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la revue P r i x d e v e n t e h or s a d h é s i o n
1€
Editrice responsable : Sylvia Vannesche, rue de l’Oratoire 34, 7700 Mouscron Tél : 00 32 (0)56 33.72.13
Dans ce numéro :
Le Togo,
présentation
générale
Pp. 2 à 5
Intervention
d’Oxfam Pp. 8 à11
Coka P 12 & 13
Momo et Jean-
Luc Pp. 14, 15
Grisou raconte P 16
Jacques
Varrasse P.17 & 18
1 H pour les
Droits de
l’Homme
P. 20
L’Atelier
Solidaire P. 21
2 6 4
ECO-VIE est une association à voca-
tion écologique, reconnue en Education Per-manente et membre d’Inter -Environnement Wallon ie , de la Maison des Associations
de Tourcoing, du CRIE de Mouscron, de la Coal it ion
Cl imat, de Nucléaire STOP ! , du réseau Idée ainsi que du Contrat r ivière Escaut-Lys, d'Escaut Sans Frontière et
du Col lecti f Lys-Deûle Envi-
ronnement
Tout est parti de notre
atelier djembé au cours
duquel les participants, au
delà de la pratique d'un
instrument, découvrent
d'autres cultures, d'autres
f e m m e s , d ’ a u t r e s
hommes.
C'est ainsi qu'est née
l'idée de faire « plus »,
c’est-à-dire de mener con-
crètement un projet au
Togo. Le choix s’est porté
sur l’achèvement d’un dis-
pensaire à Tchihé. Il est
en effet impératif de ter-
miner ce dispensaire et de
le mettre sous toit, c’est
une priorité pour le vil-
lage.
Mais avant de concrétiser
cette idée et au vu des
questionnements d'une
partie de nos membres,
nous avons pensé qu’il
était important d’entamer
une réflexion globale sur
les relations Nord-Sud et
sur la notion de coopéra-
tion.
C’est pourquoi, grâce à
une aide toute spéciale de
la Fédération Wallonie-
Bruxelles, nous avons or-
ganisé, à Blandain, le 1er
et 2 octobre dernier, un
week-end consacré à des
échanges, des conférences
sur ces thèmes mais aussi
à d e s r e n c on t r e s
d’hommes et de femmes
de « là-bas », des immi-
grés venus nous parler de
leur pays, de leur vie, de
leurs coutumes, de leur
musique, de leur cuisine.
Cette revue « spéciale To-
go » est là pour vous rela-
ter ces deux journées.
Nous voulons vous faire
partager ces instants pri-
vilégiés, ces rencontres
afin que vous aussi, vous
puissiez réfléchir, modes-
tement mais concrète-
ment, avec nous aux rela-
tions Nord-Sud.
Le 2 octobre, lors de l’éva-
luation avec les partici-
pants, la dynamique était
bel et bien lancée : devant
la satisfaction plus qu’évi-
dente des participants et à
leur demande, nous avons
décidé de programmer un
nouveau moment de ré-
flexion. Cette fois-ci, ce
sera à Mouscron, le ven-
dredi 24 février et le sa-
medi 25 février. Au pro-
gramme : une expo
« photos », des confé-
rences, un jeu qui vous
aidera à mieux com-
prendre la notion de
« dette », un atelier djem-
bé, un atelier de cuisine
du monde… Vous trouve-
rez tous les détails pra-
tiques à l’intérieur de cette
revue.
En espérant vous rencon-
trer nombreux, nous vous
souhaitons une excellente
année 2012.
Qu’elle soit douce pour
vous et vos proches,
qu’elle soit solidaire et
empreinte d’humanité.
Sylvia
http://www.eco-vie.be/
LE TOGO, UN PETIT PAYS
D’AFRIQUE DE L’OUEST Le Togo est un pays africain de 56 785 km² dont la longueur est de
600 km et dont la largeur varie de 50
à 150 km. Le pays possède 1 700 km de frontière avec le Burkina Faso, le
Ghana et le Bénin et 50 km de côtes
donnant sur le Golfe de Guinée. Le
Togo est divisé en cinq régions et une commune (Lomé).
1. la région maritime
2. la région des plateaux 3. la région centrale
4. la région de la Kara
5. la région des savanes
QUELQUES CHIFFRES CLÉS Dans la mesure du possible, nous
donnons les chiffres de la Bel-
gique afin de rendre possibles les
comparaisons.
Superficie : 56.790 km²
Belgique : 30.513 km2
Environnement : Régime tropical
sec à deux saisons au Nord et climat
subéquatorial au Sud.
Population : 6.600.000 millions
d'hab.
Belgique : 11.000.000 d’hab.
Projection 2050 : 13.544.000 mil-
lions d'hab.
Croissance démographique :
2,62%
Belgique : 0,07%
Population de -15 ans : 43,9%
Belgique : 15,5%
Densité de la population : 122
hab./km²
Belgique : 349,2 hab./km²
Population urbaine : 41,4%
Espérance de vie : 57,86 ans
Belgique : 78,92 ans
Mortalité infantile : 10%
Belgique : 0,31 %
Alphabétisation : 53,2%
Belgique : 99%
Scolarisation : 66%
Indice de développement humain
(2003) : indicateur : 0,479 ; rang :
159 (sur 175 pays)
Belgique : indicateur : 0,867 ; rang :
18 (données 2010)
Langues usitées : Ewés, Kabiés,
Minas…
Religions : Animistes, catholiques,
musulmans, protestants…
QUELQUES DONNÉES ÉCONOMIQUES TOGO
- RNB par habitant PPA :
890$/habitant (RNB –PPA– 5,618 mil-
liards de dollars)
- PIB : 2,855 milliards de dollars
BELGIQUE
- RNB par habitant PPA :
36.610$/habitant
- PIB : 471.161 milliards de dollars
P a g e 2
Au moment de préparer cette re-
vue spéciale, il nous est revenu la
réflexion d’une jeune fille fort in-vestie dans un projet d’aide au Sé-
négal et qui s’étonnait que des Sud
-Africains ne désirent pas s’investir
« d’office » dans l’organisation d’une soirée destinée à récolter
des fonds. « Pourtant ce sont des
Africains » s’était-elle exclamée ! A l’époque on lui avait expliqué,
qu’il y avait plus de distance entre
Dakar et Durban qu’entre Bruxelles et Chicago. S’étonnait-elle aussi
que les habitants de Chicago ne se
sentent pas tout à fait concernés par les problèmes d’égouttage à
Mouscron ?
Cette anecdote est significative d’une certaine perception occiden-
tale du continent africain, qu’on
conçoit bien trop souvent comme une sorte de bloc homogène… Il
s’agit aussi ici de casser cette
image et de tâcher de donner à voir toute la complexité des
choses.
Nous avons donc décidé de rendre
compte de façon (peut-être un peu
scolaire) de la région d’Afrique qui nous concerne ici.
P a g e 3 2 6 4
La part la plus importante du PIB pro-
vient de deux secteurs d’activité émi-
nents : le port de Lomé et l’exploita-
tion d’un important gisement de phos-
phates apportant plus de 40 % des
recettes d'exportation (5ème produc-
teur mondial).
Le port en eau profonde est une réali-
sation hautement politique, et d’enver-
gure internationale, puisqu’une mise en
œuvre aussi coûteuse ne pouvait se
justifier que si elle concernait les pays
enclavés au nord du Togo (notamment
le Burkina Faso et le Niger) et bien sûr
les réseaux mar-
chands des bailleurs
de fond, ce qui indui-
sait la création, éga-
lement, d’un réseau
routier vers ce nord.
Une zone franche
s’est mise en place à
la fin des années 80.
Une petite industrie
de PME couvre de
nombreux secteurs
de la consommation
courante. L’agricul-
ture concerne plus
des 2/3 de la population active. Les
cultures d'exportation portent essen-
tiellement sur le café-cacao et le coton.
Un barrage hydroélectrique (réalisation
conjointe du Bénin et du Togo) fournit
près du tiers des besoins en électricité
des deux pays. Togo et Bénin dépen-
dent pour 70% du Ghana.
L'économie togolaise, naguère équili-
brée, a été très fragilisée par l'instabili-
té politique des dernières années (voir
page 4 les « données historiques ») et
par la suspension de l'aide extérieure.
Depuis juin 2001, cette aide ne repré-
sente plus que 5% du Produit Intérieur
Brut.
E n l ' a bse n ce d ' E tat ,
l a po pu lat ion s 'o rgan is e
La population togolaise assure sa sur-
vie dans un pays en régression, grâce
notamment à une dynamique associa-
tive assez développée (micro-crédit,
animation rurale, etc.) avec un rôle
particulier des mouvements féminins
d’entraide et de conscientisation.
Les conséquences de la détérioration
de la situation économique sur les
plans scolaire et sanitaire sont bien sûr
ravageuses. Le manque d’écoles et de
fournitures, la faible qualification d’une
grande partie des enseignants et le
caractère aléatoire de leur rémunéra-
tion posent deux problèmes majeurs :
l’accès à l’éducation et sa qualité (voir
en page XXX).
Le RNB est le revenu national brut. On
peut exprimer le RNB en PPA, c’est-à-
dire en parité de pouvoir d'achat, PPA. Cette dernière méthode permet (en
théorie) de gommer les différences de
prix entre pays. Pour un pays donné,
un dollar US exprimé en PPA (valant alors, par exemple, 1,13 dollar US) a le
même pouvoir d'achat dans ce pays
qu'un dollar américain aux États-Unis.
Le revenu national brut (RNB) est la
somme du PIB (produit intérieur brut) et du solde (soit positif, soit négatif)
des flux de revenus avec le reste du
monde. En termes plus simples, il s’agit de la différence entre de l’argent
qui entre et sort du pays ; par
exemple, les revenus expatriés par des
entreprises et/ou des résidents étran-gers et des revenus importés dans le
pays, en provenance d’entreprises ou
de nationaux travaillant à l’étranger. Dans de nombreux pays, les flux en-
trants et sortants tendent à s’équili-
brer, de sorte que le PIB et le RNB ne diffèrent guère. Mais, par exemple, en
Irlande, les sorties de bénéfices et de
revenus, effectuées essentiellement par les grandes entreprises multinatio-
nales qui y sont implantées, excèdent
de très loin les rapatriements de reve-nus. De façon générale, en Afrique, la
situation est totalement inverse ; les
personnes expatriées envoient des
sommes importantes dans leurs pays d’origine…
Pour les PMA africains (les « pays les
moins avancés), les envois de fonds sont estimés à 6,4 milliards de dollars
en 2007.
Un exemple : envois de fonds
vers le Sénégal
Mine de phosphates au Togo
P a g e 4
27 avril 1960 Proclamation de l'indé-
pendance.
9 avril 1961 Victoire de Sylvanus
Olympio à l'élection présidentielle.
13 janvier 1963 Coup d'Etat militaire.
Assassinat du président Sylvanus
Olympio. Nicolas Grunitzky lui succède.
15 mai 1963 Victoire de Nicolas Gru-
nitzky à l'élection présidentielle.
12 janvier 1967 Coup d'Etat du lieu-
tenant-colonel Etienne Gnassingbé
Eyadema.
12 mai 1967 Dissolution des partis
politiques.
29 novembre 1969 Création d'un
parti politique unique, le Rassemble-
ment du peuple togolais (RPT).
9 janvier 1972 Victoire du général
Gnassingbé Eyadema à l'élection prési-
dentielle.
Janvier-février 1974 Nationalisation
de l'industrie des phosphates.
30 décembre 1979 Adoption d'une
nouvelle Constitution et réélection du
général Gnassingbé Eyadema.
13 janvier 1980 Proclamation de la
IIIe République.
8-10 août 1985 Visite du pape Jean-
Paul II.
24 septembre 1986 Tentative de
coup d'Etat de mercenaires venant du
Ghana et du Burkina Faso (100 morts).
Intervention militaire de la France.
21 décembre 1986 Victoire du géné-
ral Gnassingbé Eyadema (3ème man-
dat).
5 octobre 1990 Violentes manifesta-
tions à Lomé (5 morts).
12 mars-12 juin 1991 Manifestations
des étudiants et grève générale lancée
par l'opposition.
11 avril 1991 Massacre de la lagune
de Bé, à Lomé (26 morts).
8 juillet-28 août 1991 Conférence
nationale à Lomé : réduction des pou-
voirs du président Gnassingbé Eyade-
ma, élection d'un Haut Conseil de la
République (HCR), instauration d'un
régime semi-présidentiel, nomination
d'un Premier ministre de transition,
Joseph Kokou Koffigoh.
1er octobre 1991 Tentative de coup
d'Etat militaire (5 morts).
27 novembre-3 décembre 1991
Tentative de coup d'Etat militaire
contre le Premier ministre Joseph Ko-
kou Koffigoh. Le Premier ministre, cé-
dant à l'armée, forme un nouveau gou-
vernement.
5 mai 1992 Tentative d'assassinat
contre l'opposant Gilchrist Olympio.
27 août 1992 Le HCR rétablit le prési-
dent Gnassingbé Eyadema dans ses
prérogatives.
27 septembre 1992 Adoption par
référendum d'une nouvelle Constitu-
tion.
25 janvier 1993 Violente répression
d'une manifestation de l'opposition (16
morts). Exode de milliers de Togolais
vers le Ghana et le Bénin.
25 mars 1993 Tentative de coup
d'Etat militaire.
25 août 1993 Victoire de Gnassingbé
Eyadema à l'élection présidentielle
(4ème mandat), boycottée par l'oppo-
sition.
1997-1998 Lancement du processus
de privatisation des filières du coton et
des phosphates.
21 juin 1998 Victoire de Gnassingbé
Eyadema à l'élection présidentielle
(5ème mandat).
29 juillet 1999 Signature d'un accord
entre les partis politiques de la mou-
vance présidentielle et de l'opposition
afin d'enrayer la crise politique qui per-
dure depuis les années 1990.
30 décembre 2002 Modification par
le Parlement de l'article 59 de la Cons-
titution qui limitait à deux le nombre
de mandats présidentiels.
1er juin 2003 Victoire de Gnassingbé
Eyadema à l'élection présidentielle
(6ème mandat).
5 février 2005 Décès du président
Gnassingbé Eyadema.
7 février 2005 Investiture de Faure
Gnassingbé en tant que président.
25 février 2005 Sanctions diploma-
tiques et militaires de l'Union africaine.
Démission de Faure Gnassingbé.
24 avril 2005 Victoire de Faure Gnas-
singbé à l'élection présidentielle ; élec-
tion suivie de violences (plus de 400
morts).
27 mai 2005 Levée des sanctions de
l'Union africaine.
21 avril 2006 Reprise du dialogue
entre le gouvernement et les princi-
paux dirigeants de l'opposition.
20 août 2006 Signature à Lomé d'un
accord politique global mettant fin aux
violences et prévoyant la formation
d'un gouvernement d'union nationale
et l'organisation d'élections législatives.
14 octobre 2007 Elections législa-
tives.
29 novembre 2007 Rétablissement
de la coopération avec l'Union euro-
péenne après 14 ans de suspension.
12-13 avril 2009 Tentative d'interpel-
lation de Kpatcha Gnassingbé, impliqué
dans une tentative d'atteinte à la sûre-
té de l'Etat.
15 avril 2009 Arrestation et inculpa-
tion de Kpatcha Gnassingbé.
23 juin 2009 Abolition de la peine de
mort.
8 janvier 2010 Attentat des rebelles
du Front de libération de l'enclave de
Cabinda (FLEC) contre le bus de la sé-
lection nationale de football du Togo
lors de la Coupe d'Afrique des Nations
en Angola (2 morts).
4 mars 2010 Réélection de Faure
Gnassingbé.
15 septembre 2011 Condamnation
de Kpatcha Gnassingbé à 20 ans de
prison, pour avoir fomenté un coup
d'Etat en avril 2009.
P a g e 5 2 6 4
Nous nous arrêtons ici sur la poli-
tique de la France en Afrique parce
que le Togo appartient à cette
sphère d’influence. On comprendra
que la France n’est pas la seule à
pratiquer de la sorte. Et que la Bel-
gique pourrait être elle aussi large-
ment pointée du doigt (qu’on se
souvienne de l’assassinat de Pa-
trice Lumumba…).
La politique africaine de la France re-
lève du domaine réservé du chef de
l’État. Elle échappe donc dans une très
large mesure à tout contrôle démocra-
tique. Le résultat, c’est que la réalité
de la Françafrique, c’est à dire des
liens politiques, économiques et mili-
taires entre la France et ses anciennes
colonies africaines (mais malheureuse-
ment pas seulement), paraît tout à fait
incroyable tant elle est en décalage, et
même en opposition totale, avec
l’image que les médias donnent géné-
ralement de l’action généreuse de la
France sur le continent africain.
Pourtant, des investigations aussi im-
portantes que minutieuses (1) ont per-
mis de dresser un début de cartogra-
phie de cet univers occulte où se mê-
lent quête du pouvoir, prédation éco-
nomique et trafics en tout genre, et
leur corolaires que sont la violence et
la misère qui frappent les populations
africaines.
Une décolonisation de façade
Pour comprendre le système de la
Françafrique, il faut remonter à ses
origines.
A son retour au pouvoir en 1958, De
Gaulle se voit contraint par le mouve-
ment de l’histoire et les pressions in-
ternationales à accorder officiellement
leur indépendance aux anciennes colo-
nies subsahariennes de la France. Mais
dans le même temps, il charge son
fidèle homme de l’ombre Jacques Foc-
cart de faire l’inverse, c’est-à-dire de
maintenir la dépendance de fait.
C’est le point de départ de la Fran-
çafrique : d’un côté une légalité inter-
nationale proclamée haut et fort, les
indépendances, mais de l’autre la mise
en place de mécanismes perpétuant la
dépendance, et donc forcément illé-
gaux puisqu’en contradiction avec
l’indépendance reconnue en droit.
La soumission politique contre
l'enrichissement personnel
Le système s’est d’abord mis en place
par l’installation quasi-systématique de
chefs d’États « amis de la France », ce
qui permet de donner une illusion
d’indépendance.
L’exemple le plus flagrant est sans
doute celui du gabonais Omar Bongo,
pilier historique de la Françafrique, qui
a reconnu être issu des services se-
crets français.
Différentes méthodes sont utilisées
pour arriver à ces fins.
D’abord, la violence extrême, comme
ce fut le cas au Cameroun où le popu-
laire mouvement indépendantiste de
l’UPC, mené par Ruben Um Nyobé, a
été littéralement écrasé dans un bain
de sang par la France et ses alliés lo-
caux, provoquant entre 1957 et 1970
entre cent et quatre cent mille morts,
selon les estimations. Dans d’autres
cas, quand la population était parvenue
à se doter de leaders éclairés et élus,
on a procédé par l’assassinat pur et
simple des dirigeants. Ce fut notam-
ment le cas au Togo où Sylvanus
Olympio fut froidement assassiné par
des officiers franco-togolais fraîche-
ment débarqués des guerres coloniales
indochinoises et algériennes, parmi
lesquels se trouvait Etienne Eyadéma.
Celui-ci prendra par la suite la tête du
pays, instaurant une dictature militaire
impitoyable durant près de quarante
ans.
Retenons aussi, quelques années plus
tard, le cas de Thomas Sankara, leader
charismatique du Burkina-Faso qui fut
renversé et assassiné par l’actuel chef
d’État burkinabé Blaise Compaoré,
avec le soutien de la France (et l’appui
de l’indéfectible Félix Houphouët-
Boigny).
Autre méthode, la fraude électorale
massive qui a permis d’écarter systé-
matiquement tout candidat issu des
aspirations des peuples concernés,
pour installer des dirigeants dévoués à
la cause française.
(1) notamment par François-Xavier Ver-
schave, et ses continuateurs dont les tra-
vaux, compilés en différents ouvrages cu-
mulant plusieurs milliers de pages, ont subi
par deux fois l’épreuve de la justice fran-
çaise. La justice n’a pourtant pu que recon-
naître, pour reprendre les termes du juge-
ment, « l’importance des sujets évoqués,
mais aussi le sérieux des investigations ef-
fectuées ». Celle-ci a donc admis que
« malgré la vigueur des attaques, il n’appa-
raît pas que la démarche de François-Xavier
Verschave soit critiquable. » voir le site
http://survie.org/auteur/survie
Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville)
Sylvanus Olympio
P a g e 6
Comment ces « gouverneurs noirs »
ont-ils pu accepter un tel marché, hy-
pothéquant pour des décennies le dé-
veloppement de leur pays et le bien-
être de leurs populations ? La réponse
c’est l’appât du gain. Les termes du
marché implicite passé par la France
avec ces potentats locaux consistait
tout simplement à dire « laissez-nous
décider de la conduite des affaires du
pays, et en échange de votre silence
et de votre soutien, servez-vous à vo-
lonté dans les caisses de l’État ». Et
les intéressés (au premier rang des-
quels les Eyadéma, Mobutu, Moussa
Traoré, etc.) ne se sont pas fait prier,
constituant parfois des fortunes consi-
dérables égalant la dette extérieure de
leurs pays !
La domination militaire et l’appui
aux États policiers
Sur le plan militaire, la domination est
également flagrante.
Elle passe bien sûr par la présence de
bases militaires sur le continent afri-
cain, aujourd’hui au nombre de trois
(Sénégal, Gabon et Djibouti)
Les accords de défense constituent
l’autre instrument de la domination
militaire. Ces accords, garantissant le
soutien français en cas de menace ex-
térieure et intérieure, lient officielle-
ment huit pays africains à la France,
mais ils s’accompagnent de toute une
série d’accords plus ou moins secrets
d’assistance technique et de coopéra-
tion militaire. Le corollaire de cette
coopération est bien sûr la vente
d’armes...
A tout cela s’ajoute la domination mili-
taro-policière qui s’exerce à travers
toute une série d’officines publiques et
privées, l’envoi de mercenaires parfois
mandatés et équipés par la France, et
la fourniture d’agents et de matériel de
sécurité visant à former et à équiper
des polices politiques comptant parmi
les plus violentes du monde et qui s’il-
lustrent régulièrement dans la répres-
sion sanglante de toute velléité d’op-
position. Dernier exemple en date, la
fourniture par un groupe français de
500.000 euros d’équipement pour les
forces de sécurité togolaise à l’ap-
proche des présidentielles de 2010
dans le cadre d’un « projet d’appui à
la sécurisation des élections ». Les
manifestants apprécieront !
La prédation économique et
le pillage des ressources
L’exploitation des richesses du conti-
nent africain était au cœur du projet
colonial. Lorsque celui-ci prend fin,
l’accès à certaines ressources straté-
giques reste une préoccupation ma-
jeure.
De Gaulle affirme dès 1961 : « Notre
ligne de conduite, c’est celle qui
sauvegarde nos intérêts et qui
tient compte des réalités. Quels
sont nos intérêts ? Nos intérêts,
c’est la libre exploitation du pé-
trole et du gaz que nous avons dé-
couverts ou que nous découvri-
rions. »
Pour remplir cet objectif, le
général crée Elf Aquitaine,
avec à sa tête un de ses
proches issu des services
secrets : Pierre Guillaumat.
C’est le début de la mise en
place du système Elf, qui vise à assu-
rer la mainmise française sur le pétrole
et le gaz africain. Cette entreprise ne
sera jamais une simple compagnie pé-
trolière, comme le montre notamment
le nombre d’agents secrets qu’elle em-
ploie (jusqu’à 400 !), et comme le dé-
montrera partiellement l’affaire Elf,
lorsque celle-ci éclate à la fin des an-
nées 90, éclaboussant au passage les
plus hauts personnages de la Répu-
blique dont l’ancien ministre et prési-
dent du Conseil Constitutionnel Roland
Dumas, et même le Président de
l’époque, François Mitterrand.
Aux entreprises métropolitaines que la
décolonisation a laissées en position
dominante (La Compagnie Française
de Développement des Textiles (1)
pour le coton, Rougier pour le bois,
CFAO pour le commerce et la distribu-
tion, les plantations coloniales de ba-
nanes, de café, de cacao, etc.) s’ajou-
tent des groupes privés qui s’appuient
sur l’Afrique pour se développer de
manière extraordinairement rapide
comme Bouygues, ou encore Bolloré,
dont la boulimie et la diversification
accélérée des activités sur le continent
(transports, médias, commerce, plan-
tations etc.) laissent penser qu’ils ten-
dent à remplacer Elf par son influence
sur les affaires franco-africaines.
Parmi les piliers de la prédation écono-
mique des ressources africaines, on
peut encore citer Areva qui exploite
d’immenses mines d’uranium dans des
conditions écologiques et sanitaires
déplorables. On peut enfin citer Total,
qui a absorbé la trop sulfureuse en-
seigne Elf, ou encore BNP Paribas très
implantée dans le secteur stratégique
de la banque en Afrique.
Outre l’action des entreprises, qui bé-
néficie le plus souvent d’un soutien
plus qu’appuyé de la part du pouvoir
politique français, l’exploitation écono-
mique de l’Afrique est facilitée par des
éléments systémiques que sont les
accords de coopération écono-
mique qui assurent à la France un
quasi-monopole d’accès à certaines
ressources stratégiques ou particuliè-
rement rentables.
Le Franc CFA constitue par ailleurs
une véritable camisole contraignant les
anciennes colonies africaines à com-
mercer en priorité et dans des condi-
tions préférentielles avec la France, et
qui fut également un outil de détour-
nement et de blanchiment massifs.
Enfin, les pays africains sont égale-
ment prisonniers du carcan d’une
dette exponentielle, contractée par
des dictateurs irresponsables avec
l’encouragement bienveillant de Paris,
et qui entrave aujourd’hui inexorable-
ment le décollage économique de ces
pays.
(1) Aujourd'hui transformée en plusieurs
sociétés nationales dans différents pays
d'Afrique occidentale ou équatoriale. La
maison mère a changé de nom pour s'appe-
ler 'Développement des agro-industries du
Sud (Dagris)'1 puis Geocoton..
Répression mars 2011 –Togo
P a g e 7 2 6 4
Dans le cadre de sa thématique
« ouverture et compréhension de la
culture africaine », Eco-Vie organise
depuis plusieurs années un atelier
« djembé ». Afrique, rythmes, percus-
sions, spectacle : des mots qui font
rêver et qui expliquent l’engouement
pour cette activité qui connaît donc un
joli succès.
Cet atelier consacre un important mo-
ment à l’explication et à la mise en
contexte des morceaux joués puisque
ceux-ci sont liés à un ou l’autre évè-
nement qui scandent la vie sociale…
C’est ainsi que naissent discussions et
débats. Petit à petit, au fil des ate-
liers, de la découverte de la culture et
des réalités de l’Afrique de l’Ouest et
des discussions a émergé le souci de
« ne pas en rester là »… Les partici-
pants se sont mis à réfléchir à ce
qu’ils pourraient bien faire de
concret qui puisse venir en aide
à la région qui les passionne.
Notre animateur est pour sa part
fort engagé dans cette interro-
gation. Dans les débats, son ex-
périence se révèle dès lors très
précieuse. Lui, s’est tourné vers
des « micro-projets » en lien
avec des partenaires directs.
C’est ainsi qu’il est en contact
depuis une dizaine d’années
avec VEDET, une association sise
à Lomé et créée à l'initiative
d'un de ses amis togolais, Assou
Koutchena, avec d'autres per-
sonnes de son quartier -
« Boka », à Nyékonakpwé.
Le but de Volontariat, Echange
et DEveloppement au Togo
(VEDET) est l'échange culturel par la
confrontation directe de volontaires,
tant d'ici que de là-bas, aux réalités
des quartiers et villages défavorisés
du Togo, par l'organisation, entre
autres, de Camps-Chantiers.
La participation financière des volon-
taires européens permet le parrainage
de jeunes citadins togolais qui partici-
pent eux aussi au chantier (pour dix
inscrits occidentaux, ce seront vingt
personnes qui se retrouveront dans
un projet commun avec des villageois
qui accueillent toute l’équipe).
Cette proposition d’engagement con-
cret a rapidement mené Eco-Vie à une
réflexion plus globale sur le sens de
certaines de ses activités et d’un dé-
placement au Togo.
Ainsi sont nées les interrogations sui-
vantes :
- les ateliers de cuisine africaine
préparatoires ont-ils du sens dans
une démarche qui se veut respec-
tueuse de l’environnement ?
- ce projet de déplacement ne relè-
verait-il pas d’une sorte de néo-
colonialisme ?
- ce projet ne risque-t-il pas d’ap-
porter une caution à un régime poli-
tique qu’on connaît mal ?
- quelle est la place de la femme au
Togo ? Etc.
Il nous est clairement apparu que ces
questions ne pouvaient pas être réso-
lues d’un coup. Nous avions besoin
d’une approche informée et nuancée,
qui dépassait d’ailleurs le simple cadre
du projet de l’atelier « djembé » pour
s’appliquer à l’ensemble de « nos »
rapports avec l’Afrique.
C’est pourquoi nous avons pris la dé-
cision d’organiser un week-end rési-
dentiel afin de pouvoir commencer à
en débattre plus largement.
Lors de la préparation, le groupe por-
teur avait imaginé un « menu » de
conférences et de débats pour ces
deux journées.
Pour rappel, le 1er octobre, nous de-
vions avoir un atelier cuisine
« Togo », une conférence-débat avec
Oxfam Solidarité et « Le Monde selon
les femmes », puis une conférence-
débat avec Daniel Tanuro sur le ré-
chauffement climatique et le nouveau
colonialisme qu’il engendre, un repas
africain puis un concert-rencontre
avec Coka Mangé Camara
Malheureusement, nous avons appris
deux jours avant le week-end, que
Daniel Tanuro ne pourrait nous re-
joindre pour raison familiale. Heureu-
sement pour nous, Jacques Varrasse a
accepté de nous concocter, au pied
levé, une conférence –débat sur la
coopération… Un tout grand merci à
lui !
Comme un souci n’arrive jamais seul,
nous apprenions également que
l’animatrice du jeu Sudestan ne
pourrait finalement pas nous re-
joindre (erreur d’agenda)… Là
aussi, il nous a fallu nous organi-
ser en dernière minute (ce qui
n’est jamais simple) et nous
avons pu compter sur la présence
de Jean-Luc Hélie et Momo Taleb
qui ont accepté de venir témoi-
gner de leur projet de coopéra-
tion l’un avec le Togo, l’autre
avec le Maroc.
On peut dire que nous n’avons
pas perdu au change parce que,
tout compte fait, ces trois confé-
renciers se sont révélés très inté-
ressants et que ce qu’ils nous ont
présenté a alimenté très efficace-
ment notre réflexion.
Quant à Daniel Tanuro et au jeu
Sudestan, ce n’est que partie remise
puisque nous vous les re-proposerons
le 25 février.
Cette revue se propose donc de don-
ner un aperçu des différents moments
de réflexion que nous avons vécus
durant ce week-end des 1er et 2 oc-
tobre afin de les partager aussi large-
ment que possible avec nos membres
et toutes les associations intéressées.
P a g e 8
Tchihé est un village « de brousse »,
dans la préfecture de Blitta, à l'ouest
du pays. Tchihé est entouré de petites
rivières, dont la traversée est souvent
impossible en saison pluvieuse. Les
malades et femmes enceintes ne peu-
vent dès lors pas rejoindre par les
pistes les dispensaires les plus
proches : ceux de Nyamassila, à
12km, et d'Akaba à 15km. Quant aux
hôpitaux (car un dispensaire dispose
d'au moins un infirmier, mais pas for-
cément d'un médecin), à partir de
Nyamassila, il faut compter 1h de
route pour celui d'Atakpamé ou 3h
pour celui de Lomé, à la condition
qu’un véhicule soit disponible...
Dans ces conditions, on comprend
bien que les 9 villages environnant
Tchihé pourront aussi bénéficier du
dispensaire…
A l’heure actuelle, seules les fonda-
tions et une petite partie des murs de
ce dispensaire ont pu être achevées.
Il manque une bonne part du finance-
ment pour achever et les murs et la
toiture…
Le dispensaire est demandé par le
village à l'association VEDET, l'asso-
ciation s'occupe de le construire et
d’ouvrir le dispensaire en prenant en
charge les coûts. Puis c'est l'Etat qui
prend le relais une fois que le dispen-
saire est ouvert et fonctionne (ça s'est
passé déjà comme ça dans le cas du
projet précédent : une école).
Pour que le dispensaire puisse tour-
ner, il faut 3 éléments : la matrone,
qui fait les premiers soins et aide à
l'accouchement, l'infirmier et la phar-
macie. L'infirmier est d'abord payé
par l'association et celle-ci fait le pari
que l'Etat reprenne le dispensaire, s'il
répond aux normes notamment en ce
qui concerne la vaccination.
La durée estimée de prise en charge
par l'association VEDET est de 2 à 3
ans.
Pour que le dispensaire puisse se
mettre à fonctionner, il faut une ré-
serve financière estimée à 5.000 €,
pour achever la construction et à
2.000 € pour le démarrage du dispen-
saire
Etat actuel du dispensaire
Plan du projet de dispensaire
P a g e 9
Stéphane et Etienne, animateurs
chez Oxfam, nous ont présenté
deux grands axes d’action d’Ox-
fam-Solidarité.
- la campagne « Cultivons », avec des
éléments sur l'accaparement des
terres et la souveraineté alimentaire
- le programme Sud d'Oxfam Solidari-
té et l'appui à l'agriculture familiale
Nous avons essayé de condenser en
quelques pages le contenu passion-
nant, mais pas toujours très facile à
retenir, de ces exposés.
Il faut que nous précisions aussi que
les « débats » qui ont suivi ces expo-
sés ont surtout porté sur des ques-
tions d’éclaircissement.
L’évaluation de cet épisode en parti-
culier a porté sur plusieurs points :
a) une telle quantité d’informations
dispensées en un simple après-midi
ne permet pas de réels débats (au
sens d’une opposition constructive
d’idées) ; il est donc important de me-
surer le « différentiel » de connais-
sances entre les intervenants et leur
public ;
b) néanmoins, ce passage par une
information de type descendant est
intéressant (voire indispensable)
c) il est utile que soit réalisé le travail
de synthèse auquel nous nous livrons
ici : il faut fournir des données résu-
mées ainsi que des références qui
permettent de fixer les connaissances
acquises et d’aller plus loin ensuite.
Commençons donc par fournir
quelques liens qui permettent d’accé-
der à des vidéos (que nos animateurs
auraient voulu nous faire visionner, ce
qui s’est avéré techniquement impos-
sible à Blandain) :
1) Filière lait au Burkina Faso et Déve-
loppement Durable :
http://www.vizzi.be/programma/
lokale-melkproductie-zorgt-voor-
duurzame-bestaansmiddelen-burkina-
faso
2) Les étuveuses de riz au Burkina
Faso :
http://www.oxfamsol.be/fr/Unions-
des-etuveuses-de-Banzon-et.html
3) Un documentaire réalisé pour le
PACT (Programme d’Appui aux Collec-
tivités Territoriales) au Mali. Après
une introduction qui expose la problé-
matique de façon générale, le film se
structure en différentes séquences
thématiques essentiellement axées
sur des témoignages. Sont ainsi suc-
cessivement traités : l’égalité entre
hommes et femmes, les modes d’héri-
tage, l’insécurité foncière, la gestion
de la terre, l’utilisation des bénéfices
tirés de l’exploitation, l’achat de terre
et les prêts de terre à des associations
de femmes.
http://www.dailymotion.com/video/
xkb6b7_femmes-et- f onc ier -au-
mali_news
1ER EXPOSÉ.
Nous reproduisons ici les données que
nous avons eu l’occasion de découvrir
lors de la présentation de la cam-
pagne « Cultivons ».
1) UN CONSTAT : DE PLUS EN PLUS
DE GENS SOUFFRENT DE LA FAIM.
Après des décennies de progrès très
timides dans la lutte contre la faim,
on observe une progression drama-
tique de la faim dans le Monde.
Outre la souffrance immédiate de cen-
taines de millions de gens, la faim est
un indicateur de malaises plus pro-
fonds, responsables de nombreux
chocs et d’une fragilité manifeste du
système global(isé)dans lequel nous
vivons :
- l’épuisement des ressources
- l’importance du changement clima-
tique
- le dysfonctionnement des marchés
- le dysfonctionnement du système
financier
- la crise énergétique qui s’annonce
2) LE DISCOURS « OFFICIEL » :
NOUS DEVONS PRODUIRE PLUS !
La FAO (Organisation des Nations
Unies pour l’alimentation et l’agricul-
ture) prévoit une augmentation de 70
% de la demande d’ici 2050 et la
croissance démographique sera con-
centrée dans les régions souffrant
d'insécurité alimentaire - en 2050, 7
personnes sur 10 seront dans les
PFRDV (Pays à Faible Revenu et à Dé-
ficit Vivrier).
On prévoit en outre une « demande
croissante » poussée par le dévelop-
pement économique et la transition de
certains pays vers une forme de con-
sommation plus proche de celle des
pays occidentaux.
3) QUELQUES PRÉALABLES
avant de s’attaquer au problème
de la faim d’un milliard d’êtres
humains, on peut envisager tout
autrement les solutions et dépas-
ser la rengaine trop connue du
« toujours produire plus » ; ainsi :
a) il convient de produire de manière
durable, c’est-à-dire de nourrir 9 mil-
liards de personnes d’ici 2050 sans
détruire la planète
Le n
om
bre
de g
ens v
ictim
es d
e la
faim
(en m
illions/a
nnée).
Ce que nous sommes très, très
loin de réaliser à l’heure actuelle.
- La croissance des rendements agri-
coles n’atteint pas plus d’1% par an,
bien en deçà de la croissance de la
demande et le changement climatique
aggrave encore la situation
b) il convient de garantir les mêmes
droits pour tous
Nous devons nous attaquer aux inéga-
lités qui touchent le système alimen-
taire et ce, de la production à la con-
sommation ; il est impératif de com-
mencer avec le milliard de personnes
souffrant actuellement de la faim
c) nous devons intensifier notre capa-
cité à gérer collectivement toutes
formes de risques. Tant au niveau
international qu’au niveau national
(c’est la « résilience »)
4) DES ALTERNATIVES SONT
POSSIBLES !
a) il faut relocaliser l’agriculture
La faim, la vulnérabilité des popula-
tions et la pauvreté sont concentrées
dans les zones rurales.
Le faible rendement des petits exploi-
tants est lié à une utilisation plus
faible des ressources, non à un
manque d’efficacité.
Investir pour accroître l'accès aux res-
sources permettra d'accroître la pro-
duction et de combler l'écart dans le
rendement.
Cette démarche va permettre de
mettre en place une forme d’adaptabi-
lité et augmenter l’égalité.
b) au niveau global, trois grands
changements doivent être soutenus
- Lutter contre la crise alimentaire en
construisant des réserves alimen-
taires, en luttant contre les agrocar-
burants et la spéculation, en régulant
le marché des matières premières et
en assurant une protection sociale
réelle.
- Investir dans l’agriculture paysanne
C’est là que se situent les véritables
possibilités de renforcer la production
et de lutter contre le manque de nour-
riture
- Prévenir un possible effondrement
écologique en obtenant un accord
mondial sur le changement climatique
et en évitant les fausses solutions.
2ÈME EXPOSÉ.
Nourrir le monde en préservant la Nourrir le monde en préservant la
planèteplanète (1)
Stéphane Parmentier
consultant et chercheur indépendant
sur les questions agricoles et de sou-
veraineté alimentaire (http://
www.agriculture-viable.net)
Ière Partie : le monde globalisé,
une approche des problèmes
1) De façon générale, le système
capitaliste est le fondement des
impasses actuelles du système
alimentaire mondial
Le capitalisme est un modèle écono-
mique et social fondé sur la propriété
privée des moyens de production et
d’échange et il privilégie les intérêts
particuliers des détenteurs de capi-
taux
Ses caractéristiques majeures :
- le profit l’emporte sur tout autre ob-
jectif, y compris de développement
durable ;
- c’est pourquoi on assiste à la trans-
formation en marchandises d’un
nombre toujours plus important de
sphères d’activités humaines (voir par
exemple, Revue d’Eco-Vie n°263, l’ar-
ticle sur Google) ;
- pour se perpétuer le capitalisme a
besoin de se globaliser, c’est-à-dire
d’étendre toute sa sphère d’action à la
Planète ;
- le capitalisme est basé sur la con-
currence acharnée et la disparition
des « plus faibles » (ce qui à terme
entraînera la disparition de toute con-
currence) ;
- les rapports de force sont profondé-
ment déséquilibrés ;
- la « financiarisation de l’économie »
est une conséquence logique de l’ex-
tension du domaine d’action du capi-
talisme ; la spéculation est une source
de profits gigantesques ;
- dans la mesure où le profit guide les
décisions, on vit un grave déficit dé-
mocratique.
- on constate enfin que les pouvoirs
publics ont petit à petit reculé et ne
jouent plus suffisamment leur rôle de
garant de l’intérêt général
De façon plus particulière, nous avons
ensuite examiné divers aspects de la
logique capitaliste dans les domaines
qui nous concernaient ce jour.
2) l’agriculture industrielle en-
gendre beaucoup plus de pro-
blèmes qu’elle n’apporte de solu-
tions
Elle contribue à l’insécurité alimen-
taire :
- En conditionnant la sécurité alimen-
taire des populations à la recherche
première d’une rentabilité économique
maximale
- En favorisant l’endettement d’un
nombre important d’exploitations
- En destinant davantage ses produc-
tions aux marchés internationaux, ce
qui contribue à rendre dépendant
d’importations un nombre croissant de
pays pour assurer la sécurité alimen-
taire
- En contribuant à la standardisation
des habitudes alimentaires, au détri-
ment des préférences culturelles lo-
cales
(1) Nous nous contentons ici de faire un relevé des problèmes ; les solutions préco-
nisées par Stéphane étant fort proches de
celles qui ont avancées ci-dessus (voir le point Des alternatives sont possibles!)
- Les terres arables par habitant ont
presque diminué de moitié depuis
1960.
- La demande en eau devrait augmen-
ter de 30% d’ici 2030, ce qui place
l’agriculture en opposition avec
l’industrie.
- D’ici 2050, nous devrons être ca-
pables de nourrir 9 milliards de per-
sonnes en émettant 90% d’émissions
de CO² en moins
Ce que nous sommes très, très
loin de réaliser à l’heure actuelle.
- Ainsi, par exemple, dans les pays
riches, 50% des gens ont un excédent
de poids et nous jetons environ un
quart de la nourriture que nous ache-
tons.
- La terre est généralement très con-
centrée et son accès n’est pas tou-
jours assuré.
- En particulier pour les femmes, qui
ne représentent généralement que 10-
20% des propriétaires fonciers.
- 4 sociétés contrôlent 50% des
ventes de semences, 6 d’entre elles
contrôlent 75% des produits agrochi-
miques.
- 3 sociétés contrôlent 90% du com-
merce des céréales.
Ce que nous sommes très, très
loin de réaliser à l’heure actuelle.
Ce que nous révèle une simple énu-
mération des facteurs de risque :
- Le prix de l’énergie qui va s’accrois-
sant (notamment en raison de la spé-
culation et de la rareté)
- Le développement des agrocarbu-
rants (avec son cortège de consé-
quences dramatiques, en matière de
souveraineté alimentaire, de perte de
la biodiversité, etc.)
- L’opacité du marché des matières
premières (et les spéculations y liées)
- Les accords économiques injustes,
protectionnistes et inégaux
- Le changement climatique
- De façon générale, la spéculation
Elle induit une réduction de la biodi-
versité, liée :
- Aux modes de production industriels
conduisant à de graves atteintes à la
faune et la flore (déforestations, utili-
sation massive de produits de syn-
thèse…) ;
- À l’homogénéisation des productions
agricoles en vue de répondre aux exi-
gences standardisées
Elle pollue les eaux (nitrates –engrais,
lisier-, phosphates –engrais…) et pose
de nombreux problèmes en termes de
santé publique
Elle engendre un épuisement des sols,
notamment induit par leur surexploi-
tation et l’utilisation d’intrants chi-
miques qui réduit à long terme la ma-
tière organique.
Elle contribue au changement clima-
tique par un bilan net d’émissions de
gaz à effet de serre : changement
d’affectation des sols lié induisant une
pe rt e de pu i t s de carbone
(déforestation liée à la production
d’agrocarburants, modes d’élevage
intensifs hors sol au détriment des
prairies…), consommation directe et
indirecte d’énergie fossile (machines
agricoles, intrants)…
Elle rend la production agricole et ali-
mentaire plus vulnérable face aux ef-
fets du changement climatique.
Elle procure très peu d’emplois com-
parativement aux agricultures pay-
sannes.
3) la libéralisation des marchés
La libéralisation progressive des mar-
chés agricoles et alimentaires se tra-
duit notamment par l’ouverture forcée
des frontières dans le cadre des dik-
tats de la banque mondiale et du FMI,
de l’OMC, des accords commerciaux
bilatéraux et de politiques nationales
ou régionales.
Les « recommandations » de ces insti-
tutions finissent par priver de débou-
chés des producteurs locaux et fait
obstacle au développement de filières
alimentaires dans des pays qui, selon
tout bon sens, devraient avoir intérêt
à produire eux-mêmes des produits
alimentaires qu’ils importent.
Ce processus rend les pays pauvres
plus dépendants des importations ali-
mentaires. Ce qui accentue encore
leur endettement et les conduit à ré-
duire leurs politiques publiques.
4) Le fonctionnement des mar-
chés agricoles et alimentaires est
de plus en plus influencé par des
acteurs financiers.
Des fonds d’investissements et autres
fonds spéculatifs interviennent sur les
marchés agricoles à terme dans une
perspective purement spéculative.
Ces interventions accroissent la volati-
lité des prix négociés. Ce sont notam-
ment ces manœuvres (qui visent à
des profits à très court terme) qui ont
entraîné les « émeutes de la faim »
des dernières années.
5) L’accaparement de terres
L’achat ou la location de terres agri-
coles se conclut par le biais d’accords
entre des investisseurs internationaux
ou nationaux privés ou publics et des
États. Ces accords sont surtout moti-
vés par la volonté d’assurer la sécuri-
té alimentaire du Nord (dans une lo-
gique industrielle) et par la volonté de
répondre à la demande croissante en
agrocarburants. Selon l’Oakland Insti-
tute, 50 millions d’hectares auraient
fait l’objet d’accaparement entre 2006
et 2009 (16 fois la Belgique).
6) Le manque d’accès à la terre
On constate aussi des inégalités fla-
grantes d’accès à la terre.
Parmi les principales causes de
manque d’accès à la terre pour les
paysannes et paysans à l’échelle mon-
diale (diversement prépondérantes
selon la région du monde concernée),
on distingue :
- Le développement de cultures indus-
trielles destinées aux marchés à l’ex-
portation
- L’élevage industriel
- Le développement des cultures des-
tinées à la production d’agrocarbu-
rants (responsable d’environ 30 %
des accaparements de terres) ;
- L’urbanisation.
Parmi les conséquences dramatiques
de la logique industrielle capitaliste
qui guide l’agriculture mondiale, nous
citerons encore pour mémoire le dé-
veloppement des OGM.
Coka est avant tout un « luthier
africain », créateur d'instruments,
dans la digne lignée de son père.
Son « bolon », une harpe-luth basse de sa fabrication, est com-
posé d'une calebasse dont un trou
est recouvert par une peau de
chèvre tendue, un peu comme un
« bara » (voir illustration). Une ouïe sur le côté permet la diffusion
du son produit par le jeu des
doigts sur les cordes de peau
(chèvre et boeuf) tendues sur un manche de bois courbe.
Mais Coka compose, écrit et
chante aussi. Parmi ses composi-
tions personnelles, il nous a chan-té « Foutida » (« Le pays des
Blancs ») et bien d'autres encore.
En commentant ses chansons,
souvent bilingues, Coka nous a
parlé de son parcours personnel, de ses bonheurs et de ses mal-
heurs, tant en Afrique qu'en Eu-
rope. Le tout dans un style imagé,
comme le font si bien les ménes-trels africains...
Coka est guinéen d'origine. Il est
né en Guinée, a grandi au Séné-gal, où il a épousé une fille du cru,
avant de revenir en Guinée puis
de s’envoler vers d'autres cieux,
plus cléments malgré les appa-
rences : il est venu en Belgique, y est devenu demandeur d'asile, a
été reconnu comme réfugié poli-
tique et a récemment été naturali-
sé belge...
Coka « cherchait après l'Europe »
depuis longtemps. Son père, le
« vieux » Coka CAMARA était un
grand voyageur : du temps où il appartenait aux Ballets de Guinée,
il a fait le tour du monde et a
beaucoup parlé de l'Europe à ses
enfants.
Les problèmes de « Coka » Man-gué dans son pays natal sont de-
venus insupportables.
Sa famille n'acceptait pas qu'il ait
épousé une « étrangère » d'une part, et de l’autre, l'atelier de fa-
brication d'instruments qu'il avait
ouvert fut fermé sans plus de ju-
gement par le chef de quartier qui
abondait dans le sens de ceux qui
n'acceptaient pas ses chansons traitant de sujets sensibles, sur-
tout politiquement parlant (contre
l'excision, les mauvais juge-
ments,...).
Profitant d'une tournée de con-certs pour laquelle il avait été re-
tenu avec toute une troupe pour
représenter la Guinée en raison de
son art du maniement du bolon, Coka a quitté son pays natal.
Sa femme et ses enfants restèrent
tout d'abord en Guinée, puis mi-
grèrent au Sénégal, pour que sa femme puisse retrouver ses
proches.
Pendant tout ce temps passé loin
de sa famille, Coka a tout mis en oeuvre pour pouvoir rester en Bel-
gique.
Pourquoi as-tu voulu venir en
Europe ?
Coka: « « Il faudrait dire aussi :
pourquoi les Européens ont-ils
cherché, et cherchent-ils encore
l'Afrique ?
L'Europe a investi dans l'Afrique.
Ils sont venus, ils ont montré leur
supériorité, ils ont changé tout,
modifié tout et puis, ils nous ont
laissés, ils sont rentrés chez eux.
Nous, on va se débrouiller, mais
on veut savoir, on veut aller voir là
-bas aussi... »
Oui, mais quand même, pour-
quoi quitter le soleil, la belle
vie souriante, pour venir sous
le ciel gris, chez des gens pas
sympas ?
Coka : « « Tu ne peux pas vivre
normalement en Guinée. Je vis
cette vie, ma vie, partout où je
peux ; je ne suis pas obligé de res-
ter là où je suis né.
Et puis, qu'est-ce que chacun
cherche? Il faut relativiser le re-
gard, la quête des uns et des
autres… En Afrique, tu vis dans
ton village, ou dans ton quartier,
tu ne penses pas à aller ailleurs si
tu n'as pas un besoin particulier
d'y aller, la vie est partout, c'est
plus vivant, les enfants peuvent
jouer dans la rue...
Mais ici, ça me plaît. J'ai des amis
occidentaux… Je vis ici, je ne
cherche pas à reconstituer la com-
munauté africaine. »
Ca ne doit pas être facile, la
famille et le clan… là-bas ?
Coka : « Tout de même, ma fa-
mille : ma maman, 7 petits frères
et soeurs, mon papa, ma grand-
mère, il faut travailler pour tout le
monde ; le peu que je gagne ici, si
j'envoie 20 euros à ma maman,
c'est beaucoup pour elle, 10 euros
à mon frère…
« Ma fille aînée a été excisée à
mon insu et contre mon gré, à
l'âge de 6 ans. Profitant de mon
absence, ma propre soeur est ve-
nue la chercher à la maison sous
prétexte de la « prendre en va-
cances », ma femme n'a pas com-
pris, et de toutes façons, elle ne
pouvait pas refuser… »
« Un autre problème aussi, tous
mes enfants, sauf la dernière, ont
la nationalité guinéenne : ils sont
nés en Guinée, sauf la dernière qui
est née au Sénégal. Pour les pa-
piers, c'est un problème... »
Eco-Vie, durant toute la durée de ce
week-end, a tâché de mener ses ac-
tions de la façon la plus cohérente
possible, et notamment en termes de
nourriture. L’ensemble des produits
que nous avons proposés étaient es-
tampillés « bio » (ou au minium, pour
l ’ u ne ou l ’ au t re ex cep t i on ,
« agriculture raisonnée »).
Nous avons ainsi servi des viandes, du
fromage et du pain issus de l’agricul-
ture bio locale ou, pour ce qui concer-
na it les fournitures un peu
« exotiques », nous avons présenté
des produits bio et équitables (pour
l’essentiel en provenance d’Oxfam -
Magasins du Monde).
Cette cohérence a un prix : il nous a
été donné de discuter de ce genre de
choix, de son accessibilité, des lo-
giques dans lesquelles il s’insère.
Il n’en demeure pas moins que cela
fait un « choc » d’apprendre que notre
petit déjeuner n’est accessible, que ce
soit au Togo et, de façon générale, en
Afrique, qu’aux plus fortunés
(économiquement et/ou culturelle-
ment). Ce que n’est que chez ce type
de citadins que nous aurions pu trou-
ver notre table pourtant simplement
composée de thé, de café, de cacao,
de lait, de sucre, de pain, de beurre,
de miel, de chocolat à tartiner et de
confiture…
Et encore ! Le lait, à moins de vivre là
où vivent les vaches, ou d'être suffi-
samment fortuné pour se le procurer
dans les magasins fréquentés par les
blancs, sera généralement concentré,
sucré ou non, en boîte, et l'on y aura
ajouté de l'eau chaude...
Et oui, le lait est généralement au To-
go… un produit d’importation au
même titre que le café et le cacao :
même si la matière première est pro-
duite sur place, ce sont des produits
transformés par les multinationales
qui seront finalement consommés café
lyophilisé, thé en infusette, cacao-
fantaisie... Le pain quant à lui sera de
type « français » : pain-baguette (en
fait souvent servi, comme à Lomé,
avec une omelette à l'oignon et la to-
mate).
Mais le plus souvent on mange le ma-
tin les restes de riz de la veille, une
bouillie ou des beignets, comme les
kangklos que nous avons aussi pu
manger ce matin du 2 octobre.
Les Kangklos sont une sorte de bei-
gnets à base de chair de banane plan-
tain très mûre, additionnée d'un peu
de farine de maïs blanc pour donner le
corps nécessaire à la cuisson par fri-
ture.
P a g e 1 3
Tagoudicht et Lemdint
Momo Taleb
Après avoir visionné un reportage réa-
lisé par No Télé sur le village de Ta-
goudicht et Lemdint, les participants
écoutent Momo raconter comment
s’est passé pour lui son projet de coo-
pération.
Il faut savoir que Momo Taleb est ori-
ginaire du village marocain de Tagou-
dicht et qu’une partie de sa famille y
vit encore actuellement. Il est venu en
Belgique pour étudier et y est resté. Il
habite actuellement Mouscron avec sa
femme et ses enfants.
Allal et son frère Momo, ont crée
l’association « Le Petit Atlas » pour
venir en aide à leur village d’origine.
Tagoudicht est un village blotti dans la
chaîne de l’Anti-Atlas (Petit Atlas) au
sud du Maroc. Le village se trouve à
40 km de Tazenakht, à 120 km de
Ouarzazate et à 500 km de Casablan-
ca (principale ville économique du
pays).
Tagoudicht ce sont environ 300 habi-
tants qui vivent en quasi autarcie,
d’un peu de culture et d’un peu d’éle-
vage. Le village se situe dans une dé-
pression formant un plateau (le pla-
teau de Zenaga) entouré de sommets
culminant à 2000 m. Le climat sec et
continental se caractérise par des va-
riations importantes de température
allant de –5° en décembre à 35° en
juillet et une pluviométrie irrégulière.
Il s’ensuit une absence de toute végé-
tation herbacée en dehors des cul-
tures irriguées : aucun arbre, aucun
buisson sur les espaces non cultivés.
Des sécheresses répétitives ont com-
plètement transformé le paysage en
moins de trente ans, provoquant une
diminution des surfaces de culture et
de pâturage et compromettant les
capacités d’autosuffisance de popula-
tion locale.
Momo nous explique que lorsqu’il était
jeune, la plaine devant le village était
verte mais que, jusqu’il y a peu, cette
plaine ressemblait plutôt à un désert
de cailloux ! C’est que le désert, qui
est assez proche du village, de l‘autre
côté de l’Anti-Atlas, avance. C’est
pourquoi, à l’occasion de son cinquan-
tième anniversaire, suite à une idée
de son épouse Colette, Momo a de-
mandé à ses amis de verser de l’ar-
gent sur un compte plutôt que de se
voir offrir un cadeau. Cet argent de-
vait servir à la plantation de mille
arbres irrigués par un système de
« goutte-à-goutte » très économe en
eau.
Depuis, les arbres ont été plantés et
les habitants du village se sont mobili-
sés. Devant les maisons et dans les
champs, oliviers, amandiers, figuiers
procurent des fruits et de l’ombre. Le
système d’irrigation a révolutionné la
façon de travailler. L’économie d’eau
est impressionnante, les paysages
sont devenus verdoyants, des petits
potagers voient le jour et un retour
vers les activités de la terre s’amorce
inéluctablement.
Le « goutte à goutte » est une expé-
rience unique dans la région, des
séances d’information ont régulière-
ment lieu et les autorités locales voi-
sines encouragent les villageois à op-
ter pour ce système. Le projet d’irri-
gation a été réalisé à partir d’un puits
qui avait été initialement creusé pour
subvenir aux besoins du village en
eau potable, il s’est avéré par la suite
indispensable de forer un second puits
dont l’usage est exclusivement consa-
cré à l’irrigation. Ce projet a été sou-
tenu par les « 24h de Mouscron ».
Le second projet également soutenu
par les 24h est l’aménagement d’une
piste vers le village de Lemdint. Ce
village, éloigné de quelques kilo-
mètres de Tagoudicht, est situé dans
la montagne et n’est accessible qu’à
pied, ou à dos de mule. Cet isolement
empêche ce beau village et ses habi-
tants de vivre tournés vers le monde.
Les habitants de Tagoudicht ont donc
décidé d’aider à désenclaver le village
de Lemdint en aménageant une piste
à travers la montagne jusqu’au vil-
lage. Pour cela, la mobilisation des
villageois de Lemdint est nécessaire
mais il faut aussi des outils, des maté-
riaux de construction et donc de l’ar-
gent. L’association a donc aidé finan-
cièrement Lemdint.
Il est frappant de constater la solidari-
té qui existe entre Tagoudicht et Lem-
dint.
L’association Petit Atlas existe depuis
de nombreuse années et a, à son ac-
tif , de nombreux projets menés à
bien pour le développement de Ta-
goudicht :
- construction d’une école
- construction d’un foyer abritant des
ordinateurs et… des métiers à tisser
(les femmes confectionnent des tapis,
qu’elles revendent ensuite)
- installation de groupes électrogènes
à Tagoudicht et dans des villages voi-
sins (projet mené conjointement avec
un professeur et des élèves du Collège
St Henri de Mouscron)
- mais aussi des cours d’alphabétisa-
tion pour les femmes
Le prochain projet sera un hammam
pour les femmes, hammam qu’elles
gèreront elles-mêmes.
Les amandiers au printemps, Tagoudicht
Les Amis de Kuma Konda
Jean-Luc Hélie
Jean-Luc est venu nous parler du pro-
jet qu'il a mené à bien avec le groupe
« Les Amis de Kuma Konda »
Après avoir fait connaissance avec le
village et ses habitants, lors de
voyages touristiques au Togo, un
groupe d'amis a décidé d'aider le vil-
lage de Kuma Konda.
Kuma Konda est un petit village du
Togo situé dans la montagne, dans la
fôret. Le village compte 800 habitants
et se situe à environ 12 km de Kpali-
mé (une des villes principales du To-
go).
Lors d'un repas de fête, les habitants
du village ont demandé de l’aide et
l’une des demandes a particulière-
ment retenu l’attention des « Amis » :
aider à la construction et à la consti-
tution d'une bibliothèque,
Par la suite, un autre projet a vu le
jour : la construction d'un bâtiment
pour l'école primaire du village (trois
classes « en dur » pour remplacer les
trois « cases » qui tenaient lieu de
locaux scolaires). Ce projet a pu être
réalisé grâce à l'aide de « Go to To-
go », projet soutenu par l’Espace Ci-
toyen, lors des « 24h de Mouscron »
en 2000. Grâce à l'argent récolté lors
des 24h, la nouvelle construction a pu
être inaugurée pour la rentrée des
classes 2001.
« Les amis de Kuma Konda » ont fi-
nancé la formation de 2 bibliothé-
caires et paient encore actuellement
le salaire d'un bibl iothécaire.
De la même façon, ils financent un
complément de salaire à 3 instituteurs
volontaires (non payés par l'Etat),
l'autre partie de leur salaire étant
payée par les parents d'élèves. Le
complément de salaire s'est en effet
avéré indispensable parce qu'à un
certain moment, pour arrondir les fins
de mois, les professeurs non payés
avaient tendance à amener les élèves
faire des travaux sur leurs parcelles
de champs et à écourter les heures de
classes ...
C'est pourquoi, Jean-Luc nous ex-
plique qu'il ne suffit pas d'envoyer de
l'argent, mais qu'il faut aller sur place
suivre le projet afin qu'il puisse se
réaliser et vivre dans de bonnes con-
ditions. C'est pourquoi, les « Amis de
Kuma Konda » se rendent encore au
Togo. Ils y vont régulièrement et ont
des réunions avec les professeurs et
le directeur de l'école.
Cette école a encore actuellement be-
soin de matériel didactique, de maté-
riel scolaire, d'un point d'eau, le projet
se poursuit donc...
A l’issue des interventions de Momo et
Jean-Luc, nous avons tâché de tirer
quelques conclusions, sous forme de
« constantes » que nous avons pu
dégager des images et des récits que
nous venions de voir et d’écouter…
1) il nous a semblé que, dans les deux
projets dont nous ont entretenus Mo-
mo et Jean-Luc, la première chose
que nous devions retenir c’était le
« coeur ». C’est parce que tous deux
se sont engagés affectivement qu’ils
ont pu trouver l’énergie, la force de
mener leurs idées jusqu’au bout (et
ce, même si les rapports initiaux avec
les lieux d’implantation des projets
sont fort différents).
2) nous avons aussi remarqué que cet
élan du cœur devait être encadré par
une réflexion menée en commun avec
les personnes concernées ou deman-
deuses ; dans le cas de Momo le con-
tact est assez évident, moins dans
celui de Jean-Luc, mais quoi qu’il en
soit il est indispensable.
3) ceci implique que d’indispensables
déplacements, destinés à assurer une
présence sur place et donc que les
moyens soient dégagés qui les ren-
dent financièrement possibles -dans
un premier temps pour définir les be-
soins, dans une second pour assurer
un suivi.
4) un autre point est très clairement
apparu, c’est que, quelle que soit la
volonté de bien faire, il est indispen-
sable de recourir à des « expertises »
extérieures. La mise en place du sys-
tème du goutte à goutte ou la forma-
tion de bibliothécaire ont dû être as-
surées par des personnes qui dispo-
sent des savoirs nécessaires.
5) enfin, nous avons senti (surtout
dans l’exposé de Momo) que ces ex-
périences pouvaient faire tâche d’huile
et qu’une des composantes des pro-
jets devaient être leur caractère
« reproductible ».
Préparation du système de goutte à goutte
Jean-Luc lors remise de diplômes à Kuma Konda
P a g e 1 6
ECO-VIE JUNIOR Grisou raconte...
Grisou raconte … l’intrus !
Ce matin, je suis très inquiet… Juges
-en par toi-même : cela fait plu-
sieurs jours qu’un chat erre dans
notre jardin ! Il m’observe derrière
la baie vitrée, comme je l’observe.
Je suis habitué à vivre avec d’autres
chats puisqu’il y a en trois autres
dans la maison, mais nous formons
une famille. Celui là n’est pas de ma
famille… C’est un intrus ! Un étran-
ger ! Il ne me ressemble pas, moi je
suis un mâle avec un pelage gris
souris, lui c’est un mâle tigré mais
avec un mélange de couleurs gris,
noir, blanc… Personne ne lui res-
semble dans ma famille, il est diffé-
rent, il me fait peur. Je pense qu’il
habite de l’autre côté de la haie,
mais ces derniers temps, il est de
plus en plus souvent chez nous. Je
l’ai même surpris plusieurs fois réfu-
gié dans une caisse en carton dans
le garage. Peut-être a-t-il eu froid ou
faim, ou les deux ? Oui, mais il est
chez moi et il va peut-être (si ce
n’est déjà fait) me manger mes cro-
quettes ou s’installer sur mon cous-
sin… Je ne peux pas laisser faire ça,
je suis certain qu’il est là pour me
faire du mal et prendre ma place….
Ça me fait vraiment trop peur ! Il
faut que j’ameute les autres chats
de la maison pour que, ensemble,
nous nous défendions. Ne dit-on pas
qu’il n’y a pas meilleure défense que
l’attaque ? Alors, on va lui faire com-
prendre qu’on ne veut pas de lui
chez nous, on va le chasser jusqu’à
ce qu’il ne revienne plus… Il aura
forcément peur de nous, puisqu’il est
tout seul et que nous sommes
quatre… Oui forcément, nous serons
les plus forts. Oui, nous allons pré-
parer un bon plan avec Apronie,
Bagheera et Cannelle… Mettre des
panneaux peut-être pour dire qu’on
ne veut pas de lui ? Ou des barbelés
pour l’empêcher de rentrer chez
nous ? Ou lui courir après chaque
fois qu’on le verra… Oui on fera ça.
Mais avant, il faut que je me repose
un peu. Tout cela m’a épuisé et je ….
Rrrr… Rrrr… Rrrr
Mais que se passe-t-il ? Où suis-je ?
Pourquoi ai-je si froid ? Quel est ce
pays qui n’est pas le mien ? Je ne
reconnais pas ce jardin. Et les chats
de ma famille où sont-ils ? Qu’est-ce
que j’ai faim ! Où sont mes cro-
quettes ? Mais qu’est-ce qui m’ar-
rive, qu’est-ce qui m’arrive ? Voilà
qu’il pleut à présent et pas un seul
abri pour me reposer, pour me gar-
der de la pluie… Mais qu’est-ce que
j’ai fait pour mériter ça ? Je suis trop
fatigué, j’ai trop faim… Il faut que je
trouve un endroit pour me reposer,
pour me poser quelques moments,
je suis épuisé et personne pour m’ai-
der… Ah si ! Sauvé ! Voilà une mai-
son, vite, vite … Hourra, il y a même
une chatière qui me donne accès à
la maison et oh, super, là, au milieu
de la pièce, un feu… Quel bonheur,
je vais m’installer devant mais…
Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que
vous faites ? Pourquoi me frappez-
vous ? Je n’ai rien fait, je ne faisais
que me reposer, je suis tellement
fatigué … Arrêtez, s’il vous plaît !
Miauw, miauw… C’est trop dur, ça
fait si mal… Miauw, miauw …
Ah quel affreux cauchemar ! Mes
miaulements m’ont réveillé ! Tant
Ouf, ce n’était qu’un mauvais rêve,
tant mieux ! N’empêche, j’ai eu la
frayeur de ma vie.
Dehors la pluie tombe doucement, je
vais à la fenêtre… Le chat errant est
toujours là et d’un coup je repense à
mon rêve et je me dis « et si c’était
moi ? ». Je crois que j’ai compris la
leçon, personne ne mérite ça … Je
sors et l’invite à rentrer avec moi et
c’est ainsi qu’il me raconte… Il me
raconte sa peur chez lui, sa peur du
grand chien que ses maîtres ont ra-
mené un jour, ce chien qui lui prend
sa place et qui le chasse, c’est pour
ça qu’il erre parfois dans notre jar-
din : il a trop peur et n’ose plus ren-
trer chez lui. Alors, je comprends
qu’il ne représente pas une menace,
qu’il n’est pas un danger, mais une
opportunité, une occasion de ren-
contrer un autre chat, différent de
moi, mais tellement semblable au
fond, un chat qui connaît une autre
vie que la mienne, qui a des pro-
blèmes et qui est heureux de voir
que quelqu’un s’intéresse à lui, de
voir qu’il peut parler librement et
que je l’écoute. Alors, je ne suis peut
-être pas encore son ami, mais il
n’est pas mon ennemi, c’est seule-
ment un chat très triste de ne plus
pouvoir rester chez lui. Demain, je
l’attendrai avec impatience et nous
nous parlerons.
A bientôt pour une autre aventure
Grisou
2 6 4 P a g e 1 7
Jacques Varrasse, ancien respon-
sable de la coopération internatio-
nale à la Mutualité chrétienne de
Hainaut Picardie. est spécialisé
dans les questions de l’Afrique
des grands lacs et du Proche
Orient. Ancien intervenant Croix
Rouge de Belgique au Rwanda,
ancien collaborateur au Centre
National de coopération au déve-
loppement (CNCD), il est égale-
ment coordinateur de la plate-
forme belgo-palestinienne pour la
Wallonie Picarde.
Nous avons commencé par regarder
ensemble le court-métrage de Jorge
Furtado « L’île aux fleurs ». Il nous a
ensuite fallu « digérer » ce petit film
dont l’horreur devient de plus en plus
évidente alors qu’elle n’est jamais dite
- qui pourrait en effet croire que le
parcours d’une tomate depuis sa pro-
duction jusqu’à sa mise en décharge
sur l’ « Ile aux fleurs » révèlerait au-
tant le non sens et l’absurdité de
notre monde de consommation et de
profit débridés ?
Jacques Varrasse, notre conférencier
nous a ensuite montré que notre
monde pouvait être très différent sui-
vant l’optique choisie au départ. Selon
qu’on prend comme référence la po-
pulation mondiale ou l’extrême pau-
vreté ou le droit à la propriété indus-
trielle ou encore la mortalité infantile…
la carte du monde du monde se révèle
être très, très différente !
Une fois nos conceptions remises en
perspective (ou plutôt : en question),
nous sommes passés aux différentes
façons -qui se sont histo-
riquement succédé et
souvent chevauchées
aussi dans le temps- de
concevoir l’intervention
d a n s l e s p a y s
« pauvres ».
1. Dans un premier
temps, c’est le colonia-
lisme pur et dur qui a
prévalu. Il s’est agi de
piller sans vergogne des
pays entiers et si besoin
en était d’en exterminer
les populations autoch-
tones (que l’on songe aux
peuples d’Amérique du Nord
et du Sud…).
2. Progressivement, se sont
imposés le paternalisme et
le caritatif. Au départ des
c o n c e p t i o n s d e l a
« coopération au développe-
ment », il y a avait les mis-
sionnaires, l’évangélisation
et une certaine idée de la
civilisation (forcément occi-
dentale) à apporter aux po-
pulations « sauvages ».
3. Quand les luttes d’indé-
pendance ont abouti au
mouvement massif de déco-
lonisation, le processus,
outre les violences nom-
breuses qu’il a engendrées,
ne s’est pas non plus passé
sans inquiétude. On se rap-
pelle qu’à l’époque régnaient
deux « blocs » : de l’Ouest
et de l’Est.
Ces nouveaux pays ris-
quaient de bouleverser les
rapports de force des deux
camps. Lequel choisiraient-
ils ? Il était donc primordial
d’essayer de « driller » les
anciennes colonies pour
qu’elles ne « s’égarent »
pas : l’aide a donc pris une finalité
clairement politique et stratégique.
L’ère des experts et techniciens coo-
pératifs. Ces derniers étaient installés
dans les anciennes colonies qui vi-
vaient parfois en pleine turbulence. La
nécessité de leur trouver une identité,
un cadre et une protection s’est fait
jour. C’est à cette fin que les statuts
légaux de « technicien » et d’ « expert
de la coopération technique » ont été
créés. Dans le même temps, s’intensi-
fiaient les efforts pour aider les jeunes
pays indépendants à démarrer… Le
travail de développement est alors
conçu comme une assistance tech-
nique qui permet aux pays sous-
développés de rattraper leur retard
par rapport aux pays industrialisés.
L’Ile aux Fleurs : des enfants attendent leur tour
avant d’accéder aux ordures
délaissées par les cochons
Représentation du monde 1. Les régions occupent une surface proportionnelle a la pauvreté de leur
population
Représentation du monde 2. Les régions occupent une surface proportionnelle aux droits de
propriété intellectuelle (« brevets ») qu’elles
possèdent.
A v e c l ’ ap pa r i t i o n d e s ON G
(organisation non gouvernementale)
où s’engagent des volontaires, le coo-
pérant devient aussi peu à peu anima-
teur, éducateur, on parle échanges
culturels, on parle de culturel et de
planète village…
La crise de la dette (l’impossibilité
dans laquelle se sont trouvés les pays
de rembourser l’argent qui leur avait
été prêté dans les années 70) a, à
nouveau, profondément changé la
donne. Ce sont les aspects financiers
et juridiques qui se sont imposés. Les
grandes institutions financières
(Banque mondiale, FMI et, plus tard,
OMC) ont commencé d’imposer leurs
conditions aux pays endettés, dans le
cadre de l’économie mondialisée et de
la finance dérégulée.
Deux remarques générales.
1) Les nouvelles orientations qui de-
viennent tour à tour dominantes n’ex-
cluent jamais entièrement les autres ;
ainsi le pillage des ressources n’a ja-
mais cessé en même temps que conti-
nuaient d’exister les conceptions pa-
ternalistes ou liées à l’évangélisa-
tion...
2) Il faut aussi comprendre que les
puissances dominantes n’ont jamais
oublié leur intérêt propre. Ainsi, la
conception que nous venons d’appeler
l’« assistance technique qui permet
aux pays sous-développés de rattra-
per leur retard par rapport aux pays
industrialisés » répond, au moins en
partie, au besoin des pays industriali-
sés de trouver de nouveaux débou-
chés à leur production (qui, en raison
du début de la crise dans années 70,
avait du mal à s’écouler dans les dits
pays). Dans le même esprit, c’est l’ac-
croissement colossal de réserves fi-
nancières (elles aussi liées à la crise
de 73 et au renchérissement du pé-
trole et qu’on appelle les « pétro-
dollars ») qui a conduit à des prêts
massifs aux pays en voie de dévelop-
pement.
« Tout d’abord, qu’est-ce qu’une organisation non gouvernementale de déve-
loppement ? Juridiquement, la plupart du temps c’est une association sans but
lucratif. Une association qui naît d’une initiative non gouvernementale (même si
éventuellement elle lui devient liée grâce à des subventions...). L’objet social de
ces ONG est de « venir en aide » aux populations du « tiers monde » en faveur
de leur « développement ». Tous les mots entre guillemets sont probléma-
tiques. L’aide se passe dans un contexte de rapports de forces entre le Nord et
le Sud, la notion de tiers monde est datée en fonction des rapports Est-Ouest
qui prévalaient à l’époque de la guerre froide. Le développement, plus personne
ne sait ce qu’il veut dire exactement, entre croissance économique, durabilité et
développement humain... »
Extrait d’un article paru dans Antipodes N° 149, juin 2000 par Michel
Elias
http://www.iteco.be/_Michel-Elias_
La projection de Peters : les superficies sont prises en compte
L’Ile aux Fleurs
L’évaluation du dimanche 02 a montré
que l’ensemble du week-end avait été
fort apprécié par les participant/es.
On peut ainsi souligner que, si les ac-
tivités proposées étaient très diverses,
elles étaient néanmoins cohérentes,
puisqu’elles visaient toutes à amener
une réflexion sur les rapports Nord-
Sud et dès lors à faire progresser le
débat relatif à l’opportunité de mener
à bien un projet concret au Togo : la
mise sous toit d’un dispensaire dans le
village de Tchihé en synergie avec
une association locale (VEDET)
La combinaison de conférences, de
documentaires, de rencontres, de cas
concrets, de moments de vie ont ins-
tauré une réelle dynamique : les par-
ticipant/es ont pu découvrir l’autre
dans diverses dimensions, l’autre…
celui qui vit parfois bien loin de nous,
mais aussi parfois celui qui vient de
loin et que l’on croise chez nous… Cet
autre qui nous arrive avec sa culture,
sa musique, ses repas, sa façon de se
comporter, son mode de vie, sa façon
d’être un homme, une femme…
La théorie s’est mélangée à la pra-
tique et l’exposé de deux cas concrets
de coopération ( avec le Togo et avec
le Maroc) ont assurément été un bon
moyen d’entrer dans le vif du sujet.
Que faut-il retenir ?
- que pour mettre sur pied un projet,
il faut d’abord et avant tout s’entourer
de précautions : travailler avec une
asbl sur place, une asbl que l’on doit
connaître ;
- qu’il est im-
portant de se
rendre sur
place, qu’il ne
sert à rien
d’envoyer de
l’argent si un
véritable suivi
n’a pas lieu ;
- qu’il est es-
sentiel de se
r e n d r e
compte de
visu de la de-
mande mais
aussi et sur-
tout de rencontrer les gens, d’ap-
prendre à connaître les lieux, les be-
soins, les demandes ;
- qu’il ne faut rien promettre qui ne
puisse être tenu, qu’il faut savoir que
les demandes sont nombreuses et que
tout ne peut trouver réponse malheu-
reusement ;
- que les différences culturelles sont
un élément très complexe dont il
faut tenir compte, que tout ne
peut pas, ne doit pas être jugé
avec nos critères d’Occidentaux
(on aura aussi remarqué au pas-
sage que la culture du Sud maro-
cain est
aussi dif-
f é r e n t e
de la
nôtre que
de celle
du centre
du To-
go…)
Si l’on
parv ient
à rencon-
trer ces
différents
impératifs, alors le projet pourrait être
une source de grande richesse, la ri-
chesse
des rencontres !
Les discussions avec Coka, quant à
elles, nous ont permis de mieux com-
prendre la vie d’un réfugié politique
qui arrive chez nous : ses attentes,
ses déceptions, les contraintes impo-
sées, l’absence de la famille mais aus-
si la difficulté de faire comprendre
que, lorsqu’un réfugié vit par ici, il
n’est pas le riche supposé par sa fa-
mille … C’est aussi une réalité qu’il
faut connaître.
Grâce à Bolatito Ruth BARA, nous
avons découvert la cuisine togolaise
car c’est elle qui a su animer l’atelier
de cuisine africaine et qui a permis
aux 38 personnes réunies le soir pour
le repas de faire connaissance avec
différents plats. Bola qui a aussi ani-
mé le petit déjeuner le matin en nous
parlant des coutumes de son pays.
En tous cas, il était clair pour tout le
monde à l’issue de ce week-end, qu’il
nous faut poursuivre sur notre lancée
et « remettre le couvert » à un autre
moment, dans un autre endroit …
C’est assurément ce que nous ferons !
Djembé, concert - initiation samedi soir
Etienne & Stéphane, Oxfam
Hugues Adam
Jacques V
arra
sse
P a g e 2 0
Lors de notre
« Heure pour les
D r o i t s d e
l’Homme » an-
nuelle, le 7 dé-
cembre dernier,
Sylvia nous a lu
cet extrait d’une
intervention pa-
rue le 3/12/2011 dans « Le Ma-tin ». Le texte original est de Ah-
med Moatassime, professeur ho-
noraire des Universités au Maroc,
directeur de recherches docto-
rales à la Sorbonne- Paris.
Que les finalités en éducation soient
implicites ou explicites, elles doivent
toutes tendre au même but à savoir,
le développement de l'Homme dans
toutes ses dimensions : individuelle, sociale, historique et culturelle.
../...
L'Homme devant être au centre de
toute préoccupation, il y a lieu d'ac-
corder une importance capitale à
l'enfant, ce père de l'homme. C'est
lui qui représente l'avenir d'une so-
ciété. C'est de la qualité de son édu-
cation que dépend le développement
ou le sous-développement d'une col-
lectivité. Il ne s'agit pas là du seul élève et
encore moins de l'étudiant, mais bien
de l'enfant.
L'élève est ce petit homme qui fré-
quente déjà un établissement sco-
laire, alors que le terme « enfant »
englobe aussi, les « non-élèves ».
C'est-à-dire l'écrasante majorité
d'enfants scolarisables, mais non
scolarisés qui caractérisent la plupart
des pays du Tiers-Monde.
Si j'insiste sur cette notion d'enfant,
c'est parce que nos propos doivent
tendre vers l'éducation d'une ma-
nière générale, et non pas unique-
ment vers l'enseignement ou la vie
scolaire. On sait que l'éducation est
l'ensemble des moyens à l'aide des-quels on dirige le développement et
la formation d'un être. Ces moyens
ne sont pas seulement l'école. Mais
bien tous les agents de socialisation,
c'est-à-dire : le milieu familial, le
milieu social, la camaraderie, les
jeux, l'information, etc. L'école appa-
raît dès lors comme l'un de ces
moyens, bien qu'une telle institution
ait un caractère privilégié. Dans ces conditions, comment peut-
on « finaliser » en vue d'une
« éducation/enseignement » qui
n'existe pas encore pour 50 à 80%
d'enfants dans la plupart des pays du
Tiers-monde ? Je ne vois donc pas
d'autres finalités plus urgentes que
celle de permettre d'abord à tous les
enfants de devenir aussi des élèves.
Que deviennent les grands projets, si
généreux, d'alphabétisation et de scolarisation massive ?
N'y a-t-il pas là encore et toujours
une des premières finalités de l'édu-
cation se dégageant ainsi de la réali-
té vécue ?
../...
Peut-on parler de plénitude, de jus-
tice, de liberté, d'égalité, de fraterni-
té humaine et de solidarité mondiale
alors que l'écrasante majorité des
enfants du Tiers-Monde vivent dans
un dénuement complet, non seule-
ment éducatif et intellectuel, mais
aussi physique, affectif et moral ?
Citant un document des Nations
unies, une brochure du Centre inter-national de l'enfance, de Paris :
« Il y a dans le monde plus d'un mil-
liard d'enfants de moins de quinze
ans. Sept enfants viennent au monde
toutes les deux secondes, cinq
d'entre eux vivent dans des condi-
tions d'existence inhumaines, la
faim, la maladie, l'ignorance, et la
misère constituant la toile de fond de
leur vie quotidienne ». N'y a-t-il pas là une autre finalité de
l'éducation, encore plus urgente pour
le Tiers – Monde, celle qui viserait à
créer non seulement des écoles,
mais aussi un circuit éducatif qui
prendrait en charge l'enfant dès sa
naissance ?
Je propose donc que la définition des
finalités de l'éducation se fasse aussi
et surtout en fonction des besoins
fondamentaux et immédiats de l'en-fant. Ceux-ci au nombre de cinq, doi-
vent être reconnus comme « une
priorité des priorités » à savoir :
- la protection sanitaire,
- la satisfaction nutritionnelle,
- le développement affectif et cultu-
rel,
- l'instruction et la formation profes-
sionnelle,
- la protection sociale. Ces principes se trouvent d'ailleurs
inscrits dans la nouvelle déclaration
des droits de l'enfant, votée par
l'Assemblée générale des Nations-
unies le 20 novembre 1959, au cours
de sa 841e séance plénière.
LES FINALITÉS DE L’ÉDUCATION
En vue de l’évènement « I Heure
pour les Droits de l’Homme », les
élèves de la classe de 5ème primaire
de l’école communale de Leers-Nord
ont réalisé des dessins destinés à il-
lustrer le Droit à l’Education (l’article
26 de la Déclaration Universelle des
Droits de l’Homme).
P a g e 2 1 COUP DE CŒUR POUR
« L’ATELIER SOLIDAIRE »
Ce n’est pas une voie facile que celle
qu’emprunte « L’Atelier Solidaire »,
une association lilloise portée par Yann Lafolie et qui travaille entre les com-
munes de Hellemmes et de Villeneuve
d’Ascq.
Le lieu de toutes les attentions s’ap-pelle « La Friche ». Comme son nom
l’indique, il s’agit d’un vaste terrain
abandonné des autorités, envahi d’ordures et de déchets, et occupé de
façon largement informelle par des fa-
milles Roms. Tout en construisant des cabanes, des-
tinées à parer à l'urgence, l'Atelier Soli-
daire met en place des projets d’inser-tion professionnelle avec les Roms
(ferme coopérative, garage solidaire,
éco-pâturage, ...).
Yann Lafolie: « Nous oeuvrons en-semble depuis mai 2010 pour améliorer
les conditions de vie des familles Roms
ici, maintenant, pour défendre les droits de l'homme pour tous et pour
expérimenter des manières de tous
bien vivre ensemble sur cette Friche faite de toutes les diversités
(écologiques et sociales). Nous avons
construit des chalets en bois, des toi-lettes sèches, aménagé des jardins
partagés avec les habitants, les Roms,
des étudiants, fait la fête, organisé des « Frich'ti* », recueilli des animaux, en-
duré les problèmes, tissé des liens et
vécu beaucoup de belles choses... ».
Dans une France qui a procédé à des expulsions collectives à l’été 2010, on
se doute bien que ce projet ne suscite
pas que de l’enthousiasme. Rappelons que le Conseil de l’Europe a qualifié ces
expulsions collectives de Roms en 2010
de « violation aggravée des droits de
l'homme » et précisé qu'elles étaient
« discriminatoires » et « contraires à la
dignité humaine car basée sur l'origine ethnique des personnes concernées. ».
Sur place, si d’une part, le maire d’Hel-
lemmes, Gilles Pargnaux, soutient le travail de l’Atelier Solidaire, il n’en va
pas de même du maire de Villeneuve
d’Ascq, qui a fait procéder à la destruc-tion d’une cabane le 23 avril 2011. La
cabane, quasiment achevée, était des-
tinée à une famille rom de six per-sonnes dont trois enfants en bas âge.
« La cabane est implantée sur un ter-
rain appartenant à la communauté ur-baine de Lille, sur le territoire d'Hel-
lemmes et non à Villeneuve-d'Ascq se-
lon le cadastre », soutient Yann Lafolie.
Côté municipalité villeneuvoise, on es-time que l'abri était construit à la limite
des deux territoires.
Dans un communiqué, le maire de Vil-leneuve, Gérard Caudron, affirme :
« J'ai décidé, samedi, de manifester
clairement notre ras-le-bol en prenant mes responsabilités et en m'opposant à
de nouvelles constructions. Cela me
vaut quelques injures, des menaces politiques et peut-être demain des
poursuites. Je les assume et j'assume-
rai. » Pour sa part, Gilles Pargneaux, le maire d'Hellemmes, regrette cette in-
tervention : « Je pense que Gérard
Caudron se trompe, je vais essayer de
le convaincre qu'il a tort. Je ne veux pas mettre de l'huile
sur le feu, mais je vais de-
mander qu'on reconstruise cette structure. »
Et comme il semble que rien ne puisse être simple, un
comité de riverains (« La
voie Perdue ») s’est à présent constitué et pro-
teste abondamment
contre les actions de
l’Atelier…
Envie d’en savoir plus ?
Visitez le blog de l’Atelier Solidaire :
http://lille-roms.blog.fr/
*fête de quartier bisannuelle organisée par les étudiants de l'Ecole Nationale Supérieure
d'Architecture et de Paysage de Lille
Certains soirs, il n'y a rien à manger, il a fait 1 degré cette nuit, les Roms ont froid ! Nous souhaitons
continuer à changer doucement mais sûrement tout cela, afin qu'ils sortent de cette indignité. Ce tra-
vail est long, demande du temps, de la compréhension, de l'intelligence, de l'énergie et de la solidari-
té. Que tous ceux qui s'indignent agissent à nos côtés! Yann Lafolie, 22 octobre 2011
L'Atelier Solidaire est un collectif
d'étudiants paysagistes et archi-
tectes de l’ENSAPL*, rapidement
rejoint par des riverains, des ar-tistes, des professionnels, des pro-
fesseurs, des élus, des scouts, des
religieux, des citoyens : des volon-
taires de toutes compétences et de
tous horizons soucieux d'améliorer les conditions de vie des Roms, ici,
maintenant et concrètement. Les
chantiers se tiennent le mercredi et
le samedi, de 14h à 18h.
La cabane détruite le 23 avril...
Un « Frich’ti »
P a g e 2 2
Jeudi 02, 09, 16 et 23
février
Atelier stretching postural® de 18h précises à 19h -Crie de Mouscron (rue de la Vellerie, 135)
Vendredi 03, 10 et 17
février
Atelier djembé de 19h30 à 21h30 –Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mésanges, 7730
Leers-Nord)
Lundi 06, 13 et 27 fé-
vrier
Atelier stretching postural® de 18 à 19 h.–Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mé-
sanges, 7730 Leers-Nord) ; accueil à partie de 17h45
Mercredi 15 févier Atelier Patoisant, de 17 à 18h30 -Maison de l’Environnement (Néchin), contacts chez Françoise
(069/35 16 31)
Samedi 18 février Atelier « Cuisine végétarienne » à 17h45 –Ecole communale de Leers-Nord (22, rue de Mé-
sanges, 7730 Leers-Nord)
Vendredi 24 février De l’Aut’Côté (rue des Brasseurs, 21, a, Mouscron) 19 heures. Vernissage de l'exposition photo "Visages d'exil" et conférence-débat avec Anne-Sophie Rogghe, avocate spécialisée dans le Droit des Etrangers & Droit des personnes
Samedi 25 février La Prairie. Dès 9h et jusque 23h : deuxième journée organisée par notre asbl sur les rapports
Nord-Sud (programme dans cette revue)
Jeudi 01, 08, 15, 22 et
29 mars
Atelier stretching postural® de 18h précises à 19h -Crie de Mouscron (rue de la Vellerie, 135)
Vendredi 02, 09, 16, 23
et 30 mars
Atelier djembé de 19h30 à 21h30 –Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mésanges, 7730
Leers-Nord)
Lundi 05, 12, 19 et 26
mars
Atelier stretching postural® de 18 à 19 h.–Ecole communale de Leers Nord (22, rue de Mé-
sanges, 7730 Leers-Nord) ; accueil à partie de 17h45
Samedi 17 mars Atelier de cuisine végétarienne, 17h45 -La Prairie (rue de la Vellerie, 121, 7700 Mouscron)
Dimanche 18 mars Balade des patrimoines : Ten Brielen (entité de Comines-Warneton). Découverte de Ten Brie-len et de son moulin. Rendez-vous à 14h sur le parking de l'Office du Tourisme de Comines (21 Chemin du Moulin Soete) à proximité du moulin.
Mercredi 21 mars Atelier Patoisant, de 17 à 18h30 -Maison de l’Environnement (Néchin), contacts chez Françoise
(069/35 16 31)
Mon Jardin au Naturel Le samedi 28 avril : Mon jardin au naturel A 14h, dans les jardins de la Maison du Patrimoine à Evregnies
P a g e 2 3 2 6 4
LE 24 FÉVRIER, À 19 HEURES.
De l’Aut’Côté (rue des Brasseurs, 21,
a, Mouscron).
19 h : Vernissage de l’exposition photos :
« Visages d'exil »
19h15, conférence-débat, avec Anne-Sophie Rogghe, avocate spé-
cialisée dans le Droit des Etrangers &
Droit des personnes( fin à 20h30)
LE 25 FÉVRIER
9h : accueil
9h30
Raymond Rogie et le Burkina Faso
Une histoire d’amour
Raymond, architecte de métier, est
tombé amoureux du Burkina-Faso Lors
d’une visite du Burkina effectuée en
compagnie d’une amie journaliste qui
avait vécu 13 ans en Afrique.
Il est tombé sous le charme des habi-
tants courageux, accueillants et tou-
jours souriants, alors qu'ils sont très
pauvres. Il se promet dès cette époque
d’y retourner.
En 2004, Raymond rencontre à Vezon
un séminariste venu faire un régendat
à Tournai. Séraphin avait un but :
construire une porcherie pour payer la
s c o l a r i t é d ' e n f a nt s p auv r e s .
Raymond a accepté de l’aider et le fi-
nancement a été assuré par la chorale
de Vezon qui a organisé des tas d'acti-
vités à cet effet. En 2007, la porcherie
a été inaugurée en grande pompe, en
présence d'une forte délégation de la
chorale de Vezon.
Depuis, les projets se sont succédé :
installation de panneaux photovol-
taïques dans une maternité en
brousse, creusement de puits, etc.
Une expérience concrète, passion-
née et passionnante à découvrir.
11h
Daniel Tanuro (Palme d’IEW 2011)
Réchauffement climatique : les solu-
tions de marché (échanges de quotas,
mécanisme de développement propre,
compensations carbone, bourse car-
bone, … etc.) dans la lutte contre les
émissions de Gaz à Effets de Serre : un
nouveau colonialisme ?
12h30
Repas
Une collation froide, à base de produits
issus de l’agriculture « raisonnée » ou
bio de notre région.
13h30
Le Sudestan, un jeu
Le Sudestan emmène les participants
dans quatre pays imaginaires dont ils
vont devenir les ministres. Afin de dé-
velopper leur pays et de lui assurer
une certaine stabilité, ils vont devoir
composer avec l’emprunt (et donc la
dette), les pressions internationales, le
contexte géopolitique et les lois du
marché.
Le Sudestan constitue une excellente
mise en situation pour comprendre, de
manière ludique et interactive, les mé-
canismes complexes à l’origine du fos-
sé entre le Nord et le Sud de la planète
et décort ique r la not ion de
« développement ».
16h30
Atelier Djembé, animé par Hugues
Adam
Découverte et apprentissage du djem-
bé.
Discussion autour de la musique et des
traditions…
17h45
Atelier de cuisine africaine
Confection d’un repas africain sous la
direction de Bola.
19h30 Repas
Les réservations pour le repas du
midi et l’atelier de cuisine africaine
sont indispensables et ce, pour le 15
février au plus tard au
00 32 (0)56 337213
ou par mail [email protected]
P.A.F diverses
Repas de midi : 2,5 € pour les
membres Eco-Vie (3 € pour les
autres)
Atelier de cuisine africaine et repas du
soir (+ 1 ticket boisson) : pour les
membres, 10 € pour les adultes, 6,5 €
pour les enfants (12 € et 8 € pour les
non-membres).
Imprimé sur papier recyclé
Abonnement -adhésion
10 € au compte IBAN:
BE82 5230 8023 7768 BIC: TRIOBEBB
ECO-VIE Rue de l’Oratoire 34
7700 MOUSCRON Tél.056 33 72 13
[email protected] Les articles signés n’enga-gent que leurs auteurs
P a g e 2 4
Si vous voulez participer à la rédaction de cette revue, merci de le signaler au
056/337213. Prochain Comité de
rédaction : 7 mars 2012 Si vous désirez nous sou-
mettre un article, merci de nous le faire parvenir,
si possible, pour le 5 mars 2012
par mail [email protected]
ou par courrier (adresse ci-dessous)
Au menu du samedi 01 octobre, la « CUISINE DE BOLA »
(et de l’atelier cuisine de l’après-midi)
LES DOUCEURS
Kongklo : beignets de banane
Atchipipi : biscuits de maïs frits
Amadan Tonton : bananes plantains frites
LES BOISSONS
Bissap : boisson à base d’hibiscus
Do Teh : boisson à base de gingembre
LES SAUCES
Fetri Dessi : sauce gombo
M’Bagba : sauce tomate
Boma : sauce épinard
Dekou Dessi : sauce palme
LES BASES
Molou : le riz, très présent en Afrique de
l'ouest
Djenkoume : pâte de manioc
Ewokoume : pâte de maïs
Yaka Yeke : « couscous » de manioc
Quelques explications
- « Fetri » : c'est le gombo des Amériques, ou
l'OKRA des Indes. Ce fruit-gousse donne une
sauce mucilagineuse qui accompagne bien les
« pâtes » comme Djenkoume (pâte de ma-
nioc), Ewokoume (pâte de maïs) ou le Foufou
(pâte d'igname), un peu comparable à la po-
lenta des alpes et que l'on mange en Afrique.
- Le « Manioc » est beaucoup consommé, sous
des formes variées : on peut le cuire à l'eau
ou le frire, le râper pour le sécher, afin de le
consommer en « couscous » ; cuit à la va-
peur, c'est le fameux Attieke des Ivoiriens, le
Yaka Yeke du Togo ou, réhydraté, en Djen-
koume ou Pinon.
- La « banane plantain », contrairement à la
banane douce, est consommée comme un lé-
gume plus que comme un fruit. Elle peut, se-
lon son degré de maturité, être frite en ron-
delles, cuite à l'eau ou à la braise, mélangée à
l'igname dans certains FOUFOUS et, lors-
qu'elle est vraiment trop mûre, mélangée à de
la farine pour en faire des beignets.
- « Palme » : au Togo, en éwé, le palmier
s'appelle déku. La noix de palme, dont la peau
est de teinte fortement orangée, pousse sur
de longues tiges, à l'instar de ses cousines les
dattes...
La chair de la noix, pilée ou broyée donne la
« sauce de palme », très riche en huile rouge,
le plus souvent connue chez nous sous son
appellation congolaise : MOAMBE (ou « sauce
graine » en Côte d'Ivoire...)
C'est une sauce qui réclame une grande atten-tion, et comme souvent en Afrique, un long
temps de cuisson, afin d'être digeste
Recette pour 6 personnes
- 2 kg de bananes plan-
tains mûres, mais pas
trop
- sel
- Huile pour friture
Eplucher les plan-
tains, les couper en tronçons de 1 à
2cm, en biais et saler (facultatif).
Quand l'huile est à bonne tempéra-
ture (180°), les plonger dans l'huile
chaude pendant quelques minutes, le
temps que ces « frites » de banane
brunissent un peu.
Les sortir de l'huile et laisser égout-
ter.
Eventuellement les éponger avec un
tissu ou du papier absorbant.
Servir tel quel ou avec du piment, ou
une sauce tomatée.
AMADAN TONTON : BANANES PLANTAINS FRITES
Bola
L’édition de cette revue spéciale n’a été possible que grâce au soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Elle doit tout à l’engagement des volontaires qui ont rendu possibles les divers évènements dont nous
vous avons entretenu. Que soient donc remerciés ici : Sylvia et Marc pour leur engagement sans faille,
Hugues et Bola, dont la ténacité et l’amour de l’Afrique nous portent toujours plus haut, Thierry, qui nous
conseille et nous guide avec sagacité, Yves, infatigable travailleur de l’ombre dont le courage permet à
cette revue d’exister, Xavier et Zélie, aussi discrets et souriants qu’efficaces, Coka (bien entendu), Antoi-
nette et JF ainsi que tous les volontaires qui sont venus animer notre week-end (Etienne, Stéphane,
Jacques, Momo, Jean-Luc, …).
Nous voulons aussi remercier toutes celles et tous ceux qui ont fait un bout de route avec nous les 1er et 2
octobre passés ; c’est leur présence et leur participation qui nous ont permis de continuer à croire à ce que
nous faisons… et nous engagent à repartir pour un tour !