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Dans son acception moderne, la perception se définit comme la fonction par laquelle un sujet acquiert une connaissance apparemment immédiate d'objets extérieurs. Percevoir est donc toujours le fait d'une CONSCIENCE. Dès lors qu'elle est un mode de connaissance, se pose le problème de la VÉRITÉ de la perception et de l'ILLUSION dont elle est victime.[...]
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LA PERCEPTIONFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à
l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013
LA PERCEPTION
Dans son acception moderne, la perception se définit comme la
fonction par laquelle un sujet acquiert une connaissance
apparemment immédiate d’objets extérieurs.
Collection Philosophique
1
Définitions
LA PERCEPTION
Percevoir est donc toujours le fait d’une CONSCIENCE.
Dès lors qu’elle est un mode de connaissance, se pose le problème
de la VERITE de la perception et de l’ILLUSION dont elle est
victime.
Collection Philosophique
2
Définitions
LA PERCEPTION
Une question classique est celle de la distinction entre la sensation, état de conscience élémentaire
consécutif à l’excitation d’un sens, et de la perception qui impliquerait
une structuration de la sensation faisant intervenir l’IMAGINATION, la MÉMOIRE, le JUGEMENT, voir
le LANGAGE et la CULTURE, et l’insérerait dans un monde de
significations (SENS)Collection
Philosophique3
Définitions
LA PERCEPTION
Un problème majeur de la perception est celui de l’ESPACE et
du TEMPS, dont Kant a fait des formes a priori de la sensibilité.
Collection Philosophique
4
Définitions
LA PERCEPTION
L’ apparence est-elle toujours trompeuse ?
Collection Philosophique
5
DéfinitionsQuestion
LA PERCEPTIONa) Des exemples
Collection Philosophique
6
DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Un bâton plongé dans l’eau m’apparaît cassé : je le retire de l’eau et constate qu’il est en réalité droit ; assis dans un
train, je crois que mon train démarre, alors que c’est celui de la voie voisine qui
s’ébranle ; une bille roulée entre mon index et mon majeur croisés me paraît
double.
Quotidiennement nous expérimentons des erreurs de nos sens.
LA PERCEPTIONb) En quoi consistent de telles erreurs
?
Collection Philosophique
7
DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Quand elle dénonce les illusions sensorielles, la conscience commune le fait en les
opposant aux perceptions normales et correctes des sens :
Elle pose donc que dans leur fonctionnement habituel, « normal », les sens nous font
percevoir correctement les choses, telles qu’elles sont réellement, tandis que dans le
cas des illusions ils nous trompent. Il existerait donc des perceptions vraies et
des perceptions fausses.
LA PERCEPTIONb) En quoi consistent de telles erreurs
?
Collection Philosophique
8
DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Mais comment expliquer que les sens qui, normalement, percevraient les choses telles
qu’elles sont, puissent percevoir dans d’autre cas des choses fausses ?
Et comment puis-je être sûr, lorsque je perçois, que je suis dans le premier cas et non dans
le second ?
Dès lors la suspicion est jetée sur la fiabilité des sens, et cette suspicion peut devenir une
défiance complète, comme celle du rationalisme et de l’idéalisme.
LA PERCEPTIONa) Le rationalisme
Collection Philosophique
9
DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompent Pour le rationalisme (cf. par ex. Descartes, Spinoza, Hegel), en effet, la
connaissance humaine ne sort pas tout entière des sens et de l’expérience :
elle suppose des éléments a priori, des idées et des principes innés, qui
constituent la raison.
LA PERCEPTIONa) Le rationalisme
Collection Philosophique
10
DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompent La connaissance vraie se fonde sur ces éléments a priori et procède
nécessairement d’eux seuls, les sens ne pouvant fournir qu’une vue confuse et
provisoire de la vérité. Bien plus, les sens nous trompent non seulement par les
informations qu’ils communiquent à l’esprit, à l’âme, mais encore par la
puissance qu’ils exercent sur elle et qui l’empêche de bien juger. L’apparence est
donc toujours trompeuse.
LA PERCEPTION« Nos sens, écrit Malebranche, ne nous
trompent pas seulement à l’égard de leurs objets, comme de la lumière, des
couleurs, et des autres qualités sensibles, ils nous séduisent même
touchant les objets qui ne sont point de leur ressort, en nous empêchant de les considérer avec assez d’attention pour
en porter un jugement solide. » […]
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentLecture d’un
texte de Malebranche
LA PERCEPTION« Pour bien concevoir cette vérité, il est
absolument nécessaire de savoir que les trois manières dont l’âme aperçoit,
savoir par les sens, par l’imagination et par l’esprit, ne la touchent pas toutes
également, et que par conséquent elle n’apporte pas une pareille attention à
tout ce qu’elle aperçoit par leur moyen ; car elle s’applique beaucoup à
ce qui la touche beaucoup, et elle est peu attentive à ce qui la touche peu.»
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentLecture d’un
texte de Malebranche
LA PERCEPTION« Or ce qu’elle aperçoit par les sens la touche et l’applique extrêmement, ce
qu’elle connaît par l’imagination la touche beaucoup et l’applique
extrêmement, ce qu’elle connaît par l’imagination la touche beaucoup moins
; mais ce que l’entendement lui représente, je veux dire ce qu’elle
aperçoit par elle-même, indépendamment des sens et de
l’imagination, ne la réveille presque pas. » […]
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentLecture d’un
texte de Malebranche
LA PERCEPTION« Les sens appliquent donc extrêmement
l’âme à ce qu’ils lui représentent. Or, comme elle est limitée et qu’elle ne
peut nettement concevoir beaucoup de choses à la fois, elle ne peut apercevoir
nettement ce que l’entendement lui représente dans le même temps »
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentLecture d’un
texte de Malebranche
LA PERCEPTIONb) L’idéalisme
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompent Le rationalisme est solidaire d’un certain idéalisme, c’est-à-dire d’une doctrine
soit qui ramène la réalité du monde extérieur à nos représentations, qui
ramène donc toute existence à la pensée, soit qui place la réalité véritable dans un monde idéal, comme le monde
platonicien des idées : le monde extérieur, celui que nous percevons
devient alors un monde d’apparences.
LA PERCEPTIONb) L’idéalisme
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompent Pour Platon, en effet, le monde vrai, le monde réellement réel, n’est pas ce monde que nous percevons et dans lequel nous vivons, mais le
monde de ce qu’il nomme les Idées : ces Idées ne doivent pas être confondues avec les idées
au sens moderne, qui sont des pensées de notre esprit : les Idées platoniciennes sont les
essences, éternelles et immuables, des choses et des êtres vivants qui forment le monde qui nous entoure, et ces êtres et ces choses n’ont
de réalité que par leur participation à ces Idées.
LA PERCEPTIONb) L’idéalisme
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompent En d’autres termes, les Idées sont les modèles des réalités de notre monde, et ces réalités ne sont par conséquent que des imitations, des simulacres de
ces Idées. En ce sens le monde d’ici-bas est bien un monde d’apparences, et ces
apparences sont trompeuses dans la mesure où nous les prenons pour la
réalité vraie.
LA PERCEPTION
Collection Philosophique
18
DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pas
Cependant la position de l’idéalisme et du rationalisme reste contestée, et
l’empirisme, plus proche du sens commun, adopte la thèse opposée en soutenant que notre connaissance est
tout entière tirée des sens, qu’« il n’y a rien dans l’esprit qui n’ait d’abord été
dans les sens », selon la fameuse formule d’Aristote.
LA PERCEPTION
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pas
C’est la raison pour laquelle des empiristes comme Lucrèce pensent que nous ne
pouvons que faire confiance aux sens, puisque nous ne disposons que de leur
témoignage. Au reste, nous dit Lucrèce, ce témoignage est toujours vrai.
L’apparence n’est donc jamais trompeuse.
LA PERCEPTION« Quel témoignage, demande Lucrèce, a plu de
valeur que celui des sens ? Dira-t-on que s’ils nous trompent, c’est la raison qui aura mission de les contredire, elle qui est sortie
d’eux tout entière ? Nous trompent-ils, alors la raison tout entière est mensonge. Dira-t-
on que les oreilles peuvent corriger les yeux, et être corrigées elles-mêmes par le
toucher ? Et le toucher, sera-t-il sous le contrôle du goût ? Est-ce l’odorat qui
confondra les autres sens ? Est-ce la vue ? Rien de tout cela selon moi, car chaque
sens a son pouvoir propre et ses fonctions à part. »
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pasLecture d’un
texte de Lucrèce
LA PERCEPTION« Que la mollesse ou la dureté, le froid ou le
chaud intéressent un sens spécial, ainsi que les couleurs et les qualités relatives
aux couleurs ; qu’à des sens spéciaux correspondent aussi les saveurs, les odeurs
et les sons : voilà qui est nécessaire. Par conséquent les sens n’ont pas le moyen de
se contrôler mutuellement. Ils ne peuvent davantage se corriger eux-mêmes,
puisqu’ils réclameront toujours le même degré de confiance. J’en conclus que leurs
témoignages en tout temps sont vrais.»
(De la nature, Livre : IV, 483-501)
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pasLecture d’un
texte de Lucrèce
LA PERCEPTION
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pasKant : les sens
ne sont ni trompeurs ni véridiques
Le procès en faux témoignage que le rationalisme idéaliste intente aux sens et la défense de la
véracité des sens par un certain empirisme qui affirme que les sens ne sauraient nous tromper
ne constituent-ils pas en réalité une fausse querelle ?
Car, fait observer Kant, les sens ne peuvent pas plus tromper qu’ils ne peuvent dire la vérité dans la
mesure où ils ne jugent pas. Or le vrai et le faux définissent toujours des jugements. Ainsi dans
les prétendues « erreurs » des sens, ce ne sont pas les sens qui se trompent ni qui nous
trompent, mais c’est l’entendement qui se trompe dans les jugements qu’il fait sur les
données des sens.
LA PERCEPTION« Les sens ne trompent pas : proposition
qui récuse le reproche le plus important, mais aussi, à le bien penser, le plus vain qu’on adresse aux sens ; ce
n’est pas qu’ils jugent toujours exactement, mais ils ne jugent pas du
tout ; c’est pourquoi l’erreur n’est jamais qu’à la charge de
l’entendement. Cependant l’apparence sensible tourne pour l’entendement,
sinon à la justification, du moins à l’excuse ; »
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pasKant : les sens
ne sont ni trompeurs ni véridiques
Lecture d’un texte de Kant
LA PERCEPTION« c’est que l’homme en arrive souvent à tenir
l’élément subjectif de sa représentation pour l’objectif (la tour éloignée dont on ne voit pas les angles est considérée comme
ronde ; les lointains de la mer, qui atteignent le regard par des rayons
lumineux plus élevés, sont considérés comme plus hauts que le rivage : la pleine
lune qu’on voit, quand elle monte à l’horizon, à travers un air chargé de
vapeurs, bien qu’on la saisisse avec le même angle de vue, est tenue pour plus
éloignée, donc pour plus grande que lorsqu’elle est haut dans le ciel) ;»
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pasKant : les sens
ne sont ni trompeurs ni véridiques
Lecture d’un texte de Kant
LA PERCEPTION« et ainsi il en vient à prendre le
phénomène pour l’expérience et à tomber par là dans l’erreur, comme en
une faute de l’entendement, non comme en une faute des sens.»
(Kant, Anthropologie)
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pasKant : les sens
ne sont ni trompeurs ni véridiques
Lecture d’un texte de Kant
LA PERCEPTION
Collection Philosophique
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DéfinitionsQuestion
Des « erreurs » des sens
Le rationalisme et l’idéalisme : les sens nous
trompentL’empirisme :
les sens ne nous trompent
pasKant : les sens
ne sont ni trompeurs ni véridiques
Dans ces conditions, l’apparence n’est jamais trompeuse : elle n’est ni vraie ni
fausse, elle est simplement ce qu’elle est.
C’est à nous d’en bien juger.
LA PERCEPTIONFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à
l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013
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