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LA LETTRE DE SANTES-NATURE LETTRE PÉRIODIQUE ADRESSÉE AUX ADHÉRENTS DE SANTES-NATURE Le 27 décembre 2017 N° 72 LE CONSEIL DADMINISTRATION DE «SANTES-NATURE» VOUS PRÉSENTE SES MEILLEURS VŒUX DE JOIE ET DE SANTÉ POUR LANNÉE 2018. LE PRINTEMPS REVIENDRA Hé oui, je sais bien qu’il fait froid, que le ciel est tout de travers; Je sais que ni la primevère ni l’agneau ne sont encor là. La terre tourne ; il reviendra, Le printemps, sur son cheval vert. Que ferait le bois sans pivert, Le petit jardin sans lilas ? Oui, tout passe, même l’hiver, Je le sais par mon petit doigt Que je garde toujours en l’air... Maurice Carême (1899-1978)

LA LETTRE DE SANTES-NATURE · 2018. 1. 17. · 3 NU İT DE LA CHOUETTE LE 11 MARS 2017 Pour la 12ème fois la nuit de la chouette a été organisée au niveau national. Santes-Nature,

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LA LETTRE DE SANTES-NATURE

LETTRE PÉRIODIQUE ADRESSÉE AUX ADHÉRENTS DE SANTES-NATURE Le 27 décembre 2017 N° 72

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE «SANTES-NATURE» VOUS PRÉSENTE SES MEILLEURS VŒUX DE JOIE ET DE SANTÉ POUR L’ANNÉE 2018.

LE PRINTEMPS REVIENDRA Hé oui, je sais bien qu’il fait froid, que le ciel est tout de travers; Je sais que ni la primevère ni l’agneau ne sont encor là. La terre tourne ; il reviendra, Le printemps, sur son cheval vert. Que ferait le bois sans pivert, Le petit jardin sans lilas ? Oui, tout passe, même l’hiver, Je le sais par mon petit doigt Que je garde toujours en l’air... Maurice Carême (1899-1978)

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Après approbation des rapports d’activité et financier, puis du rapport moral, l’AG a décidé l’entrée au Conseil d’Administration de Marie-Noëlle Charbaut, en remplacement de Fré-déric Willem qui s’en est retiré (tout en restant membre, et fournisseur de miel santois pour nos AG). L’actualité de début d’année 2017 a déclenché les interrogations des participants, en particu-lier l’abattage massif d’arbres à la Gîte, autour des étangs, sur un domaine privé classé EBC (Espace Boisé Classé à conserver ou à créer), mais peut-être aussi sur le domaine public tant les limites de parcelles sont complexes. Idem pour les coupes d’arbres dans la commune, par les services municipaux cette fois, évènement fortement et vigoureusement commenté en février car la population n’y avait pas été préparée. Philippe Barret, maire, et Frédéric Ma-rescaux, adjoint à l’environnement, ont apporté explications et apaisement : tous les arbres seront remplacés, par des essences régionales adaptées aux sites. De même, à la Gîte, les par-celles devront être replantées par le propriétaire. A suivre. Bien que cette année, exceptionnellement, il n’y ait pas eu d’invité extérieur, l’AG de l’asso-ciation a été très animée en raison du sujet d’actualité que constituait le Plan Local d’Urba-nisme (PLU). Grâce à une projection vidéo, Daniel Wgeux, président, a commenté pendant deux heures les cartes et photos aériennes qui ont permis de suivre la répartition des zones d’habitat, d’activité, d’espaces agricoles ou verts, les voiries, et les changements qui allaient intervenir dans cette répartition, à Santes et dans les communes environnantes. M. le maire a commenté à son tour les modifications proposées, qui auront bien sûr des répercussions sur les créations futures d’habitations, l’extension de la zone d’activité du port, mais aussi sur la préservation des espaces agricoles ou naturels. En toute fin de soirée, les interventions concernant le nouveau Plan Local de Publicité ont été brèves, puisque le Conseil Municipal en avait délibéré auparavant. M. le maire a assuré qu’il n’y aurait plus aucun grand panneau publicitaire (3mx4) sur la commune de Santes, ce qui répond pleinement au vœu de Santes-Nature.

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 3 MARS 2017

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NUİT DE LA CHOUETTE

LE 11 MARS 2017

Pour la 12ème fois la nuit de la chouette a été organisée au niveau national. Santes-Nature, le Groupe Ornithologique Nord et l’Espace Naturel Métropolitain se sont associés pour l’organiser au niveau local. Une exposition et une sortie nocturne étaient prévues ainsi que la dissection de pelotes de réjection. Cette expérience a été réalisée par Claire Poitout de l’Espace Naturel Métropolitain et a beaucoup intéressé petits et grands. Une centaine de personnes ont visité l’exposition et se sont intéressées à l’expérience. Soixante cinq personnes ont participé à la sortie nocturne par un temps calme de pleine lune et une température douce. Un groupe très attentif aux explications de Claire et des deux Daniel et surtout à l’écoute du chant des chouettes. Ce soir là nous avons pu entendre la chouette Chevêche, la Hulotte, le Hibou moyen duc et le chou-cas. Il a aussi fallu redoubler d’attention pour ne pas marcher sur une importante migration de cra-pauds. Le verre de jus de pomme bio offert par l’Espace Naturel Métropolitain après la superbe balade fut très apprécié des participants.

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Ce dimanche 2 avril la gymnastique volontaire organisait le parcours du cœur 2017 avec la participation de Santes Nature, de l’association des joggers, des équipes de la marche normale et de la marche nordique. Cinq parcours étaient proposés : ♦ la marche normale 7 km avec 65 participants, ♦ la marche normale 10 km avec 40 participants, ♦ la marche nordique débutants (avec prêt de bâtons) 6 km avec 13 participants, ♦ la marche nordique 10 km avec 15 participants. ♦ le jogging 10 km avec 22 participants. Chaque groupe est parti à 9h30 selon son rythme. La météo était favorable, pas de pluie mais un soleil radieux et une température digne d’un mois de mai. Les 155 participants se sont retrouvés dans la salle de musculation à la fin de leur parcours pour profiter d’un petit réconfort offert par la municipalité.

PARCOURS DU CŒUR - DİMANCHE 2 AVR İL 2017

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SORTİE ORNİTHOLOG İQUE 7 MAİ 2017

- Grèbe huppé - Grèbe castagneux - Grand cormoran - Héron cendré - Canard colvert - Faisan de Colchide - Foulque macroule et ses jeu-nes - Gallinule poule d’eau - Faucon crécerelle - Vanneau huppé - Mouette rieuse - Goéland sp

- Pigeon ramier - Tourterelle turque - Coucou gris - Pic vert - Pic épeiche - Hirondelle rustique - Troglodyte mignon - Accenteur mouchet - Rougegorge familier - Merle noir - Grive musicienne - Rousserolle effarvatte - Fauvette des jardins

- Fauvette grisette - Fauvette à tête noire - Pouillot véloce - Mésange à longue queue - Mésange charbonnière - Grimpereau des jardins - Loriot d’Europe - Etourneau sansonnet - Geai des chênes - Pie bavarde - Choucas des tours - Corneille noire - Pinson des arbres

27 personnes ont participé à cette sortie. Le temps était gris mais sans pluie avec une température de 12°.

38 espèces ont été vues ou-et entendues lors de la visite du site de la gîte ce dimanche 7 mai 2017, c’est deux de plus qu’en 2016. Nous n’avons entendu ni le rossignol philomèle, ni la tourterelle des bois, cela fait déjà plusieurs années que ces deux espèces manquent à l’appel.

Et plus inquiétant nous n’avons ni vu, ni entendu le moineau commun.

Par contre nous avons entendu la Rousserolle effarvatte et surtout le Loriot d’Europe que nous n’a-vions plus entendu depuis de nombreuses années, c’est vrai aussi que cette année nous avons orga-nisé notre sortie le 7 mai alors que les années précédentes nous l’organisions fin avril alors que cer-tains migrateurs n’étaient pas encore arrivés.

Il n'est pas tenu compte des espèces qui auraient pu être contactées avant le pont, au début de la vi-site Voici la liste :

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REMİSE DES PRİX DU CONCOURS DE DESSİNS

JEUDİ 29 JUİN 2017

Le thème du concours :

« LA NATURE EST SOURCE D’INSPIRATION POUR L’HOMME E T SES INNOVATIONS.

DESSINEZ QUELQUES EXEMPLES ASSOCIANT : NATURE ET IN VENTIONS DE L’HOMME. »

Pour aider les enfants à réaliser leur dessin, Lise, du Relais Nature, les a reçus sur le terrain pour une anima-tion et leur donner toutes les explications nécessaires.

Les lauréats ont été :

Ecole Notre Dame : Mathéo GAGNAIRE - Edouard BLONDEL

Ecole Ste Thérèse : Marie VANHEULE - Victor ROGEZ THEEBEN

Ecole Matisse : Jade BOUCHART - Louis DUFOUR - Gaspard LEFEBVRE - Charline KINTZIG

Un livre sur la nature, offert par Santes-Nature et la Municipalité de Santes, a récompensé les lauréats. Le voyage aux Prés du Hem a été offert par l’Espace Naturel Métropolitain à tous les participants au concours.

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SORTİE AUX PRÉS DU HEM

LE LUND İ 3 JUİLLET 2017

« L’accrobranche » idéal pour

ceux qui aiment les émotions

fortes.

Les plus téméraires s’y ris-

quent et incitent les copains

un peu plus frileux à les sui-

vre. A la fin du parcours on

entend :« même pas peur » ,

on recommence !

Après la traversée en ba-

teau nous voici près des

ruminants pour une petite

pause avant de reprendre,

à pied, un chemin à tra-

vers bois et prairie jus-

qu’à notre point de dé-

part.

La Métropole Européénne de Lille a accepté d’offrir, cette année encore, une journée détente aux Prés du Hem à tous les participants du concours de dessins. La Municipalité de Santes a offert le transport.

Le lundi 3 juillet 2017, 114 enfants accompagnés de leurs professeurs, des accompagnateurs, des représentants de la Municipalité et de Santes-Nature ont donc pris la route en bus pour Armentières et les Prés du Hem.

Grâce au temps clément les enfants ont bien profité des activités du parc et ont passé une excellente journée.

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SORTİE MYCOLOG İQUE A LA GÎTE

LE 14 OCTOBRE 2017

Temps sec et chaud pour cette journée du 14 octobre 2017. Après une saison très prolifique depuis plus d’un mois, la sécheresse avait fait son retour. On aurait pu s’attendre à une plus faible récolte que les années précédentes, mais c’était sans compter sur la curiosité des 120 personnes présentes à cette sortie.

Liste établie par Régis Courtecuisse avec l’assistance de Pascal Aleksandrowicz, Bernard Henne, Grégory Vanhove et Daniel Wgeux.

Remerciements au Relais Nature de Santes pour l’accueil et la mise à disposition des tables pour la détermination des champignons.

2 séances de spectacle avec pour thème les champignons ont aussi été offertes aux personnes qui n’ont pas participé à la sortie ou après la sortie.

Cette année nous avons présenté les champignons par CLASSE, ordre,et nom de l’espèce contrai-rement aux autres années où nous les présentions par ordre alphabétique ; pour les petits curieux ce sera plus facile de les retrouver dans l’excellent livre de Régis Courtecuisse « Guide des cham-pignons de France et d’Europe » que l’on peut trouver dans toutes les bonnes librairies (c’est un peu de pub qui ne coûte pas cher).

Nombre d’espèces de champignons récoltées : 78. En 2016 nous avions trouvé 58 espèces.

Et encore une nouveauté pour Santes, un champignon considéré comme disparu dans la région, il n’avait plus été revu depuis 1980, voilà 37 ans.

Psathyrella narcotica, voir la photo, diamètre du chapeau 20 mm, couleur gris blanchâtre, dia-mètre du pied 2mm, longueur du pied 50 mm, odeur bitumineuse, il pousse sur des sols riches en matière organique.

Psathyrella narcotica

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ASCOMYCOTA 1 Incertae sedis

Hymenopsis typhae

Hypocreales

Acremonium lindtneri (sur Ganoderma, face inférieure) Xylariales

Xylaria polymorpha Xylaria hypoxylon ASCOMYCOTA 2 Leotiales

Bisporella sulphurina Pezizales

Sarcosypha coccinea (cf) Helvella crispa Helvella elastica BASIDIOMYCOTA 1 Pucciniales

Puccinia graminis

Auriculariales

Auricularia auricula-judae BASIDIOMYCOTA 2 Corticiales

Lyomyces sambuci

Hymenochaetales

Phellinus sp. (sur Salix)

Polyporales

Ganoderma applanatum Trametes versicolor Trametes pubescens Polyporus durus Polyporus leptocephalus

Cantharellales

Clavulina cristata Clavulina cinerea

Gomphales

Ramaria sp BASIDIOMYCOTA 3 Tricholomatales

Lepista flaccida

Clitocybe candicans Tricholoma scalpturatum Tricholoma cingulatum Lepista nuda Melanoleuca sp.1 Melanoleuca sp.2 Lyophyllum decastes Hemimycena candida Mycena speirea Mycena aetites Mycena acicula Mycena vitilis Mycena galericulata

Schizophyllales

Armillaria mellea Armillaria cepistipes

Hydnangiales

Laccaria affinis

Agaricales

Echinoderma asperum Lepiota josserandii Sericeomyces serenus Agaricus subperonatus Coprinus comatus Coprinus atramentarius Coprinus saccharinus Coprinus disseminatus Coprinus leiocephalus Psathyrella marcescibilis Psathyrella candolleana Psathyrella melanthina Psathyrella pygmaea Psathyrella narcotica espèce remarquable (très rare)

Pluteales

Pluteus cervinus Pluteus salicinus Volvopluteus gloiocephalus

Entolomatales

Entoloma rhodopolium f. nidorosum Entoloma hebes

Cortinariales

Hebeloma pallidoluctuosum Inocybe dulcamara Inocybe subtigrina Cortinarius salicis Cortinarius cohabitans Tubaria autochtona

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Tubaria conspersa Crepidotus lundelii Crepidotus cesatii Galerina autumnalis Galerina marginata Pholiota squarrosa Pholiota gummosa Stropharia caerulea Hypholoma fasciculare Bolbitius titubans var. vitellinus Conocybe sordida Panaeolus campanulatus Panaeolus rickenii

Russulales

Lactarius pubescens

Boletales

Paxillus involutuss Leccinum scabrum BASIDIOMYCOTA 4 Geastsrales

Geastrum triplex

Sclerodermatales

Scleroderma areolatum

DATES A RETENIR POUR LES MANIFESTATIONS DE SANTES-N ATURE : Samedi 27 janvier 2018 : Projection du film 0% phyto 100% bio à 19h45 salle Agora. Vendredi 16 février 2018 : Assemblée Générale de Santes-Nature château du Parc. Dimanche 15 avril 2018 : Parcours du cœur. Dimanche 6 mai 2018 : Sortie découverte des oiseaux à la Gîte. Jeudi 21 juin 2018 : Remise des prix du concours de dessins. Samedi 6 octobre 2018 : Sortie découverte des champignons à la Gîte.

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L’histoire de la terre a connu bien des vicissi-tudes climatiques, des périodes très froides et des périodes très chaudes. Si nous nous limi-tons au dernier millénaire, on retiendra que la principale période chaude bien connue des Européens est celle qui va de 950 à 1350 en-viron, et surtout de 1150 à 1300. Avant l’an mil, l’Europe était peu peuplée, et les échanges à longue distance étaient fort ré-duits. A l’approche de l’an mil, qu’est-ce qui se pas-se ? Les températures grimpent partout en Eu-rope, c’est la période des grands voyages ma-ritimes, de la construction de centaines de vil-les (très peu avant, quasiment plus après), de la construction des cathédrales, et d’un bond de l’économie rurale et urbaine. A la campagne (plus de 90% de la popula-tion), on défriche de grands espaces, et on les met en valeur avec des techniques nouvelles (assolement triennal) qui dynamisent l’agri-culture. Ce dont bénéficie la population euro-péenne, qui passe de 40 millions d’habitants en l’an mil à 73 millions en 1300. Le réchauffement est particulièrement bien connu en Europe du Nord, ce qui favorise la colonisation des Highlands écossais, de l’I-slande, du Groenland (en 932), avec des in-cursions dans ce que l’on n’appelle pas encore l’Amérique : Terre-Neuve, Terre de Baffin (Helluland), Labrador (Vinland) d’où les Islandais ramènent du bois de construction, car les forêts canadiennes s’étendaient beau-coup plus loin vers le nord qu’elles ne le font aujourd’hui. Avec la disparition de la banquise (entre 860 et 1200, les côtes d’Islande sont libres de gla-ces), les Vikings s’aventurent sur le passage du nord-ouest vers le Pôle nord. La culture du blé, de l’orge, de l’avoine s’étend aux régions septentrionales, jusqu’au 64° de latitude, près du cercle polaire, au nord de Trondheim, ce qui n’avait jamais été possible auparavant. En Angleterre, on cultive la vigne jusqu’à une altitude de 200m au dessus du niveau de la

mer, et en Ecosse, on cultive des céréales jus-qu’à 400m d’altitude. La hausse des tempéra-tures libère le dioxyde de carbone, ce qui fa-vorise la croissance des plantes ; les rende-ments explosent. Au Groenland, les fermiers danois et norvégiens cultivent les céréales, pratiquent l’élevage des vaches, mais aussi des moutons, des chèvres et des porcs. L’évê-que de Gardar (côte Est) possède alors un éle-vage de 100 vaches. La montée des eaux per-met aux bateaux de remonter les fleuves : Montreuil-sur-mer (Quentovic) et St-Omer (Sithiu) sont des ports de mer, et le commerce se développe en mer du Nord et en Atlanti-que. A la fin de cette période faste, entre 1300 et 1350, les températures chutent, c’est ce que l’on appelle le petit âge glaciaire. On assiste alors à une dépopulation de l’Europe, due aux épidémies (peste bubonique, peste pulmonai-re) qui font des millions de victi-mes (l’Angleterre perd 60% de sa population), et à un pic de catastrophes naturelles : pluies diluviennes, inondations, tremblements de terre, raz-de-marée, famines dues aux mauvai-ses récoltes… et à la fin des expéditions en Amérique, car la banquise gagne vers le sud. Les colons du Groenland quittent leurs fermes sans que l’on sache encore aujourd’hui s’ils sont rentrés au Danemark ou partis plus à l’ouest. Ce n’est que depuis peu que les sciences pa-léoclimatologiques, qui étudient les cernes d’arbres, les sédiments et les carottes glaciai-res, montrent que ce phénomène de réchauffe-ment puis de refroidissement n’a pas concerné que l’Europe, mais aussi d’autres régions du monde comme la vallée de l’Hudson (Nouvelle Angleterre), la Californie, l’Alaska, la Patagonie, l’Afrique équatoriale et même l’Antarctique. Faut-il en tirer des conclusions mille ans après ? AW

UN AUTRE RÉCHAUFFEMENTRÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

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L’OMM (Organisation météorologique mondiale) estimait le 19 décembre dernier que 2017 a compté moins de records dépassés que 2016, mais que cette année 2017 compterait probablement parmi les 3 années les plus chau-des (pour la température de l’air, et des océans) jamais enregistrées (tout particulièrement dans le nord de la zone circumpolaire arctique et en Rus-sie) , et il s’agit sans doute du record de chaleur pour une année sans effet El Niño.

Le tout dernier éditorial de la Revue Nature sonne comme un glas. 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée ; et la signature anthro-pique du réchauffement dépasse maintenant clairement celle de la nature dans les phénomènes météorologiques extrêmes et planétaires.

Depuis des décennies les scientifiques (dans rapports du GIEC notamment) se montraient très prudents sur la question de la part de l’homme dans les anomalies climatiques, précisant que cer-tains évènements climatiques extrêmes étaient « peut-être » ou « probablement, ou à la rigueur « très probablement » dus aux émissions de gaz à effet de serre induites par les activités humai-nes, et à la destruction des puits de carbone (également due aux activités humaines).

Pour la première fois - et dans 3 études publiées dans une édition spéciale du Bulletin de l'American Meteorological Society (BAMS) du 13 dec 2017 - des chercheurs sur le climat rap-portent que la survenue de certains des événements météorologiques récents auraient été simple-ment impossibles sans l'influence de l'humanité. L’anthropocène est donc bien là ; et il est égale-ment « climatique ».

Une 1ère étude (Knutson T.R. et al. (2018) Bull. Am. Meteorol. Soc. 99, S11–S15; 2018 [http://www.ametsoc.net/eee/2016/ch3.pdf CMIP5 Model-Based Assessment of anthropogenic influen-ce on record global warmth during 2016]|PDF|5 pages) montre que l’Homme a créé un nouveau régime du climat qui exacerbe sa variabilité naturelle. Nous sommes responsables du caractère extrême de certains évènements météorologiques et cela risque de durer. C’est selon cette étude vers 1960 mais surtout à partir de 1980 que le transport, le chauffage et d’autres sources de gaz à effet de serre, ainsi que la destruction d’une partie des puits de carbone semblent avoir - selon tous les modèles disponibles - commencé à « pousser » le climat hors du domaine de la variabili-té naturelle.

Ces conclusions invitent à revoir la façon de penser les événements extrêmes (et les systèmes assurantiels). Le forçage anthropique du climat dépasse maintenant nettement le forçage naturel, ainsi le réchauffement attribué à El Niño dans l’Est du Pacifique tropical en 2015-16 et les tem-pératures anormalement chaudes de la Mer de Béring n’aurait pas pu porter les températures mondiales à de tels niveaux (records) s’il n’avait été amplifié par plus d'un siècle d'émissions de gaz à effet de serre. D’autres effets aujourd’hui attribués à El Niño devraient en partie au moins l’être aux activités humaines.

https://www.ametsoc.org/ams/index.cfm/publications/bulletin-of-the-american-meteorological-society-bams/explaining-extreme-events-from-a-climate-perspective/ Explaining Extreme Events from a Climate Perspective ; This BAMS special report presents assessments of how hu-man-caused climate change may have affected the strength and likelihood of individual extreme events : téléchargement en haute resolution : http://www.ametsoc.net/eee/2016/2016_bams_eee_high_res.pdf

La 2ème étude conclut que le réchauffement anthropique a été la cause première des vagues de

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chaleur qui ont saisi une grande partie de l'Asie du Sud-Est en 2016 (Y. Imada et al., Bull, Am. Meteorol, Soc 99, S97-S101, 2018) même si El Niño a doublé le risque de son occurrence. En Inde, la chaleur a tué au moins 580 personnes de mars à mai. La Thaïlande a enregistré son re-cord pour tous les temps : 44,6 ° C - le 28 avril, accompagné d’un record de consommation d'énergie à cause des climatiseurs. Java, Bornéo et Sumatra, hot-spots de biodiversité ont été en partie noyés sous une vague de chaleur.

Imada Y et al. (2018), ''[URL:http://www.ametsoc.net/eee/2016/ch19.pdf Climate change increa-sed the likelihood ot the 2016 eat extremes in Asia]''| Bull. Am. Meteorol. Soc. 99, S97–S101; 2018 |URL:http://www.ametsoc.net/eee/2016/ch19.pdf

La 3ème étude, conclue que le réchauffement marin du Golfe d'Alaska et de la Mer de Béring qui s’accroît depuis 2014 et a atteint un paroxysme en 2016 (JE Walsh et al. (2018) Bull, Am. Me-teorol, Soc 99, S39- S43) est peut-être en partie dû à El Niño mais que le réchauffement global est aussi en cause avec des conséquences écologiques massives : En Alaska, la débâcle (fonte des glaces) a été plus précoce que jamais dans l’histoire de la météo ; un manque de glace de mer a affecté la pêche; et une prolifération de plancton toxique a réduit les récoltes de mollusques. Des dizaines de milliers d'oiseaux de mer ont été retrouvés morts (peut-être affamés). Brubaker M & al. (2018) [http://www.ametsoc.net/eee/2016/ch8.pdf . The hight latitude marine heat wave of 2016 and its impacts on Alaska ; The 2016 Alaska marine heat wave was unprecedented in terms of sea surface temperatures and ocean heat content, and CMIP5 data suggest human-induced climate change has greatly increased the risk of such anomalie] ; BAMs/American Me-teorological Society |Janvier 2018| DOI:10.1175/BAMS-D-17-0105.1

L’éditorialiste du Journal Nature note que sur les 131 articles scientifiques relatifs des événe-ments extrêmes publiés par le BAMS depuis 10 ans, 35% concluaient que le réchauffement de la planète n'avait pas joué de rôle appréciable (et les autres restaient très prudents sur la part des causes anthropiques).

Ces 3 études nouvelles ne laissent plus place au doute. L'humanité n'a pas seulement « pipé les dés », elle a créé un nouveau mécanisme climatique, qu’elle ne comprend pas. Nous entrons dans une période hors-normes et nous ne comprenons pas assez le climat pour prédire où et quand ses extrêmes frapperont ni quelles seront les conséquences sanitaires, économiques, sociales, agrico-les et pour la biodiversité.

Selon l’éditorialiste, la solution est claire depuis plus de deux décennies: les gouvernements et/ou les sociétés doivent prendre des mesures énergiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (et donc restaurer et protéger les puits de carbone).

En attribuant les impacts observés dans le monde réel au réchauffement climatique anthropique, ces scientifiques donnent aux citoyens et aux dirigeants des preuves supplémentaires que le changement climatique est en cours et qu’il faut agir.

Florent Lamiot

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Selon une récente étude de Global Carbon Project, publiée dans le quotidien espagnol El Pais ce 21 décembre, les émissions de CO2 ont progressé de 1990 à 2016 de 22% dans le monde. Les détails sont instructifs :

•En Europe, on constate une diminution de 35% au Royaume-Unis, de 14% en France, de 16% en Belgique, de 17% en Italie, de 24% en Allemagne, de 37% en Russie, de 20% en Finlande et de 2% en Suède ; mais elles augmentent de 4% en Hollande, de 13% en Espagne et de 26% en Norvège !

•En Asie on observe une augmentation du CO2 de 4% au Japon, de 141% en Corée du Sud, de 235% en Indonésie, de 208% aux Philippines, de 293% en Inde, de 316% en Chine, de 772% au Viet- Nam et de 1339% au Népal …

•En Amérique du Nord, l’augmentation de CO2 a été de 4% aux Etats-Unis, de 21% au

Canada et de 46% au Mexique.

•En Amérique du Sud, les émissions de CO2 ont progressé entre 1990 et 2016 de 45% au Venezuela, de 86% en Argentine, de 141% à Trinidad et Tobago, de 134% au Brésil, de 162% au Chili et de 222% au Pé-rou.

•En Afrique et au Moyen Orient, seul le Zimbabwe a réussi à diminuer ses émissions de CO2 de 30% entre 1990 et 2016. La hausse est de 154% au Maroc, de 185% en Egypte, de 105% au Koweït, de 161% au Nigeria, de 50% en Afrique du Sud, de 242% en Arabie Saoudite, de 360% dans les Emirats, de 487% à Oman, de 218% à Ma-dagascar, de 600% en Angola et de 9580 % en Namibie !

En Nouvelle Zélande, les émissions de CO2 ont augmenté de 41% et en Australie de 43%.

Le Global Carbon Project aurait dû aussi donner les tonnages ; heureusement il l’a fait dans d’autres études. Production mondiale de CO2 en 2016 : 36 milliards de tonnes dont la moitié est absor-bée par les puits naturels de carbone comme les océans ¼, la végétation et les sols ¼, l’autre moitié s’accumule dans l’atmosphère (à noter qu’en 2002 la production mondiale de CO2 était de 24 milliards de tonnes soit 50 % en plus en 14 années).

Ce qui est important à mes yeux n’est pas de savoir si on a fait mieux ou moins bien que les autres, mais de connaître la production de chaque pays et combien ces pays peuvent absorber dans leurs puits naturels de carbone (des pourcentages ça ne veut pas dire beau-coup de choses, ça sert souvent à cacher des réalités).

Il faut aussi savoir le temps exact que mettra le CO2 pour se dégrader naturellement dans l’atmosphère, 100 ans selon Jean Marc Jan-covici.

Sans oublier le méthane CH4, le protoxyde

d’azote N2O, les Halocarbures CFC et les autres gaz industriels.

D’après les carottes glaciaires prélevées (carottage au Groenland et en Antarctique), le taux de CO2 dans l’atmosphère pendant les périodes glaciaires était de 190 ppm (partie par million), pendant les périodes chaudes il était de 300 ppm, en 1850 au dé-but de la civilisation industrielle il était de 280 ppm, en 2014 il représentait 400 ppm.

A noter qu’après le dernier âge glaciaire il a fallu 5000 ans pour que la concentration de CO2 dans l’atmosphère augmente de 80 ppm, là en 167ans l’augmentation est de 120 ppm.

La question qui est posée pour la planète et ses éléments qui y vivent est de savoir s’ils sauront s’adapter à cette augmentation trop rapide de ces rejets gazeux dans l’atmosphè-re ?

Daniel Wgeux

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L’hydrosphère désigne l’ensemble des eaux qui

recouvrent la croûte terrestre, que ce soit les

mers, les océans, les fleuves et les rivières, et

jusqu’au moindre lac. Parmi ces eaux, les

océans impressionnent par leur profondeur

moyenne : près de 3 800 mètres, soit plus de

cinq fois la hauteur moyenne des continents. La

masse d’eau totale de l’hydrosphère n’évolue

pas au cours des siècles et reste infiniment cons-

tante. L’eau s’évapore, forme la vapeur d’eau

qui, en se transformant en pluie, va alimenter les

mers, les cours d’eau et les nappes souterraines.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transfor-

me : l’eau change d’état au cours de son cycle,

passant de l’état gazeux à l’état liquide ou à l’é-

tat solide. Cependant, sa quantité est restée in-

changée depuis trois milliards d’années, date de

son apparition sur terre. Dans l’atmosphère,

l’eau est surtout présente à l’état de vapeur.

Puis, sous l’effet du refroidissement, l’eau passe

de l’état de vapeur à l’état liquide. Cette eau

liquide est concentrée dans les nuages puis dans

les précipitations.

Une fois que l’eau a atteint le sol, son cycle va

se dérouler de façon essentiellement liquide.

Seule une toute petite partie de cette eau est en

mouvement, la grande majorité étant stockée

dans les nappes souterraines. Une partie de l’eau

est utilisée par les plantes, le reste est drainé

vers les rivières ou dans les nappes. Les racines

des plantes vont capter l’eau, qui s’évaporera

ensuite par le système de transpiration des feuil-

les. Cette “transpiration” constitue de la vapeur

d’eau. De la même façon, les lacs, les océans,

vont évaporer une partie de leur eau. La somme

des évaporations, soit 496 000 km3/an, égale à

la somme des précipitations. Or, sur les conti-

nents, les précipitations sont supérieures de 40

000 km3 à l’évaporation. Sur les océans, en re-

vanche, on observe le phénomène inverse pour

la même quantité d’eau. Les continents vont

donc renvoyer chaque année une masse d’eau

de 40 000 km3 aux océans, de façon à ce que le

cycle de l’eau soit équilibré. Le moteur de ce

cycle est le soleil. Plus exactement l’énergie

solaire qui entraîne les changements d’état de

l’eau : la formation et la fonte des glaces, ou

encore l’évaporation de l’eau et son élévation

dans l’atmosphère.

La mer, comme l’indique aussi l’Institut Océa-

nographique de Paris, échange constamment

avec l’atmosphère, que ce soit au niveau du

mouvement, de la chaleur ou de substances.

Du mouvement: le vent déforme la surface de la

mer et lui transmet de l’énergie. Sur une mer

d’abord calme, le vent crée des rides, puis des

vagues, puis de la houle.

De la chaleur : l’air, et l’eau plus encore, absor-

bent le rayonnement solaire. La mer constitue

un réservoir de chaleur, qui est en partie resti-

tuée à l’atmosphère. Les substances liquides :

les embruns formés par le déferlement des va-

gues, entraînent dans les gouttelettes d’eau tous

les composants de la couche de surface de la

mer …

Décidément, l’eau est bien mystérieuse.

DW

LE MYSTÈRE DE L’EAU

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Cela peut constituer une surprise pour cer-tains, mais les conséquences du transport mariti-me sur la nature sont catastrophiques.

Bientôt, nous serons à nouveau nombreux à partir en vacances en prenant l’avion ou l’Auto-route du Soleil. Tout cela est très polluant. À l’in-verse, le transport maritime nous semble moins nuisible pour l’environnement que le transport aérien ou routier. Mais est-ce vraiment le cas ?

La journaliste climatique et exploratrice Ber-nice Notenboom a enquêté et nous donne son point de vue dans le documentaire « Sea Blind » pour lequel elle a voyagé en Arctique, en Norvè-ge, en Russie, au Groenland, au Canada, au Da-nemark, aux États-Unis, en Angleterre, à Rotter-dam et à Terschelling. Elle a parlé à des scientifi-ques, des armateurs, des expéditeurs, des ingé-nieurs, des organisations environnementales et des experts maritimes.

90 000 porte-conteneurs sur les mers en per-manence

Environ 90 % de tout ce qui se trouve dans nos magasins est transporté par bateau. Nourri-ture, vêtements, meubles, appareils électroni-ques, automobiles, etc. À bord de l’Oscar, le plus grand porte-conteneurs du monde, on peut em-barquer 19 200 conteneurs. De quoi transporter 954 millions de bananes, 39 000 voitures, 117 millions de paires de chaussures et 900 millions de boîtes de nourriture pour chiens. Dans le monde, plus de 90 000 porte-conteneurs trans-portent sans cesse de lourdes cargaisons.

« Partout dans le monde, les marchandises transportées par ces porte-conteneurs sont in-dispensables. Nous attendons que ces marchan-dises soient livrées à temps dans nos magasins pour un prix raisonnable. Et ces centaines de kilos de bananes pourries, on en fait quoi ? Nous les jetons. »

Énormes émissions d’oxyde de soufre

Le secteur du transport maritime est relative-ment propre si l’on se contente d’observer les émissions par tonne de marchandises transpor-tée. Mais ces énormes quantités de marchandi-ses déforment la réalité des chiffres. En terme de pollution absolue, les chiffres sont très diffé-rents. Les 17 plus grands porte-conteneurs émettent ensemble autant d’oxydes de soufre que toutes les voitures du monde. Le transport maritime est en outre responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de CO2.

Le transport maritime est néfaste pour la qualité de l’air

La plupart des navires utilisent du pétrole de soute bon marché. C’est une huile épaisse qui est un résidu du raffinage des carburants pour voiture. « Il s’agit en fait d’un carburant qui est un déchet pour les raffineries », explique Bernice Notenboom. Le pétrole de soute bon marché est très polluant : par litre, il peut contenir jusqu’à 2 000 fois plus de soufre que le diesel conven-tionnel.

Une absence de régulation du transport ma-ritime

La nature opaque et non réglementée du transport maritime est étroitement liée à son caractère polluant et mérite une attention d’au-tant plus grande. La moitié des 6 000 porte-conteneurs est immatriculée dans un autre pays que son pays d’origine. La plupart (33 %) sont enregistrés au Panama. Et ce, bien que ni le pro-priétaire, ni l’équipage, ni l’itinéraire ou le char-gement ne soient liés de près ou de loin avec le Panama.

Comment cela est-il possible ? Les navires peuvent, après une procédure d’immatriculation simplifiée, naviguer sous des pavillons de com-plaisance comme celui de la Mongolie, un pays qui n’a pourtant ni mer, ni flotte. Les pavillons de complaisance offrent de nombreux avanta-ges : faible taux d’imposition, main-d’œuvre bon

LES BATEAUX CARGOS

SONT LES PLUS POLLUEURS DE LA PLANÈTE

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marché (et non syndiquée) et absence de contrô-les. De quoi polluer en toute tranquillité…

Améliorations en vue

Depuis le 1er janvier 2015, dans certaines zo-nes côtières, des réglementations sur le soufre sont entrées en vigueur. Après des dizaines d’an-nées de négociations, les 170 pays membres de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) sont arrivés l’an dernier à un consensus sur ce sujet. En mer du Nord, en mer Baltique et le long des côtes d’Amérique du Nord ou du Canada, les navires doivent à présent utiliser un diesel qui ne contient que 0,1 % de soufre. Mais les contrôles dans ce no man’s land restent un vrai problème…

De nombreux navires évitent les zones règle-mentées

Arnold Van Vuren, directeur du transport mari-time néerlandais, est responsable de l’inspection pour la navigation maritime et intérieure. Il esti-me qu’il y a encore beaucoup à faire en mer où aucun contrôle n’est mené et où le temps et l’ar-gent manquent pour faire respecter la loi.

Les inspections portuaires européennes parta-gent depuis peu une base de données et des listes noires des navires en infraction mais, selon Van Vuren, de nombreux navires contournent les zo-

nes où la règlementation sur le soufre est d’appli-cation. « En pleine mer, ce bénéfice économique devrait être supprimé. Tout le monde devrait res-pecter les mêmes règles », explique-t-il.

La solution, selon Van Vuren, serait que les consommateurs soient prêts à accepter des coûts de transport plus élevés : « Même si le diesel à faible teneur en soufre est deux fois plus cher que l’huile de soute, le consommateur n’est pour le moment pas prêt à payer un cent supplémentaire pour une boîte de soda. »

Sea Blind : un regard critique sur le transport maritime

Des mesures visant à rendre le transport mari-time international plus respectueux de l’environ-nement ont été supprimées au dernier moment lors de la signature de l’accord sur le climat des Nations Unies, à Paris. Dommage, car ce secteur pourrait avoir un énorme impact sur une amélio-ration de la problématique climatique. La journa-liste climatique et exploratrice Bernice Noten-boom a enquêté en profondeur au sein du trans-port maritime international, pour produire « Sea Blind » un documentaire très critique.

Gilbert FOURNIER nous a quittés le 9 novembre 2017. Selon sa volonté, il a été inci-néré dans la plus stricte intimité.

Gilbert était membre de Santes-Nature depuis presque son origine. Il cachait une certai-ne sensibilité derrière son caractère pas commode et nous avons été peinés de ne pas pouvoir lui rendre un dernier hommage.

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Le PLU2 de la Métropole lilloise (90 com-munes) confirme la volonté des élus métro-politains de poursuivre leur politique de ‘déshabillage’ de la région.

Alors que de Montreuil à Dunkerque et de Fourmies à Boulogne, en passant par l’an-cien bassin minier, l’activité économique est morose, que le chômage est élevé, et que l’immobilier est en panne, Lille et sa ban-lieue continuent de ‘pomper’ la région, de la vider de sa jeunesse, d’attirer les fonds, les entrepreneurs, les services…

Nos élus ont les arguments qui désarment les oppositions ; ils ont trouvé le juste équi-libre et la souplesse : « Il s’agir de trouver le juste équilibre entre des règles qui pré-servent notre environnement et une souples-se qui permettent de répondre aux besoins des populations et des entreprises pour les dix ans à venir » (Marc-Philippe Daubresse, vice-président en charge de l’Aménagement du territoire).

Certes, dans le PLU1 (2004), c’étaient 2890 hectares qui avaient été consacrés à l’urbani-sation alors qu’ils ne seront que 1130 dans le PLU2. De quoi se plaignent les agri-culteurs ? On ne leur prend que 1130 ha : « la surface des terres ouvertes à l’urbani-sation est divisée par deux, celles des terres constructibles à l’avenir est divisée par trois. Soit un gain de 1000 ha de terres agri-coles préservées sur le long terme » (MEL). Youpie ! Les agriculteurs gagnent 1000 hec-tares (« un gain »), ça veut dire qu’on aurait pu leur prendre 1000 ha de plus, mais que dans sa grande bonté, la MEL a choisi le juste équilibre et la souplesse.

Comme dit le président de la Chambre d’A-griculture Nord-Pas-de-Calais Jean-Bernard Bayard : « le monde agricole ne peut rester replié sur lui-même et doit porter un regard sur l’avenir, gage de progrès ». En clair,

cela veut dire qu’il doit accepter (avec le sourire ?) de disparaître petit à petit.

Un qui ne pratique pas la langue de bois, c’est Philippe Vasseur, Commissaire spécial à la revitalisation des territoires et à la réin-dustrialisation, qui s’appuie sur une étude de France Statégie, un organisme officiel qui nous dit : « Avec Toulouse et Montpel-lier, Lille est la seule métropole de France parmi les douze étudiées dont le rayonne-ment ne profiterait pas à ses territoires voi-sins, en l’occurrence à l’ensemble du Nord-Pas-de–Calais […] sur les 25 bassins de vie les plus touchés par le chômage en France, 11 sont situés dans la région, mais l’incapa-cité à transgresser les cultures de clocher et de beffroi est encore très présente » (VdN 06/12/17) .

Philippe Vasseur constate que la région perd plus de 3000 emplois industriels chaque an-née en moyenne, et « voit se creuser les iné-galités sociales dans la plupart des bassins de vie voisins d’une métropole lilloise qui décolle toujours plus ».

Si la MEL, avec les PLU, sème à tout va ses programmes d’implantations industrielles et commerciales, ses nouvelles zones construc-tibles et ses programmes immobiliers, ses infrastructures routières, échangeurs et contournements routiers, il faut savoir que c’est en grande partie au détriment du reste de la région.

On pourrait dire que la MEL n’y est pour rien, que ça n’est pas son affaire. C’est vrai. Ce qui est en cause c’est l’absence de poli-tique régionale d’aménagement qui don-nerait une chance à tous les bassins de vie, mais pour cela il faut une volonté politique qui fait défaut.

AW

PLU2 : LE DÉSHABİLLAGE CONT İNUE.

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Novembre 2017. La Chambre de Commerce et d’Industrie Grand Lil-le réfléchit à la transformation de la plateforme multimodale du Port de Santes. Elle a missionné le bu-reau d’études Nouveaux Territoire Consultants pour se pencher sur les éventuels problèmes que ren-contreraient les projets d’aména-gement dans le port.

Le projet concerne principalement les parcelles jouxtant les entrepôts Roquette, en bordure de Deûle (là où se trouvait en particulier la Ban-que Alimentaire hébergée aujourd-’hui à Lille), mais aussi les exten-sions prévues au nord, en bordure de la route du port et de la friche Lever; l’étude couvre également les relations du port avec les col-lectivités locales, les riverains, et l’impact des entreprises du port sur l’environnement : bruits, odeurs, qualité de l’air et de l’eau, etc.

Le consultant du bureau d’études a ainsi rencontré successivement les maires de Santes, Haubourdin et Houplin-Ancoisne ainsi que des représentants de Santes-Nature qui est la principale association s’occupant d’environnement dans les Weppes.

Pour le compte de Santes-Nature, nous avons traité de la protection de la nappe phréatique, de la des-tination des eaux usées du port (bassins de rétention ou station d’épuration), des zones inondables, du PLU, de l’acheminement des marchandises (pas seulement par la route, mais aussi par la Deûle et

la voie ferrée), des rapports avec le voisinage (Parc de la Deûle, ha-bitations), d’une liaison douce en bordure de Deûle, etc. Nous avons abordé plus généralement la place du port de Santes dans une zone urbaine aux axes routiers surchar-gés, avec des contraintes fortes pour la préservation des réserves en eau (champs captants).

Janvier 2018. L’entreprise Ro-quette rend publique la construc-tion d’un entrepôt de 42 000 m2 dans le port de Santes, qui sera opérationnel en septembre 2019. Elle y utilise déjà deux entrepôts (48 000 m2) depuis 1990.

La grande question est : quel sera le moyen de transport des pro-duits Roquette ? Roquette met en avant la proximité du canal et de la voie ferrée peu utilisés jus-qu’à présent, mais aussi la proxi-mité de l’A1 (par Houplin-Ancoisne ou par Emmerin ?), et l’intérêt du prochain contournement de La Bassée. « La liaison entre la pro-duction à Lestrem et le stockage à Santes sera facilitée par cette rou-te » (La VdN du 5/01/07). Et la cir-culation sur la RN41 et la route du port, sera-t-elle facilitée ?

Fin janvier, la CCI organisera une réunion publique d’information sur les projets en cours dans le port de Santes. Nous ne manque-rons pas de relayer les invitations auprès des adhérents de Santes-Nature. AW

La CCI consulte

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La permaculture laisse entrevoir une lueur d’espoir avec ses solutions écologiquement soutenables, économiquement viables et socialement équitables. Accessible à tous, elle peut être mise en oeuvre partout…

Aujourd’hui, des hommes et des femmes se rencontrent et expérimentent cette alternati-ve crédible. La transition “permacole” est en marche

C’est ce qu’ont pu découvrir les 85 person-nes qui étaient présentes lors de la projec-tion de ce film le mardi 20 juin à 19h45 dans l’espace Agora.

Ce film a été présenté en partenariat avec Vert Tige, Santes Nature, O Jiao Tian, Bio-jardins de Wavrin et AHVENIR.

C I N É M A

La Lino (Liaison Intercommunale Nord Ouest) est une nouvelle route, un « boulevard » (avec piste cyclable et plantation d’arbres) qui doit relier Marcq-en-Baroeul et Marquette au nord, et le CHR au sud. Le chantier de la partie sud, de Sequedin au CHR doit commencer cet-te année.

L’objectif est de « fluidifier » la circulation

vers Eurasanté, et de « désenclaver »

les quartiers sud de Loos, notamment Les

Oliveaux via la construction d’un tunnel,

de desservir le Centre de Valorisation Or-

ganique de Sequedin et le pôle d’activités

Euratechnologies (les Bois blancs). Un

nouvel échangeur, installé au niveau de

l’ancienne prison de Loos, permettra une

connexion à l’A25.

Ce tracé sud, de 6km, partira d’Eurasanté (carrefour Ambroise-Paré), prendra la di-rection d’Emmerin, contournera le parc de Loos en direction de l’ancienne usine à

gaz de Loos et passera sous les voies fer-rées. Un tunnel sera construit. La vitesse sera limitée à 50km/h. Les études mon-trent qu’environ 20 000 véhicules de-vraient l’emprunter chaque jour. Le chan-tier va durer jusqu’en 2021 pour les deux premières tranches.

Commentaire : fluidifier et désenclaver,

et éviter de faire venir en ville un trafic

qui ne demande qu’à la contourner, ce ne

peut être que positif. Mais la LINO va

aussi attirer un trafic autre, celui des

quartiers qui vont se construire le long de

cette nouvelle voie, et le trafic qui quitte-

ra l’A25 pour échapper aux bouchons aux

heures de pointe. Et surtout : pourra-t-on

éviter une prolongation vers l’A1 ? Dans

ce cas, la LINO perdrait son rôle pour ser-

vir d’itinéraire bis pour le trafic de transit

entre l’A1 et l’A25.

AW

La LINO sud en chantier en 2018

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Tous nos vœux à Chantal et Pierre, que

leur vie commune puisse durer encore

longtemps.

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Comme l’ont relaté Le Courrier Picard puis La Voix du Nord, le loup a été aperçu récemment à 15km d’Auxi-le-Château (sud de Hesdin).

Il y a quelques années, on le signalait avec certitude dans les Vosges, et l’on pensait qu’il lui faudrait encore des an-nées pour qu’il s’installe durablement dans les Ardennes.

Il se déplace vite (40km en une nuit) mais peut repartir aussi vite, ne reste que s’il fonde sa meute.

En 2014 et 2015, on en a repéré dans les départements de l’Aube et de la Marne. Il serait maintenant aux portes de Paris. On a découvert deux che-vreuils dévorés dans une forêt des Yve-lines. L’Observatoire du loup assure que deux à trois loups se ‘baladent’ de-puis 2015 entre la Seine-et-Marne, l’Essonne et les Yvelines, à 50km de Paris. Comment être sûr ?

A cause d’une trace de morsure profon-de dans le muscle pour l’un des che-vreuils, et d’une décapitation d’un coup de mâchoire pour l’autre, qui a brisé la colonne vertébrale et l’épaisse couche de tendons et de muscles du cou, ce qui ne peut être réalisé que par un

loup, dont les crocs exercent une force de 150kg/cm2.

Les forêts de Fontainebleau et de Ram-bouillet regorgent de chevreuils, et ont donc de quoi accueillir des loups. Et la forêt de Crécy ? Et la forêt de Hesdin ? Il faudra attendre d’autres témoigna-ges.

Depuis 1979, le loup est protégé par deux textes de lois : la Convention de Berne et la Directive Habitat, avec autorisation d’en tuer un certain nom-bre (36 en 2016) pour en limiter le nombre.

On estime à environ 300 le nombre de

loups en France, principalement dans

les Alpes.

LE LOUP EST-IL DE RETOUR CHEZ NOUS ?

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