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La pratique de la gestion durable des terres Directives et bonnes pratiques pour l’Afrique subsaharienne APPLICATIONS SUR LE TERRAIN 2011 Préparé par WOCAT Coordination FAO de l’ONU Publié en partenariat avec TerrAfrica

La pratique de la gestion durable des terres

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Il est urgent de trouver un nouveau système de gestion et de gouver nance des terres qui soit en mesure de répondre de manière systématique et intégrée à ce défi crucial de développement. La gestion durable des terres (GDT) est une approche d’ensemble qui possède un potentiel de transformation durable à court et à long terme. Mais qu’entend-on exactement par gestion durable des terres ? Quels en sont les principes et avant tout, quelles sont le s pratiques que les gens peuvent utiliser ? En quoi est-elle vraiment différente et comment peut-elle apporter des solutions concrètes en Afrique ? Voici les questions clés abordées par cet ouvrage – les réponses sont ensuite four nies dans les études de cas et les analyses.

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  • La pratique de la gestion durable des terresDirectives et bonnes pratiques pour lAfrique subsaharienneA P P L I C A T I O N S S U R L E T E R R A I N

    2011

    Prpar par WOCATCoordination FAO de lONUPubli en partenariat avec TerrAfrica

  • L A P R A T I q U E d E L A g E S T I O N d U R A b L E b A C K g R O U N d

    Les appellations employes dans ce produit dinformation et la prsentation

    des donnes qui y figurent nimpliquent de la part de lOrganisation des

    Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) aucune prise de

    position quant au statut juridique ou au stade de dveloppement des pays,

    territoires, villes ou zones ou de leurs autorits, ni quant au trac de leurs

    frontires ou limites. La mention de socits dtermines ou de produits de

    fabricants, quils soient ou non brevets, nentrane, de la part de la FAO,

    aucune approbation ou recommandation desdits produits de prfrence

    dautres de nature analogue qui ne sont pas cits.

    ISbN 978-92-5-000000-0

    Tous droits rservs. La FAO encourage la reproduction et la diffusion des

    informations figurant dans ce produit dinformation. Les utilisations des fins

    non commerciales seront autorises titre gracieux sur demande.

    La reproduction pour la revente ou dautres fins commerciales, y compris pour

    fins didactiques, pourrait engendrer des frais. Les demandes dautorisation de

    reproduction ou de diffusion de matriel dont les droits dauteur sont dtenus

    par la FAO et toute autre requte concernant les droits et les licences sont

    adresser par courriel ladresse [email protected] ou au Chef de la

    Sous-division des politiques et de lappui en matire de publications,

    Bureau de lchange des connaissances, de la recherche et de la vulgarisation,

    FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italie.

    FAO 2011

  • La pratique de la gestion durable des terresDirectives et bonnes pratiques pour lAfrique subsaharienne

    Auteurs : Hanspeter Liniger, Rima Mekdaschi Studer, Christine Hauert, Mats Gurtner

    Sous coordination de FAO

    Rdacteur technique : William Critchley

    Traduction franaise : Brigitte Zimmermann, Barbara de Choudens

    Graphiques et cartes : Ulla Gmperli, Simone Kummer, Chris Hergarten

    Mise en page : Simone Kummer

    Rfrences : Liniger, H.P., R. Mekdaschi Studer, C. Hauert and M. Gurtner. 2011. La pratique de la gestion

    durable des terres. Directives et bonnes pratiques en Afrique subsaharienne. TerrAfrica, Panorama

    mondial des approches et technologies de conservation (WOCAT) et Organisation des Nations

    Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO)

    Photo de couverture : Gestion durable des terres pratique sur des exploitations petite chelle Machakos, au Kenya:

    protection des terres en pente au moyen de terrasses creuses la main en association avec de

    lagroforesterie (Hanspeter Liniger)

  • 4 La pratique de la gestion durable des terres

  • 5Table des matiresAvant-propos 7

    Remerciements 9

    Liste des acronymes 10

    Rsum 11

    1re partie : Principes directeursIntroduction 18 Poser le cadre 18 Objectifs et public vis 19 Structures et sources 19 Focus sur lAfrique subsaharienne 20 Focus sur la gestion durable des terres 20

    Principes des bonnes pratiques de GDT 23 Amlioration de la productivit des sols 23 Efficience de lutilisation de leau 25 Fertilit des sols 30 Les vgtaux et leur gestion 32 Microclimat 34 Amlioration des moyens dexistence 35 Cots et bnfices 35 Les intrants : un dfi pour les utilisateurs des terres 36 Amlioration des cosystmes : agir en respectant lenvironnement 37 Prvention, attnuation et rhabilitation des terres dgrades 37 Amlioration de la biodiversit 39 Changement climatique : un dfi ou de nouvelles opportunits ? 40 Solutions trois fois gagnantes 44

    Adoption et soutien dcisionnel pour une transposition 47

    grande chelle des bonnes pratiques Adoption monte en puissance et diffusion 47 Cadre politique et institutionnel 48 Participation et planification de lamnagement du territoire 50 Promotion et vulgarisation 51 Suivi, valuation et recherche 53 Soutien dcisionnel transposition grande chelle de la GDT 54 gestion des connaissances construire les fondations 55 Slection et mise au point des pratiques de gdT 55 Slection des zones prioritaires dintervention 56 Conclusions pour ladoption et le soutien dcisionnel 56

    Perspectives davenir 59

  • 6 La pratique de la gestion durable des terres

    2me partie : Bonnes pratiques de GDT adaptes lAfrique subsaharienne

    Aperu des pratiques de GDT 64

    Groupes de technologies de GDT et tudes de cas 67 Gestion intgre de la fertilit des sols 68 Agriculture de conservation 82 Collecte des eaux de pluie 94 Gestion de lirrigation petite chelle 106 barrires en travers de la pente 120 Agroforesterie 132 Gestion intgre de lagriculture et de llevage 148 Pastoralisme et gestion des parcours 162 Gestion durable des forts plantes 176 gestion durable des forts en zones arides 188 Gestion durable des forts tropicales humides 198 Tendances et nouvelles opportunits 208

    Approches de GDT et tudes de cas 221

    Approches de GDT 222

    Annex: Comparaison des bonnes pratiques de GDT 241

  • 7Avant-propos

    La terre est la vraie richesse de lAfrique subsaharienne (ASS). Ce continent est caractris par une trs grande diversit

    dcosystmes naturels, qui hbergent des ressources telles que les sols, la vgtation, leau et la diversit gntique.

    Ces lments constituent la principale richesse naturelle de la rgion. Ils doivent tre prenniss afin que les populations

    africaines qui en tirent leur nourriture, leau, le bois, les fibres, les produits industriels et les fonctions et services des

    cosystmes puissent continuer y vivre. Dans le mme temps, la terre fournit directement les moyens dexistence

    60 pour cent des personnes, au travers de lagriculture, de la pche en eau douce, de la foresterie et dautres ressources

    naturelles (FAO 2004).

    Mais la surexploitation menace srieusement les ressources en terre et en eau dans quelques rgions, bien que la

    disponibilit de ces ressources y soit lune des plus leve sur terre. Cest la consquence directe des besoins croissants

    dune population en pleine expansion, conjugue des pratiques inappropries de gestion des terres. Ainsi, dune part

    la population de lAfrique crot de plus de deux pour cent par an (FAO 2008), ce qui ncessitera un doublement de la

    production alimentaire dici 2030, dautre part, la productivit des ressources naturelles sont gnralement en dclin.

    De plus, le nombre de catastrophes naturelles a augment et les effets du changement climatique commencent se

    faire sentir.

    Il est urgent de trouver un nouveau systme de gestion et de gouvernance des terres qui soit en mesure de rpondre de

    manire systmatique et intgre ce dfi crucial de dveloppement. La gestion durable des terres (GDT) est une

    approche densemble qui possde un potentiel de transformation durable court et long terme. Mais quentend-on

    exactement par gestion durable des terres ? Quels en sont les principes et avant tout, quelles sont les pratiques que les

    gens peuvent utiliser ? En quoi est-elle vraiment diffrente et comment peut-elle apporter des solutions concrtes en

    Afrique ? Voici les questions cls abordes par cet ouvrage les rponses sont ensuite fournies dans les tudes de cas

    et les analyses.

    Ces directives ont t dveloppes partir de la vaste exprience de la FAO et de WOCAT. Le livre puise en particulier

    dans les rseaux de WOCAT et dans sa base de donnes de connaissances de GDT ainsi que dans son premier livre

    intitul L o lherbe est plus verte . Ces directives ont t labores dans le cadre du partenariat TerrAfrica dont

    lobjectif principal est de promouvoir la GDT et de la transposer grande chelle en ASS, grce leffet de levier et

    lharmonisation dinvestissements multisectoriels au niveau local, national, intra rgional et rgional.

    Lobjectif de ce livre est de stimuler fortement ladoption de la gdT sur le continent africain. Il est fond sur des

    connaissances scientifiques, techniques, pratiques et oprationnelles. Il a t crit pour fournir une assistance solide

    aux pays, aux institutions et programmes rgionaux, aux partenaires de dveloppement et aux organisations dexploitants

    agricoles qui sont dsireux de modifier les investissements actuels et de les rorienter dans une direction plus durable.

    Ce livre prsente de manire conviviale 13 grands groupes de technologies de GDT, illustrs par 47 tudes de cas

    de toute la rgion. Nous insistons sur le fait que, bien que compltes, ces pratiques ne sont pas des approches

    descendantes ou directives ; dans la plupart des cas, elles peuvent tre amliores ou remodeles selon les situations.

    Les utilisateurs sont donc encourags les adapter et les modifier selon les conditions, en y intgrant lingniosit et

    les savoirs locaux.

    A V A N T - P R O P O S

  • 8 La pratique de la gestion durable des terres

    En outre, le livre traite des questions environnementales les plus urgentes pour lASS : il nest pas uniquement question

    de lutte contre la dgradation des sols, mais aussi de prserver les fonctions des cosystmes, dassurer la scurit

    alimentaire, de protger les ressources en eau sur les terres et daborder les questions dattnuation du changement

    climatique et dadaptation celui-ci. diffrentes situations typiques de lASS sont traites et le potentiel damlioration

    des conditions dexistence apport par ces contributions majeures est mis en lumire.

    Il est espr que les initiatives importantes en cours telles que les programmes de pays et les oprations dinvestissement

    soutenues par TerrAfrica, les plans daction nationaux et les stratgies sectorielles dinvestissement, la planification pour

    le Programme intgr pour le dveloppement de lagriculture en Afrique (CAADP) ainsi que les initiatives concernant la

    fort, les ressources en eau et le changement climatique rendront ces pratiques oprationnelles et permettront de les

    transposer grande chelle grce des multi-partenariats. Il est espr que toutes les parties prenantes pourront tirer

    profit des prcieuses informations contenues dans ce guide et quelles participeront au partenariat de TerrAfrica qui vise

    tendre et documenter les connaissances actuelles.

    Jacques Diouf

    Directeur gnral de la FAO

  • 9Remerciements

    Ce livre est louvrage de rfrence des connaissances de la plateforme TerrAfrica, prpar linitiative de lOrganisa-tion des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) et financ par le Fonds effet de levier de TerrAfrica qui regroupe nombre de donateurs, la Banque mondiale (BM), la FAO, la Direction du dveloppement et de la coopration suisse (DDC) et le Panorama mondial des approches et technologies de conservation (WOCAT). Ces directives ont t prpares par Hanspeter Liniger, Rima Mekdaschi Studer, Christine Hauert et Mats Gurtner ; elles ont t inities et coordonnes par Dominique Lantieri de la FAO, dites dans la version originale en anglais par William Critchley, CIS, VU-Universit dAmsterdam, avec le soutien, les contributions techniques et la relecture de Steve Danyo de la Banque mondiale et de Sally Bunning de la FAO. Les directives sont bases sur un processus itratif qui puise dans lexprience collective des personnes et des institutions, la fois en Afrique et lextrieur. Elles ont t rdiges avec le conseil, la coopration et lassistance des nombreux contributeurs qui dfendent la GDT comme le moyen dassurer les conditions dexistence en respectant lenvironnement et de manire rsiliente au climat.

    Les groupes de GDT, sous leur forme actuelle, nauraient pas pu tre rdigs sans la rvision et les apports techniques des personnes ressources suivantes : Gestion intgre de la fertilit des sols : Jacqueline Gicheru, FAO; Stephen Twomlow, UNEP; Wairimu Mburathi, FAO; Agriculture de conservation : Amir Kassam, FAO; Josef Kienzle, FAO; Maimbo Malesu, ICRAF; Ric Coe, ICRAF; Theodor Friedrich, FAO; Collecte des eaux de pluie : Bancy Makanya Mati, ICRAF; Christoph Studer, Swiss College of Agriculture; Maimbo Malesu, ICRAF; Sally Bunning, FAO; Gestion de lirrigation petite chelle : Bernard Keraita, IWMI; Chris Morger, Intercooperation; Pay Drechsel, IWMI; Sourakata Bangoura, FAO; Wairimu Mburathi, FAO; Barrires en travers de la pente : Hans Hurni, CDE; Jan De Graaff, WUR; Kithinji Mutunga, FAO; Agroforesterie : Aichi Kityali, ICRAF; Chin Ong; Hubert de Foresta, Institute for Research and Development (IRD); Ric Coe, ICRAF; Gestion intgre dagriculture et dlevage : Jonathan Davies, IUCN; Pastoralisme et la gestion des parcours : Eva Schlecht, University of Kassel; Jonathan Da-vies, IUCN; Pierre Hiernaux, CESBIO; Gestion durable des forts plantes : Walter Kollert, FAO; Gestion durable des forts en zones arides : Anne Branthomme, FAO; Nora Berrahmouni, FAO; Gestion durable des forts tropicales humides : Alain Billand, CIRAD; Carlos de Wasseige, projet FORAF, CIRAD; Nicolas Bayol, Fort Ressources Management (FRM); Richard Ebaa Atyi, projet FORAF; Robert Nasi, CIFOR; Tendances et nouvelles opportunits : William Critchley, CIS, VU-University Amsterdam; Les approches de GDT : William Critchley, CIS, VU-University Amsterdam; Ernst Gabathuler, CDE

    Les auteurs de cette publication sont profondment reconnaissants envers les personnes suivantes, qui sont les auteurs

    des tudes de cas ou qui ont contribu la mise jour des tudes de cas dj existantes dans les bases de donnes de WOCAT : Jens Aune, Norwegian University of Life Science, Norway; Sourakata Bangoura, FAO Central frica; Jules Bayala, CORAF; Sally Bunning, FAO; Carolina Cenerini, FAO; William Critchley, CIS, VU-University Amsterdam; Daniel Danano, MoARD, Ethiopia; Etienne Jean Pascal De Pury, CEAS Neuchtel, Switzerland; Toon Defoer, Agriculture R&D consultant, France; Friew Desta, Bureau of Agriculture, SNNPR, Ethiopia; Lopa Dosteus, CARE International, Tanzania; Deborah Duves-kog, Regional FFS Advisor, FAO Kenya; Mawussi Gbenonchi, Universit de Lom, Togo; Paolo Groppo, FAO; Abraham Mehari Haile, UNESCO-IHE Institute for Water Education, The Netherlands; Andreas Hemp, University of Bayreuth, Germany; Claudia Hemp, University of Wrzburg, Germany; Verina Ingram, CIFOR-Cameroon; Ceris Jones, Agronomica, UK; Franziska Kaguembga, NGO newTree, Burkina Faso; Zeyaur R. Khan, ICIPE, Kenya; Frederick Kihara, Nanyuki, Kenya; Christian Kull, Monash University, Australia; Lehman Lindeque, Department of Agriculture, Forestry and Fisheries, South Africa; Maimbo Malesu, ICRAF; Joseph Mburu, MoA, Kenya; John Munene Mwaniki, Kenya; Kithinji Mutunga, FAO Kenya; James Njuki, MoA , Kenya; Adamou Oudou Noufou, Niger; Ahmed Oumarou, Ministry of Environment, Niger; Dov Pasternak, ICRISAT, Niger; Jimmy Pittchar, ICIPE, Kenya; Tony Rinaudo, World Vision, Australia; Eva Schlecht, University of Kassel, Germany; Abdoulaye Sambo Soumaila, GREAD, Niger; Dthi Soumar Ndiaye, Centre de Suivi Ecologique, Senegal; Adjimon Souroudjaye, Volta Environmental Conservation Organization; Jacques Tavares, INIDA, Cape Verde; Donald Thomas, MoA, Kenya; Fabienne Thomas, Switzerland; Stephen Twomlow, UNEP; Larissa Varela, INIDA, Cape Verde; Flurina Wartmann, Biovision Foundation for ecological development, Switzerland; Marco Wopereis, Africa Rice Center, Benin; Lazare Yombi, Helvetas, Burkina Faso; Julie Zhringer, ETH Zrich, Switzerland; Iyob Zeremariam, MoA, Eritrea; Urs Scheidegger, Swiss College of Agriculture, SHL; Martin Dyer, Kisima Farm, Kenya; Bereket Tsehaye, Toker Integrated Communitiy Development, Eritrea

    R E M E R C I E M E N T S

  • 10 La pratique de la gestion durable des terres

    ASS : Afrique subsaharienneARP : Approche rurale participativebAd : banque Africaine du dveloppementBM : Banque mondialeCABI : Commonwealth Agricultural Bureaux InternationalCC : Changement climatiqueCdE : Centre pour le dveloppement et lenvironnementCEAS : Centre cologique Albert SchweizerCES : Conservation de leau et des solsCESBIO : Centre dEtudes Spatiales de la BIOsphreCGIAR : Groupe consultatif pour la recherche agricole internationaleCIFOR : Centre de la recherche forestire internationalCIRAD : La recherche agronomique pour le dveloppement; CIS : Centre for International Cooperation (VU University Amsterdam)CNES : Centre national dtudes spatiales CTA : Centre technique de coopration agricole et ruraleFAO : Organisation des Nations unies pour lalimentation et lagricultureFFS : Ecoles dagricultures de terrain - Farmer Field School OFAC : Observatoire des forts dAfrique centralegES : gaz effet de serregdT : gestion durable des terresGIEC : Groupe dexperts international sur levolution du climatGREAD: Groupe de recherche dtude et daction pour le dveloppement, NigerIAASTD : Evaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies pour le dveloppementICIPE: International Centre for Insect Physiology and Ecology - African Insect Science for Food and HealthICRAF : Centre international pour la recherche en agroforesterieICRISAT: Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-aridesIFPRI : Institut international de recherche sur les politiques alimentairesILEIA : Centre for Learning on Sustainable AgricultureISRIC : World Soil InformationIWMI : Institut international de gestion de leauLADA : Projet dvaluation de la dgradation des terres dans les zones arides FAOMoA(RD): Ministry of Agriculture (and Rural Development)S&E : Suivi et valuationn.a./ na : non applicableONG : Organisation non gouvernementale ONU : Organisation des Nations uniesOCDE : Organisation de coopration et de dveloppement conomiquePNUD : Programme des Nations Unies pour le dveloppementPNUE : Programme des Nations Unies pour lenvironnementPSE : Paiement de services environnementaux SNV : Agence de dveloppement des Pays-BasSOC : Carbone organique du sol SOM : Matire organique du sol UA-NEPAd : Union africaine Nouveau partenariat pour le dveloppement de lAfriqueUICN : Union internationale pour la conservation de la nature UNECA : Commission conomique des Nations Unies pour lAfriqueUNESCO : Organisation des Nations Unies pour lducation, la science et la cultureWOCAT : Panorama mondial des approches et technologies de conservationWUR : Wageningen University & Research centre

    L I S T E D E S A B R V I A T I O N S E T A C R O N Y M E S

  • 11

    R S U M

    Rsum

    1RE PARTIE : PRINCIPES dIRECTEURS

    Introduction

    Objectifs et structure

    La rdaction de directives pour des technologies et

    approches de gestion durable des terres en Afrique sub-

    saharienne (ASS) fait partie du programme TerrAfrica de

    2009-2010. Lobjectif de ces recommandations et tudes

    de cas est de contribuer crer un cadre pour les inves-

    tissements lis aux pratiques de gestion durable des terres

    (GDT). Le but est, en particulier, didentifier, danalyser, de

    discuter et de diffuser des pratiques de gdT prometteuses

    incluant la fois les technologies et les approches la

    lumire des dernires tendances et nouvelles opportuni-

    ts. Ltude cible surtout les pratiques qui produisent des

    rsultats et un retour sur investissement rapides et / ou les

    autres facteurs qui incitent ladoption de ces pratiques.

    Ce document sadresse aux parties-prenantes cls des

    programmes et projets de GDT aux stades de llaboration

    et de la mise en uvre : il sagit surtout des praticiens,

    des gestionnaires, des dcideurs, des planificateurs, en

    collaboration avec les institutions financires et tech-

    niques et les donateurs. Les directives sont divises en

    deux parties principales. La 1re partie met en lumire les

    grands principes de la GDT ainsi que les lments impor-

    tants prendre en compte qui permettront de qualifier

    les technologies et approches de bonnes pratiques

    pour une transposition grande chelle. La 2me partie

    prsente douze groupes de technologies de GDT ainsi

    quun module sur les approches de GDT. Celles-ci sont

    illustres par des tudes de cas spcifiques. Les princi-

    pales personnes ressources et experts en GDT en ASS ont

    t sollicites afin de finaliser les groupes de GDT et de

    dcrire les tudes de cas spcifiques. Ce produit sefforce

    dtre la pointe de la recherche.

    Focus sur la gestion durable des terres en Afrique subsaharienne

    LAfrique subsaharienne est particulirement vulnrable

    aux menaces de dgradation des ressources naturelles

    et la pauvret. Les causes principales en sont le taux

    de croissance lev de la population et une pression de

    population croissante, une dpendance une agriculture

    vulnrable aux changements environnementaux, des res-

    sources naturelles et des cosystmes fragiles, des taux

    levs drosion et de dgradation des sols ainsi que des

    rendements faibles et des pertes aprs rcolte. En prime,

    se rajoute une sensibilit aux variations climatiques et au

    changement climatique long terme.

    En ASS, les efforts concerts pour grer la dgradation

    des sols grce la GDT doivent cibler la raret de leau, la

    fertilit des sols, la matire organique et la biodiversit. La

    GDT cherche augmenter la production agricole par des

    systmes la fois traditionnels et innovants et amliorer

    la rsilience aux diverses menaces environnementales.

    Les principes des bonnes pratiques de GDT

    Amlioration de la productivit des terres

    Afin daugmenter la capacit productive des terres, leffi-

    cience dutilisation de leau et la productivit doivent tre

    amliores. Cet objectif peut tre atteint en rduisant les

    pertes leves deau par ruissellement et vaporation sur

    des sols non protgs, en collectant leau, en amliorant

    linfiltration et en augmentant les capacits de stockage

    ainsi quen optimisant lirrigation et en grant les sur-

    plus deau. La priorit doit tre donne lamlioration de

    lefficience de lutilisation de leau dans lagriculture non irri-

    gue ; il sagit l du plus gros potentiel daugmentation des

    rendements, associ de nombreux bnfices. Pour lagri-

    culture irrigue, lacheminement et la distribution de leau

    constituent les principales cls dconomie deau. Toutes

    les bonnes pratiques prsentes dans la 2me partie de

    ces directives ont amlior lefficience de la gestion et de

    lutilisation de leau ; certaines dentre elles ciblent plus

    particulirement la gestion de cette ressource trs limite,

    par exemple la collecte des eaux dans les rgions arides,

    la protection contre les pertes par vaporation ou ruisselle-

    ment, lagriculture durable, lagroforesterie ou lamlioration

    de la gestion des pturages.

  • 12 La pratique de la gestion durable des terres

    La diminution de la fertilit des sols due aux pertes

    improductives de nutriments (par infiltration, rosion ou

    dans latmosphre) et par extraction des nutriments est

    un problme majeur dans les pays de lASS. diffrentes

    pratiques culturales permettent de remdier lactuel

    dsquilibre entre exportations et apports de nutriments

    aux sols. Celles-ci incluent : lamlioration du couvert du

    sol, la rotation des cultures, les jachres et associations

    culturales, les apports de fumure animale, dengrais verts

    et de compost grce des systmes intgrs de culture-

    levage, lapport approprie dengrais minraux ainsi

    que la rtention des sdiments et des lments nutritifs

    des sols par des diguettes, des barrires / piges vg-

    taux ou structurels. Ces techniques font toutes partie

    dune gestion intgre de la fertilit des sols qui permet

    dobtenir une amlioration du taux de matire organique

    et de la structure des sols. Une amlioration de lagro-

    nomie est essentielle pour de bonnes pratiques de gdT.

    Un choix stratgique de varits culturales adaptes la

    scheresse, aux parasites, aux maladies, la salinit et

    dautres contraintes, en mme temps quune gestion

    efficace est galement indispensable.

    Lamlioration des conditions microclimatiques reprsente

    aussi un potentiel daugmentation de la productivit des

    terres. Limplantation de brise-vents et de bandes boises

    qui protgent des tempratures leves et du rayonne-

    ment (en utilisant lagroforesterie et la culture multi-ta-

    ges) et qui conservent des conditions aussi humides que

    possible peut crer un microclimat favorable dans les

    zones sches et chaudes en diminuant limpact du vent.

    Dans ce contexte, le paillage et le couvert vgtal sont

    importants. Dans les rgions humides, limportance sera

    donne la protection des sols contre les pluies intenses.

    Ainsi, afin daugmenter la productivit des terres, il est

    essentiel de suivre et de combiner les principes damlio-

    ration de lefficience de lutilisation de leau, damlioration

    de la fertilit des sols, de gestion de la vgtation et dop-

    timisation des microclimats. Ces synergies peuvent plus

    que doubler la productivit et les rendements de lagricul-

    ture petite chelle. Lintensification et / ou la diversifica-

    tion peuvent encore augmenter cette productivit.

    Amlioration des moyens dexistence

    Malgr les contraintes et les problmes quils rencontrent,

    les utilisateurs des terres adoptent volontiers les pratiques

    de gdT si celles-ci leur permettent dobtenir de meil-

    leurs rendements, moins de risques ou une combinaison

    des deux. Le problme principal de ladoption de la GDT

    rside dans le rapport cot-efficacit, notamment pour les

    bnfices court et long terme. Les exploitants agricoles

    adoptent plus facilement des pratiques qui leur fournissent

    un retour rapide et durable en termes alimentaires ou de

    revenus. La mise en uvre de certaines mesures ncessite

    parfois une assistance pour les exploitants petite chelle

    lorsque les cots dpassent leurs moyens et que des bn-

    fices rapides ne sont pas garantis. Les cots dentretien

    doivent tre assurs par les exploitants agricoles eux-

    mmes afin de favoriser leur capacit dinitiative. Il est donc

    important de bien valuer le rapport cots / bnfices en

    termes montaires et non-montaires.

    Ladoption des pratiques de GDT par les exploitants

    agricoles ncessite parfois des apports supplmentaires.

    Ceux-ci concernent le matriel (outillage, semences,

    engrais, quipement, etc.), le travail, les marchs et les

    savoirs. Le travail et les intrants posent en particulier un

    problme dans les rgions affectes par lexode rural. Dans

    Systme dexploitation intgr des terres : association de mas et haricots avec des bandes enherbes pour la production de fourrage, dans une zone potentiel lev (Hanspeter Liniger)

    R S U M

  • 13Rsum

    ces cas prcis, des pratiques de GDT telles que lagricul-

    ture de conservation, qui a lavantage de demander moins

    de travail et dintrants, ont plus de chance dtre adoptes.

    Les changements vers la GDT doivent soprer en tenant

    compte des valeurs locales et des normes ; autoriser la

    flexibilit, ladaptabilit et linnovation afin damliorer les

    moyens dexistence. Les bonnes pratiques de GDT sont

    celles qui ncessitent un minimum dapprentissage et de

    renforcement des capacits tout en tant faciles ap-

    prendre.

    Amlioration des cosystmes : agir en respectant lenvironnement

    Pour tre vraiment durables, les pratiques doivent res-

    pecter lenvironnement, freiner la dgradation des terres,

    amliorer la biodiversit, et accrotre la rsilience aux

    variations et changements climatiques. Etant donn

    ltat actuel des terres en ASS, les interventions de gdT

    apparaissent vitales afin de prvenir et attnuer la dgra-

    dation des sols et les rhabiliter. Le plus gros des efforts

    devrait porter sur les problmes de manque deau, de

    fertilit et de taux de matire organique faibles ainsi que

    de biodiversit dgrade. La priorit doit tre donne

    aux mesures agronomiques et de vgtalisation faible

    niveau dintrants, pour ensuite appliquer des mesures

    structurelles plus exigeantes. La combinaison de mesures

    qui conduisent une gestion intgre de leau et des

    sols, de la culture-levage, de la fertilit et des parasites

    est prometteuse. La diffusion des russites dans cette

    lutte contre la dgradation conduit des impacts varis

    lensemble se rvlant plus efficace que la somme des

    parties au niveau du bassin versant, du paysage et au

    niveau global.

    La biodiversit est lune des proccupations majeures de la

    gdT et de la protection de la fonction des cosystmes en

    ASS. La biodiversit vgtale et animale est capitale pour

    le bien-tre humain, notamment pour la production alimen-

    taire, mais aussi en tant que source de fibres, de bois et de

    mdicaments. Elle revt aussi une importance culturelle, r-

    crative et spirituelle. La richesse de la biodiversit africaine

    ne doit pas tre sous-estime car lagriculture africaine

    dpend toujours trs largement dune grande varit de

    despces culturales locales. Le principe de prcaution doit

    tre appliqu dans la protection de la biodiversit agricole :

    il faut protger autant de varits de plantes et danimaux

    domestiques que possible pour leur potentiel futur.

    Pour les populations de lASS, lavantage immdiat offert

    par les pratiques de gdT est la possibilit dadaptation au

    changement climatique (CC) et lattnuation de ses effets.

    Cette adaptation sobtient par ladoption de technologies

    plus souples et rsilientes au CC, mais aussi au travers

    dapproches qui mettent en valeur la flexibilit et la rac-

    tivit au changement. Certaines pratiques augmentent

    la quantit deau de pluie qui pntre dans le sol (p. ex.

    paillage, couvert vgtal amlior) ainsi que sa capacit

    de stockage de leau (p. ex. augmentation du taux de

    matire organique) tout en contribuant protger le sol

    des tempratures extrmes et des pluies intenses. Les

    pratiques de gdT les plus adaptes sont ainsi caractri-

    ses par leur adaptabilit des tempratures croissantes,

    la variabilit climatique et aux vnements extrmes.

    Lorsque les principes de GDT damlioration de gestion

    de leau, de fertilit des sols et des plantes et des micro-

    climats sont pris en compte, on obtient une meilleure

    protection contre les catastrophes naturelles et une rsi-

    lience accrue aux variations et changements climatique.

    La diversification des productions est un autre moyen

    daccrotre la rsilience.

    Les exploitants agricoles peuvent aussi contribuer

    leffort global de rduction du changement climatique

    en adoptant une gdT qui squestre le carbone atmos-

    phrique dans le sol et dans la vgtation prenne. Ces

    technologies sont le boisement, lagroforesterie, le travail

    rduit du sol et la gestion amliore des pturages. La

    limitation de la dforestation, du brlis, une meilleure ges-

    tion du btail et des pratiques agronomiques amliores

    rduisent aussi les missions de gaz effet de serre.

    En rsum, les bonnes pratiques de gestion des terres

    sont tayes par les principes damlioration de lef-

    ficience de lutilisation de leau, de fertilit du sol, de

    gestion des plantes et du microclimat : elles reprsentent

    aussi des solutions triplement gagnantes pour lASS. Les

    pratiques de gdT prsentes en 2me partie sont fon-

    des sur ces principes et contribuent lamlioration de

    la productivit des terres, des moyens dexistence et des

    cosystmes.

  • 14 La pratique de la gestion durable des terres

    Adoption et soutien dcisionnel pour une transposition grande chelle des bonnes pratiques

    Malgr les efforts soutenus de vulgarisation des pratiques

    de gdT, la faible prise en compte de ces mesures reste

    inquitante. Ladoption efficace de la GDT dpend dune

    combinaison de facteurs qui doivent tous tre abords.

    Adoption monte en puissance et diffusion

    La mise en place du cadre institutionnel et politique

    crant un environnement favorable ladoption de la gdT

    ncessite un renforcement des capacits institutionnelles

    ainsi quune collaboration et un travail en rseau. Il est

    ncessaire dtablir des rgles, des rgulations et des

    statuts, qui doivent tre respects. Les droits dutilisations

    et daccs aux ressources sont des points cls essen-

    tiels : ils assurent aux utilisateurs la scurit et la motiva-

    tion individuelle et / ou collective pour sinvestir. Laccs

    aux marchs, o les prix fluctuent rapidement, ncessite

    des pratiques de GDT flexibles, adaptables et ouvertes

    linnovation. Ces pratiques doivent aussi tre rceptives

    aux nouvelles tendances et opportunits telles que lco-

    tourisme ou le paiement pour services environnementaux.

    Un point cl de ladoption et de la vulgarisation de la GDT

    est dassurer une vritable participation des exploitants

    agricoles et des professionnels, tous les stades de

    la mise en uvre, afin dintgrer leurs points de vue et

    dassurer leur engagement. Dans le mme temps, certains

    intrts extrieurs (p. ex. en aval) peuvent restreindre les

    liberts locales, par exemple lutilisation gratuite de leau

    pour lirrigation. Mais ils sont aussi une occasion de col-

    laborer, qui peut aboutir des solutions gagnant-gagnant

    en amont comme en aval.

    Les services de vulgarisation doivent reposer sur un ap-

    prentissage et un renforcement des capacits appropris.

    Ces activits doivent impliquer les exploitants agricoles

    et les communauts (p. ex. dans des coles dagriculture

    de terrain, des changes de paysan--paysan) et non

    dpendre uniquement des agents gouvernementaux. Lac-

    cs au crdit et aux projets de financement est une aide

    vitale pour les populations rurales qui prennent des initia-

    tives nouvelles de gdT, mais cela peut aussi crer une d-

    pendance si ces incitations ne sont pas utilises judicieu-

    R S U M

    sement. Les institutions qui fournissent des conseils, des

    plans et un support dcisionnel aux exploitants agricoles

    doivent aussi tre soutenues financirement.

    Le suivi et lvaluation des pratiques de gdT et de leurs

    impacts sont indispensables afin de tirer profit de la

    richesse des connaissances disponibles. Ceci concerne

    les expriences traditionnelles et innovantes, les projets et

    la recherche ainsi que les leons apprises des suc-

    cs comme des checs. De gros efforts sont ncessaires

    pour combler les lacunes de connaissances et dfinir les

    lieux et les faons dinvestir dans lavenir. Alors que les

    bailleurs de fonds exigent de plus en plus de donnes

    de qualit concernant ltendue, limpact et le rapport

    cot-bnfice de la GDT, trop peu defforts sont dploys

    en matire dvaluation et de gestion harmonise des

    connaissances.

    Soutien dcisionnel transposition grande chelle de la GDT

    Compte tenu du dfi que pose lajustement des bonnes

    pratiques de GDT aux conditions locales, il est essentiel

    de fournir un support dcisionnel aux utilisateurs locaux

    des terres et leurs conseillers, ainsi quaux planifica-

    teurs et aux dcideurs. Ces exigences requirent des

    procdures saines qui sinspirent des savoirs existants et

    valuent les critres tous les niveaux. La premire tape

    consiste veiller les consciences limportance et la

    ncessit dinvestir dans la gestion des connaissances et

    dans les mcanismes de supports dcisionnels.

    Les cls du succs de la transposition grande chelle

    de la gdT rsident dans llaboration dun pool commun

    et standardis de connaissances sur les technologies et

    approches de GDT afin de les mettre en uvre et de les

    diffuser. La mise disposition de ces connaissances et

    des outils de comparaison, la slection et la mise au point

    des pratiques de gdT en fonction des environnements,

    des conditions cologiques, conomiques, sociales et

    culturelles reprsentent une autre exigence. Une carto-

    graphie prcise des pratiques de GDT ainsi que de leurs

    impacts, puis la comparaison de ces zones avec celles

    dont les terres sont dgrades, sont les fondements de

    toute dcision prcdant la localisation dinvestisse-

    ments de GDT rentables et haut impact sur et hors site.

    Compte tenu des ressources limites pour la gdT, les

  • 15Rsum

    dcisions doivent tre cibles pour obtenir un maximum

    dimpacts avec un minimum dintrants.

    Les interventions ultrieures devront promouvoir le dve-

    loppement dinnovations conjointes ou hybrides , ce

    qui sera la garantie dune utilisation optimale des connais-

    sances locales. Tout projet devra cependant prendre en

    compte les marchs et les facteurs politiques et institu-

    tionnels qui seront mme de stimuler linvestissement

    des petits propritaires.

    Pour aller de lavant

    La 1re partie des directives se termine par une reconnais-

    sance de la complexit dune gestion saine des res-

    sources naturelles ; elle montre clairement la ncessit de

    grandes mutations afin de surmonter les goulots dtran-

    glement et les obstacles la vulgarisation de la GDT en

    ASS. Ces changements concernent diffrents aspects,

    diffrents niveaux, y compris les technologies et les

    approches, les gestions institutionnelles, politiques, de

    gouvernance, conomiques, des connaissances ainsi que

    le renforcement des capacits.

    Lobjectif de ces investissements dans la vulgarisation des

    pratiques de gdT est de taille ; ils peuvent apporter de

    multiples bnfices, non seulement localement, mais aussi

    aux plans rgional, national et global. Un renforcement

    de laction pour une utilisation plus judicieuse, tous les

    niveaux, de la grande richesse des savoirs, est nces-

    saire et sera bnfique lavenir, car il est prvoir que la

    mondialisation des marchs, le changement climatique, la

    demande pesant sur les services rendus par les cosys-

    tmes, etc. continueront crotre. En bref, linvestissement

    dans la GDT et dans la gestion saine des savoirs est dj

    payant et est promis un bel avenir.

    2ME PARTIE : bONNES PRATIqUES AdAPTE LAFRIqUE SUbSAHARIENNE

    dans la 2me partie de ces directives, douze groupes de

    technologies de GDT, tays par 41 tudes de cas, et une

    section sur les approches de GDT de 6 tudes de cas,

    sont prsents. Les groupes de GDT suivent les principes

    des bonnes pratiques : augmenter la productivit, am-

    liorer les moyens dexistence et les cosystmes. Les

    approches illustres ont montr leur efficacit pour mettre

    en uvre et diffuser la GDT en ASS. Tous les groupes et

    tudes de cas sont prsents dans le format standard de

    documentation et de vulgarisation de WOCAT. Il nexiste

    pas de solution miracle aux problmes rencontrs par les

    exploitants agricoles. Le choix de pratiques appropries

    sera dict par le contexte local et la situation particulire

    des parties prenantes locales.

  • 16 La pratique de la gestion durable des terres

  • 1re Partie Principes directeurs

  • 18 La pratique de la gestion durable des terres

    I N T R O d U C T I O N

    Poser le cadre

    La dgradation des sols provoque par des pratiques de

    gestion non durable des terres reprsente une menace

    pour lenvironnement et pour les moyens dexistence en

    Afrique subsaharienne (ASS) : la majorit des personnes

    dpend directement de la production agricole. Une

    spirale dvastatrice de surexploitation et de dgradation,

    aggrave par limpact ngatif du changement climatique,

    conduit actuellement une diminution de la disponibilit

    des ressources naturelles et au dclin de la productivit :

    ceci met en danger la scurit alimentaire et accrot la

    pauvret. La gestion durable des terres (GDT) est un anti-

    dote, elle contribue augmenter la productivit moyenne,

    rduire les fluctuations saisonnires des rendements,

    diversifier la production et amliorer les revenus.

    La gestion durable des terres reprsente tout simplement

    le soin que les gens prennent de leurs terres, au prsent

    et pour le futur. Lobjectif principal de la GDT est dhar-

    moniser long terme la coexistence des personnes avec

    la nature, afin que les services dapprovisionnement, de

    rgulation, culturels et de soutien, rendus par les co-

    systmes, soient assurs. Cela signifie, en ASS, que

    la GDT devra se focaliser sur laugmentation de la pro-

    ductivit des agro-cosystmes tout en sadaptant aux

    contextes socio-conomiques, en amliorant la rsilience

    la variabilit environnementale changement climatique

    compris et en prvenant la dgradation des ressources

    naturelles.

    Ces directives fournissent une assistance importante aux

    pays qui souhaitent choisir et mettre en uvre des tech-

    nologies et approches de GDT pour transposer la gestion

    durable de leau et des terres grande chelle, laide de

    programmes nationaux ou de projets sur le terrain. Ces

    directives sont lun des produits dune srie qui comporte

    linstrument de soutien au pays de TerrAfrica (Country

    Support Tool). Cet instrument offre une approche person-

    nalisable pour les quipes de travail et les clients souhai-

    tant laborer des programmes de gestion des terres, soit

    dans le cadre doprations dinvestissement ou seulement

    sous forme dassistance technique. Elles sont labores

    partir des expriences du livre L o la terre est plus

    Hanspeter Liniger

    I N T R O d U C T I O N

  • 19Introduction

    verte et sont inspires de lexpertise du programme

    global de WOCAT. Elles ont t finances par le Deve-

    lopment Grant Facility 2008 de la Banque mondiale car

    elles font partie du Programme de travail 2009-2010 de

    TerrAfrica et sont cofinances par la Direction du Dvelop-

    pement et de la Coopration (Suisse).

    TerrAfrica regroupe de nombreux pays subsahariens et

    est men par lAgence de planification et de coordination

    (APCN) de lUnion africaine, nouveau partenariat pour le

    dveloppement de lAfrique (UA-NEPAD). Cest un parte-

    nariat global pour intgrer et transposer grande chelle

    la gestion durable des terres (GDT) en ASS en renforant

    des environnements favorisant lintgration et les finan-

    cements de stratgies nationales efficaces de GDT (www.

    terrafrica.org). En sinspirant des expriences passes,

    elle appuie les principes de partenariat, la gestion des

    connaissances et, au niveau des pays, les investisse-

    ments harmoniss, aligns et chelonns la hausse.

    Ces directives sont labores en coordination avec une

    autre publication de TerrAfrica sur lUtilisation en Afrique

    subsaharienne des pratiques de gestion durable des terres

    afin de sadapter au changement climatique et de latt-

    nuer (Woodfine, 2009).

    Ces directives ne prtendent pas tre exhaustives en

    termes de donnes et de collecte dinformations, ni

    couvrir tous les aspects de la GDT. Le choix dlibr et

    stratgique qui a t fait est de montrer le potentiel de

    la gdT en ASS. Lautre fonction de ces directives est de

    servir de prototype pour des recueils de pratiques de gdT

    nationaux et rgionaux ; elles montrent ainsi des exemples

    de connaissances de terrain, mises disposition pour

    de futures publications sur dautres aspects de la gdT.

    Ici, laccent est mis sur les pratiques de gdT en ASS qui

    puisent directement dans les bases de donnes tendues

    de WOCAT, et qui prennent en compte lexprience des

    partenaires de TerrAfrica ; dans un environnement en mu-

    tation rapide, les efforts doivent se concentrer sur lana-

    lyse et lassimilation des dernires tendances, menaces et

    opportunits (Crepin et al. 2008 ; Woodfine, 2009).

    Objectifs et public vis

    Lobjectif gnral de ces directives pour la vulgarisation des

    pratiques de GDT est didentifier, de dcrire, danalyser, de

    discuter et de prsenter les technologies et les approches

    adaptes lASS et fondes sur des faits scientifiques

    solides. Le matriel est tir de lexprience et de ltude de

    cas reprsentatifs ; ceux-ci mettent plus particulirement

    laccent sur les pratiques bnfice et rentabilit rapides et

    / ou comportant dautres facteurs susceptibles den favori-

    ser ladoption. Les objectifs immdiats sont donc : l La synthse des connaissances et la vulgarisation des

    bonnes pratiques de GDTl La coordination des parties prenantes pour un soutien

    dcisionnel en ASSl La promotion de documents et dvaluations norma-

    liss ; le partage et lutilisation des connaissances en

    gdT pour les prises de dcisions

    Le groupe cible de ce document est constitu par les

    parties-prenantes cls des programmes et projets de GDT,

    impliques aux stades de conception et de mise en uvre.

    Ce sont donc les dcideurs, les planificateurs, les ges-

    tionnaires de programmes et les praticiens, les institutions

    financires et technologiques internationales ainsi que les

    bailleurs de fonds. Ces directives sont aussi destines

    veiller davantage la conscience et la comprhension dun

    plus large public intress par lallgement de la pauvret,

    par la protection de lenvironnement et par la rduction de la

    dgradation des terres.

    Structures et sources

    Ces directives sont labores partir du livre de WOCAT

    L o la terre est plus verte (WOCAT, 2007) et sont divi-

    ses en deux parties.

    La 1re partie met en vidence les principes fondateurs

    de la gdT ainsi que les considrations importantes qui

    permettent de qualifier les technologies et approches de

    bonnes pratiques , afin de transposer la GDT grande

    chelle. Linformation provient des publications et de lex-

    pertise de WOCAT.

    La partie 2 prsente douze groupes de technologies

    de GDT ainsi quun chapitre sur les approches de GDT,

    illustrs par des tudes de cas spcifiques. Ce dernier

    chapitre sinspire des bases de donnes globales de

    WOCAT, de la base de connaissances de TerrAfrica, sur

    une analyse bibliographique (publications, mmoires,

    Hanspeter Liniger

  • 20 La pratique de la gestion durable des terres

    documents de projets, manuels) et sur des contacts inte-

    ractifs avec des spcialistes de gdT en ASS. La compila-

    tion des groupes de GDT et des tudes de cas met avant

    tout laccent sur les interventions de GDT, afin didentifier

    les facteurs de succs / chec des bonnes pratiques et

    des leons tires. Elle dtermine lefficacit et la rentabi-

    lit des diffrentes interventions de gdT utilises jusqu

    prsent dans le but de reprer les bonnes pratiques pour

    une monte en charge / intensification / renforcement. Les

    bonnes pratiques prsentes dans ce document : l recouvrent les principaux systmes dexploitation des

    terres l reprsentent divers types de dgradations et de zones

    agro-cologiquesl concernent une grande varit de technologies et dap-

    proches l ont un potentiel de transposition grande chelle, la

    fois en termes de production et de conservationl intgrent les innovations locales, les dveloppements

    rcents et lexprience des projets long terme l recherchent un quilibre entre prvention, attnuation

    de la dgradation des terres et sa rhabilitation

    Tous les groupes et tudes de cas sont prsents selon le

    format WOCAT habituel et sont standardiss pour docu-

    menter et diffuser la gdT.

    Un effort particulier a t fait pour mettre en vidence

    les impacts de la GDT et son potentiel rpondre aux pro-

    blmes actuels que sont la dsertification, le changement

    climatique, le manque deau et la scurit alimentaire. des

    personnes ressource cls et des experts de GDT en ASS

    ont t sollicits pour finaliser et assister les groupes de

    GDT sur les technologies et les approches, pour fournir

    les chiffres sur les cots et bnfices et pour dcrire les

    tudes de cas spcifiques. Cest donc un produit qui

    runit toutes les informations importantes et disponibles

    sur la gdT des terres en ASS : il sefforce dtre un produit

    la pointe . Ces directives reposent ainsi sur une base

    solide dexpriences pratiques ; elles viennent tayer les

    bnfices dun investissement dans la GDT et des exp-

    riences faites dans le pass.

    Focus sur lAfrique subsaharienne

    LAfrique subsaharienne est particulirement vulnrable

    la double menace de la dgradation des ressources et de

    la pauvret, due aux facteurs suivants :l croissance et pression dmographique leves ;l dpendance aux moyens dexistence de lagriculture

    avec 60-70% de la population dpendant directement

    de lagriculture pluviale. Lindustrie et le secteur tertiaire

    dpendent aussi largement de la gestion des terres

    (Eswaran et al., 1997) ;l lagriculture est trs sensible la variabilit et au chan-

    gement du climat, des marchs / prix ;l des impacts multiples et svres rsultant vraisembla-

    blement du changement climatique (GIEC, 2007 ; Stern,

    2007) : tempratures plus leves, rarfaction de leau,

    prcipitations imprvisibles ou dintensit plus leve et

    stress environnementaux ;l le phnomne El Nio Southern Oscillation (ENSO)

    exerce une influence importante sur la variabilit du

    climat, en particulier en Afrique de lEst et du Australe ;l la prsence frquente de ressources naturelles et dco-

    systmes fragiles tels que les zones arides, montagnes,

    forts pluviales et zones humides;l des taux levs de dgradation des terres (rosion et

    chute de la fertilit des sols, rarfaction des ressources

    en eau et perte de biodiversit) et sensibilit la variabi-

    lit et au changement climatique ;l des rendements faibles et des pertes aprs rcolte

    importantes, dus de mauvaises gestions des terres et

    pratiques de conservation ainsi qu une disponibilit et

    un accs limits aux intrants.

    Tout ce qui prcde montre clairement que la gestion

    durable des terres (GDT) est vitale pour lASS. La configu-

    ration actuelle des circonstances en ASS pose cependant

    des problmes et des dfis particuliers pour une mise en

    uvre russie de la gdT.

    Focus sur la gestion durable des terres

    Selon lapproche FAO-LADA, la dgradation des terres est

    dfinie comme le dclin des produits et services de lco-

    systme. Celle-ci affecte ngativement ltat et la gestion

    des ressources naturelles leau, le sol, les plantes et les

    animaux et entrane une diminution de la production

    agricole. En ASS, les valuations montrent la svrit de

    la dgradation des terres et lurgence damliorer lutili-

    sation des ressources naturelles par une gestion durable

    des terres (GDT). La dgradation des terres apparat sous

    diffrentes formes, selon le type dutilisation des terres

    I N T R O d U C T I O N

  • 21Introduction

    l Sur les terres de culture : rosion hydrique et o-

    lienne des sols ; dgradation chimique : surtout perte

    de fertilit, due lexportation des nutriments et la

    salinisation ; dgradation physique des sols due au

    compactage, lasphyxie et lencrotement ; dgra-

    dation biologique due au couvert vgtal insuffisant,

    dclin des varits cultives locales et des systmes

    mixtes de cultures ; dgradation de leau due surtout au

    ruissellement (pollution des eaux de surface) ; modifica-

    tions de la disponibilit de leau et vaporation impor-

    tante entranant une aridification. l Sur les pturages : dgradation biologique par perte

    du couvert vgtal et despces importantes ; espces

    invasives et indsirables en augmentation. Les

    consquences en termes de dgradation physique des

    sols, de ruissellement et drosion sont rpandues et

    svres. La faible productivit et la diminution des ser-

    vices rendus par les cosystmes sont omniprsentes

    et reprsentent un dfi majeur pour la GDT.l Sur les terres forestires : dgradation biologique aprs

    dforestation ; coupe et exportation despces pr-

    cieuses ; remplacement des forts naturelles par des

    monocultures forestires ou par dautres utilisations (qui

    ne protgent pas les terres) avec des consquences

    pour la biodiversit, la dgradation des sols et de leau.

    Utilisation des terres concernesTerres de culture : terres utilises pour lagriculture (cultures annuelles et prennes) p. ex. cultures de plein champ, marachage, fourrages, vergers

    Pturages : terres pour la production animale : prairies naturelles ou semi-naturelles, steppes arbores, prairies amliores ou artificielles.

    Forts / bois : terres servant la production de bois, autres produits de la fort, tourisme, protection, p. ex. forts naturelles, reboisements, etc.

    (WOCAT, 2008)

    Les efforts concerts visant traiter la dgradation des

    terres par la gdT doivent cibler la pnurie deau, la fertilit

    des sols, la matire organique et la biodiversit. Pour aug-

    menter la productivit des terres, il est important damlio-

    rer les ressources en eau et le cycle de leau, la gestion de

    la fertilit des sols et des plantes.

    La dgradation des terres est exacerbe par le change-

    ment et la variabilit du climat. Le climat africain a tou-

    jours eu la rputation dtre vari et variable : vari parce

    Dgradation des sols, de la vgtation et de leau sur les berges dune rivire. (Hanspeter Liniger)

    quil schelonne de rgimes humides quatoriaux, des

    rgimes tropicaux saisons arides et trs arides, jusqu

    des climats de type mditerranen subtropical ; variable

    parce que tous ces climats montrent divers degrs de

    variabilit temporelle, en particulier en ce qui concerne

    les prcipitations (Nkomo et al., 2006). La complexit des

    climats africains est attribue divers facteurs, un grand

    nombre dentre eux tant spcifique au continent, en

    particulier la superficie des forts tropicales, les tendues

    de terres arides et semi-arides, la vgtation diversifie,

    lhydrologie complexe, lincidence de la poussire expor-

    te de la surface des terres vers latmosphre un relief

    trs vari, des montagnes aux sommets enneigs de

    lquateur, des grandes tendues marcageuses, dim-

    menses lacs, les valles du rift ainsi que deux immenses

    dserts dans les rgions subtropicales du nord et du sud

    (Crepin et al. 2008 ; Woodfine, 2009).

    Le changement climatique est un problme majeur pour

    lASS ; il apporte de nouveaux dfis. Il existe cependant

    un potentiel immense pour la gdT dans ladaptation au

    changement climatique et dans lattnuation de ses effets.

    Les bonnes pratiques de la gdT et leur transposition

    grande chelle en ASS sont essentielles pour diverses

    raisons, la premire tant celle qui permet de maintenir et

    amliorer les moyens dexistence tout en protgeant les

    ressources et les fonctions des cosystmes du pays. La

    GDT cherche ainsi augmenter les productions en int-

    grant les systmes traditionnels et innovants, afin dam-

  • 22 La pratique de la gestion durable des terres

    I N T R O d U C T I O N

    liorer la rsilience linscurit alimentaire, la dgrada-

    tion des terres, la perte de biodiversit, la scheresse

    et au changement climatique.

    La gestion durable des terres a t dfinie par TerrAfrica

    de la manire suivante :

    Ladoption de systmes dutilisation des terres qui, par

    la pratique dune gestion approprie, permettent aux ex-

    ploitants agricoles doptimiser les bnfices conomiques

    et sociaux de la terre tout en maintenant ou en mettant

    en valeur les fonctions de soutien cologiques des res-

    sources des terres. 1

    La GDT prend en compte la gestion des sols, de leau, des

    ressources vgtales et animales.

    La GDT inclut aussi les dimensions cologiques, cono-

    miques et socioculturelles (Hurni, 1997). Elles ne peuvent

    tre spares car elles sont interconnectes (fig. 1). Il est

    aussi fait rfrence aux 3 E du dveloppement durable

    Egalit, Economie et Ecologie (UNESCO, 2006).

    Ecologiquement parlant, les technologies de GDT, dans

    leur diversit, luttent efficacement contre la dgradation

    des terres. Mais la majorit des terres agricoles nest

    toujours pas protge suffisamment, et la GDT doit encore

    tre diffuse.

    Socialement, la GDT aide scuriser les moyens dexis-

    tence en maintenant ou en augmentant la productivit des

    sols, amliorant ainsi la scurit alimentaire et rduisant la

    pauvret, la fois pour les mnages et pour les pays.

    Economiquement, la gdT rentabilise les investissements

    des exploitants agricoles, des communauts ou des

    gouvernements. La production agricole est scurise et

    amliore, la fois pour les petits exploitants, pour les

    productions commerciales grande chelle et pour les

    leveurs. De plus, les bnfices hors site considrables de

    la GDT peuvent eux seuls se justifier conomiquement.

    Les bonnes pratiques sont surtout celles qui nous pa-

    raissent les meilleures actuellement : selon TerrAfrica,

    bonnes qualifie les pratiques qui augmentent la pro-

    duction et sont rentables, dun bon rapport qualit / prix,

    avec des retours dabord rapides puis sur le long terme ;

    elles sont faciles apprendre, bien acceptes sociale-

    ment et culturellement, facilement adoptes et prises en

    compte, respectueuses de lenvironnement et adaptes

    toutes les parties prenantes, y compris les groupes socia-

    lement marginaliss (FAO, 2008a).

    La transposition grande chelle de la GDT apporte

    plus de bnfices plus de personnes, sur un plus grand

    territoire, plus quitablement et durablement (ILEIA,

    2001). Pour que les bonnes pratiques de GDT aient un

    impact significatif, il est indispensable dinvestir dans une

    transposition grande chelle en ASS : ces pratiques

    restent trop souvent isoles. Seule la vulgarisation

    grande chelle permettra daider un plus grand nombre de

    familles et dimpacter les cosystmes. Dans ce contexte,

    il est important de noter que la gdT couvre toutes les di-

    mensions, du champ au niveau transfrontalier, en passant

    par les bassins versants et les terroirs. Au-del du simple

    champ agricole, une attention particulire doit tre porte

    aux interactions sur site/ hors site ainsi quentre lamont et

    laval. Lidentification de ces bonnes pratiques de GDT qui

    seront les solutions gagnant-gagnant et qui dbouche-

    ront sur la durabilit aux niveaux local, national et global

    est la fois un dfi et une chance.

    sant

    genre tradition socit

    culture

    cultu

    re e

    t

    com

    mer

    cialis

    atio

    n

    de p

    rodu

    its

    tradi

    tionn

    els

    revenu

    marchs

    commerce

    valorisation de services environne-mentaux

    sols

    eau

    climat

    biodiversit

    reconnaissance

    de lexploitation

    traditionnelle et

    diversifie des terres

    Environnementale

    Economique

    Sociale

    Productionalimentaire

    Figure 1: Les trois dimensions de la durabilit. (Source: IAASTD, 2009a)

    1Dans la note de fond 1 de TerrAfrica, la dfinition de la GDT est plus complexe : cest la combinaison de technologies, de politiques et dactivits visant intgrer des principes socio-conomiques proccupations environnementales, afin de maintenir ou daugmenter la production tout en diminuant le niveau des risques inhrents la production, en protgeant les ressources naturelles, en prvenant la dgradation des sols et de leau, en tant conomique-ment viable et en tant socialement acceptable . Tir initialement de : Dirk Kloss, Michael Kirk et Max Kasparek Banque mondiale Africa Region SLM Portfolio Review. Draft 19 Jan 2004.

  • 23

    Figure 1: Les trois dimensions de la durabilit. (Source: IAASTD, 2009a)

    Les principes des bonnes pratiques de gdT

    P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R AT I q U E S d E g d T

    Dans tous les grands systmes dutilisations de terres en

    Afrique subsaharienne, cultures, pturages, forts et terres

    mixtes, la GDT met laccent sur lamlioration de la produc-

    tivit agricole, des moyens dexistence et des cosystmes.

    Tableau 1 : Utilisation des terres en ASS (2000)

    Utilisation des terres Pourcentage des surfaces

    Prairie permanente 35

    Terres arables et cultures permanentes 8

    Forts 27

    Autres terres 30

    Total 100

    (Source : WRI, 2005 and FAO, 2004)

    Augmentation de la productivit des terres

    Les rendements craliers africains, en particulier dans

    la rgion soudano-sahlienne, sont les plus faibles du

    monde. Pour lASS, laugmentation de la productivit

    agricole pour lalimentation, les fibres et les combustibles

    reste une priorit, compte tenu de la demande rapide et

    croissante, de la faim, de la pauvret et de la malnutrition

    omniprsentes.

    La principale cible de la GDT en ASS est laugmentation

    de la productivit des terres, de la scurit alimentaire et la

    fourniture dautres biens et services. Trois moyens per-

    mettent datteindre ce but : (1) lextension, (2) lintensifica-

    tion, (3) la diversification de lutilisation des terres.

    Extension : Depuis 1960, la production agricole a surtout

    t augmente en tendant la surface de terres exploite

    (figure. 2). Laccs limit et le cot lev des fertilisants

    et des autres intrants (p. ex. semences amliores) ont

    contraint les paysans africains cultiver des sols moins

    fertiles sur des terres marginales ; de plus, ces dernires

    sont en gnral plus sujettes la dgradation et ont une

    productivit faible. Les perspectives dextension sans

    impact grave sur les ressources naturelles (p. ex. dforesta-

    tion), sont trs limites en ASS.

    Intensification : Les 50 dernires annes ont t tmoins de

    grands succs dans lagriculture globale, en raison surtout

    de la rvolution verte , fonde sur lutilisation de varits

    amliores, dengrais chimiques, de pesticides, de lirri-

    gation et de la mcanisation. LASS nen a cependant pas

    bnfici (figure 2).

    Hanspeter Liniger

  • 24 La pratique de la gestion durable des terres

    Lextensification, lintensification et la diversification de

    lagriculture ncessitent : l daugmenter la productivit de leau (efficience de lutili-

    sation de leau),l daugmenter le taux de matire organique et la fertilit

    du sol (cycle du carbone et des nutriments), l damliorer la diversit des plantes (espces et varits)

    etl de gnrer des microclimats plus favorables.

    P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R A T I q U E S d E g d T

    Diversification : elle ncessite un enrichissement des sys-

    tmes de production quant aux espces et aux varits,

    aux utilisations des terres et aux pratiques de gestion. Elle

    implique un ajustement au sein des exploitations agricoles

    afin daugmenter les revenus et de les stabiliser. Lexploi-

    tation de nouveaux marchs et des niches existantes, la

    diversification de la production et de la transformation

    sur place ainsi que la pratique dautres activits fermires

    rmunratrices permettent datteindre ce but (Dixon et al.

    2001). Les systmes agricoles diversifis (culture-levage,

    agroforesterie, cultures intercalaires, rotation de cultures,

    etc.) permettent aux paysans dlargir les bases de lagri-

    culture, de rduire les risques dchec de production,

    dquilibrer leur alimentation, dutiliser plus efficacement la

    force de travail, de gagner plus dargent pour acheter des

    intrants et daugmenter la valeur ajoute de leur production.

    Figure 2 : comparaison de lvolution des productions cralires en ASS (en haut) due aux changements de surfaces et de rendements (1961=100), avec ceux de lAsie (en bas). (Source : Henao and Baanante, 2006)

    Production agricole et scurit alimentaire en ASS aujourdhui et demain Croissance de population de 2,1% par an : doublement dici

    30-40 ans.

    En 1997-99, 35% de la population ne disposait pas de nourriture suffisante pour mener une vie productive et en bonne sant.

    Rendement moyen en crales : 1 t/ha

    La disponibilit en crales par personne a dcru, de 136 kg/an en 1990 118 kg/an en 2000.

    73% des ruraux pauvres vivent sur des terres marginales productivit basse.

    Environ 66% de lAfrique est classe en dserts ou terres arides ; 45% de la population vit sur des terres arides.

    En 2000, 18,7 milliards de US$ ont t dpenss en ASS pour limportation alimentaire et pour 2,8 millions de tonnes daide alimentaire : cest plus dun quart du total mondial.

    83% des personnes vivent dans la pauvret extrme ; le nombre dhabitants augmente ainsi que la demande alimen-taire, pour leau et pour les autres ressources.

    Les besoins en nergie, en bois de feu et en biocombustibles croissent encore plus vite que ceux de la nourriture, ce qui accrot la dforestation et la pression sur la vgtation, sur les rsidus de culture et le fumier (qui sert souvent de combus-tible). Dans de nombreux pays, 70% de lnergie provient du bois et du charbon de bois.

    Le changement climatique, sa variabilit et ses extrmes exer-cent une pression supplmentaire sur la scurit alimentaire.

    La terre est loutil de travail de 70% de la population.

    Lagriculture restera le principal moteur de lconomie dans les prochaines dcennies.

    La dgradation des terres est svre et augmente.

    La productivit des terres, la scurit alimentaire, la rduction de la pauvret / le dveloppement humain et le bien-tre sont intimement lis.

    (Sources : FAO, 2007 ; TerrAfrica, 2009 ; Castillo et al, 2007 ; WB, 2010)

    Rendement(% changement)

    Surfa

    ce(%

    cha

    ngem

    ent)

    Afrique subsaharienne

    Asie

    Surfa

    ce(%

    cha

    ngem

    ent)

    Rendement(% changement)

    Production(Surface x rendement)

    100

    Production(Surface x rendement)

    100

  • 25Les principes des bonnes pratiques de gdT

    Efficience de lutilisation de leau

    Lefficience de lutilisation de leau est dfinie par le ren-

    dement par unit deau. Lefficience optimale est obtenue

    en minimisant les pertes dues lvaporation, au ruissel-

    lement et linfiltration. Dans les schmas dirrigation,

    lefficience dacheminement et de distribution concerne

    les pertes deau, de la source au point darrive dans le

    champ. La notion de productivit de leau est souvent

    utilise, ce qui signifie : produire plus de nourriture ou ob-

    tenir plus de bnfices avec moins deau. Cette notion se

    limite en gnral la valeur conomique produite par unit

    deau consomme.

    Dans les rgions arides du monde, leau est, par dfinition,

    le facteur limitant le plus courant la production alimen-

    taire : cest une combinaison de pnurie, de variabilit

    extrme, de longues saisons sches, de priodes sches

    rcurrentes, de scheresses et de crues occasionnelles.

    La pnurie deau et la prcarit daccs leau potable

    et agricole sont des contraintes majeures lamlioration

    des conditions dexistence dans les zones rurales de

    lASS. (Castillo et al., 2007 ; FAO, 2008b). Ainsi, lamlio-

    ration de lefficience de lutilisation de leau pour minimiser

    les pertes est absolument capitale.

    Selon le principe du cycle de leau, toute leau reste dans

    le systme. Au niveau local et rgional, leau peut ce-

    pendant suivre des chemins trs diffrents et les pertes

    peuvent tre leves, suivant la gestion des terres (et de

    leau). En termes agricoles, il est question deau bleue

    et deau verte. Leau bleue est celle qui aboutit dans les

    cours deau et qui recharge les nappes phratiques ; cest

    elle que cible la gestion conventionnelle des ressources

    en eau. Leau verte est la part des pluies qui svapore de

    la surface des sols ou qui est employe par les plantes

    pour leur croissance et leur transpiration (Falkenmark et

    Rockstrm, 2006 ; ISRIC, 2010).

    La figure 3 illustre trois grandes causes de pertes deau

    dans la production agricole : le ruissellement, linfiltra-

    tion profonde et lvaporation de la surface des sols. Le

    ruissellement de surface peut tre qualifi de gain lorsquil

    alimente des dispositifs de rcupration deau de pluie. de

    mme, linfiltration profonde peut tre un gain pour la re-

    charge des eaux souterraines ou de surface. Cependant, la

    part utile ( eau productive verte ) est surtout leau des sols

    absorbe par les plantes et transpire dans latmosphre.

    Figure 3 : Leau productive (transpiration) et les pertes en eau (vaporation et ruissellement).

    Evaporation30-70%

    Ruissellement10-25%

    Transpiration25-40%

    Prcipitations 100%

    Drainage 0-10%

    Association de lextension, lintensification et la diversification sur les pentes raides des monts Uluguru de Tanzanie. (Hanspeter Liniger)

  • 26 La pratique de la gestion durable des terres

    Beaucoup dexploitants agricoles des pays en dveloppe-

    ment pourraient augmenter la productivit et lefficience

    de lutilisation de leau en adoptant des pratiques de ges-

    tion agronomique et de leau prouves. Le potentiel est

    considrable, en particulier dans des conditions de faible

    rendement et lorsquun petit supplment deau se traduit

    par une augmentation significative du rendement (figure 4).

    Gaspillage dune ressource rare et prcieuse - le cycle de leau perturb Selon les pratiques de gestion des terres, 30-70% des prci-

    pitations sur les terres agricoles des zones semi-arides sont perdues pour la production par vaporation.

    10-25% supplmentaires sont perdues par ruissellement direct, faute dtre rcupres.

    En raison de ces pertes, seules 15-30% des prcipitations servent aux cultures.

    Cette faible efficience de lutilisation de leau est troitement lie la couverture du sol faible ou dgrade, qui laisse les sols exposs au rayonnement solaire, au vent et aux pluies violentes, provoquant ainsi laridification et la dgradation des sols. La matire organique du sol joue un rle majeur dans linfiltration de leau et la disponibilit des nutriments.

    (Sources : Liniger, 1995 ; Rockstrm, 2003 ; Molden et al., 2007 ; Gitonga, 2005)

    Efficience de lutilisation de leau dans lagriculture pluviale : En Afrique subsaharienne, 93% des terres sont sous culture pluviale (Rockstrm et al., 2007). Pour leau,

    le dfi dans ces rgions rside dans laugmentation des

    Rendements (tonne / hectare)

    Prod

    uctiv

    it d

    e le

    au(m

    d

    vap

    otra

    nspi

    ratio

    n pa

    r to

    nne)

    0 2 4 6 8 10 120

    2,000

    4,000

    6,000

    8,000

    10,000

    BlSorgho BSorgho A courbe de rgressionMillet Mas

    Figure 4 : productivit de leau et rendements craliers dans des conditions climatiques et de gestion diverses : pour des rendements de moins de 1 t/ha, il faut 4 8 fois plus deau par tonne que pour des rendements de plus de 3 t/ha (en grain) (cf. productivit vgtale moindre). (Source : Rockstrm et al., 2007)

    8

    65

    27

    44

    55

    10%

    10%

    20%

    30%

    40%

    50%

    60%

    70%

    80%

    90%

    100%

    pertes par ruissellement

    pertes par vaporation

    eau disponible

    Labour profond Paillage etlabour minimal

    Exemple de potentiel dconomie deau

    La pratique locale qui associe labour profond et buttage freine le ruissellement mais augmente lvaporation par exposition du sol ; la protection des plantes maintient lhumidit. (Hanspeter Liniger).

    Figure 5 : efficience de lutilisation de leau dans un environnement semi-aride subhumide en comparant une pratique locale (labour profond) avec une agriculture de conservation incluant : labour minimal pour le contrle des mau-vaises herbes, paillage et cultures intercalaires de mas et haricots. Avec les pratiques locales, les pertes en eau slvent plus de 70%, principalement par vaporation. Avec le paillage, celles-ci descendent 45%. Lefficience de leau a doubl et les rendements ont tripl certaines saisons. (Gitonga, 2005)

    P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R A T I q U E S d E g d T

  • 27Les principes des bonnes pratiques de gdT

    rendements par lamlioration de la disponibilit de leau

    pour la croissance des plantes : il faut optimiser linfiltration

    de leau de pluie et la capacit de rtention deau des sols,

    tout en rduisant lrosion de surface et les autres dgrada-

    tions des terres. Ce nest quavec lamlioration des autres

    facteurs de production - fertilit des sols, varits cultu-

    rales, contrle des parasites et des maladies, pratiques de

    Dvier leau de ruissellement

    Lorsque leau est en excs dans les environnements humides ou au pic de la saison des pluies en conditions subhumides, le sol et la nappe phratique peuvent tre saturs. Une bonne vacuation est alors ncessaire. Elle contribue viter les pertes en nutriments, lrosion ou les glissements de terrain. La construction de terrasses, de fosss ouverts et de drivations, etc. permet datteindre ce but.

    Empcher le ruissellement (le ralentir)

    Le ruissellement non contrl provoque de lrosion et reprsente une perte sche pour les plantes lorsque les prcipitations sont limites. La stratgie consiste ici ralentir lcoulement afin de donner plus de temps leau pour sinfiltrer et pour rduire limpact dommageable de lrosion par ruissellement. Elle est utilisable sous tous les climats. Les bandes enherbes, les diguettes en terre ou de pierre, les terrasses, etc. permettent datteindre cet objectif.

    Conserver les eaux de ruissellement (viter le ruissellement)

    Lorsque la pluviomtrie est un facteur limitant de la croissance v-gtale, la stratgie est dviter les mouvements deau sur les sols de manire encourager linfiltration. Le stockage de leau est amlior dans la zone denracinement des plantes et la nappe se recharge, ce qui est vital dans les zones subhumides semi-arides. Les technolo-gies utilisables sont les diguettes en travers de la pente, le paillage, la couverture vgtale, les mthodes culturales rduites.

    Capter le ruissellement (collecter les eaux de ruissellement)

    Lorsque la pluviomtrie est insuffisante, il est intressant de collecter leau et de la diriger vers les plantes pour amliorer leur performances. Les trous de plantation et demi-lunes peuvent aussi tre utiliss l o leau est en excs pendant la saison des pluies, suivie dune pnurie deau. Barrages et mares peuvent aussi servir irriguer, contrler les crues ou mme produire de lnergie hydraulique.

    Diminuer les pertes par vaporation au sol

    La perte deau par la surface du sol peut tre diminue par le couvert vgtal, le paillage, des brise-vent, de lombrage, etc. Ces techniques sont appropries surtout en conditions sches o les pertes par vaporation peuvent reprsenter plus de la moiti de la pluviomtrie.

    Diffrentes stratgies pour amliorer la gestion de leau :

    travail du sol et dsherbage - quune rponse complte aux

    investissements sur leau sera obtenue (figure 5).

    Compte tenu du gaspillage important de leau d aux

    modes dexploitation inappropris, il existe de nom-

    breuses opportunits damliorer les rendements de lagri-

    culture pluviale et les cosystmes dgrads par une

  • 28 La pratique de la gestion durable des terres

    meilleure gestion de leau. Les cinq stratgies voques

    ci-avant regroupent toutes les bonnes pratiques utili-

    sables. La gestion de leau de pluie est une des grandes

    problmatiques de la gdT. Toutes les bonnes pratiques

    abordes dans la deuxime partie de ces directives

    incluent la gestion amliore de leau et lefficience

    dutilisation de leau ; certaines dentre elles ciblent

    particulirement la pnurie deau, par exemple la collecte

    deau dans les zones arides ou la diminution des pertes

    par vaporation ou ruissellement, grce lagriculture de

    conservation, lagroforesterie ou la gestion amliore des

    pturages.

    Lefficience de lutilisation de leau dans lagriculture irrigue : Lagriculture irrigue consomme bien plus deau que les prlvements pour les usages industriels et

    domestiques. La demande pour lirrigation dpasse de loin

    les quantits disponibles. Etant donn la raret de leau en

    ASS, la demande potentielle pour lirrigation est illimite

    et source de comptition et de conflits. La question ne se

    limite pas lapprovisionnement en eau potable des popu-

    lations, du btail et de la faune sauvage mais elle concerne

    aussi les exigences environnementales en eau afin de

    maintenir lcosystme en bonne sant. Actuellement, seu-

    lement 4% des terres agricoles sont irrigues en ASS, elles

    produisent 9% des rcoltes (IAASTD, 2009b). De nom-

    breux schmas dirrigation souffrent dun gaspillage deau

    et la salinisation des terres est un problme courant.

    Lagriculture irrigue en ASS Le secteur agricole est de loin le plus gros utilisateur des

    ressources en eau du monde avec 70% de la consommation.

    En ASS, 87% des prlvements deau en 2000 ltaient pour lagriculture, 4% pour lindustrie et 9% pour les usages domestiques.

    En ASS, moins de 4% des terres agricoles sont irrigues, compar 37% en Asie et 15% en Amrique Latine.

    Lirrigation en ASS se concentre en Afrique du Sud (1,5 mil-lions dha) et Madagascar (1,1millions dha). Dix autres pays (Ethiopie, Kenya, Mali, Niger, Nigeria, Sngal, Somalie, Tanza-

    nie, Zambie, Zimbabwe) irriguent chacun plus de 100000 ha.

    Environ la moiti des surfaces irrigues concerne des sys-tmes petite chelle. En termes de valeur, lirrigation assure environ 9% des rcoltes de lASS.

    Lirrigation mal conduite peut saliniser les sols. En Tanzanie, 1,7-2,9 millions dha sont saliniss et 0,3-0,7 millions dha sont alcaliniss et en partie abandonns. Les effets sont nfastes non seulement pour lagriculture, mais aussi pour les rserves et la qualit de leau.

    Lefficience de lutilisation de leau en agriculture doit tre

    diffrencie : lefficience dacheminement, de distribution

    et dapplication sur les champs. La gestion amliore de

    lirrigation exige une prise en compte de lefficience de

    tout le systme. La figure 6 illustre les squences de perte

    deau et le tableau 1 indique lefficience de diffrents sys-

    tmes dirrigation.

    Tableau 2 : efficience de lirrigation de diffrents systmes dirrigation

    Systme dirrigation Efficience de lirrigation Cots dinstallation

    Champs inonds (p. ex. riz) 2050% bas

    Autres irrigations de surface (rigoles, etc.)

    5060% et plus bas

    Irrigation par aspersion 5070% moyen-lev

    Goutte goutte 8090% lev

    (Source : Studer, 2009)

    Compte tenu de la raret de leau, du gaspillage gn-

    ralis et de la gestion dfaillante, les bonnes pratiques

    adopter pour lagriculture irrigue sont les suivantes :

    1. Augmentation de lefficience de lutilisation de leau :

    lors de lacheminement, de la distribution et de lap-

    plication sur le champ. Lacheminement et la distribu-

    tion peuvent tre amliors par un bon entretien, des

    canaux revtus et des tuyaux - et avant tout en vitant

    les fuites. Sur les champs, les pertes par vaporation

    diminuent en utilisant un arrosage basse pression, la

    nuit et tt le matin ainsi quen vitant les priodes de

    vent. De plus, linfiltration au-dessous de la zone raci-

    naire est viter.

    2. distribution dune quantit limite deau sur une plus

    grande surface, en ne satisfaisant pas les exigences de

    la culture, c.--d. une irrigation dficitaire. Ce systme

    permet nettement daugmenter les rendements et

    lefficience, compar une irrigation complte sur une

    surface plus petite (Oweis and Hachum, 2001).

    3. Irrigation de supplmentation en complment de la

    pluie lors des priodes dficitaires, en priode de stress

    hydrique de la croissance des plantes. Cest une stratgie

    cl, sous-utilise, permettant de dbloquer le potentiel des

    cultures pluviales et de productivit / efficience de leau.

    4. Rcupration de leau et son stockage amlior pour

    lirrigation en priode de surplus, pour irriguer (en sup-

    plmentation) en priode de stress hydrique. Les petits

    P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R A T I q U E S d E g d T

  • 29

    barrages et dautres systmes de stockage tels quils

    sont dcrits dans le groupe de GDT de la collecte

    des eaux de pluie , combins avec la gestion de leau

    lchelle de la communaut doivent tre explors

    en tant qualternatives aux projets dirrigation grande

    chelle (IAASTD, 2009b).

    5. La gestion intgre de lirrigation est un concept plus

    large, dpassant les aspects techniques, qui intgre

    toutes les dimensions de la durabilit. Elle comprend

    la gestion coordonne de leau, laide conomique et

    sociale optimises, lassurance dun accs quitable

    leau et aux services de leau, sans compromettre la

    durabilit des cosystmes (Studer, 2009).

    Irrigation de supplmentation Les rendements de sorgho au Burkina Faso et de mas au

    Kenya ont t accrus de 0,5 1,5-2 t/ha avec une irrigation de supplmentation et une gestion de la fertilit du sol (Rock-strm et al., 2003 ; Molden et al., 2007).

    Une tude cot-bnfice dun systme associ mas-tomates en irrigation de supplmentation a trouv un bnfice net de 73 US$ au Burkina Faso et de 390 US$/ha au Kenya. Les systmes traditionnels montrent des pertes nettes, respecti-vement, de 165 US$ et de 221 US$ (Fox et al., 2005).

    Amliorer la productivit de leau dans lagriculture pluviale et irrigue Chaque goutte deau compte : rduire les pertes deau collecter leau optimiser le stockage de leau grer les excs deau

    Tout effort tendant une meilleure gestion de leau doit tre combin avec une gestion amliore des sols, des nutriments et des cultures, et ces synergies peuvent plus que doubler la productivit de leau et les rendements dans lagriculture petite chelle (Rockstrm et al, 2007).

    La rvolution verte de leau se doit dexplorer le potentiel daugmentation defficience de lutilisation de leau pour une productivit accrue des terres. La priorit doit tre donne laugmentation de lefficience de leau dans lagriculture pluviale ; cest l que se trouve le principal potentiel, non seulement pour les rendements mais aussi pour une optimisation des bnfices en gnral. Les pratiques qui accroissent la disponibilit de leau sont celles qui amliorent la couverture du sol et la matire organique du sol, diminuent le ruissellement de surface (voir le groupe sur les barrires en travers de la pente ), ou col-lectent et stockent leau.

    Pour lagriculture irrigue, lacheminement et la distribution sont des stratgies cls supplmentaires dconomie deau. Laccent sera mis sur une transposition grande chelle de lagriculture pluviale avec une irrigation de supplmentation efficiente.

    16

    3

    4

    8 7

    5

    2

    Pertes en eau

    1 vaporation de leau en surface

    2 Percolation profonde dans les canaux

    3 Infiltration traversant les remblais / murs des canaux

    4 Dbordement

    5 coulement en surface /drainage

    6 Percolation profonde sous la zone des racines

    7 Pertes par lvaporation

    8 Transpiration des plantes lors de la production

    Figure 6 : pertes deau dans les systmes dirrigation : de la source la plante (daprs Studer, 2009).

    Les principes des bonnes pratiques de gdT

  • 30 La pratique de la gestion durable des terres

    Fertilit des sols

    La bonne sant et la fertilit des sols sont les fondements

    de la productivit des terres. Les plantes obtiennent leurs

    nutriments par deux sources naturelles : la matire orga-

    nique et les minraux. La fertilit dcroissante des sols

    met en pril la production de nourriture, de fourrages et

    de fibres. Le taux de matire organique du sol, les nutri-

    ments et la structure du sol sont les principaux facteurs

    dinfluence de la fertilit des sols. Les sols de nombreux

    pays dAfrique sont gravement carencs et leurs taux de

    matire organique trs bas : infrieurs 1%, voire 0,5%

    dans la couche suprieure du sol (Bot and Benites, 2005).

    La matire organique du sol est la cl de la fertilit des sols.

    La matire organique comprend tout matriau animal ou

    vgtal retournant au sol et passant par le cycle de dcom-

    position. La matire organique du sol (MOS) est un fond de

    roulement de nutriments : elle contient tous les nutriments

    essentiels pour les plantes et elle contribue absorber et

    retenir les nutriments sous une forme assimilable (Bot et

    Benites, 2005). La matire organique du sol a de multiples

    fonctions : elle est vitale pour une bonne structure du sol

    car elle lie les particules du sol, pour la rtention de leau ;

    elle sert aussi dhabitat aux organismes du sol.

    La texture du sol influence aussi sa fertilit. La prsence

    de particules dargile conditionne la capacit du sol

    retenir les nutriments. Les sols trs sableux ont moins de

    capacit retenir les nutriments que les sols argileux ; ils

    ncessitent donc une attention particulire pour ce qui est

    de la gestion de la fertilit.

    Dclin de la fertilit des sols : La chute de la MOS et de nutriments est simplement cause par le non-respect du

    cycle de la biomasse et des nutriments (figure 7) : davan-

    tage de matire organique et / ou de nutriments (surtout

    les macronutriments sous forme dazote, de phosphore et

    de potassium) quittent le systme quil nen revient.

    Les causes sont multiples :l exportation des rcoltes et des rsidus (biomasse

    vgtale)l perte par rosion des solsl lessivage des nutriments (sous la zone denracinement)l volatilisation des nutriments (p. ex. azote)l minralisation acclre de la MOS par le labour

    Les gains ou apports proviennent des rsidus de plantes

    Dficits en nutriments dans les sols dASSLa rarfaction des nutriments dans les sols africains est importante : Les terres cultives ont perdu environ 22 kg dazote (N), 2,5 kg

    de phosphore (P) et 15 kg de potasse (K) par hectare et par an. Les perte