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MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE DE TULEAR ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE PHILOSOPHIE (ENS) LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE DES IDOLES DE NIETZSCHE Mémoire en vue de l’obtention de Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Ecole Normale (CAPEN) Présenté par FERNANDEIZ Josué Serge Nicolas Sous la direction du Professeur SAMBO Clément Date de soutenance : 16 Octobre 2006 Année universitaire 2004- 2005

LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

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MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE DE TULEAR ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE PHILOSOPHIE (ENS)

LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU

DANS LE CREPUSCULE DES IDOLES

DE NIETZSCHE

Mémoire en vue de l’obtention

de Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Ecole Normale (CAPEN)

Présenté par FERNANDEIZ Josué Serge Nicolas

Sous la direction du Professeur SAMBO Clément

Date de soutenance : 16 Octobre 2006

Année universitaire 2004- 2005

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LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU

DANS LE CREPUSCULE DES IDOLES

DE NIETZSCHE

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REMERCIEMENTS

A l’occasion de la présentation de ce mémoire, nous remercions à tous ceux qui

ont participé à sa réalisation. Nous croyons que ce travail n’aurait pas été soutenable

sans votre participation active et inimaginable.

Ainsi, nos remerciements touchent-ils Monsieur SAMBO Clément qui, malgré

ses innombrables occupations, nous a consacré des temps pour nous diriger. Ses bien-

faits et ses conseils sont salués avec respect et reconnaissance.

A Monsieur le Directeur de l’Ecole Normale ainsi qu’enseignant, nous ne pou-

vons pas oublier de remercier Monsieur ZENY Charles. Vos conseils sont loin d’être

oubliés.

Enfin, nos remerciements s’adressent à tous les enseignants de l’ENS, à nos fa-

milles et à nos amis pour leurs soutiens matériels ou moraux, ainsi qu’à tous ceux qui

ont participé à la réalisation de cet ouvrage que ce soit de proche ou de loin, direct ou

indirect.

L’élève

FERNANDEIZ Josué serge Nicolas

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2

INTRODUCTION

Après la révolution de la science pendant la Renaissance, les Eglises à leur tour,

par le biais de Luther, trace une voie de la Reforme. Celle-ci a été menée dans le but de

soustraire les lacunes aux seins des Eglises et les critiques des certains penseurs. Ces

deux entités là étaient poursuivies par la Révolution Française de 1789, la naissance de

la libre pensée et le retour vers la démocratie. De cette situation naît également un

souffle nouveau vers le nihilisme. Bon nombre des penseurs sont enclins au pessimisme

face au changement inattendu de ses situations. Pour Marx, Feuerbach, Schopenhauer,

Spinoza, le règne de l’Eglise doit être mise en doute. Darwin à son tour rejette la Sainte

Ecriture, particulièrement la Genèse qui relate la formation des êtres vivants. Karl Marx

à l’occurrence bouleverse et renverse les tables inaugurées par Socrate, Platon, Kant,

Hegel ainsi que les autres sans pour autant arriver à éliminer l’aliénation. Au lieu de

libérer l’homme du régime de la bourgeoisie, il l’enfonce une nouvelle fois dans le

socialisme. D’ailleurs la seconde partie du XIXe siècle est une période remarquable sur

tous les plans. Dans le domaine de la philosophie, Auguste Comte propose le positi-

visme, Karl Marx publie Le Capital, en 1867. D’un autre côté, les Eglises répliquaient à

ces critiques. Elles soutenaient ses idées en affirmant que « Sans la foi, point de salut ».

Ils invitent l’homme à rester fidèle. Ils font tous les moyens pour résister à toutes

tentatives des menaces extérieures. C’était dans cette disposition instable que naquit un

philosophe allemand appelé Friedrich Nietzsche.

Victime de cette civilisation, il accuse les valeurs en place comme seul respon-

sable de cette décadence humaine. C’est pourquoi le principal problème qui le préoc-

cupe, c’est celui de la culture moderne. Celle-ci vit de croyances aux valeurs. Or, les

valeurs dont vit l’homme moderne sont le christianisme, le pessimisme, le rationalisme,

la morale du devoir, la démocratie et le socialisme. Elles sont tous de symptôme d’une

décadence, d’une vie qui s’appauvrit et qui s’effrite.

Les œuvres de Nietzsche sont réservés pour briser les tables de valeurs, en mon-

trant leur source vérifiable qui est la lassitude de vivre. Elles opèrent la transmutation

des valeurs, en mettant au premier plan la volonté de puissance, tout ce qui affirme la

vie dans son épanouissement et sa plénitude. La partie la plus aisée à comprendre de ces

œuvres, celles qui critiquent et qui ne paraissent guère dépasser les bornes de la philo-

sophie du XIXe siècle, reposant sur la primauté de la raison. Nietzsche saisit, dans tout

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son étendu, ce mal qu’il appelle, dans La volonté de puissance, le nihilisme européen.

Cette attitude commune se traduit par la pitié, l’amour haineux de l’homme religieux et

l’égalitarisme du socialisme.

La civilisation occidentale, selon Nietzsche, jusqu’au XIXe siècle parait sous ces

aspects inhumains. Ces aspects inhumains consistent principalement par le mépris de

l’existence terrestre en faveur de l’au-delà et le mépris du corps en faveur de l’âme. Ce

problème touche alors, non seulement la civilisation occidentale de l’époque mais il

concerne la nôtre qui, malgré la poussée des nouvelles idéologies, est entièrement

engloutie dans ces idéaux.

De ce fait, nous avons choisi notre sujet puisque comme les Occidentaux, nous

sommes aussi victimes de ce aspect inhumain, de ces valeurs détournées. Dans la

société actuelle, ce phénomène est évident. La démocratisation et l'harmonisation sont

des idéaux du XIXe siècle. Comme Nietzsche a avancé des résultats et fait apparaître le

doctrine du surhomme pour arrêter ce désastre. Nous avons pris sa pensée comme

référence afin de protéger notre civilisation ainsi que celle de nos patries et des toutes

les générations futures. En dépit de notre époque, nous croyons que sa pensée reste

d’actualité. Les ombres de ces valeurs déroutées contaminent encore la société actuelle.

Le progrès de la science ne résout pas le problème d’aliénation et de la maladroite

humaine. L’homme contemporain vit dans un embarras de choix, sans affirmer ce qu’il

est réellement. La société contemporaine se caractérise par une crise des valeurs qui est

à la fois une crise du fondement qui n’est plus crédible. Nous nous apercevons que les

valeurs sont relatives.

« Dieu cesse de faire partie des préoccupations habituelles des hommes. On s’y

réfère de moins en moins pour scander les journées ou prendre une décision. […] Dieu a

cédé la place à d’autres valeurs : la rentabilité, l’efficacité. S’il pouvait être perçu

autrefois comme donnant sens à toutes les activités humaines, il est aujourd’hui relégué

dans les oubliettes de l’histoire. [...] Dieu s’est effacé des consciences. »1

Et pourtant

1 Anonyme, L’humanité à la recherche de Dieu. [Fascicule des Témoins de Jéhovah], p. 328.

Page 6: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

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« Pour être accepté dans la société, on devait afficher une certaine foi en Dieu,

même si tout le monde ne pratiquait pas avec sincérité ce qu’il prétendait croire. On

gardait prudemment pour soi ses doutes et ses incertitudes. Quiconque les aurait

exprimés en public aurait choqué, risquant même d’être mis au ban de la société. »2

Nous devons projeter vers l’avenir qui nous attend. Nous devons surmonter nos

lacunes pour pouvoir se libérer de toute forme d’aliénation. D’où le choix de notre sujet

de recherche intitulé :

La philosophie à coups de marteau dans Le crépuscule des idoles

de Nietzsche

Pour mieux comprendre le choix de notre sujet, il sera mieux de faire quelques

remarques.

Au sens large du terme, le marteau est un matériel utilisé par les sculpteurs lors

de la fabrication des équipements ou quelques choses d’autres. Il est nécessaire à la fois

pour briser et construire. Cette image nous renvoie que la philosophie à coups de

marteau va dans le sens de tout détruire pour reconstruire : détruire toutes les valeurs

déroutées c’est pour pouvoir en fait construire une autre à la porté des êtres humains en

progression.

Les valeurs définissent les objets du monde, mettant en évidence leurs portées

positives ou négatives. Apparemment, les valeurs semblent être des propriétés de l’objet

ou du phénomène bien qu’elles ne lui soient propres par nature ni simplement en raison

d’une structure interne de l’objet comme tel mais parce que celui-ci participe à la sphère

de l’être social de l’homme. Il est le vecteur de certains rapports sociaux. Par rapport au

sujet (l’homme), les valeurs sont des objets de ses intérêts et jouent, pour sa conscience,

le rôle de points de repère quotidiens dans la réalité objective et sociale, de définition de

ses différents rapports pratiques aux objets et aux phénomènes environnants.

Pour accomplir notre travail nous avons toujours besoin de suivre la méthode

adoptée par Nietzsche. La restitution de la véritable identité de l’homme et sa liberté

n’est accomplie qu’avec l’acte de destruction et de construction.

2 Ibidem.

Page 7: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

5

Avant d’aborder la critique nietzschéenne de la morale, il est nécessaire d’exa-

miner son point de vue sur la philosophie antique et sur la religion en l’occurrence le

bouddhisme et le christianisme.

Comme la méthode nietzschéenne ne se termine que sur la transmutation, il n’est

pas moins vrai de nous jeter un coup d’œil sur ce point. Nous essayerons de voir

comment réaliser cette transmutation, dans quelle condition pourrons-nous accomplir la

morale aristocratique et dans quel sens représente l’homme instinctif.

Pourtant, force est de savoir que sans l’étude de l’origine de la pensée nietzsché-

enne, nous ne pouvons pas en sortir de sa philosophie. Il est indispensable de voir dans

quel contexte se situe sa pensée avant de s’efforcer de comprendre sa philosophie. C’est

la raison pour laquelle nous faisons un grand recours sur cette partie avant d’aborder les

autres. Nietzsche nous signale que :

« Toutes mes vérités sont trempées dans du sang. »3

Certes, la philosophie de Nietzsche est presque sans origine. Il s’attaque à tout le

monde. Nous tenons à mettre les origines de la pensée nietzschéenne comme une guide

afin de comprendre la teneur de sa philosophie.

3 http : // perso-club-internet.fr/michelaard/degout.htm

Page 8: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

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Première Partie :

ORIGINES DE LA PENSEE DE NIETZCHE

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I.1 L’ANTIQUITE GRECQUE

Plus les autres formations reçues, l’antiquité grecque a une place importante

dans la philosophie de Nietzsche. Sans rétrospection de ce qui est en Grèce antique, on

risque d’avoir de connaissance illusoire à propos de ce philosophe. Celui qui veut étu-

dier sa pensée doit avoir beaucoup de notions à propos de la Grèce antique. Force est de

savoir que la Grèce est le berceau de toute civilisation, de tout ce qu’on appelle

philosophie.

« Tout a commencé au début du VIe siècle avant notre ère, dans la cité grecque

de Milet, sur la côte d’Asie Mineure où les Ioniens avaient établi des colonies riches et

prospères. »4

Il ne faut pas oublier que Nietzsche consacre beaucoup de temps à propos de la

civilisation grecque et spécialiste même (philologue de qualité avant d’être philosophe).

L’abandon de la théologie s’est pour lui l’admiration de la philologie et que cette

dernière est le moyen par lequel il arrive à la philosophie. Depuis le 19 Avril 1869

Nietzsche consacre ses cours sur l’histoire des philosophes pré-platoniciens et sur

Hésiode (poète grec, vers le milieu du VIIIe siècle avant Jésus Christ). Le mois de mai

de cette année, il inaugure sa leçon sur Homère (le plus célèbre poète épique grec). Une

année plus tard (le 18 janvier 1870), il fit une conférence sur le Drame musicale grec.

Durant l’hiver de cette date, il traite la poésie et la rythmique grecque probablement de

Prométhée (mythe grec) d’Eschyle et d’Œdipe roi de Sophocle (poète tragique grec en-

tre 496 à 406 av. J.-C.). Dans le Semestre d’été 1871, il introduisit ses étudiants à

l’étude de la philologie classique et à la philosophie de Platon (philosophe grec entre

428 à 347 av. J.-C.). Une année après, il publie son première œuvre intitulée La

naissance de la Tragédie dans laquelle il connut déjà un grand succès face à son

alentour.

I.1.1 LES PRESOCRATIQUES

Héraclite vivait à Ephèse, en Ionie, une colonie grecque sur la côte occidentale

de l’Asie (l’actuelle Turquie), vers -500. Dès l’Antiquité, on fabrique des anecdotes au

sujet de sa vie.

4 VERNANT Jean-Pierre, Mythe et pensée chez les grecs. p. 404.

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Sa pensée est née de la confrontation de la civilisation grecque (Homère et les

dieux de l’Olympe) avec la civilisation perse (Zoroastre ou Zarathoustra et le maz-

déisme). Sous le nom de Zoroastre circulaient également, à l’Ouest de l’immense em-

pire perse, les concepts du foyer intellectuel le plus brillant de cette partie du monde:

Babylone.

Comme son nom l’indique Héraclite d’Ephèse est un philosophe grec naquit en

Ephèse, (ancien ville d’Ionien, sur la côte de la mer Egée : en Asie mineure. Ce fut un

grand centre financier, commercial et religieux, son temple d’Artémis était considéré

comme l’une des Sept Merveilles du monde) ,entre 550 à 480 avant notre ère. On lui

classe parmi les philosophes matérialistes et dialecticiens grecs. Pourtant, il fut un per-

sonnage de sang royal (aristocrate) qui s’abstint de la politique. Il est également une

personnalité étrange, très forte, très hautaine, très solitaire. Il est en quelque sorte un

philosophe isolé. Ce qu’il fut dans sa vie, il le fait dans sa philosophie. Il n’a pas eu de

maître d’une discipline immédiate même s’il est allé très loin dans la dialectique. Bon

nombre le classe comme père de cette dialectique. L’ouvrage d’Héraclite De la nature,

dont il ne nous reste que des fragments, était célèbre dans l’antiquité à la fois en raison

de la profondeur des idées qu’il renfermait et du caractère énigmatique de leur exposé.

D’où son nom appelé par ses contemporains « L’obscure ». Ce ne fut peut-être pas un

ouvrage continu mais une suite de phrase ayant trait à l’enseignement oral et qui se

groupe autour de trois centres : Le monde, l’homme et Dieu. Ainsi les principaux points

de sa doctrine qu’on examinera sont-ils du mobilisme universel, de la lutte des op-

posées, le rôle primordial du feu et le Logos.

Le mobilisme universel est la thèse le plus connu d’Héraclite : Tout bouge et

rien ne demeure. Pour lui, le monde est en perpétuel mouvement. La portée de cette

affirmation est importante pour comprendre le reste. Il explique cette pensée grâce à une

image : « On ne peut pas se baigner deux fois dans le même fleuve » 5et son disciple

Cratyle va plus loin en affirmant que :

«On ne peut pas se baigner même une seule fois dans le même fleuve. » 6

5 BRUN J., Les présocratiques. p. 50. 6 http://www. Geocities. Com/nyssen/herac.htm

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Héraclite veut souligner par-là que tout bouge et même ce qui a l’apparence du

stable est en mouvement et même sous cette apparence de stabilité il y a écoulement et

que la stabilité apparente peut-être produit de l’écoulement. De là dégage la thèse

générale que l’ordre du monde n’est pas fait de stabilité inerte mais toujours d’un écou-

lement sous-jacent.

La lutte des contraires : le monde n’est pas un chaos, n’est pas en proie, en un

mouvement désordonné mais il y a en lui un ordre, une harmonie qui résulte de tension

contraire (qui dit tension, dit force, dit mouvement). Par conséquent, la stabilité n’est

pas statique mais dynamique : elle n’est pas l’absence du mouvement mais résultat de

mouvements contraires qui s’équilibrent. Héraclite ainsi apporte l’élément nouveau que

l’harmonie est le produit d’une tension. Il l’a fait comprendre par l’image de la corde

qui tend le bois de l’arc.

Dire que l’ordre est une tension, c’est saisir que la lutte et la guerre sont à la base

de la génération. Pour souligner cette interdépendance de contraire, source de contraire,

source de l’ordre, il va jusqu’à dire que les contraires s’identifient, qu’il y a certains

unités qui relient les choses opposées. Par exemple : le chemin vers le haut est identique

au chemin vers le bas. Certaine chose est bonne et d’autre non. Les oppositions que

l’homme vit, doivent se résoudre et produire quelque chose qui dépasse les éléments

opposés, à savoir une harmonie.

Cela ne signifie pas que tout se confond mais les forces qui s’opposent ne sont

pas simplement juxtaposées. La matière translucide qui donne naissance aux étoiles ne

se nie pas simplement l’une de l’autre mais il y a une relation dynamique entre elle qui

surmonte l’opposition. Ainsi le mal que fait le couteau de chirurgien est-il bien parce

qu’il guérit. Héraclite concevait l’évolution du monde comme cyclique. L’être contient

son contraire et c’est au sein de l’opposition même qu’on trouve l’unité. Ceci mène à la

troisième thèse : le rôle primordial du feu.

Concernant ce rôle primordial du feu, Héraclite dit que :

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« Cet ordre du monde, le même pour toute chose, aucun Dieu ni des hommes ne

fait mais il était toujours et il est et il sera feu toujours vivant, s’allumant en mesure et

s’éteignant en mesure. »7

Le feu joue le rôle d’une matière primitive mais ne peut être pas au sens des

anciens physiologistes. C’est-à-dire que tout aurait commencé par le feu et y retournait.

Héraclite ne dit pas que la conflagration serait une étape dans l’évolution du monde,

étape apparaissant régulièrement, étape marquant le début d’une nouvelle époque. En

somme, il ne dit pas que le cycle des changements cosmique produisaient des périodes

de conflagration générale suivit d’un nouveau monde (théorie stoïcienne).

Tout était, est et sera feu. Il s’allume en mesure et il s’éteint en mesure. Ce qui

veut dire que l’embrassement à un point est composé par l’extinction ailleurs. Le feu,

dans la conception d’Héraclite, serait comme une monnaie qui s’échange du feu et le

feu en échange de toute chose comme l’or pour les marchandises et les marchandises

pour l’or. Ainsi, le feu peut se transformer dans les autres éléments. Le feu a les qualités

de subtilité nécessaire pour faire comprendre que le monde est toujours en mouvement.

Il a aussi la qualité de tout transformer et de s’entretenir lui-même. Il permet de faire un

lien entre la vie et la chose inerte, le feu en mouvement est la caractéristique du monde

vivant. D’ailleurs le feu, dans la conception d’Héraclite est en concordance avec la

tradition. Il n’est pas seulement le feu matériel mais aussi le feu cosmique lequel est la

matière et quelque chose la plus pure que l’air.

Le feu est logos : les anciens n’ont pas le vocabulaire nécessaire pour distinguer

le non matériel du matériel. Le feu étant une matière très subtile, très légère. Il était

alors facile de penser qu’il est doué d’une conscience et de raison et ces naturels de

l’appeler Logos. Le mot « Logos » chez Héraclite tendre comme une explication

raisonnable, rationnelle et aussi certainement comme une proportion, une raison

mathématique.

Héraclite pense qu’il y a une mesure dans le monde qu’on peut exprimer en

disant que tout est feu, mais aussi il sera mieux que tout est Logos. Ce feu Logos rend le

7 http://www. Geocities. Com/nyssen/herac.htm

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monde intelligible en harmonie. Il empêche la destruction universelle que serait la lutte

entre les contraires si elle n’était point contrebalance par l’harmonie.

Il est facile de faire l’application de cette idée à l’homme s’il y a une « rationa-

lité » de l’univers. C’est par la raison, par la réflexion que l’homme peut la comprendre.

Il n’y aura l’intelligence et la sagesse que dans l’univers avec logos. L’homme

reproduisant en lui, par son logos, l’ordre du monde peut-être comparé à un microcosme

par rapport à un macrocosme qui est l’univers.

Plus tard, Empédocle devient un philosophe matérialiste et poète de l’Antiquité

grec. Il est présenté par la légende comme un personnage excentrique, il élabora une

pensée originale à partir de la synthèse des œuvres hétéroclites de ses prédécesseurs. Il

naquit vers 495-435 av. J.-C. Il était considéré parmi les grands philosophes

présocratiques par le moyen duquel Nietzsche élabore sa philosophie.

Empédocle était un célèbre philosophe d’Agrigente, florissait vers l’an 444 av.

J.-C. Il reçut les leçons des pythagoriciens et excella à la fois dans la philosophie, la

poésie, la médecine et la musique. Il avait composé sur De la nature un poème si beau

qu’on le lut publiquement aux jeux olympiques. Les Siciliens, ses compatriotes, avaient

une si haute idée de son génie qu’ils lui supposaient le pouvoir d’enchaîner les vents et

qu’ils l’avaient surnommé le magicien. C’est ainsi que de nos jours, des auteurs se sont

obstinés à supposer à plus d’un grand homme le pouvoir de prédire le temps. On dit

que, voulant cacher sa mort et passer pour un dieu, il se précipita dans le cratère de

l’Etna. Que la montagne, rejetant ses sandales, empêcha son projet en démasquant sa

vanité. Il est plutôt à croire qu’il périt, ainsi que pleine victime de son zèle pour la

science, en observant une éruption du volcan. Selon d’autres, il quitta sa patrie après la

prise d’Agrigente par les Carthaginois (403) et alla mourir dans le Péloponnèse.

Empédocle ne s’était déclaré ouvertement pour aucune école, bien que par ses doctrines

il inclinât vers le pythagorisme. Il croyait à la transmigration des âmes et voyait des

rapports mystérieux entre les corps et les nombres. Il entreprit le premier d’élever à la

hauteur une théorie de l’amour, qui unit et la haine, qui sépare, en transportant ces

sentiments jusque dans la nature inanimée. Ces deux causes primitives étaient pour lui

des forces primordiales, lointains analogues de l’attraction et de la répulsion des

physiciens modernes. L’attraction et repoussement expliquent, selon Empédocle,

l’union et la séparation des éléments. La prédominance de telle ou de telle force

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12

explique les différents stades par lesquels passe le développement de l’univers. Ces

forces agissaient sur la matière, elle-même est formée selon Empédocle de quatre

éléments : le feu ou Zeus, la terre ou Héra, l’air ou Pluton et l’eau. Il a pressenti le

phénomène de l’évolution des êtres vivants par la sélection naturelle des combinaisons

plus viables. Partant de ce principe, que le semblable n’eut connu que par le semblable,

il composait l’âme elle-même de ces quatre éléments.

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I.2 LA PENSEE ORIENTALE

I.2.1 L’IDEE DE ZARATHOUSTRA

Le mot Zarathoustra a une grande importance dans la philosophie de

Nietzsche. C’est un grand personnage qui englobe sa pensée. Qui est d’abord ce

Zarathoustra?

Quelle différence y a-t-il entre ce Zarathoustra historique et Zarathoustra de

Nietzsche ?

Né dans l’Ouest de l’Iran aux alentours du lac Urmia, Zarathoustra (Zoroastre)

fut un prophète Iranien du VIIe siècle av. J.-C.

Il commence sa vie comme un prêtre de la religion traditionnelle aryenne qui

comportait entre autres de nombreux rites sacrificiels, en particuliers d’animaux qui lui

font reconnaître la divinité « AHURA MAZDA ». Ce prophète parle et écrit également

en langue iranienne appelée « AVESTAN ».

Il introduit en Iran la religion dualiste selon laquelle toute est opposition et il

commence une action de sermons passionnés. Il n’a jamais prétendu être un prophète

ayant des contacts avec un dieu. Il ne s’est jamais présenté comme un intermédiaire

entre Dieu et les hommes, ni comme son fils, ni comme son porte-parole. Il n’a jamais

établit des préceptes, des commandements détaillés pour ses fidèles, ses adhérents. Il

s’est contenté de donner des directions de recherche spirituelles, des directives généra-

les, laissant leurs fidèles de distinguer avec attention, voir par leur intelligence la bonne

action et de découvrir eux-même l’existence du créateur ayant crée la terre et le ciel.

La doctrine de Zarathoustra affirme l’existence d’un Dieu souverain AHURA

MAZDA, d’un livre sacré ZEND-AVESTA, d’un ciel et d’un enfer. Elle promet la ve-

nue d’un sauveur, la résurrection des morts et un jugement dernier : l’idée que l’on

trouve dans les trois grandes religions monothéismes telles que le Judaïsme, le Christia-

nisme et l’Islam. Certains spécialistes pensent que ce Mazdéisme (venant de la divinité

suprême Ahura Mazda) ou bien zoroastrisme instaure le monothéisme et influence ces

trois grandes religions.

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En effet, cet iranien Zarathoustra est non seulement un prophète mais aussi et

surtout comme un réformateur de l’antique religion des anciens Iraniens (Perse). Litté-

ralement Zarathoustra est nommé « celui à la lumière brillante » ou bien en grec Zo-

roastre : « Astre-d’or » qui instaure le monothéisme.

Voilà en ce qui concerne sur ce Zarathoustra historique. Vient alors le Za-

rathoustra de Nietzsche.

Le Zarathoustra de Nietzsche est né dans « les deux visions espacées de dix huit

mois environ : celle de Surale en août 1881et celle de Rapallo. En plus de la lucidité et

la sincérité de notre philosophe, il voit en Zarathoustra cette vertu là (avoir le courage

de ses opinions, le courage de la vérité). C’est en ce sens que Zarathoustra fut « plus

sincère qu’aucun autre penseur. » C’est pourquoi Nietzsche l’a choisi.

Mais à la différence de Zarathoustra historique, le Zarathoustra de Nietzsche

c’est le grand personnage dont il parle dans Ainsi parlait Zarathoustra. Ce personnage

dont il a choisi c’est précisément pour dire « juste le contraire » de ce qu’a dit le Zara-

thoustra historique. Ce qui intéresse notre philosophe sur celui-ci c’est surtout qu’il a

été le premier à découvrir clairement le fondement moral de sa métaphysique, à opérer

délibérément cette transposition de l’éthique en cosmiques, à discerner la

« Généalogie » morale de sa conception.

Il accepte celui-ci comme le prophète mais un prophète qui annonce un message

autre que ce qu’a dit le premier. Zarathoustra se retire d’abord dans la montagne et puis

redescend parmi les hommes après, quarante ans de sa naissance, dix ans de la vie

solitaire dans la caverne d’une montagne pour leur enseigner sa philosophie. Dans ses

discours il prend le contre pied de ces valeurs en place qui ne fait que mépriser, détruire

ce qui est bon en l’homme et falsifier la vie au nom de l’au-delà. Il annonce la voie qui

mène à la réhabilitation du corps qui était longtemps en oubli ou bien en désuète. Il

construit une nouvelle table de valeur (détruire pour construire), une nouvelle métaphy-

sique (éternel retour) dont le seul Dieu est Dionysos (Dieu de la danse, de la joie, de

l’ivresse, de l’art, de la création). Dans son voyage, il rencontre des personnages dont il

maudit comme le pape, le mendiant volontaire, les deux rois. Ils symbolisent la morale

qu’il rejette. Par le biais de ce livre, Nietzsche renvoie beaucoup de leçons et prophétise

la venue d’une race noble : le surhomme.

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Ce second fut l’annonciateur d’un complet retournement culturel en tant que

prophète d’une nouvelle civilisation, ni grecque, ni chrétienne ; radicalement neuve.

Ainsi, Zarathoustra vient selon la formule du livre d’Isaïe (60, 3) reprise par Jean

Baptiste « préparer sa voie et aplanir son chemin » du surhomme.

I.2.2 LE BOUDDHISME

Avant de comprendre ce que c’est le bouddhisme, il est bien de voir sur

l’histoire de Bouddha, son fondateur.

Il est né vers 563 avant JC. Dans la ville de Kapilavastu (située aujourd’hui au

Népal). Il a comme nom de naissance Siddhârta. Ses parents (le roi Shuddhodana et la

reine Maya) régnaient sur le clan des Sakyas. L’histoire de sa naissance est miraculeuse.

Une nuit, la reine Maya rêva qu’un éléphant à six trompes portant dans sa trompe une

fleur de lotus rentra en elle par le côté droit, au même moment un fils fut conçu. Les

Brahmanes (religieux) vinrent et interprétèrent le rêve de la manière suivante : cet en-

fant sera : soit le plus grand roi du monde, soit le plus grand des ascètes (saint homme

qui pratique l’abandon de l’ego). Le futur enfant fut nommé Siddhârta, ce qui signifie

« celui dont le but est accompli ». Plus tard quand la reine Maya était en route pour la

maison de son père afin de préparer la naissance, elle fit arrêter son chariot dans le jar-

din de Lumbini et s’appuya sur une branche d’arbre pour se reposer. A cet instant,

Siddhârta sortit de son sein droit sans aucune aide. L’enfant marcha sept pas dans les

quatre directions et des fleurs de lotus surgirent là où son pied touchait terre. Alors,

l’enfant déclara :

« Je n’aurai plus de vie future à endurer, ceci est ma dernière incarnation.

Maintenant puisse-je détruire et arracher les racines cause de la souffrance de

renaissances successives. »8

Sept jours plus tard, la reine Maya mourut. Mahaprajapati, la sœur de maya,

s’occupa de Siddhartha. Le roi Shuddhodana évita à Siddhârta toutes les formes de

souffrance. Quand Siddhârta eut 20 ans, il épousa Yasodhara, la fille de l’un des minis-

tres ; et un an après, ils eurent un fils nommé Rahula (ce qui signifie « entrave » ou

« empêchement »). A l’âge de 29 ans, Siddhârta demanda à son conducteur de char,

8 http://www. Chez.com/bouddhisme/

Page 18: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

16

Channa, de l’emmener deux fois hors de la cité sans l’assentiment du roi. Durant ces

deux voyages, Siddhârta vit « Les quatre spectacles » qui changèrent sa vie. Pendant

son premier voyage, il vit la vieillesse, la maladie et la mort. Dans le second, il vit un

saint homme errant, un ascète, sans possessions. Siddhârta commença à questionner le

saint homme, lequel était rasé, vêtu d’une seule robe déchirée jaune et s’aidant d’un

bâton de marche. L’homme lui déclara :

« Je suis... terrifié par la ronde incessante des vies et des naissances et ai adopté

cette vie de pauvreté afin d’atteindre la libération... Je cherche l’état béni dans lequel la

souffrance, la vieillesse et la mort sont inconnues. »9

Cette nuit là, Siddhârta silencieusement embrassa sa femme et son fils et or-

donna à Channa de le conduire dans la forêt. En lisière de forêt, Siddhârta sortit son

épée incrustée de joyaux et se coupa les cheveux et la barbe. Il ôta tous ses habits prin-

ciers et enfila la robe jaune des saints anachorètes. Il ordonna à Channa de rapporter

toutes ses possessions à son père. A partir de ce moment, Siddhârta erra à travers le

Nord-Est de l’Inde, visitant les saints hommes et étudiant les concepts de Samsara (ré-

incarnation), de Karma (loi de cause à effet) et de Moksha (délivrance). Attiré par les

idées sur Moksha, Siddhârta s’installa sur les rives de la rivière Nairanjana et pratiqua

de sévères austérités, restant constamment en méditation. Après six années passées à

boire et à manger juste suffisamment pour rester en vie, son corps était émacié et il

devint très affaibli. Cinq autres saints hommes se joignirent à lui, espérant apprendre de

son exemple. Un jour, Siddhârta réalisa que ces années d’austérité n’avaient fait

qu’affaiblir son corps et qu’il n’arrivait plus à méditer efficacement. Quand il marcha

vers la rivière pour prendre son bain, il était devenu trop faible pour avancer et les ar-

bres inclinèrent leurs branches afin de le soutenir. A cet instant, une jeune fille nommée

Nandabala vint et lui offrit un bol de lait et du riz, que Siddhârta accepta. A cette vue,s

les cinq compagnons de Siddhârta le quittèrent. Régénéré par cette nourriture, Sidd-

hartha s’assit sous un figuier (connu sous le nom d’arbre de la bôdhi ou arbre d’illumi-

nation) et résolu de trouver une réponse à la question de la souffrance. Pendant qu’il

méditait, Mara (le diable) envoya ses trois fils et filles pour tenter Siddhârta avec la soif,

l’appétit, le mécontentement et la tentation des plaisirs. Siddhârta, inébranlable, entra

dans une profonde méditation et obtint le souvenir de toutes ses naissances, comprenant

9 http://www. Chez.com/bouddhisme/

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17

l’infini cycle des naissances et des morts. Avec une certitude absolue, il rejeta les

passions et l’ignorance génératrice de la naissance. C’est là, que Siddhârta atteint l’éveil

et devint le Bouddha (l’illuminé). Il n’a plus désormais ni désirs, ni souffrances. Il

expérimenta le Nirvana :

« Il y a un lieu qui n’est ni la terre, ni l’eau, ni le feu, ni l’air... qui n’est pas ce

monde ou un autre monde, ni le soleil ou la lune qui ne va et vient, endurant naissance

ou mort. C’est l’absolu fin de toutes les souffrances. »10

Après avoir su le Nirvana, il retourna. Il retourna vers le monde. Il détermine à

partager son illumination à autrui de manière à ce que tous puissent mettre fin aux

cycles des souffrances causées par le cycle incessant des renaissances. Bouddha vint à

la citée de Sarnath et retrouva dans le parc des cerfs les cinq ascètes qui l’avaient quitté.

Quand ils virent le bouddha, ils réalisèrent qu’il avait atteint le plus haut état de sainteté.

Le bouddha commença à leur enseigner ce qu’il avait appris. Il fit un cercle sur le sol

avec des grains de riz, représentant la roue de la vie que l’on parcourt existences après

existences. Cet enseignement fut appelé le sermon du parc des cerfs ou encore « La

mise en mouvement de la roue de la Loi ». Siddhârta révéla qu’il était devenu un

Bouddha. Il décrivit les plaisirs qu’il avait connus en tant que prince et sa vie de sévères

pratiques ascétiques. Aucun de ces chemins ne pouvait mener vers le Nirvana. Le

chemin juste est la Voie du Milieu, qui consiste à rester loin des extrêmes. Répondre

aux exigences de la vie n’est pas condamnable, enseigne le Bouddha. Puis :

« Garder le corps en bonne santé est un devoir, autrement nous ne serons pas

capables d’allumer la lampe de la sagesse et de garder notre esprit ferme et clair. »11

Bouddha leur enseigna alors le Dharma, qui consiste dans les quatre nobles

vérités et l’octuple sentier. Les cinq ascètes et d’autres se joignirent au bouddha et

l’accompagnèrent partout. Comme de plus en plus les rejoignait, le Bouddha organisa

une Sangha, une communauté de bhikkus (moines ordonnés et plus tard de nonnes). La

Sangha préserva le Dharma et permit aux bhikkus de se concentrer sur le but que

représentait le Nirvana. A la saison des pluies ils s’installaient dans des Viharas (lieux

de retraite). Les disciples qui croyaient dans les enseignements du Bouddha mais ne

10 http://www. Chez.com/bouddhisme/ 11 Ibidem.

Page 20: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

18

pouvaient suivre les strictes règles de la Sangha, étaient encouragés à suivre les cinq

préceptes. Le Bouddha retourna à son lieu de naissance Kapilavastu, son père fut

mortifié de voir venir son fils lui mendier de la nourriture. Bouddha embrassa le pied de

son père et dit :

« Vous appartenez à une noble lignée de roi. Mais j’appartiens à la lignée des

Bouddhas et tous ont vécu d’aumônes. »12

Le roi Shuddhadana se remémora alors la prophétie des brahmanes et se

réconcilia avec son fils. La femme du Bouddha, son fils, et plus tard son cousin Ananda

rejoignirent alors la Sangha. Quand le bouddha eut 80 ans, un forgeron du nom de

Cuanda lui offrit de la nourriture qui le rendit malade. Le Bouddha se forçat à voyager

vers Kushinagara, il s’allongea sur le côté droit pour se reposer dans un bosquet

d’arbres shala. Comme une foule de fidèles se rassemblait, les arbres fleurirent et

répandirent des pétales sur le Bouddha. Le Bouddha dit à Ananda :

« Je suis vieux et mon voyage s’approche de sa fin. Mon corps est comme une

charrette délabrée maintenue ensemble par quelques courroies de cuir. »13

Trois fois, le Bouddha demanda si l’on voulait lui poser des questions mais tous

restaient en silence. Finalement le Bouddha dit :

« Tout ce qui est créé est sujet au déclin et à la mort. Tout est transitoire.

Travailler pour votre libération avec diligence. Passant successivement par plusieurs

états de méditation, Bouddha décéda et atteint le Parinirvana (la cessation des

perceptions et de la sensation). »14

Le bouddhisme est une des religions mondiales, fondée par Bouddha (Siddhârta

Gautama : Nom donné à sa naissance) en Inde aux VIe-Ve siècles vers 500 ans avant

Jésus Christ, dans le but principal de réaliser le Nirvana. Il prêche l’affranchissement

des souffrants par l’extinction des désirs et enseigne le chemin pour arriver à l’éveil qui

mène à la béatitude (nirvana). Bouddha enseignait que seule la perfection morale peut

12http://www. Chez.com/bouddhisme/ 13Ibidem. 14 Ibidem.

Page 21: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

19

mener au nirvâna. Ce dernier exige quelques hérésies. Ainsi, pour atteindre le Nirvâna,

les fidèles doivent :

-accepter les quatre nobles vérités dont la vie est souffrance, la maladie est

souffrance, la vieillesse est souffrance, la peur de la mort est souffrance, la séparation

avec ce que l’on aime est souffrance, être uni à ce que l’on aime pas est souffrance ; la

cause de la souffrance est le désir ; le remède est la suppression du désir ; pour

supprimer le désir, il faut suivre l’octuple sentier ;

-suivre le noble octuple sentier ci-dessous :

comprendre les quatre nobles vérités ; décider de diriger sa vie correctement ; ne

pas mentir, ne pas critiquer les autres injustement, ne pas avoir un langage dur, ne pas

exagérer ; suivre les cinq préceptes ; gagner sa vie d’une manière qui ne nuit pas à

d’autres êtres ; conquérir toutes les pensées diaboliques, s’efforcer de maintenir de

bonnes pensées ; devenir intensément conscient de tous ses états corporels, émotifs et

mentaux ; une méditation profonde afin de conduire au plus haut état de la conscience

(illumination).

-suivre les cinq préceptes : ne pas tuer ; ne pas voler ; ne pas mentir ; rester

chaste ; ne pas prendre de drogues ou boire des intoxicants.

Aux III e-Ier siècles les idées de Bouddha furent d’abord propagées sous forme de

paraboles, de contes, etc. Avant notre ère, la conception bouddhisme du salut reçut une

interprétation philosophique dans la doctrine du monde et de l’individu considérés

comme les dharmas une succession des éléments de la matière et de la conscience.

Selon cette doctrine, la voie du salut consiste à éteindre la soif des dharmas. Au Ier

siècle de notre ère, cette religion prend un caractère foncièrement différent du maître.

Page 22: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

20

I.3 FORMATION ET EVENEMENTS PRIVES

Chez un philosophe, il n’y a rien d’impersonnelle. Sa morale témoigne de façon

nette et décisive ce qu’il est. Comprendre Nietzsche et sa philosophie, exige une analyse

de sa vie. Né le 15octobre 1844 à Roecken près de Leipzig (Saxe : de l’Allemagne de

l’Est) ; jour de fête du roi Friedrich Guillaume IV, son père lui donna le nom Friedrich

en souvenir de ce roi bienfaiteur.

Friedrich Nietzsche était fils de Karl Ludwig Nietzsche et de Frangiska

Nietzsche. Il est descendant d’une famille très religieux : ses grands pères paternel et

maternel étaient des pasteurs. Il a une sœur Elizabeth Forster Nietzsche en 1846 et un

frère, Joseph vers 1848. Ce dernier ne dure pas plus de deux ans de sa naissance, mort

juste un an après la mort de son père (1849) suite d’une attaque nerveuse. La première

devient plus tard, après la mort de notre philosophe, marié à un antisémite et met la

pensée de son frère au service de l’extrême droite allemande. Elle déforme le sens de

ses dernières œuvres et d’un recueil de textes de son frère la Volonté de Puissance,

qu’elle a fait paraître après sa mort.

Sans analyser à fond ses deux évènements qui se passaient à sa ville natale et

mettre en quarantaine le pourquoi du fait de quitter cette ville pour Naumburg Sur-

Saale, on ne comprend jamais Nietzsche :

« Ton père est mort ! »15

Essayons-nous de comprendre cette situation. Dès l’age enfantine Nietzsche était

troublé par la loi de la nature, effrayé par l’avertissement funèbre(mort de son père en

1849 et son frère Joseph en fin Janvier 1850) reste comme une cicatrice incurable

jusqu’à son dernier souffle de Nietzsche :

« La catastrophe initiale a une importance capitale. A travers toute sa vie,

Nietzsche sentira le sol tremblant sous ses pieds, il sera poursuivi par des visions

d’écroulement. »16

15 HALEVY D., Nietzsche. p. 41. 16 HALEVY D., Nietzsche. p.43.

Page 23: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

21

Désormais, il ne reste plus que trois personnes dans cette famille : sa mère, lui et

sa sœur. Cette situation tragique oblige sa mère avec ses deux enfants, de cette année

même (1850), de quitter Roecken pour Naumburg dans laquelle vit sa tante.

Qu’est-ce qui marque cette ville nouvelle pour notre philosophe ?

Une cité royale protégée par les Hohenzollerns (famille allemande qui a donné

naissance à la dynastie royale Prussien). Naumburg était un lieu artisanal, commercial et

saint, occupée au XVIe siècle par les luthériens. Agé de cinq ans, voilà un pauvre

orphelin commence déjà à diriger lui-même sa conduite. Un an après, il entre à l’école

communale pendant deux semestres et s’entretient à l’institut privé préparatoire au lycée

(1852). Plus il entame ses études, plus il débute à être débrouillard, plus il admire déjà

cette ville nouvelle.

Quatre ans plus tard, âgé de neufs ans, Nietzsche était attiré par la fête royale

accompagnée par les chœurs des soldats. Elle est pour lui comme une occasion de fêter

la sienne. Il s’entretient avec du clavier familial accompagné des chants de textes

bibliques. Alors, il devint en même temps un musicien génial et poète. Naquit aussitôt

des poésies pleines des conseils et des règles de conduite dont il les adresse à sa famille

et à ses camarades. Il familiarise aussi à l’architecture. Aidé par ses compagnons, il

fonde un théâtre des arts antiques intitulés Les dieux de l’olympe et un Orkadal dont il

est l’auteur. Voyant ses grands talents, sa mère ainsi que le roi Friedrich Guillaume IV

lui recommandent une bourse d’étude au souvenir de son père, à la célèbre école Pforta.

Agé de quinze ans, Nietzsche devient boursier à la célèbre école de Pforta en

Thuringe. Une école célèbre pour sa tradition humaniste, moraliste et disciplinaire. La

discipline y est monacale. Les élèves devront être élevés à la vie religieuse et

monastique. Les études y sont classiques et insistent sur l’apprentissage de la discipline

de soi. Elles étaient influencées par la culture grecque. Les étudiants devraient

apprendre les trois langues sacrées, celle de Moïse, l’hébreu ; celle de l’évangile, le grec

et celle de Perses, le latin. A cette époque, Nietzsche profite cette occasion pour étudier

aussi l’anglais. Il est très faible en mathématiques.

D’ailleurs, il se précipite à être artiste et fait connaissance à Fichte. Alors pour se

faire, il fait connaître cette décision nouvelle à sa mère. Malheureusement, cette

dernière ne l’encourage jamais. Ici, Nietzsche était tombé dans l’embarras de choix. Ses

Page 24: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

22

familles le voulaient qu’il hérite de ces ancêtres à la vie pastorale. Le jeune homme les

fait connaître que son destin et sa volonté lui dictent de devenir artiste. Il familiarise

alors avec quelque artiste comme Hölderlin, avec un spécialiste de la civilisation et de la

littérature iranienne.

En 1864, il suit de cours de philologie appliquée en langue latine et grecque à

l’Université de Bonn. Un an après, Nietzsche continue ses cours à l’université de

Leipzig. Dans cette dernière, il fait la connaissance de Schopenhauer après la lecture en-

thousiaste de son livre : Le monde comme volonté et comme représentation. Nietzsche,

tire sur la philosophie de celui-ci l’idée du désir, de la volonté qui fait vivre. A la

différence de Schopenhauer qui s’efforce de renoncer au désir, de nier la volonté, notre

penseur affirme que l’homme doit affirmer ses désirs sans nier la volonté, l’instinct et la

vie. Il faut dire Oui à la vie. En outre, Nietzsche lit aussi Lange, un kantien et Kant dont

il critique la métaphysique qui dépasse la prétention scientifique. Il a mis en doute la

théologie et faire la philologie sous une base philosophique. En 1868, Nietzsche reçoit

un prix de l’Université pour un travail sur les sources de Diogène Laërce. Désormais, il

pense que seule la philologie qui est la seule moyenne qui peut conduire à la

philosophie : à l’homme universel. A Leipzig même, il noue plusieurs amitiés qui vont

marquer son existence : à l’occurrence Richard Bagnard qui est pour lui comme

l’Eschyle de temps moderne, le héros de renaissance de la tragédie. A vint cinq ans

grâce aux recommandations de Ritsch, professeur de grec et de son intelligence (même

s’il n’a pas encore fini sa thèse), Nietzsche devient professeur de philosophie classique

(chair de langue et de littérature) à l’Université de Bâle pendant plus de dix ans. A ce

temps là, il rend de nombreuse visite à Wagner et à sa femme Cosima puis il leur lit en

1871 le manuscrit de La Naissance de la tragédie. La publication de cette dernière en-

traîne l’hostilité au milieu de l’Université mais pourtant Wagner l’encourage.

Entre 1870 à 1871, le philosophe engagé volontaire comme ambulancier et

infirmier pendant la guerre franco-allemande. Cette expérience a des conséquences plus

importantes qu’elle ne paraisse. Le crime de guerre l’a bouleversé. Désormais, il déteste

le nationalisme et la culture allemande adoptée par l’Etat. En 1873, âgé de 29 ans,

Nietzsche était en permanence sous une souffrance inhumaine. Il tombe gravement

malade de diphtérie et de dysenterie, de maux de tête, des yeux, comme une paralysie

générale.

Page 25: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

23

Cette profonde détresse est sans doute une des racines de sa philosophie. Il

constate par cela que la morale peut découler de la souffrance. Il considéra ainsi que la

plupart des valeurs vont sous cet angle. Cette maladie lui entraîne une rupture totale

dans son mode de vie, lui contribue à un changement de sa pensée pour fonder un

nouvel horizon philosophique, lui emporte une vie erronée (en Suisse, en Italie, en

France) et lui dispense de l’université. Il connaît les premières manifestations des maux

de tête et de trouble oculaire. Il ne cesse de souffrir, sa maladie devient comme un

élément essentiel à sa doctrine.

Écrivain fécond, il publia notamment la Naissance de la tragédie (1872), Ainsi

parlait Zarathoustra (1883), Par-delà le bien et le mal (1886), la Généalogie de la

morale (1887), l’Antéchrist (1896), Ecce Homo (1908) et la Volonté de puissance

(1901), dont il ne subsiste que des fragments.

Selon une des thèses fondamentales de Nietzsche, les valeurs traditionnelles

(représentées essentiellement par le christianisme) ont perdu leur emprise sur la vie des

individus : « Dieu est mort », proclamait-il, résumant ainsi le « nihilisme passif » de la

civilisation moderne. Les valeurs traditionnelles représentaient, à ses yeux, une « mo-

rale d’esclaves », une morale créée par des individus faibles et en proie au ressentiment,

qui encourageait la douceur et la gentillesse pour privilégier des comportements servant

leurs propres intérêts. Nietzsche soutenait qu’il était possible de remplacer ces valeurs

traditionnelles en créant des valeurs inédites, projet qui l’amena à élaborer la notion de

surhomme.

Notre philosophe opposait les masses conformistes qu’il qualifiait de

« troupeau » ou de « populace » à un homme de type nouveau, assuré, indépendant et

individualiste à l’extrême. Le surhomme qu’il appelait de ses vœux a des sentiments

profonds mais contrôle rationnellement ses passions. Tourné vers le monde réel plutôt

que vers les récompenses promises par la religion dans l’au-delà, le surhomme affirme

la vie, y compris la souffrance et la peine qui sont le lot de l’existence humaine. Le

surhomme est créateur de valeurs, créateur d’une « morale de maîtres », laquelle reflète

la force et l’indépendance de celui qui se libère de toutes les valeurs, à l’exception de

celles qu’il juge valables.

Page 26: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

24

Toute conduite humaine, selon Nietzsche, est motivée par la volonté de puis-

sance. Dans son sens positif, la volonté de puissance est à la fois synonyme de pouvoir

sur les autres et pouvoir sur soi, indispensable à la créativité. Une telle puissance est

manifestée dans l’indépendance, la créativité et l’originalité du surhomme.

Le concept de surhomme fut souvent associé à l’idée d’une société de maîtres et

d’esclaves mais cette interprétation, inspirée par un recueil de textes publié par la sœur

de Nietzsche, après la mort de celui-ci, fut souvent contesté.17

La pensée de Nietzsche introduit une rupture totale avec ce qui la précède : il va

introduire des méthodes, des idées et des points de vue nouveaux. Cette philosophie est

d’abord une critique totale des valeurs en place, qu’elles soient religieuses, métaphysi-

que ou sociale. Le talent de Nietzsche et sa célébrité tiennent aussi à ce que sa philoso-

phie, bien que se basant sur des termes très violents, il a réussi à être féconde et allant

très loin dans la psychologie humaine. Ainsi, il parle de « la grande santé » : sa philo-

sophie devient en quelque sorte une manière de vivre et d’aimer la vie. Il ne croit ni à la

« malchance » ni à la « faute » : il vient à bout de lui même et des autres, il sait oublier,

il est assez fort pour que tout, nécessairement, tourne à son avantage, « c’est moi même

que je viens de décrire ».

17 Encyclopédie Encarta, 1993-2003 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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25

Deuxième partie :

CRITIQUE NIETZSCEENNE DES SYSTEMES DE

VALEURS TRADITIONNELLES

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26

Nous sommes tous d’accord que Nietzsche est l’un des penseurs qui essaient de

critiquer à fond la religion, la morale et l’art traditionnel, c’est-à-dire les tables des

valeurs existantes. Cette critique touche jusqu’à nos jours leur conséquence. Renverser

les idoles, telle est plutôt son affaire. Dans la mesure où l’on ôtait à la réalité « Monde

vrai ».

« Le mensonge de l’idéal fut jusqu’ici l’anathème jeté sur la réalité et l’humanité

même en est devenue mensongère et fausse-jusque dans ses instincts plus profonds-au

point d’adorer les valeurs inverser de celles qui auraient garanti l’épanouissement,

l’avenir, le droit éminent à un avenir. »18

Malheureusement, rare sont les hommes qui comprennent bien à fond son

message, le pourquoi de cette critique.

Nietzsche trace une voie qui mène à l’humanité meilleure. En la traçant, il

rencontre un grand obstacle à la réalisation de son projet. Dans son ouvrage, Pierre

Heber-Suffrin soutient cette idée en affirmant que :

«Nietzsche ne saurait partir d’un rejet, d’une négation et nous pouvons ainsi, un

peu plus profondément encore, vers les racines de cette philosophie. Ce refus du

dualisme moraliste en effet n’est pas un axiome immotivé, un point de départ absolu, il

a lui-même sa raison profonde et repose sur une volonté positive. La volonté profonde

de Nietzsche ne saurait être une volonté de nier, de détruire, de refuser. Nietzsche n’est

fondamentalement critique, il n’est animé, lui, par aucun ressentiment. Prêcher « le

grand mépris » pour notre civilisation et sa morale c’est qu’il a mieux à proposer sa

vénération pour l’autre qu’il appelle et annonce (vouloir positive). »19

Sa volonté positive et sa volonté de construire rencontrent immédiatement sur sa

route, dans sa démarche constructive pour dévoiler l’obstacle de toute notre civilisation

dualiste et moraliste imprégnée. C’est ce qu’il y décèle une volonté de nier, de noircir,

de rabaisser, c’est pourquoi sa première démarche sera la destruction de cette

civilisation. Plus précisément, puisqu’il se trouve que cet obstacle est en train de perdre

son importance, puisque la métaphysique dualiste est en régression, la première

18 NIETZSCHE F., Œuvre philosophique. Sur l’avenir de nos établissements, p. 240. 19 HEBER-SUFFRIN Pierre, Le Zarathoustra de Nietzsche. p. 47.

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27

démarche de Nietzsche sera simplement d’ajouter son déclin. Dans l’ordre logique des

concepts donc, selon l’ordre des raisons, selon l’ordre généalogique, l’idée de volonté

d’affirmation est première par rapport à celle de renversement des valeurs et à celle de

la mort de Dieu. C’est de celle-là que suit celle-ci :

« Ceux qui méprisent grandement […] vénèrent grandement. »20

En fouillant minutieusement sur le fondement de ces tables sus-dit, il a remarqué

qu’elles détournent l’homme. Ce qui triomphe dans ces valeurs c’est la petitesse, la

parcimonieuse mesure, l’obéissance, la réaction et les faibles. Que les tables des valeurs

tournent en faveurs des fatigués. Au lieu d’améliorer la vie humaine, elles ne font que

ruiner, affaiblir l’homme et rendre l’humanité plus malade que jamais.

Ainsi en tenant compte de ce phénomène de décadence, en tant que philosophe-

médecin, il ne doit pas rester bouche-bée. Comme tout médecin, un vrai médecin doit

guérir les malades sans discrimination en examinant la cause de cette maladie afin de

guérir les malades et pour empêcher toute contamination dans toute l’humanité. La

violation de cette profession est un manque de responsabilité, elle entraîne une

génération maladive et rend l’humanité périssable, corruptible qui s’incline vers la mort

ou vers le néant. La nécessité d’un médecin n’est rien d’autre que guérir les malades et

empêche toute contamination pourvu que l’avenir de l’humanité soit meilleur. La

nécessité d’un philosophe est analogue à celle-là.

Il a ainsi une grande obligation de proposer et d’informer aux hommes la voie

qui conduit l’humanité en bonne santé, de donner une solution efficace à tous les

problèmes de l’existence parce que l’avenir de l’humanité en dépend (entre ses mains).

Le but de Nietzsche est d’accomplir un renversement des valeurs, en boule-

versant les conditions de son existence afin de bloquer la projection idéaliste et de

ramener les valeurs humaines dans le champ d’une praxis fidèle à la terre :

« Car nous avons besoin d’une critique des valeurs morales et la valeur de ces

valeurs doit tout d’abord être mise en question-et, pour cela, il est de toute nécessité de

20HEBER-SUFFRIN Pierre, Le Zarathoustra de Nietzsche. p.47.

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28

connaître les conditions et les milieux qui leur ont donné naissance, au sein desquels

elles se sont développées et déformées. »21

21 NIETZSCHE F., Généalogie de la morale. p. 16.

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29

II.1 LE REFUS DE SYSTEME PHILOSOPHIQUE

A sa manière de raisonner, Nietzsche a pour but d’instaurer une nouvelle valeur

dans le domaine de recherche relative aux problèmes métaphysiques. Il veut apporter

une nouvelle vision sur toutes les activités intellectuelles surtout le dualisme

métaphysique de Socrate et de Platon afin d’implanter sur terre le goût du bien

authentique. Ce projet de Nietzsche nous permet de voir ses attitudes vis-à-vis de

l’ontologie statique des philosophes Socratiques (les philosophes idéalistes).

II.1.1 La critique du monde dualiste

Pour mettre en évidence la critique nietzschéenne de la philosophie classique, il

est nécessaire de voir d’une manière générale la situation du problème de l’être durant

l’antiquité. Evidemment, l’analyse de l’être ne commence qu’à partir de l’avènement de

la philosophie qui adopte l’être comme son objet.

Mais ce problème est conçu de multiple manière. Chaque philosophe a sa façon

d’aborder ce que c’est l’être. Les présocratiques l’abordent avec l’explication mystique

et fabuleuse du phénomène du monde. Par contre, les socratiques ont remplacé cette

conception par l’explication rationnelle du monde. Les premiers philosophes grecs sont

étonnés par le changement qui fait naître et périr les choses. A partir de ce changement,

ils cherchent la substance fondamentale qui reste permanente à travers le mobilisme

universel du monde. Ils regardent le permanent à travers le devenir. Ces philosophes

répondent de manière diverse et obscure toutes les questions relatives aux problèmes de

l’être. Parmi ces philosophes, certains disent : ce qui existe vraiment, c’est l’un des

éléments suivants: eau, air, feu. Tous les restes ne sont que la manifestation et la

transformation changeante de ce principe unique. Cependant, d’autres pensent que ce

qui est, c’est l’Etre, c’est l’Un. Ensuite, d’autre encore disent : ce sont des atomes

éternels, puis, Pythagore suppose que les Nombres sont le premier principe du monde ;

enfin, Platon, à son tour place le Bien, les Idées comme le principe du monde.

Les problèmes de la philosophie traditionnelle consistent à refuser cette présence

au monde comme étant vouée au devenir. Les acteurs de cette philosophie, par opposi-

tion aux présocratiques, vont apporter de nouvelles conceptions du monde. Ils sont

convaincus qu’il est impossible à la pensée humaine de rester enfermée dans le monde

du devenir où il n’y a pas de vérité ; là , il n’y a que des illusions. Au monde

Page 32: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

30

phénoménal, la vérité est une erreur. D’où la nécessité de définir l’essence de la vérité et

de trouver un être absolu qui va donner à l’être sa raison d’être. Cela implique que la

substance ou l’être va fonder le principe d’être à toute existence. C’est ainsi que les

philosophes classiques cherchent à saisir l’être suprême, le fondement du monde.

Ainsi, nous pouvons dire que le problème fondamental du métaphysicien

traditionnel est la recherche d’un être absolu ayant en lui-même son principe d’être. Cet

être transcendant est diamétralement opposé aux êtres sensibles et corruptibles. Sous cet

angle, Granier met en évidence la considération d’être suprasensible par rapport au

monde sensible fait par les métaphysiciens :

« Philosopher principe réside dans une « chose en-soi » ou dans un monde

intelligible, dont les déterminations forment une antithèse absolue avec celle du monde

sensible, considéré comme décevant, tromper et mauvais. »22

Nietzsche ajoute :

« Un tel jugement constitue le préjugé caractéristique auquel se reconnaissent les

métaphysiques de tous les temps, ce genre d’estimation est à l’arrière-plan de tous leurs

procédés logiques, c’est en partant de cette « croyance » qu’ils s’efforcent de parvenir à

un « savoir », à la chose qui, pour finir, sera baptisée solennellement de nom de la

« vérité ». La croyance fondamentalement des métaphysiciens, c’est la croyance à

l’antinomie des valeurs. »23

La pensée philosophique, jusqu’à présent, est dominée par la définition aristoté-

licienne de la métaphysique l’idée selon laquelle la métaphysique est la philosophie

première. Elle peut se définir comme une étude de l’être au-delà du champ d’expéri-

ence. Elle a pour objet fondamental de l’être en tant qu’être. Toute philosophie demeure

tributaire de cette définition d’Aristote et devient ainsi une ontologie métaphysique.

Cette étude de l’être échappe au seuil des facultés sensibles. L’être est inconcevable par

les organes de sens et dépasse le domaine de la connaissance élémentaire. Sur ce point,

nous constatons qu’Emmanuel Kant est influencé par cette conception de l’être quand il

22 GRANIER Jean, Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche. p. 39. 23 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. § 2, p. 23.

Page 33: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

31

approche dans son œuvre Critique de la Raison pure. C’est ainsi qu’il définit la

métaphysique comme une connaissance :

« Qui s’élève complètement au-dessus des enseignements de l’expérience

par des simples concepts. »24

De ce fait, depuis Parménide en passant par Platon jusqu’à l’époque moderne, la

philosophie se définit comme une tentative d’atteindre ce qui est au-delà de l’existence.

Elle a tourné le regard sur la réalité suprasensible, les êtres immatériels deviennent la

vraie réalité. Finalement, la philosophie devient une science qui ne parle que de l’être

absolu du fait qu’elle forge un monde idéal. Nous prenons par exemple la positon de

Platon à propos du monde sensible. A ses yeux, si nous restons dans le monde sensible,

nous serons victimes de l’erreur car au lieu de saisir les véritables réalités, nous ne

connaissons que des images. C’est pour dire que la science ne s’opère pas au monde

sensible lequel n’est pas le domaine du savoir. Cela est expliqué dans La République,

Livre VII :

« La science ne comporte rien de sensible. »25

En effet, la philosophie ne s’intéresse qu’aux entités figées au-delà des choses

sensibles, elle croie qu’elle dispose une faculté capable de saisir des objets supra

terrestres. Elle croit pouvoir découvrir l’en-soi des choses qui doit constituer le

fondement de la réalité. Nietzsche constate combien cette tentative d’instaurer un

monde à part, un monde transcendant formé par des entités idéales et absolument

parfaites, a nourri tous les esprits des philosophes de l’ancien temps. C’est ainsi qu’il

remarque que l’histoire de la philosophie n’est qu’une histoire des théories de l’être et

loin d’être histoire de la science de la vie existentielle. De toute façon, Parménide pose

l’être comme l’un, l’éternel, immobile et identique à lui-même. Cela résulte que tout ce

qui ne répond pas à la définition de l’être absolu se trouve rejeter et inconsidérer du fait

que d’après lui « l’être est, le non-être n’est pas ». Parménide est un partisan de

négation du pluralisme. Il déteste toute sorte de diversité à propos de la science de

l’être. Il ne partage pas l’idée avec le devenir héraclitéen.

24 KANT Emmanuel, Critique de la Raison pure. p. 18. 25 PLATON, La République. Livre VII, 529 b.

Page 34: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

32

Parménide n’a aucune considération à la réalité matérielle. Il veut l’abandonner

volontairement car l’existence réelle, le devenir et la multiplicité ne peuvent être que la

voie vers l’erreur et le néant. Tandis que l’être un, stable, identique à lui-même et

absolu constitue la réalité incontestable. Le seul être vrai et digne de valeur à travers sa

réflexion, c’est l’être un. Cela nous montre que chez Parménide, il existe un dualisme

qui se traduit par l’opposition de l’être et le non-être, le stable et le devenir, l’un et le

multiple, de l’essence et de l’apparence. Ce dualisme nous forge de manière pacifique la

violation de l’ordre naturel pour ne pas regarder ni fixer le réel. Le refus du réel est une

condition nécessaire à la découverte de l’être comme la réalité véritable. Ce qui fait que

cette manière de voir la réalité qui corrompt le monde n’échappe pas à la critique

nietzschéenne de la philosophie traditionnelle. Celle-ci manifeste la fuite dans l’au-delà,

la fuite dans le néant et la détresse devant l’existence. Elles sont pour Nietzsche les

origines fondamentales de la « décadence ». La dépravation de l’humanité commence à

partir de cette attitude contre nature et le mépris de la réalité car la tradition

philosophique nous force à rechercher un principe qui nous pousse à mépriser la vie en

tant que devenir. Par conséquent, nous allons inventer un être absolu pour pouvoir salir

et calomnier le monde de la vie telle qu’elle se présente. C’est pour cela Nietzsche écrit

qu’avec Parménide, « La philosophie devient la grande école de la calomnie »26.

L’horreur de stupidité et du mensonge conduisent Nietzsche à s’affranchir de la

théorie parménidéenne et toute la philosophie qui pose l’être comme une entité absolue,

une essence opposée au devenir comme Dieu ou Satan. Il va opérer la base fondamenta-

lement qui incite les idéalistes à dévier l’horizon de réflexion philosophique. La perte de

direction droite dans ce domaine l’amène à s’efforcer de nier l’être statique et l’im-

muable inauguré par Parménide. De cela, il se propose de maintenir l’affirmation du

devenir, du multiple et du changement. Pour lui, au-delà du devenir, nous ne pouvons

découvrir aucune espèce d’être. Alors, il décide de démolir le monde de l’être absolu.

A la manière de notre philosophe, l’être absolu n’existe pas, c’est une pure

invention de l’esprit malade. Cet être est issu de la volonté médiocre et décadente

n’ayant plus le courage de supporter le non-être ou la vie dans le devenir. Halluciné de

la transcendance, les métaphysiciens forgent le concept de l’être hypostasié par la haine

du devenir. Nietzsche qualifie une telle attitude comme une fabulation autour du néant

26 GRANIER Jean, Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche. p. 250.

Page 35: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

33

et une argumentation vide de sens du fait que l’être par exemple est le néant érigé en

absolu. Il est vide parce qu’aucune expérience sensible ne correspond à la saisie de

l’être dans le sens où la philosophie traditionnelle a donné à cet être les caractéristiques

du néant. A propos de cette conception de l’être comme une entité vide, Nietzsche

affirme qu’il est le concept le plus général, le plus haut, c’est-à-dire : « Les dernières

vapeurs de la réalité volatilisée »27. Il continue :

« En effet, rien n’a jamais eu force de persuasion plus naïve que l’erreur de l’être

telle qu’elle est par exemple formulée par les Eléates. »28

L’esprit malade invente un monde à part pour s’éloigner le monde du devenir

comme le péché mortel. D’après Nietzsche, cette manière de penser se présente comme

la source de la victoire de la maladie philosophique au niveau du travail intellectuel. Le

fait de négliger le devenir, le mobilisme universel au problème de l’être est la duperie,

la dégénérescence dont tous les philosophes ont été victimes. C’est la maladie qui les

incite de rêver le paradis au-delà du paradis de la vie existentielle. La pensée désespérée

de la terre est une pensée ensevelie dans un corps victime de l’immobilisme universel.

Cette pensée ne cesse pas d’imaginer la positivité du monde dans l’au-delà.

C’est ainsi que Nietzsche écrit :

« C’est le corps qui est désespéré de la terre […], il a entendu parler les entrailles

de l’Etre […], il a voulu passer dans l’autre monde. »29

Toute pensée métaphysique ne fonctionne qu’à partir d’une construction d’un

arrière monde posé comme valeur absolue. Elle pose les notions les plus générales de

l’être, du vrai et du bien. Ces notions sont prises pour des réalités substantiellement

transcendantes. L’Etre, le Bien et le Vrai sont fixés et attachés à l’au-delà, or d’après

notre auteur, cet au-delà est dès lors baptisé « être vrai », valeur suprême et idéale. Cela

va aboutir au dualisme entre l’en deçà du sensible et son au-delà. Il constate que le

monde sensible est disqualifié comme une pure apparence, tandis que l’au-delà où le

monde fictif est glorifié comme réalité véritable, un archétype sur lequel doit se régler

toute espèce d’existence. La tradition philosophique nous efforce d’abandonner le 27 NIETZSCHE F., Crépuscule des Idoles. p. 38. 28 Ibid. p. 40. 29NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. pp. 41-42.

Page 36: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

34

monde réel au profit de beauté du monde extra terrestre lequel se présente comme

source de l’existence réelle. L’homme veut se détacher du monde de sa vie pour se

réfugier derrière le monde le plus vénérable. C’est ainsi que Nietzsche considère qu’il

cherche toujours à dresser le procès du monde réel et à le discréditer par référence à un

arrière monde sacralisé.

Nietzsche veut montrer que la vie est l’unique sol de la constitution des valeurs

et que l’idéal et les valeurs métaphysiques ne peuvent être qu’une fable forgée par un

certain type de vie malade. Pour se protéger contre les contradictions du devenir et de la

douleur de l’existence, l’homme s’évade dans un monde intelligible comme le bien des

valeurs en-soi et des idéaux. Par conséquent, Nietzsche revendique la négation de toutes

les valeurs métaphysiques, c’est pourquoi il s’efforce de dénoncer les « supercheries »

de la représentation de l’être figé sans vie et excluant tout devenir.

A sa logique, l’auteur veut éteindre l’antagonisme entre l’être et le devenir. Il

préfère le flux héraclitéen qui réclame que la propriété de l’être est le changement

perpétuel. L’être est un sujet du changement. Il change à chaque instant. L’unité et la

stabilité de la substance, d’après Nietzsche, sont des mensonges. Une telle philosophie

ne devrait pas avoir une place dans ce monde. C’est pourquoi il écrit :

« Je mets à part, avec tout le respect qui lui est dû, le nom d’Héraclite. »30

Pour Nietzsche, l’être c’est le devenir dans la vie. Il est l’existence ou la vie en

tant que volonté de puissance. Celle-ci est le pouvoir intérieur de l’homme pour lui

mettre à la mesure de sa vie réelle. Elle n’est pas quelque chose à chercher ailleurs, dans

le monde fictif ; elle est immanente à la vie naturelle. C’est pourquoi cette volonté ne

cesse pas de découvrir la possibilité de se mesurer par sa propre expérience. Elle est loin

de la fatigue de vie, elle est le principe et la constitution de l’existence qu’il faut

regarder et respecter dans tout le flux du devenir. Dans cette richesse de la volonté de

puissance, Granier écrit que : « Le principe d’être est défini comme volonté de

puissance. »31

30 NIETZSCHE F., Crépuscule des Idoles. p.36. 31 GRANIER Jean, Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche. p. 243.

Page 37: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

35

L’être conçu comme absolu est un mensonge de la raison. Il est un concept

illusoire qui nous cache le jeu changeant du devenir. Il n’est qu’une fiction lequel nous

permet de violer le réel fluctuant. Dans ce cas, le philosophe croit à l’être absolu alors

qu’il n’existe pas. De toute façon, notre auteur l’a bien souligné dans le présent

passage : « L’être est une fiction vide de sens »32.

Nous prétendons saisir l’être dans un au-delà alors qu’il n’existe aucun être en

dehors du monde apparent. Le monde intelligible de Platon ou monde vrai est une

projection de l’esprit fatigué de vivre. Il n’est qu’un mensonge. Le monde apparent est

le seul monde vrai et incontestable à la logique normale d’un être vrai. Notre faculté

cognitive a falsifié l’image de la nature de devenir un être statique à travers tout

changement. Le seul vrai est exclusivement le devenir, le flux incessant et le

mouvement sans fin. C’est la peur de vivre dans le monde où tout s’évanouit et

tourbillonne que nous avons faussé le réel en faisant appel aux catégories de la raison.

Nous sommes obligés de forger des concepts plus haut et nous les plaçons au fond des

choses réelles. Ainsi, nous les prenons pour des valeurs supérieures.

Pour réaliser le sens du devenir dans sa temporalité, il est nécessaire de démolir

le mensonge de l’Etre absolu. Il faut détruire l’idée de sa stabilité et de sa permanence.

C’est là que nous avons besoin de la philosophie interprétative à laquelle nous tournons

le regard au mouvement qui va annuler le déplacement de l’essence à l’absolu. Le

principe du mouvement universel va renverser tous les systèmes métaphysiques qui ont

été mis en place. Ces systèmes présupposent l’être comme l’opposé du devenir. Avec

Nietzsche, nous ne devons plus concevoir un être qui s’oppose à l’apparence. Le

multiple n’est plus l’opposé de l’un, le devenir de l’essence. Au contraire, le devenir est

l’affirmation de l’être dans le sens où l’existence suppose l’affirmation de la volonté de

puissance. L’être qui s’affirme dans la destruction ne doit plus être comme une réalité

transcendante à l’existence. Il est le fondement énergétique du monde, de la vie et des

choses. Il organise l’être et le devenir du fait qu’il est l’énergie cosmique. D’après notre

auteur, l’être et le non-être sont complémentaires. Ils forment un tout organique.

En effet le dualisme entre le devenir et l’être des métaphysiciens est une fausse

interprétation de la réalité. Il résulte l’opposition absolue entre l’ici-bas et l’au-delà dans

32 GRANIER Jean, Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche. p. 37.

Page 38: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

36

le langage ordinaire. Le philosophe parle du sensible et de l’intelligible, de l’apparence

et de l’idée comme chez Platon, du phénomène et de noumène chez Kant. Ce dualisme

entraîne la dévalorisation du monde réel au nom de l’arrière monde et la considération

excessive de l’être absolu comme principe de l’existence. En fin de compte, le système

philosophique classique est un divisionnaire. Cette attitude est bien remarquée par

Granier quand il explique de traits caractéristiques de cette philosophie traditionnelle :

« […] antinomie du vrai et du faux, antinomie du bien et du mal, antinomie de

l’idéal et du réel, de l’être et du devenir, de la raison et de la passion, antinomie de la

raison et des instincts. Ce dualisme est la clef de voûte de la pensée métaphysique

qu’illustre par le même, le dogmatique de la contradiction abstraite. »33

En effet, d’après notre philosophe, la tradition métaphysique se refuse de res-

pecter les délicats transitions qui ménagent les rapprochements entre les termes

antagonistes : le bien et le mal, le bon et le mauvais, le stable et le devenir, l’un et le

multiple. Ces transitions sauvegardent de manière générale la continuité de la réelle et la

plus belle existence. A cela, nous constatons que Nietzsche rejette le dualisme

métaphysique du fait qu’elle se repose seulement sur l’esprit superficiel. Cet esprit ne

voit que la contradiction antithétique entre le monde terrestre et le monde supra

terrestre. Devant ce problème ontologique qui engendre du dualisme métaphysique et de

déplacement de l’essence, Nietzsche nous exige le retour vers le monde de l’homme

qu’est le monde réel, comme le monde de l’essence de la vie.

Le problème de dualisme métaphysique ne s’arrête pas au niveau de l’ontologie

statique, il s’étend jusqu’à la valeur même de la vérité. Celle-ci est le point central de

l’étude en philosophie. Sur ce, il est question de savoir le symptôme de cette tradition

philosophique sur la vérité qu’en découle.

II.1.2 La critique de la vérité égarée

Le problème fondamental de la philosophie est la recherche de la vérité.

Pourtant, la philosophie traditionnelle l’appréhende de façon anormale du fait que la

vérité métaphysique amène l’homme à se révolter contre la vie. Elle est empoisonnée

par la volonté négative du nihilisme lequel condamne toutes les cultures modernes. Elle

33 GRANIER Jean, Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche. p.40.

Page 39: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

37

devient un facteur principal de la dévalorisation du monde de la vie, elle empêche la vie

de se développer. L’homme partisan de celle-ci est un homme qui a une volonté de

puissance faible. Cela l’incite d’inventer la fiction d’un univers magnifique pour mieux

échapper au spectacle du devenir. En fait, la réaction du dualisme métaphysique n’af-

fecte pas seulement la science de l’être mais aussi et surtout la science de la vérité.

Celle-ci ne s’acquiert que par le mépris du monde sensible. De cette attitude, Nietzsche

nous fait savoir que la vérité métaphysique est le résultat de la fatigue, elle est la

conséquence de la haine de la terre pour s’intéresser à la vie rassurante laquelle est la

prison de l’humanité. C’est ce que Zarathoustra illustre dans le présent passage :

« Ne croyez pas ceux qui vous parlent d’espérance supra-terrestre. Ce sont des

contempteurs de la vie, des intoxiqués dont la terre est lasse. »34

Ce que Nietzsche déteste de la philosophie traditionnelle est la séparation de la

vie et de la connaissance, c’est-à-dire l’instauration d’une opposition absolue entre le

sensible et l’intelligible, entre le monde véridique et le monde de l’apparence et entre la

raison et le corps. Cette dichotomie systématique d’après Nietzsche a pour ancêtre

véritable Socrate. C’est lui qui a empoisonné le monde des spirituelles. Il y a un change-

ment de direction de la philosophie à l’émergence de Socrate, il a dévié l’histoire de

cette discipline. C’est ce que nous avons bien remarqué si Nietzsche s’aligne sur les

présocratiques parce qu’ils ne séparent pas la vie de la connaissance, le corps de la

raison. C’est la raison pour laquelle le philosophe écrit : « Les véritables philosophes

grecs sont les présocratiques ».

De la manière de Nietzsche, les valeurs objectives sont dictées par les instincts et

non pas par la raison ou la conscience autonome. C’est pourquoi il est qualifié de

philosophe «irrationaliste ». Il veut mettre fin au rationalisme de la tradition

philosophique de Socrate à Hegel. Son projet est de lutter contre la raison décadente par

la spiritualité dynamique car le rationalisme de Socrate rend l’humanité malade du fait

qu’il accorde une importance considérable à la raison. A cet effet, Nietzsche écrit :

34 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. p. 59.

Page 40: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

38

« Avec Socrate quelque chose change et pour lui « une œuvre n’est belle que si

elle obéit à la raison. » »35

La vérité est l’une des préoccupations majeures de Nietzsche. Elle se trouve au

centre de sa réflexion. Il existe des versets qui critiquent le monde de vérité de la

philosophie traditionnelle. Cette dernière considère le corps comme un obstacle à

l’activité théorique, à la recherche de la connaissance. Celle-ci nécessite le refus des

instincts au détriment de la raison. D’après le philosophe, cela entraîne l’apparition de

l’idéal antinaturel, la dépravation de la philosophie. La philosophie classique se réduit

finalement comme une simple activité intellectuelle qui ne fait que de constater les faits

dans la société et de les justifier de manière rationnelle. Elle n’a jamais tenté de

résoudre ses problèmes par des solutions efficaces et applicables tout de suite. Elle

propose toujours des solutions imaginaires et fictives. C’est dans cette perspective que

notre auteur considère l’attitude des ces philosophes comme des empoisonneurs de la

vie et leur philosophie véhicule ce qu’il appelle « ouvrier de la philosophie » qui forme

des gens de devenir malade comme eux.

C’est pour dire que la philosophie classique, en particulier le platonisme, a mis

une différence diamétralement opposée entre deux mondes sur le problème de la vérité :

le monde intelligible en tant que monde réel et vrai d’un coté et de l’autre, le monde

sensible en tant qu’apparence. Le platonisme proclame l’infériorité du monde sensible

par rapport au monde intelligible puisque celui-là n’est qu’une simple image et reflet de

celui-ci. Il reste toujours inférieur à l’autre. D’après Platon, même si l’image soit belle,

elle ne peut jamais égaler le modèle. La ressemblance la plus complète compte toujours

une certaine dissemblance36. Il n’y a jamais d’adéquation complète, d’identité parfaite,

d’unité correcte entre le modèle et la copie. Il existe toujours d’altération qui s’affirme

entre l’originale et la copie, celle-ci a moins d’être que le modèle.

Ainsi, les réalités sensibles sont moins d’être que les réalités intelligibles. Elles

ne sont pas des réalités véritables par rapport à celle-ci. S’il en est ainsi, nous ne devons

pas rester dans le monde sensible pour saisir le Bien. La recherche de la vérité nécessite

obligatoirement le détachement au monde auquel nous sommes habitués car il n’est

qu’une copie d’un autre monde. Cette conception résulte chez Platon la méfiance au 35 NIETZSCHE F., Naissance de la tragédie, p. 83. 36 PLATON, Cratyle. 430 a-131 c.

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39

corps pour la purification de l’âme. En terme nietzschéen, elle est la négligence des

instincts pour donner le pas à la raison. La mortification du corps par la dialectique se

présente comme une purification de l’âme pour accéder à la connaissance du vrai. Les

instincts sensibles empêchent l’âme pure. Seule la raison autonome est capable de

percer la vérité et de mener des activités théoriques. L’âme ne peut découvrir le droit

chemin que par la mortification du corps.

Il en est de même pour Descartes, la vérité ne se conçoit pas dans le domaine

sensible et surtout le corps car les instincts sont trompeurs. Il fait recours à l’activité de

la raison, de la pensée pour pouvoir établir la vérité. Descartes a confiance à la raison

plutôt qu’au sens à la recherche de la vérité. Celle-là devrait être autonome et avide de

tous les préjugés pour découvrir la vraie vérité. Il a, en fin de compte, la confiance

excessive à la raison, à l’activité théorique. De toute façon, la vérité évidente est dictée

par le bien qui ne fait pas mentir. C’est ce que Nietzsche a constaté dans son ouvrage

intitulé La naissance de la Tragédie :

« Ainsi Descartes ne peut prouver la réalité du monde empirique qu’en le

rattachant à Dieu qui ne peut pas mentir. »37

L’intention fondamentale de Nietzsche au problème de la vérité c’est de remettre

en cause la valeur de la vérité conçue par la métaphysique traditionnelle. Pour lui, la

vérité prend un nouveau critère. Elle prend un caractère vitaliste. Elle est liée et

conditionnée par les besoins de l’homme. Ce qui veut dire qu’elle n’est pas un être

autonome, elle dépend strictement de la vie existentielle. Cela résulte que les valeurs, la

vérité et la connaissance ne sont pas des réalités autonomes. Elles sont déterminées par

nos besoins. La conscience est née d’une adaptation de l’organisme avec le monde.

Penser, pour Nietzsche, c’est s’orienter dans la vie, le vrai n’est autre que ce qui est utile

à la vie. Ce qui favorise la vie est vrai. La pratique, l’efficacité et le succès sont les

conditions de la vérité. La vie est la référence de toutes les valeurs jugées comme vraies

et fausses. C’est dans cette perspective qu’on peut dire que Nietzsche se rapproche vers

le « pragmatisme » de la vie. Notre auteur a pour intention d’éradiquer la vérité inutile

pour céder la place à la vérité utile, de faire disparaître la vérité consolatrice au profit de

la vérité-solution qui assure le développement intégral de l’homme. La pensée vitaliste

37 NIETZSCHE F., Naissance de la tragédie, p.81.

Page 42: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

40

de Nietzsche nous amène à établir la vérité au service de la vie telle qu’elle se présente

sur terre. Dans ce cas, la vérité c’est ce qui nous assure un avantage et ce qui nous rend

compte au danger mais non plus la compréhension des faits et des idéaux. Il faut que la

vérité soit au service de la vie.

Page 43: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

41

II.2 LA MEPRISE DE LA RELIGION

II.2.1 Le bouddhisme

La religion bouddhique représente la critique nietzschéenne des religions

orientales telles que l’hindouisme, le taoïsme, le confucianisme, le védisme, le boud-

dhisme. Elles ont des caractères communs. La sagesse orientale qui véhicule à travers

ces religions est la pratique de culte des ancêtres. Elle rend hommage aux ancêtres.

Mais ce que Nietzsche apprécie de cette religion orientale c’est qu’elle ne sépare pas la

vie dans le monde supraterrestre et de la vie dans le monde terrestre. Il n’y a pas du

refus du monde de l’homme. Elle refuse la coupure entre le monde des vivants et le

monde des morts, le monde sensible et le monde intelligible. Elle proclame que la

relation entre le monde de la vie des vivants est surveillée par les vivants dans le monde

supraterrestre. Par conséquent, les religieux respectent leur foi au profit de la vie dans le

monde où ils vivent et après le monde au-delà.

En fait, Nietzsche globalise la religion orientale par la religion bouddhique.

Celle-ci, dans sa manière, fait partie de l’objet de sa critique dans certains points. Mais

par rapport à la religion chrétienne, Nietzsche voit qu’elle est beaucoup plus terre à terre

que celle-ci du fait qu’elle ne cesse pas d’être fidèle à la pensée philosophique orientale.

Cette situation nous amène à regarder avec précision les cotés positifs de la religion

bouddhique d’après le philosophe. Pourquoi Nietzsche critique avec souplesse cette

religion bouddhique ? Est-elle vraiment une religion ?

Par rapport aux autres religions, Nietzsche se rapproche à la religion boud-

dhique. Il l’accorde une importance considérable vis-à-vis des la religion chrétienne. Le

bouddhisme tend vers la doctrine réaliste. De toute façon, dans certaine manière, la

doctrine de Bouddha est dominée par une double préoccupation : d’une part, Bouddha

rejette toute vie révélée. Il n’y a aucune considération avec la vie illuminée par Dieu. Il

a pu débarrasser la religion hindoue qui prêche la doctrine religieuse autre que la sienne.

La religion hindoue proclame que le « Nirvâna » se réalise à condition que l’âme

individuelle s’unisse à l’âme universelle. Par contre, Bouddha, par sa vocation, prêche

une illumination à tout le monde et que le salut se réalise par chaque individu. L’état

complet de la sérénité s’acquiert par l’effort de chacun mais non par l’intervention de

Page 44: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

42

l’être transcendant. Bouddha ignore Dieu à la recherche de l’illumination. Il rejette sa

participation aux affaires humaines.

D’autre part, il professe un empirisme voulu et conscient par ces quatre saintes

vérités. Celles-ci sont découvertes par des efforts personnels de Bouddha. Il ne prétend

pas de les voir par l’inspiration divine. D’ailleurs, il cherche l’illumination individuelle

mais non par les autres. Son enseignement dans sa recherche ne regarde pas l’amour

désintéressé comme nous voyons dans l’amour chrétien lequel n’a aucune relation avec

l’amour de soi. Au contraire, Bouddha enseigne les gens de ne pas rechercher un salut

que de soi-même. C’est dans ce sens, nous pouvons dire que l’essence de l’illumination

réside au niveau de l’enseignement des voies de chacun de rechercher sa propre voie

vers la réalisation de son salut. A cela, nous constatons que le bouddha n’est ni un

prophète ni un Dieu. Seulement par ses efforts intellectuels et personnels, il arrive à

percer le mystère de la destinée humaine. C’est dans cette ligne de penser que nous

pouvons dire que :

« D’après le Bouddha, l’illumination ne résulte pas d’une action divine mais

plutôt d’efforts faits individuellement pour posséder la penser correcte et accomplir de

bonnes actions. »38

La doctrine religieuse bouddhique nous montre déjà qu’il existe une différence

entre celle-ci par rapport à la religion chrétienne du fait qu’elle ne se détache pas du

monde réel. La doctrine bouddhique regarde l’homme réel dans son existence corporelle

et spirituelle. La vérité dont bouddha parle n’est pas une vérité inaccessible par l’hom-

me, au contraire, c’est une vérité qui s’acquiert par le juste milieu et par la bonne action

relative à la vie égoïste. La possession de cette vérité n’exige pas le renoncement de ce

monde car pour lui, le bonheur s’acquiert par chaque individu par ses propres efforts.

Tout le monde a sa vérité et sa propre voie pour l’avoir. Il n’y a pas de voie unique et

valable pour tout le monde. Sur ce point, nous allons lire ce que Bouddha écrit :

38 Anonyme, Humanité à la recherche de Dieu, p. 138.

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43

« La vérité et la voie du salut s’offrent à tous les hommes, qu’ils vivent dans une

caverne, un monastère ou une maison […] Cela n’est pas réservé à ceux qui renoncent

le monde. »39

De toute façon, le bouddhisme ne refuse à personne le salut. Tout le monde a

une possibilité d’être « Eveillé ». En fait, le nirvâna bouddhique ne s’obtient pas par une

discipline rigoureuse imposée au corps mais il est possible par des multiples formes de

vie avec la concentration personnelle. La preuve c’est que la pratique du bouddhisme ne

prétend pas à l’unicité de vénération laquelle varie dans un pays à l’autre.

Le bouddhisme enseigne le moyen de cultiver une bonté et une sagesse parfaite

sans l’aide d’un Dieu. Il nous indique le moyen pour acquérir la connaissance suprême

sans révélation. Dans cette perspective l’homme sera sauvé sans être racheté par un

sauveur. Il gagne un salut dans lequel chacun est son propre sauveur, chacun est lumière

de sa vie. Le sauveur et la divinité n’existent pas. Si c’est ainsi le cas, le bouddhisme se

présente comme une religion qui ne prône pas la croyance en Dieu ou à un créateur.

Cette religion proclame dans certains passages l’absence de Dieu. Elle n’accepte pas

son existence. C’est dans ce sens que nous comprenons Bouddha :

« S’il existe un Dieu, c’est pure folie de supposer qu’il s’intéresse à nos affaires

quotidiennes. Il n’existe pas Dieu qui aime le pouvoir ou le désir de devenir en aide à

l’homme. »40

Sa position vis-à-vis de l’existence de l’être suprême permet Nietzsche de

donner avantage à la religion bouddhique par rapport à la religion chrétienne. Cette

dernière proclame l’hégémonie de Dieu dans le domaine de la croyance. Dieu est un

objectif final de tous les fidèles. Le souhait de tout le monde c’est d’être un avec Dieu.

Ce Dieu des chrétiens est :

« Comme Dieu-des-malades, Dieu araignée, Dieu esprit [...] Dieu dégénéré en

contradiction de la vie, au lieu d’en être la transfiguration et le oui éternel ! Avoir

moyennant Dieu ouvert les hostilités contre la vie, la nature, la volonté de vie ! Dieu la

39 Anonyme, Humanité à la recherche de Dieu, p144. 40 Ibid.p.159.

Page 46: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

44

formule de chaque diffamation de « l’ici-bas », de chaque mensonge de» l’au-delà » !

En Dieu le néant divinisé, la volonté de néant sanctifiée ! »41

A la conception nietzschéenne, la religion chrétienne se détache trop de ce qui

est terrestre, elle éloigne de tout ce qui est de la vie sur terre. Elle la considère comme

obstacle à la vie avec Dieu. Bref, si les chrétiens sont attirés par les êtres imaginaires,

les bouddhistes prétendent à les éloignés à tout prix pour ne s’intéresser que ce qui est

de la vie réelle. De toute façon, le bouddhisme est une religion qui se fait à l’absence de

Dieu du fait que les bouddhistes cherchent l’illumination sans Dieu. Si l’on peut le dire,

il est une religion athée. C’est dans cette perspective, Nietzsche pense que la religion

bouddhique est l’unique religion acceptable dans l’histoire de l’humanité du fait qu’elle

s’intéresse à la vie réelle. Voici ce qu’il écrit :

« Le bouddhisme est la seule religion proprement positive que nous présente

l’histoire. »42

Le but de la religion bouddhique est l’enrichissement de la vie dans tous les

domaines de l’existence terrestre. Etre riche et puissant du point de vue corporel et

spirituel. La recherche de ce qui développe la vie individuelle est un impératif caté-

gorique à la condition d’existentielle. L’égoïsme dans cette religion ne se présente pas

comme source du remords et du péché. Il est une règle de vie, une nécessité comme loi

du corps. Pour Bouddha, l’existence d’une vie est inséparable avec la vie égocentrique à

laquelle chacun est le soleil de sa vie. Chacun fait ce qu’il veut pour s’enrichir afin de

trouver sa propre vie d’illumination. Par son caractère théiste, le bouddhisme tend vers

la philosophie pragmatiste. Il donne plus d’importance à la réalité pratique de la vie

qu’à la théorie. Bouddha veut ramener l’extra terrestre à la terre, l’intelligible au

sensible jusqu’à remplacer Dieu par l’homme lui-même. Pour lui, l’existence de Dieu

est une folie humaine. A l’issue de la pensée bouddhique, on constate que Dieu com-

mence à perdre sa propre valeur. Sa dignité devient un objet de discussion par sa vision

réaliste. Ce caractère réaliste permet Nietzsche d’éprouver la religion bouddhique par

rapport à la religion chrétienne. Sur ce point, Nietzsche écrit :

41 NIETZSCHE F., Antéchrist. p. 28. 42Ibid. p.30 .

Page 47: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

45

« Le bouddhisme est cent fois plus réaliste que le christianisme-il a hérité dans le

sang une façon froide et objective de poser les problèmes, il vient d’après des siècles

d’activité philosophique : déjà la notion de Dieu n’a plus cours quand il arrive. »43

A l’intérêt individuel, Nietzsche constate qu’au bouddhisme, l’égoïsme dans sa

doctrine devient un devoir. Bouddha pense que :

« « Une chose est nécessaire » et « comment te débarrasser de la souffrance »,

voilà ce qui règle et délimite toute la diète spirituelle. » »44

Avant de parler au christianisme, il faut noter que le bonheur pour le

bouddhisme n’est pas un cas exceptionnel aux types hémiplégique. Il se voit à travers la

vie pratique. Pour Bouddha, la perfection est le cas ordinaire.

II.2.2 Le christianisme

Le christianisme est l’une des trois grandes religions apparues au premier siècle

dans les provinces orientales de l’Empire romain. Selon Nietzsche, il reflétait les espoirs

et les attentes de hommes soumis à une dure oppression et qui, désespérant d’améliorer

leur sort par leur propre force, crurent possibles d’échapper à leur souffrance grâce au

messie sauveur. Ainsi, le christianisme est né du sentiment d’impuissance qui fut

particulièrement intense parmi les masses après l’écrasement des révoltes des esclaves,

des insurrections des masses après réduites à la misère contre la domination romaine. Le

dogme chrétien a été construit à partir des idées de plusieurs sectes messianiques et a

emprunté certains éléments à la religion greco-romaine et orientale. La croyance au

rachat par Jésus Christ, (qui aurait été condamné à mort par le procurateur de la Judée,

Ponce Pilate mais serait ensuite ressuscité et monte au ciel, ouvrant ainsi à ses disciples

la possibilité de la résurrection), occupe une place centrale dans le christianisme. Les

chrétiens croient à un second avènement sur terre du christ pour juger les vivants et les

morts, faire don du bonheur éternel aux justes et condamner les pécheurs aux tourments

de l’enfer. Il est présenté comme une voie capable d’apporter une solution aux

problèmes les plus complexes de la vie humaine. Pourtant, il est parmi les plus grandes

religions monothéistes critiquées par notre philosophe malgré l’insuffisance de

43 NIETZSCHE F., Antéchrist. p.30 . . 44 Ibid. p.31 .

Page 48: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

46

fondement dans lequel il baigne, sa façon illusoire d’expliquer la réalité humaine et la

condamnation du monde existant ainsi que sa morale insensée.

La morale chrétienne est la morale prônée par la religion chrétienne dont les

règles sont adoptées comme universelles, les plus élevés et les plus humaines en se

referant aux commandements d’aimer son prochain. Elle admet que seul Dieu est un

être absolument Suprême et l’homme pour vivre heureux malgré son peccabilité, il doit

imiter ce qu’a fait ce Dieu : il est comme son idéal. La morale chrétienne se fonde sur la

foi en un Dieu transcendant et bon, qui est source de toute justice. Elle prône le

renoncement aux privilèges matériels : pouvoir, richesses et honneurs. Elle invite à

reconnaître ce qui peut rendre les « hommes » heureux et transcender leur condition, ce

sont des valeurs comme l’amour, la foi, la charité. Ces valeurs résultent de la capacité

de se mettre à la place des autres, de considérer que tout individu est une image de

nous-mêmes. Il ne peut être question, donc, de faire le mal car il faudrait alors aussi

accepter de le subir. La plus haute vertu morale, accessible à l’homme, est l’espoir

illimité en la charité divine. L’indulgence est une autre grande vertu, qui découle, elle

aussi, de la peccabilité de l’homme. Pour devenir un saint, il fallait beaucoup souffrir,

chercher toujours le plus parfait et s’oublier soi-même. Cette interprétation de la vie là

que bon nombre des penseurs ne supporte.

Tout cela est aux yeux de notre philosophe une obéissance aveugle, un devoir

naïf et n’apporte aucun avantage à notre vie. La vie est pour lui l’œuvre de nous même.

C’est notre volonté de vivre qui crée notre destin. La faute n’est pas dans la passion

mais plutôt la conséquence d’une dégénérescence de l’instinct et d’une désagrégation de

la volonté. Les bons que nous rencontrons chaque jour, ce sont les malins, les hybrides

d’hommes qui mentent, les hypocrites, les calomniateurs de la vie. Ils ne répondent pas

aux exigences de la nature. Ils sont les plus fiers de la vie descendante, les ennemis de la

vérité parce qu’ils ne résistent pas à sa conséquence. Tout est bouleversé pensent-ils là

où les hommes connaissent la véracité d’une chose.

Plus les informations fausses (péché originel plus la mort de Jésus sur la croix),

la religion chrétienne empêche la liberté de l’homme. Ce dernier est toujours endetté. Il

n’est pas maître de lui-même et toujours dans l’angoisse. Son action est prédéterminée

par les Ecrits qui sont comme le guide, les livres saints par lesquelles il n’y a rien de

peccabilité. De ce fait, avant d’entamer à une chose, l’homme doit non seulement

Page 49: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

47

reconnaître la volonté divine mais aussi il doit se repentir. On doit toujours se référer à

la volonté divine. L’ordre divin est établit comme suprême et indiscutable. La violation

de ce dernier est traitée comme un péché. L’obéissance à l’ordre donné est nécessaire

afin qu’on puisse distinguer le bien et le mal, le beau et le laid, le méchant et le bon.

C’est pour ainsi dire que la religion chrétienne est formée un homme du devoir, un

homme qui ne fait qu’obéir à l’ordre sans reconnaissance de ce qu’il est, un homme qui

met dehors ce qu’il est pour observer la loi divine. Pour elle, l’homme n’est qu’une

partie du tout, humble et petite, qui ne sait pas ce qui doit être son bien, qui ne sait pas

se conduire, qui ne sait rien sans l’aide extérieure. Ce qui revient à dire que seul Dieu

qui est le« plein savoir » et le garant de la paix.

Cette distinction amène l’homme à nier sa valeur. C’est la raison pour laquelle

l’auteur de Par delà le bien et le mal affirme :

« « Dans un cas comme dans l’autre, ce qui se développe en premier lieu, ce

sont les hypothèses hâtives, les fictions, la sotte bonne volonté de « croire », le manque

de méfiance et de patience, nos sens n’appartiennent que tard et n’appartiennent jamais

complètement à être les organes subtils, fidèles et prudents de la connaissance. Il est

plus facile à notre œil de produire, sur une excitation donnée, une image déjà souvent

produite, que de retenir ce qu’une impression a de différent et de neuf. » »45

Ainsi, croire suffit et rien de plus pour contempler la vie éternelle. La critique est

une mauvaise vision qu’il faut battre à tout moment car il empêche la croyance. Les

Ecrits sont quelques choses qui ne doivent jamais mettre en doute à cause de sa per-

fection et de sons immanence divine. Ce n’est pas par hasard si Nietzsche affirme que :

« » L’Eglise primitive luttait, comme on sait, contre les « intelligents », au

bénéfice des pauvres d’esprits ». L’Eglise combat les passions par l’extirpation

radicale : sa pratique, son traitement c’est le castrisme. Elle ne demande jamais :

comment spiritualise, embellit et divinise-t-on un désir ? De tous temps elle a mis le

poids de la discipline sur l’extermination (-de la sensualité, de la fierté, du désir de

45 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. p. 191.

Page 50: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

48

dominer, de posséder et de se venger). Mais attaquer la passion à sa racine c’est attaquer

la vie à sa racine : la pratique de l’Eglise est nuisible à la vie ». »46

On oublis désormais les biens terrestres, les merveilles en l’homme et la richesse

de la nature. On reste calme et sans réflexion sur l’avenir. On croit que Dieu vient en

aide, il peut nous donner tout pour que nous vivions à condition que nous le respections.

Nous n’avons pas besoin de réserve, ni de stock. Il est capable de nous fournir nos pains

quotidiens pour que nous ne soyons pas attrapés, voire attaqués par la famine. Les

« ânes de Dieu », voilà le plus grand nom des croyants pour les distinguer avec les bêtes

sauvages (les méchants).

Ainsi, la vie serait insupportable si Dieu ne vient pas en aide. Pour eux

également, il est tout puissant et maître de tous. Il harmonise tout grâce à son

intelligence et son caractère immuable, éternel, impeccable et infinie. C’est lui qui est la

source de tout ce qui est. Il est le créateur par excellence, le moteur de tout ce qui existe.

Dieu nous dispose ce monde comme une souffrance que chacun doit accomplire.

Quiconque résiste au malheur, le paradis est réservé à lui pour récompense. Quiconque

ne contrarie et suit sa volonté, l’enfer est pour lui sa médaille. La vertu que le Tout

Puissant propose c’est le courage pour traverser cette souffrance car il dit « soit fidèle

jusqu’à la mort et je te donne la couronne de vie. » 47Pour accomplir ce devoir, les

chrétiens doivent réaliser beaucoup de sacrifices et subir des situations difficiles. Alors,

il affirme comme ceci : « Dieu dispose et l’homme propose ». Voilà ce qu’on attend de

sa voix à tout moment. Il ne fait que de s’agenouiller, plier et prier pour faire connaître

en son Dieu sa peccabilité et son besoin d’un sauveur.

Par cela, Nietzsche affirme que depuis le moment où l’homme connaît l’idée de

Dieu, il est tombé dans l’angoisse totale, sa vie est anormale. Il n’est pas maître non

seulement de lui-même mais de ses alentours. Il est un jouet de l’au-delà. Dans son acte,

il se précipite toujours à être coupable malgré la surveillance céleste incessante. Il

n’arrive plus à mener à terme son acte :

« Et que fait le saint dans la forêt ? demande Zarathoustra. Le saint répondit :

« Je compose des chants et je les chante et lorsque je compose des chants, je ris, je

46 NIETZSCHE F., Crépuscule des Idoles. p. 40. 47 Apocalypse 2 :10

Page 51: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

49

pleure et je grogne : c’est ainsi que je loue Dieu. En chantant, pleurant, riant et

grognant, je loue le Dieu qui est mon Dieu. »48

Tremblé par le péché originel de l’éducation biblique, plus l’éducation illusoire

selon laquelle la mort est comme signe de condamnation, voilà il ne fait que réagir.

C’est-à-dire, il ne pense plus à sa vie. Volontairement, il falsifie le monde, la vie des

autres et celle de lui-même. Il conclut que si le royaume de Dieu est parfait et infini, le

royaume de l’homme est peccable, humble et muable. Ce caractère changeant est une

marque de l’imperfection de ce monde. Par conséquent, tous les malheurs qui viennent

sont pour lui comme cause : ce monde. Plus il est changeable, plus il est méconnaissant.

Pour le chrétien, il est impossible de réaliser une vie heureuse d’ici bas. Alors c’est

pourquoi il nous invite à fuir au plus que possible ce monde. Il n’y a aucune raison de

l’aimer, ni de le comprendre. Effectivement, le paradis est ouvert à tout ce qui est fidèle

à cette religion. Alors chacun a l’envie de s’anéantir.

C’est la raison pour laquelle Nietzsche affirme comme ceci :

« La prière a été inventée pour les gens qui n’ont jamais de pensées d’eux-

mêmes et qui ignorent l’élévation de l’âme ou l’éprouvent sans s’en rendre compte [...]

C’est que la religion ne leur demande pas plus que de se tenir tranquilles, eux, leurs

yeux, leurs mains et leurs jambes et leurs organes de toute sorte : ceux qui du moins, les

embellit pour un moment et les rend plus semblables à l’homme. »49

Aux yeux de notre auteur, ce paradis n’est qu’une fable dans le but de

condamner le monde existant et d’empêcher le développement de l’homme. Plus

l’homme croit en Dieu, sa force diminue et sa vie redevient médiocre. Il n’a aucune

envie de vivre. Il reste sans réaction. Il n’aime pas la violence. Il contrarie la guerre

ainsi que ceux qui sont forts. Il devient ami des pauvres et de la non-violence. Il ne

résiste plus aux méchants (ceux qui sont hors ou violent la règle établie). Il se fait

extrêmement le défenseur de la règle établie, le défenseur de la morale et de la religion.

Il se proclame comme ami de la stabilité, de la mesure, de l’égalité et de l’idéal.

Pourtant, ajoute le philosophe, il est le dinosaure de la vie saine et ascendante. De ce

fait, la religion des femmes, du cœur, remarque Nietzsche, à propos de la religion

48 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra, p. 41. 49 NIETZSCHE F., Gai savoir. pp. 173-174.

Page 52: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

50

chrétienne. Elle se base sur le sentiment et l’amour. Elle est la religion des femmes

parce que les femmes sont les plus sentimentales que les hommes. Elles prêchent

également l’amour dans le but qu’elles soient en survies et en sécurités parce qu’elles

ont besoin d’aide pour vivre. Les femmes sont aussi des séductrices, attirantes ; mais

pourtant, elles sont pleines d’hypocrisies et des rancunes. Rancunières dans le sens où

elles ont une mémoire d’éléphant. Au lieu d’agir, elles se souviennent. Elles sont

comme les historiens, les gardiens du passé. Elles sont les maîtresses de la haine. Plus

elles sont inactives, leur imagination arrive jusqu’à affirmer que Dieu leur vient en aide

contre les méchants.

Ainsi, Nietzsche procède à une critique intégrale de la valeur du christianisme.

Pour lui, celle-ci enferme l’humanité dans des fausses valeurs morales et limite sa

puissance de connaissance en lui donnant des réponses illusoires et apaisantes à ses

ignorants. Elle brise ce qui est fort en l’homme. Dans le christianisme, tout le concept

qu’on se faisait de l’homme a été négatif. Par conséquent, il ne fait qu’affaiblir l’homme

dans le sens d’éteindre ses instincts (dix commandements plus l’avènement de Jésus

Christ). Il enferme l’homme dans la morale du ressentiment : au lieu d’agir, il réagit.

Dieu aime les hommes à condition qu’ils croient en lui et il lance des regards terribles,

des menaces contre ceux qui ne croient pas.

Un amour sous réserve de sentiment d’un Dieu tout puissant et soif de

vengeance, voilà le projet d’amour que la religion chrétienne prêche à l’homme. Cette

religion n’est qu’une estacade contre l’esprit libre. Elle ne fait qu’engourdir (paralyser)

l’homme. En lui devenir insensible et sans mouvement ; elle est la source de

ralentissement de l’activité aussi bien mentale que physique. Elle a anéanti dans chaque

individu la foi dans sa vertu. Elle a fait disparaître de la terre les grands vertueux qui

abondent dans l’antiquité : l’amour plaisir de la connaissance, la curiosité. Elle veut

former l’homme à être toujours à la remorque des autres, pour qu’il ait plus de mains

tendues pour accaparer tous les « mannes », les « dons » et l’aumône. L’homme est

pour cette religion un être endetté et qui doit le payer durant son existence (la

signification de la mort selon la bible : péché originel). La résignation et la modestie

sont élevées au rang de la divinité. De ce fait, angoissante est l’existence humaine et,

jusqu’ici encore il est dénué de sens.

Page 53: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

51

Tout cela nous prouve que Nietzsche critique toutes les religions existantes.

Aucune religion n’échappe à sa critique du fait qu’elles ont les caractères communs. La

vie sur terre n’a aucune valeur au profit de ce qui est dans l’au-delà. Elle est vaine qu’il

faut éloigner à tout prix, elle est source de la perdition éternelle. Bref, elle se présente

comme un obstacle à la libération de l’âme de découvrir le paradis dans le monde extra

terrestre. Le bouddhisme, le christianisme et l’islam se réalisent par une sorte

d’ascétisme pour affaiblir le corps afin de racheter l’âme de parvenir au nirvâna, au

bonheur. L’ascétisme, la mortification du corps, l’abstinence sont nécessaire pour que

l’âme individuelle s’unisse à l’âme universelle. Ils jouent un rôle important pour y

parvenir. Ainsi, avant de passer au problème moral, il faut noter que la religion prône la

fuite vers le monde céleste où il y a la stabilité, la tranquillité et le bonheur. Nietzsche

considère les fidèles de n’importe quelle religion comme des gens fatigués de vivre la

vie laquelle est caractérisée par la guerre. Alors, force est de savoir que refuser la guerre

c’est déclarer la guerre contre l’existence concrète de l’homme.

Page 54: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

52

II.3 NIETZSCHE ET LA MORALE ASCETIQUE

Le mot qui revient le plus fréquemment chez Nietzsche est celui de la morale car

il est avant tout un moraliste et un moraliste de la dignité et de la noblesse d’âme.

Etymologiquement, la morale vient du mot latin mores, mœurs. Elle concerne

les règles de conduite en usage dans une société déterminée : « Les valeurs morales. »

Elle se dit de ce qui est conforme à ses habitudes, à ses manières de se conduire, de ce

qui est admis comme honnête, juste, de ce qui est considéré comme bien de la société.

Avoir le sens moral veut dire avoir la capacité de discerner le bien et le mal. Elle est

l’ensemble des règles à suivre pour faire le bien et éviter le mal.

Puis le Dictionnaire philosophique affirme que :

Morale (Lat. mores, moeres), une des formes de la conscience sociale, institution

sociale dont la fonction consiste à régler le comportement des hommes dans tous les

domaines de la vie sociale. C’est par la manière d’argumenter et d’exécuter ses

impératifs que la morale se distingue des autres formes (droit, organisation de la

production, décrets de l’Etat, traditions populaires etc.) de régulation de l’activité des

masses. Dans la morale, la nécessité sociale, les besoins, les intérêts de la société ou

d’une classe se manifestent sous la forme de prescriptions et d’appréciations qui

apparaissent spontanément et sont généralement reconnues et étayées par l’exemple

d’un grand nombre de gens, l’habitude, la coutume, l’opinion publique. Aussi les impé-

ratifs de la morale ont-ils le caractère d’un devoir impersonnel, d’une injonction qui

concerne tout le monde et n’émane de personne. Ils se caractérisent par une relative

stabilité. Ils se distinguent de la simple coutume ou de la tradition, entretenues par

l’ordre établi. Car ils reposent sur des idées concernant la manière dont il convient à

l’homme de vivre et de se comporter. La morale se distingue du droit par le fait que

premièrement, l’observation, par chacun des principes moraux est contrôlée par tout le

monde, l’autorité morale d’un individu n’étant rattachée à aucune fonction officielle et

que, deuxièmement, l’exécution des impératifs de la morale n’est sanctionnée que par

des formes d’influences spirituelle (jugement de la société, approbation ou désapproba-

tion des actes accomplis). De ce fait, la conscience joue un rôle relativement plus

important dans la morale que dans les autres formes de contrôle social, en plus, elle peut

revêtir la forme rationnelle de sentiments, d’impulsions, d’inclinations.

Page 55: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

53

II.3.1 La notion du bien et du mal et/ou du bon et du mauvais

Comprendre la morale c’est toujours dans le sens qu’elle est comme une règle de

vie dans le but d’harmoniser la vie publique et qu’elle est idéale. La vie en société, le

besoin de la sécurité des masses est la première nécessité de cette morale. Car si les

autres font n’importe quoi et agissent n’importe comment, la règle établie est violée, la

sécurité sociale est menacée. Alors, il faut qu’il y ait de contrainte, de barrière et de

punition. Ainsi, la morale n’est pas seulement un besoin de la vie sociale, il est aussi

comme une contrainte contre la vie privée de l’individu. Elle est employée comme un

garde fou contre quiconque saute la barrière. Pourtant force est de connaître que cette

morale n’est qu’une invention humaine. C’est l’homme même qui la fait en vue de la

nécessité générale de vivre en paix. Elle est imposée à l’homme comme universelle, en

admettant qu’elle soit parfaite et que l’invention d’une autre est une grande faute. A

propos de cela, Nietzsche affirme :

« « La morale est aujourd’hui en Europe une morale de troupeau. Elle n’est

donc, à notre avis, qu’une variété de morale humaine qui laisse ou devrait laisser

possibles à côté d’elle une infinité d’autres morales et de morales très supérieures. Mais

cette morale se défend de toutes ses forces contre une telle « possibilité », contre un tel

« devoir être ». Elle est là, opiniâtre, inexorable, qui répète : « c’est moi la morale, il n’y

a pas de morale en dehors de moi. » »50

De ce fait, le problème c’est que l’homme peut vivre en paix (peut-être) grâce à

cette universalité de la morale, mais le progrès de l’humanité est menacé. Alors le fait

d’imposer la morale comme universelle entraîne une tyrannie contre l’esprit intellectuel

de l’homme et limite sa capacité créatrice. Effectivement :

« Une nouvelle création a plus besoin d’ennemis que d’amis : ce n’est que par le

contraste qu’elle commence à se sentir nécessaire, à devenir nécessaire [...] Il fait être

riche en opposition, ce n’est qu’à ce prix-là que l’on est fécond, on ne reste jeune qu’à

condition que l’âme ne se repose pas, que l’âme ne demande pas la paix [...] On a

50 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. p. 211.

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54

renoncé à la grande vie lorsqu’on renonce à la guerre… Il est vrai que dans beaucoup de

cas, la « paix de l’âme » n’est qu’un malentendu. »51

En conséquence, impossible est la création tant que la morale ignore la faculté

sensitive et la faculté intellectuelle de l’homme. C’est la raison pour laquelle la morale

doit être mise en doute, doit être discutable et non universelle. Car à force d’analyser,

on parvient à avoir plus de renseignement sur elle, on arrive jusqu’à la connaissance de

ses lacunes. La morale est belle et bien quelque chose qui mérite d’être corrigée.

Evidemment, ces lacunes qui englobent la philosophie de Nietzsche dont il est parmi les

victimes. La morale jusqu’à présent n’engendre qu’une longue servitude de l’esprit, la

méfiance et la contrainte dans la communication des pensées, la discipline qui s’impo-

sait les penseurs en soumettant ses pensées à une morale établie. On imposait à

l’homme qu’il y a quelque chose qu’on doit admettre comme bien et quelque chose

qu’on doit admettre comme mal. Dont:

« La formule générale qui sert de base à toute religion et à toute morale

s’exprime ainsi : « fait telle ou telle chose, ne fait point telle ou telle autre chose-alors tu

seras heureux ! Toute morale, toute religion n’est que cet impératif. »52

Que presque tout ce qui est bon pour la vie ascendante est on dit le mal, le

mauvais :

« Tout ce qui élève l’individu au-dessus du troupeau et qui fait peur au prochain

s’appellera désormais le mal, l’humeur équitable, modeste, subalterne, respectueuse de

l’égalité, la médiocrité des désirs reçoivent des épithètes et des honneurs moraux. »53

D’ailleurs ce que nous ignorons c’est que le bien imposé c’est fait pour les

minorités qui ont profit par le biais de cette contrainte : les dirigeants de masse, le pou-

voir en place. Les penseurs de tout temps ne font que de fournir des connaissances en

dépendance de la règle établie. Ils n’ont aucune tâche de critiquer ce qui était « univer-

selle ». A chaque pas vers la critique, ses survivances sont menacées : une création

nouvelle est une tyrannie contre l’ordre sociale et que les pouvoirs en place soient en

51 NIETZSCHE F., Crépuscule des Idoles. p. 42. 52 Ibid., p. 48. 53 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. p. 207.

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55

dangers. Alors pour garder l’équilibre, la sécurité des masses, il faut qu’il y ait une

contrainte.

Par conséquent, c’est un opprobre ainsi le fait de vivre autrement. On n’a pas

mis en doute ou bien ignoré qu’à force d’imposer la morale comme universelle, l’esprit

créateur est menacé. L’homme se contente alors de vivre sans aucun doute, sans

interrogation même si bon nombre soit dérangé. On a toujours l’habitude de dire

« IA » : OUI de l’âne, OUI des bêtes grégaires. On ne fait que d’accepter sans analyse

prédéterminée. D’où vient le mot « obéissance aveugle ». Aveugle parce qu’obéir n’est

pas une fatalité de l’homme. La morale est plutôt imposée par les minorités qui ont de

malaise de vivre seul, qui dépendent des autres pour survivre. Elle est imposée par les

gens trompeurs en vue de dominer les autres. Les quelques têtes sont avantagées grâce à

cette morale. De ce fait, la morale n’offre jamais une solution efficace à tout le monde.

Elle ne donne qu’une solution globale à la vie communautaire. Elle ne connaît non plus

le cas particulier de chaque individu. L’esprit compétitif est troublé. Nous ignorons que

chaque pas en avant dépend de la curiosité : du question-réponse. Que l’homme n’a

jamais connu une progression dans l’obéissance et que la progression soit fait grâce à la

faculté intellectuelle. L’homme en obéissance totale, est le projet suprême de cette

morale. On vit sans contrarier l’ordre social, la règle ajustée. Que le monde tourne en

faveur de la volonté de suivre au lieu de la volonté de « vivre ».

Partant, on s’abstient de toute critique, on reste là où la morale dicte. Alors pour

les réaliser, on tue l’instinct, on abandonne la pensée. On reste alors à l’abri de la

morale. On vit comme des bêtes domestiques, voilà l’estimation des moralistes jusqu’à

présent. La domestication de la race humaine disait Nietzsche, jusqu’à présent qu’on

appelle morale. Cette dernière ne fait que de rendre l’homme en sommeil et pourvu

qu’il ne soit jamais réveillé. Celui le plus apte à vivre sur cette morale c’est celui qui est

malin, hypocrite. Quiconque fanatique de l’exactitude, la mort est pour lui comme

récompense à sa sueur. C’est pour cette raison que Nietzsche parle de la morale comme

contre nature.

Pour soutenir cette idée, il écrit encore comme ceci :

« « Toutes ces morales qui offrent à l’individu de faire son « bonheur », comme

on dit, que sont-elles autre chose que de compromise avec le danger qui menace la

Page 58: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

56

personne à l’intérieure d’elle-même, des recettes contre ses passions, ses bons et ses

mauvais penchants, lorsqu’ils tendent à dominer et à commander en maîtres, des

astuces, des artifices petits et grands qui sentent le renfermé, la pharmacie domestique et

les remèdes de bonne femme. » »54

La morale n’offre que la faculté de mépriser l’homme en soi plus profondément.

On parvenait finalement à passer sur l’irritation de la conscience. Par conséquent,

« Il nous est beaucoup plus facile d’imaginer un à-peu-près [...] En présence des

événements même les plus étranges, c’est encore ainsi que nous agissons, à notre insu

nous imaginons la plus grande partie de l’événement et il ne semble pas possible de

nous empêcher d’inventer en grande partie ce que nous voyons. Tout cela pour dire que

nous sommes foncièrement et de tout temps habitués à mentir. »55

II.3.2 L’esprit du troupeau

La morale ne pense pas du tout au bonheur des individus, elle la réduit plutôt,

elle dépasse la dureté d’une vie individuelle dans l’objectif de favoriser et d’atteindre le

bonheur de tous. Ce qui revient à dire qu’encore une fois, d’une nouvelle fois l’espèce

humaine est victime de cette morale du troupeau. Même si la croyance en Dieu et la vie

éternelle ne contiennent plus dans notre civilisation aucun sens, la morale nous fait

démontrer, nous révèle ses traces. Elles incarnent par le biais de la morale existante.

Celle-ci n’est que la séquelle du christianisme. Elle repose sur le principe de justice, de

l’amour du prochain, de la notion du devoir. Est jugé immoral celui qui écoute ses

passions, ses désirs et ses penchants naturels.

Certes, il y a une différence de forme entre la morale traditionnelle et la morale

chrétienne et ce n’est que la différence des formes et rien de plus, le principe est le

même. Au lieu de la manifestation divine, c’est l’homme même qui cède la place et le

fond est le même. Depuis tant d’année nous sacrifions en Dieu, maintenant nous

sacrifions en l’homme (au supérieur). Que ce dernier c’est l’homme parmi les hommes,

c’est lui qui dirige la vie des troupeaux, la vie des membres. Partant delà l’homme est

aux yeux de Nietzsche descend au même rend que les bêtes. La noblesse de l’homme 54 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. p.199. 55 Ibid., p. 191.

Page 59: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

57

est violée et gaspillée. L’homme a toujours besoin d’aide et de conducteur. Il se sent en

insécurité si l’on laisse seul. Il n’a besoin du fort rien que pour la sécurité. Il n’est que

de parasite pour les bien portants. Alors, il les séduit en communiquant l’amour : que

seul la coopération est la règle idéale pourvu que le bien de l’humanité soit valorisé.

Selon eux :

« « Un individu solitaire, entièrement indépendant des autres est en grande

partie, une fiction. En réalité, la plupart, sinon tous les êtres vivants, vivent en

communautés plus ou moins intégrées et l’aptitude à maintenir en associations comporte

une certaine coopération ou, tout au moins, une « proto coopération ». Ainsi qu’aucun

animal ni aucune plante ne vivent seuls ou ne dépendent que d’eux même. Tous et

toutes vivent en communautés qui comprennent d’autres individus de leur propre espèce

et aussi, en général, une très grande variété d’autres espèces animales et végétales. Que

la poursuite de la solitude est vaine et dans l’histoire de la vie, elle ne se réalise

jamais. » »56

A juste dire, pour l’homme, sans ce principe de coopération, de sociabilité et

d’entraide, la progression de la vie organisée, le perfectionnement de l’organisme et le

renforcement de l’espèce deviennent absolument impossible. L’homme est un animal

social ; seul, il n’est rien. Nous ne vivons que par les autres ou pour les autres. Nous

avons certes notre personnalité, nos désirs, nos ambitions. Mais pour réussir la vie nous

devons passer par les autres. Voilà, les forts sont tombés dans ses pièges, entre ses

mains. Les forts sont nécessaires pour la sécurité des faibles contre les méchants

étrangers. En contre partie, les faibles lui passent le pouvoir par « amour ». Car « la

sécurité est amour ». 57Ainsi la réalisation de ce projet dépend d’un contrat social de

Rousseau : en admettant que tous sont égaux, au même pied d’égalité. « Chacun de nous

met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la

volonté générale » car « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître

s’il ne transforme la force en droit et l’obéissance en devoir ». Pour eux, l’inégalité est

la mère de toute insécurité et l’égalité est le fond de toute sécurité. Le pouvoir ne tourne

jamais à leur profit et qu’ils sont les plus malheureux au cas où il n’y a reconnaissance

envers eux. Ce qui est pire c’est qu’aux yeux de notre philosophe, cette morale favorise

56MONTAGU A., L’homme parmi les hommes. p. 49. 57 Ibidem.

Page 60: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

58

les faibles, les mendiants et désavantage les forts, les riches. Elle donne plus de chance

aux cancres, aux paresseux et décourage les combattants (les classes guerrières, les

classes nobles) en les imposant que tout doit être régis d’une même loi, d’un même

droit. En effet, notre auteur signale que cette morale est exclusivement réservée pour les

classes inférieures, pour tous ceux qui ont besoins de commandement pour travailler,

pour tous ceux qui sont arriérés ou bien en retard, pour tous ceux qui sont incapables

d’entamer seuls. Que les forts ne peuvent jamais vivre en cela, ils ont besoin d’être

libre, ils sont robustes et aptes à entamer seuls, la participation à la vie communautaire

est comme un barrage à la réalisation de son projet et le problème de la vie sociale n’est

pas son problème, ils admirent plus l’insécurité que la sécurité car le progrès de

l’homme en dépend. Car les forts voient cette morale comme une tyrannie :

« « Toute morale est contraire au laisser-aller, c’est une tyrannie qui s’exerce sur

la « nature » et aussi sur la « raison », ce n’est pas là pour autant une objection, à moins

qu’on ne veuille décrasser au nom de quelque autre morale l’interaction de toute

déraison. L’essentiel de toute morale, ce qui en fait la valeur inestimable, c’est qu’elle

est une longue contrainte. » »58

Par le biais de la morale, la valeur individuelle de l’homme est en désuète. On

impose comme règle de vie le principe de dépendance. On met au balcon toute liberté

de chacun dans le but de respecter la liberté sociale :

« Car plus il y de liberté, moins il y a de sécurité ; plus il y a de sécurité, moins il

y a de liberté »59.

L’homme est de tout moment en servitude, plein de fardeau comme le chameau

du désert. Il est plus fier de porter que de rien à porter. Il ne sait pas dire non, il affirme

toujours Oui (IA) de l’âne, Oui d’obéissance sans prendre conscience que ce fardeau est

comme une charge, un blocage contre ses esprits indépendants et ses facultés créatrices.

Ainsi, Nietzsche déduit que cette morale est comme une morale du troupeau et

de l’esclave. Elle ne fait que d’encercler l’homme pour que les fous ne sautent pas la

barrière et sont toujours en dépendance de la société. On a donné alors à eux une

58 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. p.181. 59 TITARENKO A., La Structure de la conscience Morale. p. 159.

Page 61: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

59

éducation naïve, une connaissance simple dans le but qu’ils soient utile dans ce

troupeau. Par conséquent, Nietzsche voit cette morale comme une victoire des faibles et

des esclaves. Les esclaves sont les plus à l’aise en ceci. Ils sont fiers parce que le

pouvoir est à eux. Ils sont victorieux.

Tous sont égaux :

« On ne devient plus ni pauvre ni riche : l’un et l’autre sont trop pénibles. Qui

veut encore gouverner ? Qui veut encore obéir ? L’un et l’autre sont trop fatigants. Pas

de pasteur, un seul troupeau ! Tout le monde veut la même chose, tous sont égaux. »60

En outre, cette morale félicite la non violence et l’amour pour que les membres

d’une vie communautaire se reconnaissent et s’entraident. Les dirigeants sont élus dans

le but de sécuriser les troupeaux contre les méchants et ceux qui exemptent de cette

morale. C’est pourquoi ils sont toujours les opposants des esprits curieux et rébellions,

des classes intellectuelles. Ils usent ainsi le moyen de contrainte pour qu’il y ait

obéissance et ordre social car ceux-ci soient considérés comme intérêts généraux. En

effet, quelque soient les régimes en place, les règles sont presque les mêmes : ils

favorisent les débiles et méprisent les puissants. C’est la raison pour laquelle Nietzsche

contrarie la démocratie et le socialisme. La démocratie est pour lui la réalisation parfaite

de la morale chrétienne, elle est le moyen par lequel le débile ait chance d’imposer, de

diriger la société. Tous sont égaux devant la loi et jouis d’un même droit, que nul n’est

au-dessus de la loi. Le pire des maux c’est le socialisme parce qu’il est la réalisation

parfaite de la morale du troupeau. Il est l’égalitarisme parfait : sans classe inférieure ni

classe supérieure. Les biens qu’on préoccupe sont pour tous et non pour ceux qui sont

apte à exécuter. On abandonne la compétition parce qu’on doit reconnaître le droit des

incapables. On proclame l’amour pour que les robustes éloignent leurs forces. La force

est nécessaire spécialement pour le bien publique et non le contraire.

Ce qui revient à dire que, cette morale n’est faite que pour conduire et entretenir

les imbéciles à survivre. Elle est uniquement réservée à tous ceux qui sont incompétents

ou bien à tous ceux qui ont besoin de soutien, de l’amour et de conducteur pour qu’ils

puissent être en acte. Elle est également réservée à tous ceux qui sont maladroits à la

maîtrise de soi et à tous ceux qui ne résistent pas à la tentation, au malheur, à la force

60 HEBER-SUFFRIN Pierre, Le Zarathoustra de Nietzsche. p 15.

Page 62: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

60

étrangère et à la brutalité de la nature. Cette forme de la conservation incite Nietzsche à

affirmer :

« Jadis vous étiez singe et maintenant encore, l’homme est plus singe que le

singe. Et même le plus sage d’entre vous, il n’est qu’une forme équivoque et hybride,

un croisement de plante et de fantôme. Mais vous ai-je dit de devenir plantes ou

fantômes. »61

61 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. ROBERT Marthe. p.12.

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61

Troisième partie :

LA TRANSMUTATION DES VALEURS

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62

III.1 LA REALISATION DE LA TRANSMUTATION

L’homme « nouveau », nouveau dans sa façon de vivre, nouveau dans sa

croyance, nouveau dans sa manière de penser, de philosopher pense Nietzsche comme

solution à toute forme de lassitude de vivre. Le philosophe qui accepte la loi de la nature

et qui fortifie de tout temps son corps pour battre les adversaires, que l’évènement en

place n’est pas un obstacle à la réalisation de son projet. Au contraire tous ceux qui lui

arrivent le rendent fort. Il est déjà prêt à battre et à accepter comme loi naturelle le

changement.

Effectivement comme nous signale Héraclite, « rien ne demeure, tout change,

tout se transforme : on ne baigne jamais deux fois dans un eau de même fleuve ». Ce

monde est riche du bien et du mal, du beau et du laid, du masculin et du féminin, de fort

et de faible. Il est très riche en cette capacité et pourtant il est interprété par bon nombre

de sages antérieurs comme quelque chose de mauvais et mérite d’être condamné. Alors,

en voyant cette erreur, notre maître prend une autre position d’accepter la réalité en

place. Car il est indispensable pour lui d’effacer toutes nos erreurs, de faire table rase

dans notre conscience toutes ces arrière-pensées. Il faut accepter le modification puisque

ce monde est doté de ce caractère.

Alors, si la manière de vivre jusqu’à présent est pour le grand nombre, de

grandes masses, les philosophes nouveaux doivent dépasser cette erreur. Pour notre

philosophe, il n’y a aucune autre raison possible que la transmutation. Ils doivent se

préparer pour la transmutation : briser à coups de marteau les connaissances acquises

auparavant en faisant table rase de notre conscience que rien n’est écrit et tout est

permis :

« L’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme, une corde sur

l’abîme. Il est dangereux de passer de l’autre côté, dangereux de rester en route,

dangereux de regarder en arrière, dangereux de frissonner et de s’arrêter. Ce qu’il y a de

grand dans l’homme, c’est qu’il est un pont et non un but : ce que l’on peut aimer en

l’homme c’est qu’il est un passage et une chute. »62

62 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. Prologue, 4.

Page 65: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

63

Alors, il signale encore une fois que c’est une sottise de rester parmi les hommes

car l’amour des hommes nous tues : « l’homme est quelque chose qui doit être

surmonté »63. Depuis tant d’années, nous avons cherché ailleurs la solution à notre

problème. Aujourd’hui, nous devons les résoudre par notre force même.

Ainsi, l’homme nouveau c’est l’homme de risque comme un danseur de corde,

un funambule. Il ne veut plus retourner en arrière et marche sans hésitation le chemin

qu’il va tracer en connaissance des causes. Il prend entre ses mains son avenir et sa vie.

Il n’a besoin des autres pour s’occuper ses affaires. C’est lui-même qui forge sa morale.

Cette dernière n’est plus hors de la vie, ni la méprise. Elle est toujours animée par sa

force dans le but de son ascendant, de son débordement. Elle est faite afin d’enrichir la

vie et le monde où nous vivons. Cette nouvelle manière de vie rend l’homme en bonne

santé, a confiance en soi, instruit l’homme à être responsable. Elle met le monde à sa

propre valeur.

Tout cela exige avant tout une force de l’esprit parce qu’on traverse une longue

voie. Le risque est en conséquence comme quelque chose sine qua non à ce chemin

parce que bon nombre sont les populaces, les empoisonneurs des races nobles, les

calomniateurs de la vie, les troupeaux, les haineux, les médiocres. Ceux qui ne savent

pas entamer seul. Ils veulent toujours à tout moment s’accabler avec les autres : seul ils

ne sont pas, avec les autres ils sont parasites. La meilleure façon pour ces êtres de se

conserver est de s’implanter dans un organisme étranger.

III.1.1 L’oubli chez Nietzsche

Eh ! bien une tâche première pour la réalisation de ce projet c’est la force de

l’oubli. L’oubli c’est comme une activité du corps, comme digestion, comme une force,

une forme de santé forte/robuste. Un homme capable d’oublier ses propres méfaits,

c’est un homme qui peut échapper au remords.

Alors pour ne plus tomber dans le troupeau, il faut savoir oublier tous les ombres

de nos pseudo-valeurs antérieurs, car si l’homme a bien risqué sa vie, cela coïncide avec

la présente condition de possibilité de son bonheur. Il s’est passé, selon Nietzsche, au

nom d’une autre puissance pour pouvoir s’inventer un futur, pour que cet animal

63 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. Prologue, 3.

Page 66: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

64

oublieux devient capable de répondre de soi en tant qu’être constamment en train de se

créer, de jouer avec son rapport au temps afin de pouvoir engendrer pour soi un nouvel

avenir. Tel est le cas de celui qui peut promettre. La mémoire en tant qu’activité

intellectuelle ne renvoie pas à être emprisonné dans un passé littéralement indigeste,

dont on n’arrive plus à se débarrasser mais correspond plutôt à l’invention d’une

nouvelle possibilité de se projeter dans un temps futur qui ait été désiré. Ainsi, l’oubli :

« C’est bien plutôt un pouvoir actif, une faculté d’enrayement dans le vrai sens

du mot, faculté à quoi il faut attribuer le fait que tout ce qui nous arrive dans la vie, tout

ce que nous absorbons se présente tout aussi peu à notre conscience pendant l’état de

« digestion » (ou pourrait l’appeler une absorption psychique) que le processus multiple

qui se passe dans notre corps pendant que nous « assimilons » notre nourriture. Fermer

de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience, demeurer insensibles au

bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour

s’entraider ou s’entredétruire, faire silence, un peu, faire table rase dans notre

conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles et en

particulier pour les fonctions et les fonctionnaires plus nobles, pour gouverner, pour

prévoir, pour pressentir (car notre organisme est une véritable oligarchie) voilà je le

répète, le rôle de la faculté active de l’oubli, une sorte de gardien ne, de surveillante

chargée de maintenir l’ordre psychique, la tranquillité l’étiquette. On en conclue

immédiatement que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle

puissance de l’instant présent ne pourraient exister sans faculté d’oubli. »64

Ce qui revient à dire que, Nietzsche rejette le concept faible, passif de la

mémoire car la mémoire sera alors comprise comme une prison à des marques d’un

passé inexorable, qui ne peut plus être transformé. Se souvenir c’est continuer à vouloir

ce qu’on a déjà voulu.

Ainsi ce que nous exige l’auteur de Ainsi Parlait Zarathoustra c’est d’oublier

toutes les traces de nos lacunes passées, toutes les anciennes valeurs qui ne nous

apportent aucun profit, nous rendent plus singe que les singes. Nous devons nous

obliger de rompre sans aucune arrière-pensée par la force de notre faculté de l’esprit ses

anciennes tables de valeurs dans le but de forger une nouvelle table plus meilleure que

64 NIETZSCHE F., Généalogie de la morale. pp. 75-76.

Page 67: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

65

les précédentes. Ce qui signifie qu’il faut être nihiliste, un nihiliste au sens nietzschéen.

Nietzsche affirme qu’il ne peut y avoir aucun bonheur, aucune sorte de jovialité,

d’espoir, de fierté et il souligne de présent sans l’activité de cet appareil d’inhibition

qu’est l’oubli. De ce fait, le thème de l’oubli s’articule à l’élaboration nietzschéenne du

concept de « grande santé ».

III.1.2 Le nihilisme nietzschéen

Le changement de régime, l’abolition de l’échange, la lutte de classes, la consti-

tution républicaine fondée sur la démocratie, le socialisme, la liberté de penser et le

progrès de la science au XXe siècle menace les valeurs traditionnelles. Ce progrès s’est

accompagné d’une mutation. Les valeurs traditionnelles dont nous faisons confiance

étaient en état d’effondrement. Ce progrès entraîne le déclin de la culture judéo-chré-

tienne. Cette dernière était dépassée par la science et la technique. Ceux-ci connaissent

un essor sans précédent. Désormais, les penseurs commencent à mettre en doute le

fondement de ces valeurs traditionnelles. Ils arrivent jusqu’à les nier, à ne mettre plus

confiance à celles-ci. Le succès de la science et de la technique entraîne le déclin des

valeurs jadis absolues. Plus la science se progresse, plus ces valeurs se déclinent.

Nietzsche examine ce phénomène et il a remarqué que la société était caractérisée par

une crise des valeurs et une crise de fondement des valeurs. Le fondement de ces

valeurs s’est révélé faux. Le monde est tombé dans l’embarras de choix. Les uns,

défenseur de cette culture affirment la véracité de ces cultures, les esprits libres, les

scientifiques, par contre, dévoilent sa fausseté. La vie humaine est encadrée de duel

entre les apologistes des valeurs traditionnelles et les défenseurs de cette nouvelle

culture : faire confiance à la science ou bien, faire confiance à l’ancienne table. Les

autres, par le biais de tout est permis, choisissent de songer sa vie. Ils pensent comme un

être jeté-là et doivent se débrouiller seul. Ce choix a pour conséquence pour le grand

nombre, le « Nihilisme ».

Etymologiquement, le mot Nihilisme vient du mot latin « nihil » qui veut dire

rien, zéro. Il est la négation de toute croyance. Il était appliqué aux intellects libéraux en

Russie, dans la seconde partie du régime d’Alexandre II, qui voulaient la destruction de

toutes les structures sociales. Il est une doctrine de la négation absolue sans aucun idéal

positif. Ce terme fut pour la première fois employé par Jacobi Friedrich Heinrich (1743-

1819, philosophe allemand). En Russie, il connut une large diffusion grâce au roman de

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66

I. Tourgueniev « Père et fils ». Vers 1870, ce nihilisme évolue pour devenir un mou-

vement politique : les réactionnaires appelaient nihilistes les démocrates

révolutionnaires en leur incriminant la négation absolue de la vieille culture dans son

ensemble mais dégénéra en attentats anarchistes individuels.

Aux yeux de notre philosophe, ce concept mérite d’être analysé. Il estime par ses

analyses quelques types d’exemples de nihiliste.

Le nihilisme est pour lui, le fait chrétien qui se réfugie dans le monde

intelligible comme le vrai monde. Il est la façon de ne pas voir la réalité telle qu’elle est

vraiment : la dévalorisation du monde au non d’un arrière monde et le mauvais œil

envers les passions.

Nihilistes sont les défenseurs des valeurs traditionnelles parce que ce monde

qu’ils espèrent tant est un monde fictif, imaginaire que jamais personne ne le contemple

réellement mais par l’imagination. Au lieu de voir le monde, il se dirige vers le néant :

nihilisme des ermites et les admirateurs du sur-monde et de l’idéal.

Nihilisme est le fait d’admettre que toute est vanité. Plus l’homme n’a plus

confiance au monde intelligible, plus il condamne le monde sensible. Il dévalorise à la

fois ces deux mondes : l’arrière monde et ce monde. Il n’a plus confiance aux valeurs

traditionnelles et il a pour tâche de rien à accepter. Cette façon est considérée comme le

nihilisme de l’homme supérieur.

Nihilisme est le fait de profiter la mort de Dieu (tout est permis) pour faire dans

la conscience qu’il n’y a plus ni devoir, ni d’obligation. L’individu s’enfonce dans la vie

de jouissance maladive et il fait l’application de l’amoralité. Nietzsche l’appelle comme

le nihilisme des derniers hommes.

Nihiliste aussi celui qui nie les valeurs traditionnelles pour en créer une

nouvelle. Sur ce dernier que Nietzsche met plus l’accent.

Son analyse de fait amène Nietzsche à conclure qu’il y a à la fois du coté positif

et du coté négatif dans ce nihilisme. Le fait de nier tout est pour lui une erreur de

pessimiste. L’erreur de celui qui est malade, inactif. Le coté positif de ce nihiliste est

pour Nietzsche sa façon de tout détruire et de tout reconstruire. Ce qui signifie que pour

notre penseur, le nihilisme est une étape nécessaire dans sa démarche pour une nouvelle

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67

création. Le nihilisme équivaut à la façon de faire table rase dans la conscience tous les

souvenirs des pseudo-valeurs en acceptant que rien ne soit absolu et tout est permis

mais il faut que cette permission tourne dans une nouvelle création. Le fait de nier

brutalement et infiniment sans préparation est, pour notre philosophe, une erreur.

Dangereux de nier infiniment car l’humanité à toujours besoin d’une valeur. C’est par

ces valeurs que l’homme se distingue des autres êtres vivants. Sans valeur, l’homme

descend au même pied d’égalité avec les autres êtres vivants. Le fait de nier est pour

Nietzsche une étape de la nouvelle œuvre. La première étape dans sa réalisation c’est de

favoriser la mort de Dieu. La mort de Dieu est pour Nietzsche un événement récent qui

se passe en Europe dont il jouit à son époque. Ses serviteurs commencent à oublier la

force divine. Dieu ne vient plus les aider. L’homme engage apprendre en charge son

avenir. Tout cela est fait pour rétablir l’équilibre entre le corps et l’esprit car l’esprit

commande au corps que le corps commande à l’esprit.

« Je commande ma main et mes pas, certes mais c’est la sensation de faim qui va

me conduire à faire ces gestes ou quelques autres besoins. »65

Le nihilisme nietzschéen n’est pas comme tous ces genres de troupeau (les

ermites) qui méprise le monde pour honorer l’au-delà, ni comme le nihilisme européen,

des derniers hommes qui tombe dans le pessimisme totale, en voulant de « rien »

vouloir (ni ce monde, ni l’autre monde) ni comme le nihilisme des hommes supérieurs

en recevant le message de la mort de Dieu mais sans tâche de rien changer mais ils les

profitent pour fortifier son pouvoir sur la masse (le troupeau). Le nihilisme nietzschéen

est formé à partir de la connaissance de cause. Il est, si on peut le dire, méthodique ;

l’acte de tout détruire est dans le but de tout reconstruire : méprise grandement pour

vénérer abondamment.

III.1.3 L’esprit enfant

Le bilan de la critique nietzschéenne est la critique de la morale classique, la

métaphysique, la religion et la démocratie lesquelles véhiculent les valeurs nihilistes. A

la façon de Nietzsche, l’homme qui vit de la domination de ces valeurs négatives

dispose l’esprit chameau du fait qu’il se soumet sous la domination de ces valeurs. Il se

65 CHRISTOPH B. La décadence de la civilisation occidentale chez Nietzsche dans Ainsi parlait

Zarathoustra. p.64.

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68

laisse déterminer par l’ordre imposé par tous les membres de la société. Il se sent fière

et bien à l’aise quand il a beaucoup de responsabilités. Ces derniers lui rendent heureux

dans la vie. Il dit toujours « oui » à tous les commandements dictés à tous les systèmes

de valeurs imposés. Finalement, il est habitué à des multiples taches et il minimise ce

qu’il aime vraiment. A la logique nietzschéenne, ce type d’homme affirme toujours le

« faux oui » et il porte l’esprit de type malade dans le sens où il découvre le plaisir en

rendant un service aux autres. Il est un homme de devoir. Il veut être juste, bon, envers

tout le monde. C’est un esprit qu’il faut dépasser. Il faut que l’esprit chameau se traduit

en esprit lion afin de pouvoir détruire toutes les valeurs qui n’ont rien à voir aux besoins

de la vie sur terre.

Cet esprit a une importance capitale à la réalisation de projet nietzschéen car il

manifeste un caractère qui veut tout briser, tout détruire. La destruction de toutes les

valeurs en contradiction avec la vie est une nécessité parce qu’elle permet l’homme à

faire une table rase aux tables de valeurs. Il faut éradiquer les résidus de ces valeurs

nihilistes dans tous les domaines : esthétique, politique, morale, religion et théorique

pour que l’homme arrive à instaurer de nouveau les valeurs humaines. Il ne faut

réhabiliter ces valeurs qu’après avoir tout détruit. Finalement, Nietzsche exige la

métamorphose en esprit lion pour pouvoir débarrasser tout. Il faut se délier de toutes les

remorques qui tirent vers la marche en arrière. D’où la nécessité de l’esprit révolution-

naire qui se voit à travers l’esprit lion chez Nietzsche. Cependant, il n’est pas suffisant

de s’arrêter au niveau de l’esprit lion. Se transformer en esprit enfant est l’objectif final.

L’enfant est le symbole de liberté du fait qu’il est à la fois destructeur et créateur

des valeurs. De toute façon, l’enfant est innocent. Il est capable d’oublier. Il est libre car

il arrive à vider dans ses consciences les valeurs anti-naturelles. Il vit dans le temps

présent. Il sait comment rendre positif l’instant présent par le caractère de son esprit

capable de se renouveler à toutes les circonstances.

La notion du devenir est immanente à la vie des enfants. C’est pourquoi

Nietzsche considère l’enfance comme la dernière étape de la métamorphose de l’esprit.

C’est à ce stade qu’on connaît une réelle manifestation d’une vie meilleure : l’enfant est

loin du ressentiment et de la rancune. Il est innocent. Son action est animé par l’amour

de soi qui est le naturel à la vie.

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69

Cette analyse nous permet de dire que le vrai symbole de la vie meilleure est

l’enfant car celui-ci reste fidèle à la vie. Il est capable de créer des nouvelles valeurs,

d’abandonner celles qui ne favorisent pas la vie et d’adopter celles qui expriment

l’amour des instincts. Il faut devenir enfant pour pouvoir créer d’autres systèmes de

valeurs qui n’ont aucune référence à l’ancienne valeur. L’enfant serait le seul capable

d’affirmer la vraie valeur. Son « oui » n’est pas le « oui » des métaphysiciens. C’est un

oui à la vie. Cette dernière est la référence totale de tout ce qui se trouve dans sa

conscience. Les instincts deviennent indicateurs de toutes les valeurs. Il n’y a pas de

valeurs purement objectives. Tout dépend du corps.

Page 72: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

70

III.2 LA MORALE ARISTOCRATIQUE

III.2.1 La morale au-delà du bien et du mal

Nous avons traversé une longue période où l’homme ne connaît pas son boulot.

Il se contente de manger ce que les autres avaient déjà préparé sans questionner même

une seule fois qui l’avait préparé et quelles sont les compositions qu’il met là-dedans. Il

mange sans hésitation et bois sans doute. Au lieu de voir, il pense ; au lieu de penser, il

croit.

« Jadis l’âme considérait le corps avec mépris : et en ce temps-là ce mépris était

ce qu’il y avait de plus haut-elle le voulait maigre, affreux, affamé. Elle pensait ainsi lui

échapper, ainsi qu’à la terre. Oh cette âme était elle-même encore maigre, affreuse et

affamée : et la cruauté faisait toute sa volupté ! Mais vous mes frères, dites-moi : qu’est-

ce que votre corps révèle sur votre âme ? Votre âme n’est-elle pas pauvreté, saleté et

piteux bien-être. »66

A présent, l’homme doit reconnaître la grandeur non seulement de son corps

mais aussi le monde dans lequel il vit. Il faut qu’il fasse confiance à son corps et à la loi

de la nature pour qu’il ne soit pas trompé. Ainsi, l’homme doit s’écarter au problème de

l’idéal car celui-ci est la force des faibles pour tromper, voire pour séduire les forts. Il

faut que :

« Etant nécessairement l’homme de demain ou d’après demain, s’est de tout

temps trouvé en contradiction avec le présent, il a toujours eu pour ennemi l’idéal du

jour […] eux-mêmes ont rarement cru être les amis de la sagesse mais plutôt des fous

déplaisants et de dangereuses énigmes, se sont toujours assigné une tâche dure,

involontaire, inéluctable mais dont ils ont fini par découvrir la grandeur, celle d’être la

mauvaise conscience de leur temps. En choisissant justement pour les disséquer les

vertus de leur temps, ils trahissaient leur propre secret, ils cherchaient à découvrir la

nouvelle grandeur de l’homme, un chemin nouveau, non frayé, pour arriver à

l’humanité magnifiée. »67

66 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. Prologue. 3. 67 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. p. 247.

Page 73: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

71

Une manière de vivre autrement dans le but de restaurer une règle de vie nou-

velle se présente comme solution à toute forme de malaise de vivre, pense Nietzsche. Il

faut que cette morale va dans le sens de la réhabilitation de l’homme : en dépendance de

la vie mais non le dépassant. Il faut que l’homme se développe dans son existence réelle

sans l’intervention des préjugés moraux. Car :

« « Personne n’est responsable du fait que l’homme existe, affirme Nietzsche,

qu’il est conformé de telle ou telle façon, qu’il se trouve dans telles conditions, dans tel

milieu. La fatalité de son être n’est pas à séparer de la fatalité de tout ce qui fut et de

tout ce qui sera. L’homme n’est pas la conséquence d’une intention propre, d’une

volonté, d’un but, avec lui on ne fait pas d’essai pour atteindre un « idéal d’humanité »,

un « idéal de bonheur » ou bien un « idéal de moralité », il est absurde de vouloir faire

dévier son être vers un but quelconque. » »68

Le dépassement, la révolte et la folie sont des étapes que le surhomme doit

accomplir pour se dépasser soi-même ainsi que le monde dans lequel il est. La mort

d’une telle morale ne signifie pas la mort de toute morale. Pour Nietzsche, l’homme

contemporain doit trouver un nouveau chemin à l’écart de la morale nihiliste pour

retrouver de nouvelles valeurs. Il s’agit de chercher de nouveau fondement puisque c’est

l’absence de fondement des valeurs traditionnelles qui a crée le nihilisme. En tant

qu’homme, le surhomme doit toujours besoin d’une morale pour vivre, que l’espèce

humaine doit toujours besoin d’un masque mais il faut que ce masque soit conforme à

son visage. En effet :

« « Aujourd’hui que nous sommes entrés dans le courant contraire, alors que

nous autres immoralistes cherchons, de toutes nos forces, à faire disparaître de nouveau

du monde l’idée de culpabilité et de punition, ainsi qu’à en nettoyer la philosophie,

l’histoire, la nature, les institutions et les sanctions sociales, il n’y a plus à nos yeux

d’opposition plus radicale que celle des théologiens qui continuent, par l’idée du

« monde morale » à l’infester l’innocence du devenir, avec le « péché » et « la

peine. » »69

68 NIETZSCHE F., Crépuscule des Idoles. p. 57. 69 Ibid., p. 56.

Page 74: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

72

Ce qui signifie que, l’immoralité c’est une marque de dépassement et non une

fin de toute morale. Nietzsche souligne bien que l’immoralité ne soit pas égale à

l’amoralité. L’immoralité c’est dans le but de franchissement et celui-ci est une étape

importante dans le progrès de l’humanité. Cette nouvelle morale apprend l’homme à

être égoïste, égoïste dans le sens où il ne veut plus ni commandant, ni commandement.

Le surhomme ne peut pas vivre dans le troupeau, il doit se détacher de celui-ci.

Le pouvoir est nécessaire pour ceux qui ne savaient pas se commander, ni

s’enrichir sans les autres, pour ceux qui sont lassés de vivre et besoin des masses pour

« sécurité », pour travail. Ils s’accompagnent toujours d’autorité pour soumettre les

groupes aux règles présentes. Les détenteurs du pouvoir politique ont recours aux

instruments de la puissance publique, c’est-à-dire, des forces répressives : l’armée, la

police, la prison. Sans ces dernières, ils sont les plus malheureux. Celui qui sait se

commander n’a besoin aucun pouvoir. Sa volonté de puissance n’est pas dans le but de

dominer les autres mais pour dominer soi même et le monde par lequel il vit. Les autres

sont pour lui un blocage à son émancipation. La voie de surhomme est une voie

solitaire. La solitude est nécessaire pour le corps robuste et l’âme florissante. Le corps

et l’âme pour eux doivent se développer ensemble. La nécessité de l’un exige la

compréhension de l’autre. L’absence de l’un serait la faute de l’autre. Ils sont

commutatifs. Le corps est le moyen par lequel l’homme existe et se déploie. Sans lui, la

vie de l’homme est impossible et par son intermédiaire, le niveau intellectuel de

l’homme est possible. Ainsi, on atteint « la grande santé ». C’est pour ainsi dire que

l’homme est à la fois corps et âme. Le fait de favoriser l’un et de défavoriser l’autre

risque de lui déboîter. C’est une bêtise de faible de les séparer.

« « Je suis corps et âme » dit l’enfant. Pourquoi ne parlait-on pas comme les

enfants ? Mais celui qui est éveillé, celui qui sait dit : je suis corps absolument et rien

d’autre ; et l’âme n’est qu’un mot pour une parcelle du corps. Le corps est un grand

système de raison, une multiplicité doué d’un sens unique, une guerre et une paix, un

troupeau et un berger. Un outil de ton corps, ce qui est aussi ta petite raison que tu

nommes esprit, un petit outil et petit jouet de ta grande raison. » »70

70 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. ROBERT Marthe. p. 32

Page 75: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

73

De plus, il faut que cette morale évolue en faveur des forts. L’humanité n’a

jamais développé si le fort et le faible se coopèrent car l’un veut se tendre, l’autre veut

être comme un parasite ; l’un travail, l’autre se contente de recevoir, d’avoir et de

profiter le bien fait de la sueur des autres. Autrement dit chacun doit préparer son avenir

et ne pense qu’à ce qui est à présent, qu’à ce qui est en face de lui sans entamer, ni

s’instruire dans la vie des autres, ni d’attendre la venue d’un sauveur. Le fait d’inciser

dans les affaires des autres est une fatigue et une demande d’aide.

« Que fais-tu là ? dit-il enfin, je savais depuis longtemps que le diable me ferait

un croche-pied. Maintenant il me traîne en enfer : voudrais-tu l’en empêcher ? Sur mon

honneur ami, répondit Zarathoustra, ce dont tu parles n’existe pas : il n’y a ni diable, ni

enfer. Ton âme mourra encore plus vite que ton corps : ne crains plus rien à présent ! Tu

as fait du danger ton métier, il n’y a là rien de méprisable. Maintenant c’est ton métier

qui te fait périr : pour cela je veux t’ensevelir de mes propres mains. »71

D’ailleurs, l’exploitation de l’homme par l’homme doit animer la vie humaine

pour que non seulement la hiérarchie de classe soit possible mais les classes nobles

soient protégées : l’avenir de l’humanité leur dépend. Sans les aristocrates, l’humanité

sombre dans l’ignorance et dans la folie. Ils sont les seuls capables d’indiquer le chemin

vers quoi l’humanité doit accepter comme vrai. Ils sont nécessaires pour informer les

hommes sur la voie meilleure pour sortir de cette faiblesse, de ce dénuement. Ce n’est

pas le fait de donner des dons aux pauvres qui est la meilleure solution mais de lui faire

sortir de cette pauvreté. Personne n’a aucune volonté, ni désir d’être riche si tous sont

semblables. C’est dans la concurrence que l’homme se progresse et non dans la

coopération. Cette dernière empêche l’esprit curieux de travailler parce que comment

collaborer avec un tel homme paresseux ? A force de lui donner fréquemment, il devient

plus inactif, il demande toujours jusqu’à ce que cette richesse soit terminée. C’est dans

la conscience d’un manque que l’homme se débrouille et non le contraire. L’espérance

d’offrande empêche l’action. Les dons, les aides sont des poisons pour l’humanité.

Ce n’est pas non plus par le fait de lui imposer des dogmes que l’homme avance

mais c’est dans la critique. Sans critique, il n’y a rien de changement et de création.

C’est dans la question accompagnée de l’expérience que la science ait la capacité à

71 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. Prologue, 6.

Page 76: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

74

donner le bien à l’humanité. L’erreur de la science défend Nietzsche c’est le fait de lui

réfugier dans les données admettant antérieurement comme vraie (les dogmes religieux,

les Ecrits), elle ne fait que d’expliquer les forces de la nature en dépendance de ces

dogmes. Elle n’est pas loyale à la méthode qu’elle utilise. Depuis tant d’années elle était

au service des valeurs en place, des pseudo-philosophes, des pouvoirs en place. Elle ne

pense jamais que réfugier dans une quelconque vérité empêche la liberté de l’esprit et

tue l’intelligence de l’homme. Ceux qui ne veulent pas inspecter ne s’avancent jamais

dans la vie mais toujours dépassés par les autres.

La manière de philosopher n’est plus comme ce qui était en avant, aimer la vie,

voilà encore le message de ce héros :

« Je vous en conjure, mes frères, restez fidèles à la terre et ne croyez pas ceux

qui vous parlent d’espoirs supraterrestres ! Ce sont des empoisonneurs, qu’ils le sachent

ou non. Ce sont des contempteurs de la voie, des moribonds et des empoisonnés eux-

mêmes, de ceux dont la terre est fatiguée : qu’ils s’en aillent. Autrefois le blasphème

envers Dieu était le plus grand blasphème mais dieu est mort et avec lui sont morts ses

blasphémateurs. Ce qu’il y a de plus terrible maintenant, c’est de blasphémer la terre et

d’estimer les entrailles de l’impénétrable plus que le sens de la terre ! Jadis l’âme

regardait le corps avec dédain et rien alors n’était plus haut que ce dédain : elle le

voulait maigre, hideux, affamé, c’est ainsi qu’elle pensait lui échapper, à lui à la

terre. »72

D’ailleurs, la jouissance de la vie n’est pas un obstacle à la maîtrise de l’instinct,

au contraire c’est dans le corps à l’aise que l’instinct est bien maîtrisé. La méprise de la

passion est une erreur qu’on doit rejeter, presque toutes les créations (exemple création

artistique) dépendent de la faculté sensitive de chaque artiste. Force est de connaître que

sans passion, rien de création. C’est par le biais de la faculté sensitive que vient la force

de l’esprit : tous deux en action engendrent la création. Ainsi, la maîtrise de l’instinct ne

signifie plus le briser mais le rendre utile à l’action. La négation de celui-ci c’est

l’impuissance des faibles de le maîtriser.

72 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. Prologue, 3.

Page 77: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

75

En effet, la morale Nietzschéenne semble être une lutte contre une « morale des

seigneurs » telle que celle du christianisme, du socialisme et celle de la démocratie qui

est muée en tyrannie, en oppression ou en meurtre.

Nietzsche rejette les critères traditionnels du bien et du mal, du vrai ou du faux.

Pour lui, le faux et le mauvais peuvent être aussi "vrais" et conformes à l’ordre du

monde. Aux yeux de notre penseur, la morale traditionnelle n’est pas une valeur de vie

mais une valeur de mort. Elle vise à empêcher les forts d’affirmer pleinement leur

volonté de puissance, leur élan vital et leur domination sur le troupeau des esclaves.

Rejetant le puritanisme et l’hypocrisie de la morale commune, Nietzsche

encourage « les esprits libres » à s’affranchir en découvrant leur propre voie et en

forgeant leurs propres valeurs. Muée en tyrannie, en oppression ou en meurtre, n’est pas

une valeur de vie mais une valeur de mort. Nietzsche appelle cette nouvelle conception

morale comme l’avènement d’une nouvelle aristocratie qui sait se libérer de la morale

commune et prendre en main le destin de l’humanité. La force ou la volonté de

puissance ne saurait être érigée en valeur suprême s’il n’y a pas transmutation et

transvaluation. Si Nietzsche valorise l’affirmation vitale, celle-ci doit être limitée par

une morale pour ne pas se retourner en son contraire et devenir pulsion de destruction et

de mort. La morale n’est pour lui qu’un fait vital, pris dans la vie et au service de celle-

ci. Elle est traitée comme un phénomène parmi d’autres : la biologie, la psychologie et

l’histoire.

III.2.2 Nietzsche et les valeurs esthétiques

Parmi les dieux du Panthéon grec, Dionysos offre un intérêt tout particulier par

les singularités et contradictions qu’il présente. Il permet ainsi une multiplicité de

parcours pédagogiques dans lesquels l’intérêt de l’étude des textes sera naturellement

renforcé par la richesse de l’iconographie qui concerne le dieu. Dionysos est d’abord ce

dieu " né de la cuisse de Jupiter ", le seul dieu admis parmi les Olympiens à avoir pour

mère une mortelle, un dieu qui connaît plusieurs morts et plusieurs naissances. Quelle

que soit son origine, qu’il vienne de Thrace ou soit autochtone, il est senti comme

« l’étranger » : peu présent dans l’épopée homérique, le dieu fou, le dieu de la transe

affirme son importance, en déferlant comme un conquérant sur la Grèce. L’étude de ce

triomphe de Dionysos -particulièrement dans Les Bacchantes d’Euripide -peut être

Page 78: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

76

complétée par celle du mythe de Dionysos Zagreus. Ce sera l’occasion de montrer un

autre aspect de la religion grecque : les cultes à mystères. On n’oubliera pas qu’il

apparaît aussi dans des nombreux épisodes mythologiques, qui permettront le

développement de formes artistiques, dans l’antiquité comme dans l’art des XVIe et

XVII e siècle. L’étude des différentes représentations de Zeus et Sémélé, de Bacchus et

Ariane, du démembrement de Penthée par les Ménades est de plus grand intérêt. Par

ailleurs, Dionysos est, par excellence, le dieu de la fête et du vin. Mais il est, une fois de

plus, « multiple » : il est Bacchos et Lusios, source de folie et libérateur et il conserve

presque toujours un caractère sauvage. Innombrables sont les reproductions des fêtes,

des Ménades désordonnées qui, au son de la flûte et du tambourin, dansent pour le dieu.

Il est le dieu de l’Extase. Et, sous son autre aspect, il est en même temps le « doux et

efféminé dieu du vin ». La fête dionysiaque, l’importance du vin dans la société

méditerranéenne antique et l’imaginaire qui se développe autour de sa consommation

sont un autre centre d’intérêt majeur. Dionysos est encore le dieu du masque et le

théâtre est né des fêtes que l’on célébrait en son honneur.

D’ailleurs la comédie et la tragédie sont étroitement associées aux fêtes

religieuses en l’honneur de dieu et au sacrifice célébré à cette occasion. Les Grandes

Dionysies étaient aussi l’occasion pour les Athéniens d’affirmer l’excellence de leur

cité. C’est peut-être avec ce dieu que le lien entre le politicien et le religieux est le plus

sensible. Un dossier concernant Dionysos peut s’enrichir de travaux très divers qui,

dans tous les cas, en permettant l’association du texte et de l’image plongent au plus

profond de la culture grecque : sa mythologie, sa religion et ses cultes, son art, sa

littérature et sa vie sociale et politique. C’est la raison pour laquelle Nietzsche prend ce

dieu comme quelque chose importance et valeureux. Il se vante ainsi comme son

disciple.

Page 79: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

77

III.3 L’HOMME INSTINCTIF

III.3.1 Philosophe de l’avenir

Si la bonne manière de vivre jusqu’à présent est pour les grandes masses de

vivre en troupe pour s’entraider et s’entretenir, alors notre philosophe nous fait

comprendre que c’est l’erreur qu’on nous a transmis de génération en génération. Il y

avait une autre plus exceptionnelle que l’humanité jusqu’à présent ne pense pas encore

ou ignore son existence. C’est une nouvelle voie, une manière de vivre autrement parce

que dans l’histoire de l’humanité (pendant deux millénaires), il n’est pas encore réalisé.

Depuis des d’années, nous tombons dans la vallée du tombeau, dans la caverne, sans

aucune tâche de se surmonter ou bien nos informateurs ( les philosophes, les sages, les

prêtres ) n’ont jamais compris. Ces derniers ne prêchent que de fausse table de valeur.

Tandis que le philosophe nouveau, pour ne plus risquer une nouvelle fois tomber

dans cette erreur doit admirer la solitude. Le bon en homme n’est qu’un pont et non un

but. Pour sortir de cette erreur, il faut nier ce qu’admirent les hommes, il faut être

surhumain, savoir mourir d’une vie animale pour s’intégrer dans la vie « terrestre ».

Certainement, notre monde est très aisé, assurément riche. Cependant, depuis

une belle lurette, nous l’avons oublié. Actuellement, nous sommes tous informés que

Dieu est mort, il n’est plus là-bas pour nous surveiller. C’est nous-mêmes qui l’avons

assassiné parce que nous n’avons plus besoin de lui et notre monde nous enseigne

sévèrement à notre avenir. Notre nécessité nous rend meurtrier de Dieu car « le bonheur

des uns fait le malheur des autres ». Que la chance tourne en faveur de nous, fêtons-

nous de cette nouvelle, il faut savoir fêter car depuis bon nombre d’années, nous

sommes tous victimes de cette surveillance céleste. Exemptons-nous de toute cette

trace. Dans l’histoire, nous sommes cibles ; et, à présent, la victoire est à nous. C’est

notre volonté qui tue Dieu et il faut que notre volonté affirme et crée le monde. Il faut

savoir danser, savoir rire au bon moment car la terre est à nous les hommes et non plus à

n’importe qui ou à n’importe quoi. Si les arriérés, les retardataires, les rancuniers, les

haineux veulent nous venger, nous poursuivre, montons-nous un peu plus haut ! et s’ils

nous poursuivent encore comme nous sommes hommes comme les hommes, il faut que

nous changeons de nom. A présent nous ne sommes plus homme, nous sommes à vrai

dire surhomme. Que nous sommes appelés désormais surhumain car les hommes ne

Page 80: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

78

nous aiment pas, leur amour sont comblés d’hypocrisies et de rancunes et ils nous

empêche d’être nous même. A présent, grâce à notre volonté, nous sommes aptes à créer

et à nous créer nous-mêmes. Tout ce qui est et sera doivent être fabriqués par nous-

mêmes. Nous devrons nous conduire vers notre stade de développement. Nous devrons

nous conduire vers ce que nous devrons être. Les véritables philosophes sont ceux qui

commandent et légifèrent. Ils disent : « voici de ce qui doit être ». Ce sont eux qui

déterminent le sens et le pourquoi de l’évolution humaine. Ils disposent pour cela du

travail préparatoire de tous les ouvriers de la philosophie, de tous ceux qui ont liquidé le

passé. Ils tendent vers l’avenir des mains créatrices. Pour cette tâche, tout ce qui a existé

leur sert de moyen, d’outil et de marteau. Pour eux « connaissance » est création. Leur

œuvre consiste à légiférer. Leur volonté de vérité est volonté de puissance.

Autrefois, la manière de philosopher était de rester ferme dans le monde intel-

ligible (à l’occurrence Platon). Leur devise était d’expliquer ce monde. Le monde dans

lequel nous vivons est en oubli, moins des philosophes veulent le reconnaître ni le voir

de prêt ce que la réalité est faite. Chacun l’interprète à sa manière. Les uns arrivent

jusqu’à dire que ce monde-ci est illusoire plein des êtres changeables, il n’est pas fiable

à la connaissance. D’où vient le monde dualiste de Platon et ses successeurs.

Au contraire, notre auteur nous informe que tout cela c’est une condamnation

gratuite du monde où nous vivons sans aucune tâche de le comprendre. Paradoxalement,

pour voir claire la voie qui conduit à l’humanité meilleure et pour que l’avenir de

l’homme ne soit plus menacée une nouvelle fois :

« « Nous n’avons pas le choix. Dans des esprits assez vigoureux et assez

originaux pour prendre l’initiative d’évaluations opposées et pour transvaluer, pour

renverser les « valeurs éternelles ». Nous attendons des précurseurs, les hommes de

l’avenir qui dès maintenant riveront la chaîne et serreront le nœud, qui contraindront le

vouloir des millénaires à s’engager dans de nouvelles voies. Il faudra enseigner à

l’homme à sentir que l’avenir de l’homme est dans sa volonté, que cet avenir dépend

d’un vouloir humain. » »73

73 NIETZSCHE F., Par delà le bien et le mal. p. 213.

Page 81: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

79

La manière de philosopher n’est plus comme ce qui était avant. Le philosophe de

l’avenir doit aimer la vie, aimer soi-même et le monde au moyen duquel l’existence

humaine soit possible.

Ce n’est plus une solution de tuer, de briser l’instinct pour qu’il y ait maîtrise de

soi. Cette forme de prudence naïve doit être désuète parce qu’elle prend une formalité

de rendre l’homme malade. C’est comme si, il ne résiste pas à la tentation qui vient et

fait tout le moyen de briser son instinct, ses désirs. L’homme fort ne doit jamais cesser

ses facultés sensibles, il favorise ses débordements, ses excès jusqu’à ceux qu’elles

tendent à la création.

III.3.2 Le dépassement de soi

Par rapport à cet instinct du « TROUPEAU », le progrès passe par la libération

de l’individu. Nietzsche estime que l’homme n’est pas fait pour se conserver mais pour

se dépasser. Alors, comme si la moralité repose sur l’instinct grégaire, l’individu ne

peut pas s’émanciper du troupeau que dans l’immoralité. Par conséquent, l’espèce

humaine peut «se conserver » grâce à la morale mais elle ne progressera jamais. Pour y

parvenir, il lui faudrait devenir de plus en plus immorale. Avec Zarathoustra, ces

perspectives prennent une forme dramatique, il affirme alors :

« J’aime ceux qui ne savent vivre qu’en déclinant car ils sont les franchiseurs.

J’aime ceux qui méprisent grandement car ils vénèrent grandement et sont des flèches

que lance le-désir-de-l’autre-rive. J’aime ceux qui ne sont pas réduits à chercher au-delà

des étoiles une raison de décliner et d’être offrandes mais qui au contraire se sacrifient à

la terre pour qu’elle devienne un jour la terre du surhomme. J’aime celui qui vie pour

connaître et qui veut connaître pour qu’un jour vive le surhomme. De la sorte veut son

déclin »74

Le nihilisme nietzschéen n’est pas l’étape finale de la transmutation mais une

étape intermédiaire pour que celle-ci soit possible. Alors comme si la morale

traditionnelle était dans le but de rendre l’homme en périr malgré sa façon de lui

domestiquer plutôt que de lui conserver. Cette nouvelle morale est inventé dans le but

d’épanouir l’homme : épanouissement parce que ce n’est plus la volonté des autres qui

74 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. Prologue, 9.

Page 82: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

80

règne mais la volonté de celui qui est en acte. Que chacun prend entre ses mains son

avenir. L’homme n’est plus réactif, ni se ravissement d’imiter ce que font les autres, ni

contentement de prendre ce que les autres ont donné. A présent il se consacre à la vie

actif, car :

« La vie elle même nous récompense de notre tenace volonté de vivre, d’une

guerre aussi longue que celle que menais alors en moi contre le pessimisme de la

lassitude de vivre, nous récompense déjà de chaque regard attentif et reconnaissant qui

ne laisse échapper, si minimes, si délicate, si fugitifs soient-ils, aucun des présents de la

vie ».75

En outre, l’épanouissement de l’homme c’est en même temps la floraison du

monde qui l’entoure. Que le surhomme soit le sens de la terre, il n’a aucun choix, il doit

aimer l’Univers tel quel est et aimer ce dernier est fait dans la reconnaissance de la vie.

C’est ainsi dire que la morale aristocratique se présente comme une morale au-

delà du Bien et du Mal dans le sens où elle n’a aucun rapport avec l’ancienne table de

valeur. Le partisan de cette morale arrive à instaurer une nouvelle évaluation au-delà du

cadre de l’ancien canon de valeur. Il prend comme référence de toutes les valeurs : la

vie. Son attitude est en contradiction avec celle de la raison qui est non seulement

passive et rancunière par la mémoire, mais aussi elle n’a aucune vision juste à la réalité

concrète malgré la foi excessive à la réalité trompeuse du monde intelligible. Pour les

aristocrates, la vie est le promoteur de toutes les activités de la conscience. C’est dans ce

sens qu’ils conçoivent la notion de la morale, du plaisir, de la joie en opposition avec

celles des métaphysiciens. Ils savent créer des nouvelles valeurs pour l’intérêt de la vie

existentielle. Ils sont capables de vivre le mal et le bien, le mauvais et le bon. Ils sont

l’unité des contradictions. D’où le débordement du plaisir des aristocrates et par

conséquent, ils seront baptisés comme immoral dans le sens où ils sont en contradiction

avec la morale des hommes bons. Ces derniers voient toujours le mal à l’homme

instinctif car ils se réfèrent à des valeurs négatives qui n’ont rien à voir avec les valeurs

nobles. Bref, tout ce qui a été condamné par la morale traditionnelle possède une réalité

souhaitable et noble pour la race noble.

75 NIETZSCHE F., Humain trop humain (2). p.19

Page 83: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

81

III.3.3 L’avènement du surhomme

Devenir ce qu’on est et penser sans appui, c’est là la conception d’une vie

autonome car la liberté est un système de courage de vivre sans aucune arrière-pensée

qui gêne. C’est notre volonté qui nous guide à l’action. La transvaluation n’est rien

d’autre que l’accomplissement de cette volonté de vivre qui s’était jadis agenouillée

sous le joug de la morale. C’est une autre vision du monde dans lequel règne la volonté

affirmative de la vie qu’on appelle la transvaluation. Effectivement, « la vie même est

volonté de puissance ».

Pour notre philosophe, l’invention d’un supra-monde c’est dans l’objectif de

rendre l’homme moins méchant et de lui rendre bon, petit. Ainsi, si jadis, l’homme se

consacre d’interpréter le monde de plusieurs manières et de tirer par la richesse du

monde intelligible et dédaigne le monde sensible. Maintenant, il se sacrifie

exclusivement sur ce monde. Le surhomme ne trouve aucune nécessité, ni raison d’être

dans le monde ailleurs. Ce supra-monde était une fable pour éduquer les faibles à se

consoler et pour mépriser ce bas monde, ainsi que domestiquer les forts afin qu’ils ne

puissent jamais sauter la barrière (comme une garde fou). Un esprit compétitif doit

animer la vie. C’est en ce sens que chacun prend entre ses mains son avenir et que la

haine et l’hypocrisie ne trouvent place. Vivre solitaire, vivre sans demander l’aide des

autres ni la coopération avec eux est la meilleure manière de vivre pour le surhomme

car l’amour des hommes est méprisable. Dans l’ Humain trop humain Nietzsche déclare

que :

« Quand nous aimons nous voulons que nos défauts restent cachés, … non par

vanité mais pour que l’être aimé ne souffre pas. Celui qui aime voudrait même

apparaître comme un dieu. »76

En fait, quand la haine se rencontre chez un individu appartenant à une société

quelconque, nous pouvons être assurés que c’est l’amour qui en est la cause car la haine

est la conséquence d’un amour frustré.

76 NIETZSCHE F., Humain trop humain (2). p.218.

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82

Alors, le surhomme n’a besoin d’amour, il est trop riche en ceci, celui-ci

empêche la liberté de l’esprit dans la recherche de la vérité et rend fructueuse

l’hypocrisie : « Toute vérité n’est pas bonne à dire ».

D’ailleurs, l’amour signifie pour lui un manque que chacun connaît en lui et

qu’il veut combler par le biais des autres. Comme le surhomme est assez riche, il n’a

besoin de « l’amour du prochain », il vit le présent. Il ne veut que de compagnons mais

non de disciple : un compagnon qui veut suivre soi même mais non qui dépend des

autres :

« Une lumière s’est faite en moi. J’ai besoin de compagnons, de compagnons

vivants : non de compagnons mort et de cadavre, que j’emporte avec moi où que j’aille.

Non, je veux de compagnons vivants, qui me suivent où que j’aille parce qu’ils veulent

se suivre eux-mêmes. Une lumière s’est faite en moi : que Zarathoustra ne parle plus à

la foule mais à des compagnons ! Zarathoustra ne doit pas devenir le pasteur et le chien

d’un troupeau, séduire et soustraire bon nombre de troupeau, voilà le but de ma

venue. »77

Enfin de compte, le but final de la philosophie de Nietzsche c’est de faire vivre

la race d’homme nouveau qui a une vision juste du monde où il vit. Ce serait le

surhomme qui sait la vérité comme le paradoxe absolu. Il y a, d’une part, la vérité et

d’autre part, l’erreur et l’illusion. Il est un être qui n’accepte pas de parler une vérité que

par l’intermédiaire de l’erreur. Evidemment, l’homme a besoin de ce qu’il a de pire en

lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur. La grandeur du surhumain semble inhu-

maine aux yeux des hommes moraux, qui ne sont que des décadents. C’est ainsi que le

surhomme est un homme qui a une grande affirmation sur l’individualité joyeuse par le

caractère de son esprit qui se fixe à la terre et fidèle à soi. Il est un homme de la plus

haute plénitude dans le sens où il a l’esprit créatif et destructif. Il agit sans

commandement. Il est capable de se corriger, de surmonter soi-même.

Typologiquement, il est l’homme fort et sain : il a la maîtrise de soi, il peut supporter le

réel sans le fausser à l’aide de mensonges idéalisant car la race d’homme exigée par

Zarathoustra conçoit la réalité telle qu’elle est. Bref, le surhomme nietzschéen

symbolise l’âme éduquée selon les normes d’une culture aristocratiquement

77 NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra. Prologue. 9

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individualiste. Il est aussi le mesureur des choses et c’est dans ce sens, il est aussi le

paradoxe absolu, le grand de l’être dans sa totalité.

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84

CONCLUSION

A l’inverse des penseurs pessimistes, Nietzsche constate la force de la vie

comme une extraordinaire plénitude de l’existence, une réalisation parfaite de la vie

réelle. Elle est pour lui une condition sine qua non d’une nouvelle création. La

destruction et l’anéantissement s’opèrent dans l’objectif de l’appropriation. Pour lui, la

vie dans laquelle baigne le monde contemporain est loin d’être au même titre que ce

caractère su dit. La raison pour laquelle il fait un retour au passé, au présocratique.

Bien qu’étant un pays au peuple guerrier, la Grèce soit le berceau de ce qu’il y a

de meilleurs au monde : la science, la philosophie et la démocratie, sans oublier certain

bonheur de vivre. Pour lui, la grandeur de la Grèce consiste dans l’esprit compétitif et

défiant. Elle repose sur le principe d’affirmation complète de la vie : la fierté, la joie, la

santé, l’amour des sexes, l’inimitié et la guerre, la vénération, les belles attitudes, les

bonnes manières, la volonté forte et puissante, la discipline de l’intellectualité

supérieure, la reconnaissance à l’égard de la terre et de la vie, la gratification envers la

vie : l’éterniser et la diviniser. Les présocratiques étaient des physiologistes, à la fois

interprètes et évaluateurs du monde. Les présocratiques ne sont pas encore interrogés

sur les fins, la destination de l’homme et sur les rapports entre l’être et la pensée. Ils se

bornent à traiter la nature du cosmos, la réalité sensible et objective. La religion grecque

n’a pas de commandement. Elle n’impose aucun dogme. Cette dernière est étrangère à

elle. Elle n’est pas une école de morale. La conception de l’au-delà n’est pas la même

chez les poètes. Chacun pouvait, sans impiété, imaginer à sa manière la vie d’autre

tombe. La philosophie grecque repose sur une subtile fusion dans l’opposition et la

complémentarité des contraires. Elle ne regarde que la réalité.

Les remarques ci-dessus sont l’une des raisons qui suscitent Nietzsche de

condamner les valeurs traditionnelles. Ainsi, pour lui, les valeurs traditionnelles

devront-elles être remises en cause, en puissance critique. Il pense qu’elles nient

l’homme et exigent la torture imposée au corps. Elles dissuadent l’homme de la vie

réelle. Elles le persuadent même à nier ce monde, la vie et lui-même. Devenir un

surhomme, c’est de renoncer à ces valeurs négatives, les surmonter au profit de

nouvelles valeurs positives, créatrices, valeurs dont il annonce l’Aurore.

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85

En fait, la philosophie, la religion et la morale en particulière, ne sont que des

constructions artificielles qui cachent l’instinct de défenses des faibles. La source de

tous les maux c’est le christianisme, particulièrement tel que les disciples ont interprété

la doctrine du Christ. Saint Paul est dans la ligne de mire de Nietzsche comme étant un

falsificateur de la doctrine chrétienne.

Le christianisme et le socialisme sont les produits de cette morale des faibles qui

valorisent l’égalitarisme, le progrès, la liberté. Le christianisme est la syntaxe d’un état

de vie faible et impuissante dans laquelle baigne la morale du ressentiment. Il représente

le discours réactifs des impuissants. Le recours à cet au-delà du monde sensible repose

sur un principe de négation de la vie réelle, tout ce qui est fort et créateur. Il est le signe

d’une vie voisine de son point zéro (rien, nihil). Le philosophe voit ainsi dans le

discours subliment d’un au-delà idéal le signe d’une profonde décadence de la vie. Il

pose Dieu comme l’antithèse de la vie, un produit qui trouble la conscience malade ; le

perturbateur du fonctionnement innocent de la vie.

La méthode idéaliste n’atteint jamais le fond des choses. Elle en reste dans

l’apparence et se complait dans cette illusion qu’elle entretient en la présentant comme

la réalité. Elle est mensonge puisqu’elle représente l’abstrait en terme d’idéal universel.

La morale, dans son origine, est la somme des conditions d’existence d’une

espèce d’homme pauvre et mal venue. Le réfugie des « grand nombre » et le danger de

la race aristocratie. Le bouddhisme représente un nihilisme parfait même s’il est réaliste

par rapport à toute autre religion.

Effectivement, pour le philosophe, toute valeur, à quelque degré qu’elle soit, doit

prendre ses racines dans la vie, et doit en retour servir la vie elle-même. Ce n’est pas

étonnant donc s’il rompt le lien avec toutes morales de toutes ses formes métaphysiques

ou religieuses. Ces dernières suscitent la condamnation directe de la vie terrestre, de

l’homme. Elles veulent la séparation du corps et de la raison, de l’être et du devenir, de

l’essence et de l’existence. Son amour pour la terre, la croissance et l’épanouissement

de la vie humaine le pousse à barrer toute tentative de la raison humaine à s’aventurer

dans un monde à part. Il freine également toute expérience de la pensée humaine de

forger des ententes imaginaires érigées en un monde ailleurs, en un monde transcendant,

en particulier Dieu. Tout être humain est, selon Nietzsche, justifié par l’action et non par

Page 88: LA PHILOSOPHIE A COUPS DE MARTEAU DANS LE CREPUSCULE …

86

l’intention, ni l’espérance illimité. La vie active tend toujours vers une réussite. Un

homme qui travaille comme un esclave méritera de manger comme un roi. L’homme à

qui on a soustrait son caractère combatif est malade. La conservation, la domestication

de la bête humaine n’apportent jamais une solution efficace à la vie des hommes. Elles

aboutissent à fausser radicalement et à anéantir même ces couches d’exception.

De ce fait, la vie, la terre, l’homme, sont des points primordiaux qui constituent

le centre de la pensée nietzschéenne. C’est pour cette raison qu’il avance :

« C’est dans ce monde-ci que nous avons à vivre. »78

Nietzsche conçoit la vie, l’homme comme ayant des valeurs propres qu’il faut

considérer. Il place la fin humaine en l’homme lui-même et non pas à une réalité

transcendante. La fin de l’homme dépend de sa propre volonté. C’est pourquoi il nous

invite à accepter la réalité telle quelle est. Il soutient ses idées en affirmant que l’homme

doit apprendre à accepter la réalité en face de lui sans aucun remords, ni arrière pensée.

La nature est belle et bien vouée au changement, c’est à nous les hommes de la

comprendre et de s’adapter à elle afin qu’elle soit utile à notre vie. Que l’homme n’est

fait pour se consoler mais pour surmonter. Maîtriser soi-même et le monde ; c’est cela

que Nietzsche transmit. Son message n’est rien d’autre qu’une réhabilitation du corps

jadis malade. Si les valeurs existantes n’ont rien d’autre affaire que de condamner la

vie, le corps, le philosophe doit intervenir pour résoudre ce problème. Son idéal est

précis. Il s’agit de réhabiliter les valeurs humaines, de restaurer la hiérarchie entre les

hommes. Nietzsche propose de protéger les forts, les puissants contre l’érosion des

valeurs décadentes et débilitantes issues de la morale traditionnelle et des valeurs

religieuses. La philosophie ne peut pas être séparée de la vie comme le corps ne peut

pas être séparé de l’âme. Nietzsche ne reconnaisse comme vérité si elle n’est pas viable,

s’il n’en fait pas l’expérience. Cette philosophie est vécue comme une épreuve, dont on

ne peut sortir que blessé.

Pour que cette philosophie soit transmise aux générations futures, notre auteur,

par une culture sélective, s’est occupé à anoblir le corps car il n’y a rien d’avènement du

surhomme sans sélection. Il faut une politique qui sauvegarde la hiérarchie. C’est

pourquoi il dénonce la démocratie. De son point de vue, celle-ci est le pire des régimes,

78 http : // perso-club-internet.fr/michelaard/degout.htm

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puisqu’elle accorde à des personnes inégales des droits égaux. Elle pousse au pouvoir

les médiocres, les représentants des masses. Nietzsche attaque aussi les idéaux

socialistes qui abandonnent la hiérarchie des classes et qui prônent l’égalité, barrière

derrière laquelle se range la volonté de vengeance des mendiants et des faibles sur les

forts. Pour lui, le socialisme perpétue le mensonge chrétien de l’idéalisme métaphysique

sous une version historique.

Force est de savoir que la hiérarchie que réclame Nietzsche ne vise qu’à

légitimer une politique au service de la culture noble dont la motivation est l’éducation

de l’homme à la surhumanité par l’acte de se surmonter soi-même. Il ne s’agit pas de

fabriquer une nouvelle espèce destinée à supplanter l’homme. Il faut produire le type

d’homme le plus réussi afin de le hausser jusqu’à l’affirmation dionysiaque et de le

rendre maître de la terre.

Le Surhomme signifie donc au-delà de l’homme, c’est-à-dire au-delà de toutes

les conceptions que l’on s’est faites jusqu’ici de l’homme, puisque toutes ces

conceptions sont négatives. Il est utilisé pour désigner un type de la plus haute

plénitude, par opposition aux modernes, aux bons, aux chrétiens et autres nihilistes. Le

surhomme n’est ni un saint, ni un génie. Il est le contraire du bon et du chrétien : vivre

au-delà du bien et du mal, du bon et du mauvais. Il affronte à toute bassesse de la

nature. Il est le type d’homme actif qui est libre du cœur et de l’esprit, capable de créer.

Il l’homme de la volonté de puissance et le seul qui pourra résister à l’éternel retour.

Le philosophe de l’avenir doit être en même temps l’explorateur du vieux monde

cime et caverne. Il ne crée qu’à force de se souvenir de quelque chose qui fut

essentiellement oubliée. Il unisse la pensée et la vie. Il doit faire un pas pour la vie et un

pas pour la pensée. Il doit accepter que la vie soit la guerre, une lutte perpétuelle, le

mouvement perpétuelle. Il sait que la vie est marquée par le corps, lequel joue un rôle

capital à la vie existentielle. Il est au même pied d’égalité avec l’âme, il pense.

Nietzsche considère le corps comme base fondamentale de toutes les valeurs

établies dans la société et non l’âme. Les valeurs dictées par l’âme doivent être à la

préservation de la vie et du corps. Elles doivent être en relation avec l’intérêt de la vie

telle qu’elle se présente sur terre. Le philosophe de l’avenir doit donc non seulement

critiquer les valeurs établies, mais son devoir c’est aussi de résoudre ces problèmes.

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88

Aux yeux de notre philosophe, le philosophe doit prendre l’image d’un sculpteur, d’un

artiste, qui sont à la fois destructeur et constructeur. En fait, un artiste c’est celui qui est

capable d’inventer, de produire, et de fabriquer. Il œuvre la nature afin que celle-ci soit

nécessaire à la vie. Il accepte la vérité pragmatiste et il sait évaluer à tout moment. Une

évaluation est nécessaire pour quiconque fort dans le but de voir claire la voie qui

conduit à la vie plus meilleure qu’auparavant car la vie est une perpétuelle quête

d’amélioration.

Philosopher à coups de marteau donc signifie une position ferme de critiquer, de

briser les valeurs déroutées pour inaugurer une autre plus meilleure que les autres. Pour

le philosophe, il est impossible d’inaugurer une autre valeur sans briser l’une sus-dite

dépistée. La crise de valeurs qui envahit ce monde doit être réparée par les philosophes

nouveaux afin que le nihilisme n’entrave plus la vie de l’homme. Ce qui revient à dire

qu’elle n’est rien d’autre que le fait de libérer l’homme de tentative nihiliste et

inhumaine des valeurs traditionnelles. A coups de marteau, Nietzsche résume : l’homme

est devenu libre, combien plus encore l’esprit est devenu libre. Il foule aux pieds cette

sorte de bien-être méprisable dont rêvent ses représentants, les chrétiens, les

démocrates.

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89

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES DE L’AUTEUR

. Par delà le bien et le mal. Traduit par BIANQUIS Geneviève, Aubier Montaigne : Paris. 1951.

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. Généalogie de la morale. Traduit par ALBERT Henri, Gallimard : Paris. 1964.

. La naissance de la Tragédie. Traduit par FERIER Jean Louis, Gontier : Paris. 1964.

. Ainsi parlait Zarathoustra. Traduit par BIANQUIS Geneviève, Aubier : Paris. 1969.

. Crépuscule des Idoles. Gallimard : Paris. 1974.

. Œuvres philosophiques complètes. Le cas Wagner, Crépuscule des idoles. L’antéchrist, Ecce

Homo, Nietzsche Contre Wagner. HEMERY Jean C. Gallimard: Paris. 1974.

. Œuvre philosophique. Traduit par LOUIS Bakès, Gallimard : Paris. 1975.

. Antéchrist. Traduction et présentation par TASSEL Dominique. Union Générale d’éditions :

Paris. 1979.

. Aurore. Traduit par VIALATTE Alexandre, Gallimard : Paris. 1980.

. Humain trop humain(2). Un livre pour esprits libres, traduit par Robert Rovini. Gallimard :

Paris. 1981.

OUVRAGE DE REFERENCE

Anonyme, Humanité à la recherche de Dieu ; [Fascicule des Témoins de Jéhovah].

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Zarathoustra. [Mémoire CAPEN], Ecole Normale Supérieure de Philosophie, Université Toliara, 2004.

FROLOV I. Dictionnaire philosophique. Edition du Progrès : Moscou, 1985.

GRANIER (Jean), Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche, Paris, Seuil 1966.

HALEVY Daniel, Nietzsche, Hachette/Pluriel : Paris, 1979

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HEBER-SUFFRIN (Pierre), Le Zarathoustra de Nietzsche. Avec une traduction du Pologne de

Zarathoustra par Chantal Sautier et Laurent Valette, PUF : Paris, 1988.

KANT Emmanuel, Critique de la Raison pure. [Trad. Tremesaygnes et B. Pacaud], Préface de la

2e éd., Paris, 1965.

MONTAGU Ashley, L’homme parmi les hommes. Seghers : Paris, 1971.

PLATON, La République. GRANIER Frère, Presse Universitaire de France Paris, 1966.

TITARENKO A., La Structure de la conscience Morale. Ed. du Progrès : Moscou, 1981.

VERNANT Jean-Pierre, Les origines de la pensée grecque, PUF : Paris, 1975, p. 83.

LISTE DES SITES WEBS CONSULTES

http://www.Chez.com/bouddhisme/

http://www.ac-naancy-metz.fr/pres-étab/Claude Gelles/ autoport/nietzsch.htm

http://www.Geocities.Com/nyssen/herac.htm

http://perso-club-internet.fr/michelaard/degout.htm

MANUELS

Encyclopédie Encarta, 1993-2003 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Bible

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TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ....................................................................................................................... 1

INTRODUCTION ........................................................................................................................... 2

Première Partie : ORIGINES DE LA PENSEE DE NIETZCH E ................................................. 6

I.1 L’ANTIQUITE GRECQUE ............................................................................................. 7 I.1.1 LES PRESOCRATIQUES .................................................................................. 7

I.2 LA PENSEE ORIENTALE ............................................................................................ 13 I.2.1 L’IDEE DE ZARATHOUSTRA ....................................................................... 13 I.2.2 LE BOUDDHISME .......................................................................................... 15

I.3 FORMATION ET EVENEMENTS PRIVES ............................................................... 20

Deuxième partie : CRITIQUE NIETZSCEENNE DES SYSTE MES DE VALEURS TRADITIONNELLES ................................... ................................................................................ 25

II.1 LE REFUS DE SYSTEME PHILOSOPHIQUE ......................................................... 29 II.1.1 La critique du monde dualiste .......................................................................... 29 II.1.2 La critique de la vérité égarée .......................................................................... 36

II.2 LA MEPRISE DE LA RELIGION .................... .......................................................... 41 II.2.1 Le bouddhisme ................................................................................................. 41 II.2.2 Le christianisme ............................................................................................... 45

II.3 NIETZSCHE ET LA MORALE ASCETIQUE ............. ............................................. 52 II.3.1 La notion du bien et du mal et/ou du bon et du mauvais .................................. 53 II.3.2 L’esprit du troupeau ......................................................................................... 56

Troisième partie : LA TRANSMUTATION DES VALEURS .. .................................................. 61

III.1 LA REALISATION DE LA TRANSMUTATION .......... .......................................... 62 III.1.1 L’oubli chez Nietzsche ................................................................................... 63 III.1.2 Le nihilisme nietzschéen ................................................................................. 65 III.1.3 L’esprit enfant ................................................................................................. 67

III.2 LA MORALE ARISTOCRATIQUE .................... ...................................................... 70 III.2.1 La morale au-delà du bien et du mal ............................................................... 70 III.2.2 Nietzsche et les valeurs esthétiques ................................................................ 75

III.3 L’HOMME INSTINCTIF .......................... ................................................................. 77 III.3.1 Philosophe de l’avenir .................................................................................... 77 III.3.2 Le dépassement de soi .................................................................................... 79 III.3.3 L’avènement du surhomme ............................................................................ 81

CONCLUSION ............................................................................................................................ 84

BIBLIOGRAPHIE ..................................... ................................................................................... 89