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Editorial QUI pousse notre porte ? Ils poussent notre porte plus de 3’000 fois par an. Qui sont-ils ? Des hommes, des femmes, des enfants qui habitent à Genève et qui ont besoin de l’aide spécifique d’un de nos quatre services. Situés au cœur de la vieille-ville, nos bureaux accueillent en toute discrétion. Qui peut deviner les situations poignantes de ceux qui viennent nous voir ? Chacun a sa propre histoire et un profil particulier. Voici quelques « bulles » qui évoquent des consultants avec des situations classiques, accueillis par notre réception. Mais la diversité de ceux que nous recevons est grande. Nous avons donc pris le parti de vous présenter plus en détails quatre personnes aidées par nos services et dont la situation ne manquera pas de vous surprendre. Diane Devaux - secrétaire générale La lettre des Amis du Bureau Central d’Aide Sociale Novembre 2012 Retour de manivelle C’est une histoire qui pour- rait avoir sa place dans la rubrique des faits divers. Un jeune homme a blessé sa mère. Bien qu’il n’ait pas un sou, l’assureur-ac- cidents se retourne contre lui. Affolé, il vient nous consulter . Cette malheureuse affaire est le fruit d’une relation dif- ficile entre un fils et sa mère divorcée. Il a vingt ans et est étudiant. Il reconnait être rebelle, mais dit que sa mère « le pousse à bout »… Jusqu’à cette soirée où, lors d’une énième altercation verbale, il passe à l’acte. Il pousse violem- ment sa mère dans la porte vi- trée du salon qui se brise sous le choc. Depuis cet événement, il est meurtri de culpabilité. L’assureur-accidents a payé les coûts du traitement que la blessée a dû subir et indem- nisé son incapacité de travail. Mais, l’histoire ne s’arrête pas là. Les assureurs sociaux disposent d’un droit appelé action récursoire ou recours contre le tiers responsable. A défaut de pouvoir actionner une assurance responsabilité civile, ils peuvent se retourner contre l’auteur des faits dom- mageables pour se faire rem- bourser. La facture se monte à CHF 20’000. L’action de notre service juri- dique consiste à opposer ce que l’on appelle le privilège de la famille. L’assureur n’a en effet un droit de recours contre un parent en ligne di- recte que si ce dernier a pro- voqué l’événement assuré de façon intentionnelle ou par négligence grave. Ce qui, à l’évidence, n’est pas le cas ici. Service juridique sur l’assurance-maladie et accidents Je termine l’ECG. Je suis brouillée avec mes parents et je vis chez une copine. Je fais des petits boulots, mais je n’y arrive pas. Femme - 19 ans étudiante C’est urgent ! La pension alimentaire de mes enfants n’est plus versée. Du coup, j’ai pris deux mois de retard pour le loyer. J’ai reçu un avis d’expulsion. Depuis ma séparation, mon budget est ultra serré. Il n’y a de la place que pour l’essentiel. Et plus rien pour la cotisation de foot de mon fils. C’est tellement difficile de trouver un appartement à Genève. Par chance, j’en ai trouvé un mais j’ai besoin d’un prêt pour la caution. J’ai changé de caisse-maladie pour payer moins cher. Mais mon ancienne caisse continue de m’envoyer des primes à payer. Je ne comprends rien ! Femme - 42 ans - divorcée secrétaire médicale 1 enfant Homme - 26 ans - célibataire aide-soignant Homme - 50 ans - célibataire mécanicien J’ai été licencié et je me suis inscrit au chômage. Mais mon patron n’a pas donné tous les documents donc je n’ai rien touché depuis un mois. Homme - 39 ans - marié 2 enfants - serveur Femme, 32 ans, séparée, 3 enfants, vendeuse

La lettre des Amis - BCAS · QUI pousse notre porte ? Ils poussent notre porte plus de 3’000 fois par an. Qui sont-ils ? Des hommes, des femmes, des enfants qui ... « le pousse

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Editorial

QUI pousse notre porte ?Ils poussent notre porte plus de 3’000 fois par an. Qui sont-ils ? Des hommes, des femmes, des enfants qui habitent à Genève et qui ont besoin de l’aide spécifique d’un de nos quatre services. Situés au cœur de la vieille-ville, nos bureaux accueillent en toute discrétion. Qui peut deviner les situations poignantes de ceux qui viennent nous voir ?

Chacun a sa propre histoire et un profil particulier. Voici quelques « bulles » qui évoquent des consultants avec des situations classiques, accueillis par notre réception. Mais la diversité de ceux que nous recevons est grande. Nous avons donc pris le parti de vous présenter plus en détails quatre personnes aidées par nos services et dont la situation ne manquera pas de vous surprendre.

Diane Devaux - secrétaire générale

La lettre des Amisdu Bureau Central

d’Aide SocialeNovembre

2012

Retour de manivelleC’est une histoire qui pour-rait avoir sa place dans la rubrique des faits divers. Un jeune homme a blessé sa mère. Bien qu’il n’ait pas un sou, l’assureur-ac-cidents se retourne contre lui. Affolé, il vient nous consulter.

Cette malheureuse affaire est le fruit d’une relation dif-ficile entre un fils et sa mère divorcée. Il a vingt ans et est étudiant. Il reconnait être rebelle, mais dit que sa mère « le pousse à bout »… Jusqu’à cette soirée où, lors d’une énième altercation verbale, il

passe à l’acte. Il pousse violem-ment sa mère dans la porte vi-trée du salon qui se brise sous le choc. Depuis cet événement, il est meurtri de culpabilité. L’assureur-accidents a payé les coûts du traitement que la blessée a dû subir et indem-nisé son incapacité de travail. Mais, l’histoire ne s’arrête pas là. Les assureurs sociaux disposent d’un droit appelé action récursoire ou recours contre le tiers responsable. A défaut de pouvoir actionner une assurance responsabilité civile, ils peuvent se retourner contre l’auteur des faits dom-

mageables pour se faire rem-bourser. La facture se monte à CHF 20’000.

L’action de notre service juri-dique consiste à opposer ce que l’on appelle le privilège de la famille. L’assureur n’a en effet un droit de recours contre un parent en ligne di-recte que si ce dernier a pro-voqué l’événement assuré de façon intentionnelle ou par négligence grave. Ce qui, à l’évidence, n’est pas le cas ici.

Service juridiquesur l’assurance-maladieet accidents

Je termine l’ECG.Je suis brouillée avec mesparents et je vis chez une copine. Je fais des petits

boulots, mais je n’y arrive pas.

Femme - 19 ans étudiante

C’est urgent !La pension alimentaire

de mes enfants n’est plusversée. Du coup, j’ai pris deux mois de retard pour le loyer. J’ai reçu un avis d’expulsion.

Depuis ma séparation,mon budget est ultra serré.Il n’y a de la place que pour

l’essentiel. Et plus rien pour la cotisation de foot de mon fils.

C’est tellement difficilede trouver un appartement

à Genève. Par chance, j’en ai trouvé un mais j’ai besoin d’un

prêt pour la caution.

J’ai changé decaisse-maladie pour payer

moins cher. Mais mon ancienne caisse continue de m’envoyer des

primes à payer.Je ne comprends rien !

Femme - 42 ans - divorcéesecrétaire médicale

1 enfant

Homme - 26 ans - célibataire aide-soignant

Homme - 50 ans - célibataire mécanicien

J’ai été licencié et jeme suis inscrit au chômage.

Mais mon patron n’a pas donné tous les documents donc je n’ai

rien touché depuis un mois.

Homme - 39 ans - marié2 enfants - serveur

Femme, 32 ans, séparée,3 enfants, vendeuse

Votre don est essentiel

L’aide privée que nous offrons n’existe que

grâce à votre soutien,à votre générosité.

Nous vous remercions très chaleureusement de la part de tous ceux que vous aidez ainsi !

Pour faireun don

Association des Amisdu Bureau Central

d’Aide Sociale

Place de la Taconnerie 3, 1204 Genève

CCP, IBAN CH510900 0000 1202 7515 4

Le comitéL’Association des Amis du BCAS a pour mission de faire connaître les activités du BCAS et de rechercher des fonds pour soutenir son action.

Le Comité des Amis est composé de :

Nicolas Gonet, présidentLaure Brolliet, trésorièreDiane Devaux, secrétaireAmandine AouadMaria Pilar BarbeySandrine BarillaFrédéric BinderFeryal BrunschwigFrançoise-Marie DelocheBenedict FatioNatalie KellerPierre NaftuleCynthia OdierJean-Charles Roguet

ImpressumLa lettre des Amis, édition novembre 2012. Coéditée par l’Association des Amis du Bureau Central d’Aide Sociale et le Bureau Central d’Aide Sociale, fondation de droit privé,3, place de la Taconnerie, case postale 3125, 1211 Genève 3.www.bcas.ch

La lettre des Amisdu Bureau Central

d’Aide Sociale

Revers de fortune

Famille en devenir

Prise de conscience

Monsieur C., cadre dans une grande entreprise, pousse la porte du service social. Ses indemnités de chômage prennent fin dans 2 mois. Son revenu est le seul de la famille. Il est locataire et n’aura plus les moyens de payer son loyer, trop élevé.

Né à Genève de parents immi-grés, de formation universi-taire, Monsieur C. occupait un

Une jeune mère de 25 ans appelle SOS-Enfants conseillée par la pédiatre de son bébé de 6 mois. Elle ne supporte plus les pleurs du bébé et se sent dépassée par les exigences de l’enfant. A la fois vulnérable et dépri-mée, elle a peur de ne pas se contrôler et d’avoir des gestes violents.

La mère habite avec le père de l’enfant. Tous les deux ont une activité indépendante dans le domaine commercial. Le couple, en difficultés financières, oc-cupe un studio vétuste, au 4ème sans ascenseur. Il n’a pas d’aide de la part des familles d’origine, l’une étant à l’étranger et l’autre peu impliquée dans leur vie et insensible aux difficultés qu’ils rencontrent. L’enfant quant à lui se développe bien, mais de-mande beaucoup d’attention et sollicite jour et nuit une maman bien fatiguée et déprimée.La psychologue reçoit très rapi-dement la jeune mère et entre-prend un suivi psychologique régulier avec des séances très rappro chées afin d’offrir un sou-

Le BCAS construit un centre in-tergénérationnel à la Gradelle. Le gros œuvre du premier bâti-ment est terminé. Les résidents de l’EMS le Prieuré déménage-ront le printemps prochain. Le chantier se poursuivra alors avec deux autres bâtiments qui seront achevés en 2015.

Sous l’égide du BCAS, l’en-semble accueillera :

• dans l’EMS, 144 personnesâgées dépendantes qui vivront dans de véritables apparte-ments à taille humaine (8 chambres). Tout en assurant la

Une mère souffrant d’un trouble bipolaire, plusieurs fois hospitalisée en psy-chiatrie, s’adresse d’elle-même au Biceps ne sachant pas comment expliquer son trouble psychique à son fils de 12 ans.

Il n’est pas coutume au Biceps que ce soit le parent

directement concerné par un trouble psychique qui fasse appel à notre service pour son enfant. En général, les enfants nous sont adressés par un autre adulte de l’entourage. Dans le cas de Sylvain, c’est sa mère souffrant depuis des années d’un trouble bipolaire qui formule une demande de soutien pour son fils et qui l’accompagne.

Très lucide sur son trouble, ses conséquences émotion-nelles et comportementales, la maman de Sylvain sou-haiterait pouvoir parler de « sa maladie » avec son fils et des effets secondaires de son traitement. En effet, la mère prend des médicaments qui la fatiguent énormément et provoquent des troubles de la concentration. Cela engendre, au quotidien, de nombreux ma-lentendus, incompréhensions, voire conflits. En même temps, mère et fils sont très attachés l’un à l’autre et Sylvain, qui cherche à protéger sa maman, se dérobe lorsqu’il s’agit de parler des problèmes et de ce qu’il ressent.

Les consultations offertes par le Biceps ont permis à Sylvain et à sa maman de retrouver chacun leur place : Sylvain à sa place de fils et non de soignant ou sauveur de sa maman, la mère face à ses responsabilités malgré sa maladie, qui doit apprendre à donner plus d’autonomie à son fils.

Le Biceps

poste à responsabilités. Son épouse a cessé son activité pour s’occuper de leurs enfants encore en bas âge. La famille vit dans un appartement dont le loyer est de CHF 3’500. Monsieur C. n’a pas retrouvé de travail pendant les 18 mois de chômage indemnisé. Dans 2 mois, il devra s’annoncer à l’Hos-pice général. Le calcul d’assis-tance plafonnera les frais de

tien important à cette femme au bord d’une décompensation. Pa-rallèlement, une aide concrète est fournie dans la recherche d’une crèche et le service social du BCAS est sollicité pour une aide financière.

Un an de suivi psychologique plus tard, la jeune mère est sortie de la « période à risque » et elle cherche activement un travail. Le couple a déménagé dans un appartement plus grand. L’en-fant continue à bien se dévelop-per et s’est facilement adapté à la crèche. L’intervention de SOS-Enfants a permis à cette mère de mobiliser ses propres ressources, dans la création de cette nouvelle entité qu’est la famille.

SOS-Enfants

sécurité et le confort dont elles ont besoin, nous les encoura-gerons à continuer de réaliser leur projet de vie individuel, en maintenant des liens sociaux.

• au foyer pour étudiants, 24jeunes qui poursuivent leurs études, avec une priorité don-née aux étudiants du domaine médical. Ces jeunes se verront proposer un travail compatible avec leurs études, dans l’EMS etdanslefoyerClairBois.Ilsaurontainsilemoyendefinan-cer leur logement et d’élargir leur expérience.

Le BCAS construit le Nouveau Prieuré: pour tous les âges !

• dans les locatifs : les habi-tants de 24 appartements.

Et, sous l’égide de nos parte-naires :

• Au foyerClairBois, 24 per-sonnes polyhandicapées rési-dant dans des appartements de 6 chambres et 15 personnes au bé-néficedel’AItravaillantenate-lier protégé. Des activités com-munes avec l’EMS sont prévues.

• Alacrèche,60enfantsde0à 4 ans, dont les plus grands se verront proposer des acti-vités récréatives avec les per-sonnes âgées.

loyer à CHF 1’650, soit la moi-tié des frais réels. L’aide sociale mensuelle pour la famille sera de CHF 4’040 loyer compris. Dans un délai très court la fa-mille sera expulsée de son loge-ment faute de paiement régulier.

Quand il pousse notre porte, Monsieur C. aurait la possibi-lité d’un logement moins cher mais il ne peut signer ce bail sans payer la caution et le pre-

mier loyer, et il n’en a pas les moyens. Le BCAS a avancé le montant de la caution en atten-tant qu’il récupère la précé-dente, réglé le loyer d’entrée et cherché des fonds complémen-taires pour payer le déménage-ment. L’action du BCAS a per-mis de stabiliser durablement cette famille dans un logement.

Service social

J’ai desproblèmes

avec ma mère qui pleure tout le tempset ne fait plus rien àla maison. Je ne sais

pas quoi faire.

Mon père estvenu me chercherà l’école et il disaitdes trucs bizarres,

tout le monde leregardait, j’ai eu

trop honte.

J’ai arrêtél’école et mes

parents me détestent. Je passe mon temps sur les jeux vidéo,

mais au finalje suis perdu.

Roberto,17 ans

Jasmina,14 ans

Kevin,10 ans