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La marche en situation écologique chez l'amputé : un pas vers l'autonomie ? Walking ecological situation in the amputee: A step towards independence? 25, rue d'Estienne-d'Orves, 92400 Courbevoie, France Reçu le 6 juillet 2012 ; reçu sous la forme révisée le 8 janvier 2013 ; accepté le 9 janvier 2013 INTRODUCTION La prise en charge kinésithérapique des patients amputés s'inscrit dans une prise en charge interdisciplinaire. Elle prend en compte le patient, son contexte et sa situation de handicap liée à l'amputation ainsi que les possibilités d'appareillage et de réadaptation à la marche. En pratique, les attentes des patients sont d'acquérir une autonomie de marche la plus complète possible. Les moda- lités qui permettraient d'atteindre cet objectif ont été décrites dans certains articles [1,2]. De plus, les spécicités de la personne amputée, RÉSUMÉ La rééducation en salle de la personne amputée est largement décrite dans la littérature. Cependant, certains patients nécessitent une prise en charge plus approfondie dans le but d'améliorer le retour à domicile grâce à une augmentation de leurs capacités de marche en toute sécurité. Ainsi, le groupe de marche ici étudié, propose une mise en situation écologique associée à des exercices fonctionnels quotidiens, en groupe, dirigé par un kinésithérapeute. Pour évaluer cette innovation récente en kinésithérapie, quatre cas ont été étudiés à leur entrée puis à leur sortie du groupe. L'évaluation comporte un questionnaire d'entrée ou de sortie, un test de marche de deux minutes et une analyse posturographique. Les résultats, non généralisables, en montrent des bénéces signicatifs dans de nombreux domaines. Les modalités même de cette expérience semblent expliquer en grande partie ces bénéces. Malgré des points communs aux quatre cas, nous avons pu mettre en évidence la singularité de chacun. Niveau de preuve. II. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. SUMMARY Amputated person in rehabilitation room is widely described in literature. However, some patients require further treatment in order to improve the return at home by increasing their ability to walk safely. Thus, the walking group studied here, offers an ecological scenario associated with daily functional exercices, in group, managed by a physiotherapist. To evaluate this recent innovation in physiotherapy, four cases were studied when they get in and get out of the group. The evaluation includes an input or output questionnaire, a two-minute walk test, and a posturo- graphic analysis. The results cannot be generalized but are showing signicant benets in many elds. Terms of this experience seem to explain much of these benets. Despite similarities with four cases we were able to put in evidence the singularity of each of them. Level of evidence. Level II. © 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Laura Nithart Mots clés Amputation Contexte Groupe Handicap Marche Réadaptation Keywords Amputation Context Group Handicap Walk Rehabilitation Adresse e-mail : [email protected] Kinesither Rev 2013;13(136):3544 Savoirs / Mise au point © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.01.007 35

La marche en situation écologique chez l’amputé : un pas vers l’autonomie ?

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Kinesither Rev 2013;13(136):35–44 Savoirs / Mise au point

La marche en situation écologiquechez l'amputé : un pas versl'autonomie ?

Walking ecological situation in the amputee:A step towards independence?

Laura Nithart

25, rue d'Estienne-d'Orves, 92400 Courbevoie, France

Reçu le 6 juillet 2012 ; reçu sous la forme révisée le 8 janvier 2013 ; accepté le 9 janvier 2013

RÉSUMÉLa rééducation en salle de la personne amputée est largement décrite dans la littérature.Cependant, certains patients nécessitent une prise en charge plus approfondie dans le butd'améliorer le retour à domicile grâce à une augmentation de leurs capacités de marche en toutesécurité. Ainsi, le groupe de marche ici étudié, propose une mise en situation écologiqueassociée à des exercices fonctionnels quotidiens, en groupe, dirigé par un kinésithérapeute.Pour évaluer cette innovation récente en kinésithérapie, quatre cas ont été étudiés à leur entréepuis à leur sortie du groupe. L'évaluation comporte un questionnaire d'entrée ou de sortie, un testde marche de deux minutes et une analyse posturographique. Les résultats, non généralisables,en montrent des bénéfices significatifs dans de nombreux domaines. Les modalités même decette expérience semblent expliquer en grande partie ces bénéfices. Malgré des pointscommuns aux quatre cas, nous avons pu mettre en évidence la singularité de chacun.Niveau de preuve. – II.© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARYAmputated person in rehabilitation room is widely described in literature. However, some patientsrequire further treatment in order to improve the return at home by increasing their ability to walksafely. Thus, the walking group studied here, offers an ecological scenario associated with dailyfunctional exercices, in group, managed by a physiotherapist. To evaluate this recent innovationin physiotherapy, four cases were studied when they get in and get out of the group. Theevaluation includes an input or output questionnaire, a two-minute walk test, and a posturo-graphic analysis. The results cannot be generalized but are showing significant benefits in manyfields. Terms of this experience seem to explain much of these benefits. Despite similarities withfour cases we were able to put in evidence the singularity of each of them.Level of evidence. – Level II.© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Mots clésAmputationContexte GroupeHandicapMarcheRéadaptation

KeywordsAmputationContextGroupHandicapWalkRehabilitation

possibilités d'appareillage et de réadaptation

Adresse e-mail :[email protected]

INTRODUCTION

La prise en charge kinésithérapique despatients amputés s'inscrit dans une prise encharge interdisciplinaire. Elle prend en comptele patient, son contexte et sa situation dehandicap liée à l'amputation ainsi que les

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.01.007

à la marche. En pratique, les attentes despatients sont d'acquérir une autonomie demarche la plus complète possible. Les moda-lités qui permettraient d'atteindre cet objectifont été décrites dans certains articles [1,2]. Deplus, les spécificités de la personne amputée,

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L. NithartSavoirs / Mise au point

en particulier en ce qui concerne la perte d'informations pro-prioceptives et l'altération du schéma corporel sont traitées parde nombreux auteurs. Les avancées de l'appareillage et laformalisation de la prise en charge en kinésithérapie permet-tent de plus en plus l'obtention par le patient d'une autonomiede marche en milieu sécurisé. Parfois, certains peuvent par-faire cette autonomie de marche en participant à un groupe demarche. En effet, il est proposé depuis un an et demi, uneinnovation en kinésithérapie : une mise en situation écolo-gique dans le cadre d'un groupe de marche.

L'objectif vise alors à évaluer ce que la marche ensituation écologique, dans un groupe de marcheinteractif encadré par le kinésithérapeute, peutapporter à la réinsertion des patients amputés,

l'acceptation de leur handicap et l'amélioration de leurautonomie.

Figure 1. Chemin de dalles.

Figure 2. Sable.

Figure 3. Rouleaux de bois.

MÉTHODES

Groupe de marche

Les patients entrant dans ce groupe répondent à descritères d'inclusion : patients appareillés, stabilisés sur

le plan cutané trophique et vasculaire, ayant unpérimètre de marche d'au moins 150 mètres et un

minimum d'autonomie.

Le groupe de marche fait partie intégrante de la rééducation etde la réadaptation des patients amputés de membre inférieur.Il s'agit d'un groupe ouvert, dirigé par un kinésithérapeute, quiréalise tous les jours durant une heure des mises en situationfonctionnelles et écologiques :Après avoir acquis la marche en milieu sécurisé, les patientsvont alors être confrontés aux difficultés du terrain en extérieur.Les patients marchent à l'extérieur durant environ 30 minutes.L'objectif de cet atelier est d'améliorer l'endurance du patient,son réajustement postural et l'intégration de sa prothèse ensituation écologique. Cette mise en situation s'effectue surdifférents types de terrains tels que des chemins de dalles(Fig. 1), du sable (Fig. 2), des rouleaux de bois (Fig. 3), desterrains accidentés (Fig. 4), des galets (Fig. 5). . . De plus, ilsréalisent un travail dans les escaliers car « la montée et ladescente des escaliers sont des actes importants à apprendreet essentiels pour la vie de tous les jours » [1].Le ramassage d'objet au sol est proposé lorsque le patient setient debout et marche seul. Il s'agit de l'aider à trouver latechnique la plus adaptée et surtout de diminuer son appré-hension par une mise en situation réelle et répétée.Cette mise en situation écologique peut augmenter dans unpremier temps le risque de chute. Il paraît donc essentield'apprendre au patient le transfert sol/debout pour améliorerson autonomie et diminuer son appréhension de la chute. Lekinésithérapeute utilise le guidage verbal et manuel pour quele patient acquière une stratégie adaptée. Cet apprentissageest réalisé en milieu sécurisé sur tapis de mousse ce quipermet de rassurer le patient et d'éviter toutes complications.Enfin, cette expérience impose de nouvelles contraintes sur lemoignon, ce qui nécessite un message éducatif clair, adapté et

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Figure 4. Terrains accidentés. Figure 5. Galets.

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répété. En effet, « les soins éducatifs sont primordiaux » [2].Une surveillance systématique du moignon est proposée parle kinésithérapeute à la fin de chaque atelier. Cette étapepermet un rappel des conseils d'éducation, formalisés dansun livret systématiquement remis au patient.

Matériels

Quatre situations cliniques ont été étudiées (Tableau I). Lespatients ont fait partie du groupe de marche à des périodesdifférentes.

Outils d'évaluation

Il s'agissait, d'une part, d'une analyse objective qui comprenaitla posturographie et la distance de marche en deux minutes et,d'autre part, d'une analyse subjective comprenant un ques-tionnaire (d'entrée ou de sortie). Les patients réalisaient cesévaluations à l'entrée puis à la sortie du groupe de marche.

Questionnaire

La mise en place de questions orientées et pertinentes nousont permis de recueillir le ressenti des patients sur des pointsclés tels que :

Tableau I. Les quatre cas de l'étude.

M. B. Mme

Sexe Homme Fem

Âge (ans) 79 67

Causes Artérite Tum

Niveaux Tibial Tibia

Profession Retraité Retr

Temps passéa (heures) 34 8

Hospitalisationb Temps complet Tem

aTemps passé : il s'agit du temps passé au groupe de marche. Il a été calculé en foncbHospitalisation : l'hospitalisation à temps partiel est bien souvent préconisée par le m

� la perception de leurs corps ;� leurs capacités à réaliser les activités quotidiennes ;� leurs projets professionnels et de loisirs ;� la perception de leur équilibre debout et à la marche ;� la présence ou non d'une aide technique ;� les chutes et l'appréhension de tomber et enfin ;� leur ressenti sur le groupe de marche.Les questionnaires d'entrée et de sortie étaient quasimentsimilaires. Seules les questions concernant l'identificationdu patient ont été retirées du second questionnaire et rem-placées par des questions traitant de l'apport d'un travail engroupe et d'une mise en situation écologique.

Évaluation posturographique

L'évaluation posturographique était une technique d'évalua-tion fiable et reproductible. Si l'examen posturographique pou-vait s'avérer assez éloigné des préoccupations quotidiennesdes amputés, il permettait d'évaluer le retentissement desdéficits sensori moteurs présents chez ces derniers, et ausside suivre l'optimisation des stratégies d'équilibrations avec laprothèse [3]. Les patients réalisaient une stabilométrie sta-tique. Il s'agissait d'une évaluation de la statique des patientsen position debout, immobiles sur la plateforme, yeux ouverts

L. M. M. M. P.

me Homme Homme

54 51

orale Allergique Traumatique

l Tibial Fémorale

aitée Gérant Artisan

21 26

ps complet Temps partiel Temps complet

tion des séances d'une heure réellement réalisées.édecin lorsque le patient a atteint un niveau d'autonomie suffisant.

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et yeux fermés. On comparait les résultats entre le début et lafin pour quatre paramètres :� X moyen (appuis latéraux) ;� Y moyen (équilibre avant-arrière) ;� longueur (oscillation du centre de pression) et ;� surface (précision de stabilisation).

Test de marche en deux minutes

Il s'agissait d'un test facile à mettre en place, reproductible etpermettant de donner un résultat objectif de distance et devitesse de marche des patients. Les patients marchaient pen-dant deux minutes dans un couloir d'une longueur de26 mètres. La consigne donnée aux patients étaient de par-courir, pendant cette durée, la plus grande distance, c'est-à-dire le maximum d'aller-retour. Les patients utilisaient, s'ils enavaient une, leur aide technique de marche habituelle. Nousévaluions l'évolution de chaque patient et nous comparions lesrésultats entre eux.

Conditions precises d'évaluation

L'évaluation était réalisée par le même opérateur pour limiterles biais. Elle se déroulait dans un ordre précis : les patientscommençaient par répondre au questionnaire. Lorsqu'ils rem-plissaient le questionnaire de sortie, ils n'avaient pas accèsà leur questionnaire d'entrée de façon à ce qu'ils mettent leressenti réel du moment. Ensuite, ils réalisaient une stabilo-métrie statique yeux ouverts puis yeux fermés sans pauseentre les deux sauf à la demande du patient. Enfin, après avoirréalisé une pause de la durée qu'ils souhaitaient, ils termi-naient par le test de marche.

RÉSULTATS

Résultats des questionnaires

Dans la moitié des cas, les progrès réalisés avaient fait évoluerl'appareillage des patients vers un appareillage plus sophis-tiqué et adapté à la situation écologique. Il s'agissait des deuxpatients jeunes (50 et 59 ans).

Dans tous les cas, le groupe de marche permettaitune évolution de l'aide technique : soit un sevrage

complet (patients jeunes), soit le passage à une aidetechnique plus légère.

Trois patients sur quatre avaient abandonné l'utilisation dufauteuil roulant pour « de longues distances » (le terme de« longues distances » étant laissé à l'appréciation despatients). Seul M. B., artéritique en conservait un. Cependant,en pratique, il fallait noter que certains conservaient un fauteuilroulant pour la toilette ou autres activités sans la prothèse.Les quatre patients conservaient des douleurs du membrefantôme à la fin du groupe de marche. Deux patients sur quatreles évaluaient de manière moins importante par rapport à leurentrée dans le groupe de marche tandis que pour les deuxautres elles étaient d'intensité identique. Cependant, les dou-leurs du membre fantôme de Mme L. évaluées à l'identiquen'étaient tout de même pas vécu de la même manière. Elle luiprovoquait « une gêne modérée » au début alors qu'à la finelle « vivait bien avec ». M. B. avait des douleurs du membrefantôme diminuées à sa sortie et il « vivait alors bien avec ».

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Au contraire à leur sortie, les douleurs de M. P. évaluéesà l'identique et de M. M. diminuées provoquaient « une gênemodérée » alors qu'ils « vivaient bien avec » à leur entrée.L'ensemble des quatre patients considérait avoir acquis avantde commencer l'autonomie au chaussage-déchaussage de laprothèse et les conseils d'éducation.La moitié des cas appréhendaient la chute au début de l'expé-rience : M. B. et M. P. Ces derniers n'appréhendaient plus lachute à la fin du groupe de marche.Au début du groupe de marche, aucun patient ne pensait avoirretrouvé sa vitesse de marche. La moitié des patients étudiésavait la sensation de l'avoir retrouvée à la fin de cette expé-rience : M. B. et M. M.L'expérience a eu un effet significatif sur la perception ducorps. Seul M. B. artéritique, avait une vision de son corpspositive au début du groupe de marche « mieux après l'ampu-tation parce qu'avant je souffrais, j'ai retrouvé ma jambe ».Mme L., M. M. et M. P., avaient une vision négative de leurcorps à leur entrée dans le groupe. À leur sortie cette visionsemblait beaucoup plus mesurée, voire nettement améliorée.En effet, Mme L. nous disait par exemple « je me sens mieux etmoins regardée par les autres ».

Le groupe de marche a permis à tous les patientsd'être capables de réaliser la plupart des activités de

la vie quotidienne avant leur retour à domicile.

Les quatre patients considéraient que le groupe de marche atotalement répondu à leurs attentes. Pour M. B. il s'agissaitd'arriver à marcher à l'extérieur, s'adapter à la prothèse, etapprendre à se relever du sol. Mme L. souhaitait apprendreà se relever du sol et améliorer sa vitesse et sa qualité demarche. M. M. attendait du groupe de progresser dans sonindépendance. Enfin, M. P. espérait progresser rapidement ets'adapter à la prothèse pour être plus en confiance.L'ensemble des patients considérait que le groupe de marcheleur avait permis de passer une étape. Pour chacun cetteétape était différente : M. B. : « Avant je marchais uniquementdans les couloirs, et maintenant je marche sans difficultésà l'extérieur », Mme L. : « J'ai plus confiance en moi », M.M. : « J'ai acquis une certaine assurance dans la montée-descente des escaliers » ; M. P. « J'ai une durée de marcheplus longue et j'ai pris confiance en moi ».La mise en situation écologique régulière a semblé détermi-nante pour l'ensemble des patients dans les étapes d'auto-nomisation franchies. Enfin, les quatre cas semblaient tous enaccord sur le caractère motivant d'un travail en groupe. M. B.écrivait que « c'est encourageant ».

Résultats de la posturographie

Le seul résultat commun aux quatre patients était une anté-riorisation du centre de gravité yeux ouverts et yeux fermés à lafin du groupe de marche.

Résultats du test de marche de deux minutes

Les quatre cas étudiés avaient une distance de marche net-tement améliorée entre le début et la fin d'au moins 20 mètres.Ainsi, la vitesse de marche est améliorée d'au minimum0,6 km/h. La progression était comprise entre 19 % et111 %. La moyenne de progression était de 55 %. M. P.,amputé fémoral était celui qui avait subi la meilleureprogression.

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DISCUSSION

Validité des résultats obtenus et les limites denotre demarche professionnelle

Bien que cette étude nous permette d'explorer les deux grandsniveaux et les trois causes principales d'amputation, le nombrede cas ici observé ne nous permet pas de généraliser lesrésultats. Une population plus grande ainsi que des compa-raisons entre patients du même âge et de cause d'amputationcommune nous auraient permis d'avoir un avis plus critique.Cependant, le laps de temps dans lequel l'étude s'est dérouléene nous a pas permis de le faire. Enfin, nous ne pouvons pasaffirmer que les effets évalués sont uniquement en lien avec legroupe de marche car il s'agit d'une prise en charge interdisci-plinaire où l'ensemble des ateliers vont se compléter. Cepen-dant, cette démarche clinique permet une première évaluationde l'efficacité de cette pratique professionnelle.

Reflexion sur les resultats

L'artérite est une pathologie chronique qui détériore progres-sivement les capacités de marche et d'autonomie du patient.Ainsi, M. B. a une vision positive de l'amputation dès le débutdu groupe de marche car il considère la prothèse comme une« solution » à cette aggravation ; il nous dit « j'ai retrouvé majambe ». L'état d'esprit n'est pas le même lorsque la cause del'amputation est brutale. Ainsi, l'expérience violente qu'estl'amputation [4] s'en trouve inévitablement majorée et la per-ception de leur corps a alors tendance à être négative (Mme L.,M. M. et M. P.).

La restauration de l'image de soi et la réappropriationd'une image corporelle intégrant l'amputation sontpermises par le groupe de marche qui redonne à la

personne amputée un sentiment d'unité [5].

En effet, la prise en charge en groupe remet en scène « l'effetmiroir » [5,6]. Dans le groupe, « l'effet miroir » opère par laprésence du kinésithérapeute qui observe, conseille, oriente etaccompagne et s'opère aussi du patient vers un autre patient.Il y retrouve des similitudes mais aussi la singularité de sonexpérience et de son vécu. Dans le même sens, Guimelchain-Bonnet [7] affirme que l'image de soi se constitue par identi-fication au corps de l'autre ce que permet le travail en groupemis en place ici. Enfin, les résultats obtenus guidés parles encouragements du kinésithérapeute et du groupe lui-même valorisent le patient et favorisent une réparationnarcissique [4].La particularité de cette expérience est la mise en place d'untravail en groupe qui peut être très motivant avec souvent enpratique l'installation d'une entraide entre les participants.Dans la littérature, il est d'ailleurs écrit « la marche en commun(. . .) va les motiver » [2]. Il s'agit d'une étape de socialisation.De plus, il permet de questionner la performance de chacun.La situation écologique éloigne le patient du milieu sécurisé etmédicalisé. M. P. écrit alors « cela permet de marcher ailleursque dans les couloirs ». Le milieu écologique est un véritablefeed-back, améliorant ainsi la proprioception des patientsamputés avec une diminution des compensations et une sol-licitation des stratégies de réajustements posturales [6,8].L'observation clinique nous a permis de dire que les patientsen phase de rééducation à la marche se trouvent confrontés

au risque de chute et à la peur de chuter pour certains.L'existence même ou non d'une appréhension à la chutedépend principalement de l'âge, du niveau d'amputation, ducontexte psychosocial et de la confiance en soi. La peur dechuter peut constituer un frein important dans l'évolution et laréinsertion des patients. D'ailleurs, M. P. écrit qu'il s'agit « d'unblocage pour la progression ». En effet, la littérature expliquejustement que les patients, face à cette situation nouvelled'amputation, éprouvent un sentiment d'appréhension et onttendance à se restreindre [6]. La proposition d'acquisition dutransfert sol/debout et la mise en confiance que confère cetteexpérience permet de franchir l'étape de l'appréhension à lachute de façon significative dans l'échantillon étudié. Danscette situation écologique, le kinésithérapeute guide de façonludique et sécurisé le groupe qui va alors dédramatiser lessituations délicates, voire à risques. Les patients se sententalors confronter au monde extérieur en toute confiance. Larépétition quotidienne de cette expérience favorise des auto-matismes de réajustements posturaux, limitant les risques dechutes [9]. En effet, les patients amputés doivent acquérir denouveaux automatismes [10] car la marche est avant tout une« fonction automatique » [11], ce qui passe bien entendu par larépétition.La littérature montre que la vitesse de marche de la personneamputée reste inférieure à celle de la population du même âge[12]. Pour autant, nous pouvons noter que l'intégration de laprothèse dans l'image de soi et l'amélioration du réajustementpostural automatisé permettent d'augmenter de façon intéres-sante la vitesse de marche. De plus, il semble important derecentrer les objectifs de cette prise en charge en lien avec lesattentes et le contexte du patient. Bien que peut-être inférieureà leur vitesse antérieure de marche, les patients peuventretrouver pour certains une vitesse qui leur donne la satisfac-tion de pouvoir accomplir les tâches qu'ils souhaitent. Ainsi M.B., artéritique nous dit « cela me suffit ». À noter que nousaurions pu aussi utiliser le test de marche de six minutes pourévaluer leur vitesse de marche.Le groupe de marche a amélioré la tolérance à l'effort despatients étudiés ce qui est permis, d'après certains auteurs,par une rééducation fonctionnelle bien menée associée à uneprothèse adaptée [13]. Seul M. B., artéritique conserve unfauteuil roulant pour de longues distances à la fin de l'expé-rience. En effet, le processus pathologique étant à l'œuvre ducôté opposé à l'amputation il conserve une limitation de sonpérimètre de marche.L'ensemble des bénéfices de cette expérience concourantà améliorer le schéma de marche et la sûreté du patient surle terrain va finalement permettre de faire évoluer les aidestechniques des patients, voire même de permettre leursevrage. Cela se fait principalement en fonction de l'âge, duniveau d'amputation, de la cause de l'amputation, de l'auto-nomie antérieure et des douleurs.Le cheminement psychique étayé par des progrès fonction-nels significatifs peut influer sur l'intensité des douleurssequellaires à l'amputation mais surtout sur le vécu de cesdouleurs. La diminution de l'évaluation de ces douleurs dumembre fantôme est à mettre en lien d'après la littérature avecles stratégies de coping du patient [14]. Cette diminution peutêtre en partie attribuée au fait que le patient fait mieux face à lasouffrance de la perte. Le groupe de marche a contribué à lesrendre plus combattifs par la prise de conscience de leurscapacités. Cependant, quand les patients gagnent en auto-nomie, ce qui est particulièrement le cas pour les deux patients

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Points à retenir

� L'amputation est une blessure narcissique.� La prise en charge de l'amputé est psychique etphysique.

� Un travail quotidien en situation écologique esttrès efficace.

� Grand intérêt du travail en groupe mais singu-larité de chacun.

L. NithartSavoirs / Mise au point

jeunes, les douleurs du membre fantôme peuvent alors leurapparaître plus gênantes car elles deviennent plusapparentes.Les conseils d'éducation (nettoyage du moignon, de la pro-thèse et surveillance du moignon) sont délivrés au cours de larééducation en salle. C'est ce qui expliquerait que les quatrecas les considèrent comme acquis. Cependant, nous pouvonspenser que cette expérience est une phase d'intégration deces conseils par une mise en pratique répétée. De plus, lesprogrès significatifs des quatre patients favorisant l'investisse-ment du moignon en tant que « bon objet » vont permettre,d'après Decker [4], d'intégrer ce dernier à l'unicité du corps etainsi de faire l'objet de soins de surveillance plus précaution-neux. Il en est de même pour l'autonomie au chaussage etdéchaussage de la prothèse où ils peuvent parfaire cetteautonomie par une répétition au quotidien.Le kinésithérapeute recherche toujours la solution techniquequi permettra au patient d'optimiser l'appareillage sans risquede chutes. Les patients jeunes sont ceux qui sont susceptiblesd'évoluer vers un appareillage plus sophistiqué et plus adaptéà leur projet de vie. Ainsi, le groupe de marche a permis par lesprogrès fonctionnels réalisés d'anticiper la prescription d'unappareillage plus sophistiqué avant la fin du premier séjourpour les deux patients jeunes.La démarche professionnelle nous indiquait de choisir deséléments de référence. La posturographie ne montre pas pourautant les résultats attendus. Comme le montre l'étude deRougier et Genthon [3], nous pourrions nous attendre à unrecentrage du centre de gravité avec un appui plus importantdu côté de la prothèse et à une meilleure stabilisation avec unelongueur et une surface diminuées. Les modifications del'appareillage, les douleurs du patient et les variations deson moignon peuvent en partie expliquer la pauvreté desrésultats. Cependant, l'antériorisation du centre de gravitésystématique est d'après la littérature le résultat d'une meil-leure équilibration [3]. En effet, il s'agit d'une stratégie deconservation de l'équilibre.Finalement, chaque patient est unique : il a son contexte, sonhistoire et son vécu. Malgré des apports communs de cette

ANNEXE 1. QUESTIONNAIRE D'ENTRÉE

1- Quelle est la date de votre entrée dans le groupe de marche (d

2- Quel est votre niveau d'amputation ?

-Quelle est la date de votre amputation ?

-Quel type d'appareillage avez-vous ?Amputés fémoraux :& Genou verrouillé& Genou articulé (physiologique)& À biellettes& Hydraulique/pneumatique

Amputés fémoraux et tibiaux :& Pied fixe& Pied articulé& Pied dynamique

Si pied dynamique, précisez la classe :

3- Êtes-vous en hospitalisation à temps partiel (HTP) ou en hospi

40

expérience, chacun y trouvera quelque chose qui lui est pro-pre. Ils ont alors chacun franchi une étape d'autonomisationdifférente. Cette innovation en kinésithérapie permet donc derépondre par l'intermédiaire d'un travail en groupe à unedemande personnalisée. Cependant, certains patients quiont des capacités fonctionnelles moindres notamment lespatients artéritiques, ne peuvent pas participer à ce groupede marche et « les objectifs sont bien souvent limités ». Rap-pelons que l'artérite est la cause principale de l'amputation.Ainsi, il semble intéressant de réfléchir à la mise en place d'ungroupe de marche en milieu sécurisé qui permettrait deconserver la dynamique du groupe. À l'inverse, les patientsjeunes dont la cause de l'amputation est traumatique, peuventêtre limités dans leur progrès au bout de quelques semainesdans le groupe de marche. Il faut alors penser pour cesderniers à un reconditionnement physique en situation écolo-gique puis éventuellement au sport. Dans tous les cas, nouspouvons mettre en évidence que la réadaptation qui termine larééducation est tout aussi essentielle « tant physiquement quepsychologiquement » [2].

Déclaration d'intérêtsL'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cetarticle.

ate à laquelle vous remplissez ce questionnaire) ?

talisation à temps complet (HTC) ?

Page 7: La marche en situation écologique chez l’amputé : un pas vers l’autonomie ?

Annexe 1 (suite)

4- Quel âge avez-vous ?

5- Quelle est votre profession ?

6- Actuellement, avez-vous une aide technique ?& OUI & NON

Si oui,& Cannes anglaises& Canne simple& Autre (précisez) :

7- Conservez-vous un fauteuil roulant pour les déplacements sur de plus longues distances ?& OUI & NON

8- Avez-vous des douleurs du membre fantôme ?& OUI & NON

Si oui,-À combien les évaluez-vous sur une échelle de 0 à 10 (sachant que 0 est une absence de douleur et que 10 correspond

à une douleur insupportable) ?

-Quel est le vécu de ces douleurs du membre fantôme ?& Je vis bien avec.& Elles provoquent une gêne modérée.& Elles provoquent une gêne importante.

9- Êtes-vous autonome au chaussage et déchaussage de la prothèse ?& OUI & NON

10- Avez-vous intégré au quotidien les conseils d'éducation thérapeutique proposés pour le moignon et la prothèse (toilette,surveillance. . . ) ?

& OUI & NON

11- Depuis votre amputation avez-vous déjà chuté ?& OUI & NON

Si oui, pour quelles raisons ?

-Actuellement, appréhendez-vous de tomber ?& OUI & NON

Si oui, pour quelles raisons ?

12- Pensez-vous avoir retrouvé votre vitesse de marche ?& OUI & NON

13- Quelle perception avez-vous de votre équilibre debout et à la marche ?& Je suis instable.& Je suis stable.& Je suis très stable.

14- La prothèse est-elle intégrée dans vos activités au quotidien ?

15- Parmi ces activités, cochez celle(s) que vous faites ou que vous vous sentez capable de faire seul(e) ?& Ramasser un objet au sol& S'accroupir& Se relever du sol& Marcher en extérieur& Marcher sur l'herbe

& Marcher sur le sable ou d'autres surfaces irrégulières

& Monter une côte ou descendre une pente

& Monter et descendre les escaliers

16- Cochez les activités que vous vous sentez capable de reprendre ou que vous avez reprises :& Votre activité professionnelle& Vos activités ménagères ou de bricolage

Kinesither Rev 2013;13(136):35–44 Savoirs / Mise au point

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Page 8: La marche en situation écologique chez l’amputé : un pas vers l’autonomie ?

Annexe 1 (suite)

& Vos activités sociales et de loisirs& Vos activités physiques

17- Quels sont à ce jour, vos projets professionnels et de loisirs ?

18- Avez-vous obtenu votre permis de conduire modifié ?& OUI & NON

Si non,-Les démarches sont-elles en cours ?& OUI & NON

19- Merci de me faire savoir, par un schéma ou un texte la perception que vous avez de votre corps à ce jour :

20- Enfin, quelles sont vos attentes personnelles du groupe de marche ?

ANNEXE 2. QUESTIONNAIRE DE SORTIE

1- Quelle est la date de votre sortie du groupe de marche (date à laquelle vous remplissez ce questionnaire) ?

2- Êtes-vous en hospitalisation à temps partiel (HTP) ou en hospitalisation à temps complet (HTC) ?

3- Quel type d'appareillage avez-vous ?Amputés fémoraux :& Genou verrouillé& Genou articulé (physiologique)& À biellettes& Hydraulique/pneumatique

Amputés fémoraux et tibiaux :& Pied fixe& Pied articulé& Pied dynamique

4- Conservez-vous une aide technique ?& OUI & NON

Si oui,& Cannes anglaises& Canne simple& Autre (précisez) :5- Conservez-vous un fauteuil roulant pour certains déplacements sur de plus longues distances ?

& OUI & NON

6- Avez-vous des douleurs du membre fantôme ?& OUI & NON

Si oui,-À combien les évaluez-vous sur une échelle de 0 à 10 (sachant que 0 est une absence de douleur et que 10 correspond

à une douleur insupportable) ?

-Quel est le vécu de ces douleurs du membre fantôme ?& Je vis bien avec.& Elles provoquent une gêne modérée.& Elles provoquent une gêne importante.

7- Êtes-vous autonome au chaussage et déchaussage de la prothèse ?& OUI & NON

8- Avez-vous intégré au quotidien les conseils d'éducation thérapeutique proposés pour le moignon et la prothèse (toilette,surveillance. . . ) ?

& OUI & NON

9- Avez-vous chuté depuis votre intégration dans le groupe de marche ?& OUI & NONSi oui, pour quelles raisons ?

L. NithartSavoirs / Mise au point

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Page 9: La marche en situation écologique chez l’amputé : un pas vers l’autonomie ?

Annexe 2 (suite)

-Actuellement, appréhendez-vous de tomber ?& OUI & NON

Si oui, pour quelles raisons ?

10- Pensez-vous avoir retrouvé votre vitesse de marche ?& OUI & NON

11- Quelle perception avez-vous de votre équilibre debout et à la marche ?& Je suis instable.& Je suis stable.& Je suis très stable.

12- La prothèse est-elle intégrée dans vos activités au quotidien ?& OUI & NON

13- Parmi ces activités, cochez celle(s) que vous faites ou que vous vous sentez capable de faire seul(e) ?& Ramasser un objet au sol& S'accroupir& Se relever du sol& Marcher en extérieur& Marcher sur l'herbe& Marcher sur le sable ou d'autres surfaces irrégulières& Monter une côte ou descendre une pente& Monter et descendre les escaliers

14- Cochez les activités que vous vous sentez capable de reprendre ou que vous avez reprises :& Votre activité professionnelle& Vos activités ménagères ou de bricolage& Vos activités sociales et de loisirs& Vos activités physiques

15- Quels sont à ce jour, vos projets professionnels et de loisirs ?

16- Avez-vous obtenu votre permis de conduire modifié ?& OUI & NON

Si non,-les démarches sont-elles en cours ?& OUI & NON

17- Merci de me faire savoir, par un schéma ou un texte la perception que vous avez de votre corps à ce jour :

18- Le travail en groupe a-t-il été un élément motivant pour vous ?& OUI & NON

Remarque(s) :

19- La mise en situation écologique de ce projet (marche en extérieur) a-t-il été un élément déterminant des progrès réalisés ?& OUI

Remarque(s) :

20- Le groupe de marche vous a-t-il permis de passer une étape ?& OUI & NONSi oui, laquelle ?

21- Le groupe de marche a-t-il répondu à vos attentes personnelles ?& TOTALEMENT & PARTIELLEMENT & NON

Si partiellement ou non, qu'auriez vous aimer y trouver ?

Kinesither Rev 2013;13(136):35–44 Savoirs / Mise au point

RÉFÉRENCES

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