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Les Filles du pasteur Anderson by Jean-Pierre BacotReview by: Françoise ChampionArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 252-253Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127260 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

84.9 AUGRAS (Monique).

Le Double et la metamorphose. L'iden- tification mythique dans le candomble br&- silien. Paris, M6ridiens-Klincksieck, 1992, 298 p.

II faut d'abord remercier les Editions Mnri- diens-Klincksieck qui, en publiant une traduc- tion de ce livre paru au Br6sil en 1983, fournissent au lecteur frangais une des meil- leures 6tudes 6crites sur le candombl6 depuis une vingtaine d'ann6es. La traduction a 6t6 faite par l'auteur, elle-mime frangaise, qui a fait une carribre universitaire de chercheur en psychologie et ethnologie 5 l'universit6 catho- lique (PUC) de Rio-de Janeiro.

Dans la continuation de l'oeuvre de R. Bas- tide, dont l'orientation majeure parait quelque peu pass6e de mode en France aujourd'hui, I'A. affirme un point de vue A<compr6hensif cherchant i saisir la signification que les ac- teurs eux-m~mes attribuent i leur propre comportement>> (...) comment est v6cue, par chacun, la jonction entre l'individu, les sym- boles collectifs et les forces qui leur sont sous- jacentes >>.

La recherche de terrain a 6td effectu6e en 1974-75 et 1979-80 dans la grande banlieue de Rio, ABaixada Fluminense>>. L'A. pr6cise que si, << pour p6n6trer dans l'espace sacr6, elle a dO s'obliger A respecter ses lois>>, elle n'est passde par aucun rite initiatique. Elle pr6cise aussi, et sa modestie doit 8tre loude, Anous n'avons point la pr6tention d'avoir embrass6 toute la complexit6 du monde du candombl6, ni d'avoir tout compris. Je m'attacherai seule- ment i la description des modbles mythiques de comportement, et de leur int6gration dans la vie de chaque initi6 >.

Aprbs un rapide mais utile rappel de la si- tuation des religions d'origine africaine dans le contexte br6silien, et de la fagon dont elles ont 6t6 6tudi6es, I'A. entraine d'abord son lec- teur, comme pour l'initier <<de l'ext6rieur A>, dans une description du monde de 1'<< Autre >> qui n'est pas seulement symbolique. Puis elle propose une analyse de son fonctionnement i partir des modules mythiques, les dieux. Cela fait, et fort bien, m~me si ce que l'on dit des dieux n'est et ne peut 8tre, par d6finition di- rai-je, jamais d6finitif, I'A. redescend sur terre, dans la communaut6 oh les dieux, qui sans cela ne seraient rien, sont venus eux aussi pour AchevaucherA leurs enfants et en prendre <<possession>>. Si les dieux ne sont rien sans leurs enfants, ces derniers, A leur tour, et grace i leur dieu, apprennent qu'ils sont Aun micro- cosme oji se nouent toutes les forces du

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monde >> et qui a Asa signification individuelle (ori, sa tate), son chemin personnel (odu, son destin), sa propre capacit6 de transformation (Exu) >>.

Ce livre est done plus qu'une interrogation sur quelques-uns des mythes des religions afri- caines du Br6sil; il est, aussi, et surtout, une interrogation sur l'aventure humaine et sa vo- lont6 de refuser le non-&tre, qui est inaccepta- ble, la mort, pourtant r6elle, 6 combien !..

Serge Lamatina.

84.10 BACOT (Jean-Pierre). Les Filles du pasteur Anderson. Paris, Ed. EDIMAF, 1988, 134 p.

Ce petit ouvrage, dense, donne un tris bon panorama de <<deux sidcles de Franc-Magon- nerie mixte et f6minine en France >> (c'est 1i le sous-titre de l'ouvrage). Il y a tout d'abord seulement la magonnerie d'adoption, A l'ombre des loges masculines, et oii il ne s'agit pas v6- ritablement de magonnerie car la femme est considdrde comme <<initiable >> (cette premiere magonnerie d'adoption s'6tiole vers 1860). Puis l'auteur nous montre combien difficile, apres scissions et tergiversations en tous sens, sera l'accouchement du Droit Humain, ob6- dience mixte, finalement n6e en 1893, et pro- mise a un grand d6veloppement, tant en France qu'i l'6tranger (ici, souvent en liens etroits avec la Thdosophie, elle sera plus <<spiritua- liste>> qu'en France oi elle est iddologique- ment proche du Grand Orient). Au m~me moment s'affirment d'autres loges mixtes << rd- volutionnaires et f6ministes sans tiddeur>> (Louise Michel y sera initide, au soir de son existence). Ce courant connut un grand succis au tournant du sibcle puis disparut. Une autre alternative, exclusivement f6minine, 6mergera un peu plus tard: la Grande Loge F6minine de France. Elle est n6e, dans l'ombre des loges masculines de la Grande Loge comme magon- nerie d'adoption. En meme temps qu'elle a 6t6 rendue ind6pendante des loges masculines, elle a perdu progressivement l'esprit <<Bonnes oeuvres >> qui 6tait au ddpart le sien.

L'A. ne pr6tend pas avoir fait oeuvre origi- nale d'historien. II a largement puis6 dans les travaux d'histoire de la magonnerie. Mais sa mise en perspective de la question de la femme est tout i fait int6ressante. L'ouvrage foisonne de remarques de caractbre sociologique fort ju- dicieuses. Un seul exemple i propos de la nais- sance de la magonnerie et du foisonnement de ses courants: AOn peut meme avancer que

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plus une ob6dience est r6cente et manque d'histoire, plus elle fait appel i la prd-histoire. Toute tradition se devant d'8tre transmise, on mesure le traditionalisme i sa volontd d6ses- p6r6e de se trouver des anc~tres lointains >. Les observations de J.P.B. sur les 6volutions les plus r6centes de la franc-magonnerie (par exemple sur les 6volutions invers6es de la Grande Loge F6minine oji le rite frangais, moins <<spiritualiste>>, progresse, et du Droit Humain oii on r6invoque souvent d6sormais, le Grand Architecte de l'Univers) sont aussi pr6- cieuses. D'autant plus que, comme le remarque J.P.B. lui-meme, <<nulle discipline n'est plus mal servie que la sociologie magonnique >.

L'ouvrage, publi6 par des 6ditions franc-ma- gonnes est manifestement a destination interne. Partie prenante de la pol6mique continue sur la question des femmes, 1'A. a opt6 pour un certain persiflage. Loin d'&tre g~nant ce style est bienvenu. Il n'en va pas de m~me de l'op- tion pour certains codes du langage interne i la franc-magonnerie (<<Acolonnes du Temple>>, Stenue >, loges < bleues >, etc.). On le regret-

tera car le livre pr~sente un int6rit au-delk des cercles de la franc-magonnerie.

Frangoise Champion.

84.11 BARNAVI (Elie), 6d. Histoire universelle des Juifs. De la gendse

la fin du XXe sibcle. Paris, Hachette, 1992, 300p. (Index, Cartographie Michel Opatow- ski).

Rassembl6s sous la direction de l'historien E. B., une cinquantaine de sp6cialistes inter- nationaux de la civilisation h6brafque et juive nous proposent ce panorama historique, riche- ment illustr6. Chaque thbme fait en effet l'ob- jet d'un article synth6tique souvent trop court, nous semble-t-il, accompagn6 d'une chronolo- gie des principaux faits, d'une carte et de re- productions photographiques. L'ouvrage male des articles d'histoire 6v6nementielle (guerres et rdvoltes, pers6cutions et migrations) et d'histoire culturelle ( <<L'art du manuscrit h tra- vers les agesA, <Musiciens, xe s. avant J.C./xxe s. aprbs J.C.>, ALa 16gende du Juif errant>>, etc.); il offre 6galement une pr6sen- tation synth6tique des diff6rents aspects de la culture juive : les rigles alimentaires de la ca- cherout, la tradition rabbinique (une page du Talmud dont les diff6rentes strates de forma- tion sont expliqudes) et la kabbale, le yiddish, l'h6breu, etc. La perspective de critique histo- rique est toujours pr6sente, mfme lorsqu'il

BULLETIN DES OUVRAGES

s'agit du <P6riple des PatriarchesA>>, pr6sent6 comme r~ponse au questionnement de tout peu- ple sur ses origines. Mais on peut se demander, cependant, si le tableau actuel de la diaspora occidentale n'est pas, ici et 1h, un peu trop <noirci>: au sein de soci6t6s d6sormais ac- cueillantes et done incitant i l'assimilation, ne r6sideraient plus (ou presque plus) que des AJuifs imaginaires>> (A. Gal, p. 270) ayant abandonn6 la religion, contractant de plus en plus de mariages mixtes (une < mort douce A... apris la Shoah), et ne trouvant plus qu'en Is- rail, oii ils refuseraient pourtant de se rendre, la r6frrence de leur identit6. Certes l'ouvrage ne tient pas la position, d6sormais r6volue, du sionisme classique sur la valeur de la vie juive en diaspora, il donne toute leur importance aux cultures juives diasporiques - mais celles-ci ont-elles un avenir peut-on se demander par- fois, i la lecture de certains articles ? Mais par- deld ces remarques somme toute marginales, l'ouvrage reste un remarquable outil d'intro- duction A l'histoire des Juifs.

Martine Cohen.

84.12 BAYART (Jean-Francois) et al.

Religion et modernitt politique en Afrique noire. Paris, Karthala, 1993, 312 p.

Aussi disparate que les religions en Afrique, cet ouvrage r6pond A son titre surtout en deux chapitres plus synth6tiques que les autres: ALes itindraires politiques de l'Islam au Nord Nigeria>> par Christian Coulon (dramatisation des conflits religieux, inflation des identit6s musulmanes, travail iddologique de l'Islam comme instrument des groupes dominants, as- pects r6formistes et rdvolutionnaires), et Les Eglises chr6tiennes et le ventre >> de Jean-Fran- gois Bayart, 6voquant trois tendances de la nouvelle g6n6ration sacerdotale: 1) la re- cherche exag6rfe de l'argent, des aises, de la vie facile; 2) la soif du pouvoir; 3) la re- cherche exag6r6e de la compagnie des femmes et des filles. L'auteur y 6voque aussi les adap- tations du catholicisme au continent africain, l'interd6pendance religion-Etat, mais s'il a le mdrite d'etre fiddle t sa thise sur L'Etat en Afrique, s'il est vrai que le ventre de l'Eglise a de l'app6tit, il passe A c~t6 de l'essentiel de I'exp6rience et de l'expansion religieuses en Afrique en les saisissant sous cet angle.

Quant au reste de l'ouvrage, il touche au r61e des femmes dans l'Islam, A l'influence de l'Islam dans le projet Sankara et

, des cultes

ponctuels et sp6cifiques.

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