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La naissance de l'École de la Cause freudienne Pierre-Gilles G UEGEN Pierre SKRIABINE Faits et documents 21 février 1980 — 28 septembre 1981 I – La Cause freudienne Le 5 janvier 1980, Jacques Lacan prononce la dissolution de l'École qu'il avait fondée en 1964, l'École freudienne de Paris (E.F.P.). Il demande, dans sa Lettre de dissolution 1 , à ceux qui veulent poursuivre avec lui de se faire connaître par l'« écrit d'une candidature ». Cet appel est suivi d'effets, et le 21 février 1980 Lacan répond « aux mille dont une lettre atteste le désir de poursuivre avec lui » par la fondation de la Cause freudienne. Lacan appelle les Mille : La Cause freudienne, 21 février 1980 Aux mille dont une lettre atteste le voeu de poursuivre avec lui, Jacques Lacan répond qu'il fonde, ce 21 février 1980, LA CAUSE FREUDIENNE. Un courrier prochain fera connaître le travail qu'il demande à qui se met sous cette égide. Lacan fonde la Cause freudienne Ce même 21 février 1980, sont déposés les premiers statuts de la Cause freudienne (association régie par la loi de 1901), signés par Jacques Lacan et Gloria Gonzalez, donnant ainsi une existence juridique à l'association qui vient d'être fondée et assurant une protection légale à son nom. Parallèlement le processus normal de disparition juridique de l'E.F.P. suit son cours malgré des oppositions actives, et le 27 septembre 1980 la dissolution juridique est votée par l'Assemblée générale extraordinaire de l'E.F.P. qui établit les modalités de la liquidation. L'E.F.P. est dissoute ; des liquidateurs sont nommés Solange Faladé (ex-trésorière de l'E.F.P.) et René Bailly sont nommés liquidateurs de ses biens 2 . Selon les dispositions adoptées par l'Assemblée générale de dissolution, l'actif net que dégagera la liquidation (après paiement des créanciers) doit revenir à la Cause freudienne. Ainsi, au jour du vote de la dissolution de l'E.F.P. par son Assemblée générale, le 27 septembre 1980, tout paraît clair ; et la Cause freudienne 1 Jacques LACAN, in « Acte de fondation et autres textes », tiré à part de l'Annuaire 1982 de l'École de la Cause freudienne, p. 29. 2 Le rôle du liquidateur lors de la disparition d'une association est précis : il doit arrêter la comptabilité, procéder à l'évaluation des biens (actifs) et des dettes de l'association, recouvrer les impayés et rembourser les créanciers, éventuellement en vendant au meilleur prix les biens propres de l'association (immeubles, meubles meublants, livres, outils de travail, etc.). 51 Accueil Cliquer

La naissance de l'École de la Cause freudienne

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Page 1: La naissance de l'École de la Cause freudienne

La naissance de l'École de la Cause freudienne Pierre-Gi l l e s G U E G E N

Pierre SKRIABINE

Faits et documents 21 février 1980 — 28 septembre 1981

I – La Cause freudienne Le 5 janvier 1980, Jacques Lacan prononce la dissolution de l'École

qu'il avait fondée en 1964, l'École freudienne de Paris (E.F.P.). Il demande, dans sa Lettre de dissolution 1 , à ceux qui veulent poursuivre avec lui de se faire connaître par l'« écrit d'une candidature ».

Cet appel est suivi d'effets, et le 21 février 1980 Lacan répond « aux mille dont une lettre atteste le désir de poursuivre avec lui » par la fondation de la Cause freudienne.

Lacan appelle les Mille : LaCause freudienne, 21 février1980

A u x m i l l e

don t une l e t t r e a t t e s t e

le voeu de poursuivre avec lui,

J a c q u e s L a c a n

r é p o n d

qu ' i l fonde, ce 21 févr ier 1980,

LA CAUSE FREUDIENNE.

Un courr ier prochain fera connaî t re

le t ravail qu ' i l demande

à qui se met sous cette égide.

Lacan fonde la Cause freudienne

Ce même 21 février 1980, sont déposés les premiers statuts de la Cause freudienne (association régie par la loi de 1901), signés par Jacques Lacan et Gloria Gonzalez, donnant ainsi une existence juridique à l'association qui vient d'être fondée et assurant une protection légale à son nom.

Parallèlement le processus normal de disparition juridique de l'E.F.P. suit son cours malgré des oppositions actives, et le 27 septembre 1980 la dissolution juridique est votée par l'Assemblée générale extraordinaire de l'E.F.P. qui établit les modalités de la liquidation.

L'E.F.P. est dissoute ; des liquidateurs sont nommés

Solange Faladé (ex-trésorière de l'E.F.P.) et René Bailly sont nommés liquidateurs de ses biens 2. Selon les dispositions adoptées par l'Assemblée générale de dissolution, l'actif net que dégagera la liquidation (après paiement des créanciers) doit revenir à la Cause freudienne.

Ainsi, au jour du vote de la dissolution de l'E.F.P. par son Assemblée générale, le 27 septembre 1980, tout paraît clair ; et la Cause freudienne

1 Jacques LACAN, in « Acte de fondation et autres textes », tiré à part de l'Annuaire 1982 de l'École de la Cause

freudienne, p. 29. 2 Le rôle du liquidateur lors de la disparition d'une association est précis : il doit arrêter la comptabilité,

procéder à l'évaluation des biens (actifs) et des dettes de l'association, recouvrer les impayés et rembourser les créanciers, éventuellement en vendant au meilleur prix les biens propres de l'association (immeubles, meubles meublants, livres, outils de travail, etc.).

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Page 2: La naissance de l'École de la Cause freudienne

dispose depuis février déjà de ses premiers statuts, qu'il convient désormais d'adapter à ce que sera son fonctionnement concret.

La Cause freudienne a donc trois tâches immédiates à remplir : 1) se doter de nouveaux statuts qui lui permettront un fonctionnement effectif dans

le contexte des mille candidatures – et pour une association ne comptant alors que deux membres, ceux qui en ont déposé les statuts, il est simple de décider de ces modifications ;

La Cause élabore ses statuts pour les Mille...

2) se conformer aux dispositions de l'Assemblée générale de dissolution de l'E.F.P., en reprenant à son compte la dévolution des actifs nets de cette dernière – si le solde des comptes est positif (la réglementation sur les associations ne prévoit pas de reprendre le passif) ;

3) se trouver un local pour recevoir ses activités. Les modifications statutaires Les statuts de la Cause freudienne qui ont été déposés le 21 février 1980 figurent intégralement dans l'annexe 1 à ce texte ; ils sont signés du docteur Lacan et de Gloria Gonzalez :

Préfecture de Police Bureau des Associations

Loi du 1er juillet 1901

DOCTEUR JACQUES LACAN Ancien chef de clinique à la Faculté 5, rue de Lille, Vif 260.72.93 Paris, le 21 février 1980

Monsieur le Préfet, J'ai l'honneur de procéder à la déclaration de l'Association de 1901 dite « La Cause freudienne », dont le siège

est à Paris, 5, rue de Lille, T. Cette Association a pour objet la psychanalyse, et pour but d'en transmettre le savoir, et de fonder la

qualification du psychanalyste. Les personnes chargées de sa direction et de son administration sont : Directeur : LACAN Jacques, né à Pans le 13 avril 1901, de nationalité française, domicilié à Paris, 5, rue de Lille,

médecin. Secrétariat : GONZALEZ Gloria, épouse YERODIA, née le 12 avril 1929, à Santullano, Espagne, domiciliée

à Paris, 31, rue de la Sablière, secrétaire, de nationalité française. Ci-joint deux exemplaires, certifiés conformes par mes soins, ainsi que le registre réglementaire.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération distinguée. Lacan

Gloria Gonzalez

Comme on peut le constater, la Cause freudienne ne compte alors que deux membres, le docteur Lacan et Gloria Gonzalez. J. Lacan est le directeur de cette association qui prévoit un fonctionnement relativement centralisé : un Bureau, élu pour cinq ans par l'Assemblée, un conseil élu pour deux ans, l'un et l'autre sur proposition du Directeur qui est lui-même élu pour cinq ans.

Après la dissolution juridique de l'E.F.P., le docteur Lacan confie à Jacques-Alain Miller 3 la rédaction des nouveaux statuts, destinés à encadrer le fonctionnement effectif.

Ils seront approuvés, conformément à la loi, par l'Assemblée générale de la Cause freudienne le 19 octobre 1980 et déposés le 22 octobre.

et les vote en A.G., le 22 octobre 1980

3 Almanach de la dissolution, Navarin Editeur, 1986, p. 20.

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Page 3: La naissance de l'École de la Cause freudienne

LA CAUSE FREUDIENNE 5, rue de Lille, 75007 PARIS

Paris, le 22 octobre 1980

N° d'ordre : 80-340

Monsieur le Préfet,

J'ai l'honneur de déclarer les modifications apportées par l'Assemblée du 19 octobre 1980 aux statuts annexés à la déclaration de l'Association « La Cause freudienne » en date du 21 février 1980.

Vous trouverez ci-joints deux exemplaires, approuvés par mes soins, des nouveaux statuts.

Les modifications ne portant ni sur le titre, ni sur l'objet ou le siège, il n'y a pas lieu à publication au Journal Officiel.

Par ailleurs, vous trouverez ci-après la liste des personnages chargés de l'administration et de la direction de l'Association (toutes ces personnes sont de nationalité française).

Directoire (ou Comité de gestion). Directeur : CONTE Claude, médecin, demeurant à Paris, 15', 10, villa

Hersent, né le 23 juillet 1931 à Paris.

Secrétaire du Directoire : MILLER Jacques-Alain, professeur, demeurant à Paris, 6', 74, rue d'Assas, né le 14 février 1944, à Châteauroux (Indre).

Secrétaire aux Échanges : RITTER Marcel, médecin, demeurant à Strasbourg, 18, rue des Orphelins, né le 27 janvier 1935 à Strasbourg.

Secrétaire aux Cartels : LAURENT Éric, psychologue, demeurant à Paris 3', 48, rue des Francs-Bourgeois, né le 19 novembre 1945 à Paris.

Secrétaire de la Bibliothèque : BAILLY René, médecin, demeurant à Paris 14', 108, avenue Denfert-Rochereau, né le 16 août 1923 à Rochefort (Jura).

Directeur-adjoint : SOLER Colette, née ROUDILLON, professeur, demeurant à Paris 15', 32, rue Emest-Renan, née le 18 octobre 1937, à Moutiers (Savoie).

Secrétaire-adjoint du Directoire : BRUERE-DAWSON Claude, médecin, demeurant à Montpellier, 9, rue Baumes, né le 17 juillet 1938 à Montpellier.

Secrétaire-adjoint aux Échanges : BAUER Jean-Pierre, médecin, demeurant à Strasbourg, 6, rue Geiler, né le 22 novembre 1935 à Limoges.

Secrétaire-adjoint aux Cartels : MILLOT Catherine, professeur, demeurant à Paris 7', 6, rue de Solférino, née le 4 septembre 1944 à Besançon.

Secrétaire-adjoint de la Bibliothèque : SILVESTRE Michel, médecin, demeurant à Paris 17', 2, rue Villaret-deJoyeuse, né le 7 avril 1940 à Paris.

Bureau du Conseil. Président du Conseil : LACAN Jacques, médecin, demeurant à Paris 7e , 5, rue

de Lille, né le 13 avril 1901, à Paris.

Trésorière : GONZALEZ Gloria, épouse YERODIA, secrétaire, demeurant à Paris 14', 31, rue de la Sablière, née le 12 avril 1929, à Santullano, Espagne.

Membre du Bureau : FALADÉ Solange, médecin, demeurant à Paris 7', 1, rue Las Cases, née le 16 août 1925 à Porto Novo (Dahomey).

Membre du Bureau : LAURENT Éric.

Membre du Bureau : MELMAN Charles, médecin, demeurant à Paris 6', 4, rue de l'Odéon, né le 3 juillet 1931 à Paris.

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Page 4: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Membre du Bureau, chargé des formalités prescrites : MILLER Jacques-Alain.

Je vous prie de me faire parvenir le récépissé de la présente déclaration.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, les assurances de ma haute considération. Le Président, Jacques Lacan

La trésorière, Gloria Gonzalez Le membre du Bureau chargé des formalités prescrites, Jacques-Alain Miller.

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Page 5: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Désormais la Cause freudienne compte quatorze membres : R. Bailly, Bauer, C. Bruère-Dawson, C. Conté, S. Faladé, G. Gonzalez, J. Lacan, E. Laurent, C. Melman, J.-A. Miller, C. Millot, M. Ritter, M. Silvestre, C. Soler. Ses nouveaux statuts sont signés de son Président (J. Lacan), de sa trésorière (G. Gonzalez) et du « membre du bureau chargé des formalités prescrites » (J.-A. Miller).

Les nouveaux statuts de l'École de la Cause freudienne figurent en intégralité en annexe 2 à ce texte.

Les organes de gestion choisis dans les nouveaux statuts s'inspirent du cadre plus collégial des sociétés avec directoire et conseil de surveillance. Ils séparent les activités de gestion (confiées au Directoire) et les fonctions d'orientation sur le fond (du domaine du Conseil statutaire). Le Président préside le Conseil statutaire.

La forme juridique, Directoire et Conseil statutaire, favorise la permutation et le tourbillon

J.-A. Miller expose dans un texte diffusé en novembre 1980, les indications que Lacan lui a données : Lacan souhaite « assumer la présidence de la Cause, sans avoir à en gérer l'activité, aérer la gestion sans mettre en danger sa continuation, établir un soubassement permettant de renouveler la gestion sans affecter l’orientation générale et enfin faire que les assemblées ne soient pas un lieu de confusion mais d'échanges censés » 4.

Les nouveaux statuts mettent l'accent sur la permutation des membres du Directoire, qui ne sont plus élus mais nommés par le conseil pour deux ans (nomination ratifiée par l'Assemblée). Ainsi s'efforce-t-on de traduire dans les faits le vœu de Lacan

5 :« Je n'attends rien des personnes et quelque chose du

fonctionnement. » Le 23 octobre 1980, Jacques Lacan présente le fonctionnement qui sera celui de la

Cause freudienne et annonce qu'« elle aura son École 6. Ce nouveau mode de fonctionnement privilégie dans l'association l'organe d'orientation (soit le Conseil statutaire) garant de l'objet et des buts de l'association par rapport aux organes gestionnaires et tempère le poids des organes délibératifs. Lacan le souligne lui-même en annotant de sa main les statuts (article 11) pour indiquer que le président du Conseil statutaire est aussi celui de l'association – indication qu'il entendait donc peser de son poids dans la Cause freudienne 7.

La Cause aura son École, 23 octobre 1980

4 E. ROUDINESCO, Histoire de la psychanalyse en France, Seuil 1986, vol. 2, p. 666. 5 Jacques LACAN, Séminaire du 15 janvier 1980, in « Acte de fondation et autres textes », op. cit., p. 31. 6

Jacques LACAN, lettre du 23 octobre 1980, publiée dans le Courrier de la Cause freudienne d'octobre 1980.

7 Cet ajout de Lacan est signalé par C. Melman dans sa lettre du 7 décembre 1980. « Il existe un argument précis qui

montre que Melman avait, lui aussi, une connaissance parfaite des statuts. C'est qu'il dit, dans sa lettre, que Lacan a ajouté lui-même sur le texte que le président du conseil statutaire est le président de l'association. Or, il existe un exemplaire et un seul, qui porte cette mention de la main du docteur Lacan. Il faut avoir vu cet exemplaire là pour savoir que cette mention vient du docteur Lacan en personne, puisque sur les statuts déposés à la préfecture – ceux que prétend avoir « découverts » Melman –, cette mention en marge est tapée à la machine. »

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Page 6: La naissance de l'École de la Cause freudienne

LA CAUSE FREUDIENNE 5, Rue de Lille, 75007 PARIS

N°3 COURRIER D’OCTOBRE 1980

Il y a du refoulé. Toujours. C'est irréductible.

Elaborer l'inconscient, comme il se fait dans l'analyse, n'est rien qu'y

produire ce trou. Freud lui-même, je le rappelle, en fait état.

Cela me parait confluer pertinemment à la mort.

A la mort que j'en identifie de ce que,"comme le soleil" dit l'autre,

elle ne se peut regarder en face.

Aussi, pas plus que quiconque,je ne la regarde. Je fais ce que j'ai à

faire, qui est de faire face au fait, frayé par Freud,de l'inconcient. Là dedans,

je suis seul.

Puis, i1 y a le groupe. J'entends que "La Cause" tienne le coup.

- Le cartel fonctionne. Il suffit de n'y pas faire obstacle, sauf à

vectorialiser, ce dont je donne la formule, et permuter.

- Un Directoire gère. Ses responsables, en place pour deux ans - après quoi, changent.

- Des commissions les assistent, pour deux ans aussi.

- Une Assemblée annuelle, dite administrative, a à connaître de la marche des choses;instance, elle,permanente.

- Tous les deux ans, un Congrès, où tous sont conviés. - Un Conseil enfin, dit statutaire, est garant de ce que j'institue.

La Cause aura son Ecole. D'où procèdera l'AME, de la Cause freudienne

maintenant.

La passe produira l'AE nouveau - toujours nouveau de l'être pour le temps de témoigner dans l'Ecole, soit trois ans.

Car mieux vaut qu'il passe, cet AE, avant que d'aller droit s'encastrer

dans la caste.

Jacques Lacan

Ce 23-X-80

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Page 7: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Les dispositions statutaires seront précisées dans l'annexe du rapport d'orientation du Directoire du 22 novembre 1980 (annexe 3 ci-après), qui, tout comme le courrier d'octobre qui annonçait la mise en place des instances de la Cause freudienne, précise que J. Lacan préside le Conseil statutaire, assisté de S. Faladé et de C. Melman. Ces documents ne mentionnent que ces trois noms car la composition du Conseil n'était pas achevée. En dehors de Lacan, de S. Faladé et de C. Melman, de J.-A. Miller et E. Laurent, elle devait comporter d'autres noms ; mais toute autre nomination s'était heurtée au blocage de C. Melman auprès de Lacan. Seuls, le Président et les deux personnes qui l'assistaient avaient donc été cités, en attendant que la composition définitive du Conseil soit décidée 8 . Si C. Melman, dans sa lettre du 7 décembre 1980 9, voudra faire croire à ce propos à une manoeuvre de dissimulation, il semble bien que ce ne soit que pour recouvrir les enjeux véritables qui l'avaient mené à bloquer l'achèvement de la composition du Conseil.

Ce n'est d'ailleurs pas directement sur la question des statuts – malgré ces quelques combats d'arrière-garde (C. Melman, lettre du 7 décembre 1980 et S. Faladé, lettre du 23 décembre 1980 10) – qu'éclatera la crise qui aura raison de la Cause freudienne.

La dévolution des biens de l'E.F.P. La Cause freudienne n'était nullement tenue d'éponger le passif de

l'E.F.P. comme on l'a à tort prétendu 11. En revanche l'assemblée de dissolution de l'E.F.P. s'était librement engagée à verser à la Cause freudienne le solde des actifs nets éventuels après apurement des comptes, (c'est-à-dire les biens restants). L'E.F.P. avait donc reconnu la Cause freudienne comme son « héritière », mais la Cause n'avait pas lié son sort à celui de l'E.F.P. sur le plan financier. « On pouvait espérer que cette dévolution donnerait à la Cause son assise, et lui constituerait un fonds de livres, or, selon les informations recueillies, il apparaît que l'actif se réduira à peu de choses étant donné les indemnités légales que l'association dissoute est tenue de verser à son personnel licencié. On peut même prévoir que certains éléments du patrimoine de l'E.F.P. devront être vendus pour permettre à la liquidation de faire face à des obligations. » 12.La commission financière du Directoire de la Cause freudienne restait dans l'expectative sur ce point 13. En effet, en l'absence de documents financiers exprimant la situation de l'ex-E.F.P. et expertisant la valeur de ses biens (notamment de la bibliothèque et des stocks de publications), la Cause freudienne ne pouvait s'engager à s'en porter acquéreur. La contestation sur ce point provient essentiellement de S. Faladé, divisée entre son statut de liquidateur de l'ex-E.F.P. et son appartenance au conseil de la Cause freudienne (cf. sa lettre du 23 décembre 1980 et celle de C. Melman du 7 décembre 1980). C'était donc aux liquidateurs qu'il appartenait d'expertiser les biens, de les vendre au meilleur prix et de poursuivre la négociation avec la Cause freudienne, qui était, en effet, naturellement, le repreneur le plus intéressé.

La question, simple sur le plan pratique, a donné lieu à l'époque à de nombreux procès d'intention dont il est difficile aujourd'hui de saisir les motifs. On peut

L'ex-E.F.P. ne parvient pas à liquider ses actifs

8 Entretien accordé par J.-A. Miller et Colette Soler à Maryse Clastres et G. Pommier, document joint au Courrier de

l'École de la Cause freudienne, 15 mars 1981. 9 C. MELMAN, lettre du 7 décembre 1980 ; document d'archives. 10 Lettre circulaire de Solange Faladé ; document d'archives. 11 Lorsqu'une association se dissout, elle peut reverser ses biens restants après apurement des comptes à toute personne

morale ou physique de son choix habilitée à recevoir des libéralités ; s'il n'y a rien ou à plus forte raison si le solde est négatif, le passif ne se transmet pas.

12 Rapport du directoire de la Cause freudienne en date du 22 novembre 1980. 13 Ibid.

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Page 8: La naissance de l'École de la Cause freudienne

cependant supposer que les liquidateurs, peu assurés face à leur tâche, craignaient sans fondement véritable de se trouver entraînés à des concessions excessives en faveur de la Cause freudienne.

Ce n'est cependant pas non plus sur la question de la dévolution des biens qu'achoppera vraiment la Cause freudienne, mais les controverses d'origine différente se focaliseront plutôt à partir du problème du local.

Le local de la rue Claude-Bernard Le 15 octobre 1980, sur proposition de C. Melman, Lacan informe R. Bailly,

gérant de la société civile immobilière propriétaire du local qu'occupait l'E.F.P., que la Cause freudienne désirait louer ce local (Lacan était lui-même avec Melman et d'autres un important porteur de parts de cette SCI). Selon les propres mots de Melman, c'est d'abord « pour faciliter cette opération qu’(il) demande à seconder R. Bailly en tant que cogérant de la SCI »14. Par décision de son assemblée générale, en date du 14 novembre 1980, la SCI décide d'accéder à la demande du docteur Lacan et de louer le local à la Cause freudienne. Un contrat doit être préparé. Le prix locatif, afin de ne léser personne, doit être fixé par un expert auprès des tribunaux, désigné par un magistrat qui a déjà visité les lieux. La réunion extraordinaire du directoire de la Cause freudienne du 22 novembre 1980 confirme son accord à ces dispositions.

D'ordinaire c'est le bailleur qui établit le projet de bail, mais dans la circonstance, C. Melman demande à J.-A. Miller de lui faire une proposition ; le 24 novembre, J.-A. Miller lui présente un premier projet de bail. Par ailleurs, un projet de réaménagement du local a été discuté lors des réunions précédentes du Directoire, le local devant être « consacré à l'accueil, au secrétariat et à la bibliothèque plutôt qu'aux réunions » 15.

La rupture Soudain, le 3 décembre, C. Melman et R. Bailly font savoir qu'ils refusent la

proposition de bail. Sans discuter, sans vouloir négocier, et sans en informer Lacan, ils décident de convoquer l'assemblée de la SCI pour le 19 décembre 1980 afin d'y faire annuler la décision de location à la Cause prise le 14 novembre et d'obtenir le vote de la vente du local 16.

Jacques Lacan, le 4 décembre 1980, adresse une lettre aux actionnaires de la SCI en ces termes : « Ceci s'adresse aux membres de la SCI. Je maintiens ma demande : location à la Cause freudienne » 17. La seconde session du Directoire, d'abord prévue pour janvier, est avancée sur la demande du docteur Lacan. Elle se tient en sa présence le 6 décembre. R. Bailly et C. Melman, normalement convoqués, sont absents alors qu'ils auraient eu là l'occasion de présenter leurs objections à Lacan en personne. Les présents, excepté S. Faladé qui s'abstient, votent une résolution pour poursuivre les discussions sur un bail (note d'informations de la Cause du 15 décembre 1980). Un second projet de bail est soumis à la SCI par C. Conté, J.-A. Miller et C. Soler 18.

Le 19 décembre 1980 la SCI, sur rapport de ses gérants, revient sur sa décision antérieure et refuse la location.

Les actionnaires pro-pr ié ta ires du local de l'E.F.P. refusent, contre l'avis de Lacan, de le louer à la Cause

Les 7, 27 et 28 décembre sont diffusées très largement trois lettres de C. Melman, J. Clavreul et S. Faladé où sont mélangées les questions relatives aux statuts, au local et à la liquidation. C. Melman se 14 « J'ai ardemment souhaité que la Cause freudienne puisse obtenir la location du local rue Claude-Bemard

et ai fortement agi en ce sens, seul parfois dans les diverses réunions qui en débattirent. Afin de la faciliter j'ai demandé à seconder R. Bailly en tant que cogérant de la S.C.I. et le 14 novembre nous gagnâmes ensemble le vote décisif. » C. MELMAN, lettre du 7 décembre 1980 ; document d'archives.

15 Compte rendu de la réunion du Directoire du 22 novembre 1980. 16 La convocation a été envoyée le 3 décembre 1980, et Lacan y a répondu dès le lendemain. 17 Note d'information de la Cause freudienne du 15 décembre 1980. 18 E. ROUDINESCO, op. cit., p. 667.

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Page 9: La naissance de l'École de la Cause freudienne

déchaîne contre Lacan, mais aussi contre ses proches, et contre J.-A. Miller particulièrement. Alors que c'est lui-même qui a pris l'initiative de la rupture, Melman interprète le conflit qu'il a suscité comme un conflit de générations visant, selon ses termes, à la « liquidation de la vieille garde » 19 . Il imagine une tentative de confiscation du local, des enseignements et de la personne de Lacan lui-même.

Ces faits nouveaux motivent une réunion du Directoire. R. Bailly est « absent », (C. Melman et S. Faladé, membres du conseil, ne sont pas au directoire) 20

19 C. MELMAN, lettre du 7 décembre 1980 ; document d'archives. 20 Note d'information de la Cause freudienne du 3 janvier 1981.

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Page 10: La naissance de l'École de la Cause freudienne

LA CAUSE FREUDIENNE 5, Rue de Lille, 75007 PARIS Paris, le 3 janvier 1981

INFORMATION

Le 19 décembre 1980, les actionnaires de la SCI de l'EFP repoussaient par leur vote la demande de location présentée au nom de la Cause freudienne par Jacques Lacan. La soudaine opposition des gérants, R.Bailly et Ch.Melman, fut déterminante dans ce vote.

Simultanément, Ch.Melman mettait en circulation une lettre dénonçant les statuts de la Cause freudienne, son Directoire, ainsi que la "carence" de son Président.

Peu après, une autre lettre était diffusée par J.Clavreul, prenant à partie le Directoire, l'orientation de la Cause freudienne, et annonçant son intention d'organiser un groupe "d'étude de la psychanalyse".

Enfin, S.Faladé à son tour contestait dans une lettre l'établissement des statuts de la Cause freudienne.

Ces faits ont motivé une réunion du Directoire (à l'exception de R.Bailly). Sans relever quoi que ce soit des atteintes diffamatoires faites aux personnes, il apparaît de toute évidence que ces initiatives desservent le projet de Jacques Lacan, et nuisent à tous ceux qui désirent poursuivre avec lui dans une association nouvelle.

Il est opportun de rappeler que la Cause freudienne devait, par rapport à l'ex-Ecole freudienne de Paris, donner son cadre à une "contre-expérience". Or, la succession précipitée de prises de position émanant de membres importants de l'ex-EFP - alors que la mise en place des instances de la Cause freudienne avait seulement commencé, et avant même que soit lancé le premier appel des cotisations d'entrée - montre que la dissolution juridique de l'EFP, acquise le 27 septembre dernier, n'a nullement marqué le terme du travail de dissolution.

C'est pourquoi, avec l'accord de Jacques Lacan, deux mesures ont été prises :

- il ne sera pas procédé à l'appel des cotisations d'entrée, qui conditionnent l'appartenance à l'association "La Cause freudienne";

- en conséquence, l'Ecole de la Cause freudienne, qui sera créée incessament par Jacques Lacan comme il avait été annoncé, le sera en tant qu'association déclarée, ayant sa personnalité juridique propre.

Il conviendra alors que chacun se détermine.

Claude CONTE Directeur de la Cause freudienne

Jean-Pierre Bauer, Claude Druère-Dawson, Eric Laurent, Jacques-Alain Miller, Catherine Millot, Marcel Ritter, Michel Silvestre, Colette Soler, membres du Directoire.

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Page 11: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Le Directoire constate que : « sans relever quoi que ce soit des atteintes diffamatoires faites aux personnes, il apparaît de toute évidence que ces initiatives desservent le projet de J. Lacan et nuisent à tous ceux qui désirent poursuivre avec lui dans une association nouvelle. » A cette date c'est la contre-expérience que constitue la Cause qui est en danger : « C'est pourquoi, avec l'accord de Jacques Lacan, deux mesures ont été prises :

– il ne sera pas procédé à l'appel de cotisations d'entrée qui conditionnent l'appartenance à l'association « La Cause freudienne ;

– en conséquence, l'Ecole de la Cause freudienne, qui sera créée incessamment par Jacques Lacan comme il avait été annoncé, le sera en tant qu'association déclarée, ayant sa personnalité juridique propre.

Il conviendra alors que chacun se détermine. » Ceci met fin à l'existence de fait de la Cause freudienne : devant la défection de

deux membres du Conseil qui se sont montrés ouvertement hostiles, Lacan a choisi, non pas de dissoudre la Cause freudienne (elle n'avait pas décollé), mais de la rendre caduque par non-appel des cotisations. Dès lors, c'est l'Ecole qui avait été prévue pour la Cause freudienne qui va prendre le relais et constituer la structure juridique nouvelle appelée à succéder à la Cause.

L'Ecole de la Cause freudienne sera totalement indépendante de la Cause, y compris financièrement puisque les fonds recueillis pour l'envoi des courriers (seule ressource de la Cause) seront remboursés aux abonnés – sauf sur demande explicite de reversement à l'E.C.F. pour les frais du courrier 21.

21 Note de C. Conté et E. Laurent du 5 février 1981 ; cette note pour l'apurement des comptes sera le dernier

document publié à en-tête de la Cause freudienne.

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Page 12: La naissance de l'École de la Cause freudienne

II – La création de l'École de la Cause freudienne Le 4 janvier 1981 un premier courrier à en-tête de l'École de la Cause

freudienne, prenant acte de l'échec de la Cause freudienne, « du fait que ceux-là mêmes qui devaient être les garants des statuts de la Cause freudienne ont entrepris d'en dénoncer l'établissement, le contenu et les finalités », l'ancien Directoire de la Cause (R. Bailly excepté) annonce la création prochaine de l'association E.C.F.

LA CAUSE FREUDIENNE 5, Rue de Lille, 75007 PARIS Paris, le 4 janvier 1981

Vous recevrez prochainement les statuts de l'Ecole de la Cause freudienne. D'ores et déjà , vous trouverez ci-joint un texte de Claude Conté.

L'Ecole de la Cause freudienne prend son départ alors que ceux-là mêmes qui devaient être les garants des statuts de la Cause freudienne ont entrepris d'en dénoncer l'établissement, le contenu, et les finalités.

Il apparaît qu'une telle entreprise a non seulement pour effet de jeter la suspicion sur les personnes, mais tend à compromettre le travail en cours, voire à désagréger la communauté rassemblée par Jacques Lacan.

Ainsi s'avère que le temps et les efforts consacrés à obtenir la dissolution juridique de l'EPP malgré l'opposition de ceux qui, de toute façon ne souhaitaient pas poursuivre avec Lacan, ont temporairement masqué les divergences parmi ceux qui déclaraient vouloir situer leur travail dans le cadre de la Cause freudienne.

Il est évident aujourd'hui que si tous se disent attachée au nom du Dr Lacan, tous ne sont pas disposés à tenter de travailler à la "contre-expérience" qu'il a engagée le 5 janvier 1950.

Le contexte actuel ménage opportunément à chacun un temps de réflexion supplémentaire pour évaluer les enjeux de la situation, et la portée du choix à faire.

Qu'il soit clair que l'Ecole de la Cause freudienne fait du projet de Jacques Lacan son objectif même, aux différents niveaux de son fonctionnement 1 enseignements, cartels, instances délivrant les titres , gestion.

Elle regroupera donc ceux qui voudront s'employer à cette tâche, et leur offrira un cadre qui leur permette de travailler conjointement, quelle que soit par ailleurs leur diversité.

C'est dans cet esprit que ses statuts seront établis, comme chacun pourra en juger tout à loisir.

Ils reprendront, pour l'essentiel, les statuts de la Cause freudienne en y ajoutant d'une part des précisions sur l'Assemblée administrative et la formation des commissions du Directoire d'autre part des compléments concernant les enseignements et le fonctionnement des instances qui délivrent les titres d'AME et d'AE.

J-P. BAUER , C. BRUERE-DAWSON , C. CONTE , S. LAURENT J-A. MILLER , C. MILIOT , M. RITTER , M. SILVESTRE , C. SOLER.

« Qu'il soit clair que l'École de la Cause freudienne fait du projet de J. Lacan son objectif même, aux différents niveaux de son fonctionnement : enseignement, cartels, instances délivrant les titres, gestion. » 22 Le même courrier annonce la communication prochaine des statuts. Il fait exister de facto l'Ecole de la Cause freudienne dont la création de jure va suivre du fait que les signataires de cette lettre se placent déjà sous le signifiant E.C.F.

L'E.C.F. est créée : nou-veaux statuts que Lacan signe, 19 janvier 1981

22 Lettre de l'Ecole de la Cause freudienne du 4 janvier 1981.

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Page 13: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Lacan avait déclaré fonder l'E.F.P., puis la Cause freudienne. Il ne fonde pas, en revanche, l'E.C.F. mais accepte d'en devenir le président : le mode d'entrée de Lacan dans l'association n'est pas du même ordre dans les deux cas ; la nuance est importante, et Jacques Lacan parlera de l'Ecole de ses élèves, alors qu'il disait « mon École » à propos de l'E.F.P. Les statuts sont déposés le 19 janvier 1981, signés de Lacan, et aussitôt diffusés avec une note de présentation de C. Conté.

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Page 14: La naissance de l'École de la Cause freudienne

ECOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 5. Rue de Lille, 75007 PARIS

Paris , le 17 Janvier 1981

Monsieur le Préfet,

nous avons l'honneur de procéder à la

déclaration de l'association de 1901 dite " Ecole de la

Cause Freudienne " , dont le siège est à Paris , 5 rue de Lille , Paris 7ème.

Cette association a pour objet la transmission de la

psychanalyse.

. Les personnes actuellement chargées de sa direction

et de son administration sont :

Président

LACAN Jacques, né à Paris 3 ème, le 13 avril 1901, domicilié

à Paris, 5 rue de Lille , médecin . Directoire (ou comité de gestion)

Directeur : CONTE Claude, né le 23 juillet 1931 à Paris domicilié à Paris

15ème, 10 villa Hersent, médecin . Directrice-adjointe : SOLER Colette,

née Roudillon née à Moutiers ( Savoie ) le 18 octobre 1937 ,

demeurant à Paris 15 ème, 32 rue Ernest Renan , psychologue .

Secrétaire du directoire :MILLER Jacques Alain, né le 14

fevrier 1944 à Chateauroux ( Indre ), demeurant à Paris Sème 74 rue d'Assas

, professeur .

Secrétaire-adjoint du directoire : BRUERE-DAWSON Claude, né le juin

1937 à Cayenne (Guyanne francaise) demeurant à

Montpellier, 9 rue Baumes, médecin.

Secrétaire aux échanges : RITTER Marcel, né le 27 Janvier 1935 à

Strasbourg, demeurant à Strasbourg, 11 rue des orphelins, médecin. Secrétaire-adjoint aux échanges BAUER Jean Pierre, né le 22

novembre 1935 à Limoges, demeurant à Strasbourg 6 rue Geiler,

médecin.

Le texte intégral de ces premiers statuts de l'E.C.F. est publié en annexe 4, ainsi que la note de présentation de C. Conté.

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Page 15: La naissance de l'École de la Cause freudienne

« Les présents statuts ont été réétudiés au cours de deux réunions plénières de ceux qui constituaient le Directoire de la Cause freudienne (à une exception près 23) et constituent maintenant celui de l'École de la Cause. Ces statuts ont été complétés selon les indications de Lacan : double commission de la passe, composée de deux cartels travaillant indépendamment et comportant des passeurs ; commission de la garantie ; pas de responsable unique d'un « département de l'enseignement », chacun enseignant à ses risques. » 24

23 Il s'agit de R. Bailly. 24 C. CONTÉ, « Pour présenter l'École de la Cause freudienne », note d'information de l'E.C.F. du 19 janvier 1981.

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Page 16: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Le 26 janvier 1981, Lacan, dans une lettre sur papier à en-tête de l'E.C.F., précise sa position par rapport à la nouvelle École.

« Cec i es t l 'Éco le demes élèves, ceux qui m'aimentencore »

ECOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 5. Rue de Lille, 75007 PARIS

Voilà un mois que j'ai coupé avec tout - ma pratique exceptée.

J'ai peu envie d'agiter ce que je ressens. Soit une sorte de honte. Celle d'un

patatras : alors on en vit un, qu'il avait vraiment privilégié vingt ans et plus,

se lever et lancer une soignée de sciure dans les yeux du vieux bonhomme qui

…etc.

L'expérience a son prix, car ça ne s'imagine pas à l'avance.

Cette obscénité a eu raison de la Cause. Il serait bien qu'un rideau fut

tiré là-dessus.

Ceci est l'Ecole de mes élèves, ceux qui m'aiment encore. J'en ouvre aussitôt les portes. Je dis : aux Mille.

Cela vaut d'être risqué, C'est la seule sortie possible - et décente.

Un Forum (de 1'Ecole) sera par moi convoqué, où tout sera à débattre- ce,

sans moi . J'en apprécierai le produit.

Pour avoir éprouvé ce qu'il ne reste de ressources physiques, je m'en

remets pour sa préparation à Claude Conté, Lucien Israël, Robert Lefort,

Paul Lemoine, Pierre Martin, Jacques-Alain Miller, Safouan, Colette

Soler, que j'appelle à mes côtés comme conseils.

Ce 26 janvier 1981

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Page 17: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Lacan explicite donc que : 1) l'École existe ; 2) que c'est l'école de ses élèves ; 3) qu'il la soutient ; 4) que le Forum qu'il convoque est un Forum de l'École.

Notons que Lacan a différencié les termes de « forum » et de « congrès », et a défini le forum comme un lieu « où ça s'échange » 25. Lacan convoque un Forum,

« où ça s'échange », Il nomme comme « conseils » pour préparer le Forum : C. Conté, L. Israël,

Robert Lefort, P. Lemoine, P. Martin, J.-A. Miller, M. Safouan, C. Soler. 26 janvier 1981

Par ailleurs, pour aider au démarrage de l'E.C.F. qui ne dispose d'aucun fonds, il remet à C. Soler (déléguée à la trésorerie avec G. Gonzalez) un chèque de 20.000 F à l'ordre de l'E.C.F., à titre de prêt 26.

Pendant cette période, à partir de la publication des statuts une pression très vive et de nombreuses prises de position se manifestent (notamment de la part d'anciens membres de 1'E.F.P.) contre l'E.C.F. La procédure de la passe focalise en particulier l'hostilité. Beaucoup souhaitent d'ores et déjà que le Forum soit l'occasion d'une remise en cause totale des fondements de cette École, et, plus, ils souhaitent que ce ne soit pas un Forum de l'École, remettant ainsi en cause l'existence même de l'E.C.F. Le 28 janvier 1981, tous les conseils nommés par Lacan acceptent néanmoins, par un communiqué sur papier à en-tête de l'E.C.F., la tâche qu'il leur a confiée.

Par contre, on peut remarquer que le deuxième communiqué des conseils, en date du 5 février 1981, est diffusé sur papier libre. Certains en effet n'acceptent plus de situer leur mission dans le cadre de l'E.C.F. C'est l'indice de dissensions internes qui seront confirmées par la suite. Il devient de plus en plus clair que, parmi les conseils, M. Safouan et L. Israël souhaitent que le Forum aboutisse à la création d'une nouvelle école et posent le préalable d'une suspension ou d'une dissolution de l'E.C.F. (Lettre de M. Safouan et L. Israël à Lacan du 10 février 1981 et lettre de M. Safouan à C. Conté du 11 février 1981 27).

Dans la même perspective deux membres du Directoire démissionnent le 12 février 1981 : il s'agit de J.-P. Bauer et M. Ritter. Cette situation mettait en jeu l'existence même de l'École de la Cause freudienne et pouvait poser aux membres restants du Directoire la question suivante : « L'annonce du Forum par le docteur Lacan équivaut-elle à une remise en question de l'École de la Cause freudienne et est-elle incompatible, comme le pensent certains, avec le maintien de son directoire, des conseils chargés de préparer un forum ou de toute autre personne nommée par Lacan ? » 28.

Se réunissant à Clairefontaine pendant le week-end du 17-18 février 1981, les membres restants du directoire (Conté excepté) « décident de ne pas démissionner et se promettent les uns aux autres de tenir bon autour de Lacan quoiqu'il advienne » 29.

Le « pacte de Clairefon-taine » engage ceux quiveulent continuer dansl'E.C.F. avec Lacan

Ils expliquent leur décision par une lettre ouverte signée par C. Bruère-Dawson, E. Laurent, J.-A. Miller, C. Millot, M. Silvestre, C. Soler. Claude Conté, directeur, contacté par C. Soler, refuse de donner sa signature 30. 25 Jacques LACAN, « Monsieur A », Séminaire du 18 mars 1980. 26 Note d'information de l'E.C.F. du 28 janvier 1981. 27 « ...ce débat n'aura pas lieu dans le climat de confiance requis pour son succès s'il n'est pas admis que votre acte

constitue en fait une dissolution de l'Ecole de la Cause. » Lettre de M. Safouan et L. Israël à J. Lacan, du 10 février 1981 ; document d'archives. « Cette suspension [de l'École de la Cause] était une garantie minimale pour créer le climat de confiance et de neutralité nécessaire à la réussite voire à l'ouverture du débat voulu par le Dr Lacan. » Lettre de M. Safouan à C. Conté du 11 février 1981 ; document d'archives.

28 Lettre ouverte du 17 février 1981, rédigée à Clairefontaine. 29 J.-A. MILLER, l'Ane re 42, p. 23. 30 Entretien avec C. SOLER ; document d'archives.

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Page 18: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Dans cette missive, ils ne proposent pas de démissionner mais signalent qu'ils seraient disposés à le faire au cas où Lacan le leur demanderait. « A défaut il leur incombe d'assurer les responsabilités qu'il leur assigne » 31.

Cette lettre est adressée en nom propre à Lacan, accompagnée d'un mot de la main de C. Soler, le 17 février 1981.

31 Lettre ouverte du 17 février 1981.

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Page 19: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Par i s , l e 17 févr ie r 1981

L'annonce du forum par le Docteur Lacan équivaut-elle à une remise en quest ion de l 'Ecole de la Cause Freudienne e t est -e l le incompat ible , comme le pensent cer ta ins , avec le ma in t i en de son Di rec to i r e , de s conse i l s cha rgés de p répa re r un forum, ou de toute autre personne nommée par Lacan ?

Pour no t re par t , nous res tons a t t achés à un rassem-blement de ses élèves autour du Docteur Lacan, fondé sur son enseignement. Nous considérons donc que les personnes appelées pa r lu i à rempl i r ce r ta ines fonc t ions do iven t , b ien en tendu , s e t e n i r d i s p o s é e s à l u i r e me t t r e l e u r d é mi s s i o n s ' i l l a l e u r demandai t , mais qu 'à défaut , i l leur incombe d 'assumer les r e sponsab i l i t é s qu ' i l l eu r a s s igne e t qu ' e l l e s on t accep tées .

Concernant le forum, qui sera préparé par les consei ls , c h a c u n d ' e n t r e n o u s e n t e n d e n ê t r e p a r t i e p r e n a n t e , c o m m e u n parmi d'autres sans préalable pour personne.

Claude BRUERE-DAWSON, Eric LAURENT, Jacques-Alain MILLER, Catherine MILLOT, Michel SILVESTRE, Colette SOLER.

La détermination montrée par les six signataires constitue un pas en avant pour l'Ecole. Ce pas décisif, dit « pacte de Clairefontaine », a renversé la situation et permis la survie de l'E.C.F. en dépit de ceux qui souhaitaient sa disparition et sa dissolution.

C. Conté en saisit la portée et donne sa démission le 19 février 1981, indiquant qu'il se solidarise avec J.-P. Bauer et M. Ritter. Il réclame la démission du reste du Directoire et déclare que si sa position n'est pas confirmée par ses collègues « conseils », il se retirera également de cette fonction 32.

Le 23 février les conseils reçoivent la lettre suivante du docteur Lacan :

«A mes conseils nommés le 26 janvier, pour leur réunion du 23 février

De chacun j'attends l'avis, pour le Forum. Disons : page - plus, je ne lirai pas - avant vendredi 18 heures. Il est assurément curieux,qu'on ne prête pas à ce que je dis plus d'attention.

Le Forum est un Forum de l'Ecole

J'ai dit : un Forum de l'Ecole. Donc, il faut l'Ecole ». Le soir, lors de la réunion des conseils, Pierre Martin fait état de

l'entretien qu'il a eu avec Lacan le jour même et désavoue le texte du 5 février qu'il n'avait pas signé, étant absent (annexe 5).

Il souligne que la hantise d'une nouvelle répartition de pouvoirs masque les questions fondamentales, qui sont celles de l'orientation de la psychanalyse.

A la même réunion on apprend les démissions de leurs fonctions de conseils de M. Safouan et L. Israël. C. Conté, décidé à se joindre à eux, adresse à Lacan une lettre de démission le 25 février 1981 où il explique nettement qu'il s'inscrit désormais contre le projet d'un Forum de l'Ecole (annexe 6). Robert Lefort, à l'opposé, rend public son soutien au projet du Forum dès le 27 février 1981 (annexe 7).

32 Lettre de C. Conté du 19 février 1981 ; document d'archives.

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Page 20: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Tous ces événements font l'objet d'un communiqué de l'E.C.F. signé de C. Soler en date du 1er mars 1981 réaffirmant que, comme annoncé, le Forum de l'Ecole aurait lieu.

Suit une lettre de Lacan en date du 11 mars. Il y déclare notamment : « Reste l'École que j'ai adoptée pour mienne » et « je convoque pour les 28 et 29 de ce mois mon premier forum ».

ÉCOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 5. Rue de Lille, 75007 PARIS

Mon fort est de savoir ce qu'attendre signifie.

J'en obtiens qu'en somme, on m'exécute au nom du nom qui m'est

propre. Comme il se doit, pour sauver l'assiette professionnelle

acquise de ma formation - à l'y réduire.

Obnubilation de responsables, à mettre au compte du statut de

suffisance dont je n'ai su les préserver.

Ils portent ailleurs leurs impasses. Reste l'Ecole que j'ai

adoptée pour mienne.

Neuve et mouvante encore, c'est ici que s'éprouvera le noyau dont

il se peut que mon enseignement subsiste.

On fera bien maintenant de se compter pour cette tâche.

Avis étant pris de mes conseils, je convoque pour les 28 et 29 de

ce mois, mon premier forum.

Le 11 mars 1981

Les personnes qui souhaitent faire partie de l'Ecole de la Cause freudienne sont priées de se faire connaître au Dr Lacan en renvoyant ce formulaire rue de Lille.

NOM : ........................

Prénom : .....................

Adresse : ....................

..............................

..............................

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Page 21: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Les termes de Lacan, « l'École que j'ai adoptée pour mienne », qui ont pu donner lieu à controverse, correspondent très exactement à l'état des choses : il n'a pas fondé cette École, mais il en a accepté la présidence en tant qu'École de ses élèves, et, dans la situation nouvelle, il explicite qu'il maintient cette adoption en faisant acte de Président pour convoquer un forum dans le cadre même de l'École.

III — Mort de Lacan ; l'E.C.F. persiste

Le Forum se déroule effectivement aux dates indiquées par Lacan. S'y trouvent réunies plus de mille personnes et les débats portent sur tous les aspects de l'E.C.F., y compris sur une discussion des statuts. Le travail inauguré par ces deux journées doit se prolonger par l'activité de commissions, notamment sur la passe, les statuts, l'enseignement, la garantie, le cartel, l'éthique, le contrôle, etc.

Le Forum a lieu ; l'E.C.F.se dote de moyens de fonc-tionnement, mars 1981

L'E.C.F., encore composée uniquement de son président, de G. Gonzalez et des membres restants du Directoire, commence à mettre en place des activités suivies comme en témoignent les courriers réguliers parus dès avril 1981.

Les suites du Forum En juin 1981, les commissions formées à la suite du Forum

remettent leurs premières conclusions aux conseils, qui les transmettent in extenso au docteur Lacan, et qui devront lui faire parvenir ultérieurement leurs propres réflexions 33. Mort de Jacques Lacan ,

9 septembre 1981 Un bail est en cours de signature pour un local situé rue Huysmans (celui que l'École occupe présentement) et le docteur Lacan fait transmettre au Directoire les noms des personnes qui lui ont écrit pour situer leur travail dans le cadre de l'E.C.F. 34 . Les membres du Directoire et les conseils commencent à contacter individuellement ces personnes.

A la fin du mois de juin, la Lettre mensuelle de 1'E.C.F. est créée. Les premières journées d'étude de l'École, consacrées à la clinique sont prévues pour les 31 octobre et 1er novembre 1981.

33 Courrier de l'E.C.F. de la mi-juin 1981. 34 Courrier de l'E.C.F. de juin 1981.

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Page 22: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Les cartels continuent de fonctionner. Un premier recensement des enseignements prévus pour l'année 1981-

1982 est publié 35.

Mort de Jacques Lacan Le 9 septembre 1981, la nouvelle de la mort de Lacan jette tous

ceux qui se référaient à lui dans l'affliction. Pour ceux qui l'avaient suivi dans l'E.C.F., sa dernière initiative institutionnelle mais aussi « l'École qu'il avait adoptée » (ainsi qu'il l'avait écrit), le deuil est redoublé.

A cette date, le cadre institutionnel de l'École n'est pas encore achevé. Ainsi que Lacan l'avait souhaité, il reste à remanier les statuts pour tenir compte des débats du Forum, et, sur la base des statuts à venir, constituer définitivement les organes de fonctionnement et procéder à l'appel des cotisations auprès des futurs membres.

« C'est alors – dit J.-A. Miller –, entre le 9 et le 28 septembre 1981 que s'est joué le sort de ce qui est notre École. Les six auraient très bien pu se dire : « Lacan nous a nommés, nous l 'avons accepté, nous sommes restés à notre poste, maintenant Lacan n'est plus, nous ne sommes plus rien, séparons-nous. » Ou : « Convoquons un nouveau forum pour discuter, voir ce qu'il faut faire, mettre en chantier la création d'une École. » Etc. Qu'avons-nous fait ? Lacan avait dit qu'il apprécierait les conclusions du forum ? Nous l'avons fait à sa place. Nous avons décidé de remettre sur le chantier, une dernière fois, le texte des statuts, de l'établir une fois pour toutes, de le déposer, d'accepter, nous, les adhésions, et ainsi de faire exister l'École de la Cause freudienne. » 36

35 Courrier de l'E.C.F. de juillet 1981. 36 L'Ane, n° 42, p. 22, « Etant données les circonstances, les personnes désignées par Jacques Lacan au titre des

conseils et du Directoire, formeront conjointement le premier Conseil statutaire qui agréera les adhésions.

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Page 23: La naissance de l'École de la Cause freudienne

L'E.C.F. achève sa mise en place Les conseils et les membres du Directoire se réunissent les 14 et 16

septembre 1981. Ils décident de constituer un Conseil statutaire afin notamment de pouvoir agréer les adhésion 37.

La convocation d'une Assemblée générale est prévue pour 1982 afin de compléter les organes de gestion conformément aux statuts.

Les A.M.E. du Conseil statutaire se constituent en commission de la garantie pour agréer les premières nominations d'A.M.E. selon les indications laissées par Lacan.

ÉCOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 3, Rue de Lille, 75007 PARIS

le 16 septembre 1981

Les conseils et les membres du directoire* se sont réunis

les 14 et 16 septembre.

La mort de Jacques Lacan laisse chacun de ceux qui

avaient répondu à son dernier appel dans l'affliction la plus

vive. Chacun mesure ce qui est là perdu, d'irremplaçable pour

lui-même et pour la psychanalyse. Jacques Lacan disparaît au

moment où allait s'achever la formation de notre association,

dont il avait, au cours des deux années écoulées, maintenu

l'exigence avec une détermination entière. Fidèles à cet exemple,

les conseils et les membres du directoire sont convaincus

d'être les interprètes du plus grand nombre en affirmant leur

désir de mener à bien le processus de formation d'ailleurs proche

de sa conclusion.

Ayant reçu du Docteur Lacan la liste des demandes qui lui avaient

été adressées, les membres du directoire et les conseils avaient commencé,

dès le mois de mai, à s'entretenir avec les personnes nouvelles en vue de

leur adhésion. Ces entretiens reprendront dès ce mois-ci. L'agrément des

adhésions suppose que le Conseil statutaire soit constitué. Etant donné

les circonstances, les personnes désignées par Jacques Lacan au titre

des conseils et du directoire formeront conjointement le premier Conseil

Statutaire qui agréera les adhésions.

La durée des fonctions de ses membres et leur mode de renouvellement devront

évidemment être précisés dans les statuts. Une assemblée générale sera

convoquée courant 1982 ; elle complètera le directoire conformément aux

statuts.

Concernant le titre d'A.M.E., le Dr Lacan s'est adressé à ses conseils au

début juillet afin de demander aux analystes ayant déjà ce titre de lui

proposer de nouveaux A.M.E. L'ensemble des lettres reçues par lui à ce

sujet, ainsi que ses avis, ont été transmis par Madame Gloria Gonzalez le

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Page 24: La naissance de l'École de la Cause freudienne

14 septembre. Les nominations qu'il avait approuvées seront agrées par la

première commission de la garantie. Celle-ci devait être nommée par le

Dr Lacan. Elle sera formée pour la circonstance par les six membres des

conseils et du directoire déjà A.M.E. Les personnes nommées seront

prévenues par la commission. Pour quelques personnes, le Dr Lacan avait

indiqué qu'il souhaitait les recevoir avant de se prononcer. Il leur

sera proposé de s'entretenir avec les membres de la commission. Les futures

nominations se feront également en consultant les A.M.E.

Pour la double commission de la passe, le Dr Lacan n'a

laissé aucune indication nouvelle. Il avait approuvé les modalités

prévues par les statuts, puis offert la question au débat. Celui-ci a suscité un large intérêt et des propositions ont été faites. Le

Dr Lacan les a reçues mais ne s'est pas prononcé à leur sujet.

Dans ces conditions, il parait préférable de placer les précisions

concernant le fonctionnement de la passe dans un règlement

intérieur. Le débat se poursuivra au, sein de l'association jusqu'à

ce qu'une réunion extraordinaire soit appelée à se prononcer.

Ainsi, prenant appui sur les dernières indications du

Dr Lacan, ces quelques dispositions doivent permettre à notre

association d'achever de se former dans les prochains jours.

L'Ecole de la Cause Freudienne pourra se recommander

d'être la dernière initiative institutionnelle de Jacques

Lacan ; cela ne lui crée d'autre privilège que de devoir

faire ses preuves, au service de la psychanalyse et de son

discours.

Après les deux années de déchirements que nous venons de

traverser, et alors que la mort de Jacques Lacan met une

ponctuation tragique au moment actuel, il importe que le

travail analytique prévale.

Les journées d'études prévues pour les 31 octobre

et Ler novembre sont maintenues, sur le thème de la clinique

psychanalytique. Elles apporteront à la mémoire de Jacques Lacan

l'hommage du travail qui s'engage, suscité par son enseignement.

Les conseils et les membres du directoire.

*Conseils : R. Lefort, P. Lemoine, P. Martin, J.A. Miller, C. Soler. Membres du directoire : C. Bruère-Dawson, E. Laurent, C. Millot, J.A. Miller, M. Silvestre, C. Soler.

Les journées d'étude prévues pour le 31 octobre et le 1er novembre 1981 sont maintenues. Des modifications statutaires sont établies et approuvées par l'ensemble des membres du Directoire et des conseils réunis en congrès le 28 septembre 1981. Ces modifications concernent la durée de fonctionnement et le mode de renouvellement des organes statutaires, la désignation des délégués à l'Assemblée générale, l'ouverture de l'association à des membres associés et l'établissement d'une liste de correspondants. De plus les articles concernant la passe sont transférés dans un règlement intérieur comme prévu, afin qu'ainsi ils puissent être soumis à l'approbation du congrès. Avec ces quelques dispositions prend fin la mise en forme des statuts 38.

L'E.C.F. persiste, et tient compte du Forum, comme Lacan l'avait souhaité : nouveaux statuts, 28 sep-tembre 1981

37 Courrier de l'E.C.F. du 16 septembre 1981. 38 Courrier de l'E.C.F. du 21 septembre 1981 et du 29 septembre 1981 (extrait), en annexe 8.

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Page 25: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Les nouveaux statuts sont déposés le 28 septembre 1981. Ils figurent intégralement en annexe 9.

Sur cette base, l'École peut procéder à l'appel des cotisations et nommer son premier président après le décès du docteur Lacan : Pierre Martin.

Dès lors, et bien qu'elle soit désormais privée des directives du docteur Lacan, l'E.C.F. peut commencer à fonctionner. Ainsi que le formulait C. Soler 39 « Il dépendra maintenant de ceux qui se sont liés à cette École, qu'un travail s'y poursuive qui reste animé par l'enseignement de Jacques Lacan. »

39 Courrier de l'E.C.F. du 14 septembre 1981.

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Page 26: La naissance de l'École de la Cause freudienne

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A n n e x e s

Annexe 1 : Premiers statuts de la Cause freudienne, du 21 février 1980 (cf. p. 2). ...................................................................................................... 77

Annexe 2 : Statuts de la Cause freudienne du 22 octobre 1980 (cf. p. 5). ......................................................................................................... 78

Annexe 3 : Annexe du rapport d'orientation du Directoire de la Cause freudienne, du 22 novembre 1980 (cf. p. 6). ..................................................................................................... 80

Annexe 4 : Premiers statuts de l'École de la Cause freudienne, du 19 janvier 1981, précédés de la note de présentation de C. Conté, de la même date (cf. p. 13). ................... 82

Annexe 5 : Lettre de Pierre Martin, du 23 février 1981 (cf. p. 17).......................................................................................................... 86

Annexe 6 : Lettre de démission de Claude Conté............................................................................................. 87 Annexe 7 : Lettre de Robert Lefort................................................................................................................... 88 Annexe 8 : Deux Courriers de l'E.C.F. ............................................................................................................. 89 Annexe 9 : Nouveaux statuts de l'École de la Cause freudienne ...................................................................... 91

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Page 27: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 1 Premiers statuts de la Cause freudienne, du 21 février 1980 (cf. p. 2).

Article 1– Il est formé, sous la dénomination de « La Cause freudienne », une Association selon la loi de 1901. Sa durée est illimitée. Son siège est à Paris.

Article 2 – Cette Association a pour objet la psychanalyse, et pour but : d'en restaurer la vérité, d'en transmettre le savoir, de l'offrir au contrôle et au débat scientifique, de fonder en raison la qualification du psychanalyste. Elle oriente ceux qui veulent, dans le champ ouvert par Freud, poursuivre avec Lacan.

Article 3 – Les adhésions sont présentées à l'agrément du Directeur. Les cotisations sont fixées par le Bureau.

Article 4 – La qualité de membre se perd par : 1) démission; 2) non-paiement de la cotisation ; 3) radiation pour motif grave, l'intéressé ayant été préalablement entendu.

Article 5 – Les ressources de l'Association proviennent de : I) des cotisations, souscriptions et droits d'entrée de ses membres ; 2) du revenu de ses biens ; 3) du produit des rétributions perçues pour services rendus ; 4) des ressources créées à titre exceptionnel.

Article 6 – L'Association se donne les moyens nécessaires à l'accomplissement de son but, dont : réunions, groupes de travail, bibliothèques, publications, etc.

Article 7 – Le Directeur préside l'Association, la représente dans tous les actes de la vie civile, ordonnance les dépenses, peut donner délégation. Le Bureau administre l'Association ; il est investi à cet égard des pouvoirs les plus étendus ; ses membres assurent les tâches nécessaires à l'existence de l'Association (secrétariat, trésorerie, responsabilités diverses). L'Assemblée élit pour cinq ans le Directeur, et, sur la proposition de celui-ci, le Bureau, pour la même durée.

Article 8 – Le Directeur est assisté par un Conseil, dont le Bureau sollicite l'avis dans les cas importants. Le Conseil est élu pour deux ans par l'Assemblée, sur proposition du Directeur.

Article 9 – L'Assemblée ordinaire se réunit une fois par an, sur convocation du Bureau, pour entendre son rapport, approuver le budget, et délibérer sur les questions mises à l'ordre du jour. Si nécessaire, le Directeur convoque l'Assemblée extraordinaire. Les Assemblées se prononcent à la majorité des présents.

Article 10 – Une Assemblée ordinaire élira le Bureau dans le délai maximum d'un an à compter du dépôt des présents statuts. Un règlement intérieur pourra être établi.

Article 11 – En cas de dissolution, prononcée à la majorité des deux tiers des présents, l'Assemblée statue conformément à la loi sur la dévolution des biens.

Paris, le 21 février 1980 Certifié conforme

Lacan

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Page 28: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 2 Statuts de la Cause freudienne du 22 octobre 1980 (cf. p. 5).

Article 1 – Dénomination, durée, siège. Il est formé, sous la dénomination de « La Cause freudienne », une association selon la loi de 1901.

Sa durée est illimitée. Son siège est à Paris.

Article 2 – Objet. Cette Association a pour objet la psychanalyse, et pour but : d'en restaurer la vérité, d'en

transmettre le savoir, de l'offrir au contrôle et au débat scientifique, de fonder en raison la qualification du psychanalyste. Elle oriente ceux qui veulent, dans le champ ouvert par Freud, poursuivre avec Lacan.

Article 3 – Moyens. L'Association se donne tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de son but : groupes de

travail (dits cartels), réunions (forums), conférences, séminaires, bibliothèques, publications, etc.

Article 4 – Adhésions. Pour faire partie de l'Association, il faut en faire la demande auprès d'un groupe de travail (cartel) qui la

transmet au Directoire, ou bien directement auprès du Directeur. La demande doit être agréée par le Conseil, dans une des catégories prévues.

Article 5 – Composition. – Correspondants – Membres de la Cause freudienne – Membres d'honneur Un Congrès réunit tous les deux ans membres de la Cause freudienne et correspondants. – Membres du Conseil statutaire : voir article 11. – Membres de l'Assemblée administrative : voir article 12.

Article 6 – Perte de la qualité de membre. La qualité de membre de la Cause freudienne (ou de correspondant) se perd par : – démission ; – radiation pour motif grave, prononcée par le Conseil et ratifiée par l'Assemblée ; – radiation pour non-paiement de la cotisation. Le non-paiement de la cotisation, après les rappels

d'usage et l'examen des cas particuliers par le Directoire, entraîne automatiquement la suspension de toute participation aux organes, assemblées et congrès de l'Association, jusqu'au règlement de la cotisation due. La radiation de la liste des membres (ou de celle des correspondants) intervient automatiquement lorsque le non-paiement se poursuit au-delà de deux années consécutives.

Article 7 – Titres. La Cause freudienne reconnaît deux titres, distincts des catégories de membres, et qui sont

délivrés par son École (École de la Cause freudienne) : – AME (Analyste membre de l'École) – AE (Analyste de l'École) Le sens et la valeur de ces titres, la composition des instances qui les délivrent, l'organisation des

enseignements, sont fixés par le règlement intérieur de l'École. L'analyste praticien est un membre de la Cause freudienne qui lui a fait part de ce qu'il exerce la

fonction d'analyste. Article 8 – Ressources. Les ressources de l'Association proviennent : – des cotisations de ses membres et correspondants, fixées par catégorie et titre par le Conseil sur

proposition du Directoire ; – de leurs souscriptions et droits d'entrée ; – du revenu de ses biens ; – du produit et des rétributions perçues pour services rendus ; – des ressources créées à titre exceptionnel ; – de toutes autres ressources autorisées par les textes législatifs et réglementaires. Les membres et correspondants s'engagent à payer leurs cotisations.

Article 9 – Le Directoire. La composition du Directoire, ou Comité de gestion, est la suivante : – Directeur ; – Secrétaire du Directoire ; – Secrétaire des Échanges ; – Secrétaire aux Cartels – Secrétaire de la Bibliothèque ; ainsi que les adjoints des susdits, un délégué du Conseil, un représentant de l'École, et un

secrétaire administratif. Le Directeur et les quatre Secrétaires occupent leurs fonctions pour deux ans, et ne sont pas

immédiatement rééligibles à ces fonctions. A l'issue normale de son mandat, chacun est remplacé par un adjoint.

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Page 29: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Les Secrétaires-adjoints sont proposés par chacune des commissions compétentes, pour nomination par le Conseil et ratification par l'Assemblée. La nomination du Directeur-adjoint par le Conseil est ratifiée par l'Assemblée.

Article 10 – Fonctions des membres du Directoire. Le Directeur, ou à défaut son adjoint, convoque et préside les sessions plénières du Directoire ; il

anime l'action de ses membres ; il présente à l'Assemblée annuelle un rapport sur l'activité du Directoire, à partir des rapports qui lui sont fournis par les Secrétaires.

Le Secrétaire du Directoire tient le registre des procès-verbaux des sessions plénières, et préside la commission financière, dont est membre le trésorier nommé par le Conseil.

Le Secrétaire des Échanges veille à la coordination entre Paris et la province, et préside la commission des échanges.

Le Secrétaire aux Cartels représente le Directoire auprès de ceux-ci, et préside la commission des permutations.

Le Secrétaire de la Bibliothèque veille au développement de celle-ci, et préside la commission de la bibliothèque.

Le Directoire tient ordinairement une session plénière par trimestre. Le Directeur peut y convoquer des membres dont l'assistance est jugée nécessaire à l'examen des questions à l'ordre du jour. Le délégué du Conseil auprès du Directoire assure la liaison.

Article 11 – Le Conseil statutaire. Le Conseil, garant du respect des statuts, veille à la bonne marche de l'Association, et renouvelle les

commissions. Les membres du Conseil sont recrutés par élection. Son bureau se réunit au moins deux fois par an ; il représente l'Association dans la vie civile, et assure

les formalités prescrites. Son président est celui de l'Association* Le Conseil statutaire dispose des pouvoirs qui ne sont pas réservés aux membres du Directoire, à

l'Assemblée, ou au Congrès. Article 12 – Assemblée annuelle. L'Assemblée administrative se réunit en session ordinaire une fois par an, sur la convocation du

Conseil qui en règle l'ordre du jour. Les membres de l'Assemblée ont la possibilité de se faire représenter par un autre membre de

l'Assemblée, muni d'un pouvoir spécial. Les convocations sont envoyées par lettre à ceux des membres et correspondants de l'Association qui font partie de l'Assemblée, au moins quinze jours à l'avance ; elles indiquent les questions à l'ordre du jour. Le vote par correspondance peut être autorisé : si c'est le cas, la convocation le mentionne. Les décisions de l'Assemblée sont prises à main levée à la majorité des suffrages exprimés par oui et non.

Le bureau de l'Assemblée comprend au moins un membre du Directoire, un membre du Conseil, et un membre de l'Assemblée. L'Assemblée entend le rapport du Directoire et les autres rapports éventuels. Elle approuve les comptes de l'exercice clos. Elle ratifie les nominations qui lui sont soumises. Elle élit sur proposition du Conseil les nouveaux membres de l'Assemblée. Elle délibère sur toutes questions portées à l'ordre du jour. Le rapport du Directoire est adressé à l'ensemble des membres et correspondants.

Si besoin est, le Conseil peut convoquer l'Assemblée en session extraordinaire.

Article 13 – Le Congrès : modifications des statuts. Le Congrès s'assemble tous les deux ans, sur la convocation du Conseil qui en règle l'ordre du jour. Les membres du Congrès ont la possibilité de se faire représenter par un autre membre du

Congrès, muni d'un pouvoir spécial. Le vote par correspondance peut être autorisé ; si c'est le cas, la convocation le mentionne. Les décisions du Congrès sont prises à main levée à la majorité des suffrages exprimés par oui et non.

Le bureau du Congrès comprend au moins un membre du Directoire, un membre du Conseil, et un membre de l'Assemblée. Le Congrès entend les rapports moraux et scientifiques prévus, approuve le rapport de la commission financière, et délibère sur toutes les questions mises à l'ordre du jour.

Les membres du Congrès se réunissent en session extraordinaire lorsqu'ils ont à se prononcer sur toute modification des statuts proposée par le Conseil. Une telle session ne peut délibérer que si le quorum du tiers des membres du Congrès est présent, représenté, ou a voté par correspondance si le vote par correspondance est mentionné sur la convocation. Si le quorum n'est pas atteint sur première convocation, le Congrès est convoqué à nouveau, à quinze jours d'intervalle au moins, et lors de cette nouvelle réunion, il peut valablement délibérer sans condition de quorum.

Article 14 – Dissolution. En cas de dissolution proposée par le Conseil, la procédure suivie est la même qu'en cas de

modifications des statuts. Le Congrès se prononce sur la dissolution, et la dévolution des biens à une ou plusieurs

associations poursuivant des buts analogues. Il ratifie la nomination par le Conseil d'un ou plusieurs commissaires-liquidateurs.

*Phrase rajoutée par Lacan.

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Page 30: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 3 Annexe du rapport d'orientation du Directoire de la Cause freudienne,

du 22 novembre 1980 (cf. p. 6).

LA CAUSE FREUDIENNE 5, rue de Lille, 75007 PARIS

SUPPLÉMENT AU COURRIER DE NOVEMBRE 1980

RAPPORT D'ORIENTATION DU DIRECTOIRE 1980-1982

Paris, le 22 novembre 1980 ANNEXE:

note sur les textes statutaires La rédaction a été faite à partir d'indications sommaires du docteur Lacan, qui souhaitait : – assurer la présidence de la Cause freudienne, sans avoir à en gérer l'activité au jour le jour ; – que cette gestion soit régulièrement « aérée », sans mettre en danger sa continuité ;

– qu'un « soubassement solide » soit établi, permettant précisément le renouvellement dans la gestion, sans affecter l'orientation générale ;

– que les assemblées ne soient pas un lieu de confusion, mais facilitent un échange de vues « sensé ».

Ces effets sont obtenus par l'institution : – d'un Directoire, dont les titulaires changent tous les deux ans, et sont remplacés par leurs

adjoints ; – d'un Conseil statutaire, qui se tient à distance de la gestion, mais dispose d'un pouvoir de régulation ; – d'une Assemblée annuelle administrative, dont les membres sont élus, instance à qui sont rendus les

comptes, et qui vote les nominations au Directoire ; – d'un Congrès réuni tous les deux ans, où tous, y compris les correspondants, sont conviés, qui

approuve les orientations financières, et, si besoin est, les modifications de statut. On peut faire partie de l'Association, ou bien à titre de correspondant, ou bien à titre de membre de la

Cause. Dans tous les cas, il faut en faire la demande auprès d'un cartel qui la transmet au Directoire, ou bien directement auprès du Directoire. Le Directoire en débat. L'adhésion doit être agréée par le Conseil (ces dispositions ne prendront effet qu'à partir de janvier 1981, elles ne touchent pas les quelques 1.200 demandes déjà adressées directement à J. Lacan).

S'agissant du Directoire, il est prévu que chaque Secrétaire travaille avec son adjoint et une commission, elle aussi en place pour deux ans.

Le Secrétaire du Directoire travaille avec la commission financière de l'Association, propose éventuellement le relèvement des cotisations et veille au fonctionnement du local. Le trésorier, membre de la commission, encaisse toute recette, et notifie les suspensions et radiations automatiques pour non-paiement de la cotisation ; il effectue les paiements.

Le Secrétaire des Échanges anime la commission du même nom, qui a pour but de remédier aux inconvénients résultant de la dispersion géographique des membres, de faciliter les contacts, et en particulier de veiller aux échanges réguliers entre Paris et la province. Cela implique que la commission se tienne informée des réunions organisées régionalement, et qu'elle puisse leur apporter l'aide de l'Association, voire en assurer la publicité parmi les membres, ou encore en susciter.

Le Secrétaire aux Cartels anime la commission des permutations, qui veille à la formation des cartels, met en contact les personnes désirant travailler dans ce cadre, et assure la permutation périodique des cartels existants, selon des modalités à définir. Elle assiste le Secrétaire et son adjoint pour les réunions intercartels. Elle peut éventuellement s'articuler aux vecteurs.

Le Secrétaire de la Bibliothèque doit avec la commission définir un plan de développement, fixer les priorités, veiller au fonctionnement de la bibliothèque qui devra avoir une place majeure dans le local, procéder aux achats de volumes et de revues sur les crédits qui lui seront ouverts, assurer pour le Courrier une recension rapide des ouvrages acquis.

Le Directeur supervise ces activités diverses, les coordonne et convoque au moins une fois par trimestre les sessions plénières du Directoire, auxquelles il peut inviter des membres dont il juge l'assistance nécessaire à l'examen des questions à l'ordre du jour.

Pour ce qui est des titres analytiques, le docteur Lacan a voulu conserver les noms d'A.M.E. et d'A,E., délivrés par une « École » de la Cause. Les personnes considérées comme A.E. ont été priées d'entrer en contact avec Charles Melman pour déterminer leur participation aux futurs enseignements de cette École.

Reste l'Assemblée administrative, dont les membres seront élus par elle-même, et dont le docteur Lacan fera connaître la liste des premiers qui a été composée sur la base des personnes convoquées à la Réunion extraordinaire du 22 novembre. La session ordinaire de l'Assemblée n'a pas à intervenir avant octobre-novembre 1981, date à laquelle le présent Directoire lui rendra compte de sa gestion d'une année.

Quant au Conseil statutaire, que préside Jacques Lacan, assisté de Solange Faladé et Charles Melman, il veille à la mise en oeuvre des statuts, et composera les premières commissions.

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Page 31: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Les statuts n'ont pas pour objet de définir dans les moindres détails le fonctionnement effectif de l'Association ; ils l'encadrent. L'activité de chacun, surtout les premières années, fixera le style des relations entre les instances et entre les membres.

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Page 32: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 4 Premiers statuts de l'École de la Cause freudienne,

du 19 janvier 1981, précédés de la note de présentation de C. Conté,

de la même date (cf. p. 13).

ÉCOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 5, rue de Lille, 75007 PARIS

Pour présenter l'École de la Cause freudienne

Lacan nous transmet un enseignement, qu'il a toujours destiné en premier lieu aux analystes. Par cet enseignement, et par sa pratique, il maintient ouvert le champ de l'expérience freudienne. Enseignement et pratique convergent vers la formation de l'analyste, l'instauration de la

procédure de la passe visant à ce que le devenir-analyste s'articule en formules propres à éclairer en retour l'enjeu qui spécifie l'institution.

L'École de la Cause freudienne appelle à renouveler l'expérience – encore. L'institution actuelle reprend le but originel de l'EFP, c'est-à-dire qu'elle tient compte de l'enseignement, de la formation, et des questions d'habilitation, mais qu'elle met en son centre l'élaboration de l'expérience en intension (commission de la passe).

Les présents statuts ont été réétudiés au cours de deux réunions plénières de ceux qui constituaient le Directoire de la Cause freudienne (à une exception près), et constituent maintenant celui de l'École de la Cause.

Ces statuts ont été complétés selon les indications de Lacan : double commission de la passe, composée de deux cartels travaillant indépendamment, et comportant des passeurs ; commission de la garantie ; pas de responsable unique d'un « département de l'enseignement », chacun enseignant à ses risques. Ce texte offre ainsi un cadre d'accueil, où le travail analytique puisse reprendre à ses différents niveaux : cartels, enseignements, garantie et passe.

Un fonctionnement est maintenant à instaurer, par la mise en jeu de fonctions limitées, articulées entre elles sans dominance absolue, courtes et permutatives, à l'exception du Conseil statutaire, appelé par vocation à la permanence. Les initiatives seront sollicitées dans leur diversité : on s'en assurera en constatant que les enseignements sont laissés ouverts à la responsabilité de ceux qui voudront s'y risquer.

Plusieurs, nous le savons, ont formulé le souhait que les statuts soient préalablement examinés en assemblée. Cette voie nous a paru peu praticable, parce qu'aucun critère ne définirait la compétence d'une telle assemblée. Par contre, le Directoire, et sans nul doute le futur Conseil, recevront avec intérêt les questions et suggestions qui pourraient leur être adressées. Il faut voir en effet que les statuts tracent un cadre général laissant en suspens bien des questions qui seront à élaborer au titre de la régulation interne.

Le cadre est assez large pour que beaucoup soit laissé à ce que le fonctionnement initial saura faire émerger, puis inscrire du style de notre association.

Pensant avoir entendu le voeu de ceux qui veulent « poursuivre avec Lacan », nous présentons ces statuts dans une rédaction intégrale, approuvée par Lacan.

Ceux à qui ils semblent offrir un cadre convenable à la poursuite de l'expérience freudienne, telle que Lacan l'a renouvelée et prolongée, peuvent écrire à l'Ecole de la Cause freudienne pour en faire partie.

Sans différer, le courrier de l'École de la Cause se propose de diffuser les annonces des enseignements qui voudraient se placer sous son égide.

La composition des instances encore à former (la commission de la garantie, celle de la passe, le secrétariat de celle-ci, et le Conseil statutaire) sera communiquée dès que les personnes pressenties par Lacan et par moi-même auront donné leur acquiescement.

Claude CONTÉ

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Page 33: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Paris, le 19 janvier 1981 ÉCOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE

5, rue de Lille, 75007 PARIS

STATUTS

Article 1 – Dénomination, durée, siège. Sous la dénomination « Ecole de la Cause freudienne », une association selon la loi de 1901 est

formée. Sa durée est illimitée. Son siège est à Paris.

Article 2 – Objet Cette Association a pour objet la psychanalyse, et pour but : d'en restaurer la vérité, d'en

transmettre le savoir, de l'offrir au contrôle et au débat scientifique, de fonder en raison la qualification du psychanalyste. Elle oriente ceux qui veulent, dans le champ ouvert par Freud, poursuivre avec Lacan. L'Association doit garantir le rapport du psychanalyste à la formation qu'elle dispense.

Article 3 – Moyens L'Association se donne tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de son but : groupes de

travail (dits cartels), réunions (forums), conférences, séminaires, bibliothèque, publications, etc.

Article 4 – Adhésions Clause provisoire : pour faire partie de l'Association, on écrit au Président, qui statue sur les

demandes. Passé un délai de trois mois à compter du dépôt des présents statuts, la clause ci-dessous s'applique :

Pour faire partie de l'Association, on en fait la demande auprès d'un groupe de travail (cartel) qui la transmet au Directoire, ou bien directement auprès du Directeur. La demande doit être agréée par le Conseil, dans une des catégories prévues.

Article 5 – Composition – Correspondants – Membres – Membres d'honneur Un Congrès réunit tous les deux ans membres et correspondants. – Membres du Conseil statutaire : voir article 12.

Article 6 – Perte de la qualité de membre La qualité de membre (ou de correspondant) se perd par : – démission ; – radiation pour motif grave, prononcée par le Conseil et ratifiée par l'Assemblée ; – radiation pour non-paiement de la cotisation. Le non-paiement de la cotisation, après les rappels

d'usage et l'examen des cas particuliers par le Directoire, entraîne automatiquement la suspension de toute participation aux organes, assemblées et congrès de l'Association, jusqu'au règlement de la cotisation due. La radiation de la liste des membres (ou de celle des correspondants) intervient automatiquement lorsque le non-paiement se poursuit au-delà de deux années consécutives.

Article 7 – Ressources Les ressources de l'Association proviennent : – des cotisations de ses membres et correspondants, fixées par catégorie et titre par le Conseil sur

proposition du Directoire ; – de leurs souscriptions et droits d'entrée ; – du revenu de ses biens ; – du produit des rétributions perçues pour services rendus ; – des ressources créées à titre exceptionnel ; – de toutes autres ressources autorisées par les textes législatifs et réglementaires. Les membres et correspondants s'engagent à payer leurs cotisations.

Article 8 – Enseignements Quiconque enseigne à ses risques : l'Association n'y autorise personne, ni n'en détourne. Les membres et correspondants informent le Directoire des enseignements assurés ; le Directoire peut

en faciliter la tenue. Il est rendu compte des enseignements au Congrès, dans les rapports scientifiques.

Article 9 – Le Directoire La composition du Directoire, ou Comité de gestion, est la suivante : – Directeur ; – Secrétaire du Directoire ; – Secrétaire des Echanges ; – Secrétaire aux Cartels ; – Secrétaire de la Bibliothèque ;

ainsi que les adjoints des susdits, deux délégués du Conseil et un secrétaire administratif. Le Directeur et les quatre Secrétaires occupent leurs fonctions pour deux ans, et ne sont pas

immédiatement rééligibles à ces fonctions. A l'issue normale de son mandat, chacun est remplacé par un adjoint.

Le Directeur-adjoint est élu par le Conseil ; les Secrétaires-adjoints sont élus par l'Assemblée, sur les propositions du Directoire sortant.

Le premier Directoire sera renouvelé entre le 15 septembre et le 31 octobre 1983.

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Page 34: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Article 10 – Fonctions des membres du Directoire Le Directeur, ou à défaut son adjoint, convoque et préside les sessions plénières du Directoire ; il

anime l'action de ses membres ; il préside les commissions du Directoire ; il présente à l'Assemblée annuelle un rapport sur l'activité du Directoire, à partir des rapports qui lui sont fournis par les Secrétaires.

Le Secrétaire du Directoire tient le registre des procès verbaux des sessions plénières ; il est secrétaire de la commission financière. Le Secrétaire des Echanges veille à la coordination entre Paris et la province ; il est secrétaire de la commission des échanges. Le Secrétaire aux Cartels représente le Directoire auprès de ceux-ci ; il est secrétaire de la commission des permutations. Le Secrétaire de la Bibliothèque veille au développement de celle-ci ; il est secrétaire de la commission de la bibliothèque.

Le Directoire tient ordinairement une session plénière par trimestre. Le Directeur peut y convoquer des membres dont l'assistance est jugée nécessaire à l'examen des questions à l'ordre du jour. Les délégués du Conseil auprès du Directoire assurent la liaison.

Article 11 – Les commissions du Directoire Les quatre commissions se réunissent ordinairement une fois par trimestre, sur convocation du

Secrétaire concerné (ou à défaut, de son adjoint). Celui-ci peut y convoquer des membres, correspondants ou participants aux cartels, dont l'assistance est jugée utile à l'examen des questions à l'ordre du jour. Chaque commission, mise en place pour la durée d'un Directoire, soit deux ans, comprend, outre le Directeur, le Secrétaire et leurs adjoints, huit membres au maximum, dont quatre choisis par l'Assemblée, et quatre nommés par le Directoire sur proposition du Secrétaire et du Secrétaire-adjoint concernés.

A l'exception du Directeur et de son adjoint, on ne peut participer qu'à une seule commission. Article 12 – Le conseil statutaire Le Conseil, garant du respect des statuts, veille à la bonne marche de l'Association ; il peut se faire

rendre compte par les membres des différentes instances. Le Conseil se réunit au moins deux fois par an ; il dispose des pouvoirs qui ne sont pas réservés au

Directoire, à l'Assemblée ou au Congrès ; en particulier, il représente l'Association dans la vie civile, et assure les formalités prescrites ; il peut donner délégation ; il élit ses nouveaux membres ; il choisit pour un an son Président, qui est celui de l'Association.

Les décisions du Conseil sont acquises à la majorité des trois-quarts. En cas de blocage maintenu durant un an au sein du Conseil, l'Assemblée est appelée à trancher.

Les premiers membres du Conseil sont nommés par le Président sur avis du Directeur. Le Conseil reçoit les suggestions des membres de l'Association concernant les statuts, en délibère, et,

éventuellement, les propose au vote du Congrès.

Article 13 – Titres L'Association reconnaît deux titres, distincts des catégories de membres : – AME (Analyste membre de l'École), titre permanent ; – AE (Analyste de l'École), titre transitoire. Le sens et la valeur de ces titres sont explicités dans la « Proposition du 9 octobre 1967 ». L'analyste

praticien est un membre de l'Association qui lui a fait part de ce qu'il exerce la fonction d'analyste.

Article 14 – La Commission de la garantie Le titre d'AME est délivré par la Commission de la garantie, composée de six membres, plus, durant le

temps de son mandat, le Directeur qui l'anime. La première Commission, nommée par le Président, restera en fonction durant trois ans. A partir de ce moment, elle se renouvellera à raison de deux membres chaque année. Pour les premières applications de cette disposition, l'ordre de sortie est déterminé par un tirage au sort effectué en séance du Conseil ; une fois le roulement établi, le renouvellement a lieu par ancienneté de nomination.

Chaque année, l'un des deux membres rentrants est choisi hors de son sein par la Commission elle-même, l'autre est nommé par le Conseil. Les membres sortants ne peuvent rentrer avant trois ans au plus tôt. En cas de vacance, le Conseil veille au renouvellement.

L'activité de la Commission est complétée par un enseignement où ses décisions trouvent leur sens. Article 15 – La double Commission de la passe Le titre d'AE est délivré pour trois ans par la double Commission de la passe. Durant le temps de sa

nomination, l'AE témoigne des problèmes cruciaux aux points vifs où ils en sont pour l'analyse. La Commission est constituée de deux cartels, travaillant et statuant indépendamment l'un de

l'autre. Chaque cartel est composé de cinq membres : trois (dont au moins un AE) au titre de psychanalystes, et deux ayant fonction de passeurs. Chaque cartel assure un travail de doctrine et d'enseignement. Chaque cartel est renouvelé, en alternance, tous les deux ans, selon les modalités suivantes :

– l'AE sort, pour être remplacé par un autre, tiré au sort parmi les AE ; – les deux passeurs sortent, et sont remplacés par deux autres, tirés au sort parmi les passeurs

proposés ; – un des deux psychanalystes est reconduit pour deux ans, l'autre est remplacé par un autre

psychanalyste, nommé par le Président. Pour la première fois, le sortant est déterminé par un tirage au sort effectué en séance du Conseil ; une fois le roulement établi, le renouvellement a lieu par ancienneté de nomination. Si le nombre des passants lui semble l'exiger, un cartel peut demander que des passeurs supplémentaires soient tirés au sort par le secrétariat de la Commission;

Les deux premiers cartels sont nommés par le Président ; l'un sera renouvelé au terme de deux ans, l'autre au terme de trois, afin d' introduire l'alternance. Les membres sortants ne peuvent rentrer avant deux ans au plus tôt.

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Page 35: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Au terme de huit années de fonctionnement, toutes les personnes ayant participé à la Commission se réuniront en collège, afin de proposer, si besoin est, une modification de ce fonctionnement.

Article 16 – Le secrétariat de la Commission de la passe Le secrétariat de la Commission de la passe est composé des quatre membres sortants du cartel de la

passe venu à renouvellement ; ils occupent cette fonction pendant un an, à l'exception du premier secrétariat, nommé par le Président, qui restera en fonction deux ans.

Le secrétariat reçoit et oriente les candidats, dresse la liste des passeurs proposés par les AE et les AME, s'entretient à l'occasion avec les analystes les ayant désignés.

Il veille à la répartition au sort des passants entre les deux cartels ; il procède au tirage au sort des passeurs faisant partie des cartels ; et si besoin est, des passeurs supplémentaires.

Article 17 – Composition de l'Assemblée générale L'Assemblée générale se réunit en session administrative une fois par an, sur la convocation du Conseil

qui en règle l'ordre du jour. L'Assemblée comprend, outre les membres du Conseil, les délégués des membres et correspondants. Article 18 – Désignation des délégués à l'Assemblée générale Les membres et correspondants choisissent leurs délégués à raison : – d'un délégué pour dix membres et correspondants, si l'Association compte moins de 400 membres et

correspondants ; – d'un délégué pour quinze, si l'Association en compte entre 400 et 600 ; – si l'Association en compte plus de 600, il y a quarante-cinq délégués des membres et

correspondants. La nomination d'un délégué est acquise par l'accord du nombre prévu de membres et correspondants

dont il recueille les signatures pour les transmettre au Conseil ; ces nominations ont lieu tous les deux ans durant la période fixée par le Conseil.

Chaque membre ou correspondant ne peut donner qu'une signature ; un délégué est nommé pour deux ans, et n'est pas immédiatement rééligible à cette fonction.

Article 19 – Fonctionnement de l'Assemblée générale Les membres de l'Assemblée ont la possibilité de se faire représenter par un autre membre de

l'Assemblée, muni d'un pouvoir spécial. Les convocations sont envoyées par lettre à ceux des membres et correspondants de l'Association qui font partie de l'Assemblée, au moins quinze jours à l'avance ; elles indiquent les questions à l'ordre du jour. Le vote par correspondance peut être autorisé ; les décisions de l'Assemblée sont prises à main levée à la majorité des suffrages exprimés par oui et non.

L'Assemblée entend le rapport du Directoire et les autres rapports éventuels. Elle approuve les comptes de l'exercice clos. Elle ratifie les nominations qui lui sont soumises. Elle délibère sur toutes questions portées à l'ordre du jour. Le rapport du Directoire est adressé à l'ensemble des membres et correspondants.

Si besoin est, le Conseil peut convoquer l'Assemblée en session extraordinaire. Article 20 – Le Congrès Le Congrès s'assemble tous les deux ans, sur la convocation du Conseil qui en règle l'ordre du jour. Le Congrès entend les rapports moraux et scientifiques prévus, et débat de toutes les questions mises à

l'ordre du jour. Article 21 – Modifications des statuts ; dissolution Les membres du Congrès se réunissent en session extraordinaire lorsqu'ils ont à se prononcer sur toutes

modifications des statuts proposées par le Conseil. Une telle session ne peut délibérer que si le quorum du tiers des membres du Congrès est présent, représenté, ou a voté par correspondance. Si le quorum n'est pas atteint sur première convocation, le Congrès est convoqué à nouveau, à quinze jours d'intervalle au moins, et lors de cette nouvelle réunion, il peut valablement délibérer sans condition de quorum.

Les membres du Congrès ont la possibilité de se faire représenter par un autre membre du Congrès, muni d'un pouvoir spécial. Le vote par correspondance peut être autorisé ; si c'est le cas, la convocation le mentionne.

Les décisions du Congrès sont prises à main levée, à la majorité des deux-tiers des suffrages exprimés par oui et non.

En cas de dissolution proposée par le Conseil, la procédure suivie est la même qu'en cas de modification des statuts, sinon que la majorité requise est simple. Le Congrès se prononce sur la dissolution, et la dévolution des biens à une ou plusieurs associations poursuivant des buts analogues. Il ratifie la nomination par le Conseil d'un ou plusieurs commissaires-liquidateurs.

19 janvier 1981

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Page 36: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 5 Lettre de Pierre Martin, du 23 février 1981 (cf. p. 17).

ECOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 5, ru, e de Lille, 75007 PARIS

Pierre Martin, n'ayant pu participer à la rédaction du dernier communiqué des conseils, a demandé au Dr Lacan la diffusion du texte suivant.

Depuis le 5 janvier 1980, nul n'a été assourdi par ma voix, ni fatigué par ma prose. Cette conjoncture m'autorise à parler net, aujourd'hui. Je lis dans la lettre de Lacan en date du 26-1-81 qu'il convoquera un forum et... qu'il en appréciera le

produit : absent des débats, il entend cependant se compter – tiers – qui départagera les avis. Cette alternance de l'absence et de la décision (Lacan absent après coup décide...) n'est, paraît-il, pas

supportée. Elle fait coupure, et les fantasmes pour en établir la genèse dans la « réalité » vont bon train. Toutefois, entendre à partir de là, comme on me le dit, et à bien d'autres, que le forum pourrait, par

quelque biais, proposer et obtenir après suppression de l'École de la Cause freudienne, la fondation d'une nouvelle association, ce ne serait certes plus se substituer au Président de l'École, bien moins encore « tirer le rideau sur l'obscénité qui a eu raison de la Cause », ce serait cette exhibition de mauvais augure, tout simplement la redoubler. Ce serait attendre du forum non une tribune, mais un marché.

Ceci, parce qu'à moins d'élider le champ de l'analyse, il y est, depuis toujours, dans ce champ, acquis, qu'un groupe ne peut pas fonder. Fonder n'est pas un mot ou une construction, fonder est un acte... du sujet, et il n'y a pas d'énonciation collective du sujet. Un groupe ne fonde rien, il propose... à qui maintiendra ...pour un temps.

S'il est vrai que le forum de l'École bénéficie de portes ouvertes aux mille, comment ne pas voir que cette École qui serait du forum ne se soutiendrait que du fantasme : Lacan exclu...

Si le Père imaginaire est premier à symboliser le « vide des choses », oublie-t-on que c'est notre condition d'analyste d'avoir à nous confronter sans cesse à ce vide des choses, qu'il nous faut endurer, bon gré, mal gré ?

Il ne s'agit pas de ce père, dont lettres et discours contre le POUVOIR s'échinent, sans l'entendre, à sculpter une statue du Commandeur, chaque jour... un peu plus.

Il me paraît que tous ceux qui depuis le 5 janvier 1980 nous écrivent et... s'écrivent... avec l'encre de la haine, travailleraient mieux à la formation des analystes – seule raison d'une École – à questionner leur fantasme, par ailleurs banal (cf. Totem et tabou) – sur une École de Lacan sans Lacan pour qu'elle soit sans Jacques-Alain Miller.

La hantise du pouvoir de l'autre agite actuellement une cohorte. Il serait temps que des analystes s'inquiètent d'interroger en eux-mêmes, quant au POUVOIR, ce qu'il en est du désir de l'Autre – leur seule affaire.

Pour conclure : Je souscris à la réunion du forum. Je ne souscris pas au communiqué du 5 février 1981. Ce geste n'est en rien un reproche : Les conseils que Lacan a nommés auprès de lui sont désignés à titre individuel.

Je demande la diffusion immédiate du présent texte à tous ceux qui ont écrit à l'École de la Cause freudienne. Ce texte ne s'adresse à aucun groupe, mais à chacun – avant le forum.

Je propose la réunion du dit forum fin mars. La recollection de ses travaux dans les meilleurs délais – en forme de propositions sur l'amendement des statuts du 19 janvier 1981 – et dans cette seule intention. Les votes, s'il en intervient, seront nominatifs.

Et après ? Eh bien, après je lis que Lacan appréciera. Je ne me demande pas : après... quoi ?... après... qui ?, car la réponse est déjà donnée : « Ce n'est pas

moi qui vaincrai, c'est le discours que je sers. » L'Etourdit, p. 32 (Scilicet T. IV).

Paris, le 23 février 1981 Pierre MARTIN

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Page 37: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 6 Lettre de démission de Claude Conté

Le 19 février 1981 Cher Monsieur,

« Tout sera à débattre » : vous avez par ces mots ouvert la préparation d'un Forum où sont conviés tous vos élèves, sans préalable ni exclusive.

Les conseils choisis par vous ont tenu à donner à votre lettre toute sa portée, en précisant notamment que les statuts actuellement déposés de l'École de la Cause pourraient être soumis à discussion et ne bénéficiaient d'aucune préséance par rapport à d'autres propositions qui pourraient être soutenues.

Il y a dès lors un problème du Directoire actuel : s'il se maintient, — ou bien il se soutient de statuts promis d'autre part à la discussion : position délicate, proche de la contradiction, — ou bien il entend par là annoncer qu'il défendra effectivement ces statuts « es qualité » : il serait alors confirmé comme organe de pouvoir constitué, ce qui serait contraire à l'esprit de votre lettre. Le débat que vous souhaitez, que nous souhaitons, se réduirait en pareil cas inévitablement à la mise en jeu de pures et simples questions de personnes.

Je crois donc contribuer à la clarté de ce débat à venir en vous priant d'accepter ma démission de la fonction de directeur ; je suis en cela solidaire des positions déjà prises par Bauer et par Ritter. Une

réunion des conseils se tiendra le lundi 23 : si ma position concernant le Directoire n'était pas confirmée par mes collègues, je serais amené à me retirer également de cette fonction. Je

vous prie d'accepter, cher Monsieur, mes respectueuses salutations.

Claude CONTÉ

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Page 38: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 7 Lettre de Robert Lefort

ECOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 5, rue de Lille, 75007 PARIS

En réponse à sa demande du 23 février, Robert Lefort a adressé la lettre suivante au Dr Lacan, le 27 février,

J'ai été avec d'autres conseils floué. L'esprit de conciliation qu'induisaient certains conseils s'est révélé dans leur motif de démission être

ce qu'il était : un parti pris dès le début de nos rencontres contre l'École de la Cause freudienne. Votre appel quant à l'existence de l'École de la Cause m'a ramené à notre point de départ et à ce

pourquoi vous nous avez désignés : partir de ce qui existe, l'École et faire signe d'un Réel. Ce Réel, c'est ce que beaucoup s'acharnent à évacuer par du signifiant dont la logique propre devient

imperméable à toute conciliation. C'est ce qui apparaît dans la réponse qui a été faite à notre tentative : le préalable exorbitant de la dissolution de l'Ecole de la Cause.

L'esprit démocratique a bon dos : d'une part, aucun compte n'est tenu du groupe déjà important qui a adhéré à l'Ecole, et d'autre part l'illusion tenace qu'un forum de mille personnes puisse faire acte de fondation de quelque nouvelle école.

Mon soutien est acquis à des propositions sans compromis, c'est-à-dire que la participation au forum de ceux qui veulent la dissolution de l'Ecole de la Cause m'apparaît peu souhaitable, puisqu'ils ne l'habiteront pas ; ce serait au prix d'un déchaînement de l'obscénité.

Tout reste à faire quant à l'organisation des débats. Des commissions dont pour chacune un responsable pourraient canaliser ces débats sur chaque point particulier : statuts, passe, enseignement.

L'institution est le symptôme de l'analyse ; l'analyse ne peut être l'objet des analystes, puisque c'est là où ils défaillent dans leur acte qu'ils ont à l'interroger.

Une lettre de votre part pour la convocation du forum, ou bien plus, un mot prononcé par vous pour introduire ce forum rendrait l'amarre à beaucoup qui l'ont perdue par la « poignée de sciure ».

Vôtre Robert Lefort

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Page 39: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 8 Deux Courriers de l'E.C.F.

ÉCOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 5, rue de Lille, 75007 PARIS

21 septembre 1981

Le courrier du 16 septembre a présenté les quelques dispositions retenues par les Conseils et les membres du Directoire afin de permettre à l'Ecole d'achever de se constituer.

Sur quelques points, comme le dernier courrier l'avait annoncé, un ajustement corrélatif des statuts est nécessaire.

Selon l'orientation approuvée par le Dr Lacan, le Conseil statutaire ne gère pas mais il veille à la bonne marche de l'Association. Il assure une fonction de continuité. Il est cependant apparu à tous que l'article des statuts devait préciser la durée du mandat de ses membres, et leur mode de renouvellement.

La durée du premier Conseil sera limitée à 5 ans, conformément à la proposition soumise par les Conseils au Dr Lacan.

Après quoi, ses membres seront renouvelés par tiers tous les deux ans (l'ordre étant déterminé d'abord par tirage au sort, puis par ancienneté). Un membre entrant sera choisi par l'Assemblée Générale, un autre par le Directoire, le troisième par le Conseil.

Les membres sortants ne sont pas immédiatement rééligibles. Les membres et anciens membres du Conseil font partie de l'Assemblée Générale. Il convient également de préciser le mode de remplacement en cas de vacance au sein du Conseil, aussi

bien que du Directoire. Pour la désignation des délégués à l'Assemblée Générale, il était apparu que, par rapport à l'article des

statuts, le calcul du nombre des délégués pouvait être simplifié, et amélioré en vue d'assurer une représentation plus homogène des membres de l'Association, quel que soit leur nombre : les membres choisiront leur délégué à raison d'un délégué pour cinq membres.

La composition de l'Association elle-même doit être précisée. En effet, nous avons pu constater qu'un grand nombre de personnes nouvelles s'adressent à l'École pour y trouver un lieu de travail et de formation. Conformément à la proposition qui avait été faite par les Conseils au Dr Lacan, ces personnes pourront être admises à titre de « membre associé ». Toutes les activités scientifiques de l'Ecole (cartels, enseignement, journées, etc.) leurs sont ouvertes. Elles participent par ailleurs au congrès, où elles y entendent les rapports scientifiques et moraux et elles y votent les éventuelles modifications des statuts. Quant au terme de correspondant, il sera attribué, à leur demande, aux personnes qui reçoivent les publications de l'École et qui sont admises à travailler dans les cartels et réunions intercartels.

Au sujet de la passe, les articles qui figurent pour l'instant dans les statuts, et que le Dr Lacan avait approuvés, seront placés dans un règlement intérieur. Le débat se poursuivra à ce sujet dans l'Association, et l'application en sera suspendue jusqu'à ce qu'un congrès se prononce. On maintiendra dans les statuts le principe posé par le Dr Lacan : le titre d'A.E. est délivré pour trois ans par la double commission de la passe. Durant le temps de sa nomination, l'A.E. témoigne des points cruciaux aux points vifs où ils en sont pour l'analyse.

Avec ces quelques dispositions prend fin la mise en forme des statuts. Par la suite, les modifications qui s'imposeraient à l'expérience, se feront selon la procédure prévue par les statuts.

Sur la base actuelle, il est possible d'ores et déjà d'engager le processus d'appel des cotisations d'entrée par lequel les adhésions deviendront effectives. II commencera dès les prochains jours. Etant donné le grand nombre des personnes qui ont écrit au Dr Lacan, il devra s'étaler au cours des quelques semaines qui suivent.

Les Conseils et les Membres du Directoire.

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Page 40: La naissance de l'École de la Cause freudienne

ÉCOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE 1, rue Huysmans, 75006 PARIS

le 29 septembre 1981 Les membres des Conseils et du Directoire se sont réunis en Conseil statutaire le 28 septembre

1981. Ils ont régulièrement adopté, comme le précédent courrier l'avait annoncé, le texte modifié des statuts,

qui sera envoyé aux adhérents avec l'appel des cotisations d'entrée. Le Conseil a choisi son Président pour un an, P. Martin, son doyen d'âge. Il a été débattu de la cotisation d'entrée, cotisation unique demandée à chaque membre ou membre

associé au moment de son entrée dans l'Association. Elle a été fixée à 1.000 F pour les membres et à 500 F pour les membres associés.

Les cotisations annuelles pour 1982 seront appelées au cours des premiers mois de l'année prochaine.

La situation du Directoire a été examinée. En janvier 1981, le Directoire, nommé par le Dr Lacan, était ainsi composé : C. Conté (Directeur), C.

Soler (Directrice adjointe), J.-A. Miller (Secrétaire), C. Bruère-Dawson (Secrétaire adjoint), É. Laurent (Secrétaire aux cartels), C. Millot (Secrétaire adjointe aux cartels), M. Ritter (Secrétaire aux échanges), J.-P. Bauer (Secrétaire adjoint aux échanges), M. Silvestre (Secrétaire adjoint de la bibliothèque).

Les titulaires de ce Directoire devaient rester en fonction jusqu'en 1983, les adjoints jusqu'en 1985.

On notera qu'aucun secrétaire à la bibliothèque n'avait été nommé. D'autre part, depuis lors, sont intervenues les trois démissions de C. Conté, M. Ritter et J.-P.

Bauer. Par conséquent, le Directoire doit être complété par quatre personnes. Rappelons que le Directoire constitue un Comité de gestion (c'est le terme des statuts), qui a la charge

d'assurer le fonctionnement quotidien de l'Association. Etant donné que les membres actuels du Directoire font partie du Conseil, il a été décidé de redistribuer les fonctions, et d'abréger le mandat de ce Directoire dans l'ensemble. Les fonctions seront ainsi distribuées :

– Directrice : C. Soler – Secrétaire : J.-A. Miller – Secrétaire aux cartels : C. Millot – Secrétaire aux échanges : C. Bruère-Dawson – Secrétaire de la bibliothèque : M. Silvestre. Ces membres quitteront le Directoire entre le 15 septembre et le 31 octobre 1983. Il appartient au Conseil de choisir le Directeur adjoint : É. Laurent a été désigné pour cette

fonction. Par ailleurs, Gloria Gonzalez a accepté d'assurer le secrétariat administratif de l'École pour les

prochains mois. Une prochaine Assemblée générale choisira les quatre secrétaires adjoints qui resteront en

fonction jusqu'en 1985. Ainsi va s'achever la première mise en place des instances de l'École. Quant aux adhésions, elles

pourront être reçues dès les prochains jours. Sur cette base, un début de fonctionnement est possible, qui devra être ajusté dans l'avenir en fonction de l'expérience.

Il convient pourtant de ne pas oublier que les rouages de l'institution trouvent leur finalité dans les objectifs de travail et de formation qui sont ceux de l'École et qui n'ont pas à être ajournés.

................................................................................................................................ (extrait)

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Page 41: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Annexe 9 Nouveaux statuts de l'École de la Cause freudienne

Article 1– Dénomination, durée, siège Sous la dénomination « École de la Cause freudienne », une association selon la loi de 1901 est

formée. Sa durée est illimitée. Son siège est à Paris.

Article 2 – Objet Cette Association a pour objet la psychanalyse, et pour but : d'en restaurer la vérité, d'en

transmettre le savoir, de l'offrir au contrôle et au débat scientifique, de fonder en raison la qualification du psychanalyste. Elle oriente ceux qui veulent, dans le champ ouvert par Freud, poursuivre avec Lacan. L'Association doit garantir le rapport du psychanalyste à la formation qu'elle dispense.

Article 3 – Moyens L'Association se donne tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de son but : groupes de

travail (dits cartels), réunions (forums), conférences, séminaires, bibliothèque, publications, etc.

Article 4 – Adhésions Pour faire partie de l'Association, on en fait la demande auprès d'un groupe de travail (cartel) qui la

transmet au Directoire, ou bien directement auprès du Directeur. La demande doit être agréée par le Conseil, dans une des catégories prévues.

Par ailleurs, le Directoire peut admettre comme correspondants, à leur demande, les personnes qui reçoivent les publications de l'Association, et participent au travail de ses cartels.

Article 5 – Composition – Membres. – Membres associés. – Membres d'honneur. Un Congrès réunit tous les deux ans, membres et membres associés.

Article 6 – Perte de la qualité de membre La qualité de membre (ou de membre associé) se perd par : – démission ; – radiation pour motif grave, prononcée par le Conseil et ratifiée par l'Assemblée ; – radiation pour non-paiement de la cotisation. Le non-paiement de la cotisation, après les rappels

d'usage, et l'examen des cas particuliers par le Directoire, entraîne automatiquement la suspension de toute participation aux organes, assemblées et congrès de l'Association, jusqu'au règlement de la cotisation due. La radiation de la liste des membres (ou de celle des membres associés) intervient automatiquement lorsque le non-paiement se poursuit au-delà de deux années consécutives.

Article 7 – Ressources Les ressources de l'Association proviennent : – des cotisations de ses membres et membres associés, fixées par catégorie et titre par le Conseil sur

proposition du Directoire ; – de leurs souscriptions et droits d'entrée ; – du revenu de ses biens ; – du produit des rétributions perçues pour services rendus ; – des ressources créées à titre exceptionnel ; – de toutes autres ressources autorisées par les textes législatifs et réglementaires. Les

membres et membres associés s'engagent à payer leurs cotisations.

Article 8 – Enseignements Quiconque enseigne, le fait à ses risques : l'Association n'y autorise personne, ni n'en détourne. Les

membres et membres associés informent le Directoire des enseignements assurés ; le Directoire peut en faciliter la tenue.

Il est rendu compte des enseignements au Congrès, dans les rapports scientifiques. Article 9 – Le Directoire La composition du Directoire, ou Comité de gestion, est la suivante : – Directeur, – Secrétaire du Directoire, – Secrétaire des Échanges, – Secrétaire aux Cartels, – Secrétaire de la Bibliothèque, ainsi que les adjoints des susdits, deux délégués du Conseil et un secrétaire administratif. Le Directeur et les quatre Secrétaires occupent leurs fonctions pour deux ans, et ne sont pas

immédiatement rééligibles à ces fonctions. A l'issue normale de son mandat, chacun est remplacé par un adjoint.

Le Directeur-adjoint est élu par le Conseil ; les Secrétaires-adjoints sont élus par l'Assemblée, sur les propositions du Directoire sortant.

En cas de vacance d'un titulaire, son adjoint le remplace pour la durée restante du mandat ; il accomplit ensuite son propre mandat. En cas de vacance d'un adjoint, un remplaçant est désigné, par le

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Page 42: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Conseil s'il s'agit du Directeur-adjoint, par la prochaine Assemblée Générale s'il s'agit d'un Secrétaire-adjoint.

Le premier Directoire sera renouvelé entre le 15 septembre et le 31 octobre 1983. Article 10 – Fonctions des membres du Directoire Le Directeur, ou à défaut son adjoint, convoque et préside les sessions plénières du Directoire ; il

anime l'action de ses membres ; il préside les commissions du Directoire ; il présente à l'Assemblée annuelle un rapport sur l'activité du Directoire, à partir des rapports qui lui sont fournis par les Secrétaires.

Le Secrétaire du Directoire tient le registre des procès-verbaux des sessions plénières ; il est secrétaire de la commission financière. Le Secrétaire des Échanges veille à la coordination entre Paris et la province ; il est secrétaire de la commission des échanges. Le Secrétaire aux Cartels représente le Directoire auprès de ceux-ci ; il est secrétaire de la commission des permutations. Le Secrétaire de la Bibliothèque veille au développement de celle-ci ; il est secrétaire de la commission de la bibliothèque.

Le Directoire tient ordinairement une session plénière par trimestre. Le Directeur peut y convoquer des membres dont l'assistance est jugée nécessaire à l'examen des questions à l'ordre du jour. Les délégués du Conseil auprès du Directoire assurent la liaison.

Article 11 – Les commissions du Directoire Les quatre commissions se réunissent ordinairement une fois par trimestre, sur convocation du

Secrétaire concerné (ou, à défaut, de son adjoint). Celui-ci peut y convoquer des membres, membres associés, correspondants ou participants aux cartels, dont l'assistance est jugée utile à l'examen des questions à l'ordre du jour.

Chaque commission, mise en place pour la durée d'un Directoire soit deux ans, comprend, outre le Directeur, le Secrétaire et leurs adjoints, huit membres au maximum, dont quatre choisis par l'Assemblée, et quatre nommés par le Directoire sur proposition du Secrétaire et du Sécrétaire-adjoint concernés.

A l'exception du Directeur et de son adjoint, on ne peut participer qu'à une seule commission.

Article 12 – Le Conseil statutaire Le Conseil, garant du respect des statuts, veille à la bonne marche de l'Association ; il peut se faire rendre

compte par les membres des différentes instances. Le Conseil se réunit au moins deux fois par an ; il dispose des pouvoirs qui ne sont pas réservés au

Directoire, à l'Assemblée ou au Congrès ; en particulier, il représente l'Association dans la vie civile, et assure les formalités prescrites ; il peut donner délégation ; il choisit pour un an son Président qui est celui de l'Association.

Le Conseil est composé de neuf membres. Ses décisions sont acquises à la majorité des deux tiers plus une voix. En cas de blocage maintenu durant un an au sein du Conseil, l'Assemblée est appelée à trancher.

Le Conseil reçoit les suggestions des membres de l'Association concernant les statuts, en délibère, et, éventuellement, les propose au vote du Congrès.

Le premier Conseil formé au quatrième trimestre 1981, restera en place durant cinq ans, jusqu'au quatrième trimestre 1986. Après quoi, ses membres seront renouvelés par tiers tous les deux ans (l'ordre étant déterminé d'abord par tirage au sort, puis par ancienneté de nomination).

Un membre entrant sera choisi par l'Assemblée générale, un autre par le Directoire, le troisième par le Conseil. Les membres sortants ne sont pas immédiatement rééligibles.

En cas de vacance en son sein, le Conseil pourvoit au remplacement pour la durée restante du mandat.

Article 13 – Titres L'Association reconnaît deux titres, distincts des catégories des membres : – A.M.E. (Analyste membre de l'Ecole), titre permanent : – A.E. (Analyste de l'École), titre transitoire ; Le sens et la valeur de ces titres sont explicités dans la « Proposition du 9 octobre 1967 ». L'analyste

praticien est un membre de l'Association qui lui a fait part de ce qu'il exerce la fonction d'analyste.

Article 14 –La Commission de la garantie Le titre d'A.M.E. est délivré par la Commission de la garantie, composée de six membres au

maximum, plus, durant le temps de son mandat, le Directeur, qui l'anime. La première Commission, formée au quatrième trimestre 1981, restera en fonction durant trois ans. A partir de ce moment, elle se renouvellera à raison de deux membres chaque année. Pour les premières applications de cette disposition, l'ordre de sortie est déterminé par un tirage au sort effectué en séance du Conseil ; une fois le roulement établi, le renouvellement a lieu par ancienneté de nomination.

Chaque année, l'un des deux membres rentrants est choisi hors de son sein par la Commission elle-même, l'autre est nommé par le Conseil. Les membres sortants ne peuvent rentrer avant trois ans plus tôt. En cas de vacance, le Conseil veille au remplacement.

L'activité de la Commission est complétée par un enseignement où ses décisions trouvent leur sens.

Article 15 – La double Commission de la passe Le titre d'A.E. est délivré pour trois ans par la double Commission de la passe. Durant le temps de sa

nomination, l'A.E. témoigne des problèmes cruciaux aux points vifs où ils en sont pour 1' analyse. La composition, le fonctionnement, et le mode de renouvellement de la double Commission de la

passe et de son secrétariat, sont précisés dans un règlement intérieur, qui peut être modifié selon la même procédure que les statuts de l'Association.

Article 16 – Composition de l'Assemblée générale L'Assemblée générale se réunit en session administrative une fois par an, sur la convocation du

Conseil qui en règle l'ordre du jour.

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Page 43: La naissance de l'École de la Cause freudienne

L'Assemblée comprend, outre les membres et anciens membres du Conseil, les délégués des membres.

Article 17 –Désignation des délégués à l'Assemblée générale Les membres choisissent leurs délégués à raison d'un délégué pour cinq membres. La nomination d'un

délégué est acquise par l'accord du nombre prévu de membres dont il recueille les signatures pour les transmettre au Conseil.

Ces nominations ont lieu tous les deux ans durant la période fixée par le Conseil. Chaque membre ne peut donner qu'une signature ; un délégué est nommé pour deux ans, et n'est pas

immédiatement rééligible à cette fonction.

Article 18 – Fonctionnement de l'Assemblée générale Les membres de l'Assemblée ont la possibilité de se faire représenter par un autre membre de

l'Assemblée, muni d'un pouvoir spécial. Les convocations sont envoyées par lettre à ceux des membres de l'Association qui font partie de l'Assemblée, au moins quinze jours à l'avance ; elles indiquent les questions à l'ordre du jour. Le vote par correspondance peut être autorisé ; les décisions de l'Assemblée sont prises à main levée à la majorité des suffrages exprimés par oui et non.

L'Assemblée entend le rapport du Directoire et les autres rapports éventuels. Elle approuve les comptes de l'exercice clos. Elle ratifie les nominations qui lui sont soumises. Elle délibère sur toutes questions portées à l'ordre du jour. Le rapport du Directoire est adressé à l'ensemble des membres.

Si besoin est, le Conseil peut convoquer l'Assemblée en session extraordinaire.

Article 19 – Le Congrès Le Congrès s'assemble tous les deux ans, sur la convocation du Conseil qui en règle l'ordre du jour. Le Congrès entend les rapports moraux et scientifiques prévus, et débat de toutes les questions mises à

l'ordre du jour.

Article 20 – Modifications des statuts, dissolution Les membres du Congrès se réunissent en session extraordinaire lorsqu'ils ont à se prononcer sur

toutes modifications des statuts proposées par le Conseil. Une telle session ne peut délibérer que si le quorum du tiers des membres du Congrès est présent, représenté, ou a voté par correspondance. Si le quorum n'est pas atteint sur première convocation, le Congrès est convoqué à nouveau, à quinze jours d'intervalle au moins, et lors de cette nouvelle réunion, il peut valablement délibérer sans condition de quorum.

Les membres du Congrès ont la possibilité de se faire représenter par un autre membre du Congrès, muni d'un pouvoir spécial. Le vote par correspondance peut être autorisé ; si c'est le cas, la convocation le mentionne. Les décisions du Congrès sont prises à main levée, à la majorité des deux-tiers des suffrages exprimés par oui et non.

En cas de dissolution proposée par le Conseil, la procédure suivie est la même qu'en cas de modification des statuts, sinon que la majorité requise est simple.

Le Congrès se prononce sur la dissolution, et la dévolution des biens à une ou plusieurs associations poursuivant des buts analogues. Il ratifie la nomination par le Conseil d'un ou plusieurs commissaires-liquidateurs.

Paris, le 28 septembre 1981.

R È G L E M E N T I N T É R I E U R concernant la double Commission de la passe

et son secrétariat

Article 1– La double Commission de la passe La Commission est constituée de deux cartels, travaillant et statuant indépendamment l'un de

l'autre. Chaque cartel est composé de cinq membres : trois (dont au moins un A.E.) au titre de psychanalystes, et deux ayant fonction de passeurs. Chaque cartel assure un travail de doctrine et d ' enseignement.

Chaque cartel est renouvelé, en alternance, tous les deux ans, selon les modalités suivantes : – l'A.E. sort, pour être remplacé par un autre, tiré au sort parmi les A.E. – les deux passeurs sortent, et sont remplacés par deux autres, tirés au sort parmi les passeurs proposés

; – un des deux psychanalystes est reconduit pour deux ans, l'autre est remplacé par un autre

psychanalyste, nommé par le Président. Pour la première fois, le sortant est déterminé par un tirage au sort effectué en séance du Conseil ; une fois le roulement établi, le renouvellement a lieu par ancienneté de nomination.

Si le nombre des passants lui semble l'exiger, un cartel peut demander que des passeurs supplémentaires soient tirés au sort par le secrétariat de la Commission.

Les deux premiers cartels sont nommés par le Président ; l'un sera renouvelé au terme de deux ans, l'autre au terme de trois, afin d'introduire l'alternance. Les membres sortants ne peuvent rentrer avant deux ans au plus tôt.

Au terme de huit années de fonctionnement, toutes les personnes ayant participé à la Commission se réuniront en collège, afin de proposer, si besoin est, une modification de ce fonctionnement.

Article 2 – Le Secrétariat de la Commission de la passe Le Secrétariat de la Commission de la passe est composé des quatre membres sortants du cartel de la

passe venu à renouvellement ; ils occupent cette fonction pendant un an, à l'exception du premier secrétariat, nommé par le Président, qui restera en fonction deux ans.

Le Secrétariat reçoit et oriente les candidats, dresse la liste des passeurs proposés par les A.E. et les A.M.E., s'entretient à l'occasion avec les analystes les ayant désignés.

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Page 44: La naissance de l'École de la Cause freudienne

Il veille à la répartition au sort des passants entre les deux cartels ; il procède au tirage au sort des passeurs faisant partie des cartels ; et si besoin est, des passeurs supplémentaires.

Article 3 L'application de ces dispositions est suspendue jusqu'à ce qu'un Congrès se prononce à leur sujet.

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