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La politique culturelle Bulgarie en Kostadine Popov Unesco Paris 1972

La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

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La politique culturelle

Bulgarieen

Kostadine Popov

Unesco Paris 1972

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Politiques culturelles : études et documents

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Dans cette collection : 1. Réflexions préalables sur les politiques culturelles2. La politique culturelle aux États-Unis

par Charles C. Mark3. Les droits culturels en tant que droits de l'homme4. La politique culturelle au Japon

par Nobuya Shikaumi5. Aspects de la, politique culturelle française

parle Service des études et recherches du Ministèredes affaires culturelles, Paris

6. La politique culturelle en Tunisiepar Rafik Saïd

7. La politique culturelle en Grande-Bretagnepar Michael Green et Michael Wilding, en consulta-tion avec le professeur Richard Hoggart

8. La politique culturelle en Union des républiques socia-listes soviétiques

9. La politique culturelle en Tchécoslovaquiepar A. A. Zvorykine, avec le concours deN. I. Goloubtsova et E. I. Rabinovitchpar Miroslav Marek, avec le concours deMilan Hromâdka et Josef Chroust

* La politique culturelle en ItalieÉtude effectuée par les soins de la Commissionnationale italienne pour l'Unesco

La politique culturelle en Yougoslaviepar Stevan Majstorovié

La politique culturelle en Bulgariepar Kostadine Popov

A paraîtreLa politique culturelle à CubaQuelques aspects des politiques culturelles en IndeLa politique culturelle en Egypte

A l'occasion d'un changement de présentation de cettecollection, la numérotation sérielle a été abandonnée àpartir de cet ouvrage

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1972 Annéeinternationaledu livre

Publié en 1972par l'Organisation des Nations Unies pourl'éducation, la science et la cultureplace de Fontenoy, 75 Paris-76

Imprimerie Firmin-Didot,P aris-Mesnil-Ivr y

© Unesco 1972SHC.71/XIX.15/F

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Préface

Le but de cette collection est de montrer comment divers États membresplanifient et appliquent leur politique culturelle.

Les politiques culturelles sont aussi diverses que les cultures elles-mêmes; il appartient à chaque Etat membre de déterminer et d'appliquerla sienne, compte tenu de sa conception de la culture, de son système socio-économique, de son idéologie politique et de son développement technolo-gique. Néanmoins, les méthodes de la politique culturelle (comme celles dela politique générale du développement) posent des problèmes universels —principalement d'ordre institutionnel, administratif et financier — et l'onreconnaît de plus en plus la nécessité d'échanges d'expériences et d'informa-tions à leur sujet. Les publications de la présente collection — dont on s'estefforcé d'uniformiser autant que possible la présentation afin de faciliter lescomparaisons — portent essentiellement sur ces aspects techniques de lapolitique culturelle.

En règle générale, les études traitent des questions siùvantes : principes etméthodes de la politique culturelle, évaluation des besoins culturels, struc-tures administratives et gestion, planification et financement, organisationdes ressources, législation, budget, institutions publiques et privées, contenuculturel de l'éducation, autonomie et décentralisation culturelles, formationdu personnel, infrastructure institutionnelle correspondant à des besoins cul-turels particuliers, préservation du patrimoine culturel, institutions de diffu-sion culturelle, coopération culturelle internationale et questions connexes.

Les études portent sur des pays représentant des systèmes sociaux etéconomiques, des régions géographiques et des niveaux de développementdifférents. Elles reflètent par conséquent une large variété de conceptionset de méthodes de la politique culturelle. Dans leur ensemble, elles peuventfournir des modèles utiles aux pays qui n'ont pas encore mis au point unepolitique culturelle. A tous les pays, et notamment à ceux qui cherchent denouvelles formules pour leur politique culturelle, elles permettent de profiterde l'expérience acquise ailleurs.

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Cette étude a été préparée pour l'TJnesco par Kostadine Popov, conseillerauprès du cabinet du président du Comité des arts et de la culture.

Les opinions qui y sont exprimées sont celles de l'auteur et ne sauraientengager l'Unesco.

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Table des matières

9 Introduction

15 Objectifs et principes de la politique culturelle

20 Le système de gestion des activités ciilturelles

29 Le financement des activités culturelles

34 Les activités des institutions culturelles

53 Conclusion57 Annexe 1. Statistiques

62 Annexe 2. Organigrammes

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Introduction

La Bulgarie — qui occupe aujourd'hui 111000 kilomètres carrés, avec unepopulation de 8500000 habitants — existe en tant qu'État depuis treizesiècles. C'est à cette époque lointaine que la culture bulgare a pris naissanceet elle a plongé ses racines dans la culture des peuples qui, avant les Bul-gares, avaient occupé ces terres. Les Thraces, peuple vigoureux et d'unegrande vitalité, avaient créé sur ce sol un art original, réaliste et plein defraîcheur, comme le montrent les bas-reliefs, les joyaux, les peintures et lesmonuments qui ont résisté à l'usure du temps. L'histoire a perpétué le sou-venir d'un gladiateur thrace, Spartacus, chef d'esclaves révoltés qui tinttête aux légions romaines.

Une partie de la Bulgarie actuelle devint ensuite province romaine. Lepoète Ovide y fut envoyé en exil de même que l'élève de Sénèque, MarcAurèle. L'architecture romaine a laissé des traces durables : la ville antiqued'Abritus, dans les environs de Razgrad, Nicopolis ad Istrum, près duvillage de Nikioup, Marcianopolis, la villa romaine Armira...

Les Slaves, qui arrivèrent au VIe siècle, apportèrent avec eux un artresté à l'écart de l'influence de Byzance. Ils furent suivis, au VIIe siècle, parles Bulgares du khan Asparuh, et de la fusion des deux tribus naquit unenouvelle culture. Un habitat slavo-bulgare s'établit sur les ruines d'Abrituset y subsista jusqu'au Xe siècle.

En 681, l'Empire byzantin reconnaissait officiellement l'État bulgare,dont la capitale, Pliska, ressemblait aux forteresses bâties sur les terresd'où Asparuh était parti, avec une enceinte faite de grands blocs de pierreet un palais orné de colonnes de marbre, de mosaïques, de frises et de pein-tures.

Les successeurs du khan Asparuh firent construire une ville plus impor-tante encore, Preslav, qui devint leur capitale et dont l'architecture sedistinguait par sa beauté et sa hardiesse. Mais les Bulgares ne possédaientpas seulement de grands constructeurs : chez eux, l'art de l'ornementationatteignait aussi un très haut niveau, comme en témoigne le trésor composé

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Introduction

de vingt-trois magnifiques objets d'or qui. fut découvert à Nagy-Szent-Miklos, en Hongrie.

L'union des Protobulgares et des Slaves donna naissance à une nouvellecivilisation qui est l'une des plus originales du début du moyen âge euro-péen. De cette époque datent les plus anciens monuments écrits bulgares :les colonnes recouvertes d'inscriptions, dont on connaît à ce jour soixanteexemplaires. Ces colonnes sont un témoignage de la pensée philosophiqueet de la vision poétique de nos aïeux. C'est ainsi qu'on peut lire, sur uneinscription du temps du khan Omurtag (816-831) : « Même lorsqu'il vitbien, l'homme meurt et un autre le remplace. Que le passant qui regarde ceschoses se souvienne de celui qui les a créées... »

Un monument unique en son genre en Europe date de cette époque : leCavalier de Madara, sculpture en haut relief taillée dans le roc au flanc d'unevertigineuse falaise; des deux côtés du relief et au-dessus se lisent des ins-criptions où il est question de l'organisation de l'État et de sa solidité.

Au ixe siècle, saint Cyrille et saint Méthode inventent l'alphabet dit« cyrillique » et composent les premiers textes en vieux bulgare. Jusque-làles populations soumises au dogme des trois langues sacrées avaient étéobligées d'écrire en latin, en grec ou en hébreu, langues peu compréhensiblespour elles. A partir de ce moment, le vieux bulgare devint la quatrièmelangue écrite du pays. Ce fut l'âge d'or de la littérature en bulgare ancien,dont quelque deux mille manuscrits sont parvenus jusqu'à nous. Outre lesœuvres de caractère religieux, on trouve des traductions des chroniques deTroie, à travers lesquelles le peuple connaît les poèmes d'Homère, des frag-ments des œuvres d'Aristote et des fables d'Ésope. Le vocabulaire se signalepar une grande richesse phraséologique permettant d'exprimer des notionsabstraites. Lorsque les cadres de la littérature religieuse officielle s'avèrenttrop étroits pour l'esprit créateur du Bulgare, il les brise pour ouvrir la voieà la littérature apocryphe, qui laisse libre cours à l'imagination, à l'élanlyrique et au pathétique. Un des chefs-d'œuvre de cette littérature est leLivre secret des Bogomiles.

Le bogomilisme se répandit en Occident au XIe siècle. En 1111, c'est-à-dire 489 ans avant Giordano Bruno et 304 avant Jan Hus, le prédicateurbogomile Vassil Vratch, défenseur de la liberté de parole et de conscience,périssait sur le bûcher à Constantinople. Mais le bogomilisme a été aussi unetentative de défendre les formes de Fart et de la littérature les plus prochesdu peuple, les plus conformes à ses tendances et à ses aspirations.

Les arts plastiques s'épanouirent parallèlement à la littérature. C'est diiXe siècle que date l'effigie en céramique de saint Théodore, chef-d'œuvre del'ancienne école bulgare qui n'a pas d'équivalent dans l'art du monde entier.Tirnovo est alors à la fois la capitale du royaume et le principal foyer cul-turel. L'école artistique qui porte son nom brise les cadres étroits des canonsen vigueur, s'autorise plus de liberté dans la création, se caractérise par lavitalité, l'élégance et la richesse de la décoration. Très caractéristiques del'art de cette école sont les fresques des vieilles églises de Tirnovo, abon-

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dantes en figures libres et vigoureuses, au coloris riche, tendrement mode-lées. L'effort de réalisme dans le portrait se poursuit, comme on le voitsurtout dans les fresques de l'église de Boyana (1259). Le Maître de Boyanadevance de loin la Renaissance en Europe occidentale, car il peint non seule-ment des saints, mais aussi des laïcs. Les figures du sébastocrate Kaloyanet de sa femme Desislava, du roi Constantin Assen et de la reine Irène sedistinguent par une grande force d'expression, un dessin vivant et un richecoloris. Celles de la scène représentant le Christ au milieu des docteurs dansle temple expriment une élévation morale admirable. La Cène de l'église deBoyana est particulièrement intéressante : afin de souligner le lien entre leshommes de son temps et les participants à la Cène, l'artiste a fait figurer surla table des légiimes qui sont la nourriture quotidienne des Bulgares. A uneépoque où les formules stéréotypées dominaient dans l'art, les personnagessurprennent par le réalisme de l'exécution. A côté du Maître de Boyanaprend place le créateur des admirables fresques de l'église rupestre du villaged'Ivanovo (département de Rousse), dont l'intérêt pour le monde antique etle nu est réellement étonnant.

L'art de la miniature bulgare des XIIIe et XIVe siècles nous a légué desœuvres splendides, notamment la Chronique de Manassé, qui date du milieudii XIVe siècle (actuellement au musée du Vatican) et L'êvangêliaire du roiIvan Alexandre (1356), actuellement au British Muséum. Les illustrationsde la Chronique de. Manassé témoignent d'un sens très développé de la cou-leur. L'évajigéliaire du roi Ivan Alexandre comporte 366 miniatures, toutesd'une élégance remarquable. Sur les premières pages se trouvent des minia-tures d'un grand intérêt historique — portraits du roi et de membres de lafamille royale.

De la même époque datent les égh'ses de Trapezitza (quartier de Tir-novo), mises au jour par des fouilles archéologiques, l'ossuaire bien conservéde Batchkovo, près du monastère du même nom (xie siècle), l'église deSaint-Je an-1'Evangéliste au monastère de Zemen, l'église de la Sainte-Vierge près d'Assenovgrad, quelques chapelles de Nessebar (xme et XIVe siè-cle), ainsi que les égh'ses de Saint-Démétrios de Thessalonique (xne siècle),des Quarante-Martyrs (xme), de Saint-Pierre-et-Saint-Paul (xive), etc.,toujours à Tirnovo.

L'architecture de Tirnovo, les églises de Nessebar, le château fortd'Assen, la tour de Hrelu au monastère de Rila, la Chronique de Manassé,l'œuvre littéraire du patriarche Ephtimi de Tirnovo, celle de Grigori Tzam-blak, les œuvres musicales du compositeur et chantre Ivan Koukouzel, toutcela témoigne de l'admirable floraison d'une culture sur laquelle s'appesan-tira bientôt l'ombre de la domination ottomane.

L'invasion des Turcs osmanlis se déchaîna comme un ouragan dévasta-teur, mettant tout le pays à feu et à sang. La grande bibliothèque de Tir-novo, incendiée par les conquérants, brûla pendant un mois entier. Unnombre important de livres anciens, de chrysobulles et de manuscrits furentla proie des flammes. Forteresses, palais, églises furent détruits jusqu'à la

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dernière pierre. Très peu de vestiges de la culture bulgare ont échappé auxdestructions causées par les conquérants, dont le fanatisme et l'ignorancefirent d'affreux ravages. Dans tous les domaines de l'art, le travail créateurfut soumis à de rigoureuses contraintes.

L'envahisseur opprima sans pitié le peuple, qui conserva pourtant, àtravers cette épreuve, sa dignité et sa foi dans la vie, et, malgré l'assujettis-sement du pays, la culture bulgare ne fut pas totalement anéantie. Loindes grands chemins, blottis dans la montagne, des monastères attiraient deshommes de lettres, des peintres, des sculpteurs sur bois. Beaucoup d'œuvresd'art furent créées pendant ces dures années d'esclavage. Au monastère deRila, par exemple, un maître sculpteur, creusant une pièce de bois à l'aided'une simple aiguille, façonna une magnifique croix de bois qui témoigned'une rare maîtrise artistique. Les forces créatrices du peuple trouvèrentà s'exprimer de diverses manières. De simples objets de la vie quotidiennese transformèrent en œuvres d'art. Les sculptures sur bois, les fers forgés,les céramiques, les sculptures sur pierre offrent d'admirables combinaisonsde formes et de couleurs. Les broderies, les tissus de l'époque sont égalementadmirables.

Peut-être les souffrances eurent-elles pour effet d'aiguiser la mémoire etl'imagination du peuple : on conserva précieusement les chansons popu-laires et l'on en créa de nouvelles. Les chansons populaires ont toujours étéla plus grande richesse du peuple, le reflet le plus fidèle des préoccupationsémotives et esthétiques des petites gens. Depuis, on a recueilli et enregistréen Bulgarie cent vingt mille chants populaires, qui constituent un raretrésor folklorique.

Dans les endroits les plus reculés du pays, la population fit construireà ses frais de petites églises dont les murs étaient ornés de fresques d'unegrande valeur artistique. La deuxième moitié du xve siècle, notamment, vitla fondation des monastères de Dragalevtzi (1476), de Kremikovtzi (1493),de Poganovo (1476)... On constate chez les peintres du temps la tendance àdemeurer indépendants, à poser de nouveaux problèmes, à rejeter les solu-tions classiques. Cette tendance prédomine aussi en littérature. Ainsi, dansun des poèmes populaires évoquant le souvenir du héros légendaire Krali-Marko, on lit que celui-ci voulait mesurer sa force avec Dieu en soulevant laterre dans sa main. Si grande était son audace que l'étoile du soir, prise depeur, se cacha derrière un nuage. C'est un thème qu'on retrouve souventdans la littérature bulgare. L'injustice du destin historique, les souffrancesséculaires poussent le peuple à des actes audacieux, à se mesurer avec Dieu,à briser toutes les règles. Cet esprit révolutionnaire soutient sa foi, lui donnesa force, le guide dans toute son action culturelle, dans son travail créateur.

Dès son origine, la littérature bulgare s'était mise au service du peupleet les écrivains avaient traité les problèmes de leur temps. Sous la domina-tion ottomane, l'évolution de la littérature se ralentit, mais celle-ci restaempreinte d'un esprit démocratique et pénétrée de courants sociaux avan-cés. Dans leurs ouvrages, Vladislav le Grammairien (xve siècle), Pop Péio et

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introduction

Matheï le Grammairien (xvie siècle) exaltèrent l'endurance morale du Bul-gare et son esprit de liberté et d'indépendance.

En 1762, le moine Païssi mettait fin à son Histoire des Slaves bulgares,cri de ralliement patriotique qui réveilla la conscience nationale. Fier d'êtrelui-même un fils du peuple, Haïssi écrivait un ouvrage destiné au peuple. Laparution de l'Histoire de Païssi, qui bénéficia d'une large diffusion, marquale début de la Renaissance nationale bulgare. De nouvelles églises et de nou-veaux monastères plus majestueux furent construits, ainsi que de nouvellesmaisons, plus grandes et plus spacieuses, aux plafonds ornés de soleils et decouronnes de fleurs, œuvres d'excellents sculpteurs sur bois. Après avoirfait bâtir, selon ses propres plans, plusieurs églises et édifices publics, lepère de la nouvelle architecture bulgare, Kolio Fitcheto, construisit lui-même, en 1865, près de la ville de Biala, sur la Jantra, le pont le plus remar-quable qu'ait possédé la péninstde balkanique au xixe siècle.

Avec l'accroissement des besoins esthétiques, on vit éclore plusieursécoles d'art — celles de Triavna, de Samokov, de Boyana. Les sculpturessur bois des autels d'église et les fresques de cette époque se distinguent parla pureté du style, par l'optimisme et par l'esprit humaniste. Les admirablesportraits dus aux peintres Stanislav Dospevski et Zacharie Zographe célè-brent le triomphe de l'homme libre, sa dignité, sa force morale et sa noblesse.

Le vieux Balkan (chaîne de la Star a Planina) où, durant la dominationétrangère, plus d'une génération de rebelles avaient trouvé refuge, gardajalousement l'écho des poèmes patriotiques du poète populaire DobriTchintoulov. Sur le fond des luttes de libération nationale se détachentd'autres figures de révolutionnaires, poètes, dramaturges, auteurs de nou-velles : Vassil Levski, Luben Karavelov, Christo Botev, esprit impétueux,admirable génie poétique et grand patriote, qui périt en combattant contreles Turcs. Cette fusion de la poésie et de la vie, cet amour de la patrie et cesens du sacrifice volontaire devaient trouver beaucoup plus tard de nou-veaux accents dans l'œuvre de poètes tels que Gueo Milev et Nicolas Vap-tzarov.

Le peuple bulgare avait perdu son État, il n'avait ni pouvoir politiqueni liberté, mais il avait des poètes, des écrivains, des peintres, des érudits.Malgré des conditions difficiles, il trouvait les moyens de s'instruire et d'allerde l'avant. Il maintenait obstinément et silencieusement ses écoles, dont lenombre atteignait 1500 en 1876, à la veille de la guerre de libération, etinscrivait à son calendrier la première fête de l'instruction et de la culturedu monde, la fête des saints Cyrille et Méthode (qui continue d'être célébréesolennellement le 24 mai de chaque année). Le théâtre devint un facteur duréveil de la conscience nationale. Peut-être à cause du destin historique dela Bulgarie, les hommes de lettres et les artistes bulgares ont tous et toujoursété aux côtés du peuple dans son constant essor culturel. L'orgueil antidé-mocratique, la volonté de créer pour une élite leur ont toujours été étran-gers. Ceux de la Renaissance étaient ouverts à la vérité et à la justice et nevoyaient pas d'opposition entre leur propre sort et le destin du peuple; la

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Introduction

conception aristocratique de l'indépendance de l'art n'avait pas de prise sureux. Après la libération de la domination ottomane, la culture et l'art bul-gare sont restés attachés aux traditions populaires et réalistes. L'État bul-gare fit de son mieux pour surmonter le retard résultant de la longue domi-nation étrangère, organisa des travaux de construction à grande échelle etfonda de nouvelles institutions culturelles.

Toutefois, au lieu de la « pure et sainte république » à laquelle rêvaientles hommes de la Renaissance nationale, c'est une monarchie qui fut ins-taurée et qui, en l'espace de soixante-dix ans, entraîna à trois reprises lepays dans des guerres meurtrières. Cependant, au prix d'une lutte acharnée,un nombre considérable d'hommes de la culture, qui demeuraient liés aupeuple, travaillaient à son relèvement et à sa prospérité. La haine de l'es-prit bourgeois, de l'hypocrisie, du conservatisme dans la pensée et dans lapratique, les unissaient même lorsqu'ils appartenaient à des groupes idéolo-giques différents. Poètes et écrivains, artistes et peintres progressistes sedressèrent courageusement contre l'intervention idéologique du fascisme.Demeurés fidèles à la tradition fondamentale de la culture bulgare, celle deBotev, de Christo Smirnenski et de plusieurs autres, ils lui apportèrent unnouvel esprit et l'enrichirent de nouveaux éléments.

Le 9 septembre 1944 — date de l'avènement de la République populairede Bulgarie — marqua un véritable tournant dans l'histoire de la culturebulgare.

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1. Amphore du trésor dePaiiagurichté.

2. Le monastère de Rila.

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3. Le théâtre national Ivan Vazov, Sofia.

4. L'Université d'Etat de Sofia.

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Objectifs et principesde la politique culturelle

L'affranchissement de la Bulgarie et la victoire de la révolution socialisteeurent une immense importance pour l'évolution socio-historique du peuplebulgare et, en particulier, pour le développement de sa culture.

Les grandes lignes du programme culturel de la République populairede Bulgarie se trouvaient tracées dans la Déclaration du premier gouverne-ment du Front de la Patrie. Il prévoyait des réformes révolutionnaires surtous les plans de la vie culturelle et le développement d'une culture démo-cratique et populaire accessible aux masses laborieuses. Par la suite, ce pro-gramme fut complété de manière à favoriser le respect et la conservation destraditions culturelles démocratiques, à satisfaire les intérêts et les besoinsculturels du peuple, à assurer l'extension des activités des institutions cultu-relles et à multiplier les manifestations intellectuelles. L'action entreprises'inspirait de la conviction profonde que la force d'un pays réside dans laculture de ses citoyens, dans leur potentiel intellectuel et créateur, dans leurempressement à œuvrer pour la réalisation de buts communs, car les massesrecèlent d'immenses ressources créatrices auxquelles il faut donner librecours. Cela exigeait deux séries de mesures : premièrement, création d'unvaste réseau d'établissements culturels et d'enseignement, sécurité maté-rielle pour les intellectuels, accroissement du bien-être des travailleurs;deuxièmement : démocratisation de toute l'activité culturelle, réveil d'unintérêt plus vif pour la culture parmi toutes les couches sociales, améliora-tion des conditions pouvant assurer un travail créateur et promotion de laparticipation des travailleurs à la vie sociale et culturelle.

Après la victoire sur le fascisme, la Bulgarie s'est engagée sur la voie dusocialisme, sous la conduite du Parti communiste bulgare. Des réformesradicales ont été opérées sur le plan économique et social; elles ont engendréde nouveaux besoins et imposé de nouvelles tâches aux établissements cul-turels existants. Les changements survenus dans le domaine de la cultureont constitué un élément des transformations générales qui se produisaient.Car l'évolution culturelle est étroitement liée à beaucoup d'autres aspects de

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Objectifs et principes de la politique culturelle

la vie de la société. Elle est déterminée par certains facteurs économiqueset politiques, par les traditions nationales, le caractère national, la morale,le droit, la nature des relations entre les êtres, le système d'enseignement,la mobilité sociale, etc. Ainsi les changements radicaux apportés dans ledomaine de la culture étaient inévitables, car il ne s'agissait pas seulementd'accroître le nombre des institutions culturelles et de supprimer l'analpha-bétisme, mais de transformer le caractère même, les fonctions sociales et lamission de la culture. Bref, il s'agissait d'accélérer l'essor culturel en y fai-sant participer toutes les couches de la société.

Cet essor culturel s'est trouvé facilité par toute une série de circons-tances. En effet, le nombre de Bulgares instruits était déjà assez élevé, l'ins-truction primaire était obligatoire depuis longtemps et il existait dans lepays tout un réseau de foyers de lecture et de bibliothèques publiques. Lepeuple bulgare avait hérité des traditions culturelles démocratiques, qu'ilavait encore approfondies et raffermies dans sa lutte pour la liberté natio-nale et la justice sociale. Une grande partie de l'intelligentsia avait participéà cette lutte aux côtés du peuple. Les intellectuels progressistes, de ten-dance démocratique, jouissaient de l'appui des niasses populaires, dont ils nes'étaient jamais détachés, estimant de leur devoir de promouvoir leur pro-grès culturel. La nouvelle évolution prit un nouveau chemin tout en partantdes valeurs les plus précieuses du patrimoine culturel et en faisant appelaux meilleurs traits de caractère du Bulgare.

La politique culturelle de l'État, depuis l'avènement de la Républiquepopulaire, a stimulé le processus de développement culturel sous toutesses formes. C'est une politique qui n'est pas coupée du contexte écono-mique et social et qui est indissolublement liée à la science puisqu'elle reposesur des recherches sociologiques, sur un système solide de prévisions et deplanification, sur une analyse scientifique des faits réels et des perspectives.Tout en évoluant d'une manière harmonieuse, elle va toujours dans lamême direction. Ses succès lui valent l'appui des intellectuels et des massespopulaires. La grande idée qui dicte toutes les mesures prises, c'est que leprogrès culturel exige l'énergie, l'effort créateur et l'esprit d'initiative de tous.

Dans les premières années du régime socialiste, le système d'enseigne-ment, les bibliothèques, l'édition, la presse, la radio, les musées, les artsappliqués ont dû être organisés selon des principes nouveaux. Car sansdévelopper le réseau d'établissements culturels on ne saurait créer desconditions favorables aux manifestations créatrices, à la promotion desintellectuels, ni mettre l'instruction et les trésors de la culture à la portéede toutes les couches de la société.

En 1947, les entreprises industrielles et les banques furent nationalisées.Bientôt après, des mesures analogues furent prises dans le domaine de laculture. Tous les théâtres et les cinémas, toutes les maisons d'édition et lesautres moyens de diffusion de la culture passèrent aux mains de l'État, lescollections des foyers de lecture et des sociétés d'archéologie également. Lesmusées devinrent plus actifs et l'on en créa de nouveaux. Toutes ces mesu-

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Objectifs et principes de la politique culturelle

res répondaient aux vœux d'une immense partie de la population, qui désiraitaccéder plus largement à la culture et à l'instruction. La démocratisationde l'enseignement répondit, elle aussi, à cette aspiration. L'État se chargeade l'entretien de toutes les écoles. L'enseignement devint gratuit dans tousles établissements, sans discrimination aucune, et tous les membres de lasociété eurent désormais les mêmes possibilités de s'instruire.

Au-delà de cette première phase de réforme (1944-1948), le nombre desétablissements scolaires, des cinémas et des théâtres, des bibliothèques etdes foyers de lecture continua à augmenter. De plus, l'État assura la pro-tection juridique de la création artistique. Il coordonna les activités desétablissements culturels et établit des liens solides entre les différentsservices du domaine de la culture. Diverses lois furent promulguées, notam-ment pour assurer la protection des monuments historiques et la promotiondes métiers artistiques.

La culture bulgare contemporaine a emprunté à la science, à la culture età l'art du passé tout ce qu'il y avait en eux de bon et de progressiste. Ellea conservé les valeurs spirituelles authentiques contenues dans les tradi-tions séculaires de la nation et fait découvrir la beauté et la résonance humaniste de beaucoup de réalisations culturelles et artistiques longtemps res-tées ensevelies sous la poussière de l'oubli. Progressiste et démocratique,la nouvelle culture bulgare affirme la domination de l'homme sur le mondeet sur lui-même et l'humanisme est son trait distinctif. Elle contribiie àrendre la société plus cohérente, à modifier le caractère du travail, à per-fectionner l'homme du point de vue scientifique et technique, psychologi-que et moral. Son humanisme permet la libre manifestation des forces etdes aptitudes des travailleurs.

Maintenant que beaucoup de problèmes concernant la satisfaction desbesoins culturels et l'accès de tous les travailleurs aux biens d'ordre spiri-tuel ont été résolus, d'autres problèmes beaucoup plus difficiles, découlantdes premiers, se posent. Il s'agit de transformer les consommateurs debiens spirituels en producteurs de ces mêmes biens, de développer l'activitécréatrice du peuple et d'assurer le plein épanouissement de ses aptitudescréatrices. L'activité culturelle est dirigée contre la passivité et l'inertie ettend à former des créateurs d'œuvres d'art.

Chaque année, des centaines de jeunes ouvriers, sans quitter leur emploi,sont intégrés dans le système d'enseignement sous forme de cours du soir etde cours par correspondance. Us accroissent ainsi leurs connaissances etparachèvent leur formation. Une fois qu'ils ont terminé ces études avecsuccès, ils obtiennent un nouvel emploi correspondant à la formation reçue,de sorte que leur place dans la production industrielle et dans la société semodifie. Même ceux qui continuent à exercer leur ancienne profession sevoient confier des travaux d'un niveau intellectuel plus élevé. La mobilitésociale facilite le passage des travailleurs d'une catégorie à une autre, ce quirevêt une grande importance pour l'épanouissement de la personnalité etpour l'élargissement de l'horizon culturel.

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Objectifs et principes de la politique culturelle

Cette mobilité se manifeste aussi dans le domaine de l'enseignementscolaire. Depuis de longues années déjà, la majorité des jeunes gens et desjeunes filles qui entrent dans les établissements d'enseignement supérieurappartiennent au milieu ouvrier et paysan. Par exemple, en 1961, 62,58 %des étudiants appartenaient à des familles d'ouvriers, de paysans et d'arti-sans travaillant dans les entreprises coopératives. La composition socialedes effectifs modifie l'aspect de l'intelligentsia et influe sur l'extension et lanature des besoins culturels de toute la société. La mobilité sociale, là encore,engendre une attitude créatrice vis-à-vis de la culture.

Dans le même ordre d'idées, il est intéressant de noter que la proportiondes spécialistes ayant reçu une formation secondaire et supérieure spéciali-sée qui travaillent dans les différentes entreprises nationales augmente sanscesse. En 1955, leur nombre s'est accru de 12,6 % et en 1968 de 18,2 %. Iln'existe malheureusement pas de statistiques relatives aux changementsqualitatifs qui découlent de ces augmentations, et pourtant ces change-ments sont indubitables.

L'énergie créatrice des hommes augmente sans cesse dans tous les domai-nes de la vie. Le nombre des inventeurs et des « rationalisateurs »1 s'accroît.A présent, on introduit dans la pratique 30 000 « rationalisations » par an,qui augmentent les capacités de production industrielle. Alors qu'entre1947 et 1961 on avait approuvé 310 inventions bulgares, leur nombre estpassé à 1750 entre 1962 et 1967. Pendant le premier semestre de 1968,213 inventions ont été approuvées.

L'exercice des professions ne restreint pas la participation des travail-leurs à la création de valeurs spirituelles. Les dons individuels et l'espritcréateur de chacun se manifestent plus nettement. Les Bulgares cherchentà vivre en harmonie avec les grands principes moraux reflétés dans les œu-vres d'art et à créer selon les lois de la beauté.

La culture et l'art sont désormais à la portée d'un vaste public. Lesévénements culturels, les œuvres d'art accompagnent dans leur vie quoti-dienne les travailleurs, qui deviennent réellement les héritiers du patrimoinespirituel de l'humanité.

L'intérêt pour les manifestations de la vie culturelle et de la créationartistique s'accroît sans cesse, il s'approfondit et gagne les grandes massespopulaires. En 1968, sept millions de personnes ont assisté à des spectaclesdramatiques et lyriques et sont allées au cirque : quatre millions sept centmille ont fréquenté les salles de concert et le nombre des entrées dans lescinémas a atteint cent quatorze millions.

Mais la participation à la vie cidturelle n'a pas seulement un aspectquantitatif et, ce qui compte plus que les chiffres, si impressionnants soient-ils, c'est la réaction des nommes devant les livres, les films, les pièces dethéâtre, les concerts, les expositions. Désormais, les niasses renoncent à

1. Les rationalisateurs ont pour tâche de mettre au point des méthodes de travail plusrationnelles.

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Objectifs et principes de la politique culturelle

leur comportement passif vis-à-vis de la culture. Leur attitude créatrice setraduit par leur participation directe à la formation et à l'évolution de lanouvelle culture, et par la popularité des ensembles d'artistes amateurs etdes organisations culturelles.

L'interaction du peuple et de l'art constitue un phénomène particulière-ment intéressant en Bulgarie. D'un côté, la population élève son niveaud'instruction et de culture générale et esthétique, de l'autre, l'art exprimedans toutes ses manifestations les problèmes de la vie du peuple. L'explora-tion approfondie et la peinture fidèle de la réalité perçue par des créateursoriginaux ont donné naissance à des œuvres d'art remarquables, qui reflè-tent à la fois les tendances du développement et les idéaux sociaux et esthé-tiques de l'artiste.

Le nouveau lien entre les travailleurs et les créateurs de valeurs artisti-ques est déterminé par le niveau culturel plus élevé de l'homme socialiste,par la maturité avec laquelle les travailleurs jugent les valeurs esthétiques.Leur vision de la culture et de l'art a changé, car l'homme lui aussi a changé.Ils exigent davantage, sur le plan de la qualité, des œuvres d'art et desartistes.

Le développement culturel s'est accompagné de recherches sur les meil-leures formes d'organisation. Avant 1963, la direction de la politique cultu-relle était confiée au Ministère de l'édiication nationale et delà culture. Lors-que celui-ci fut supprimé par décret spécial, ses fonctions et ses tâches furentassumées par le Ministère de l'éducation nationale et par le Comité des artset de la culture, qui avait rang de ministère.

L'organisation du Comité des arts et de la ciilture s'inspira de l'idée quela direction des activités culturelles et artistiques doit incomber aux créa-teurs des valeurs culturelles et artistiques, car ce sont eux qui connaissent etcomprennent le mieux les problèmes à résoudre. C'est pourquoi une commis-sion spéciale fut instituée auprès du comité; elle comprenait d'éminentespersonnalités de la culture et de l'art et des représentants des unions de créa-teurs désignés par ces unions et approuvés par le Conseil des ministres.

Le Comité des arts et de la culture, créé en 1963, avait pour tâche dediriger et de coordonner toutes les activités relatives à la diffusion de lacidture et des arts et de l'éducation esthétique. Il était chargé de contribuerau développement du cinéma, de l'édition, de l'information, et de prêter sonconcours aux institutions culturelles et éducatives. Le travail de la commis-sion spéciale justifia les prévisions. Il prépara le terrain à une nouvelle réor-ganisation encore plus démocratique du comité, qui eut Heu en 1967. C'estalors que tout le système de gestion des activités culturelles prit l'aspectqu'il a aujourd'hui.

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Le système de gestiondes activités culturelles

Parallèlement à l'édification du socialisme, les conditions et les formes departicipation du peuple à tous les actes de la vie publique ne cessent de sediversifier et de s'améliorer. Le système de direction de la culture étant liéd'une manière dynamique aux autres aspects de la vie du pays, sa rénova-tion s'est accomplie dans le même sens.

Au cours de la dernière décennie, certaines fonctions que remplissaientles organismes d'État ont été confiées aux organes sociaux. La démocrati-sation de l'économie nationale et, avec elle, de toute la vie de la société, abien entendu influé sur la politique culturelle.

Afin de donner à la gestion des affaires culturelles et des arts une orien-tation conforme aux lois objectives du développement social, de stimulerle progrès culturel et de permettre à tous les travailleurs de cultiver et demanifester leurs talents, on a procédé en 1967 à un remaniement de tous lesorganes agissant dans le domaine de la culture. Préalablement, une étudeapprofondie avait été faite des nouvelles tendances de la vie socio-économi-que du pays ainsi que des nouveaux besoins culturels. On avait égalementpris en considération les perspectives du développement culturel, la com-plexité et le dynamisme de la société dans le monde contemporain, et lespossibilités qui s'offrent aujourd'hui à tous. Il s'agissait de parvenir à éta-blir une concordance plus complète entre l'activité subjective des hommeset les exigences des lois objectives, et ce problème a été résolu. La réorgani-sation opérée dans la sphère de la culture est allée dans le sens des intérêtsde la société, du développement spirituel du peuple et des aspirations desreprésentants des milieux culturels, et elle s'est appuyée sur une certainetradition de la responsabilité civique vis-à-vis de la culture.

La réorganisation du Comité des arts et de la culture et des autres or-ganes directeurs compétents en la matière est considérée comme une dessolutions les plus originales apportées aux problèmes du développementsocial et culturel. Elle est justifiée à la fois par les traditions et par laréalité contemporaine.

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Le système de gestion des activités culturelles

Le trait distinctif du nouveau système de gestion est qu'il unit l'élémentsocial et l'élément public et qu'il est éminemment démocratique, puisqu'ilrepose sur le principe de l'éligibilité. C'est le début d'une nouvelle étapedu développement culturel socialiste du pays, qui se caractérise par la démo-cratisation de l'organisation des activités culturelles à tous les niveauxet par la participation active des représentants de la culture à la directiondes affaires culturelles.

Au printemps de 1967, des conférences ont eu lieu dans tout le pays afinde permettre aux représentants des milieux culturels de désigner les mem-bres des organes directeurs locaux en matière de culture, à savoir les conseilscommunaux, urbains et départementaux pour l'art et la culture. Au moisde mai de la même année, dix-huit cents délégués venant de toutes les par-ties du territoire ont participé au Ier Congrès de la culture bulgare. Cecongrès a élu au scrutin secret le Comité des arts et de la cultiire en tantqu'organe public et social chargé d'élaborer, de promouvoir et de diriger àl'échelon le plus élevé la politique culturelle du pays.

Le comité rend compte de ses activités au Congrès de la culture, quiétablit ses fonctions et son mandat, et au Conseil des ministres. Il élaboreles orientations et les perspectives générales du développement de la culturedans l'esprit de la politique gouvernementale, dirige et contrôle les institu-tions qui lui sont rattachées et toutes les activités culturelles du pays, favo-rise les initiatives créatrices des institutions, des unions et des organisa-tions culturelles et aide les talents individuels à s'exprimer. Ses principalestâches sont les suivantes :Diffuser les réalisations de la culture nationale et mondiale progressiste et

démocratique auprès de toutes les couches de la population;Assurer les conditions nécessaires au progrès de la création artistique

socialiste ;Organiser l'étude et la conservation du patrimoine culturel et préserver la

pureté de la langue nationale ;Utiliser les ressources de l'art et de la culture de manière à contribuer à la

formation harmonieuse de l'individu et à l'éducation du peuple dans unesprit patriotique et international;

Élaborer des programmes et des méthodes visant à perfectionner les procé-dures scientifiques de gestion des activités culturelles;

Coordonner la construction de bâtiments et les besoins d'ordre culturel danstout le pays ;

Élaborer, conformément aux arrêtés ministériels en vigueur, des program-mes à court et à long ternie visant à accélérer le développement et lamodernisation des établissements culturels et éducatifs;

Exécuter le programme d'État relatif au développement culturel du pays,à l'aide des crédits affectés à l'art et à la culture dans le budget de l'État ;

Perfectionner l'organisation des activités des institutions culturelles sur labase du nouveau système de gestion de l'économie nationale;

Diriger l'activité des conseils locaux pour l'art et la culture;

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Le système de gestion des activités culturelles

Encourager la recherche et l'application de nouvelles formes de travail dansle domaine de la culture.

En outre, le Comité des arts et de la culture exerce les fonctions sui-vantes :Diriger l'édition, l'impression et la diffusion du livre ;Diriger la production et la distribution des films, s'efforcer d'améliorer le

réseau cinématographique, diriger la cinémathèque nationale et le muséedu cinéma, dont il assure le fonctionnement;

Diriger les théâtres à répertoire dramatique et les théâtres lyriques, lesorchestres symphoniques, et toutes les autres institutions d'art et deculture subventionnées par l'État;

Diriger-les foyers de lecture, les bibliothèques d'État, les musées et lesautres institutions culturelles et éducatives, veiller sur les monumentshistoriques et s'employer à les conserver, à les restaurer et à les mieuxfaire connaître;

Contribuer au développement de l'architecture et à l'aménagement desagglomérations, des routes et des édifices publics;

Veiller à la conservation et à l'enrichissement des archives photographiquesde l'État;

Diriger le fonds d'archives de l'État;Assumer la responsabilité, conjointement avec d'autres organismes publics,

des relations culturelles, de la coopération et des échanges avec l'étrangerdans le domaine de l'art et de la culture;

Assurer, conformément aux lois et conventions internationales en vigueur,la protection des droits d'auteur, de concert avec les organisations pro-fessionnelles compétentes ;

Participer à l'élaboration des lois dans le domaine de l'art et de la culture,tous les actes normatifs concernant les intérêts des créateurs, des unionset des organisations culturelles et sociales étant établis en accord aveclesdites unions et organisations.

Le Comité des arts et de la culture est élu tous les cinq ans par le Congrès dela culture. Il compte actuellement 181 écrivains, peintres, musiciens, jour-nalistes, artistes, architectes, travailleurs scientifiques et fonctionnaires.Son bureau exécutif, qui comprend un président, des vice-présidents, unsecrétaire général et plusieurs membres, est élu parmi les membres ducomité. Le président du comité fait partie du gouvernement. (Actuellement,c'est un poète éminent, Pavel Matev, qui remplit ces fonctions.) Le bureauexécutif rend compte au comité des activités des sections et organesdu comité, ainsi que des suites données aux décisions du Congrès de laculture.

Le Congrès de la culture, qui est convoqué tous les cinq ans, est l'organedirecteur suprême du développement culturel. Sa convocation et son ordredu jour sont annoncés trois mois à l'avance. A l'initiative du Comité desarts et de la culture ou sur la demande d'un tiers au moins de ses membres,des congrès extraordinaires peuvent être convoqués. Le congrès a le pouvoir

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Le système de gestion des activités culturelles

d'approuver les activités du Comité des arts et de la culture, de modifier sesstatuts, de destituer ses organes élus et d'en élire de nouveaux, ainsi quede déterminer les orientations de ses activités futures.

Entre les réunions du congrès, le comité peut tenir des conférences àl'échelon national pour examiner certaines questions importantes ayanttrait à l'art et à la culture. Pendant ces intervalles également, il dirige etcoordonne toute l'activité culturelle, assure les conditions nécessaires àl'épanouissement de l'activité artistique, dirige et contrôle les activités desdirections générales et des conseils locaux pour l'art et la culture. Le comitétient une session plénière au moins deux fois par an. Au cours de ces sessions,il prend des décisions sur des problèmes primordiaux, répartit les ressourcesdu biidget, adopte des plans à long terme, etc.

Les organismes suivants sont rattachés au Comité des arts et de la cul-ture :Entreprise économique d'État d'édition et de diffusion du livre bulgare

(Balgarska Kniga);Entreprise économique d'État de production et de distribution de films et

d'exploitation des salles de cinéma, dite Cinématographie bulgare (Bal-garska kineinatografia) ;

Direction générale de la musique bulgare (Balgarska musika), chargéed'assurer la direction des théâtres lyriques (opéra et opérette), desconcerts, la production de disques et les échanges avec l'étranger;

Direction générale de la radio-télévision bulgare;Direction des cirques bulgares;Direction de la protection des droits d'auteur;Institut national d'activités d'artistes amateurs;Institut national pour la protection des monuments de la culture;Institut national de recherches scientifiques.Auprès des directions générales et de certaines sections du comité fonction-nent des conseils qui sont d'une importance particulière pour la gestion desactivités culturelles. Les membres de ces conseils sont proposés par lesunions et approuvés par le Comité des arts et de la culture ; ils sont recrutésparmi les spécialistes les plus qualifiés dans différentes branches de l'acti-vité artistique et représentent l'élite de la culture nationale. Les relationsétablies entre les conseils et les directions ne sont pas d'ordre administratifmais fonctionnel; elles ont pour objectif de mieux coordonner les actionsentreprises.

Les conseils sont constitués par l'élite de la culture nationale. Par exem-ple, le conseil rattaché à la Direction générale de la musique bulgare compte20 compositeurs, chefs d'orchestre et directeurs de chorale, musicologueset spécialistes de l'enseignement musical. Connaissant les besoins réelscomme les grands problèmes théoriques qui se posent en matière de musi-que, ils sont à même de formuler des propositions valables en vue d'une poli-tique rationnelle dans ce domaine. Le conseil s'occupe du répertoire desthéâtres lyriques, du Théâtre d'opérette de Sofia (Théâtre Stéphane Maké-

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Le système de gestion des activités culturelles

donski) et des orchestres symphoniques d'État. Tout ce qui concerne lacréation d'écoles ou de cours de musique, les ensembles musicaux, etc.,entre dans ses attributions.

Auprès de la section des beaux-arts du comité se trouve un conseil com-prenant 20 peintres et théoriciens de l'art parmi les plus éminents. Ils'occupe de la préparation des expositions nationales d'arts graphiques etd'arts appliqués, des expositions de peinture bulgare à l'étranger, de l'entre-tien des galeries d'art, des publications périodiques sur les problèmes del'art, etc.

Grâce à l'esprit d'initiative et au sens des responsabilités de leurs mem-bres, ces conseils accomplissent un travail fructueux, dont ils sont respon-sables devant le bureau exécutif du Comité des arts et de la culture.

A la division administrative du pays correspondent les conseils commu-naux, urbains et départementaux pour l'art et la culture. Ils sont élus auscrutin secret par des assemblées départementales et communales pour unepériode de deux ans et demi — soit la moitié de l'intervalle entre deux réu-nions du Congrès de la culture. Leurs membres peuvent être relevés de leursfonctions avant l'expiration de leur mandat s'ils ne parviennent pas às'acquitter des tâches qui leur incombent ou s'ils ne se montrent pas dignesde la confiance qui leur a été accordée. Cette destitution peut être décidéeau cours d'une session plénière des conseils pour l'art et la culture, à la majo-rité ordinaire, par un vote à main levée.

Les conseils pour l'art et la culture constituent des sections des comitésexécutifs des conseils populaires et les crédits nécessaires à leur fonctionne-ment sont prévus au budget des conseils populaires. Ils relèvent, d'unepart, de l'autorité de ces conseils et, de l'autre, du Comité des arts et de laculture.

Les conseils pour l'art et la culture s'acquittent des tâches ci-après :Ils sont responsables des travaux des institutions publiques d'art et de

culture qui sont placées sous l'autorité des conseils populaires commu-naux et départementaux;

Ils contribuent au développement des activités culturelles, éducatives etartistiques des institutions culturelles d'État et des organisations socia-les sur la base de principes élaborés par le Comité des arts et de la cultureet par ses sections spécialisées;

Ils prêtent leur concours au Comité des arts et de la culture en ce quiconcerne la direction des institutions culturelles — théâtres, opéras,orchestres symphoniques, galeries, etc.; leurs représentants dans lesconseils artistiques de ces institutions donnent des avis sur la composi-tion et l'exécution du répertoire, cherchent à améliorer les conditionsde vie et de création des artistes ;

Ils coordonnent les activités des unions de créateurs et de leurs clubs et leurprêtent leur concours;

Ils donnent des avis et formulent des recommandations sur les projets deconstruction d'édifices répondant aux besoins culturels dans la corn-

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Le système de gestion des activités culturelles

mime ou le département et élaborent eux-mêmes des programmes géné-raux de construction à des fins culturelles;

Ils veillent au développement des activités des musées et aident à constituerdes collections;

Ils dirigent les bibliothèques nationales et orientent méthodiquement leursactivités, approuvent les plans à long terme établis en vue de développerles services de bibliothèque, organisent des cours, des séminaires, destravaux pratiques pour assurer la formation et le perfectionnement desbibliothécaires ;

Ils apportent une aide à tous les ensembles d'artistes amateurs sur le terri-toire de la commune ou du département, élaborent des plans visant à enaméliorer la qualité artistique; ils recherchent, conjointement avec lesorganisations sociales, de nouveaux genres de création artistique à laportée des amateurs;

Us sont responsables, sur le plan idéologique et sur le plan artistique, desprogrammes exécutés sur le territoire du ressort des conseils populaires,approuvent et contrôlent les programmes des ensembles artistiques(troupes théâtrales, cirques, chorales, etc.) et des artistes en tournée;

Ils apportent leur aide à l'entreprise du livre et à la cinématographie en vuede l'extension du réseau de librairies et de salles de cinéma;

Ils contribuent au développement de la photographie, à la propagandeet à la publicité par la photographie, aident les entreprises et organeslocaux de production photographique, contrôlent la qualité des servicesde photographie destinés à la population et la production photographi-que appelée à connaître une vaste diffusion;

Es prêtent leur concours aux amateurs pour organiser et améliorer leurstravaux photographiques et cinématographiques;

Ils dirigent les services radiophoniques communaux et départementaux,s'emploient à élever le niveau professionnel et idéologique des program-mes locaux, aident le Ministère des communications à améliorer l'infra-structure matérielle et technique et à développer le réseau des postesémetteurs ;

Ils contribuent à l'amélioration des services d'archives;Ils encouragent et orientent les jeunes qui manifestent des dons parti-

culiers pour les arts au cours de letirs études secondaires et supérieures.Chaque année, ils dressent une liste des jeunes spécialistes que les conseilspopulaires doivent placer en fonction de leurs aptitudes;

Ils contribuent à la recherche et à la conservation du folklore musical etlittéraire et organisent, en collaboration avec les organisations sociales,des festivals et des concours de chant populaire;

Us veillent à la conservation des formes d'art populaire et au développementdes métiers d'art, tout en aidant les maîtres et les corporations ;

Ils sont responsables des travaux de recherche sur les monuments de laculture, de leur conservation et de la diffusion d'informations à leursujet, et préservent les trésors du patrimoine culturel;

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Le système de gestion des activités culturelles

Ils exercent un contrôle sur l'aménagement des places publiques, des rues,des grands axes routiers, des édifices publics, etc. ;

En coopération avec les organisations sociales, ils animent des activités deloisir qui permettent aux travailleurs de jouir des bienfaits de la culture.

La composition des conseils pour l'art et la culture est de nature à favoriserune approche scientifique des problèmes de la culture et à assurer des résul-tats féconds. Ainsi, le Conseil départemental de Stara Zagora comprend9 écrivains et journalistes, 4 musiciens, 4 metteurs en scène et acteiirs,4 conservateurs de musée et bibliothécaires, 7 amateurs très actifs, un pein-tre, un architecte, et les 18 autres membres sont des directeurs d'institutset des chefs d'organisations à vocation culturelle.

Les conseils communaux comptent de 5 à 15 membres, les conseilsurbains de 9 à 31, et les conseils départementaux de 21 à 45 membres.

Chaque conseil départemental pour l'art et la culture a un organe opé-rationnel, le bureau, dont les membres sont groupés en sections; chaquesection s'occupe d'un seul secteur de l'activité culturelle du département,mais ensemble elles couvrent la totalité de cette activité. Des sections ana-logues existent auprès des unions de créateurs, des directions générales etdes départements du Comité des arts et de la culture et sont en relation avecles organes directeurs locaux des affaires culturelles. Leurs membres sontdes représentants des milieux culturels locaux. Leur structure et leur com-position numérique varient, ainsi que la répartition des fonctions à l'inté-rieur de chaque conseil, celle-ci étant déterminée par les caractéristiqueséconomiques et autres des départements ou des villes. L'existence de cessections permet de résoudre les problèmes non pas par voie administrative,mais directement, et de mieux tenir compte des conditions locales.

Les conseils départementaux pour l'art et la culture tiennent chaqueannée 3 ou 4 sessions plénières auxquelles prennent part un grand nombred'intellectuels et qui sont consacrées à l'examen et à la discussion de pro-blèmes importants touchant l'évolution culturelle tels que l'activité cultu-relle dans les campagnes, l'éducation esthétique, les musées, la conser-vation des monuments de la culture, les services de bibliothèque et lesactivités des ensembles d'artistes amateurs. Les participants examinent lestravaux effectués dans des secteurs déterminés et présentent des recomman-dations pour la réalisation des tâches qui sont à l'ordre du jour. Au coursde ces sessions, on échange aussi des opinions et l'on précise l'orientationdes travaux futurs. Jamais auparavant les intellectuels des départementsn'avaient participé aussi activement à l'examen de tant de questions inté-ressant la vie culturelle.

Dans l'accomplissement de leur mission, les conseils pour l'art et la cul-ture bénéficient de conditions qui leur assurent une liberté d'initiative etd'action sans précédent. Leur action est novatrice et sa réalisation exigebeaucoup d'énergie, d'imagination et de sens des responsabilités. Ils étarMissent des liens rationnels entre les différents échelons de l'action cultu-relle. Leur structure, leurs fonctions et leurs pouvoirs sont conçus de manière

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Le système de gestion des activités culturelles

à concilies le principe du travail planifié et l'esprit d'initiative des intellec-tuels. Les élus des conseils ont une idée précise de leur devoir social. Ilss'acquittent de leurs obligations bénévolement, en étant pleinement cons-cients de la responsabilité morale qu'ils assument et de la nécessité de servirscrupuleusement les intérêts de la société. Au total, les conseils pour l'artet la culture groupent 14 000 écrivains, peintres, artistes, journalistes, musi-ciens, architectes, bibliothécaires, enseignants, hommes politiques. Ils fontpartie de l'appareil d'État et sont en quelque sorte un maillon entre l'Étatet les unions de créateurs, les organisations professionnelles, les artistes. Enmême temps, ils servent à renforcer les liens dynamiques entre le peuple etles intellectuels ainsi qu'à promouvoir l'activité créatrice des masses.

A la suite de la création de ces organes directeurs, la place et le rôle desunions de créateurs dans le processus du développement culturel se sontmodifiés. Leurs droits et leur participation à la solution des problèmes de laculture ont pris une nouvelle dimension. Ce sont : l'Union des écrivains bul-gares, l'Union des peintres bulgares, l'Union des journalistes bulgares,l'Union des artistes bulgares, l'Union des compositeurs bulgares, l'Uniondes musiciens, l'Union des cinéastes bulgares. Il s'agit d'organisations indé-pendantes, démocratiques, ayant leurs propres statuts et leurs propresrèglements, qui groupent les créateurs des différentes branches de la culture.Elles organisent et favorisent les activités de leurs membres, contribuent àleur formation et à leur perfectionnement professionnels, s'emploient àaméliorer leurs conditions de vie et de travail. Les unions disposent de fondsleur permettant d'apporter une aide matérielle à leurs membres et d'encou-rager les débutants. Elles organisent des concours couronnés par des prix.Une grande partie de leur activité est consacrée à la discussion des problèmesde la création artistique, à l'examen d'ouvrages littéraires, artistiques, etc.

Les unions, qui groupent actuellement plus de 15 000 personnalitésreprésentatives du monde de la culture, constituent de puissants organismesdisposant de moyens considérables. Ainsi, l'Union des écrivains bulgares etl'Union des peintres bulgares ont leurs propres maisons d'édition. Certainesexistent depuis longtemps : l'Union des artistes, par exemple, a été fondéeil y a un demi-siècle. Elles jouissent d'un grand prestige et prennent mainte-nant une part active à la direction des activités culturelles. Leurs tâches etleur sphère d'action se sont considérablement élargies. Elles aident l'Étatà s'acquitter de ses fonctions dans le domaine culturel et éducatif, non seu-lement en menant à bien les tâches qui leur sont assignées en propre, maisaussi en participant concrètement à la direction des affaires culturelles. Ausein des unions dont ils font partie, les intellectuels peuvent résoudre lesproblèmes idéologiques, artistiques et professionnels qui les touchent deprès. Ils y accomplissent en outre des tâches qui renforcent leurs liens avecla réalité.

Les statuts et le règlement du Comité des arts et de la culture régissentsa collaboration avec les unions de créateurs ainsi qu'avec les organisationssociales. Les rapports directs entre le comité et les unions de créateurs sont

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Le système de gestion des activités culturelles

également prévus dans des textes spéciaux. Désormais, certaines respon-sabilités, qui auparavant étaient prises uniquement par l'État, sont confiéesaux unions, qui jouissent de plus grands droits. Par exemple, l'Union desmusiciens examine périodiquement le niveau professionnel et créateur desécoles et cours de musique, des ensembles de musique et de chant et desartistes qui font des tournées dans le pays et à l'étranger. Elle prend partà l'élaboration du programme des théâtres lyriques, des orchestres sympho-niques d'État et des écoles de musique. L'Union des écrivains bulgares par-ticipe à la préparation du plan thématique de publication d'ouvrages litté-raires. Les autres unions ont également leur part dans la préparation despublications intéressant leur domaine respectif. En outre, les unions coopè-rent avec les ensembles d'artistes amateurs.

Le Comité des arts et de la culture élabore, de concert avec les unions decréateurs, tous les textes normatifs concernant les intérêts desdites unions.C'est aussi en collaboration avec les unions que sont organisés périodique-ment des festivals nationaux de théâtre, d'opéra et de danse, des concoursnationaux de chant et de musique, des festivals et des concours internatio-naux.

Le Comité des arts et de la culture entretient des relations de plus enplus étroites avec les organisations sociales — unions professionnelles, orga-nisations de jeunes, etc. Cette collaboration permet surtout aux jeunes deprendre connaissance du patrimoine culturel et des valeurs artistiquescontemporaines.

La promotion et la diffusion du livre parmi la jeunesse ont pris uneampleur accrue. On attache de plus en plus d'intérêt à l'éducation musicale.Le mouvement des Jeunes amis de la musique a pris un essor remarquable.Un programme à long terme de production de films documentaires et delong métrage sur des sujets intéressant la jeunesse a été élaboré. Les gale-ries d'art nationales et départementales diversifient leurs activités visantl'éducation esthétique des jeunes.

La collaboration entre le Comité des arts et de la culture et les jeunescréateurs s'avère aussi très fructueuse. D'importantes initiatives ont été pri-ses à ce titre : festival national consacré aux œuvres de jeunes compositeurs,rencontres des jeunes promoteurs et diffuseurs du livre, rencontre des jeu-nes écrivains, festival de films sur la jeunesse et l'enfance, etc.

A mesure qu'elle s'intensifie, la coopération entre le Comité des arts et dela culture d'une part et les unions de créateurs et les organisations socialesde l'autre confirme le rôle croissant de ces dernières dans la vie de la société.

Certains secteurs de l'activité culturelle ne relèvent pas directement del'autorité du Comité des arts et de la culture. Ainsi, certaines unions decréateurs et organisations sociales ont leurs maisons d'édition; les maisonsde la culture et de la jeunesse étudiante sont dirigées par le Comité centralde l'Union dimitriovienne de la jeunesse communiste et c'est l'Union descinéastes qui dirige les ciné-clubs.

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Le financement desactivités culturelles

Les plans quinquennaux de développement de l'économie nationale régle-mentent et coordonnent les activités culturelles exécutées à l'échelon natio-nal. En outre, les Directives pour le développement de l'économie nationalejusqu'en 1980 indiquent les grandes lignes de l'aménagement des institu-tions culturelles, des travaux d'équipement et de construction, etc.

Le développement culturel est planifié mais l'État n'admet aucuneintervention administrative dans les travaux des intellectuels et desartistes.

L'essort économique du pays et l'accroissement rapide du revenu natio-nal ont permis d'investir d'importantes ressources en faveur du développe-ment culturel. La comparaison des dépenses culturelles encourues au titredes plans quinquennaux successifs fait apparaître une constante augmen-tation : 1er plan quinquennal (1949-1952), 40,9 millions de leva; 2e plan(1953-1957), 92,8; 3* plan (1958-1960), 97,2; 4* plan (1961-1965), 262; troispremières années du 5e plan (1966-1968), 232,5.

Les crédits affectés à la culture dans les budgets des différents organis-mes culturels vont aussi en augmentant.

En matière de culture et d'art, il existe en Bulgarie deux types d'activi-tés étroitement liées entre elles : les premières relèvent de la création artis-tique proprement dite et revêtent un caractère idéologique et esthétique, lessecondes concernent la diffusion de la culture et ont un caractère techniqueet économique. Les exigences de la création artistique l'emportent sur lesexigences économiques et cela détermine les formes d'organisation et dedirection des institiitions culturelles.

Les institutions culturelles bulgares se rangent dans les catégoriessuivantes : a) institutions entièrement à la charge de l'État et des admi-nistrations locales; b) institutions subventionnées par l'État et par lesadministrations locales; c) institutions jouissant de l'autonomie finan-cière.

A la première catégorie appartiennent notamment la radio, la télévision,

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Le financement des activités culturelles

le Théâtre national, l'Opéra national, les bibliothèques nationales, lesmusées nationaux, les chorales et les ballets, les établissements secondaireset supérieurs d'enseignement des lettres et des arts.

Dans la seconde catégorie se trouvent les théâtres à répertoire drama-tique, les théâtres lyriques et d'opérettes, les orchestres symphoniquesd'État, la Direction des concerts, la Cinématographie bulgare.

Les institutions suivantes jouissent de l'autonomie financière : maisonsd'édition, imprimeries, organes de diffusion du livre, cirques, Institut natio-nal pour la protection des monuments de la culture, Institut de recherchesscientifiques du Comité des arts et de la culture, Direction de la photogra-phie, etc.

Dans les institutions culturelles, la rentabilité joue un rôle secondaire :on cherche principalement à utiliser les moyens disponibles de la façon laplus rationnelle possible.

Dans le cadre de l'aide apportée par l'Etat au développement culturel, lesformes de stimulation matérielle et morale ont une place importante. Sub-ventions, prix et titres honorifiques sont décernés aux talents nouveaux ouconsacrés et assurent aux artistes la possibilité de travailler dans les meil-leures conditions possibles. La plus haute récompense attribuée aux réali-sations les plus remarquables dans le domaine des lettres et des arts et pourl'interprétation d'œuvres musicales, c'est le prix Dimitrov. En outre, desprix sont décernés chaque année par les syndicats, par les unions de créa-teurs, et par certains conseils urbains ou départementaux. Tous les ans, leConseil de la ville de Sofia accorde des prix à des auteurs d'œuvres littérai-res et artistiques, à des instrumentistes, à des metteurs en scène. Une autreforme de consécration de la création artistique est l'attribution de titreshonorifiqii.es : « artiste du peuple », « peintre du peuple », « artiste émérite »,« peintre émérite », etc. Les détenteurs de ces titres touchent une rémuné-ration annuelle en reconnaissance de leur contribution à la culture. Parallè-lement à ces formes de stimulation matérielle, il existe aussi d'autres formesd'encouragement, d'ordre moral : éloges solennels, décorations, médailles,diplômes.

Des fonds spéciaux ont été créés pour favoriser l'activité culturelle :Le fonds Aide aux créateurs est destiné à encourager les écrivains, les pein-

tres, les travailleurs scientifiques, etc.Le fonds Publicité et propagande permet d'assurer par la radio et la télévi-

sion la promotion du livre et des autres genres de publications, d'organi-ser des foires, des expositions, des Semaines du livre, et facilite la partici-pation à des expositions internationales du livre. Ce fonds est alimentépar les bénéfices des maisons d'édition et des entreprises chargées de ladiffusion du livre.

Le fonds Production de films assure le financement et la production des filmsbulgares ; il sert également à décerner des prix aux réalisateurs et des pri-mes pour la diffusion des films, ainsi qu'à organiser les festivals du film,bulgare. Ce fonds est alimenté par des prélèvements sur le revenu brut

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5. La Bibliothèque nationale Cyrille et Méthode à Soiia.

6. La Maison de la culture du village de Gorsko Slivovo.

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7. Pas de deux du balletLa belle au bois dormant(Koldamora et Lazarov).

8. Danse populaire.

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Le financement des activités culturelles

des cinémas et par un. pourcentage fixe du revenu de la distribution desfilms bulgares à l'étranger.

Le fonds Location des films est alimenté surtout par les recettes provenantde la location de certains films et il est utilisé pour permettre à d'autresfilms, moins rentables, d'être projetés.

Le fonds Expérience créatrice est utilisé poxir aider les cinéastes débutantset pouf favoriser l'expérimentation de noiivelles formes d'expressioncinématographique.

Le fonds Amélioration des services de distribution du livre sert à améliorerles services des entreprises commerciales de diffusion du livre.

Les ressources du fonds Diffusion de la culture par la photographie sontutilisées pour organiser des expositions photographiques dans le pays,des échanges de photographies avec des agences étrangères, etc. Une par-tie de ces ressources est affectée à l'aménagement et à l'entretien desvitrines photographiques destinées à la population, à l'organisation deconcours de photographie à l'échelle nationale, à l'aide aux photogra-phes amateurs, aux clubs de photographes, etc.

D'autres fonds répondent à des besoins plus matériels :Le fonds Initiatives sociales et culturelles est destiné à améliorer les condi-

tions d'existence et de culture des travailleurs ;Le fonds Action et aide économique permet de secourir certaines entrepri-

ses qui se trouvent dans une situation difficile.Comme le développement culturel soulève inévitablement des problèmesd'ordre scientifique et technique et exige une étude approfondie des proces-sus qui s'opèrent dans la société, les instituts scientifiques spécialisés jouentun rôle important en Bulgarie. Citons notamment l'Institut scientifique ducinéma, de la radio et de la télévision, l'Institut scientifique pour la protec-tion des monuments de la culture, l'Institut d'activités d'artistes amateurs.Tous ces instituts sont rattachés au Comité des arts et de la culture. Descentres scientifiques qui s'occupent des différentes formes d'activité cultu-relle sont également rattachés aux directions générales du comité.

Le progrès scientifique et technique rapide qui caractérise notre époqueexige la rénovation et la modernisation constantes des institutions cultu-reEes de l'équipement, des appareils, des bâtiments, etc. A cet effet, un cen-tre rattaché au Comité des arts et de la culture assure la planification, lacoordination et le contrôle des travaux de construction à des fins culturel-les. Il dirige l'utilisation des ressources et fournit de nouveaux moyenstechniques en tenant compte des besoins réels des différentes régions dupays, et des différents établissements et institutions culturels.

La politique pratiquée en matière d'honoraires fait partie des mesuresprises par l'État pour assurer aux créateurs des conditions matérielles leurpermettant de donner libre cours à leurs talents. EEe repose sur le principeconstitutionnel selon lequel tout travail doit être rétribué, principe qui estappliqué dans la législation réglementant l'exploitation des œuvres littérai-res, scientifiques et artistiques en Bulgarie.

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Le financement des activités culturelles

Le barème des honoraires versés aux compositeurs et exécutants estétabli par le Conseil des ministres, et tous les établissements publics, orga-nisations et institutions qui exploitent des œuvres ou organisent des mani-festations publiques avec la participation d'exécutants sont tenus de le res-pecter. L'importance des honoraires dépend du caractère et du genre desœuvres et des exécutions, de leur mode d'exploitation et du but social visé,mais non de la vente des œuvres, ni du bénéfice des organisations et institu-tions qui les exploitent. Le montant exact des rétributions se situe dans laplupart des cas entre un minimum et un maximum prévus dans le barèmeet il est fixé à l'amiable par contrat.

Les honoraires versés aux auteurs d'œuvres littéraires, d'ouvrages scien-tifiques et de livres sur l'art sont fixés, selon le genre des œuvres, entre unminimum et un maximum prévus à raison d'une page imprimée contenant20 000 signes. Pour certains genres d'œuvres (littéraires par exemple), lemontant des honoraires dépend aussi des tirages indiqués dans le barème.De la même manière sont fixés les honoraires des traducteurs, lesquels, selonla loi sur les droits d'auteur, sont considérés comme auteurs de leurs traduc-tions.

Les auteurs d'œuvres dramatiques, lyrico-dramatiques, musicales, etc.,destinées à être exécutées en public, sont rétribués sans tenir compte desrecettes résultant de l'exécution publique des œuvres.

Toujours selon le même principe, ne peuvent pas acquérir des droitsd'auteur les établissements publics, organisations et institutions avec les-quels l'auteur a conclu un contrat pour la création d'une œuvre. Dans cecas également, l'auteur reste propriétaire des droits d'auteur et touche latotalité des bénéfices résultant de l'exploitation de ses œuvres, même lors-que cette exploitation est assurée par l'institution, l'établissement public oul'organisation avec lesquels l'auteur a des relations déterminées par lecontrat.

L'impôt perçu en Bulgarie sur les honoraires des auteurs et des exé-cutants est beaucoup plus bas que celui qui est perçu sur d'autres revenus.Les honoraires touchés à l'étranger, qui ont été soumis à l'impôt dans lepays où l'œuvre a été exploitée, sont exemptés d'une seconde imposition.

La protection des droits et des intérêts des créateurs est assurée par unorgane spécial rattaché au Comité des arts et de la culture — la Direction dela protection des droits d'auteur, qui a notamment pour tâche de faciliterl'application des textes normatifs relatifs aux honoraires d'auteurs, d'éla-borer des projets de réglementation nouvelle en la matière, etc.

Une réorganisation radicale du système de paiement des honoraires auxcréateurs du domaine de la culture et des arts est en cours; on cherche àaméliorer encore les conditions matérielles des créateurs et à stimuler lacréation.

Membre de l'Union internationale pour la protection des œuvres litté-raires et artistiques (Union de Berne), la République populaire de Bulgarieassure la protection des droits des auteurs étrangers dont les œuvres sont

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Le financement des activités culturelles

exploitées par des maisons d'édition, des théâtres et d'autres organisationset institutions de Bulgarie, conformément aux dispositions de la Conventionde Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques.

La publication et l'exploitation d'œuvres d'auteurs étrangers en Bulga-rie fait l'objet de contrats signés avec les auteurs ou avec leurs représen-tants, dans lesquels sont fixés les lionoraires que ceux-ci doivent toucherpour l'exploitation de leurs œuvres. La rétribution des auteurs étrangers estfixée à l'amiable, sur la base de la pratique internationale et de la récipro-cité. En principe, elle leur est versée dans la monnaie du pays dont ils sontressortissants ou bien où ils sont domiciliés.

La République populaire de Bulgarie prend toutes les mesures néces-saires pour assurer aux créateurs la jouissance de leurs droits légitimes,conformément aux obligations que lui fait l'article 27, alinéa 2, de la Décla-ration universelle des droits de l'homme.

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Les activités desinstitutions culturelles

L'enseignement

L'amour que les Bulgares portent à l'instruction et à la culture date destemps les plus lointains. Dès le IXe siècle, après l'adoption du bulgarecomme langue officielle, il existait deux grandes écoles de langue et de lit-térature — celle de Preslav et celle d'Okhrida. Plus tard, à l'époque de laRenaissance nationale, de nouveaux établissements conformes aux exigen-ces de la pédagogie moderne furent fondés et les disciples de Païssy orga-nisèrent un véritable système d'instruction s'adressant au peuple toutentier. A la veille de la libération du pays, en 1876, le nombre des écoless'élevait à plus de 1500, et elles étaient prises en cbarge par la populationelle-même. En 1869, quelques intellectuels bulgares avaient fondé dans laville roumaine de Braïla une société littéraire bulgare qui, lorsque la domi-nation étrangère prit fin, s'installa à Sofia et devint l'Académie bulgaredes sciences.

Les principes sur lesquels repose le système d'enseignement sont énon-cés dans la constitution de la République populaire de Bulgarie. Depuis1966, la scolarité est obligatoire jusqu'à l'âge de quinze ans (huitième classe).L'enseignement est entièrement gratuit dans toutes les écoles. Le systèmescolaire comprend des établissements d'enseignement préscolaire, des éco-les d'enseignement général, des écoles polytechniques, des écoles secondai-res professionnelles et techniques et des écoles supérieures. Ce grand choixd'établissements permet aux jeunes de s'orienter selon leurs intérêts etleurs goûts personnels. Des écoles spéciales sont réservées aux enfants han-dicapés. Pour les enfants prédisposés à certaines maladies ou ayant souffertde graves maladies infectieuses, des écoles dites climatiques sont ouvertesdans certaines régions. Environ 36 % des écoles du pays ont une cantine oùles élèves, moyennant une somme modique, prennent le petit déjeuner et ledéjeuner. L'entretien de ces établissements est à la charge de l'État, y com-pris une partie des frais de nourriture. Il existe dans tout le pays des crè-

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Les activités des institutions culturelles

ches et des jardins d'enfants fonctionnant à la journée ou à la semaine etun nombre considérable de jardins d'enfants saisonniers fonctionnent pen-dant l'été. Plus de 336 000 enfants d'âge préscolaire sont accueillis dans despacieux jardins d'enfants, aménagés selon les exigences de la pédagogiemoderne.

Au cours des deux dernières décennies, l'enseignement secondaire pro-fessionnel et technique a pris un essor particulier. Pendant l'année scolaire1939/40, il existait en Bulgarie 36 écoles techniques et écoles des arts etmétiers fréquentées par 10000 garçons et filles; pendant l'année scolaire1967/68, le nombre des écoles techniques et des écoles professionnelless'est élevé à 253 avec 165 000 élèves.

Les pensions, les orphelinats pour enfants et adolescents ayant perduleurs parents ou un de leurs parents, les semi-internats et les salles d'étudesfont également partie du système d'enseignement. Après la classe, les élèvespeuvent fréquenter les salles d'études où, sous la surveillance d'un maître,ils préparent leurs leçons, lisent, jouent, etc. Dans les semi-internats, lesélèves restent quelques heures après les classes; ils pratiquent des jeux enplein air, se livrent à des passe-temps divers — échecs, philatélie, photogra-phie, etc., et préparent leurs leçons pour le lendemain sous la surveillance demaîtres. Les salles d'études sont au nombre de 2 716; il existe un peu plusde 200 semi-internats.

Les activités extrascolaires sont très variées. Elles se déroulent pour laplupart dans les maisons et palais des pionniers — qui tirent leur nom del'Organisation des élèves pionniers. Ce sont des foyers culturels, où les élè-ves s'initient à l'art. On y trouve des salles de cinéma bien aménagées, dessalles de jeux, de concert, des ateliers techniques où les jeunes fabriquentdes modèles d'avions ou de bateaux, s'occupent de radiotechnique, etc.;les enfants peuvent aussi y suivre des cours de danse, de musique et de des-sin, faire partie de cercles Mains habiles où ils font du modelage, de la brode-rie, de la pyrogravure, de la sculpture sur bois, etc., d'ensembles dramati-ques, de troupes de marionnettes, de chorales et orchestres d'enfants, etc.Les jeunes exécutants de la chorale enfantine Bodra smiana (Jeune relève),de la Chorale enfantine de Radio-Sofia, de l'orchestre symphonique de laMaison des pionniers de Sofia ont donné des concerts dans plusieurs paysétrangers. Plus de 4000 chorales et orchestres, 900 troupes théâtrales etde ballet permettent aux jeunes de développer et faire valoir leurs talents.Partout dans le pays, les écoles disposent de terrains de jeu et de sport. Plusde 600 000 élèves répartis en 8 600 sections de culture physique pratiquentactivement les sports. Plus de 12 000 cercles de mathématiques, de physi-que, de chimie, de biologie, de radio, etc., sont créés pendant chaque annéescolaire.

Il existe à Sofia, une Maison de la littérature et de l'art qui a principale-ment pour tâche d'étudier la production littéraire et artistique destinée auxjeunes, de mettre au point des méthodes permettant d'utiliser au mieuxcette production en vue de l'éducation esthétique des jeunes générations et

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Les activités des institutions culturelles

de contribuer à l'épanouissement des talents artistiques des enfants. Cettemaison comprend des sections de littérature pour enfants, des sections artis-tiques, une bibliothèque et une section éditoriale qui fait paraître un bulle-tin (Enfants, arts, livres) et d'autres publications (recueils, répertoires etannuaires). Ce centre littéraire et artistique pour enfants organise des réci-tals de poésie, des soirées consacrées aux contes, des rencontres de jeuneslecteurs avec des poètes, des écrivains, des peintres. La bibliothèque ren-ferme des ouvrages intéressants et variés. Avec le concours de pédagogues,d'écrivains, de théoriciens de l'art, la maison organise des discussions et desexamens d'ouvrages d'art pour enfants, oriente leurs lectures, etc.

Pendant l'année scolaire 1968/69, les écoles primaires, secondaires etsupérieures ont accueilli 1561000 élèves, ce qui signifie qu'en Bulgarie, unepersonne sur cinq va à l'école. Aussi le nombre de spécialistes possédant uneformation secondaire ou supérieure ne cesse-t-il d'augmenter. Le dévelop-pement de l'enseignement supérieur est démontré par le fait que, pendantl'année scolaire 1969 /70, le nombre des étudiants s'est élevé à 85 400 contre10169 en 1939 /40. Il y a actuellement 101 étudiants pour dix mille habi-tants. Avant la seconde guerre mondiale, les cinq écoles supérieures dupays étaient situées dans trois villes. Aujourd'hui, il existe 26 écoles supé-rieures dans huit villes (sans compter les écoles supérieures militaires etl'Académie de théologie). Il y a 18 fois plus d'étudiants dans les établisse-ments d'enseignement supérieur qu'en 1939. Les spécialités techniques sesont multipliées par 8 depuis l'année scolaire 1944/45. Cette augmentationest dictée par la nécessité de disposer de spécialistes dans les branches lesplus importantes de la production — énergie, métallurgie, constructionsmécaniques, électronique, chimie.

A partir de 1949, des cours par correspondance ont été institués dans lesécoles supérieures, d'abord pour quelques spécialités, puis pour un plusgrand nombre de matières, ce qui permet à des ouvriers de se qualifier. Uncongé payé est accordé aux personnes qui font leurs études par correspon-dance pour le temps qu'ils doivent passer à l'université afin de se prépareret de se présenter aux examens.

Le nombre total des professeurs, des maîtres de conférences et des assis-tants enseignant dans les universités pendant l'année 1939 /40 était de 453,tandis qu'en 1967, il s'est élevé à 6342. Dans tous les établissements supé-rieurs, les recteurs, les doyens et leurs adjoints sont élus.

Aujourd'hui, les étudiants travaillent dans des conditions enviables.Dès 1948, une loi relative à la sécurité sociale des étudiants a été adoptée.Les ressources que l'État affecte à l'enseignement supérieur augmententchaque année; elles sont utilisées pour la construction d'édifices, l'aménage-ment de laboratoires, de stations expérimentales, de bibliothèques, pourl'octroi de bourses d'études, de pensions, etc. Durant l'année scolaire 1967 /68, 45 % des étudiants ont bénéficié de bourses. Les établissements supé-rieurs utilisent leurs disponibilités pour récompenser des étudiants qui sesont distingués dans leurs études. Plus de 60 % des étudiants prennent leurs

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Les activités des institutions culturelles

repas dans les cantines, qui sont à la charge de l'État ; très nombreux sontceux qui sont logés gratuitement dans des foyers d'étudiants où ils peuventtravailler dans de bonnes conditions, faire du sport, etc.

Les enfants des étudiants mariés sont accueillis gratuitement dans descrèches; si un seul parent est étudiant, les frais sont minimes. L'assistancemédicale est gratuite pour toute la population. Dans les villes d'université,il existe des polycliniques bien aménagées pour étudiants et dans les sta-tions de montagne, les stations balnéaires et autres centres de villégiature,des maisons de repos sont réservées aux étudiants, qui y passent leursvacances.

L'édition

En 1855, alors que le pays subissait encore la domination étrangère, un Bul-gare plein d'initiative, Christo G. Danov, fonda à Plovdiv la première mai-son d'édition bulgare, qui, malgré des conditions défavorables, eut une acti-vité florissante puisque 111 titres parurent dans la seule année 1869. Aprèsla libération, l'édition prit de l'essor, tout en connaissant des hauts et desbas. En 1939, 2000 titres furent publiés, soit 6500000 livres, ce qui cor-respond à un livre par personne, en 1966, 3 500 titres et, en 1968, 3 579, soitau total 39 051000 livres. Aujourd'hui, il existe en Bulgarie 22 maisonsd'édition qui publient environ 5 fois plus de livres qu'en 1939. Le tiragemoyen par volume s'est considérablement accru : de 3 000 en 1939, il estpassé à 6 800 en 1955 et à 10 880 en 1968.

Les maisons d'édition appartiennent à l'État, aux syndicats, à l'Aca-démie bulgare des sciences, à l'Union des écrivains bulgares, à l'Union despeintres, etc.

Un rapide examen des livres imprimés fait apparaître une augmentationsensible des publications dans le domaine des sciences sociales, de la philo-sophie, de l'histoire et de l'économie politique. La littérature de vulgarisa-tion scientifique suit aussi une courbe ascendante.

Les listes de publications des maisons d'édition comprennent les nomsdes plus grands écrivains, poètes et auteurs dramatiques de tous les temps,tels qu'Aristote, Eschyle, Sophocle, Homère, Virgile, Dante, Cervantes,Lope de Vega, Shakespeare, Corneille, Racine, Molière, Goethe, Schiller,Heine, Pouchkine, Lermontov, Dickens, Byron, Victor Hugo, Balzac,L. Tolstoï, Tourgueniev, G. B. Shaw, Mark Twain, J. London, Galsworthy,Gogol, Dostoïevsky, Tchékhov, Th. Dreiser, R. Rolland, A. Tolstoï et Ara-gon. Tous ces écrivains sont bien connus en Bulgarie et très appréciés par legrand public.

L'édition bulgare a également enregistré des succès dans le domaine del'illustration et de la présentation du livre. Plusieurs jeunes dessinateurs etpeintres de talent travaillent dans cette voie et le relèvement du niveauartistique du livre bulgare est dû en grande partie à leurs efforts. Chaqueannée, au mois de mai, se tient une exposition, devenue traditionnelle, du

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Les activités des institutions culturelles

livre et de l'art du livre, qui donne l'occasion de passer en revue les résultatset les succès obtenus.

Chaque année également, en automne, une exposition-foire interna-tionale du livre a lieu à Sofia. Elle contribue à élargir et à approfondir lesliens entre les maisons d'édition bulgares et celles des pays proches et loin-tains.

Le livre bulgare est de mieux en mieux connu dans le monde entier.L'édition bulgare participe aux expositions et aux foires internationales dulivre à Moscou, Leipzig, Varsovie, Belgrade, Francfort-sur-le-Main, Bologneet Le Caire. Elle y a déjà remporté plusieurs prix.

La presse bulgare se développe parallèlement à l'édition. Là encore, descomparaisons s'imposent. En 1939, il existait en Bulgarie 513 journauxtirant à 130 097 000 d'exemplaires, tandis qu'en 1969, leur nombre s'élevaità 710, avec un tirage de 750 millions d'exemplaires. En 1939, 398 revuesparaissaient ; actuellement, elles sont au nombre de 780, avec un tirage de40 millions d'exemplaires. Il convient d'y ajouter les journaux et revues duComité des arts et de la culture et ceux des unions de créateurs. La qualitéde la presse s'est améliorée en même temps qu'augmentaient le nombre desorganes de presse et leurs tirages.

La littérature

La littérature bulgare millénaire, d'une grande richesse traditionnelle, a prisun nouvel essor, en même temps que la culture tout entière, au cours desvingt-cinq dernières années. Elle s'enrichit sans cesse d'œuvres originales devaleur, parmi lesquelles il faut citer notamment : Gens ordinaires, de Guéor-gui Karaslavov; Tabac, de Dimitri Dimov; Le chandelier de fer, Les clochesde Prespa, Ilinden, J'entends vos voix, de Dimitri Talev; Ivan Kondarev,d'Emilian Stanev; A vie et à mort, de Dimitri Anguelov; etc. Les écrivainsbulgares portent un grand intérêt à l'histoire du peuple, qui a inspiré desouvrages comme : Le temps de la séparation, d'Anton Dontchev; Pour laliberté et Le chemin de Sofia, de Stéphane Ditchev; Jour dernier et La fête àBoyana, de Stoyan Zagortchinov. Les Mémoires constituent un élémentimportant de cette littérature historique.

Un fait à signaler est que jamais il n'a paru autant d'ouvrages consacrésà l'époque contemporaine. Les problèmes intéressant l'homme actuel sonttraités sous différents aspects dans maints ouvrages appartenant à tous lesgenres littéraires.

A côté de prosateurs comme Anghel Karaliïtchev, Dya Volen, Svetos-lav Minkov, Kamen Kaltchev, Andreï Gouliachki, Pavel Vejinov, de jeunesauteurs de talent comme Nicolaï Haïtov, Yordan Raditchkov, Diko Fout-chédjiev font entendre leur voix; la littérature bulgare doit également sonessor à des poètes tels que Mladen Issaëv, Nicolas Fournadjiev, ChristoRadevski, Athanas Daltchev, Vesséline Hantchev, Pavel Matev, BlagaDimitrova, Bojidar Bojilov, Gueorgui Djayarov, Dimitri Methodiev,

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Stanka Pentclieva, Vesséline Andréev, Orline Orlinov et à toute une pléiadede jeunes talents.

Les écrivains bulgares ont des milliers de lecteurs et d'admirateurs à^étranger comme le montre l'analyse des éditions étrangères de livres bul-gares. Le livre bulgare le plus traduit reste l'immortel roman d'Yvan Vazov,Sous le joug. Les principales langues dans lesquelles sont traduites lesœuvres littéraires bulgares sont le russe, le français, l'anglais, l'italien etl'allemand.

Entre 1944 et 1956, 658 œuvres bulgares ont été traduites, soit 54 œuvrespar an, et, de 1956 à 1968,1 452, soit 133 par an. En 1967, 147 traductionsont paru et 40 œuvres littéraires biilgares ont fait l'objet d'émissions deradio et de télévision à l'étranger.

Toujours entre 1944 et 1956, 112 auteurs bulgares ont été tradïùts en34 langues étrangères ; après cette période, le nombre des auteurs traduitset des langues de traduction a considérablement augmenté. Le classique dela littérature bulgare Yvan Vazov a été traduit en 49 langues, le poèteChristo Botev en 40 langues et Nicolas Vaptzarov, qui obtint à titre pos-thume le prix d'honneur du Conseil mondial de la paix, a été traduit en49 langues étrangères.

Les écrivains bulgares d'aujourd'hui — Gueorgui Karaslavov, LudmilStoyanov, Dimitri Dimov, Stoyan Tz. Daskalov, Andreï Gouliachki, Emi-lian Stanev — sont traduits en plusieurs langues étrangères. La littératurebulgare séduit le lecteur étranger par son originalité et ses qualités esthé-tiques.

Le théâtre

L'art dramatique bulgare a ses traditions, qui s'enrichissent constammentgrâce à de nouvelles recherches créatrices. Les Slaves de jadis connaissaientle spectacle théâtral. La littérature du Xe siècle nous apprend que les notionsde théâtre et d'acteur n'étaient pas inconnues à l'époque.

Atijourd'hui, le public porte un intérêt toujours croissant au théâtre. Aucours des dernières décennies, les œuvres théâtrales bulgares ont principa-lement traité les grands problèmes de la vie contemporaine.

A côté des œuvres bulgares classiques et modernes, le répertoire mondialclassique et contemporain est très apprécié. Sur les scènes bulgares, on jouetoujours Shakespeare, Lope de Vega, Goldoni, Tirso de Molina, Molière,Schiller, Goethe Ostrovski, Tchékhov, Gorki, Bernard Shaw, Ibsen. Lespectateur bulgare connaît les pièces de Bertolt Brecht, d'Arthur Miller, etc.

La mise en scène, l'interprétation, la scénographie font des progrès cons-tants.

La Bulgarie est la patrie de plusieurs grands acteurs comme KrestiouSarafov, Ivan Dimov, Petko Atanassov, Constantin Kissimov, Mila Pav-lova, Nevena Bouïouklieva, et Boris MikhaûW. De grands talents se sontmanifestés dans le domaine de l'art scénique : Vladimir Trendafilov, Olga

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Les activités des institutions culturelles

Kirtclieva, Zorka Yordanova, Rouja Deltcheva, Stéphane G-uetzov, Guéor-gui Kaloyantchev, Lubomir Kabakchiev, Assène Milanov, Margarita Dou-parinova, Tania Massalitinova, Apostol Karamitev, Slavka Slavova, etc.Plusieurs hommes de théâtre se sont vu décerner les titres d' « artiste dupeuple » et d' « artiste émérite ». La jeune relève d'acteurs, de metteurs enscène et de théoriciens du théâtre sort de l'Institut supérieur d'art théâtralKrestiou Sarafov, qui possède un théâtre où les étudiants peuvent jouerdevant le public dès le début de leurs études. Chaque année, ceux qui ontterminé leurs études à l'institut sont recrutés dans des troupes théâtralesauxquelles ils insufflent une nouvelle vie.

Avant la seconde guerre mondiale, il existait en Bulgarie 13 théâtresdont 4 seulement étaient subventionnés par l'État. Actuellement, le nombredes théâtres est de 46, y compris le Théâtre du jeune spectateur, le Théâtresatirique, etc. Certains théâtres possèdent, en plus d'une grande salle, depetites scènes où l'on monte des spectacles qui n'exigent pas de grandsmoyens techniques. Les théâtres départementaux font régulièrement destournées dans leur département, de sorte qu'il n'y a presque pas de ville oude village qui ne reçoive de troupe théâtrale. Par exemple, le théâtre drama-tique Adriana Boudevska et le Théâtre de marionnettes de la ville de Burgasont donné 280 spectacles dans la région au cours d'une seule saison théâ-trale.

Il y a, à Sofia, un théâtre qui accueille les compagnies des théâtres deprovince : ainsi, les amateurs de théâtre ont la possibilité de connaître lessuccès des différentes troupes, d'apprécier la situation d'ensemble de l'artthéâtral, tandis que les acteurs ont l'occasion de comparer leur façon dejouer. D'autres activités contribuent au perfectionnement des hommes dethéâtre : les festivals périodiques de spectacles pour enfants, le festival tra-ditionnel du drame historique, etc., auxquels prennent part tous lesthéâtres. Les festivals nationaux du drame et du théâtre contemporainbulgare ont vu le jour récemment. Cette compétition originale s'effectue endeux temps : des festivals régionaux ont lieu dans quelques villes du pays,après quoi un festival de clôture se tient dans la capitale et les meilleurescompagnies s'y produisent. Un jury composé de metteurs en scène, de théo-riciens du théâtre, d'écrivains, de dramaturges, de critiques littéraires, dethéoriciens de l'art, de scénographes, décerne des prix de composition dra-matique, de mise en scène, d'interprétation (homme et femme), de scéno-graphie. Les quatre festivals nationaux de 1952, 1959, 1964 et 1969 ontcontribué tout particulièrement à l'évolution de l'art théâtral. Pour leIVe Festival national du drame et du théâtre bulgare (1969), les théâtresdu pays ont préparé 182 spectacles, dont 143 représentations de piècesd'auteurs bulgares, y compris 70 pièces inédites. Les théâtres sont subven-tionnés par l'État ou par les conseils populaires départementaux.

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La musique

L'histoire de l'art musical est particulièrement intéressante en Bulgarie. Aumoyen âge, la Bulgarie jouissait déjà d'une culture musicale florissante. AVeliko-Tirnovo s'était créée une école nationale de chant liturgique quiexerça une forte influence sur la musique d'autres pays. C'est là que vécutet travailla, au xrve siècle, le chanteur, compositeur et théoricien Ivan Kou-kouzel, qui contribua à l'évolution du chant religieux de l'église orientale.

La musique populaire bulgare est originale, mélodique et possède uneremarquable variété de rythmes, avec ces mesures originales à 5/8, 7/8,11 /8, etc.

Les premiers compositeurs bulgares de musique symphonique et lyriqueont vécu au xixe siècle. C'est en 1900 qu'Emanouil Manolov composait lepremier opéra bulgare. Un peu plus tard, G. Atanassov-Maestro créait6 opéras importants dans un laps de temps relativement bref. Après laseconde guerre mondiale, l'art lyrique a pris un grand essor. Pendant cettepériode, les compositeurs bulgares, en collaboration avec des librettistes,ont composé plus de 50 œuvres qui ont remporté des succès mérités sur lesscènes bulgares et étrangères : Ivaïlo, de M. Goleminov; Albéna, Nuit dejuillet et Le gai luron, de P. Hadjiev; Pierre le Finaud et le ballet La papesseJeanne, de V. Staïnov; Le maître de Boyana, de Constantin Iliev. Ont éga-lement été composés pendant cette période les ballets Chant des haïdouks,d'A. Raïtchev, La légende du lac, de Pantcho Vladiguerov, Orphée et Rho-dope, de Tzvetan Tzvetanov, et plus de 10 opérettes.

Les compositeurs bulgares traitent de préférence des sujets importantssur lesquels ils bâtissent de grandes fresques. De nombreuses cantates et desoratorios sont le reflet de leur passion pour la lutte révolutionnaire et deleur vision d'une vie nouvelle, par exemple les cantates Le neuf septembre,de Philippe Koutev, II ne meurt pas, d'A. Raïtchev, Que le jour soit, deV. Stoyanov, Chante, pays natal et La lutte pour la paix, de Svetoslav Obre-tenov, les oratorios La partisane, de S. Obretenov, Amitié, d'A. Raïtchev,Oratorio pour notre temps, de L. Pipkov, etc.

Plus de 40 symphonies ont été composées et exécutées au cours desdeux dernières décennies. Cette intense production musicale n'est pas étran-gère au fait que le nombre d'institutions musicales s'est considérablementaccru. Il faut souligner le dynamisme des 8 orchestres symphoniques d'État,des ensembles et des chorales comme la chorale Svetoslav Chretenov, l'en-semble de chant et de ballet dirigé par 1' « artiste du peuple » PhilippeKoutev, l'ensemble Pirine, etc., et des dizaines d'orchestres d'instrumentsà vents et d'ensembles folkloriques.

Il existe en Bulgarie 6 théâtres lyriques qui ont inscrit à leur répertoireles meilleurs opéras classiques. L'Opéra national de Sofia est le premierthéâtre lyrique du pays. C'est là qu'ont été représentés les nouveaux opérasMomtchil, Pierre le Finaud, Ivaïlo, Le gai luron et autres.

La légende veut que le poète et musicien thrace Orphée, qui enchantait

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les hommes, et domptait aussi les fauves, ait vécu sur le sol bulgare. Peut-être est-ce pour cela que la Bulgarie est devenue célèbre par les voix admi-rables de ses chanteurs et de ses chanteuses. Il suffit de rappeler à cet égardles noms de Boris Christov, Nicolai Guiaourov, Christo Brambarov, MikhaïlPopov, Dimitri Ouzounov, Katia Popova, Julia Wiener, Nicolas Nicolov,Nicolai Guiouzelev, etc.

Nombre d'instrumentistes bulgares ont aussi été lauréats de diversprix internationaux : Emile Kamilarov, Boyan Letchev, Luba Entcheva,Petre Christoskov, Dina Schneidermann, Milena Mollova, Stoïka Mila-nova, etc.

Les plus célèbres théâtres lyriques du monde comme La Scala, le Metro-politan Opéra, le Bolchoï, Covent Garden, le Staatsoper de Vienne, etc.,accueillent souvent les artistes lyriques bulgares. Nicolaï Guiaourov, NicolasNicolov, Nicolaï Gûselev, Raina Kabaïvanska et d'autres sont très appréciéspar le public d'Europe et d'Amérique.

Au cours des cinq dernières années, l'Opéra national de Sofia a donné desreprésentations en URSS, en Roumanie, en Hongrie, en République démo-cratique allemande, en France, en République fédérale d'Allemagne, auLiban et en Italie. Le corps de ballet Arabesque a fait une tournée dans cesmêmes pays. Des groupes d'artistes lyriques bulgares ont donné des repré-sentations deux fois par an en Belgique, en Autriche, aux Pays-Bas et auDanemark. La Philharmonie nationale bulgare a donné des concerts enURSS, en Italie et en France. L'Orchestre symphonique de la radio-télévi-sion bulgare a fait des tournées en France et en Italie. L'Orchestre demusique de chambre de Sofia et la Chorale de musique de chambre de laradio bulgare sont allés en France. La chorale Svetoslav Obretenov s'estrendue en URSS, en Angleterre, en Grèce, et a fait des enregistrements enFrance. L'Orchestre symphonique des pionniers a donné des concerts enYougoslavie, en Italie et au Brésil, et la Chorale enfantine de la radio a faitune tournée en Tchécoslovaquie, en Angleterre, en Suisse et au Japon.L'ensemble dirigé par 1' « artiste du peuple » Philippe Koutev, la choraledes pionniers Bodra Smiana, l'Opéra de Varna, la Philharmonie de Rousse,le quatuor Dimov se sont distingués à l'étranger. Il est impossible d'énumérerici toutes les tournées faites à l'étranger par les artistes bulgares — chan-teurs, chefs d'orchestre, instrumentistes, metteurs en scène, qui ont séjournénotamment en URSS, en Angleterre, aux États-Unis, en France, en Italie,en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Répu-blique démocratique allemande, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en You-goslavie, à Cuba, en République arabe unie, en Tunisie, en Suisse, en Répu-blique fédérale d'Allemagne. Des artistes et des ensembles de nombreuxpays sont aussi venus en Bulgarie.

La Bulgarie organise et accueille plusieurs grandes manifestations cultu-relles : le concours international de ballet de Varna, le concours internatio-nal de jeunes chanteurs d'opéra de Sofia, le festival international de musiqueEté de Varna, le festival international de musique Fêtes sur la côte du

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Soleil, le concours international de la chanson Orphée d'or, le festival inter-national de musique de chambre de Plovdiv.

Parmi les fêtes traditionnelles annuelles qui témoignent de l'intensité dela vie musicale en Bulgarie, il faut signaler surtout les Journées musicalesde Rousse, les Fêtes musicales du lilas à Lovetch, l'Été de la mer Noire, laDécade des grands symphonistes de Stara-Zagora, les Journées des musi-ciens lauréats, organisées à la mémoire de la grande cantatrice KatiaPopova, à Pleven, le festival des chorales de musique de chambre Dianed'or, à Yambol. Toutes ces manifestations ont pour objectif de contribuerà l'éducation esthétique des travailleurs et à l'enrichissement de la vie cultu-relle. L'exécution de programmes spéciaux à l'occasion de la célébrationd'anniversaires de compositeurs et de musiciens illustres est devenue unetradition. Il s'agit de faire mieux connaître les grands classiques de lamusique mondiale, ainsi que les œuvres des grands compositeurs contempo-rains, surtout btdgares. Les cycles de concerts organisés à des fins pédago-giques, les conférences sur la musique et l'opéra se multiplient à Sofia etdans les plus grandes villes du pays. Des initiatives semblables sont prisesaussi dans les régions les plus reculées. Ces activités musicales et pédago-giques sont surtout destinées aux jeunes; elles contribuent à former leurgoût, à leur faire connaître l'histoire de la musique, les formes musicales,l'œuvre de certains compositeurs, la variété des styles dans les différentscourants d'écriture musicale. C'est dans ce sens et dans cet esprit qu'estconçue en particulier l'action du mouvement des Jeimes musiciens, qui apris une grande envergure au cours des dernières années.

Les très nombreux événements musicaux qui ont lieu dans tout le pays— spectacles d'opéras, concerts, festivals — témoignent du dynamisme dela vie musicale. Entre 1956 e.t 1966, le nombre des concerts a presque triplé :il est passé de 4245 à 12455. En 1967, les ensembles professionnels ontdonné 4 000 concerts dans leurs seuls villages.

Traditionnellement, de grandes compétitions et des festivals nationauxont lieu de façon périodique : festival des orchestres symphoniques d'État,festivals d'opéra, d'opérette et de ballet, concours de chanteurs et d'ins-trumentistes. En 1969, le cinquième concours national de chanteurs etd'instrumentistes a obtenu un très grand succès.

Les arts plastiques et appliqués

La peinture bulgare a une place importante dans la culture générale dupeuple. Héritiers des anciens maîtres, les peintres contemporains créent desœuvres de talent dans tous les genres — de la nature morte et du paysageà la grande composition historique, de la caricature aux œuvres d'art gra-phique, du petit panneau décoratif à la fresque.

A côté des expositions qui se tiennent traditionnellement chaque année,diverses expositions ont été organisées récemment pour célébrer certainsanniversaires et événements historiques mémorables. Il ne faut pas oublier

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non plus les expositions périodiques de peinture, d'art graphique, de cari-catures. Enfin, des expositions consacrées à des peintres particuliers per-mettent non seulement de voir leurs œuvres les plus récentes, mais aussid'avoir une idée d'ensemble sur le chemin qu'ils ont parcouru depuis leursdébuts. Le nombre des "expositions et de leurs visiteurs augmente d'annéeen année. En 1965 ont eu lieu 174 expositions de peintres professionnels, et207 en 1966.

Pour la peinture, il convient de citer notamment Ilya Petrov, StoyanVenev, Detchko Ouzounov, Zlatiou Boyadjiev, Stoyan Sotirov, AlexandreStamenov, Naïden Petkov, Nicolas Mirtchev, Alexandre Poplivov; pourl'art graphique, Boris Anghelouchev, Vesseline Staïkov, Marco Behar;pour la sculpture, Ivan Founev, Mareo Markov, Vasca Emanouilova, etc.Plusieurs peintres, portent le titre de « peintre du peuple », ou de « peintreémérite ».

Il est encourageant de constater qu'à côté des grands peintres de jeunestalents commencent à se manifester. Plusieurs artistes de la jeune généra-tion, membres des nombreuses sections de l'Union nationale des peintres,se sont imposés à l'attention des amateurs de peinture.

L'exposition d'arts appliqués organisée en 1968 a montré la vitalitécréatrice de nombreux maîtres.

La fondation de plus de 30 galeries d'art au cours des deux dernièresdécennies témoigne de l'intérêt croissant pour les arts plastiques. Plusieursvilles de province possèdent de riches galeries : Plovdiv, Varna, Burgas,Vidin, Sliven, Stara Zagora, etc. Certains villages comme Strajitza (districtde Tirnovo), Bregovo (district de Vidin), Brezovo (district de Plovdiv), etc.,en possèdent aussi. Le nombre des villages qui ont des collections d'art semultiplie constamment. Les expositions organisées récemment dans lesvillages de Dalboki, Khrouchtene et Bratia-Daskalovi (district de StaraZagora) ont été accueillies avec un grand intérêt par la population.

Les peintres et les architectes bulgares unissent leurs efforts pourembellir les villes et les villages. L'architecture a déjà plusieurs réalisationsmarquantes à son actif et le nouveau programme de constructions va modi-fier encore l'aspect des villes. On a longtemps parlé de la Bulgarie commed'un « pays en chantier ». Des quartiers et des ensembles d'habitation, deshôtels et des restaurants, des écoles et des salles de cinéma, des théâtres etdes maisons de la culture ont surgi dans tout le pays. Le long de la côte dela mer Noire se dressent de grands et beaux ensembles d'architecture,comme les ensembles Droujba (Amitié), Zlatni piassatzi (Sables d'or),Slantchev Briag (Côte du Soleil) et Albena. Les recherches et les réalisationsdes architectes bulgares^sont orientées vers un style plein d'harmonie et debeauté, répondant aux exigences esthétiques de la société. L'architecturecherche à satisfaire les besoins matériels et culturels de l'homme contempo-rain tout en s'efforçant de traduire les idées de notre temps en images monu-mentales.

Parmi les grandes manifestations internationales des temps derniers, on

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peut citer les deux importantes expositions « Trésors des musées bulgares »et « Deux mille cinq cents ans d'art dans les terres bulgares », qui ont étéprésentées en URSS, en Hongrie, en République fédérale d'Allemagne eten France. A Paris, l'exposition « Deux mille cinq cents ans d'art dans lesterres bulgares » a fait l'objet de 700 articles dans la presse française.André Malraux a dit : « Les Bulgares ont leur Joconde, l'histoire de l'artdoit être révisée. »

Au cours des dernières années, plusieurs peintres bulgares ont organiséà l'étranger des expositions indépendantes ou participé à des expositionsinternationales.

D'autres manifestations de l'art bulgare suscitent, elles aussi, un vifintérêt. Un groupe de peintres bulgares ont exposé leurs toiles dans plusieurspays d'Orient. Des tableaux d'artistes bulgares ont figuré dans plusieursexpositions internationales à Moscou, Paris, Venise, Lugano, Brno, Gra-covie, Szczecin, Stuttgart, etc.

Des peintres bulgares contemporains ont participé à la Biennale d'artgraphique au Brésil. Plusieurs expositions individuelles et collectivesd'œuvres bulgares ont eu lieu en URSS, Tchécoslovaquie, Roumanie,Grèce et Turquie.

Le cinéma

L'art cinématographique bulgare est relativement jeune et cela explique lafraîcheur de la plupart des films, qui sont aussi caractérisés par l'intérêt pourl'actualité et par l'esprit humanitaire. Toutes les conditions sont réuniespour que le cinéma puisse se développer et prospérer. Des installationstrès modernes existent au Centre cinématographique de Sofia, qui dépendde la Cinématographie bulgare, importante entreprise dotée de studiospour la production de films de long métrage, de documentaires, de filmsde vulgarisation scientifique, de dessins animés et d'actualités. L'essentielde l'activité de la Cinématographie bulgare est la diffusion du film : aucours des deux dernières décennies, la production de longs, de courts etde moyens métrages a sensiblement augmenté. Plus de 250 films de longmétrage, documentaires, films de vulgarisation scientifique et dessinsanimés paraissent chaque année. Il existe un Institut spécial d'archivescinématographiques et une cinémathèque.

L'URSS, le Royaume-Uni, l'Italie, la France, la Suisse, la Turquie, laGrèce, la Syrie, organisent des semaines du cinéma bulgare. Des festivals dufilm bulgare ont eu lieu à Moscou, Paris, Londres, New York, Calcutta,Lausanne, Stockholm et ailleurs. Un festival du film bulgare a lieu chaqueannée à Varna, et des Semaines du film sont consacrées aux œuvres les plusmarquantes d'autres pays — la Semaine du film soviétique, du film fran-çais, du film italien, du film polonais, du film tchèque, du film anglais, etc.

Des films bulgares de long métrage et des documentaires passent sur lesécrans de 70 pays. Chaque année, le cinéma bulgare participe à quelque

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30 festivals internationaux du film de long et de court métrage. Bon nombrede films, dont Nous étions pourtant jeunes et La fête de Fespoir, ont obtenuune consécration internationale. A Los Alamos, le prix du meilleur filmconsacré à la lutte pour la paix a été décerné au film Le soleil et Vombre. Lefilm Le capitaine a obtenu une « gondole d'argent » et une médaille debronze au Festival international du film pour enfants à Venise. Le mêmefilm a obtenu trois prix en Espagne. Un prix spécial a été attribué au filmNestinari pour son intérêt sur le plan folklorique. Des prix ont été remportéségalement par les documentaires Le monastère de Rila, Pirine chante, etc.Le film Vascata a obtenu le prix du meilleur film de télévision au festival deLeipzig. D'autres films de télévision comme La Russie et la tourterelle,Phonographe et olives pour mes amis, Le vendeur d'espoir ont eu égalementdes prix. Les dessins animés du « peintre émérite » Todor Dinov Jalousie,La pomme, La petite Marguerite, etc, ont obtenu d'importants prix interna-tionaux. Dans 75 festivals internationaux, 89 films bulgares ont remporté130 prix, décernés à des metteurs en scène, à des cameramen et à desacteurs pour leur maîtrise et pour les idées liumanitaires exprimées dans lesfilms.

L'évolution de l'art cinématographique n'est pas sans rapport avecl'élargissement du réseau des salles de cinéma dans le pays. En 1939, il yavait 155 salles, principalement dans les villes, tandis qu'en 1968, on encomptait 3 044, c'est-à-dire 20 fois plus. C'est surtout dans les villages queles cinémas se sont multipliés. En outre, il existe plusieurs cinémas itiné-rants, ce qui permet au cinéma de pénétrer dans les villages les plus reculés.Malgré la diffusion rapide de la télévision, le nombre des amateurs decinéma n'a pas diminué. En 1968, le nombre des entrées dans les cinémas aatteint 114 millions, contre 13 millions en 1938.

La radio et la télévision

La radio et la télévision bulgares jouent un rôle important dans la vie cultu-relle du pays. Leur développement est assuré sur plusieurs plans — exten-sion des programmes, perfectionnement de leur contenu, amélioration cons-tante de la qualité des émissions. Comme elles constituent les moyens lesplus modernes de diffusion de la culture et de l'information, elles tiennentune place de plus en plus importante dans la vie quotidienne de notrepeuple. Cela s'explique, d'un côté, par l'élévation du bien-être matériel dela population et, de l'autre, par l'accroissement de ses besoins culturels etde son intérêt pour la culture.

Aujourd'hui, la radio bulgare diffuse huit programmes dans tout le pays,soit au total 46 heures d'émission par jour. Elle diffuse aussi des émissionsen 11 langues destinées à l'étranger, à raison de 23 heures par jour. La radiobulgare dispose de 23 émetteurs. Le nombre des postes récepteurs dépassedeux millions, ce qui veut dire qu'un habitant sur quatre possède un postede radio — et ce chiffre ne comprend évidemment pas les dizaines de milliers

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de transistors. Le nombre des téléviseurs dépasse actuellement le million etil augmente sans cesse.

Les programmes de la radio et de la télévision sont composés de manièrenon seulement à offrir des informations, mais aussi à contribuer à la diffu-sion de la culture et de l'art.

Les bibliothèques

L'amour que le peuple bulgare voue à la science est un des mobiles del'expansion des services de bibliothèque et de l'accroissement des fonds. Enoutre, une série d'innovations sont venues modifier les méthodes de diffusiondes œuvres littéraires et scientifiques et les techniques de coopération avecles lecteurs.

Outre les bibliothèques d'État, dont la plus grande est la Bibliothèquenationale Cyrille et Méthode, de Sofia, il existe des bibliothèques dans lesfoyers de lecture, les écoles, les entreprises industrielles et d'autres établisse-ments. Le fonds de livres de la Bibliothèque nationale Cyrille et Méthodeest particulièrement important et intéressant puisqu'il comprend un millionde livres et d'éditions périodiques, une riche collection de livres bulgaresanciens, des documents historiqiies de la renaissance nationale, une collec-tion impressionnante de cartes, de portraits et de photographies, de notes etde disques. Cette bibliothèque possède un excellent service de renseignementsoù l'on peut trouver des informations sur toutes les littératures dii monde.Elle fait office d'organisme central à l'égard des autres bibliothèques bulgares.

L'Académie bulgare des sciences possède un fonds de livres de plus de750 000 volumes et les bibliothèques des écoles supérieures disposent de plusd'un million et demi de livres.

Il existe 11109 bibliothèques publiques, disposant d'un fonds de49443000 volumes, qui distribuent chaque année 41839000 livres entre3100 000 lecteurs. Presque tous les villages de plus de 500 habitants ont desbibliothèques, installées dans les foyers de lecture. Les bibliothèques des villa-ges prêtent à domicile plus de 14 millions de livres par an à leurs lecteurs. Il ya un bibliothécaire pour 3 000 habitants. Il convient aussi de signaler que lesbibliothèques scientifiques se sont multipliées au cours des dernières années.Les services de distribution de livres sont organisés selon des méthodes scien-tifiques et les bibliothécaires cherchent constamment à les perfectionner.

La richesse de certaines bibliothèques, la fondation d'établissementsd'un nouveau type, l'accroissement des fonds et le prêt à domicile font desbibliothèques un élément important de l'activité cultiirelle.

Les foyers de lecture, les clubs etles maisons de la culture

La Bulgarie est la patrie d'une institution d'éducation et de culture parti-culièrement originale : les foyers de lecture. Fondés il y a plus de cent

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quatorze ans sur l'initiative de patriotes érudits, les foyers de lecture, qu'onappelle encore foyers de culture, possèdent une grande expérience et se sontsolidement implantés dans la vie quotidienne. Les premières bibliothèqueslaïques ont été créées dans ces foyers de lecture, où prirent également nais-sance des troupes théâtrales, des ensembles d'amateurs, des collectionsarchéologiques, etc. A l'époque de la renaissance nationale, les foyers delecture étaient de vrais foyers d'éducation et de culture et ils n'ont rienperdu de leur importance depuis lors. Les noms de quelques-uns des meil-leurs fils du peuple — écrivains, hommes politiques, et promoteurs de laculture — sont attachés à l'histoire des foyers de lecture.

Les foyers de lecture sont des organisations culturelles et éducativesaccessibles à tous les travailleurs, sans distinction de nationalité, de religionou de sexe. Chaque foyer représente une personne juridique indépendante etpeut être propriétaire de biens immeubles, de fonds de bibliothèque, d'objetsde musée, etc. Les loyers sont gérés par un conseil d'administration élu lorsdes assemblées générales annuelles et dont le mandat couvre la périodecomprise entre deux assemblées consécutives. Aujourd'hui comme dans lepassé, les foyers de lecture apportent une importante contribution à la diffu-sion des arts et de la culture. Ils sont subventionnés par l'État et par lesautorités régionales.

Jusqu'en 1939, il y avait 2600 foyers de lecture. Aujourd'hui, ils sont4518 avec 1092000 membres. Cet accroissement est surtout sensible dansles villages, où il y en avait 4141 (avec 700 000 membres) en 1967 contre2 334 en 1944.

De nouveaux locaux sont constamment mis à la disposition des foyers delecture qui peuvent y exercer leurs activités dans des conditions plus satis-faisantes. Entre 1956 et 1966,60 % des locaux des foyers de lecture ont étéagrandis et améliorés. Les fonds des bibliothèques s'enrichissent sans cessede nouveaux livres. Des collections de musée, des galeries de peinture, desclubs de radio et de télévision se sont constitués auprès des foyers et l'on yorganise des cours de cinéma et de photographie pour amateurs.

Parmi les initiatives prises par les foyers de la culture, il faut citer l'étudede l'histoire régionale, la recherche et l'enregistrement de légendes, d'usagesanciens et de chansons populaires, l'organisation de cours de langues étran-gères, de cours de musique et de danse classique pour les enfants, etc.308 cours de musique, 360 cercles littéraires et 36 cercles de peinture sontrattachés aux foyers de lecture des villages.

Les travailleurs bulgares disposent de 128 maisons de la culture et deplus de 1 000 clubs de la culture, dotés de salles de cinéma, de concert et delecture. Les amateurs y ont la possibilité de se consacrer à diverses activités :cinéma, photographie, etc.

Plusieurs formes nouvelles d'activité culturelle ont été institutées derniè-rement : universités populaires, lectorats (conférences populaires ouvertesà tout le monde), concours de chant populaire, etc. Les maisons et les clubsde la culture, de même que les parcs pour le repos et la culture, s'affirment

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de plus en plus comme des foyers d'éducation et de culture où les travailleurspeuvent passer leurs heures de loisir d'une manière particulièrementagréable.

Dans les universités populaires et grâce aux « lectorats », chacun peutacquérir des connaissances dans le domaine de l'histoire de l'art, de l'esthé-tique, des sciences humaines et techniques, étudier les problèmes de la cul-ture et de l'art, participer à des discussions sur des ouvrages littéraires etautres.

Les musées

C'est il y a plus d'un siècle — en 1856 — qu'a été inaugurée la premièrecollection de musée, au foyer de lecture d'une petite ville des bords duDanube, Svichtov. Après la fin de la domination ottomane, plusieurs nou-veaux musées ont été créés, le plus souvent grâce aux efforts de patrioteséclairés. Parallèlement aux musées d'État, des collections de musée se sontconstituées dans des foyers de lecture, des écoles, des associations d'archéo-logues.

Les Bulgares d'aujourd'hui se considèrent comme les héritiers des monu-ments de la culture créés au cours des siècles par des maîtres connus etanonymes. Tout ce qui a trait au passé du peuple est précieux, et de grandsefforts sont déployés pour rechercher et conserver les valeurs de la culture.Les musées jouent à cet égard un rôle des plus importants. Plusieurs d'entreeux possèdent des œuvres uniques, fruit du génie populaire. Leurs exposi-tions reflètent les longues luttes du peuple bulgare pour la liberté et l'indé-pendance nationale et illustrent les actes héroïques de ses fils.

Alors qu'il n'y avait en 1944 que 13 musées d'État et quelques dizainesde collections, il existe aujourd'hui 163 musées d'État et galeries d'art,parmi lesquels il faut mentionner les musées nationaux d'archéologie,d'ethnographie et le Musée central de l'armée, le Musée national du monas-tère de Rila, le musée national Chipka-Bouzloudja, les musées historiquesinstallés dans les chefs-lieux de départements, un grand nombre de maisons-musées à Sofia et en province, les musées spécialisés de Madan et Dimitrov-grad et les musées d'histoire naturelle de Sofia, Plovdiv, Kotel, etc.

L'État apporte une aide matérielle et morale aux musées en augmentantchaque année les crédits affectés à des travaux de recherches et de restaura-tion, et à la construction de nouveaux bâtiments.

Les dernières années ont vu la création d'un grand nombre de muséesdont le Musée national du monastère de Rila, le Musée d'art sacré de lacathédrale Alexandre Nevsld à Sofia, les musées de Tyirnovo, Plovdiv, Tar-govichte, Panagurichte, Triavna et beaucoup d'autres villes. En outre, ilexiste plus de 480 collections dans des foyers de lecture, des écoles, des entre-prises industrielles et autres, des églises, des monastères, etc. Des parti-culiers possèdent aussi des collections de monnaies, de tableaux, de livresanciens. Les collections s'enrichissent sans cesse, parce que les fouilles

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Les activités des institutions culturelles

archéologiques et les travaux de recherche se poursuivent en permanence.Ainsi les musées se sont enrichis, en 1966, de 90 000 nouveaux objets archéo-logiques. Aujourd'hui ils disposent au total de plus de 3 millions d'objetsd'une grande valeur historique, artistique et culturelle.

Les antiquités, les monuments d'histoire et d'architecture sont protégéspar l'État et des localités entières comme Jeravna, Koprivchtitza, Melnik,Bojentzi, etc., sont classées sites historiques. La vieille ville de Plovdiv estégalement classée.

En 1968, on a enregistré 594 634 entrées dans les musées. Les visiteursappartiennent à toutes les couches de la société et à tous les groupes d'âge.Aujourd'hui, l'intérêt manifesté pour les expositions faites dans les muséess'inscrit dans le contexte d'une culture dynamique, et il se développe grâceau cinéma, à la radio, à la télévision, à la presse, au livre et à la photographie.

Les musées bulgares ne sont pas isolés de la vie quotidienne et leursressources sont largement utilisées pour l'enseignement. On y organise desrencontres avec des savants, des écrivains, des théoriciens de l'art, despeintres, ainsi que des conférences sur des thèmes variés.

La plupart des musées font paraître des publications, produisent desfilms documentaires et cherchent à mettre au point de nouvelles méthodespour mieux conserver leurs richesses, mais aussi pour les faire connaître àun public de plus en plus vaste.

Les activités d'amateurs

Les activités d'amateurs constituent un phénomène que l'on comprendraitdifficilement si l'on ne connaissait pas l'histoire du peuple bulgare qui,malgré ses épreuves, a su conserves à travers les âges un immense trésor dechants et de danses folkloriques. Quelques centaines de milliers de travail-leurs, indépendamment de leur profession, se consacrent à une activitéartistique pendant leurs loisirs.

Les activités d'amateurs sont très diverses. Elles groupent des gensd'âge différent, dont les réalisations rivalisent avec celles des professionnels.Elles stimulent l'activité créatrice, enrichissent la vie intellectuelle destravailleurs, contribuent à l'éducation esthétique et permettent l'éclosionde nouveaux talents. Les membres des groupes d'artistes amateurs ne sontplus des amateurs passifs, ils éprouvent la joie de créer et le sentimentd'atteindre ainsi un niveau élevé de culture.

Plus d'un demi-million de personnes unies par leurs intérêts et leuramour commun de l'art sont groupées en 15 000 ensembles artistiques —chorales, ballets, orchestres, troupes théâtrales, ensembles de chants popu-laires, etc.

L'État encourage le développement des activités d'amateurs. En 1968,la Maison centrale de création populaire a été réorganisée et convertie enInstitut d'activités d'artistes amateurs. La qualification et la préparationdes cadres directeurs de ces activités est désormais assurée de façon plus

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Les activités des institutions culturelles

scientifique. Une attention spéciale est portée à la vocation sociale desparticipants.

Les ensembles d'amateurs prennent une part active à la vie culturelle dupays. Us organisent annuellement plus de 70000 spectacles et concertsdevant 22 millions de spectateurs environ. En 1967, les ensembles d'artistesamateurs créés dans les villages ont donné 40 000 spectacles devant 8 mil-lions de spectateurs, c'est-à-dire plus de 9 spectacles par village.

Des festivals nationaux offrent périodiquement aux amateurs l'occasionde montrer leurs talents et de comparer leurs réalisations. Un jury classe lesmeilleurs spectacles présentés en finale et des prix leur sont décernés.

En 1969, les meilleurs groupes d'amateurs de chaque département ontdonné pendant plusieurs mois des concerts dans les plus grandes salles de lacapitale. Ce furent de véritables fêtes de l'art populaire.

Certains ensembles d'artistes amateurs ont été invités à faire des tour-nées dans plusieurs pays d'Europe et ont également participé à des concoursinternationaux de folklore. Des ensembles folkloriques bulgares enlèventrégulièrement, depuis quelques années, les grands prix au Concours inter-national de Langolen, au Pays de Galles. D'autres ont remporté des grandsprix au Concours international de Middlesborough (Angleterre), au Con-cours folklorique international de Dijon (France) et au Concours interna-tional de chant choral à Debrecen (Hongrie).

Les fêtes culturelles locales

Un nombre de plus en plus grand de villes organisent des fêtes culturellesétroitement liées à leur histoire et à la vie d'écrivains et d'hommes politiquesillustres. Les Journées musicales de Rousse, les Fêtes musicales du lilas deLovetch, les Étés de Varna et de Bourgas, les Fêtes théâtrales de Vidin, oùdes pièces historiques sont représentées dans le décor naturel de l'anciennecitadelle, ne sont que quelques-unes des nombreuses manifestations quiattestent la richesse de la vie culturelle. Leur organisation suscite l'intérêtdes grandes masses populaires et encourage les travailleurs à participeractivement à la promotion du progrès culturel. Parfois, elles commémorentcertaines dates ou certains épisodes de l'histoire du peuple bulgare. Cesmanifestations contribuent à faire connaître les grandes œuvres d'artet à renforcer certaines traditions artistiques populaires. Les fêtes cultu-relles comportent des spectacles dramatiques, des concerts, des expo-sitions d'art, des concours, des carnavals et des divertissements de tousgenres.

Leur grande variété satisfait les intérêts culturels des masses travail-leuses et en fait naître de nouveaux. En matière de musique ou de théâtre,il n'existe plus ce qu'on appelait naguère « la province », car l'État s'em-ploie constamment à créer des conditions assurant une vie culturelle intensedans tout le pays. L'organisation des fêtes de la culture est inséparable dudéveloppement de l'art et de celui des activités d'amateurs. Leurs pro-

51

Page 55: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Les activités des institutions culturelles

grammes prévoient de temps en temps l'exécution d'œuvres musicales iné-dites et il arrive que des pièces de théâtre soient représentées pour la pre-mière fois à ces occasions.

La petite ville de Provadia vient d'organiser une fête culturelle liée àson histoire : les Journées de l'ancien Ovetch, dont le programme comportedes études sur le passé de la région, des concerts, des émissions spéciales àla Radio-Télévision, etc. Les festivités durent deux mois et se terminent parune cérémonie dans l'ancienne citadelle, où une galerie d'art est ouverte.

Les fêtes culturelles de printemps de Kustendil comprennent une sériede manifestations culturelles très variées. Pendant dix jours, sur la placecentrale de la ville, la fête bat son plein. Des artistes amateurs donnent desrécitals littéraires et musicaux, un carnaval est organisé, la Philharmonie deSofia donne un concert, etc. En 1968, plusieurs expositions ont eu lieu aucours des journées du Printemps de Kustendil : expositions d'œuvres depeintres natifs de cette ville, exposition ethnographique, exposition sur« Kustendil et la presse bulgare »; une soirée a été consacrée à la littéra-ture, et une rencontre a permis aux habitants de la région d'échanger despoints de vue avec des représentants des milieux culturels.

C'est encore au printemps que se déroule, à Yambol, le Festival de cho-rale de musique de chambre Diane d'or.

Dans la série des fêtes culturelles locales, il faut signaler encore les Jour-nées théâtrales de Vassil Droumev à Choumen, le Festival de l'humour et dela satire à Gabrovo, les Journées des lauréats à Pleven, les Journées deYavorov à Pomorie, dédiées au poète P. K. Yavorov, les Journées folklo-riques de Dobroudja à Tolboukhine, etc. Pendant les journées folkloriquesde Dobroudja, plus de 30 concerts sont donnés dans les villes et les villagesde la région. A tout cela s'ajoute le concours de poésie « La mer et leshommes », organisé à Nessebar, ville du littoral de la mer Noire célèbre pourses vestiges d'art et d'architecture. A Kazanlik, un Mois de la peinturecomprend une série de manifestations culturelles : conférences sur les pro-.blêmes de la peinture, rencontre de jeunes artistes avec les maîtres de lapeinture contemporaine bulgare, expositions, etc..

Les autorités départementales organisent souvent des fêtes culturellesdans les villages pendant certains mois d'hiver en faisant venir des ensemblesartistiques, des compagnies théâtrales, des écrivains, etc. Le départementde Blagoevgrad s'est signalé récemment par la variété des manifestationsqu'il a organisées : l'orchestre de la ville a donné 120 concerts dans lesvillages, le théâtre communal 66 représentations et la chorale Pirine 53 con-certs; des écrivains ont fait 14 lectures littéraires publiques.

Toutes ces formes d'activités servent de trait d'union entre le peuple etl'art, tout en contribuant à élever le niveau de culture esthétique descitoyens, à enrichir et à rendre plus active leur vie spirituelle.

52

Page 56: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Conclusion

La culture de la République populaire de Bulgarie est nationale par saforme et socialiste par son contenu. Ses créateurs s'inspirent des grandsidéaux du communisme. Ils sont au service du peuple dans sa lutte inces-sante pour le progrès social, la prospérité et le bonheur. Les arts et la culturebulgares ont pour but d'élever le niveau esthétique du peuple et d'éduquerles masses populaires dans un esprit de paix, d'amitié et de coopération avecles autres peuples, de respect de leurs valeurs artistiques et culturelles.

Un des traits caractéristiques de la culture bulgare est qu'elle se déve-loppe en relation et en interaction étroites avec la culture des peuples del'Union soviétique et des autres pays socialistes.

L'article 46 de la constitution de la République populaire de Bulgarie,récemment adoptée, stipule ce qui suit :

« 1. La création dans le domaine de la science et de la culture est auservice du peuple et se développe dans un esprit communiste.

» 2. L'État veille avec une sollicitude particulière au développement dela science, des arts et de la culture en instituant des établissements d'étudessupérieures, des instituts de recherche scientifique, des maisons d'édition,des bibliothèques, des musées, et par la voie de la radio et de la télévision. »

Le 10e congrès du Parti communiste bulgare, tenu au mois d'avril 1971 àSofia, a énoncé de nombreux objectifs à atteindre en vue du développementdes arts et de la culture. En voici quelques-uns : a) élaborer, au cours desprochaines années, un programme intégral d'éducation esthétique du peuple,de modernisation et d'extension des bases matérielles de la culture;b) accroître encore davantage le rôle des unions de créateurs, lesquellesdevront intensifier leur action en faveur de la formation des jeunes créateurset du développement de leurs initiatives ; c) le Comité des arts et de la culturedevra améliorer ses méthodes de travail afin de devenir un véritable centrede discussion et de solution des problèmes généraux qui se posent sur lefront de la culture tout entier.

Actuellement, tout donne à penser que l'évolution culturelle se pour-

53

Page 57: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Conclusion

suivra en Bulgarie sur le même rythme dans les années à venir, parallèle-ment au progrès social et économique. La démocratisation s'accentuera etles formes et moyens de diffusion de la culture iront en se multipliant.

La semaine de travail de cinq jours amènera une augmentation dunombre des spectateurs dans les théâtres, les salles de concerts et les ciné-mas, des lecteurs dans les bibliothèques et des groupes d'artistes amateurs.Les loisirs accrus permettront aux travailleurs de diversifier leurs activitésdans les sociétés et les clubs d'amateurs de cinéma, de photographie, deradio ou de musique.

L'activité artistique continuera à traduire les besoins et les tendancesde l'évolution historique tout en exprimant les aspirations et les idéaux del'homme nouveau.

En conclusion, si l'on veut définir les perspectives du développement dela culture bulgare, on peut dire qu'elle continuera à s'enrichir en puisant saforce et son inspiration dans trois sources intarissables : la société socialistebulgare, avec ses aspirations, sa grandeur et sa complexité; les traditionsmillénaires du peuple bulgare et, avant tout, celles de la renaissance natio-nale, empreintes d'un esprit révolutionnaire et démocratique; enfin, laculture progressiste de l'humanité.

54

Page 58: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Annexes

Page 59: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

I. Statistiques

TABLEAU 1 Le théâtre : évolution survenue entre 1939 et 1969

1939 1956 1960

TABLEAU 2 Le cinéma : évolution survenue entre 1939 et 1968

1969

ThéâtresA répertoire dramatiqueLyriquesD'opéretteDe marionnettes

Entrées (en milliers)Théâtres à répertoire dramatiqueThéâtres lyriquesThéâtres d'opéretteThéâtres de marionnettes

131012

1 5211192

133196—

2115312

1 8511351

346101

53

4535514

46623546

588292236

4636514

60114765

626325295

4634516

47983620

492228458

1939 1956 1965 1968

CinémasDans les villesDans les villages

ProjectionsDans les villesDans les villages

Entrées (en milliers)Dans les villesDans les villages

Nombre moyen d'entréespar habitant

155123

32

71 328678633465

1310312718

385

2

448169279

32047

4

1076187889

423 407173 547249 860

693744365825716

9

2403352

20511 027 506

379 512647 994

126 36283 43242 930

15

3044366

2678

1 000 651380 070620 581

113 9987854935449

14

1. Les tableaux ci-après figurent dans Y Annuaire de statistiques de la République populairede Bulgarie, Sofia.

57

Page 60: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

TABLEAU 3

Annexes

Le livre et la presse : évolution survenue entre 1939 et 1968

LivresNombre de titresTirage annuel total(en milliers d'exem-plaires)Tirage annuel parhabitant

RevuesNombre de titresTirage annuel total(eu milliers d'exem-plaires)Tirage annuel parhabitant

JournauxNombre de titresTirage annuel total(en milliers d'exem-plaires)Tirage annuel parhabitant

TABLEAU 4

1939

2169

6484

1,0

393

11208

1,8

513

130 297

20,7

Les musées

1948

2322

19893

2,8

246

10421

1,5

92

345 905

48,5

1956

2900

21 141

2,8

105

9443

1,2

80

498 782

65,8

: évolution survenue

1939 1952

MuséesNationauxMaisons - MuséesSpécialisésCentraux

Objets exposésEffectif du personnel

Personnel spécialisé

TABLEAU 5

Foyers de lectureDans les villesDans les villages

Membres (en milliers)Dans les villesDans les villages

80———

905813136

1956

923330236

=

I960

3369

30 244

3,8

151

20923

2,7

83

602 813

76,6

entre 1939

1965

1333943429

2 207 615873376

1965

3634

39282

4,8

449

25384

3,7

590

602 178

73,4

et 1968

1968

3579

39037

4,7

737

37179

4,4

715

731 347

87,4

1968

1453142639

2 463 0991 073

468

Les foyers de lecture :évolution survenue entre 1939 et 1968

1939

2610157

245316042

118

1948

3978225

3753460100360

1956

4534270

4 264794220574

I960

4502278

4224779255524

1966

4517377

4140995337658

1968

4518379

41391092

370722

58

Page 61: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

TABLEAU 6

Annexes

Les bibliothèques :évolution survenue entre 1952 et 1968

BibliothèquesDans les villesDans les villages

Fonds de livres (en milliers)Dans les villesDans les villages

Livres (par dizaine de milliersd'habitants)

1952

4434

8138

11186

1956

5759

14215

18764

1965

1081339946819

360352332012715

43945

1968

1110942306879

4255927 56014999

50849

TABLEAU 7 Les ensembles d'artistes amateurs :évolution survenue de 1960 à 1968

1960Reprë- Entrées

Ensem- Exécn- senta- (enblés tants tions milliers)

1968

Repré- EntréesEnsem- Exécu- senta- (en

blés tants lions milliers)

Ensembles musicaux etensembles de chaut etde danse

ChoralesOrchestresTroupes d'opéraTroupes d'opéretteCompagnies théâtralesEnsembles de musique

légèreTroupes de marionnettesCorps de ballet

TOTAL

433 31 249 2 821 1 2634 924 235 336 25 401 6 070782 13 707 3 126 9653 359 146 6145 3 024 486 221

3 456 60 822 15 499 3 925

325 20696 2917 15556 026 277 733 32 552 8 3751457 26783 5566 1910

2 270 64 2330 2164 283 106

2 762 43 398 10 542 2 539864 13169 5 606 1 754149 2160 1044 202

2116 35016 6 713 1 990 ___ ____ ___ ___12772 394 842 60842 Ï6 451 13012 419 068 63053 18139

675 9685 3893 1206120 1 887 1 671 323

1615 36452 5565 2102

TABLEAU 8 Écoles et cercles : évolution survenue entre 1961 et 1968

1961 1966 1968

Nombre Participants

Écoles et cours de musiqueDans les entrepriseset les établissementspublicsDans les établissementsscolairesDans les foyers delecture

597

91

113

393

29624

5762

2860

21002

Nombre Participants

643

111

104

428

29119

8006

2403

18710

Nombre Participants

776

117

112

547

30350

7438

2597

20315

59

Page 62: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Annexes

Écoles et cercles

Écoles et cours de danseDans les entrepriseset les établissementspublicsDans les* établissementsscolairesDans les foyers delecture

Cercles d'art plastiqueDans les entrepriseset les établissementspublicsDans les étabh'ssementsscolairesDans les foyers delecture

Cercles d'arts appliquésDans les entrepriseset les établissementspublicsDans les établissementsscolairesDans les foyers delecture

Cercles littérairesDans les entrepriseset les établissementspublicsDans les établissementsscolairesDans les foyers delecture

Cercles de déclamationDans les entrepriseset les établissementspublicsDans les établissementsscolairesDans les foyers delecture

Cercles de photographieDans les entrepriseset les étabh'ssementspubliesDans lés établissementsscolairesDans les foyers delecture

Nombre

52

9

17

26

191

10

154

27

48

47

1

703

14

582

107—

——

1961

Participants

2879

727

1010

1142

3764

304

2999

461

962

937

25

13442

232

11367

1843—

——

Nombre

77

19

19

39190

36

122

32

48

4

39

5

823

47

682

94—

——

1966

Participants

2979

987

654

1 338

3792

873

2435

484

993

114

803

76

14925

772

12621

1532—

;

——

——

——

——

——

——

——

Nombre

69

18

21

30

229

44

152

3354

7

43

4

633

23

528

82

535

47

393

95368

33

180

155

1968

Participants

3194

1 044

881

12694410

933

2971

506

954

127

779

48

11 508

444

9811

12539380

699

7221

1460

5744

624

2986

2134

60

Page 63: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Annexes

Écoles et cercles1961 1966 1968

Nombre Participants Nombre Participants Nombre Participants

Cercles de cinéma — —Dans les entrepriseset les établissementspublics — —Dans les établissementsscolaires — —Dans les foyers delecture — —

— — 125

— — 26

— — 69

— — 30

2099

411

1241

447

TABLEAU 9 La radio et la télévision : évolution survenue entre 1939 et 1969

1939 1948 1936 1960 1965 1969

Postes émetteursAgglomérations dotées

d'un réseau de radio-diffusiony compris les villages

Stations émettriceslocales

Abonnés à la radioRadio récepteursRécepteurs pour les

émissions localesNombre d'abonnements

à la radio par millierd'habitants

Nombre d'abonnés à latélévision

Nombre d'abonnementsà la télévision parmillier d'habitants

4125

15581448

19051794

14

22042070

23

24692335

— 41 1176 1 347 1 572 179362667 210366 753901 1430653 2055119 227060062677 201866 399176 868950 1399610 1553600

— 8500 354725 561703 655509 717000

10 30 100 182 250 269

— — — 2573 185246 830000

0 23 98

61

Page 64: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

IL Organigrammes

Congrès de la culture Bulgare

Session .plénièredu Comité pour l'art et la culture

I

Bureau exécutifdu Comité pour l'art et la culture

IPrésidence

du Comité pour Part et la culture(président, -vice-présidents

et secrétaire général)

1 1 1 1Entreprisesd'État

•Directionsgénérales

Institutsde recherchesseientifiijues

Départements

Structure du Comité pour l'art et la culture

62

Page 65: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Annexes

Conseil 3e l'entreprise

Bureau exécutif

1Conseilde l'édition

|Directeurde l'édition.

Rédactionsgénérales

Direeteui

1Conseilde la productionpolygraphique

1Directeurde la production,polygraplique

1Départements

r général Centre de lectcrcliesscientifiques

Départements

1Conseilde la diffusiondu livre

1Directeurde la diffusiondu livrerDépartements

1Conseildes questionséconomiques

Directeurdes (jaestionséconomiques

1Départements

Structure de l'entreprise d'État Balgarska kniga (Livre bulgare)

Conférence départementaledes animateurs de la culture

et de l'art

Session plénïèredes conseils départementaux

pour l'art et la culture

Bureaudes conseils départementaux

pour l'art et la culture•(président, vice-président

et membres)

1 ,, 1 , , 1Cabinetméthodiquedes activitésd'artistesamateurs

CaKnetdu travailculturel auprèsdes massespopulaires

Sectiondu travailen faveurdu livre

Sectionde la diffusionde la culturepar la radio

Sectiondes musées etdes monumentsde la culture

Structure des conseils départementaux pour l'art et la culture

63

Page 66: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

Annexes

Congrès des peintres Bulgares

Conseil directeur

Bureau(président, vice-présidents

secrétaire, memSres)

Sections

1Peinture

1Critiijue

1Sculpture

I -Affiches etarts graplùquesappliques

1Arts graphiques

Atelierdes jeunespeintres

1Arts appliqués

1Fonds d'aideaux créateurs

Groupementsdépartementaux

de peintres

Structure de l'Union des peintres bulgares

64

Page 67: La Politique culturelle en Bulgarie; Politiques culturelles: études et

U.S.$2;60p(stg,);8F ;