140
1 La Passion du Christ : arrêts sur images

La Passion du Christ : arrêts - croix-glorieuse.org Passion du Christ... · blessures, larmes, souffrances de votre très cher Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ que nous aimons

  • Upload
    vudieu

  • View
    217

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

1

La Passion du

Christ : arrêts

sur images

2

3

L’AGONIE AU GETHSEMANI .............................................................................. 5

VEILLEZ ET PRIEZ .......................................................................................... 9

MA VIE NUL NE LA PREND MAIS C’EST MOI QUI LA DONNE ......................................... 12

LE BAISER DE JUDAS ..................................................................................... 15

« JE SUIS » ................................................................................................ 19

LA GUERISON DE MALCHUS ............................................................................. 22

COMME UN AGNEAU LIVRE .............................................................................. 25

TOUS L’ABANDONNERENT............................................................................... 28

POUR QUE S’ACCOMPLISSENT LES ECRITURES ....................................................... 32

MALTRAITE ................................................................................................ 35

CAÏPHE ..................................................................................................... 38

JESUS EN PRISON ......................................................................................... 40

LE RENIEMENT DE PIERRE ............................................................................... 44

JUDAS ...................................................................................................... 47

HERODE .................................................................................................... 50

LA FLAGELLATION ........................................................................................ 53

JESUS COURONNE D’EPINES ............................................................................ 56

BARABBAS ................................................................................................. 59

COMDAMNE A MORT ...................................................................................... 61

LA CROIX ................................................................................................... 64

CHUTES ET RELEVEMENTS DE JESUS .................................................................. 67

LA RENCONTRE DE MARIE ............................................................................... 70

SIMON DE CYRENE ........................................................................................ 73

VERONIQUE ................................................................................................ 76

LES FEMMES DE JERUSALEM ............................................................................ 79

DEPOUILLE DE SES VETEMENTS ........................................................................ 82

LA TUNIQUE ............................................................................................... 85

LE CRUCIFIEMENT ........................................................................................ 88

L’ECRITEAU ............................................................................................... 91

4

PERE PARDONNE-LEUR .................................................................................. 94

VOICI TA MERE ............................................................................................ 97

AUJOURD’HUI, AVEC MOI, TU SERAS EN PARADIS ................................................. 100

J’AI SOIF ................................................................................................. 103

POURQUOI M’AS-TU ABANDONNE ? .................................................................. 106

TOUT EST ACCOMPLI................................................................................... 110

PERE, ENTRE TES MAINS JE REMETS MON ESPRIT ................................................. 113

LE GRAND CRI ........................................................................................... 116

LE DEUIL DE LA NATURE............................................................................... 119

LA CONFESION DU CENTURION ....................................................................... 123

LE CÔTE OUVERT ....................................................................................... 126

JOSEPH D’ARIMATHIE .................................................................................. 129

LA PIETA ................................................................................................. 132

LE SEPULCRE ............................................................................................ 135

L’ATTENTE DU SAMEDI-SAINT ........................................................................ 138

5

L’AGONIE AU GETHSEMANI

Contemplons

Ecoutons

Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le

suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il

s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant :

« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma

volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en

agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang

qui tombaient sur la terre. (Luc 22, 39-44)

Méditons

« Voici l’agneau de Dieu qui prend sur lui tous les péchés du monde » a dit Jean-Baptiste

de Jésus, il y a trois ans. Et voici l’heure où ces mots trouvent leur accomplissement. Dans

son amour pour nous, Jésus prend sur lui tous nos péchés, ceux de l’humanité tout entière,

depuis le péché originel, celui d’Adam et Eve, jusqu’à ceux de la toute dernière

génération.

6

Chargé du poids de tous les péchés, Jésus est pris d’une telle angoisse que sa sueur devient

comme du sang. Ce phénomène, que la science appelle l’hématidrose, est causé par une

situation d’anxiété et de stress d’une particulière intensité.

De l’extrême détresse de Jésus en ce soir du jeudi-saint, nous pouvons déduire que :

- le péché n’est pas une chose anodine, banale, sans conséquences, mais qu’il constitue

une dette personnelle vis-à-vis de Dieu qui demande à être acquittée : le péché appelle

une juste réparation ;

- le moindre péché étant une offense faite à l’amour infini de Dieu, la dette contractée

est si grande et nous si pauvres que seul Jésus, Dieu fait homme, est en mesure de

présenter à son Père cette juste réparation ;

- que l’amour de Jésus pour son Père et pour nous est infini car il faut un amour infini

pour accepter de prendre sur soi un poids de souffrance infini.

A plusieurs mystiques, Jésus explique que son agonie au jardin des Oliviers a été le pire

moment de toute sa Passion, qu’il y a entrevu toutes les âmes pour lesquelles son sacrifice

aura été vain et que cette vision aura été la cause essentielle de sa terrible agonie. A

Josefa Menendez, Jésus dit : « Mon âme triste et désemparée allait souffrir d’une angoisse

plus mortelle encore, car sous le poids des iniquités de l’humanité, et en retour de tant de

souffrances et de tant d’amour, je ne voyais qu’outrages et ingratitudes. Le Sang qui

coulait de tous mes pores et qui jaillirait bientôt de toutes mes blessures resterait inutile

pour tant d’âmes… beaucoup se perdraient… d’autres en plus grand nombre

m’offenseraient… et des multitudes ne me connaitraient même pas !... Je répandrais ce

Sang pour toutes, et mes mérites seraient offerts à chacune… Sang divin ! Mérites

infinis !... inutiles cependant pour tant d’âme !... » (Un appel à l’amour) Sainte Véronique

Giuliani écrit à ce sujet : « la terrible agonie au jardin des Oliviers, Notre-Seigneur la subit

dans son Cœur jusqu’à son dernier soupir sur la Croix. »

Dans son agonie, Jésus trouva sa consolation dans la vision de toutes les âmes qui se

laisseront racheter par son sacrifice. A sainte Faustine Kowalksa, il dit : « aujourd’hui

amène moi les âmes douces et humbles, ainsi que celles des petits enfants et immerge-les

dans ma miséricorde. Ces âmes ressemblent le plus à mon Cœur, elles m'ont réconforté

dans mon amère agonie ; je les voyais veiller comme des anges terrestres qui veilleront sur

mes autels, sur elles je verse des torrents de grâces. » (Neuvaine à la miséricorde divine)

Comma Isaac qui s’est couché sur l’autel sachant que son père allait le sacrifier, Jésus

s’est donné à son Père pour nous… Et, le Cœur déchiré, comme Abraham, le Père a sacrifié

7

son Fils pour nous… Qui sommes-nous pour que Dieu accepte de payer un tel tribu pour

nous ?

A sainte Angèle de Foligno, Jésus dit : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée ; ce n’est

pas par grimace que je me suis fait ton serviteur ; ce n’est pas de loin que je t’ai touchée !

»

Prions

Une dizaine du chapelet (1 Notre Père, 10 Je vous salue Marie, 1 Gloire au Père)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ;

conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre

miséricorde.

Père Eternel, par le Cœur Immaculé de Marie et le Cœur Sacré de Jésus, nous vous

offrons 33 000 fois avec tous les Anges et tous les Saints,

le Corps, le Sang, l’Ame, la Divinité, la Sainte-Face, l’amour eucharistique, toutes les

blessures, larmes, souffrances de votre très cher Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ que

nous aimons tant,

en union avec les douleurs, les larmes, l’amour de la Très-Sainte-Vierge Marie,

les mérites de tous les anges et de tous les saints,

de toutes les saintes Messes et Communions passées, présentes, futures,

les saints rosaires et autres prières,

et dans les Plaies de Jésus-Christ notre propre néant avec Lui, en Lui et par Lui,

pour la conversion des pauvres pécheurs, en réparation des péchés du monde entier,

pour la sainte Eglise catholique, le Saint-Père, les cardinaux, les évêques, les prêtres,

les consacrés, les pauvres âmes du purgatoire, les malades, les agonisants et toutes les

personnes qui nous ont été recommandées. Amen.

Saint Joseph, Père nourricier de Notre-Seigneur Jésus-Christ et chaste époux de la

Vierge Marie, Mère de Dieu, priez pour nous et pour tous les besoins de la sainte Eglise

catholique.

Que par la miséricorde de Dieu les âmes des fidèles défunts, reposent en paix. Amen.

8

Les reliques de la Passion du Christ

L’église de Gethsémani à l’intérieur de laquelle se trouve le rocher où a eu lieu l’agonie de

Jésus le soir du jeudi-saint.

Retrouvez les Chemins de Croix médités par Monseigneur V. Dollmann et par l’abbé C.

Gouyaud en cliquant sur le lien suivant : http://www.croix-glorieuse.org/audio

et ces méditations pour le carême sur le blog de la paroisse La Croix glorieuse :

http://blog.croix-glorieuse.org/

Vous pouvez ne pas souhaiter recevoir ce courriel ; si c’est le cas, faites-le savoir par

simple retour. Vous pouvez aussi proposer à d’autres de participer à ce cénacle de prière

en ligne ; pour cela il suffit de transférer ce message.

9

VEILLEZ ET PRIEZ

Contemplons

Ecoutons

Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as

pas eu la force de veiller seulement une heure ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en

tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » Et de nouveau, il vint près des

disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne

savaient que lui répondre. Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais, vous

pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme

est livré aux mains des pécheurs. (Marc 14, 37-41)

Méditons

Si Jésus fait l’essentiel dans notre salut, il attend néanmoins de nous que nous ne le

laissions pas seuls et même que nous le consolions de la solitude dans laquelle l’abandonne

la plupart des âmes. En la nuit du jeudi-saint, Jésus s’adresse à Pierre, Jacques et Jean,

ceux qu’il avait préparés pour cette heure en leur montrant sa gloire sur le Mont Thabor, il

y a peu de temps. Rompus de fatigues et inconscients de ce qui les attend, ils se laissent

vaincre par le sommeil. Pourtant, l’heure est à la prière car sans le soutien de la grâce, ils

ne surmonteront pas l’épreuve de la Passion. Ils l’apprendront douloureusement dans les

heures qui suivent.

10

Quels ont bien pu être les sentiments de Jésus à chaque fois qu’il s’est adressé aux

disciples pour mendier leur soutien et qu’il les trouve endormis… A sœur Josef Menendez,

Jésus dit : « comment dire ce qu’éprouva mon Cœur lorsque j’allai les chercher et que je

les trouvai plongés dans le sommeil ? Quelle peine pour celui qui aime d’être seul et de ne

pouvoir se confier aux siens !… Que de fois mon Cœur souffre de la même douleur… et que

de fois cherchant quelque soulagement près de ces âmes choisies, il les trouve

endormis… »

A notre intention à tous, il ajoute encore : « il est inutile et vain de chercher un

soulagement auprès des créatures. Que de fois, vous ne trouverez auprès d’elle qu’un

accroissement d’amertume parce qu’elles sont endormies et parce qu’elles ne répondent

ni à votre attente ni à votre amour… »

Mais « priez avec une confiance d’enfant et attendez tout de Celui qui est votre Père. Lui-

même vous soulagera et vous donnera la force nécessaire pour traverser la tribulation ou la

souffrance, qu’elle soit la vôtre ou celle des âmes qui vous ont confiées. » (Un appel à

l’amour)

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire du Saint Sang de la basilique de Bruges

Quelques gouttes du Saint Sang furent rapportées comme reliques en 1146 par Thierry

d'Alsace à son retour de Palestine et furent conservées dans la basilique du Saint-Sang à

Bruges. Les premiers récits sont relatés pour la première fois en 1380 par Jan de Lange,

abbé de l’abbaye de Saint-Bertin à Saint-Omer. Le premier écrit à faire la description du

transfert fut rédigé entre 1538 et 1552 (quatre siècles après cet événement) par l'historien

brugeois Jakob De Meyer. L'auteur situe l’arrivée au vendredi 7 avril 1150 mais ne fait

aucunement référence à des sources. Certaines recherches scientifiques critiques ont

avancé que la relique provenait probablement de Constantinople. Le précieux Saint Sang

était alors conservé dans la Chapelle de Marie du palais impérial. Après la prise de

11

Constantinople en 1204, plusieurs reliques de la Passion du christ furent emportées en

Occident. Des recherches ont permis de prouver que le flacon contenant le Saint Sang et

conservé actuellement est bien le flacon original. Il fut taillé en Orient dans un cristal de

montagne évidé et servit de récipient de transport jusqu'à Bruges. On peut encore voir de

façon assez distincte le sang coagulé adhérer aux parois intérieures. Dès 1338, le flacon fut

serti dans un cylindre de verre garni de montures en or et toujours intact à l'heure

actuelle. Il est la propriété de la ville de Bruges. Il est toujours conservé et honoré dans la

Chapelle de Saint-Basile du Château, également propriété de la ville.

12

MA VIE NUL NE LA PREND MAIS C’EST MOI QUI LA

DONNE

Contemplons

Ecoutons

Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous

reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des

pécheurs. (MT 26 45)

Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te

relâcher, et pouvoir de te crucifier ? » Jésus répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi

si tu ne l’avais reçu d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un péché plus

grand. » (Jean 19, 10-11)

Méditons

Les prophéties n’ont pas été écrites pour annoncer les souffrances de Jésus, « l’homme

des douleurs » dont parle Isaïe, mais pour que Jésus les accomplisse. Jésus n’ignorait rien

de tout ce qu’il subira et endurera dans sa Passion : à plusieurs reprises, il a rappelé à ses

disciples qu’il est venu en ce monde pour accomplir les prophéties qui annoncent les

souffrances du Messie. Jésus choisit en pleine connaissance de vivre sa Passion, par amour

pour les siens que nous sommes : « ayant aimé les siens qui sont dans le monde, il les

aima jusqu’au bout », nous dit saint Jean.

13

C’est pour cette heure que Jésus est venu en ce monde. Lui qui a ressuscité Lazare,

multiplié les pains, a été transfiguré au Thabor, a montré tant de fois sa puissance, aurait

pu faire intervenir les anges qui sont venus le servir au désert après son jeune de quarante

jours, pour qu’ils le défendent et foudroient sur place ceux qui veulent le condamner et

empêcher l’extension de son règne. Mais tel n’est pas son but. Jésus est l’amour même,

l’amour qui veut être aimé en retour parce qu’il est l’amour. Parce que Jésus nous aime, il

se livre dans un acte d’amour infini pour son Père, avec qui il veut nous réconcilier, et

pour nous, à qui il veut montrer jusqu’où va son amour pour nous. La Passion n’est pas

avant tout le souvenir de tout ce que Jésus a souffert mais le cadeau d’amour infini de

Jésus pour chacun de nous. Et c’est au prix payé par lui que nous connaissons « l’amour du

Christ qui surpasse tout ce qu’on peut connaître. » (Ephésiens 3)

Sainte Véronique Giuliani écrit : « Notre-Seigneur me fit un peu voir la grandeur de son

amour pour chacun de nous. C’était comme une petite fenêtre qu’Il m’ouvrait sur un

océan de feu (l’océan de feu, c’est son amour) ». A sainte Mechtilde, la Vierge Marie,

apparaissant avec Jésus sur les genoux comme s’il venait d’être descendu de la Croix,

confie : « Approche et baise les Plaies sacrées que mon très doux Fils a reçues par amour.

Donne trois baisers à la Plaie de son Cœur si miséricordieux et si méconnu. Bien que je ne

puisse me courroucer, il semble néanmoins que je sois en colère de ce que ce grand Dieu,

mort d’amour pour l’amour, est oublié de sa créature ».

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire de Neuvy-Saint-Sépulchre contenant deux gouttes de Sang du Christ

14

Chaque année, le lundi de Pâques, a lieu un important pèlerinage auprès des reliques du

Précieux Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Neuvy-Saint-Sépulchre (Indre), situé à 16

kms à l’ouest de La Châtre. La Basique de Neuvy-Saint-Sépulchre a été construite au XIe

siècle, à partir de 1042, par des pèlerins de retour de Terre sainte (dont Eudes de Déol et

Geoffroy de Bourges) voulant édifier un sanctuaire à l’imitation du Saint Sépulcre de

Jérusalem. En 1257, le cardinal Eudes de Châteauroux (vers 1190-1273) donne des reliques,

un fragment du Sépulcre et trois gouttes du Précieux Sang, recueillies le jour de la Passion

sur le Calvaire, en la forme de deux larmes coagulées. Le cardinal Eudes, évêque de

Tusculum, les avaient rapportées de Terre Sainte où, pendant six ans, il avait exercé les

fonctions de légat du Pape pour la première croisade de saint Louis. C’est ainsi qu’en

1257, il en fit don à Neuvy, son pays natal.

15

LE BAISER DE JUDAS

Contemplons

Ecoutons

Jésus parlait encore, lorsque Judas, l’un des Douze, arriva, et avec lui une grande foule

armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple. Celui

qui le livrait leur avait donné un signe : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le. »

Aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit : « Salut, Rabbi ! » Et il l’embrassa. Jésus lui dit :

« Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le ! » Alors ils s’approchèrent, mirent la main sur

Jésus et l’arrêtèrent. (Matthieu 26, 47-50)

Méditons

On n’est jamais mieux trahi que par ses amis, selon le dicton. Jésus est trahi par Judas,

livré par une fausse marque d’amour : un baiser. Pendant trois ans, Jésus, qui savait

pourtant qu’un jour il le livrerait, a reçu Judas dans son intimité. Il l’a enseigné comme les

autres apôtres. Judas a été témoin des miracles de Jésus, de la résurrection de Lazare... A

Judas, comme aux autres apôtres, Jésus a témoigné son amour et sa confiance. Il y a

quelques heures, il lui a lavé les pieds et, pour comble d’amour, lui a donné son corps

sacré en nourriture. A tant d’amour, Judas répond par un baiser de trahison : ce qui est la

16

marque d’amour par excellence devient la marque, par excellence, de la trahison la plus

perfide, celle de la personne aimée.

La trahison de Judas n’est pas un « coup de folie », l’égarement d’un moment ; elle s’est

construite peu à peu, elle a été préparée, planifiée et le baiser de trahison en est la

signature. Lorsque Judas reçut le pain trempé dans le vin des mains de Jésus, il avait déjà

vendu Jésus. Et, quand il a vendu Jésus au Sanhédrin, il en avait déjà bien avant conçu

l’idée, la pensée et la stratégie. La chute dans le péché mortel ne vient jamais tout d’une

fois mais par une série de petites chutes auxquelles on accorde trop peu d’importance. A

sœur Josefa Menendez, Jésus dit à ce sujet : « l'âme doit surveiller et redresser avec soin

ses tendances défectueuses. Ce n'est pas toujours une faute grave qui ouvre la voie des

pires désordres. Et le point de départ des plus grandes chutes est souvent peu de chose :

une petite jouissance, un moment de faiblesse, un consentement peut-être licite, mais

peu mortifié, un plaisir légitime en soi, mais qui ne convient pas… et tout cela grandissant

et se multipliant, l'âme s'aveugle peu à peu, la grâce a moins d'emprise, la passion se

fortifie et triomphe enfin. »

Judas a vendu Jésus pour trente pièces d’argent. C’est une petite somme s’agissant de son

ami, s’agissant de Jésus. Le Sanhédrin aurait payé bien d’avantage pour se débarrasser de

Jésus qu’il considérait comme un suprême danger. Cette somme représente d’ailleurs dix

fois moins que ce que couta le parfum que Madeleine versa sur les pieds de Jésus et que

Judas lui reprocha d’avoir gaspillé. Non seulement Jésus a été vendu par son ami mais en

plus pour une somme dérisoire… Judas, se rendant compte de son erreur, de sa folie,

voudra restituer cet argent qui n’est plus bon à rien et dont personne ne peut tirer aucun

bénéfice… A Josefa Menendez, Jésus dit : « Que de fois Je peux et Je dois parler ainsi aux

âmes les plus aimées de mon Cœur !... Pourquoi te laisses-tu emporter par cette passion ?

Pourquoi lui laisses-tu libre cours ? Il n'est pas toujours en ton pouvoir de t'en libérer, mais

Je ne te demande que de combattre, de lutter et de résister... Que sont les plaisirs d'un

instant ?... sinon les trente deniers pour lesquels Judas Me livra et qui ne servirent qu'à sa

perte. Combien d'âmes M'ont vendu ainsi et Me vendront encore pour le vil prix d'une jouis-

sance passagère... Ah ! pauvres âmes !... Qui cherchez-vous ? Est-ce Moi ?... Ce Jésus que

vous connaissez et que vous aimez !...Laissez-Moi vous dire ces mots : Veillez et priez !

» Oui, travaillez sans relâche afin que vos défauts et vos inclinations mauvaises ne

viennent à se transformer en habitudes. »

Qui dira les sentiments du Cœur de Jésus lorsque Judas est allé se pendre…

17

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

La Sainte Epine de Saint-Etienne

La Sainte Epine fut détachée par saint Louis lui-même et la relique fut envoyée à l’église

du Puy-en-Velay. Une lettre manuscrite, en latin, accompagnait son présent. La traduction

est la suivante : « LOUIS, par la grâce de Dieu roi de France, à ses bien-aimés doyen et

chapitre du Puy, salut et affection. Nous vous faisons savoir par le contenu de la présente

que le jour où nous avons reçu, envoyé de Constantinople, la sacrosainte couronne

d’épines qui a été placée sur la vénérable tête de Notre Seigneur Jésus Christ, au temps de

la passion, nous avons concédé à notre cher et fidèle Bernard, votre évêque, une épine de

cette même Sainte Couronne, par révérence envers la bienheureuse Vierge et pour faire

honneur à votre église. Donné à Sens, l’an du Seigneur 1239, au mois d’août. » Lors de la

révolution, un certain abbé BORIE, prêtre au Puy, sauve de la destruction, la relique, la

lettre du roi Louis IX et les Vidimus certifiant l’origine et l’authenticité. Dans les

tribulations de l’époque, l’abbé BORIE arrive à la paroisse Notre Dame à Saint-Etienne

muni de son précieux bagage. A son départ, en 1805, il en fit don à l’église, ce qui fut

accepté par le clergé de Notre Dame. Son curé fut autorisé à ériger la confrérie des Cinq-

Plaies, qui conservait la relique, et à fixer une fête le dimanche le plus proche de

l’exaltation de la Sainte-Croix. Ces reliques étaient alors conservées dans une custode

provisoire devant faire place, sous le second empire, au magnifique reliquaire commandé à

18

l’orfèvrerie Armand-Caillat. Depuis 2013, elle est installée dans la chapelle du Magnificat

de l’Eglise Sainte Marie de la Visitation à Saint-Etienne.

19

« JE SUIS »

Contemplons

Ecoutons

Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient

souvent réunis. Judas, avec un détachement de soldats ainsi que des gardes envoyés par

les grands prêtres et les pharisiens, arrive à cet endroit. Ils avaient des lanternes, des

torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur

dit : « Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est

moi, je le suis. » Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit :

« C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre. Il leur demanda de

nouveau : « Qui cherchez vous ? » Ils dirent : « Jésus le Nazaréen. » Jésus répondit : « Je

vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les

partir. » Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que

tu m’as donnés ». (Jean 18, 02-09)

Méditons

Jésus n’ignorait rien de tout ce qu’il endurera dans sa passion et il n’est rien de tout ce

qu’il va souffrir qu’il n’a pas, par avance, accepté. Saint Jean précise que « Jésus savait

tout ce qui allait lui arriver. » Et pour signifier que cette heure, il ne la subit pas mais qu’il

choisit de la vivre, il se présente aux soldats qui viennent le capturer de nuit comme des

voleurs honteux d’accomplir une action inavouable. Et, pour qu’il n’y ait aucun doute sur

son identité, Jésus leur demande qui ils cherchent et leur confirme que c’est bien lui.

20

Jésus ne saurait exprimer plus clairement qu’il choisit librement, en toute conscience et

en toute connaissance de cause, de se livrer aux mains des pécheurs.

Il est curieux que les soldats ne se laissent pas interpeler par les signes que Jésus continue

de leur donner sur sa véritable identité : il est bien le Messie, l’envoyé de Dieu, le Fils de

Dieu, celui à qui tout est soumis. En effet, lorsqu’il leur répond, « c’est moi, je le suis »,

les soldats « reculent et tombent à terre. » Pourquoi sont-ils projetés en arrière ? Parce

que Jésus laisse éclater une étincelle de sa puissance divine en disant « Je suis. » En se

présentant ainsi, il se présente comme Dieu qui seul peut dire en vérité « Je suis. » Sur le

mont Sinaï, Dieu s’est présenté à Moise en disant « Je suis celui qui suis. » Cette formule

proprement divine fait l’effet d’un coup de tonnerre qui projette les soldats à terre.

Comment se peut-il que les soldats, projetés en arrière et tombés au sol, n’aient pas

renoncé, par illumination ou par crainte, à arrêter Jésus… Comment se peut-il qu’ils aient

persévéré dans leur projet… Comment se fait-il, qu’après cela, ils se soient acharnés de la

sorte sur Jésus ? Le pharaon Ramsès II qui refusait de céder aux demandes répétées de

Dieu de relâcher les Israelites, nous donne la réponse. « Son cœur était endurci », nous dit

l’Ecriture sainte au point de ne plus être capable de discernement, de se laisser toucher

par la grâce. Parce que son cœur est endurci, Pharaon court délibérément à sa propre

perte, entrainant dans son entêtement toute son armée qui est décimée dans la mer

rouge. Les soldats, tout comme les autres protagonistes du drame du vendredi-saint,

avaient le cœur endurci…

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

4 épines de la couronne du Christ sont conservées dans l’église saint-Matthieu de Perpignan

21

En 1270, saint Louis remit quatre épines de la Sainte Couronne à son fils, Philippe III le

Hardi lorsque celui-ci monta sur le trône et qu'il conserva dans le pommeau de son épée.

Alors qu'il guerroyait contre l'Aragon, sous prétexte de « croisade », Philippe III tomba

mortellement le 5 octobre 1285 à Perpignan.

Avant sa mort, il fit remettre les quatre épines en l'église saint Matthieu qui était alors

l'église la plus proche du palais royal. Depuis cette date, elles sont toujours exposées et

vénérées solennellement le vendredi saint et le sixième dimanche du Temps Pascal.

22

LA GUERISON DE MALCHUS

Contemplons

Ecoutons

Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa

l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malchus. Jésus dit à Pierre : « Remets ton

épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » Alors la

troupe, le commandant et les gardes juifs se saisirent de Jésus et le ligotèrent. (Jean 18,

10-12)

Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, et si nous

frappions avec l’épée ? » L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha

l’oreille droite. Mais Jésus dit : « Restez-en là ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le

guérit. (Luc 22, 49-51)

23

Méditons

Pierre, animé des meilleures intentions, laisse éclater son tempérament belliqueux et veut

défendre Jésus. Il est de nature méfiante et ne craint pas la bagarre si non pourquoi

aurait-il eu sur lui une épée. Il n’hésite d’ailleurs pas à la tirer et à passer à l’action. Il

tranche l‘oreille de Malchus, le serviteur du grand prêtre qui marche en tête du cortège

venu arrêter Jésus, et probablement irait-il encore bien plus loin s’il n’en était empêché.

Autrefois, Pierre avait déjà voulu protéger Jésus de ceux qui voulaient attenter à sa vie. Le

souvenir lui en est resté car Jésus lui répondit : « retire-toi Satan, tes pensées ne sont pas

celles de Dieu mais celles des hommes. » Pierre n’a visiblement pas retenu la leçon et

Jésus le reprend encore une fois. Qu’il est difficile de s’élever au niveau des pensées de

Jésus !

Pierre ne pouvait pas comprendre Jésus. Seule Marie qui a toujours vécu à l’ombre de

l’Esprit-Saint, pouvait comprendre Jésus. C’est pour cela qu’elle n’a jamais essayé de

détourner Jésus de sa vocation et, au contraire, s’est unie entièrement à lui dans son

offrande. Pour Pierre le moment de comprendre n’était pas encore venu. Ce n’est qu’à la

Pentecôte que l’Esprit-Saint l’éclairera sur les motivations profondes de Jésus dans sa

passion, sur le sens de toutes ses paroles. Ce n’est qu’à la Pentecôte que l’Esprit-Saint lui

communiquera la force qui lui permettra de soutenir le martyr, qui sera sa participation

effective à la passion de Jésus.

Jésus guérit Malchus, le serviteur du grand prêtre. Les quatre évangélistes évoquent la

présence du serviteur du grand prêtre en ce soir du jeudi-saint à qui Pierre tranche

l’oreille et que Jésus guérit. Cet ultime miracle de Jésus, juste avant son arrestation, ne

fait pourtant pas reculer les soldats sur le point de se jeter sur Jésus. Ce miracle a-t-il

converti Malchus ? L’Evangile ne le dit pas et n’évoque plus cette figure par la suite. Cela

laisse supposer que ce miracle n’a pas changé sa vie de manière significative. Malchus est

comme toutes ces personnes qui, bien que témoins des plus grands miracles, ne se

convertissent pas pour autant. En méditant sur la figure de Malchus, nous comprenons

pourquoi Jésus défendait à ceux qu’il guérissait de le divulguer. Les signes aident la foi

mais ne la confèrent pas. « A qui croit en Dieu, aucun signe n’est nécessaire ; à qui ne

croit pas en Dieu, aucun signe n’est possible. »

Prions

Voir page 7

24

Les reliques de la Passion du Christ

Andria, petite cité médiévale de l’Italie du Sud, proche de Bari, a l’immense privilège de

conserver, depuis le XIVe siècle, dans la cathédrale, une relique précieuse de la Passion du

Christ : une épine de la Sainte Couronne d’épines qui fut enfoncée sur la tête du Sauveur

le Vendredi Saint.

Cette épine sacrée et vénérée a une particularité miraculeuse : les traces de sang visibles

sur la superficie, de diverses grandeurs, rougissent et deviennent vives lorsque la fête de

l’Annonciation, le 25 mars, coïncide avec le Vendredi Saint. Ce prodige eut bien lieu le 25

mars 2005, jour du Vendredi Saint. Cette année, l’annonce de l’Incarnation du Seigneur et

la mort de Jésus en croix étant commémorées le même jour, l’attente de ce prodige n’a

pas été vaine.

Le SIR (Service Information Religieuse) a confirmé, samedi 26 mars 2016, que le miracle a

été constaté en présence d’un notaire : « A 19h hier soir, la Commission Spéciale de la

Sainte Épine s’est réunie dans la Salle du Chapitre de la cathédrale de Andria. C’est ce que

mentionne une note du diocèse – diffusée hier soir – par laquelle on informe que, en

présence du notaire Paolo Porziotta, a été établi un procès-verbal d’où il ressort que :

« vers 16h10, a été constaté la présence d’un léger gonflement de couleur blanche de

forme sphérique, comme un bourgeon, distant d’environ 3 mm de la pointe, côté droit de

l’Épine, plus précisément sur le bord de l’entaille du sommet. »

25

COMME UN AGNEAU LIVRE

Contemplons

Ecoutons

Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du

Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et

des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la

main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. » (Luc 22, 52-

53)

Méditons

Jésus a la douceur d’un agneau. A ses apôtres, il a dit qu’il les « envoie comme des

agneaux au milieu des loups. » Et en cette heure, il est vraiment comme un agneau au

milieu des loups assoiffés de sang. A toute la violence qui se déchaine contre lui, il

n’opposera que douceur et amour. Probablement que tant de douceur ne fera qu’exciter la

fureur de ceux qui s’acharnent sur lui ; on s’acharne toujours davantage sur ceux qui ne se

défendent pas ou ne sont pas en mesure de le faire ; la nature est sans pitié pour les

faibles. Comme il le dit lui-même, il pourrait faire intervenir des légions d’anges pour

foudroyer sur place ceux qui osent lever la main sur lui. Mais alors, comment prouverait-il

26

son amour pour nous ? A sainte Marguerite-Marie, Jésus dit : « Regarde, ma fille, si tu

trouves un père blessé d’amour par son propre fils unique et qui ait pris autant de soin de

lui donner des marques de cet amour… Dis-moi quelle plus forte preuve tu souhaites de

mon amour et je te la donnerai… »

Jésus est l’agneau pascal qui, par son offrande de lui-même, nous fait passer de la mort à

la vie. Si les fils premiers-nés des juifs sont sauvés de l’ange exterminateur par le sang

d’un agneau dont ils enduisent les linteaux de leurs maisons, Jésus nous sauve tous de la

mort éternelle par son sang qui est répandu sur la croix et dont nous nous nourrissons dans

l’Eucharistie. Si le sang de l’agneau sacrifié par les juifs les a sauvés de la mort pendant

une nuit, celui de Jésus, l’agneau sans tache qui enlève les péchés du monde, sauve

l’humanité entière de de la mort éternelle.

Dans un acte de foi qui force l’admiration, Abraham était prêt à sacrifier son fils unique

Isaac. Le ciel l’en a empêché en dernière minute. Jésus est à la fois celui qui offre et celui

qui est offert, à la fois l’agneau livré (Isaac) et le prêtre qui offre le sacrifice (Abraham)

« pour la gloire de Dieu et le salut du monde. » Jésus a tout donné dans un acte d’amour

infini pour son Père, pour nous et pour qu’en lui nous devenions tous des enfants adoptifs

du Père. Qui en a fait plus pour nous que Jésus ? Qu’aurait-il pu faire de plus qu’il n’ait

fait ? Ce n’est que dans l’éternité que nous réaliserons tout ce que le péché originel nous a

dérobé et la manière admirable dont Jésus, l’agneau livré pour nous, a tout restauré : « O

heureuse faute qui nous a valu un tel Sauveur ! » (saint Augustin)

Prions

Voir page 7

Les reliques de la passion du Christ

27

A Solesmes, on vénère le lundi de Pâques, la sainte Épine. Exposée dans cet immense

reliquaire qu’est le tombeau de Notre Seigneur, la parcelle de la couronne d’épines du

Christ est offerte à la vénération de tous ceux qui viennent. La relique est imposée sur la

tête du fidèle, tandis que le ministre prononce cette prière : « Que par cette sainte épine,

Dieu te libère de tout mal ». Les moines vénèrent la relique après l’office de None, en

chantant une antienne grégorienne qui souligne que la couronne d’épine est désormais

devenue pour le Christ une couronne royale. Une prière demande que ceux qui vénèrent

ici-bas la couronne du Christ méritent d’être couronnés au Ciel avec Lui.

28

TOUS L’ABANDONNERENT

Contemplons

L’arrestation de Jésus. A gauche, le jeune-homme nu qui s’enfuit sans son drap ; en-bas à

droite, Pierre coupe l’oreille de Malchus ; en-haut à droite, Judas s’en va après avoir livré

Jésus.

Ecoutons

Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il

n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap,

s’enfuit tout nu. (Matthieu 14, 50-52)

Méditons

La solitude de Jésus. Il est abandonné de tous, ou plus exactement de tous ceux qui

auraient dû être là : les apôtres, les choisis. Il les avait pourtant préparés à cette heure : à

plusieurs reprises, il leur avait parlé de tout ce que le Fils de l’homme aurait à souffrir et

29

qu’après trois il ressusciterait. Il les avait préparés en leur donnant sa chair en nourriture

lors de la Cène… En prévision de cette heure, Pierre, Jacques et Jean avaient même vu

Jésus dans toute sa gloire lors de la Transfiguration… Malgré cela, tous ceux dont Jésus

attend du soutien, s’enfuient. A l’océan de haine qui déferle sur lui, s’ajoute la souffrance

d’être abandonné de ceux qu’il a le plus aimés…

Mais il devait en être ainsi. Il est l’agneau sacrifié pour le salut du monde, le seul qui soit

sans tache et digne d’offrir à Dieu la louange de gloire qui lui revient. Lui qui sauve le

monde par son sang versé, ne saurait y mêler le péché du sang versé injustement à cause

de lui. « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés » dit-il à son Père dans la

prière » et l’Evangile précise que Jésus dit cela « afin que s’accomplisse les Ecritures. »

Dans l’Epitre aux Romains, saint Paul écrit : « Car, comme par la désobéissance d'un seul

homme (Adam) beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l'obéissance d'un seul

(Jésus-Christ) beaucoup seront rendus justes. » Jésus est le nouvel Adam, celui qui nous

rachète de la faute originelle et sa croix s’élèvera sur l’endroit où la tradition situe le

tombeau d’Adam…

Si Jésus est abandonné de tous ceux dont il attendait davantage de soutien et qui étaient

présents à Gethsémani, il ne l’est pourtant pas de tous. Marie n’a jamais abandonné son

Jésus. Elle n’était pas à Gethsémani mais elle était à Jérusalem, quelque part,

probablement avec Marie-Madeleine et les autres femmes qui apparaitront dans quelques

heures sur le Calvaire. Jean savait où elle se trouve si non il n’aurait pas pu l’amener au

pied de la croix. De là où elle est, Marie est en profonde communion avec Jésus, s’unissant

à lui dans son offrande de lui-même et ajoutant sa souffrance de mère et de croyante au

calice d’amertume que boit Jésus, à la manière dont le prêtre à la messe ajoute une

goutte d’eau dans le calice à l’offertoire. Comme nous étions présents dans son « oui » de

l’Annonciation, nous sommes présents dans son « oui » du vendredi-saint. En Marie,

présente jusqu’au bout aux cotés de Jésus, toute l’Eglise est unie à son sauveur dans son

sacrifice.

Parmi ceux qui ont fui, il y a Jean mais qui réapparait le lendemain sur le Calvaire aux

cotés de Marie. En fuyant, il a répondu au réflexe bien naturel de sauver sa vie.

Probablement s’en est-il repenti… Probablement que Marie, qu’il est allé rejoindre, lui a

expliqué qu’il devait en être ainsi... C’est le seul apôtre qui aura le courage de revenir et

de se déclarer ouvertement solidaire de Jésus. Sur le calvaire se tiendront Marie, l’humble

servante du Seigneur, Jean, celui dont il est dit qu’était était pur, et Madeleine, celle à

qui il a été beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé : l’humilité, la pureté,

l’amour, les trois vertus qui nous rendent semblables à Jésus. Sur le Calvaire se tiennent

30

les personnes qui ressemblent le plus à Jésus par la vertu et c’est à elles seules qu’il est

donné de le suivre jusqu’au bout…

Qui est ce jeune homme qui lâche le drap dont il est vêtu et s’enfuit tout nu ? Pour

beaucoup, il s’agit de l’Evangéliste Marc qui relève aussi ce détail à priori saugrenu. Pour

d’autres, il nous représente tous : si nous avions été présents en ce soir, nous aussi nous

aurions fui devant le danger abandonnant Jésus pour sauver notre peau…

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Une épine de la couronne que le Christ a portée lors de sa Passion, a été rapportée de

Jérusalem par les croisés et conservée à Girondelles dans les Ardennes. Elle fut déposée à

Courgis, en 1555, par Edmée de Geresmes, dame de Girondelles et héritière du château de

Courgis.

31

En 1633. Jacques Ferrand et Françoise Jaillot, les propriétaires du château, en ont fait don

à l’église du village. Depuis, les habitants célèbrent la Sainte Epine le dimanche avant

l’Ascension.

32

POUR QUE S’ACCOMPLISSENT LES ECRITURES

Contemplons

Ecoutons

Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes. Alors tous les

disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent. (Matthieu 26, 56)

Méditons

Tout était écrit. Tout ce que Jésus allait souffrir était prévu. Jésus connaissait les

prophéties, lui qui à douze ans, étonnait les docteurs du Temple par la sagesse de ses

réponses. Marie connaissait les prophéties et c’est en toute connaissance de cause qu’elle

a dit « oui » le jour de l’Annonciation : elle savait qu’en devenant la Mère du Messie, elle

devenait la Mère de « l’homme des douleurs » prophétisé par Isaïe. Les apôtres

connaissaient les prophéties : ils les avaient entendues de la bouche des pharisiens, des

scribes, mais aussi et surtout de la bouche de Jésus qui les leur a rappelées en insistant sur

le fait qu’il est venu les accomplir.

33

Isaïe parle très clairement de tout ce que Jésus vivra dans sa Passion : « La multitude avait

été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu'il ne ressemblait plus à un

homme… Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la

souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne ; et nous l'avons méprisé, compté

pour rien. Pourtant, c'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était

chargé. Et nous, nous pensions qu'il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c'est à cause

de nos fautes qu'il a été transpercé, c'est par nos péchés qu'il a été broyé. Le châtiment

qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c'est par ses blessures que nous sommes

guéris… Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. Maltraité, il

s'humilie, il n'ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l'abattoir, comme une

brebis muette devant les tondeurs, il n'ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été

supprimé (…) Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à cause des péchés de son

peuple… A cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu'il a connu

la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs

péchés. » (Is. 52 et 53)

Jésus entre dans sa Passion comme le grand prêtre qu’il est, entre dans la liturgie de la

messe, de la seule messe, celle du vendredi-saint. Dans toute liturgie, il y a un rituel à

respecter : dans la Passion, le rituel à respecter, ce sont les prophéties. Elles ne sont pas

avant tout une annonce de ce que le Messie va souffrir mais de ce qu’il va accepter

d’accomplir en y voyant la volonté de son Père, et en s’y conformant par obéissance. C’est

pourquoi saint Paul écrit dans sa lettre aux Philippiens : « Le Christ s’est abaissé lui-même

en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a

élevé au-dessus de tout : il lui a conféré le nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au nom

de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que

toute langue proclame : «Jésus Christ est le Seigneur», pour la gloire de Dieu le Père.

Parce que Marie connaissait les prophéties et savait que le Messie devait les accomplir par

obéissance à son Père, parce qu’elle savait qu’il est venu en ce monde pour cela, et parce

qu’elle est la servante du Seigneur, elle n’a pas cherché à détourner Jésus de sa mission

de Rédempteur. C’est parce que Marie a compris et accepté cela, que nous la voyons

résignée et abandonnée à la volonté divine. Parce qu’elle a compris et accepté que Jésus

est venu accomplir les Ecritures, elle s’unit à lui dans son offrande de lui-même. Marie est

la seule à qui Jésus n’aura pas à faire le même reproche qu’aux disciples d’Emmaüs : « O

hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes

! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire ? Et,

34

commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures

ce qui le concernait. » (Luc 24)

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire de la sainte épine donné par saint Louis, vers 1262 à l’abbaye de Saint-Maurice

d’Agaune.

35

MALTRAITE

Contemplons

Ecoutons

Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups. Ils lui avaient

voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? » Et

ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes. (Luc 22, 63-65)

Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le giflèrent,

en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des coups. (Matthieu 14, 65)

Méditons

Jésus vient à peine de demander à Pierre de rengainer son épée et de guérir l’oreille de

Malchus, que les gardes tombent sur lui, le frappent, l’insultent, se jouent de lui comme

un chat s’amuse avec la souris qu’il a capturée, avant de la dévorer… Comment est-il

possible que Jésus, le Dieu tout-puissant, celui qui est capable de multiplier les pains,

d’expulser les démons, de ramener à la vie la fille de Jaire, de ressusciter Lazare mort

depuis trois jours, qui dispose de toutes les légions d’anges du Ciel pour le défendre, se

laisse ainsi malmener et maltraiter ? Même en comprenant la nécessité du sacrifice de

Jésus pour notre salut, on ne peut s’empêcher de se demander s’il fallait en arriver à de

telles extrémités.

36

Contempler Jésus dans toutes ses souffrances, c’est se demander qui nous sommes et ce

que nous représentons aux yeux de Dieu. Il ne nous doit rien et nous lui devons tout, et

nous nous comportons comme si le rapport était inversé. Sans cesse nous nous laissons

séduire par les mensonges de l’antique serpent : « vous serez comme des dieux » et même

les plus saints des pécheurs que nous sommes, s’enorgueillissent par moment jusqu’à

vouloir dire à Dieu comment il doit se comporter… Qui sommes-nous pour que Dieu nous

aime ainsi ? Qui sommes-nous pour que Dieu veuille à ce point être aimé de nous, qui ne

cessons de repousser toutes les prévenances de son amour ? A sainte Brigitte, Jésus lève

quelque peu ce mystère en disant : « l’âme est meilleure et plus digne que le monde

entier, plus précieuse que tout l’univers ; elle est égale aux anges, et créée pour la gloire

éternelle. Elle est faite à l’image et à la ressemblance de Dieu… Cette âme, immortelle,

éternelle, me plait plus que tout ce qu’il y a de plus désirable au monde. Elle est ma bien-

aimée… S’il était possible que je mourusse autant de fois qu’il y a d’âmes en enfer, je

souffrirais pour chacune d’elles comme je souffris pour toutes ; mon corps serait encore

disposé à souffrir toutes ces choses avec une franche volonté et un parfait amour. »

Contempler Jésus maltraité, c’est regarder les effets de nos péchés. Le péché n’est pas

anodin et constitue une offense incroyable faite au Dieu d’amour. Plus nous aimons

quelqu’un et plus nous sommes sensibles à tout ce qui vient de lui. Parce que Dieu nous

aime infiniment, le plus petit manque d’amour le heurte infiniment. Les coups, les gifles,

les crachats, les insultes, les perfidies qu’on assène à Jésus représentent les blasphèmes,

les sacrilèges, les reniements, les trahisons, les indifférences… que nous, les créatures

aimées de Dieu, lui assénons chaque jour par nos péchés. Et, comme au jour de sa Passion,

Dieu continue de se laisser maltraiter par ceux qu’il aime… Quel mystère ! Qui sommes-

nous ?

Prions

Voir page 7

38

CAÏPHE

Contemplons

Ecoutons

Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure, par le Dieu vivant, de

nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu. » Jésus lui répond : « C’est toi-même

qui l’as dit ! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme

siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » Alors le grand prêtre

déchira ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé ! Pourquoi nous faut-il encore des

témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème ! (Matthieu 26, 63-65)

Méditons

Jésus était condamné d’avance. Le procès que lui fait le Sanhédrin n’est qu’un simulacre :

contre toutes les lois en vigueur son « procès » se tient de nuit et en toute hâte. La

sentence a été prononcée par Caïphe avant même que l’accusé ne comparaisse : « Il vaut

mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse

pas. » Comme souvent, Dieu fait dire par ses détracteurs, ce qu’il adviendra et c’est

Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, qui prophétise que Jésus va mourir pour

39

tout le peuple. Mais pas comme il le pense : Jésus ne meure pas par la volonté de Caïphe,

qui n’est qu’un instrument, mais parce que tel est le plan de salut de Dieu.

Jésus garde le silence, restant intérieurement en profonde communion avec son Père. Il ne

s’exprime que lorsque le grand prêtre lui ordonne de répondre par le Dieu vivant. Là il ne

s’agit plus de riposter à de fausses accusations mais du respect dû à la plus haute autorité

morale de la nation et de l’adoration due à Dieu. Il ne peut donc se dérober. La manière

d’interroger de Caïphe, en levant la main au ciel et en amenant l’accusé à répondre sous

le sceau du serment, tire Jésus de son silence. Sans laisser planer la moindre équivoque, il

affirme qu’il est bien le Fils de Dieu.

Feignant une indignation sacrée, Caïphe déchire ses vêtements. Par ce geste, qui ne

pouvait faire qu’une profonde impression sur l’assemblée, Caïphe met ses pairs sous

pression pour qu’ils décident, avec lui, de la mort de Jésus. Il était de coutume chez les

juifs de déchirer ses vêtements afin de manifester son chagrin dans une situation de deuil

ou son indignation vis-à-vis d’un blasphémateur. Cependant ce geste était formellement

interdit aux prêtres revêtus des vêtements sacerdotaux car leur tenue devait être en tout

point impeccable pour assurer le service divin ; contrevenir à cette loi lévitique était

passible de mort pour le prêtre. En déchirant ses vêtements, malgré l’interdiction

formelle, Caïphe appelle sur lui la sentence qu’il cherche à faire prononcer sur Jésus : la

mort.

Dans quelques heures, ce n’est plus un vêtement qui se déchirera mais le rideau du

Temple consommant la rupture de Dieu avec Israël…

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire de la Croix du Christ conservé dans la Schatzkammer à Vienne

40

JESUS EN PRISON

Contemplons

Ecoutons

Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule

demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant

donc rassemblées, Pilate leur dit : « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou

Jésus, appelé le Christ ? » (Matthieu 27,15-17)

Méditons

Dans les Evangiles, il n’est pas mentionné que Jésus a passé une partie de la nuit en

prison. Mais cela ne fait pas de doute. Entre les comparutions tardives chez Anne, Caïphe

et les comparutions matinales chez Pilate puis Hérode, s’écoulent quelques heures,

nécessaires au Sanhédrin pour prendre du repos après son forfait.

Jésus est en prison, livré aux mauvais traitements de ses geôliers qui ne veulent pas être

en reste par rapport à tous ceux qui avaient déjà eu l’occasion de se défouler sur lui. Les

grands prêtres l’ont traité comme un moins-que-rien, un danger public, un blasphémateur,

donc indigne d’être traité comme un être humain. Probablement qu’en confiant Jésus aux

41

geôliers, les grands prêtres leur ont donné l’autorisation, voire même l’instruction, de le

torturer et de se livrer sur lui à toutes sortes de sévices. Cela dit, ils pouvaient bien

s’amuser mais en aucun cas tuer Jésus car il était indispensable que son procès ait lieu et

qu’il y soit condamné ; pour cela, Jésus ne devait en aucun cas mourir maintenant.

A présent Jésus est livré aux gardes, qui comptent bien se divertir un peu. Imaginons à

quelles personnes Jésus a été livré : des soldats qui valent à peine mieux que ceux qu’ils

gardent et qui, à force de faire exécuter les sentences de mort, ont perdu tout sentiment

d’humanité. Et, s’il leur reste un peu d’humanité, il est étouffé par le vin et le vice.

Probablement que le silence de Jésus, en réponse à tout ce que les gardes lui font subir,

attise encore la fureur ou le vice des bourreaux qui veulent tester sa résistance…

L’imagination humaine est sans limite lorsqu’il s’agit de trouver des moyens de torturer et

de faire souffrir. Et Jésus continue de tout accepter dans l’amour… quel mystère !

La bienheureuse Anna Katarina Emmerich (1774-1824), ainsi que plusieurs autres mystiques

stigmatisées à qui il fut donné de revivre la Passion de Jésus, parlent de tous les mauvais

traitements subis par Jésus en prison et de sa prière pour ses bourreaux. La bienheureuse

Anna Katarina Emmerich nous dit : « Jésus souffrit tout sans ouvrir la bouche ; et c'étaient

les hommes, les pécheurs qui exerçaient leur rage sur leur frère, leur Rédempteur, leur

Dieu. Je suis aussi une pauvre pécheresse, et c'est à cause de moi aussi que tout cela s'est

fait. Au jour du jugement où tout sera manifesté, nous verrons tous quelle part nous avons

prise au supplice du Fils de Dieu par les péchés que nous ne cessons de commettre et qui

sont une sorte de consentement et de participation aux mauvais traitements que ces

misérables firent éprouver à Jésus. »

A sœur Marie Madeleine Martinengo (1687-1737), clarisse, qui vivait à Rome, Jésus révéla

les souffrances qu’il avait endurées la nuit avant sa mort. Il lui dit : « Les Juifs me

considéraient comme l'homme le plus dangereux de leur temps et me traitèrent ainsi :

1 - Ils nouèrent mes pieds avec une corde et me trainèrent en bas d'un escalier, dans une

cave puante et immonde ;

2 - Ils me dévêtirent et trouèrent mon Corps avec des pointes de fer ;

3 - Ils nouèrent une corde autour de mon Corps et me trainèrent aller et retour à travers la

cave ;

4 - Ils me suspendirent à une poutre et m'y laissèrent jusqu'à ce que je glisse et tombe par

terre ; cette souffrance fit jaillir de mes yeux des larmes sanglantes ;

42

5 - Ils me fixèrent à un pieu et me martyrisèrent avec toutes sortes d'armes, en perçant

mon Corps ; ils me jetèrent des pierres et me brûlèrent au brasier avec des torches ;

6 - Ils me percèrent d'alènes et de piques et arrachèrent la peau et la chair de mon Corps

et de mes veines ;

7 - Ils me lièrent à une colonne, et placèrent mes pieds sur une tôle incandescente ;

8 - Ils me couronnèrent avec une couronne en fer et me bandèrent les yeux avec des linges

très sales ;

9 - Ils m'assirent sur une chaise, garnie de clous très pointus, qui creusèrent des trous très

profonds dans mon Corps ;

10 - Ils arrosèrent mes plaies avec de la poix et du plomb en fusion, et me renversèrent de

la chaise ;

11 - Pour mon supplice et ma honte, ils enfoncèrent en mon Corps des aiguilles et des

clous dans les trous de ma barbe arrachée ;

12 - Ils me jetèrent sur une croix, sur laquelle ils me ligotèrent avec tant de force et de

dureté que Je faillis être étouffé ;

13 - Ils me piétinèrent la tête ; l'un d'eux, en mettant son pied sur ma poitrine, enfonça

une pointe de ma couronne d'épines à travers ma langue ;

14 - Ils me versèrent les plus horribles immondices dans la bouche ;

15 - Ils déversèrent sur moi des flots d'injures infâmes, me lièrent les mains au dos, me

conduisirent, en me frappant, hors de la prison, en me donnant des coups de verges. »

Et Jésus continua : « Ma chère fille, je te demande de faire connaître mes quinze

souffrances et douleurs secrètes à beaucoup d'âmes, afin qu'elles soient contemplées et

honorées. Au jour du dernier jugement, j'accorderai l'éternité bienheureuse à ceux qui,

par amour et avec recueillement, m'offriront chaque jour une de mes souffrances et

accomplissent pieusement la prière suivante :

« Mon Seigneur et mon Dieu ! C'est ma volonté irrévocable de vous honorer, de vous louer

et de vous adorer, à travers vos quinze souffrances secrètes et l'effusion de votre Sang.

Autant il y a de grains de sable dans la mer, de grains de terre dans les champs, de brins

d'herbe sur toute la terre, de fruits sur les arbres, de feuilles sur les branches, de fleurs

dans les champs, d'étoiles au firmament, d'anges au Ciel, et de créatures sur la terre ;

43

autant de milliers de fois béni, adoré, loué et glorifié le Seigneur Jésus-Christ ; Son Cœur

très saint, Son Sang précieux, le divin Sacrifice de la Sainte Messe, le Saint-Sacrement de

l'Autel, la très Sainte Vierge Marie, les glorieux neuf Chœurs des Anges et la multitude des

Saints ; par moi et par tous les hommes, maintenant et dans toute l'Éternité.

Je désire autant de fois, bien-aimé Jésus, vous remercier, vous servir et vous plaire,

réparer tous les outrages qui vous sont faits, et vous appartenir corps et âme.

Je veux autant de fois me repentir de mes péchés, et vous demander, à vous mon Dieu,

pardon et miséricorde.

Je désire aussi offrir vos mérites infinis au Père Éternel, en réparation de mes fautes et de

mes péchés, et de mes punitions méritées. Je suis fermement résolu à changer de vie et je

vous demande que la dernière heure de ma vie soit heureuse et en paix.

Je veux aussi prier pour la délivrance des pauvres âmes du purgatoire.

Je désire renouveler cette louange d'amour et de réparation à chaque heure du jour et de

la nuit, fidèlement, jusqu'au dernier instant de ma vie.

Je vous prie, très bon et très aimable Jésus, de confirmer au Ciel mon très sincère désir.

Ne tolérez pas qu'il soit anéanti par les hommes et encore moins par l'esprit

malin. Amen. »

Cette dévotion a été approuvée et recommandée par le pape Clément XII (1730-1740).

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

La prison de Jésus à Jérusalem

44

LE RENIEMENT DE PIERRE

Contemplons

Ecoutons

Cependant Pierre était assis dehors dans la cour. Une jeune servante s’approcha de lui et

lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus, le Galiléen ! » Mais il le nia devant tout le monde

et dit : « Je ne sais pas de quoi tu parles. » Une autre servante le vit sortir en direction du

portail et elle dit à ceux qui étaient là : « Celui-ci était avec Jésus, le Nazaréen. » De

nouveau, Pierre le nia en faisant ce serment : « Je ne connais pas cet homme. » Peu après,

ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu es l’un

d’entre eux ! D’ailleurs, ta façon de parler te trahit. » Alors, il se mit à protester

violemment et à jurer : « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta. Alors

Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu

m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement. (Matthieu 26, 69-75)

Méditons

Tous les apôtres ont fui et abandonné Jésus… Pierre seul, entraîné par la curiosité, mais

rempli de crainte, suit Jésus de loin et se dissimule au milieu des serviteurs. Il voit autour

de Jésus, une foule de faux témoins qui accumulent mensonge sur mensonge pour attiser

la colère des juges iniques. Ceux-là mêmes dont les lèvres ont acclamé tant de fois les

miracles de Jésus, se font aujourd'hui ses accusateurs. Ils l'appellent perturbateur,

profanateur du sabbat, faux prophète... et la valetaille excitée par ces calomnies, profère

contre lui des cris et des menaces.

45

Pierre, constitué par Jésus chef de l'Eglise, qui peu d'heures auparavant, a promis de le

suivre jusqu'à la mort et qui a l’occasion de rendre témoignage à Jésus, répond à une

simple demande par un premier reniement. Comme la question se renouvelle et que la

frayeur s'empare de plus en plus de lui, il jure qu'il ne l'a jamais connu et qu'il n'a jamais

été son disciple. Une troisième fois, Pierre le renie par d'horribles imprécations.

Les regards de Jésus et de Pierre se plongent l’un dans l’autre. Même si dans le regard de

Jésus, il ne lit aucun reproche, Pierre pleure amèrement son péché. Il a trahi celui qu’il

aime et pleure, moins sur le sort réservé à Jésus que sur sa propre lâcheté. Il était

pourtant animé de la meilleure volonté du monde. Il était totalement sincère lorsqu’il

promettait au maitre de le suivre jusqu’au bout. Aujourd’hui, il est submergé par la peur

et ne parvient pas à dominer ses réactions.

Toute sa vie, Pierre se souviendra du regard de Jésus au moment où le coq chante pour la

troisième fois. Toute sa vie, il se repentira et s’en voudra d’avoir renié Jésus. Cet épisode

le rendra moins présomptueux et lui rappellera toujours que sans Jésus, il ne peut rien

faire. Si bien qu’on peut penser que ce lamentable reniement lui a été une leçon salutaire,

à lui qui devait être constitué le « serviteur des serviteurs de Dieu » celui que le Seigneur

investira d’une si haute autorité que pour l’exercer comme un service, il lui faudra

s’appuyer sur une profonde humilité. La puissance divine qui se plait à tirer le bien du mal,

fera de la défaillance de Pierre un atout pour sa mission de pasteur des âmes.

Jésus n’est qu’amour pour son Pierre. Même après son triple reniement, Jésus reste fidèle

à ses vues sur Pierre et ne lui retire pas la conduite de l’Eglise pour la confier à Jean, par

exemple, qui, même s’il fuit le jeudi soir, revient et reste auprès de lui, le vendredi sur le

Calvaire. Après la résurrection, Jésus lui demandera par trois fois s’il l’aime et s’il l’aime

plus que tout, plus que tous. Pierre, nettement plus humble cette fois, l’assure

sincèrement de son amour. Par cette triple déclaration d’amour, Jésus donne à Pierre

l’occasion de réparer son triple reniement et, pour l’assurer de son pardon, le confirme

dans sa mission : « pais mes brebis. »

Prions

Voir page 7

46

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant du Sang du Christ mêlé à de la terre du Golgotha, prélevé par sainte

Marie-Madeleine qui serait parvenu à Weissenau en Allemagne en passant par le sud de la

France (Saintes-Marie-de-la-mer) et Strasbourg.

47

JUDAS

Contemplons

Ecoutons

Alors, en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, fut pris de remords ; il

rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens. Il leur dit : « J’ai

péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Que nous importe ? Cela te

regarde ! » Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre.

(Matthieu 27, 03-05)

Méditons

Après avoir livré Jésus par un baiser, Judas s'enfuit, errant et fugitif, sans pouvoir étouffer

les cris de sa conscience qui l'accusent du plus horrible des sacrilèges. Pris de remords, il

voudrait pouvoir tout annuler et remonter le temps. Pour cela, il va rendre l’argent,

pensant, espérant, que cela suffira à libérer Jésus. Il se trompe. Les grands prêtres et lui,

n’avaient pas les mêmes raisons de traduire Jésus devant le Sanhédrin et lui-même n’était

que l’instrument de leur politique. Ses remords de conscience, les trente pièces d’argent

ne leur importent pas ; ce qu’ils veulent, c’est la mort de Jésus et à n’importe quel prix.

Judas, qui a livré celui qui l’a toujours appelé « mon ami » à des canailles ivres de haine,

apprend à ses dépens qu’on ne pactise pas avec des loups même déguisés en agneaux.

Judas a livré Jésus pour 30 pièces d’argent. C’est une somme dérisoire en considération de

ce qu’il représente pour toutes les parties. Pour les juifs, il est un blasphémateur et une

48

menace car, en Jésus, tout les accuse. De nombreuses fois, ils ont voulu l’arrêter et n’y

sont pas parvenus. Ils étaient prêts à exploiter la moindre opportunité pour y parvenir. Les

grands prêtres, si pleins de haine, qu’ils sont prêts à tout pour se débarrasser de Jésus,

auraient donné davantage que cette maigre somme. Il y a trois jours, Marie-Madeleine a

versé sur les pieds de Jésus un parfum d’une valeur de 300 deniers soit dix fois plus que la

somme pour laquelle Judas l’a livré. Judas a bien fait remarquer alors qu’on aurait mieux

fait de vendre ce parfum pour en distribuer l’argent aux pauvres. Mais comme le souligne

saint Jean, Judas a dit cela, « non parce qu’il se souciait des pauvres, mais parce qu'il

était voleur, et qu'ayant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait. » (Jean 12,6)

Aussi, comment se fait-il que Judas, un voleur, ait livré Jésus pour seulement 30 pièces

d’argent, une somme dérisoire ? D’aucuns pensent que Judas voulait mettre Jésus dans une

situation dans laquelle, il aurait été obligé de manifester sa puissance, ce qui aurait

amené les grands prêtres à le reconnaitre comme le Messie et à se ranger derrière lui

contre l’ennemi romain. Judas aurait alors été celui qui a permis à Jésus d’accéder au

pouvoir qui lui en aurait été redevable ; en reconnaissance, il lui aurait conféré une très

haute fonction, bien lucrative. Dans le plan de Judas, les trente pièces d’argent n’étaient

qu’un acompte sur un beau pactole à venir…

En ce soir de jeudi-saint, tous les apôtres ont trahi Jésus. Mais les Evangélistes mettent

une lumière particulière sur trois d’entre eux. En fuyant, Jean a cédé à l’instinct de

survie. Et, comme un enfant qui cherche sa mère quand il a fait une bêtise, il s’est réfugié

chez Marie. Marie l’a recueilli, l’a consolé, lui a rappelé les paroles de Jésus sur sa Passion

et la résurrection qui s’ensuivra, lui a communiqué la force de la mener, elle, jusque sur le

chemin du calvaire où ils rencontreront Jésus et sur le Calvaire où ils se tiendront côte à

côte. Comme tous les apôtres, Judas savait où se trouvait Marie ; il aurait aussi pu aller la

trouver. Comme Jean, elle l’aurait accueilli et l’aurait assuré du pardon de Jésus. Mais il

ne l’a pas fait.

Pierre a renié Jésus et s’en est douloureusement repenti : il a « pleuré amèrement son

péché. » Mais ça non plus, Judas ne l’a pas fait. Il n’a pas pleuré mais est allé se pendre.

Son crime est tellement grand qu’il le pense impossible à pardonner. Comment peut-on

avoir vécu trois ans dans l‘intimité immédiate de Jésus et douter de son pardon. Avait-il

compris la parabole du fils prodigue, de la brebis perdue ?

Aussi, quand parvient à ses oreilles la sentence de mort de Jésus, Judas se livre au plus

terrible des désespoirs et se pend. Quels mots pourront décrire la douleur intense et

profonde de Jésus, lorsqu’il voit Judas se précipiter vers sa perte éternelle, cette âme qui

49

avait passé tant de jours à l'école de son amour, recueilli sa doctrine, et si souvent

entendu tomber de ses lèvres le pardon des plus grands péchés…

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant un clou du crucifiement, conservé dans la cathédrale de Bamberg en

Allemagne

50

HERODE

Contemplons

Ecoutons

À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait

le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui

posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les grands prêtres et les

scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence. Hérode, ainsi que ses soldats, le

traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et

le renvoya à Pilate. (Luc 23, 08-11)

Méditons

Pilate, qui est dominé par le respect humain et la crainte de prendre ses responsabilités,

ordonne qu’on conduise Jésus chez Hérode. Celui-ci est un homme pervers qui ne cherche

qu'à satisfaire ses passions désordonnées. Il se réjouit de voir Jésus comparaître à son

tribunal, espérant se divertir de ses paroles et de ses miracles. Imaginons la répulsion que

devait éprouver Jésus face à cet homme vicieux dont les questions, les gestes et les

mouvements le couvrent de confusion.

Cela a dû flatter l’orgueil d’Hérode d’être investi par Pilate, du pouvoir de prononcer un

jugement dans une affaire aussi explosive et cela en présence des plus hauts dignitaires de

la nation, eux-mêmes humiliés de devoir s’en remettre à lui en qui ils voient un pécheur

notoire qui pactise avec l’ennemi romain. Dans son orgueil démesuré, Hérode se sentait en

51

position de supériorité oubliant que Pilate ne cherchait qu’à se servir de lui pour régler

une affaire gênante où chacun risque sa position

Les alliances les plus improbables sont possibles en politique du moment que les intérêts

convergent. D’ailleurs, Luc souligne qu’à l’occasion de la condamnation de Jésus, « Pilate

et Hérode devinrent amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant. » Hérode était un roi de

pacotille mis en place par les romains, qui vivait une relation adultère avec Hérodiade.

Pour ces raisons, il était unanimement détesté par les juifs qui évitaient tout contact avec

lui. Les pharisiens qui ne voulaient pas entrer chez Pilate pour éviter de se souiller en

cette veille de pâque, ne craignent pourtant pas d’entrer chez un pécheur notoire. A

considérer les pharisiens surmonter leur aversion pour Hérode en entrant chez lui, nous

mesurons leur haine pour Jésus et tout ce qu’ils sont capables et prêts à accomplir pour se

débarrasser de lui.

Jésus se retrouve donc face à celui qu’il a, en son temps, qualifié de renard (Luc 13), qui a

condamné et fait décapiter Jean-Baptiste et contre lequel certains pharisiens l’avaient

déjà prévenus : « pars, va-t’en d’ici, Hérode veut te tuer. » (Luc 13) Hérode devait avoir

une impression de déjà-vu car la situation rappelle les circonstances qui l’ont amené à

faire mourir Jean-Baptiste. Hérode ne voulait pas condamner Jean-Baptiste parce qu’au

fond, il avait une certaine crainte de Dieu mais il avait été joué par Hérodiade qui a

exploité son attirance incontrôlée pour Salomé. Aujourd’hui, il ne veut pas prendre sur lui

la responsabilité de la mort de Jésus dont il connait parfaitement les signes accomplis et

parmi eux le plus retentissant, la résurrection de Lazare. Par ailleurs, en condamnant

Jésus, il aurait arrangé les affaires des pharisiens qui n’avaient pour lui que répulsion. Le

moment était venu de régler les comptes et de leur faire payer leur mépris.

Hérode ne condamne pas Jésus à mort. Cela ne le dégage pourtant pas de toute

responsabilité dans la mort de Jésus car s’il ne le condamne pas, ce n’est pas par

conviction ou par sens de la justice mais par froid calcul politique. Il est étonnant de voir

que Dieu et l’homme attachent à la vie humaine un prix à leur échelle : pour Dieu qui est

tout, la vie est hors de prix, pour l’homme qui n’est rien, elle vaut ce que valent ses

intérêts. La preuve.

Prions

Voir page 7

52

Les reliques de la Passion du Christ

Relique du précieux de Sang de Jésus conservé dans la crypte de l’église Santa Maria della

Scala à Sienne. La fiole reliquaire date du VIIIème siècle.

53

LA FLAGELLATION

Contemplons

Ecoutons

Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il

le livra pour qu’il soit crucifié. (Matthieu 15, 15)

Méditons

On ne sait ce que Pilate est davantage : troublé ou effrayé. Il ne sait que faire de Jésus, et

pour essayer d'apaiser la soif du peuple qui demande sa mort, il ordonne de le flageller.

Contemplons comment Jésus se laisse conduire avec la douceur d'un agneau au terrible

supplice de la flagellation…

La flagellation était quasi systématique avant toute crucifixion. Pour cela, on utilisait un

flagrum, sorte de fouet à manche court comportant plusieurs lanières épaisses et larges,

munies à leur extrémité de balles de plomb ou d’os de mouton. Les lanières coupaient la

peau cependant que les balles ou les osselets imprimaient de profondes plaies contuses. Il

en résultait une hémorragie non négligeable et un affaiblissement du condamné qui avait

pour conséquence d’abréger son agonie sur la croix.

Le nombre de coups de fouet était strictement limité à 40 par la loi hébraïque, mais les

pharisiens, pour être certains de ne pas enfreindre la loi, n’en faisaient donner que 39. Par

contre, pour les romains, il n’existait pas de limite, hormis le fait que le condamné devait

encore être capable de porter sa croix jusqu’au lieu du supplice. Sainte Brigitte, ainsi que

la bienheureuse Anna Katarina Emmerich rapporte dans ses révélations, que les juifs

54

soudoyèrent les flagellateurs romains et leurs firent porter du vin afin que, dans leur

ivresse, ils exécutent la sentence avec une particulière sévérité. Saint Jérôme, ainsi que

saint Pierre Damien assurent que les bourreaux frappèrent Jésus jusqu'à ce que les forces

leurs manquèrent. Isaïe avait tout prédit par une phrase : « mais il était blessé pour nos

péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et

c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (Is 53, 5).

C’est ainsi que, sur le corps de Jésus, déjà couvert de meurtrissures et brisé de fatigue, les

bourreaux déchargent avec la plus cruelle frénésie leurs verges et leurs fouets. Tous ses os

sont ébranlés dans la plus terrible douleur. D'innombrables blessures le déchirent. Des

lambeaux de sa chair volent, emportés par les verges. Le sang jaillit de tous ses membres

et il est bientôt réduit à un état si pitoyable qu’il n'a même plus l'apparence d'un homme.

A sainte Brigitte, Jésus révéla que dans sa passion, il reçut 5480 coups. Il lui fut encore

révélé qu'un de ses bourreaux ordonna d'abord à Jésus de se dépouiller lui-même de ses

vêtements et qu’on le flagella si cruellement que son corps fut tout déchiré. La révélation

à sainte Brigitte ne dit pas simplement qu'on frappait, mais qu'on sillonnait ses chairs

sacrées. Les coups portèrent jusque sur la poitrine, au point que les côtes furent mises à

découvert.

Laissons-nous saisir par le silence assourdissant que Jésus oppose à tout ce déferlement de

violence… Par cette douloureuse flagellation à laquelle Jésus se soumet entièrement, il

répare, et à quel prix, toutes nos concupiscences… Saint Alphonse de Liguori écrit : « Il

voulut, dans sa passion, être cloué à la croix, pour expier l'abus que nous avons fait de

notre liberté. Il voulut expier notre avarice par sa nudité, notre orgueil par ses

humiliations, notre envie de dominer par sa soumission aux bourreaux, nos mauvaises

pensées par sa couronne d'épines, notre intempérance par le fiel qu'il goûta, et nos plaisirs

sensuels par les souffrances de son corps. »

Et Benoit XVI ajoute : « Ne regarde plus tes blessures, regarde les siennes. Ne regarde pas

ce qui te sépare encore de lui et des autres ; regarde l'infinie distance qu'il a abolie en

prenant ta chair, en montant sur la croix que lui ont préparée les hommes et en se laissant

mettre à mort pour te montrer son amour. Dans ses blessures, il te prend ; dans ses

blessures, il te cache, ne te refuse pas à son amour ! »

Prions

Voir page 7

56

JESUS COURONNE D’EPINES

Contemplons

Ecoutons

Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils

rassemblent toute la garde, ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une

couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en

disant : « Salut, roi des Juifs ! » Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui,

et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. (Matthieu 15, 16-19)

Méditons

Si la flagellation est une lourde épreuve pour celui qui y est condamné, elle requiert aussi

beaucoup de force et d’endurance de la part de ceux qui l’infligent. Les soldats, enivrés et

corrompus par les sbires des grands prêtres, n’arrêtent le supplice que lorsqu’ils sont eux-

mêmes à bout de force. Comment Jésus a-t-il pu survivre à une telle torture ?

Les soldats se livrent alors à un autre jeu pour se distraire, et fabriquent une couronne

d’épines qu’ils enfoncent sur la tête de Jésus. Pour le ridiculiser et l’humilier, ils

s’inclinent devant Jésus, singent des courbettes, l'insultent, le frappent à la tête et chacun

d’eux ajoute une nouvelle douleur à celles qui déjà épuisent son corps.

57

Sainte Brigitte décrit la couronne d’épines bien différemment de ce à quoi nous sommes

habitués en regardant un crucifix. En effet, elle ressemble davantage à un énorme casque

qu’à un diadème car elle englobe toute la tête de Jésus. Les épines, longues et acérées (la

tradition nous rapporte qu’il s’agit de bois de jujubier), se plantent douloureusement dans

la chair de Jésus. Le frère Joseph François raconte qu'un jour il vit en vision le

couronnement d'épines de Jésus : par trois fois, on avait enlevé et replanté la couronne et,

chaque fois, des épines pénétraient dans sa tête, laissant 34 blessures profondes. La Mère

de Dieu révéla à sainte Brigitte que les épines furent si violemment enfoncées que le sang

ruissela sur toute la face, de telle sorte qu'elle en parut toute couverte.

« Ecce homo. » Contemplons Jésus réduit à l'état le plus humiliant, couronné d’épines,

revêtu d'un manteau d'écarlate, salué comme un roi dérisoire et tenu pour un fou. Lui, Fils

de Dieu et Dieu lui-même, celui à qui tout est soumis, s’est abaissé jusqu’à passer aux

yeux des hommes comme le dernier et le plus méprisable de tous. Il a permis que sa tête

soit couronnée d'épines et qu'elle souffre pour réparer nos refus d'accepter ce qui nous

abaisse aux yeux du monde. Il a consenti à couvrir ses épaules d'un manteau de dérision et

à être traité de fou afin que nous acceptions de le suivre même au prix de tous les

renoncements, de tous les abaissements. A sœur Josefa Menedez, Jésus dit : « Non, aucun

chemin, aucun état n'est vil et humiliant, dès qu'il s'agit de suivre la volonté de Dieu. Vous

qui vous sentez intérieurement attirées à cet état, ne résistez pas, ne cherchez pas par de

vaines et orgueilleuses raisons, à faire la volonté divine tout en suivant la vôtre. Ne croyez

pas trouver la paix et le bonheur dans une condition plus ou moins brillante aux yeux des

créatures. Vous ne les rencontrerez que dans la soumission à la volonté de Dieu et dans

l'entier accomplissement de tout ce qu'elle vous demande... »

En Jésus, couvert de blessures et couronné d’épines, nous contemplons l’état de notre

âme couverte des plaies de nos péchés. Nous ne pouvons alors que repenser aux paroles de

Jésus : « que sert à l’homme de conquérir le monde si pour cela il doit y perdre son

âme ? »

Prions

Voir page 7

58

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant la couronne d’épines du Christ, conservé à Notre-Dame de Paris et

proposé à la vénération des fidèles chaque premier vendredi du mois et chaque vendredi

de carême.

59

BARABBAS

Contemplons

Ecoutons

À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient. Or, il y avait en

prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient

commis lors de l’émeute. La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il

leur accordait d’habitude. Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi

des Juifs ? » Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres

l’avaient livré. Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas. Et

comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le

roi des Juifs ? », de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! » (Matthieu 15, 06-13)

Méditons

C'est couronné d'épines et revêtu d'un manteau de pourpre, que les soldats ramènent Jésus

à Pilate en l'accablant, à chaque pas, de cris, de crachats, de coups, d'insultes et de

moqueries. Pilate, qui ne trouve en lui aucun crime qui justifierait le châtiment demandé

par les juifs, le questionne de nouveau et lui demande pourquoi, sachant qu'il « avait tout

pouvoir sur lui » il ne se justifie pas. Alors, sortant de son silence, Jésus lui dit : « Tu

n'aurais aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en-haut, mais il faut que les Ecritures

s'accomplissent ! »

60

Pilate, troublé par l'avertissement de sa femme, tiraillé entre les remords de sa conscience

et la crainte de voir le peuple déchainé se soulever contre lui s'il se refuse à faire mourir

Jésus, le présente à la foule dans l'état pitoyable où on l'a réduit. Cherchant à ruser, il

propose de rendre la liberté à Jésus en condamnant à sa place, Barabbas qui est un insigne

brigand. Mais la multitude s'écrit avec rage et d'une seule voix : « Qu'il meure !... Nous

voulons qu'il meure et que Barabbas soit délivré. »

Qui dira la souffrance de Jésus, dont le Cœur est souverainement tendre et délicat, lors-

qu'Il se voit préférer Barabbas et à ce point méprisé, compté pour moins que le plus

infâme des brigands, lui qui a tant de fois, béni, guéri, consolé ceux qui aujourd’hui

réclament sa mort. Les cris de la foule déchainée ont dû le transpercer jusqu’au plus

profond de son âme.

L’amour de Jésus pour nous, ne fait pas que le conduire à la mort mais aussi au mépris, à

l'ignominie, à la haine de ceux-là mêmes pour qui son Sang est répandu avec tant de

profusion. On l'a traité de perturbateur, d'insensé, de fou et il a tout accepté avec la plus

grande douceur et la plus profonde humilité. Parlant de sa Passion, Jésus dit à sœur Josefa

Menendez : « Comprenez-le, âmes que j'aime : vivre connues ou inconnues des hommes,

utiliser ou non les talents que vous avez reçus, être peu ou beaucoup estimées, jouir ou

non de la santé, rien de tout cela n'est en soi votre bonheur !... Savez-vous l'unique chose

qui vous l'assurera ?... Faire la volonté de Dieu, l'embrasser avec amour, vous unir et vous

conformer à tout ce qu'elle exige pour sa gloire et pour votre sainteté. »

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Clou de la crucifixion du Christ conservé en l’église Santa Maria della scala à Sienne

61

COMDAMNE A MORT

Contemplons

Ecoutons

C’était le jour de la préparation de la pâque, vers la sixième heure, environ midi. Pilate

dit aux Juifs : « Voici votre roi. » Alors ils crièrent : « A mort ! A mort ! Crucifie-le ! »

Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » Les grands prêtres répondirent : « Nous

n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié.

(Jean 19, 14-16)

Méditons

Le dernier fil auquel était suspendue la vie de Jésus, est rompu : Pilate, qui aurait pu

sauver Jésus, le condamne à être crucifié.

Si, par avance, Jésus avait accepté tous les termes de sa Passion, cela ne dégage pourtant

personne de sa responsabilité dans sa condamnation à mort. Si Dieu, dont la puissance et

la miséricorde sont infinies, se plait à tirer un plus grand bien de tout mal, a permis, et

62

même, ordonné la Passion de Jésus, c’est pour sa gloire, notre salut et pour nous montrer

jusqu’où va son amour pour nous : jusqu’à se sacrifier lui-même. Pour cela, il n’a pas

préprogrammé les protagonistes. Au contraire, Jésus s’est livré aux mains de personnes en

pleine possession de toutes leurs capacités et donc pleinement responsables de ce qu’ils

font.

Judas est responsable de la mort de Jésus car il l’a livré pour 30 pièces d’argent sachant

que le Sanhédrin le condamnera injustement à mourir. Cette trahison n’est pas un coup de

folie mais un plan soigneusement prémédité, calculé, organisé. Judas a livré Jésus parce

que tel était son plan. Et Judas savait que Jésus savait qu’il le livrerait, et pourtant cela

ne l’a pas amené à reculer.

Le Sanhédrin, les grands prêtres, envieux, jaloux et, pour ces raisons, assoiffés de haine,

ont voulu la mort de Jésus. Ils l’ont préméditée, organisée et n’ont pas hésité à recourir à

tous les expédients : la corruption, l’intimidation, la pression morale, le parjure... Ils ont

bafoué toutes les lois, y compris religieuses dont ils étaient les garants, pour obtenir cette

condamnation.

Hérode n’a pas condamné Jésus à mort et ce n’était pas non plus, ni son but ni même son

désir. Cela dit, il ne l’a pas sauvé non plus alors qu’il aurait pu le faire. Mais pour cela, il

aurait dû marcher sur son orgueil et accepter le risque que Jésus puisse lui ravir le trône

puisqu’on le dit le roi des juifs. Il est donc pleinement coupable.

La foule est coupable qui demande à cor et à cris la mort de Jésus. Ils ont été témoins des

signes accomplis par Jésus et ceux qui ne les ont pas vus, en ont entendu parler. Si les

grands prêtres tiennent tant à la mort de Jésus, c’est bien parce que Jésus et tout ce qu’il

a accompli, sont connus de tout Jérusalem et que ce sont autant de motifs pour que le

peuple se détourne d’eux pour suivre Jésus.

Pilate a condamné Jésus par lâcheté. Ses hésitations et ses tentatives pour relâcher Jésus,

montrent bien qu’il est convaincu de son innocence et qu’il est une personne soucieuse de

rendre la justice équitablement. Cependant, il ne suit pas les assauts de sa conscience,

pourtant aidée par l’intervention de sa femme. Il essaie de se dégager de sa responsabilité

dans cette affaire prétextant que c’est la pression politique qui le fait céder et que la

responsabilité de l’injustice incombe aux juifs dont Jésus fait partie. Il se lave les mains

dans de l’eau pour le signifier mais c’est dans le sang de Jésus qu’en réalité il les lave.

Pilate est coupable de la mort de Jésus qu’il condamne à mourir tant par lâcheté que par

froid calcul politique.

63

Toutes ces personnes sont responsables et coupables de la mort de Jésus à des degrés

divers. Mais il y en a encore d’autres : une foule innombrable. Vous, moi, chaque âme

rachetée par Jésus. Ce sont nos péchés qu’il a portés, ce sont nos fautes dont il s’est

chargé… tous ceux qui ont péché d’une façon ou d’une autre peuvent s’identifier à l’un de

ces protagonistes, ou même à tous, et ont une part dans la mort de Jésus. La seule âme

dont le salut vient de la mort de Jésus mais qui n’a eu aucune part dans ses souffrances,

c’est Marie.

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Le Calice de la dernière Cène, conservé dans la cathédrale de Valence.

Une antique tradition corroborant le fondement archéologique du Calice indique que celui-

ci passa de Jérusalem à Rome par l’intermédiaire de saint Pierre. C’est avec ce Calice que

les premiers papes célébrèrent les mystères. Il aurait été apporté en Espagne, dans la

région de Huesca, vers l’an 258, par saint Laurent, après le martyre du pape Sixte et avant

son propre martyre, dans le souci de le préserver de la spoliation liée à la persécution

contre l’Eglise décrétée par Valérien.

Il y avait une fresque du XIIIe siècle dans la basilique Saint-Laurent-hors-les-murs de Rome

qui représentait la remise du saint Calice par saint Laurent à un légionnaire espagnol, mais

elle a été détruite le 19 juillet 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale, lors d’un

bombardement allié, et il ne subsiste qu’une photo médiocre.

64

LA CROIX

Contemplons

Ecoutons

Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs,

et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. (Luc 23, 26)

Méditons

Jésus n’a pas dormi depuis plus de 24 heures, il a été flagellé au-delà de ce qui est

autorisé, il a été roué de coups, trainé d’un endroit à l’autre… Il a perdu énormément de

sang, il est fiévreux et assoiffé… passons sur son état psychologique…

65

Il est à bout de forces et pourtant il doit, à présent, gravir le chemin qui mène au Calvaire

en portant la croix sur laquelle il sera immolé. Toujours silencieux et recueilli, Jésus reçoit

la croix, l’accepte, non comme un supplice de plus qu’il accepte de subir mais comme le

remède à tous nos maux. Le vendre-saint, l’Eglise chante sur une mélodie triomphante :

« Votre croix, Seigneur, nous l’adorons ; votre sainte résurrection, nous la louons et la

glorifions. Voici en effet que par le bois de la croix, la joie est entrée dans le monde

entier. » (liturgie du vendredi-saint)

Le poids de la croix est écrasant. Les historiens, qui se fondent sur les reliques de la vraie

Croix en bois de pin, estiment son poids à environ 75 kg. Aussi, en raison de son

affaiblissement physique, bon nombre d’entre eux défendent la thèse que Jésus n’a porté

que la partie transversale de la Croix. Cependant, selon le professeur André Marion de

l’Institut d’Optique d’Orsay qui a réalisé des études d'après le suaire de Turin et la tunique

d’Argenteuil, les bandes reconstituées sur le dos des porteurs de ces linges, évoquent le

portement de la croix entière. Les mystiques, comme Anna Katarina Emmerich, Marthe

Robin ou Thérèse Neumann sont unanimes pour dire que Jésus a porté une croix entière et

pleinement formée.

Comment Jésus a-t-il pu porter un tel poids ? C’est un fardeau écrasant pour un homme en

bonne santé mais lui, si affaibli et si diminué ?! Jésus n’est qu’une seule plaie et pourtant

rien ne saurait le détourner de porter cette croix. Jésus veut nous montrer ainsi que rien

ne doit nous détourner du salut et que rien n’est plus important, en cette vie, que de

travailler à parvenir au salut. Même écrasé par nos péchés et affaibli par nos faiblesses,

nos passions, il nous faut avancer vers le salut en acceptant de porter la croix de notre

devoir d’état, le moyen que Dieu nous donne pour réaliser notre salut. Quelle que soit la

dureté du chemin, Jésus nous enseigne à ne rien épargner pour réaliser la volonté de Dieu

et à ne jamais ni nous en laisser détourner ni à y renoncer car le salut est à ce prix.

En portant une charge aussi surhumaine dans un tel état de déchéance, Jésus nous donne

aussi à comprendre que personne, en-dehors de lui, n’est en mesure de réaliser notre salut

car lui seul est capable de porter un tel poids et que le salut est le plus beau cadeau que

le Créateur puisse faire à sa créature.

Prions

Voir page 7

66

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant un fragment de la Croix du Christ conservé à Notre-Dame de Paris

67

CHUTES ET RELEVEMENTS DE JESUS

Contemplons

Ecoutons

Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu-dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se

dit en hébreu Golgotha. (Jean 19, 17)

Méditons

Tout semble se liguer contre Jésus pour ajouter souffrances et difficultés à ce chemin de

croix qui a tous les aspects d’un chemin de torture : l’affaiblissement physique, le poids de

la croix, la chaleur du jour, l’importance de cette foule hostile qui l’invective et le

houspille, la distance à parcourir, la montée à gravir… Aussi, Jésus, accablé, s’effondre à

plusieurs reprises…

Les chutes de Jésus ne sont rapportées en aucun Evangile mais la piété populaire les a

toujours tenues pour évidentes ; depuis toujours, elles font partie du Chemin de Croix. Et

les Evangiles ne contredisent en rien la piété populaire. Au contraire. Pour Anna Katarina

Emmerich, qui a vécu la Passion à plusieurs reprises, les chutes de Jésus ne sont d’ailleurs

pas au nombre de 3 mais de 7. Si la Tradition n’en a retenu que 3, c’est à cause de la

symbolique du chiffre qui représente à la fois le divin, la plénitude, la totalité : les trois

chutes de Jésus englobent toutes nos innombrables chutes humaines.

68

On a coutume d’appeler les stations du Chemin de Croix concernées « Jésus tombe pour la

première, la seconde, la troisième fois » et à focaliser notre attention sur le Sauveur qui

s’effondre, plaqué au sol par le poids de la Croix. Or, Jésus nous édifie bien plus par ses

trois relèvements et sa détermination à aller jusqu’au bout que par ses chutes. Il nous

enseigne ainsi à ne jamais nous laisser décourager dans les difficultés de la vie et à

toujours aller de l’avant vers le salut. Personne n’a été dans un état physique plus

lamentable que lui, personne n’a porté une croix plus lourde que lui, personne n’a porté sa

croix dans un climat de plus grande hostilité que lui. Aussi, si Jésus se relève malgré tout,

c’est pour que nous nous relevions nous aussi de nos chutes sans jamais nous laisser aller

au découragement, à la désespérance.

Tout péché est une chute et par son premier relèvement, Jésus nous enseigne à ne pas

nous complaire dans notre état de péché mais à toujours nous ressaisir « car sept fois le

juste tombe, et il se relève, mais les méchants sont précipités dans le malheur »

(Proverbes 24, 16). Le plus important n’est pas de ne jamais tomber (nous sommes de

pauvres pécheurs) mais de toujours nous relever du péché par un ferme propos de ne pas

le répéter.

Par son second relèvement, Jésus nous invite à ne jamais douter de sa miséricorde. Il a

pris sur lui tous nos péchés y compris les plus horribles. Ce qui est impossible au pardon

humain demeure toujours possible au pardon divin. « Si vos péchés sont comme le

cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges comme la pourpre, ils

deviendront comme la laine » (Isaïe 1, 18).La miséricorde de Jésus se mesure à tout ce

qu’il a souffert pour nous ; elle est sans limite pour celui qui veut se relever en s’appuyant

sur lui et en recourant au sacrement de la réconciliation, lui-même prolongé par la vertu

de pénitence.

Par son troisième relèvement, Jésus appelle tous ceux qui sont affligés à venir à lui, afin

qu’ils reçoivent de lui, le Dieu fort, la force de poursuivre leur chemin de salut. «Venez à

moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug

sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous

trouverez du repos pour vos âmes » (Matthieu 11, 28-29).

A sœur Josefa Menendez, Jésus dit : « Ma première chute obtiendra aux pécheurs

enracinés dans l'habitude du mal, la force de se convertir. La seconde encouragea les âmes

faibles, aveuglées par la tristesse et l'inquiétude, à se relever et à reprendre avec une

nouvelle ardeur le chemin de la vertu... La troisième aidera les âmes à se repentir à

l'heure suprême de la mort. »

69

A saint Bernard de Chiaravalle (12ème siècle), Jésus révéla : « J'eus, en portant la Croix,

une plaie profonde de trois doigts et trois os découverts sur l'épaule. Cette plaie qui n'est

pas connue des hommes m'a occasionné plus de peine et de douleur que toutes les autres.

Mais révèle-la aux fidèles chrétiens et sache que quelque grâce qui me sera demandée en

vertu de cette plaie, leur sera accordée. Et à tous ceux qui, par amour pour elle,

m'honoreront chaque jour par trois Pater, Ave et Gloria, je pardonnerai les péchés véniels

et je ne me souviendrai plus des mortels ; ils ne mourront pas de mort imprévue, à l'heure

de leur mort, ils seront visités par la bienheureuse Vierge et ils obtiendront encore la

grâce et la miséricorde.» (Cette prière et cette dévotion ont été recommandées par le

Pape Eugène III).

Prière : Très aimé Seigneur, très doux agneau de Dieu, j'adore et je vénère la sainte plaie

que vous avez reçue à l'épaule en portant au Calvaire la très lourde croix qui laissa

découverts trois os saints, occasionnant une immense douleur.

Je vous supplie, en vertu des mérites de ladite plaie, d'avoir pitié de moi en me

pardonnant tous mes péchés mortels ou véniels, en m'assistant à l'heure de ma mort et en

me conduisant dans votre heureux Royaume. Amen ! (3 Pater, Ave, Gloria)

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant un clou de la crucifixion du Christ conservé à Sainte Croix de

Jérusalem

70

LA RENCONTRE DE MARIE

Contemplons

Ecoutons

Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur. (Jean

12, 26)

Méditons

Marie est là à tous les moments décisifs de la vie de Jésus, mais toujours en humble

servante. Elle ne sort de l’ombre que lorsque par son exemple, elle peut nous entrainer à

« faire tout ce que Jésus dira. » Aussi, ne la voit-on pas le dimanche des rameaux, lorsque

Jésus entre dans Jérusalem sous les acclamations. Les Evangiles ne mentionnent pas non

plus sa rencontre avec Jésus sur le chemin du Calvaire mais sa présence peu de temps

après au pied de la Croix donne à croire qu’elle a bien eu lieu. Marie reste dans l’ombre

quand tout va bien pour laisser toute la place à Jésus mais apparait dès qu’il s’agit de

répondre à la volonté de Dieu, de servir la cause de l’Evangile ou de venir au secours d’une

71

détresse humaine : comment pouvait-elle ne pas être là, alors que son enfant, son Dieu la

réclame près de lui.

Cette rencontre de Jésus et de Marie est si poignante, qu’une sainte pudeur nous

interdirait presque d’en parler tellement il est difficile de traduire en mots toute la

délicatesse avec laquelle ces deux âmes martyres se sont abordées en ces quelques brefs

instants. Marthe Robin, Anna Katarina Emmerich, Maria d’Agreda, Maria Valtorta et bien

d’autres mystiques, s’accordent à dire que Jésus et Marie ne se sont pas parlés lors de leur

rencontre. Tous rapportent que Jésus était dans un tel état de déchéance que Marie, qui

aurait voulu le prendre dans ses bras, n’a pu le faire de peur de rajouter encore à ses

souffrances, car elle ne trouvait sur le corps de son Fils aucun endroit qui était sans

meurtrissures. Prenant sur elle, Marie ne peut que dire : « Fils ». Jésus, prenant sur lui, ne

peut que dire : « Mère ». Tout ce qu’ils voulaient se dire, l’a été dans le regard bref mais

intense qu’ils se sont échangés à ce moment-là. Et tous soulignent les efforts que chacun a

consentis pour se prendre en mains afin de ne pas rajouter à la douleur de l’autre.

Jésus a parlé à certaines âmes privilégiées de sa douleur de devoir infliger une telle

souffrance à sa mère, la personne qui méritait le moins de souffrir. Il lui aurait été facile

de lui éviter toute cette douleur en l’envoyant chez son ami Lazare, par exemple, pendant

quelques jours : le temps que la nouvelle de la mort de Jésus parvienne à Béthanie, il

aurait été ressuscité. Mais l’offrande de Marie, unie à la sienne, était nécessaire : elle

nous était nécessaire. C’est parce que Marie était présente sur le chemin de Croix de Jésus

qu’elle peut se rendre présente sur tous nos chemins de croix. Et, comme nous dit sainte

Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, nous avons plus de chance qu’elle car elle,

elle n’avait pas de Sainte Vierge pour la consoler.

Personne n’a plus aidé Jésus dans sa Passion que Marie et pourtant elle n’a pas porté la

croix comme Simon, n’a pas essuyé le visage de Jésus comme Véronique. Elle n’a posé

aucun geste concret que les Evangiles et la Tradition auraient pu relever et nous

rapporter. Pourtant, c’est elle qui en a fait le plus pour Jésus et pour nous. Marie a aidé

Jésus de trois façons : en ne cédant toute sa vie à aucun péché, en acceptant le sacrifice

rédempteur de son Fils depuis le premier instant de son Incarnation et plus encore en

s’unissant à son offrande de lui-même à son Père pour nous.

Prions

Voir page 7

72

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant un clou du crucifiement du Christ, conservé à Notre-Dame de Paris

73

SIMON DE CYRENE

Contemplons

Ecoutons

Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs,

et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. (Luc 23, 26)

Méditons

A vue humaine, Jésus avait absolument besoin qu’on l’aide en raison de sa déchéance

physique, du poids de la croix, du temps qui presse et de la crainte des soldats que Jésus

meure avant d’avoir été crucifié. Les soldats qui ordonnèrent qu’on fasse aider Jésus,

ignoraient que Jésus irait jusqu’au Calvaire, parce que c’était écrit.

Comme pour tout ce que fait Jésus, la réquisition de Simon de Cyrène a une portée bien

plus large que ce que la scène nous suggère. En effet, c’est Jésus qui nous sauve et il est le

seul à pouvoir opérer notre salut. Mais notre salut, qu’il nous propose mais ne nous impose

pas, il ne le réalisera pas sans nous : « Dieu qui t’as créé sans toi, ne te sauvera pas sans

toi » nous dit saint Augustin. Pour que nous soyons sauvés par le sacrifice de Jésus, il nous

faut accepter de porter notre part de la croix en union avec lui. Cette petite participation

à la Passion de Jésus est aussi impérieuse que l’a été la réquisition de Simon par les

soldats.

74

Cet ajout à sa Passion, que Jésus réclame de notre part, n’est, en soi, pas indispensable

parce que lui-même n’aurait pas entièrement satisfait pour nous tous et pour tout. Cet

ajout est indispensable parce que dans sa miséricorde et son amour infinis, Jésus nous

donne de pouvoir contribuer en toute liberté à notre salut ainsi qu’à celui de toutes les

âmes. Quelle grâce ! Quelle responsabilité ! Etre investi d’une telle confiance alors qu’on

en est si peu digne !

Simon revenait de champs ce qui signifie qu’il ne se sentait pas du tout concerné par ce

qui arrivait à Jésus. Pourtant, parmi toute cette foule, c’est lui que les soldats

réquisitionnent, c’est lui que Jésus choisit pour illustrer ce qu’il attend de chacun de nous.

Simon de Cyrène, ainsi que ses enfants, Alexandre et Rufus, sont vénérés comme des

saints. Cela signifie que le peu de temps pendant lequel Simon a aidé Jésus, a été suffisant

pour le convertir et le sanctifier. Anna Katarina Emmerich décrit la rencontre de Jésus et

de Simon. D’abord, il veut se défiler et refuse de porter la croix. Les soldats le menacent

de représailles. Aussi, se soumet-il dans la crainte et se fait-il une raison en songeant à

l’argent qu’il peut en tirer. Mais croisant le regard du Sauveur, son attitude change et on

le voit au fur et à mesure du parcours, déployer de plus en plus d’efforts pour soulager

Jésus et même rivaliser d’attentions pour lui épargner, autant que faire se peut, toute

nouvelle souffrance. Anna Katarina Emmerich le décrit, au départ, assez maladroit et

laissant Jésus porter la plus grosse part de la croix, si bien qu’il est responsable de deux

des chutes de Jésus. Mais au fur et à mesure du parcours, il essaie de porter la plus grosse

part afin de soulager Jésus autant que faire se peut. Arrivé au Calvaire, lorsque les soldats

voudront le renvoyer aussi brutalement qu’ils l’ont réquisitionné, il aura beaucoup de

peine à s’éloigner.

En parlant de Simon de Cyrène, Jésus dit à Sœur Josefa Menendez : « Et tenez pour certain

que si votre abnégation et vos souffrances tardent longtemps à donner leur fruit, ou

semblent même n'en donner aucun, elles n'ont été cependant ni vaines, ni inutiles. Un jour

la récolte sera abondante… L'âme qui aime véritablement ne mesure pas ce qu'elle fait et

ne pèse pas ce qu'elle souffre. Elle ne marchande ni la fatigue, ni le travail, elle n'attend

pas de récompense, mais elle poursuit tout ce qu'elle croit être le plus glorieux à son

Dieu… Et parce qu'elle agit loyalement, quel que soit le résultat, elle ne cherche ni à se

disculper, ni à protester de ses intentions. Et parce qu'elle agit par amour, ses efforts et

ses peines aboutiront toujours à la gloire de Dieu. Aussi, elle ne s'agite, ni s'inquiète...

moins encore perd-elle la paix si, dans quelque circonstance, elle se voit contredite ou

même persécutée et humiliée : le seul motif de ses actes était l'amour, et l'Amour son seul

but ! Voilà les âmes qui n'attendent pas de salaire et qui ne cherchent que ma consolation,

75

mon repos et ma gloire. Ce sont elles qui ont pris ma Croix et qui en portent tout le poids

sur leurs épaules. »

Si, c’est à Dieu seul que nous devons notre salut, il nous reste une petite part à ajouter à

ce que Jésus a souffert pour nous. Et, cette petite part, Dieu la rend si indispensable que

personne ne peut aller ni au Ciel ni en enfer sans avoir été lui-même l’artisan de son

destin.

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant des fragments de la Croix du Christ conservé à Rome en l’église

Sainte Croix de Jérusalem

76

VERONIQUE

Contemplons

Ecoutons

Quand t'avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ? Et le roi leur

répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de

ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. (Matthieu 25, 39-40)

Méditons

Jésus s’avance péniblement au milieu d’une foule hurlante, déchainée, assoiffée de haine,

pressée d’en arriver à la scène finale : le crucifiement. Au milieu de ce déferlement de

haine, s’avance une femme au courage digne d’être salué et connu pour l’éternité. Elle

porte un linge avec lequel elle veut éponger le visage de Jésus couvert de sang, de sueur,

de crachats et complètement tuméfié. Un petit geste qui ne saurait apporter un

soulagement à Jésus en proie à une souffrance indicible ; peut-être même que

l’application du linge sur son visage couvert de blessures, rajoute encore une souffrance

77

supplémentaire. Peu importe, Jésus reçoit l’acte de pitié de Véronique avec une telle

reconnaissance qu’il imprime, selon la tradition, son image sur le suaire.

Contrairement à Simon, qui est réquisitionné, Véronique s’avance spontanément vers

Jésus. Si Jésus attend de nous que nous portions, comme Simon, avec lui la croix de notre

salut, il nous demande aussi, comme Véronique, de nous unir à lui dans sa Passion par des

renoncements spontanés (mais mesurés) qui témoignent de notre amour. A sainte

Gertrude, Jésus dit : « Celui qui prive ses sens des choses qui peuvent le flatter, mais qui

ne sont nécessaires ni à la vie ni à la santé, me paie la flagellation que j’ai subie à la

troisième heure. »

A Fatima, lors de ses visites, l’ange invite les enfants à « consoler Dieu » et donc à imiter

Véronique qui dans un mouvement intérieur de pitié, prend sur elle de soulager Jésus par

un petit geste qui le console de toute la haine qui l’entoure. Véronique est le modèle de

toutes ces âmes victimes, stigmatisées comme saint François d’Assise, sainte Véronique

Giuliani ou, plus près de nous, sainte Gemma Galgani, saint Padre Pio qui se sont unies plus

étroitement à la Passion du Sauveur pour le salut du monde. Véronique est le modèle de

toutes ces âmes qui, au cours des siècles et jusqu’à la fin du monde, acceptent de suivre

Jésus quoi qu’il en coute sur un chemin de renoncements, de mortifications, que ce soit au

fond d’un couvent ou ailleurs afin de consoler Jésus, de le dédommager de nos manques

d’amour et de réparer les outrages qu’il subit de la part des pécheurs.

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Voile de Véronique représentant la Sainte-Face de Jésus, conservé à Manoppello, dans les

Abruzzes à 90 kms de Rome. Le suaire est sorti de l’ombre lorsque le pape Benoit XVI s’y

78

est rendu en pèlerinage le 1er septembre 2006. Des études montrent des similitudes,

notamment au niveau des contusions, entre le visage imprimé sur le suaire de Manopello et

celui du saint suaire de Turin.

Visage de Jésus sur le suaire de Turin – Visage de Jésus sur le suaire de Manoppello –

Superposition des deux suaires

79

LES FEMMES DE JERUSALEM

Contemplons

Ecoutons

Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine

et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez

pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où

l’on dira : « Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont

pas allaité ! » Alors on dira aux montagnes : « Tombez sur nous », et aux collines :

80

« Cachez-nous. » Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? » (Luc 23,

27-31)

Méditons

Jésus semble très sévère avec ces femmes qui se lamentent et se frappent la poitrine.

Elles sont les seules à manifester de la compassion et pourtant, elles se font réprimander.

Jésus n’est que douceur, amour et miséricorde ; même réduit à l’état de loque humaine,

son message reste un message d’amour. Si Jésus semble à priori sévère, c’est pour

souligner le sérieux de son propos.

Si Jésus attend de nous que nous nous laissions émouvoir par tout ce que nous lui avons

couté, il nous demande tout de même avec force de passer de la seule bonne intention à

l’action. La foi sans les œuvres, est une foi morte. Et il ne sert à rien de dire « Seigneur,

Seigneur » si on ne met pas toute son ardeur à accomplir la volonté du Père. « Ceux qui me

disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là

seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7,21)

Jésus accomplit la volonté du Père en tout point. C’est par désobéissance que le premier

Adam a fauté et nous a tous précipités dans cette vallée de larmes ; c’est par obéissance

que Jésus, le nouvel Adam, réalise notre salut. Même réduit à l’état de loque humaine, ce

n’est pas sur lui qu’il faut s’apitoyer mais plutôt sur cette foule hurlante qui le condamne

au mépris de toutes les lois divines et humaines parce qu’elle n’a pas su reconnaitre en

Jésus, l’envoyé du Père, le Messie, le libérateur.

Pleurer sur ses péchés est en soi une excellente chose, si c’est le départ d’une véritable

conversion. Marie-Madeleine a pleuré ses péchés : ses larmes ont marqué le départ d’une

vie toute donnée à l’Evangile. La conversion de Marie-Madeleine est si radicale et si

impressionnante que l‘Eglise l’a même proclamée patronne des pénitents. Et Jésus a

accueilli tous ses efforts de conversion puisque d’elle seule il a dit : « c'est pourquoi, je te

le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés car elle a beaucoup aimé » (Luc 7, 47).

Contrairement à tous les apôtres, Marie-Madeleine, se tiendra au pied de la Croix aux

côtés de Marie, de Jean et se déclarera à la face du monde comme disciple de Jésus. Au

matin de pâques, c’est à elle que Jésus demande d’aller annoncer aux apôtres sa

résurrection, la proclamant apôtres des apôtres. Aussi, par sa monition, Jésus met-il le

doigt sur ce qui importe vraiment : la conversion du Cœur.

Prions

Voir page 7

82

DEPOUILLE DE SES VETEMENTS

Contemplons

Ecoutons

Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. »

Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au

sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. (Jean 19, 24)

Méditons

A sœur Josefa Menendez, Jésus dit : « Nous sommes arrivés au terme du chemin. Regarde

avec quelle avidité ces hommes endurcis m'entourent... Les uns saisissent la Croix et

l'étendent sur le sol..., les autres arrachent mes vêtements... Mes Blessures se rouvrent...

et le sang coule de nouveau... Considérez, âmes que J'aime, quelle ne fut pas ma honte en

me voyant ainsi exposé devant la multitude... Quelle douleur pour mon Corps et quelle

confusion pour mon âme... Partagez l'affliction de ma sainte Mère qui contemple cette

terrible scène... Et voyez avec quel désir elle voudrait s'emparer de la tunique imbibée et

teinte de mon sang... »

On médite très peu ce dépouillement total… Pourtant il est une rude épreuve pour Jésus.

Les soldats sont de vraies brutes. Ce sont des gens d’armes, endurcis par les combats. Par

ailleurs, la Judée étant aux yeux de l’empire une contrée dangereuse, voire explosive, ce

83

sont les plus rudes des soldats qui y sont en garnison avec les ordres les plus strictes quand

il s’agit de mater dans l’œuf des rébellions ou des séditions. Pendant tout le temps, où

Jésus était sous leur garde, ils l’ont maltraité. A présent, arrivés au Calvaire et pressés

d’en finir, ils arrachent, sans ménagement aucun, les vêtements de Jésus, réveillant

toutes les blessures de la flagellation qui se sont soudées à la tunique par l’effet de la

coagulation. Quelle douleur atroce traverse le corps de Jésus. C’est comme s’il revivait la

flagellation…

Jésus se tient donc là, nu comme un ver, devant la foule qui l’accable d’injures, de

sarcasmes, des moqueries les plus infâmes… Il ne possède plus rien. Tout lui a été enlevé,

y compris cette seule tunique confectionnée toute d’une pièce. Les condamnés étaient

crucifiés nus et leurs vêtements partagés par les soldats. Anna Katarina Emmerich et

d’autres mystiques affirment que Marie qui se tenait près de la Croix, ne quittait pas Jésus

des yeux et comprit sa gêne. Elle enleva le voile qu’elle portait sous son manteau et le

tendit à Longin, le centurion romain, pour qu’il le donne à Jésus. Longin voulu d’abord

repousser la requête de Marie mais pris de compassion pour la mère du condamné, il fit

donner le linge à Jésus qui le fixa autour de sa taille. Sans ce geste de Marie, Jésus aurait

été crucifié tout nu. Marie a habillé son Jésus à sa naissance quand il est entré dans cette

vie ; elle l’habille quand il la quitte dans le même dénuement.

Par son dépouillement, Jésus nous enseigne à ne pas nous attacher à toutes ces choses que

nous pensons nécessaires voire indispensables, pour lesquelles nous nous échinons à trimer

parfois au dépens de notre santé physique voire de notre âme, et qui au fond n’ont qu’une

utilité tout à fait relative. La mort viendra nous les enlever avec la même brutalité que ces

soldats. Par ce dépouillement Jésus nous apprend qu’à accumuler les biens, on s’attache à

cette vie et on augmente la douleur au moment où il faudra la quitter. Par ce

dépouillement, Jésus nous recentre sur la seule chose qui soit indispensable en cette vie :

réaliser son salut.

Saint Nicolas de Flue avait pour habitude de prier : « Seigneur, enlève de moi tout ce qui

m’éloigne de toi. Seigneur, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi. Seigneur, prend-

moi à moi, et donne-moi tout entier à toi. »

Prions

Voir page 7

84

Les reliques de la Passion du Christ

Le pagne de Jésus

Dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, on vient vénérer quatre reliques qui y sont

conservées depuis l’époque de Charlemagne. L’histoire rapporte que Charlemagne aurait

reçu ces reliques en cadeau de Jérusalem vers l’an 800 après J-C. Depuis 1349, ces

reliques sont présentées aux croyants d’Europe et du monde entier tous les sept ans et

pour ce faire, elles sont sorties de leur reliquaire pour une durée de dix jours. Ces reliques

sont de vieilles étoffes décrites comme l‘habit que portait Marie la nuit de la naissance de

Jésus, les langes de Jésus avec lesquels Marie protégea l‘enfant, le drap dans lequel on

enveloppa la tête de saint Jean Baptiste après sa décapitation et le pagne qu’aurait porté

Jésus sur la croix.

85

LA TUNIQUE

Contemplons

Ecoutons

Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts,

une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture,

tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas,

désignons par le sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se

sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les

soldats. (Jean 19, 23-24)

Méditons

Les soldats ont divisé le manteau c’est-à-dire le vêtement extérieur de Jésus, mais pas la

tunique, le chiton, qui était le vêtement qu’il portait près du corps. Celle-ci est toute

tissée d’une seule pièce, de haut en-bas et sans aucune couture. La tradition veut que ce

soit Marie qui l’ait tissée. C’est on ne peut plus logique car chaque famille vivait selon le

principe de l’autosuffisance et dans cet esprit-là, on réalisait ses vêtements soi-même à

partir de la matière première dont on disposait, la laine des brebis.

86

L’importance de la tunique de Jésus dépasse le simple cadre vestimentaire. Elle symbolise

le corps mystique du Christ qu’est l’Eglise. Cela renforce l’idée que Marie ait pu la tisser

de ses mains, elle qui est la Mère de l’Eglise. Reprenons-en les caractéristiques.

La tunique est un modeste vêtement qui sert à se couvrir et à protéger celui qui le porte,

en protégeant sa pudeur. Elle n’est pas un habit élégant qui exprime un rôle social. La

tunique rappelle que l’Eglise a une dignité qui lui est propre et qui lui est conférée par

Jésus. Elle invite à l’humilité tous ceux qui se réclament de l’Eglise et à renoncer à tout ce

qui nous distingue fallacieusement aux yeux du monde.

La tunique est le vêtement de Jésus. Elle couvre tout son corps sauf sa tête. La tunique

symbolise le corps mystique du Christ qu’est l’Eglise dont Jésus est la tête. L’Eglise et

Jésus-Christ, c’est une seule et même chose. L’Eglise est l’épouse qui est soumise à son

époux ; Jésus est l’époux qui donne sa vie pour elle.

La tunique est toute d’une pièce. L’Eglise est une et son unité est réalisée par Jésus-

Christ. Elle proclame une seule foi, elle est fondée par Jésus-Christ qui l’a établie sur

Pierre et qui réalise son unité par l’Eucharistie mémorial de sa Passion, sacrement de

l’unité dans le temps et dans l’espace.

La tunique est tissée de haut en-bas. Saint Cyprien explique que le fait que la tunique soit

tissée « de haut en bas » signifie que « l’unité apportée par le Christ vient d’en haut, du

Père céleste, et qu’elle ne peut, par conséquent, être divisée par celui qui la reçoit, mais

doit être accueillie intégralement. »

La tunique est sans couture. L’Eglise est une par la volonté de Jésus et le restera quoi qu’il

advienne. Saint Jean nous rappelle que « Jésus allait mourir pour la nation, et non pas

pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu

dispersés » (Jean 11, 51-52). Lors de la dernière cène, il avait dit lui-même : « Je ne prie

pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi,

afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient

en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jean 17, 20-21).

La tunique n’est pas partagée parce qu’elle est le vêtement du seul, vrai grand prêtre.

Contrairement à Caïphe, le grand prêtre qui déchire son vêtement quand Jésus se

proclame Fils de Dieu et par ce geste, strictement interdit par la loi religieuse, se

condamne à mort et se rend indigne du service divin, le vêtement de Jésus n’est pas

déchiré. C’est Jésus-Christ qui, à présent, est le seul grand prêtre qui peut offrir à Dieu le

seul sacrifice qui lui est agréable.

87

Le fait que la tunique n’est pas partagée est aussi un avertissement à tous les membres du

Corps mystique du Christ qu’est l’Eglise : personne ne doit vouloir la diviser par égoïsme,

avidité, par ambition, ou tout autre motif. Mais, tout le monde doit vouloir préserver et

œuvrer à son unité.

La tunique est le vêtement que Jésus porte sous son manteau et sur son corps. Ceci est

également symbolique. Nous les hommes, pouvons diviser l’Eglise dans ce qu’elle a

d’humain et de visible, mais pas dans son unité profonde.

La tunique est imprégnée du Sang de Jésus. C’est le sang rédempteur de Jésus qui passe

dans les veines de l’Eglise ; c’est son sang qui lui donne et lui conserve la vie. Et c’est de

son Corps et de son Sang que l’Eglise est nourrie lors de chaque Eucharistie.

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

La tunique du Christ conservée en la basilique d’Argenteuil

88

LE CRUCIFIEMENT

Contemplons

Ecoutons

Lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec

les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. (Luc 23, 33)

Méditons

Décrivant son crucifiement à sœur Josefa Menendez, Jésus lui dit : « L'heure est sonnée !

Les bourreaux m'étendent sur la Croix. Ils saisissent mes bras et les étirent afin que mes

mains puissent atteindre les trous déjà creusés dans le bois. A chaque secousse, ma tête

est ballottée de côté et d'autre... et les épines de la couronne y pénètrent plus

profondément... Entendez le premier coup de marteau qui fixe ma main droite ! Il résonne

jusqu'aux profondeurs de la terre... Ecoutez encore : ils clouent ma main gauche... Les

cieux frémissent et les anges se prosternent devant un tel spectacle...

Pour moi, je garde le plus profond silence et pas une plainte ne s'échappe de mes lèvres…

Après avoir cloué mes mains, ils tirent cruellement mes pieds : les plaies s'ouvrent... les

nerfs se rompent... les os se déboîtent... la douleur est intense... mes pieds sont transper-

cés… et mon sang baigne la terre.

Contemplez un instant ces mains et ces pieds déchirés et ensanglantés... ce corps couvert

de blessures... cette tête transpercée par les épines acérées, souillée de poussière,

inondée de sueur et de sang...

Admirez le silence, la patience et la conformité avec lesquels j'accepte cette cruelle souf-

france.

89

Quel est celui qui souffre ainsi, victime de tant d'ignominies ? C'est Jésus-Christ, le Fils de

Dieu ! Celui qui a fait le ciel et la terre, et tout ce qui existe... celui qui fait croître les

plantes et donne la vie à tous les êtres... celui qui a créé l'homme et dont la puissance

infinie soutient l'univers... Il est là, immobile, méprisé et dépouillé de tout !

Et, tandis que les coups de marteau résonnent d'un bout à l'autre de l'espace, le monde

tremble, le ciel se revêt du plus rigoureux silence, tous les esprits angéliques se

prosternent en adoration... Un Dieu est cloué sur la Croix !

Personne n'a pitié de Lui, nul ne compatit à sa souffrance ! Mais sans cesse de nouvelles

moqueries, de nouveaux opprobres, de nouvelles douleurs s'ajoutent aux tourments qu'il

endure. »

La Croix qui s’élève sur le Calvaire n’a rien à voir avec nos crucifix, dont certains sont des

chefs-d’œuvre inestimables. Celle du Calvaire montre un homme réduit à l’état de

déchéance la plus totale. En lui, nous contemplons les blessures que les péchés infligent à

nos âmes. Et c’est en regardant vers Jésus crucifié, qui s’est chargé de toutes nos

iniquités, que nous guérissons de nos péchés. Comme les Israélites ont pu guérir des

morsures empoisonnées des serpents venimeux dans le désert en élevant un serpent

d’airain et en le regardant en face, nous guérissons des blessures mortelles du péché en

nous tournant vers Jésus crucifié pour nous obtenir le salut.

Jésus est désormais fixé à la Croix : pour toute l’éternité, lui et la Croix ne font plus

qu’un. En se laissant cloué sur la Croix, il nous montre qu’il est entièrement soumis à la

volonté de son Père, tout donné à sa mission de rédempteur, qu’il l’accepte quoi qu’il en

coute. En se laissant crucifier, Jésus invite tous ceux qui veulent le suivre à se laisser

clouer sur la croix de leur vocation, quelle qu’elle soit, à l’accomplir dans l’offrande

d’amour à Dieu et au prochain pour leur salut et celui de toutes les âmes.

Que Marie qui, dans son âme s’est laissée clouée à la croix de Jésus dans le même acte

d’offrande, nous en obtienne la grâce.

Prions

Voir page 7

90

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant du sang du Christ mêlé à de la terre du Golgotha, conservé et

vénéré à Weingarten en Allemagne.

91

L’ECRITEAU

Contemplons

Ecoutons

Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le

Nazaréen, roi des Juifs. » Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où

l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu, en latin et

en grec. Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : « N’écris pas : “Roi des Juifs” ;

mais : “Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs”. » Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit,

je l’ai écrit. » (Jean 19, 19-22)

92

Méditons

Que ce soit devant ses accusateurs ou devant ses bourreaux, Jésus reste silencieux sauf

quand Caïphe lui demande au nom du Très-Haut, s’il est bien le Fils de Dieu, ou quand

Pilate lui demande s’il est le Roi des juifs. Dans les deux cas, Jésus confirme ce qu’ils

savent déjà et refusent de reconnaitre car, si tel n’était pas le cas, ils ne chercheraient

pas, pour l’un à le condamner, pour l’autre à le sauver. La Filiation de Jésus ainsi que sa

royauté s’imposent avec une telle évidence qu’il n’a pas ou plus besoin de le confirmer.

Tout dans son attitude, dans son silence malgré toute la souffrance du moment, prouve son

origine divine. Tous les signes qu’il a accomplis pendant les années de sa vie publique (et

dont Caïphe et Pilate sont parfaitement au courant) corroborent sa royauté. Même les

prophéties que Jésus accomplit jusque dans les moindres détails proclament à qui veut

bien comprendre, qu’il est le maître de toute chose.

La royauté du Christ est faite d’amour et de libre adhésion ; elle ne souffre pas la

contrainte. Dieu veut régner par l’amour et non par la conquête ou la domination. Aussi,

ce n’est pas à Jésus de se proclamer roi mais c’est à nous de le reconnaitre pour roi, et

d’un royaume qui n’est pas de ce monde. C’est à nous de nous soumettre à lui en toute

liberté afin qu’il règne sur nos âmes par sa Parole et son Eucharistie et qu’en régnant sur

nos cœurs, il finisse par régner sur la société tout entière. Et Jésus ne lèsera jamais notre

liberté. Comme pour les juifs, Jésus nous concède la pleine liberté, même de dire : « nous

ne voulons pas qu’il règne sur nous. »

Encore une fois, les mots de Pilate vont dépasser sa pensée et, à la face du monde entier

et pour l’éternité, il va proclamer la royauté de Jésus en faisant rédiger un écriteau

portant à la fois le motif de sa condamnation (qui n’en est pas en soi) et sa dignité :

« Jésus, le Nazaréen, Roi des juifs. » Et cet écriteau est rédigé en hébreux, en latin et en

grec, à savoir les langues les plus parlées de l’époque, soulignant ainsi l‘universalité de la

royauté du Christ.

« Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. » (Jean 12,

32) C’est du haut de la Croix que règne le Christ. Jésus est roi et son royaume n’est

vraiment pas de ce monde, car son trône c’est la croix, sa couronne une confection de

ronces, son sceptre un roseau, son vêtement de sacre un pauvre pagne… Jésus a vraiment

tout sauvé sauf les apparences…

Prions

Voir page 7

93

Les reliques de la Passion du Christ

Le Titulus Crucis est une relique exposée depuis 1492 dans la Basilique Sainte-Croix-de-

Jérusalem à Rome. C’est un morceau de l’écriteau placé au-dessus de la tête de Jésus lors

de la Crucifixion.

Le 25 avril 1995 l'historienne Maria-Luisa Rigato a pu photographier l'écriteau et le peser.

Le Titulus Crucis est en noyer, pèse 687 grammes, a une longueur de 25 centimètres, une

largeur de 14 centimètres et une épaisseur de 2,6 centimètres. En 1998 l'historien Michael

Hesemann examina l'écriteau et proposa une datation à partir du type d'écriture utilisé

dans l'inscription : Ier siècle de notre ère. Sept paléographes de trois universités

israéliennes, Maria-Luisa Rigato de l'Université pontificale grégorienne et le papyrologue

protestant Carsten Peter Thiede confirment cette datation à partir de l'écriture sur le

Titulus Crucis (style de graphie, écriture de droite à gauche,..)

Sur l'écriteau, l'on peut distinguer trois lignes d'écriture. La première ligne est composée

de six lettres hébraïques qui ne sont que partiellement conservées. Les deuxième et

troisième lignes avec leur inscription grecque et latine le sont mieux.

94

PERE PARDONNE-LEUR

Contemplons

Ecoutons

Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent

ses vêtements et les tirèrent au sort. (Luc 23, 34)

Méditons

A Pierre qui lui demande jusqu’à combien de fois il doit pardonner à son prochain, Jésus

répond jusqu’à soixante-dix fois sept fois : autrement dit, il doit toujours pardonner.

Comme toujours, Jésus est hautement crédible parce qu’il joint le geste à la parole. Et sa

crédibilité est renforcée, soulignée, exaltée au plus haut point par le fait qu’il est au

comble de la souffrance quand il accorde un pardon inconditionnel, indifférencié à tous ses

bourreaux.

Jésus demande notre pardon à son Père « parce que nous ne savons pas ce que nous

faisons. » Oui, si les responsables de la mort de Jésus savaient vraiment ce qu’ils font, ils

ne l’auraient pas cloué à la croix. Si nous savions vraiment ce qu’est le péché, nous n’en

concèderions aucun et souffririons plutôt mille morts que de céder au plus léger péché

véniel. La bienheureuse Jacinta, l’une des trois voyantes de Fatima, à qui Marie a montré

l’enfer le 13 juillet 1917, répétait souvent : « si les hommes savaient ce qu’est l’éternité,

ils feraient tout pour changer de vie. »

95

Parce que Jésus a pris sur lui tous nos péchés, parce qu’il a fait le chemin inverse du

premier Adam, parce qu’il a emprunté ce chemin d’obéissance au prix d’une extrême

souffrance, il peut demander à son Père pardon et miséricorde pour nous et être exaucé.

C’est par le sacrifice de Jésus que nous devenons les enfants de Dieu qui peuvent sans

cesse revenir à lui en quémandant sa miséricorde et être toujours exaucés. C’est le pardon

obtenu par Jésus, de son Père, auquel nous avons part chaque fois que nous recevons

l’absolution. Si nous savions ce qu’est vraiment le pardon sacramentel, si nous parvenions

à réaliser l’ampleur du don de Dieu dans le pardon qu’il nous accorde, si nous savions ce

que ce pardon sacramentel produit en nos âmes, nous ne mépriserions pas tant le

sacrement de la réconciliation.

A sœur Josefa Menendez, Jésus dit à propos de sa prière sur la croix : « Non ! Ils n'ont pas

connu celui qui est leur vie. Ils ont déchargé sur lui toute la fureur de leurs iniquités. Mais,

je vous en supplie, ô mon Père, déchargez sur eux toute la force de votre miséricorde ! »

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Le Saint Mors

Selon la légende, le « Saint Mors » de Constantin aurait été forgé avec un des clous de la

Passion (celui qui aurait percé la main droite du Christ, ou les deux clous des mains selon

Grégoire de Tours). Il l'aurait reçu de sa mère, sainte Hélène. La tradition chrétienne

rapporte que l'impératrice Hélène aurait fait fouiller l'emplacement du calvaire et ayant

retrouvé les clous de la Passion du Christ, aurait fait forger avec l'un d'eux, un mors pour le

cheval de son fils, l'empereur Constantin, et aurait inséré l'autre dans le diadème impérial.

Une autre tradition veut que l’impératrice fit faire avec le deuxième clou une visière de

96

casque pour protéger le front de l’empereur et avec le troisième un bouclier pour protéger

le cœur.

Cette relique est conservée au trésor de l'église de Sainte-Sophie de Constantinople

jusqu'au pillage de la ville par les troupes de la 4e croisade (1202-1204). Le mors disparaît

ensuite. Il réapparaît pour la première fois en 1226, sur le sceau de l'évêque Isnard de

Carpentras.

Il devient l'emblème de la ville en 1260. Le mors est d'argent sur fond de gueules. À

l’occasion de toutes les Saint Siffrein, le 27 novembre, la relique est présentée aux fidèles.

97

VOICI TA MERE

Contemplons

Ecoutons

Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de

Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait,

dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à

partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jean 19, 25-27)

Méditons

Après avoir levé les yeux au Ciel pour implorer de son Père notre pardon à tous, Jésus

abaisse son regard au pied de la Croix où se trouvent, réunis comme un seul, Marie, sa

Mère, Jean, le disciple qu’il aimait, Marie-Madeleine, celle à qui il a été beaucoup

pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé, et quelques autres femmes… L’héroïsme semble

être une caractéristique essentiellement féminine…

Pour signifier son pardon et prouver son amour, Jésus, qui pour nous s’est dépouillé de

tout y compris de son Sang, nous donne la seule chose qui lui reste : le Cœur rempli

d’amour de sa Mère. Marie s’est unie jusqu’au martyr à l’offrande de Jésus dans sa Passion

pour notre salut à tous. C’est au paroxysme de la douleur qu’elle nous enfante à la vie

divine au pied de la Croix. En cela, elle rappelle les cris de la femme de l’Apocalypse dont

98

parle Jean et qui est la figure de l’Eglise qui hurle dans les douleurs de l’enfantement.

Marie n’a ressenti aucune douleur en donnant la vie à Jésus qui est l’auteur de la vie mais

a été déchirée jusqu’aux limites du supportable lorsqu’elle nous a enfantés en ce

vendredi-saint.

Parce qu’elle a toujours suivi le Sauveur et son enseignement, parce qu’elle a toujours été

l’humble servante du Seigneur, parce que personne plus qu’elle n’a écouté la Parole de

Dieu et l’a mise en pratique, parce que personne plus qu’elle n’a compris et pénétré la

pensée et les sentiments de Jésus, Marie comprend qu’assumer sa maternité sur tous les

sauvés est sa participation à elle à la Passion de Jésus. C’est pourquoi, elle est silencieuse

comme Jésus, elle pardonne comme lui et, en signe de pardon, accepte de nous recevoir

comme ses enfants. Désormais, elle est intimement associée au salut de toutes les âmes

par la volonté expresse de Jésus.

En Jean, c’est à chacun d’entre nous que s’adresse Jésus. Chacun de nous est un disciple

aimé de Jésus à qui il demande de prendre Marie dans sa vie de foi, de la laisser exercer sa

maternité. Marie est celle qui a retenu tous les événements de la vie de Jésus pour les

méditer dans son cœur. A chacun d’entre nous, Jésus demande d’écouter ce que Marie

veut sans cesse nous rappeler le concernant.

Si Marie est la Mère de tous les sauvés, elle l’est d’une manière toute particulière des

prêtres. En effet, c’est de Jésus, le seul grand prêtre capable de présenter à Dieu le seul

sacrifice qui lui soit agréable, et au cours de la Messe célébrée par Jésus-Christ Lui-même

en ce vendredi-saint, qu’elle reçoit pour fils, en saint Jean, tous les prêtres, tous ceux qui

sont appelés à actualiser ce sacrifice pour la gloire de Dieu et le salut du monde. En saint

Jean, à qui Jésus a conféré le sacrement de l’ordre lors de la dernière Cène du jeudi-saint,

Marie reçoit pour fils, tous les prêtres, tous ceux qui perpétueront le mémorial de la

Passion du Seigneur. En saint Jean, ce sont tous les prêtres qui reçoivent de Jésus la garde

de Marie, ou plutôt qui lui sont confiés. Ainsi, Marie est, de par la volonté de Jésus-Christ,

le souverain prêtre, si intimement liée au mystère eucharistique que la célébration des

mystères de notre rédemption ne saurait se disjoindre d’une intense piété mariale. Aussi

n’est-ce pas sans raison que dans nombre de ses apparitions, Marie invite à la prière pour

les prêtres et qu’elle les appelle ses « fils de prédilection. »

Lors de l’audience générale du 12 août 2009, le pape Benoit XVI enseigne à ce sujet : « Le

Concile Vatican II invite les prêtres à voir en Marie le modèle parfait de leur existence, en

l'invoquant comme "Mère du Grand prêtre éternel, Reine des Apôtres, soutien des prêtres

dans leur ministère". Et elle a droit - poursuit le Concile - "à la dévotion filiale des prêtres,

99

à leur vénération et à leur amour" (cf. Presbyterorum ordinis, n. 18). Le saint curé d'Ars,

vers lequel notre pensée se tourne de façon particulière en cette année, aimait

répéter: "Jésus Christ, après nous avoir donné tout ce qu'il pouvait nous donner, veut

encore faire de nous les héritiers de ce qu'il a de plus précieux, c'est-à-dire sa sainte Mère"

(B. Nodet, La pensée et l'âme du curé d'Ars). Cela vaut pour tout chrétien, pour nous tous,

mais en particulier pour les prêtres. Chers frères et sœurs, prions afin que Marie rende

tous les prêtres, face à tous les problèmes du monde d'aujourd'hui, conformes à l'image de

son Fils Jésus, dispensateurs du trésor inestimable de son amour de bon Pasteur. »

A sœur Josefa Menendez, Jésus dit : « O ma Mère ! Voilà mes frères... gardez-les... aimez-

les... Vous n'êtes plus seuls, ô vous pour qui J'ai donné ma Vie ! Vous avez maintenant une

Mère à laquelle vous pouvez recourir en toutes vos nécessités. »

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

La Scala sancta

Les marches qui mènent au prétoire de Pilate. Cet escalier parcouru par Jésus a été

transporté à Saint Jean du Latran à Rome. Les pèlerins ne peuvent le gravir qu’à genoux.

100

AUJOURD’HUI, AVEC MOI, TU SERAS EN PARADIS

Contemplons

Ecoutons

Lorsqu’ils furent arrivés au lieu-dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec

les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. L’un des malfaiteurs suspendus en

croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre

lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi

aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que

nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi

quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis :

aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23, 33-43)

Méditons

La tradition appelle le bon Larron Dismas et le mauvais Gesmas. D’après les Evangiles

apocryphes, la sainte famille, en fuite vers l’Egypte, aurait rencontré les deux larrons sur

leur route et Dismas, saisi de compassion, aurait offert un peu de lait à Marie pour Jésus.

Marie lui aurait répondu que Dieu le lui rendrait. Aujourd’hui, en ce vendredi-saint, Marie

est là, face à lui, quand Dieu récompense ce petit acte de charité.

101

Pour Anna Katarina Emmerich, Dismas est un brigand avec un bon fond. Non qu’il ait été

une sorte de Robin des Bois qui a volé les riches pour nourrir les pauvres, mais, dit-elle, ce

sont les circonstances de la vie et les mauvaises fréquentations qui l’ont entrainé et

maintenu dans la délinquance. C’est sur cette minuscule étincelle de bon fond enfouie

sous la braise de tous ses péchés que Jésus va souffler pour allumer en lui le feu d’amour

qui le purifiera et le mènera à la sainteté.

La conversion de Dismas est radicale : en l’espace de trois heures, il passe d’un extrême à

l’autre, d’une vie totalement contraire à l’Evangile à l’illustration des plus hautes vertus

chrétiennes.

D’abord, il se laisse saisir de compassion pour Jésus qui souffre injustement : « pour nous,

il est juste…. Mais lui il n’a rien fait. » Dismas a compris que Jésus est condamné par

jalousie et qu’il est innocent. En même temps, il est ému par le comportement de Jésus

qui ne se plaint pas, accepte tout dans l’amour, prie pour ses persécuteurs et, pour

comble de toute bonté, s’extraie de sa propre souffrance pour se soucier du sort de sa

mère et la confier à son disciple.

Dismas reconnait en Jésus ce qu’il est vraiment, le Messie, et met sa foi en lui. En lui

demandant de se souvenir de lui dans son royaume, Dismas fait profession de foi en Jésus à

qui il reconnait la souveraineté du royaume des cieux : « souviens-toi de moi quand tu

seras dans ton royaume. » Et la foi de Dismas est grande, qui reconnait le Roi des cieux

dans un crucifié horriblement torturé qui ne donne aucun signe extérieur de puissance et

de majesté. Malgré tout, Dismas s’humilie devant lui en lui demandant de le prendre avec

lui dans son Royaume.

La prière de Dismas, empreinte de contrition, contient sa demande de pardon pour toutes

ses fautes. Et son pardon lui est accordé par Jésus lui-même qui pour l’absoudre,

lui promet : «Aujourd’hui même, tu seras avec moi en paradis. » Heureux Dismas à qui

Jésus dit les paroles que tous voudraient entendre au moment de quitter cette vie. Dismas

est le premier et le seul saint que Jésus a canonisé lui-même. Et, c’est un brigand… Jésus

n’a jamais rien fait comme on aurait pu l’attendre mais toujours tout dans l’immensité de

sa miséricorde.

A partir de là, et pour tout le temps où il est suspendu en croix aux côtés de Jésus, Dismas

accepte son sort, contrairement à Gesmas qui ne cesse de vociférer des imprécations, de

proférer des blasphèmes, et supporte son martyr en imitant Jésus : dans l’acceptation,

dans l’amour, dans l’offrande.

102

Dismas rendra son dernier souffle après Jésus puisqu’au moment où l’on brise les jambes

des larrons pour qu’ils meurent plus vite, Jésus a déjà expiré. Jésus est allé devant pour

l’accueillir à la porte de son paradis et remplir sa promesse. Heureux Dismas !

L’Eglise célèbre la fête de saint Dismas le 25 mars, le jour de l’Annonciation. Pas

étonnant, quand on reçoit une promesse pareille !

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Reliques de la Passion conservées en l’église Sainte Croix de Jérusalem à Rome. A gauche,

un morceau de la Croix de crucifixion du bon larron, saint Dismas.

103

J’AI SOIF

Contemplons

Ecoutons

Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Ecriture s’accomplisse

jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là un récipient plein d’une boisson

vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on

l’approcha de sa bouche. (Jean 19, 28-29)

Méditons

Les mots de Jésus « j’ai soif » sont certainement à peine audibles. En effet, il est à bout

de force, en proie à l’étouffement qui est la première conséquence d’une crucifixion, il a

perdu beaucoup de sang et n’a pris ni nourriture ni boisson depuis la dernière Cène.

Assoiffé, sa langue gonflée colle à son palais et le moindre mouvement des lèvres

tuméfiées, lui cause d’horribles souffrances. Cependant, les soldats au pied de la croix, qui

guettent la mort des trois crucifiés parce que pressés d’en finir, entendent les mots de

Jésus : ils se saisissent donc de l’éponge imbibée d’une boisson vinaigrée (qui fait partie de

l’équipement de base de toute crucifixion) et la tende à Jésus.

104

Jésus ne boit pas car sa soif aussi concourt au salut des âmes. Par conséquent, il ne veut

pas l‘étancher. Il humecte simplement ses lèvres qui en reçoivent un surcroit de

souffrance en raison de l’acidité.

Au-delà de sa soif physiologique, Jésus a soif de rendre à Dieu toute gloire. Il aime son

Père et son Père l’aime, et leur amour est tellement grand qu’ils ne font qu’un, et cet

amour est si fécond qu’il produit une troisième personne, l’Esprit-Saint. Et leur amour

mutuel ne peut se mesurer car il est à leur échelle : il est infini. Dieu est amour et mérite

d’être aimé en retour d’un amour qui ne souffre aucune concession, même la plus légère.

Jésus a tout souffert pour la gloire de Dieu parce que lui seul pouvait lui rendre la gloire

qu’il mérite, mais aussi pour nous inviter à l’imiter en n’épargnant aucun effort pour

rendre à Dieu la gloire qui lui est due.

Jésus a soif des âmes. C’est pour le salut des âmes que Jésus a souffert sa Passion. Aussi,

a-t-il soif de leur communiquer le salut qu’il a acquis pour elles. Rien ne saurait attrister

Jésus davantage que de voir son sacrifice d’amour rendu inutile par l’indifférence ou le

refus des âmes. A sainte Marguerite-Marie, Jésus dit dans ce sens en juin 1675 : « Voilà ce

Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se

consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la

plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs

et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore le

plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi ». Jésus a

soif de notre salut.

C’est une boisson vinaigrée que Jésus reçoit pour étancher sa soif. Cela signifie que la

gloire que nous devons rendre à Dieu ainsi que le salut des âmes auquel nous devons

coopérer, impliquent beaucoup de renoncements, de sacrifices. En humectant ses lèvres

avec ce vinaigre, au prix d’une grande souffrance, Jésus nous rappelle que la gloire de

Dieu et le salut des âmes ne résultent pas de mondanités plaisantes mais de toutes sortes

d’efforts qui rechignent à notre nature et que malgré tout nous rajoutons généreusement à

sa Passion comme son indispensable complément.

Prions

Voir page 7

105

Les reliques de la Passion du Christ (au niveau local)

Reliquaire d’un fragment de la vraie Croix conservé en l’église Saint Louis de Strasbourg

centre (bénédiction avec la relique chaque dimanche de carême après les vêpres et le

vendredi après le chemin de croix).

106

POURQUOI M’AS-TU ABANDONNE ?

Contemplons

Ecoutons

Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », ce qui

se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 15, 34)

Méditons

Les mots de Jésus « Eloï, Eloï, lama sabactani » qui signifient en araméen « mon Dieu, mon

Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? », constituent le premier verset du psaume 21 aussi

appelé le psaume du serviteur souffrant.

De toute évidence, Jésus est le serviteur souffrant dont parle le psaume 21 car il reprend

avec un réalisme poignant toutes les circonstances de sa mort : « Mon Dieu, mon Dieu,

pourquoi m'as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. Mon

Dieu, j'appelle tout le jour et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n'ai pas de repos… Et

moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple. Tous ceux qui

107

me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu'il

le délivre ! Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »… Ne sois pas loin : l'angoisse est proche,

je n'ai personne pour m'aider… Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens

m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds… Ils partagent entre eux mes habits et

tirent au sort mon vêtement… »

Jésus connait les psaumes qui rythment la vie de tout croyant. Les juifs, les pharisiens les

connaissaient par cœur et les répétaient sans cesse. En reprenant le psaume 21 du haut de

la Croix, Jésus les invite à le redire en le méditant avec attention et dans l’ouverture du

cœur ; ainsi ils pourraient se rendre compte qu’ils ont sous les yeux le serviteur souffrant

du psaume 21 et que par conséquent c’est bien de Jésus dont parlent les psaumes qu’ils

connaissent si bien. Les juifs n’en font rien. Comment est-il possible d’être à ce point

aveugle et fermé à la grâce ? Comme est-il possible d’être aussi dur de cœur ? C’est ce qui

arrive quand ont fait de la religion un but en soi et qu’on réduit la foi au niveau de simple

prétexte ; un mécanisme qui nous enferme progressivement dans l’orgueil spirituel, le

mépris des autres, le fanatisme…

On a souvent interprété ces mots de Jésus comme un reproche qu’il adresse à son Père.

Or, ce n’est pas le cas. Jésus a pris sur lui tous nos péchés ainsi que toutes ses

conséquences. Le péché étant le rejet de Dieu, l’homme mériterait d’être abandonné de

Dieu et c’est seulement parce que Dieu est amour qu’il ne s’y résout pas. En demandant à

son Père « pourquoi m’as-tu abandonné », Jésus expérimente les conséquences directes du

péché afin que nous en soyons délivrés. Si Jésus, l’innocent par excellence, accepte de se

sentir abandonné de son Père, c’est pour que nous, qui sommes coupables, n’ayons pas à

expérimenter son abandon mais que malgré nos turpitudes, il nous accueille chaque fois à

nouveau, comme le Père aimant de la parabole accueille son fils prodigue.

Parce que Jésus a enduré le silence de son Père alors qu’il a tout accompli, tout enduré

dans l’amour, dans l’obéissance, nous sommes devenus les enfants du Père dont les bras

nous sont toujours ouverts. Si à la plupart d’entre nous, cela peut sembler peu de choses

tant que tout va bien, les épreuves de la vie se chargent de nous démontrer l’importance

de ne pas se sentir abandonné de Dieu dans les moments difficiles. Merci Jésus. Merci

beaucoup.

Prions

Voir page 7

108

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant quatre fragments de la Croix, dans la collégiale Sainte-Croix de

Liège.

Les circonstances de l'invention de la vraie croix (au sens de sa redécouverte, selon le

vocabulaire de l'époque) sont rapportées dans un texte écrit en 395 par l'évêque saint

Ambroise de Milan. Il écrivit « qu'Hélène aurait retrouvé les trois croix dans une ancienne

citerne, et que pour reconnaître celle du Christ elle aurait exhumé également l'inscription

: « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. » Elle commença par visiter les Lieux saints. L’Esprit

lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit : « Voici le

lieu du combat ; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas. » Elle

creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois

gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe

du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une

femme. Mue par l’Esprit-Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec

le Seigneur. Elle cherche donc la croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles

été confondues et interverties. Elle revient à la lecture de l’Evangile et voit que la croix

du milieu portait l’inscription : «Jésus de Nazareth, Roi des Juifs». Par là fut terminée la

démonstration de la vérité et, grâce au titre, fut reconnue la croix du salut. »

Des faits similaires sont rapportés à la même époque par le théologien saint Jean

Chrysostome, ainsi que par l'écrivain chrétien Rufin d'Aquilée. Celui-ci attribue cependant

l'identification de la croix du Sauveur à un miracle de guérison qui aurait eu lieu à son

contact. Plus tard, au XIIIème siècle, Jacques de Voragine expliqua dans sa « Légende

Dorée » que l'emplacement de la croix fut révélé par un Juif nommé Judas qui se convertit

au christianisme et prit le nom de Quiriace.

109

Le destin de la vraie croix est semblable à celui de beaucoup d'autres reliques. Découpée

en trois parts, elle fut encore fragmentée en de multiples morceaux qui furent distribués à

de nombreux bénéficiaires, au point que d'innombrables reliques reposent aujourd'hui dans

des églises du monde entier.

110

TOUT EST ACCOMPLI

Contemplons

Ecoutons

Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il

remit l’esprit. (Jean 19, 30)

Méditons

Avec les mots « tout est consommé », Jésus pose le ‘amen’ final de la Messe du vendredi-

saint. A présent, il a accompli toutes les prophéties ; Il a réalisé dans sa chair tout ce que

les prophètes ont annoncé que le Messie fera.

111

Les toutes premières paroles de Jésus rapportées dans l’Evangile de Luc dans la scène de

son recouvrement au Temple ainsi que ses toutes dernières, se répondent, car elles se

réfèrent à la mission que le Père lui a confiée : sauver les âmes.

Au Temple, Jésus enfant, entouré des docteurs de la Loi qui s’étonnent de la sagesse de

ses réponses, dit à Marie « il me faut être aux affaires de mon Père. » Aujourd’hui, du haut

de la Croix, Jésus est à nouveau entouré des docteurs de la loi mais ceux-ci ont cessé de

s’étonner de la sagesse de son enseignement. Pourtant, il n’a pas changé… Peut-être

qu’enveloppées de tous les charmes de l‘enfance, les paroles de Jésus étaient plus faciles

à assimiler pour des esprits aussi orgueilleux. Peut-être que les pharisiens voyaient alors en

lui un apprenti et que le problème, aujourd’hui, est que l’apprenti a dépassé les maîtres…

Du haut de la Croix, juste avant d’expirer, Jésus rend compte à son Père de sa mission,

« des affaires qu’il a traitées en son nom » et y pose le point final : toutes les clauses du

contrat ont été remplies et les prophéties sont là pour l’attester. Les mots « tout est

accompli » répondent à celles prononcées dès le premier instant de sa conception par

l’Esprit-Saint dans le sein de Marie « tu n’as voulu ni offrande ni sacrifice mais tu m’as

formé un corps » (Hébreux 10 5). Au cours de sa vie publique Jésus n’a cessé de se

consacrer à cette mission. « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé

et d’accomplir son œuvre » dira t-il à ses disciples (Jean 4, 34). A ceux qui le cherchaient

pour le ramener à la raison, il dira « qui sont ma mère, qui sont mes frères ? Ceux qui

écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » (Luc 8, 21). Lors de la dernière

Cène, il dira : « Je t’ai glorifié sur terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donné à faire »

(Jean 17 4) et juste avant d’entrer dans sa Passion il dira « Père, s’il est possible que cette

coupe passe loin de moi mais que ta volonté soit faite et non la mienne. » (Luc 22, 42)

Comme l’écrit saint Jean, Jésus a accompli l’Ecriture jusqu’au bout, dans l’obéissance de

l’amour. Avec tant d’obéissance, que tout ce qu’il a fait répond en tous points à tout ce

que les Ecritures avaient annoncé. Pour qui a des oreilles qui veulent entendre, pour qui a

des yeux qui veulent voir, il n’y a aucun doute possible, Jésus est bien le Messie, l’envoyé

de Dieu pour faire sa volonté et nous libérer de la captivité du péché.

Les mots de Jésus « tout est accompli » répondent à son « oui » au Père dès les origines.

C’est dans ce « oui » que se fond le « oui » de Marie lors de l’Annonciation. En disant

« oui » à l’archange Gabriel le jour de l’Annonciation, Marie se fait l’écho de Jésus qui

avait dit « oui » au Père dans l’éternité. En disant « oui » au Père, Jésus disait « oui » à la

Passion, et Marie en disant « oui » s’associait en toute conscience au « oui » de la Passion

de Jésus. C’est dès la chute d’Adam que Jésus est l’homme des douleurs dont parle Isaïe,

112

le serviteur souffrant du psaume 21 et c’est dès le premier instant de l’Incarnation que

Marie est l’humble servante souffrante, la mère des douleurs au Cœur transpercé d’un

glaive.

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Un autre reliquaire contenant un fragment de la Croix, forme à l'origine de la croix de

Lorraine.

113

PERE, ENTRE TES MAINS JE REMETS MON ESPRIT

Contemplons

Ecoutons

Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après

avoir dit cela, il expira. (Luc 23, 46)

Méditons

C’est avec son tout dernier fond d’énergie que Jésus pousse ce cri. Essayons de nous

transporter au pied de la Croix. Jésus est à bout de forces. Il est sur le point de mourir… Il

n’est plus qu’une loque… Il suffoque et risque l’étouffement à chaque instant. Chaque fois

qu’il veut respirer plus profondément, il est obligé de s’appuyer sur ses pieds et de tirer

sur ses bras qui supportent alors une souffrance atroce ; chaque fois, qu’il cherche un peu

de repos pour ses membres déchirés, il est obligé de s’affaisser sur son thorax au risque de

s’étouffer. Aucune position ne lui donne un peu répit.

Aussi, si malgré l’immense effort que cela représente, Jésus rassemble, presque

héroïquement toutes ses dernières forces pour lancer ce grand cri, c’est que ce qu’il veut

114

dire revêt une importance considérable et doit être entendu de la création tout entière. Et

que dit-il ? « Mon Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Cette phrase, sonne avec

la même puissance que les trompettes de Jéricho, comme la proclamation du triomphe du

Christ vainqueur de la mort. Il a tout accomplit de ce que son Père lui avait commandé ; il

a tout accompli de manière parfaite et sans rien omettre. Il peut remettre à son Père une

vie sans tache, immaculée qui le glorifie parfaitement. Il n’a pas besoin de prier son Père

de lui pardonner un quelconque manquement, une omission, une approximation… il peut

souverainement dire « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Et parce qu’il lui

remet une vie parfaite, le Père ne peut que l’accueillir comme une louange de gloire.

La mort de Jésus n’est pas avant tout la conséquence de sa déchéance corporelle, de ses

nombreuses blessures. Il est mort avant tout parce qu’il a choisi, en toute conformité avec

la volonté de son Père, de passer par le ravin de la mort afin de tous nous en tirer.

Souvenons-nous, il a bien dit : « A cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma

vie, afin que je la reprenne. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ;

j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement

de mon Père » (Jean 10, 17-18). La mort est la conséquence du péché ; or, Jésus n’a

jamais péché. S’il la subit tout de même, c’est après s’être chargé de tous nos péchés

pour nous sauver de leur conséquence directe, la mort, et nous mener tous à la

résurrection. Si Jésus crie qu’il remet son esprit à son Père, c’est pour que tous ceux qui

croient en lui sachent que par Lui, en Lui et avec Lui, leur esprit sera reçu par le Père au

moment de leur mort qui, par égard pour son Fils qui lui a rendu toute gloire, la recevra en

nous pardonnant tous nos péchés.

Au moment de mourir, saint Etienne, le premier martyr, pria : « Seigneur Jésus, reçois

mon esprit ». Même si les paroles d’Etienne ressemblent beaucoup à celles de Jésus sur la

croix, elles ne sont pourtant pas un cri de triomphe mais une humble prière. La prière

d’Etienne a été exaucée car par Jésus, en Jésus et avec Jésus, le Père ne voit plus en nous

le fils prodigue qui le quitte pour dilapider son héritage mais celui qui revient, plein

d’humilité et de repentir se jeter dans ses bras aimants.

Prions

Voir page 7

115

Les reliques de la Passion du Christ

Le samedi suivant le 14 septembre, chaque année, se déroule à Milan la « Festa della

Nivola ». C’est une fête religieuse consacrée à un clou de la croix du Christ, au cours de

laquelle est célébré le rite de la Nivola, une machine en bois et tissu, ressemblant à un

ascenseur, utilisée par l’archevêque de Milan lors de la célébration pour aller chercher la

relique, située dans une niche qui surplombe le cœur de la cathédrale à 40 mètres de

hauteur, et conservée ici depuis 1461.

116

LE GRAND CRI

Contemplons

Ecoutons

À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre

jusqu’à la neuvième heure. Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.

(Matthieu 27, 45-46)

Méditons

Pendant toute sa Passion, Jésus a été silencieux et recueilli au milieu d’une foule hostile

qui n’a cessé de hurler, de vociférer, d’invectiver... A présent, le silence descend sur le

Calvaire en même temps que l’obscurité. Même ses ennemis se taisent et ne ricanent plus.

Avec ses toutes dernières forces, Jésus se redresse sur la croix et pousse un grand cri qui

déchire cet assourdissant silence, qui traverse les âges, les générations et parvient jusqu’à

nous avec une telle actualité qu’il nous glace le sang comme si nous étions sur le Calvaire

en ce vendredi-saint.

117

Jésus va mourir après avoir enduré plusieurs heures d’horribles souffrances. Durant toute

sa Passion, Il n’a pensé qu’aux autres : à son peuple égaré, aux femmes de Jérusalem, à sa

Mère, à saint Jean, au bon larron... Il n’a cessé de se renoncer Lui-même pour se faire le

prochain, le bon samaritain de chaque âme pour qui Il voulait vivre sa Passion. Ses pensées

n’ont cessé de rejoindre celles de son Père dont Il accomplit la volonté jusque dans les

moindres détails. Jésus n’a cessé de s’extraire de Lui-même pour être tout à son Père,

tout à nous. A présent tout est accompli : Il peut mourir. Mais arrivé à cet instant ultime,

il ne peut plus retenir sa douleur humaine. Maria Valtorta décrit les derniers instants de

Jésus : « Le corps se tend tout entier ; dans la dernière des trois contractions, c’est un arc

tendu, vibrant, terrible à voir, et puis un cri puissant, impensable en ce corps épuisé, se

dégage, déchire l’air, le « grand cri » dont parlent les Evangiles et qui est la première

partie du mot « maman »… Et plus rien… »

La bienheureuse Anna Katarina Emmerich nous dit au sujet du grand cri : « Le Sauveur

était absorbé dans le sentiment de son profond délaissement ... Il priait avec amour

pour ses ennemis... en répétant des passages des psaumes qui trouvaient maintenant en

Lui leur accomplissement.... Jésus était seul, sans consolateur. Il souffrait tout ce que

souffre un homme affligé, plein d’angoisses, délaissé de toute consolation divine et

humaine quand la foi, l’espérance et la charité toutes seules, privées de toute lumière et

de toute assistance sensible, se tiennent vides et dépouillées dans le désert de la

tentation, et vivent d’elles-mêmes au sein d’une souffrance infinie. Ce fut alors que Jésus

nous obtint la force de résister aux plus extrêmes terreurs du délaissement, quand tous les

liens se brisent, quand tous nos rapports avec ce monde... vont cesser, et qu’en même

temps les perspectives que cette vie nous ouvre sur une autre vie se dérobent à nos

regards. Nous ne pouvons sortir victorieux de cette épreuve qu’en unissant notre

délaissement aux mérites de son délaissement sur la Croix... Nous n’avons plus à

descendre seuls et sans protection dans ce désert de la vie intérieure... Il n’y a plus pour

les chrétiens, de solitude, d’abandon, de désespoir... car Jésus, qui est la lumière, la voie

et la vérité, a descendu ce sombre chemin... et Il a planté sa croix dans ce désert pour en

surmonter les terreurs... Dans sa douleur, Jésus témoigna son délaissement par un cri, et

permit ainsi à tous les affligés qui reconnaissent Dieu pour leur Père une plainte confiante

et filiale. »

Comme ce cri a dû transpercer le Cœur de Marie… Comme il a dû glacer le sang de toutes

les personnes qui n’ont pas un cœur de hyène… Comme il émeut encore tous ceux qui en

lisant l’Evangile de la Passion, ont l’impression de l’entendre en direct….

119

LE DEUIL DE LA NATURE

Contemplons

Ecoutons

Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la

terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de

nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la

résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand

nombre de gens. (Matthieu 27, 45-53)

Méditons

Jésus est mort à trois heures, l’heure à laquelle dans le temple, on fait entrer les agneaux

pour qu’ils soient sacrifiés en propitiation pour les péchés. Souvenons-nous, c’est la pâque,

la fête qui commémore la sortie d’Egypte, la nuit où l’ange de la mort a emporté tous les

premiers-nés d’Egypte en épargnant ceux des juifs parce que les linteaux de leurs maisons

étaient marqués par le sang d’un agneau sans tache et sans défaut. Jésus est l’agneau de

Dieu, l’agneau sans tache aucune, qui nous sauve tous de la mort induite par le péché. Il

n’y a plus besoin de tous ces sacrifices sanglants. Jésus est l’agneau qui a satisfait pour

tous et une fois pour toute.

120

Au temple, le linteau qui porte le rideau du sanctuaire, s’effondre sous l’effet du

tremblement de terre. Le rideau se fend du haut vers le bas. Le temple n’a plus lieu d’être

car le Temple, c’est à présent le Christ Lui-même. Il l’avait dit : « détruisez ce temple et

en trois jours je le relèverai » (Jean 2, 19). Et, contrairement à la tunique de Jésus qui,

elle, reste intacte, le rideau se déchire de haut en bas c’est-à-dire que la rupture vient de

Dieu Lui-même. C’est Lui-même qui substitue la nouvelle alliance à l’ancienne. Ce que

Caïphe avait commencé en déchirant ses vêtements, alors que ça lui était strictement

interdit, est consommé par la déchirure du rideau du temple.

La création réagit à la mort du Christ. Les ténèbres descendent en plein jour sur la terre,

symbolisant les ténèbres qui règnent dans les esprits qui n’ont pas voulu reconnaitre la

grâce qui leur a été faite dans le Christ Jésus : « la lumière luit dans les ténèbres et les

ténèbres ne l’ont pas reçue » (Jean 1, 5) écrit saint Jean qui a assisté à ces ténèbres sous

la croix de Jésus. Jésus est la lumière du monde qui, à l’instant, vient de s’éteindre.

La terre tremble, les rochers se fendent. La vénérable Marthe Robin nous rapporte que le

Calvaire se fendit en toute proximité de la croix de Jésus. « Au dernier cri de Jésus, la

terre trembla sur sa base avec un grand bruit, plusieurs rochers se fendirent, les tombeaux

s’ouvrirent, et beaucoup, parmi les anciens justes, apparurent. Le rocher du Calvaire se

fendit lui aussi, avec un grand bruit sinistre faisant une large brèche entre la croix du

Rédempteur et celle du mauvais larron, comme le signe de leur séparation éternelle… La

très sainte âme du Christ venait d’abandonner, pour le temps marqué par Dieu, son corps

divin livré à la mort ignominieuse de la croix. Et ce dernier cri d’amour de Jésus mourant

fit trembler tous ceux qui l’entendirent et pénétra jusqu’aux plus extrêmes profondeurs de

la terre qui reconnut la voix de son Sauveur en tremblant. »

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte

beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). Jésus est le grain de blé tombé en terre qui a accepté

de mourir. A présent, la terre se fend et s’ouvre sous la poussée des nouveaux épis de

conversions que sa mort produit. Beaucoup de ceux qui ont assisté ou participé à la passion

de Jésus, s’en vont en se frappant la poitrine, le centurion se convertit.

Les rochers qui se fendent rappellent le passage de la mer rouge où Moise à fendu les eaux

pour laisser passer les juifs fuyant la captivité ; grâce à Jésus, nous sommes libérés de la

captivité du péché.

Enfin, la terre se fend aussi parce que l’âme de Jésus « descend aux enfers » selon les

mots du credo, où il va libérer des liens de la mort tous les justes de l’ancienne alliance.

Aux portes des limbes le reçoivent Adam, Eve, Abraham, Moise, les patriarches, les

121

prophètes, Jean-Baptiste, Joseph, son père en ce monde qui le reconnaissent comme leur

rédempteur. Et tous, il les emmène à la rencontre du Père qui les reçoit comme ses

enfants pour une vie éternelle de bonheur dans le paradis, d’où Adam et Eve avaient été

chassés après la faute originelle. « O heureuse faute qui nous valut un tel Sauveur » chante

exultante la liturgie de la nuit pascale.

Des morts sortent de leurs tombeaux attestant que Jésus est vraiment la résurrection et la

vie. Et les morts se montrent à un grand nombre de personnes. La bienheureuse Anna

Katarina Emmerich rapporte : « On vit apparaître dans le sanctuaire le grand-prêtre

Zacharie, tué entre le temple et l'autel, il fit entendre des paroles menaçantes, et parla

de la mort de l'autre Zacharie, de celle de Jean, et en général du meurtre des prophètes.

Il sortit de l'ouverture formée par la chute de la pierre qui était tombée près de l'oratoire

du vieux Siméon, et parla aux prêtres qui étaient dans le sanctuaire. Deux fils du pieu

grand-prêtre Simon le Juste, aïeul de Siméon, qui avait prophétisé lors de la présentation

de Jésus au Temple, se montrèrent près de la grande chaire ; ils parlèrent aussi de la mort

des prophètes et du sacrifice qui allait cesser, et exhortèrent tout le monde à embrasser la

doctrine du Crucifié. Jérémie parut près de l'autel, et proclama d'une voix menaçante la

fin de l'ancien sacrifice et le commencement du nouveau. Ces apparitions ayant eu lieu en

des endroits où les prêtres seuls en avaient eu connaissance, furent niées ou tenues

secrètes, il fut défendu d'en parler sous une peine sévère. Mais un grand bruit se fit

entendre : les portes du sanctuaire s'ouvrirent, et une voix cria : “ Sortons d'ici. ” Je vis

alors des anges s'éloigner… Il y eut bien une centaine de morts de toutes les époques qui

parurent avec leurs corps à Jérusalem et dans les environs. Ils s'élevaient hors des

tombeaux écroulés, se dirigeaient, le plus souvent deux par deux, vers certains endroits de

la ville, se présentaient au peuple qui fuyait dans toutes les directions et rendaient

témoignage de Jésus en prononçant quelques paroles sévères… Mais beaucoup dont l'âme

fut envoyée des limbes par Jésus se levèrent, découvrirent leurs visages et errèrent dans

les rues comme s'ils n'eussent pas touché la terre. Ils entrèrent dans les maisons de leurs

descendants et rendirent témoignage pour Jésus avec des paroles sévères contre ceux qui

avaient pris part à la mort du Sauveur… La terreur était grande dans la ville, et chacun se

cachait dans les coins les plus obscurs de sa maison. Les morts rentrèrent dans leurs

tombeaux vers quatre heures. Après la résurrection de Jésus, il y eut encore, en divers

endroits, plusieurs apparitions. Le sacrifice fut interrompu, la confusion se mit partout et

peu de personnes mangèrent le soir l'agneau pascal. »

Prions

Voir page 7

122

Les reliques de la Passion du Christ

Reliquaire contenant quelques gouttes du Sang du Christ conservé en la basilique Saint-

André de Mantoue.

Le Sang conservé dans les vases aurait été apporté par Longin le Centurion, patron de la

ville de Mantoue. Longin était le soldat romain qui a percé le flanc de Jésus lorsqu'il était

sur la croix. Cette relique est présentée en procession tous les vendredi-saint.

123

LA CONFESION DU CENTURION

Contemplons

Ecoutons

Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara :

« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Matthieu 15, 39)

Méditons

Trois personnes (au moins) se sont converties entre le moment où Jésus a été condamné et

sa mort sur la croix : Simon de Cyrène, Dismas le bon larron, Longin le centurion.

Tous les trois se sont retrouvés mêlés à la Passion de Jésus sans l’avoir cherché. Les trois

ont été réquisitionnés : le premier pour porter la croix avec Jésus, le second pour la porter

en même temps que Jésus, le troisième pour veiller à ce que les trois la portent jusqu’au

bout. Pour tous les trois, la rencontre de Jésus souffrant a été le point de départ d’un

chemin de conversion radicale qui les a fait passer de la contrainte à l’offrande d’eux-

124

mêmes en union avec celle de Jésus. Les Evangiles ne rapportent pas que Jésus a demandé

quoi que ce soit à l’un des trois mais leur conversion prouve qu’Il a accueilli leur

participation à sa Passion. La conversion n’est jamais un état mais un cheminement avec

Jésus portant la croix qui nous donne de la porter avec lui.

A la mort de Jésus, le centurion tombe à genoux et s’exclame : « vraiment celui-ci était le

Fils de Dieu ! » Qu’est-ce qui a pu être aussi décisif pour que cet homme endurci par la

guerre, les batailles, les exécutions, ait pu être touché au point de reconnaitre en l’un de

ces condamnés le Fils de Dieu ? Le centurion avait suffisamment de droiture d’esprit pour

comprendre que Jésus était l’enjeu d’un complot politique et que Pilate l’a condamné

injustement et par lâcheté. Il a observé Jésus pendant tout le chemin de croix et compris

que sous les apparences d’une extrême faiblesse, il est d’une force inouïe, une force telle,

qu’il n’en a jamais vu de pareille. Il n’avait jamais vu personne souffrir autant, avec une

telle sérénité, une telle dignité, en pardonnant à ses bourreaux et plus encore, en se

souciant de sa mère, du bon larron. Il a vu mourir des centaines de personnes dans les

pires circonstances, peut-être même des milliers, mais jamais il n’avait vu quelqu’un

mourir comme Jésus. Il observe les signes : la terre tremble, la nuit tombe en plein jour.

Tout ceci n’est pas naturel. Et, parce que sous sa cuirasse de soldat habitué à exécuter

sans comprendre les ordres de Rome, il y a un soupçon de droiture et d’honnêteté, la

grâce parvient à faire son œuvre.

Que ce soit Simon, Dismas, ou Longin, chacun a su discerner le moment où la grâce l’a

visité et a su l’accueillir. Jésus, le bon pasteur, visite par sa grâce chacun d’entre nous et

tant de fois au cours de la vie, qu’arrivé à son terme, personne ne peut dire que Jésus n’a

pas tout fait pour son salut. Si Jésus respecte notre liberté, il accueille néanmoins chaque

geste de bonne volonté et ne cesse de nous tendre la perche du salut pour que nous la

saisissions et nous laissions sauver par lui. A la fin de sa vie chacun devra reconnaitre que

le bonheur auquel il est destiné dans l’au-delà, il le doit à la charité infinie de Jésus, le

bon samaritain et si tel n’était pas le cas (ce qu’à Dieu ne plaise), il est, par sa fermeture

à la grâce, le seul artisan de son malheur. « A qui croit en Dieu, aucun signe n’est

nécessaire » dit la sagesse populaire. Elle poursuit en disant : « à qui ne croit pas en Dieu,

aucun signe n’est possible. »

Le salut des âmes coute cher et on ne les sauve pas par des discours (même s’ils sont aussi

nécessaires) : Jésus n’a quasiment rien dit pendant sa Passion. Par contre, il a donné

l’exemple de ce qu’il faut faire : prendre la croix, se renoncer et le suivre.

125

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Conrad II (1027-1039) fit confectionner un reliquaire d’or en forme de croix gemmée pour y

loger la Sainte Lance et un morceau du bois de la Vraie Croix. Le « crucifix de l’Empire »

est recouvert d’or, de perles et pierres précieuses. Datant de la première moitié du XIe

siècle, c’est le plus ancien reliquaire conservé à Vienne.

A gauche de la croix, est exposée la Sainte Lance du Saint-Empire romain germanique. Elle

est entrée en possession de Rodolphe II de Bourgogne, puis passa ensuite aux divers

empereurs et devint le symbole de leur investiture et du transfert de pouvoir. Elle fut

intégrée au rituel de leur sacre. On considérait à l’époque que cette lance avait été forgée

avec un clou de la Passion. A droite est exposée la relique de la Vraie Croix qui était à

l’origine contenue dans la croix reliquaire.

126

LE CÔTE OUVERT

Contemplons

Ecoutons

Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser

les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la

Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé

les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme

crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui

brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il

en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est

véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet,

arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage

de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. (Jean 19,

31-37)

Méditons

Jean est resté, avec Marie, auprès de Jésus jusqu’à sa mort. Il l’a vu mourir. Il l’a vu

rendre son dernier souffle. Il a vu le soldat lui ouvrir le côté. Il a vu s’en échapper tout ce

qui restait de vie en lui. Il a vu que tout ce qui aurait pu permettre au corps de Jésus de

réenclencher les processus vitaux, a quitté son corps. Il n’y a aucun doute sur le fait que

Jésus est bel et bien mort et que rien, humainement, ne permet plus de le ramener à la

127

vie. L’apôtre est formel. Aussi insiste-t-il : « Celui qui a vu rend témoignage, et son

témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. »

Ce témoignage de Jean est capital car il permet de contrer tous ceux qui pourraient

prétendre que Jésus n’est pas mort mais qu’il a été décroché de la croix et soigné, que par

conséquent, il n’est pas ressuscité. Or, tel n’est pas le cas et Jean, qui a été présent

jusqu’au bout et a vu Jésus rendre son dernier souffle, a constaté de la manière la plus

formelle qui soit que Jésus, le Christ, est physiquement mort. Et il n’est pas le seul : les

soldats aussi ont constaté la mort de Jésus, eux qui ne lui ont pas brisé les jambes mais lui

ont percé le côté.

La crucifixion est une mort cruelle qui peut n’intervenir qu’après une très longue agonie.

Aussi, briser les jambes des crucifiés constitue un acte de miséricorde. Une fois brisées, les

crucifiés ne peuvent plus se redresser sur la croix en s’appuyant sur leurs jambes pour

respirer et finissent par mourir étouffés. Ce sera le lot de Dismas et de Gesmas. Par

contre, on ne brise pas les jambes de Jésus car il est déjà mort. En cela encore, Jésus

accomplit pleinement les prophéties. En effet, Jésus est l’agneau de Dieu, celui de la

pâque nouvelle à qui, conformément aux ordres donnés par l’Eternel à Moïse, aucun os ne

doit être brisé (Exode 12, 47 ; Nombres 9, 12). Afin de vérifier, si les crucifiés sont bien

morts, on leur ouvre le côté. Et là aussi, Jésus accomplit la prophétie : « Et ils regarderont

vers moi, celui qu'ils ont transpercé » (Zacharie 12, 10).

Le côté de Jésus n’est pas percé mais il est ouvert, non pas pour vérifier que toute vie l’a

quitté mais pour laisser la vie, notre vie, s’en échapper. En effet, de ce côté ouvert

sortent de l’eau et du sang, symboles des sacrements du baptême et de l’Eucharistie,

sacrements par lesquels Jésus nous donne et maintient en nous la vie divine. Dans le

désert, les juifs assoiffés prièrent Moise d’intercéder pour eux auprès de Dieu afin qu’il

leur procure de l’eau. Dieu dit à Moise de frapper deux fois avec sa verge contre un rocher

et de l’eau en abondance s’en échappa. Jésus est le rocher contre lequel nous frappons

afin qu’il nous procure les torrents d’eau vive qu’il a promis à la cananéenne. Jésus avait

bien dit : « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi ; qu’il boive celui qui croit en moi » et

Jean rajoute : il désignait ainsi l’esprit que devaient recevoir ceux qui croient » (Jean 7,

39).

Saint Jean Chrysostome voit en ce sang et cette eau qui s’épanchent du côté ouvert de

Jésus, la naissance de l’Eglise. Il écrit : « J'ai dit que cette eau et ce sang étaient le

symbole du baptême et des mystères (l’Eucharistie). Or, l'Eglise est née de ces deux

sacrements… Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent

le Christ a formé l'Eglise à partir de son côté, comme il a formé Eve à partir du côté

128

d'Adam. Aussi saint Paul dit-il : « Nous sommes de sa chair et de ses os » désignant par là

le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris de la chair dans le côté

d'Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l'eau de son côté

pour former l'Eglise. Et de même qu'alors il a pris de la chair du côté d'Adam, pendant

l'extase de son sommeil, ainsi maintenant nous a-t-il donné le sang et l'eau après sa

mort. »

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Le saint suaire de Turin : gros plan sur le visage de Jésus

129

JOSEPH D’ARIMATHIE

Contemplons

Ecoutons

Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste, qui

n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville

de Judée, et il attendait le règne de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de

Jésus. (Luc 23, 50-52)

Méditons

Dans la Passion du Christ, rien n’est laissé au hasard et tout ce que le Christ accomplit, il

le fait conformément à un rituel prévu, annoncé par les prophéties. Aussi, peut-on

légitimement penser que le nom de celui qui réclame le corps de Jésus pour lui fournir la

sépulture et les derniers hommages, n’est pas dû au hasard mais tout à fait providentiel. Il

s’appelle Joseph, comme s’appelait celui qui en ce monde a servi de père nourricier à

Jésus.

130

Pendant toute sa vie, saint Joseph a veillé sur le corps de Jésus en lui fournissant

nourriture, vêtements, logis, protection. Ce que saint Joseph a fait pour Jésus dans son

enfance, Joseph d’Arimathie le fait pour le cadavre de Jésus : il le sauve de ses ennemis,

l’enduit d’aloès et de myrrhe, l’enveloppe d’un linceul, le dépose dans un sépulcre neuf,

le mettant à l’abri de la profanation.

Joseph d’Arimathie révèle les mêmes qualités que saint Joseph. En effet, membre du

Sanhédrin qui a orchestré la condamnation de Jésus, il prend sur lui de réclamer le corps

de Jésus à Pilate se déclarant ainsi ouvertement disciple du Christ et se pose par

conséquent en ennemi du Sanhédrin. Saint Luc précise même qu’il n’avait pas consenti à la

condamnation de Jésus, qu’il attendait le règne de Dieu, ce que saint Marc prend la peine

de préciser aussi (Marc 15, 43) soulignant ainsi qu’il était ouvert à la grâce qui était ainsi

en mesure de l’atteindre et de faire son œuvre en lui. Comme son homologue, Joseph

d’Arimathie a mis sa foi de manière irrévocable dans le Christ. Comme pour son

homologue, il est un homme courageux car il n’hésite pas à aller trouver Pilate pour

réclamer le corps de Jésus dans des circonstances qui pourraient lui faire craindre pour sa

propre vie. Comme son homologue, sa charité se manifeste dans sa promptitude à pourvoir

aux besoins de ceux qui lui sont confiés. Ce qui est à noter surtout, c’est que pour décrire

Joseph d’Arimathie, saint Luc reprend les mêmes mots que ceux qu’il emploie pour décrire

saint Joseph : il était juste, c’était un homme de bien, ce qui dans son langage implique

qu’il illustrait déjà les vertus proprement chrétiennes.

Saint Joseph n’est plus de ce monde au moment de la Passion de Jésus. Il n’a pas eu,

comme Marie, à se tenir debout au pied de la croix. Cela ne signifie pourtant pas qu’il n’a

pas eu sa part de la Passion de Jésus. La vénérable Jeanne-Marie de la Croix (1603-1673)

nous dit qu'il fut accordé à Joseph, comme aux stigmatisés, de sentir, d'une manière

mystique, toutes les peines de la Passion. Le glaive de douleurs qui, toute sa vie, a

transpercé le Cœur Immaculé de Marie a transpercé en même temps le cœur aimant de

son chaste époux. Joseph, dont la vie a été toute donnée à Jésus et Marie aurait voulu être

là au moment où les deux personnes qu’il aimait le plus ont tant à souffrir. La providence

ne l’a pas voulu. Mais son désir a tout de même été exaucé car de personne d’autres que

d’un Joseph, Jésus n’a voulu recevoir les derniers soins paternels et à personne d’autre

qu’à un Joseph, Marie n’a voulu confier le corps de son Jésus.

Prions

Voir page 7

132

LA PIETA

Contemplons

Ecoutons

« Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère: "Vois! cet enfant doit amener la chute et le

relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction,

et toi-même, une épée te transpercera l'âme afin que se révèlent les pensées intimes de

bien des cœurs." » (Luc 2, 34-35)

Méditons

La séquence Stabat Mater nous fait chanter : « Quel homme, sans verser de pleurs, verrait

la Mère du Seigneur, endurer si grand supplice ? Qui pourrait, dans l'indifférence,

contempler en cette souffrance la Mère auprès de son Fils ? » Quelle image peut davantage

susciter la compassion que celle d’une mère portant sur ses genoux le cadavre

horriblement mutilé de son enfant. Quelle que soit la mère, nous sommes touchés par sa

souffrance. Mais quelle émotion lorsqu’il s’agit de la Mère de Dieu qui tient dans ses bras

le corps sans vie du plus aimant et du plus innocent de tous les fils.

Jésus est l’agneau de Dieu qui a donné sa vie en rançon pour nous tous. Il est l’agneau sans

tache et sans défaut qui a été sacrifié pour notre pâque. Si en Jésus nous voyons celui qui

s’est donné pour nous, en Marie, nous voyons celle qui nous l’a donné à deux reprises,

d’abord en lui donnant la vie, puis en lui donnant de donner sa vie pour nous. Si Jésus est

l’agneau sacrifié, Marie est une Mère sacrifiée qui accepte de donner la vie du meilleur de

ses fils pour que tous ses frères aient la vie et qu’ils l’aient en plénitude.

133

Le nom « Marie » a plusieurs étymologies dont « mer d’amertume. » L’un des titres de

gloire sous lesquels on invoque la Mère de Dieu dans les litanies de Lorette est « reine des

martyrs. » Oui, personne n’a plus souffert que Marie parce que personne n’avait un cœur

plus pur. Et plus un cœur est rempli de Dieu, plus il est sensible à la détresse humaine.

Marie ne pouvait que souffrir au-delà de toute mesure du sacrifice de celui qui est tout

autant son Fils que son Dieu. Chaque martyr est représenté avec l’instrument de son

supplice. Marie est la seule dont l’instrument du martyr est Jésus lui-même. Elle n’a pas

versé son sang, comme les martyrs, mais dans son âme, elle a ressenti toutes douleurs et

les souffrances de Jésus. Et parce que son amour pour Jésus était total, elle s’est

entièrement donnée avec Lui, ne cherchant pas à épargner sa douleur. Si le coup de lance

de Longin a ouvert le Cœur Sacré de Jésus pour en libérer des forces de vie pour nous, il

nous a en même temps ouvert le Cœur de Marie pour en libérer des torrents de compassion

pour nous, pauvres pécheurs.

En Marie, tenant dans ses bras, le corps inanimé de Jésus, nous contemplons l’Eglise qui

enlace son époux crucifié qui a donné sa vie pour elle. Marie n’est à aucun moment

concentrée sur sa douleur car elle tire sa force du don de Jésus. Sans cesse, elle

contemple les plaies du Sauveur pour y voir les trophées de son amour victorieux et nourrir

en elle l’espérance de la résurrection. En contemplant Jésus mort, dans ses bras, Marie ne

voit pas une exhortation à la revanche, à la vengeance mais une invitation à accueillir les

fruits de rédemption conquis par Jésus et à prendre au sérieux son message de conversion

du cœur. En recevant Jésus dans ses bras, sur ses genoux, sur son Cœur, Marie accepte

l’invitation de Jésus à se laisser sauver par Lui. En nous montrant Jésus et en nous le

tendant, elle nous invite à faire comme elle et à nous laisser sauver par lui. Rien ne saurait

être pire que de laisser le sacrifice de Jésus sans réponse de notre part.

A côté, de Jésus souffrant, le bon peuple de Dieu a toujours voulu contempler Marie, celle

qui a souffert pour et par Jésus trouvant en elle l’expression la plus accomplie de la

réponse de l’Eglise au don d’amour de Jésus. Dans ce sens, saint François-Xavier a souvent

répété : « J’ai trouvé le peuple rebelle à l’évangile chaque fois qu’à côté de la Croix de

Jésus, j’ai omis de montrer l’image de sa Mère. »

Prions

Voir page 7

134

Les reliques de la Passion du Christ

Le suaire d’Oviedo est un linge qui a été appliqué sur le visage lorsqu’il a été déposé dans

le sépulcre. Ce linge était lui-même recouvert par le saint suaire de Turin. Des études

révèlent des similitudes entre les deux reliques.

135

LE SEPULCRE

Contemplons

Ecoutons

Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le

tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à

l’entrée du tombeau et s’en alla. (Matthieu 27, 59-60)

Méditons

Jésus n’a pas eu de sépulture à proprement parler, parce que tout a été fait dans la hâte

et que rien n’était prévu pour cela : tous les rites prescrits n’ont pu être accomplis. Voilà

les choses quand on les regarde à notre hauteur.

Lorsqu’on élève son regard au niveau de celui de Jésus, on voit les choses différemment. Il

ne s’agit plus alors d’ensevelir un corps voué à la corruption mais de tout disposer pour la

résurrection à venir. En mourant sur la Croix après avoir accompli la volonté de Dieu en

tout point, Jésus est déjà victorieux et dans sa mort, la résurrection est déjà en

germination. « Jésus, s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix » nous dit

saint Paul. A présent, le Père « va souverainement l’élever et lui donner le nom qui est au-

dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et

136

dans les enfers et que toute langue proclame que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de

Dieu le Père » (Philippiens 2, 9-11).

La mort de Jésus intervient au soir du sixième jour. Le lendemain, c’est le sabbat qui

commémore le jour où Dieu s’est reposé de toute l’œuvre qu’il a accomplie (Genèse 2, 3).

Par sa Passion, Jésus a régénéré toute la création déchue en la libérant de l’esclavage du

péché. Comme pour la première création, le septième jour, il va se reposer de toute

l’œuvre qu’il a accomplie. Il ne s’agit donc pas d’ensevelir un corps mais de lui ménager

un endroit pour se reposer de toute son œuvre de recréation en attendant l’aube du

premier jour de l’ère nouvelle.

La nuit du passage de l’ange exterminateur sur le pays d’Egypte, Moïse ordonna aux

enfants d’Israël de manger l’agneau pascal debout, à la hâte et de se tenir prêt à quitter

le pays qui les tenait en esclavage (Exode 12, 11). Le soir du vendredi-saint, Jésus réalise

ce que figuraient les consignes de Moïse : il est l’agneau de Dieu qui a été immolé pour

notre pâque à nous. Dans moins de deux jours, il s’en reviendra des enfers pour nous

emmener à travers la mer rouge vers la terre promise où coulent le lait et le miel, où nous

gouterons la liberté des enfants de Dieu. Point n’est donc besoin de s’attarder en rites

funéraires qui n’ont pas lieu d’être pour celui qui est le maître de la vie.

Malgré la hâte, Joseph d’Arimathie et les disciples qui ont suivi Jésus jusque sur le

Calvaire, mettent un soin religieux à ensevelir dignement le corps du Seigneur. C’est

Joseph d’Arimathie qui offre à Jésus son propre sépulcre, une tombe qui n’avait jamais

servi. Il offre aussi un suaire immaculé et les aromates qui servent à rendre à Jésus les

derniers hommages. Joseph d’Arimathie est âgé et a déjà pris toutes les dispositions utiles

pour sa mort. En cédant son tombeau et tout le nécessaire à son propre ensevelissement, il

s’expose à ne pas en avoir lui-même si la mort venait à le frapper. Or, par ces dons,

Joseph d’Arimathie nous fait savoir qu’il a mis sa foi en Jésus dont il croit qu’il est

effectivement le Fils de Dieu fondé à dire : « je suis la résurrection et la vie. » Joseph

marque aussi sa rupture avec l’ancienne alliance : le salut ne se trouve plus dans des rites

mais dans une personne et cette personne, c’est Jésus-Christ.

Jésus a reçu les plus beaux hommages funèbres de son vivant. Rappelez-vous : six jours

avant la pâque, Marie-Madeleine a versé sur les pieds de Jésus un parfum de grande valeur

et ce geste avait été agréé par le Seigneur : « laisse-la observer cet usage en vue de mon

ensevelissement ! » dit-il à Judas qui récrimine, « … moi, vous ne m’aurez pas toujours »

(Jean 12, 7-8). Et l’Evangéliste précise : « la maison fut remplie de l’odeur de ce

parfum » (Jean 12, 3) ce qui nous renseigne tant sur l’intensité de l’amour repentant de

137

Marie-Madeleine, que sur la dilection avec laquelle Jésus accueille son geste. Jésus montre

ainsi que point n’est besoin de vouloir conjurer la mort par des rites ; lui, il en est

vainqueur et celui qui meurt en lui, vivra éternellement.

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Le tombeau du Christ à Jérusalem.

138

L’ATTENTE DU SAMEDI-SAINT

Contemplons

Ecoutons

C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les

femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent

le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et

préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

(Luc 23, 54-56)

Méditons

Le calme est revenu. La vie commence à reprendre son cours. Les habitants de Jérusalem

sont encore sous le choc du tremblement de terre, de l’obscurité… Ils constatent dans la

stupéfaction les dégâts sur la ville… Tous ces événements ont interrompu les rites dans le

temple… le sacrifice des agneaux notamment… Si bien que peu de familles ont eu

l’occasion de consommer l’agneau pascal…

Le corps de Jésus est dans le tombeau. Marie, Jean, Madeleine et les autres femmes ont

quitté le jardin du sépulcre pour rejoindre la ville. Pour tous, excepté Marie, l’histoire de

Jésus, l’histoire avec Jésus, s‘arrête là. La preuve est que les disciples d’Emmaüs

s’apprêtent à quitter Jérusalem pour retourner dans leur pays. Jésus est mort et personne,

excepté Marie, ne croit, ni même ne songe, qu’il pourrait ressusciter. Les apôtres sont

encore traumatisés : l’épreuve de la Passion les a anéantis et ils sont rongés par le remord

d’avoir, dans leur lâcheté, abandonné Jésus. Honteux, ils n’osent aller rejoindre le petit

groupe de ceux qui sont restés fidèles pour leur faire part de leur repentir… La mort de

Jésus semble signer la fin d’une belle aventure...

139

Que fait Marie en ce samedi-saint ? Les Evangiles ne le disent pas mais ce n’est pas difficile

à deviner. Elle lutte pour garder la foi, l’espérance et la charité. En ce samedi-saint, Marie

est la figure de l’Eglise qui attend l’aube de la résurrection, qui guette dans l’anxiété le

retour de l’époux. Elle lutte contre les tentations de désespoir que Satan murmure à son

Cœur. N’oublions pas que si Marie a été préservée des conséquences du péché originel,

elle n’a cependant pas été prémunie contre les tentations. Le mérite de Marie n’est pas à

chercher dans ce qu’elle a reçu mais dans ce qu’elle a fait de tout ce dont elle a été

comblée. Parce qu’elle est l’Immaculée, Satan s’est déchainé sur elle avec une violence à

la hauteur de tous les dons reçus. Pendant tout ce samedi, elle repasse dans son Cœur les

paroles de Jésus concernant sa résurrection. Elle les connait toutes car elle les a gardées,

les méditant sans cesse dans son Cœur. Elle repasse dans son esprit toutes les prophéties

pour y scruter les références à la prochaine résurrection du Messie. Elle prie comme jamais

elle n’a prié, non pas obtenir de Dieu que son Fils ressuscite mais pour obtenir de Lui que

ni elle, ni les apôtres ne vacillent dans leur foi, qu’ils gardent l’espérance.

Elle a accueilli tous les apôtres, qui les uns après les autres sont venus la trouver pour

donner libre cours à leur douleur. Comme des enfants qui ont fait une bêtise, elle les

recueille, les console, leur rappelle les paroles de Jésus, les engageant, comme elle, à

pardonner et à croire en la promesse du Christ de ressusciter au bout du troisième jour.

Très probablement, elle demande à Jean, ou aux femmes héroïques qui sont restées avec

elle, d’aller chercher ceux des apôtres qui n’osent pas venir d’eux-mêmes. Quelle douleur

pour Marie, lorsqu’elle apprend que Judas s’est donné la mort… S’il était venu à elle, elle

l’aurait assuré du pardon de Jésus… Elle l’aurait même, elle-même, recommandé à lui…

Marie est la Mère de l’Eglise qui en ce samedi-saint remplit sa mission de veiller sur la foi,

l’espérance et la charité de tous ses enfants en attendant le retour dans la gloire de Jésus.

L’attente du samedi-saint se prolonge pour l’Eglise jusqu’à la fin du monde. En effet, nous

sommes dans l’attente du retour en gloire de Jésus dans son deuxième avènement. En

attendant son retour, nous vivons de la foi en sa présence vivante et agissante dans un

monde qui nous est de plus en plus hostile. Notre esprit est inquiet car il semble tarder et

notre cœur ne parvient pas à trouver la paix car il a l’air de ne pas répondre à nos prières.

Comme à Marie, Satan ne cesse de nous suggérer des pensées de désespoir, à nous faire

croire que notre attente est vaine, que notre foi est sans fondement. Aussi, plus que

jamais, nous avons besoin de nous imprégner de l’exemple de Marie en ce samedi-saint, de

nous blottir contre elle et de nous confier à sa puissante intercession.

Marie a préparé les apôtres, les disciples au retour de Jésus le matin de pâques. Ce n’est

pas un hasard si le jour de la résurrection, les apôtres sont tous réunis au cénacle : c’est

140

parce que Marie les y a rassemblés autour d’elle pour les soutenir dans la foi, l’espérance

et la charité. Elle saura aussi nous préparer à la rencontre avec le Christ que ce soit le jour

de notre mort ou de son retour dans la gloire. Aussi, confions-nous à elle, car elle seule

connait les chemins de Dieu ; et pour cause, elle les a expérimentés pour nous. Amen.

Marana tha.

Prions

Voir page 7

Les reliques de la Passion du Christ

Le tombeau du Christ à Jérusalem