Toutes les sociétés s’accordent sur la nécessité de servir à la femme qui vient d’accoucher une nourriture reconstituante. Le premier repas prend une valeur toute particulière et des règles, différentes selon les cultures, en dictent la composition. C’est à la famille qu’en revient la préparation ; dans certaines familles immigrées en Europe cette fonction familiale est relayée, le cas échéant, par un voisin du foyer où elles vivent.

La naissance de la Vierge, 1500Détail du retable de Pfullendorfer, 1500 - Bridgeman-Giraudon

La soupe de l’accouchée : Recettes

« Lorsqu’elles sont dans leur lit, on doit leur donner un bouillon, de trois en trois heures... on y joindra quelques petites soupes de pain blanc, coupées très-mince, & en petite quantité, qu’on fera tremper dans le bouillon, sans les faire mitonner, ce qui les rendrait de difficile digestion. L’on aura soin que dans le bouillon il n’entre point de veau, étant contraire à certains tempéraments, & pouvant d’ailleurs exciter le dévoiement. On donnera pour boisson ordinaire de la tisane de chiendent, que l’on fortifiera avec un peu de bon vin. »

En France, au 18e siècle

Après l’accouchement, la femme est considérée comme froide (yin). Son alimentation privilégie donc les ingrédients yang : gingembre, poivre, piment. Le riz bien pressé, les tendons de porc bouillis, le curcuma, favorisent la rétractation et la cicatrisation de l’utérus. La décoction de che vang équilibre le sang et assure la digestion.

Repas de l’accouchée, province de Ha Tinh, Vietnam 2004Au centre et au sud du Vietnam, l’accouchée mange allongée au-dessus des braises, pour réchauffer son ventre en permanence et lui faire reprendre sa forme. Les braises sont couvertes de cendres pour se

consumer lentement et réchauffer sans brûler.

Après l’accouchement, la femme est considérée comme froide (yin). Son alimentationprivilégie donc les ingrédients yang : gingembre, poivre, piment. Le riz bien pressé, les tendons de porc bouillis, le curcuma, favorisent la rétractation

Au Vietnam

« On lui donne tout de suite manger! Tout de suite après! un bol de riz, ou quelque chose bien chaud. Même à trois heures le matin, on lui donne à manger tout de suite! Pendant le moment où l’accouchement se passe, c’est le mari, ou quelqu’un de la famille qui va préparer... Tout de suite, on prépare... Le plus souvent, on fait une poule ou un coq. Le poule c’est le meilleur pour les femmes après l’accouchement. Puis elle va s’occuper de son bébé le lendemain matin. »

En Afrique de l’Ouest

« Après l’accouchement, ma tante m’a fait à manger. Chez nous on fait cuire des tripes de mouton ou de boeuf avec beaucoup de piment. Parce que quand tu es enceinte, tu es constipée, tu ne vas pas aux toilettes régulièrement, donc pour te vider, on te fait boire ça, et manger des tripes avec la semoule de maïs; toute la semaine de ton accouchement, on te fera ça, avec du poulet ... on te fait manger des choses que tu n’as pas l’habitude de manger, des plats chers, des plats de fête quoi ! »

« Tu ne fais que boire de la soupe, il y a du piment, des légumes aussi. Si tu n’as pas de viande, c’est du poisson, ou bien un poulet, et tu mets un peu de piment encore. »

Kari volay(donner la patte du Kari volay à la future maman afi n qu’elle donne le jour à un beau bébé)

1 poulet de 1 Kg 500 environ2 gros oignons3 belles tomates1/4 de cuillérée à café de safran (curcuma)5 belles gousses d’ail1 beau morceau de gingembresel, poivre, huile pour la cuissonfacultatif : une petite branche de thym ou quelques feuilles de combava, piment

Découper le poulet en morceaux, émincer les oignons et couper les tomates en morceaux.Piler, dans un mortier, l’ail avec le sel, le poivre, le gingembre.Faire chauffer un peu d’huile dans la marmite, faire dorer les morceaux de poulet avec le sel et éventuelement, une petite branche de thym ou quelques feuilles de combava.Ajouter les oignons puis laisser prendre couleur. Ajouter ensuite les épices pilées et le safran, bien mélanger.Mettre les tomates et mouiller avec deux verres d’eau.Couvrir et laisser cuire à feu moyen pendant une demi-heure environ.

Kari volay

A La Réunion

En Algérie

Les plats sucrés

« Chez les algérois, il y a la «tammina» une friandise spéciale pour la maman qui allaite, la maman qui accouche! C’est un mélange de semoule, de miel et de beurre! Avec de la cannelle en général ou un mélange de dix épices! C’est très, très, riche et ça donne du lait à la maman! Et ça l’aide à reprendre des forces! C’est ce qu’on sert aussi aux invités qui viennent féliciter les parents!

Chez les Kabyles c’est un gâteau frit! C’est comme une omelette avec des oeufs mélangés à de la semoule, qu’on fait frire et qu’on plonge dans du miel, du vrai miel d’abeille, pur! »

Les plats salés

« Les algérois font, un plat piquant, relevé, pour que la maman expulse tout ce que le bébé a laissé dans son ventre, les eaux, s’il reste un bout de placenta .

C’est pour qu’elle expulse tout ça!

Chez les Kabyles, on prépare une pâte qu’on étale très fine et qu’on fait cuire sur un bouillon! Un bouillon de légumes frais du

jardin. En général il y a du poturon, de la courgette, des pommes de terre, beaucoup d’herbes que l’on fait bouillir. On jette sur cette eau une feuille de pâte très fine, et elle cuit comme ça, sur l’eau . On la retire et on l’imbibe d’huile

d’olive! C’est hyper calorique! Et c’est bon pour le lait et pour que la maman

retrouve ses forces! »

Plateau repas de maternité, France 2005

Dans une maternité française, aujourd’hui

Mardi 15 mai 2007Menu normal

DEJEUNERCéleri rémouladeSauté de bœuf aux olivesJardinière de légumesCamembertLiégeois au chocolatPain 50g

DINERPotage poireaux / pommes de terreEmincé de dinde au paprikaPurée de pommes de terreFromage blanc aromatiséFruit de saisonPain 50 g

« A l’hôpital ici c’est rien. Non, c’est pas dégueulasse mais tu manges, et quelque temps après, tu as faim encore. Les copines m’ont apporté la soupe à l’hôpital. Et le lendemain de la bouillie. Arrivée à la maison aussi. J’étais très très contente »

Même diététiquement équilibré, un repas standard préparé dans des cuisines colectives a peu de chances de représenter, pour l’accouchée d’aujourd’hui, une récompense à la mesure de l’effort qu’elle vient de fournir, de l’événement qu’elle vient de vivre.

Normal Sans sel Sans porc Casher Hypercalorique Hypercalcique Sans sucre Diabétique Sans graisse Pauvre en fi bres Sans résidu

« Le premier jour de la naissance, il y a une espèce de couscous, un couscous noir avec une sauce, qu’on fait exprès pour les femmes qui accouchent. La femme est la première servie. Elle choisit son bon morceau de viande de poulet, qu’elle mange avant tout le monde. Puis on donne à tous les voisins, on va dire à presque tout le village. On donne à l’un parce que c’est une personne âgée, à l’autre, parce que c’est la famille. L’autre parce que c’est une femme qui vient d’accoucher il y a trois quatre jours de ça, et puis l’autre c’est le voisin. L’autre encore, c’est l’ami ... Alors, c’est tout le village, faut donner à tout le monde.

Le troisième jour, c’est un couscous blanc, qu’on fait avec des oeufs durs et du sucre. Qu’on mange aussi en famille, la belle famille qui est venue, la famille du côté de la maman qui vient d’accoucher et la famille du garçon. Ils mangent tous ensemble.

Le septième jour, c’est une grande journée, ... c’est la fête. C’est là que la maman du côté de la femme qui vient d’accoucher, va inviter tous ceux qu’elle aime, toute sa famille. Ils achètent de la viande, ils ramènent du beurre, des oeufs, la viande, de tout! De tout!. Et là..., chez la femme qui vient d’accoucher, ils font à manger à toute la famille des deux côtés, et ils font la fête toute la journée. »