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Master Reference La mort présentée aux enfants dans les albums de jeunesse de 1980 à 2010 MELITI, Tania, FERREIRA SANTO GONニALVES, Carla Abstract Notre mémoire a pour but de prendre connaissance des contenus des albums de jeunesse ayant pour thème principal la mort. Nous voulons ainsi démontrer si un changement dans la manière d'aborder ce thème dans ces livres est constaté, de 1980 à 2010. Notre mémoire s'inscrit dans le champ de l'histoire de la littérature de jeunesse. Notre question générale est la suivante: quelle est la manière d'aborder le thème de la mort dans les albums de jeunesse de 1980 à 2010? Nous avons essayé de déterminer si les mêmes comportements de la part des personnages sont repérables à travers les années ou si des changements apparaissent et de déterminer vers quoi la littérature d'aujourd'hui tend. Pour cela, nous avons analysé à l'aide d'une grille d'analyse dix albums de jeunesse. Nous avons relevé les informations et les indices pertinents pour notre recherche directement dans le support, et ce, à travers le texte et l'image. MELITI, Tania, FERREIRA SANTO GONニALVES, Carla. La mort présentée aux enfants dans les albums de jeunesse de 1980 à 2010. Maîtrise : Univ. Genève, 2011 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:17588 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. [ Downloaded 14/12/2014 at 12:14:45 ] 1 / 1

La Mort Présentée Aux Enfants Dans Les Albums de Jeunesse

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La Mort Présentée Aux Enfants Dans Les Albums de Jeunesse

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MasterReferenceLa mort prsente aux enfants dans les albums de jeunesse de 1980 2010MELlTl, Tania, FERRElRA SANTO GONALVES, CarlaAbstractNotre mmoire a pour but de prendre connaissance des contenus des albums de jeunesseayant pour thme principal la mort. Nous voulons ainsi dmontrer si un changement dans lamanire d'aborder ce thme dans ces livres est constat, de 1980 2010. Notre mmoires'inscrit dans le champ de l'histoire de la littrature de jeunesse. Notre question gnrale estla suivante: quelle est la manire d'aborder le thme de la mort dans les albums de jeunessede 1980 2010? Nous avons essay de dterminer si les mmes comportements de la partdes personnages sont reprables travers les annes ou si des changements apparaissentet de dterminer vers quoi la littrature d'aujourd'hui tend. Pour cela, nous avons analys l'aide d'une grille d'analyse dix albums de jeunesse. Nous avons relev les informations et lesindices pertinents pour notre recherche directement dans le support, et ce, travers le texteet l'image.MELlTl, Tania, FERRElRA SANTO GONALVES, Carla. La mort prsente aux enfantsdans les albums de jeunesse de J980 20J0. Matrise : Univ. Genve, 2011Available at:http://archive-ouverte.unige.ch/unige:17588Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.[ Downloaded 14/12/2014 at 12:14:45 ] 1 / 1La mort prsente aux enfants dans les albums de jeunesse - de 1980 2010 -MEMOIRE REALISE EN VUE DE LOBTENTION DU/DE LALICENCE MENTION ENSEIGNEMENTPARTania MelitiCarla Ferreira Santo Gonalves DIRECTEUR DU MEMOIREMartine - RuchatJURYBessa Myftiu PernouxRita Hofstetter GENEVE juin 2011UNIVERSITE DE GENEVEFACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATIONSECTION SCIENCES DE L'EDUCATIONRESUMENotre mmoire a pour but de prendre connaissance des contenus des albums de jeunesse ayant pour thme principal la mort. Nous voulons ainsi dmontrer si un changement dans la manire d'aborder ce thme dans ces livres est constat, de 1980 2010. Notre mmoire s'inscrit dans le champ de l'histoire de la littrature de jeunesse. Notre question gnrale est la suivante: quelle est la manire d'aborder le thme de la mort dans les albums de jeunesse de 1980 2010? Nous avons essay de dterminer si les mmes comportements de la part des personnages sont reprables travers les annes ou si des changements apparaissent et de dterminer vers quoi la littrature d'aujourd'hui tend. Pour cela, nous avons analys l'aide d'une grille d'analyse dix albums de jeunesse. Nous avons relev les informations et les indices pertinents pour notre recherche directement dans le support, et ce, travers le texte et l'image. Universit de Genve Facult de Psychologie et des Sciences de lducation Section des Sciences de lducation Licence Mention Enseignement Mmoire de Licence La mort prsente aux enfants dans les albums de jeunesse - de 1980 2010 - Tania MELITI Carla FERREIRA SANTO GONALVES Directrice de mmoire:Martine Ruchat Commission:Bessa Myftiu Pernoux Rita HofstetterJuin 2011 2 TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS4 INTRODUCTION5 CADRAGE THORIQUE8 PRESENTATION DE LA LITTRATURE8 1.Prsentation de la littrature secondaire8 LENFANT ET LA LITTRATURE DE JEUNESSE17 1.Dfinition de lenfant17 2.Lvolution de la place de lenfant dans la socit et lhistoire de la littrature de jeunesse17 2.Littrature pour enfants20 3.Albums de jeunesse22 LA MORT ET LE DEUIL27 1.Dfinition du deuil27 2.Lvolution de la reprsentation de la mort selon Aris31 3.La Mort35 4.Quelle comprhension les enfants ont-ils de la mort?38 4.Diffrences entre lenfant et ladulte39 5.La communication et la parole40 PROBLMATIQUE DE LA RECHERCHE43 1.Questions de recherche43 2.Hypothses44 3.Champ de recherche46 CADRE MTHODOLOGIQUE48 1.Mthodologie48 2.Grille danalyse50 3.Prsentation du corpus53 4.Limites59 5.Avantage59 ANALYSE60 1.Analyse du corpus initial60 2.Rsultats de lanalyse62 CONCLUSION96 BIBLIOGRAPHIE98 Mmoires98 3 Littrature secondaire98 Littrature primaire100 ANNEXES101 4 REMERCIEMENTS Nousadressonsnosremerciementsauxmembresdelacommission,carellesonttoutestrois contribudunecertainemanirelaralisationdeceMmoiredeLicence:MadameHoffstteter, pouravoirrpondunosinterrogationslieslanouveautquestpournouslemmoirelorsdu sminairedeprparationaummoire;MadameMyftiu,pournousavoirpermisdaborderdes thmatiquesdifficilestraverslalittrature;MadameRuchat,pouravoiracceptdedirigerce mmoire, de nous faire partager ses connaissances et de nous avoir orientes dans ce long projet. Nousremercionsgalementnosfamillesetnosprochesquinousontsoutenuesetencourages pendant cette longue entreprise quest la ralisation dun mmoire. Nous tenons enfin souligner que notre collaboration a t une russite pour nous, tant donn que nous avons toujours pu compter lune sur lautre, partager nos opinions et nos ides, nous recentrer et ainsi nous soutenir mutuellement durant cette entreprise. 5 INTRODUCTION Tout au long de notre cursus universitaire, nous avons pu tre sensibilises diffrents aspects lislenseignement.Eneffet,bienquelesdidactiquesettoutcequiatraitauxsavoirs formelsenseigneraientleurimportance,ledomainetransversal,telquelinterculturelet laffectifdesenfantslest,nosyeux,toutautant.Nousavonseuloccasiondaborder certainspointslislaffectifparlebiaisdediffrentscourssyintressantplus particulirement,notammentceuxdeMmeMireilleCifaliDimensionsrelationnelleset affectives des mtiers de lhumain et de Mme Bessa Myftiu Penser lducation travers la littratureetlesrcitsdexpriences.Cescoursontveillcheznous,unintrtparticulier pour ce domaine, ils nous ont influenc et donn lenvie de construire un mmoire ayant trait aux dimensions affectives de lenfant. LorsducoursDidactiquedelenseignementcontinudelalecturedeM.Christophe Ronveaux,nousavonseuunepremireapprochedelalittraturedestinelajeunesse traverslanalysedediffrentsalbums.Celanousadonnlopportunitdevoirdiffrents aspects de ce genre textuel, ainsi que dveiller notre curiosit pour ce support didactique.Nousavonsdoncchoisidemenerunerecherchequiimpliquelafoislesdimensions affectivesdesenfantsetlalittraturequileurestdestine.Notrethmatiqueprincipaleest donc, la mort, telle quelle est prsente aux enfants dans les albums de jeunesse destins aux enfants de moins de huit ans. Lorsquenousvoquonslamortnouspensonsunemultitudedesentimentstelsquela tristesseetlasouffrancepsychique,etnousremarquonsquilnousestextrmementdifficile den parler, car cela provoque un certain malaise chez linterlocuteur. Nanmoins, mme si la mort reste un sujet tabou, malgr nombre de tmoignages et douvrages sur le sujet depuis le classiquedElisabethKblerRoss,LesDerniersInstantsdelavie(Ondeathanddying) datant de 1969, elle nen reste pas moins universelle. Nous y sommes tous confronts un jour oulautre.Nousavonschacunevcuundeuilrcentoudurantnotreenfance,etnousavons puconstaterladifficultdenparleretdextriorisernossentimentsetnosidesautourde cettepreuve.Silnousestdjdifficileetdouloureuxdenparlerentreadultes,ilnousest encore moins envisageable de lier lide de la mort aux enfants. Cependant, les enfants seront comme nous tt ou tard face une situation o la mort sera prsente, que ce soit travers la mortdunanimaldecompagnie,dunprocheoudunamioudeux-mmes(notammentles enfants atteint de cancer). Nous pouvons dailleurs constater que les enfants et les jeunes daujourdhui sont surexposs la vue de la violence et de la mort comme si cette dernire tait banale. La mort est souvent prsentecommeunjeuoucommetantattirante,attrayante(jeuxvido),orcelle-cinest pourtant pas un jeu car elle implique des consquences irrversibles. Ce qui nous amne aussi nousinterrogersurlidequepeuventsefairelesenfantsdelamort.Eneffet,les reprsentationsdesenfantsetdesjeunessurlamortontenpartiecommeoriginelesjeuxet 6 lesfilmsquinevhiculentpasuneidecorrespondantlaralit.Lesreprsentationsdela mortchezlesenfantsliesnotammentcegenredephnomnes,ontattisnotrecuriosit; mais nous avons dcid dutiliser des supports autres que les jeux vido et les films, en nous basant sur les albums de jeunesse. Leslivrespourenfantstraitantdecethmeonttenaugmentationconstantedepuisles annes1980(de30livresdanslesannes80249livresdanslesannes2000)etnous pensonsquilspeuventtreutilisscommedesoutilsfacilitantlacommunicationavec lenfant sur ce sujet, voire laider face ce type dpreuves. Nous nous sommes intresses comprendre comment ce thme est abord dans les livres et de quelle manire il est prsent aux enfants. Nousavons le sentiment, aujourdhui, quele thme de la mort est encore tabou dansnotresocit,mmesinouspensonsquedurantcesderniresannescertains changementsonteulieu.Notrerecherchesinscrivantdanslhistoiredelalittraturede jeunesse, nous voulons voir si durant ces dernires dcennies, il y a eu un changement dans la faon daborder la mort dans les livres pour enfants. A la fin du XXme sicle, ce domaine de recherche a fait lobjet de plusieurs tudes (voire bibliographie). Celles-ci se sont intresses laqualitdesmessagesvhiculsdanslesalbumsdejeunesse(Perini,Thiel,&Varonier, 1995), ainsi que lvolution du rcit pour la jeunesse au XXme sicle (Ottevaere-Van Praag, 2000). Il sagit donc, en quelque sorte, du point de dpart de notre recherche. Notre mmoire sorganise en plusieurs parties: Danslapremirepartie,nousprsentonsnotreproblmatiqueetnousdfinissonsnos questionsderecherchesurlesquellesnousallonsbasernotrerecherche,ainsiquenos hypothses.Ladeuximepartieconcernelecadrethoriqueetestcomposedelarevuedelittrature secondaire et de la revue de littrature primaire. Dans la revue de littrature secondaire, nous prsentonslesdiffrentsauteursetlesouvragestraitantdelhistoiredelalittraturede jeunesse, de lenfant, des albums de jeunesse, ainsi que de la mort et du deuil.Dans la revue delittratureprimaire,nousvoquonslesdiffrentsalbumsdejeunesseconstituantnotre corpusdanalyse.Deplus,nousprsentonslesdiffrentesthoriesretenuessurlesquelles nousallonsbasernotreanalyse.Nousavonstoutdabordlvolutiondelalittraturede jeunesse,ainsiquelaplacedelenfantdanslasocit,desgnralitssurlalittraturede jeunesseetplusprcismentlesalbumsdejeunesseetleurscaractristiques.Puis,nous prsentonslesdiffrentesthoriesretenuesconcernantledeuiletlvolutiondela reprsentationdelamortavantdenousconcentrerplusprcismentsurledeuilvcupar lenfant, sur la comprhension de la mort par les enfants ainsi que de la relation entre ladulte et lenfant face la mort. Latroisimepartieconcernenotrecadremthodologique,cest--direlamaniredontnous allonsmenerlanalysedesalbumsdejeunesseretenus.Nousyprsentonsdansunpremier temps les critres que nous avons choisi afin de constituer notre corpus, et dans un deuxime 7 temps, notre grille danalyse. Nous y voquons galement les limites et les avantages de notre recherche. Laquatrimepartiecontientlesrsultatsobtenusdurantnotrerechercheainsiquelanalyse desdonnesrcoltes.Cettepartienouspermetdoncderpondrenosquestionsde recherche et de comparer nos rsultats avec les hypothses que nous avions mis.Enfin,danslaconclusion,nousrevenonssurlesrsultatsdenotrerecherchedansson ensemble et nous proposons des pistes pour des recherches ultrieures. 8

CADRAGE THORIQUE Prsentation de la littrature 1.Prsentation de la littrature secondaire Diffrentes lectures sur le thme de la mort et du deuil vcu par lenfant, nous ont apport des connaissancesplusthoriques.Desrecherchessurlemmethmeontdjtmenes auparavantparArfeux-Vaucher(1994)entreautresencequiconcernelalittraturepour enfants. La volont de prendre connaissance de celles-ci nous permet de mieux nous orienter. Cesrecherchessontpournousdevritablesoutilspourlaconstructiondenotregrille danalyse. Leslivresquenousavonsutilisssontessentiellementdeslivresthoriquescritspardes psychologues, des psychanalystes, des chercheurs en littrature et en sciences de lducation, des ducateurs, mais aussi des tudiants (mmoires). 1.1Ouvrages et articles sur la littrature et lhistoire de la littrature pour enfants Arfeux-Vaucher (1994) Arfeux-Vaucher (1994) dans son ouvrage La vieillesse et la mort dans la littrature enfantine, de 1880 nos jours, lauteure analyse les reprsentations de la vieillesse et de la mort dans les ouvragesdestinsauxenfants.Ellenousfaitpartdeschangementsquiontoprdurantun sicleenindiquantquedemaniresuccincte,ilsemblequelaffectifaitprislepassurle descriptif,lessentimentssurlesdevoirs(Arfeux-Vaucher,1994,p.24).Lesinterrogations prsentes dans les livres autour de la mort sont galement de plus en plus prsentes et varies et dmontrent une volution dans la manire de se situer face la mort.Ces livres proposent donc aux enfants des pistes de rflexion et parfois des rponses suite la mort dun proche. Perini, Thiel, & Varonier (1995) Nous avons pu constater quil existe peu de livres qui entreprennent une vritable analyse des contenusdesalbumsdejeunesse.LouvragedePerini,Thiel,&Varonier(1995)at,pour nousunevritableressource,tantdonnquilsecentreprincipalementsurlesalbumsde jeunesseetquilanalyselesmessagesvhiculsdanscesderniers.Cestroisducatrices proposent une analyse des contenus des albums de jeunesse abordant diffrents thmes. Elles voquentnotammentlesdiffrentesditionsdelivrespourlesenfantsainsiqueleurs maniresdeslectionnerleslivresquisontdits.Lebutdecesderniersestavanttoutde 9 rapporterdelargentPourcesmaisonsddition,laqualitdelalbumestdfiniparle chiffre daffaires quil permet de raliser. Leur but est la vente maximum. Par consquent, il faut atteindre un large public (Perini, Thiel, & Varonier, 1995, p. 91). Les valeurs vhicules ne sont donc pas prises en compte par lditeur, ou du moins il ne sagit pas de sa principale proccupation,cestpourquoiellesralisentuneanalysedalbums,afindedterminersices derniers sont tous de qualit, ce qui nest pas le cas. Ottevaere-Van Praag (2000) Ottevaere-VanPraag(2000)danssonouvrageHistoiredurcitpourlajeunesseauXXme sicle (1929-2000), nous propose une critique de la littrature pour la jeunesse publie durant leXXmesicle.Ellesecentresurlercitnarratif,etprincipalement,surleroman.Ilne sagit donc pas du genre textuel sur lequel nous avons dcid de traiter, nanmoins, une partie de son travail peut tre une ressource pour le ntre, tant donn, quelle prsente lvolution de la littrature en fonction dun contexte qui est comparable celui de notre tude. Une des donnesrsultantdelanalysedeOttevaere-VanPraagetquiestimportantepournous,est sans doute, le fait que la littrature pour la jeunesse daujourdhui aborde des thmatiques trs diversifies et de plus en plus libres des tabous de la socit. Pericchi (2002) Pour Pericchi (2002) dans son ouvrage Le petit moulin argent. Lenfant et la peur de la mort, il est naturel que lenfant sintresse la mort tant donn que cette dernire est directement lielavieetdiffrentslmentsdecelle-ci,telsquelabsenceoulaperte.Sacuriosit dcouledesoninnocence,desonincapacitsedcentrerdelui-mmeetdesimaginer autrement quternel. Ils sont attentifs ce qui les entoure et dautant plus ce que les adultes veulent lui cacher. Plus le mystre est grand, plus il veut en savoir. Les questions poses sont liesleurinnocenceetilsnecomprennentpasforcmentpourquoilesadultesrefusentde leurparlerdelamort.Celarenforcelesentimentdegneressentiparladulte.Nanmoins, Pericchi(2002)insistesurlimportancedeparlerdelamortaveclesenfantssilsen expriment le besoin, carces derniers sont trs sensibles au ressenti de leurs parents et le fait de leur cacher la mort peut donc provoquer un certain malaise chez les enfants. Le choix des motsutilisernestpasvidentetlesadultesseretrouventalorsfaceleurspropres interrogations et reprsentations. Poslaniec (2008) Poslaniec (2008) traite, dans son livre: (Se) former la littrature de jeunesse, de la littrature dejeunesseengnral;ilabordedoncdiffrentsgenrestextuels.Nousretiendrons,ici, uniquementleslmentsenlienaveclesalbumsdejeunesse,tantdonnquilsfont entirementpartiedenotrerecherche.Poslaniecexpliquequelemotalbumnapast utilis tout de suite, mais que ce dernier sest impos peu peu. Ce nest, vritablement que suiteladeuximeGuerreMondialede1939-1945,quenousavonspunoterunerelle volution de sens et que le mot album est prononc; notamment grce la collection cre par Paul Faucher: Les albums de Pre Castor. 10 Lalbumaunecaractristiqueremarquable.Eneffet,ilestcomposdunedoublenarration: lesimagesetlestextes,sachantquechaquepleracontelhistoire.Cestladouble narration textes/images, quaucune autre forme littraire ne pratique (p.125) Poslaniec ajoute que travailler lesalbums peut savrertre bnfiqueautant pour leslves quepourlenseignant,cargrcecettedoublenarrationquoffrentlesalbums,leslves peuventvoirleurcomprhensionsamliorer,ilsreoiventdesindicesdelapartdutexte, mais galement des images. Lenseignant peut donc offrir galement une diversit de support, etvrifierlacomprhensiondeseslves,ilconstatequilstmoignentdinformationsen provenancedutexteoudesimages,indiffremment,preuvequilsontarticullesdeux langages pour construire lhistoire (p.127)Nires-Chevrel (2009) Bien plus quun simple livre dans lequel limage une grande place, lalbum de jeunesse est dfinit par Nires-Chevrel (2009) comme tant un texte narratif dans lequel la comprhension delhistoiresefaittraverslalecturedutexteetdelimage,lesdeuxtantindissociables. Dans son livre Introduction la littrature de jeunesse, Nires-Chevrel nous explique limage et le texte, de par leur nature diffrente, ne fournissent pas les mmes informations au lecteur. Les informations vont donc aider mieux comprendre limage, et les lments prsents dans cette dernire vont permettre une meilleure comprhension du texte.Lesalbumsdejeunesse,plusquelesautresgenreslittraires,mettentparfoisenscnedes animaux.Celapermetparexempleauxauteursetillustrateursdeprendredeladistancepar rapport aux normes sociales mme si ces derniers ont parfois des traits dhumanit. Lanimal anthropomorpheoffrelalittraturedenfanceunegranderichessedecommunication impliciteetsymbolique(Nires-Chevrel,2009,p.154).Celapermetenoutredecrerun certaindtachementfacelhistoirequiestlue.Nanmoins,leshroslesplussouvent reprsents restent les enfants. Le narrateur va donc prendre le plus souvent le point de vue de lenfant.Nires-Chevrelnousinformegalementqueparsastructurecomplexedelecture travers limage et le texte, les albums de jeunesse ne sont pas vidents traduire, car la simple traduction du texte ne garantit pas que le lien entre ce dernieret limage reste le mme dans une autre langue. 1.2Ouvrages et articles sur la mort et le deuil Kbler-Ross (1975) LelivredeKbler-Ross(1975),Lesderniersinstantsdelavie,estlapremiretudeque lauteurearalissurlathmatiquedelamort.Elleasurtoutportsonattentionsurles maladesenlesconsidrantcommedespersonnespartentireetelleatrsfortement promulgu la communication avec eux. Dans son ouvrage, elle y dcrit les derniers instants de viedecesmalades,ainsiqueleurspossiblesressentis,commelapeur.Elleyprsente,les 11 diffrentes tapes du deuil par lesquelles le mourant passe aprs avoir pris connaissance de sa mortprochaine.Ainsi,lemourantvapasserparcinqtapesquiluipermettrontaufinal dacceptersapropremort.Ilyatoutdabordlerefusdelasituationetlisolement,puis survientltapedelirritationdurantlaquellelemourantestenvahiparunsentiment dinjustice.Vientensuite,ltapedumarchandagedurantlaquellelemourantaimerait repousser la mort. Sen suit la dpression tant donn quil ne peut rien faire pour changer la situation,avantdarriverfinalementladerniretapequiestcelledelacceptationdela situation. Nous verrons par la suite, que ces tapes sont sensiblement comparables celles par lesquelles passe la personne endeuille.Bourgeois (1996) Louvrage de Bourgeois (1996) Le deuil a pour principal sujet le deuil. Il en parle dabord de maniregnrale,endfinissantcequestledeuil,cequilreprsenteetcequilimplique, traitant plus particulirement de ladulte, puis il poursuit plus prcisment, en parlant du deuil qui touche lenfant.Bourgeoisdfinitledeuilcommetantunvnementdelaviequivamettrelpreuve lindividudanssescapacitsdadaptationetsolliciterlesensquildonnesavie (Bourgeois, 1996, p.6). Pour lui, le deuil implique en premier lieu, une dpossession, puis, unaccablement(Ibid,p.5).Ilassociegalementaudeuil,lestermesdepassageetde transition. Bourgeoisvoquegalementleprocessusdedeuilanticip,quiconsisteseprparer psychologiquement et physiquement labsence dun proche en fin de vie ou malade dont la mort est imminente. Enfin,ilsattardesurleprocessusdedeuilchezlenfant,endfinissanttroisgrandestapes dacquisition de la notion concrte de mort, en fonction de lge de lenfant. Ainsi la premire tapeconcernelesenfantsgsentretroisetcinqans,pourquilamortestapparemment assimileunsommeil,etestrversible,ladeuximetapeconcernelesenfantsgsentre cinq et neuf ans, pour qui la mort ne concerne que les autres et elle est non rversible. Enfin, la dernire tape, concerne les enfants au-del de neuf ans, pour qui la mort est universelle et dfinitive.Bourgeoisinsistesurlefaitquelenfantdoitavoircompriscequesignifietre mort, pour pouvoirentrer dans le processus de deuil. Mais lacomprhension de cette notion ne seffectue pas immdiatement; en effet, elle nest que progressivement acquise au fur et mesure que lenfant grandit et mrit. Hanus, & Sourkes (1997) Selon Hanus, & Sourkes (1997), dans leur ouvrage Les enfants en deuil, portraits du chagrin, ledeuilvcuparlenfantouparladulteontcommepointcommunlefaitquilestlila relationquiprexistaitentrecedernieretlapersonnedisparue.Nanmoins,ilportenotre attention sur le fait que lenfant ne peroit pas la mort de la mme manire que les adultes. En effet,lesenfantsinterprtentcettesparationcommeunabandon.Toutsepassecommesi 12 ladulte disparu aurait d survivre et que lenfant serait par consquent en partie responsable, car il aurait pu viter la situation. Ce sentiment est aussi ressenti par ladulte qui peut se sentir abandonn la perte dun tre cher, mais contrairement au jeune enfant il arrive, cependant, rationnalisercesentiment.Hanus,&Sourkes(1997)dfinissentledeuilcommetantla raction psychologique qui suit la mort dun tre cher. Le deuil est donc dfini par la relation quiexistaitaveclemortetparconsquent,chaquedeuilestuniquetantdonnqueles relations entretenues entre deux individus ne sont pas comparables.Cesauteursmettentgalementenavantcertainsparadoxes.Eneffet,nousnousposonstous normment de questions sur la mort mais nous les passons sous silence et nous refusons dy penseravantdytreconfronts.Deplus,bienquenoussoyonstousconscientsdenotre propre mort, nous faisons comme si cette dernire ne nous concernait pas, sans la prendre en considration. Hanus, & Sourkes (1997) parlent dun dni social de la mort qui sexplique par lefaitquenousnevoulonspasabordercesujet,principalementaveclesenfants.Trois dimensionsdoiventtreprisesencomptedansledeuildelenfant:lvolutiondelenfant, lidentification de lenfant aux adultes restants, le changements dans le mode de vie. (Hanus, & Sourkes, 1997, p. 91). Il faut donc prendre en compte la maturation de lenfant, la relation quil entretient avec les adultes qui lentourent, et les changements dans sa vie lis la perte de ltre cher. Le deuil est donc considr comme tant un avatar qui vient prendre la place de larelationquiexistaitauparavant.Avecletemps,ladouleurdudeuilseffacecequine signifie pas que la relation qui existait est oublie, mais quelle a chang ce qui nous permet de mieux vivre avec. Hanus, et al. (1999) Dans louvragecollectif,Etudes sur la mort (1999), lesauteursexpliquent aussi que la mort estcompriseparlenfantselonsondegrdematurit.Lamortest,certes,unsujetdlicat, mais cela nexclut pas le fait que lenfant ny pense pas, et quil na pas de connaissances ce propos.Lacomprhensiondelamortseffectuepartapes;danslespremiresannesde lenfant,lamortpeuttrecontagieuseetellenestpasnaturelle;eneffet,nousnemourons pas, nous sommes tus. Ces conceptions enfantines de la mort sont exactement celle qui sont retrouvesdansleplusgrandnombredescivilisationstraditionnelles(Hanus,etal.,1999, p.9)Puis,aufuretmesurequelenfantgrandit,ildveloppedesconnaissancesdeplusen plusobjectivessurlamort,maisgalement,surlavie.Lesauteurssebasentsurltudede Antony (1971) et ils expliquent que mme les connaissances plus objectives, ncessitent, par ailleurs, dautres acquisitions: La mort est dabord la sparation et labsence qui se prolongent.Puis,larrtdesfonctionslmentaires:quandonestmort,onnepeutplusparler,plus manger, plus dormir, plus marcher, etc.Vers quatre ans, lenfant comprend que la mort est irrversible.Puis, la mort est reconnue universelle vers six ans environ.13 Enfin, lenfant comprend quelle est un lment de la vie vers 10 ans. (Ibid, p.9) Lesauteursdelouvrage,commelesauteursvoqusprcdemmentdanscetterevuede littrature, insistent sur limportance de la communication entre lenfant et ladulte qui reste. Lacommunicationdelauthenticit,delavrit,laparolevraie(Ibid,p.37).Ladultea doncledevoirdedirelavritlenfant,maisgalementderassurercedernier,enlui montrant sa prsence et sa disponibilit son gard, dans cette priode pnible. Demaniregnrale,lesauteursdfinissentledeuilcommetantunepreuve,unpassage difficile faisant partie de la vie et qui peut mettre en danger lquilibre psychique de lenfant. Ledeuilnadoncpasuniquementdesctsngatifs.Eneffet,lesauteursvoientencette priode,uncertainapportpositifpossiblepourlenfant,carelleobligecelui-cimobiliser ses ressources psychiques pour sortir de limpasse, et grandir (Ibid, p.38)Deunff (2000) Dans son ouvrage Dis matresse, cest quoi la mort (2000), Deunff aborde le thme de la mort en ayant en tte le bien tre de lenfant. Lauteur nous parle du bien fond de parler de la mort auxenfants.Sansvouloirbousculerlenfant,lesadultesdoiventtrelcoutedeleurs questionsetessayerdyrpondreleplussimplementpossible.Pourcela,Deunffnous explique que lenfant peroit la mort comme tant extrieure son monde, comme si elle ne le concernaitpas.Puis,enfonctiondesonge,lenfantvapetitpetitrajusterlidequilse faitdelamort.Cestdonclamaturationlielgequivapermettrelenfantdemieux dfinirlamort,maisgalementlmergencedunenouvelleconsciencedesoi,tantdonn quenayantunemeilleurecomprhensiondelamort,lenfantvaprendreconsciencedesa propre finitude.Deunffmetgalementenavantlancessitdeparlerdelamortetdenepasresterdansle silence, dautant plus face aux enfants. Leur taire la vrit ne les aide en rien. Lauteur relve que les parents peuvent adopter diffrentes attitudes face aux questionnements des enfants: les rejeter, les taire, les rassurer ou les informer; ceci dmontre que ladulte a un rle important jouer auprs de lenfant et que par son attitude, il peut aider ou pas lenfant surpasser cette preuve. Bacqu, & Hanus (2000) Bacqu et Hanus (2000) dans leur ouvrage Le deuil, nous indiquent que les enfants ont trs tt des ides sur la mort. Cela peut tre d diffrentes sources: les jeux avec les autres enfants desonge(jouerfairesemblantdemourir),cequelesparentsleurdisentetcequilsse disent entre eux, la tlvision ou les jeux vido dans lesquels la mort est souvent reprsente. Chaque enfant a tt ou tard rencontr la mort (grands-parents, animal mort), si ce nest pas le cascelasignifiequelesparentslontvolontairementpargn.Leurconceptualisationdela mort dpend donc de leur exprience face celle-ci. La comprhension de la mort dpend du degrdematurationdelenfant,maisgalementdesondveloppementintellectuel.Cest pourquoi il peut considrer que la mort nest pas naturelle. Ces auteurs insistent sur le fait que 14 lorsquelamortestvoque,lapeurressentieparlesenfantsestmoinslielamortqu lide dtre abandonn. Jacquet-Smailovic (2003) Jacquet-Smailovic(2003)danssonouvrageLenfant,lamaladieetlamort,nousparledes diffrentesractionspossibleslorsdundeuil:lacolre;lhyperactivit,lagitationetles troublesducomportement;lestroublesdusommeil;lesphnomnesdidentificationau dfunt ; la dpression. Il nous indique que le fait de vivre un deuil durant lenfance peut avoir desrpercussionssurlaviefutureentantquadulte.Ilsagitdoncdefaireensorteque lenfantpuissevivreaumieuxsondeuil.Pourcela,ilestimportantquil sesenteentouret aid,quilnaitpaspeurdtreabandonn(parleparentendeuill)etquilpuissefaireson deuil (ne pas dnier la perte).Zech (2006) Zech (2006) prsente dans son livre, Psychologie du deuil. Impact et processus dadaptation audcsdunproche,lesdiffrentsstadesdudeuil,cest--direlesdiffrentstapespar lesquelleslapersonnequivientdeperdreunprochevadevoirpasserdurantlesmois,les annes qui succderont le drame. La premire tape est une priode de choc et de ngation, la deuxime est une phase de recherche ou de protestation, la troisime est une priode de dsespoiretdedsorganisationetenfinlaquatrimeestunetapederinsertionoude rorganisation (Zech, 2006, p. 66).Zechdfinitledeuilcommetantlareprsentationdesdiffrentesractionsquisuccdent nimportequellepertedobjet.(p.9)Lapertetantdfinieici,commeledcsetlobjet tantunepersonneproche,aimeousignificative.(Zech,2006,p.9).Ilaffirmegalement queselonlapprochesocioconstructiviste,ledeuilestunprocdquiestsocialement construit.Eneffet,lessentiments,lesmotions,lesressentisdesgenssont,enralit,des constructions sociales qui ont pour base, les croyances et les valeurs de leur propre socit et dont lexpression peut ou ne peut pas se faire selon ce type de socit, notamment par rapport auxnormesconventionnellesenvigueur.Nousadhronslaposturepistmologique voque parZech, et nous pensons que la littrature traitant de la mort est troitement lie cette construction sociale et quelle peut par consquent en tre le reflet. Hanus (2007) Hanus(2007)expliquedansLesdeuilsdanslavie.Deuilsetsparationschezladulteet lenfant, que mme si nous, adultes, lignorons, lenfant sintresse trs tt la mort, et tout cequiestditinterdit.Lenfantsesentattirparcequiestprohibetmystrieux,tout commelamortetlasexualit.Lenfantagalementsapropremaniredevoirlaralit,et celle-ci nest pas identique celle de ladulte, car lenfant est empreint dun monde magique et irrel. Hanus pense que lenfant forme ses ides personnelles sur la mort, en se basant sur cequilapuentendreetvoirouvivre,etqueceladpendgalement,trsfortementdeson degr de maturit. Dans son ouvrage, Hanus prsente galement, les diffrentes consquences 15 et les complications que peuvent survenir la suite dun deuil chez lenfant, telles que la peur deperdreleparentquisurvit(silepremierestdcd),lagressivit,lenvietrsfortede soignerlesautres,larechercheduncoupable,carlenfantnapas,lui-mme,uneidetrs clairedelamortetilignorequecelle-cipeuttrenaturelle,etc.Ensuite,ilpoursuiten prsentantplusdistinctementlaptitudeaudeuil,quelenfantpeutavoir,cest--diretoutce dontlenfantabesoinpourtreenmesurededbutersondeuil.Asavoir:unemaitrise suffisanteduconceptdemort:unesparationradicaleetinvitable.Lacquisitiondune reprsentationinterneetstabledelobjetlacertitudequetoussesbesoinsessentielsseront satisfaits. (Hanus, 2007, p.345) Romano (2009) Danssonouvrage,Dis,cestcommentquandonestmort?Accompagnerlenfantsurle cheminduchagrin,Romano(2009)metenvidenceplusieurspointstraitantdelamortde lenfantainsiquedudeuilquilvavivre.Lauteureinsistefortementsurlefaitquela communication est primordiale dans une telle situation. Ladulte doit, ainsi, prendre le temps dannoncercette mort, den parler sans dtour avec lenfant.Il est, donc,judicieux dutiliser des termes vridiques et de nocculter la vrit, en aucun cas, car selon elle, pour que lenfant arriveintgrerlaralitdelamort,celui-ciaunrelbesoindemotsjustes,assurs, dexplicationsprcises,concrtespourresterencontactaveclaralit(Romano,2009, p.26).Romano est trs claire quant la position de ladulte face cette mort et face cet enfant qui attendtantdelui.Lesmensongesetlesnon-ditsnesontenaucunscasprotecteurs,ils attestent de tentatives des adultes pour chapper la ralit du prsent et ne font que diffrer lesquestionsquelenfantnemanquerapasdeposerengrandissant(ibid,p.63).Romano penseeffectivementquelorsquenousadultes,mentonslenfant,lejourocelui-ci apprendra la vrit, il ne nous fera plus confiance, car il se sentira comme sil avait t trahi, et cela, par une personne en laquelle il avait une entire confiance. Ladulte doit donc pouvoir communiquer la vrit lenfant, mais Romano affirme que cela nest pas facile, car ladulte peut ressentir une vritable crainte communiquer avec lenfant, de peur que celui-ci ragisse trsmal.Lespeursdeladultepeuventtrecomprhensibles,carlorsquelenfantdontnous avonslaresponsabilit,vitunesituationdedeuil,noussommes,entantquadultes,tout dabord confront cet immense chagrin que lenfant est en train de vivre, mais galement notre propre chagrin cela ractive notre propre chagrin par rapport la personne qui vient de mourir, mais aussi par rapport aux autres morts et aux preuves de la vie que nous avons pu rencontrer. (p.60) Romanovoquegalementdanssonouvragecertainesractionspossiblesdenfantsquise trouventfacelamort,tellesqueladpression,certainstroublesducomportement,des ractionsdidentificationsaudfunt,etc.Certainsdecespointsseronttraitsdanscetravail (voir page 45). 16 1.3Mmoires UncertainnombredemmoiresontdjtralisslUniversitdeGenveauseindela Facult de Sciences de lEducation et de la Facult de Sociologie sur le thme de la mort dans lalittraturedejeunesse.Lesmmoirestrouvsdanslesbibliothquesdecesfacults,bien quilsabordentunmmethme,ontdesapprochesdiffrentesetilsnepoursuiventpasle mme but.Leplusancienmmoirerpertori,datede1995etapourtitre:Lamort diteauxenfantsde Franoise Comte. Lauteure propose un inventaire, afin daider les adultes choisir les livres quils pourraient utiliser avec les enfants. Son analyseest base sur un corpus de livres pour enfants traitant de la mort. Ces derniers sont destins un public de sept onze ans et ils sont tous disponibles dans les bibliothques romandes. Elle effectue une rflexion sur les processus dedeuil,puissurlavieillesse,thmequiestaussitrsprsentdanslesalbums.Elle sintresse galement limage de ladulte et de lenfant dans ces livres et du sens que donne lauteur la mort. Elle offre aussi des rsums auxquels sajoutent des critiques personnelles et dventuelles ractions denfants. Le mmoire de Chlo Gros (2002) La mort en classe: paroles denseignants nous propose des tmoignagesdedouzeenseignantsparmilestroisdivisionsdelcoleprimairegenevoise (lmentaire, moyenne et spcialise) sur leurs manires de ragir et dintervenir face au deuil dundeleurslves.Lefaitdinterviewerdesenseignantsluiapermisdeffectuerune comparaison entre les actions et les dires des enseignants de ces trois divisions. Elle a donc pu serendrecomptedesdifficultsrencontresoudesfauxpascommis,maisgalementde constituer un recueil dactivits, dides et de conseils proposer aux lves. Nathalie Gigandet (2003) nous suggre, dans son mmoire Lenfant et la mort: entre silence, crits et paroles, quelle ducation?, de travailler sur ce thme partir des conceptions et des thoriesdecertainspsychologuesetthrapeutes,maisaussidelivrespourenfantsdezro douze ans dans le but de voir comment aborder le thme de la mort avec des enfants en bonne sant. Elle analyse quinze livres de manire qualitative afin de dterminer le langage utilis et lesreprsentationsdelamortdansleslivres.Ellesintressegalementlavisdecinq couplesdeparentsparrapporttroislivreschoisis,afindedterminersicesderniers rpondent leurs besoins et quelle utilisation ils peuvent en faire. Lederniermmoire,Lamortexpliqueauxenfants:esquisseduneanalysetraversdes albums illustrs de Grgoire Delaloye (2003) sinscrit dans une approche sociologique. Il allie uneanalysedelaconsciencedelamortchezlenfantvariantenfonctiondelasocialisation avec les diffrentes reprsentations de la mort qui sont transmises dans les albums de jeunesse et adresss aux enfants de cinq neuf ans. 17 1.4Remarques Durantlarevuedelittrature,nousavonspuremarquerquilexisteungrandnombre douvragesfaisantlanalysedelalittraturepourlajeunesse.Nanmoins,touslesgenres textuels destins aux enfants, ne sont pas tous logs la mme enseigne. La littrature traitant des contes est, par exemple, trs riche, notamment travers les crits de Bettelheim, dontLa Psychanalyse des contes de fes (1976) et La lecture et lenfant (1983). Bettelheim, dans ses crits,admontrquelesrcitsontungrandimpactsurlesenfants.Laquantitduvres sattardant sur les contes, sexplique, sans doute, par le fait que les contes sont des rcits trs anciens,quidcoulentdunetraditionorale,quiapermutenunetraditioncritefortement inscrite dans notre culture. Lenfant et la littrature de jeunesse 1.Dfinition de lenfant Dans le Littr, lenfant est dfini comme tant un individu de lespce humaine qui est dans lge de lenfance. (1956, p.717). Lenfance y galement dcrite, comme tant une priode delaviehumainequistenddepuislanaissancejusqueverslaseptimeanne,etdansle langagegnral,unpeuau-deljusqutreizeouquatorzeans.(1956,p.716).Alorsquela ConventionInternationalerelativeauxDroitsdelenfantde1989,dfinitlenfantcomme tant tout tre humain g de moins de dix-huit ans, sauf si la majorit est atteinte plus tt en vertudelalgislationquiluiestapplicable.Nousremarquonsdoncquelenfantnapas toujourstdfinidelammemanire,etlafindelenfancenestpaslammeselonles poques. Lenfant est donc dfini par sa vulnrabilit et son jeune ge. Il nest pas capable de sassumerseuletdeseprotgerdecequilenvironne.Deplus,lenfancecorrespondune priodedanslaquellelenfantgranditetvolue,afindedevenir,plustard,unadulte (Convention Internationale relative aux Droits de lenfant). 2.Lvolutiondelaplacedelenfantdanslasocitetlhistoiredela littrature de jeunesse Lenfantnapastoujourstconsidrdelammemanireauseindelasocitetcela travers les poques.Au Moyen Age, la connaissance et la conscience des particularits de lenfance par rapport lgeadultetaitmconnues.Eneffet,cettepoque,lamortalitinfantiletaittrs rpandue.Lesentimenttaitetestrestlongtempstrsfortquonfaisaitplusieursenfants pour en conserver seulement quelques-uns (Aris, 1973, p.60), pass ce stade, lenfant tait pratiquement considr comme un adulte.18 Ce nest quen 1697, que Perrault met par crit les histoires et les contes du temps pass qui seracontaientdegnrationengnration(sansappuicrit).(Perini,Thiel,&Varonier, p.23,1995).Ilsagitdoncdespremierscritsaccessiblesauxenfants.Lescontessont probablement lun des premiers crits accessibles aux enfants, nanmoins les contes navaient pas forcment pour public cible ceux-ci, mais les adultes, ce qui implique une autre manire dcrire(Nires-Chevrel,2009).Cescrits,telsqueLePetitPoucetouLaMarchandeaux Allumettes,fontpleinementpartiedenotreculture.Bienquecescontessoientfort intressants et quils abordent diffrents thmes comme la mort, nous ne les prendrons pas en considrationdansnotretravail.Eneffet,nousnousintresseronsseulementauxuvres critespardesauteursvoulantsadresserdirectementauxenfantsauXXmeetXXIme sicles. De par ce fait, les livres que nous prenons en compte ont le souci dutiliser un langage et une manire daborder le thme choisi afin que les enfants puissent comprendre le texte et quils en saisissent le message. A partir du XVIIme sicle, la diffrence entre lenfance et lge adulte va commencer tre prise en considration. Lenfant a dsormais un costume rserv son ge, qui le met part des adultes (Aris, 1973, p. 75-76). Lintrt des adultes va grandir autour des manires et du langage de lenfant quils trouvent fort amusant.Ds la fin du XVIIIme sicle, certains changements vont avoir lieu au sein des familles. En effet, lattachement des parents envers leurs enfants va prendre une plus grande ampleur. Ceci est d, notamment, au contrle des naissances et la baisse de fcondit. Louvrage Emile de Rousseau (1762) propose des principes dducationqui tiennent compte des particularits de lenfant. Rousseau est donclun des premiers sintresser aux besoins delenfant.Cenestquaprssamortquesesproposserontvritablementprisen considrationetlundesfaitsmarquantsestlapparitiondupremierpriodiquefranais destin aux enfants lami des enfants. Jusquau XIXme sicle, lenfant noccupait pas la mme place quaujourdhui au sein de la socit.Ilfaisaitpleinementpartiedumondedesadultesenpartageantlequotidiendeleurs parentsetdeleurentourage.Acettepoque,lenfanttaitdoncconsidrcommeunpetit adulte,cequisereflteparlefaitquilnexistaitpasdelittraturedirectementdestineaux enfants,tantdonnqueceux-cintaientpas,cettepoque,prisenconsidrationentant quenfants.Leshistoiresauxquellesilsavaientaccstaientessentiellementditesparoralet nonparcrit.Deschangementsvontsoprergrcelcole.En1833,enFrance,laloi Guizot jette les assises de lenseignement primaire en obligeant chaque commune avoir une cole(Bornet,&Bchelin,2003,p.18).Touteslesclassessocialesontdoncmaintenant accslcole,cequiimpliquelapprentissagedelalectureetdelcriture.Cetvnement marqueunecertainemontedelapublicationduvrescritespourlesenfantsetcelaen ayant le souci dune vise pdagogique. AuXXmesicle,lenfanceafaitlobjetdenombreusesrecherchespdagogiques,de plusieurs thories psychologiques et les chercheurs se sont proccups du bien-tre de lenfant auniveaupdagogique,desasantetdesonhygineainsiquedesaplacedanslasocit. 19 Enfantsnormauxetanormaux,enfantsdesdiffrentesclassessocialesetsurtoutdges diffrentspeuplentlascnepsychologiqueetpdagogiquedusicledemieuxenmieux cernsdansleursspcificitsetleursexigences(Becchi,1998,p.394).Uneattention particulireestdoncportecettepriodedelavie.Durantcettepriodebeaucoupdcrits sur ladolescence apparaissent galement. CommelindiqueBecchi(1998),desauteursmettentenexerguelimpactdesmilieux culturels et sociaux sur le dveloppement de lenfant. Dans les annes 1940 et 1950, Erikson etBettelheimanalysentlesvariationsarchitecturalesdudveloppementsocio-affectifde lenfantenfonctiondestraditionsetdesidologiespropresauxsocitsdadultesqui lentourent(Becchi,1998,p.379).Lesmursdelasocitontdoncuneinfluencesur lducation de lenfant et sur la manire de considrer lenfant.Lenfantsinscritdoncdanslasocitprexistante,ilnestdoncpasunacteurdansla construction de celle-ci, car elle existe dj avant lui, ce que dmontre Becchi (1998): Mais lenfant nest pas tant un tre pour le social (et pour une socit fonder) que dans un social djfond,inscritdanscettecelluleinliminabledusocialquestlafamille.(p.430).Les mentalits voluent, donc la socitchange.La place de lenfant et la manire deconsidrer lenfant vont donc changer galement. De plus, lenfant et la famille sont au centre des proccupations sociales et politiques, ce qui est un fait nouveau. Durant le XXme sicle nous observons que pourfavoriser la qualit de vie de ses prognitures, les familles diminuent les naissances.Or, le temps pass par les parents dans la cellule familiale diminue peu peu de par le fait que les parents travaillent. Les relations sont donc modifies et la structure familiale sen ressent. Deplus,leXXmesicleesttmoindechangementsnotoiresauniveaudesfamillestant donnquilyadeplusenplusdedivorces.CommeledmontreBecchi(1998)qula famillenuclairesuccdelafamillemonoparentale.(p.432).Lesreprsentationsdela familleauseindelalittraturedejeunesse,vagalementsubirdesmodificationsetpar consquent,devenirlerefletdelasocit.Touteslesfamillesexistent,etlenfantdoittre confrontsansexclusiveaucunetoutelesformesderalits,quelquesoitsacondition familiale personnelle, un mme enfant a besoin de trouver dans les livres, parfois des familles apaisantes, parfois des familles refltant les conflits et les drames quil vit ou voit vivre autour de lui. (Held cit par Perini, Thiel, &Varonier, 1995, p.67). Lesparentssonttoujoursautantproccupsparleursenfantsetcequipeutleurarriver notamment parce quils mettent en lien leur propre enfance, si celle-ci a t heureuse ou non ainsiquelesproblmesquilsontpuvivreaveccelledeleurenfant.Notresocitquise proclame faite toute entire pour lenfant ne sest pas libre de lenfant qui est en chacun de nous, enfoui dans le refoul les faiblesses, les pulsions destructrices (Becchi, 1998, p. 435). Ilestdoncdifficilepourladulteparentdesedtacherdesapropreenfance,ainsiquede lenfancedesaprogniture.Ceciseretrouvegalementchezlauteurquitransmet,travers ses crits, sa manire de voir le monde et de percevoir lenfant et lenfance, en tenant compte, demanireconscienteouinconscientedesapropreenfance,etdoncdesonvcupersonnel: 20 Dunemaniregnrale,onperoitunevolontdesauteursetdesillustrateursdaiderles enfants-lecteurs ne pas vivre les mmes dceptions quils ont d subir eux-mmes. (Perini, Thiel, &Varonier, 1995, p.55).Au XXme sicle, lenfant est reprsent comme un treparfait, et dont la perfection peut treatteinte.Ilsagitdevhiculerunstrotype,afindinformerlasocit,etplus particulirementlesparents,decequelenfantpeutdevenir:Cetenfantnedoitpasavoir peur dexprimer ouvertement ses motions, son opinion et ses dsirs, de dire ce quil pense ou delemanifesteretderpondresesans.Ilnereculepasdevantlesconfrontationsetfera partdestensionsetdesjoiesquihabitentlefonddesoncur.(Perini,Thiel,&Varonier, 1995,p.52).Delors,unnombreimportantdespcialistesvaapparatreetvasintresser lenfanceetsesmultiplesparticularits.Ilestsansdoutelgitimedeparlericidenfant nouveau: un enfant agrable regarder, dont la croissance en taille et en poids est codifie, dont la maturation est divise en tape, demandant chacune une attention particulire, laquelle relve avant tout de lespace familiale et dadultes qui sy consacrent pleinement mme si ce nest pas temps plein (Becchi, 1998, p.433). Un avenir brillant est envisag et vis pour les enfants, il nya pas de doutes sur leurs propres capacits russir. De plus, lavrit ne leur est plus autant cache et certains thmes, tels que la sexualit, est abord sans recourir des mtaphores tout comme celui de la cigogne, tout comme nous pourrons, peut-tre le constater pour le thme de la mort. Becchi (1998) indique que dans la socit actuelle, nous pouvons constater que la priode de lenfance et de ses privilges a une tendance durer plus longtemps quauparavant. De plus, le passage de lenfance lge adulte, stablit de manire plus ou moins implicite, sans une relle rupture. En effet, Becchi (1998) affirme que ces propos sont attests par la dure de la dpendance conomique (sinon morale) desenfants lgard des parents, leur entre tardive danslaproduction,lestudestoujourspluslonguesquilesmaintiennentdeplusenplus longtempsensituationscolaire,sansresponsabilitniinitiative.[]lenfanceestmisehors dutemps,placedansuncoulementchronologiquesansprogrsnitapes,olenfantne peut que se rpter, une fois de plus puer aeternus (p.439- 440). 2.Littrature pour enfants La littrature de jeunesse offre une multitude delivres traitant de diffrents thmes travers plusieurs genres littraires. Ce qui nous amne dire que les enfants ne sont pas carts et que loffre qui leur est adresse nest pas des moindres: les chiffres de production rvlent que le secteurjeunesseestenpleineexpansionetquilconstituelecrneauleplusporteurde lensemble des segments ditoriaux (Perini, Thiel, & Varonier, 1995, p.14). Selon le groupe, GfK (socit dtudes de march), la rpartition du chiffre daffaire du livre de lanne 2010, placelesecteurjeunesseendeuximeplaceavec16%duchiffredaffaire.Ilnyaquele littraturegnralequiaituneplusgrandeplacedemarchavec27%.Derrirelesecteur delajeunesse,noustrouvonslessecteurssuivants,danslordreduclassement:Loisirs/vie 21 pratique,BD/manga,Scienceshumainesettechniques,Beaux-Arts,Scolaire,Tourisme, Histoire,Parascolaireetautressegments.LesecteurJeunesse,estprincipalementaliment parlesalbums,lescoloriagesetlesjeux,ainsiqueleslicences,lesfilmsetlactualitdela coupe du monde de football(Communiqu de presse de GfK, 14 mars 2011).Lanalyse de lensembledeslivrespourlajeunessereprsenteraituntravailbeaucouptropimportant,et cela nest pas lobjet de notre tude. Une seule thmatique est donc retenue, celle de la mort. Mme en se restreignant un seul thme, nous nous rendons compte quil existe une grande bibliographietraitantdusujet.Leslivrescomposantcettebibliographiecorrespondentdes genresdetextediffrents,eneffet,ilyadesromans,desdocumentaires,desalbumsde jeunesse,desbandesdessinesetdescontes.Notreanalyseporteessentiellementsurles albums de jeunesse. Cela nous permet de garder une certaine unit dans la manire dont sont crits les textes et donc davoir une base commune de rfrence. Nousavonsdciddenousintresserauxalbumsdestinesauxenfants.DaprsNires-Chevrel(2009),nouspouvonsdistinguerdeuxsortesdcritsdestinslajeunesse.Dun ct,nousavonsdestextesdontlesauteursnedestinaientpasleurscritsdirectementaux enfants,maisquiplustard,onttadaptsdemanirecequilssoientaccessiblesun publicplusjeune.Ilsagit,entreautre,decontesorauxoudetextesclassiquesquitaient destinsdesadultes.Dunautrect,noustrouvonslavraielittraturepourlenfance, tantdonnquecettedernireestdirectementadresseauxenfants.Lauteursadresse directement aux enfants, en utilisant un langage adapt.Ilexistediffrentstypesdetextespourlesenfants,telsqueleroman,ledocumentaire,la bande dessine et lalbum de jeunesse. Le genre de texte change selon le public auquel il est destin. En effet, pour les plus grands, il existe principalement, des romans, alors que pour les plus petits, nous trouvons essentiellement des albums de jeunesse. 3.1Thmatiques et accs la littrature de jeunesse: Lalittraturedejeunesseprsentediffrentesthmatiquestoutestrsvaries,tellesque lamour lamiti, la jalousie, ladoption, etc. Daprs Perini, Thiel, & Varonier (1995) le choix desthmatiquesabordesdansleslivrespourlesenfants,ainsiqueladcisiondela publicationdeceslivressontprincipalementsoumisauxloisdumarch.Dailleurs,les valeursquilcontientnefontpasvraimentpartiedesproccupationsdesprofessionnelsdu livre(Perini,Thiel.&Varonier,1995,p.7).Celasignifiedonc,quelesmessagesretrouvs dansleslivrespourenfantspeuventtretrsvarisetilsnesontpasforcmentlerefletdes idologiesdesditeurs.Lelivreestfacilementaccessibleaujourdhui,parlebiaisdes diffrentesbibliothquesmunicipales,desgrandessurfaces,tellesquelessupermarchs,les magasinsdetabac,laposteetenfindeslibrairies.Lelivrenestdoncplusrservune certaineclassedelasocitetchacunpeutdoncenfaireusageindpendammentdesa situation socio-conomique et de sa culture. Nanmoins, le lecteury trouvent une quantit et unequalitdinformationsnonngligeables,quiservlenttredevritablesressources: 22 vhicule de la pense le plus simple, le plus maniable, le plus diversifi, le moins couteux, le livreapparatcommeuninstrumentprivilgi,desavoirderflexion,etdexpression.Il incarne,depuislpoquedeGutenberg,lessouvenirsdupass,lesavoiretlasensibilit daujourdhui, les projets et les rves de lavenir (Revue cultures, UNESCO, volume 4, no 2, 1977citparPerini,Thiel,&Varonier,1995,p.14).Leslivrespermettentdoncdavoirun certainrefletdelasocitdaujourdhui,maisgalementdeseprojeterdanslaveniroude revenir dans le temps, do sa richesse: Le livre restera toujours la base de toute culture, car elle sait rester le tmoin des choses et des gens et ce nest quen prenant appui sur un solide patrimoine culturel que lhumanit pourra construire le futur (M. Bermond, & R. Boqui, Le livre ouverture sur la vie, p.126 cit par Perini, Thiel, & Varonier, 1995, p.16). 3.Albums de jeunesse Dans notre recherche, nous prenons en compte seulement les albums de jeunesse. Ces derniers nont pas toujours t dfinis de la mme manire. Eneffet, les albums destins aux enfants fontleurapparitionauXIXesicle.SelonNires-Chevrel(2009),lestoutpremiersalbums, sousformedenarrationsuivie,sontapparusdanslesannes1860.Letermealbuma longtempseuunesignificationtroplargeetparconsquent,ilenglobaittousleslivresdans lesquels limage a une place prpondrante par rapport celle du texte. Le mot album ne sestimpospeupeu,danssonsensactuel,quaprslaguerrede1939-1945,lecoup denvoi de cette volution de sens provenant du nom de la collection cre par Paul Faucher: LesalbumsduPreCastor.(Poslaniec,2008,p.125)Lalbumdejeunesseestungenre beaucoup plus rcent que celui du conte, comme nous avons pu le voir prcdemment. Il avait pourintentiondesusciterlexpressiondesenfants,veillerleursenscritiqueafindeleur donner cet instrument primordial quest la capacit de sexprimer (Perini, Thiel, & Varonier, 1995,p.26).AveclarrivedeladeuximeGuerreMondiale,lesalbumsdejeunesseontvu baisser leur rendement et ce nest que dans les annes septante que lalbum va renaitre et tre remis au got du jour. 4.1Caractristiques Aujourdhui, nous dfinissons lalbum comme tant un subtil change entre texte et image (Gondrand,etal.,2007,p.17).Ilcaractrisedonc,untextedanslequellacomprhension stablit travers la lecture du texte et des images de manire conjointe.Il sagit deslivres dont les effets de sens reposent sur des interactions du texte, de limage et du support, et qui sont ce que lon appelle des iconotextes. [] le terme iconotexte [] unit icne et texte dune manire analogue au genre mixte quil dsigne: lalbum, la bande dessine, le romanphotosontdesiconotextes(Nires-Chevrel,2009,p.118).Leslivrescontenantdes illustrations ne sont donc pas forcment des albums. Dans un album, le texte ne contient pas touteslesinformationsncessaireslacomprhensiondurcit,tantdonnquelimage contient des informations importantes qui ne sont pas forcment prsentes dans le texte. Si les illustrationsnapportentpasdenouvellesdonnesoudinformationssupplmentairespar 23 rapportcellesprsentesdansletexte,alorslesillustrationsnereprsententquunbonuset ellesnesontquuneinterprtationdelillustrateur;sansleurprsence,letextereste comprhensible.Parexemple,danslescontes,letexteatrdigdemanirecequilse suffise lui-mme et les images nont t ajoutes que par la suite, pour illustrer lhistoire.Lalbum de jeunesse impose au lecteur de traiter les informations provenant des images, mais galementdutexte,cequipeuttredfinicommetantunedoublenarrationselon Poslaniec (2008) ou alors une lecture mixte selon Nires-Chevrel (2009). Ce qui dmontre que les deux composantes de lalbum sont aussi importantes lune que lautre, et quelles vont de pair.Selon Perini, Thiel, & Varonier (1995), lalbum est la fois un objet et un sujet. Il sagit donc dunobjetmaniabledontlecontenuserfrelasocitetlaculturedanslequelilse trouve.Soncontenuest,desdegrsdivers,unrefletdelasocit,desnormesetdes valeurs.Ilestinscritdanslechampdelidologie,ausenslarge,etcestunvecteurde messages(Escarpit&Vagn-Lebas,citparPerini,Thiel,&Varonier).Deplus,ilest considrcommeunrelsujet,cariljoueunrletrsimportantenverslenfant.Eneffet, lenfantpeutapprendreetdcouvrir,dediffrentesmanires,desconnaissancesdumonde ainsiquedessavoirsparticuliers,maislalbumluipermetgalement,deluifairevivre certaines expriences nouvelles ou refltant son propre vcu. 4.2Un monde imag Commenousavonsdjpulvoquerprcdemment,limageaunegrandeplacedans lalbumdejeunesse.Limagetantomniprsenteauseindenotresocit,traversles affichespublicitairesetlatlvision,notamment,lenfantestdoncbaigndansunmonde imag.Lesimagesprsentesdanslesalbumsdejeunessenesontdoncsrementpasles premires auxquelles il est confront. Limage est donc un moyen privilgi pour transmettre un message, tant donn que lenfant rencontre des images, bien avant de savoir lire et crire, et quil peut donc les interprter.Si lalbum vhicule un message au travers de son texte, il parlenaturellementlenfantparlimage,etsonimpactestdepoids(Perini,Thiel,& Varonier, 1995, p.13) . Dans lalbum de jeunesse, limage nest pas l pour illustrer, mais pour narrer (tout comme le texte). Cela implique donc, la prsence dun deuxime narrateur. En effet,la mme histoire estracontecomplmentairementpardeuxnarrateurs,lunutilisantdesmots,lautredes images,etcestcequicaractriselalbum(Gondrand,etal.,2007,p.20).Laprsence dimages dans les albums nimplique pourtant pas une redite de lhistoire narre dans le texte. Ilsagitvraimentdedeuxnarrationsquiontdesliens,bienentendu,maisquisont complmentaires.Eneffet,desinformationsimportantesnefigurentsouventquedansles images,quiprennentnonseulementenchargelaspectphysiquedespersonnages,mais galement leur caractre, par leurs attitudes, le contexte de lhistoire, les lieux, et qui prcisent 24 frquemment des donnes que le texte nonce dune faon dtache (Gondrand, et al., 2007, p.20). Ce sont ces aspects que nous retiendrons pour lanalyse des images des albums retenus. Bien que limage soit diffrente de lcrit, tout les deux comportent certains points communs, telsqueleursoriginesetleurmaniredecommuniquer.Limagepuisedirectementaux sourcesdelapsychetdelimaginaire.Ellepossdeunlangage,unvocabulaire,une logique. Limage se raconte par elle-mme, elle livre un message (Perini, Thiel, & Varonier, 1995, p.28). Par ailleurs, limage, tout comme le texte, peut focaliser lattention du lecteur sur un lment de lhistoire soit par la description soit par un cadrage particulier. A leur manire ilspeuventtousdeuxcommuniquer,transmettredesmessagessansdevoirlefaire simultanment.Lesobjetsdelaralitsontreprsentstraverslesimagesquenoustrouvonsdansles albums.Nanmoins,cesdernierssontprsentsdemanirebienplussimplifie:Elle [limage]signale,donneaccsauxsymboles;lamaniredutextecrit,elledit, exprimequelquechose(Perini,Thiel,&Varonier,1995,p.28).Limageadoncsonpropre langage,grceauquelellecommunique.Cependant,saporteestlimite,carellenapasla capacitdexprimerlangationouencorelespace-temps.Eneffet,Nires-Chevrel(2009) indique que seul le texte est apte affirmer que quelque chose nest pas ou ne doit pas tre. Limage ignore la ngation; elle est toujours cration dexistence (ft-ce mentale) (p.136). Comme le fait le lecteur de textes, le lecteur dimages construit du sens au fur et mesure de sa lecture, et il devient donc acteur de sa proprecomprhension. En effet, un mme texte ou unemmeimage,peutdonnerlieuuneinterprtationnuance,enfonctiondes connaissances encyclopdiques du lecteur. Enfin, limage sappuie sur la complicit de celui qui la regarde. Car le spectateur est actif devant un message: il sefforce de le dchiffrer et uncontactalieuentrecelecteuretletextequelimagereprsente(Perini,Thiel,& Varonier, 1995, p.29). Lauteur et lillustrateur doivent donc tenir compte du public vis. 4.3Les personnages des albums Les personnages prsents dans les albums sont trs varis. Les enfants et les adolescents sont majoritaires.Ilsagitdecettemaniredepermettreetdefaciliteruneidentificationau personnageafinderetenirleurattention.Lesauteurssinspirentdoncdelavierelleetde situations dans lesquelles les enfants peuvent se retrouver ou se reconnatre. Il sagit donc de parlerdelui,delemettreenscnedanssaviequotidienneparhrosinterpos(Nires-Chevrel, 2009, p. 155). Nanmoinscertainsauteursmettentenscnedesanimaux.Cesanimauxsontsouvent reprsents comme tant anthropomorphes, ce qui signifie que des caractristiques humaines leursontattribues.Lapartlaplusimportantedecepetitzooestconstituedetousces animauxquisontprsentsdanslalittraturedejeunessecommedesdoublesdenotre humanit [] limage contribue donner ces hros pour partie une apparence animale, pour 25 partiedesattributsdhumanit(posturedresse,expressivit,vtementsetaccessoires). (Nires-Chevrel,2009,p.140).Ilnesagitdoncpasdereprsenterlavierelledeces animaux,maisdemettreenscnelaviehumainetraverseux.ToutcommelefaisaitLa Fontaine dans ses fables, les auteurs voquent un monde danimaux qui est en partie limage du monde des humains. Lamiseenscnedesanimauxdanslesalbumsdejeunesseinstaureunecertainedistance entrelafictionetlaralitetpermetainsidesedtacherdesnormessociales.Comme lindique Nires-Chevrel, (2009),lusage de lanimal anthropomorphe permet aux crivains et aux artistes de se librer des attendus de la vraisemblance rfrentielle. [] En choisissant unhrosanimal,lcrivainestdlivrdelancessitdintroduireunmarquagesocialet ethnique (p. 148). Lauteur a donc une plus grande libert de manuvre dans sa manire de prsenterunthmeaulecteur.Certainesthmatiquesplusdlicates,tellesquelamort, peuvent donc tre abordes par lintermdiaire dun monde danimaux auquel le lecteur peut sidentifier tout en gardant une certaine distance. 4.4Apports des albums Mmesilalbumdejeunessenoccupepasuneplaceprpondrantedanslesactivitsde lenfant, celui-ci apprcie, de manire gnrale, de se faire raconter des histoires. Lalbum a cependantdesqualitsirremplaables.Quelenfantrefusequonsarrteprsdeluipourlui raconterunehistoire?Ilsagitdedvelopperceplaisir,doncdamenerlelivrelenfant (Perini,Thiel,&Varonier,1995,p.14).Ainsi,nouspouvonsmobiliserlcoutedelenfant, en profitant de pouvoir aborder des sujets difficiles, tout en lui transmettant, aussi, le got et le plaisir de la lecture. La faon dont le thme va tre prsent dans un album dpend, avant tout, de la reprsentation que se fait lauteur de lenfant et de sa manire de voir le monde. Par consquent, en fonction desbesoinsetdescapacitsquilattribueauxenfants,lauteurnevhiculerapaslemme message. Les albums de jeunesse tant destins aux enfants, ils se doivent dtre adapts eux et il est donc ncessaire, que ces livres prennent en compte les caractristiques des enfants: Lenfant abesoindtreprisenconsidrationentantquenfantdontlaconstructiondelalogiqueest diffrente de celle de ladulte (Perini, Thiel, & Varonier, 1995, p. 21). Lenfant pourra ainsi traverslesimagesdunalbum,seretrouverlui-mme,ainsiquesesituerdans lenvironnement prsent, grce un message qui est adapt sa comprhension et qui lui ai donc accessible.Ilestvraiquelalecturedalbumsparlesenfants,nestpasunprocdanodin,tantdonn quelescontenusdesalbumsontunvritableimpactsureux.Lefaitdeliredesalbumsde jeunessepeutavoirdesrpercussions,surledveloppementdugotdelalecture,mais galement sur sa manire de voir le monde et denvisager son avenir: lalbum a sur lenfant 26 uneinfluencebienloindtrengligeable,autantsursamaniredepenserquesurson apprhension du monde, son apprciation de la lecture, et mme sur sesmotivations de vie (Perini,Thiel,&Varonier,1995,p.17).Deplus,lalbumoffrantlapossibilitdaborder diffrentes thmatiques, celles-ci correspondant directement aux interrogations des enfants et auxtapesdifficilesquilstraversent,ilpermetdesidentifieretilrelve,ainsi,certains lments de rponses leur propre vcu. Ces thmes [tels que la peur, lamour, lagressivit, lamort,etc.]sontressentisparlenfantcommemerveilleux,lorsquilsesentcompriset apprciauplusprofonddesessentiments,desesespoirsetdesesangoisses,sansquetout cela soit mis de force et analys sur la dure lumire dune rationalit qui est encore hors de sa porte(Bettelheim,1976,p.31).Lalbumadonc,quelquepart,lescapacitsdoffrirune thrapieinconsciente.Cetteidenousmontrequelpointilestimportantdaborderdes thmes difficiles et douloureux dans la littrature de jeunesse. Ces livres refltent le vcu des enfantsetilspeuventleurpermettredevivremieuxcesinstantsdifficiles,etpeut-tre doutrepasser ces obstacles.Lesalbumsdejeunessepeuventengendrerdesdiscussions,quecesoittraverslcritou limage. Lalbum constitue un vritable instrument pour ladulte, qui va pouvoir sappuyer sur cesupport,afindamorceruneconversationaveclenfantsurunthmequiljugeplutt dlicat,telquelamort.Ladultesevoitoffrirplusieurspossibilitsdexploiterloutil susmentionn;eneffet,ilpeutseserviruniquementdesimages,dunepartiedutexte,ilest libredelutilisercommeillesouhaiteetadquationaveclebesoin,lecomportementde lenfant, mais galement en fonction de sa raction. 27 La mort et le deuil 1.Dfinition du deuil Notre thmatique principale est la mort telle quelle est prsente aux enfants dans les livres dejeunesse,nanmoinsnousnousintresseronsgalementaudeuil.Eneffet,enfeuilletant certainslivrestelsqueEtAprs(2002)etGrand-preestmort(1996),nousavonspu constaterquecesujetestlaplupartdutempsprsentdansuncontextededeuil,cest pourquoinousestimonsindispensablededfinirceterme.Ledeuil,danssonsenslarge, reprsentelensembledesractionsquifontsuitenimportequelpertedobjet.[Notre recherche]restreintlanotiondeperteundcsetlanotiondobjetdamourcellede personne proche, aime ou significative. Il ne sera donc pas question dautres types de pertes (parexemple,perteduntravail,pertedelibert,pertedelajeunesse,pertedunidal,ou encore,pertedunanimal)(Zech,2006,p.9).Bienqueledeuilpuisse impliquerdiffrents aspectslislaperte,ladfinitionquenousretenonspournotrerecherche,estcellequi dfinitledeuilcommetantunepriodevcueparunindividuquivientdeperdreuntre cher; cette perte tant cause par la mort. La signification de la mort et du deuil peut varier; elle nest pas comprise par tous de la mme faonetellepeuttrevcuedediffrentesmanires.Eneffet,selonlapproche socioconstructiviste,ledeuilestsocialementconstruit,carlesmotionssontdes constructionssocialesreposantsurunsystmecultureldecroyancesetdevaleurs,leurs expressionstantsocialementdtermines.(Zech,2006,p.17)Chaquecultureasapropre conceptionetidedelamort,etdudeuilquisensuit;celadpendenpartiedescroyances, ainsiquedesvisionsdelau-del(rincarnation,paradis,etc.).Facecesdiversescultures, nous ressentons le besoin de dtailler plus prcisment le deuil, tel quil est vcu ou vu dans notre socit occidentale. Le deuil est li la mort dun tre cher et la sparation qui en dcoule, ce qui va provoquer, chez la personne endeuille (qui subit la perte) des ractions motionnelles fortes. Le travail dedeuildfinitlapriode,plusoumoinslongue,quivasuivreledcsdeltrecher, pendantlaquellelapersonneendeuille,vaessayerdefairefacesadouleuretvatenterde surmontercettepreuve.SelonBourgeois(1996),onappelledeuilcettedpossessionet laccablement qui la suit, et travail de deuil les processus psychiques de cicatrisation de cette blessure mentale qui va voluer comme une maladie de lme et du corps (p. 5). Le deuil ne surgit pas de nulle part; la relation que la personne endeuille avait avec le dfunt existait dj avantetlarupturedecettedernire,engendreraledeuilchezlapersonneayantperdule proche.Ledeuilestdoncprdfinit,enpartie,parlelienquiexisteentredeuxpersonnes. Hanus,&Sourkes(1997)affirmentqueledeuil,letravaildedeuilsonttroitementlis cetterelationdontilestsidlicatdapprhendervraimentlintimit,maisdontles particularitsvontimprimerlescaractresdudeuil.Ledeuilnestquunavatar,une transformationdunlienquiexistaitbienavantlui,quicontinuetraverslui,sousdautres 28 modesetluisurvitencoredemanireindlbilepourcequiestdesdeuilslesplus importants (p.35). La sparation avec la personne dfunte va donc provoquer des changements chez la personne endeuille.Ellevadevoirfairefacecetteperteetlasurmonter.Pourfairesontravailde deuil, la personne endeuille va surmonter son deuil, en acceptant cette sparation, ce qui ne signifie pas quelle oublie la personne dfunte. Le chemin parcouru jusque l nest pas vident et implique certains changements chez la personne endeuille. Le deuil est une preuve dont on ne sort pas indemne; il laisse une cicatrice. Le deuil nous change, il nous fait mrir, il nous faitvieilliretseullavenirnouspermettradapprciersicequenousavonsgagnen humanit, en sagesse, en approfondissement lemporte sur ce que nous avons perdu. (Hanus, &Sourkes,1997,p.98-99).Lesconsquencespeuventdonctremultiplesetprendre diffrentes formes. 1.1.Les tapes Accepterquelapersonnequinoustenonsnormmentnesoitplusparminous,nestpas choseaiseetcelademandedutemps.Cettepriodededeuilnestpasvcuedemanire homogne, car la personne endeuille est amene traverser diffrentes tapes.En prenant connaissances des diffrentes thories des psychologues, nous avons pu noter que certainesdentresellesserecoupentetquellesdfinissentdonccettepriodeenplusieurs stades. Zech (2006) et Hanus, & Sourkes (1997) proposent diffrentes manires de diviser la priode de deuil. Dune part, Zech (2006) prsente quatre tapes: -la priode de choc et de ngation -la phase de recherche ou de protestation -la priode de dsespoir et de dsorganisation -ltape de rinsertion ou de rorganisation Dautre part, Hanus, & Sourkes (1997) dcoupent le deuil en trois tapes.-le choc-ltat dpressif -la terminaison.Ces diffrents stadescorrespondant au vcu dune personne vivant un deuil, ne sont pas trs diffrents de ceux dcrits quelques annes auparavant par Kbler-Ross (1975) concernant plus particulirementlemourantquiaconnaissancedesaproprefin.Ellenumrecinqgrandes tapes: 29 -le refus et lisolement. -lirritation -le marchandage -la dpression -lacceptation Nousconstatonsdoncquelapriodededeuilnestpasmorceledelammemanirepar tous, nanmoins, les ides principales se retrouvent dans les diffrentes thories.Lannoncedelamortprovoque,toutdabord,untatdechocquisecaractriseplus spcifiquement par un certain refus, cest ce que Kbler-Ross (1975) appelle,la dngation initiale(p.47).Lafonctiondudeuilestprincipalementdenousameneraccepter progressivementlaralit.[]accepterpeupeusasouffrance,sadouleur,acceptersa rvolte,sacolre,sesressentiments,acceptersestatsdednuementsetdabandon,ce trouble,cedsquilibredanslesquelscettemortnousajets(Hanus,&Sourkes,1997, p.100-101). Cette annonce est comparable, chezcertaines personnes, un arrt soudain dans le temps. Les personnes peuvent manifester leurs motions de manire trs vive et expressive, ou, au contraire, donner limpression de rester de marbre, comme mduses sur place lors de lannoncedelamort.Cettepriodepeuttreinterrompuepardesmomentsdecrisesde colre,dangoisseoudedsespoirintense.Lapersonnercemmentendeuillepeutsesentir immobilise, perdue, dsorganise, estomaque(Zech, 2006, p.66) Lorsque nous apprenons la mort de quelquun, il est possible de ne pas tout comprendre; les informations peuvent donc nepasnousheurterounousinterpellerdesuite.Zech(2006)indiquequecettepriodeest peumotionnelleparcequelapersonneendeuille,tourdie,dnieparfoislanouvelle. Souvent,elleadesdifficultsdecroirequecequiestarrivestvrai.Unecaractristiquede cettephaseestdecontinuerlaviecommesiriennestaitpass.(p.66)Unefoislechoc pass,ladouleurprendalorsplace.Langationestcruciale,carellepermetlapersonne endeuille de minimiser limpact du choc et cela lui permet de prendre le temps de faire face la situation, en lacceptant peu peu. Selon Zech (2006), la conscience de lirrversibilit de lapertesefaitprogressivementetcelainduitdesmomentsintensesdelanguissements (yearning) de la personne dfunte, des pleurs incontrlables et une souffrance aigu, souvent accompagne de colre. (p.66)Lacolregagnelapersonneendeuille;cetteirritationestlerefletdusentimentdinjustice quelle ressent. Ltape du refus est donc remplace par des sentiments dirritation, de rage, denvie,deressentiment.Laquestionlogiquequisuitvaseformulerainsi:Pourquoi moi?(KblerRoss,1975,p.59).Cettequestionpeuttreposetanttparlemourant, tanttparlendeuill.Cettetapesembletretrsdifficilevivre,carelleimplique normmentdequestionnementsdelapartdelapersonneconcerne;elleressentlebesoin dtre trs entoure et soutenue par son entourage.30 Le deuil se poursuit avec le marchandage. En se rendant compte de la fragilit de la vie, nous prenons conscience de la valeur du temps et notre plus grand souhait est de pouvoir revoir le dfuntpourquelquesinstants,aumoins,oubiendepouvoirrepousserlamort.Le marchandageestenralitunetentativederetarderlesvnementsKbler-Ross,1975, p.93).Durant la dpression, la personne concerne ralise quelle ne peut pas changer la ralit. Elle dmontredessignesrvlantunedpressiontelsquelespleurs,lavolontdesisoler,la tristesseetlincomprhensiondautruifacesonvcu.Ilsagitbiendunvritabletat dpressiftel quen rencontrent et en soignent les psychiatres ceci prs quici nous croyons enconnatrelaraison.[]Cestunauthentiquetatdpressifdufaitquelatristesseetla souffrance, la douleur morale sont la fois suffisamment intenses et prolonges pour entraner desconsquencesvisiblesetdurablesettoutdabordsurlesfonctionsphysiologiques habituelles: lapptit, le sommeil, lactivit, la sexualit sont ralentis et diminus (Hanus, & Sourkes, 1997, p. 97).Les souvenirs du dfunt sont, bons ou mauvais, mais toujours omniprsents. Une fois de plus, lerledelentourageestimportantetcompltementncessaire.Finalement,lapersonne russit poursuivre sonexistence en acceptant le dcs.Lacceptation nesignifie pas que la personneendeuilleaoubliledfunt,maispluttquelleparvientprsentvivreavec lidequecettepersonnenestplusprsentephysiquement.Ilsagitdunetapeconsistant galementsereconstruireetainsirepartirsurdebonnesbases.Ledeuiltouchesafin, mais il nest pas encore son aboutissement parce que la personne endeuille revit certaines ractionsdustadeprcdent,maisdemoindreintensitetdesintervallespluslongs.Cette tapesetermineraparlaccessionpourlapersonneendeuilledenouveauxmodlesde reprsentation delle-mme et de la ralit, un quilibre affectif et une rinsertion sociale. (Zech, 2006, p. 68). Il sagit donc de construire le futur, de se projeter dans lavenir, cela nest ralisablepourlendeuillquarrivaudernierstade.Laterminaisondudeuilapproche lorsquecesdsirsderenouveausontacceptsconsciemmentetmmerecherchs.Ilsvont bientt recevoir un commencement de ralisation (Hanus, & Sourkes, 1997, p. 98). Les diffrents stades noncs ci-dessus par Hanus, & Sourkes (1997), Kbler-Ross (1975) et Zech(2006)sontconsulteravecattention,toutefoisnousdevonsnousyrfreravec souplesse. Il est essentiel de ne pas utiliser ce modle des stades de manire rigide, au risque deconclurequelespersonnesendeuillesprsententdesmanifestationspathologiques (Zech, 2006, p. 69). Lorsque nous sommesconfronts au dcs dune personne, nous pouvons ressentir plusieurs typesdmotionsetdesentiments.Chaqueindividuestuniqueetneragitdoncpasdela mme faon quun autre face la mme situation. Certaines personnes extriorisent davantage leurpeine,alorsquedautressecontiennentpoursemontrerforts.Certains,enfin,donnent limpressiondenepastreatteintsparlasituation,cequipeuttredltatdechocdans lequel ils se trouvent. Bourgeois (1996) voque dailleurs que le deuil reprsente lun de ces vnementsdeviequivontmettrelpreuvelindividudanscescapacitsdadaptationet 31 solliciter le sens quil donne sa vie. Les tres fragiles (enfants, personnalits vulnrables, en situation prcaire, exclus et solitaires, sujets gs, dpendants, malades mentaux, etc.) seront dvasts par les deuils qui aggraveront leur vulnrabilit et leur dtresse. Dautres au contraire assumerontetpeut-tremmetrouverontlloccasiondunematurationaffective,dun progrs existentiel et dune crativit (p. 6). 1.2Le deuil anticip CommelindiquentHanus,&Sourkes(1997),faireledeuilsignifieaccepterune renonciation.Cetterenonciationpeutdoncsurvenirlasuitedelamortdunproche,mais lide de cette dernire peuttre prsente bienavant. En effet,dans certains cas, lentourage vit un deuil anticip, cela signifie quil doit faire face lannonce de lamort prochaine dun deleurproche.CettesituationestenpartiecomparableaveccelledcriteparKbler-Ross (1975)concernantlemourant,tantdonnquilsdoiventtousdeux(lemourantetson entourage) accepter lide de la sparation qui surviendra dici peu. SelonBourgeois(1996),undeuilanticippeuttreddiversescirconstancestellesquela vieillesse, une maladie pour laquelle il nexiste pas de traitement, ou encore la prise de risque rgulire travers certaines activits. Lesprochesdumourantpeuventvivrecedeuilanticipenadoptantdeuxtypesde comportements. Soit ils instaurent une distance avec le mourant afin de se prparer la mort decedernier;soitilsadoptentlattitudeinverseentanttrsprsentsauprsdumourantce quiaurapourconsquencederenforcerlesliensquilesrapprochent.Eneffet,comme lindiqueBourgeois(1996),cetteprparationpeutattnuerlechocdelamortquitait prvueetattendue.Ellerisquedeconduireunretraitetunesparationpsychologique prmature. Pour autant, lintensit du deuil nest pas forcment attnue. Souvent la menace de dcs, le sursis accord, va crer un tel rapprochement et une telle intimit, pendant cette priode,renforantlintensitetlatendressedulien,quelesentimentdepertepeutentre terriblement accru (p. 32). 2.Lvolution de la reprsentation de la mort selon Aris 2.1Au Moyen Age La perception de la ralit de la mort par la population na pas toujours t la mme. En effet, selon Aris (1975) au Moyen Age la mort est considre comme tant consciente, cest--dire que celui qui va mourir connat sa destine, il sait que sa fin est proche. Lavertissement tait donnpardessignesnaturelsouplussouventencore,paruneconvictionintime,pluttque par une prmonition surnaturelle ou magique (Aris, 1975, p. 22). En sachant sa fin proche, il va lattendre. Les mourants peuvent donc prparer leur propre mort en suivant un rituel tels 32 que:leregretdelavie,lademandedepardon,larecommandationDieudelapartdes proches, la pnitence et labsolution.Lentourage du mourant est prsent tout au long de ces tapes,ycomprislesenfants.Lefaitquelemourantsachequilvamourirluipermetlui ainsi qu son entourage daffronter la mort de manire plus sereine. Il peut ainsi organiser sa proprecrmonieenrespectantlesdiversescoutumes.Celle-ciestpublique,ilsagitdonc dunecrmonieouvertetous,ycomprislesenfants.Ilimportaitquelesparents,amis, voisinsfussentprsents.Onamenaitlesenfants:pasdereprsentationdunechambrede mourantjusquauXVIIIesiclesansquelquesenfants.Quandonpenseaujourdhuiausoin prispourcarterlesenfantsdeschosesdelamort!(Aris,1975,p.27-28)Cettecrmonie ntaitpasvcuedemaniredramatique,dailleursArisdfinitcettemortcommetantla mort apprivoise car les gens savaient comment lapprhender.Lattitude ancienne o la mort est la fois familire, proche et attnue, indiffrente, soppose trop la ntre o la mort faitpeuraupointquenousnosonsplusdiresonnom.Cestpourquoijappelleraiicicette mort familire la mort apprivoise. Je ne veux pas dire que la mort a t auparavant sauvage, puisquelleacessdeltre.Jeveuxdireaucontrairequelleestdevenueaujourdhui sauvage. (Aris, 1975, p. 28) Lhomme savait que la mort faisait partie, un moment ou un autre, de son destin et il lacceptait simplement, sans essayer dy chapper.Durant le Moyen Age, avec le dbut du culte des martyrs, on nhsite pas faire cohabiter les morts et les vivants dans un mme endroit. En effet, les cimetires se trouvent dans les villes; ilnesagitpasdelieuxuniquementrservsauxdpouillesdesmorts,maissontconsidrs comme des lieux dasile et de refuge. Cest pour cela que des habitations vont peu peu y tre construitesetquedescommerces,maisgalementdesartistesambulants,yferontleur apparitiongalement.Ilexistedoncunegrandepromiscuitentrelesvivantsetlamort,ils taient aussi familiers avec les morts que familiariss avec leur mort (Aris, 1975, p. 35). Il sagitdoncdunlieudeviecommeunautre.Nanmoins,certainesrestrictionssont appliques par lEglise telle que linterdiction de donner des spectacles.ApartirdelasecondemoitiduMoyenAge,lamortperdrasoncaractrecollectifpour laisser place une plusgrande personnalisation de la mort et ce, de manire progressive. En effet,lidededestincollectiflaisseraplacecelledelindividu.Celasexpliqueparlefait que le jugement dernier, qui a lieu lors de la mort de chaque individuet dans lequel un bilan delaviedechacunesteffectu,remplacepeupeulidedapocalypse,quipromulguait lidedunedestinecommune.Lidedujugementdernierrenvoiedoncchaqueindividu sonproprevcuetnonplusceluidunecollectivitdanslaquelleilseraitinclus.Dansle miroirdesapropremort,chaquehommeredcouvraitlesecretdesonindividualit.[] DepuislemilieuduMoyenAge,lhommeoccidentalriche,puissantoulettr,sereconnat lui-mme dans sa mort: il a dcouvert la mort de soi. (Aris, 1975, p. 50). La mort perd donc soncaractrecollectifmaisrestenanmoinsfamilire,ilsagitencoredunemort apprivoise.CenestqupartirduXVIIIesiclequungrandchangementvasurgir.En effet, la mort sera dsormais considre comme tant une rupture davec la vie quotidienne. 33 2.2Au XIXme sicle A partir du XIXe sicle, les rapports entre les membres de la famille voluent, on peroit plus de confiance et daffection entre eux. La mort nest plus perue comme un simple rituel mais elleestvcuecommeuneextrmedouleur,demaniredramatiqueetelleestdifficile accepter.Or,auXIXesicle,unepassionnouvellesestemparedesassistants.Lmotion les agite, ils pleurent, prient, gesticulent. Ils ne refusent pas les gestes dicts par lusage, bien aucontraire,maisilslesaccomplissentenleurenlevantleurcaractrebanaletcoutumier (Aris,1975,p.53).Lamort,alorsvcuecommeuneruptureouunesparation,esttrs douloureuseetmalaccepte.LesgrandschangementsdurantleXVIIIesicleauseindes famillesdanslesquelleslaffectionaprisdeplusenplusdeplaceenestlacause.Un changement au niveau des spultures va galement oprer. Si au Moyen Age il importait peu desavoirolecorpsdudfuntsetrouvait,dumomentquiltaitconfilEglisequileur garantissait de garder la dpouille dans lenceinte de ses murs (glise ou cimetire attenant), partir du XIXe sicle, il est important de savoir o se situe exactement la spulture du dfunt. Un vritable culte des morts et de leurs restes va donc apparatre. Il nest plus envisageable de ngliger leurs dpouilles. Les proches visitent leurs tombes. Les vivants devaient tmoigner aux morts, par un vritable culte laque, leur vnration. Leurs tombeaux devenaient le signe deleurprsenceau-deldelamort.[]Cetteprsencetaitunerponselaffectiondes survivantsetleurrpugnancenouvelleaccepterladisparitiondeltrecher.Onse raccrochait ses restes (Aris, 1975, p. 59). DsleXIXesicle,lesindividusacceptentdoncmoinsbienlidedesparationsuitela mort et cela se retrouve dans le fait que lentourage choisisse de cacher souvent au mourant la gravit de son tat afin de lpargner et de spargner. Le mourant doit un jour savoir, mais alorslesparentsnontpluslecouragecrueldedireeux-mmeslavrit.Bref,lavrit commence faire question (Aris, 1975, p. 67). Le fait de ne plus vouloir parler de la mort (avecledfuntoudeselavouersoi-mme)vafaireperdreaudeuilsoncaractre dramatique, tel quil tait vcu jusque-l. 2.3Au XXme sicle Au XXme sicle, la mort est souvent relie lhpital et la maladie. Elle ne survient donc plusdansuncadreintimemaisdansunlieudanslequelonvientpourtregurioupour mourir(lamorttaitauparavantaccepteetlesmourantssyprparaientalorsqucette poqueonluttecontrelamortetonessayedelarepousserlepluspossible).Lemourantet son entourage ne sont plus les seuls dcider, le mdecin joue galement un rle. La mort est dornavantperuecommelaconsquencedelincapacitdesmdecinsgurirlemalade. Certains essaient de ramener leurs proches la maison avant quils ne meurent, alors que pour dautreslefaitdemourirlamaisonnestplusdevenuacceptable.Deplus,lamortest devenuedifficiledfinir.Lamortatdcompose,morceleenunesriedepetites 34 tapesdont,endfinitive,onnesaitlaquelleestlamortvraie,celleoonaperdula conscience, ou bien celle o on a perdu le souffle (Aris, 1975, p. 69).En faisant confiance son entourage, le mourant avait auparavant confi la responsabilit de samortsesproches,quivontprsent,leurtour,laconfierlquipemdicale.Ils prennentdoncdureculfacecettesituationdevenuedifficilementsupportableetauprsde laquelle ils veulent rester un peu distants. De plus, lentourage nexprime plus ses sentiments en public, lmotivit est mise de ct et ne peut tre exprime que dans lintimit de chacun. Aujourdhui, linitiative est passe de la famille, aussi aline que le mourant, au mdecin et lquipehospitalire.Cesonteuxlesmatresdelamort,dumomentetaussides circonstancesdelamort[].Unemortacceptableestunemorttellequellepuissetre accepte ou tolre par les survivants. Elle a son contraire: lembarrassingly graceless dying quimetdanslembarraslessurvivants,parcequelledclencheunetropfortemotion,et lmotion est ce quil faut viter tant lhpital que partout dans la socit. On na le droit de smouvoir quen priv (Aris, 1975, p. 69). LefaitdecacherlamortauxenfantsestapparuplusfortementaprsladeuximeGuerre Mondiale,tantdonnlesconsquencesdsastreusesdecelle-ci.Arfeux-Vaucher(1994) indiquequelamorthumainevoitdoncsaprsencedirectesamenuiseravecletemps[] aprslasecondeGuerreMondiale,ilneparatpluspossibleauxadultescrateursde syllabaires de faire lire la mort aux enfants (p.149). Les adultes ont donc de plus en plus de difficults prsenter la mort aux enfants. Lesrituelssuivantlamortchangent.Eneffet,cesdernierssontdemoinsenmoins dmonstratifs et visibles, on essaie de les attnuer et dpargner les enfants en se montrant fort etenextriorisantlemoinspossiblesessentiments.Ilimporteavanttoutquelasocit,le voisinage,lesamis,lescollgues,lesenfantssaperoiventlemoinspossiblequelamorta pass.Siquelquesformalitssontmaintenues,etsiunecrmoniemarqueencoreledpart, ellesdoiventresterdiscrtesetvitertoutprtexteunequelconquemotion.[]Les manifestationsapparentesdudeuilsontcondamnesetdisparaissent(Aris,1975,p.70). Les gens ne peuvent plus se permettre de montrer la socit quils traversent un deuil, cela nestpasconvenableetprovoquedelarpugnancevis--visdelapersonnequioseraitle manifester.Ledeuilestdoncconfinlasphrepriveetnetrouveplussaplaceaugrand jour face la socit. Le cadre familial ne laisse pas plus de place lexpression des motions car on ne veut pas soumettre les enfants la vision dune telle tristesse. Le deuil, partag par unlargepublicauMoyenAge,estprsentcondamntrevcudemaniresolitaire.A lintrieurducerclefamilial,onhsiteencoreselaisseraller,depeurdimpressionnerles enfants.Onnaledroitdepleurerquesipersonnenevousvoitninevousentend:ledeuil solitaire et honteux est la seule ressource () (Aris, 1975, p. 70). Un vritable tabou de la mortsestdoncpeupeuinstallprenantlaplacedusexecommetabouprincipaldela socit,carselonAris(1975),lensembledesphnomnesquenousvenonsdanalyser nestautrechosequelamiseenplaceduninterdit:cequitaitautrefoiscommandest dsormais dfendu. (p. 71) La mort va donc petit petit seffacer. 35 DuMoyenAgeauXXesicledegrandschangementssontdoncsurvenusdanslattitude adopteparlesindividuspassantduneacceptationnavedelamortauMoyenAgeun mlangederserveetdvitementdecetteralitauXXmesicle(Castro,2000,p.16). Sociologiquement parlant, la norme volue donc en mme temps que la socit. Les attitudes des gens face la mort ne sont donc pas toujours comparables en fonction de lpoque vcue. Eneffet,siltaitcoutumeauMoyenAgedaccepteravecrsignationlamort,dautres priodes de lhistoire il est de rigueur de retenir et de contrler ses motions.Dansnotresocit,toutlemonderecherchelebonheur,voilcequiestderigueur.La tristessenallantpasdepairaveclebonheur,ellenapassaplacedanslasocit.Deplus, nouspouvonsreleverunedistinctionentreltreetleparatre.Eneffet,silebonheurest recherch par tous, il importe principalement que chacun montre lavoir trouv, mme si cela nestquunefaade.SelonAris(1975),lancessitdubonheur,ledevoirmoralet lobligationsocialedecontribueraubonheurcollectifenvitanttoutecausedetristesseou dennui, en ayant lair dtre toujours heureux, mme si on est au fond de la dtresse [est de mise].Enmontrantquelquesignedetristesse,onpchecontrelebonheur,onleremeten question, et la socit risque alors de perdre sa raison dtre (p. 72). Nouspouvonsainsiconstateruncertainparadoxeentrelasurexpositiondelamorttravers lesmdias(tlvision,jeuxvido)etladifficultdaborderlethmedelamortdefaon ouverteentrelesindividus.Lamortestdoncunsujettabouencoreaujourdhui,mais principalementlorsquecettedernirefaitrfrenceauxmotionsquipeuventtreressenties et qui ne doivent pas tre montres. La mort montre dans les mdias et expose aux yeux de tous est donc une mort impersonnelle. La surexposition de la mort dans les mdias tels que la tlvisionetlesjournauxnouslaisselentrevoirdemanirebanale.Jouerdonnerlamort dans les jeux vido peut procurer un certain plaisir. Alors lorsque nous sommes confronts la mort dun proche, nous ne savons pas forcment quelle attitude adopter. Lesalbumsdejeunessetraitantdelamortpeuventtreunexcellentmoyenquipermet dinstaller un dialogue avec lenfant en outrepassant le tabou. La mort tant un sujet tabou et difficilementabordable,lelivrepeutfaciliterlentreenmatireetildonneparlamme occasion des pistes concrtes sur la manire dont le sujet peut tre abord avec des enfants. 3.La Mort La mort tant un aspect important de notre travail, il est ncessaire de dfinir cette notion en faisant rfrence aux propos et aux thories de diffrents auteurs sy intressant.Du point de vue de la biologie, la mort est avant tout un tat qui se caractrise par larrt des fonctionsvitales.Ltatdemortestreconnugrcedessymptmesparticuliers,telsque larrt du pouls, de la respiration, de limmobilit, du refroidissement ducorps et finalement de sa putrfaction. En 1950, lOrganisation Mondiale de la Sant affirmait que la mort est la disparitionpermanentedetoutepreuvedevietoutmomentaprslanaissance(Castro, 36 2000, p. 14). Castro (2000) ajoute, que dix-huit ans plus tard, la mort nest plus dfinie de la mme manire et lorigine de celle-ci ne se trouve plus dans le systme respiratoire, mais dans lecerveau.Desrecherchessurlescausesdelamortontdoncteffectuesaucoursdu temps,dfinissantlamortdemaniresdiffrentes.Cesrecherchesnontpastoujoursmisen videncelesmmescauses,celasexpliquantparlesdiffrentsprogrstechniqueset scientifiques.Nousnotonstoutdemmequuneinterrogationpermanentesurlamortest reprable. 3.1Le deuil chez lenfant Selon Hanus, & Sourkes (1997), le deuil chez lenfant ressemble en certains points celui de ladulte (choc, dpression, acceptation), mais il peut lexprimer de faon diffrente. En effet, ilpeutsemontrertrsimpulsifetpressou,aucontraire,tretrspassifetresterenretrait. Celui-ci peut galement combiner des attitudes contradictoires, en tant parfois trs agit et dautres moments compltement inactif. Il est aussi possible que lenfant prouve une certaine crainte sociale. Nanmoins,ledeuildelenfantnestpascompltementdiffrentdeceluideladulte,tant donn que le deuil est reli la relation que lenfant ou ladulte entretenait avec le dfunt. En effet,Hanus,&Sourkes(1997)expliquentqueledeuildesenfantsnesediffrenciepas sensiblement de celui des adultes, il est toujours essentiellement conditionn par la nature de la relation prexistante de la perte (p.11). 3.2Les consquences du deuil chez lenfant Selon Jacquet- Smailovic (2003) le deuil engendre des consquences sur la sant physique et psychologique de lenfant, et ce, court et moyen terme. A lge adulte, des squelles peuvent galement subsister, ce qui prouve quun deuil vcu durant la priode enfantine peut avoir des effets dans la vie future de ladulte. Jacquet-Smailovic(2003)relvecertainesconsquencesquipeuventtreobservableschez lenfant vivant un deuil: La colre: Lenfant vivant une priode de deuil peut se montrer relativement en colre. Cette colre est troitementlielanxitquecettesituationparticulireprovoqueenlui.Lanxitest causeparlapertedeltrecheretlapeurquienmane,alorsquelacolreestlie directement la personne qui est partie et qui la laiss (Jacquet-Smailovic, 2003). 37 Lhyperactivit, lagitation et les troubles du comportement: Il est possible que lenfant ressente de la difficult exprimer son chagrin ce qui lamne ne paslemanifester.Toutefois,celanesignifiepasquilneressentrien.Lefaitdenerien extrioriser, peut engendrer une altration dans le comportement de lenfant. Son agitation est donc lexpression de son ressenti quil ne parvient pas exprimer avec des mots ou travers des motions. Les troubles du sommeil: Lemomentducoucherestunetapedifficilepourlenfantvivantunesituationdedeuil. Celui-ci peut avoir tendance vouloir reporter ce moment plus tard dans le but de ne pas se retrouver seul, et parce quil peut galement ressentir une certaine crainte sendormir. Cela peut sexpliquer par le fait, que de nombreux adultes associent la mort un endormissement ce qui peut par consquent perturber lenfant aumoment daller se coucher.Lenfant a donc besoin dun ad