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Propositions de la Coalition Contre la Faim face à la crise alimentaire Journée mondiale de l'alimentation : 16 octobre 2009 La Politique belge contre la faim ?

La Politique belge contre la faim...au changement climatique, le maintien de la fer-tilité des sols,… - Soutenir et renforcer les droits des femmes dans le but de lutter contre

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Propositions de la Coalition Contre la Faim

face à la crise alimentaire

Journée mondiale de l'alimentation : 16 octobre 2009

La Politique belge contre la faim ?

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Enjeux :

- Développer des politiques agricoles et alimentaires forteset adéquates, impliquant la participation des acteurs con-cernés, en premier lieu les organisations de paysans etpaysannes.

- Renforcer l'espace politique des Etats pour réguler lesmarchés afin de garantir le droit à l'alimentation et des prixrémunérateurs et stables pour les producteurs dans un con-texte de forte volatilité et de défis climatiques.

- Reconnaître les multiples fonctions de l'agriculture (sécu-rité alimentaire, emploi, développement rural, gestion desressources naturelles), en favorisant les agricultures famil-iales et paysannes durables.

- Garantir l'accès et le contrôle équitable aux ressourcesnaturelles (terre, eau, biodiversité…) et autres ressourcesproductives (connaissances, crédit, infrastructures …) auxfemmes et aux hommes qui les utilisent.

- Rééquilibrer les rapports de force entre acteurs deschaînes agroalimentaires, en renforçant le pouvoir demarché des producteurs par rapport à l'industrie agroali-mentaire et la grande distribution, afin de garantir que desconditions d'approvisionnement respectueuses des be-soins, attentes et intérêts légitimes de tous les acteurs.

Crise aliment aire

La crise alimentaire récente s'est accompagnée d'autrescrises : économique, financière, énergétique, climatique, deressources naturelles. Même si les prix agricoles sur lesmarchés internationaux ont fortement diminué, malgré lesnombreuses déclarations, la faim dans le monde a atteintdes niveaux incomparables : plus d'un milliard de personnessouffrent de faim chronique.

Le constat est amer : les causes profondes sont restéessans réponses. Quand les prix à la ferme sont très bas, descentaines de millions de petits producteurs, vendeurs deproduits agricoles, sont trop appauvris pour manger à leurfaim ; quand ils sont vendus à des prix très hauts auxménages, ce sont des centaines de millions de consomma-teurs, acheteurs pauvres, qui ont faim à leur tour, au premierrang desquels les paysans pauvres, les travailleurs agri-coles, les chômeurs et les salariés mal payés. Cette volatil-ité entraîne une activité spéculative accrue sur les marchésagricoles.

Par ailleurs, l'accès aux ressources naturelles devientsource de conflits croissants. Malgré leur rôle fondamentaldans la production vivrière, les femmes bénéficient encoretrop peu souvent des droits nécessaires en termes d'accèset surtout de contrôle de ces ressources.

L'enjeu du changement climatique est énorme étant donnél'extrême vulnérabilité de l'agriculture à ces changements :son impact global sur la production agricole renforce l'in-sécurité alimentaire, en particulier pour les personnes lesplus vulnérables. Et l'accaparement des terres fertiles denombreux pays pauvres par des pays pétroliers, des fondsfinanciers et d'autres ne fait qu'accentuer les inégalités faceau droit à l'alimentation tout en démontrant une perte deconfiance dans le fonctionnement du marché agricole mon-dial.

Malgré tout, une volonté politique se dégage pour remettrel'agriculture au centre du développement et de la lutte con-tre la pauvreté. Celle-ci doit se traduire par des engage-ments à long terme.

Business as usual is not an option : une volonté politique pour changer de cap

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"The way the world grows its food will have to change radically to better serve the poor and hungry if the world is to copewith a growing population and climate change while avoiding social breakdown and environmental collapse." InternationalAssessment of Agricultural Knowledge, Science and T echnology for Development (IAASTD)

"Increased investment in agriculture will not benefit small farmers without action to reduce market instability and create anenabling environment". Olivier De Schutter , Special Rapporteur on the Right to Food

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Repenser les politiques en fonction de la souveraineté aliment aire

L’agriculture reste le secteur principal pouvant assurerl'éradication de la pauvreté dans de nombreux pays endéveloppement.

Nos demandes s'inscrivent dans la souveraineté alimen -taire définie comme :

La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à unaccès régulier, permanent et libre à une alimentationadéquate et suffisante, dans le respect des cultures, pro-duite à l'aide de méthodes durables et respectueuses del'environnement, ainsi que leur droit à définir leurs proprespolitiques alimentaires et agricoles, sans que celles-ci por-tent préjudices aux droits des autres peuples.

Les politiques agricoles, commerciales et de coopérationn'ont pas réussi à relever les défis du droit à l'alimentation,d'éradiquer la pauvreté rurale, de stabiliser les marchés, depromouvoir les investissements nécessaires à l'agriculture,de gérer les ressources naturelles de manière durable, d'as-surer l'égalité entre femmes et hommes. A cela viennent s'a-jouter de nouveaux enjeux, celui du changement climatique,de la crise économique, énergétique, financière ou d'unepression croissante sur l'utilisation des ressourcesnaturelles…

Etant donné que l'agriculture durable répond à des fonctionsessentielles de sécurité alimentaire, d'emploi rural, depréservation de l'environnement, de réduction de la pau-vreté ou de lutte contre le réchauffement climatique,), il estindispensable de reconnaître que l'agriculture reste unsecteur d'exception qui ne peut être régulé par les seulesrègles de marché et doit être accompagné par des politiquesagricoles et alimentaires fortes.

Demandes d'un engagement fort de la Belgique

1. Le Sommet Mondial de l'Aliment ation : La gou -vernance des politiques aliment aires et agricoles

Le Sommet Mondial de l'Alimentation sera décisif pourdéfinir qui doit décider des politiques alimentaires et agri-coles afin que celles-ci puissent répondre aux enjeuxactuels et futurs.

La Belgique doit défendre une gouvernance respectée,démocratique et légitime basée sur les principes suivants :

- Les pouvoirs publics doivent garantir le respectdu droit à l'alimentation et faire désormais de lasouveraineté alimentaire le cadre de la politiqueagricole et alimentaire à travers desplans d'actions nationaux et régionaux , constru-its à partir des enjeux locaux pour ensuite inté-grer les enjeux globaux.

- Placer la gouvernance globale au sein du sys-tème des Nations-Unies.

- Baser les prises de décisions sur le droit à l'al-imentation et adopter une vision holistique pourcombattre la faim.

- Assurer la participation effective des acteurssociaux, en particulier ceux qui sont directementconcernés par l'insécurité alimentaire, les organ-isations de paysannes et paysans.

- Renforcer la redevabilité des différents acteursconcernés, en particulier celle des gouverne-ments et des institutions internationales.

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La cohérence pour des politiques agricoles et commer -ciales équit ables et solidaires

Demandes d'un engagement fort de la Belgique

Investir dans une agriculture familiale durable

- Inciter les autres Etats membres de l'UnionEuropéenne à allouer une part plus importantedes budgets de la coopération à l'agriculturefamiliale durable.

- Priorité à la production alimentaire locale etrégionale, basée sur des systèmes de produc-tion familiaux, diversifiés et agro-écologiques.

- Investir dans le développement économiquelocal, la création d'emplois ruraux, la gestiondurable des ressources naturelles, l'adaptationau changement climatique, le maintien de la fer-tilité des sols,…

- Soutenir et renforcer les droits des femmesdans le but de lutter contre la féminisation de lapauvreté en milieu rural.

- Œuvrer pour un accès équitable aux moyensde production par l'appui aux programmes deréforme agraire, d'irrigation, de crédit rural, detechnologies appropriées.

- Impliquer les organisations de paysannes etpaysans dans la gestion de ceux-ci.

- Soutenir les programmes d'infrastructuresrurales (routes, écoles, dispensaires, électrifica-tion,…), d'accès des producteurs et productricesaux informations (sur les marchés, les technolo-gies, les négociations commerciales, les poli-tiques agricoles, les normes sanitaires, …), auxmoyens de transformation et de commercialisa-tion.

- s’assurer que la souveraineté alimentaire despopulations et des Etats ne peut être mis à malni par les politiques commerciales imposant unelibéralisation des marchés agricoles, ni par lespolitiques énergétiques, les politiques con-tribuant au réchauffement climatique, les poli-tiques financières, de change et d'investisse-ment pouvant accentuer l'état de dettes despays en développement.

- S'assurer de la cohérence des différentes poli-tiques (politiques agricoles, commerciales, decoopération, politique énergétique, politiquesd'investissements, recherche agricole,...) auregard des principes de la souveraineté alimen-taire et du droit à l'alimentation, tel comme défi-ni dans les Directives Volontaires de la FAOpour le droit à l'alimentation adéquate.

- Favoriser l'instauration au niveau européen deprocédures obligatoires d'évaluation indépen-dantes des impacts des politiques du Nord surl'agriculture familiale durable dans les pays endéveloppement, et le cas échéant corriger leurseffets négatifs, en concertation avec les acteursconcernés; ces études doivent être en mesured'intégrer la dimension spécifique des rapportsde genre.

- Favoriser des politiques agricoles et commer-ciales équitables et solidaires en permettant laprotection des marchés contre les importationsalimentaires à bas prix grâce par exemple par lecontingentement des importations ou par l'impo-sition de droits de douane variables ; en prenantdes mesures de régulation des marchés demanière à limiter la volatilité des marchés et àgarantir aux producteurs et productrices des prixstables et rémunérateurs aux niveaux nationauxet régionaux, notamment : des mesures de sou-tiens à des méthodes de production durable ;des mesures qui permettent de mieux accorderla demande à l'offre alimentaire ; des mesuresde soutiens à des stocks alimentairesstratégiques; des accords assurant une régula-tion adéquate des marchés internationaux parproduits spécifiques : l'interdiction d'activitésspéculatives financières sur les marchés àterme agricoles.

2. La présidence belge de l'Union Européenne : défendre l'agriculture familiale durable et renforcer lacohérence des politiques

La présidence belge de l'UE donnera une occasion unique pour peser sur les orientations des politiques européennes. LaBelgique devrait de tout son poids y défendre l'agriculture familiale durable et renforcer la cohérence des politiqueseuropéennes.

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Afin de renforcer une politique belge contre la faim forteet déterminée, il est nécessaire de veiller à sa mise enœuvre par :

Les priorités de la nouvelle stratégie doivent inclure :

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- La reconnaissance du rôle et des responsabil-ités des organisations de paysannes et paysanscomme acteurs de concertation avec lesautorités et les autres acteurs concernés dans laformulation, la mise en œuvre et l'évaluation despolitiques et des programmes.

- Le renforcement de leurs capacités afinqu'elles puissent pleinement assumer leursrôles et responsabilités en toute légitimité, et ceen tenant compte du rôle prépondérant desfemmes dans l'agriculture familiale. Cet appuidoit s'inscrire sur le long terme pour pouvoirinvestir dans le capital humain de ces organisa-tions.

- L'appui à des modèles d'agriculture familialedurable

- La mise en œuvre de la cohérence des poli-tiques belges, européennes et des pays endéveloppement pour promouvoir le droit à l'ali-mentation et la souveraineté alimentaire despays en développement.

- Promouvoir la concertation entre les acteurslocaux et les donateurs concernés dans les paysde concentration.

- Favoriser la participation des organisations depaysannes et paysans, des ONG et desautorités locales dans la préparation des com-missions mixtes, la formulation, la mise enœuvre et l'évaluation des programmes.

- Renforcer le fonctionnement de la plate-formeagriculture qui regroupe les acteurs belges de lacoopération en lui donnant un mandat consultatifreconnu.

- Renforcer l'implication du Parlement dans lespolitiques liées à la sécurité alimentaire eninstaurant un " pôle " agriculture au sein de laCommission parlementaire des relationsextérieures : son mandat consisterait notam-ment à organiser un débat annuel au départ d'é-tudes d'impact, à auditionner régulièrement lesresponsables belges dans les institutions inter-nationales (Banque Mondiale, FAO, Rapport duDroit à l'alimentation au Conseil des Droits del'Homme, IFAD, OMC, …) sur la cohérence despolitiques mises en œuvre par ces institutionsavec les objectifs poursuivis par la Belgique enmatière de lutte contre la faim.

- Favoriser les convergences d'intérêts entreorganisations paysannes et autres acteurs de lasociété civile belge et européenne et les acteursdu Sud pour développer des propositions depolitiques durables et solidaires.

- Faciliter les concertations entre acteurs publicset de la société civile belge et européenneimpliqués dans le domaine de l'agriculture et ledéveloppement.

3. La politique belge contre la faim : Les organisations p aysannes au centre de la note stratégique

La Belgique a décidé de renforcer l'aide à l'agriculture par une augmentation significative et additionnelle des moyens de lacoopération. Cette aide sera affectée aux priorités définies dans la nouvelle note stratégique relative à l'agriculture et la sécu-rité alimentaire.

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L'agenda politique de la lutte contre la faim et la promotion de la souveraineté aliment aire se décline, pourles prochains mois, selon 4 axes.

3. La politique agricole

4. Les politiques énergétiques et climatiques

1. La politique de coopération

2. Les politiques commerciales

Le calendrier politique

Ce texte est approuvé par : 11.11.11. Koepel van Vlaamse Noord-Zuidbeweging, ADG-Développement, Boerenbond, Broederlijk

Delen, Caritas International-Belgique, CDI-Bwamanda, CNCD-11.11.11, Collectif Stratégies Alimentaires,Entraide et Fraternité, FIAN, Fédération Unie de Groupements d'Eleveurs et d'Agriculteurs - FUGEA,

Fédération wallonne de l'agriculture - FWA, Le Monde selon les Femmes, Oxfam-Magasins du Monde,Oxfam-Solidarité, Oxfam Wereldwinkels, SOS Faim, Trias, Vredeseilanden, Wervel

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- Le Sommet Mondial de l'Aliment ation denovembre 2009.

- Les parlementaires assureront le suivi de larésolution sur la crise alimentaire votée à laChambre. A cet effet, un pôle agriculture pour-rait être mis en place au sein de la Commissiondes relations extérieures.

- La discussion du budget annuel du Ministèrede la coopération au développement devraconcrétiser les engagements pris dans le cadrede la lutte contre la faim et la revalorisation, tantquantitative que qualitative, de l'agriculturefamiliale et de l'appui aux organisationspaysannes dans cette politique.

- En 2010, le parlement se prononcera sur lanouvelle " Note stratégique " de la Belgique enmatière d'agriculture et de sécurité alimentairedans la politique de coopération au développe-ment en veillant à y intégrer les priorités portéespar les acteurs impliqués.

- En 2010, une nouvelle impulsion doit être don-née aux négociations de l'OMC afin de mettreles objectifs de développement, du droit à l'ali-mentation et de la souveraineté alimentaire aucentre des négociations.

- Dans les négociations commerciales négo-ciées (y compris les Accords de partenariatéconomiques (APE), à finaliser avec les paysACP): permettre aux pays ACP de développerl'espace politique nécessaire pour mener à bienleurs politiques agricoles et alimentaires enréponse à la crise alimentaire.

- Des mesures pour limiter le réchauffement cli-matique doivent se décider d'ici la conférencedes Nations-Unies de Copenhagen en décem -bre 2009 . Des financements supplémentairespour les pays en développement , additionnelsaux 0,7%, doivent être engagés pour renforcerleurs capacités de mitigation et d'adaptation auréchauffement climatique, y compris dans lesecteur agricole.

- Deux autres enjeux européens à partir de 2010: la définition des objectifs pour une nouvellepolitique agricole commune post-2013, et corol-lairement le débat sur le budget agricoleeuropéen.