques pluies en jan-vier… et ça repart.

. Pause : pour nombre d’entre nous, c’est la pause pâturage,non parce que cela ne pousse plus mais parce que cela ne porteplus : les vaches feraient un massacre, surtout aux entrées dechamp. Mais restons en mode veille opportuniste. A la moindreembellie, si ça passe, on renvoie les animaux pâturer, même quel-ques heures. C’est ‘’tout bénef’’ pour leur santé, ça réduit lesbesoins en complémentation azotée. D’autant qu’il reste souventde l’herbe à prendre,Pas de sortie bien sûr sur sols gelés ! Graminées et légumineusesne peuvent puiser l'eau du sol. Le risque d’abîmer dura-blement nos chères pâtures est alors très grand.

. Moins les vaches sortent longtemps dans la jour-née, plus elles augmentent leur vitesse d’ingestion aupâturage. Elles peuvent ramasser ainsi 2-3 kg MS d'her-be en 2-3 heures.

. Deux mois de repos pour chaque paddock : indis-pensable avant le déprimage.

. Le Pâtur'agenda 2018, ainsi que le planning depâturage 12 mois sont encore disponibles. Bulletinde commande sur agriculture-durable.org/ressources. 5La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 2018

L'éc

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Finistère :

Desfraisesdans monsystèmeherbagerDurant les rencontres nationales Civam en Finistère, trois visitesont été proposées aux participants, dont une dans une fermelaitière herbagère économe qui a laissé de la place à unemaraîchère et à un micro-brasseur. Aperçu.

Olivier et Jean-François Glinec ont repris l'exploitation familiale etl'ont transformée en un système laitier herbager avec des vaches à4000 l en tout herbe, des vêlages groupés à partir du 10 février, 30€ de coût alimentaire pour 1000 l de lait et une logique économe-autonome sans faille : exemple, pour 7000 €, ils ont revu leur sallede traite passant de 2 x 5 en 2 x 10 simple équipement sansdécrochage auto. Ce solide système autonome tournait déjà bienen commercialisation conventionnelle. Il passe en bio cette année.Depuis 5 ans, Olivier et Jean-François louent 1,5 ha à EstelleMartineau qui avait un projet d'installation en maraîchage et "l'aird'en vouloir". Depuis, elle a accès au matériel et à l'eau de la ferme,ils ont des légumes gratuits. Cette association donne satisfactionaux trois. A tel point que les deux éleveurs ont élargi l'opération àun micro-brasseur, désormais installé dans un "bâtiment en friche"de la ferme.D'autres cas d'installations dans des systèmes économes-autonomes existent dans le réseau. C'est à la fois une option quipeut renforcer la durabilité globale des façons de produire… etune offre intéressante dans les situations de pression foncière quenous connaissons dans bien des régions, quand "tout part àl'agrandissement," qu'il n'y a plus un hectare laissé aux "petitssystèmes" et que la "cohabitation des modèles" est, du coup,fortement prise en défaut. Jean-Marie Lusson, Réseau Civam.

Espagne) occupent aujourd’hui une grande part de la surfacegalicienne.La collecte bio est essentiellement gérée par Lactalis et unepetite coop locale. Mais la moitié des fermes visitées avaientun atelier de transformation. En Galice, il y a encore unepratique traditionnelle d'achat de produits en direct auproducteur. Un producteur qui se lance sait qu'il aura desclients.C'est le cas de Xose, installé en monotraite et en bio.N'ayant pas trouvé de collecteur bio au début, Xose achoisi de transformer et valoriser lui-même ses produits laitet viande. Pour contenir sa charge de travail, il a opté pourla monotraite.Dans une filière laitière où les organisations de producteursexistent mais ne jouent pas leur rôle de contre-pouvoir,c’est une solution qui attire. C’est en effet une opportunité,dans cette région où il existe 4 fromages AOC(principalement produits par des industriels) et unedemande en produits artisanaux non assouvie.

Juliette Bellay et Aurélien Leray, Civam Adage 35.

Olivier et Estelle (à gauche)détaillent les bénéfices de leurcollaboration aux visiteurs desrencontres nationales Civam.

6

la fertilité des sols

CULTURES ÉCONOMES

La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 2018

Les sols méditerranéens sont soumis à l'érosion, enparticulier dans les secteurs où sévit le mistral. Leurfourniture en eau et en matières organiques - issus del'élevage notamment - est limitée et hétérogène. Et ilssubissent des aléas climatiques de plus en plus fréquents.Des producteurs tentent de mettre en œuvre et enexergue des pratiques respectueuses de cette ressourceindispensable. Certains ont choisi de travailler sur lavalorisation des déchets verts et organiques locaux àtravers du compostage à la ferme. Ces amendementsorganiques restitués au sol permettent non seulementd’améliorer la fertilité globale du sol, mais aussid’augmenter sa capacité de rétention en eau, essentiellenotamment lors des périodes de sécheresse.

Compostage. La production de compost à la ferme n’estpas une nouveauté dans le monde agricole, mais réaliserun compost de bonne qualité ne s’improvise pas. Il fautconnaître les processus biologiques et les techniques.

Ainsi, les Civam en Languedoc-Roussillon (FRCivam,CivamBio 66 et FDCivam 30) se sont réunis en 2016 pourtester un protocole qui servira de guide de bonnespratiques pour les agriculteurs désirant faire ducompostage. Le projet est soutenu par l’Ademe et laRégion Occitanie.  Plusieurs plateformes de compostagede la région vont être suivies, via des relevés detempératures et des analyses complètes de résidus sur lesproduits entrants et sur le compost final.

Dans le Gard depuis mai 2017, cinq agriculteurs du CivamHumus sont engagés dans les essais de compostage dedéchets verts provenant de leur collectivité. Les premiersrésultats montrent que les broyats de végétaux necontiennent pas de pesticides et sont en dessous desvaleurs limites en métaux lourds. Un seul bémol  : laprésence de plastiques due à un mauvais tri à ladéchetterie.Quant aux techniques de compostage, elles sont efficacesmais encore coûteuses et contraignantes (besoin en eau,en main d’œuvre). L’enjeu est de trouver un ensemble debonnes pratiques cohérentes qui tiennent compte duclimat, des matériaux à composter et surtout descontraintes économiques des agriculteurs tout enpermettant un compost de qualité.Côté Pyrénées Orientales, c’est le CivamBio 66 qui asouhaité structurer une filière de valorisation de déchets

organiques frais et déchets verts, en partenariat avecMicroTerra et le Sydetom 66. L’objectif est de valoriserles ressources locales en déchets verts issus descollectivités et en biodéchets issus du secteur agricole etagro-alimentaire en les restituant au sol. Pas moins de 12plateformes ont ainsi vu le jour depuis 2015, revalorisant3000 t de broyats verts ainsi que 3500 t de biodéchets.

Civam "Humus". Ces initiatives et expériences gagnent àêtre connues et partagées. Le mardi 13 février, unejournée de visite chez deux paysans du Civam Humus estorganisée, à l’occasion du lancement d’un projet demutualisation des initiatives des groupes méditerranéenspour la gestion de la fertilité des sols, soutenu par laFondation Good Planet dans le cadre du pôle ADméd.Cette journée d’échanges permettra à d’autres paysans,notamment de Paca, de venir profiter de l’expérience deleurs voisins !

Maÿlis Carré,Pôle Agricultures durables en Méditerranée,

Réseau Civam… à partir des articles d’Aurélie Gibert et Nicolas Dubreuil, News ADméd n°1.

En savoir + :. http://ad-mediterranee.org/Fertilite-des-sols

En région méditerranéenne, plusieurs groupes Civam sesont saisis de la question de la fertilité des sols. Ils

expérimentent et proposent des pistes pour despratiques respectueuses de cette ressource capitale

et néanmoins fragile.

Compostage auCivam Humus,

FDCivam 30.

Échanges autour du compost, FDCivam 30.

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Mission Ecophyt'Eau :un + pédagogiqueLancé en 2016, Mission Ecophyt’eau est un outilà destination des animateurs et enseignants quipermet une approche globale de la notion desystème de culture (rotation, itinéraires techni-ques, bioagresseurs)… Il facilite la représentation d’un système de culture, l’analysede ses atouts et contraintes ainsi que la co-construction depropositions d’amélioration pour répondre à un objectif con-cret (réduction des pesticides, introduction de nouvelles cul-tures, maîtrise des adventices…).

Mission Ecophyt’eau est diffusé dans le cadre de formationsproposées par Réseau Civam et le Civam du Haut Bocage.Depuis fin 2016, plus de 100 personnes ont été formées àson utilisation (animateurs, conseillers et enseignants). Fortde ce succès, une 2è édition de l’outil est prévue en 2018 et7 formations sont déjà programmées dont 3 pour les ensei-gnants des régions Nouvelle Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est.

« Sitôt découvert, cet outil a été placé au cœur du plan de forma-tion de notre BTS Acse, témoigne Raphaël Sourisseau, forma-teur à la MFR Sevreurope à Bressuire. Le projet dereconception de système de culture répond à 2 modules ("Concep-tion d’un système biotechnique innovant" et "Conduite de systèmesde culture"). Finies les longues heures d’apports académiquesavant d’aller sur du concret ! D’abord, on rencontre un agriculteuravec ses problématiques phyto, ses partenaires (coop/négoce, syn-dicat d’eau…) et ensuite on construit les savoirs dont on a besoinpour mener le projet à terme. Motivation, autonomie et efficacitéau rendez-vous ! C'est l'avis des étudiants et des enseignants. Cetoutil répond complétement aux nouveaux enjeux de "l’apprendreà produire autrement" et de l’enseignement de l’agroécologie. »

Pour plus d'infos sur l'outil ou vous inscrire à une formation :Contact : [email protected] ou 02 99 77 36 73.

Inscrivez-vous au groupe de discussion Cultures économes etposez vos questions surhttps://groups.google.com/group/cultures-economes

La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 2018

Le 24 novembre dernier, dans le cadre de l’événement automnalFermes en débat, Défis Ruraux 76 organisait une rencontre surles systèmes céréaliers et leur avenir, réunissant le président duRéseau Civam, Quentin Delachapelle, agriculteur enChampagne, le nouveau groupe Civam en Pays de Roumois,puis des paysans et citoyens hauts-normands.

Le groupe du Roumois a rejoint le réseau fin 2016. Il estmajoritairement composé de céréaliers du Nord de l’Eure quis’interrogent peu à peu sur des changements de pratiques, à partirde différentes entrées : fertilité à long terme du sol, meilleuremaîtrise économique, impact environnemental sur des secteurs àfort enjeu eau… La rencontre a permis d'échanger sur les défis àrelever pour des agriculteurs des deux bassins céréaliers hauts-normands et champenois, éloignés géographiquement mais dotésde problématiques similaires à bien des égards.Après cette rencontre informelle, la discussion a été élargie enaccueillant agriculteurs voisins, riverains, citoyens engagés pour undébat sur l’avenir des systèmes céréaliers. Au cœur de l'actualitépolémique autour du glyphosate (lire aussi édito et pages 9-10), les

échanges entre agriculteurs etriverains sont rares et souventtendus. D’où cette proposition d’undébat dépassionné et apaisé pourpermettre aux uns et aux autres demieux connaître les attentes etcontraintes de chacun.La soirée a commencé par uneintroduction sur les enjeux agricolesdu XXIè siècle, les évolutionsdominantes, leurs limites, et uneprésentation par Défis Ruraux desrésultats du réseau Dephy.Quentin est revenu sur sonexpérience à différents niveaux : surson exploitation agricole dans laMarne, mais aussi dans les sphères

politiques (notamment les États généraux de l’alimentation).Au cours des échanges qui ont suivi, les premières parolesd’agriculteurs étaient souvent dites sur le mode défensif : "nous nesommes pas des pollueurs", "nous avons déjà fait beaucoup deprogrès depuis des décennies", "ce n’est pas par plaisir mais parnécessité économique que nous utilisons des produits phytos". Leras-le-bol de ce qu’ils vivent comme un acharnement médiatiqueculpabilisant en quête de bouc-émissaire a pu s'exprimer !Puis d’autres problématiques rencontrées par les agriculteurs ontémergé  : dépendance des marchés, faible poids dans laconstruction des filières, déficit d’accompagnement pour produireautrement, etc.Les citoyens présents ont dit leur compréhension du malaise desagriculteurs, de leurs difficultés à trouver des solutions… etcontribué à la recherche d’alternatives, en soulignant leurresponsabilité en tant que consommateurs ! Diverses thématiquesont ainsi été abordées  : politiques agricoles, circuits courts,diversification des productions, etc.Les retours de cette soirée étaient très positifs, de part et d’autre.

Thomas Rolland, Défis ruraux.

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État des lieux de notre participation…

Depuis le lancement des EGA, Réseau Civam a participé à :. l’atelier 2 "Développer les initiatives locales et créer dessynergies". Réseau Civam y était représenté par DenisLépicier ;. l’atelier 11 "Réussir la transition écologique et solidaire de notreagriculture". Réseau Civam y était représenté par BenoitDrouin et Fabrice Bouin ;. l’atelier 14 "Préparer l’avenir  : quels investissements, quelaccompagnement technique et quelle recherche pour une plusgrande performance environnementale, sanitaire, sociale etéconomique ?" Réseau Civam y était représenté par QuentinDelachapelle.

Chaque atelier a fait l’objet d’une petite dizaine de réunionsmêlant apports d’intervenants, retour d’expériences etdébats en atelier et en plénière.Les projets de livrables reflètent l’implication des animateursdes ateliers (notamment Dominique Potier (député) pourl’atelier 11 et Philippe Mauguin (PDG de l’Inra) pour l’atelier14) dans la volonté d’impulser un vrai changement. Ainsi lespréconisations de l’Atelier 11 reprennent clairement deséléments partagés par les Civam (importance du collectif,refaire le lien entre agriculture et élevage, autonomie enprotéines, pousser Ecophyto...) par contre, les propositionsissues de l’atelier 14 sont plus consensuelles et font la partbelle aux nouvelles technologies.Les Civam ont émis plusieurs contributions lors des ateliers :. la proposition d’un chèque accompagnement que chaqueagriculteur pourrait mobiliser pour s’impliquer dans unedynamique collective, avec un focus sur les dynamiquesémergentes (proposition émise conjointement avec Trameet la FNCuma) ;. une note sur des propositions pour sortir du glyphosate(voir ci-contre) ;. une note de contribution à l’atelier 2 sur les dynamiquesterritoriales ;. une note de contribution à l’atelier 11 en réaction auxpropositions émises à la fin de l’atelier ;. une note collective sur les Paiements des servicesenvironnementaux (PSE) proposée en lien avec d’autres ONGagricoles et environnementales ;

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POLITIQUES PUBLIQUES

La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 2018

États généraux de l'alimentation*De la concertation à la mise en oeuvre

* : Les Etats Généraux de l’Alimentation sont une consultation lancée par lePrésident de la République à l’Automne 2017. Ils ont pour vocation de menerune concertation sur les modèles agricoles et alimentaires actuels et sur ceux

à promouvoir ainsi que sur la répartition de la valeur créée par le secteuragricole et alimentaire. Ils ont pour but à la fois de faire un diagnostic et de

proposer des solutions pour répondre aux objectifs de transition définis dansles concertations. Les EGA ont été organisés autour de 14 ateliers

regroupant chacun organisation agricoles, syndicats, associationsenvironnementales et sociales,

. une contribution pour l’atelier 14 qui regroupe lescontributions émises lors des EGA et qui servira de synthèseglobale pour la contribution Civam aux EGA.. une intervention de Benoit Drouin lors de l’atelier 11 surles dynamiques collectives Civam ;. une collaboration avec l’association Phyto-victimes.

Suivant les sujets, la participation de Réseau Civam a étémenée en partenariat avec d’autres structures telles queTrame ou la FNCuma sur les questions de collectifs ou biendans le cadre de la "plateforme citoyenne pour la transitionagricole et alimentaire" qui regroupe quelques organisationsagricoles telles que les Civam ou la Fadear et desassociations environnementalistes telles que le Rac (Réseauaction climat), WWF, FNH ou encore Greenpeace.

L’ensemble des contributions formulées par Réseau Civamsera consigné dans une publication (au format numérique)qui sera envoyé à tout le réseau d’ici la fin janvier 2018.

Goulven Le Bahers et Vincent Dulong, Réseau Civam.

Calendrier. Le projet de Loi sera présenté au Conseil desministres le 31 janvier et inscrit aux débats du Sénat et de l’Assembléenationale en mai prochain selon les dernières informations. Durantcette période, Réseau Civam assurera le suivi de la transcriptionlégislative et rencontrera les parlementaires pour présenter nospropositions.

Plans de filièreDe manière concomitante avec les EGA, le gouvernement a demandé auxgrandes filières agricoles et alimentaires de proposer des plansd’orientation pour les cinq années à venir. Il s’agit pour les filières defaire un diagnostic économique, social et environnemental de leursituation et de faire des propositions pour engager une transition plusécologique et qui permet de mieux répartir la valeur au sein de la filière.Ces plans doivent être écrits de manière concertée, en particulier avec lasociété civile (ce qui n’a pas toujours été le cas). Ils doivent être renduspour fin décembre et devraient être officiellement signés lors du Salonde l’Agriculture 2018.Nous pouvons accéder aux plans de filière via le site Internet duMinistère de l'Agriculture afin d'évaluer l'ambition de transition qu'ilsaffichent et de faire des propositions.Les référents de la commission SPEA proposent de prioriser les plans àrelire, de les envoyer à des personnes et groupes ciblés qui pourrontémettre leurs suggestions dans le but de finaliser un avis global enfévrier prochain. Un outil collaboratif est envisagé pour mettre lesdocuments en ligne afin que chaque relecteur puisse y faire directementses commentaires. Une grille de lecture sera proposée aux relecteurs.

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La Commission européenne a présenté sa communication sur l'avenirde l'agriculture et de l'alimentation au Conseil Européen des ministresde l'agriculture le 11 décembre. L'innovation majeure, visant àdéléguer  plus de responsabilités aux États membres pour la mise enœuvre de cette politique, a fait l’objet de réserves émanant entre autresde l’Espagne de l’Italie et de la Pologne, alors que la Suède, le Danemark,les Pays-Bas, l’Irlande et l’Allemagne se sont montrés plus ouverts. LaFrance a jugé que ce nouveau modèle n’aura d’intérêt que s’il amène uneréelle simplification. Plusieurs pays ont aussi rappelé leur opposition àun éventuel cofinancement national des paiements directs (France,Irlande, Italie...), ou regretté le peu de place donné au soutien desmarchés et à la gestion des risques (Belgique, Roumanie, Irlande, Italie...),ou encore plaidé pour le maintien des aides couplées (Autriche,Pologne, Belgique...).Le Ministre de l’Agriculture a organisé une grande conférence nationalesur la PAC le 19 décembre à Paris. Trois thématiques y ont été discutéesen tables rondes : la gestion des risques, les services environnementauxet la compétitivité des exploitations agricoles. Le Ministre a rappelé quele gouvernement français souhaite rénover le contrat qui lie lesagriculteurs à la société européenne. Il a également identifié 3 défis àrelever par la PAC :- libérer le développement des entreprises agricoles et agroalimentaires,en assurant un juste prix pour les agriculteurs, en adaptant les règles auxspécificités de chaque filière, etc. ;- rémunérer les services environnementaux et favoriser les transitions ;- renforcer la gestion des risques tout en responsabilisant les acteursprofessionnels dans leurs choix économiques.L’objectif transversal est d’obtenir une simplification accrue pour unePAC lisible et compréhensible pour ses bénéficiaires comme pour lescitoyens européens.Mais alors quoi penser de la note du gouvernement français qui a fuitéele 9 janvier, où la France expose sa stratégie  de négociation pour leprochain budget européen. Elle demande à ce que les deux politiquescommunautaires, la politique de cohésion et la PAC, soientprofondément réformées (avec des budgets à la baisse…) au profit despolitiques de  sécurité/défense. A suivre dans les prochains mois.

Vincent Dulong, Réseau Civam.

La relance des débats sur laPolitique agricole communeeuropéenneLa Commission européenne a présenté sa communicationsur l'avenir de l'agriculture et de l'alimentation au ConseilEuropéen des ministres de l'agriculture le 11 décembre.Les premières discussions et prises de positions en bref.

Pour une autre PACla plateforme relancéeLa plateforme Pour une autre PAC a été relancée par une trentained’organisations issues de l’agriculture et de l’environnement. Lors del’AG du 21 novembre, Quentin Delachapelle, agriculteur dans la Marneet président de Réseau Civam a été élu pour un an à la présidence decette plateforme nationale. Il sera accompagné dans les premierstravaux de cette plateforme par Jacques Morineau, agriculteur vendéenet administrateur national.

12 mesures pourse passer du glypho !Les propositions de Réseau Civam au Ministère(décembre 2017)…

1. Créer un quota glyphosate pour les distributeurs (coop,négoce). Il s’agit de les obliger à diminuer progressivement la ventede glyphosate jusqu'à son interdiction afin d'amener lesagriculteurs à modifier leurs pratiques en conséquence. Sur la basedes déclarations des bilans annuels de leurs ventes transmis par lesdistributeurs aux Agences de l’eau, il s’agirait de définir uneréférence glyphosate pour chaque distributeur. Ce dernier severrait dans l’obligation de réduire cette référence jusqu’à 0 d’ici3 ans, faute de quoi il devra payer une amende à l’Etat d’unmontant proportionnel à sa référence. Pour que la mesurefonctionne, il faut que le montant de l’amende soit supérieur aubénéfice tiré de la vente du glyphosate, que cette mesure soitobligatoire et s’ajoute au CEPP (Certificat d'économie de produitsphytos) en vigueur.

2. Interdire l’usage du glyphosate dans les airesd’alimentation de captages. Il s'agit de protéger les buveursd’eau contre les effets cancérogènes probables d’une exposition àcette molécule très soluble. (Cette mesure protège seulement lesbuveurs d’eau : des études américaines précisent qu’on trouve duglyphosate dans l’air et dans les eaux de pluies.

3. Interdire l’usage du glyphosate dans les cahiers descharges MAEC. Il s’agit de contribuer à la cohérence de l’actionpublique, en conditionnant le soutien public à l’agri-environnementà l’interdiction de cette molécule.

4. Interdire l’usage du glyphosate dans les cahiers descharges des Signes Officiels de Qualité (AOC, IGP, labelrouge, CCP), ce qui permettrait de valoriser économiquementdes pratiques agricoles sans glyphosate.

5. Faire converger différents outils de politiques publiquesvers l’accompagnement de l’interdiction du glyphosate,notamment…a. Dephy : repérer et mettre en avant les systèmes et pratiquesqui contribuent à réduire leur pression adventice sans consommerde glyphosate ni d’herbicide de substitution pour autant.L’interdiction du glyphosate peut être un levier et une opportunitépour reconcevoir un système moins dépendant aux herbicides.b. L’animation de collectifs d’agriculteurs vers l’agro-écologie à basniveau de pesticides (action des 30 000) : Introduire un critèredans les prochaines grilles de sélection des collectifs candidats àl’action des 30 000 pour ne retenir que les groupes qui n’utilisentpas de glyphosate ou qui travaillent à s’en passer dès le début duprojet (éco-conditionnalité stricte).c. Développer les MAEC systèmes qui intègrent une réduction del’IFT d’au moins 30 % et des pratiques (rotations par exemple)permettant de réduire la pression adventice sur cultures (SPE-élevage, SPE-cultures, SPE-monogastrique, SGC). A contrario, nepas encourager les autres MAEC SGC-zones intermédiaires etMAEC Sol).d. Réserver les aides à l’investissement (PCAE, Ecophyto2…) aux seules exploitations agricoles qui n’utilisent pas deglyphosate. Réorienter progressivement les aides des >>

Houe rotative(photo B. Drouin).

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catégories d’investissements quimaintiennent les fermes dans

l’impasse (optimisation de la pulvérisation) à celles qui lesaccompagnent à en sortir dans les filières grandes cultures etpolyculture-élevage.Effectivement, certaines catégories d’investissements quiaccompagnent et facilitent la construction d’un système moinsdépendant aux herbicides tout en s’affranchissant de l’anciennelogique de production basée sur la consommation d’intrants sontessentielles. Ces catégories intitulées "reconception et transformation– commercialisation" ne sont malheureusement pas présentes dans leslistes d’investissements agro-environnementaux éligibles auxsoutiens publics (Ecophyto 2 notamment). Il conviendrait de les créerpour pouvoir flécher les aides et favoriser ce type d’investissements.Le basculement de 100 % des aides vers les catégories 2 à 4 après2020 permettrait de s’engager pleinement dans la seconde phase duplan Ecophyto qui vise à réduire de 50 % les pesticides d’ici 2025 (etnon de 25 %). Sans cela, la catégorie 1 continuera à assécher lesbudgets sans efficacité significative sur la réduction de l'usage despesticides.

6. Libérer les énergies de l’accompagnement collectif : ils’agirait de conforter, donner une lisibilité de long terme et faciliterl’accès aux différentes politiques publiques consacrées à l’animationcollective vers une agro-écologie à bas niveau de pesticides (GIEE,30 000, PEI …). Effectivement, les coûts de transaction sont tropélevés : ils limitent l’offre tout en garantissant à l’opérateur principald’être en situation de quasi-monopole. Sa position en tant que jugeet partie contribue à restreindre les procédures de sélection autourdu conseil normé qu’il propose. Dans la phase actuelle d’inventionde réponses agroécologiques et des modes d’accompagnement quipermettent leur essaimage, le verrouillage du dispositif autour d’unopérateur, non pas unique, mais ultra-dominant n’est pas opportun.Il contribue à diminuer l’efficacité de l’action publique en limitant lenombre d’agriculteurs cibles. En revanche, faciliter l’accès à cespolitiques publiques, favoriser les réseaux pionniers et les nichesd’innovations, cultiver une diversité de pratiques opérationnellesd’accompagnement vers l’agro-écologie dans lequel il sera possiblede puiser en fonction des situations apparaît beaucoup plusprometteur, et plus efficace pour toucher le maximum d’agriculteurs.

7. Mettre en place une fiscalité ciblée visant à doubler le coûtd’un passage de glyphosate au champ tous les ans pendant 3 ans.Compte tenu de son faible coût, son utilisation n’est pas toujoursraisonnée et il s’agirait d’augmenter significativement le poids dutraitement dans le budget des charges d’intrants / ha. Chaqueaugmentation devrait être communiquée à l’avance pour améliorerl’efficacité. La mesure assurerait aussi des rentrées fiscales.Elle pourrait être adaptée pour s’appliquer à l’ensemble despesticides. L’affectation d’une partie de la RPD pourrait êtreconsacrée au financement de politiques publiques qui offrent desalternatives aux agriculteurs et une voie de sortie (collectifs 30 000et MAEC Systèmes adaptées (SPE, Monogastrique, SGC sauf ZI etMAEC Sol) en vue d’une ouverture sans restriction territoriale.

8. Réaliser des campagnes d'information à l'intention du grandpublic (radio, télévision…) pour rappeler la dangerosité du produit.Les analyses montrent que les interventions les plus efficacescombinent plusieurs médias et/ou actions, et s'étendent sur unedurée relativement longue. Les messages doivent être originaux,bien présentés, percutants et inattaquables sur le plan scientifique.

9. Intervenir dans les points de vente (chez lesdistributeurs) en obligeant l’affectation d’une part minimum (50 %)de l’espace publicitaire pour un message de prévention et de danger.Consacrer également un part minimum de cet espace pour offrirune alternative en communiquant sur l’opportunité d’intégrer un

10 La lettre de l'agriculture durable - n°83 - janvier-février-mars 2018

>> 12 mesures… collectif (GIEE, 30 000, …) et en donnant les contacts opérateursavec leurs spécificités (Civam, Cuma, Gab, Coopérative, Chambred’agriculture… )

10. Appliquer ces réglementations et réaliser un effort decommunication pour faire savoir que des contrôles réguliers ontlieu et que les contrevenants sont systématiquement pénalisés.Donner les moyens nécessaires à la police de l’eau pour réaliser cescontrôles. Lutter contre la contrebande de glyphosate.

11. Répondre à la propagande. Les mensonges de l'industrie despesticides doivent être dénoncés publiquement et leursresponsables déférés devant les tribunaux.

12. Interdire l’importation de produits agricoles issus decultures OGM résistants au glyphosate pour contribuer à lacohérence de l’action publique à 4 niveaux (balance commerciale,santé publique, protection de l’économie agricole française etcontribution à l’exportation du projet agro-écologique) :a. Effectivement, interdire l’utilisation de glyphosate en France sansinterdire l’importation massive de matières premières agricolescontaminées contribuerait à créer une concurrence déloyale pourles agriculteurs français.b. Il s’agit également de protéger les populations françaises dessources de contamination importées.c. Par ailleurs, la mesure permettrait d’accompagner la transitionvers une économie agricole favorable à la balance commerciale. Lesrésultats du réseau Dephy font état d'un scénario de généralisationEcophyto favorable de 690 M€ à la balance commerciale française :les bénéfices attendus d’une baisse des importations de soja,d’énergie, d’une hausse des exportations de maïs compensentlargement les déficits commerciaux attendus d’une baisse de laproduction de colza, d’orge et de blé.d. Enfin, la mesure contribuerait à exporter l’action publique àl’international en incitant les changements de pratiques dans les paysexportateurs.

"Du glyphosate ? Non merci, j'ai arrêté"… Six témoignages en ce sens dans la dernière Lettre d'infodu Civam AD 53, dont celui-ci, de Rodolphe Doineau,polyculteur-éleveur mayennais…

"Je l'utilisais avant d'implanter des céréales et du maïs pour remplacerplusieurs déchaumages et détruire les plantes en place. J'ai arrêté pourraisons de santé : l'emploi des produits phytosanitaires me gênait aprèsutilisation et je craignais de les manipuler en raison de leur toxicité.Maintenant, je déchaume pour détruire les plantes en place et j'ai repris lelabour pour casser les prairies.J'ai une satisfaction morale à ne plus utiliser de produits phytosanitaires pourma santé et celle de l'Humanité, mais aussi à travailler de manière naturelleavec nos sols qui sont vivants… et donc nous le rendront !"

Source : Lettre d'info du Civam AD 53, n° 39 : 02 43 49 00 54.

POLITIQUES PUBLIQUES

Nouveau plan d'action pesticidesLe 19 janvier, le gouvernement lançait la concertation sur un nouveau pland'action sur les pesticides. Avec 4 priorités :1. diminuer rapidement l’utilisation des substances les plus préoccupantes pour lasanté et l’environnement ;2. structurer et renforcer la recherche sur les impacts des produitsphytopharmaceutiques sur la santé en soutien du renforcement de la protectiondes populations ;3. accompagner la recherche d’alternatives et la mise en œuvre de ces solutionspar les agriculteurs ;4. renforcer le plan Ecophyto 2, améliorer sa gouvernance et sonfonctionnement.A suivre… Alexis de Marguerye, Réseau Civam.

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Le Réseau Agriculture Durable (RAD) créé en 1994, n'existe plus en tant qu'association loi 1901, mais la commission SPEA (Systèmes deproduction économes et autonomes) a vocation à rassembler sur le plan national tous les groupes adhérant à Réseau Civam intéressés pourmarcher ensemble vers des systèmes de production durables. L'administrateur référent de cette commission est Fabrice Bouin, éleveur en Basse-Normandie et Goulven le Bahers en est le coordinateur. Contact : 0144 88 98 61.

AILLEURS

Près de Ramallah, une cueillette d’olives est organisée chez unagriculteur palestinien dont les champs en terrasse sontsurplombés par des colonies. Des étudiants et desinternationaux accompagnent les membres de l’UAWC dansce travail. C'est une des actions de soutien du réseau auxagriculteurs menacés par la colonisation.

Réunions en visio. Créée en 1986 à Ramallah par un grouped’agriculteurs pour aider à la récolte d’olives et à la réfectiondes terrasses, l’UAWC est aujourd’hui l’une des plus grandesorganisations agricoles palestiniennes. Au cœur du réseau, lescomités locaux  : 130 groupes et 140 salariés répartis pourmoitié en Cisjordanie et pour moitié à Gaza. Chaque comiténomme 4 représentants pour l’assemblée générale annuelle,qui élit 7 administrateurs de Cisjordanie et 6 de Gaza. Gazaétant fermé, c’est en visio que se font les réunions de CA !A l’ombre d’un olivier, Rezeq Barghouthi, paysan dans lesalentours de Ramallah et président de l’UAWC, expose lamission, le fonctionnement et les perspectives del’organisation. La paysannerie palestinienne est confrontée àde nombreuses difficultés  au premier rang desquellesl’occupation de l’armée israélienne et la confiscation desterres et des ressources pour les colonies. A cela s'ajoute unclimat aride et un contexte économique libéral dans lequel ilest dur de se maintenir et d’offrir des perspectives pour lesjeunes. Face à cette situation, c’est par le renforcement del’autonomie des paysans en s’appuyant sur les collectifs et leréseau que l’UAWC se propose d’agir.

Projets stratégiques et actions d'urgence. Ses actions serépartissent en deux grands types de projets. Les projetsstratégiques de long terme visent à favoriser l’accès auxressources naturelles et aux moyens de production. Le réseauappuie ainsi la construction ou la restauration d’infrastructureset bâtiments (terrasses, citernes, réseaux d’irrigation, serres,ateliers de transformation, bâtiments d’élevage), la remise enétat de pâturages, l’entretien de bateaux de pêche. Il organisela distribution de matériel de récolte, de pêche, de kitsvétérinaires, d’animaux reproducteurs, de plants et semencespaysannes. Il organise des formations et des visites d’échangeentre agriculteurs.

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Rencontre avec l'Union of Agricultural WorkCommittees (UAWC), un réseau ascendant de défense

des paysans qui n'est pas sans rappeler le RéseauCivam dans son organisation et ses valeurs. Il opère

cependant dans un contexte climatiqueet politique bien plus tendu.

Les autres projets sont des actions d’urgence, juridiques ouphysiques, pour protéger les droits des paysans et les défendreconcrètement face à la colonisation et ses conséquencesdésastreuses  : récoltes et arbres brûlés, routes bloquées,confiscation des terres et de l’eau.

Autonomie. Pour fonctionner, l’UAWC appuie ses actions surla participation des paysans (20 à 50%) et obtient desfinancements sur projets, mais n’accepte aucune "aide sousconditions" des bailleurs, afin de garder son indépendancepolitique. L’organisation a aussi des projets pour développerson autonomie économique : la création et le développementd’une coopérative paysanne (Green Mountain Compagnie)assurant l’achat, le stockage et la revente à l’export de produitsagricoles palestiniens (huile d’olive, dattes…).Son autonomie, l’UAWC va aussi la chercher en développantdes partenariats locaux et internationaux. Ainsi le fait derejoindre depuis 2013 la Via Campesina, au sein de la ViaCampesina Pays Arabes créée il y a 3 ans, représente uneavancée importante dans la lutte que mène le réseau pour ladéfense des paysans palestiniens et de leurs terres.

Romain Dieulot, Réseau Civam.

Une banque de semencesDans un pays où l’occupation et le manqued’accès aux ressources s’imposent auxpaysans palestiniens, la recherched’autonomie est un enjeu majeur. C’estpourquoi l’UAWC travaille depuis 2003 à lareproduction et l’amélioration dessemences locales et a créé en 2010 lapremière banque de semences paysannespalestinienne. Objectif  : préserver,développer et diffuser les semencespaysannes pour un maximum de paysans enCisjordanie et à Gaza… en lieu et place dessemences OGM, qui ont vite montré leurslimites aux les agriculteurs palestiniens : difficultés économiques liéesà l'instabilité des prix et à l'obligation de rachat annuel de cessemences , mais aussi problèmes agronomiques, ces semencesnécessitant beaucoup d'intrants pour exprimer leur potentiel. Et leurfaible résistance à la sécheresse constitue un frein majeur dans unerégion aride où la ressource en eau est accaparée par les colonies.L’usage massif de pesticides a quant à lui développé de nouvellesrésistances et maladies.Ce travail pour des semences adaptables à tous milieuxpédoclimatiques, n’ayant besoin ni d’intrants chimiques ni d’irrigation,reproductibles et de meilleure qualité valorisable sur les marchéslocaux, constitue un gage d’autonomie économique. Et dans cecontexte d’occupation, elles contribuent à une forme de résistancepolitique : "cultiver c’est résister". Aujourd’hui, cette initiative compteplus de 2000 agriculteurs bénéficiaires directs. R.D.

L’UAWC,réseau pour l’autonomie des paysans palestiniens

La présence d internationaux permet de conforter la sécurité des paysans au travail, dans les endroits lesplus sensibles parce que proches des colonies ou du mur. Romain Dieulot est allé participer à la récolte2017 avec d'autres bénévoles de l'Association France Palestine Solidarité 35 (voir Lad 81, p 11.)

A lire, à voir

Lettre d’information trimestrielle publiée par le Réseau CivamAdresse : 17 rue du Bas Village - CS 37725 - 35577 Cesson Sévigné cedexT é l : 02 99 77 39 25 - [email protected] -www.agriculture-durable.orgDépôt légal : à parution / ISSN :1764-2868 / CPPAP n°0921G 81528Directeur de la publica t ion : F. Bouin.Conception & relecture : A. Delahais, M. Blin, G. Le Bahers, D. Falaise,,M. Dumas, A. de Marguerye, R. Dieulot, L.Blondel, M. Carré, J-M. Lusson.Animation & mise en forme : J-M. Lusson.Reproduction autorisée en mentionnant la source - Imprimerie Le Galliard - CessonSévigné (35) - Imprimé sur papier recyclé avec encres végétales.

Je m 'a bonne□ 6,50 € pour les adhérents des groupes de Réseau Civam□ 13 € pour les non adhérents pour 1 an

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Chèque à l'ordre de Réseau Civam, 17 rue du Bas village, CS 37725, 35577 CESSON-SEVIGNE Cedex.

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Aléas climatiques :comment s'adapter etanticiper?par le Civam AD 53

Le Civam Agriculture Durable de laMayenne a publié cet automne undocument qui décrit et explique des "évolutions desexploitations laitières mayennaises en réponse aux aléas climatiques".L'ouvrage comprend 22 fiches techniques et des témoignagesd'éleveurs dont la plupart peuvent inspirer d'autres agriculteursbien au-delà des frontières de la Mayenne : il donne à voir legrand potentiel d’adaptation, de robustesse et de résilience dessystèmes herbagers autonomes et économes.Cette publication de 104 pages conclut un projet d'enquête et derecueil d'informations réalisé de 2014 à 2017 par le Civam AD53. Financé à 50% par la Région Pays de la Loire, ce projet a aussibénéficié du concours du Pays de Haute Mayenne et de sonConseil de développement, du Groupement d’Action Local duSud Mayenne, du Lycée Agricole Professionnel du Haut Anjou, duLycée Agricole,CFA, CFPPA de Laval, du PNR Normandie-Maine,de l’INRA de Toulouse, du RAD et de l’Institut de l’élevage.

Téléchargeable sur : http://www.civamad53.org/actualite/nouveau-consulter-dossier-agro-ecologie/. Plusieurs petites vidéos sur l'agriculturedurable visionnables sur civamad53.org

La compagnie Patrick Cosnet recherchedes fermes pour poser sa remorque dansle cadre de l'édition 2018 de son festivalde théâtre itinérant en milieu rural Fermesen scène.Contact : Compagnie Patrick Cosnet, Associa-tion Fonds de Terroir, 36 rue de la Libération,Pouancé, 49420 Ombrée d'Anjou,02 41 92 57 08 ou 06 81 38 45 [email protected]

Cherche associé.e pour reprise en élevagebovin lait avec transformation fromagèred'une ferme sur Moncontour de Bretagne.Installation souhaitée début 2019.Contact : Sylvain Haurat, 06 70 97 04 47.

Deux futures associées recherchent entre10 et 20 ha de terres agricoles pour créerun élevage caprin avec transformation fro-magère.Contact : Virginie Bienvenu, 07 83 80 93 11.

. 5-6 février : restitution à Angers desavancées du projet Casdar Transaé"Transformations du travail et transitions versl'agro-écologie en élevages de ruminants"(20I6-2020). 11 groupes Civam et Gabimpliqués, ainsi que Inra, Idele, InterAfocg,Agrosup Dijon, Afocg 49-85…Contact : [email protected]

. 18 au 20 mai : printemps d'Inpact (Ini-tiatives pour une agriculture citoyenne etterritoriale) à la ferme de la Basse-Cour,Arnouville, 28310 Gommerville.Le 18 mai : AG de Réseau Civam sur lesite.

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Le sourirede Louise,"c'est papaqui décide"par la Compagnie Patrick Cosnet.

Le Civam AD 72 et Solidarité Paysans 72 ont accompagné ungroupe d’agriculteurs en difficultés dans leur transition vers unsystème plus autonome basé sur le pâturage de leurs vaches, gaged’autonomie retrouvée avant tout dans leurs décisions, grâce àl’émulation d’un collectif et l’échange entre pairs. "Se sortir du rougeavec un système plus vert", comme on résume en Sarthe.L'essentiel de ce travail s'est opéré durant trois ans dans le cadre duprojet CASDAR "L’agroécologie, un recours pour les agriculteurs endifficulté" connu sous le nom de RADiTS (Recours pour lesAgriculteurs en Difficulté par la Transmission Solidaire).La Compagnie Cosnet (voir aussi en rubrique annonces ci-dessous)en a tiré un court métrage de 10 minutes qui retrace, à échelled'homme et d'enfant, cette démarche d’accompagnement, depuis lasituation de difficulté jusqu'au changement de pratiques avecpassage à l’herbe.A voir surhttp://www.civamad72.org/le-sourire-de-louise-cest-papa-qui-decide/

… pour animateurs, conseillers,agents de développement :

. Construire et conduire un systèmeherbager économe - Base 8-9 février et10 avril à Chauvigné (35).Contact : [email protected]

. Apprivoiser les résistances au change-ment pour mieux accompagner les agri-culteurs, 4 au 6 avril, Lyon.Contact : [email protected] [email protected] autres éditions de cette formation sont pré-vues en 2017 : dans l'ouest du 30 mai au 1er juinet du 17 au 19 octobre en Île de France.

Nombreuses autres offres de formationssur le catalogue Réseau Civam 2018 :www.agriculture-durable.org/formations/

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BLOC-NOTES

L A L ETTRE DE L’A G RICULTURE DURABLE