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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 La lumière du désert L’incroyable renaissance d’un monastère fondé en 360 en Égypte 84 e année - Hebdomadaire n°3117 - 2 mai 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

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La lumièredu désert

L’incroyable renaissance d’un monastère

fondé en 360 en Égypte

84e année - Hebdomadaire n°3117 - 2 mai 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

FRANCEPolitiquE : Ségolène Royal a annoncé le 22 avril son intention de mettre en place un ré seau de correspondants chargé d’ani-mer la réflexion collective ; ce projet est interprété comme l’amorce d’un courant au sein du parti socialiste. Dans sa nouvelle déclaration de principe adoptée à l’unani-mité, celui-ci s’est rallié à une « économie sociale et écologique de marché ».iNStitutioNS : Le Conseil des ministres du 23 avril a adopté le projet de ré forme constitutionnelle qui sera présenté en première lecture à l’Assemblée nationale à partir du 19 mai. Dans la logique du bipartisme politique, certains dirigeants de l’UMP seraient favorables à l’instau-ration de scrutins législatifs à un tour, ce qui soulève l’hostilité des petites for-mations.PRix : Des hausses de l’ordre de 5 à 10% sont attendues sur les produits laitiers.DéFENSE : Le ministre de la Défense, Hervé Morin, a jeté le trouble dans la majorité en remettant en cause le 20 avril la construction d’un second porte-avions en raison des difficultés budgétaires.EDitioN : Après plusieurs mois de négo-ciation, le n°2 français de l’édition, Editis, devrait être cédé au n°1 espagnol, Planéta, pour 1,026 milliard d’euros.ENtREPRiSES : Pour la première fois depuis 1992, Peugeot a décidé de ren-forcer son dispositif industriel en France et annoncé le 24 avril l’installation d’une nouvelle usine en Lorraine.olymPiADES : Alors que le président de la République cherchait à renouer le dia-logue avec Pékin après les incidents de la Flamme, le Dalaï Lama a été fait citoyen d’honneur de la Ville de Paris le 21 avril malgré une mise en garde de la Chine.SoCiAl : Le juge des référés du tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence a interdit le 22 avril à plusieurs maga-sins de la zone commerciale de Plan de Campagne d’ouvrir le dimanche ; c’est une nouvelle victoire syndicale dans une longue bataille juridique.Le ministère de l’Immigration a donné le 21 avril l’assurance que la situation de 600 salariés sans papiers en grève serait examinée au cas par cas.La CGT a appelé à la grève le 23 avril au moment où le Conseil des ministres exa-minait un projet de loi sur la réforme des sept ports autonomes français ; ce texte comporte la privatisation des outillages et personnels de manutention.

Les professeurs des écoles feront grève dans le primaire le 15 mai pour protester contre la politique budgétaire et édu-cative du gouvernement ; les syndicats de fonctionnaires se joindront au mou-vement.JuStiCE : 4000 membres de l’association SOS Pélerins ont déposé le 24 avril une plainte contre X pour vol, escroquerie et abus de confiance dans l’organisation de leur pèlerinage à La Mecque.mémoiRE : Présentée à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris jusqu’au 1er

juillet, une exposition de photographies sur la vie quotidienne dans la capitale sous l’Occupation soulève la polémique en raison du contexte de propagande dans lequel ont pu être effectués les clichés.PoliCE : Le chauffeur de taxi clandes-tin, meurtrier présumé d'une étudiante suédoise de 19 ans le 19 avril à Paris, a été arrêté. Il s'agit d'un maniaque sexuel multirécidiviste.CiNémA : Pour la 61e édition du Festival de Cannes qui se tiendra du 14 au 25 mai, la production française sera repré-sentée par Un conte de Noël d’Arnaud Despléchin (avec Catherine Deneuve) et La frontière de l’aube de Philippe Garrel, nouveau venu sur la Croisette.PAtRimoiNE : Pendant 18 mois, le Mont-Saint-Michel va être le lieu de nom breuses manifestations pour fêter « treize siècles d'aventure spirituelle »...

moNDEtRANSPoRtS AéRiENS : En raison des éco-nomies de kérosène, on a appris le 21 avril que des Boeing 757 de Continental Airlines traversaient l’Atlantique sans disposer des réserves de carburant réglementaires.La compagnie Air France–KLM a retiré son offre sur Alitalia le 21 avril.Les salariés français d’Airbus ont fait grève le 24 avril pour protester contre la différence de traitement entre Français et Allemands dans la cession des sites concer-nés par la restructuration du groupe.AllEmAgNE : Après le Parlement danois, le Parlement allemand a ratifié le 24 avril le traité européen de Lisbonne à une forte majorité.PologNE : Par suite de querelles de pro-tocole, la visite du président Sarkozy a été reportée sine die le 21 avril.PARAguAy : Vainqueur de la présiden-tielle du 20 avril, « l’évêque des pauvres » souhaite renforcer les liens de son pays avec l’union européenne.

étAtS-uNiS : Dans la course à l’investi-ture démocrate, Hillary Clinton a rempor-té la primaire de Pennsylvanie le 22 avril avec un score suffisant pour conserver quelques chances de l’emporter.SomAliE : De violents combats opposant les forces gouvernementales aux mili-ciens islamistes ont fait de nombreuses victimes depuis le 20 avril à Mogadiscio.Une semaine après la libération du voilier français Le Ponant, un navire de pêche espagnol a été pris en otage le 21 avril au large de la Somalie. L’équipage a été libéré le 26 avril après une négociation entre le gouvernement, les propriétaires du bateau et les ravisseurs à des condi-tions qui n’ont pas été précisées.oNu : Les ambassadeurs français, britan-nique et américain ont quitté une réunion du Conseil de sécurité le 23 avril après que la Libye ait comparé la situation à Gaza aux camps de concentration nazis.itAliE : Des milliers de fidèles se sont recueillis le 24 avril devant la dépouille embaumée de Padre Pio.Sept gynécologues italiens sur dix in -voquent la clause de conscience pour re fuser de pratiquer des avortements.iRAN : L’enjeu du second tour des élec-tions législatives du 25 avril est le poids des « gardiens de la révolution » qui ont accru leur pouvoir, mais restent divisés.ZimBABwE : Les nouveaux résultats communiqués le 26 avril par la commis-sion électorale confirment la défaite du parti du président Mugabe.AFghANiStAN : Le président Hamid Karzaï a échappé à un attentat lors d’un dé filé militaire le 26 avril à Kaboul.AutRiChE : La police autrichienne a dé couvert une nouvelle affaire de sé- questration à laquelle s’ajoute une pré-somption d’inceste concernant une femme enfermée dans une cave depuis 24 ans par son père.mARoC : Un incendie a causé le 26 avril la mort de 55 personnes dans une usine d’ameublement à Casablanca.tuNiSiE : Nicolas Sarkozy a effectué une visite d'État en Tunisie les 28 et 29 avril.égliSE : Le programme du voyage du Pape en France, du 12 au 15 sep tembre, a été publié. Le Saint-Père visitera notam-ment le nou veau site culturel de l'Église à Paris : le collège des Bernardins. À Lourdes, il ef fectuera les trois premières étapes du chemin du Jubilé du 150e anni-versaire des apparitions.

J.L.

(voir aussi page 7)

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SOMMAIRE

ACTUALITé 4 SOCIéTé Aimer sa patrie Alice Tulle

5 pARAgUAy L'évêque-président Yves La Marck

6 COMMéMORATIOn Mai 68, 40 ans plus tard René Laurentin

7 ACTUALITéS Coup de crayon Emmanuel Chaunu

DOSSIER 8 égypTE La lumière du désert Camille Meaudre

Un miracle quotidien qui a duré 9 ans C.M.

Le père Matta el-Maskîne C.M.

Douze jours à St-Macaire C.M.

égLISE 17 MéMOIRE DES jOURS Le pas des mendiants Robert Masson 18 LECTURES 7e dimanche de pâques Père Michel Gitton

19 TURkMénISTAn La liberté étouffée Marc Fromager

MAgAzInE 20 InTERnET Artisans de la toile Anne Kurian

22 bD Sac au dos sans trêve (29/40) A. de Palmaert / Palmar

23 IDéES L'héritage de Mai 68 Gérard Leclerc

25 CInéMA "Le grand alibi", "Les hauts murs","Deux jours à tuer",

"Mèche blanche, les aventures du petit castor" Marie-Christine Renaud d’André

26 THéÂTRE "Agnès 68"

Pierre François

27 TéLévISIOn "va, vis et deviens", "Le grand Charles", "just a kiss" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel

28 TéLévISIOn votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

30 bLOC-nOTES vie associative et d’église Brigitte Pondaven

Couverture © DCX

éDITORIAL

FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 3

Le quarantième anniversaire de Mai 68 provoque, par-delà des polémiques assez artificielles, d'intéressantes tentatives de mises en perspectives historiques, alimentées par les témoi-gnages des uns et des autres. Et il y a un aspect important de ces événements qui commence seulement à être évoqué, après

avoir été longuement tabou : celui de la crise ouverte dans l'Église par une contestation qui fut cruelle et dévastatrice. Mgr Gaidon, ancien évêque de Cahors, a publié récemment son témoignage vécu (1), alors qu'il était supérieur du grand séminaire de Dijon, et que le diocèse était secoué par l'activité d'un groupe de prêtres en rupture à l'enseigne de Échanges et dialogue. Le père Jean-Miguel Garrigues a raconté (2) comment le centre de formation des Dominicains, le fameux Saulchoir, sur lequel le drapeau rouge avait été hissé, se trouva soumis à la férule des assemblées générales et à la dictature idéo-logique de quelques-uns. La livraison de mai de la revue Esprit contient un article de Jean-Louis Schlegel qui rend compte de ce qui s'est passé alors du côté des jésuites, et qui n'a rien à envier aux tribulations de l'ordre de saint Dominique. On retient le ton particulièrement amer de cette rela-tion qui s'étend aux années qui suivront, qualifiées par l'auteur « d'années plutôt violentes, de braise et souvent de plomb ».

J'aurais moi-même pas mal de choses à ajouter sur le sujet, notam-ment sur ce qui s'est passé alors dans le diocèse de Paris. Mgr Daniel Pézeril qui avait été l'auxiliaire du cardinal Marty m'avait un jour relaté comment, avec son arche vêque, il avait tenté de répondre à la profonde dépression du clergé parisien en visitant chaque curé l'un après l'autre… Ce qui n'avait pas empêché le départ de promotions entières de jeunes prêtres ou de séminaristes. Le cardinal Lustiger lui-même, dans le grand entretien qu'il me donna pour KTO, tout à la fin de sa vie, avait principalement dénoncé une dérive idéologique, ce qui détermina les options de son épiscopat.

D'une certaine façon nous vivons encore des séquelles de cette dépression. Et pourtant, sur le moment, le philosophe Maurice Clavel avait espéré qu'il pourrait en sortir un bouleversement spirituel et un réveil… pour peu qu'on la fît sortir de ses cadres intellectuels mor tifères. Quelque chose aspirait à surgir qui ressemblait à une nouvelle naissance, celle d'une conversion radicale dans une fidélité absolue à l'Esprit qui change les cœurs… n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

Mai 1968dans l'église

par Gérard LECLERC

(1) Maurice Gaidon, Un évêque français entre crise et renouveau de l’Église, éditions de l'Emmanuel.(2) Jean-Miguel Garrigues, Par des sentiers resserrés, Presses de la Renaissance.

Pensez à l'avenir de

France catholique quand vous

étudierez votre déclaration de revenus et les diverses déductions fiscales

récemment ouvertes.

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Pu i s q u e tout l e monde ou presque a vu Bienvenue chez les Ch’tis, il est inutile de s’étendre

longtemps sur l’histoire de ce cadre de La Poste qui coule des jours heureux au soleil du Midi, est nommé dans le Nord, y part comme pour un exil glacé, trouve là-bas des gens très chaleureux – au point qu’il y fait venir sa famille.

Le succès du film est un événement puisque le nombre des entrées a dépassé celui de La Grande vadrouille alors que les excellents comédiens (Kad Merad, Dany Boon) qui jouent les ch’tis étaient loin d’être aussi célèbres que Bourvil et Louis de Funès en leur temps. En tous cas, l’affluence ne doit rien aux critiques de cinéma qui sont restés pantois et conti nuent de ressentir une énorme gêne. Pour beaucoup, populaire rime avec vulgaire mais, pour éviter l’accusation de snobisme, ils ont accré-dité le film tout en traitant le sujet avec des pincettes. Malgré sa « nullité », il y aurait là une « loufoquerie louable » lit-on dans les Inrockuptibles. Référence suprême, Le Monde avait diagnostiqué que le Pas-de-Calais (et lui seule-ment !) « devrait faire bon accueil à cette sympathique comédie, dont la désuétude nous réconcilie avec le facteur

humain ». Selon la même ligne éditoriale, Libération autori-sait les familles au grand complet à assister à ce « diver-tissement un peu bonasse ». Plus habile, Télérama a noyé le poisson nordiste dans une vaste réflexion sociologique sur l’image du « beauf » - le Français moyen – dans les comédies qui font époque. L’analyse s’appuie sur de sa vantes études consacrées

au rire et au « corps comi-que » destinées à montrer qu’à Télérama (1) on ne s’en laisse pas compter.

Ces jugements sont révé-lateurs et parfois instructifs. Mais il semble que les chro-niqueurs les plus avertis ont laissé échapper une hypothèse très minoritaire qui permet de

rendre compte de l’ampleur inouïe du phénomène.

Si Bienvenue chez les Ch’tis était seulement une comédie française classiquement réus-sie, pleine de drôlerie et de tendresse, le film ne serait pas devenu un événement natio-nal.

C’est Philippe Bilger, un haut magistrat – il n’est donc pas critique professionnel – qui ouvre la réflexion la plus

pertinente en écrivant que les Ch’tis nous permettent de voir « l’idéal français en Technicolor ». (2) Autrement dit, nous sommes en présence d’un film sur la patrie au sens très précis du mot. La patrie est une réalité sensible, charnelle, et il est vrai que le film sent la frite et la bière comme la gare de

Bruxelles-Midi sentait naguère le chocolat. Mais malgré l’apo-logie du Nord–Pas de Calais et du parler ch’ti, il ne s’agit pas seulement de la petite patrie régionale. Les Méditerranéens montent dans le Nord et s’en trouvent bien, les gens du Nord iront dans le Sud retrouver leurs copains. Les petites différences dans le parler, les odeurs, le climat rendent plus savoureuse la patrie redécouverte dans son unité profonde.

Mais Bienvenue… n’est pas un film patriotique. On n’y parle pas de ce qui est ressenti, on vit la France et on travaille dans un service public typiquement français (La Poste) sans s’interroger gravement sur l’identité natio-nale. Pour paraphraser Renan, les Français ont plébiscité la patrie en allant rire aux aven-tures d’une joyeuse bande d’amis.

Philippe Bilger a raison d’évoquer un « idéal en tech-nicolor ». Les conflits politi-ques ne sont pas évoqués, ni les luttes sociales. Le peuple français se contemple tel qu’il voudrait être et d’ailleurs tel qu’il est dans les moments où il se réconcilie avec lui-même dans l’idée qu’il n’a pas démérité. Ni en tant de guerre (c’est le sens de la Grande Vadrouille) ni en tant de crise économique. Que cette fra -ternité demeure, malgré la grande déprime politique et le léger dégoût de la Critique parisienne pour la bière, les frites et l’aïoli, c’est assuré-ment une bonne nouvelle. n

Aimer sa patrie

ACTUALITÉLes Ch’TIs

Les conflits politiques ne sont pas évoqués ni les luttes sociales

4 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

par Alice TULLE

(

Les Ch’tis ne sont pas les bienvenus chez les critiques de cinéma qui n’osent pas trop aller contre le vent mais qui ne comprennent pas la raison de cet immense succès.

1) Cf. l’article de Cécile Mury, Télérama n° 3040 du 16 avril 2008. 2) Cf. Marianne2.fr, article publié le 1er avril 2008.

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Fernando lugo a été élu le 20 avril prési-dent du Paraguay. Il prendra ses fonctions le 15 août prochain.

Ce pays enclavé, coincé entre Argentine et Brésil, peuplé de six millions d'habitants sur une superficie de 400 000 km2, le plus pauvre d'Amérique du sud après son voisin, la Bolivie, avait le choix entre l'oligarchie tradi-tionnelle, qui avait cette fois présenté une femme jeune et dynamique contrairement aux anciens politiciens sortants, un ancien général qui avait mis fin en 1989 à trente-cinq ans de dictature Stroessner, mais qui était en prison pour d'autres tentatives de coups d'État, et un prêtre, évêque d'un diocèse de l'intérieur du pays, qui avait démissionné de sa charge il y a un an et demi pour se lancer dans la campagne électorale contre les directives du Saint-Siège. Un romancier n'aurait pas imaginé mieux. Et pourtant, cette tête d'affiche surréaliste a produit une élection exemplaire parfaitement démocratique: 40%, 30%, 20%.

La candidature d'un évêque, à la tête du diocèse de San Pedro de 1994 à 2006, est un cas d'école. Suspendu « a divi-nis » pour avoir fait le choix de la politique, il n'est pas excom-munié. Il reste prêtre. On avait déjà connu dans la même Amé rique du sud des clercs engagés, comme Cardenas, ce jésuite qui fut ministre sandi-niste au Nicaragua et encou-rut les foudres de Jean-Paul II. On voit au Brésil chaque jour

la concurrence médiatique de curés charismatiques et de prédicateurs pentecôtistes. Des prêtres ont joué ou jouent des rôles de conseillers, occultes ou officiels, du pouvoir. La France a compté, jusqu'à la dernière réforme du droit canon, dans la foulée du Concile Vatican II, une tradition quasi ininter-rompue de prêtres députés de l'Assemblée Nationale, dont l'Abbé Pierre. Dans certains

pays catholiques, d'Europe de l'Est à l'Amérique latine et aux Philippines, des archevêques ont exercé jusqu'à récemment une position de « grands protec-teurs », plus puissants que les présidents ou les ministres. Mais ce nouveau cas paraguayen est en soi inédit.

Il soulève de nombreuses questions: l'une par rapport à son électorat, la seconde par rapport à lui-même. Le peuple qui l'a élu fait-il la différence que Rome a instaurée entre le sacerdoce et la politique ? Assurément non dans sa majo-rité. On ne se débarrasse pas en quelques mois de la cha suble, de la mitre et de la crosse. Combien de temps faudra-t-il pour qu'on l'appelle autrement

que « Monseigneur » ? L'homme peut être adulé par les foules. Il deviendra un saint. Mais la politique engendre plus souvent la désillusion. Saura-t-on faire alors la part entre l'homme, le programme politique et le message de l'Évangile ? La déception serait cruelle.

à titre personnel, l'exer-cice de la fonction présiden-tielle par un prêtre débouchera inéluctablement sur des cas de conscience encore plus aigus que lorsque le chef d'État est un laïc, un simple fidèle, un croyant. On demandera pour l'intéressé des grâces spé ciales.

Cette élection suit le modèle « populiste » enregistré dans pratiquement tous les pays d'Amérique latine. Lugo, qui fut missionnaire en Équateur, est attaché à une union latino-américaine. Il ne sera pas pour autant un affidé du Vénézuelien Chavez. Il se sentirait sans doute plus en affinité avec le Brésilien Lula mais, comme pays, c'est avec le Brésil comme grand voisin que le Paraguay a le plus de contentieux tels que l'éner-gie ou le soja.

« Le curé de campagne » Lugo serait un beau sujet pour un nouveau Bernanos, lequel, on ne peut s'empêcher de le mentionner ici, s'était installé au Paraguay à la veille de la seconde guerre mondiale. Il aurait été sensible à cette ironie de l'histoire et il aurait été le premier à mettre en garde contre la tentation d'une « démocratie chrétienne » au sens très personnel où il la défi-nissait. Il n'est plus temps de mettre en œuvre politiquement une quelconque « théologie de la libération ». Lugo le sait perti-nemment. Ceux qui rap pellent ce passé, pour le déconsidé-rer ou au contraire cultiver la nostalgie, n'ont rien compris au tournant démocratique du sous-continent. n

ACTUALITÉpar Yves LA MARCK

L'évêque-présidentPARAGUAY

FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 5

)On ne se débarrasse pas en quelques mois de la chasuble, de la mitre et de la crosse

L'élection à la tête du Paraguay d'un évêque catholique « suspendu » par Rome est un cas unique.

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Les anciens gauchistes qui sont en bonne place dans notre presse ont lancé, dès le 22 mars, une première

commémoration médiatique de Mai 68. Pourquoi si tôt ? Parce que Daniel Cohn-Bendit avait commencé à cette date son action révolutionnaire. Son éloquence avait conquis la jeune université de Nanterre. Il avait occupé les locaux admi-nistratifs sans que l’adminis-tration parvienne à réagir.

Le ministre de l’Éduca-tion nationale, Edgar Faure, homme de grand talent, avait alors manqué de flair et de réaction. Le 3 mai, Cohn-Bendit entraîna l’université de Nanterre jusqu’à la Sorbonne puis place Denfert-Rochereau avec retentissement généra-lisé dans toute la France par la plus générale des grèves de tous les temps.

Ce fut la cessation de toute activité constructive dans l’hexagone. Et un gros coup porté à la France alors pros-père, avec budget en équilibre, plein emploi et tant d’autres réus sites que nous pourrions désirer aujourd’hui. Ce fut le coup mortel porté à De Gaulle qui sauva de justesse la situa-tion et prépara son départ après remise en ordre grâce à Pompidou, dont le surmenage triomphant prépara peut-être la maladie qui l’emporta bien avant la fin de sa prési-

dence à la suite de De Gaulle démissionnaire en 69.

En Février dernier, l’en-thousiasme initial de notre presse reconvertit la France à Mai 68 jusque là oublié. Selon le sondage du Nouvel Observateur du 24 mars-2 avril 2008 : 74% des Français pensent que Mai 68 a eu un effet positif. Cette reconver-sion à Mai 68 alimente une nouvelle offensive contre le président Sarkozy. Le Nouvel Observateur commente : Nicolas Sarkozy avait promis de bannir l’esprit de Mai 68 et d’en liquider l’héritage, les Français lui répondent : « Il est interdit d’interdire ».

Où les sondages, les médias conduisent-ils notre opinion qui se laisse mener dans une incroyable incohé-rence ? Cohn-Bendit est inter-viewé dans ce même numéro, à la radio et sur les chaînes de télévision et, avec sa capa-cité d’improvisation intacte, il proclame partout « nous avons gagné », et commente en substance : Mai 68 n’est pas dépassé, il a été confis-qué, son intuition libératrice de toutes les modernités a vite été frappée d’inertie. Mai 68 avait pu flirter avec le syndicalisme révolutionnaire d’alors, mais n’avait rien à voir avec les coups d’États révo lutionnaires dont le communisme avait le secret. Il s’agissait de désenchaîner la

modernité paralysée par nos institutions routinières.

Cohn-Bendit ne définit pas davantage son projet de modernité, il accable Sarkozy, et les Français qui pataugent dans leurs errements, mais en même temps il sauvegarde les fromages où il est établi en brillant notable écologiste, assuré de son confort jusqu’à la fin de ses jours, même s'il n'est pas question de mettre en doute la sincérité de ses convictions europénnes.

Cohn-Bendit - qui a fait un nouveau livre (Forget 68) où il débat brillamment - gambade toujours en avant de ses pompes. Il veut trans-cender les dilemmes où notre monde se d ébat : « capitalisme contre socialisme, le bien contre le mal, l’État contre le marché, le marché contre l’État. » « Car il n’y a plus ni bien ni mal », mais il s’agit de faire avancer la modernité issue de l’individualisme que Mai 68 a paradoxalement dé bridé dans notre société pourtant éprise d'égalité et de solidarité.

Décidément seul porte-parole autorisé de Mai 68 Cohn-Bendit écrit « Pour l’autonomie et la liberté de l’individu, on a gagné. Ce n’est plus une question mais un acquis reconnu par tous et qui va littéralement de soi. Par contre ce qui reste d’actua-lité c’est l’allergie au change-

ment de la société française. [...] alors que notre société est confrontée à des évolu-tions du monde extrêmement ra pides. »

Cohn-Bendit continue à parler au nom de son Mai personnel : « En 68, tous auraient dit oui à l’entrée de la Turquie dans l’Eu-rope. Avec les étudiants en Turquie, qui d’ailleurs mani-festaient déjà à l’époque, et pour reprendre notre langage du moment, cela devient : oui nous voulons construire ensemble un autre monde. [...] En novembre dernier j’y étais en Turquie et j’ai parlé aux étudiants. J’étais invité tant par des journaux islamistes que libéraux, et je tenais le discours suivant : « Vous savez qu’avec les Verts, je suis pour l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne. Malgré l’hostilité de certains, nous sommes convaincus qu’un tel aboutissement constitue une avancée historique extraor-dinaire, mais il faut que vous ayez conscience des types de changements que cela va engendrer chez vous. Je vous donne un exemple. Capitale de la France, Paris : le maire de Paris, homosexuel ; capi-tale de l’Allemagne, Berlin : le maire de Berlin, homosexuel. L’entrée de la Turquie cela veut dire dans 15 ou 20 ans un maire d’Istanbul qui pour-rait être homosexuel. D’après vous comment ont réagi les journaux turcs ? »

Et nous, que devons-nous conclure de ces explications qui n'en sont pas, et qui rap pellent plutôt le « C'est pour ça que votre fille est muette » de Molière ? n

40 ans plus tard

ACTUALITéCOMMéMORATION

Faire avancer la modernité issue de l'individualisme que Mai 68 a débridé

6 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

par René LAURENTIN

(

Il nous reste un monument commémoratif de Mai 68 : c'est Daniel Cohn-Bendit, dont les sorties apparemment incohérentes, balisent bien les chemins que nous prenons.

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FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 7

ACTUALITé

Le coup de crayon de Chaunu

POLITIqUe : Dans sa prestation télévisée du 24 avril, le président de la République a reconnu des erreurs, mais il a réaffirmé sa volonté de poursuivre les réformes ; il a notamment confirmé la généralisation en 2009 du Revenu de solidarité active (RSA). Selon les sondages, il aurait séduit 49% des 11,7 millions de téléspectateurs.

SONDAGeS : selon un sondage CSA publié dans "Le Parisien-Aujourd'hui en France" le 24 avril, pour 88% des Français, Charles de Gaulle a plutôt bien repré-senté la France de son époque. Il devance François Mitterrand (74%), Georges Pompidou (69%), Jacques Chirac (66%), Valéry Giscard d'Estaing (56%) et, en dernière position, Nicolas Sarkozy (40%).

ChINe : Alors qu'une campagne antifrançaise, et spécialement contre les magasins Carrefour, est censée mobiliser les consom-mateurs en Chine populaire, Jean-Pïerre Raffarin a rencontré le premier ministre chinois le 28 avril pour tenter de calmer le pays organisateur des Jeux Olympiques. Celui-ci n'admet pas les mouvements de solidarité avec le Tibet en Occident. Le commissaire européen aux relations extérieures avait pourtant demandé, le 24 avril, au gouvernement chinois d’engager un dialogue constructif avec le dalaï-lama ; les autorités chinoises ont ouvert le lendemain la porte à une reprise de ce dialogue. Tandis que la Flamme poursuivait au Japon son parcours caho-tique, Interpol confirmait qu’une menace terroriste pesait sur le déroulement des Jeux olympiques.

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Marc Jeanson, comment vous est venue l'idée de réa- ■

liser ce documentaire ?

J'ai vu, voici 5 ans, un film de Patrice Chagnard réalisé au début des années 70 qui évoquait les dé-buts de la reconstruction de ce monastère. Et l'un de mes amis, un moine de Béthléem, me parlait souvent des écrits du Père Matta el-Maskîne. J'ai lu par la suite plusieurs de ses ouvrages, et j'ai été captivé par sa spiritualité si limpide, par son rapport au divin si

immédiat. Il s'agit de l'une des personnali-tés les plus rayonnantes du monde copte. Or cet homme, qui a marqué son temps et renouvelé profondément la vie monas-tique, était un ermite qui vivait la plupart du temps caché... L'homme était fasci-nant, mais il y a aussi l'histoire extraor-dinaire de ce lieu : une fondation par saint Macaire le Grand en 360, la présence des moines ininterrompue jusqu'à au jourd'hui, puis la renaissance du monastère qui était en perdition à la fin des années 60, sa re-construction, les immenses plantations, et

dans le même temps l'afflux de vocations et le grand retour de la vie érémitique. Il s'agit là d'une aventure humaine et spirituelle très exceptionnelle.

Comment s'est passé le tournage ? ■

Je suis parti avec un ami chef opérateur, nous sommes arrivés au Caire le 7 mai en début d'après-midi avec plus de 100 kg de matériel. La douane nous a bloqués pendant plusieurs heures, ne comprenant pas très bien ce que nous venions faire. Puis nous avons pris notre voiture de location et tenté de re-joindre sans carte le monastère situé à une centaine de km sur la route du désert. La nuit étant tombée et pensant nous être perdus, nous avons décidé de nous arrêter pour nous rendre au monastère le lendemain matin. En arrivant, le Père Wadid nous a demandé « Savez-vous quel jour nous sommes ? » Nous avons répondu « le 8 mai ». Et il nous a dit alors : « le 8 mai est une très grande fête en Égypte : c'est la fête de Saint Marc, l'évangélisateur et le premier patriarche d'Égypte ! ». La Providence avait choisi à notre insu la meilleure date pour démarrer ce tournage...

DOSSIER

On se souvient avec émerveillement du « Grand silence », le documentaire de Philippe Gröning sur la vie des moines de la Grande Chartreuse, sorti à Noël 2006 sur nos écrans. Quant à la fiction de Pavel Lounguine, « L'île », dont le héros principal est un moine sur une des îles Solovki, elle a provoqué également beaucoup d'émotion, en janvier dernier, chez tous ceux qui y ont vu un miraculeux symbole du renouveau de la vie monastique chrétienne et de l'orthodoxie russe. Ces deux films ont eu une carrière au cinéma relativement brève – encore que plus longue que celle qu'attendaient les distributeurs – suivie de nombreuses ventes de DVD, par un phénomène de bouche-à-oreille puissant. Le documentaire « La Lumière du Désert » mérite une tout aussi large diffusion, car il fait découvrir la prodigieuse vitalité du monachisme orthodoxe égyptien à un point que ni les reportages écrits ni même, probablement, une brève visite sur place, ne permettent d'atteindre aussi bien que les images et les commentaires parfaitement maîtrisés de Marc Jeanson et Jean-Louis Laforêt.

8 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

UN FILM DOCUMENTAIRE DE MARC JEANSON

La lumière du désertrenaissance du monastère Saint-Macaire en Égypte

25 e francoà commanderà DCX31, rueRennequin75017 Paris

www.dcx.fr

Marc Jeanson devant le monastère St-Macaire

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Dossier réalisépar Camille MEAUDREUN FILM DOCUMENTAIRE DE MARC JEANSON

La lumière du désertL'accueil réservé par les moines a été très

confiant et amical, nous sommes restés 12 jours au milieu d'eux eux avec notre caméra encombrante, notre éclairage HMI et nos nombreuses demandes auxquelles ils ont répondu à chaque fois avec beau-coup de patience et de compréhension...

Comment expliquer la fascination qu'exerce, de tout ■

temps, la vie monastique au désert ?

La vie érémitique et semi-erémitique telle qu'elle est pratiquée en occident a toujours exercé sur le grand public qu'il soit croyant ou non, une fasci-nation très forte. On connaît bien sûr les célèbres apophtegmes des Pères du Désert et la grande re-nommée de la Grande Chartreuse : de tout temps, des hommes sont partis prier dans la solitude. Et, très souvent, ces hommes ont attiré à eux des dis-ciples, voire des foules. Michel Rouche rappelle sou-vent que de nombreuses villes en occident ont pour point d'origine un ermite parti prier en solitude !

Le désert est le lieu du combat, de la faim et de la soif, le domaine aussi des démons qui disaient à saint Antoine qu'il ne parviendrait pas à échapper à leur conjuration... mais c'est surtout le lieu du dé-pouillement, de la vulnérabilité radicale de l'homme qui se retourne vers Dieu et l'appelle à l'aide.

Pourquoi ce titre "La Lumière du Désert" ? ■

Il est évident que l'homme aujourd'hui a, plus que jamais, soif de contemplation, de beauté et de vérité. Ce titre signifie tout d'abord la lumière de la Transfiguration dont témoigne un moine dans le documentaire de façon marquante. Mais aussi, le fait qu'un lieu aussi chargé d'histoire connaisse, avec les autres mo-nastères du Wadi Natroum un renouveau d'une telle ampleur. Que la vie érémitique ait repris m'apparaît comme une lumière prophétique qui se lève dans les déserts d'Égypte, dans ce pays où les chrétiens vi-vent souvent le mystère de la Croix. C'est un message important pour notre monde, qu'il nous appartient de déchiffrer.

Qu'est-ce qui vous a frappé le plus durant ce tour- ■

nage ?

J'ai été très marqué par la rencontre avec l'un des sept ermites du monastère, un homme de plus de 80 ans au visage extraordinaire de force et de bonté. Cet homme dégageait une présence de contempla-tion et de prière incroyable qui nous a enveloppés durant plusieurs jours...

Comment ce documentaire sera-t-il diffusé ? ■

Ce film est déjà dispo nible en DVD chez nous à DCX (31, rue Rennequin 75017 Paris, au prix de 25 € franco de port), et, notamment, à la librai-rie La Procure à Paris. On peut en voir des extraits sur internet (http://www.dcx.fr/ldd.html). Par ailleurs, nous le proposons actuellement aux différentes chaînes de télévision fran çaises et étrangères. Plusieurs

négo ciations sont en cours. ■

FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 9

L'homme d'aujourd'hui

a, plus que jamais, soif de contemplation

renaissance du monastère Saint-Macaire en ÉgyptePorte d'entrée du monastère

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DOSSIER

10 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

Nous sommes arrivés au Wadi Rayyan ne sachant pas comment faire pour vivre dans un désert aussi éloigné de tout et aussi démuni, mais notre père spirituel priait constamment pour que le Seigneur

nous inspire comment faire pour y vivre. Deux cha-meliers arabes sont venus nous voir. Ils se sont ap-prochés de moi et nous ont demandé « Qu’est-ce que vous venez faire ici ? Est-ce que vous venez simple-ment visiter ce désert ou est-ce que vous voulez y vivre en permanence ? » Le père spirituel a répondu « nous venons pour y habiter » et l’Arabe a répondu « vous ne pourrez pas y habiter, les conditions ici sont trop difficiles, l’eau est salée et ce désert est très éloigné du monde habité »

Le père leur a demandé « Est-ce que vous ne connaîtriez pas un endroit où nous pourrions vivre dans ce désert ? » Le plus ancien des deux âgé de plus de 60 ans a répondu « dans ma jeunesse quand j’avais 12 ou 13 ans je me promenais ici avec mon père et nous avions vu une grotte qui avait dû servir à des moines au-trefois, je peux venir demain matin pour vous montrer où se trouve cette grotte. »

Nos cœurs étaient remplis de confiance dans l’amour de Dieu parce que nous étions convain-cus que le père spirituel était ins-piré directement par Dieu. Nous avons passé cette première nuit en plein désert à la belle étoile. Le père spirituel nous a demandé de nous creuser un endroit dans le sable

pour y dormir et mettre la moitié de sa couverture en dessous de nous et l’autre moitié sur nous.

Le lendemain cet Arabe nous a emmenés avec ses chameaux vers cette grotte. Celle-ci était complète-ment enlisée, on voyait seulement une petite partie dépasser du sable.

Il s’est exclamé : « C’est bien cette grotte ! c’est bien cette grotte ! » Elle avait près de 8 mètres de large, mais l’arabe nous disait : « Évacuez le sable et vous verrez combien elle est grande ». Quand il a voulu nous quitter nous lui avons dit : « Non, non, tu dois d’abord nous montrer où puiser l’eau ». Alors il nous a montré l’eau qui était dans la partie infé-rieure. Nous avons passé cette seconde nuit dans la petite partie de la grotte qui émergeait, serrés les uns à côté des autres comme des sardines en boîte et le nez collé au plafond…

Le matin revenu, le père spirituel nous a dit : « Allez debout, on va commencer à déblayer cette grotte » Le temps était beau, nous étions vers la fin du mois d’août. Ce jour-là nous commençâmes à sortir petit à petit le sable de la grotte, le soir nous avions déblayé près de 5 000 couffins, alors que nous n’avions qu’une petite quantité de nourriture.

Chaque jour, au fur et à mesure de l’évacuation du sable, nous pénétrions un peu plus profondément dans la grotte. Ensuite nous avons élargi la grotte à l’intérieur en creusant à la bêche. Nous avons pré-paré alors une sorte de petit réfectoire c’est-à-dire quelques planches avec des caisses, et nous avons

réservé une partie de la grotte comme église consacrée à Saint Michel.

Chaque jour nous descen-dions dans le wadi, la grotte étant sur une colline, pour y pui-ser l’eau qu’il nous fallait et pour ramasser le bois nécessaire pour vivre. [...] Les Arabes qui étaient de passage avec leurs chameaux, s’étonnaient beaucoup et se de-mandaient comment nous ferions pour vivre dans ce désert aussi aride. Et nous répondions « Nous avons quitté le monde tel qu’il était avec tout ce qu’il apporte

comme problèmes et maintenant nous avons le sen-timent d’être comme des oiseaux qui ouvrent leurs

Un miracle quotidien qui a duré 9 ansAvant de rénover le monastère Saint-Macaire, le Père Matta el-Maskîne et ses douze compagnons ont vécu près de dix ans dans une pauvreté à l’exemple des Pères du Désert. Voici quelques souvenirs racontés par l’un de ces moines…

COMBAT SPIRITUEL AU WADI RAyyAN

Le PèreMatta el-Maskîne

Nous étions convaincus que le père

spirituelétait inspiré directement

par Dieu

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ailes et qui s’envolent ! »La nourriture la plus essentielle était le pain qui

nous était apporté par un commerçant très simple qui habitait à la limite des parties plantées et qui s’appelait Abou William. De temps en temps il venait nous voir pour nous donner du pain.

Nous n’avions pas de pied-à-terre dans la ville comme la plupart des monastères, et quand la nour-riture commençait à diminuer et même à manquer, eh bien nous n’avions plus qu’à prier. Et à ce moment, nous aper-cevions des chameaux qui arri-vaient avec des sacs de farine !

Ce miracle a duré pas moins de 9 ans… [...] Souvent un Arabe venait taper des mains devant la grotte pour demander de la nourriture et des cigarettes, ou n’importe quoi d’autre dont il avait besoin. On lui demandait combien de personnes étaient avec lui. Et il répondait : « nous sommes dix ». Bien sûr il mentait, mais le Père Matta nous avait dit : « surtout ne lui dites jamais qu’il est menteur, il faut toujours le croire et lui montrer qu’il paraît sincère. Et le Père Matta demandait de tout multiplier par dix, et lorsqu’il com-mençait à tout lui préparer, alors l’Arabe tremblait, il sentait qu’il avait menti et disait alors : « non, non c’est trop, je ne peux pas prendre tout cela ». Voilà un exemple qui montre la sagesse et la perspicacité du père spirituel. C’est de cette façon qu’il parvenait souvent à changer leur caractère. […]

Quand un Arabe venait dire « j’ai besoin de thé » on lui donnait du thé et du sucre, et il disait alors « non non j’ai du sucre il me suffit simplement de prendre du thé ». On pouvait deviner que parmi ces Arabes il y avait des bandits, des meurtriers même, qui vivaient de ce qu’ils volaient, mais on faisait tout pour leur inculquer une certaine moralité. Il est arrivé que ces Arabes apportent des cadeaux, des légumes aux moines en disant « c’est un cadeau pour vous », mais le père spirituel avait appris aux moines de tou-jours rendre le double de ce qu’ils recevaient. On leur donnait donc le double du prix et l’Arabe trouvait que c’était trop et finalement refusait de l’accepter. C’est de cette façon que les relations avec les noma-des et les Arabes étaient devenues très bonnes. […]

Une fois, une caravane est passée dans le désert, une caravane chargée de marchandises dans les-quelles il devait y avoir des armes, certainement des choses défendues. Ils sont donc passés par le désert et ont rencontré un de nos moines et ont été étonnés : « pourquoi est-ce que vous habitez ici, qu’est-ce que vous faites ici dans le désert ? » Le moine répondit : « Eh bien nous prions et demandons la miséricorde de Dieu. » Ces Arabes n’arrivaient pas à le croire et

finalement, lorsque le moine leur a expliqué comment nous vivions, pourquoi nous vivions dans ce désert, ils ont été pris de pitié et nous ont proposé de nous donner ce qu‘ils avaient. Mais nous avons répondu : « Non, non, nous avons tout ce qu’il nous faut, nous n’avons besoin de rien ». Les nomades ont dit « Nous, nous avons un malade, est-ce que vous avez des médicaments pour le soi-gner ? » et de ce fait on leur a

donné des médicaments. Mais ils étaient tout à fait consternés par ce qu‘ils avaient entendu. Comment des gens pouvaient-ils vivre en ne désirant rien et en se consacrant uniquement à la prière sans envier les choses du monde ?

Notre vie était un évangile ouvert aux yeux des Arabes. Ce sont eux qui ont le plus profité de notre exemple de vie. […] Le Père Matta avait un grand amour pour les pécheurs. Le Seigneur disait-il est venu du ciel sur terre spécialement pour sauver les pécheurs. Il aimait beaucoup saint François d’Assise et conseillait à ses moines d’essayer de lui ressem-bler. Une fois des brigands se sont présentés au mo-nastère de François d’Assise et les moines les ont chassés et ont refusé de leur donner de la nourriture. Lorsque François a su ça, il a ordonné de préparer une délicieuse nourriture et il a envoyé deux moines à l’endroit où ils se trouvaient pour crier : « Venez brigands, venez brigands ! » et ils leur ont donné cet-te nourriture. Le lendemain, les brigands sont venus se convertir ! […]

La vie avec Dieu nécessite une vie de foi, il faut que nous soyons pleins de foi. La raison ne suffit pas pour vivre avec Dieu. Il faut que le cœur soit rempli par la foi. ■

FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 11

DOSSIER

Il faut quele cœur soit rempli par

la foi

Un miracle quotidien qui a duré 9 ans

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Le Père matta a consacré sa vie entière à Dieu, écrit de nombreux ouvrages et œuvré à ré-nover l’un des plus vieux et des plus presti-gieux lieux spirituels d’Égypte : le monastère Saint-Macaire, fondé en 360 par Macaire le

Grand dans le désert du Wadi Natroun.Dès sa tendre enfance, Yousef Iskandar, le futur

Père Matta, ressent le besoin de prier. En grandissant, son amour indescriptible pour le Christ se renforce. Issu d’un milieu pauvre, il fait des études de phar-macie et crée une pharmacie très prospère à Daman-hour. Lorsqu’il ressent l’appel du Christ, il décide de distribuer l’intégralité de ses biens aux pauvres et de partir dans un monastère. Le futur Père Matta a le désir de se « libérer des hommes et de tout ce qui (les) attache à la poussière de la terre ». Pour lui, la vie monastique est une vie chrétienne vécue de manière « sérieuse ». L’essentiel de l’enseignement qu’il dispen-se à ses moines est fondé sur la relation d’amour avec la Trinité. Pour lui, tout est lié à l'amour de Dieu.

En 1948, le Père Matta choisit d'entrer au mo-nastère le plus isolé et le plus pauvre de l'Église copte, le Deir Anba Samuel où il reste trois ans. Là, il veille

chaque nuit, méditant l’Écriture et les écrits des Pè-res. Mais à cause de sa santé fragile, on lui demande de se rendre au Caire pour un examen médical. De là, il est envoyé par le futur Patriarche Cyrille VI au monastère du Deir el Sourian où il est ordonné prêtre. Il y vit en ermite dans une grotte, mais à la demande du supérieur, Amba Theophilos, il prend en charge la formation des novices.

En 1954, il devient higoumène et vicaire patriar-cal du patriarche Youssab à Alexandrie. Pendant cette période, il procède à des réformes de l’Église copte à Alexandrie qui sont accueillies par la population avec enthousiasme. Cependant, certaines oppositions le poussent à démissionner. Il retourne à sa grotte, puis au Deir Anba Samuel.

En 1960, il se retire avec quelques moines dans les grottes du Wadi Rayyan. Leur désir : prier dans la solitude. La liberté spirituelle par la prière, c’est ce que le Père Matta et ses compagnons vont rechercher durant des nuits entières d’adoration.

Durant ces neuf années, les moines vivent à l’image des premiers Pères du désert. Les ermites reçoivent les Arabes de passage, guérissent les ma-lades, recoivent de rares visiteurs dont quelques-un choisiront d’épouser la vie monastique.

Malgré les dangers et les difficultés de cette vie solitaire, c’est avec regret que le Père Matta et ses disciples quittent les grottes du Wadi Rayyan en 1969 à la demande du Patriarche Cyrille VI pour re-joindre le monastère de Saint-Macaire, où vivent six vieux moines.

DOSSIER

12 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

« La prière est essentiellement

l'expérimen-tation de

la présence divine »

Moine, ermite et Père spirituel, le Père Matta el-Maskîne (Matthieu le pauvre) a été l’une des plus grandes figures du renouveau copte orthodoxe.

Le père Matta el-MaskînePORTRAIT

Avec le président Sadate Avec le pape Chenouda III

Le donjon du monastère St-Macaire

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Arrivés avec pour seuls biens leurs grands habits noirs et leurs sandales, ils reconstruiront le monastère en multipliant par 6 sa surface en 6 ans, et ils plante-ront plus de 1 200 hectares.

À l’image des premiers Pères du désert, le Père Matta et ses moines vivent pauvrement, dans la prière, l’humilité et le silence. L’higoumène prône l’« expérience spirituelle », c’est-à-dire la prière continue, dans toutes les actions, chaque minute, pour être en présence de Dieu.

Dans son ouvrage le plus célèbre L'expérience de Dieu dans la vie de prière, le Père Matta écrit : « La prière est essentiellement l’expérimentation de la pré-sence divine. En dehors de cette expérience de Dieu, il n’y a pas de prière. »

Le Père Matta el-Maskîne demeurera à Saint-Macaire comme Père Spirituel et œuvrera pour son renouveau jusqu’à sa mort en 2006. Aujourd’hui le nombre de moines a dépassé les cent trente. Beau-coup d’entre eux sont attirés par l’œuvre écrite du Père Matta : livres spirituels, sermons, articles, les thèmes sont divers mais ont le même but : « Mettre en lumière les vérités essentielles de la vie spirituelle, de l’Evangile et de la Foi ». La prière y tient une place importante, mais aussi la relation humaine, le mystère de la Croix et ce qu’elle a réalisé dans la Création, l’unité des Chrétiens, l’Amour de Dieu…

Le Père Matta El Makine meurt le 8 juin 2006. Sa tombe se trouve dans ce désert qu’il aimait tant, à faible distance du monastère et de la grotte de Saint Macaire. ■

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Quelques œuvres du Père Matta El-Maskine :Prière, Esprit Saint et unité chrétienne (1990), La communion d’amour (1992), Saint Antoine, ascète selon l’Évangile et Les vingt lettres de saint Antoine selon la tradition arabe (1993), L’expérience de Dieu dans la vie de prière (1997), La nouvelle création de l’Homme (1998). La plu-part de ces livres sont disponibles à l'abbaye de Bellefontaine, 49122 Bégrolles-en-Mauges

Le père Matta el-Maskîne

Qui était Macaire le grand ?Saint Macaire naquit en l'an 300 dans un village du Delta du Nil, et exerça d'abord la profession de chamelier. Obéissant à un appel de Dieu, il se retira seul dans une cellule de son village pour y mener une vie ascétique et de prière. Puis il se rendit au désert de Scété, région aride et inhospitalière qu'il connaissait pour y avoir exploité le nitre. Il était alors âgé de trente ans et s'adonna aux travaux de l'ascèse. Il ne se nourrissait que du strict nécessaire, dormait assis contre le mur de sa cellule quelques brefs instants et persévérait constamment dans le silence, dans la garde de l'esprit de toute pensée étrangère, et dans la prière du cœur.Attirés par la réputation de saint Macaire et des disciples qui l'avaient rejoint, des hommes accoururent de toutes les parties de l'Égypte et des contrées éloignées de l'Empire pour y embrasser la vie monastique : Égyptiens, Grecs, Éthiopiens, Arméniens, Nubiens, Asiates, Palestiniens, Italiens, Gaulois ou Espagnols. On y rencontrait des savants, des philosophes, des membres de la plus haute aristocratie de l’époque à côté de simples fellahs analphabètes. Le désert devint une véritable ville, si bien qu'à la fin du siècle on comptait à Scété quatre églises, où les ascètes se réunissaient par centaines chaque dimanche.Saint Macaire le Grand, celui qu'on appelait le « Père spirituel du désert » remit son âme au Seigneur entouré de ses disciples à l'âge de 90 ans.

Saint Macaire et le combat spirituel« Lorsque le cœur se sent faible en tout cela jusqu'à s'épuiser dans le labeur de ces luttes, alors, Dieu, dans sa grande bonté et miséricorde, lui envoie une force sainte. Il affermit son cœur, lui donne le repentir, la joie et le soulagement du cœur, de sorte qu'il devient plus fort que ses ennemis qui même malgré eux, craignent la force qui l'habite. Cette force dont Paul a dit : "Luttez et vous recevrez la force", celle aussi à laquelle fait allusion Pierre lorsqu'il parle de l'héritage incorruptible et inflétrissable, préparé dans les cieux pour nous que la force de Dieu garde par la foi.Lorsque le Dieu très bon voit que le cœur s'est fortifié contre les ennemis, il lui soustrait la force peu à peu. Il laisse les ennemis l'attaquer au moyen de toutes formes d'impureté, par le plaisir des yeux, par celles de la vaine gloire et de l'orgueil, de sorte qu'il devient comme un navire sans gouvernail, qui se heurte de toutes parts.Lorsque le cœur se sent faible en tout ce que les ennemis lui font, alors le Dieu très bon, qui prend soin de sa créature, lui envoie de nouveau sa sainte force. Il affermit son cœur, son corps et tous ses membres sous le joug du Paraclet, car lui-même a dit : "Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur".

Alors le Dieu très bon commence à lui ouvrir les yeux du cœur afin que l'homme comprenne que c'est Lui qui le rend fort. Il sait maintenant vraiment comment rendre honneur à Dieu en toute humilité et brisement de cœur, comme le dit David : 'Le sacrifice pour Dieu est un esprit brisé'. Car l'humilité et le brisement du cœur viennent de la dureté du combat. »

La tombe du Père Matta el-Maskîne

Le monastère St-Macairedans les années 60

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14 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

C'est en 1969, qu'à la demande du pape copte orthodoxe Cyrille VI, le Père Matta el Maskîne, accompagné d'une poignée d'autres moines, tous ermites et vivant de-puis plusieurs années dans le désert, venait

revitaliser ce très haut lieu monastique n'ayant connu aucune interruption depuis sa fondation. À son arri-vée, la communauté ne comptait plus qu’une demi-douzaine de moines âgés.

Six ans plus tard, le monastère en ruines avait été entièrement reconstruit, et sa surface multipliée par six. L'en semble des constructions sera terminé en 1985. Durant cette période, plus de 400 ouvriers travaillaient sur le chantier. Depuis l'arrivée du Père Matta el-Maskîne, les vocations n'ont pas cessé, et la communauté compte aujourd'hui plus de 130 moi-nes. La plupart d’entre eux ont terminé leurs études universitaires et ont pratiqué, avant d’entrer au mo-nastère diverses professions dans le monde comme agronomes, vétérinaires, médecins, professeurs, phar maciens, ingénieurs etc.

L'âge moyen au moment de l'admission est de 25 ans, il peut aller jusqu'à 35 ans. Les moines entrés ici depuis moins d'un an portent l'habit bleu, il est de couleur brune pour ceux qui ont entre 1 et 3 ans d'an-cienneté. Et noir au-delà de 3 ans.

Tous essayent de vivre dans la plus grande union spirituelle, selon l’esprit de l’Évangile, en pratiquant ensemble l’amour fraternel et la prière inces-sante du cœur. Tous ont senti au moins une fois « leur cœur battre, par amour pour Dieu », critère de discer-nement pour l'admission des nouveaux candidats...

Le renouveau du monastère Saint-Macaire se manifeste aussi par une pratique attentive de l’office et des autres prières liturgiques, car les moines s'at-tachent, tant par la pratique que par l’étude assidue, à rendre à l’Église l’authentique esprit ecclésial des premiers siècles.

Marc Jeanson et son chef opérateur Jean-Louis Laforêt ont séjourné douze jours au monastère Saint-Macaire, ce qui leur a permis de nouer des relations de confiance et de prendre le temps de réaliser un travail approfondi. Le film a été tourné au format Bétacam numérique permettant une image de haute qualité pour mettre en valeur les visages, la liturgie, l'architecture et les splendides paysages du désert.

Ce film est conçu comme un récit historique en alternance avec la vie du monastère aujourd'hui et une montée spirituelle progressive culminant avec la vie érémitique au désert.

Nous apprenons qui a été Macaire le Grand au IVe

siècle, l'état du monastère en ruines, à moitié envahi par les sables et menacé de disparition dans les an-nées 60, les dix années passées dans le terrible désert du Wadi Ryyan par le Père Matta el-Maskîne et les douze moines à l'origine de la recontruction du mo-nastère, puis la rénovation au lendemain de la guerre des Six jours, la découverte des reliques de saint Jean-Baptiste, du prophète Élisée et du grand reliquaire d'Alexandrie, la rénovation des églises et des fres-ques, le forage des puits, les plantations, l'invention de la betterave fouragère ayant permis de ré soudre le problème de l'alimentation du bétail en Égypte, la

reconnaissance du président Sadate, la plantation de 1 200 hectares de palmiers, de blé, d'arbres fruitiers, l'usine de dattes devenue la première d'Égypte, les élevages de bé-tail, les immenses poulaillers produisant 50.000 œufs tous les jours, l'imprimerie du mo-nastère, etc.

Les constructions nou-velles comprennent plus de deux cents cellules, chacune se composant d’une pièce

pour le travail, d’une chambre à coucher, d’une salle d’eau et d’une cuisine. Un grand réfectoire permet aux moines de se rassembler une fois par jour pour

Les visages, la liturgie,

l'architecture et les

splendidespaysages du

désert

52 minutes d'histoire sainte, d'émotion et de magie des images font de ce film tourné en douze jours mieux qu'un reportage, une introduction à la spiritualité des moines égyptiens.

CE QUE MONTRE LE FILM

La grotte de saint Macaire

La chapelledes martyrs

Douze jours à St-Macaire

Fenêtre d'une chambre

avec vue sur le désert

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Un mur d'enceinte de 3 m de hauteur protège le domaine des moines, d'une surface de 1 200 hectares

Le réfectoire

Douze jours à St-Macaire

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16 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

le premier repas qui a lieu à midi. Celui-ci est com-posé essentiellement d'olives, de riz et de légumes. Le repas du soir est pris en solitude dans la cellule. Les moines jeûnent 200 jours par an. En période normale, ils jeûnent tous les mercredis et les vendredis..

Une nouvelle bibliothèque a été construite, abri-tant les manuscrits les plus anciens du monastère ain-si que des ouvrages plus récents. Une vaste hôtellerie avec plusieurs salles de réception et de nombreuses chambres individuelles accueille désormais les retrai-tants et les hôtes de passage. Dans le même temps, une restauration des anciens monuments du monas-tère a été entreprise sous le contrôle des meilleurs archéologues du Service des Antiquités égytiennes.

Sur leur conseil, on entreprit de restaurer et de consolider les monuments historiques, et de détruire toutes les constructions récentes et délabrées.

Difficile de comprendre comment cette renais-sance surprenante a été avant tout le fruit specta-culaire d'un retour à la pure tradition des premiers Pères du désert opéré par le Père Matta el-Maskîne. Un retour aux sources qui a entraîné très rapidement un afflux de vocations, des expériences spirituelles fortes comme cet étonnant récit d'une expérience de transfiguration vécue au Wadi Ryyan par un moine, et le retour de la vie érémitique.

C'est ainsi que l'on retrouva la grotte de Macaire le Grand, authentifiée par son fameux couloir souter-rain permettant au saint de fuir des visiteurs devenus trop nombreux et trop pressants, et de longueur telle qu'il avait le temps « de réciter les 24 prières » en le parcourant, comme nous le racontent les apoph-tegmes des Pères du désert.

Les dernières images sont celles de la rencontre émouvante avec l'un des sept ermites du monastère, le premier compagnon du Père Matta el-Maskîne, filmé dans sa grotte de sable et de pierre où il vit à la façon des premiers pères du désert. Le film se termine sur ses paroles et son regard, enchâssés dans le vent et l'incomparable lumière du désert... ■

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En mémoire des jours

Celle qui cultive les dif-férences supposées, et ne retient guère ce qui

pourtant transcende l'his-toire et l'éclaire.

Par exemple par la voix d'Oum el Kier, cette jeune femme musulmane qui fut l'amie de Pierre Claverie, évêque d'Oran, assassiné alors qu'il rentrait d'Alger après une journée bien chargée : « Mes amis, disait cette voix fraternelle, je vais vous faire une confidence : mon frère, mon père, mon ami Pierre, m'a appris à aimer l'islam. Il m'a appris à être la musulmane amie des chrétiens d'Al gérie.

J'ai appris avec Pierre, qu'une amitié c'est d'abord la croyance en Dieu, c'est l'amour d'autrui, avec la volonté. Être chrétien ou musulman venait après. Le problème ne se posait pas à l'école de Pierre Claverie, où l'on apprenait à s'écouter, à dialoguer.

Je suis la fille musul­mane de Claverie. Il existe en effet en Algérie une église musulmane. Elle est composée de tous ces hom­mes et ces femmes, qui se reconnaissent dans le mes­

sage d'amour universel. Merci à l'Église d'avoir laissé sa porte ouverte. Dieu n'est pas une propriété privée ».

On devrait revenir à des textes comme celui-là, dans un moment où l'on a tellement besoin de cette espérance qui sous nos pas se dérobe.

On pouvait le prévoir, car les signaux d'a-larme n'avaient pas

manqué. Nos rivages les plus proches étaient depuis longtemps le lieu d'un abord silencieux qui n'en était pas moins drama tique. Par embarcations surchar-gées, des hommes et par-fois des enfants, montaient à l'assaut de nos rivages, qui leur semblaient moyen d'accès à une prospérité assurée, croyaient-ils.

La réalité était certes bien différente des mi rages que des passeurs sans scru-pule faisaient miroiter à ceux qu'ils envoyaient à la mort, sans prendre trop de risques pour eux-mêmes. Nos opinions éprouvaient certes un malaise, au vu de ces mul titudes, venues d'Afrique, à laquelle tant de liens nous reliaient. Quand sur les terres de notre Empire, une partie de l'uni-vers se croyait amarée à nos souverainetés d'alors.

L e s s e c o u s s e s d e la décolonisation, qui n'avaient pas été partout d'une extrême violence, nous avaient peut-être un peu vite rassurés. Les experts - mais qui prenait

la peine de les écouter ? - nous avaient certes mis en garde. Ce qu'on pouvait savoir de la situation des peuples nous annonçait des réveils douloureux.

Tout prit des propor-tions internationales, avec ce qu'on a appelé une mon-dialisation ou globalisation des rapports économiques. Cela eut pour premier résultat de délocaliser nos industries. Et pour second effet de remplacer partout les productions agricoles vivrières par des produc-tions de matières pre mières agricoles destinées - en paiement de dettes accu-mulées sans profit géné-ral - aux grandes industries transnationales.

Loin de s'affranchir des dépendances qui mettaient en cause notre propre ave-nir, on se mit à penser un prétendu développement du rable, sans voir plus loin que l'immédiat. L'agriculture fut alors considérée comme une source d'énergie renou-velable. Les terres qu'on avait mises en jachère rede-venaient soudain réserves inespérées des lendemains affranchis de nos dépen-dances à l'égard des éner-gies fossiles.

On ne rêvait donc plus que « biocarburants », au risque d'oublier les an tiques sagesses, qui donnent à la terre mission de nourrir les hommes, et pas leurs pom-pes à essence.

La conséquence ne se fit pas attendre. Le cours des céréales, et de toutes les denrées nécessaires à la vie, se mit soudain à flamber. Avec toutes les

consé quences que cela n'a pas manqué d'en-traîner. En Égypte, on connut des révoltes qu'on croyait à jamais conjurées. C'était tout simplement des ré voltes de la faim. Comme si l'on assistait à un retour d'histoire, qui nous renvoyait à un réel qu'on croyait d'un autre temps. Celui de la famine. Nous y voilà à nouveau pourtant à l'échelle d'un continent comme l'Afrique.

Tout un équilibre se voit compromis par ce qu'il faut appeler des dé tournements de production. Chez nous, en Ca margue-même, autre-fois productrice d'un riz réputé, les silos où l'on stockait désormais du riz chinois ou in dien risquent d'être bientôt vides. Alors que dire du Sénégal où, pour favoriser des cultures d'exportation, on a réduit les possibilités alimentaires du pays dans des propor-tions qui nous rappellent les an tiques ca lamités ? C'est désormais le retour de ces bruits sourds que font sur le sol des contesta taires au pas de mendiants.

Nous n'y sommes peut-être pas encore tout à fait, mais nous en approchons. Nous sommes en tout cas à l'heure des urgences, qui ne concernent pas seulement notre niveau de vie, mais la possibilité pour d'autres de survivre. Il est bien tard, à l'aiguille de nos cadrans, qui ne sont pas là seule-ment pour nous dire les cours en bourse, mais qui nous indiquent cette sorte de déni de l'humanité qui est à nos portes. n

La bonnemémoire

ParRobert Masson

ESPRIT

FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 17

Le pasdes mendiants

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ESPRIT

Jésus le dit dans sa dernière grande prière du soir de la Cène : « je ne prie pas pour le monde ». Il y a quelque chose (quelqu’un ?) pour qui le Sauveur ne prie pas. Ça

fait froid dans le dos, mais c’est comme cela. Le Christ a porté la conviction qu’une partie de son œuvre était vaine et que certains refuseraient jusqu’au bout son amour. Pas moyen de le nier, même si notre tendance naturelle serait de penser que rien n’est irréversible, que tout peut se rattraper, surtout quand on s’appelle Jésus Christ et qu’on est l’amour même. Ce n’est pas forcément un bon signe : c’est peut-être que, n’ayant pas assez la perception du feu dévorant qu’est l’amour, nous finissons par croire que rien n’est grave. « Il est terrible de tomber aux mains du Dieu vivant » (Hébreux 10,31)

Mais regardons-y de plus près, car l’attitude de Jésus face au « monde » est pour le moins complexe. Ce monde a de la haine contre ses disciples (Jn 15,18). Il est déjà jugé. Il a un « Prince » qui n’est pas de nos amis. Il ne faut pas l’aimer (1ère lettre de Jean 2,15). Mais, pourtant, Dieu, lui, l’a tant aimé, qu’il lui a donné son Fils, son Unique (Jean 3,16). Vous vous rendez compte ? Aimé à ce point-là, au point de lui donner ce

que le Père a de plus cher… Et Jésus n’est pas venu le juger, c’est-à-dire le condamner, mais le sauver (Jean 12,46) !

C’est justement parce que ce monde est ambigu que Dieu se prend au jeu avec lui et veut tirer des griffes du mal ces pauvres hommes qui en sont plus

souvent les victimes que les coupables. Il est facile de diaboliser le monde, il y a largement matière à voir derrière ses images, ses divertissements, ses rythmes, sa fascination pour la

mort… la trace de l’Ennemi. Mais qu’y gagnons-nous ? Sommes-nous si sûrs, nous-mêmes, d’être toujours du bon côté et de ne pas avoir de troublantes complicités avec la face grimaçante de ce monde ?

Ce monde, avec ses pauvretés et ses vices, est l’objet des attentions divines. L’apostolat des chrétiens est toujours parti d’une telle conviction, pour aller aussi loin que possible à la rencontre de ces zones étrangères qu’on ne peut se résigner à abandonner à l’incroyance et au péché. Ne cédons pas à la tentation du repli et à la fausse sécurité de ceux qui jugent de tout du haut de leurs vertus (supposées).

Je suis de ceux qui, dans l’Église de l’après 68, ont réagi à ces pauvres ritournelles qu’on nous ressassait à l’époque, prétendant qu’en étant « au cœur du monde », nous étions « au cœur de Dieu ». Mais je ne suis pas sûr que je serais plus d’accord avec le jugement hautain et le repli frileux de beaucoup aujourd’hui. Il y a une passion de Dieu pour ce monde moche et défait qu’on ne peut répudier sans méconnaître un des ressorts les plus fort de notre amour et peut-être même de notre foi.

Première lecture : Actes des Apôtres (1,12-14) - Psaume 26 - Deuxième lecture : Première lettre de saint Pierre Apôtre (4,13-16) - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (17,1-11)

Je ne prie paspour le monde par le Père

Michel GITTON

7e dImanchE dE PÂquES (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

Retrouvez le Père Gittonchaque semaine sur Radio Espérance

Tél. 04.77.49.59.69

Ce monde, avec ses pauvretés et ses vices, est l’objet des attentions divines(

18 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

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Le 21 décembre 2006, le président Nyazov est brusquement décédé d’une attaque cardiaque à 66 ans. L'un des derniers régimes autocra tiques de la planète, le

Turkménistan était dirigé de façon dicta­toriale depuis plus de 15 ans par Saparmourad Nyazov. Héritier des méthodes staliniennes, cet ancien dirigeant soviétique de la République avait été élu en 1992 et réélu président à vie en 1999. Il cumulait les postes de chef de l'État, de Premier ministre, de commandant suprême de l'armée et de chef du Parti démocratique du Turkménistan, le seul parti autorisé. Aucune voix dissidente n'était tolé­rée, et ces dernières années ont vu se succéder les purges et les répres­sions contre les éventuels opposants, notamment les dignitaires religieux musulmans et chrétiens.

Nyazov se faisait appeler Turk­menbachi (le « Père des Turk mènes ») et avait instauré un véritable culte de la personnalité qui ne cessait de s'ac­centuer. Il a écrit le seul livre en vente libre dans le pays, le Ruhnama (« Livre de l'âme »), qui sert de guide spirituel offi­ciel pour toute la nation. Il a entrepris des constructions somp tuaires à sa gloire, dont une statue dorée qui le représente, sur une colline qui domine Achgabat, la capitale, et qu'un moteur tourne toujours vers le soleil !

Pendant ce temps, le Turkménistan vit dans un isolement presque total, la population est maintenue dans une grande pauvreté, et les bénéfices de la production

d'hydrocarbures ­ le pays dispose d'une des plus importantes réserves de gaz au monde ­ ne profitent qu'aux dirigeants du pays. Officiellement, pour l'extérieur, le président Nyazov s'évertuait à promouvoir l'image d'un régime démocratique, renouant un dialogue avec l'Union Européenne en mai 2005. Sa mort soudaine a plongé le

pays dans l’incertitude. Son successeur, Gurbanguly Berdimuhammedow, entend maintenir en place le système.

La présence chrétienne au Turkmé­nistan remonte au deuxième siècle… mais elle a subi persécutions et effacement. Des catholiques ont pu revenir depuis une dizaine d’années. Le père Andrzej Madej est administrateur apostolique. Il témoi­gne : « La Constitution garantit la liberté religieuse » ­ puis il y a un long silence : « Nous sommes isolés psychologique­ment ». Il y a deux prêtres catho liques au Turkménistan, aucune religieuse et la communauté ­ d'environ 500 personnes ­ assure sa survie grâce à la méditation de la parole de Dieu, à la prière et à l'Eucha­

ristie. Le jeudi, les fidèles se retrouvent pour l'Adoration eucharistique. Chaque jour, ils récitent le chapelet et celui de la Miséricorde. Il y a également une catéchèse pour les adultes et les jeunes ainsi qu'un groupe d'enfants. Ces ren contres ont lieu dans les maisons des fidèles. Actuellement, 50 catéchu­mènes se préparent au baptême. De temps à autre, ils reçoivent des invités venant de l'étranger, parfois même des prêtres. Les ren contres avec des étran­gers encouragent les fidèles.

De temps en temps, le père Andrzej et son confrère vont à l’étranger pour « une quête de prière ». Et l'idée que de nombreuses personnes prient pour l'Église au Turkménistan leur donne beaucoup de force. Certaines per sonnes offrent même leur croix personnelle et leurs souffrances pour elle. Cela semble porter des fruits, car entre­temps, une

jeune femme venant d'une famille turk­mène est devenue religieuse à Lagiewniki près de Cracovie, le sanctuaire de Sainte Faustine. Deux jeunes hommes, âgés de 16 ans seulement, ressentent eux aussi la vocation d'intégrer un ordre religieux. Des prémices encore timides et qu’il faut soutenir. ■

ESPRITTURKMÉNISTAN

Dans ce pays de 5 millions d’habitants, sunnites à 89 %, les orthodoxes représentent 9 % de la population et les catholiques sont une poignée.

par Marc FROMAGER

Les rencontres avec des étrangers encouragent les fidèles

© A

ED

(Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

Le père Andrzej

La liberté étouffée

Madone des Turkmènes

FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 19

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Jean-francois et sylvie Soubrier sont grands-parents. Ce couple intrépide, ayant élevé dix enfants, ne manque pas d’idées créa-trices en tout genre. Lui était capitaine de fré gate, elle professeur d'espagnol. Ils ont

décidé, il y a six ans, de venir s’installer dans leur propriété de famille en Berry, à l'ouest du parc naturel régional de la Brenne, pour continuer à donner une âme à un lieu d’histoire. Leur belle demeure, ancien prieuré, comporte en annexe une chapelle du XIIIe siècle, où des moines bénédictins rythmaient le quotidien de leurs offices. Fiers de ce passé, Jean-François et Sylvie ont choisi de vivre selon l’adage de saint Benoît : « Prie et tra-vaille ». Il y a trois ans, ils ont ouvert ensemble l’atelier d’artisanat d’art Saint-Antoine : peinture sur porcelaine, (bénitiers, vaisselle variée avec enluminures à caractère religieux), couture (cha-

subles, ornements de messe), peinture aquarelle (sur demande : reproduction de votre maison…).

Avec leur dernier fils, Vianney-Marie, un jeune garçon trisomique, ils travaillent quotidiennement dans un paysage tourangeau vallonné, aux mai-sons en pierre blanche de tuffeau. Dernièrement, ils ont reçu quatre stagiaires en CAP pein ture sur porcelaine de la région, heureuses d’être accueillies à St-Antoine, car les ateliers de pein-ture sur porcelaine se font rares aujourd’hui.

Jean-François confirme : « Nous avions tou-jours voulu travailler ensemble Sylvie et moi : nous découvrons effectivement la grandeur de la servi-tude d'un partage professionnel entre époux avec les différences de mentalité, de psychologie, de raisonnement… mais cela nous fait grandir ! »

Leur dernier désir ? L'intégration de personnes handicapées comme Vianney-Marie dans leur entreprise. Mais ils laissent le Seigneur leur mon-trer la route… au jour le jour.

Jean-François et Sylvie SoubrierAteliers St Antoine de Notz

www.atelierssaintantoine.comTél. 02.54.28.01.78

Également en Touraine, la famille Paing se veut aussi au service de l’évangélisation par l’artisanat religieux. Père de quatre filles, Jean-Marc a une formation à la communication d’entreprise, et quinze

années d’expérience commerciale dans le mobilier pour collectivités. Suite à la découverte de pro-

arTISaNaTINTErNET

Non ce ne sont pas des tisserands, mais de petits entrepreneurs intrépides auxquels le développement de la "Toile" internet donne une chance de trouver une clientèle. Leur activité leur permet de vivre et contribue à l'évangélisation. Elle mérite un coup de projecteur.

Jean-François et Sylvie ont choisi de vivre selon l'adage de saint Benoît : « Prie et travaille »

20 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

par Anne KURIAN

DR

Le trio Soubrierde l'atelier Saint Antoine

artisans de la toile

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blèmes de santé début 2007, il s’est vu contraint de revoir son rythme de vie, et après avoir prié avec son épouse, ils ont ressenti l’appel à créer un site internet, fruits de leurs talents respectifs : le commerce qui est le domaine de Jean-Marc, l’informatique qui est celui de sa femme, asso-ciés à l’amour qu’ils ont pour le Christ. Depuis six mois, ils vendent des objets religieux à distance, pour per mettre à des personnes habitant loin d’un magasin d’articles religieux d’acheter facilement un objet de piété pour soi ou pour offrir lors d’une fête de la foi. Jean-Marc et sa famille sont partis du constat qu’il existait des magasins de ce genre en ville et qu’il y a donc un marché.

Leurs fournisseurs sont essentiellement de petites entreprises artisanales qui travaillent directement avec des communautés religieuses (par exemple les statues de Saints Patrons sont créées par des religieuses). Il importe à Jean-Marc de travailler avec des personnes qui partagent leur foi. Il envisage de développer un partenariat avec des communautés religieuses sur certains produits.

Jean-Marc fabrique lui-même depuis une dizaine d’années du mobilier liturgique en bois pour aménager des oratoires (petits bancs de prière, porte-Bible, porte-icônes, autel, ambon tabernacle). À présent, ils sont fabriqués en pe tites séries par un CAT partenaire (centre pour travailleurs handicapés).

Concrètement, il faut au moins deux ans d’ac-tivité avant de pouvoir espérer en vivre. Pour eux, s’il s’agit d’un appel du Seigneur, Il pourvoira aux besoins de la famille.

En Vendée, Marc Lucas a inventé un instru-ment adapté à tous les âges et particu-lièrement aux personnes ayant des dif-ficultés en chants et musique. Enfin un accompagnement plaisant, facile, et de

qualité, qui va décomplexer ceux à qui l’on repro-che de ne pas avoir le sens de la mélodie… À l’ori-gine, cette création vient d’un constat réaliste : beaucoup se plaignent que l’on doive consacrer tant de temps à s'exercer péniblement pour bien posséder un instrument. Avec la Cantate, l’en-traînement est minime, pour un résultat rapide-ment satisfaisant. Sans crainte des fausses notes, puisque toutes les cordes sont en accord par-fait. Parmi les premiers utilisateurs, certains font même des animations de messes fort réussies. La Cantate s’y prête bien, avec ses sons proches de ceux de la cithare, encourageant la méditation.

Matériellement, la Cantate est un instrument en bois, avec des cordes de guitare sèche. Elle reprend les procédés de la cithare. Chaque accord est joué par quatre cordes, et le nom de l’ac-cord est écrit sur l’instrument, ce qui permet une reconnaissance rapide de la partition. Comme tout le monde ne peut pas se déplacer en Vendée pour des cours de maniement, Marc Lucas a pensé à tout : il a conçu une méthode avec livret et CD, ainsi qu’un accordeur électrique intégré sur l’ins-trument. Vous voulez une démonstration pour vous en convaincre ? Allez sur le site internet de la Cantate, et vérifiez par vous-mêmes sur les vidéos enregistrées, que cet instrument est acces-sible aux adultes comme aux enfants. Marc est à la recherche de partenaires commerciaux... ■

arTISaNaT

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La Cantate

Objets en bois conçus par la famille Paing pour

www.objets-religieux.frDR DR

Jean-Marc Paingwww.objet-religieux.frTél. 02.34.37.65.14.

Marc LucasEntreprise Wood’L

47 rue Georges Clemenceau85210 Sainte-Hermine

Tel. 02.51.28.83.95www.lacantate.com

Famille Paingau complet

De petites entreprises artisanales qui travaillent directement avec descommunautés religieuses

artisans de la toile

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La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

29/40

© Editions Viltis, Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris, tél. 01.42.41.37.75

Texte de A. de PalmaertDessins de PalmarFR

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FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 23

IDÉESLE JOURNAL DE GÉRARD LECLERC

7 fÉvrier

L'approche du quarantième anniver-saire de mai 68 provoque une floraison en librairie où j'ai envie d'établir une sélection rigoureuse. Je suis rarement satisfait de ce que j'entends ou lis çà et là. Le discours-charge que Nicolas Sarkozy avait prononcé entre les deux tours des présidentielles à Bercy m'avait à la fois médusé et amusé. D'après Yasmina Reza, qui l'a suivi durant toute la campagne, le futur président aurait avoué que c'était « limite mauvaise foi » et que même c'était « terrifiant de mauvaise foi, mais enfin il faut y aller ! » (L'Aube, le Soir ou la Nuit - Flammarion) ; cela ne m'étonne pas. On peut certes développer des réquisitoires contre mai 68, mais ils devraient être autrement agencés et argu-mentés. Je ne crois pas du tout que l'esprit de mai se confondait avec le cynisme. Je plaiderais plutôt pour une certaine candeur. Cours camarade, le vieux monde est derrière toi. Ce pouvait être un mauvais remake du mauvais rêve révolutionnaire, l'illusion de recommencer Lénine sans sombrer dans le terrorisme d'État. Mais c'était aussi plus vraisemblablement l'illu sion d'instaurer un monde neuf, trans parent au pur désir, assez dans la tonalité de Marcuse. Et là on était dans l'apesanteur qui a d'ailleurs réellement existé en mai, et qui a durablement marqué certains de ses acteurs, en les transformant en inadaptés pour la vie.

Le cynisme, s'il s'est emparé de beau-coup d'ex-barricadiers s'est révélé beau-coup plus tard, avec l'absorption de l'esprit libertaire et ludique par le capitalisme de consommation qui a su admirablement jouer de la captation li bi dinale et des re-tombées de l'hypertrophie des idéologies du désir. Mais les plus lucides héritiers de mai 68 ont parfaitement compris cela et l'ont dénoncé avec beaucoup de pénétration. Je songe en premier lieu à Cornelius Castoria-dis, infatigable dénonciateur de « la montée de l'insignifiance ». Castoriadis est, hélas, loin de nous, et je ne connais pas tellement d'héritiers véritables de l'esprit de mai, pour peu d'ailleurs que l'on puisse s'accorder sur un tel concept forcément problématique. Il y a une pluralité d'acceptions possibles et même si l'on s'accorde sur une originalité

propre à l'événement, et qui défie les ca-tégorisations courantes de la science po-litique, il n'est pas avéré que l'on sera sur la même longueur d'ondes. Par exemple, entre Castoriadis et Maurice Clavel il existe un abîme, et pourtant l'un et l'autre se re-trouvent dans un climat de haute tension culturelle et politique, celui qui, brouillant tous les clivages et toutes les idées reçues, tente de faire émerger une autre appréhen-sion de soi-même par le corps social, un instant sorti de ses routines existentielles.

On pourra toujours dire que tout cela ressortit trop de l'utopie pour pouvoir sur-vivre au retour du réel. Mais il faut faire très attention à cette catégorie du réel car, parfois, le refoulé, que masque l'habitude, peut resurgir comme un réel redoutable. Castoriadis pense le refoulé à l'aune d'un imaginaire social qui pourrait aboutir à une reconstruction politique totale. Clavel le pense à l'aune de l'absolu, c’est-à-dire du Dieu présent dans l'histoire profonde d'un Occident qui ne se comprend que par l'intrusion en son sein de la révélation bi-blique.

Comment tomber d'accord sur mai 68 ? Il faudrait d'abord se retrouver sur une « méthode », au sens le moins technique du terme, c’est-à-dire un chemin qui mène à l'énigmatique et mystérieuse question qu'il nous pose. On y reviendra souvent.

12 fÉvrier

Je garderai l'anonymat quant aux convi-ves de ce déjeuner dans une salle à manger d'un grand journal parisien. Mais il vaut mieux les caractériser par leurs fonctions et le symbolisme qui s'y rattache. J'étais le quatrième convive d'une table où il y avait un archevêque, un ancien ministre toujours très actif et un éditorialiste également uni-versitaire. Des intellectuels de belle culture et de grande sagesse.

Il n'y eut à vrai dire qu'un sujet de dis-cussion au cours de ce très agréable mo-ment d'échanges : le religieux. Et l'athée des quatre n'était pas le moins passionné

sur ce terrain qui lui paraissait le plus es-sentiel à notre société moderne. On me dira que la présence de l'archevêque expli-quait ce tropisme de la conversation, mais ce n'est vrai qu'en partie. Elle lui donnait certes plus de réalité parce que nous dis-posions d'un témoin direct, d'un homme du terrain religieux qui nous permettait de de-meurer « dans le réel » abordé. Je ne dirais pas qu'il était le plus prosaïque, mais, s'il ne perdait rien de nos éventuelles envolées spirituelles, il nous ramenait aux nécessités quotidiennes d'une Église qui sait comment se vit la foi dans la France d'aujourd'hui et quelles difficultés rencontrent chaque jour prêtres et fidèles.

Telle lycéenne qui a osé dire en début d'année qu'elle était chrétienne devant toute sa classe de terminale s'est trouvée soumise au harcèlement continuel du pro-fesseur de philosophie qui l'a prise pour cible de son ironie voltai rienne. Joyeuse laïcité ! Et comment emmener aujourd'hui des jeunes en camps de vacances dans un but de formation spirituelle ? La législation est devenue tellement tatillonne qu'il vaut mieux partir en Afrique pour organiser un camp scout. Voilà des touches concrètes auxquelles le président Sarkozy ne songeait sûrement pas lorsqu'il a prononcé son dé-sormais fameux discours du Latran. Cela explique que les évêques français ont des soucis assez étrangers à la révision de la loi de 1905, qui, avec la distance et les tran-sactions discrètes qui ont suivi leur a donné une liberté inappréciable à l’égard du pou-voir politique.

Justement, notre discussion à propos de la laïcité montre un bel accord de fond assorti de nuances substantielles. C'est vrai qu'il n'y a ici aucun représentant de la laï-cité idéologique et que tous réprouvent le laïcisme. Mais il y a tout de même débat sur la laïcité, si elle est autre chose qu'un ac-cord empirique qui crée les conditions de la liberté de conscience et du libre exercice du culte. Pour l'ancien ministre c'est aussi l'ar-bitrage de la seule raison dans le do maine de la morale publique. Je n'ai pas voulu

L'illusion d'instaurer un monde neuf, transparent au pur désir

L'héritage de Mai 68

(

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compliquer les choses en objectant qu'ainsi la laïcité risquait de devenir une option phi-losophique en soi, comme telle refusée par certains représentants éminents de la pen-sée politique moderne comme John Rawls. Cela nous aurait menés trop loin et puis il y avait quand même ce terrain commun de la raison, si cher à Benoît XVI et à Jürgen Habermas. Il s'agit, il est vrai, d'une raison ouverte car soumise à l'impératif de discus-sion. Et j'ajoute non fermée à l'interroga-tion religieuse.

Mais voici le plus remarquable de nos échanges. Le religieux demeure une ins-tance d'identification personnelle et socia-le indispensable. Il n'y avait, je pense, qu'un seul vrai sarkoziste engagé parmi nous en vis-à-vis avec un anti-sarkoziste déclaré. Mais nul ne songe à reprocher au président le fond de son discours du Latran. De ce point de vue, le script de notre conver-sation, s'il était publié par le journal qui nous recevait, en surprendrait plus d'un, et mettrait en grande colère la partie la plus laïquement idéologique de son public. En brisant un tabou, le président de la Répu-blique a reçu l'accord, en partie secret, de beaucoup d'hommes de pensée très insatis-faits d'une prétendue neutralité qui aboutit à la neutralisation du débat.

Le silence imposé sur l'essentiel dans l'espace public pourrait bien correspondre au plus désuet des préjugés. Alors d'évi-dence, il y a aussi beaucoup de dé fenseurs de ce préjugé qui persistent et qui crient haut et fort leur « défense à Dieu d'entrer dans nos laboratoires ». Mais, il se pourrait bien que les choses ne fussent pas défini-tivement figées et qu'un discours comme celui du Latran et d'autres interventions aboutissent à la fin de la glaciation idéolo-gique, une glaciation qui ne concernait pas seulement le défunt système soviétique.

15 fÉvrier

Mon fils aîné a voulu retrouver les deux chroniques que j’avais écrites sur Raymond Aron, notamment celle sur ces Mémoires parues au moment de sa mort. Je la relis et constate qu’écrite il y a vingt-cinq ans, elle développe strictement les mêmes argu-ments que ceux que j’ai énoncés ici-même. C’est un peu normal, puisque j’avais repris le volume des Mémoires et que j’y retrou-

vais ce qui m’avait particulièrement frappé, notamment les pages sur Gaston Fessard. C’est aussi parce que la thématique de l’histoire n’a cessé de me retenir à travers mes maîtres théologiens et aussi la pen-sée d’Henri-Irénée Marrou dont j’ai mieux compris à quel point elle était redevable à celle de Raymond Aron. Je viens de le vé-rifier avec les références contenues dans les Carnets posthumes du grand historien de l’Antiquité tardive (plubliés en 2006 au Cerf). Le cardinal Lustiger en avait rédigé la préface. Il connaissait bien l'auteur puisqu’il avait été son directeur spirituel. Marrou signale ce fait en usant d’une formule la-tine, avec ce développement impression-nant : « Regulae quaedem ad directionem animae, Lustiger curante Deo » [ Quelques règles pour la direction de l’âme, Lustiger avec l’aide de Dieu ] : l’acte de foi qui t’est demandé est de remettre entre les mains du seigneur le soin de faire de toi un saint. Tu n’as pas à te soucier de savoir si tu pro-gresses (nul ne progresse jamais assez), ni de chercher comment y arriver. Tiens toi disponible et ne mets pas de coton dans tes oreilles. »

C’est une note datée des Cendres 1974. Jean-Marie Lustiger est alors curé de Ste-Jeanne de Chantal. Je présume que Mar-rou l’a connu dans la période précédente, celle de l’aumônerie universitaire. Mort le 11 avril 1977, l’historien n’a connu ni l’avè-nement de Jean-Paul II, ni la consécration épiscopale de Jean-Marie Lustiger. Ces événements correspondaient sans aucun doutes à ses vœux les plus chers. Mais j’en reviens à ses rapports avec l’auteur de l’Introduction à la philosophie de l’histoire. Marrou a lu la thèse d’Aron dès sa publi-cation en 1938 et, dès lors, sa pensée n’a cessé de le stimuler.

Aron a reçu avec attention De la connais sance historique, en 1954, et il a formulé, de vive voix, à l’intéressé ses ob-jections critiques. D’ailleurs, il est l'un des auteurs les plus cités de cet essai admi rable et figure dans le tableau qui, en tête du vo-lume, dresse une sorte de panorama géo-graphique des penseurs du savoir histori-que. En reprenant le livre j’ai encore mieux pris conscience qu’avec les Carnets, Aron avait été peut-être son interlocuteur essen-tiel et qu’il n’avait cessé de penser avec lui en vis-à-vis, parfois contre lui, sans jamais

pouvoir se passer de son savoir accumulé et de sa problématisation. En revanche, Aron est absent de Théologie de l’histoire que Marrou publia en 1968 (réédité par le Cerf en 2006). Comment aurait-il pu y figurer dès lors que cette notion ne peut corres-pondre pour lui qu’à un vide que faute de foi il est in capable de remplir, sans toute-fois nier la possibilité qu’elle corresponde à une réa lité ? Marrou : « La véritable histoire, celle qui a un sens, ne s’accomplit pas dans l’espace-temps empiriquement observable : Nous n’avons pas ici-bas de cité permanen-te mais nous sommes en route vers celle qui doit venir (He,13,14).

En reprenant Théologie de l’histoire, je m’aperçois que rien n’a vieilli dans la ré-flexion spéculative de l’historien, parce qu’il n’était pas prisonnier pour un sou des modes idéologiques. Il ne faut pas imaginer cette théologie construite sur le modèle des grandes philosophies de l’histoire, qui, au moment où Marrou composait son essai, faisaient encore la loi. Il échappait même à un certain teilhardisme fort en vogue dans les milieux chrétiens. Le cardinal de Lubac a beaucoup lutté contre cette tendance qui réduisait Teilhard à une sorte d’optimisme mondain obligatoire. Il a montré, avec des arguments et des citations convaincantes, que son ami jésuite n’ignorait rien des for-ces de dissociations qui menaçaient l’his-toire des hommes.

En un mot, il n’est pas possible de renvoyer à Marrou le caractère obsolète des « grands récits » que la post-modernité aurait décrédibilisés. S’il a une vue surplom-bante du temps, le philosophe-théologien n’est pas assujetti à un déterminisme histo-rique qui ordonnerait strictement le devenir de l’humanité. Toutes les figures de ce mon-de sont destinées à passer, elles sont tran-sitoires. Saint Augustin parlait d’échafau-dages provisoires, étant sauve la demeure destinée à durer. Saint Thomas parlait de réalités modestes à propos des articula-tions de sa propre pensée. Donc pas d’hy-pertrophies du grand récit mais différences des ordres, catastrophes toujours possibles avec la menace du mal et du péché.

Attention toutefois de ne pas se lais-ser aller à un pessimisme excessif ou à ce relativisme outré qui faisait dire au jeune Karl Barth que « tout cela était un jeu, une activité symbolique sans fins réelles ». Là encore, il ne faudrait pas qu’une idée pré-maturée de la gloire fasse oublier la théo-logie de la croix, celle qui, ici, nous révèle la précarité de la cité des hommes. n

24 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

Une prétendue neutralité qui aboutit à la neutralisation du débat

IDÉES

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CINéMA

Après Mon petit doigt m'a dit de Pascal Thomas, Pascal Bonitzer (Petites coupures, Rien sur Robert)

s'attaque à son tour à un roman d'Aga-tha Christie (Les vallons) pour nous offrir un réjouissant divertissement plein d'entrain même s'il n'est pas dénué de noirceur. Tout en gar dant les grandes lignes de l'intrigue, il l'a trans-posée de nos jours, dressant un tableau piquant et savoureux d'une certaine haute bourgeoisie française.

Le psychiatre Pierre Collier et son épouse ont été invités à passer un week-end de villégiature chez le séna-teur Henri Pagès et son épouse, qui possèdent une somptueuse propriété dans les Yvelines. Là, Pierre retrouve sa maîtresse, Esther, peintre et sculpteur, mais aussi une ancienne passion a mou reuse, Léa Montavani, une mys-

térieuse et froide Italienne. Le lende-main, il est retrouvé assassiné au bord de la piscine. Son épouse est à ses cô tés, avec une arme à la main. Le lieutenant Grange est sur les lieux pour mener son enquête… Sans être la meilleure d'Agatha Christie, cette intrigue policière nous permet néanmoins d'observer avec plaisir et une bonne distance ironique tout ce petit monde se débattant dans ses contradictions et ses faux-sem blants. L'humour mordant que dis ti l lent

certaines répliques est par ti cu lièrement appréciable. Le personnage d'Éliane, incarné par Miou Miou, est à ce titre d'une irrésistible drôlerie. Le réalisateur a su réunir une distribution impression- nante, et chacun des acteurs joue sa partition avec bonheur. Ce microcosme mondain n'est guè re reluisant, c'est le moins que l'on puise dire. Un bref flash de nudité et une scène sensuelle. ■

Le grand alibi. Film policier français (2008) de Pascal Bonitzer, avec Miou-Miou (Éliane Pagès), Lambert Wilson (Pierre Collier), Valeria Bruni Tedeschi (Esther Bachmann), Pierre Arditi (Henri Pagès), Anne Consigny (Claire Collier) (1h33). (Grands adolescents). Sortie le 30 avril 2008.

Deux jours à tuerAntoine, 42 ans, semble mener une vie familiale, sociale et professionnelle des plus heureuses. Pourtant, inexplicablement, il va peu à peu détruire tout ce qui constituait les fondements de son existence. Il quitte son travail, se dispute avec sa femme et ses amis et part rejoindre sur une île un père qui l'avait abandonné. Jean Becker surprend avec cette libre adaptation d'un roman de François d'Épenoux, car la tonalité y est beaucoup plus sombre que ses précédents films («Les enfants du marais», «Dialogues avec mon jardinier»), qui se caractérisaient par un humanisme apaisé. Si le récit distille un certain malaise par cette tension psychologique qui semble déborder à chaque plan, la rigueur de l'écriture, la grâce de la mise en scène et le jeu bouleversant et subtil d'Albert Dupontel forcent l'admiration. Le dénouement vient éclairer l’attitude du héros. Si le postulat du film peut apparaître difficilement compréhensible et déroutant, il lui apporte aussi une profondeur intéressante. M.-L. R.

Drame français (2007) de Jean Becker, avec Albert Dupontel (Antoine), Marie-Josée Croze (Cécile), Pierre Vaneck (le père d’Antoine), Alessandra Martines (1h25). (Grands Adolescents). Sortie le 30 avril 2008.

Mèche blanche,les aventures du petit castorUn petit castor du Grand Nord canadien se perd et tente de retrouver sa famille. Entre documentaire et fiction, cette œuvre destinée aux tout-petits, au style un peu désuet, ne manque pas de charme. Le jeune spectateur s'identifiera facilement à ce délicieux petit castor et vibrera au rythme des péripéties qui jalonnent son parcours. Les bons sentiments abondent.

M.-L. R.Film d'aventures français (2007) de Philippe Calderon (1h30). Histoire racontée par André Dussollier. Scénario de Marthe Pelletier et de Hassina Belkacem. Textes de Guillaume Vincent. (Tous) Sortie le 30 avril 2008.

Les hauts mursDans les années 30, un jeune orphelin est placé dans une maison d'éducation surveillée. Cette œuvre est l'adaptation d'un roman autobiographique éponyme d'Auguste Le Breton. Si lamise en scène de Christian Faure souffre d'un certain académisme, le récit comporte aussi quelques belles

scènes souvent déchirantes. Émile Berling, le fils de Charles Berling offre une performance aussi sobre qu'émouvante. Le traitement réservé à ces adolescents qui n'ont pas été épargnés par la vie est véritablement choquant et bouleversant. Certaines scènes sont particulièrement dures.

Marie-Lorraine RousseLDrame français (2008) de Christian Faure, avec Émile Berling (Yves Treguier), Carole Bouquet (la mère de Fil de fer), Guillaume Gouix (Blondeau), Anthony Decadi (Molina), Julien Bouanich (Fil de fer), Catherine Jacob (la directrice), Michel Jonasz (le directeur), François Damiens (le surveillant-chef) (1h35). (Grands adolescents). Sortie le 30 avril 2008.

Pascal Bonitzer réaliseun pur film de genre, qui devrait réjouir tous les amateurs des comédies policières.

Une partie de cluedoLe grAND ALIbI par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Le travail surle découpage etles ellipses se révèlentsouvent très judicieux

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Écoutez Marie-Christine Renaud d'André chaque semaine sur :

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«Agnès 68 » est une bonne pièce à plus d’un égard. C’est d’abord une plongée autobiographique pour Jacques Kraemer qui lors des événements de mai 68 était en

train de tourner Le Menteur de Molière dans l’est de la France (et ici la troupe joue L’école des femmes dans le sud). À ce titre, elle est

truffée de notations historiques authentiques, tel Chéreau lisant « le gauchisme, maladie infantile du communisme » à Villeurbanne, par exemple. C’est aussi un discours théâtral sur le théâtre, qui a su éviter l’écueil de la com-plaisance et même trouver des angles origi-naux pour faire comprendre au plus près ce que vivent les comédiens au quotidien. C’est enfin une histoire sentimentale, un éveil à l’âge adulte à travers les soubresauts et les hésita-tions d’un désir qui s’affirme, de limites qui se cherchent. Et c’est tout cela dans le contexte de mai 68. L’action se situe physiquement loin des événements en même temps que ceux-ci prennent une importance majeure dans la vie de la troupe et de chacun de ses membres. Une importance qui aboutira à l’annulation de la tournée pour aller jouer dans une usine.

On retrouve dans cette pièce le style Kraemer qui dit des choses essentielles avec subtilité et légèreté, un humour fin et de la pudeur. Car ce n’est pas parce qu’il y a une scène dénudée en fin de pièce que la délica tesse des sentiments n’est pas exprimée. Ce genre de gageure est si rarement réussi que le fait mérite d’être signalé. n

théâtre

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(1) « Agnès 68 », de et mis en scène par Jacques Kræmer. Avec Philippe Canales, Marion Lubat, Simon-Pierre Ramon. Jusqu’au 31 mai au Studio des Épars, 6 place des Épars, 28000 Chartres. Réservations, tél. 02.37.28.28.20.

Révélation« Le jour où Nina Simone a cessé de chanter »(1) a été une des révélations du dernier festival off d’Avignon, au point qu’il fallut rapidement réserver trois jours à l’avance pour pouvoir assister à une représentation.Récit ou plutôt journal intime proclamé d’une adolescente qui peu à peu devient femme dans un Liban en guerre, cette pièce n’élude rien des problèmes humains qui se posent dans un contexte de survie immédiate.Au passage, ceux qui s’intéressent au Liban mais sont victimes des présentations simplificatrices comprennent soudain la complexité de la réalité avec clarté, ce qui est exceptionnel. Ainsi, le talent de la comédienne fait saisir comme une évidence le fait qu’un père laïc militant (et régulièrement emprisonné pour ses opinions dans les différents pays de la zone) puisse mettre ses filles dans une école catholique où on les considère comme musulmanes.C’est joué avec un talent remarquable. Et une sincérité folle, car c’est tout simplement sa vie que la comédienne expose. On reste sonné par ce qu’on voit et entend, et on s’en souvient encore des mois après.Cette pièce vient se donner à Paris pour quelques représentations, du 6 au 9 mai puis du 13 au 17 mai à la Maison des Métallos. C’est une chance inespérée. ■

(1) « Le jour où Nina Simone a cessé de chanter », de Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi, avec Darina Al Joundi, mise en scène d’Alain Timar. Du 6 au 9 mai et du 13 au 17 mai (20h30) à la Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris, tél. 01. 47.00.25.20, [email protected], www.maisondesmetallos.com

Des façons de célébrer mai 68, il va y en avoir de multiples. Ici, un auteur et metteur en scène reconnu, à l’époque communiste engagé, revient sur le contexte d’alors pour y insérer des histoires particulières et collectives. On apprend beaucoup de choses, avec un plaisir proportionnel aux talents exprimés.

« Agnès 68 »par Pierre Françoisretour

sur vécu

Un discours théâtralsur le théâtre

D.R.

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Il y a des amours oblatifs tels qu'ils peuvent obtenir des miracles. Se sépa-rer définitivement de son jeune enfant

pour lui permettre de connaître une vie meilleure, telle fut l'attitude de cette mère éthiopienne qui permit ainsi à son jeune garçon de quitter son pays pour la Terre promise, Israël.

En 1984, le Mossad a organisé une opération de sauvetage des jeunes juifs africains (les Falachas) victimes de la famine et leur a ouvert les portes d'Israël. Parmi eux, un enfant de 9 ans, qui prétend s'appeler Schlomo. En réalité, Schlomo est un jeune chrétien que sa mère a poussé à bé néficier de cette chance de salut. Adopté par une famille juive, il s'adapte, non sans difficultés, à son

nouveau pays et à sa nouvelle religion. Le film le suit jusqu'à l'âge adulte. Elle est bouleversante, cette œuvre qui retrace l'aventure authen- ti que de milliers d'Africains sauvés grâce à l'adoption en Terre promise. Une inter-prétation tout en finesse, des amours adolescentes exprimées avec pudeur et une belle imprégnation spirituelle, tels sont les atouts de cette œuvre ambi-tieuse et très émouvante. Ce beau film est un vibrant hom-mage à l'amour maternel. Amour de la mère génétique qui se sépare de son

enfant (il ne l'oubliera, d'ailleurs, jamais), mais aussi amour de la mère adoptive qui l'aidera à devenir un homme. « C'est fou le nombre de mères qui t'adorent », lui dira sa fiancée. Surtout, c'est une œuvre qui permet de mieux saisir une réalité historique et religieuse : celle de la ter rible condition des juifs Falachas. ■

Va, vis et deviens. Drame français (2004) de Radu Mihaileanu, avec Yaël Abecassis (Yaël), Roschdy Zem (Yarom), Moshe Agazai (Schlomo enfant), Mosche Abede (Schlomo adolescent), Sirak M. Sabahat (Schlomo adulte), Roni Hadar (Sarah), Ramy Danon (Papy) (2h20). Diffusion le mardi 6 mai, sur France 3, à 20h50.

Le grand Charles

C'est la personnalité politique française la plus marquante de la seconde moitié du XXe siècle. À ce titre, c'est aussi l'une des plus controversées. Aussi était-il risqué de tenter de faire revivre le général de Gaulle, sous les traits d'un comédien. Bernard Stora, auteur et réalisateur de ce remarquable téléfilm en deux parties, a choisi de raconter la traversée du désert du Général (de 1946 à 1958), à la première personne du singulier (c'est lui qui dit le commentaire en voix off), comme pour bien marquer toute la subjectivité qu'il y a mise. Faisant alterner avec beaucoup d'habileté les images d'archives et les scènes de fiction, Bernard Stora a réussi la gageure de rendre crédible son personnage de fiction. Il faut dire qu'il a su s'entourer d'une équipe de comédiens sensationnels (dont l'étonnant Bernard Farcy et la toujours excellente Danièle Lebrun) qui, tous, ont su se couler dans leurs personnages, parvenant à leur ressembler de manière impressionnante. Pour le reste, évitant les sujets qui fâchent (en particulier ceux ayant trait au pouvoir et à la guerre d'Algérie), le réalisateur a réussi une œuvre passionnante et émaillée d'un humour réjouissant. Quelle que soit l'opinion que l'on porte sur ce personnage, on ne peut lui dénier le sens de la grandeur de la France, le mépris pour les basses intrigues et une vraie dignité. Quant à sa vie personnelle, ses relations avec son épouse sont montrées avec pudeur et dignité, tout comme son amour passionné pour sa fille trisomique.

Téléfilm français (2005) de Bernard Stora, avec Bernard Farcy (Charles de Gaulle), Danièle Lebrun (Yvonne de Gaulle), Denis Podalydès (Claude Mauriac), Grégori Derangère (Claude Guy), David Ryall (Winston Churchill), Gérard Lartigau (Paul Reynaud), Grégoire Oestermann (A. Malraux), Patrick Chesnais (3h28). Diffusion le vendredi 8 mai, sur Arte, à 21h00.

TÉLÉVISION

Just a kissCasim est un jeune immigré pakistanais parfaitement intégré dans la société britannique. Respectueux des traditions familiales, il doit se fiancer prochainement avec une jeune fille qu'il n'a jamais vue. C'est alors qu'il fait la connaissance de Roisin, une jeune Irlan-daise blonde comme les blés. Il est musulman, elle est catholique. Ils s'aiment et ils veulent vivre ensemble.

Après une introduction éblouissante de virtuosité, qui plonge le spectateur au cœur du racisme subi par les Pakistanais, Ken Loach peint, avec beaucoup de délicatesse, un amour naissant. Les comédiens sont bouleversants de naturel, et le regard du cinéaste prend le point de vue des uns et des autres avec beaucoup d'objectivité. C'est de la profondeur d'un amour naissant qu'il nous parle, avec des scènes parfaitement maîtrisées. Ce film brillant et profond fait réfléchir, mais il met en scène un personnage de prêtre peu sympathique, même si tout ce qu'il dit est d'une grande justesse, car c'est présenté de manière négative. Quant aux images, elles ne sont guère discrètes pour décrire l'amour charnel des deux héros.Comédie dramatique britannique (2004) de Ken Loach, avec Atta Yaqub (Casim Khan), Eva Birthistle (Roisin Hanton), Ahmad Riaz (le père de Casim), Shamshad Akhtar (La mère de Casim), Shabana Bakhsh (Tahara), Ghizala Avan (Rukhsana) (1h43). Diffusion le lundi 5 mai, sur Arte, à 21h00.

Par amour pour son enfant,une mère éthiopienne chrétienne le confie à une mère juive.

Va, vis et devienspar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Des imagesmagnifiques, traversées par une destinéehors du commun

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TF120.50 Les 100 plus grands… «Le meilleur du pire». Divertissement présenté par Christophe Dechavanne et Sandrine Quétier, avec Laurent Baffie, Pierre Palmade, Valérie Bègue, etc.23.15 New York, section crimi-nelle. Série avec Vincent D’Onofrio, Kathryn Erbe 2.01.00 New York, police judi-ciaire. Série avec Jesse L Martin 2.France 2

20.50 Tailleur pour dames. Théatre de Georges Feydeau, en direct du théatre Édouard VII, avec Pierre Arditi, Emmanuelle Devos, François Berléand (1h50).22.50 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.50 Mer belle à agitée J. Téléfilm avec Jean-Pierre Lorit, Pascale Arbillot. Des chamailleries conjugales amu-santes, malgré des facilités.22.50 Passé sous silence «La double mort de Pierre Bérégovoy». Documentaire.00.45 La case de l’oncle Doc «Trois étoiles de mer : Olivier Roellinger». Documentaire.Arte21.00 L’aventure humaine : «Hommes et dieux des caver-nes : Aux origines de l’art», «Côa, la rivière aux mille gravu-res». Documentaires.22.45 Love express A/Ø. Télé-film avec Mathilda May, Vincent Winterhalter (1h34). Peu intéressant et assez vulgaire. Des scènes complaisantes.M620.50 Kyle XY : «Ceux qu’on aime», «Ma famille». Série avec Matt Dallas.22.25 Supernatural. Série avec Jensen Ackles 2.Canal +20.50 Le prix à payer A. Comédie (2007) de Alexandra Leclère, avec Christian Clavier, Nathalie Baye, Gérard Lanvin (1h32). Amusant et bien fait, mais une vision très cy nique et sombre du couple.KTO20.55 VIP «Michel Fugain». Ren-con tre avec un chanteur à succès.21.50 Joseph Haydn «Messe : Sainte Cécile». Concert.

télévision

28 FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008

TF1

20.50 Mission impossible 2 GA. Aventures (1999) de John Woo, avec Tom Cruise (2h06). Brillant et bourré d’humour, mais violent.23.00 Esprits criminels. Série 3.France 2

20.55 Calculs meurtriers A/Ø. Policier (2002) de B. Schroeder, avec Sandra Bullock (1h52) 3. Excellent, mais affreux.23.15 Fast and furious GA. Aventures (2001) de Rob Cohen, avec Paul Walker (1h43) 2. Réussi.France 320.50 Inspecteur Barnaby «La randonnée de la mort» GA. Télé film avec John Nettles. Prenant, mais banalisant l’euthanasie.23.10 Les bonnes manières.00.50 La main du diable GA. Fantastique en NB (1942) de Maurice Tourneur, avec Pierre Fresnay (1h22). Brillant, mais oppressant.ArteHommesau bord de la crise de nerf20.45 Mafia blues A. Comédie (1999) de Harold Ramis, avec Robert De Niro, Billy Crystal (1h39). Une amusante comédie, mais pas toujours de très bon goût.22.25 Metallica «Dans l’intimité d’un monstre». Documentaire.M620.50 Zone interdite «Escroqueries et trafics en tous genres : Enquête sur les nouvel-les délinquances». Magazine.22.50 Enquête exclusive «Voya-ge au cœur du pays le plus fer-mé du monde : La Corée du Nord». Canal +20.55 Football «Championnat de France : Marseille/Bordeaux».KTO20.50 La foi prise au mot «Bernard de Clairvaux», avec le frère R. Fassetta et L. Mellerin.21.45 Un jour, une foi «La vie des diocèses».

TF120.50 Qui veut gagner des millions ? Divertissement pré-senté par J.-P. Foucault, avec C. Chazal et M.-O. Fogiel, I. Mer-gault et Laurent Ruquier, Laurent Baffie et J.-M. Bigard, L. Hallyday et Jean d’Ormesson.22.50 Grey’s anatomy : «48 h», «Premières armes» GA. Série avec Ellen Pompeo. Sen sationnel, mais parfois pénible.00.25 Vol de nuit, avec M. Chat-tam, A. H. Japp, L. Pille, F.-O. Gies bert, M. Tabachnik, D. Thiéry.

France 220.50 FBI portés disparus : «Le privé», «Voyage au Mexique», «La loi dumarché». Série 2.23.10 Mots croisés. Magazine de Yves Calvi.France 320.55 Speciale Vie privée,

vie publique «Rencontre excep-tionnelle avec C. Aznavour, Y. Noah, Lætitia et Johnny Hallyday». 23.30 L’inspecteur Harry A/Ø. Policier (1971) de Don Siegel, avec Clint Eastwood (1h40) 3. Excellent, mais des scènes sadiques et suggestives.Arte21.00 Just a kiss A/Ø. Comédie dramatique (2004) de Ken Loach, avec Atta Yaqub (1h40). (Voir notre analyse page 27)22.40 Musica «Mabou Mines, Dolhouse». Comédie musicale en VO de L. Breuer, d’après H. Ib sen, avec Maud Mitchell (2h03).M6

20.50 Indiana Jones et le temple maudit GA. Aventures (1984) de Steven Spielberg, avec Harrison Ford (1h53) 2. Un excellent spectacle, mais c'est assez violent.22.55 Rocky II GA. Aventures (1979) de et avec Sylvester Stallone (1h52). Pas mal fait, mais très américain.Canal +20.50 Entre deux vies «De la prison à la liberté» GA. Intéressant.KTO20.50 Les missions du père Zambe. Une enquête sur le retour dans son pays d’un prêtre africain.21.45 Un jour, une foi «Chemins de vie».22.15 KTO magazine «France : Pays chrétien ?».

TF120.50 Les experts Miami : «Le clou de l’histoire», «Rivalités», «Trois visages pour un crime». Série avec David Caruso 3.23.20 Le droit de savoir «Tribunal correctionnel : Enquête au cœur de la justice». Magazine.France 2

20.50 Sarah Bernhardt, une étoile en plein jour GA. Téléfilm avec Ludmila Mikaël, Julie Debazac. Un beau portrait, avec une magnifique Ludmila Mikaël. Mais l’amoralité de l’héroïne est bien présente.22.35 Faites entrer l’accusé «Nathalie Le Scrill, l’étrangleu-se». Magazine présenté par Christophe Hondelatte 2.France 320.50 Va, vis et deviens GA. Drame (2005) de Radu Mihaileanu, avec Yaël Abecassis, Roschdy Zem (2h23). (Voir notre analyse page 27)23.50 Opération Moïse GA. Documentaire. Malgré un début un peu confus, ce documentaire sur le sauvetage des Falashas est passionnant.ArteLes bréviaires de la haine21.00 Mein Kampf, c’était écrit GA. Très intéressant.21.55 La vérité est ailleurs «Ou la véritable histoire des Protocoles des sages de Sion» GA. Passionnant.23.00 Grand format «L’année dernière à Vichy». Documentaire.M620.50 66 minutes. Magazine présenté par Aïda Touihri.21.50 66 minutes, l’enquête. Magazine.22.25 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine de Marc-Olivier Fogiel.Canal +20.50 Le parfum «Histoire d’un meurtrier» A/Ø. Drame (2005) de Tom Tykwer, avec Ben Whi-shaw, Alan Rickman (2h22) 3. Brillant, mais un peu grandiloquent et très pénible.KTO20.50 Irlande, quand ta terre aura pardonné.21.45 Un jour, une foi «Église du monde».22.15 La foi prise au mot «Bernard de Clairvaux».

samedi 3 mai Dimanche 4 mai lundi 5 mai Mardi 6 mai

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émissions religieuses :08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Source de vie» - 10h00 Agapè «Un monde sans discrimination», avec B. Kriegel, P. Blanchard, H. Senni, C. Delorme, C. Durand-Leis - 11h00 Messe au sanctuaire Notre-Dame du Laus, à Saint Étienne-de-Laus (05).

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télévision

FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 29

sur France 3Jeudi 8 mai, à 20h55La ligne rouge GAD'août 1942 à février 1943, les Américains ont livré une bataille terrible contre les Japonais à Guadalcanal, une île de la chaîne des îles Salomon. Film de visionnaire, de poète et de philosophe, cette œuvre magnifique, interprétée par des comédiens inspirés, est aussi singulière que fascinante. Les images sont superbes, et la réflexion profonde et utile. Cette méditation poi-gnante sur la guerre est un appel à davantage de fraternité entre les hommes. Quelques violences.

TF120.50 Dr House «Les symptômes de Rebecca Adler», «Panique à la maternité», «Question de fidéli-té» GA. Série avec Hugh Laurie 2. Passionnant et bourré d'humour, mais des ima-ges pénibles.23.20 New York unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 2.France 220.55 Football «Coupe de Fran-ce : Lyon/Sedan (demi-finale)».23.10 Un jour un destin «François Mitterrand, secrets de famille». Magazine présenté par Laurent Delahousse.France 320.50 Des racines et des ailes «Voyages de légende». Documentaire.23.20 8 mai 45, la capitula-tion. Documentaire.00.15 NYPD blue. Série avec Dennis Franz 2.Arte21.00 Les mercredis de l’his-toire «Eretz Israël, vers la terre promise» GA. Intéressant, mais pas très bien fait.21.50 Les mercredis de l’his-toire «Mai 48, la bataille de Jérusalem». Documentaire.22.45 Whisky J. Comédie en VO (2004) de Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll, avec Andrés Pazos, Mirella Pascual (1h34). Émouvant et bien fait.M620.50 Nouvelle star. Divertissement présenté par Virginie Efira, avec Lio, Sinclair, Philippe Manœuvre et André Manoukian.23.15 Secrets d’actualité «Le mystère de l’homme sans tête». Magazine présenté par Éric Delvaux.Canal +

20.50 Loin d’elle GA. Drame (2006) de Sarah Polley, avec Julie Christie, Gordon Pinsent, Olympia Dukakis, Michael Murphy (1h42). Émouvant et bien fait, mais un peu froid.KTO20.50 Sœurs en résistance. L’histoire de quatre résistantes.21.50 Un jour, une foi «La famille en questions».22.20 VIP «Michel Fugain».

TF120.50 30 stars dans Cauet retourne la télé. Divertissement présenté par Cauet, avec Sylvester Stallone, Franck Dubosc, Kad Merad, Dany Boon, Jean-Luc Reichmann, Nikos Aliagas, Frédéric Diefenthal, Patrick Bosso, Patrick Fiori, etc.23.20 Sans aucun doute. Magazine présenté par Julien Courbet.France 220.50 Le silence de l’épervier (7 et 8/8) GA. Téléfilm avec Line Renaud, Florence Thomassin, Michaël Lonsdale, Michel Duchaussoy, Patrick Fierry (1h35). Cette fin est assez lourde et truffée d’invraisem-blances.22.40 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand.France 3

20.50 Thalassa «Dans le sillage des grands explorateurs : La Pérouse». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.20 Comiques et présidents. Documentaire.Arte21.00 Le grand Charles J. Téléfilm avec Bernard Farcy, Danièle Lebrun, Denis Podalydès, Grégori Derangère, David Ryall, Gérard Lartigau, Grégoire Oestermann, Bernard Alane, Nicolas Vaude (3h06). (Voir notre analyse page 27)00.25 Tracks.M620.50 Bones : «Le poids d’une promesse», «En quête de preu-ves», «Pris pour cible». Série avec Emily Deschanel 3.23.15 Californication. Série avec David Duchovny, Natascha McElhone 3.Canal +20.50 Rugby «Biarritz/ Clermont».KTO20.55 KTO magazine «Renouveau charismatique : Une chance pour l’Église ?». Enquête sur un mouve-ment qui rencontre un grand suc-cès.21.50 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.20 Folie Sophie.23.15 La foi prise au mot «Dieu est amour».

TF120.50 Ushuaïa nature «Les codes secrets de la nature». Magazine de Nicolas Hulot.22.30 La méthode Cauet. Divertissement de Cauet.France 220.55 Envoyé spécial : «Téléphone portable : Enfants en danger ?», «Colères chinoises». Magazine présenté par G. Chenu et Françoise Joly.23.00 Infrarouge : «Grotte d’Ouvéa : Autopsie d’un massa-cre», «L’autre 8 mai 45». Documentaires.France 3

20.55 La ligne rouge J. Film de guerre (1998) de Terrence Malick, avec Sean Penn, George Clooney (2h44) 3. (Voir ci-contre)00.05 Saint-Ange GA. Fantastique (2004) de Pascal Laugier, avec Virginie Ledoyen, Lou Doillon (1h35) 3. Bien fait, mais angoissante et un peu lassant.Arte21.00 21 grammes A/Ø. Drame (2004) de A. Gonzales Inarritu, avec Sean Penn, Benicio Del Toro (2h) 3. Brillant, mais violent et cru.22.55 Benny Lévy, la révolu-tion impossible GA. Un documentaire pointu et un peu élitiste, qui a le grand mérite de dévoiler la vanité des espéran-ces révolutionnaires, et l'issue qu'offre le retour à une tradi-tion spirituelle.M620.50 N. C. I. S : Enquête exclu sive : «Dernières paroles d’un mort», «Bienvenue en en fer». Série avec M. Harmon 2.22.30 De Auschwitz à Jérusalem GA. Des films d’amateurs émouvants illustrent cette histoire. Quelques images dures.Canal +20.50 Cold case : «Lune de miel», «Partenaires». Série avec Kathryn Morris, John Finn 2.KTO20.50 Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz. Portrait d’un sportif d’exception.21.45 Art et culture.22.15 Haydn «Messe : Sainte Cécile».

Mercredi 7 mai Jeudi 8 mai vendredi 9 mai

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRCFSamedi 3 mai19h30 Grand Témoin "Hommage à Geneviève de Gaulle-Anthonioz (ancienne Présidente d'ATD quart monde, résistante et ancienne dépor-tée, décédée le 14 février 2002)"Dimanche 4 maiReconnaissance des apparitions à Notre-Dame du Laus17h Perspectives "Notre-Dame du Laus et les apparitions", avec François de Muizon (philosophe).19h30 Témoin "Benoîte Rencurel, à qui la Vierge est apparue au Laus"21h Grand angle "Comment l’Église accepte-t-elle les apparitions ?"Lundi 5 mai10h A votre service "Impôts, com-ment bien remplir sa déclaration 2007 ?". (Vos appels au 04.72.38.20.23)14h Musiphonie "Flûte, clarinette, hautbois, basson et cor : voici le quintette à vent" (1/5, tous les jours à 14h)21h Au fil des pages "Femmes d'hier et d'aujourd'hui", avec Janine Boissard (auteur de Un amour de déraison, éd. du Rocher) et Jean-Guy Soumy (auteur de La chair des étoiles, éd. Robert Laffont)Mercredi 7 mai10h A votre service "Quoi faire au jardin au début du mois de Mai ?", avec Michel Chéroux (ingénieur agricole)Jeudi 8 mai10h A votre service "Jeunes, com-ment les intéresser à l'Histoire", avec Caroline Emin (professeur d'Histoire-Géographie) et Jacques Lasfargues (directeur du pôle d'ar-chéologie gallo romaine du Rhône)Vendredi 9 mai9h Grand angle "Mai 68 et l'E- glise", avec Chantal Delsol (philo-sophe), Nathalie Sarthou (rédacteur en chef de la revue Etudes) et Jean-Luc Pouthier (journaliste).France CultureDimanche 4 mai10h Messe depuis le sanctuaire Notre Dame de Rocamadour, (46500), commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Ronan de Gouvello. Marie Bizien

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Paris✔ A l'espace Georges Bernanos, 4 rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26. 65.25, dans le cadre du "Lundi de la Foi", une conférence est prévue le 26 mai (12h45), sur le thème "Mai 68 et la crise de l’Église", par Gérard Leclerc. Et le 27 mai (18h), à l'occasion de l'Année Bernanos, une ren-contre est proposée "Ecrits de Combat, des «Enfants humiliés» à «Français si vous saviez…»", avec Claire Daudin et Gérard Leclerc.✔ La paroisse Notre-Dame du Bon Conseil propose un Récital de chants à la Vierge Marie, interprété par Marie Navarro accompagnée de Lucc io Maradan à la guitare, le diman-che 18 mai (15h30), dans l'égli-se, 140 rue de Clignancourt, 75018 Paris. Déjà saluée par la critique, Marie Navarro nous offrira des chants traditionnels et contemporains.✔ Les Semeurs d'Espérance or- ganisent une Nuit d'Adoration, "Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré !", avec Olivier Florant (conseiller conjugal). Rendez-vous le 16 mai (20h) à la pa roisse St

Séverin, 75005 Paris, avec sac de couchage et tapis de sol. Entrée par le 3 rue des Prêtres. Au pro-gramme : enseignement... messe animée... adoration guidée... relais devant Jésus... sacrement de réconciliation... petit déjeu-ner. Rens. ✆ 06.13.16.29.08 / www.semeurs.orgCalvados✔ Les 7, 14 et 21 mai (20h30) auront lieu les "mercredis" du Centre d'études théologiques, 3 rue Nicolas Oresme, à Caen, sur le thème "Le message des appa-ritions de Lourdes et la Bible. A l'occasion du 150e anniversaire des apparitions de Lourdes", avec le Père Loïc Gicquel des Touches. Rens. ✆ 02.31.73.22.15 / [email protected]://theologie-caen.cef.fr✔ A l'abbaye Saint-Martin de Mondaye, 14250 Juaye-Mondaye, pour les couples, afin de prendre un peu de temps pour se poser à deux, une retraite en silence sera animée par Frère Bruno "Les chemins de la prière", les 17 et 18 mai. Rens./insc. : ✆ 02.31. 92.53.51/[email protected]ôme✔ Une retraite, pour les 18/30 ans, "A fond, profond", en lien

avec les XXIIIe JMJ à Sydney, est proposée du 14 au 20 juillet. La retraite s'équilibre entre la vie fraternelle, la dimension fes-tive... et des temps de silence, véritables "chemins d'intério-rité" (matinées en silence, avec temps de "catéchèses" et messe). Tout au long de la semaine : témoignages, forums, accompa-gnement, liturgie, sacrements, échanges, partages, retransmis-sion des temps forts de Sydney... Rens./insc. : Foyer de Charité, 85 rue Geoffroy-de-Moirans, 26330 Châteauneuf-de-Galaure, ✆ 04.75.68.79.00.Hautes-Alpes✔ L’exposition du centenaire de la mort du Père Marie-Antoine est présentée à Notre-Dame du Laus du 5 au 19 mai, salle Dominique, 05130 St-Etienne-le-Laus, ✆ 04.92.50.94.00. Un lieu, après cinquante autres, basiliques et cathédrales, comme une pierre blanche sur les pas du célèbre missionnaire qu’on appelait "le Saint de Toulouse" et cinquante ans d’apostolat sans repos.Hérault✔ La "Famille de Saint-Joseph" de Mont-Rouge, 34480 Puimisson, ✆ 04.67.36.07.85/s.veronique@

fsj.fr prévoit des haltes spirituelles tout le mois d'août. Entre mer et montagne... sur la route de vos vacances. Possibilité de planter sa tente, de poser sa caravane. Animations spirituelles quoti-diennes. Offices monastiques, messes, prédications, ateliers, veillées. Site : www.mont-rouge.frMoselle✔ Au Prieuré de Valmunster, 2 place Weyland, 57220 Val-munster, ✆ 03.87.35.77.28, une récollection est organisée le 6 mai (9h30-16h30) "L'été, la foi des adultes dans la Bible".Nièvre✔ A l'Espace Bernadette, 34, rue Saint-Gildard, 58000 Nevers, ✆ 03.86.71.99.50, un débat "Oser les questions qui fâchent" avec la participation du père Francis Deniau, est organisé sur plusieurs jours : les 7, 14, 21 et 28 mai (19h30-21h30). Egalement une retraite est prévue du 8 (19h) au 14 mai (9h) "Le ris-que de la vie donnée", par frère Bernard Senelle (dominicain).Vendée✔ Une retraite de guérison spi-rituelle "Naître de nouveau" est organisée du 28 juin au 4 juillet, avec le père Timothée

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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(Communauté des Béatitudes). Libérer sa liberté intérieure avec Thérèse de l'Enfant-Jésus. Cette retraite a pour but la reconstruction de l'identité d'enfant de Dieu, à l'école de la "petite voie" de sain-te Thérèse de Lisieux. Prix 200 e. Rens. Centre Pascal, 1 rue du Petit Montauban, 85100 Les Sables-d'Olonne, ✆ 02.51.95.19.26."Rêver en blanc et noir"✔ L'association "Les Opalines", et celle de "L’Envol", présente l'ex-position "Rêver en blanc et noir". 11 jeunes artistes ainsi que des enfants malades nous transmet-tent en noir et blanc, à travers la photographie, la gravure, le film d’animation, les arts plastiques, une partie de leurs rêves. Rêver n’est pas interdit, alors venez découvrir le monde imaginaire, où l’on oublie les problèmes, du 19 au 30 mai, à la Galerie JL Michau, 25 rue Montpensier, 75001 Paris. Les œuvres des jeu-nes artistes et des enfants seront vendues au profit de l’Associa-tion L’Envol. Programme : le 13 mai : soirée "Boîtes à rêves" à la Galerie 1ère Station, métro Palais Royal/Musée du Louvre. Entrée 3€, tombola 2€ le ticket ; le 27 mai : conférence "la place du noir et blanc dans l’art", avec Serge Legat et Françoise Paviot à 19h à la Galerie JL Michau, entrée gratuite ; le 30 mai : soirée de décrochage à partir de 19h.Renaissance✔ Le Mouvement Chrétien de femmes en rupture de couple "Renaissance" tiendra son 10e

congrès national les 10, 11 et 12 mai pour la Pentecôte 2008, sur le thème "L'avenir... quel sens ?", avec Sœur Véronique Margron (domi nicaine), le Père Claude Flipo (jésuite)... au centre spirituel diocésain, 31 rue des Naudières, 44400 Réze, ✆ 02.40. 75.51.74. Rens. : Michèle Martin, ✆ 03.80.73.82.67, [email protected] / Insc. : Marie-Rose Solana, ✆ 05.58. 97.79.50, [email protected] Jean Education✔ Pour les jeunes, des camps sont proposés : "Sainte Famille" (pour les 7-12 ans) du 5 au 20 juillet et du 9 au 23 août, en région de Beaujolais ; "Anne de Guigné" (pour les filles 13-14 ans) du 5 au 20 juillet, près de la Chaise-Dieu (Haute-Loire) ; camp i t inérant "Dominique Savio" (pour les garçons 13-14 ans) du 5 au 20 juillet, "Amour et Lumière" (pour les filles 15-18 ans et garçons 16-18 ans) du 5 au 20 juillet et du 2 au 17 août, en Savoie ; "camp Chantier" (20

ans et plus), en août, en Ardèche. Rens./insc. Notre-Dame de la Confiance, Saint Jean Education, 9 av. du Général de Gaulle, 94480 Ablon-sur-Seine / [email protected] Une journée "portes ouvertes" aura lieu le 15 juin à Ablon pour connaître et rencontrer l'équipe d'encadrement des camps. www.sjeducation.orgAssociation Saint Jean Révélateur✔ L’association St Jean Révélateur organise plusieurs activités pour les jeunes cet été 2008 : "Mission Arménie" pour des étudiants, du 7 au 28 juillet ; Camp 15-20 ans "Comédie Musicale", du 4 au 28 juillet sur le thème de la vie du Pr Jérôme Lejeune : Richemont, Royan, Murat ; Camp 15-20 ans Louanges "Hosanna" du 6 au 27 août : Ile de Ré, festival st jean et Campus Révélateur ; Camp 15-20 ans Cinéma "Saint & Teaser" du 9 au 27 août : festival st jean et Campus Révélateur ; Camp 15-20 ans Sport "Canoë & Escalade" du 12 au 27 août : Campus Révélateur à Murat ; Rassemblement de jeunes "Campus Révélateur d’été" les lundi 25, mardi 26, mercredi 27 août, à Murat (Cantal) ; Enfin découvrez la nouvelle webtv pour les jeunes cathos francophones sur www.revelaTeur.tv Rens. : Père Jean Marie Luc, Prieuré Claire de Castelbajac, 16370 Richemont, ✆ 05.45.36.45.30 / [email protected]èlerinages✔ Un pèlerinage à Rome, pour l'année Saint Paul, est prévu du 12 au 22 août, pour jeunes filles, avec les Servantes de la Parole. Rens. Sr Claire Patier, ✆ 01.64.58.42.09. Site : www.servante-parole.net✔ Organisé par la Communauté Aïn Karem et le Mouvement Résurrection, du 31 mai au 1er juin, un pèlerinage Vézelay 2008, sur le thème "Dieu Père ; comment Dieu est-il Père ?" est prévu, en présence de Mgr Guillaume. Différentes routes avec niveau de marche adapté à chacun, dont route Familles et route Aînés. Tarifs : de 36 à 65 e. Départ : le 31 mai (8h30), Place du Général Leclerc (Porte d’Or-léans, à Paris). Autres départs prévus. Rens. ✆ 01.49.55. 85.62/[email protected] Inscriptions ✆ 06.07.03.20.71 ou 03.23.71.46.75/adeline.jeanmougin @orange.fr/A. Jeanmougin, 33 av. Général de Gaulle, 02400 Chierry. Site : http://ak.resurrection.free.fr/

Pour passer un communiqué,contactez : [email protected]

fax : 01.46.30.04.64ou inscrivez-le directement sur :

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FRANCECatholique n°3117 2 mai 2008 31

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X

édité par la Société de Presse France Catholique,s.a. au capital de 427.392 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z

Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆-06. 08.77.55.08) - Conseiller-de la direction : Robert Masson - Editorialiste- : Gérard Le clerc - Rédaction : Anne Kurian - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven

Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

France Catholique est une marque déposée à l'Inpi.

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PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ A louer, appartement de 54 m2, début mai 2008 à fin juin 2009, situé à Paris (XVIe arr.), prox. métro Michel-Ange Auteuil. 2 chambres avec dressing, entièrement rénové, 1600 €/mois charges incluses. Contact : tél. 06.79.68.95.08 / [email protected]

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➥ Exposition de Peintures contemporaines de Jeannette Dubouilh, dans une grange du XVIIe siè-cle rénovée. Ouvert tous les jours sur rendez-vous jusqu'au 1er novembre, au "Jardin des Arts", 41800 Couture-sur-Loir, tél. 02.54.72.47.31.

➥ Pour les femmes veuves et qui sentent s'éveiller en elles un appel... à vivre autrement la fécondité de l'amour... à recevoir une mission d'Eglise,... et à s'enga-ger pour toujours. Rejoignez la Fraternité Notre-Dame de la Résurrection, 80 rue de la Tombe-Issoire, 7e étage A, 75014 Paris, tél. 01.43.29.67.21 ou 06.70.63.73.65, fax 01.43.25.41.98, [email protected]

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