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0 Mémoire de Moniteur Méthode Educative 3C : Concentration, Calme, Contrôle Avec Michèle DREIDEMY, Fondatrice de la méthode La Méthode Educative 3C : un outil de médiation thérapeutique au sein d’une structure de pédopsychiatrie (CMP / CATTP). Murielle GRANDJEAN Groupe des colibris Session 2014 / 2015 Martinique

La Méthode Educative 3C · 2 3. Méthode Educative 3C en accompagnement individuel p.37 3.1. Avantages de l’accompagnement individuel ME3C p.37 3.2. Exemple d’un accompagnement

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Mémoire de Moniteur Méthode Educative 3C : Concentration, Calme, Contrôle

Avec Michèle DREIDEMY, Fondatrice de la méthode

La Méthode Educative 3C :

un outil de médiation thérapeutique

au sein d’une structure de pédopsychiatrie (CMP / CATTP).

Murielle GRANDJEAN Groupe des colibris Session 2014 / 2015 Martinique

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SOMMAIRE

Remerciements p.3

Introduction p.4

Partie I : Présentation du contexte p.5

1. La Méthode Educative 3C : un outil de développement de l’Enfant p.5 1.1. Historique et définition de la méthode p.5 1.2. Les objectifs de la ME3C p.6 1.3. Les outils de la méthode p.7

2. Un centre médical polyvalent au service de l’Enfant p.9 2.1. Présentations et définitions des CMP et CATTP p.9 2.2. Fonctionnement de l’équipe du CMP / CATTP p.9

2.2.1. Consultations p.10 2.2.2. Evaluations p.10 2.2.3. Prise en charge (individuelle ou en groupe) p.10 2.2.4. Spécificités de notre CMP / CATTP p.10

2.3. Relations avec l'extérieur p.11 2.4. Rôles de l’orthophoniste en pédopsychiatrie p.11

2.4.1. Définition du poste p.11 2.4.2. Missions p.11

2.5. Pathologies rencontrées au CMP / CATTP p.12 2.5.1. Les troubles psychiques p.12 2.5.2. Les troubles émotionnels et du comportement (TEC) p.14 2.5.3. Les troubles des apprentissages p.19

Partie II : Expérimentation de la Méthode Educative 3C appliquée au p.22 sein du CMP / CATTP

1. Méthode Educative 3C et orthophonie p.22 1.1. Observations concernant l’utilisation d’exercices ME3C pendant la rééducation orthophonique p.23 1.2. Récapitulatif des exercices proposés en fonction du profil des patients et des manifestations observées p.23 1.3. Conséquences sur la rééducation p.23

2. Méthode Educative 3C avec un groupe de préadolescents p.24 2.1. Etapes de la mise en place du projet p.24 2.2. Profils des préadolescents p.25 2.3. Objectifs qu’ils souhaitent atteindre majoritairement p.25 2.4. Première rencontre avec le groupe p.25 2.5. Objectif principal et personnel de chaque préadolescent p.26 2.6. Importance de la structure p.26 2.7. Exercices travaillés pendant les séances en groupe p.27 2.8. Relaxations proposées pendant les séances en groupe p.29 2.9. Mes ajustements face à certaines difficultés p.30 2.10. Progression du groupe au fil des séances p.31 2.11. Bilan des préadolescents après 17 séances ME3C p.32 2.12. Témoignages des préadolescents et des parents p.33 2.13. Bilan personnel de ma pratique des séances en groupe p.35

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3. Méthode Educative 3C en accompagnement individuel p.37 3.1. Avantages de l’accompagnement individuel ME3C p.37 3.2. Exemple d’un accompagnement individuel ME3C effectué au CMP p.37

4. Séance d’initiation ME3C pendant un séjour thérapeutique p.38

5. Apports de la méthode en termes de développement personnel p.39 5.1. Utilisations personnelles de la méthode p.39 5.2. Savoirs et connaissances p.39 5.3. Savoir-faire p.39 5.4. Savoir-être p.39

Conclusion p.41

Bibliographie p.42

Annexes p.43

- Atelier ME3C : Réunion avec les parents p.44 - Fiche séance ME3C p.46 - Fiche de suivi de séance p.47 - Note explicative sur la respiration p.48

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REMERCIEMENTS Merci à ma formatrice Michèle Dreidemy pour tous les apports pratiques et théoriques, pour son investissement et son implication, pour son côté passionné, pour ses enseignements en termes de développement personnel. Merci à Maryline, Suzy, Lisa et Marie-Claude pour leur écoute, leur soutien, leur disponibilité et leurs conseils avisés. Merci aux stagiaires du groupe « Les Colibris » pour leur enthousiasme et j’adresse une pensée particulière à ceux avec qui je me suis entraînée. Merci à la Direction de l’Hôpital Maurice DESPINOY qui a cru en moi, en mon projet, merci à l’équipe de mon CMP / CATTP qui a été présente pour m’épauler et un clin d’œil à ma collègue co-animatrice de mon premier groupe thérapeutique ME3C au sein de la structure. Merci à la Mairie du Robert, à la Mairie du Lamentin (en particulier au C.A.S.E. de Pelletier) pour leur aide concernant les lieux de pratique et au Directeur de l’école de Pelletier pour son soutien et ses conseils avisés. Merci aux parents pour leur investissement, leur enthousiasme et merci aux enfants pour leur envie d’exister, pour leur motivation, leur désir de s’améliorer, de se sentir mieux. Je voudrais qu’ils continuent à utiliser les exercices de la ME3C pour leur bien-être et pour gérer leur vie. Je leur souhaite beaucoup de bonheur, d’amour, de calme, de sérénité, et qu’ils aient confiance en eux et en la vie. Ils sont l’avenir, des adultes en devenir. Merci à mes enfants qui ont dû faire des sacrifices, merci à mes parents pour leur soutien et à mon mari pour son aide précieuse à tous les niveaux. Merci à tous ceux qui, de près ou de loin, ont permis à mon projet d’aboutir.

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INTRODUCTION Je travaille depuis dix ans, en tant qu’orthophoniste au sein d’une structure de pédopsychiatrie, Centre Médico Psychologique couplé à un Centre d’Activités Thérapeutiques à Temps Partiels. Dans ce cadre professionnel, j’ai fait le constat depuis plusieurs années, de la récurrence des troubles de l’attention et de la concentration ainsi que de l’agitation motrice qui perturbent les apprentissages. Dès lors, j’ai été en quête d’une formation pouvant m’aider à calmer l’agitation motrice et/ou psychologique de mes patients afin qu’ils puissent être attentifs et se concentrer suffisamment pour appréhender les techniques orthophoniques et les notions abordées lors des séances de rééducation. L’attention et la concentration sont des éléments essentiels à l’accès aux apprentissages. A la lecture du descriptif de la Méthode Educative 3C, j’ai su de suite qu’elle répondrait à mes attentes et aux besoins de mes patients. Plus tard, j’ai pensé qu’elle pouvait convenir aussi aux patients du CMP / CATTP de manière plus globale par rapport aux troubles émotionnels afin qu’ils puissent, grâce aux exercices, mieux gérer leur monde intérieur et accéder à un mieux-être. Lorsque j’ai assisté à la conférence sur la ME3C, j’ai conscientisé que tout est lié : le cerveau (les pensées et le fonctionnement cognitif ou intellectuel), le cœur (les émotions) et le corps (les manifestations physiques : agitation, tensions, apathie, douleurs). Ce constat m’a confortée dans mon sentiment initial car les enfants et adolescents que nous recevons peuvent être en souffrance ou en difficulté pour des raisons multifactorielles sur les trois plans. J’ai été séduite par l’approche psychocorporelle, une démarche non intrusive qui consiste à passer par le corps pour atteindre le mental et l’émotionnel. Les notions qui m’ont interpelée faisaient référence aux valeurs et attitudes positives (respect, tolérance et bienveillance), à la lutte contre l’agressivité et la violence, à l’attention et à la concentration, à l’action sur l’agitation motrice. De plus, cette méthode s’adresse à un public varié, de la maternelle au lycée, ce qui lui confère un atout supplémentaire. J’ai décidé immédiatement de suivre cette formation afin de l’utiliser pour mes patients en rééducation orthophonique, puis d’autres pistes d’applications ont émergé progressivement en cours de formation. Dans un premier temps, je présenterai la Méthode Educative 3C, ma structure et ma fonction d’orthophoniste en pédopsychiatrie. Puis, j’aborderai les troubles psychiques, émotionnels et les troubles des apprentissages ainsi que leurs manifestations. Mon propos n’est pas de dresser un inventaire des troubles et pathologies, mais de mettre en évidence leurs incidences sur le fonctionnement mental, émotionnel et physique à travers la récurrence de leurs symptomatologies. L’objectif étant de faire le lien avec ce que la Méthode Educative 3C peut offrir à ces enfants et à ces adolescents en souffrance. Enfin, j’expliciterai mon investissement et ma pratique de la méthode à différents niveaux au sein du CMP / CATTP (pour des raisons déontologiques et pour une certaine discrétion, je ne fournirai pas de détails sur l’histoire des Enfants, ni de photo).

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PARTIE I : PRESENTATION DU CONTEXTE 1. La Méthode Educative 3C : un outil de développement de l’Enfant

1.1. Historique et définition de la méthode Pouvant être utilisée dans différents cadres (individuel, groupe, professionnel, familial, personnel), la Méthode Educative 3C (ME3C), a été créé par Michèle DREIDEMY. L’idée de créer la Méthode Educative 3C (Concentration, Calme, Contrôle) s’est imposée au fil du temps à travers son cheminement personnel et professionnel et en s’appuyant sur ses expériences et observations. Sa mise en œuvre a démontré que ses principes comme leur application permettent une évolution positive de l’enfant et de l’adolescent. Les principes de la ME3C sont la Concentration, le Calme et le Contrôle (de soi) pour un développement équilibré des enfants et des adolescents leur permettant de trouver des clés et des outils nécessaires face à une société actuelle empreinte d’agitation, d’hyperactivité, de stress et de violence. Cette méthode s’est construite au fil des années et au fur et à mesure des expériences de Michèle DREIDEMY, en tant qu’infirmière, professeur de yoga et relaxologue. Au cours de ses formations, elle a suivi des cursus de spécialisation pour les enfants. En effet, dans le cadre de sa profession d’infirmière en psychiatrie, elle a pris en charge des enfants malades à l’hôpital et en Centre de Jour, ce qui lui a permis d’adapter et d’élaborer des exercices en fonction de leurs effets structurants et équilibrants. Son travail auprès des enfants psychotiques, caractériels, retardés ou autistes lui a aussi appris à adapter, à renouveler constamment, à diversifier, à construire d’instant en instant leur prise en charge, ce à partir de la réalité présente qui était la leur. Son regard sur les problématiques des enfants, des parents et de toutes les personnes qui les encadrent, l’a sensibilisée et lui a apporté une plus grande compréhension et connaissance de l’être humain. Ainsi cette approche l’a conduite, tout naturellement, à créer des exercices et à structurer une méthode adaptée qui deviendra la ME3C. Tout en continuant sa formation personnelle (techniques psychocorporelles, développement personnel…), elle participe à de nombreux colloques et stages avec des scientifiques, chercheurs, neurophysiologues, médecins de différents pays par rapport aux recherches sur le Yoga et la santé. A partir de 1996, Michèle DREIDEMY donne des cours de ME3C dans des établissements scolaires privés et publics et forme des enseignants. Et à partir de 2002, elle met en place les formations de Moniteurs au Maroc. Depuis plus de 10 ans, elle forme à son approche thérapeutique des médecins, psychologues, psychomotriciens, orthophonistes, enseignants, directeurs d’écoles, professeurs de yoga, relaxologues, éducateurs, parents,…

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1.2. Les objectifs de la ME3C Basée sur une philosophie de vie ancrée sur des valeurs ou des attitudes positives : le respect, la tolérance, la bienveillance, ... La méthode 3C est une pratique psychocorporelle avec des exercices spécialement adaptés à l’enfant et à l’adolescent. La ME3C donne à l’enfant et à l’adolescent des outils pratiques et efficaces pour qu’il puisse mieux gérer son monde intérieur, ses émotions, ses pensées mais aussi ses attitudes physiques. Cette méthode vise entre autres à développer les capacités d’attention et la concentration de l’enfant et à lutter contre l’agressivité et la violence à l’école et en société. Elle aide également l'enfant à trouver le calme, le bien-être et à développer toutes ses potentialités et sa créativité. Elle permet de lutter contre l'agitation, l'hyperactivité, l'agressivité, le mal-être, le manque de confiance en soi... Certains exercices se pratiquent seuls, d’autres se pratiquent à deux ou en groupe. Grâce à ces derniers, l’enfant pourra développer sa relation à l’autre, à travers le respect et l’attention.

«Dans la ME3C, le corps sera pour l’enfant l’interface, le lieu privilégié de la relation : respiration, relaxation, attention à travers les cinq sens, postures, …»

Michèle Dreidemy.

Le corps sert donc de pont entre le monde intérieur de l’enfant et le monde extérieur. Le sens des 3C : Pourquoi Concentration, Calme, Contrôle ? La Concentration est à la base des exercices car elle induit Calme et Contrôle. Elle se travaille quelque soit le domaine (sportif, musical,…), les résultats positifs apparaissent avec l’entraînement et la répétition des mêmes gestes. Elle permet de sortir de l’agitation physique engendrée par l’agitation mentale. Concentration → les gestes deviennent plus lents → le langage gagne en fluidité → la voix est plus posée → le regard s’adoucit → l’écoute est active → la mémorisation augmente → les pensées sont claires → la confiance en soi s’installe. Le calme induit des effets positifs dans tout le corps :

- Respiration calme et baisse de la consommation d’oxygène. - Ralentissement des battements du cœur. - Effets positifs sur les organes du corps (glandes, détente des muscles…) et

certaines maladies (problèmes gastriques, asthme…). Mais aussi au niveau psychologique, par une diminution du stress, une augmentation des capacités générales (attention, concentration, mémoire, créativité, sérénité…) et une disponibilité pour ce qui se passe autour de soi. Le calme permet d’être davantage dans la compassion, l’empathie, la générosité, à l’écoute de soi et de l’autre. Ce qui aboutit au contrôle : maîtrise des gestes, des postures et de la parole.

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C’est en ce sens que la ME3C est une méthode équilibrante sur les 3 trois plans : intellectuel, émotionnel et physique.

Public ciblé par la ME3C : Cette méthode s’adresse à tous les enfants et les adolescents qui veulent améliorer leurs capacités et leur bien-être. Mais aussi et surtout :

- aux enfants ayant des difficultés scolaires, - aux enfants qui manquent d’attention, - aux enfants qui manquent de confiance en eux, - aux enfants ayant des troubles et difficultés d’ordre physique ou psychologique : difficulté de coordination, mal dans son corps ou dans sa peau, enfants dyslexiques ou dyspraxiques, hyperactifs, violents ou agressifs, - aux enfants malades ou handicapés.

1.3. Les outils de la méthode

La ME3C repose sur des exercices inspirés de pratiques millénaires et de techniques contemporaines adaptées à l’enfant et utilisées pour les plus jeunes de manière ludique. Elle est composée d’exercices de concentration, d’attention, d’équilibre, de retour au calme, de recentrage, de relaxation, de mémoire, de rythme, de pratique physique, de contrôle et de maîtrise du corps ainsi que d’exercices respiratoires pour agir sur l’agressivité ou toute autre émotion perturbatrice. Ces différents exercices peuvent être pratiqués soit :

- en séances types, en groupe. La séance dure 20 minutes pour les petits en maternelle jusqu’à 1 heure à partir de 7 ans.

- de manière ponctuelle en classe, 1 ou 2 exercices (quelques minutes), en début de cours, après une récréation, ou encore pour se vider la tête, se détendre après une journée bien pleine.

- en séance individuelle : en cas de problématique importante chez l’Enfant.

CERVEAU COEUR CORPS

CONCENTRATION CALME CONTRÔLE

INTELLECTUEL EMOTIONNEL PHYSIQUE

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La ME3C repose sur quelques principes fondamentaux : Développer et valoriser des attitudes positives Les exercices proposés amènent l’enfant agressif et violent à prendre conscience qu’il est capable d’apprendre à se maîtriser et qu’il peut être fort sans violence. Son énergie négative se transforme alors en quelque chose de positif qui le valorise et le sécurise. Les règles Elles sont nécessaires pour sécuriser et structurer l’enfant pendant la séance et lui permettre d’atteindre les objectifs des exercices. Le respect

« Le respect est une règle absolue de la ME3C. » M. Dreidemy. Le code de conduite commence par «Je m’engage à respecter les règles de conduite de la Méthode Educative 3C », « Je respecte le silence pendant la séance », « Je respecte les consignes de la monitrice… », « Je ne me moque pas des autres... », … Il favorise le respect de l’autre dans son individualité et dans son espace, que les exercices se fassent en groupe ou par deux. Le respect de l’adulte envers l’enfant est aussi important. La liberté de participer aux exercices Le moniteur a pour tâche d’amener l’enfant à participer avec entrain aux exercices, aussi le choix de la dynamique de la séance reste primordial. Si l’enfant a des difficultés avec un exercice, le moniteur ne l’oblige pas à le faire, l’enfant peut se mettre en retrait et revenir quand il se sent prêt. La responsabilisation face à la pratique des exercices. Une fois qu’il a ressenti les bienfaits des exercices, l’enfant comprend leur importance et la nécessité de les intégrer dans sa vie. Effets des exercices pratiqués :

- Amélioration des capacités de l'enfant, - Attention et écoute – Créativité – Adaptabilité – Réflexion, - Equilibre psychologique et physique, - Développement de la volonté, - Confiance en soi – Calme, - Diminution de l'agressivité et de la violence, - Gestion du stress, - Contrôle de soi, - Contrôle et maîtrise des gestes et de la parole, - Maîtrise des émotions et des pensées.

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2. Un centre médical polyvalent au service de l’Enfant

2.1. Présentations et définitions des CMP et CATTP Présentation des CMP

Un Centre Médico-Psychologique (CMP) désigne une structure de soins regroupant des spécialistes de la santé proposant une offre de soins mentaux prise en charge par la Sécurité Sociale. Le CMP est pluridisciplinaire et regroupe des médecins psychiatres, des cadres de santé, des psychologues, des infirmières, des assistants sociaux, des psychomotriciens, des orthophonistes, des éducateurs spécialisés, des secrétaires médicales mais aussi parfois des ergothérapeutes, des art-thérapeutes et des thérapeutes familiaux . Le CMP est dirigé par un pédopsychiatre qui reçoit et prend en charge les enfants et les adolescents de 0 à 18 ans adressés pour :

- Des troubles psychiques et psychologiques, - Un retard de développement, - Des troubles cognitifs, - Des troubles psychomoteurs, - Des troubles psycholinguistiques, - Des troubles des apprentissages, - …

Les CMP sont chargés d'un secteur géographique déterminé, fonction du lieu de résidence. Ils sont rattachés à un hôpital public (ou privé faisant fonction de public). Il existe des CMP pour adultes et pour enfants. Il existe cependant des structures dites "hors secteur" qui accueillent des enfants et adolescents sur d'autres critères. Présentation des CATTP

Le Centre d'Activités Thérapeutiques à Temps Partiels (CATTP) est une structure de soins, composée d’une équipe pluridisciplinaire, faisant partie d’un dispositif de santé mentale, mis à la disposition de la population dans le cadre de la sectorisation. Il propose aux patients des actions de soutien et thérapeutiques de groupe, visant à maintenir ou favoriser une existence autonome. Le CATTP propose des activités (ex : musique, peinture, expression corporelle, théâtre) qui favorisent les approches relationnelles, la communication et l'affirmation de soi.

2.2. Fonctionnement de l’équipe du CMP / CATTP

Les CMP reçoivent les enfants et leurs familles, que les troubles psychiques soient légers ou graves. L’équipe coordonne les consultations et les traitements complémentaires si nécessaire (hospitalisation de jour, accueil familial thérapeutique, hospitalisation). Elle propose et organise l’orientation des enfants vers les institutions les mieux adaptées à leur pathologie. Elle garantit l’articulation harmonieuse entre les traitements et permet le dépistage des nouveaux besoins de l’enfant. Les hospitalisations et les placements sont toujours limités, afin de maintenir l’enfant dans son milieu familial et scolaire, chaque fois que possible.

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2.2.1. Consultations

La famille et l'enfant sont reçus par un médecin pédopsychiatre dans une démarche diagnostique. Le pédopsychiatre pose une indication thérapeutique et l'enfant est pris en charge dans les meilleurs délais. Le pédopsychiatre adresse aussi l'enfant à d'autres professionnels du CMP pour un complément d'évaluation. Le plus souvent, la prise en charge débute par des entretiens familiaux. A la suite des résultats du ou des bilans, un projet thérapeutique est adopté pour la prise en charge de l'enfant et de sa famille par l’équipe du CMP / CATTP.

2.2.2. Evaluations

Plusieurs types d'évaluations sont possibles : - Le bilan psychométrique, - Le bilan psychomoteur, - Le bilan orthophonique, - L’évaluation sociale, - Les entretiens familiaux, - Les périodes d’observation, - Les visites à domicile (VAD).

2.2.3. Prise en charge (individuelle ou en groupe)

Il existe divers axes de prise en charge : - La prise en charge médicale, - La prise en charge psychologique, - La prise en charge psychothérapique, - La prise en charge psychomotrice, - La prise en charge orthophonique, - Le suivi social, - La prise en charge CATTP.

Précisions par rapport aux soins : Médicaments : Les médicaments sont une des réponses thérapeutiques aux maladies psychiques, en complément d’autres moyens.

Thérapies : Les techniques de psychothérapies sont fondées sur la parole, associée ou complétée par des médiations instrumentales ou corporelles.

2.2.4. Spécificités de notre CMP / CATTP Les interventions thérapeutiques sont variées :

- Les entretiens d’accueil, - Les séjours thérapeutiques, - Les journées thérapeutiques, - Les ateliers thérapeutiques : Ludo-éducatif / Groupe Jardin « Tambou bêlè en

Jadin » / Equitation Adaptée / Eveil Sensoriel / Groupe Mer / Groupe Expression Ados / ME3C depuis cette année.

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2.3. Relations avec l'extérieur

L'assistante sociale du CMP coordonne les relations avec l'extérieur. Les principaux interlocuteurs sont :

- Le médecin généraliste ou le pédiatre qui adresse l'enfant au CMP, - Le médecin scolaire et l’infirmière scolaire, - La psychologue scolaire, - L'assistante sociale scolaire, - La MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), - …

2.4. Rôle de l’orthophoniste en pédopsychiatrie

2.4.1. Définition du poste

L’orthophoniste rattaché à un secteur de pédopsychiatrie exerce dans l’une ou plusieurs de ses structures : les centres de consultation, les centres d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), les hôpitaux de jour (HJ), éventuellement les services d’hospitalisation. L’orthophoniste est amené à recevoir des patients d’âges variés (0 à 18 ans en théorie), présentant des pathologies du langage (compréhension et expression orales ou écrites) et de la communication très diverses dans leurs symptômes et dans leur gravité. De manière plus générale, l’orthophoniste intervient auprès de ceux ayant des troubles des apprentissages. Son intervention consiste à prévenir, à évaluer avec des tests et à prendre en charge, aussi précocement que possible, par des actes de rééducation constituant un traitement.

2.4.2. Missions

L’orthophoniste a trois pôles d’intervention : la prévention, l’évaluation et le soin.

a) La prévention Elle a pour but de travailler à l’amélioration des conditions qui favorisent l’entrée dans le langage, de proposer le plus précocement possible une aide acceptable par le patient et son entourage. D’une manière générale, plus l’aide est précoce, moins les troubles risquent de s’aggraver, encore faut-il que l’aide soit adaptée et acceptée. Dans certains cas où l’on rencontre peurs, oppositions, il s’agit d’établir une relation de confiance, de maintenir un lien, avant de pouvoir proposer un réel travail de soin. La prévention peut prendre des formes variées.

b) L’évaluation Sur prescription d’un médecin, l’orthophoniste réalise un bilan orthophonique. L’orthophoniste reçoit l’enfant avec ses parents, puis seul, lorsque c’est possible. Le bilan débute par un entretien qui donne toute sa place à l’écoute de cet enfant, de ces parents, des raisons de leur présence, de leur plainte, de leur demande, de leurs paroles, de leurs silences. L’observation clinique, l’entretien avec les parents et le bilan proprement dit vont permettre de préciser les difficultés, d’entendre comment chacun les perçoit, quel sens elles peuvent prendre et de poser un diagnostic orthophonique. Il s’agit avant tout d’une rencontre, de laquelle va pouvoir émerger, ou pas, une alliance thérapeutique.

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Sur ces bases, et selon ce qu’il perçoit de la demande de chacun, l’orthophoniste peut faire une proposition d’aide : une rééducation ou un rendez-vous d’évolution (l’enfant n’est pas suivi, mais revu quelques mois plus tard). Il peut aussi, selon les difficultés présentées par l’enfant, demander des examens complémentaires (bilan ORL, ophtalmologique, …) ou que l’enfant soit reçu par un autre professionnel de l’équipe (psychologue, psychomotricien, animateur de groupe thérapeutique, …). L’orthophoniste rédige le compte-rendu du bilan, qui figure dans le dossier du patient.

c) Le soin L’équipe pluridisciplinaire réfléchit en réunion de synthèse à un projet de soin pour chaque enfant, à partir des éléments relevés lors des consultations médicales et des bilans. Elle prend en compte la valeur symptomatique des troubles, les aménagements de la réalité, les possibilités ainsi que l’expression de la demande de l’enfant et de son entourage. La prise en charge orthophonique peut prendre la forme de séances individuelles, de séance enfant-parent (la mère le plus souvent) ou de séance en groupe d’enfants avec un ou deux thérapeutes. La prise en charge des patients nécessite de considérer les aspects formels du langage dans leurs liens avec la structuration de la personnalité, de la pensée, l’expression des affects, l’accès à la symbolisation, l’histoire du patient dans ses dimensions psychologique, culturelle, sociale, etc. Le travail mère-enfant est souvent axé sur l’autonomie, le désir de grandir de l’enfant et le désir de la mère de le « laisser grandir ». L’orthophoniste peut animer, seul ou avec un collègue orthophoniste ou un autre professionnel, des groupes thérapeutiques. Ces groupes peuvent privilégier une médiation particulière (l’expression plastique, les marionnettes, la musique etc…) ou pas. Ils sont le fruit d’un travail d’élaboration d’un dispositif adapté, selon les besoins du service et l’intérêt que porte l’orthophoniste à ce type de travail, son souhait de co-animation, et sa sensibilité à telle ou telle médiation. En lien avec ces missions, l’orthophoniste dégage du temps pour :

- Des synthèses d’évolution, - Les entretiens avec l’entourage proche, - Les liens avec les autres professionnels.

2.5. Pathologies rencontrées au CMP / CATTP

2.5.1. Les troubles psychiques

Le trouble envahissant du développement (classiquement psychose infantile)

conduit à une difficulté d’adaptation sociale et par là même scolaire. La pensée est

infiltrée par des mouvements d’angoisse qui déstructurent l’élaboration cognitive. Il

en résulte des perturbations de la pensée plus ou moins graves mais toujours

invalidantes.

Le trouble dissociatif (schizophrénie) plus spécifique de l’adolescence, est un

trouble marqué par la rupture des liens associatifs dans l’élaboration de la pensée.

La logique habituelle est perdue, ce qui désorganise la cohérence de la pensée et

marque une rupture avec la réalité.

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Souvent la lutte contre ce désordre intérieur est grande et peut ainsi rester longtemps

méconnu par l’entourage qui va surtout noter le changement de comportement de

l’adolescent, son retrait social progressif, son fléchissement scolaire sans se

douter de la tempête intérieure qui l’agite.

La dépression reste encore mal connue dans l’univers infantile par son

assimilation avec la dépression de l’adulte avec laquelle elle n’entretient pourtant que

très peu de similitudes. En effet, chez l’enfant, les symptômes sont nombreux et

souvent opposés. Un enfant dépressif peut être un enfant isolé, en retrait, inhibé ou

au contraire agité, hyperactif, excité. Quelquefois agressif contre lui ou contre les

autres, il peut manifester un comportement d’omnipotence et de toute puissance qui

peut conduire à des conduites antisociales. Les troubles de l’humeur, du sommeil,

de l’alimentation peuvent s’associer. Dans la dépression, il n’existe pas d’atteinte

spécifique des fonctions intellectuelles mais une impossibilité d’utiliser ses

compétences. Le désinvestissement des apprentissages peut alors être massif.

Les troubles anxieux, largement représentés en clinique infantile, ont des

incidences très spécifiques sur le fonctionnement intellectuel. En particulier,

l’anxiété va saturer les capacités de la mémoire de travail. La mémoire de travail est

cette mémoire active, véritable usine de traitement de l’information qui est ensuite

envoyée en mémoire à long terme. C’est une mémoire centrale dans les

apprentissages car c’est par son activation que l’enfant intègre les données nouvelles.

L’anxiété génère des troubles à l’encodage et au traitement des données : l’enfant

n’arrive plus à intégrer et traiter les cours, les consignes, les énoncés... Il est

également à souligner les conséquences motrices de l’anxiété. Un enfant anxieux va

souvent présenter des signes d’hyperactivité qui ne devront pas être confondus avec

un syndrome d’hyperactivité. L’agitation motrice est dans ce cas une modalité de

lutte contre l’angoisse. En bougeant, l’enfant chasse les pensées, les représentations,

sources de stress.

Parmi les troubles anxieux, les TOC, troubles obsessionnels compulsifs deviennent de

plus en plus fréquents chez les enfants et les adolescents et traduisent un niveau

d’anxiété très élevé. La caractéristique propre à ce trouble qui conduit à des idées

obsédantes et à des rituels incontournables entrave sérieusement la liberté de

pensée. L’enfant n’a plus aucun espace psychique disponible pour l’investissement

des apprentissages.

Plus grave encore est la phobie scolaire dont l’augmentation de l’occurrence est

inquiétante. On peut s’interroger sur les causes à la fois extérieures et internes à

l’origine de cette augmentation (pression subie et ressentie par rapport à l’école). Mais

la phobie scolaire est également en lien avec les pathologies de la séparation. La peur

de l’extérieur, de la complexité de la vie, peut conduire certains jeunes à réactiver des

angoisses de séparation archaïque et des peurs infantiles anciennes. Le syndrome «

Tanguy » pèse sur notre société.

Quelques définitions de troubles psychiques : Troubles anxieux : L’anxiété est un état mental de trouble et d’agitation, avec un sentiment d’insécurité indéfinissable, une peur sans objet (anxiété, phobie, trouble anxieux généralisé (TAG) et trouble obsessionnel compulsif (TOC)).

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Troubles dépressifs : La dépression se manifeste par : humeur triste, perte d’intérêt, baisse de l’énergie, diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi, culpabilité injustifiée, idées de mort, troubles du sommeil, ... À la différence du « coup de blues » ou de la déprime passagère, la dépression s'installe et ne semble pas liée aux variations de l'environnement.

Troubles bipolaires : Les troubles bipolaires (anciennement psychoses maniaco-dépressives) sont caractérisées par des variations de l’humeur, alternant entre périodes de mélancolie (dépression) et accès maniaques.

Schizophrénies : La schizophrénie est une pathologie psychiatrique qui peut prendre des formes très variées (on parle des schizophrénies). Elle peut avoir un impact important sur l'adaptation sociale et entraîner une grande souffrance chez la personne et ses proches.

Troubles addictifs : Les troubles addictifs regroupent l’alcoolisme, les toxicomanies, le tabagisme et les addictions comportementales (ex : jeu).

Troubles des comportements alimentaires (TCA) : L’alimentation est une fonction vitale qui apporte les éléments nutritionnels indispensables à une bonne santé physique, psychologique, affective et sociale. Les facteurs psychologiques, le contexte familial, la vulnérabilité génétique ou encore le poids de la société, peuvent générer des troubles du comportement alimentaire (anorexie et boulimie).

Risque suicidaire : Le risque suicidaire est associé à une fragilité psychique, qui se manifeste par : anxiété, tristesse, fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, sentiment d’échec, l’isolement...

2.5.2. Les troubles émotionnels et du comportement (TEC)

Depuis une vingtaine d’années, les conséquences délétères des troubles anxieux et dépressifs de l’enfant et de l’adolescent sont mieux connues. Ces pathologies s’accompagnent d’un retentissement sur le fonctionnement psychosocial, individuel et familial. Parmi les troubles anxieux, l’anxiété de séparation (crainte excessive d’être séparé des figures d’attachement), le trouble hyper anxiété (anxiété chronique avec plaintes somatiques), les troubles phobiques (peur excessive d’un objet ou d’une situation donnée), et le trouble obsessionnel compulsif (idées obsédantes et actes compulsifs) sont susceptibles de débuter précocement. Le trouble dépressif majeur (association de symptômes dépressifs pendant une durée d’au moins deux semaines) et le trouble dysthymique (humeur dépressive pendant un an au moins) peuvent se voir chez l’enfant. La prévalence des troubles dépressifs augmente fortement à l’adolescence.

Certains troubles émotionnels du sujet jeune peuvent persister ou s’associer à d’autres formes de troubles mentaux ou à divers dysfonctionnements sociaux et affectifs. L’approche développementale et épidémiologique des pathologies anxieuses et dépressives a conduit à la mise en évidence de nombreux facteurs de risques individuels ou environnementaux. Dès lors que certains aspects de la vulnérabilité sont connus, la question des possibilités de prévention doit se poser (problème de santé publique). Des programmes de prévention des troubles anxieux et dépressifs à destination des enfants et adolescents commencent à être développés, principalement dans les pays anglo-saxons, où ils sont devenus un objectif prioritaire pour la santé mentale de l’enfant

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De façon générale, les techniques d’apprentissage par imitation et l’entraînement aux stratégies d’ajustement et d’adaptation (relaxation contrôlée, exercices de respiration, imagerie mentale, renforcement positif, jeux de rôle à l’aide de poupées) se sont révélés efficaces, entraînant une réduction des manifestations anxieuses significativement supérieure à celle obtenue par la simple délivrance d’informations ou par l’administration de tranquillisants.

Un enfant internalisant ses émotions est dit souffrir de dépression et fait l'expérience de pertes d'intérêts dans ses activités, y compris à l'école. Cette définition se caractérise généralement par une humeur généralisée de mécontentement et de dépression. Les enfants externalisant leurs émotions, quant à eux, peuvent souffrir de troubles anxieux (anxiété de séparation notamment), de diverses peurs et phobies, de trouble obsessionnel compulsif (TOC) et de peur panique. Les troubles externes incluent trouble du déficit de l'attention et trouble des conduites. Ces enfants externalisant leurs émotions plutôt que de les contenir. Les combats, abus physiques/verbaux, et autres formes de violence peuvent être particulièrement perçus. Le trouble le plus fréquent est l'anxiété. Une étude menée par le centre de compétences suisse en sciences sociales FORS, explique que lorsqu'il existe un déficit des compétences cognitives et socio-affectives chez les élèves, ces derniers encourent un risque plus élevé de développer des troubles émotionnels et comportementaux (TEC). Si ces troubles ne sont pas traités rapidement, ils peuvent conduire à l'échec scolaire, au décrochage scolaire, voire à la marginalisation à l'âge adulte. Quelques définitions de troubles émotionnels et du comportement :

Anxiété de séparation L’anxiété de séparation est une inquiétude excessive qui survient chez des enfants séparés de leurs parents. Il s'agit probablement d'un des plus anciens diagnostics de trouble anxieux chez l'enfant. Il est marqué par une anxiété excessive et inappropriée qu'on retrouve chez l'enfant arrivant à ce stade de développement où il doit quitter la maison et se séparer des personnes auxquelles il est attaché (généralement les parents).

Bégaiement Le bégaiement est un trouble de la parole affectant le débit de la parole caractérisé par des répétitions et prolongations involontaires des sons, syllabes, mots ou phrases, et par des pauses silencieuses involontaires dans lequel le « bègue » est incapable de produire un son. Le bégaiement comprend souvent des répercussions psychologiques et sociales modérées voire très lourdes pour la personne affectée.

L’encoprésie C’est une forme d'incontinence fécale. Elle peut être présente chez un enfant de plus de quatre ans ou chez l'adulte. La manifestation principale est la perte involontaire de matière fécale. Les causes et origines peuvent être physiologiques ou psychologiques. L'encoprésie chez l'enfant peut être à mettre en relation avec le fait de gérer l'agressivité. Certains enfants encoprétiques sont anxieux, présentent une faible tolérance à la frustration et une agressivité immature, impulsive, excessive ou contrôlée à l'excès. Ils peuvent aussi présenter une sensibilité accrue à la compulsion et peuvent avoir beaucoup de mal à élaborer leurs pensées.

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L’énurésie nocturne C’est une affection caractérisée par la survenue pendant le sommeil de mictions involontaires et inconscientes chez l’enfant de plus de cinq ans ou l’adulte. L’énurésie est due à un sommeil trop profond, à un manque de maturité du réflexe de miction ou à un trouble psycho-affectif. Elle est plus fréquente chez les enfants ayant des troubles du développement ou du comportement : autisme, trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité.

Mutisme sélectif Le mutisme sélectif est un trouble anxieux dans lequel un individu, le plus souvent un enfant, qui est normalement capable de parler est incapable de parler lors de situations particulières. Le mutisme sélectif coexiste habituellement avec la timidité ou l'anxiété sociale (souvent sévère).

Phobie sociale La phobie sociale (PS), ou anxiété sociale est une forme de troubles anxieux classée actuellement parmi les troubles psychiatriques les plus fréquents. Elle correspond à ce qu'on appelle traditionnellement une timidité exagérée, gênante ou handicapante. Certaines personnes souffrant de phobie sociale ont peur de nombreuses situations sociales alors que ces difficultés sont limitées aux situations de performance chez d'autres (situation où l'on est jugé ou évalué par les autres). On parle alors de phobie sociale de performance. Contrairement à d'autres troubles psychiatriques, on ne retrouve pas d'idées de persécution. Ces patients sont particulièrement vulnérables à d'autres troubles mentaux comme la dépression, les dépendances. Souvent, la phobie sociale apparaît précocement. La moitié des patients l'ont développé avant l'âge de 11 ans et 80 % avant l'âge de 20 ans. Un diagnostic précoce pourrait aider à diminuer les symptômes et le développement de problèmes associés. Plusieurs facteurs peuvent se conjuguer pour provoquer un état de phobie sociale: physiologiques, biographiques, caractérologiques, environnementaux, comportementaux (mode de vie). Chacun d'eux n'étant pas suffisant pour être considéré comme pathologique.

Tic Les tics sont des mouvements compulsifs surprenants par leur caractère brusque et inapproprié à la situation. Un tic présente ordinairement les caractères suivants :

- suggestibilité : le degré d'émotivité et l'attention du sujet influent sur le déclenchement du tic,

- involontaire ou semi-volontaire : le tic est spontané ou parasite un mouvement délibéré,

- suppressible temporairement : le tic répond passagèrement à un effort de contrôle,

- besoin réalisé (« urge to move »), - rémittent : la fréquence des tics connaît des diminutions passagères.

Le stress, la fatigue, la nervosité ou l'ennui peuvent être des facteurs déclencheurs de tics. Certaines maladies neurologiques sont caractérisées par des tics à répétition.

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Trouble des conduites Un trouble des conduites est une catégorie psychiatrique marquée par un degré de comportement répétitif dans lequel le droit des autres ou la norme sociale est bafouée. Les symptômes incluent une agression verbale ou physique, un comportement cruel et agressif (envers les personnes ou animaux), un comportement destructeur (mensonges, fraudes, vandalismes et vols). Le trouble des conduites est très proche de la psychopathie, un trouble de la personnalité caractérisé par un manque anormal d'empathie.

Trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité Le trouble du déficit de l'attention (TDA) est caractérisé par des problèmes de concentration. On l'appelle trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) lorsqu'il s'accompagne d'hyperactivité ou d'impulsivité. L'enfant inattentif peut sembler ne pas écouter quand on lui parle. Il a tendance à ne pas obéir aux consignes ou à être facilement distrait. Il a des difficultés à organiser ses travaux et ses activités. Il évite ou fait à contrecœur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu. Il perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités. Il aime souvent courir ou sauter dans des situations où cela n’est pas approprié. Il a des difficultés à attendre son tour. Il se précipite pour répondre aux questions sans attendre qu’on ait terminé de les poser. Ces symptômes auront tendance à se majorer dans les situations qui exigent un effort intellectuel et/ou d’attention, dans les situations monotones ou non structurées ou encore en cas de fatigue. À l'inverse, ils diminueront en situation duelle, en situation nouvelle ou si une récompense est prévue ou en cas de renforcement fréquent des comportements appropriés.

Trouble réactionnel de l'attachement de l'enfance Le trouble réactionnel de l'attachement de l'enfance est caractérisé par un comportement social déséquilibré et inapproprié dans la plupart des contextes relationnels. Il peut prendre la forme d'un défaut constant d'initiative ou de réponse à la plupart des interactions sociales sous sa forme qualifiée d'inhibée, ou peut, au contraire se caractériser par une absence de discrimination sociale, comme une familiarité excessive avec des inconnus, dans sa forme désinhibée.

Troubles obsessionnels compulsifs TOC Le TOC est un trouble anxieux caractérisé par la présence d’obsessions ou de compulsions ou des deux. Toute pensée, image ou impulsion envahissante, non désirée et répétitive, qui crée un sentiment de détresse difficile à maîtriser, peut devenir une obsession.

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TROUBLES EMOTIONNELS

OU COMPORTEMENTAUX

SYMPTÔMES FREQUEMMENT RENCONTRES

Difficultés

scolaires Stress

Agressivité

Impulsivité Dévalorisation

Agitation

motrice ou

trouble

Dysfonction

nement

social

Anxiété Frustration Intériorisation

Anxiété de séparation X X X X X X X X

Bégaiement X X X X X X X X

Encoprésie X X X X X X X X X

Enurésie X X X X X X X

Mutisme sélectif X X X X X X

Phobie sociale X X X X X X X X

Tic X X X X X X X X

Trouble des conduites X X X X

Trouble du déficit de l’attention avec

ou sans hyperactivité X X X X X X X

Trouble réactionnel de l’attachement X X X X X X X

TOC X X X X X X X X

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2.5.3. Les troubles des apprentissages Près de 20% des enfants présentent des difficultés scolaires. Les causes en sont multiples. Parmi elles, les troubles spécifiques des apprentissages sont souvent méconnus, ils concerneraient au moins 5 à 6 % des enfants, soit un enfant par classe. Les troubles des apprentissages sont sources de difficultés de communication, d’intégration scolaire et sociale, avec des répercussions à la fois sur le vécu individuel de l’enfant (souffrance psychologique, anxiété, fatigue, perte de confiance en soi, de l’estime de soi) et sur le vécu familial. Même lorsque ces troubles sont considérés comme spécifiques ou développementaux, leur origine est souvent plurifactorielle. Ils nécessitent une approche diagnostique et une prise en charge pluridisciplinaire coordonnée. Des rééducations appropriées, un accompagnement des parents, des adaptations pédagogiques et un soutien psychologique sont essentiels pour l’enfant, son entourage familial. Définition des troubles des apprentissages: Les troubles des apprentissages correspondent à une atteinte durable et persistante affectant une ou plusieurs fonctions cognitives. Ces troubles cognitifs neuro-développementaux perturbent l’acquisition, la compréhension, l’utilisation et le traitement de l’information verbale ou non verbale. Ils surviennent chez un enfant d’intelligence normale et normalement scolarisé.

L’estime de soi et les troubles des apprentissages :

L’estime de soi se construit par le jugement que l’on porte sur soi et dans le

regard des autres. Néanmoins l’estime de soi est quelque chose de

profondément personnel.

Dans le cadre scolaire, la répétition des commentaires négatifs va attaquer

dangereusement la confiance de l’enfant mais aussi la confiance qu’il pouvait avoir

envers les adultes.

Le trouble de l’estime de soi a des répercussions sévères sur le parcours scolaire.

Convaincu d’emblée qu’il ne sait pas ou qu’il ne pourra pas faire, il bloque toute

possibilité de mobiliser ses capacités pour surmonter les difficultés. L’échec progressif

qui va s’installer va le conforter dans ses convictions qu’il est incapable de réussir.

Souvent l’enfant face au travail scolaire va fuir devant la difficulté. Les stratégies

d’évitement mises en place lui permettent de ne pas se retrouver confronté à ses

propres limites et à son sentiment d’incompétence. La spirale de l’échec est difficile

à enrayer. Un diagnostic de troubles de l’apprentissage ne peut se faire sans

diagnostic différentiel avec un trouble psychologique. Et lorsqu’un trouble spécifique a

été repéré, il ne faut jamais en occulter les répercussions psychologiques. Le cognitif

est étroitement intriqué à l’affectif et réciproquement. Toute situation

d’apprentissage entraîne une forte mobilisation affective qui va interférer avec les

processus cognitifs. Une problématique affective peut littéralement bloquer toute

possibilité de penser et d’activer ses compétences.

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Quelques définitions de troubles des apprentissages :

La dyslexie/dysorthographie : trouble d’apprentissage du langage écrit (lecture et transcription). La dysphasie : trouble du développement de la parole et du langage entraînant une restriction notable d’acquisition du langage expressif (ce que l’on produit) et/ou réceptif (ce que l’on comprend). La dyspraxie : trouble de la planification et de l’automatisation des gestes volontaires. La dyscalculie : trouble des outils de logique mathématiques. Le T.D.A.H : trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité. Les troubles des fonctions exécutives : trouble de la planification, du traitement séquentiel et de la mémoire de travail. Les élèves concernés par ces troubles peuvent avoir besoin d’aménagements individualisés dans leur scolarité et parfois dans leur vie sociale, d’où la nécessité d’un repérage précoce. La réussite scolaire constitue un enjeu central et un élément essentiel de l'exercice de la citoyenneté. Le développement de compétences langagières et linguistiques est un facteur déterminant dans l'élaboration des processus de communication et de conceptualisation. Conclusion Partie I : La difficulté psychologique, quel que soit son degré de gravité, va avoir des répercussions sur le bien-être général de l’enfant et de l’adolescent mais également sur ses capacités d’apprentissage et sur son investissement scolaire. Quand la difficulté scolaire n’est pas traitée, la violence, la phobie scolaire et le décrochage scolaire peuvent s’installer. L’élève est vulnérable s’il ne possède pas d’outils, de ressources intérieures pour gérer ses émotions. Cependant, il est possible de permettre aux élèves de se remotiver pour l’apprentissage, de se démotiver pour la violence et d’accéder à un certain bien-être.

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Symptômes et incidences des différents troubles abordés: anxiété, stress, perte de l'estime de soi et de confiance en soi,

agressivité, colère, impulsivité, tristesse, difficultés relationnelles, retrait social, peurs, phobies, dépression, réactions excessives,

déficit d'attention, difficultés scolaires ...

Intérêts de l'utilisation dans un but thérapeutique de la

Méthode Educative 3 C

Intérêts de l’utilisation de la Méthode Educative 3C pour apaiser certaines symptomatologies des troubles abordés

Potentialités

accrues

Meilleur

relationnel

Bonne

humeur

Bien-être,

positivité

De respiration émotions, pensées et

agitation motrice apaisées,

concentration et recentrage

De structure rythme conscientisé,

concentration, attention,

structuration du fonctionnement

Spécifiques joie, confiance en soi, liberté, amour,

estime de soi, force, courage, volonté,

persévérance

D’équilibre concentration,

confiance en soi et équilibre entre

physique, mental et

émotionnel

Physiques souplesse du corps, tensions physiques évacuées, mental et

émotions calmés

De concentration et d’attention capacités

d’apprentissage améliorées, agitation

réduite

De relaxation bien-être, détente,

apaisement physique, mental,

émotionnel

Types d’exercices et leurs effets bénéfiques

Avantages des exercices

Ludiques

et variés Simples

et rapides Créativité

meilleure

Confiance

et volonté

Discrets

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PARTIE II : EXPERIMENTATION DE LA METHODE EDUCATIVE 3C APPLIQUEE AU SEIN DU CMP / CATTP

Au départ, je cherchais et souhaitais trouver une méthode simple et rapide à utiliser en cours de séance de rééducation pour calmer l’agitation de l’enfant sur les trois plans et favoriser la concentration et l’attention nécessaires à l’accès aux apprentissages. Par la suite, d’autres utilisations possibles se sont révélées pertinentes. J’ai donc pu partager ces exercices de différentes manières au sein du CMP :

- juste avant les rééducations en orthophonie, - dans le cadre d’ateliers thérapeutiques avec un groupe de préadolescents, - en séances individuels pour un accompagnement plus spécifique, - lors d’une séance d’initiation pendant un séjour thérapeutique.

1. Méthode Educative 3C et orthophonie Pour certains enfants particulièrement agités au niveau moteur, pour ceux distraits à cause de soucis personnels et pour ceux ayant des difficultés de concentration et d’attention, j’ai proposé deux ou trois exercices de la ME3C. Ils se placent en début et en cours de rééducations orthophoniques afin de mettre les enfants en conditions d’apprentissage.

1.1. Observations concernant l’utilisation d’exercices ME3C pendant la rééducation orthophonique

Ces exercices de ME3C installent un climat de calme et d’apaisement très appréciable avant la rééducation, autant pour moi que pour le patient. Ensuite, l’enfant conserve pendant un certain temps les bienfaits des exercices. Lorsqu’ils en ressentent le besoin, certains en refont un spontanément pour retrouver cet état de bien-être ou de mieux être (exercices de respiration, de recentrage ou la statue). Parfois, il suffit que j’énonce le constat de son agitation pour que le patient exécute un exercice afin de se calmer. Cette réponse conditionnée, utilisation volontaire d’un exercice ME3C, permet de régler volontairement une difficulté incontournable habituellement. Cette attitude met en évidence l’appropriation et l’utilisation automatique d’un outil, par l’enfant, lui permettant de gérer une situation donnée. Les explications des effets des exercices, ainsi que les indications des situations d’utilisation, rendent les enfants plus autonomes. La redondance dans la pratique crée l’automatisation et la prise de conscience des bienfaits. Par contre, l’enfant ne doit pas être noyé dans un trop grand nombre d’exercices, sinon il est perdu lorsqu’il doit en choisir un au moment voulu. Certains utilisent les exercices ME3C à la maison ou à l’école au grand étonnement des parents. Une mère m’a raconté que son fils de 8 ans, pendant ses devoirs à la maison, se sentant trop agité, lui a demandé une pause pour faire des respirations, s’est allongé et s’est exécuté à la grande surprise de sa mère. Lorsqu’un enfant n’est vraiment pas en état émotionnel de travailler, j’ai déjà eu à proposer des exercices et/ou une relaxation, toujours bien accueillis.

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1.2. Récapitulatif des exercices proposés en fonction du profil des patients et des manifestations observées

Profils des patients Manifestations observées Exercices ME3C proposés

Agitation motrice

▪Corps en mouvements

permanents,

▪Touche à tout,

▪Ne reste pas assis.

La statue

Le miroir

L’arbre

Bien respirer c’est bien vivre

Respiration complète

Retour au calme

Manque

d’attention/concentration

▪Mobilisation cognitive

irrégulière,

▪ Intérêt fluctuant,

▪ « Absences» par rapport à la

tâche ou à la consigne.

Je me recentre

Respiration alternée

Respiration de la montagne ou équilibrante

Respiration rythmée Respiration complète

Je suis attentif

La statue

Manque de confiance

▪Répète « je ne sais pas »,

▪ Ne répond pas de peur de se

tromper,

▪ Parle à voix basse,

▪ Nombreuses hésitations,

▪ Se rétracte vite, doute.

Je suis fort

La montagne

L’arbre

Etirements de la joie

Respiration du sourire

Bien respirer c’est bien vivre

Respiration complète

Manque de motivation

▪ Apathie,

▪ Résignation,

▪ Ennui,

▪ Opposition passive,

▪Manque d’investissement.

Etirements de la joie

La respiration du sourire

Bien respirer c’est bien vivre

Respiration complète

Le miroir

Je suis fort

La montagne

L’arbre

Perturbations

émotionnelles

▪ Tristesse,

▪ Angoisse,

▪ Stress,

▪ Préoccupations autres.

Le bûcheron

Etirements de la joie

Respiration du sourire

Respiration complète

Respiration de la paix

Je suis fort

La montagne

L’arbre

Bavardage ▪ Logorrhée,

▪ Passe d’un sujet à l’autre.

Statue

Je suis attentif

Le miroir

Bien respirer c’est bien vivre

1.3. Conséquences sur la rééducation

La rééducation se déroule dans de meilleures conditions, puisqu’au départ, ces exercices sont le plus souvent bien accueillis par les enfants. L’objectif est de conserver leurs bienfaits pour entrer sereinement dans la rééducation. A ce moment, l’enfant est recentré, calme et attentif à ce que je lui propose. Dans le cadre d’un fonctionnement ritualisé et systématique, l’automatisation et le transfert apparaissent. Les acquisitions se font dans de meilleures conditions et les deux protagonistes sont plus en phase. Lorsque c’est nécessaire, je peux, en cours de séance, refaire un exercice pour recentrer, dès réapparition des manifestations perturbatrices.

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2. Méthode Educative 3C avec un groupe de préadolescents Compte tenu de l’augmentation des troubles et difficultés émotionnels, j’ai choisi un groupe de 8 préadolescents, âgés de 9 à 13 ans, présentant ce type de problématiques.

2.1. Etapes de la mise en place du projet

- Rédaction du projet et demande de devis pour les tapis et les coussins (pour soumettre à la direction et accompagner le courrier au maire),

- Recherche d’une salle carrée vide de minimum 50 m2 : o Rédaction et envoi d’un courrier au maire, o Visite de salles et signature d’une convention avec la mairie.

- Sélection des enfants orientés par l’équipe du CMP/CATTP : o Prise de connaissance du dossier de chaque enfant, o Appel des parents.

- Réunion avec les parents concernant les modalités de l’atelier (cf annexe : Réunion avec les parents) :

o Présentation de la méthode, o Objectifs généraux, o Population concernée, o Liste du matériel, o Informations pratiques, o Documents à remplir : autorisations diverses.

- Rencontre avec les préadolescents : o Présentation de la méthode, o Exercices me3c de mémorisation des prénoms, o Signature du code de conduite, o Discussion autour de mots-clés, o Documents d’auto-évaluation à remplir, o Objectif prioritaire de chacun.

- Une séance par semaine le mercredi de 13 à 14h de janvier à juin : o Préparation de chaque séance (cf. annexe : Fiche séance ME3C) o Accueil des préadolescents, o Préparation de la salle, o Séance proprement dite, o Analyse avec ma collègue co-animatrice du déroulement de la séance, o Rédaction du compte rendu de la séance (cf. annexe : Fiche de suivi).

- Rencontre et bilan de fin d’année : o Questions sur la ME3C, o Questions sur les exercices pratiqués, o Propositions d’exercices ME3C par rapport aux mots-clés, o Fiches d’auto-évaluation et questionnaire bilan à compléter, o Expliciter si l’objectif initial a été atteint, o Distribution du livret d’exercices, o Moment de partage.

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2.2. Profils des préadolescents Les 8 adolescents présentent des histoires difficiles : décès d’un proche, problèmes de filiation, hypersensibilité, maladies ou handicaps, conditions de vie peu sécurisantes, insuffisances de cadre ou d’organisation au sein de la famille, ... Leurs difficultés, qu’ils ont majoritairement identifiées et évoquées, sont variées et se situent au niveau :

- de l’émotionnel : gestion des peurs, des frustrations, de la colère, de l’agressivité, de l’anxiété,…

- de l’attention et de la concentration, - de la confiance en eux, - de l’estime de soi, - du relationnel : violence, timidité, pleurs réactionnels, opposition, - de l’agitation motrice, - des difficultés scolaires et de mémoire, …

2.3. Objectifs qu’ils souhaitent atteindre majoritairement

Les fiches d’auto-évaluation, remplies lors de la première rencontre, ont mis en évidence de grandes tendances au niveau des objectifs attendus :

- devenir plus calme et apprendre à me relaxer, - contrôler mes réactions et avoir de meilleures relations avec les autres, - m’entraîner à la concentration et avoir de meilleurs résultats scolaires, - développer ma mémoire et ma confiance en moi.

2.4. Première rencontre avec le groupe

Lors de la première rencontre, dans le cadre d’une activité ludique, chaque patient devait tirer au sort un mot-clé. Il devait le lire, dire s’il se sentait concerné, expliciter une situation vécue en lien avec le mot et sa réaction pour en sortir. Les autres complétaient ou donnaient leur avis.

Mots-clés Réactions proposées

Fatigue Boire du jus, se mouiller le visage, dessiner.

Tristesse Penser à autre chose, s’isoler, dessiner.

Manque de confiance en soi Eviter de lever le doigt en cas de doute, se bloquer

Insister, recommencer, réessayer.

Bavardage Changer de place, se mettre à côté de quelqu’un qui ne parle pas,

chercher à faire une activité passionnante.

Manque de concentration Faire une sieste si la fatigue est en cause, arrêter et reprendre la

tâche plus tard.

Angoisse, peurs Respirer.

Timidité Se parler à soi-même, se valoriser.

Agressivité Pleurer, se battre

Agitation ???

Manque de volonté,

motivation ???

Difficultés scolaires Demander de l’aide

Problème de mémoire ???

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2.5. Objectif principal et personnel de chaque préadolescent

A la fin de cette première rencontre, chacun devait exprimer l’objectif principal qu’il tenterait d’atteindre grâce à la pratique de la méthode :

- Avoir confiance en moi, - Maîtriser mes peurs, - Être moins triste, - Gérer mon agressivité, - Savoir contrôler mes réactions, - Arrêter de m’énerver, - Réussir à me calmer, - Améliorer mes résultats scolaires et réduire mon agressivité.

2.6. Importance de la structure

Le cadre est important pour les enfants et adolescents qui ont besoin de structures, de règles. Sinon, ils évoluent dans le chaos, ce qui n’est pas sécurisant. Cette méthode, grâce au code de conduite qui liste des règles à respecter pendant la séance, permet aux enfants de savoir exactement ce que l’on attend d’eux. Lors de la première rencontre, le code de conduite a été lu par les enfants, explicité par mes soins et signé par eux. Des rappels ont été faits en début de séance, la répétition construisant la mémorisation.

Il s’agissait aussi d’instaurer des rituels concernant l’organisation de l’atelier. Lorsqu’ils arrivaient, ils devaient se changer, installer leur serviette sur le tapis, ranger leurs effets, passer aux toilettes, boire et se déchausser avant d’entrer en silence. Au moment du départ, ranger leur tapis et récupérer leurs affaires.

L’organisation de l’espace : l’arrangement des tapis et des coussins en cercle apporte un cadre spatial apaisant. De plus, tous les participants se voient, favorisant le relationnel et le « faire ensemble ». Cette disposition apporte un côté ludique, convivial et structurant à l’atelier. Il fallait aussi réunir les conditions favorables de température (ventilateur), d’éclairage, d’esthétisme, d’ordre,… de la salle afin de renvoyer des impressions positives et de donner envie.

La structure dans le temps passe par la chronologique du déroulement de la séance. Elle sécurise car apporte des repères temporels : rappel des règles du code de conduite, salut, exercices, relaxation finale, cercle du respect et salut.

La répétitions des exercices rassure et permet la mémorisation, l’intégration des exercices pour un meilleur lâcher-prise et un ressenti plus intériorisé.

Les exercices de structures et de rythmes sont ludiques mais nécessitent de la concentration.

Le salut est une marque de respect et identifie le début et la fin de la séance.

Le cercle du respect est le moment où l’enfant peut exprimer ses ressentis, ses difficultés, ses questions. Il est aussi régit par des règles afin que le tour de parole soit respecté, que le locuteur soit écouté et que sa parole soit respectée. Avant de parler, il doit compter trois secondes, ce qui lui permet aussi d’exercer un contrôle sur la parole et de prendre le temps de penser ce qu’il s’apprête à dire.

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Cet exercice est intéressant pour cadrer les bavards, les enfants impulsifs, impatients ou qui manquent d’inhibition. Les interventions étaient positives, en général, les préadolescents appréciaient tous les exercices et se sentaient bien après la séance. Même lorsqu’ils avaient semblé être en difficultés, ils manifestaient leur satisfaction quand même.

Le respect du silence pendant les exercices n’est pas évident pour certains préadolescents et peut les perturber au départ. Les enfants sont habitués à vivre dans le bruit. Le silence favorise le calme et l’intériorisation. Au fil des séances, ils y prenaient plaisir et vivaient mieux les exercices. De ce fait, lorsqu’ils sont invités à parler pendant le cercle du respect, leur voix manquait souvent d’intensité.

2.7. Exercices travaillés pendant les séances en groupe

Globalement, les difficultés relevées pendant les séances se situent au niveau : du respect des règles, de l’écoute des consignes, de la tenue de la position du dos, du maintien des yeux fermés. Ce tableau présente les exercices travaillés en groupe, leurs visées en adéquation avec les attentes des préadolescents et les difficultés que certains ont pu rencontrer lors de la pratique des exercices.

Exercices travaillés Objectifs des exercices Difficultés relevées

Mémorisation des prénoms

Montrer que la répétition favorise la mémorisation.

Peur de ne pas y arriver, Manque de confiance, Timidité, Manque de concentration et d’attention.

Respiration abdominale Respiration thoracique Respiration complète

Pour se calme, Pour sortir de l’émotionnel, Pour un bien-être général.

Manque de contrôle, de coordination des zones sollicitées, Gestion de la durée des respirations.

Je me recentre Pour équilibrer le cerveau et se concentrer afin d’être en condition de travail.

Problèmes d’équilibre, Absence de maintien de la fixité du regard (ancrage de l’équilibre), Notions droite/gauche.

La respiration alternée simple

Pour se concentrer, Exercice assez discret pour l’école.

Position des doigts (respect des consignes).

La respiration de la montagne

Pour se concentrer, Exercice discret pour l’école.

Relâchement de la position du dos au bout d’un moment.

La respiration du sourire Pour le bien-être et la bonne humeur.

Sourire parfois difficile à obtenir.

La respiration de la paix Pour se sentir bien avec les autres et avec soi-même.

Maintien de la posture.

Je suis fort, j’ai confiance en moi, je suis

courageux

Pour améliorer la confiance en soi.

Maintien du dos.

L’arbre Pour un équilibre général. Equilibre.

La fleur, le papillon, le soleil

Pour le côté ludique, physique et joyeux.

R.A.S.

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Exercices travaillés Objectifs des exercices Difficultés relevées

L’abeille Pour se recentrer et se couper du bruit extérieur.

La présence d’autrui (ouverture rapide des yeux avant la fin de l’exercice).

La fontaine Pour sortir de la fatigue et avoir confiance en soi.

Suivre le rythme indiqué pour être synchronisé.

Le miroir Pour améliorer le relationnel et contrôler ses gestes.

Mal à l’aise lorsque exercice à 2 (sourires nerveux, regard fuyant).

La statue Pour se calmer au niveau physique, émotionnel et mental.

Rester immobile pendant un temps donné et maintenir la position du dos.

Je suis attentif

Pour sortir de l’agitation, des émotions et pensées négatives, pour développer l’attention (attention divisée).

Gestion sur la durée, Exercice pas assez physique pour certains.

Le bûcheron Pour sortir des émotions négatives notamment la colère.

Trop rapide, Respect de la chronologie des consignes.

Le coup de poing Pour évacuer les émotions négatives.

Anticipation des consignes.

Le pantin et le robot Pour apprendre le relâchement et prendre conscience des tensions.

Gêne et réserve au départ pour les plus âgés.

Etirements de la joie Pour faire confiance à la vie et être de bonne humeur.

Synchronisation des mouvements et des respirations.

Des mains qui font du bien (version longue)

Pour s’auto-masser et se faire du bien (se donner de l’attention et de l’amour).

Trop rapide dans la réalisation des mouvements.

Le nettoyage de la maison

Pour entretenir ses articulations et sortir de l’émotionnel ou du cérébral par le physique.

Notions droite/gauche, Certains mouvements (chevilles, hanches).

La danse africaine Pour prendre conscience du rythme et lâcher prise avec le physique.

La coordination des mouvements (les croisements).

Rythmes balles

Pour travailler la concentration, l’attention aux autres et la coordination des mouvements.

L’attention aux autres et le maintien du rythme, Synchronisation et coordination des mouvements.

Rythmes mains pieds Pour être attentif aux rythmes et aux autres.

Reproduction des structures rythmées, Attention et écoute.

La marche respiratoire Pour se concentrer sur le rythme et la respiration.

Respect des consignes et maintien du rythme.

La répétition des exercices amène un confort progressif et une diminution voire une disparition de certaines difficultés. Cette évolution positive est très valorisante, elle apaise et augmente l’estime de soi et la confiance en soi. Certains exercices sont attendus et réclamés par ces jeunes qui y puisent ce dont ils ont besoin pour s’élever.

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Les préadolescents sont accompagnés pour s’améliorer, chacun reçoit sa part d’attention lorsqu’il est observé, corrigé, motivé dans la bienveillance. Il fait ce qu’il peut, du mieux qu’il peut c’est la seule exigence. Même lorsque l’exercice n’est pas parfaitement réalisé, dès que le jeune en tire du plaisir, de l’apaisement, du bien-être ou un apport positif quel qu’il soit c’est toujours positif.

2.8. Relaxations proposées pendant les séances en groupes

La relaxation finale est le dernier exercice de la séance, elle constitue un moment de détente et de lâcher-prise en position allongée, le plus souvent accompagnée d’une musique apaisante. C’est un moment très agréable et qui fait en général l’unanimité.

Relaxations Objectifs Difficultés relevées

Je flotte sur les vagues

Pour se détendre et lutter contre l’anxiété, Pour ceux qui n’arrivent pas à rester immobiles pendant une relaxation.

Mise en place longue m’obligeant à répéter plusieurs fois les indications, Position couchée sur le dos (volonté de mettre la tête sur un côté ou le corps en position latérale), Résistance aux consignes (tentatives de se coucher sur le ventre ou la tête au centre plutôt qu’à l’extérieur du cercle), Absence d’oreiller (tentatives d’utilisation du coussin comme oreiller), Agitation physique avant de rentrer dans la relaxation, Maintien des yeux fermés (les yeux ouverts comme pour éviter de perdre de vue la réalité ou les autres, de s’intérioriser), Endormissement qui entraîne des difficultés de réveil ou un réveil brusque.

Le ciel dans la tête et le soleil dans le cœur

Libérer les tensions mentales et émotionnelles.

L’oiseau libre Pour se sentir important et unique, pour l’estime de soi, pour se sentir plus libre, léger et joyeux.

La force du cheval Pour développer la confiance en soi et pour se libérer de la peur et du sentiment d’insécurité.

Je me remplis d’amour Pour apprendre à s’aimer et développer l’amour en soi.

Mon château fort (version psychologique)

Pour aider à chasser les peurs, les soucis, ce qui les rend tristes.

Les ballons Pour se détendre, pour sortir de l’anxiété et de l’inquiétude.

L’île aux trésors Pour avoir confiance en soi, en la vie, pour développer la créativité et se sentir plus libre.

La montgolfière Pour se libérer des tensions physiques et psychologiques.

Les résistances s’estompent et ils s’autorisent à profiter des bienfaits de la relaxation et lâchent prise en s’abandonnant, en se laissant guider et sans se soucier des autres.

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2.9. Mes ajustements face à certaines difficultés Non-respect Relâchement de Temps insuffisant des règles la posture

Observations puis ajustements

Gêne, timidité ou Exécution difficile Agitation Réserve d’un exercice

▪ Rappeler la règle,

▪ Envoyer le jeune à

l’espace du silence si

le comportement

persiste afin qu’il

prenne conscience de

son comportement, …

▪ Remaniement de

l’ordre et suppression

d’exercices,

▪ Ecourter pour avoir le

temps de conclure

avec la relaxation, …

▪ Répéter les indications,

▪ Corriger de manière

individuel,

▪ Dire les bienfaits,

▪ Indiquer les

conséquences des

mauvaises postures, …

▪ Rassurer,

▪ Motiver,

▪ Etre dans la

bienveillance et en

confiance, …

▪ Reprise des

indications,

▪ Décomposer l’exercice

par étapes,

▪ Corriger de manière

individuelle,

▪ Proposer une variante,

▪ Raccourcir l’exercice.

▪ Rappeler la règle,

▪ Envoyer le jeune à

l’espace du silence

afin qu’il prenne

conscience de son

comportement, …

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2.10. Progression du groupe au fil des séances Les préadolescents étaient plutôt réguliers. Deux enfants étaient particulièrement en difficultés par rapport au respect des règles et essayaient sans cesse de les braver. Ceux-là étaient absents plus fréquemment mais revenaient tout de même (problèmes de transport évoqués). Des entretiens en fin de séance, en individuel avec chacun, ont dû être faits pour les amener à réfléchir sur leurs comportements et afin qu’ils apprennent à respecter les règles, les exercices et les autres participants.

Ces enfants ont été déplacés dans le cercle et rapprochés des adultes afin de limiter leurs débordements. Ces réactions de rébellion, de prestance, de tests par rapport au cadre fixé sont des demandes d’attention à l’adulte, des appels à l’aide, manifestation d’une souffrance. Les autres très concentrés, ayant conscience de la raison de leur présence et souhaitant atteindre leurs objectifs pour se sentir mieux, ne se sont guère laissés entraîner. Par contre, en l’absence des jeunes les plus en difficulté, il régnait un climat de sérénité, de paix et d’apaisement. Les préadolescents se laissaient guider en toute confiance.

Progressivement, à force de répétitions, de bienveillance, de patience et de confiance, les règles sont respectées et intégrées. Ce qui, pour certains nécessitent un véritable effort de contrôle et de maîtrise ainsi qu’un changement de positionnement. L’abandon des actes, des réactions habituels et surtout l’abandon des « bénéfices secondaires » qui y sont liés, c’est-à-dire par exemple l’obtention de l’attention d’autrui à n’importe quel prix, nécessite la prise de conscience du mal-être vécu et du bien-être physique émotionnel et mental apporté par les exercices. A ce moment, lorsque ces sensations de paix, de joie, de confiance sont ressenties, il est plus aisé de faire le choix de l’autonomie en se donnant de l’attention à soi-même afin de se gérer pour un mieux-être (gérer son propre monde intérieur).

Au départ, les préadolescents se contentent des bienfaits apportés par la séance hebdomadaire. Puis, ils commencent à utiliser les exercices de respiration et le bûcheron dans des situations bien précises (colères, conflits, pour se détendre) à la maison ou à l’école. Je leur ai proposé sur deux séances consécutives, en début d’atelier, des explications détaillées sur les bienfaits de la respiration (cf. annexe : Note explicative sur la respiration).

J’ai pris conscience qu’il faut du temps pour automatiser les exercices et pour qu’ils deviennent un recours spontané en cas de besoin au quotidien. Pour cette raison, afin qu’ils puissent être utilisés en toutes circonstances, j’ai proposé quelques exercices possibles en toute discrétion tels que la respiration abdominale, thoracique, complète, alternée, de la montagne, du sourire, la statue, je suis attentif, je suis fort.

La présence et la participation d’un autre adulte encadrant, collègue éducatrice spécialisée, a permis un autre regard, d’autres observations et une intervention individuelle si nécessaire pour m’éviter d’arrêter l’atelier et de casser le rythme de la séance. Nos échanges de points de vue ont favorisé nos ajustements dans les situations complexes vécues en cours de séances.

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2.11. Bilan des préadolescents après 17 séances ME3C Des liens relationnels positifs se sont créés, un climat de bienveillance et de tolérance s’est installé entre les préadolescents. Des échanges avant le début et à la fin de l’atelier dans la sérénité et la sympathie ont été observés. La dernière rencontre a permis de travailler la mémoire et de faire des rappels : signification des 3C, objectifs de la méthode, situations d’utilisation des exercices, types d’exercices, noms des exercices pratiqués. Les réponses ont été plutôt satisfaisantes. Ensuite, une variante du jeu de la première rencontre leur a été proposée, chacun piochait un mot-clé, puis devait indiquer au moins un exercice de la ME3C possible dans la situation indiqué, aidé par ses pairs et complété par mes soins. Les plus réguliers étaient les plus prompts à répondre. Enfin, j’ai rappelé ensuite les réponses, en termes de réactions, qu’ils avaient données lors de notre première rencontre. Quelques exemples d’exercices ME3C proposés en réponses aux situations induites par les mots-clés :

- Fatigue → Respiration complète, la fontaine et exercices physiques. - Tristesse → Respiration du sourire, étirements de la joie. - Manque de confiance en soi → Je suis fort, j’ai confiance en moi, fontaine. - Bavardage → Statue, exercices de respiration. - Manque de concentration → Respiration alternée, de la montagne, je me

recentre. - Angoisse, peurs → Respiration thoracique et complète, je suis fort, je suis

courageux. - Timidité → Respiration de la paix, je suis fort, j’ai confiance en moi, je suis

courageux. - Agressivité → Bûcheron, coup de poing, pantin-robot, respiration complète. - Agitation → Statue, l’arbre, l’abeille, exercices de respiration, relaxation. - Manque de volonté, motivation → Etirements de la joie. - Difficultés scolaires → Exercices de concentration. - Problèmes de mémoire → Exercice de répétition.

Cette réflexion leur a permis de se mettre en situation, de se questionner sur les options possibles et sur l’exercice que chacun aurait choisi en fonction de ses préférences. Je signale tout de même que les objectifs des exercices sont répétés brièvement à chaque séance. Il s’agissait donc de partir d’une situation et de trouver l’exercice approprié. Ces rappels permettent de renforcer la mémorisation et de prendre conscience de la variété des exercices proposés. L’objectif est qu’ils en sélectionnent quelques-uns qui s’automatiseront et deviendront comme un réflexe. Ceci pour éviter les loupés et l’embarras du choix au moment crucial.

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2.12. Témoignages des préadolescents et des parents Les préadolescents ont évalué leur évolution entre la première et la dernière rencontre, au travers de fiches d’auto-évaluations et d’un questionnaire bilan. Quelques témoignages de parents ont été récoltés le dernier jour.

Témoignage Ado A : Evolution positive dans tous les points cités ci-dessus mais stagnation des problèmes de mémoire. « Je pratique peu. Je venais aux séances en confiance, me sentais détendu pendant la séance et préférais la relaxation finale. Depuis que je pratique, je suis moins agressif et plus calme grâce aux exercices. En dehors des séances, j’utilise les respirations en athlétisme quand je suis essoufflé. J’aime les exercices de respiration qui m’aident à sortir de mes colères ».

Parent : « J’ai remarqué que mon fils a fait de nets progrès dans sa façon de gérer les choses. Il se porte souvent volontaire et est plus calme. Il aime la paix autour de lui et n’aime pas être stressé. Il a pris confiance en lui et a mieux travaillé au niveau scolaire cette année. Il gère ce qui se passe autour de lui sans stress. »

Commentaire personnel : Adolescent réservé, peu souriant et secret. Malgré sa présence irrégulière, il a fait de gros progrès en terme de relation à l’autre (très gêné et perturbé lors des exercices à deux), par rapport à son inhibition (impossibilité de faire le bûcheron : exercice qu’il réalisait sans émettre le moindre son), par rapport aux exercices physiques (pas à l’aise dans son corps, manque de coordination et de tonus au niveau du dos). Son exercice préféré était la relaxation, il s’endormait souvent au bout d’un moment. Pendant les dernières séances, il était mieux dans son corps, plus souriant, poussait le cri du bûcheron et entrait en interactions avec les autres plus facilement.

Témoignage Ado B : Evolution positive au niveau de la gestion des peurs, de la tristesse et de la fatigue mais stagnation au niveau des difficultés scolaires. « Je pratique surtout pour gérer ma timidité. Pendant les séances, je me sentais relaxé et préférais la relaxation finale. Après, je me sentais bien. Depuis que je pratique, j’ai plus confiance en moi. Je fais des exercices de respiration et l’exercice de la statue ponctuellement, en cas de besoin. Mon exercice préféré est le bûcheron pour sortir des émotions négatives ».

Parent : « Mon fils ne parle que très peu de ce qu’il fait lors des séances ME3C mais je constate depuis quelques temps qu’il a plus d’assurance et se laisse moins embêter dans son établissement scolaire. Il répond plus facilement à l’oral en classe. Il est plus serein et semble moins triste ».

Commentaire personnel : Au départ, il lui était impossible de rester immobile, de tenir la position assise le dos droit, de ne pas « jouer » avec le tapis, de rester en position de relaxation sans s’agiter. Puis progressivement, il a pu contrôler ses mouvements, tenir les positions et rentrer dans la relaxation. A l’école, il parvient à gérer les commentaires déplaisants d’élèves persécuteurs grâce aux exercices de respiration et de pensées positives. Il adopte un nouveau positionnement qui indique une amélioration de sa confiance en lui et il ne pleure plus. Il a été très assidu.

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Témoignage Ado C : Evolution positive au niveau de l’agitation, de l’angoisse et des peurs, de l’agressivité, de la tristesse, des problèmes de mémoire et de la fatigue. « Je pratique surtout pour avoir confiance en moi. Je me sentais détendu pendant et après la séance et préférais les exercices physiques. Depuis que je participe à l’atelier, je suis moins triste et moins timide. En dehors des séances, j’utilise les respirations car cela m’apporte calme et détente ».

Parent : « Mon enfant est très timide et secret. L’année scolaire dernière, il avait des difficultés pour certains devoirs où il fallait réfléchir. Depuis la ME3C, il est plus autonome mais il faut encore le solliciter pour se dévoiler. Malgré mes craintes, sa scolarité s’est bien passée. Au départ, il avait peur de venir, peur d’être interrogé sur son histoire devant les autres du groupe ».

Commentaire personnel : Enfant triste et renfermé au départ mais assidu qui ne souriait pas et ne discutait pas ou peu avec les autres (voix peu audible du fait de sa timidité, de sa réserve). Il s’est épanoui, tout en gardant sa personnalité réservée et est devenu plus souriant et plus ouvert aux autres.

Témoignage Ado D : Evaluation positive au niveau de l’agitation, des angoisses et des peurs, de l’agressivité, de la tristesse, des difficultés scolaires, des problèmes de mémoire et de la fatigue. « Je venais aux séances pour mon manque de confiance en moi. Je me sentais calme pendant et après la séance et mon exercice préféré était le bûcheron. Depuis que je pratique, je suis plus calme et fais moins de colères. En dehors des séances, j’utilise le bûcheron à la maison pour sortir de mes colères et je me sens bien ensuite ».

Parent : « Je suis agréablement surprise de son évolution au niveau de son comportement car il fait moins de colères, il est plus calme et serviable. Il semble plus heureux et plus détendu. Au niveau de son investissement scolaire, je suis très fière de lui et de ses progrès. Il est plus agréable à vivre ».

Commentaire personnel : Ce jeune a eu peur de venir au départ, peur du groupe, des plus grands et de ce qui allait lui être demandé. Il cherchait des échappatoires. Il a réussi à éviter adroitement les premières séances et lorsqu’il s’est enfin décidé et qu’il a dépassé ses peurs, il a été ravi et a tout de suite adhéré. Par la suite, il a été présent régulièrement. Il m’a confié spontanément que l’atelier lui faisait du bien et qu’il aimait comment il se sentait ensuite. Il a rapidement utilisé certains exercices à l’école et à la maison. Ses colères et son agressivité ont diminué. J’ai eu l’occasion, dans un autre contexte, de l’entendre dire à ses pairs que la violence ne servait à rien.

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Témoignage Ado E : Evolution positive au niveau de la concentration, de la confiance en soi, du relationnel et de la volonté. Du chemin reste à faire pour gérer les peurs qui surgissent par moments et les difficultés de mémorisation. « Je pratique pour améliorer mes capacités et prendre confiance en moi. Je me sentais bien pendant et relaxé après la séance. Ce qui m’a fait le plus de bien, c’est le calme et la relaxation durant l’atelier. Depuis que je pratique, j’ai pris confiance en moi et j’ai de meilleurs résultats scolaires. J’utilise les exercices de respiration complète et les étirements de la joie quand je suis triste ou quand je suis déçu par mes résultats scolaires ».

Commentaire personnel : Adolescent anxieux, discret et secret, ayant un grand manque de confiance. Très assidu et respectueux des règles, profitant complètement des exercices et suivant les consignes à la lettre. Très concentré et attentif pendant toute les séances. Adhésion complète.

Témoignage Ado F : Evolution positive au niveau de son agitation. « Je me sentais très bien pendant et plus détendu après la séance. Mon exercice préféré était le bûcheron. Depuis que je pratique, je suis moins en colère. En-dehors des séances, j’utilise les exercices j’ai confiance en moi et celui du bûcheron pour être plus calme ». Commentaire personnel : Au départ, la première séance a été normale, il a adhéré puis il a commencé à adopter un comportement de provocation par rapport aux autres et aux adultes (même comportement qu’à l’école). Il se positionnait en tant qu’électron libre ou en tant que leader. Il ne faisait pas les exercices ou uniquement ceux qu’il avait envie de faire (il vivait difficilement les contraintes, sa présence à l’atelier, les règles et les consignes étaient vécues comme telles). Il gardait en permanence les yeux ouverts et faisait au début l’inverse de ce qui était demandé. Après quelques entretiens où je lui exprimais ma confiance en lui, mais aussi l’importance du respect du code de conduite et le fait qu’il n’avait aucune obligation de venir. Il est devenu irrégulier, a disparu, puis est revenu de lui-même plus serein et son comportement s’est amélioré avec les adultes et avec les autres adolescents. Il participait à toute la séance et faisait plus ou moins tous les exercices en fermant un peu plus souvent les yeux. Il a participé activement à la dernière rencontre et à ma grande surprise, a exprimé que son objectif avait été atteint et qu’il était content de venir.

Les parents ont adhéré et leur motivation a été constante. Certains parents ont demandé pour d’autres de leurs enfants et la poursuite de l’atelier l’an prochain.

2.13. Bilan personnel de ma pratique des séances en groupe

Globalement, ma plus grande satisfaction est de constater qu’ils apprécient ce moment de calme, pendant lequel ils reprennent contact avec leur corps, ils prennent conscience des bienfaits de leur respiration, ils découvrent leur monde intérieur (pensées, émotions). C’est comme si je les guidais afin qu’ils fassent leurs premiers pas vers l’autonomie et le mieux-être. En général, ils aiment les exercices proposés (avec des préférences), ils se laissent guider et lâchent prise. Mon bonheur est d’assister aux changements qui s’opèrent en eux.

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Points positifs du déroulement des ateliers → Réception des tapis avant le début de l’atelier, → Compréhension rapide des parents de l’intérêt de la méthode pour leur

Enfant, → Respect des horaires, → Implication au niveau du matériel demandé aux parents,

Points négatifs du déroulement des ateliers :

→ Absences pas systématiquement signalées par les parents entraînant du retard (mise en place des tapis),

→ Ventilateur très bruyant, → L’irrégularité des présences crée des décalages et nécessite que je m’ajuste, → Matériel à transporter systématiquement avant et après l’atelier, éprouvant

physiquement. Différents types d’ajustements : La rédaction systématique du déroulement des séances m’a permis d’analyser et de m’ajuster au niveau de :

→ La pertinence des choix des exercices (efficacité, engouement, cohérence par rapport à la tranche d’âge, aux difficultés rencontrées, aux choix des variantes et aux attentes des jeunes),

→ La gestion de la quantité, de la durée des exercices dans le temps imparti, → Mes réactions, mon positionnement et mon fonctionnement par rapport à

certains enfants pour être à la fois ferme et bienveillante, → L’évolution du comportement de chacun, → Ma gestion du groupe et des enfants les plus en difficultés par rapport au

respect du cadre et des règles. J’ai travaillé et été aussi attentive à mes postures, à ma voix, à ma respiration, à la gestion de mes émotions et de mes pensées, à ma capacité à me recentrer et à renvoyer des impressions positives grâce à la bienveillance, au sourire, à l’attention portée à chacun, … J’ai pris conscience aussi que les moments de pauses et de silence étaient bénéfiques pour le groupe et aussi pour moi afin de leur donner le temps de ressentir ce qui se passe en eux en termes de calme, de détente, de bien-être sur les trois plans. Ces moments permettent de ressentir la respiration, les parties du corps, mais aussi la joie, la force, la volonté, la motivation, le courage, la confiance, l’amour, … La note explicative proposée sur la respiration leur a permis de mieux comprendre l’intérêt des temps de recentrage (respiration abdominale) et des nombreux exercices respiratoires (cf. annexe : Note explicative sur la Respiration).

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3. Méthode Educative 3C en accompagnement individuel

Le module supplémentaire « d’accompagnement individuel » de la formation ME3C offre une modalité d’intervention incontournable pour les enfants qui ne peuvent pas intégrer un groupe pour des raisons variées. Cette formule offre donc une alternative pour aider ces enfants.

3.1. Avantages de l’accompagnement individuel ME3C Cette modalité d’intervention permet :

▪ De cerner au mieux les problématiques et les attentes du parent et de l’enfant lors de deux entretiens séparés,

▪ D’élaborer des séances personnalisées, ▪ Des résultats rapides par rapport aux nombres limités de rencontres, trois

rendez-vous (un par semaine), ▪ D’orienter ensuite sur un groupe ME3C ou autre si nécessaire, ▪ Une autonomie plus rapide grâce à la fiche d’exercices (3-4 exercices) remise

à la fin de chaque rencontre. L’enfant doit les travailler à domicile tous les jours et remplir quotidiennement la fiche,

▪ De vérifier l’implication et la motivation de l’enfant, ▪ De vérifier, de corriger de façon fine l’exécution des exercices et de les adapter

en fonction des difficultés rencontrées par l’enfant grâce à la relation duelle, ▪ Un confort au niveau des interactions, des confidences spontanées, des

questions précises de l’enfant pour résoudre ses problématiques personnelles, ▪ La personnalisation des réponses apportées…

3.2. Exemple d’un Accompagnement individuel ME3C effectué au CMP

Enfant de 10 ans, agressif, colérique, avec des réactions violentes. Il n’aime pas rester seul et fait des cauchemars ou se réveille en pleine nuit sans pouvoir se rendormir. Les parents ont adhéré de suite, leurs attentes n’étaient pas les mêmes que celles de leur enfant. Il a fallu composer avec l’ensemble et dégager les priorités. Le remplissage des fiches d’auto-évaluation affine les objectifs. La séance avec les exercices et la relaxation s’est déroulé en toute sérénité, l’enfant était très réceptif aux exercices.

Je faisais attention à ses postures pour les ajuster, à ses mimiques pour l’interroger sur des douleurs éventuelles, à ses bâillements lors des respirations signe de détente, à l’immobilité du corps pendant la relaxation indication de lâcher-prise. J’étais à l’écoute de ses questions, de ses remarques pour y apporter des réponses claires. Après les séances, il dit se sentir calme, avoir aimé les exercices et il cite spontanément ceux qu’il a particulièrement appréciés.

Il a respecté le contrat initial et a pratiqué les exercices demandés à la maison. Les fiches ont été remplies mais il n’a pas fait de commentaire. Par contre, il a été capable d’expliquer oralement ce qu’il avait ressenti dans des situations précises.

Lors du bilan, l’enfant était satisfait et le parent très intéressé par la méthode à titre personnel. Je lui ai conseillé des adresses pour une poursuite éventuelle en groupe si l’enfant le réclamait et l’acquisition de CD de relaxation, l’enfant étant très friand d’un temps de détente après le déjeuner.

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4. Séance d’initiation ME3C pendant un séjour thérapeutique

Groupe de 10 enfants, âgés de 4 à 10 ans, très hétérogène au niveau des problématiques. J’ai été sollicitée afin d’animer une séance ME3C de découverte dans le cadre du thème « Travail du souffle et relaxation ».

J’ai débuté par une courte discussion autour de la respiration, impulsée par les questions suivantes : A quoi sert la respiration ? Comment respirons-nous ? Quels sont les différents types de respirations ? Pourquoi est-elle semi-autonome ou semi-automatique ? Les enfants ont bien participé et ont été attentifs aux explications. Puis, j’ai énoncé les bénéfices du contrôle de la respiration sur les émotions, les pensées et le corps. Ensuite, j’ai présenté la ME3C, donné la signification des 3 C et les types d’exercices proposés. Enfin, j’ai dicté quelques règles afin que l’activité se déroule dans les meilleures conditions.

La séance a débuté par le salut, puis des exercices ludiques, respiratoires et physiques (respiration abdominale, l’oiseau qui chante, la statue, le pantin et le robot, l’abeille, le bûcheron, le nettoyage de la maison), ensuite la relaxation finale (Dynamique type Jacobson et Escapade dans la nature), le cercle du respect et enfin le salut. Les enfants ont bien participé majoritairement.

Divers comportements ont émergé : - Recherche d’une attention exclusive, - Difficulté à respecter les règles établies, - Grand manque de confiance, - Manque d’autonomie, - Apaisement et calme, - Enthousiasme, - Capacité ou incapacité à suivre et à respecter des consignes pour la réalisation

des exercices.

Ceux qui ont participé jusqu’au bout, soit huit enfants sur dix, ont indiqué pendant le cercle du respect qu’ils se sentaient calmes et apaisés. Les exercices ont été appréciés et plutôt bien exécutés dans l’ensemble. L’apaisement a été général pendant la relaxation.

La salle était agréable, grande, propre et ventilée propice à la détente mais par contre, ouverte sur l’extérieur ce qui aurait pu les perturber davantage au niveau attentionnel. Il régnait une atmosphère de paix et de bienveillance.

Cet atelier d’initiation a permis de repérer ceux qui pouvait être orientés sur un groupe ME3C et ceux qui nécessiteraient plutôt un accompagnement individuel ME3C.

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5. Apports de la méthode en termes de développement personnel

5.1. Utilisations personnelles de la méthode

L’utilisation personnelle de la méthode passe par : - L’entraînement et la répétition des exercices afin de les connaître et de les

ressentir intérieurement pour mieux les partager, - L’usage de certains exercices dans des situations particulières du quotidien

(stress, émotions négatives, fatigue, besoin d’être concentrée, pour commencer la journée dans la joie, pour m’endormir...),

- Le travail et les exercices de développement personnel.

5.2. Savoirs et Connaissances

Pour appliquer la méthode, il faut en maîtriser les principes, les exercices, leurs bienfaits et les utiliser pour les conscientiser afin de les transmettre, de les partager. Les cours théoriques apportent des approfondissements et des éclaircissements sur l’importance de la respiration, des impressions reçues et données, des besoins des enfants (amour, attention, bienveillance et confiance, …), de l’importance de la structure (pour éviter le chaos), l’éducation à la non-violence, la neuroplasticité du cerveau (adaptation), la façon d’utiliser notre énergie de façon positive (activités physiques ou créatives), …

5.3. Savoir-faire

Le savoir-faire passe par l’application de la méthode dans le respect de ses valeurs, de ses objectifs. Durant les séances, il faut gérer, guider et porter le groupe, faire respecter les règles, instaurer un rythme, être attentif à l’exécution correcte des exercices, aux difficultés ou gênes rencontrées par les enfants, veiller au respect du matériel, avoir une attention pour chacun par un regard, une parole, un sourire…

5.4. Savoir-être

Mon objectif était d’être toujours dans la bienveillance et l’attention, de renvoyer des impressions positives, par ma façon d’être, par mes paroles, mes actes, mes postures. J’ai instauré un climat de confiance et cru en eux. J’ai appris à observer, à respirer, à me recentrer, à contrôler mes pensées et mes émotions, à prendre conscience de mon corps (postures, mouvements, manifestations), à me donner de l’attention et de l’amour (pour pouvoir en donner aux enfants).

La ME3C est une méthode qui implique un développement personnel, démarche dans laquelle j’étais déjà inscrite. La méthode m’a enrichie, grâce aux divers cours et m’a fourni d’autres outils pour un mieux-être personnel, que j’utilise quand nécessaire. Les cours de connaissance de soi insistent sur l’observation de soi sur tous les plans, pour s’accepter et être capable de changer ou d’évoluer si nécessaire. Ils abordent la maturité émotionnelle et la gestion des émotions négatives (source de souffrances inutiles), les façons de les faire disparaître et de les transformer en sentiments positifs (source de joie et de paix).

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Conclusion Partie II

Le fait que la méthode soit une technique psychocorporelle est un avantage car elle n’est pas intrusive. Elle ne demande pas à l’enfant de raconter, d’expliquer son histoire. Cette approche ayant comme médiateur le corps permet une adhésion rapide des enfants. Ce qui importe, c’est que chacun pioche ce dont il a besoin dans « la boîte à outils d’exercices » à sa disposition. La métaphore de « la boîte à outils » est signifiante. En tant que monitrice, je fournis des outils, j’explique à quoi ils servent et je montre comment les utiliser. Nous nous entraînons ensemble pour maîtriser et automatiser les gestes. Les enfants ressentent les bienfaits de leur utilisation. Ensuite, ils sont libres d’utiliser ceux qu’ils préfèrent, où et quand ils le désirent ainsi que dans des situations particulières. Ainsi, j’ai le sentiment de leur ouvrir les portes de l’autonomie pour mieux gérer leur monde intérieur et pour vivre leur vie au mieux. Le recours automatique aux exercices, en cas de besoin, nécessite un conditionnement car les réactions habituelles de fonctionnement sont ancrées en chacun de nous. Il n’est pas toujours aisé de les freiner avant leur survenue. Le choix de l’exercice pouvant créer un temps d’embarras suite à la soudaineté de certaines situations. J’ai donc mis l’accent sur l’utilisation de la respiration quel que soit la situation pour envoyer des messages positifs et apaisants au cerveau en toute discrétion. La méthode ME3C n’est pas une alternative aux consultations médicales, psychologiques, psychothérapiques mais peut être un outil de médiation thérapeutique complémentaire.

Cette méthode correspond à mes centres d’intérêts personnels, professionnels et à ma sensibilité face au mal-être des enfants et adolescents.

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CONCLUSION

La concentration est la base des exercices proposés par la méthode, de laquelle découle le calme nécessaire aux trois plans :

Le calme est aussi très important. Au niveau du cerveau, il favorise des pensées claires, une meilleure réflexion pour trouver les solutions adaptées et pour améliorer les capacités d’apprentissage. De ce fait, la ME3C est idéale dans le cadre d’une séance de rééducation en orthophonie. Le calme au niveau du cœur permet de gérer les émotions afin qu’elles soient positives et que les relations soient plus sereines et moins agressives avec l’environnement. Les patients que nous recevons peuvent présenter des troubles du comportement qui se manifestent souvent par de l’agressivité et/ou de la violence. Ils présentent souvent aussi un mal-être, un manque de confiance en eux, des peurs, de la tristesse, de l’anxiété, un sentiment d’insécurité, des réactions inadaptées ou excessives, … Le calme au niveau du corps réduit l’agitation physique et les mouvements parasites pouvant être liés à l’agitation mentale et émotionnelle. L’agitation motrice des patients peut être la manifestation première d’une pathologique comme dans le cas de l’hyperactivité. Dans ce cas, la concentration et l’attention sont perturbées, ce qui impacte sur les capacités d’apprentissage. L’agitation motrice constitue une perte d’énergie inutile.

Le contrôle n’est possible que dans un état de calme et fait référence à la maîtrise de soi et de sa vie en devenant responsable. Cette méthode a pour but de rendre l’enfant autonome pour faire face et vivre sa vie plus sereinement.

La notion d’attention à soi est indispensable pour les enfants qui ont été abandonnés, qui sont négligés ou ignorés. Ils ont besoin de prendre le temps de se reconnecter avec leur propre personne, de prendre conscience de ce qu’ils sont, de ressentir leur corps, de se sentir exister et de se donner de de l’amour à travers l’attention qu’ils se portent. Ces enfants qui ont vécu des choses difficiles, qui ont manqué de cadre éducatif, qui ont été livrés à eux-mêmes, qui ont vécu dans des environnements chaotiques ou d’insécurité, …ont besoin de structures (règles, rythmes, cadre). Ces repères sont sécurisants et contribuent au développement de l’enfant car instaure un climat de stabilité.

Enfin, les notions de respect, de tolérance, de bienveillance ainsi que de valeurs et attitudes positives, que véhiculent cette méthode, sont fondamentales pour un avenir plus lumineux, remplit d’espoir pour tous ces jeunes qui affrontent difficilement ce qu’ils vivent (agressivité, mal-être, somatisations, cauchemars, souffrances physiques, psychiques ou morales, difficultés scolaires ou familiales, …). Ils ont besoin de reprendre confiance en eux, en la vie, de se sentir vivant dans leur corps, d’éprouver de la joie, de se sentir important et unique, de ressentir du bien-être, le calme et l’apaisement physique, émotionnel et mental.

J’ai pu expérimenter quatre modalités d’intervention (en rééducations orthophoniques, en ateliers thérapeutiques, en accompagnements individuels, en séance d’initiation et de découverte) avec la ME3C dans le cadre du CMP / CATTP. Je pourrai ajouter, prochainement peut-être, des séances parent-enfant (en projet d’expérimentation: travail sur le lien, moment de partage, activité épanouissante parent-enfant).

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BIBLIOGRAPHIE

http://www.methode3c.com/

www.Psycom.Org/Troubles.psychiques

Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

Classification Internationale des Maladies

http://fr.wikipedia.org/wiki/Troubles_émotionnels_et du comportement_ http://www.psycom.org/Glossaire-des-structures/Centre-medico-psychologique-CMP http://www.psycom.org/Glossaire-des-structures/Centre-d-activite-therapeutique-a-temps-partiel-CATTP http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Difficultes_et_troubles_des_apprentissages_chez_l_enfant_a_partir_de_5_ans.pdf http://www.fof.asso.fr/sites/default/files/doc/Profil%20poste%20p%C3%A9dopsychiatrie.pdf A.N.A.E., Article : Trouble des apprentissages scolaires et enfants surdoués ? Quels

liens ? J. Siaud-facchin

2005

Guide des souffrances liées aux troubles des apprentissages, Ministère des affaires

sociales et de la Santé

Intervention Troubles émotionnels, Loisirs Granby, Fonds jeunesse Québec

Ministère de l’éducation nationale (DGESCO) http://eduscol.education.fr/

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ANNEXES

- Atelier ME3C : Réunion avec les parents. - Fiche séance ME3C. - Fiche de suivi de séance. - Note explicative sur la respiration.

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ATELIER ME3C : REUNION AVEC LES PARENTS

Présentation de la Méthode :

La Méthode Educative 3C (Concentration, Calme, Contrôle) est une technique psychocorporelle spécialement adaptée aux enfants et basée sur des valeurs et attitudes de vie positives comme le respect, la tolérance et la bienveillance. La Méthode Educative 3C se fonde sur les besoins essentiels de l’enfant : l’amour à travers l’attention et la structure. ► L’attention (ou l’amour), premier besoin, est une nourriture sur le plan psychologique

pour leur équilibre. L’enfant en a besoin pour grandir, elle peut venir de l’extérieur (adultes) mais aussi de l’intérieur (par l’attention qu’il se porte). L’objectif est d’apprendre à l’enfant, à travers des exercices, à s’apporter à lui-même cette attention. Ces outils vont aider les enfants à mieux se gérer au niveau :

- du mental (cerveau) c’est-à-dire des pensées, par la concentration, pour être plus réceptif pour apprendre,

- des émotions (cœur) par le retour au calme qui améliore les relations avec les autres, - et du physique (corps) par la maîtrise et le contrôle de soi pour réduire l’agitation

motrice. ► La structure, deuxième besoin fondamental sur lequel se base cette méthode, amène

des repères et rassure. En l’absence de structure, c’est le chaos qui amène peurs, angoisses pouvant engendrer de l’agressivité, de la violence… Chaque séance est organisée selon un schéma précis. La structure se retrouve sur différents plans (repères spatiaux, agencement du matériel, règles de conduite, exercices de rythmes et de structures, disposition des tapis et des coussins). Cette méthode s’adresse aux enfants à partir de 3 ans et les séances de groupe (10 enfants maximum) durent entre 20 minutes et 1 heure en fonction de l’âge. La pratique régulière des exercices (de respiration, de concentration, d’attention, de recentrage, d’équilibre, de mémoire, de rythme, de retour au calme, de maîtrise des gestes et de la parole, de pratique physique, de relaxation…) permet une prise de conscience des bienfaits, une appropriation et une utilisation spontanée dès que nécessaire à la maison ou à l’école, en fonction des problématiques rencontrées. Ils auront à leur disposition « une boîte à outils d’exercices » pour améliorer leur bien-être,

leurs capacités d’apprentissage, leur adaptabilité, leur volonté, leurs relations avec leur entourage, pour réduire leur stress et développer leur créativité. Pendant les séances, ils vont apprendre à se porter de l’attention à eux-mêmes, en restant concentrés sans parler. Durant ce temps, chacun est en contact avec lui-même.

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Types d’enfants :

Cette méthode est destinée à tous les enfants qui veulent améliorer leurs capacités, leur bien-être et développer leur créativité. Mais, elle s’adresse aussi et surtout aux enfants qui présentent :

- Des difficultés scolaires, - Des troubles de l’attention et de la concentration, - Un manque de confiance en eux ou un profil dépressif. - De l’agitation, - Des difficultés face aux frustrations, - De l’agressivité et de la violence, - Un manque de stimulations, - Des carences éducatives, - Des carences affectives, - Des difficultés d’apprentissages ou un profil « Dys », - Des difficultés d’ordre physique ou psychologique, - Des handicaps.

Objectifs généraux :

Développer les capacités de concentration et d’attention des enfants,

Développer toutes les potentialités des enfants et leur créativité,

Aider les enfants à gérer les émotions qui les animent,

Aider les enfants à développer des relations interpersonnelles harmonieuses,

Amener les enfants à trouver calme, bien-être et confiance en eux,

Aider les enfants à sortir de l’agitation physique et psychique,

Aider les enfants à améliorer leurs capacités d’apprentissage.

Matériel :

- 1 tapis antidérapant, - 1 serviette, - 1 coussin assez épais, - une tenue confortable et souple, - des chaussettes propres.

Informations pratiques :

- l’atelier dure maximum 1h, de 13h à 14h, les enfants devront être présents 15 min avant, soit à 12h45. Il est nécessaire d’être à l’heure car l’enfant qui arrivera une fois l’atelier commencé, ne pourra pas y participer,

- dès son arrivée, il devra donner son tapis et son coussin afin que nous puissions organiser la salle,

- puis l’enfant se change si nécessaire, mange, boit, passe aux toilettes pour ne pas interrompre l’atelier une fois commencé,

- les chaussures devront rester à l’extérieur de la salle, - les enfants doivent attendre d’être invité à entrer pour commencer, - l’atelier n’est ouvert qu’aux participants, - l’enfant doit venir avec son matériel à chaque séance, - les parents doivent être présents pour récupérer l’enfant à la fin de l’atelier. Si l’enfant

part seul, le parent doit joindre un courrier l’autorisant à partir seul.

Documents à remplir :

- autorisation parentale de participation, - autorisation parentale transfert au service des urgences, - autorisation d’utilisation de données numériques.

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Fiche Séance ME3C

N :………

du ……………………………………………

● Présentation de la méthode

● Code de conduite

● Salut

● Exercices de la méthode (noms, objectifs, effets) et relaxation finale

● Cercle du respect (3 secondes comptées dans la tête avant de parler)

● Salut

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Fiche de suivi de séance

Atelier n°: Date : Groupe : Nombre d’enfants :

Présents :

Absents :

Déroulement / Exercices

Points faibles / Points forts / Ajustements / Observations

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Note Explicative sur la Respiration L’objectif premier de la respiration est de fournir de l’oxygène (dioxygène) apporté par les globules rouges pour nourrir les différents organes en énergie. L’inspiration nourrit le corps et le dynamise et l’expiration nettoie le corps (en expulsant déchets gazeux par exemple) et repose le corps. Les mouvements sont automatiques (sans nécessité de réfléchir) mais aussi semi-automatiques puisqu’on peut volontairement agir sur la respiration. Il y a différents types de respirations mais la respiration qu’on utilise dès la naissance ou pendant le sommeil, c’est la respiration abdominale. Pendant cette respiration, on ne force pas. Mais plus elle est longue et plus elle est complète (sensation qu’elle s’étend « jusqu’aux épaules » sans les crisper).

L’intérêt de respirer par le nez : o Filtrer l’air des bactéries, poussières et particules allergènes, o Réchauffer l’air qui entre, o Améliorer l’absorption de l’oxygène, o Respirer lentement en pleine conscience.

Il faut inspirer lentement pour faire le plein d’énergie et expirer lentement pour évacuer le CO2 et mieux se détendre.

Les bénéfices de la respiration sur les 3 plans :

Au niveau physique - Plus grande vitalité, - Corps mieux nettoyé (meilleure santé), - Atténue l’accélération du rythme cardiaque, la tension artérielle, les crispations

musculaires.

Au niveau mental - Calme le flot incessant de pensées (évite de ruminer les souvenirs et d’anticiper

le futur), - Prise de conscience du corps, des sensations, - Evite d’être distrait par les stimulations extérieures, - Etre attentif à l’instant présent et avoir des pensées plus claires, - Améliore la vigilance, la concentration, la créativité, la mémoire.

Au niveau émotionnel Lors de situations stressantes ou difficiles, une respiration adaptée :

- Evite ou diminue les décharges d’adrénaline et optimise la capacité d’action, - Donne un sentiment de paix intérieure qui favorise une détente profonde, - Favorise l’endormissement (sommeil plus profond et de meilleure qualité), - Influence la voix, l’attitude corporelle (sentiment de sécurité, confiance en soi,

combat la timidité, les peurs, la déprime, la tristesse) et conditionne le rapport au monde (ouverture aux autres).

Conclusion :

La respiration est la clé de l’équilibre du corps. Elle rythme la vie du premier cri au dernier souffle. Par son action d’échanges gazeux, la respiration représente le lien entre le dedans et le dehors, soi et le monde. Elle est le reflet intime de la manière de vivre et de la façon d’entrer en relation avec les autres.