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International Journal of Advanced Research in Innovation, Management & Social Sciences Volume 4, Issue 2, August 2021. https://eursed.org/ijarimss IJARMIS 2 299 La nouvelle gestion publique et l’instauration du contrôle de gestion Amina BENCHIKH 1 & Dr Driss EL ZANATI 2 1 Doctorante en Sciences Economiques et Gestion au Centre d’Etudes Doctorales domicilié à la faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Tanger, Université Abdelmalek ESSAADI. 2 Professeur habilité à la faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Tétouan, Université Abdelmalek ESSAADI. Corresponding Author: BENCHIKH Amina, E-mail: [email protected] ARTICLE INFO ABSTRACT Received: May 2021 Accepted: August 2021 Volume: 4 Issue: 2 Le contrôle de gestion est une pratique qui a vu le jour dans les entreprises privées et qui a été adopté par les responsables des organisations publiques, ce qui s’inscrit dans le cadre du modèle de la Nouvelle Gestion Publique (NGP) qui est venu pour améliorer la performance du secteur public. Dans ce cadre, différents outils et méthodes de contrôle de gestion qui ont fait preuve dans la sphère privé ont été introduit dans les organisations publiques. Cependant, cette transposition présente un problème de taille, celui de l’adaptation de ces outils aux spécificités de la gestion publique. Ce papier vise à présenter la particularité du contrôle de gestion public tout en abordant l’appropiation et l’adaptabilité des outils du contrôle de gestion dans ce secteur. KEYWORDS Nouvelle Gestion Publique, contrôle de gestion, secteur public, performance. 1. Introduction Dans le context actuel, plusieurs modèles et approches managériales ont été sujets de redéfinition de leurs fonctions de base et de leur processus de mise en place dans le but d’accompagner d’une manière optimale cette nouvelle mouvance qui place l’efficience au centre d’intérêt de tout organisme public ou privé. Dans ce sens, le modèle classique du management (Max weber, 1864-1920) qui se base essentiellement sur l’organisation et la structuration d’un processus descendant, hiérarchique et bureaucratique, est jugée limitée surtout avec l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de communication et l’importance de l’élément humain dans la création de la valeur. En effet, les différentes crises financières caractérisée par un important déficit public et un endettement élevé ont propulsé de nouvelles orientations stratégiques pilotées par les firmes multinationales et qui se caractérisent par l’externalisation de leurs activités dans le but d’optimiser leurs ressources et de rester compétitives. Dans ce contexte, les politiques publiques ont été assujetties à adopter un nouveau mode de management inspiré du secteur privé, dans le but d’améliorer la qualité des services rendus aux citoyens tout en réduisant le déficit public à travers l’optimisation des dépenses publiques, Ainsi, des méthodes et techniques de gestion généralement utilisées dans la sphère privé se sont progressivement introduits dans les entités du secteur public, constituant le courant de la Nouvelle Gestion Publique (NGP).

La nouvelle gestion publiue et l’instauation du cont ôle

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Page 1: La nouvelle gestion publiue et l’instauation du cont ôle

International Journal of Advanced Research in Innovation, Management & Social Sciences Volume 4, Issue 2, August 2021. https://eursed.org/ijarimss

IJA

RM

IS2

299

La nouvelle gestion publique et l’instauration du contrôle de gestion Amina BENCHIKH

1 & Dr Driss EL ZANATI

2

1Doctorante en Sciences Economiques et Gestion au Centre d’Etudes Doctorales domicilié à la faculté des Sciences

Juridiques, Economiques et Sociales de Tanger, Université Abdelmalek ESSAADI. 2Professeur habilité à la faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Tétouan, Université Abdelmalek

ESSAADI.

Corresponding Author: BENCHIKH Amina, E-mail: [email protected] ARTICLE INFO

ABSTRACT

Received: May 2021 Accepted: August 2021 Volume: 4 Issue: 2

Le contrôle de gestion est une pratique qui a vu le jour dans les entreprises privées et qui a été adopté par les responsables des organisations publiques, ce qui s’inscrit dans le cadre du modèle de la Nouvelle Gestion Publique (NGP) qui est venu pour améliorer la performance du secteur public. Dans ce cadre, différents outils et méthodes de contrôle de gestion qui ont fait preuve dans la sphère privé ont été introduit dans les organisations publiques. Cependant, cette transposition présente un problème de taille, celui de l’adaptation de ces outils aux spécificités de la gestion publique. Ce papier vise à présenter la particularité du contrôle de gestion public tout en abordant l’appropiation et l’adaptabilité des outils du contrôle de gestion dans ce secteur.

KEYWORDS

Nouvelle Gestion Publique, contrôle de gestion, secteur public, performance.

1. Introduction

Dans le context actuel, plusieurs modèles et approches managériales ont été sujets de redéfinition de leurs fonctions de base

et de leur processus de mise en place dans le but d’accompagner d’une manière optimale cette nouvelle mouvance qui place

l’efficience au centre d’intérêt de tout organisme public ou privé.

Dans ce sens, le modèle classique du management (Max weber, 1864-1920) qui se base essentiellement sur l’organisation et la

structuration d’un processus descendant, hiérarchique et bureaucratique, est jugée limitée surtout avec l’émergence des

nouvelles technologies de l’information et de communication et l’importance de l’élément humain dans la création de la

valeur.

En effet, les différentes crises financières caractérisée par un important déficit public et un endettement élevé ont propulsé de

nouvelles orientations stratégiques pilotées par les firmes multinationales et qui se caractérisent par l’externalisation de leurs

activités dans le but d’optimiser leurs ressources et de rester compétitives.

Dans ce contexte, les politiques publiques ont été assujetties à adopter un nouveau mode de management inspiré du secteur

privé, dans le but d’améliorer la qualité des services rendus aux citoyens tout en réduisant le déficit public à travers

l’optimisation des dépenses publiques, Ainsi, des méthodes et techniques de gestion généralement utilisées dans la sphère

privé se sont progressivement introduits dans les entités du secteur public, constituant le courant de la Nouvelle Gestion

Publique (NGP).

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Considéré comme l’un des principaux apports de la nouvelle gestion publique, le contrôle de gestion a été introduit dans le

secteur public afin d’améliorer la performance de ce dernier, le courant de la Nouvelle Gestion Publique est alors à l’origine de

la transposition des techniques de management en général, et du contrôle de gestion en particulier, vers le secteur public.

Mais ce secteur a ses propres caractéristiques et ses spécificités qui devraient être prises en considération pour réussir cette

transposition.

Ainsi, dans ce papier on a jugé opportun de porter un éclaircissement sur La Nouvelle Gestion publique et l’instauration du

contrôle de gestion visant à répondre à la question centrale suivante: « quelles spécificités de l’instauration du contrôle de

gestion dans le secteur public? ».

Afin de répondre à cette question, on a jugé utile de passer en revue les axes saillants de notre étude arrêtés comme suit:

Revue de littérature concernant le contrôle de gestion dans les organisations

Fonction de contrôle de gestion dans la sphère publique

Nouvelle gestion publique et instauration du contrôle de gestion

Dans cet article, on va essayer dans un premier temps de définir le concept du New public management, par la suite, nous

allons aborder le contrôle de gestion dans le secteur public tout on mettant le point sur les spécificités de ce secteur et enfin,

nous allons traiter le noyau de notre recherche à savoir l’instrumentation du contrôle de gestion dans le secteur public.

2. Méthodologie de la recherche

Afin de mener à bien notre recheche, on a jugé opportun d’adopter une méthodlogie déductive et analytique, étant donné

que la réalisation de ce travail de recherche passe par plusieur étapes à savoir : l'identification du sujet,la définition de

problématique ,la recherche documentaire, ,la réalisation des fiches de lecture et la rédaction.

En effet, la recherche documentaire nous a permis de collecter des données informatives grâce à l'étude ayant portée sur les

documents officiels et universitaires, dans ce sens on a consulté des ouvrages, des articles, des thèses, des mémoires, des lois,

des sites d’internet et des rapports.

En outre, à partir des informations tirées de diverses sources, on a pu approfondir nos connaissances sur la Nouvelle Gestion

Publique et la discipline du Contrôle de gestion, par la suite on a selectionné les documents les plus pertinents dans le but de

prélever, traiter et communiquer les informations obtenues dans le cadre de cet article.

3. Revue de littérature sur le contrôle de gestion dans les organisations

Les organisations du secteur public ont fait preuve, pendant longtemps, d’énormes dysfonctionnements et de déficiences, De

ce fait l'amélioration de leur performance est devenue une priorité faisant appel à certaines réformes de la gestion publique

regroupées sous l'expression de la "nouvelle gestion publique". Il désigne un ensemble de méthodes et techniques de gestions

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employées dans les entreprises privées devant permettre de développer une culture de performance et d’évaluation dans le

secteur public.

3-1- Origines et Facteurs d’émergence du courant NGP

La nouvelle gestion publique (NGP) apparaît depuis les années qutre vingt comme l’outil sacré de modernisation du secteur

public, dans ce sens plusieurs pays se sont engagés dans un processus de réforme de ce secteur, afin de répondre aux

exigences des citoyens, maitriser le déficit budgétaire et développer une culture de performance publique.

3-1-1- La notion du NGP

Le management est un terme souvent employé dans les entreprises privées, selon Raymond-Alain Thiétart « Le management

est l’action, l’art ou la manière de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son développement, de la contrôler».

A la fin des années 1970, le monde a connu des crises de grande ampleur, dans ce sens l’amélioration de la performance du

secteur public est devenu une exigence ce qui mis en cause l’idéaltype d’organisation de Max Weber qui repose sur la

bureaucratie pour atteindre l’efficacité de la gestion publique.

Le modèle classique de pilotage de la performance publique s’est trouvé fortement remis en question en faveur d’un nouveau

mode qui adopte de nouvelles pratiques de gestion inspirées du secteur privé, et introduit des systèmes et des techniques de

management de la performance au secteur public donnant naissance ainsi au «management public ».

Le management public est l’ensemble des processus de finalisation, d’organisation, d’animation et de contrôle des

organisations publiques visant à développer leurs performances générales et à piloter leur évolution dans le respect de leur

vocation.

Donc, Le New Public Management ou la nouvelle gestion publique s’articule autour de la programmation, la

contractualisation, la coordination et l’évaluation des décisions. Plus précisément, Il consiste à mettre en place un système de

gestion dans le secteur public basé sur le principe des 3 trois E « Économie, Efficacité, Efficience» en vue de satisfaire les

besoins des citoyens, désormais devenus des clients, au moindre coût.

3-1-2- Origine et expansion de la NGP

La nouvelle gestion publique était la tendance durant les années 80 dans de nombreux pays notamment les pays développés,

on peut en trouver l'origine dans l’insatisfaction des citoyens qui sont devenu plus exigeant pour la qualité des services publics

et la réactivité des administrations qui ne répondent pas à leurs attentes.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (L'OCDE) évoque d’autres contraintes qui ont poussé les

Etats à adopter des réformes, tels que le développement du marché mondial et les conclusions nationales qui ont mis le point

sur l’inefficacité des secteurs publics des pays membres qui accumulent davantage des déficits budgétaires et des charges de

la dette publique.

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Le New Public Management est né en 1980 au Royaume-Uni qui s’est engagé dans un processus de privatisation et de réforme

du secteur public dans le but d’atteindre une bonne gestion des deniers publics et de satisfaire les attentes acharnées des

citoyens à travers l’amélioration la qualité des services rendus au moindre cout.

Dans ce cadre, des agences exécutives ont été créés en 1988 avec une autonomie en matière de gestion financière, humaine

et de production et qui ont comme mission la prestation des services publics. Dans la même perspective un arsenal

réglementaire a été élaboré dans le but d’instituer l’efficacité, l’efficience et l’équité de la gestion publique.

En1984, la Nouvelle Zélande s’est investi dans grand chantier de réformes qui touche les finances publiques, la gestion locale,

la fonction publique et le partage des responsabilités. Ces réformes ont été adopté pour faire face à une grave crise

éconnomique qu’a connue le pays et non pas pour la mise en place d'une nouvelle gestion publique.

Le NGP s’est déployé ensuite dans la majorité des pays membres de l’OCDE dont les Etats Unis en (1993), le Canada en (1994),

la Belgique en (1994), le Japon en (1996), l’Allemagne en (1999). Pour la France ainsi que plusieurs pays en voie de

développement, l’adhésion à ce courant ne s’est faite qu’au début des années 2000 pour améliorer la performance de ses

secteurs publics et faire face à l’environnement qui évolue en continu.

Cependant, le NGP ne s’est pas imposé partout avec la même intensité mais a imprégné, à des degrés différents, la culture des

administrations publiques de ces pays.

Dans ce sens, l'OCDE, le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale se sont également intéressés à améliorer

la performance des secteurs publics de leurs pays membres et clients. Cette question est partagée avec les gouvernements

bénéficiaires et intégrée aux programmes de réforme de l'administration publique. A titre d’exemple, l'un des fondements

basiques de la Banque Mondiale pour les stratégies de lutte contre la pauvreté est «axé sur les résultats» ainsi que les

rapports stratégiques sur la pauvreté devraient intégrer: objectifs, indicateurs et systèmes pour mesurer et évaluer les

performances.

3-1-3- Facteurs d’émergence de la NGP

Au début des années 80, de nombreux pays ont dû faire face à des crises financières qui sont souvent apparues comme les

principaux facteurs déclenchant des réformes administratives, en effet l’inefficacité du secteur public se traduit par un déficit

budgétaire et une hausse de la dette publique. (Le cas du Japon et du Canada par exemple).

Le concept de "NGP", était la tendance également à l’Angleterre et les Etats-Unis, on peut en trouver l'origine dans

l’inflexibilité et le manque d’adaptation aux changements politiques, aux variations du marché et aux attitudes des citoyens

caractérisaient les États administratifs.

D’autres impératifs ont mené les Etats à adhérer aux réformes du secteur public. Ceux-ci se rapportent essentiellement aux

exigences acharnées des citoyens vis-à-vis des services publics et des administrations politiques qui ont fait preuve de leur

incapacité de satisfaire leurs besoins pour une démocratisation et participation plus diffusées. Les citoyens qui s’imposaient

comme des clients (consommateurs) et comme des actionnaires (fiscalité), exigent une meilleurs qualité des services publics

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et une pression moins forte en matière de fiscalité. On peut citer également d’autres impératifs tels que le développement du

marché mondial; les conclusions nationales selon lesquelles les secteurs publics des pays membres de l’OCDE manquent de

performance.

Dans ce cadre, plusieurs réformes ont précédé le NGP dans le but d’améliorer la performance des secteurs publics et

d’atteindre une meilleure gestion de la chose publique on se basant sur les études coûts-bénéfice ou coûts-efficacité des

projets programmés, on peut citer le Planning Programming Budgeting System (PPBS) aux États-Unis ou la Rationalisation des

Choix Budgétaires (RCB) en France. Mais à cause de leur complexité et de leur insuffisance méthodologique ces réformes qui

datent des années 60 ont été abandonnées respectivement en 1971 et 1984.

Les facteurs précités, ont participé à expliquer la genèse du courant du NGP qui est venu pour remédier à ces problèmes à

travers l’intégration de nouvelles méthodes de gestion au sein du secteur public.

3-2- Principes et modalités de la Nouvelle Gestion Publique

Fondé sur des principes et théories d’origines diverses (courant néoclassique, théorie des organisations, théorie de l’agence,

théorie des droits de propriété, etc.), l’idée principale du NGP est que le secteur public, organisé selon les principes de la

bureaucratie wébérienne, est inefficace, et qu’il est souhaitable de transposer dans le secteur public les méthodes de gestion

du secteur privé. À la rigidité d’une administration bureaucratique centralisée, focalisée sur son propre développement, le

NGP oppose un secteur public reposant sur les trois E « Économie, Efficacité, Efficience », capables de répondre à moindre

coût aux attentes des citoyens, désormais devenus des clients.

3-2-1- Principes de la NGP

L’idée centrale de la NGP est que les méthodes de management du secteur privé, supérieures à celles du secteur public,

peuvent lui être transposées. Le secteur public est jugé inefficace, excessivement bureaucratique, rigide, coûteux, centré sur

son propre développement (effet Léviathan), non innovant et ayant une hiérarchie trop centralisée. Dès lors, pour le

perfectionner il est nécessaire d’accroître les marges de manœuvre des gestionnaires pour leur permettre de mieux répondre,

au moindre coût, aux attentes des citoyens. Ces derniers sont désormais assimilés à des clients (logique consumériste) tandis

que les administrateurs deviennent de véritables managers.

La NGP impose des principes de pilotage et de supervision des activités des services publics dorénavant orientés vers

l’efficacité et la performance, parmi ceux-ci:

La séparation de la prise de décision stratégique, qui relève du pouvoir politique, de la gestion opérationnelle, qui

est sous la responsabilité de l’administration, et ce afin d’instaurer la ségrégation des tâches accomplies par les

financeurs, les acheteurs et les prestataires des services publics.

L’orientation des activités administratives en fonction des produits à fournir (plutôt que des règles procédurales à

suivre, en matière d’affectation des ressources notamment).

La réduction de la hiérarchie.

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La décentralisation de certaines tâches administratives et la délégation de la gestion au niveau le plus bas (selon le

principe de subsidiarité).

L’introduction des mécanismes de type marché dans la production de biens et services d’intérêt général (y compris

en créant des quasi-marchés).

L’utilisation de manière efficiente les ressources publiques (value for money).

L’orientation des prestations administratives vers les besoins des usagers (ou clients) en les impliquant dans la

définition et l’évaluation des prestations à fournir.

A travers ces principes, on constate que l’idée principale du NGP est d’insuffler « l'esprit d'entreprise » dans l’appareil d'Etat à

travers l’intégration des modèles, des démarches et des outils qui ont fait preuve dans La sphère privé aux sein des

organisations du secteur public, dans le but de palier à l’inefficacité de ce secteur et améliorer sa performance.

3-2-3- Modalités du NGP

La nouvelle gestion vise à améliorer la performance publique, pour cela, elle fait largement appel aux méthodes de gestion

des entreprises. Elle est soutenue par trois objectifs : l’efficacité socio-économique, la qualité de service et l’efficacité de

gestion.

Ainsi, la philosophie du NGP se décline dans tous les domaines de la gestion des affaires publiques, selon les axes suivants:

La planification stratégique: Cette technique est primordiale pour mesurer la performance de l’organisation sur la

base des objectifs préalablement définis, en effet la planification stratégique est la notion de “projet d’entreprise ”

qui se décline dans les services publics pour permettre de définir des objectifs stratégiques issus des orientations de

politique générale et orienter les efforts vers le même sens . Cette technique est primordiale pour mesurer la

performance de l’organisation sur la base des objectifs préalablement définis.

Le management de la qualité: qui est considéré comme un élément crucial dans les projets de modernisation

administrative étant donné qu’il est le garant de la satisfaction des citoyens.

Le management des ressources humaines: La réussite des réformes nécessite une implication et une adhésion des

ressources humaines, dans ce sens plusieurs méthodes et outils ont été introduit dans la sphère public à savoir: le

management participatif, les plans de formation, les bilans sociaux, l’évaluation de la performance….

La gestion financière: Parmi les objectifs premiers que l’Etat souhaite atteindre à travers l’application des principes

du NGP il y a la réduction du déficit et de la dette publique, ainsi la recherche du moindre coût devient une

préoccupation, dans ce cadre des technique ont été introduit dans le secteur public tel que l’analyse financière, suivi

de trésorerie et de la dette.

Le contrôle de gestion: cette discipline met en place des outils d’aide à la décision et de pilotage de la performance,

elle permet le bon déroulement des activités de l’organisation et de leur adéquation avec les orientations

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stratégiques. La nouvelle Gestion Publique met l’accent sur le développement du contrôle de gestion, cependant la

mise en place de ce dispositif nécessite une prise en compte des spécificités du secteur public

L’introduction des TIC: Cet axe est au cœur des projets de réformes administratives. Le développement des TIC au

sein des organisations publiques permet de renforcer leur management, et d’instaurer de nouvelles formes de

démocratie et de bonne gouvernance (transparence, équité…).

4. La fonction de contrôle de gestion dans la sphère publique

Les différentes réformes entamées dans le secteur public, Le contrôle de gestion qui constitue un outil de performance dans

les organisations privées, a commencé à intégrer les organisations du secteur public depuis quelques années. En effet, les

Administrations Publiques Marocaines sont appelées à se doter de dispositifs modernes de contrôle et de gestion au service

d’une nouvelle gouvernance qui vise la performance globale de l’organisation. Cependant, le CG doit prendre en considération

les spécificités de la sphère publique.

4-1- Spécificités de la gestion publique

Les organisations publiques quelle que soit leur structure juridique ont pour mission principale la satisfaction de l’intérêt

général, Contrairement aux entreprises privées qui ont pour objectif principal la maximisation des profits.

Ainsi, le contrôle de gestion au sein des entités du secteur privé est surtout tourné vers l’amélioration de la compétitivité de

l’entreprise, à l’inverse du secteur public dont l’introduction du système de contrôle a pour objectif l’amélioration de la

performance de ce secteur à travers l’instauration des principes des trois E « Économie, Efficacité et Efficience » et ce à travers

la fixation des objectifs à atteindre et la mesure des réalisations par rapport aux prévisions. Ainsi, nous abordons les

spécificités de la gestion publique en se basant sur le triptyque: objectifs, moyen et résultats.

Objectifs de l’organisation publique:

La définition des objectifs est une étape indispensable en contrôle de gestion vu que l’évaluation de la performance de l’entité

ne peut être effectuée par le contrôleur de gestion qu’à travers une comparaison entre les objectifs fixé et les résultats

obtenus (ressortir les écarts, les analyser et les ajuster).

Au niveau du secteur public la notion d’intérêt général est dominante dans la définition des objectifs comme dans l’ensemble

des actions publiques, Ainsi l’organisation publique n’a pas d’objectifs de rentabilité financière et de maximisation du profit et

se positionne donc en dehors du cadre de la concurrence.

En plus de l’existence d’une diversité d’intervenants dans la prise des décisions (Parlement, Ministères, pouvoirs politiques,

etc.), les objectifs politiques doivent être traduit en objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes,

Temporellement définis). De ce fait l’étape de la définition des objectifs n’est pas évidente dans une organisation publique.

Moyens de l’organisation publique:

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La Nouvelle Gestion Publique et l’instauration du contrôle de gestion

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Les organisations du secteur public sont soumises à un cadre réglementaire spécifique fondé sur les principes des finances

publiques. Code des marchés publics, comptabilité publique, principes d’élaboration du budget de l’Etat… sont autant de

procédures et de démarches qui influencent la gestion des moyens des organisations publiques et qui réduisent les marges de

maneouvres du responsable du contrôle de gestion.

Résultats de l’organisation publique:

Mesurer les résultats au niveau des organisations du secteur public n’est pas évident. Au niveau de ces structures il est

souvent difficile de faire le lien entre les moyens alloués et les résultats obtenus, vu l’existence de certaines prestations qui

sont difficiles à mesurer, ainsi que la multiplicité des intervenants ce qui rend difficile de mesurer la contribution de chaque

partie dans le résultat obtenu.

4-2- Enjeux du contrôle de gestion dans le secteur public

Considéré comme l’un des principaux apports du New Public Management, le contrôle de gestion a pour objectif l’atteinte de

l’efficacité et l’efficience de la gestion publique. Ainsi le contrôleur de gestion doit contribuer à la définition, la clarification des

objectifs, et la mesure de la performance, tout en prenant en considération les spécificités du secteur public.

Définition de la stratégie:

Le contrôleur de gestion doit Participer à la définition de la stratégie de l’organisation et assurer sa déclinaison: Dans ce cadre

le contrôleur de gestion a pour mission la traduction des objectifs politiques en objectifs Spécifiques, Mesurables,

Atteignables, Réalistes, Temporellement définis.

Mise en œuvre de la stratégie:

Le contrôleur de gestion doit veiller à la mise en œuvre de la stratégie organisationnelle, dans ce sens il est tenu de Participer

à la clarification des objectifs fixés à toutes les composantes de l’organisation, à travers les outils adéquats, tout en instaurant

un dialogue de gestion permanent en ce concerne les objectifs, les écarts et le réajustement.

Mise en place d’un Système de mesure de la Performance:

Le contrôleur de gestion doit participer à la mise en place d’un Système de mesure de la Performance de l’organisation: à ce

niveau le contrôleur de gestion est tenu de choisir les bons indicateurs et les outils adéquats dans le but fournir les éléments

nécessaires à la prise de décision;

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Accompagner les différents intervenants:

Le contrôleur de gestion public doit impliquer l’ensemble des collaborateurs, il est tenu d’accompagner les différents niveaux

de l’organisation, travailler sur l’implication de l’ensemble des intervenants et surtout faire accepter la discipline du contrôle

de gestion comme un levier de l’atteinte des objectifs de l’organisation.

5. Nouvelle gestion publique et instauration du contrôle de gestion

Dans l’optique d’asseoir une gouvernance responsable et optimisée dans les administrations publiques, il était nécessaire de

faire appel aux différents outils et processus de management qui ont fait preuve dans le secteur privé. C’est dans ce sens que

la nouvelle gestion publique représente une issue afin d’instaurer un état d’entreprise au sein des administrations publiques,

ce choix stratégique a été propulsé suite aux différents dysfonctionnements relevés dans le processus de gestion de la chose

publique. Dans ce cadre deux questions principales qui se posent à savoir la question de l’appropriation des outils de gestion

par les acteurs au sein des organisations publiques et l’adaptabilité des outils de contrôle de gestion dans le secteur public.

5-1- Appropriation des outils de contrôle de gestion au sein des organisations publiques:

Plusieurs travaux de recherche ont traité la question de l’appropriation des outils de gestion par les acteurs au sein des

organisations publiques et privées (Crozier et Friedberg 1977; Demeestère 2002 ; Alcouffe et al. 2003 ; Vaujany et Grimand

2004; Bartoli 2005 ; Vaujany 2005 ; Grimand 2006).Ces différents travaux ont tenté d’analyser l’écart entre le niveau

d’appropriation attendu et le niveau d’appropriation réellement constaté.

Le concept d’appropriation est défini comme l’action de « rendre propre à un usage ». Selon Grimand l’appropriation est « un

processus interprétatif, de négociation et de construction du sens à l’intérieur duquel les acteurs questionnent, élaborent

réinventent les modèles de l’action collective »

D’après Breton et Proulx trois conditions doivent être réunies pour avoir une appropriation: un minimum de maîtrise

cognitive de l’objet, une intégration sociale significative de l’usage de l’objet dans la quotidienneté de l’individu et la

possibilité de faire émerger de la création chez l’usager.

L’enjeu de l’amélioration de la performance et la nécessité de rendre des comptes obligent les organisations publiques à

développer leur culture gestionnaire. Dans le cadre de la nouvelle gestion publique les organisations du secteur public ont

introduit un arsenal important d’outils et de méthode de gestion utilisés dans la sphère privé.

Néanmoins le processus d’instrumentation de la gestion publique a rencontré des obstacles stratégiques, structurels,

culturels et comportementaux. Les obstacles stratégiques sont essentiellement liés à la logique institutionnelle qui ne

favorise pas l’innovation et aux polémiques sur la légitimité des réformes publiques. Les obstacles structurels sont liés à la

lourdeur bureaucratique, au système d’autorité ne favorisant pas l’initiative des acteurs et aux contraintes juridiques. Les

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obstacles culturels à savoir les la résistance aux changements et aux innovations, la crainte du risque venues de la routine et

de la tradition de la « permanence».

Enfin, les obstacles comportementaux qui ont fait l'objet de nombreuses recherches. Selon Crozier et Friedberg les acteurs

jouent un rôle important dans toutes les structures et notamment dans les organisations publiques. Ils considèrent que la

démotivation, L’attentisme, la frustration et le manque de stimulation individuelle poussent les acteurs à rejeter, à bloquer et

même à ne pas utiliser les outils de gestion. Donc les actions engagées par le sommet de l’organisation publique qui a le

pouvoir sont confrontées à la résistance des subordonnées.

Dans ce cadre, il est nécessaire de prendre en considération les impacts sociales et cognitives des outils de gestion et non pas

uniquement leurs fonctionnalités techniques. Selon Grimand l’outil de gestion est une entité mixte, ainsi l’appropriation est

d’une importance capitale et nécessaire à chaque introduction d’un nouvel outil. Il est indispensable d’intégrer les

interprétations et les représentations des acteurs dans le processus d’instrumentation des outils de contrôle de gestion.

Les acteurs de l’organisation publique développent des représentations sociales différentes D’après Jean-Claude Abric la

représentation est un ensemble organisé d'opinions, d'attitudes, de croyances et d'informations se référant à un objet ou une

situation. Jodelet définit ce concept comme une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée

pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à un ensemble social.

Ainsi l’étude des représentations sociales des fonctionnaires et contractuels permet une compréhension des enjeux humains

autorisant ou contrariant l’utilisation des outils de gestion dans la sphère publique.

Les représentations des acteurs sont généralement difficiles à concilier. Certains développent des représentations positives

favorisant l’utilisation des outils de contrôle e gestion, d’autres construisent des représentations négatives qui peuvent

entrainer un usage déviant ou un rejet de ces outils. Ceci peut être expliquer par la coexistence de personnes et de groupes

aux intérêts et origines différents ainsi que la multiplicité des attentes des acteurs publics par rapport aux outils de gestion

mis en place.

Dans ce sens, Dreveton considère que l’interaction entre les représentations des acteurs et l'outil de contrôle de gestion et

est un élément de succès du processus d'instrumentation, de ce fait il insiste sur l’obligation de confronter les

représentations des acteurs dans le but d’arriver à un consensus.

5-2- Adaptabilité des outils de contrôle de gestion dans le secteur public

Les différents auteurs qui ont traité la question de l’adaptabilité des outils de de contrôle de gestion gestion au secteur public

ont adopté des positions qui divergent entre les tenants et les opposants d’un alignement des pratiques. Du point de vu de

Meyssonnier les orientations du contrôle dans les organisations publiques sont similaires à celles du privé. Tandis que Bessire

et Fabre ont mis le point sur les limites et les risques du management public par les indicateurs de résultats.

Alors que d’autres chercheurs tels que Carassus et Halgand insistent sur la spécificité de ce secteur. Dans ce cadre les

expériences pratiques dans ce domaine décrites dans la littérature ont montré une situation contrastée entre ceux

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constatant une émergence de la culture du résultat dans les administrations publiques et les collectivités locales et les études

à l’inverse signalant la difficulté des organisations publiques à sortir de leur logique administrative.

Certes le secteur public partage certaines caractéristiques avec le secteur privé tels que le financement extraordinaire, la

taille importante, et une activité exclusivement de service, cependant l’instrumentation du contrôle de gestion au sein de ce

secteur doit prendre en considération ses caractéristiques et s’adapter avec spécificités.

6. Conclusion

L’adaptation du secteur public aux nouveaux défis de l’environnement (mondialisation, nouvelles technologies de

l’information et de la communication, etc.) et aux attentes acharnées des citoyens est devenue une priorité pour les Etats,

dans ce sens la Nouvelle Gestion Publique (NGP) continue à se diffuser dans plusieurs pays, notamment ceux en voie de

développement et le contrôle de gestion est un sujet d’actualité dans les organisations du publiques. En effet un système de

contrôle de gestion efficace au sein de ces organisations permettra de consolider le système d’évaluation des politiques

publiques puisque l’aboutissement de ces politiques n’est que l’aboutissement des stratégies des différents ministères,

établissements et entreprises publiques.

Il est à mentionner que les méthodes de la NGP doivent tenir compte de la nature et du contexte des organisations. Le NGP

n’est pas un moyen miraculeux, il s’aperçoit plutôt un processus de long terme qui exige du temps, de la mesure et de la

détermination Le management privé, s’il peut être un exemple dont on peut s’inspirer dans le secteur public, ne doit pas pour

autant être survalorisé ou sacralisé. La finalité du NGP n’est pas de faire disparaître les services publics mais de les

perfectionner.

Par conséquent la NGP fait face actuellement à de nombreuses critiques. Certains chercheurs parlent même d’une ère Post-

NGP. Ceci a donné naissance à de nouveaux concepts tels que la nouvelle gouvernance publique et la Gouvernance de l’ère

digitale.

Références:

[1] BARTOLI A, «Le management dans les organisations publiques», édition Dunod, collection management public, 2005 ;

[2] BERLAND N & De RONGER Y, «Contrôle de gestion: Perspectives stratégiques et managériales», édition Pearson,

2010;

[3] EL GADI Abdelhamid, «Stratégie de modernisation de l’administration, Audit des performances et contrôle de gestion

dans le secteur public, Travaux et recherches », édition RABAT NET MAROC, 2006;

[4] AMAR A, BERTHIER L, «Le nouveau management public: avantages et limites», Revue Gestion et management publics,

vol. 5, 2007.

[5] BARTOLI A, HERVE, C, «Le développement du management dans les services publics: évolution ou révolution ? »,

Informations sociales, n° 167.

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La Nouvelle Gestion Publique et l’instauration du contrôle de gestion

310

[6] DEMEESTERE René, «Y-a-t-il une spécificité du contrôle de gestion dans le secteur public? », Politiques et

management public, n° 4, 1989.

[7] DREVETON B, «Le rôle des représentations sociales au cours du processus de construction d’un outil de contrôle de

gestion», Comptabilité Contrôle Audit, n°14,2008.

[8] LAHJOUJI Kaoutar, El MENZHI Kaoutar, «Le Nouveau Management Public au Maroc, quels apports», HAL archives,

2018.

[9] LORINO Philippe, «Contrôle de gestion est mise en intrigue de l’action collective», Revue Française de gestion, 2005.

[10] URIO P, «La gestion publique au service du marché» in M. Hufty, 1998.

[11] Lamarzelle, « Management public et modernisation des services publics», Réseau Europa,2008.

Mlle Amina BENCHIKH: Doctorante en Sciences Economiques et Gestion au Centre d’Etudes

Doctorales domicilié à la faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Tanger,

Université Abdelmalek ESSAADI.

E-mail : [email protected]

Téléphone : +212 6 00 32 4

32

Dr Driss EL ZANATI : Professeur Habilité à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de

Tétouan, Université Abdelmalek ESSAADI.

E-mail : [email protected]

Téléphone : +212 6 61 677176