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Page 07 L’Écho du Cambodge n° 168 décembre 2014 Son neveu, Jean-Pierre Cargol, surnommé « El Rey », qui interpréta le rôle principal de L’Enfant sauvage, le film de François Truffaut, vit à Montpellier. Le 5 juillet 2012, Manitas de Plata perd son fils, Manéro Baliardo, qui l’accompagnait dans ses tournées. Le guitariste avait fêté son quatre-vingt-dixième anniversaire à La Grande-Motte, le 7 août 2011. Manitas de Plata se produit en tant qu’invité surprise le 31 octobre 2012 à l’Olympia, à l’âge de 91 ans. Le 19 avril 2013, à son domicile de La Grande-Motte, il est victime d’un malaise cardiaque à la suite d’une baisse de tension artérielle, puis est placé en observation à l’hôpital de Montpellier. Le 20 juillet, à 92 ans, ruiné et malade il lance un appel à l’aide dans le journal La Dépêche du Midi : « je suis ruiné et malade, aidez-moi ! » Manitas de Plata apparaît, en fauteuil roulant, au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer le 24 mai 2014, entouré de quelques amis et de Bambo Baliardo. Ce dernier est l’unique survivant du groupe Los Baliardos, qu’il avait fondé après sa séparation d’avec José Reyes, son premier chanteur avec lequel il avait fait un triomphe au Carnegie Hall à ses débuts. Le 7 juin, à la suite d’un nouveau malaise, il est transporté en urgence à la clinique de Montpellier où il demeure pendant plus d’un mois en gériatrie-gérontologie, jusqu’au 8 août. Le 10 août, il est transféré en maison de retraite, la résidence foyer Carriera de Montpellier, sans pouvoir revenir à son domicile. Il meurt à l’âge de 93 ans, dans la nuit du 5 au 6 novembre, à Montpellier, dans l’hôpital où il avait été admis depuis plusieurs jours Manitas de Plata est né à Sète, en 1921, à l’instar de Georges Brassens. Très jeunes, tous deux vont se passionner pour la guitare : plus traditionnelle pour Brassens, et plutôt de veine manouche pour le second. Habitant à une encablure l’un de l’autre, ils vont se croiser à Sète, mais ne deviendront amis que lors de leur consécration par le public, à partir du milieu des années 1950. Le jeune Ricardo est très vite surnommé par les siens Manitas de Plata, “petites mains d’argent”, “doigts de fée”. Il se distingue chaque année en jouant de la guitare lors du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Du vivant de Django Reinhardt, il n’ose même pas penser à détrôner celui que le public considère alors comme le roi de la musique tzigane. Dix ans après la mort de Django, il accepte de jouer en public. À New York, lors d’une exposition de photographies de son ami Lucien Clergue, un admirateur le reconnaît sur un des clichés et le persuade d’enregistrer. Il réalise son premier album dans la chapelle d’Arles. Un manager américain le fait jouer sur la scène du prestigieux Carnegie Hall de New York, en décembre 1965. Le gitan illettré, qui ne sait pas lire une note de musique, conquiert le monde. En mars 1964, un soir de corrida en Arles, Pablo Picasso, après l’avoir entendu jouer, s’écria : « Il vaut plus cher que moi ! ». Manitas de Plata était un ami de Salvador Dalí. Ce dernier ressemblait au père de Manitas, il dira de lui : « à chaque fois que Manitas joue, les pompiers prennent feu. » 93 MILLIONS D’ALBUMS VENDUS Depuis 1967, Manitas de Plata ne cesse de sortir des disques, parcourt le monde entouré de sa tribu, toujours accompagné de son fils aîné, Manéro, chanteur de Camargue, ou en formation plus réduite seule sa famille l’entourant. Il joue ainsi aux États-Unis, en Allemagne, Italie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Angleterre, Algérie, etc. En octobre 1981, il fut très affecté par la disparition de son ami Georges Brassens. Les deux sétois se connaissant depuis leur enfance dans leur ville natale. En 1979, Brassens et le batteur de jazz Moustache avaient proposé à Manitas de Plata de participer à un disque réalisé avec de grands jazzmans. Faute de temps, pris par une longue tournée, il avait décliné la proposition pensant que ce n’était que partie remise. À la suite de la disparition prématurée de Brassens, l’occasion ne se représenta plus. Manitas de Plata a vendu plus de 93 millions d’albums et plus de 83 disques différents. Il vivait modestement à La Grande-Motte après la mort de son frère cadet, Hippolyte Baliardo, âgé de 80 ans, qui l’accompagna aux début de sa carrière. Le 8 août 2009, il se produit à nouveau aux arènes El Cordobes, à Palavas-les-Flots (France), à l’occasion de la soirée hommage dédiée à son frère, mais aussi à l’occasion de son anniversaire. Il est l’artiste du monde flamenco, toutes tendances confondues, qui aura le plus vendu d’albums dans le monde. Il existe à l’ONU une permanence internationale du monde gitan représentant ses populations diverses et variées. Ceci depuis que, lors d’un séjour aux USA, Manitas de Plata a rencontré le secrétaire général des Nations unies de l’époque (U Thant). M anitas de Plata , de son vrai nom Ricardo Baliardo, né le 7 août 1921 à Sète dans la roulotte familiale, d’un père marchand de chevaux, et mort le 5 novembre à Mont- pellier, est un célèbre guitariste français gitan mondiale- ment connu. HOMMAGE Manitas de Plata aux Pays-Bas, jouant sur une guitare décorée par le peintre français Bernard Buffet, 1968 La légende de la guitare Manitas de Plata est mort

La légende de la guitare Manitas de Plata est · PDF filejouant de la guitare lors du pèlerinage aux Saintes ... il fut très affecté par la disparition de son ami Georges Brassens

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Page 07L’Écho du Cambodge n° 168 décembre 2014

Son neveu, Jean-Pierre Cargol, surnommé « El Rey », qui interpréta le rôle principal de L’Enfant sauvage, le film de François Truffaut, vit à Montpellier. Le 5 juillet 2012, Manitas de Plata perd son fils, Manéro Baliardo, qui l’accompagnait dans ses tournées. Le guitariste avait fêté son quatre-vingt-dixième anniversaire à La Grande-Motte, le 7 août 2011.

Manitas de Plata se produit en tant qu’invité surprise le 31 octobre 2012 à l’Olympia, à l’âge de 91 ans.

Le 19 avril 2013, à son domicile de La Grande-Motte, il est victime d’un malaise cardiaque à la suite d’une baisse de tension artérielle, puis est placé en observation à l’hôpital de Montpellier. Le 20 juillet, à 92 ans, ruiné et malade il lance un appel à l’aide dans le journal La Dépêche du Midi : « je suis ruiné et malade, aidez-moi ! » Manitas de Plata apparaît, en fauteuil roulant, au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer le 24 mai 2014, entouré de quelques amis et de Bambo Baliardo. Ce dernier est l’unique survivant du groupe Los Baliardos, qu’il avait fondé après sa séparation d’avec José Reyes, son premier chanteur avec lequel il avait fait un triomphe au Carnegie Hall à ses débuts.

Le 7 juin, à la suite d’un nouveau malaise, il est transporté en urgence à la clinique de Montpellier où il demeure pendant plus d’un mois en gériatrie-gérontologie, jusqu’au 8 août. Le 10 août, il est transféré en maison de retraite, la résidence foyer Carriera de Montpellier, sans pouvoir revenir à son domicile. Il meurt à l’âge de 93 ans, dans la nuit du 5 au 6 novembre, à Montpellier, dans l’hôpital où il avait été admis depuis plusieurs jours■

Manitas de Plata est né à Sète, en 1921, à l’instar de Georges Brassens. Très jeunes, tous deux vont se passionner pour la guitare : plus traditionnelle pour Brassens, et plutôt de veine manouche pour le second. Habitant à une encablure l’un de l’autre, ils vont se croiser à Sète, mais ne deviendront amis que lors de leur consécration par le public, à partir du milieu des années 1950.

Le jeune Ricardo est très vite surnommé par les siens Manitas de Plata, “petites mains d’argent”, “doigts de fée”. Il se distingue chaque année en jouant de la guitare lors du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Du vivant de Django Reinhardt, il n’ose même pas penser à détrôner celui que le public considère alors comme le roi de la musique tzigane. Dix ans après la mort de Django, il accepte de jouer en public.

À New York, lors d’une exposition de photographies de son ami Lucien Clergue, un admirateur le reconnaît sur un des clichés et le persuade d’enregistrer. Il réalise son premier album dans la chapelle d’Arles. Un manager américain le fait jouer sur la scène du prestigieux Carnegie Hall de New York, en décembre 1965.

Le gitan illettré, qui ne sait pas lire une note de musique, conquiert le monde. En mars 1964, un soir de corrida en Arles, Pablo Picasso, après l’avoir entendu jouer, s’écria : « Il vaut plus cher que moi ! ». Manitas de Plata était un ami de Salvador Dalí. Ce dernier ressemblait au père de Manitas, il dira de lui : « à chaque fois que Manitas joue, les pompiers prennent feu. » 93 MILLIONS D’ALBUMS VENDUSDepuis 1967, Manitas de Plata ne cesse de sortir des disques, parcourt le monde entouré de sa tribu, toujours accompagné de son fils aîné, Manéro, chanteur de Camargue, ou en formation plus réduite seule sa famille l’entourant. Il joue ainsi aux États-Unis, en Allemagne, Italie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Angleterre, Algérie, etc.

En octobre 1981, il fut très affecté par la disparition de son ami Georges Brassens. Les deux sétois se connaissant depuis leur enfance dans leur ville natale. En 1979, Brassens et le batteur de jazz Moustache avaient proposé à Manitas de Plata de participer à un disque réalisé avec de grands jazzmans. Faute de temps, pris par une longue tournée, il avait décliné la proposition pensant que ce n’était que partie remise. À la suite de la disparition prématurée de Brassens, l’occasion ne se représenta plus.

Manitas de Plata a vendu plus de 93 millions d’albums et plus de 83 disques différents. Il vivait modestement à La Grande-Motte après la mort de son frère cadet, Hippolyte Baliardo, âgé de 80 ans, qui l’accompagna aux début de sa carrière. Le 8 août 2009, il se produit à nouveau aux arènes El Cordobes, à Palavas-les-Flots (France), à l’occasion de la soirée hommage dédiée à son frère, mais aussi à l’occasion de son anniversaire. Il est l’artiste du monde flamenco, toutes tendances confondues, qui aura le plus vendu d’albums dans le monde.

Il existe à l’ONU une permanence internationale du monde gitan représentant ses populations diverses et variées. Ceci depuis que, lors d’un séjour aux USA, Manitas de Plata a rencontré le secrétaire général des Nations unies de l’époque (U Thant).

Manitas de Plata , de son vrai nom Ricardo Baliardo, né le 7 août 1921 à Sète dans la roulotte familiale, d’un

père marchand de chevaux, et mort le 5 novembre à Mont-pellier, est un célèbre guitariste français gitan mondiale-ment connu.

HOMMAGE

Manitas de Plata aux Pays-Bas, jouant sur une guitare décorée par le peintre français Bernard Buffet, 1968

La légende de la guitare Manitas de Plata est mort